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Première partie 

: La destruction
Le film commence par un état des lieux de la santé au travail : c'est l'affaire de tous, pourtant on en
parle peu. Mais en plus des maladies et des accidents, un nouveau mal est apparu ces dernières
années : la souffrance. En France, un homme sur quatre et une femme sur trois souffrent de détresse
psychologique liée au travail, selon l'Institut de Veille Sanitaire. Tous les secteurs d'activité et tous
les métiers sont concernés.
Ensuite, nous pouvons voir les entretiens de Marie Pezé. En 1997, la psychologue et psychanalyste
a ouvert le premier cabinet d'écoute dédié à la souffrance au travail. Depuis, 23 autres unités ont
ouvert dans les grandes villes françaises et sont toutes débordées. Grâce à ces consultations, un
réseau relie désormais plusieurs professionnels de santé : psychologues, inspecteurs du travail et
avocats. Dans le couloir, cadres supérieurs, ouvriers, managers, employés sont brisés ou blessés,
tous affaiblis mentalement.
Le reportage continue avec l'histoire d'une caissière afin de nous avertir sur les troubles musculo-
squelettiques (TMS), la raison de leur survenue et la destruction corporelle que cela entraîne. Les
TMS touchent un travailleur sur huit en France et coûtent plus de 710 millions d'euros à la sécurité
sociale. La course à la productivité et les nouvelles technologies ont accéléré ces troubles. Avant, le
travail de caissière consistait à ramasser un article, à vérifier son prix, à l'enregistrer dans la caisse
et à le déposer plus bas. Aujourd'hui, elles passent simplement le code-barres devant le faisceau
laser. Les caissières soulèvent 1 tonne par heure. Les TMS ne sont que la partie visible d'un
phénomène plus insidieux : la première cause de douleur est l'accélération de la productivité pour
augmenter le rendement des investisseurs. Le témoignage de la fabricante de rouge à lèvres, qui est
passée de 350 à 1 200 pièces par heure, est particulièrement difficile à entendre. Elle est maintenant
bloquée du dos et sous morphine.
La France se classe au troisième rang de la productivité horaire. Au pays du "travailler plus pour
gagner plus", on préfère ne pas afficher ce score et dire que la valeur du travail a disparu. Ne pas
perdre face à la concurrence mondiale se fait au détriment de la santé des salariés : 10 % des
hommes sont dépendants de l'alcool pour des raisons directement liées au travail. 8% des salariés,
surtout des femmes, prennent des psychotropes juste pour tenir le coup au travail.
Le film nous montre ensuite la destruction psychologique du travail sur des individus à travers le
témoignage bouleversant d'une cadre supérieure dans l'import-export et du rachat de son entreprise
par les américains. Débordée de travail, au lieu de mettre quelqu'un à côté d'elle, on a mis quelqu'un
au-dessus d'elle. Tout d'un coup, on a jugé ce qu'elle faisait négativement, il fallait la contrôler. Elle
« perdait du temps », « faisait mal son travail ». On lui a retiré des responsabilités. Et comme son
patron avait une attitude de plus en plus dure, exigeante, un regard de plus en plus insatisfait à son
égard, elle a commencé à se sentir « plus rien, néant, zéro » et les pensées suicidaires sont arrivées.
Elle ne doit son salut qu'au fait que le jour où elle a décidé de mettre fin à ses jours, le train n'est pas
passé.
Une étude en Basse Normandie auprès des médecins du travail conclue que rapporté à l'échelle
nationale, chaque jour, un salarié met fin à ses jours chez lui ou au travail pour une souffrance
directement causée par l'exercice de son métier, et les spécialistes pensent que cette estimation est
minorée en raison de la honte et du déni des collègues.
