I- INTRODUCTION
La reconnaissance d’un accident ou d’une maladie professionnelle ouvre droit à une
indemnisation spécifique : soins gratuits, indemnités journalières en cas d’arrêt de
travail, rente lorsque la capacité de travail est diminuée.
"La réglementation sur les accidents du travail et les maladies professionnelles est
complexe et touffue, << Les assurés ont assez peu d’informations préalables sur leurs
droits >>>
II- ACCIDENT DU TRAVAIL ET MALADIE PROFESSIONNELLE
1- Accident du travail
Un accident du travail est défini comme celui qui survient pendant le travail (y compris
les pauses) et sur le lieu de travail alors que le salarié est sous l’autorité de l’employeur
Si le trajet est interrompu ou modifié pour un motif lié aux nécessités de la vie courante
(achat d’aliments, de médicaments, démarches administratives), le salarié reste protégé
s’il est victime d’un accident.
Les accidents qui interviennent dans le cadre d’un covoiturage régulier répondent à la
définition des accidents de trajet.
En revanche, il ne l’est plus s’il se détourne de son trajet pour un motif personnel
(rendre visite à un ami).
3- Maladie professionnelle
Est présumée professionnelle la maladie inscrite dans l’un des tableaux répertoriant ces
maladies. Le salarié doit justifier qu'il a été exposé de façon habituelle au risque de la
maladie.
Une maladie peut également être reconnue professionnelle par recours à une expertise
individuelle, confiée à un Comité régional de reconnaissance des maladies
professionnelles,
*** la maladie dont se plaint le salarié figure bien dans un tableau, mais il ne remplit
pas toutes les conditions décrites ;
*** la maladie n’est pas désignée dans un tableau, mais elle a été directement et
essentiellement causée par le travail habituel du salarié et a entraîné son décès ou une
incapacité permanente de travail d’au moins 25 %.
Les "tableaux" des maladies professionnelles
III-
TUNISIE STATISTIQUES ACCIDENTS DU TRAVAIL & MALADIES PROFESSIONNELLES - AN
NEE 2015
l’indice de fréquence (IF) qui représente le nombre d’incidents pour 1000 employés.
Source
Caisse Nationale d'Assurance Maladie (CNAM) via Institut de Santé Sécurité au Travail
(ISST)
A noter que de façon similaire aux années précédentes, les accidents du travail
survenus sur les lieux du travail représentent près de 95 % de la totalité des accidents
du travail survenus durant l'année 2015.
Le nombre d'accidents du travail mortels demeure stable par rapport à l'année 2014 et
c'est toujours le secteur du BTP qui enregistre le taux le plus élevé d'accidents mortels
puisque ces derniers représentent 32,3 % du total des accidents du travail mortels.
Enfin, concernant les Maladies Professionnelles une discrète augmentation est notée
par rapport à l'année 2014 (+2,2 %) et ce sont toujours les Troubles Musculo-
squelettiques (TMS) qui demeurent en première ligne totalisant 70 % de la totalité des
MP.
Quand aux secteurs les plus touchés par les Maladies Professionnelles, il s'agit d'abord
des activités textile, habillement et cuirs à l'origine de 42,2 % des MP puis les industries
électriques (13,4 %) et le secteur des cuirs et chaussures avec 6,9 %.
IV- EXEMPLES DE JURISPRUDENCE
Exemples de décisions prises par les tribunaux :
Exemple 1
* Un accident survenu sur le parking réservé aux salariés d'une entreprise, ou dans la
cantine située au sein de l'entreprise, peut être considéré comme un accident du travail.
Il en est de même pour un salarié travaillant à domicile victime d'un accident si celui-ci
survient à l'occasion de l'exécution de travaux confiés par l'employeur.
Exemple 2
Le malaise d'une salariée au cours d'un entretien avec son supérieur hiérarchique est un
accident du travail à moins que l'employeur apporte la preuve que la cause de ce
malaise est totalement étrangère au travail (chambre sociale de la Cour de Cassation,
arrêt n° 15-29411 du 4 mai 2017).
Exemple 3
* En revanche, ne constituent pas un accident du travail :
* celui survenu alors que le salarié s'était absenté pendant ses heures de travail
* celui survenu alors que le contrat de travail du salarié était suspendu du fait d'une
grève, et ce alors même que l'accident a eu lieu dans l'entreprise.
Exemple 3 :
une salariée se blesse pendant un séminaire organisé par son entreprise dans une
station de ski.
Son accident survient pendant une journée libre : c'est la salariée qui, seule, avait
décidé de faire du ski pendant cette journée de repos.
La Cour de Cassation (arrêt n° 17-15984 rendu par la chambre sociale le 21 juin 2018) a
considéré que la salariée était restée sous l'autorité de son employeur pendant cette
journée.
Un lien avec le travail a donc bien été reconnu. Dans une première décision la CNAM
avait rejeté le classement du suicide en accident du travail. La Caisse nationale a
demandé àla CNAM de ré examiner ce cas, l’enquête préliminaire avait été considérée
comme bâclée par l’avocat de la famille de la victime.
La veuve de la victime tente aujourd’hui de faire reconnaître la faute inexcusable de
l’employeur
Le suicide d’un délégué syndical d’une entreprise de porcelaine a également été
reconnu en accident du travail, la victime avait écrit une lettre demandant que son
suicide soit reconnu au titre des accidents du travail.