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(1927-2020)
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Revue des droits de l’enfant et de la femme
HOMMAGE À GISÈLE HALIMI
pour nous citoyennes qui sommes actives Maître ksentini rapporte les propos de
dans la société civile et qui vivons ce qu’elle
maître Hamid Kassoul sur Gisèle Halimi
a vécu dans sa jeunesse jusqu’à sa rupture « le courage fait souvent le talent d’un
avec un ordre préétabli. Elle a vécu dans unavocat et que le talent lui-même n’est
milieu culturel qui n’est pas étranger au notre
jamais autre chose que l’expression
et dans lequel nous baignons encore. d’un engagement intellectuel, sincère et
Ses parents ont mis quinze jours pour sans limites » Elle défendait un militant du
déclarer sa naissance car dans son milieu FLN à qui elle a évité la peine de mort car
à cette époque les filles n’étaient pas les le président a qui elle a fait une visite de
bienvenues. courtoisie la veille du procès lui a dit « on
Cela me rappelle une chanson de IDIR fait vite à l’audience car dans l’après-midi
quand il parle de sa sœur, de la femme j’ai un match de tennis ».
« une bombe est née dans la maison ». Une A l’audience, elle met dans l’embarras
malédiction a-t-elle dit. le président du tribunal, en lui restituant ses
C’est elle qui l’affirme, cela a dû peser sur propos, ce qui l’a troublé et ainsi elle a évité
son caractère, car à 13 ans elle fait une grève la peine de mort à son client.
de la faim pour ne plus avoir à faire le lit de son Elle était vigilante
frère. Elle se révolte déjà contre sa condition
féminine dont elle est victime au regard Vigilance disait- elle rien n’est jamais
de l’amour portée par sa mère à ses frères. acquis.
Première rupture. Ses parents cèdent, Elle était soucieuse de la relève.
Première victoire Elle a fait des ruptures, elle a dénoncé
Elle combat l’injustice et quitte la le colonialisme, l’occupation française en
Tunisie pour aller faire ses études de droit Algérie, la torture,
en France. Elle y découvre le racisme et la Elle a su faire d’un procès ordinaire un
discrimination. procès politique,
Avocate de Djamila Boupacha, elle va Elle était féministe
se mobiliser contre la torture.
Elle avait du talent, du courage, elle
Elle était féministe
était clairvoyante.
Pétrie de son expérience personnelle
C’est un exemple à suivre.
de lutte contre l’exploitation des femmes
et leur soumission, elle déclare « la femme Cet hommage qui lui est rendu
et la femme seule a la liberté de choisir de mériterait une reconnaissance de notre
procréer » Lorsqu’elle défend la jeune fille gouvernement en donnant son nom à un
de quinze ans qui a avorté. édifice, tribunal ou autre où la justice règne
Il est vrai qu’au regard de la loi la jeune comme le dit maître Ksentini pour que son
fille est condamnable car le code pénal nom et son engagement ne sombrent pas
sanctionne cet acte mais elle a su faire d’un dans l’oubli.
procès ordinaire un procès politique qui a Avant qu’elle n’entre au Panthéon si
conduit au changement de loi comme elle jamais cela se décidait comme pour les
l’a fait dans ses procès des militants du FLN grandes qui l’ont précédées, Je vais donner
en évitant la condamnation à mort à ses à notre salle de réunion au « CIDDEF,
clients. fondation pour l’égalité », le nom de Gisèle
Elle avait du talent Halimin
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Revue N°43 - Décembre 2020
MARIE FRANCE GRANGAUD,
FONDATION POUR L’ÉGALITÉ - CIDDEF
L
’État œuvre à promouvoir la parité entre hommes et femmes
sur le marché de l’emploi. L’État encourage la promotion de
la femme aux responsabilités dans les institutions et adminis-
trations publiques ainsi qu’au niveau des entreprises (Constitution,
article 68).
Le texte fondamental de l’Algérie place chiffres publiés (ONS 2019), elles ne repré-
par cet article la promotion des droits éco- sentent que 20,4% du total des actifs les-
nomiques des femmes parmi les droits fon- quels englobent à la fois les personnes qui
damentaux des citoyens. Ceci constitue travaillent et celles qui cherchent un travail
une avancée importante et sa réalisation (les chômeurs); la parité voudrait qu’elles
demande un examen attentif de la situation en constituent 50%. Comme on observe
économique des femmes et des défis à re- de plus que le taux de chômage féminin
lever pour la rendre effective en termes de est plus du double de celui du chômage
parité et de promotions aux responsabilités. masculin, il en résulte que le nombre de
femmes travailleuses rapportées au nombre
Etat des lieux et interrogation total des personnes qui travaillent n’est que
Actuellement, sur l’ensemble de l’éco- de 18,3%. Cependant une étude plus fine
nomie -formelle et informelle- la proportion permet de nuancer ces données globales :
des femmes sur le marché de l’emploi est, en effet la proportion des femmes varie très
malgré une réelle progression, encore très fortement, comme on le verra, selon le sec-
éloignée de la parité : selon les derniers teur d’activité et selon la profession.
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Revue des droits de l’enfant et de la femme
LA PARITÉ SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL
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Revue N°43 - Décembre 2020
LA PARITÉ SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL
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Revue des droits de l’enfant et de la femme
PAR MARIE FRANCE GRANGAUD
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Revue N°43 - Décembre 2020
LA PARITÉ SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL
Dans la société, l’image de la femme au balance avec l’utilité de leur activité domes-
foyer reste prégnante: le premier rôle d’une tique à plein temps et au confort matériel
femme est d’être épouse et mère ; il semble et psychologique du conjoint, des enfants
acquis, et l’enquête emploi du temps le et d’éventuelles autres personnes à charge.
confirme que les travaux ménager du mé- Le désir des femmes est souvent secondaire.
nage sont pour elle ; et aussi qu’elle prenne Ses gains en termes d’autonomie et de vie
soin non seulement de ses enfants mais éga-
sociale ne sont pas considérés.
lement des personnes âgées ou malades de
leur famille. A ce sujet les enquêtes emploi L’accès aux postes supérieurs est on l’a
de l’ONS montrent que nombre de femmes vu largement bloqué pour les femmes. Ceci
–et très peu d’hommes- qui souhaiteraient est pour une part le fait des décideurs mais
travailler en sont empêchées pour des rai- les femmes elles-mêmes alors qu’elles en
sons familiales. Cette image de la femme au ont les compétences hésitent à occuper des
foyer est largement véhiculée par école, les fonctions aux exigences incompatibles avec
média, le discours religieux… leur charge domestique.
Les jeunes filles qui ne poursuivent pas
Dans ce contexte, quelles actions les
des études longues se retrouvent très peu
pouvoirs publics pourraient-ils envisager
sur le marché du travail : parmi les femmes
pour, comme la constitution les y engagent
15-24 ans 7,8% sont sur le marché du tra-
vail et 28,6% sont au foyer (le reste poursui- promouvoir la parité et la promotion des
vant des études). Ces jeunes femmes qui ne femmes aux fonctions supérieures.
travaillent pas et ne cherchent pas de travail Combattre les stéréotypes dans les ma-
se marieront jeunes et resteront femme au nuels scolaires, les médias ; inculquer dès
foyer. la petite enfance aux fillettes qu’elles sont
Dans l’esprit de beaucoup d’hommes capables de faire n’importe quel métier ;
et de femmes, Il existe des secteurs d’acti- ne pas discriminer entre filles et garçons
vité réservés aux hommes ou au contraire dans les choix de jeux, d’activités; valoriser
bons pour les femmes. Ce qui est intéressant les femmes qui travaillent et celles qui oc-
c’est que selon les pays les métiers « mas- cupent des postes de responsabilité.
culin » ne sont pas toujours les mêmes ; si
chez nous le métier de commerçant est plu- Multiplier des structures d’accueil de la
tôt masculin, en Egypte c’est le métier de petite enfance (crèches et jardins d’enfants)
coiffeur, y compris de coiffeur pour femmes, à des coûts accessibles, généraliser les can-
qui est réservé aux hommes. tines scolaires
Les femmes qui cherchent activement Introduire dans le bilan des entreprises
un travail le recherchent à proximité de leur une évaluation des emplois féminins.
domicile, même quand elles sont céliba-
taires ; le problème du logement et la diffi- Donner des incitations aux entreprises
culté à envisager de vivre seule demeure un pour qu’elles facilitent l’accès des femmes
frein important au travail des femmes. aux emplois.
Concernant le travail des femmes dans Dans la fonction publique fixer des
des professions peu qualifiées, les gains fi- normes permettant dans un délai précis d’ar-
nanciers attendus sont constamment mis en river à la parité dans les postes supérieursn
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Revue des droits de l’enfant et de la femme
LA DIFFÉRENCE DES GENRES DANS
LE MONDE DU TRAVAIL
Par Claire Abrieux
S
i l’on souhaite réellement mettre un
terme aux inégalités de fait, il est
essentiel de comprendre en quoi la
différence des genres est à l’œuvre dans
le monde professionnel. Quelles sont
les caractéristiques généralement attri-
buées aux femmes ? Nous nous trouvons
ici dans un système identitaire à double
versant dont chacun est opposé : si dans
les discours [1] les deux groupes se défi-
nissent comme égaux, d’un point de vue
pratique il y a une nette infériorité du
groupe féminin.
