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Britannicus de Jean Racine, acte III, scène 8.

Britannicus, héritier légitime de l’Empire, parvient à avoir une entrevue avec sa fiancée Junie que Néron retient prisonnière.
Prévenu par ses sbires, Néron interrompt l’entretien.
Néron Du moins, si je ne sais le secret de lui plaire,
Prince, continuez des transports si charmants. Je sais l'art de punir un rival téméraire.
Je conçois vos bontés par ses remerciements,
Britannicus
Madame. A vos genoux je viens de le surprendre,
Pour moi, quelque péril qui me puisse accabler,
Mais il aurait aussi quelque grâce à me rendre :
Sa seule inimitié peut me faire trembler.
Ce lieu le favorise, et je vous y retiens
Pour lui faciliter de si doux entretiens. Néron
Souhaitez-la, c'est tout ce que je vous puis dire.
Britannicus
Je puis mettre à ses pieds ma douleur ou ma joie Britannicus
Partout où sa bonté consent que je la voie ; Le bonheur de lui plaire est le seul où j'aspire.
Et l'aspect de ces lieux où vous la retenez
Néron
N'a rien dont mes regards doivent être étonnés.
Elle vous l'a promis, vous lui plairez toujours.
Néron
Britannicus
Et que vous montrent-ils qui ne vous avertisse
Je ne sais pas du moins épier ses discours.
Qu'il faut qu'on me respecte et que l'on m'obéisse ?
Je la laisse expliquer sur tout ce qui me touche,
Britannicus Et ne me cache point pour lui fermer la bouche.
Ils ne nous ont pas vus l'un et l'autre élever,
Néron
Moi pour vous obéir et vous pour me braver,
Je vous entends. Eh bien, gardes !
Et ne s'attendaient pas, lorsqu'ils nous virent naître,
Qu'un jour Domitius me dût parler en maître. Junie
Que faites-vous ?
Néron
C'est votre frère. Hélas ! C'est un amant jaloux ;
Ainsi par le destin nos vœux sont traversés :
Seigneur, mille malheurs persécutent sa vie.
J'obéissais alors, et vous obéissez.
Ah ! son bonheur peut-il exciter votre envie ?
Si vous n'avez appris à vous laisser conduire,
Souffrez que de vos cœurs rapprochant les liens,
Vous êtes jeune encore, et l'on peut vous instruire.
Je me cache à vos yeux et me dérobe aux siens ;
Britannicus Ma fuite arrêtera vos discordes fatales,
Et qui m'en instruira ? Seigneur, j'irai remplir le nombre des vestales.
Ne lui disputez plus mes vœux infortunés,
Néron
Souffrez que les dieux seuls en soient importunés.
Tout l'empire à la fois,
Rome. Néron
Britannicus L'entreprise, Madame, est étrange et soudaine.
Rome met-elle au nombre de vos droits Dans son appartement, gardes, qu'on la ramène.
Tout ce qu'a de cruel l'injustice et la force, Gardez Britannicus dans celui de sa sœur.
Les emprisonnements, le rapt et le divorce ?
Britannicus
Néron C'est ainsi que Néron sait disputer un cœur.
Rome ne porte point ses regards curieux
Junie
Jusque dans des secrets que je cache à ses yeux.
Prince, sans l'irriter, cédons à cet orage.
Imitez son respect.
Néron
Britannicus
Gardes, obéissez sans tarder davantage.
On sait ce qu'elle en pense.
Néron
Elle se tait du moins : imitez son silence. 1. Qui profère des menaces, qui formule des critiques ? Précisez
leurs contenus. Que veut-Néron ? D’où Britannicus tire-t-il sa
Britannicus
force ?
Ainsi Néron commence à ne plus se forcer.
2. Qui a des répliques plus courtes ? Pourquoi ? Qui reprend les
Néron
mots de son adversaire ? Pourquoi ? Quels sont les rapports de
Néron de vos discours commence à se lasser.
force lorsque les deux adversaires ont le même nombre de vers ou
Britannicus de syllabes ?
Chacun devait bénir le bonheur de son règne.
3. Qui prend l’avantage ? Qui met fin au dialogue ? De quelle
Néron façon ?
Heureux ou malheureux, il suffit qu'on me craigne.
4. Comment Junie est-elle nommée par les deux adversaires ?
Britannicus Pourquoi ? Quelle est la conséquence de son intervention ?
Je connais mal Junie ou de tels sentiments
5. Quelles différentes conception de l’amour et du pouvoir
Ne mériteront pas ses applaudissements.
s’affrontent ici ?
Néron

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