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Selon la plupart des gens bien informés, la croissance serait une condition nécessaire à un monde meilleur.

Cette croissance dont ils parlent, c'est celle du PIB - produit intérieur brut - soit, pour faire simple, ce que nous
pouvons acheter.

"Plus de sécurité pour plus de confiance, donc plus de croissance et plus d'emplois. C'est cette dynamique vertueuse qu'il faut stimuler."
Ségolène Royal
"Les progrès réels ne peuvent être mesurés uniquement par l'argent. Nous devons veiller à ce que la croissance économique contribue à
notre qualité de vie, plutôt que de la dégrader". Tony Blair
"À l'encontre des Cassandre qui annoncent la fin de la croissance, l'économie mondiale se situe à la veille d'un cycle comparable à la
Renaissance." Luc Fery

D'autres, parfois depuis longtemps, mais aussi de plus en plus nombreux1 depuis que le réchauffement climatique s'est
invité dans le débat, prônent la décroissance comme seule voie d'un monde meilleur.

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1
75% des Français pensent que l'économie devrait prioriser la santé et le bien-être des gens et de la nature plutôt que de se concentrer uniquement sur les profits
et l'augmentation de la richesse. N'en concluons pas pour autant qu'ils ont conscience du chemin à suivre avec tous les changements de fonds que cela impliquera
dans leur quotidien.
Les partisans de la décroissance proposent un changement de modèle économique vers une économie plus locale,
solidaire et durable. Cela implique de réduire la consommation d'énergie et de ressources, de favoriser les modes de
production respectueux de l'environnement et de promouvoir des modes de vie plus simples et moins
consommateurs.

"Il faut faire passer l'homme avant le profit, la croissance spirituelle avant le PNB." Théodore Monod
"Il y a des gens riches partout, et pourtant, ils ne contribuent pas à la croissance de leurs pays." Hillary Clinton
"On peut faire l'analogie avec un jeune adulte qui, venant de terminer sa croissance, s'entêterait à vouloir gagner en taille, sans comprendre
que passé un certain âge, grandir ne se mesure plus en centimètres". Timothée Parrique

Afin d'y voir plus clair, je vous propose d'aborder la question progressivement...

Dans un souci de vulgarisation, les propos repris dans cette note peuvent manquer de nuance par leur simplification.
Certains diront même que je mets sous le tapis les arguments, chiffres… qui iraient à l'encontre de la thèse de la
décroissance. Gardons l’esprit critique, échangeons les opinions, et dans la mesure de nos possibilités, agissons, même
modestement.
• Croissance, le mot est omniprésent mais jamais vraiment expliqué. Croissance verte, croissance
circulaire, croissance bleue... cinquante nuances de croissance, mais croissance toujours.
On parle ici de croissance économique. Or l'économie ne capture qu'une infime partie de nos vies. Si on
compare la vie à un iceberg, l'économie n'en est que la partie émergée. Ce mot a tant pénétré nos
imaginaires que peu d'entre nous se pose la question du pour...quoi.

• Pour...quoi
Le mot "économie" vient du grec et signifie "administration de la maison". Toute communauté humaine
se dote d'une économie dès lors qu'elle s'organise collectivement à l'aide de règles pour subvenir à des
besoins: survivre - être aimé - comprendre - participer - se détendre - créer - être libre...
L'économie est avant tout "faire ensemble ce que nous n'aurions jamais pu accomplir seuls".
Ce qui compte au final, ce n'est pas le pouvoir d'achat mais plutôt le pouvoir de vivre!
Une économie qui satisfait les besoins d'aujourd'hui aux dépens des besoins futurs est insoutenable, une
économie qui s'effondre à la moindre crise (covid par ex.) est fragile, une économie qui ne satisfait même
pas les besoins présents est inutile*.
* Le démarchage commercial de produits inutiles rapporte des points de PIB alors que s'occuper d'un enfant
malade n'en apporte aucun."

• Définition
La croissance économique est l'augmentation de ce qui est généralement comptabilisé dans l'économie,
principalement les activités marchandes, ce qui se vend, ce qui s'achète, en négligeant l'entraide, le
bénévolat, le libre accès à de nombreuses informations sur internet, la pollinisation via les insectes...
Cette croissance économique est souvent mesurée par le PIB - Produit Intérieur Brut.

• Origines:
La croissance avait autrefois une fonction claire: relancer l'économie américaine après la grande
dépression (1930), produire les équipements nécessaires à la guerre, sortir de la famine, reconstruire
l'Europe... Au fil des décennies, l'indicateur est devenu l'objectif.
“Le bien-être d'une nation peut difficilement être déduit d'une mesure du revenu national... Il faut garder à l'esprit
les distinctions entre la quantité et la qualité de la croissance... L'objectif d'augmenter la croissance devrait
spécifier la nature et la finalité de cette croissance." Opinion de Simon Kuznetz en 1934, créateur du PIB.

• Les activités économiques se divisent en 5 grandes familles:


1. l'extraction, soit la mobilisation d'une ressource naturelles.
2. la production, soit la transformation pour créer un produit.
3. l'allocation, soit le transfert du produit (don, réciprocité, vente...).
4. la consommation, soit l'usage individuel ou collectif qui satisfait un besoin.
5. l'élimination des déchets

• Les moteurs de la croissance se nourrissent l'un l'autre. Plus les entreprises veulent vendre, plus elles
cherchent à nous inciter à acheter. Plus nous développons de "faux" besoins, plus nous devenons
dépendants des entreprises. et plus les entreprises gagnent en pouvoir. Plus elles ont de pouvoir, plus elles
influencent les décisions de l'Etat en leur faveur.
Les entreprises : elles sont en concurrence. Pour survivre et/ou augmenter le profit de leurs actionnaires,
elles doivent produire plus, créer de nouveaux produits utiles ou non, minimiser les coûts...
Pour la plupart, elles n'ont pas d'objectif sociétal.
Les consommateurs: pour une économie en croissance, il faut des consommateurs qui achètent de plus en
plus. Et donc qui cherchent à gagner plus en maximisant les revenus de leur travail, de leurs placements...
L’Etat: il cherche la croissance pour tenter de donner de l'emploi et donc des revenus à tous. Plus il
marchandise des activités sociales (santé, transports publics...), plus l'Etat accroît le PIB, l'indicateur
fétiche qui serait l'indicateur de notre satisfaction.
La limite écologique ou l'illusion
de la croissance verte
On nous dit que la croissance du futur sera plus écologique car :

• la part des services augmentera encore dans l'économie, or les services sont moins énergivores... que la
production industrielle.
si la part relative des services augmente, faut-il encore que la production diminue en valeur absolue...
ne perdons pas de vue que le numérique produit déjà 5% des gaz à effet de serre et que cela pourrait
atteindre 20% endéans 2040.

• on pourrait recycler plus et mieux mais...


tout ce que nous consommons ne peut être recyclé.
Sur les 100 milliards de tonnes de ressources extraites chaque année, 37 sont irrécupérables.
Ex. un baril de pétrole qui a été brûlé, la nourriture que nous avons consommée...
certains recyclages sont trop complexes. En UE - Union Européenne - seuls 38% des déchets
électriques et électroniques sont recyclés.
Ex. Seuls 30% du smartphone le plus modulaire peut être recyclé.
- même si le procédé technologique existe, il est encore souvent trop coûteux (on ne recycle que 9% des
plastiques)
il existe un effet rebond: ce qui a été recyclé est remplacé par un produit de moindre durée de vie. Ainsi,
la matière issue du recyclage est consommée plus rapidement qu'auparavant.
Ex. la durée de vie d'un ordinateur était de 11 ans en 1990, elle est de 4 ans aujourd'hui.
- recycler est énergivore et produire de l'énergie demande des matériaux.
Un matériau recyclé voit ses propriétés mécaniques, chimiques... se dégrader à chaque recyclage. A un
moment donné, s'il peut encore servir pour des produits moins exigeants, il ne peut plus servir à son
usage initial. Il faudra à nouveau extraire...

• l'innovation technologique va nous sauver, quoique...


le nombre de brevets visant des technologies polluantes reste supérieur à ceux déposés pour des
technologies vertes
un autre effet rebond existe : si l'innovation technologique crée un coût réel et/ou écologique moindre,
elle engendre parfois une hausse de consommation.
Ex. L'aviation commerciale. Depuis 1970, on consomme 80% d'énergie en moins par km/passager, mais le nombre de
passagers a été multiplié par 12.