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Revue N°43 - Décembre 2020
LA DIFFÉRENCE DES GENRES DANS LE MONDE DU TRAVAIL
la formation scolaire. Bien que l’on constate femmes d’être ouvrières dans les mines ou
un meilleur succès scolaire des filles, elles dans les champs. Et que dire des métiers dits
restent pourtant absentes des formations les intellectuels ? L’accès à ces professions étant
plus prestigieuses (filières scientifiques). Les uniquement -en tout cas dans un système
fillettes sont moins encadrées dans leur tra- Libéral- déterminé par le niveau de forma-
vail personnel [5]. tion, on peine à comprendre en quoi une
Prenons des données encore plus mar- embauche selon le sexe serait pertinente, et
quantes : le chômage pour les femmes est a fortiori une différenciation des qualifica-
prégnant. En effet, la précarité de l’emploi tions selon ce même critère.
est très marquée : les mi- temps sont occu- Le genre ne peut être une source de
pés à 85% par des femmes. Il s’agit de voir détermination de la qualification à moins
ici que l’organisation et la gestion du temps de tomber dans les déboires d’une société
de travail est central. Lorsque le temps partiel composée d’individus dotés de traits de ca-
est choisi, c’est qu’il correspond à une obli- ractères innées et surtout déterminants dans
gation d’organisation pour les femmes. On la vie professionnelle. Un ou une animatrice
pourrait penser à mettre en place d’autres B.A.F.A n’est pas recrutée pour sa tendresse
mode d’organisation du temps de travail (une envers les enfants mais plutôt pour son sens
partie du travail effectuée à la maison) ou de la responsabilité, pour son projet d’acti-
une autre gestion des ressources humaines vités ou encore pour sa connaissance des
par une politique de l’égalité professionnelle procédures de limitation des risques phy-
effective (sanction en cas de disparité de sa- siques et psychologiques pour les enfants.
laires à poste et qualifications égaux). On Voilà pourquoi il semble essentiel de pro-
retrouve la polarisation des représentations mouvoir la qualification des femmes en tant
dans celle des filières : les professions dites qu’égale à celle des hommes et uniquement
de « soins aux personnes » sont essentielle- dépendante de leur formation.
ment féminines comme les soins paramé- Cependant il existe un autre fait cen-
dicaux (infirmière, assistantes maternelles). tral dans les inégalités qui nous occupent
On note au passage que cette polarisation et qui est bien plus essentiel parce que trop
dessert les professions qu’elles soient fémi- souvent négligé et surtout catalyseur des
nisées ou masculinisées pour le fait suivant : différences. Ce fait relève de la perception
les groupes de travail hétérogènes sont sociale du groupe féminin. Une lecture des
plus productifs que ceux homogènes [6]. relations entre individus nous semble par-
L’inégalité avec laquelle nous avons ticulièrement intéressante sur cette ques-
commencé, en tant qu’originelle, doit ar- tion : dans la Théorie des sentiments Mo-
rêter notre attention. Une des causes cen- raux Adam Smith [8] expose le jeu des
trales de la discrimination des femmes sur relations entre individus selon la modalité
le marché de travail tient au manque de du miroir. L’individu est incapable de res-
reconnaissance de la qualification de cette sentir les sentiments que l’autre ressent (du
partie de la population active. À qualifica- fait de leur irréductibilité) mais cet autre est
tion égale, il existe des inégalités criantes essentiel dans la construction de l’identité
[7]. L’ensemble des professions est désor- individuelle car il sert de point de repère :
mais ouvert à la candidature des femmes. l’individu agit en fonction de l’image que
La qualification différenciée selon le genre ses actes vont produire de lui auprès des
repose uniquement sur des reliquats de autres. L’intérêt pour notre propos est que
pensée patriarcale : le fait que les femmes cette impossibilité à ressentir les sentiments
soient soi-disant plus faibles physiquement de l’autre semble accentuée dans le cas où
n’a pas empêché des générations entières de l’autre est celui de l’autre genre.
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Revue des droits de l’enfant et de la femme
PAR CLAIRE ABRIEUX
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Revue N°43 - Décembre 2020
LA PARTICIPATION DES FEMMES
ET LEUR RÔLE DANS LA VIE
ÉCONOMIQUE
Marie France GRANGAUD, Fondation Pour l’Égalité - CIDDEF
L
a pandémie du Covid-19 a considérablement impacté la vie
de tous mais des femmes plus particulièrement et après une
période où la protection sanitaire était la préoccupation cen-
trale, on commence à mesurer ses effets dévastateurs dans la vie
économique.
Les femmes qui travaillent fin 2019 - 37% de celles qui détiennent un diplôme
sont un peu plus de 2 millions (auxquelles de la formation professionnelle sont sur le
s’ajoutent 500.000 femmes au chômage), soit marché de l’emploi
18% du total des travailleurs. Malgré la nette
- 62,2% de celles qui ont un diplôme de
progression de la participation des femmes l’enseignement supérieur travaillent ou
à la vie économique, cette dernière reste cherchent du travail.
nettement plus faible par exemple que celle 388.000 femmes, soit moins de 19% des
de nos voisins maghrébins. Elles présente femmes travailleuses ont opté pour l’entre-
de surcroit des caractéristiques singulières.prenariat, contre un tiers des hommes. Le
Les femmes qui travaillent ou qui choix des femmes va vers le salariat perma-
cherchent du travail sont surtout celles qui nent pour 55% d’entre elles.
ont poursuivi leurs études : 61,1% des femmes qui travaillent sont
- Seules 6,7 % femmes qui n’ont aucun di- dans des organismes publics, alors que c’est
plôme sont sur le marché de l’emploi ; le cas de 32,6% des hommes qui travaillent.
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Revue des droits de l’enfant et de la femme
LA PARTICIPATION DES FEMMES ET LEUR RÔLE DANS LA VIE ÉCONOMIQUE
Elles sont particulièrement nombreuses donné que les tests de dépistage ne sont pas
dans le secteur éducatif et celui de la santé.
facilement disponibles: 49194 cas confir-
Les femmes sont nombreuses dans les més au 17/09/2020 ; avec un peu plus de
professions intellectuelles et parmi les em- malades du sexe masculin que féminin.
ployés administratifs où plus de la moitié Plus significatif, le nombre de décès liés à
des emplois sont tenus par des femmes, la pandémie s’élève à la même date à 1654
mais elles sont moins de 10% parmi les soit 4 décès pour 100.000 habitants contre
cadres supérieurs. par exemple 60 aux Etats Unis et 46 en France.
Leur taux de chômage est élevé (20,4 %), 2-2 Mesures prises par les pouvoirs pu-
plus du double de celui des hommes (9,1). blics
Les femmes sont proportionnellement Très vite, dans la deuxième quinzaine
moins nombreuses que les hommes à exer- du mois de mars, les pouvoirs publics ont
cer dans l’informel. pris des mesures de prévention et de lutte
Ces données tirées d’enquêtes par son- contre la propagation du virus (décret exé-
dage auprès des ménages intègrent le travail cutif n°20-69 et 20-70) :
informel, non déclaré ou à temps partiel.
- Fermeture des établissements scolaires
Elles ne prennent pas en considération les
et universitaires
femmes migrantes, toutes dans l’informel,
mais dont on ne connait pas le nombre. - Suppression des transports en commun
1.2 L’activité domestique aériens, routiers, ferroviaires, métro, taxi…
Ces dispositions, prises dans les décrets L’État a prévu le versement de primes (de
initiaux, pour une durée de 14 jours, ont été niveau modeste) destinées à compenser le
régulièrement prorogées avec des aménage- manque à gagner de certaines entreprises.
ments successifs en fonction de la situation Recommandations
sanitaire.
- Une plus grande insertion des femmes
Une reprise graduelle de l’activité éco- à la vie économique et une meilleure prise
nomique a été autorisée sous réserve de en compte de leurs droits notamment dans
précautions sanitaires strictes à compter du cette période de pandémie passe par une
7 juin 2020 (décret exécutif n°20145). Les série de mesures que l’on peut regrouper en
crèches ont réouvert mais la date de reprise trois grandes catégories :
des cours n’a pas encore été annoncée.
