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Radio & Podcasts

La réforme des retraites, mais aussi les débats sur une croissance économique qui
alimente le dérèglement climatique invitent à réfléchir à la place du travail dans nos vies.
Les podcasts ne sont pas en reste. Petit florilège pour travailleurs et travailleuses en quête
de sens.

Cet épisode de l’émission économique Entendez-vous l’éco ? prend place dans une série
consacrée aux « péchés capitaux de l’économie », mais on aurait plutôt classé la paresse
du côté des vertus de l’existence. C’était aussi l’avis de l’économiste Paul Lafargue,
cofondateur avec Jules Guesde du Parti ouvrier, qui défendit dès 1880 un « droit à la
paresse », contre le droit au travail. Il écrit carrément : « Il faut que le prolétariat foule
aux pieds les préjugés de la morale chrétienne, économique, libre penseuse ; il faut qu’il
retourne à ses instincts naturels, qu’il proclame les droits de la paresse, mille et mille fois
plus nobles et plus sacrés que les phtisiques droits de l’homme, concoctés par les avocats
métaphysiciens de la révolution bourgeoise ; qu’il se contraigne à ne travailler que trois
heures par jour. » Tout un programme. Avec ses invités, Tiphaine de Rocquigny retrace
l’histoire politique d’une problématique certes économique, mais aussi existentielle : le
partage entre le temps de travail et le temps de repos.

La paresse selon Paul Lafargue, dans Entendez-vous l’éco ? sur France Culture.

Ils s’appelaient Jean-Pierre, Éric, Moussa, Marine, Faël, Joselito ou Sabine. Ils et elles
sont morts au travail. Sur son compte Twitter « Silence, des ouvriers meurent », Matthieu
Lépine recense cette liste macabre. Le professeur d’histoire-géo veut montrer que ces
morts, loin d’être des faits divers, racontent un fait social que la société tout entière
devrait regarder en face. Ce podcast de Radio Nova nous y aide. La journaliste Pauline
Josse interviewe Matthieu Lépine, mais aussi la sociologue Véronique Daubas-
Letourneux, autrice en 2021 du livre Accidents du travail, des morts et des blessés
invisibles. Elle explique comment le rythme de travail, la pression des managers, la sous-
traitance et la précarité accentuent les risques d’accident. S’ajoute à ces interviews un
témoignage précieux : celui de Samuel Jouglet Marcus, qui raconte la terrible chute dont
il a été victime en 2011 au Centre Pompidou, alors qu’il décrochait les œuvres de l’artiste
JR.
Accidents : dans l’angle mort du travail, sur Radio Nova.

Accrochez-vous : pluie d’anglicismes incompréhensibles en vue. Cet épisode des Pieds sur
terre donne la parole à deux travailleurs passés par les fameux « bullshit » jobs, ces
postes absurdes où, tout en vous demandant d’accomplir des tâches inutiles, votre
employeur vous pousse toujours plus à la performance. Charles raconte son expérience de
consultant marketing : « Beaucoup de boulot pour rien. » Il a fini par arrêter, après des
crises d’angoisse et un zona… Mathilde, elle, était « success custom manager ». Tous ses
appels étaient enregistrés et, chaque matin, sa cheffe établissait un classement des
employés. Après avoir enchaîné plusieurs postes dans des start-up, elle constate : « Tous
ces postes étaient des bullshit jobs. » Bonne nouvelle : on peut s’en sortir.

Bullshit jobs, dans Les pieds sur terre sur France Culture.

Imaginez : un monde où ne pas travailler serait possible. Utopie ? Certains font le grand
saut. Un jour, Simon a cessé de croire à la valeur travail comme il avait cessé, enfant, de
croire au Père Noël. Mais sortir de la société qui bosse n’est pas si simple. Le trentenaire
s’est rendu compte que le bénévolat pouvait aussi pousser au burn-out… puis, qu’il avait
envie, finalement, d’un certain niveau de vie. Retour à la case travail. Mais épanouissant,
celui-là. Grande valeur ajoutée de ce podcast de Louie Media, qui dépasse le simple
témoignage individuel : l’analyse de Baptiste Mylondo, qui a préfacé et traduit Le Refus
du travail. Théorie et pratiques de la résistance au travail, du sociologue britannique
David Frayne. Il explique comment le capitalisme nourrit notre besoin d’argent, et
comment notre emploi est devenu, plus qu’un moyen de subsistance, une identité sociale,
et même, le sens de nos vies. Pour ne plus travailler, il faudrait donc opérer une
révolution politique et économique, mais aussi un grand déformatage de nos cadres de
pensée… En 1930, dans une lettre à ses petits-enfants, l’économiste Keynes leur
promettait, à l’horizon 2030, un monde où ils ne travailleraient que quinze heures par
semaine. Il écrivait aussi : « La lutte pour sa subsistance a toujours été le problème le
plus absorbant de la race humaine. Le problème économique résolu, l’humanité sera
dépourvue de son but traditionnel. » Un défi existentiel effrayant, mais exaltant.
Refus de travail, dans Travail en cours sur Louie Media

Quand vous acceptez ce stage, si intéressant mais non rémunéré. Quand vous faites le
ménage tout en gardant vos enfants et ceux de la voisine. Quand vous passez vos soirées
ou vos week-ends à faire du bénévolat pour une association. Ou tout simplement, quand
vous sortez du bureau à 22 heures, sans bénéficier d’heures supplémentaires payées. Tout
ceci s’appelle le travail gratuit. Une notion née dans les années 1970, pendant lesquelles
les féministes revendiquèrent notamment un salaire ménager pour leur travail
domestique. Dans le podcast Les idées larges, la sociologue Maud Simonet, spécialiste du
bénévolat, répond aux questions de Laura Raim (dont le débit extrêmement rapide et
saccadé est parfois difficile à supporter). Cet entretien a le mérite d’aborder la notion du
travail gratuit dans toute sa complexité. Peut-on, par exemple, parler d’exploitation, si
nous effectuons un travail gratuit en accord avec nos valeurs ? La réponse n’est pas
simple.

Travaillons-nous tous et toutes gratuitement ?, dans Les idées larges sur Arte
Radio.

Parce que nous travaillons essentiellement pour soutenir le produit intérieur brut et la
croissance économique, questionner la place et le sens du travail, c’est aussi remettre en
question cette sacro-sainte croissance. Dans cet épisode du 15 septembre 2022, l’émission
écologique de France Inter La Terre au carré invite l’économiste Timothée Parrique pour
son essai sur la décroissance, Ralentir ou périr. Parmi les mesures qu’il propose : la
redirection écologique des emplois, la réduction du temps de travail, ou encore le
plafonnement des revenus. « De quel emploi avons-nous besoin aujourd’hui ? Avec une
question encore plus profonde derrière : de quoi avons-nous vraiment besoin ? Que
devons-nous produire et comment ? » Le feu des questions toujours intelligentes de
Mathieu Vidard et Camille Crosnier est nourri ! On vous conseille aussi cette émission,
car la chronique de Camille Crosnier y était consacrée aux engagements
environnementaux de Radio France. Avec, face à la pdg Sibyle Veil, son regard critique
habituel.

Pour une économie de la décroissance, dans La Terre au carré sur France Inter.

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