• Le soleil va nous sauver! Toute production requiert directement ou indirectement de l'énergie, or le


soleil à lui seul fournit un potentiel infiniment supérieur aux besoins.
Toutefois, si ce constat est exact, il faut le relativiser. Il faut savoir que produire 10 MJ d'énergie verte
solaire nécessitera environ 2MJ d'énergie alors qu'actuellement pour extraire 10 MJ d'énergie fossile, il
faut 1 MJ d'énergie. En conclusion, il faudra consommer deux fois plus d'énergie pour produire la même
quantité d'énergie qu'actuellement. On peut se consoler car cette énergie n'émettra plus de CO²... mais
demandera 10 fois plus de métaux qu'avec l'énergie fossile. Or ces métaux demandent à être extraits.
Au plus on extrait, au plus il faut trouver des gisements de métaux de moins en moins faciles d'accès,
avec des concentrations métalliques de plus en plus faibles, et donc une extraction de plus en plus
coûteuse énergétiquement.
• Si les pays de l'UE ont des comportements de production/consommation de plus en plus verts, n'oublions pas
que, pour ce faire, nous importons de nombreux produits qui ont nécessité des traitements polluants issus de
pays dont les normes environnementales sont moindres que chez nous.

• Notre production est de plus en plus décarbonée. C'est exact en UE, sous réserve de l'impact des
importations. Toutefois, l'avenir du monde ne se joue pas seulement dans la décarbonation.
En moyenne, les 50 dernières années, les effectifs des 4 400 espèces de vertébrés ont baissé de 65%.

Après avoir analysé plus d'un millier d'études visant le découplage entre l'économie et l'écologie, les
auteurs concluent : aujourd'hui, penser qu'à l'avenir, la technologie permette à l'économie de prospérer
tout en respectant mieux l'environnement est une incantation, l'effet n'est pas - et ne sera
probablement jamais - significatif.

La limite sociale de la croissance


Si la production de biens et services est absolument nécessaire pour combler nos besoins élémentaires de
survie,.., cette croissance, telle que mesurée aujourd'hui, engendre-t-elle notre bonheur?

Si, comme les Nations Unies, on mesurait le bonheur comme un mix entre le PIB, les prestations sociales, la
justice, la sécurité, l'espérance de vie en bonne santé, la liberté, la perception de la corruption des
dirigeants,...on pourrait en conclure que, si l'argent ne fait pas le bonheur, il y contribue...mais moins qu'on
ne le pense.
Ex. les USA, pays le plus riche du monde, seraient classés autour de la 20ème position, tout comme la Belgique
d'ailleurs dont le PIB est 30% moindre ou le Costa Rica dont le PIB équivaut à 20% seulement de son riche voisin.
Ex. Le PIB américain croît plus vite que celui de l'UE depuis 40 ans, pourtant la santé est meilleure en UE.
Ex. 2/3 des Belges se disent heureux et 7% (11% en Wallonie) se disent rarement heureux.
Ce chiffre tombe à 45% pour les chômeurs et à 57% pour les personnes faisant partie des 20% les moins riches
alors qu'il monte à 73% pour les 20% les plus riches.
A noter que la solitude est pointée comme un problème.

Voici quelques éléments de réflexion...

• Les besoins fondamentaux – subsistance – protection – liberté – ont des seuils de suffisance, plus de
production ne change pas vraiment leur satisfaction.
¾ du bonheur s’explique par des variables non économiques, en particulier l'amour, les amis, les
relations.
Le besoin de statut social n’est pas réglé par la croissance.
En effet, celui dont je cherche à me rapprocher en terme de statut utilise également la croissance pour
continuer à se différencier. Le prestige social est un jeu qui n’apporte rien, sauf à gaspiller les
ressources.

• La marchandisation dissout le lien social, or après la survie, la satisfaction de nombre de nos besoins
repose sur le lien social.
Au plus on marchandise, au moins on laisse de place aux autres moyens d'allocation des ressources que
sont le don, la réciprocité et la répartition par la collectivité.
Quand nous payons, nous sommes moins attentifs aux autres, nous respectons moins ce qui est mis à
notre disposition.
Ex. 1 - on ne se comporte pas de la même façon (relation avec les personnes, respect des lieux si on loue une chambre
d'hôtel ou si on loge dans une chambre d'hôte avec un propriétaire qui nous accueille...
Ex. 2 - si on marchandisait le don de sang, les études montrent que les dons baisseraient. Les gens ont besoin de sens pour
entreprendre certaines actions.
* Marchandiser nécessite 4 étapes :
standardiser pour comparer ce qui est comparable : lapin des Flandres <> lapin Québecois
quantifier : un lapin…de 5 kgs
monétiser : 20 euros/kg
privatiser : transférer la propriété du lapin.

• Croître, produire, vendre plus se fait au détriment d'une utilisation des ressources vers d'autres
enjeux.
Ex. La France compte autant d'agents immobiliers que de chercheurs, de qui a-t-on le plus besoin?

Outre les limites écologiques, la croissance se heurtera toujours à une limite sociale simple, le temps.
Le temps qui n'est pas extensible! S'occuper des enfants, dormir, ... le progrès n'allège pas ces postes.
Donc, la croissance n'est pas extensible indéfiniment.

Certains diront que la technologie est un facteur important pour améliorer notre monde.
S'il est vrai qu'une technologie bien comprise peut nous apporter beaucoup, c'est oublier un peu vite
certains éléments.

• Technologie ou pas, que ce soit marchandisé ou non, ce sont les personnes qui produisent* les biens ou
les services.
Ces personnes ont été nourries, éduquées, aimées... ce qui leur a permis de mettre leurs talents* au
service de la communauté. Cette sphère reproductive est bien plus grande que la sphère productive.
Ex. La journée moyenne d'un Français se compose de 10% de travail et le reste sont des activités largement nécessaires
pour être en état de travailler, 30% de sommeil, 20% de loisirs, 15% d'activités domestiques...

• Les gains liés aux progrès techniques sont souvent privatisés au profit des nantis alors qu'ils reposent
largement sur des investissements publics financés par la collectivité.
Intégrer le coût vérité dans le prix permettrait de rétablir certains équilibres.
Ex. J'achète une voiture enrichissant ainsi les actionnaires des producteurs en utilisant des routes publiques.
Le piéton (30% des familles monoparentales) finance les routes… et l’avion (carburant détaxé).
Le prix d'usage du véhicule devrait intégrer tout ce qu'il coûte indirectement à la collectivité.

• La technologie libérerait du temps, temps nécessaire pour produire, profiter de la vie...


C'est vrai dans de nombreux cas. Toutefois, à bien y regarder, une partie de ce gain est perdue.
Ex. Si la voiture qui a remplacé le vélo nous a fait gagné beaucoup de temps, il faut plus de temps et de ressources pour
produire une voiture qu'un vélo. Une partie du gain est perdue.

• La sphère écologique fournit des services bien plus importants que la technologie.
Pollinisation, nappes phréatiques, régulation du climat... sont essentiels.

* Nommons par convention la production ="sphère productive", les activités qui nous permettent de développer nos talents =
"sphère reproductive" et ce qui est externe à l'être humain = "sphère écologique".
La limite politique de la croissance
Si la croissance est difficilement tenable sur le long terme d’un point de vue social, n'en reste-t-elle pas moins
un mal nécessaire ?

Voici les arguments souvent avancés par les politiques, les économistes...

• La croissance permet de diminuer la pauvreté et/ou les inégalités .


C'est faux : 50% de la population capte 20% de la croissance et 1% en capte également 20%.
Toutefois, dans les régions les plus pauvres, la croissance reste nécessaire en exploitant mieux leurs
richesses au profit de leur propre population.
Des idées existent pour mieux répartir la croissance, de façon à ce que riche ou pauvre, certains besoins
puissent être rencontrés de façon équitable.
Exemples
- offrir gratuitement les 10 premiers m³ d'eau
- allouer 150 euros/mois à chacun pour acquérir de la nourriture dans des magasins respectueux de la planète, des
producteurs et de la santé des consommateurs (peu de sucre, pas d'alcool, ...).
- offrir à chacun un pass culture d'une valeur de 300 euros.

• La croissance crée ou maintient de l'emploi, mais de l'emploi pour quoi...


