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Université CADI AYAD Module : Langues et communication

FST.MARRAKECH

Document 2
Dans les années 2000, des dizaines d’employés de France Télécom (devenu Orange) se
sont suicidés. Cet article évoque les circonstances de ces incidents.

« Surcharge de travail », « Urgence permanente », « Management par la terreur », c’est en ces


termes que Michel, ce cadre marseillais de 51ans qui a mis fin à ses jours le 14 juillet dernier,
décrivait, dans une lettre désespérée à sa famille, ses conditions de travail chez France
Télécom. Il était le 18ème employé de l’entreprise de télécommunication à se donner la mort en
un an et demi. Quatre mois plus tard, celle-ci dénombre 25 cas de suicides parmi ses salariés.
L’expression d’un mal-être croissant au cœur de cette ancienne structure publique
récemment privatisée, où la peur est devenue une méthode de management généralisée.

« Les 5 M »

Marion est entrée chez France Télécom il y a 37 ans. Durant toutes ces années, elle a
travaillé au « back office1 », où elle gérait une équipe de six personnes.

Un jour, la nouvelle tombe : son activité est délocalisée en Guadeloupe, elle va désormais
devoir répondre aux appels des clients. « Il a fallu que je m’adapte après une formation de
trois semaines, raconte-t-elle. Ce n’est pas facile d’avoir le client en ligne. Et nous avons des
objectifs très élevés. Je vis très mal ce changement d’activité. Mon supérieur m’avait assuré
qu’après un an sur ce poste, je pourrais retourner au « back office ». Aujourd’hui, il me dit que
c’est impossible. J’ai 57ans, il n’est pas question que j’accepte d’autres changements ».

Des salariés contraints de changer de poste, ou de métier, Ivan du Roy, journaliste, en a


rencontré de nombreux avant de publier son enquête sur le management par le stress à
France Télécom : Orange Stressé (La découverte, octobre 2009). «Avec les réorganisations
successives, les employés sont soumis à des mobilités géographiques et de métier. C’est une
véritable politique de l’incertitude face à laquelle ils sont déstabilisés. Leur métier initial perd
de son sens. Ils finissent par ne plus savoir qui ils sont. Ceux qui tentent de résister sont «
placardisés ». Passés 50 ans, les gens sont poussés à partir. Et même avant. Chaque année,
lors des entretiens individuels, on demande aux salariés s’ils ne veulent pas s’en aller. »
22 000 suppressions de postes en trois ans : c’est le résultat du plan stratégique Next
(Nouvelle Expérience de Télécommunications), déclenché en 2005.

Management par le stress, mobilités forcées, mouvement perpétuel, mise au placard et mise
en condition de retraite forcée… Voici les « 5 M » qui, selon les chercheurs de l’Observatoire
du stress et des mobilités forcées de France Télécom, définissent la stratégie managériale de
cette entreprise.

Margaux Rambert, « France Télécom et le management par la peur », Psychologie, 2009

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Service chargé des opérations en bourse

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