- Faciliter l’insertion des femmes aux ac-
La commission de Wilaya chargée de tivités économiques :
coordonner les actions de prévention, de
- Encourager un meilleur partage des
les adapter, de les étendre en fonction des
tâches entre hommes et femmes au sein
spécificités de la wilaya et de la situation sa-
du ménage, en valorisant dans les médias,
nitaire est présidée par le Wali et composée
les manuels scolaires et à l’école l’image
des représentants des services de sécurité,
d’hommes et de garçons participant natu-
du procureur général, du président de l’As-
rellement aux tâches ménagères.
semblée Populaire de Wilaya et du président
de l’Assemblée populaire communale du - Dénoncer les stéréotypes sexistes dans
chef-lieu de Wilaya, toute personne exclusi- ce domaine.
vement ou presque de sexe masculin. - Multiplier les crèches et les services de
2-3 Effets du Covid-19 et des mesures de garde aux enfants qui soient financièrement
préventions sur la situation économique accessibles
des femmes - Faciliter l’accès des femmes aux me-
Le confinement combiné à la fermeture sures sociales ou compensatoires prévues
des établissements scolaires a considéra- par l’État
blement alourdi la charge de travail domes- - Faciliter l’accès des femmes aux com-
tique des femmes et des filles. pensations financières prévues par l’État
Les femmes doivent faire face au sein de pour cessation de leur activité
leur foyer aux manques à gagner engendrés - Faciliter l’accès à l’assurance chômage
par les mesures prises. des femmes ayant perdu leur emploi. Élargir
l’assurance chômage aux travailleuses/rs in-
Les travailleuses du secteur informel dans
dépendants.
les zones confinées n’ont perçu aucun reve-
nu. L’arrêt des transports en commun a entra- - Prévoir un soutien financier aux femmes
vé pour les femmes davantage que pour les vulnérables et à celles qui prennent en
hommes, l’accès à une activité rémunératrice. charge une personne âgée ou en situation
de handicap.
L’arrêt pendant plus de deux mois des en-
treprises privées industrielles, commerciales - Faire participer les femmes aux ins-
et artisanales a conduit à la faillite nombre tances de décision
d’entre elles et a contraint la plupart des - Assurer une participation des femmes
autres à licencier une partie de leur person- dans les instances de décision (telle par
nel lors de la reprise de l’activité. exemple la commission de wilaya)
Les revenus des salariées du secteur public - Prendre systématiquement en compte les
ont été maintenus et leur emploi préservé. impacts sur les femmes des décisions prisesn
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Revue des droits de l’enfant et de la femme
«L’IMPACT DU COVID 19 SUR LES
VIOLENCES BASÉES SUR LE GENRE »
RISQUES, DÉFIS ET PERSPECTIVES EN ALGÉRIE
Fatma BOUFENIK
Économiste / Maîtresse de conférences – Université Mohamed Ben Ahmed – Oran 2
L
’Organisation Mondiale de la santé
(OMS) avance un pourcentage de 70%
de femmes parmi les personnes les plus
exposées et qui font face au virus dans le
secteur de la santé, des services sociaux, du
commerce, des services de nettoyage et des
services d’aides à la personne et à la famille
et avec la reprise de certains services1 publics
et à grand public comme le secteur de l’ensei-
gnement, de la formation et de l’éducation.
A cela s’ajoute le fait que les violences
familiales – exercées dans l’espace privé -
ont observé une augmentation substantielle2
dans ce contexte de crise sanitaire causée par
la pandémie COVID – 19 et caractérisée par la combinaison des effets de mesures
de confinement qui n’ont pas été dans une perspective de l’intégration de la di-
mension genre – voir dans le déni des mesures de luttes contre les violences aggra-
vées que subissent les femmes et les filles comme la fermeture de services publics3
d’urgences et de secours aux victimes de ces violences.
Analyse du contexte : de quelques aspects !
Les femmes, pour une énième fois, sont en première ligne aussi bien en matière
de combat à mener dans le contexte de cette crise sanitaire qu’en matière de rési-
lience devant les conséquences néfastes sur les femmes – elle-même, leurs enfants
et leurs familles et surtout pour les plus vulnérables d’entre – elles (seules, sans res-
sources, les migrantes, les femmes en prostitution).
1. A noter que ceux sont également des secteurs qui ont connu et connaissent une perte de revenus et la dégradation
des conditions de travail.
2. Ainsi 62% de femmes du Sud de la méditerranée (Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Palestine, Jordanie, Liban) ont
déclaré que les violences qui sont faites aux femmes et aux filles ont augmenté – Résultat d’enquête « l’expérience,
les perceptions et les connaissances des femmes sur la VAWG in https://bit.ly/2JAV5Gw
3. Déjà insuffisants, voir inexistants comme le numéro vert accessible de tout poste ou l’hébergement d’urgences
sans ou avec enfants.
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Revue N°43 - Décembre 2020
«L’IMPACT DU COVID 19 SUR LES VIOLENCES BASÉES SUR LE GENRE »
Les femmes sont dans les secteurs d’ac- la pandémie, elles sont citées en seconde
tivité (formel et informel) les plus impactés position et elles occupent le second rang,
par cette crise sanitaire : santé, sociale, ser- après les violences psychologiques qui ont
vices que cela soit dans le public (fonction été multipliées par cinq et avant les vio-
publique : santé, enseignement, adminis- lences physiques qui ont presque triplé. Par
tration) ou secteur privé formel ou informel ailleurs, sur l’ensemble du territoire natio-
(marchand et non marchand – domestique/ nal, par divers acteurs hors acteur –e-s tra-
ménagé). ditionnel-le –s étatiques et non étatiques se
sont trouvé –e –s à assurer des prestations
Il en découle d’une réduction ou perte
en aide alimentaire, médicale et sociale.
de revenu mais aussi une perte de droit en
D’autres acteurs, qui réservaient cette aide
matière de protection sociale4 et / ou d’ac-
à des périodes exceptionnelles comme le
cès à des services de santé et sociaux et en
panier du Ramadhan, le mouton de l’aïd
particulier de proximité.
et la rentrée scolaire, se sont remis à cette
Cette situation a montré que les revenus opération (Opérateur téléphonique comme
des femmes ne sont pas uniquement des Djezzy, actions caritatives et les services so-
revenus de substitution ou accessoire mais ciaux de la DAS, de l’ADS et des assemblées
de plus que de la survie dans beaucoup de populaires de commune, etc.
famille où cet apport n’est estimé ni écono- Les mesures de confinements ont alourdi
miquement, ni socialement à sa juste valeur les charges déjà inégalitaires dans le partage
(par les femmes elles – mêmes, par les autres du travail domestiques des femmes, pour ne
membres de la famille et aussi dans les dispo- pas dire souvent inexistantes (en plus des
sitifs de lutte contre la pauvreté et la vulnéra- charges habituelles s’ajoutent en termes de
bilité de certaines catégories de populations temps, au vu du confinement, l’éducation
(l’aide étatique pandémie – indemnisation !) des enfants, les soins de santé physique et
Un indicateur de taille vient en appui mentale de tous les membres de la famille.
de cet aspect à savoir la place de la place La conséquence directe et première une
des violences de genre par les formes de charge mentale insupportable et une re-
violences exprimées5 lors de la pandémie. crudescence de violences faites aux femmes
Alors qu’avant la pandémie les violences et aux filles tout particulièrement. Tout cela
économiques6 venaient en dernière, durant se produit, dans un contexte où certains ser-
4. Activation, renouvellement et prolongation de droit mis
vices chargés de la lutte contre les violences
à l’épreuve et y compris à rendre caduque une seule me- basées sur le genre ont vu leurs interven-
sure exceptionnelle dans ce contexte – décret présidentiel tions :
29 – 59 – JO n° 16 en date du 24 mars 2020 (CNAS / dé-
tentrice ou ayant droit carte CHIFFA droit au tiers payant Passer au ralenti au vu des protocoles
auprès de clinique privée pour accouchement). exceptionnels sanitaires (les services so-
5. Données du centre d’accompagnement des Femmes ciaux, les services de sécurité : police et
victimes de violences – Karima Senouci – Fard – Oran - gendarmerie, services associatifs),
Algérie.
6. Les violences économiques consistent à rendre (ou à Ou carrément gelées comme la justice et
tenter de rendre) une personne dépendante financièrement les centres d’accueil et d’hébergement éta-
en l’empêchant de bénéficier ou d’accéder aux ressources
économiques comme l’accès au travail et aux outils de sur les conditions sociales, économiques, politiques, éco-
travail comme la formation, l’éducation et la culture, par logiques auxquelles elle est confrontée. Repenser les para-
l’exercice d’un contrôle totale ou partiel de façon directe digmes aura pour conséquence de revoir les concepts, les
ou indirecte (pression sous toute forme. Les violences mécanismes et les outils d’intervention à commencer par
économiques devraient nous renvoyer à revisiter les para- le concept « Activité Génératrice de Revenu(s) – AGR » en
digmes concernant l’approche de l’autonomisation écono- l’inscrivant dans un moyen d’accès réel aux libertés indivi-
miques et des femmes et de l’approche de leurs empower- duelles ou / et collectives en vue d’un changement pour et
ment / capacitation entendu comme le pouvoir nécessaire par des droits civiles et égalitaires devant la (es) vulnérabi-
à une personne - ou à un groupe d’individus - pour agir lité(s) sociale(s) et sociétale.
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Revue des droits de l’enfant et de la femme
RISQUES, DÉFIS ET PERSPECTIVES EN ALGÉRIE
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Revue N°43 - Décembre 2020
VIOLENCES ET VIOLENCES
ÉCONOMIQUES FAITES AUX
FEMMES PENDANT LA COVID-19
Amel Hadjadj
L
a pandémie m’a réveillé :
le marché du travail ne m’a
jamais reconnu, ni moi ni
beaucoup de femmes qui étaient
contraintes par leurs conditions de
travailler dans l’informel !