- pour gagner sa vie.
- pour éviter le chômage qui nous stigmatise (4% chez les cadres, 9% chez les employés, 18% chez les
ouvriers).
Sans perdre de vue que le mieux serait peut-être de consommer moins et mieux en produisant des
choses utiles.
A quoi bon payer des agents immobiliers 5000 euros alors que des infirmiers en perçoivent 2500.
Cela permettrait alors de diminuer la pression sur l'emploi et de...
- travailler dans un certain confort, plutôt que dans des emplois précaires et flexibles.
- protéger certains enjeux tels que la justice, la santé... que certains voudraient privatiser.
- nous laisser du temps pour participer à une vie sociale.

• La croissance alimente les caisses de l'Etat et donc les politiques publiques.


Pour rappel, offrir un produit ou un service public repose sur deux facteurs: des ressources naturelles et
du travail humain. Mobiliser ces ressources ne passe pas nécessairement par la marchandisation.
Si la fonction publique était réformée, la production publique serait peut-être plus performante que la
production privée qui nécessite de rémunérer des actionnaires et qui nécessite de dépenser des
ressources en publicité pour capter les clients. La production dépendrait alors beaucoup moins des taxes
puisque les humains s'entendraient pour prester au profit de l'Etat. Cette partie sera développée dans le
chapitre consacré aux solutions.
Vous me direz qu'il faut financer la dette publique et qu'il faut donc de l'argent.
Ce n'est pas faux. Toutefois, si on garde à l'esprit que la dette se compose d'une part d'un capital -
l'argent prêté-, et d'autre part, d'intérêts, on peut s'orienter vers deux principes si on réforme en
profondeur le système financier*:
le capital serait emprunté à la population sans passer par étant prêté par la population. Cela pourrait ne
pas être applicable à certains pays pauvres, ou à certains pays dont la population préférerait d'autres
placements. Des solutions sont à proposer, cela semble possible.
les intérêts seraient moindre en empruntant directement auprès de la population.

* Le pouvoir de plus en plus grand de la finance nuit à l'efficacité des Etats.


Après la croissance de l’après-guerre, les acquis sociaux n'ont pu être maintenus que par l’endettement de l’Etat.
Pour faciliter cet endettement, les Etats ont créé un marché financier international de plus en plus complexe, et l’Etat en est
devenu dépendant. Le système financier qui était administré au service de l’Etat est devenu un système qui juge l’action de
l’Etat, Etat qui doit rendre plus de comptes à la finance qu’à la mise en œuvre des demandes des citoyens.
Il est intéressant de noter que...
- Le système financier est plus complexe à contrôler que le système productif car
- Les décisions prennent effet immédiatement
- La finance est largement dématérialisée, elle n'a pas de contrainte spatiale ce qui gêne l'action publique qui viserait
à la réguler.
- La responsabilité/transparence est floue à cause de la multiplicité des acteurs et des mécanismes
- Le profit du secteur financier dans le total des profits est passée de 10% en 1978 à 40% en 20 ans.
- Les mathématiciens… ont consacré plus de temps à créer des outils financiers qu’à optimiser des processus productifs.
- La pandémie du Covid nous a appris qu’en période d'incertitude la finance ne sait plus évaluer la situation, ce qui engendre des
fluctuations rapides des bourses, des crédits… qui nécessitent l'intervention des banques centrales (organe collectif) qui assument les
risques pour stabiliser l'économie si dépendante de la finance. Une fois de plus, les nantis tirent les profits et quand c’est la m…, la
collectivité répare, tout comme lors de la crise de 2008, lorsque les Etats ont dû maintenir des banques en vie pour éviter la
catastrophe.

• Les limites du néo-libéralisme, la doctrine qui a progressivement sévi à partir des années 70.
Le néo-libéralisme prétend que ...
L’état a pour but de mieux faire fonctionner l’économie, notamment en promouvant et défendant la libre
concurrence qui garantit que les producteurs ne s'entendent pas sur des prix trop élevés au profit des
actionnaires. On constate pourtant que des grands acteurs subsistent, voire grandissent (Gafam par ex.) et
que les organes de régulation n'ont jamais été si nombreux, signe que le concurrence ne joue pas son rôle
comme souhaité.
L’état doit se mettre en concurrence avec le privé pour la fourniture des services publics (éducation, santé…).
ainsi on favoriserait la victoire des plus aptes, et non la protection des privilèges des possédants. C’est
l’égalité des chances, et non l’égalité des positions.
Le néo-libéralisme promeut aussi la libéralisation du marché du travail vers la flexibilisation qui devrait
également aider au plein emploi... et qui se révèle un échec.
A noter que le néo-libéralisme n'est pas monolithique, il existe des visions différentes.
Ex. Rüstow préconise une taxation élevée des héritages pour garder le principe d’égalité des chances
Hayek lui préfère une taxation légère. En effet, pourquoi taxer ce dont on hérite alors que l’on ne taxe pas l’intelligence ou la
gentillesse de nos parents.

• Bien que cela ne soit pas en lien direct avec la question de la croissance, observons un peu la fiscalité, un outil
tellement important pour répartir les gains que chacun tire de son activité et/ou de ses placements.
Peut-on parler d'équité si on observe que...
- l'impôt sur les revenus du travail s'élève à 55% dès que vous gagnez plus de 3500 euros bruts/mois.
- l'impôt sur les revenus du capital qui sont généralement taxés entre 0 et 25%, profite essentiellement aux
personnes aisées (En UE, 60% du capital est détenu par 10% de la population et le capital équivaut à 6 fois le
PIB), or ce sont les mêmes euros.
- l'impôt sur la consommation (TVA et accises) est généralement de 21% et est identique quels que soient vos
revenus.
En Belgique, cet impôt, auquel chacun contribue en consommant, finance l'enseignement, les crèches... moins utilisés par les
personnes les moins favorisées.
- les héritages qui échappent plus ou moins à l'impôt grâce aux mécanismes d'échappement - légaux ou pas-
accessibles aux plus favorisés.
- Les aides aux entreprises sont à la hausse/mode alors que ces entreprises, à l'exception des plus petites,
rémunèrent des actionnaires.
Pour financer ces aides, on doit choisir entre
- diminuer les ressources des services sociaux
- augmenter la taxation
- augmenter la dette publique qui génère des intérêts peu taxés pour les détenteurs de capitaux.
Ex. Un prêt de 7 milliards pour aider Air France - qui pollue - à surmonter la crise covid versus des applaudissements pour les
infirmières - qui soignent (1 milliard leur a toutefois été alloué pour des primes annuelles d'environ 1500 euros pendant cette
période)

• Les moins favorisés utilisent plutôt moins les services offerts par la collectivité.
Ex.Les primes pour économiser l’énergie sont utilisées par les propriétaires qui occupent leur bien, soit les plus riches…
Ex. Le piéton (30% des familles monoparentales) finance les routes… et l’avion (carburant détaxé).
3 - Les Solutions
La critique de ce qui existe est relativement aisée.
Passons aux solutions théoriques, solutions qui rencontrent beaucoup d'obstacles quant à leur mise en oeuvre.
Ceux-ci seront abordés dans le chapitre suivant.

3 axes de changements seraient à mettre en œuvre :


- Consommer moins et mieux
- Construire d'autres mécanismes économiques et sociaux
- Eduquer

Consommer moins et mieux


• Consommer moins est une nécessité absolue.
Que ce soit le réchauffement climatique, la biodiversité ou la raréfaction des ressources, consommer moins
est une condition nécessaire pour une survie à long terme de l'humanité et pour l'accès à des conditions de
vie dignes dans les contrées les plus démunies.
créer des produits avec une longue durée de vie, notamment en créant des objets facilement réparables
garantis plus longtemps. Cela économise les ressources matérielles et favorise la main d'oeuvre locale.
Favoriser les transports publics pour diminuer le recours aux véhicules polluants, aux routes de plus en plus
larges, et donc coûteuses.
Limiter la vitesse des véhicules, les construire plus légers et, idéalement, favoriser les véhicules partagés.
Consommer moins de viande limite les émissions de CO² et est meilleur pour la santé.
Acheter des vêtements de seconde main.
Utiliser des contenants réutilisables.
...

• Consommer mieux permet de consommer moins en comprenant que les sources d'égalité, de bien-être... ne
sont pas toujours dans l'acte d'une consommation irréfléchie.

- remplacer l'énergie fossile par l'énergie verte... même si les outils nécessaires à la production de cette
énergie fossile ne sont pas très verts.
Ex. la hausse du prix des énergies fossiles est une technique. Les répercussions de la guerre en Ukraine font grimper le prix du gaz,
sa consommation a baissé de 20%, on vit moins bien?
Bien sûr, tout le monde râle. Un monde meilleur nécessite des changements d'attitude.
Avoir chaud nous semblait un dû, ce ne l'est pas. Ce ne sont pas les millions d'êtres humains qui n'avaient pas vraiment accès à
cette "évidence" qui diront le contraire.