Puis, le reportage tente de répondre à une interrogation : « Pourquoi certains sont-ils touchés et pas
les autres ? » et se pose la question de la fragilité individuelle face aux difficultés du travail. Il nous
montre que c'est quand l'organisation du travail est pathogène que la souffrance au travail se
produit. Pour cela, il retrace l'histoire de caissières d'un supermarché qui ont été licenciées les unes
après les autres : 2 pour de soi-disant vols de chewing-gum et qui pensent que la direction les a
introduits dans leurs courses, une pour avoir tenu des propos irrévérencieux à propos de la direction
(alors que « ce fut la seule dans cet hypermarché à avoir su crier plutôt que d'intérioriser »), une
pour dénonciation calomnieuse après avoir déposé une plainte pour agression et qui avait introduit
la CGT dans l'entreprise, et une cheffe de caisse pour inaptitude après un accident du travail.
Cette partie du documentaire nous montre les pratiques sournoises de la direction du supermarché.
D'abord, à son arrivée, elle réduit les effectifs à 38 personnes au lieu de 52. Les rythmes et les
horaires explosent. Ensuite, la caissière qui a introduit la CGT, Chantal, est victime de de
harcèlement moral : elle était isolée à la caisse numéro 1 située dans les courants d'air et près du
local de surveillance vidéo, on l'a blessée à la cheville et on a abîmé son vélo car soit-disant il
gênait, et le même jour, alors qu'elle était blessée, on a contrôlé son sac de course, on lui a interdit
l'accès au bureau de vote lors des élections professionnelles, on a fait croire aux salariés que
l'absence de primes de l'année était dues à l'organisation de ces élections.
Les 5 caissières se sont dirigées vers les Prud'hommes où l'on peut voir la dureté, humainement
parlant, de cette juridiction. La directrice ne semble avoir aucune conscience du mal qu'elle a fait a
ses employés et a un avocat particulièrement virulent avec les caissières pour la défendre. Les
témoignages de Chantal et de Magali, la cheffe de caisse sont poignants. Chantal, complètement
« cassée », ne « souhaite qu'une chose, se mettre en retrait de ce monde » et ne voit comme solution
que de se mettre en maladie ou se suicider. Magali, qui a été forcée de participer au harcèlement de
Chantal, qui s'est ensuite blessée en tombant quand elle a été convoquée par la direction, enlève sa
perruque et dévoile une alopécie due au stress.
Quelques mots de la voix-off résument bien cette affaire : « C'est ça la souffrance au travail. Un
climat qui pourrit et ce sentiment que ce pourrissement envahit tout. Le mal que l'on fait aux autres
et le mal que l'on subit et qui ronge. Chacun se sent coupable de ne pas tenir , ne pas être assez fort ,
de se comporter comme un lâche sans que jamais l'organisation du travail ne soit remise en
question. »
Ensuite, le reportage montre le métier d'Inspecteur du travail à travers l'expérience de Jean-Michel
Osvath. Alors qu'il y a un policier pour 600 habitants en France, il n'y a qu'un inspecteur pour 10
000 salariés. Totalement asphyxié, il instruit les cas les plus criants. C'est le cas de 2 cadres dont
l'histoire est assez proche de celle subie par les caissières, ayant eux aussi voulu faire entrer un
syndicat dans leur entreprise. On retrouve les mêmes sortes d'intimidation que dans le
supermarché : une volonté d'isoler les 2 cadres par l'intermédiaire d'une pétition contre eux avec une
obligation des autres salariés à la signer (comme avec la cheffe de caisse, on oblige les employés à
maltraiter leurs collègues) et de la violence (ici, ce sont des insultes et des menaces de mort). Et
comme pour les caissières, les cadres sont dévastés psychologiquement.
L'Inspecteur du Travail, à travers le nombre de cas qu'il a à gérer, se rend bien compte que c'est
l'organisation du travail, à cause des rachats, de la réorganisation des services, qui est maltraitante,
et non quelques « patrons voyous ».
Enfin, le reportage nous montre comment Marie-Pezé essaie de faire évoluer les choses. Dans
certaines grandes entreprises, elle participe à des colloques avec les instances paritaires comme le
comité hygiène et sécurité d'EDF. Puis, elle fait participer des étudiants en école de management à
ses consultations « souffrance et travail ». Les étudiants disent d'ailleurs que dans leurs études, on
les forme à produire le maximum avec un minimum de coûts et à isoler les salariés pour couper les
envies de révolte. Marie Pezé leur fait prendre conscience qu'il existe d'autres formes de
management.

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