« J’ai perdu mon travail du jour
au lendemain, sans préavis et sans
être indemnisée, on m’a donné
pour motif la Covid-19, pourtant
mon frère travaillant dans une en-
treprise publique touchée de plein fouet par la pandémie, n’a pas
été licencié. Par ailleurs, il n’a pas été mis fin aux fonctions du fi-
nancier de l’entreprise dans laquelle je travaillais. Ce dernier m’a
expliqué que les employeurs continuent à négocier son départ, la
différence entre lui et moi, est qu’il est déclaré à la sécurité so-
ciale. Il m’a suggéré d’aller voir l’inspection de travail; une idée
que j’ai fini par abandonner. Entre payer les taxis et peut être un
avocat, rembourser mes dettes, me protéger moi et ma famille du
covid-19, ma priorité était de trouver un autre travail, surement
sur le marché informel encore une fois, vu l’offre et l’urgence de
ma demande » Témoignage de Amina B, 27ans, ex agent de saisie
dans une entreprise privée, dans la Wilaya de Constantine. Amina
n’est pas un cas isolé.
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Revue des droits de l’enfant et de la femme
VIOLENCES ET VIOLENCES ÉCONOMIQUES FAITES AUX FEMMES PENDANT LA COVID-19
Durant cette année marquée par la crise beaucoup d’ironie Sandra termine son té-
sanitaire, beaucoup d’hommes et de femmes moignage par promettre de ne plus se taire
ont perdu leurs emplois, et ceci principa- si on lui répétait encore une fois au travail,
lement sur le marché du travail informel. ou dans les transports en commun que les
C’est une zone de non droits, où faire va- femmes ont tout pris et qu’elles sont majori-
loir ses droits fait appel à des moyens que taires sur le marché du travail. Pour elle, que
nous n’avons pas forcément quand le choix ce soit au niveau de son travail, ou dans son
du travail précaire devient paradoxalement entourage beaucoup de femmes avaient été
la seule alternative pour faire face à la pré- contraintes de travailler dans l’informel par
carité et à la dépendance économique. Un défaut, d’ailleurs, le marché du travail ne
choix fait particulièrement par beaucoup de les a jamais reconnues, donc au lieu de
jeunes femmes algériennes qui ont compris les compter, Sandra suggère de compter le
que leur émancipation doit passer par leur nombre d’abus qu’elles subissent !
indépendance financière et économique, D’ailleurs M B, 26 ans, jeune diplômée
surtout quand ces dernières se battent pour qui décide de s’installer à Alger loin des vio-
sortir des violences qu’elles subissent dans lences qu’elle subissait chez elle juste avant
l’espace privé. le début de la crise sanitaire, et aidée par ses
Sandra S, 37ans, précise dans son témoi- ami.e.s les premiers temps, a dû accepter un
gnage que la Covid-19 l’a réveillé ; elle ex- poste de travail sans déclaration à la sécu-
plique que le marché du travail ne l’a jamais rité sociale. M B, ne pouvant plus faire de-
reconnue au final, vu que toutes les mesures mi-tour se retrouve à gérer le harcèlement
officielles annoncées, au niveau national ou de son responsable hiérarchique qui profite
au sein de l’entreprise dans le cadre de la de sa situation de vulnérabilité, et qui lui re-
pandémie, semblent ne pas s’appliquer aux fait des contrats de courte durée, toujours
travailleurs et aux travailleuses sans contrat, sans déclaration à la sécurité sociale pour
pourtant nombreux et nombreuses repré- maintenir le rapport de force qui favorise
sentant une catégorie de travailleurs avérée ses abus répétitifs. Malheureusement pour
la plus vulnérable de notre système écono- M B, la Covid-19 a impacté négativement le
mique pendant le confinement leur faisant marché du travail, ce qui ne lui permet tou-
perdre leurs emplois précaires. Sandra me jours pas de trouver un autre emploi avec de
demande si l’état pouvait obliger les patrons meilleures conditions de travail : préserver
à déclarer leurs employ.é.e.s sans que ces son travail actuel devient une obligation.
dernier.e.s n’aient à les signaler de peur Quant à moi, j’ai hélas, sans moyens
d’être licencié.e.s. ; à noter que la loi oblige tout comme toutes les féministes et les
l’employeur à déclarer ses travailleurs et femmes qui luttent contre les violences
ses travailleuses. Puis, elle me raconte que faites aux femmes, cumulé les témoignages
dans la petite entreprise dans laquelle elle et les appels au secours de femmes victimes
travaille à ce jour, parmi les 15 employé.e.s de violences et à qui je ne pouvais proposer
seulement 06 sont déclaré.e.s : le patron, que les cellules d’écoute des associations
04hommes et une femme, pour le reste féministes comme le Réseau Wassila et/ou
07femmes et 02hommes, aucun contrat n’a de l’Association FARD. La précarité écono-
été établi depuis leurs recrutements qui re- mique de la quasi-totalité des victimes qui
montent à 2017 pour certaines, et que pen- m’ont contacté ou qui m’ont été orientées,
dant la Covid-19 il y a eu plusieurs mois ne permettait pas la sortie de ces violences
sans salaires, ou à salaires réduits. Ces me- aggravées pendant le confinement par la
sures n’ont pas été appliquées de la même présence sous le même toit de la victime
manière aux hommes et aux femmes. Avec avec son agresseur.
21
Revue N°43 - Décembre 2020
PAR AMEL HADJADJ
Les femmes selon les statistiques sont dû assumer plus de responsabilités lors du
minoritaires sur le marché du travail formel confinement, celles qui ont de petites en-
(17.6%), et nombreuses sur le marché in- treprises sévèrement impactées par la pan-
formel. Le constat que j’ai eu à faire durant
démie, ou celles qu’on a obligé de travail-
cette année est que nous avons été nom-
ler pendant le confinement sans la moindre
breuses à perdre nos emplois. Parmi celles
qui ont subi ou qui continuent à subir des mesure de protection.
violences physiques, sexuelles, morales... Lors de cette pandémie du covid-19 des
et de façon aggravées pendant la Covid-19,
individualités, des associations et des col-
beaucoup témoignent de la paix qu’elles
lectifs féministes ont tout fait pour rendre vi-
réussissent à acheter quand elles ont un re-
venu. Lors d’un groupe de parole en ligne, sible les violences subies par les femmes et
dédié aux femmes victimes/survivantes de le manque flagrant de moyens et de mesures
violences que j’ai modéré pour une asso- pour lutter contre ces violences, prévenir les
ciation locale de Ain-Ouessara dans la wi- féminicides et prendre en charge les survi-
laya de Djelfa, S. S., 44ans témoigne qu’à vantes.
cause du covid-19, elle n’a plus de revenu,
et donc ne possède plus les moyens néces- Une lettre ouverte avec 06 proposi-
saires pour fuir les violences de son frère. tions concrètes a été adoptée par le collectif
Avant, au pire, elle faisait des courses et s’in-FACE (Femmes Algériennes Pour Un Chan-
vitait chez la famille, mais aujourd’hui elle gement Pour l’Égalité) soutenue par 21 col-
devient la cible de son frère violent qui sait
lectifs, initiatives et associations travaillant
très bien qu’elle est devenue beaucoup plus
pour les droits des femmes. La lettre a été
vulnérable sans travail, sans salaire et sans
transport inter-wilayas vu que sa famille ma- publiée le 25 novembre (journée internatio-
ternelle habite dans une autre wilaya. nale de lutte contre les violences faites aux
Dans le même groupe de parole, pour femmes), et les actions se sont multipliées
les femmes, qu’elles soient travailleuses, en vue de la faire aboutir. En appui à la cam-
chômeuses ou n’ayant jamais travaillé ou pagne d’autres actions percutantes ont été
cherché du travail, parmi les solutions de organisées par d’autres groupes/collectifs à
lutte et de protection contre les violences l’exemple de l’initiative des comédiennes et
faites aux femmes, la nécessité d’avoir un des femmes artistes.
revenu stable et suffisant pour être auto-
nome financièrement. D’ailleurs, L N qui La pandémie du covid-19 qui est une
continue à m’appeler, me répète toujours violence en soi, n’arrive pas à son terme,
avec le même ton, la même question quand mais la mobilisation pour réduire son im-
je lui parle d’accompagnement juridique : pact négatif sur les femmes, et particuliè-
« l’essentiel Amel, m’as-tu trouvé un travail
rement les femmes victimes de violences
et un loyer pas cher ?! »
physiques, sexuelles, économiques…ne fait
Dans les secteurs qui ont fait front
que commencer, car aujourd’hui plus que
contre la Covid-19, les femmes mobilisées
n’importe quel autre moment les femmes
sont nombreuses, et certaines à qui je rends
hommage ont laissé leurs vies : femmes de brisent de plus en plus le silence et disent
ménages, infirmières, médecins… Sans ou- haut et fort : Basta aux violences faites aux
blier celles qui travaillent chez elles, qui ont femmes !