- consommer local pour éviter les frais de transport, et pour ne pas priver les autres peuples de leur propres
ressources.
Ex. Manger des ananas est-il si important.

- Privilégier les circuits courts pour créer du lien avec les personnes qui nous entourent et pour moins
gaspiller.
Ex. Acheter ses pommes dans le commerce coopératif local permet de mieux valoriser le travail du producteur (en
moyenne, seuls 6.5% du prix final revient au producteur, pour les pommes, c'est environ 35%) et de moins
gaspiller.
En effet, la grande distribution apprécie les produits standardisés, calibrés... or un fruit "difforme" a le même goût.

- Placer ses avoirs financiers dans un système qui vise un rendement raisonnable, sans spéculation, pour
aider les entreprises et les collectivités à produire utile.
Construire d'autres mécanismes
économiques et sociaux
Démocratie participative - entreprise à mission définie - allocation universelle - fiscalité juste - communs...

Ces propositions vous paraîtront peut-être utopiques dans leur mise en oeuvre. Toutefois, dites-vous bien que
les pistes de solution proposées sont moins dangereuses qu'une déstabilisation, qu'une guerre, qu'une
révolution... Il ne faut jamais exclure qu'une minorité des populations se révolte contre ses conditions de vie.

La démocratie participative

Au XVIIème siècle, Spinoza recommandait déjà la démocratie représentative plutôt que la monarchie ou le
pouvoir religieux, toutefois il pointait déjà le problème que nous connaissons : si "l'obéissance extérieure" est
plus forte que "l'activité spirituelle interne", les démocraties risquent de s'affaiblir. En d'autres termes, si nous
subissons la démocratie en ne nous impliquant pas, nous nous en éloignerons.
Tout est dit : une majorité de Belges souhaitent un pouvoir fort, 80% des Américains se méfient des politiciens,
75% des Français se sont abstenus aux dernières municipales, le complotisme gagne du terrain...
Autant les politiques de croissance ont depuis longtemps un caractère non démocratique, autant les politiques
de décroissance ne peuvent réussir que via le renforcement fondamental de la démocratie car les changements
attendus sont tels qu'il faut qu'une majorité de la population y adhère par ses choix politiques.

Pour rappel, la démocratie représentative consiste à élire des représentants qui ont pour mandat d'agir en notre
place en synthétisant les enjeux de société pour aboutir à une décision générale.

Comme nous l'avons expliqué, pour améliorer le bien-être, il faut connaître les besoins des personnes. Or tant
dans les faits que dans notre ressenti, la démocratie représentative peine à y arriver, notamment en sacralisant
la liberté économique, ou en partant de l'illusion que nous pensons tous la même chose. Pour avancer, il s'agit de
reconnaître les différences qui nous opposent dans une société pluraliste et de nous accorder sur la manière de
trancher ces différences.

Les outils de démocratie participative progressent.


Ex. Porto Alegre est connue pour avoir mis en place un modèle de démocratie participative connu sous le nom de "budget
participatif". Le budget participatif est un processus démocratique qui permet aux citoyens de participer activement à la décision sur
la destination des fonds publics. Il a été mis en place pour la première fois à Porto Alegre en 1989. Le budget participatif a permis
aux citoyens de Porto Alegre de proposer des projets pour leur quartier ou leur communauté, qui ont ensuite été évalués et
sélectionnés par d'autres citoyens lors d'assemblées publiques. Les projets sélectionnés ont ensuite été intégrés dans le budget de la
ville et mis en œuvre par les autorités.
Ex. La conférence sur le climat et ses différents comités citoyens intégrés au processus et soutenus par des experts...

Les clés du succès de la démocratie participative sont:

- la discussion collective portant sur des enjeux significatifs.


Ex. quel commerce implanter dans le quartier plutôt que choisir la couleur des bancs publics.

- la maîtrise des mécanismes d'animation de la discussion collective. En effet, il ne faut pas tomber dans de
nombreux pièges tels que l'impact de certaines personnes plus charismatiques que d'autres, croire que l'on
peut toujours se passer d'experts pluralistes pour éclairer la discussion, la moindre implication des personnes
moins favorisées si on ne va pas les "chercher"...

- le pouvoir de concrétiser les décisions.


Ex. Chaque citoyen du quartier reçoit 500 euros (250 entre 12 et 16 ans) et peut répartir cette somme sur 3 propositions d'action.
Les budgets ainsi votés sont ensuite mis en oeuvre.

- La possibilité de dépasser l'échelle du quartier, de la commune....


Les "communs"
Les communs sont une alternative à la propriété privée ou publique des ressources naturelles, en particulier
celles dont il est difficile de restreindre l'usage (ex. la pêche), culturelles et sociales. Les communs sont gérés
collectivement et de manière démocratique par les membres d'une communauté qui ont un accès égal aux
ressources et partagent les responsabilités de leur gestion.
Les communs peuvent prendre de nombreuses formes, allant des terres et des forêts communales aux logiciels
open source et aux réseaux sociaux en ligne. Dans chaque cas, les communs sont caractérisés par la mise en
commun de ressources pour le bénéfice commun.
Les communs peuvent offrir de nombreux avantages par rapport à la propriété privée ou publique. Ils
permettent une gestion plus durable des ressources, en prenant en compte les besoins à long terme et en
évitant la surexploitation à court terme. Ils favorisent également la participation démocratique et l'engagement
des membres de la communauté dans la gestion des ressources.

Forêt de Namur Propriétaire Gestionnaire Utilisateur Utilisateur


Section A-17 Classe A Classe B

Accès X X X X

Prélèvement X X

Gestion X

Conseil d’Adminis. X

A noter que certains exploitent les communs sans contrepartie, notamment par les GAFAM qui utilisent du
logiciel libre sans réciprocité. Il serait donc sain de prévoir une obligation de réciprocité dans certaines
conditions.

L'allocation universelle
L'allocation universelle, également appelée revenu de base inconditionnel, est un système de redistribution de
la richesse qui garantit à tous les individus un revenu de base sans condition de ressources ou de travail. Cela
signifie que chaque personne recevrait une somme d'argent régulière, indépendamment de son statut
professionnel, de sa richesse ou de son âge.
Cette allocation aurait pour effet de simplifier considérablement les systèmes d'aides sociales actuels, qui sont
souvent complexes et discriminatoires. En effet, avec une allocation universelle, il n'y aurait plus de critères de
sélection à remplir ni de contrôles à effectuer pour les bénéficiaires, ce qui réduirait les coûts administratifs et
les fraudes.
L'allocation universelle permettrait de réduire la précarité des travailleurs, qui pourraient se permettre de
prendre des risques et de se lancer dans des projets innovants - tels que la gestion des "communs"- sans
craindre de perdre leur revenu.
L'allocation universelle pourrait s'élever au revenu minimal d'insertion d'un isolé (environ 1000 euros) et
prendre la forme de bons d'utilisation de certaines biens et services, sans que ces bons ne puissent être
échangés avec d'autres personnes:
250 euros pour accéder à un commerce éthique: nourriture saine issue de circuits courts.
250 euros pour un logement public ou un logement privé économe en énergie.
50 euros à valoir pour un abonnement aux transports publics
50 euros à valoir sur une consommation énergétique verte
25 euros à valoir pour des activités culturelles
Le solde étant versé en euros
La paternité de l'allocation universelle revient à Thomas Paine, un intellectuel et révolutionnaire du XVIIIe
siècle. Si le concept a été popularisé dans les années 1960 par des penseurs tels que Martin Luther King et
Milton Friedman, GL. Bouchez (MR) et l’économiste namurois Philippe Defeyt (Ecolo) en ont encore débattu
récemment. Tous deux sont favorables au principe mais en ont une vision différente. Pour Philippe Defeyt, le
revenu universel de base s’ajoute aux allocations sociales existantes. Pour Georges-Louis Bouchez, il les
remplace.
Pour GL Bouchez, l’allocation universelle est un montant identique (1000 euros) octroyé à tous, sans conditions. Ce montant
remplace une grande partie des aides sociales actuelles (allocations familiales, allocations de chômage, le revenu d’intégration, les
aides à l’emploi, les aides aux entreprises, la couverture des petits risques en matière de santé). Il ne s’agit donc pas d’un
remplacement total de la Sécurité sociale mais de certains pans. Rien ne change par exemple pour la couverture des grands risques
en matière de santé (par exemple le traitement d’un cancer). D’autres aides continuent par ailleurs à exister (logement social, aide
énergétique, aide alimentaire, remboursement plus avantageux des médicaments). Il faut aussi distinguer l’emploi et le travail.
Certaines personnes travaillent aujourd’hui sans aucune reconnaissance, alors que d’autres sont rémunérées pour des emplois qui
ont un faible apport sociétal. Il est ainsi possible de valoriser des tâches utiles à la société : le bénévolat, l’éducation des enfants, la
gestion du ménage, les activités sportives ou culturelles. Dès qu’un individu travaille, il aura toujours plus que s’il ne travaille pas. Le
projet valorise également les personnes utiles à la société (parents au foyer, bénévoles…).

Certains diront que cette idée est complètement débile, peut-être... Toutefois, octroyer une allocation pour se
nourrir et se loger - deux des besoins de base - n'est pas si différent que de financer deux autres besoins de base
que sont les soins de santé qui sont financés à 75% par la collectivité soit 300 euros par personne et par mois, ou
notre sécurité via l'armée et la police - 100 euros par personne et par mois.

Un autre avantage – certes marginal - de cette allocation est que cela pourrait libérer des petits logements. En
effet, pour percevoir le montant maximum de certaines allocations - CPAS notamment - le fait de ne pas
cohabiter entre en compte.

A noter que cette allocation universelle pourrait se compléter d'un héritage universel (par ex. 100 000 euros)
qui pourrait servir à se lancer dans une activité, à acquérir un logement...

Si la liberté consiste à choisir son plan de vie, cela ne veut pas simplement dire "ne pas être entravé dans ses
actions" mais aussi pouvoir être soutenu dans ses choix, en étant notamment mis à l'abri des besoins matériels,
ce que l'allocation universelle soutient en partie.

Les entreprises à mission définie... et la suppression des autres.


La place des grandes entreprises est un problème majeur. Leur pouvoir disproportionné est renforcé par
l'idélologie néolibérale qui fait de la lucrativité la boussole de la société, qui impose des comportements
indésirables aux gouvernements qui sont incités à défendre les intérêt des grands groupes au nom de l'emploi,
de l'intérêt national..., alors que les associations vivotent avec les financements des entreprises et de l'état, que
le comportement des consommateurs est fléché par la publicité et l'obsolescence programmée.
Ex. Ces dix dernières années, les 5 plus grands producteurs d'énergie fossile ont dépensé 250 Mio en lobbying auprès de l'UE.

Si le mode de gouvernance appropriée pour ces entreprises reste une question ouverte, leur contrôle par une
minorité d'actionnaires de référence en attente de profits déraisonnables est fondamentalement incompatible
avec l'objectif d'une transition écologique par la décroissance.

Dès lors, la nationalisation de ces entreprises vient rapidement à l'esprit. Toutefois, observons que les pays qui
appliquent cette méthode avec un succès tout relatif sont la Chine, l'Arabie Saoudite, la Russie... qui sont des
régimes totalitaires.
Par contre cela constitue une bonne option pour les secteurs stratégiques que sont la sécurité, la justice, la santé
et l’enseignement par ex.

On devrait également légiférer pour reconvertir ces entreprises en entreprises à mission définie.
Les entreprises devraient définir une mission de production claire et avalisée par un comité qui justifie aux yeux
du public en quoi consiste son activité et en quoi elle est utile à la satisfaction des besoins.
Un comité de mission citoyen, des audits de conformité et des tribunaux ad hoc encadreraient leur travail.

Un point d'attention consiste à maintenir/encourager la création d'entreprises individuelles, source de


créativité, d'efficacité... en limitant leur taille pour ne pas tomber sur les écueils précités.
Une nouvelle fiscalité
Pour rappel, la fiscalité actuelle est profondément injuste:
• le travail est rapidement taxé à 55%
• le capital est taxé entre 0 et 25%
• la consommation est taxée à 21%.
• l'évasion fiscale est pratiquée à grande échelle par les plus riches.
• les déductions fiscales sont peu utiles aux moins aisés.

De plus la fiscalité est complexe et opaque ce qui nuit à sa perception et donc à l'expression démocratique.

Les idées ne manquent pas pour réformer le système fiscal. Voici un exemple.
• les revenus du travail : 20 % sur la part inférieure au revenu moyen des travailleurs, soit 4000 euros
bruts/mois. Il resterait 3200 euros net contre moins de 2500 aujourd'hui.
Une progression à 50% jusqu'à 15 000 euros bruts et on continue la progression au-delà avec un max. de
90% pour les plus riches.
• les revenus du capital :
o les intérêts et loyers - charges d'amortissement et d'entretien déduites - seraient ajoutés à
l'assiette imposable des revenus du travail.
o les plus-values : 30%
o la consommation :
▪ tva de 15%
▪ renforcement des accises sur les produits nocifs : tabac, alcool, énergie polluante...
o La suppression des droits de succession serait souhaitable si les revenus du capital sont mieux
taxés.

Bien sûr pour contenir le besoin compulsif de certains à échapper à leur devoir citoyen, un cadastre mondial des
patrimoines s'impose - en commençant même imparfaitement en UE - via une obligation pour les banques ... de
tout déclarer. Une déclaration préremplie serait alors proposée au contribuable.
L'avantage de cette globalisation est de contenir la fuite des capitaux, ce qui permettrait notamment aux états
pauvres de garder les recettes fiscales de leurs puissants.

Bien sûr d'autres mécanismes restent à imaginer/ajuster.


Ex. Une taxe progressive sur les billets d'avion. Le 1er est taxé à 15 %, le second à 20%..
La Suisse a mis ce système en place en se basant sur un % dégressif en fonction de la distance parcourue par vol.

Un nouveau système financier


Comme abordé dans le chapitre consacré aux limites politiques de la croissance, le système bancaire et plus
largement la finance connaissent de nombreuses dérives, il privatise les bénéfices au profit des plus aisés et il
étatise les pertes.
Ex. Pourquoi la BCE ne peut pas prêter aux Etats avant que les banques privées n'y renoncent, dès lors qu'elles
ont engrangé les bénéfices avant de reculer si le risque est trop grand.

Quelle est l'utilité attendue du système financier?


• sécuriser la possession de nos richesses monétaires en permettant un échange aisé. C'est le rôle des
moyens de paiement dématérialisés tels que les cartes bancaires.
• octroyer des crédits aux individus, aux entreprises et aux états, en réclamant un intérêt qui couvre les
frais d'administration et la prise du risque de ne pas être remboursé.
• établir la valeur de certains actifs - les actions des entreprises par ex. - en permettant à l'offre et à la
demande de se rencontrer dans les bourses.
• couvrir les riques de certaines opérations par exemple en garantissant que le paiement en $ que vous
recevrez dans 6 mois sera converti en euros à un taux connu dès à présent alors que l'on ne connaît pas
encore la valeur future du $.
Quels sont les effets non désirés de la finance?
• la spéculation. Celle-ci fait référence à l'achat et à la vente de titres financiers (tels que des actions, des
obligations, des devises, des matières premières, etc.) dans le but de réaliser un profit à court terme en
anticipant sur les fluctuations du marché. Elle implique souvent une prise de risque élevée car les
investisseurs spéculatifs cherchent à réaliser des gains importants en un laps de temps relativement
court.
Aujourd'hui, 90% des actifs financiers sont spéculatifs, et n'ont donc aucun impact direct sur l'économie
réelle, ce qui constitue en soi un manque à gagner pour l'économie : en plaçant son argent dans des
produits dérivés, un investisseur ne participe pas au dynamisme du tissu économique des entreprises et
PME.
Lorsque s’échange en une année à peu près 70 fois la valeur du commerce international sur le marché
des changes, il y a matière à penser que le secteur financier n’est plus au service de l’économie réelle, et
qu’il est désormais avant tout au service de lui-même.
Et enfin, les transactions sur les marchés des actions s’élèvent aujourd’hui à plus de 100 000 milliards de
dollars chaque année, ce qui équivaut à près de 150 % du PIB mondial, contre seulement 5 % en 1975.

• L'instantanéité de la Bourse oblige souvent les entreprises à avoir une vision à court terme, sous peine
d'être sanctionnées. En effet les investisseurs - de plus en plus des financiers purs sans projet industriel -
souhaitent un rendement rapide de leur capitaux et incitent les entreprises à avoir une vision rentable à
court terme or les défis qui se posent à nos sociétés ont besoin de se poser sur un temps long.