22
Revue des droits de l’enfant et de la femme
CONTRACEPTION=LIBERTÉ SEXUELLE ?
Nadia Aït-Zaï, Avocate - Présidente de la Fondation pour l’égalité - CIDDEF
C
ontrôler le corps des
femmes permet d’asseoir
un pouvoir des hommes
sur les femmes. Les mentali-
tés patriarcales ont leur part
dans ce musellement sexuel.
La contraception et la sexuali-
té posent la question du droit
des femmes de disposer de leur
corps. C’est une question qui
malgré quelques progrès n’est pas acquise du tout dans notre
pays.
23
Revue N°43 - Décembre 2020
CONTRACEPTION=LIBERTÉ SEXUELLE ?
24
Revue des droits de l’enfant et de la femme
Nadia Aït-Zaï , A vocate - Présidente de la Fondation pour l ’ égalité - CIDDEF
27
Revue N°43 - Décembre 2020
RAPPORT
L
e 11 juillet 2003, lors de son deuxième sommet ordinaire à
Maputo (Mozambique), la Conférence des chefs d’État et de
gouvernement de l’Union africaine a adopté le Protocole à la
Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux
droits des femmes (ci-après dénommé le Protocole). Selon son ar-
ticle 29, ce Protocole entrera en vigueur trente jours après le dépôt
du quinzième instrument de ratification.
En mai 2004, seules les Comores avaient ratifié le Protocole, et
28 autres pays l’avaient signé. Ces pays sont les suivants : Afrique du
Sud, Algérie, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Côte d’Ivoire, Congo,
Djibouti, Gambie, Ghana, Guinée, Kenya, Lesotho, Libéria, Libye,
Madagascar, Mali, Mozambique, Namibie, Nigéria, Ouganda, Ré-
publique démocratique du Congo, Rwanda, Sénégal, Sierra Leone,
Tanzanie, Togo et Zimbabwe.
Amnesty International exhorte tous les États africains à accélérer
le processus de ratification afin de permettre au Protocole d’entrer
en vigueur.
1. * La version originale en langue anglaise de ce document a été éditée par Amnesty International, Secrétariat inter-
national, Peter Benenson House, 1 Easton Street, Londres WC1X 0DW, Royaume-Uni, sous le titre : THE PROTOCOL
ON THE RIGHTS OF WOMEN IN AFRICA. STRENGTHENING THE PROMOTION AND PROTECTION OF WOMEN’S
HUMAN RIGHTS IN AFRICA.
La version française a été traduite et diffusée aux sections francophones et au Secrétariat international par LES ÉDI-
TIONS FRANCOPHONES D’AMNESTY INTERNATIONAL - ÉFAI – juin 2004 Vous pouvez consulter le site Internet des
ÉFAI à l’adresse suivante : http://www.efai.org
29
Revue N°43 - Décembre 2020
LE PROTOCOLE À LA CHARTE AFRICAINE DES DROITS DE L’HOMME
L
e présent rapport résume les prin- démocratique du Congo, Rwanda, Sénégal,
cipales dispositions de ce Proto- Sierra Leone, Tanzanie, Togo et Zimbabwe.
cole et présente brièvement son Amnesty International a salué l’adoption
mécanisme de surveillance. Il est destiné à de ce Protocole, qui constitue une avancée
accroître la sensibilisation au Protocole et décisive en faveur d’une meilleure promo-
à encourager toutes les parties concernées tion et protection des droits fondamentaux
à soutenir cet instrument important pour la des femmes sur le continent africain. Il four-
promotion et la protection des droits des nit en effet un cadre juridique exhaustif per-
femmes en Afrique. mettant de tenir les gouvernements africains
Pour obtenir de plus amples informa- pour responsables des violations des droits
tions ou agir à ce sujet, veuillez consulter des femmes qu’ils commettent. Le Protocole
le document intégral. Un large éventail de s’inscrit dans la ligne de la Déclaration uni-
documents sur ce thème et sur d’autres sont verselle des droits de l’homme (DUDH), qui
disponibles sur le site http://efai.amnesty. stipule dans son article 2 que « chacun peut
org/. Vous pouvez aussi recevoir les com- se prévaloir de tous les droits et de toutes les
muniqués de presse d’Amnesty Internatio- libertés proclamés dans la présente Décla-
nal (en anglais) par courrier électronique en ration, sans distinction aucune, notamment
vous abonnant à l’adresse suivante : http:// de race, de couleur, de sexe […] ou de toute
www.amnesty.org/email/email_updates. autre situation » (souligné par nous).
html Si la Charte africaine des droits de l’homme
Introduction et des peuples (ci-après dénommée la Charte
Le 11 juillet 2003, lors de son deuxième africaine) imposait déjà aux États parties
sommet ordinaire à Maputo (Mozambique), d’éliminer la discrimination à l’égard des
la Conférence des chefs d’État et de gou- femmes et de protéger les droits humains
vernement de l’Union africaine a adopté le universellement reconnus des femmes, le
Protocole à la Charte africaine des droits de Protocole fournit des garanties plus com-
l’homme et des peuples relatif aux droits des plètes et plus spécifiques en matière de
femmes (ci-après dénommé le Protocole)2. droits des femmes.
Ce Protocole entrera en vigueur trente jours Il reconnaît et garantit aux femmes un
après le dépôt du quinzième instrument de large éventail de droits civils et politiques,
ratification ou d’adhésion. ainsi que de droits économiques, sociaux
En mai 2004, seules les Comores avaient et culturels, réaffirmant ainsi l’universali-
ratifié le Protocole, et 28 autres pays l’avaient té, l’indivisibilité et l’interdépendance de
signé. Ces pays sont les suivants : Afrique du tous les droits humains internationalement
Sud, Algérie, Bénin, Burkina Faso, Burundi, reconnus des femmes. Parmi ces droits fi-
Côte d’Ivoire, Congo, Djibouti, Gambie, gurent le droit à la vie, à l’intégrité et à la
Ghana, Guinée, Kenya, Lesotho, Libéria, sécurité de sa personne, l’interdiction des
Libye, Madagascar, Mali, Mozambique, pratiques traditionnelles néfastes, l’interdic-
Namibie, Nigéria, Ouganda, République tion de la discrimination et la protection des
femmes dans les conflits armés. Le Protocole
2. La décision de rédiger un protocole sur les droits des garantit également à toute femme le droit au
femmes en Afrique a été prise en 1995, lorsque la Confé-
rence des chefs d’État et de gouvernement de l’Organi- respect de sa personne et au libre dévelop-
sation de l’unité africaine (OUA), réunie en sa 31e ses- pement de sa personnalité, l’interdiction de
sion ordinaire à Addis-Abeba, en Éthiopie, a demandé
à la Commission africaine des droits de l’homme et des toute exploitation ou de tout traitement dé-
peuples d’élaborer un tel protocole. Voir la résolution gradant, l’accès à la justice et l’égale protec-
AHG/Res.240(XXXI) de la Conférence des chefs d’État et
de gouvernement de l’OUA, adoptée lors de sa 31e session
tion devant la loi, et la participation au pro-
ordinaire à Addis-Abeba, en Éthiopie, en juillet 1995. cessus politique et à la prise de décisions.
30
Revue des droits de l’enfant et de la femme
ET DES PEUPLES RELATIF AUX DROITS DES FEMMES
31
Revue N°43 - Décembre 2020
LE PROTOCOLE À LA CHARTE AFRICAINE DES DROITS DE L’HOMME
cise les mesures que les États parties doivent de réadaptation et de réparation pour les
prendre dans le domaine public comme victimes de cette violence. Le Protocole de-
dans la sphère privée pour mettre fin à ces mande également aux États parties de : em-
pratiques. Il couvre tout un éventail de pêcher et condamner les trafics de femmes
thèmes tels que l’emploi, l’éducation, le et poursuivre les responsables de tels trafics;
droit de vote, les lois relatives à la nationa- protéger les femmes les plus vulnérables; in-
lité, les droits au mariage et au divorce, la terdire les expériences scientifiques sur les
santé, les droits génésiques et l’égalité de- femmes sans leur consentement donné en
vant la loi. toute connaissance de cause; et allouer des
Le Protocole demande aux États parties ressources budgétaires et autres suffisantes
d’adopter des mesures législatives, insti- à la mise en œuvre et au suivi d’actions de
tutionnelles et autres pour éliminer toutes prévention de la violence contre les femmes.