• Le risque d'effondrement du système financier qui nécessiterait l'intervention de l'état. De par leur taille
et la multiplication de leurs domaines d'activité, en cas de faillite, les banques dites "systémiques" sont
susceptibles de provoquer par contagion un effondrement du système financier international dans son
ensemble. Elles sont au nombre de 30 et pesaient plus de 53 000 milliards de $ fin 2017, soit près de 53%
des actifs bancaires mondiaux.

Ces dérives sont-elles inhérentes au système?


Non. Il suffit de regarder comment le système fonctionnait avant. En effet, c'est à partir des années 1970 que la
plupart des économies avancées dérèglementent le secteur du crédit en supprimant peu à peu certaines des
limites pesant sur les banques. Il est mis fin à toutes les règles visant à limiter de façon directe (via des quotas
par exemple) la quantité de crédit accordé par les banques ainsi que l’orientation du crédit en fonction des
secteurs économiques.

Voici quelques pistes de solutions orientées autour de trois axes à piloter par les pouvoirs publics:
• stabiliser le secteur financier, c’est-à-dire protéger l’économie et les sociétés des risques excessifs pris par la
finance ;
• s’assurer que ce système financier stabilisé canalise l’épargne vers des activités utiles à la société ;
• réorganiser l’architecture de supervision pour un pilotage de la finance au service de l’intérêt général ; la
croyance dans l’efficacité des marchés financiers, doublée de celle qui fait de la planche à billets le pire des
maux quand elle est aux mains de l’Etat, conduit logiquement à considérer que le financement de l’économie
doit être entièrement laissé aux mains du secteur privé.
Cette croyance conduit même à considérer que l’Etat et les administrations publiques doivent également se
financer sur les marchés, pour se soumettre à leur discipline afin d’éviter les risques de gaspillage et de
gestion clientéliste qui résulteraient automatiquement du recours trop facile à la « planche à billets ».
Si l’on peut douter de la pertinence de nationaliser le crédit et le financement de l’économie, il n’est pas, à
l’inverse, rationnel de considérer que seul le secteur privé est pertinent pour le faire.
En effet:
- le marché est soumis aux « humeurs » des acteurs ce qui le rend volatil, inconstant et susceptible de générer
des crises violentes
- il n’intègre pas le long terme
- il n’intègre pas ce qui est « non-marchand » à commencer par la nature et les inégalités sociales, et plus
généralement l’équilibre de la société.
La stabilisation du système financier.

1. Limiter les activités des banques à la collecte des dépôts,


à l'octroi des crédits et à la gestion des moyens de paiement.
Cette mesure devrait viser au moins les pays membres du G20,
qui comprend les économies de l’Union Européenne et des 19
pays les plus avancés. Elle est préconisée par le rapport du
groupe d’experts de haut niveau sur la réforme structurelle
du secteur bancaire de l’UE.

2. Les fonds propres comptables des banques devraient être d’au


moins 20 % du total de leur bilan - contre 5 % en moyenne
aujourd’hui pour les institutions financières systémiques.

3. Les banques ne pourraient pas prêter aux autres acteurs financiers non bancaires.

4. Taxer les transactions financières - achats/ventes - à hauteur de 0.15% pour éviter que les transactions de
pure spéculation à très courte durée avec des marges du même ordre que la taxe ne soient vraiment
rentables.

Canaliser l'épargne

1. Obliger les banques à déposer une garantie en dépôt dans les banques centrales en fonction du type de
crédit qu'elles réalisent.

2. Instaurer un bonus/malus sur les ratios de solvabilité en fonction des activités financées.
Ex. Bonus si crédit aidant la transition écologique.

3. Sur base du schéma des entreprises à mission, créer des établissements coopératifs de crédit qui
sélectionneraient les entreprises à financer au regard de missions utiles à la société. Outre les citoyens, les
entreprises devraient cotiser un % de leur plus-value à ce système de crédit.

Piloter le système

Revoir la composition et la supervision des membres des organes de direction des régulateurs financiers
La moitié au moins des membres des organes de direction des superviseurs financiers devraient avoir fait
l’essentiel de leur carrière en dehors du secteur financier. Ils devraient être choisis de manière à représenter
dans ces organes les différents acteurs de la société : représentants des consommateurs, des organisations
syndicales et patronales, de l’administration, acteurs de la société civile spécialisés sur les sujets financiers mais
aussi engagés sur des sujets d’intérêt général (climat, inégalités et pauvreté…), experts académiques non liés au
secteur financier…
Pour tous les membres de ces organes, il ne devrait pas être possible de prendre un poste dans le secteur
financier pendant au moins cinq ans après avoir occupé un poste de direction d’un régulateur, ni de prendre un
poste de direction d’un régulateur après avoir exercé pendant cinq ans dans le secteur financier.
La supervision se ferait sous le contrôle des parlements nationaux et des parlements supranationaux, comme le
Parlement européen.

Pour en savoir plus : https://theothereconomy.com/fr/modules/role-et-limites-de-la-finance/


http://lafinanceauxcitoyens.org/files/pdfs/Recommandations_Finance_aux_citoyens_SCCF_FR_201806.pdf
Une nouvelle politique du logement
Dans le domaine public, il faudrait augmenter le nombre de logements publics.
Actuellement, la Belgique souffre d'un retard notoire en ce domaine - Pays-Bas 30%, Autriche 24%, France et
UK 17%, Belgique 6.5%.

Les avantages du logement public sont nombreux.

• l’une des plus grandes difficultés que rencontrent de nombreuses villes européennes de nos jours, hormis la
lutte contre la pénurie de logements abordables dans la plupart des zones urbaines attractives, est de
renforcer la mixité sociale et de lutter contre la discrimination sociologique (origine - genre...). Or le
logement public est particulièrement adapté à ces problématiques.
• Des loyers adaptés à la situation sociale du locataire.
• La salubrité des logements est meilleure que dans les logements privés du segment inférieur.
• Au travers de comités consultatifs, voire plus que consultatifs, on peut renforcer la cohésion sociale par la
démocratie participative.
Ex. Les CCLP - comité consultatif des locataires - en Wallonie, même si ceux-ci fonctionnent mal (voir le chapitre sur les
obstacles liés à la démocratie participative).
• les loyers ne doivent pas rémunérer un actionnariat privé, et les logements sont plus petits que dans le privé,
en conséquence, le secteur est moins coûteux que s'il était privatisé.
• les droits des locataires sont mieux respectés.
• Les locataires bénéficient de services - payants - disponibles pour la maintenance et les petites réparations.

Dans le domaine privé, on devrait imposer le Community Land Trust - CLT - lorsque le privé acquiert des
terrains publics ou lorsque le privé construit dans certains environnements. Le CLT est une fiducie foncière
communautaire sans but lucratif acquiert et détient des terrains dans le but de fournir des logements
abordables et de répondre à d'autres besoins communautaires. Le terrain est détenu en fiducie par l'organisme,
qui veille à ce qu'il soit utilisé au profit de la collectivité à perpétuité. Ces fiducies ont été couronnées de succès
dans de nombreuses communautés à travers les États-Unis.

Le modèle de base d'un CLT consiste à acquérir des terrains par le biais de dons ou d'achats, puis à les louer à des
personnes ou des familles dans le but de construire des maisons ou d'autres structures. Le bail est généralement
conclu pour une longue période, par exemple 99 ans, et comporte certaines restrictions quant à l'utilisation du
terrain. Par exemple, le bail peut exiger que la maison soit occupée par son propriétaire et qu'elle soit vendue à
un prix abordable à un autre acheteur ayant un revenu inférieur à un certain niveau lorsque l'occupant initial
déménage.

L'un des principaux avantages du modèle du CLT est qu'il permet aux familles à revenu faible ou modéré de se
constituer un capital en achetant/construisant un logement sans acheter le terrain. La fiducie foncière détient la
valeur foncière sous-jacente, tandis que le propriétaire est propriétaire du bâtiment et de toute amélioration
apportée à la propriété. Lorsque le propriétaire vend la propriété, il reçoit une partie de la plus-value, tandis que
la fiducie foncière conserve la valeur foncière sous-jacente et une partie de la plus-value (50% par ex.). Cela
permet d'éviter les pratiques immobilières spéculatives qui peuvent faire augmenter le coût des logements et
déplacer les résidents à faible revenu.