les formes de discrimination à l’égard des En outre, le Protocole impose aux États
femmes. Comme nous l’avons dit ci-dessus, parties d’interdire et de condamner les pra-
il leur impose d’intégrer une perspective de tiques telles que « toutes formes de mutila-
genre dans leurs décisions politiques, leurs tion génitale féminine, la scarification, la
lois, leurs plans de développement, leurs médicalisation et la para-médicalisation des
programmes et leurs activités. Il les engage mutilations génitales féminines » qui ont des
également à modifier les schémas et les conséquences négatives sur les droits fonda-
modèles socioculturels de comportement mentaux des femmes et qui sont contraires
des hommes et des femmes par l’éducation aux normes internationales reconnues. Les
du public et la mise en place de stratégies États doivent apporter le soutien nécessaire
d’information, d’éducation et de commu- aux victimes, notamment en leur fournis-
nication, ceci afin d’éliminer les pratiques sant des services médicaux, une assistance
culturelles et traditionnelles néfastes et toute juridique et judiciaire, un soutien psycholo-
autre pratique fondée sur l’idée d’infériorité gique et une formation professionnelle. Ils
ou de supériorité de l’un ou l’autre sexe, ou doivent aussi : veiller à ce que les femmes
sur les rôles stéréotypés de la femme et de puissent réellement accéder aux services ju-
l’homme. ridiques et judiciaires, tels que l’assistance
Par ailleurs, les États parties s’engagent judiciaire; fournir une formation appropriée
à adopter et à mettre en œuvre des mesures aux responsables de l’application des lois
pour : interdire l’exploitation des femmes afin qu’ils puissent interpréter et appliquer
et les traitements dégradants à leur égard; efficacement le principe de l’égalité des
protéger les femmes de toute forme de vio- droits entre les sexes; et garantir une repré-
lence, y compris la violence sexuelle et sentation équitable des femmes dans les ins-
verbale, qu’elle se produise en privé ou en titutions judiciaires et les organes chargés
public; et plus généralement, prévenir, ré- de l’application des lois.
primer et éradiquer la violence contre les En ce qui concerne le mariage, le Pro-
femmes. Ils s’engagent aussi à : identifier les tocole demande aux États parties d’adopter
causes et les conséquences de la violence des mesures législatives et autres pour que
contre les femmes et adopter des mesures les hommes et les femmes jouissent des
pour y remédier; éliminer les éléments qui, mêmes droits et soient considérés comme
dans les croyances, les pratiques et les pré- des partenaires égaux dans le mariage,
jugés traditionnels et culturels, légitiment et qu’aucun mariage ne soit célébré sans
exacerbent la violence contre les femmes; et le consentement libre et entier des deux
mettre en place des mécanismes et des ser- parties et que l’âge minimum de mariage
vices accessibles et efficaces d’information, pour les femmes soit fixé à dix huit ans.
32
Revue des droits de l’enfant et de la femme
ET DES PEUPLES RELATIF AUX DROITS DES FEMMES
Par ailleurs, aux termes du Protocole, «la garanties par le droit international relatif
monogamie est encouragée comme forme aux réfugiés. Dans les pays qui appliquent
préférée du mariage.» encore la peine de mort, celle-ci ne doit pas
Les États parties ont aussi l’obligation de être prononcée contre une femme qui at-
prendre des mesures positives spécifiques tend un enfant ou qui allaite.
pour promouvoir la gestion participative En ce qui concerne l’éducation et l’em-
des affaires publiques et la participation pa- ploi, les États parties ont l’obligation de :
ritaire des femmes à la vie politique de leur garantir aux femmes l’égalité des chances et
pays. Pour cela, ils doivent adopter des me- l’égalité d’accès dans les domaines de l’édu-
sures discriminantes, des lois nationales et cation et de la formation; éliminer tous les
toute autre mesure permettant la participa- stéréotypes qui subsistent dans les manuels
tion des femmes. Le Protocole garantit aussi scolaires, les programmes d’enseignement
à toute femme le droit à la paix et oblige les et les médias; protéger les femmes, en par-
États parties à faire en sorte que les femmes ticulier les fillettes, contre toutes les formes
participent aux processus de prévention, de de mauvais traitements; et prévoir des sanc-
gestion et de résolution des conflits à tous tions contre les personnes soupçonnées de
les niveaux, ainsi qu’à la planification, la telles pratiques. Ils doivent également : of-
formulation et la mise en œuvre des pro- frir des services de conseil et de réadapta-
grammes de reconstruction et de réadapta- tion aux femmes victimes de mauvais trai-
tion après les conflits. tements et de harcèlement sexuel; intégrer
En ce qui concerne la protection des la sensibilisation aux questions de genre
femmes dans les conflits armés, le Protocole et l’éducation aux droits humains dans les
exige des États parties : qu’ils respectent et programmes d’enseignement scolaire à tous
fassent respecter les règles du droit inter- les niveaux; et promouvoir l’alphabétisation
national humanitaire applicables dans les des femmes. En outre, ils ont l’obligation
situations de conflit armé qui touchent la de prendre des mesures pour : promouvoir
population, et en particulier les femmes; l’égalité en matière d’accès à l’emploi et le
qu’ils protègent contre toutes les formes de droit à une rémunération égale des hommes
violence les femmes demandeuses d’asile, et des femmes pour des emplois similaires;
réfugiées, rapatriées et déplacées; qu’ils garantir la transparence dans le recrute-
veillent à ce que le viol et les autres formes ment, la promotion et le licenciement des
d’exploitation sexuelle perpétrés dans le femmes; et punir le harcèlement sexuel sur
cadre d’un conflit armé soient considérés le lieu de travail.
comme des crimes de guerre, des géno- Le Protocole engage aussi les États
cides ou des crimes contre l’humanité et à parties à garantir aux femmes la liberté de
ce que leurs auteurs soient traduits en jus- choisir leur emploi et à faire en sorte que
tice devant une juridiction pénale compé- leurs droits fondamentaux reconnus par les
tente. Les États parties doivent aussi veiller conventions et les lois soient pleinement
à ce « qu’aucun enfant, surtout les filles de garantis et respectés. Il leur demande éga-
moins de 18 ans, ne prenne part aux hosti- lement de créer les conditions nécessaires
lités et, en particulier, à ce qu’aucun enfant pour promouvoir et soutenir l’emploi et
ne soit enrôlé dans l’armée ». les activités économiques des femmes, de
Ils s’engagent également à garantir aux mettre en place un système de protection et
hommes et aux femmes une égalité d’accès d’assurance sociale pour les femmes qui tra-
aux procédures de détermination du statut vaillent dans le secteur informel et d’inciter
de réfugié et à accorder aux femmes réfu- ces femmes à y adhérer. Il prévoit par ail-
giées toutes les prestations et la protection leurs que les États doivent instaurer un âge
33
Revue N°43 - Décembre 2020
LE PROTOCOLE À LA CHARTE AFRICAINE DES DROITS DE L’HOMME
34
Revue des droits de l’enfant et de la femme
ET DES PEUPLES RELATIF AUX DROITS DES FEMMES
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Revue N°43 - Décembre 2020
LE PROTOCOLE À LA CHARTE AFRICAINE DES DROITS DE L’HOMME
d’une Cour africaine des droits de l’homme En outre, il permettra à ces institutions
et des peuples est entré en vigueur et l’élec- d’établir une jurisprudence plus complète.
tion des juges de cette Cour est prévue lors Il leur fournira un instrument d’articula-
du troisième sommet ordinaire de la Confé- tion, au niveau régional, des principes juri-
rence des chefs d’État et de gouvernement diques internationaux relatifs aux droits des
de l’Union africaine, qui se tiendra en juillet femmes, et apportera des orientations et des
2004 à Addis-Abeba, en Éthiopie. précédents pour les tribunaux nationaux et
L’intégration du Protocole relatif aux les autres institutions internationales telles
droits des femmes dans le mécanisme de que les organes de suivi des traités des Na-
mise en œuvre de la Charte africaine s’ins- tions unies.
crit dans la logique des dispositions de la Plus important encore, le Protocole offre
Charte elle-même et permettra aux femmes aux femmes une réelle voie de recours au ni-
dont les droits ont été violés aux termes du veau régional. Ainsi, les femmes victimes de
Protocole de s’adresser, en dernier recours, violations des droits humains auront un ins-
à la Commission africaine et à la Cour afri- trument vers lequel se tourner et disposeront
caine des droits de l’homme et des peuples d’un moyen concret de s’adresser à des orga-
afin que leurs droits soient reconnus et ap- nismes qui comprendront les conséquences
pliqués. En outre, des particuliers autres de ce qu’elles ont subi. Toutefois, cette pos-
que les victimes et des organisations non sibilité ne deviendra réalité que si les États
gouvernementales pourront déposer plainte parties répondent concrètement aux besoins
au nom des victimes. Cette possibilité est des femmes en matière de droits humains et
importante car, en raison de facteurs poli- prennent des mesures pour mettre en œuvre
tiques, économiques, sociaux et culturels, les engagements qu’ils ont pris. Amnesty In-
les femmes ont souvent un accès limité à ternational appelle donc les gouvernements
l’information et aux moyens concrets de africains qui ne l’ont pas encore fait à :
faire valoir leurs droits. Les organisations de • Condamner publiquement toutes les
femmes sont bien placées pour déposer des violations des droits fondamentaux des
communications en leur nom. femmes et veiller à ne pas commettre de
Conclusions et recommandations telles violations;
L’adoption du Protocole à la Charte afri- • Prendre des mesures pour enquêter sur
caine des droits de l’homme et des peuples toutes les allégations de violations des
relatif aux droits des femmes est une avan- droits des femmes commises par des po-
cée significative qui va permettre d’intégrer liciers, des membres des forces de sécuri-
pleinement les préoccupations relatives aux té ou de l’armée ou toute autre personne
droits des femmes dans le système régional agissant avec l’assentiment de l’État, et
de défense des droits humains. Ce Protocole traduire en justice les responsables présu-
comble une lacune importante dans ce sys- més de ces actes;
tème, qui n’avait pour l’instant pas élaboré de • Ratifier dans les plus brefs délais et
cadre exhaustif pour la promotion et la pro- sans aucune réserve le Protocole à la
tection des droits fondamentaux des femmes. Charte africaine des droits de l’homme et
Amnesty International considère que des peuples relatif aux droits des femmes;
ce Protocole va permettre à la Commission • Mettre en œuvre ce Protocole en vé-
africaine et à la Cour africaine des droits de rifiant que toutes les lois, politiques, pra-
l’homme et des peuples de déterminer com- tiques et procédures nationales soient
ment faire respecter de manière concrète les conformes aux obligations définies dans
droits reconnus par le Protocole. le Protocole; les États parties doivent in-
36
Revue des droits de l’enfant et de la femme
ET DES PEUPLES RELATIF AUX DROITS DES FEMMES
tégrer les droits inscrits dans le Protocole breux gouvernements aux termes de cette
à leur législation nationale et prendre Convention est sérieusement entamé par
toutes les autres mesures nécessaires pour les nombreuses réserves qu’ils ont émises;
appliquer cet instrument de bonne foi;
• Une fois le Protocole ratifié, élaborer
• Revoir et amender les lois et les procé- des plans d’action nationaux pour com-
dures pénales pour en éliminer toute dis- battre la violence contre les femmes. Ces
crimination à l’égard des femmes et veil- plans d’action devront prévoir des objec-
ler à que les accusées, victimes et témoins tifs bien définis dans le temps pour l’ap-
de sexe féminin ne soient pas traitées de
plication des engagements contenus dans
manière inéquitable ni victimes de discri-
le Protocole et prévoir l’allocation ou
mination dans le cadre des enquêtes et
la redistribution de ressources pour leur
des poursuites pénales;
mise en œuvre. Pour garantir l’égalité et
• Fournir des garanties constitutionnelles l’absence de discrimination en droit et en
pour interdire la discrimination et garantir pratique, il conviendra de : lutter contre
l’égalité entre les hommes et les femmes;
l’impunité pour les violations des droits
• Ratifier tous les autres instruments ré- des femmes; créer des institutions natio-
gionaux et internationaux relatifs aux nales chargées de promouvoir et de proté-
droits humains indispensables pour pro- ger les droits humains et renforcer les ins-
mouvoir et protéger efficacement les titutions existantes dans ce domaine; re-
droits des femmes en Afrique, notam- voir les lois, les politiques et les pratiques
ment le Protocole à la Charte africaine
nationales; et élaborer un programme
des droits de l’homme et des peuples
exhaustif d’éducation aux droits humains;
relatif à la création d’une Cour africaine
des droits de l’homme et des peuples et • Adopter des stratégies destinées à
la Convention de l’Union africaine sur la mettre en place des mécanismes juri-
prévention et la lutte contre la corruption. diques et administratifs garantissant une
Les États devraient aussi ratifier : le Pacte justice efficace aux femmes victimes de
international relatif aux droits civils et po- violence;
litiques (PIDCP) et ses deux protocoles; le • Fournir des services d’assistance spé-
Pacte international relatif aux droits éco-
cialisés pour aider les femmes dont les
nomiques, sociaux et culturels (PIDESC);
droits ont été violés aux termes du Proto-
la Convention contre la torture et autres
cole et favoriser leur réadaptation;
peines ou traitements cruels, inhumains
ou dégradants; la Convention sur l’élimi- • Former et sensibiliser les représentants
nation de toutes les formes de discrimina- de l’appareil judiciaire et de la police aux
tion à l’égard des femmes; la Convention droits fondamentaux des femmes recon-
relative aux droits de l’enfant; la Conven- nus par le Protocole et par les autres ins-
tion relative au statut des réfugiés; et le truments internationaux;
Statut de Rome de la Cour pénale inter-
• Prendre des mesures en vue de rendre
nationale. Les gouvernements qui ont
compte de la manière dont ils respectent
déjà ratifié ces instruments devraient exa-
les obligations qui leur incombent aux
miner les éventuelles réserves qu’ils ont
émises à leur sujet en vue de les retirer. termes du Protocole et des autres ins-
Cela est particulièrement important pour truments et intégrer à leurs rapports des
la Convention sur l’élimination de toutes informations sur les mesures prises pour
les formes de discrimination à l’égard mettre en œuvre les engagements conte-
des femmes, car l’engagement de nom- nus dans ce protocolen
37
Revue N°43 - Décembre 2020
PROTOCOLE A LA CHARTE AFRI-
CAINE DES DROITS DE L’HOMME ET
DES PEUPLES, RELATIF AUX DROITS
DE LA FEMME EN AFRIQUE
Ratifié par l’Algérie par décret présidentiel n°16-254 du 25 Dhou El Hidja 1437
correspondant au 27 septembre 2016 portant ratification avec déclarations inter-
prétatives, du protocole à la charte africaine des droits de l’Homme et des peuples
relatif aux droits de la Femme en Afrique, adopté par la 2éme session ordinaire de
la conférence de l’Union africaine, à Maputo (Mozambique) le 11 juillet 2003.
LES ETATS AU PRÉSENT PROTOCOLE :
CONSIDÉRANT que l’article 66 de la Charte africaine des droits de l’homme et des
peuples prévoit l’adoption de protocoles ou accords particuliers en cas de besoin, pour
compléter les dispositions de la Charte, et que la Conférence des chefs d’État et de gou-
vernement de l’Organisation de l’Unité Africaine, réunie en sa trente-et-unième session
ordinaire à Addis-Abeba (Éthiopie) en juin 1995, a entériné, par sa résolution AHG/
Res.240(XXXI), la recommandation de la Commission africaine des droits de l’homme et
des peuples d’élaborer un protocole sur les droits de la femme en Afrique;
CONSIDÉRANT EGALEMENT que l’article 2 de la Charte africaine des droits de
l’homme et des peuples interdit toutes les formes de discrimination fondées sur la race,
l’ethnie, la couleur, le sexe, la langue, la religion, l’opinion politique ou toute autre opi-
nion, l’origine nationale et sociale, la fortune, la naissance ou toute autre situation;
CONSIDÉRANT EN OUTRE que l’article 18 de la Charte africaine des droits de
l’homme et des peuples demande à tous les États d’éliminer toutes formes de discrimina-
tion à l’égard des femmes et d’assurer la protection des droits de la femme, tels que stipulés
dans les déclarations et conventions internationales;
NOTANT que les articles 60 et 61 de la Charte africaine des droits de l’homme et des
peuples reconnaissent les instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de
l’homme et les pratiques africaines conformes aux normes internationales relatives aux
droits de l’homme et des peuples, en tant que principes de référence importants pour l’ap-
plication et l’interprétation de la Charte africaine;
RAPPELANT que les droits de la femme sont reconnus et garantis par tous les instru-
ments internationaux relatifs aux droits de l’homme, notamment la Déclaration universelle
des droits de l’homme, les Pactes internationaux relatifs aux droits civils et politiques ainsi
qu’aux droits économiques, sociaux et culturels, la Convention sur l’élimination de toutes
les formes de discrimination à l’égard des femmes et son Protocole Facultatif, la Charte
africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant et tous les autres 2 conventions et pactes
internationaux relatifs aux droits de la femme en tant que droits humains, inaliénables,
interdépendants et indivisibles;
38
Revue des droits de l’enfant et de la femme
RAPPELANT EGALEMENT la résolution à la Charte africaine des droits de l’homme
1325 du Conseil de sécurité des Nations et des peuples et de tous les autres instru-
unies sur le rôle de la femme dans la promo-ments internationaux relatifs aux droits de
tion de la paix et de la sécurité; l’homme, et de l’engagement solennel pris
NOTANT que les droits de la femme et par ces États d’éliminer toutes les formes
son rôle essentiel dans le développement de discrimination et de pratiques néfastes
sont réaffirmés dans les Plans d’action des à l’égard des femmes, la femme en Afrique
Nations Unies sur l’environnement et le dé- continue d’être l’objet de discriminations et
veloppement (1992), les droits de l’homme de pratiques néfastes;
(1993), la population et le développement FERMEMENT CONVAINCUS QUE toute
(1994), et le développement social (1995); pratique qui entrave ou compromet la crois-
RÉAFFIRMANT le principe de la pro- sance normale et affecte le développement
motion de l’égalité entre les hommes et les physique et psychologique des femmes et
femmes tel que consacré dans l’Acte consti- des filles, doit être condamnée et éliminée;
tutif de l’Union africaine, le Nouveau parte- DÉTERMINES à assurer la promotion,
nariat pour le développement de l’Afrique, la réalisation et la protection des droits des
les déclarations, résolutions et décisions femmes afin de leur permettre de jouir plei-
pertinentes qui soulignent l’engagement des nement de tous leurs droits humains;
États africains à assurer la pleine participation Ci-dessous quelques articles du pro-
des femmes africaines au développement
tocole en lien avec les articles traités
de l’Afrique comme des partenaires égaux;
dans la revue.