Les CLT ont également le potentiel de promouvoir le développement durable et l'engagement communautaire.
Étant donné que le terrain est détenu et contrôlé par une organisation à but non lucratif, il peut être utilisé pour
répondre à une variété de besoins communautaires, tels que des jardins communautaires, des parcs et des
espaces commerciaux. La fiducie foncière peut travailler avec les résidents locaux pour déterminer les besoins
les plus urgents de la communauté - ce qui encourage la démocratie participative - et élaborer un plan pour
l'utilisation du terrain afin de répondre à ces besoins.
Ex. Le Champlain Housing Trust de Burlington, dans le Vermont, est l'une des plus grandes fiducies foncières communautaires des
USA, avec plus de 2 200 unités de logements abordables sous sa gestion. Le trust possède et gère également des propriétés
commerciales et des installations communautaires, telles qu'une garderie et un jardin communautaire.

Si on veut favoriser la mobilité des personnes, il serait souhaitable de modifier le système des droits
d'enregistrement. En Wallonie, vous payez ces droits (12.5%) à chaque achat alors qu'il serait intéressant de
déduire à chaque transaction les droits d'enregistrement du précédent achat du logement où réside l'acheteur.
Réformer l'administration publique
• Les points forts d'une administration publique
La stabilité et la prévisibilité : une administration publique bien organisée offre des règles et des
réglementations claires, ce qui peut aider à réduire les incertitudes et à garantir une stabilité à long terme.
La protection des droits : une administration publique forte peut protéger les droits des citoyens en
garantissant que les lois sont appliquées de manière juste et équitable pour tous.
La transparence et la responsabilité : une administration publique responsable est tenue de rendre compte
de ses actions et de ses décisions, ce qui peut aider à renforcer la transparence et la confiance dans les
institutions gouvernementales.

• Les points faibles d'une administration publique


la bureaucratie excessive : les administrations publiques peuvent souvent être très lourdes et
bureaucratiques, avec des procédures et des règles complexes qui peuvent ralentir les processus
décisionnels.
Le manque d'efficacité : les administrations publiques peuvent être perçues comme inefficaces, avec des
processus lents et des retards fréquents dans la prise de décisions et la mise en œuvre de projets.
La politisation : les administrations publiques peuvent être soumises à des pressions politiques, ce qui peut
influencer la prise de décision et entraîner des actions qui ne sont pas dans l'intérêt public.
Le manque de flexibilité : les administrations publiques peuvent être sclérosées, ce qui peut rendre difficile
l'adaptation aux changements de circonstances ou aux besoins émergents.

• Réformer le statut des travailleurs de l'administration


Remplacer le statut de fonctionnaire par celui des travailleurs du secteur privé - un peu comme les agents
contractuels de plus en plus nombreux dans les administrations - à l'exception de la décision de licenciement
qui serait soumise à une évaluation négative régulière alors que dans le secteur privé, aucune motivation
n'est nécessaire.
Fini le système de pension plus favorable, fini aussi les barèmes standardisés quelles que soient les
fonctions...
On peut ainsi recruter des personnes de qualité grâce à un environnement moins bureaucratique, des
salaires corrects et un sens plus marqué des missions sociétales que dans le secteur privé.

• Revoir le management
Pour l'encadrement intermédiaire, la réforme du statut serait suffisante.
Pour l'encadrement des inspecteurs généraux et des directeurs généraux, on pourrait se référer au contrôle
des entreprises à mission puisque, s'il existe bien une entreprise à mission définie, c'est l'administration
publique. Un comité de mission citoyen et des audits de conformité encadreraient leur travail.

Et d'autres, par exemple...


• Interdire la publicité qui exacerbe des besoins faussement porteurs de bien-être.
Outre une réduction de la consommation inutile de certaines ressources, les personnes de ce secteur
pourraient être utiles dans d'autres.
Ex. Grenoble a interdit la publicité dans l'espace public.

• L'interdiction de prospecter/exploiter certains milieux naturels


• La mise en commun de ressources : voiture, laverie, boîtes à outils...
• Le droit à obtenir un crédit temps pour se consacrer à des activités à vocation sociétales (communs, comité
de concertation...)

• La généralisation de l'usage des logiciels libres.


• La garantie d'un emploi
A ne pas confondre avec la garantie de l'emploi dont on dispose.
En effet, l'implication et la compétence sont des nécessités dans la plupart des emplois.
Toutefois, à défaut de trouver son bonheur dans son emploi, chacun devrait pouvoir se voir proposer un emploi
qui lui corresponde mieux, ou à défaut de pouvoir s'y épanouir ou d'y être efficace, il puisse rendre un service
quel qu'il soit à la collectivité.
Ex. les aides à domicile aident les personnes âgées ou handicapées à accomplir les tâches quotidiennes telles que le ménage, les courses, la
préparation des repas et les soins personnels - Agent de nettoyage : les agents de nettoyage nettoient les espaces publics, les
bâtiments et les installations -L es aides-soignants aident les patients à effectuer les tâches quotidiennes telles que manger, se laver
et s'habiller - Les jardiniers - Les préposés aux bénéficiaires travaillent dans des centres de soins de longue durée pour aider les
résidents à effectuer les tâches quotidiennes telles que manger, se laver et s'habiller - Les agents d'accueil travaillent dans les hôtels,
les musées, les centres commerciaux et les bureaux pour aider les visiteurs à trouver leur chemin, répondre aux questions et fournir
des informations.

• Abandonner les grands projets inutiles comme certains aéroports, stades, centres commerciaux...

Renforcer le système éducatif


Si vous demandez une synthèse des enjeux éducatifs du futur, ChatGPT - qui synthétise la "pensée numérique"
vous répond ceci :

1. L'adaptation à l'évolution rapide des technologies : L'éducation devra s'adapter aux nouvelles technologies
et aux changements technologiques rapides afin de préparer les étudiants à un monde en constante
évolution.
2. La personnalisation de l'apprentissage : Les élèves ont des besoins différents en matière d'apprentissage.
L'éducation devra être en mesure de personnaliser l'apprentissage pour répondre aux besoins individuels
des élèves.
3. La formation à la pensée critique et à la résolution de problèmes : Les étudiants devront être formés à la
pensée critique et à la résolution de problèmes pour être en mesure de résoudre les défis complexes de
demain.
4. La préparation aux emplois de demain : L'éducation devra être en mesure de préparer les étudiants aux
emplois de demain, qui nécessiteront des compétences spécifiques et une formation continue.
5. L'égalité des chances : L'éducation devra garantir que tous les étudiants ont les mêmes chances de réussir,
quels que soient leur situation socio-économique, leur genre ou leur race.
6. L'enseignement de la collaboration et de la communication : Les élèves devront apprendre à travailler en
équipe et à communiquer efficacement pour réussir dans le monde de demain.
7. La formation à la pensée créative et à l'innovation : Les étudiants devront être formés à la pensée créative et
à l'innovation pour être en mesure de résoudre les problèmes les plus complexes et les plus urgents de la
société.
8. La gestion du changement : L'éducation devra être en mesure de gérer le changement et de s'adapter aux
nouvelles normes et aux nouveaux défis.
9. L'enseignement de la citoyenneté numérique : Les élèves devront être formés à la citoyenneté numérique
pour être en mesure d'utiliser la technologie de manière responsable et éthique.

C'est assez rassurant. Outre des compétences "techniques", la capacité à penser le monde, à penser les
véritables besoins de l'être humain, et de la planète qui l'accueille, la capacité à collaborer, à oser changer les
choses semblent faire partie de ce qui est attendu de l'enseignement.
4 - Les obstacles

Il existe de nombreux obstacles qui peuvent empêcher une personne - et a fortiori une communauté - d'agir, voici
quelques-uns d'entre eux :

• La peur et le manque de confiance en soi. nous nous pensons incapable de ...


• Les croyances limitantes. Par exemple, penser qu'on ne peut pas changer les choses car elles sont si complexes...
• Le manque de motivation. Généralement, la motivation vient d'un objectif SMART ;-) et dans notre confiance à
pouvoir y arriver.
• Le manque de ressources financières, temporelles ou matérielles.
• Les obstacles externes telles que les restrictions juridiques ou réglementaires, les pressions sociales, etc.

Je ne vais donc pas creuser ces obstacles-là qui sont généraux à tout projet de changement.
Nous allons passer en revue quelques points d'attention propres à notre propos.

• Un obstacle général, la nature humaine?


Voici une question anthropologique qui peut être ressentie de façon assez différente en fonction de notre
personnalité. Je vous prie donc de prendre mes réflexions pour ce qu'elles sont, ni plus, ni moins.
Sommes-nous prêts à vivre "moins bien" à court terme pour sauver la planète, pour partager la richesse
entre tous, que ce soit au niveau régional ou au niveau mondial? Pouvons-nous surmonter nos égoïsmes?
Avons-nous la motivation suffisante pour agir, pour surmonter notre aquoibonisme quand l'avenir paraît si
sombre, notre "pourquoi je ferais un effort si tout le monde ne joue pas le jeu".

Dégager une vision pourrait donner l'élan à un nouveau projet. Défendue par des personnes influentes,
cette vision pourrait irriguer la société, se développer jusqu'à être partagée par une majorité d'entre nous.

• Les lois
De nombreuses formes d'organisation sont encadrées par la loi - droit des sociétés, droit du commerce... - et
notamment des lois qui engendrent des obligations au niveau international. De quelle marge de manoeuvre
disposons-nous?

• La démocratie participative
Outre une volonté politique de lui laisser une place, j'ai l'impression que les principaux obstacles à ce projet
sont:
- Le temps nécessaire, la co-construction de projets demande du temps!
Actuellement, qui a du temps ? Les retraités, les chômeurs, ... comment impliquer les autres couches de la
société?
- L'envie : on constate que ce sont généralement les classes éduquées et/ou plus aisées qui sont les plus
actives dans les projets associatifs
- les compétences: trouver des personnes aptes à animer ce genre de projet n'est pas simple.

• L'allocation universelle
La principale critique est celle de son coût. Certains économistes estiment que le coût de l'allocation
universelle dépasserait les capacités budgétaires de la plupart des pays. Une réflexion plus poussée serait de
se poser la question de ce qu'est une capacité budgétaire. Si c'est un truc guidé par les réflexes de la finance
actuelle, c'est certainement exact.
Personnellement, je pense que l'on peut y arriver. Savez-vous par exemple que 55% de la population ne
travaille pas sous la forme d’un travail rémunéré et que 12% de la population travaille en moyenne
20h/semaine.
Une autre critique est celle de son effet sur l'incitation au travail. Certains craignent que si tous les citoyens
reçoivent un revenu de base sans condition, ils n'auront plus de motivation à travailler et que cela réduira la
productivité et la croissance économique. Toutefois, les partisans de l'allocation universelle estiment que
cette crainte est infondée car la plupart des gens cherchent à travailler pour des raisons autres que le besoin
financier, telles que la satisfaction personnelle et la reconnaissance sociale.
• Le lobbying
Les lobbys, ou groupes de pression, peuvent avoir un poids considérable dans la prise de décisions politiques et
économiques.
Les lobbys disposent souvent de moyens financiers et de réseaux d'influence importants, leur permettant
d'organiser des campagnes de lobbying efficaces. Ils peuvent notamment financer des études et des rapports,
organiser des événements, des manifestations ou des rencontres avec les décideurs publics, ou encore utiliser
les médias pour faire passer leur message.
Il est important de noter que le lobbying en soi n'est pas illégal, mais qu'il peut poser des problèmes éthiques s'il
est utilisé pour promouvoir des intérêts particuliers au détriment de l'intérêt général. C'est pourquoi de
nombreux pays ont mis en place des règles de transparence et de déclaration des activités de lobbying, afin de
limiter les risques de conflits d'intérêts et de garantir une prise de décision transparente et équitable.
Les secteurs les plus actifs en matière de lobbying en Europe sont les secteurs de l'énergie, de l'agroalimentaire,
de la finance et des technologies de l'information.
Les lobbys dépenseraient 3.5 milliards de dollars par an aux USA, et 1.5 milliards d'euros par an en UE.

5 - Passons à l'action
La dernière ligne de défense des opposants, ou des aquoibonistes,
sera de dire que toutes ces choses sont possibles en théorie, mais
infaisables en pratique. Oui, nous pourrions faire disparaître la
pauvreté et réduire les inégalités en redistribuant les richesses
existantes; oui il est possible de trouver du travail pour chacun sans forcément augmenter la production matérielle...
mais...

Si vous êtes déjà convaincu du bien-fondé de certaines des solutions énoncées, alors nous aurons franchi un grand pas.
Reste à faire tomber les barrières politiques, morales...

Allons-nous attendre l'effondrement pour agir en espérant que des innovations nous permettent de réagir à ce
moment-là. Si oui, oeuvrons à innover, socialement en particulier!
Attendre n'est pas sans risques. En effet, gardons à l'oeil que le coût de l'effondrement risque d'être considérable et
qu'anticiper ne serait pas un luxe. Qui dit effondrement, dit aussi instabilité, conflits armés pour défendre ses avantages,
repli sur soi... toutes choses qui renforceront les positions dominantes.

Chacun selon nos moyens, tentons de passer à l'action, qui sait, cela pourrait porter ses fruits!

Des idées de solutions ayant été proposées dans le chapitre 3, vous trouverez ci-dessous, quelques-unes des
propositions qui semblent les plus susceptibles d'être concrétisées dans un horizon "court".

Informons!
Diffusons régulièrement nos idées en en parlant autour de nous, en incitant les écoles, les mouvements de
jeunesse... à discuter de ce thème, en agitant les réseaux sociaux.
Si vous le souhaitez, retravaillez cette newsletter en l'amendant, la complétant, et adressez-la à vos amis, aux
politiques, aux syndicats, aux ONG, aux organisations citoyennes...

Chacun à notre niveau…


• Consommons moins : baisser le chauffage - manger moins de viande - acheter de seconde main – des douches
plus courtes…
• Consommons mieux : Utiliser les transports publics, le vélo - acheter des produits locaux…
• Démocratie participative : soyons présent à chaque occasion, aussi modeste soit-elle.
• Finance : n'investissons que dans des fonds éthiques, malgré toutes leurs imperfections actuelles.
Au niveau communal
• Mr/Mme "décroissance" à désigner avec un budget
• Consommer moins : baisser le chauffage - interdire la publicité dans l'espace public.
• Consommer mieux : interdire la vente d'aliment sucrés... dans l'espace public - augmenter l'offre de
transport public - éventuellement à la demande - vers les zones plus excentrées.
• Démocratie participative : consacrer 1% du budget communal (30 euros par personne de plus de 15 ans
/ an ou 300 euros si le taux de participation est de 10%) - Former des facilitateurs pour animer des
projets collectifs
• Logement : imposer un Community Land Trust par commune en charges d'urbanisme - ne pas vendre de
terrains publics au privé.
• Allocation universelle: dans un premier temps, on pourrait implanter des commerces en circuits courts (
labellisés au niveau national); les allocations du CPAS (15%) seraient remplacées par une allocation
uniquement utilisables dans ces commerces.

Au niveau national et transnational

• Mise en place d'un indicateur de bien-être qui remplace le PIB comme en Nouvelle-Zélande avec 65
indicateurs économiques, sociaux et environnementaux .
• Mr/Mme "décroissance" à désigner avec un budget
• Consommer moins : interdire la publicité dans l'espace public - augmenter progressivement la durée des
garanties - diminuer la vitesse des véhicules.
• Consommer mieux : augmenter l'offre de transport public - augmenter les taxes sur les énergies
polluantes
• Démocratie participative : consacrer 1% du budget - obligation de 5 projets participatifs à mener
chaque année.
• Logement : imposer les Community Land Trust ou la construction de logements publics sur les terrains
publics.
• Allocation universelle: les allocations sociales et les chèques- repas seraient en partie utilisables
uniquement dans les commerces "circuits courts", les transports publics et le logement public, ou du
logement privé labellisé.
• Fiscalité : Créer un cadastre des revenus/fortune au niveau du l'UE même s'il est imparfait - Augmenter
la taxation du capital et de ses revenus en diminuant en même proportion l'imposition des revenus du
travail.
• Toutes les nouvelles entreprises de plus de ... seront des entreprises à mission définie.
• Finance - taxer à 0.15% toutes les transactions financières hors épargne/compte courant.
• Enseignement : doter toutes les écoles de budgets pour porter un projet participatif par an par classe de
façon à éduquer à l'outil.

Sources

• "Ralentir ou périr" de Timothée Parrique.


• " La société qui vient " :Florence Jani, Dominique Méda, Robert Boyer, Bruno Amable, Judith Rochfeld.
• "Le capital au XXIème siècle " deThomas Piketty.
• ChatGPT 😉

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