NOTANT EN OUTRE que la Plate-forme
SONT CONVENUS DE CE QUI SUIT :
d’Action Africaine et la Déclaration de Dakar
de 1994 et la Plate-forme d’Action de Bei- Article premier
jing et la Déclaration de 1995 appellent tous Définitions Aux fins du présent Proto-
les États membres des Nations Unies ayant cole, on entend par :
pris l’engagement solennel de les mettre
a) « Acte constitutif », l’Acte constitutif
en œuvre, à adopter des mesures concrètes
de l’Union africaine;
pour accorder une plus grande attention aux
droits humains de la femme afin d’éliminer b) « Charte africaine », la Charte africaine
toutes les formes de discrimination et de vio- des droits de l’homme et des peuples;
lence fondées sur le sexe; c) « Commission africaine », la Commis-
RECONNAISSANT le rôle crucial des sion africaine des droits de l’homme et des
femmes dans la préservation des valeurs afri- peuples;
caines basées sur les principes d’égalité, de d) « Conférence », la Conférence des
paix, de liberté, de dignité, de justice, de so- Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union
lidarité et de démocratie. africaine;
AYANT A L’ESPRIT les résolutions, dé- e) « Discrimination à l’égard des
clarations, recommandations, décisions, femmes », toute distinction, exclusion, res-
conventions et autres instruments régionaux triction ou tout traitement différencié fondés
et sous-régionaux ayant pour objectifs l’éli- sur le sexe, et qui ont pour but ou pour ef-
mination de toutes les formes de discrimi- fet de compromettre ou d’interdire la recon-
nation à l’égard des femmes et la promotion naissance, la jouissance ou l’exercice par les
de l’égalité entre les hommes et les femmes; femmes, quelle que soit leur situation matri-
PRÉOCCUPÉS par le fait qu’en dépit de moniale, des droits humains et des libertés fon-
la ratification par la majorité des États Partis damentales dans tous les domaines de la vie;
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Revue N°43 - Décembre 2020
LE PROTOCOLE À LA CHARTE AFRICAINE DES DROITS DE L’HOMME
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Revue des droits de l’enfant et de la femme
ET DES PEUPLES RELATIF AUX DROITS DES FEMMES
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Revue N°43 - Décembre 2020
LE PROTOCOLE À LA CHARTE AFRICAINE DES DROITS DE L’HOMME
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Revue des droits de l’enfant et de la femme
ET DES PEUPLES RELATIF AUX DROITS DES FEMMES
sociale dans laquelle l’État et le secteur pri- d) promouvoir l’accès des femmes aux
vé ont une responsabilité secondaire; crédits, à la formation, au développement
m) prendre les mesures législatives et ad- des compétences et aux services de vulgari-
ministratives appropriées pour combattre
sation en milieu rural et urbain afin de leur
l’exploitation ou l’utilisation des femmes à
des 14 fins de publicité à caractère porno- assurer de meilleures conditions de vie et de
graphique ou dégradant pour leur dignité. réduire leur niveau de pauvreté;
Les femmes ont le droit de jouir pleine- e) prendre en compte les indicateurs de
ment de leur droit à un développement du-
développement humain spécifiques aux
rable. A cet égard, les États prennent toutes
les mesures appropriées pour: femmes dans l’élaboration des politiques et
a) introduire la dimension genre dans la programmes de développement;
procédure nationale de planification pour le f) veiller à ce que les effets négatifs de la
développement;
mondialisation et de la mise en œuvre des
b) assurer une participation équitable des
politiques et programmes commerciaux et
femmes à tous les niveaux de la conception,
de la prise de décisions, la mise en œuvre économiques soient réduits au minimum
et l’évaluation des politiques et programmes pour les femmes.
de développement;
Adopté par la 2ème session ordinaire de
c) promouvoir l’accès et le contrôle par
les femmes des ressources productives, telles la Conférence de l’Union Maputo, le 11
que la terre et garantir leur droit aux biens; juillet 2003n
INCRIMINATION DES VIOLENCES
FAITES AUX FEMMES
ORDONNANCE DU 30 DÉCEMBRE 2015 PORTANT CODE PÉNAL
Nadia Aït-Zaï,
Avocate - Présidente de la Fondation pour l’égalité - CIDDEF
L
e code pénal modifié en le 30 12 2015 a procédé à de nou-
velles incrimination d’infractions dont quatre formes de vio-
lence contre les femmes.
• Les violences physiques
• Les violences psychologiques
• Les violences économiques
• Les violences sexuelles
• Le harcèlement de rue et le harcèlement sexuel au travail
• Vol entre époux
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Revue des droits de l’enfant et de la femme
1. d’un emprisonnement d’un an à trois L’infraction est établie, que l’auteur ré-
ans si les blessures ou les coups n’ont occa- side ou pas dans le même domicile que la
sionné aucune maladie ou incapacité totale victime.
de travail de plus de quinze jours L’infraction est également établie, si les
2. d’un emprisonnement de deux ans à violences sont commises par l’ex conjoint et
cinq ans s »il y a eu incapacité totale de tra- qu’il s’avère quelles sont en rapport avec la
vail de plus de quinze jours précédente relation de mariage.
3. de la réclusion à temps de 10 à vingt L’auteur ne peut bénéficier des circons-
ans si les blessures ou les coups ont été sui- tances atténuantes si la victime est enceinte
vis de mutilation, amputation ou privation ou handicapée ou si l’infraction a été com-
de l’usage d’un membre, cécité, perte d’un mise en présence des enfants mineurs ou
œil ou autres infirmités permanentes. sous la menace d’une arme.
4. de la réclusion à perpétuité si les Art.3. Les dispositions de l’article 330
coups portés ou les blessures faites volon- de l’ordonnance n°66-156 du 8 juin 1966,
tairement, mais sans intention de donner la susvisée, sont modifiées et rédigées ainsi
mort, l’ont pourtant occasionnés. qu’il suit:
- L’infraction est établie, que l’auteur Art.330: Sont punis d’un emprisonne-
réside ou pas dans le même domicile que ment de (6) mois à deux (2)ans et d’une
la victime. amende de 50 000 Da à 200 000 DA.
- L’infraction est également établie si les Violence économique
violences sont commises par l’ex conjoint et
qu’il s’avère qu’elles sont en rapport avec la Art.4. Les dispositions de l’ordonnance
précédente relation de mariage. n°66-156 du 8 juin 1966, susvisée, sont
complétées par l’article 330 bis ainsi qu’il
- L’auteur ne peut bénéficier des cir-
suit:
constances atténuantes si la victime est en-
ceinte ou handicapée ou si l’infraction a été Art.330.bis: Est puni d’un emprison-
commise en présence des enfants mineures nement de six(6)mois à deux(2) ans qui-
ou sous la menace d’une arme. conque exerce sur son épouse toute forme
- Dans les cas prévus aux(1) et (2) le de contrainte ou d’intimidation afin de dis-
pardon de la victime met fin aux poursuites poser de ses biens ou de ses ressources fi-
pénales; nancières
- Dans le cas prévu au (3) et lorsqu’il Le pardon de la victime met fin aux
y a pardon de la victime, la peine est de poursuites pénales.
cinq(5) à dix ans(10) de réclusion. Harcèlement de rue
Violence psychologique Art.333.bis 2: Est puni d’un emprison-
Art.266.bis.1. Est puni d’un emprisonne- nement de deux(2) à six(6) mois et d’une
ment d’une année(1) à trois(3) ans, quiconque amende de 20 000 DA à 100 000 Da, ou
commet contre son conjoint toute forme de d’une de ces de ces deux peine, quiconque
voies de fait, ou de violence verbale ou psy- importune une femme, dans un lieu public,
chologique répétée mettant la victime dans par tout acte, geste ou parole portant at-
une situation qui porte atteinte à sa dignité teinte à sa pudeur.
ou a son intégrité physique ou psychique. La peine est portée au double si la vic-
L’état de violence conjugale peut être time est une personne mineure de seize (16)
prouvé par tous moyens ans.
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Revue N°43 - Décembre 2020
INCRIMINATION DES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES
Article.333. bis. 3 : A moins que le fait ne En cas de récidive, la peine est portée
constitue une infraction plus grave, est puni au double.
d’un emprisonnement d’un(1) an à trois (3)
ans et d’une amende de 100 000 DA à 500 Vol entre les parents; enfants et époux
000 DA, toute agression, commise par sur- Art.7.: Les dispositions de l’article 368
prise, violence, contrainte ou menace portant de l’ordonnance n°66-156 du 08 juin 1966,
atteinte à l’intégrité sexuelle de la victime. susvisée, sont modifiées et rédigées ainsi
La peine est l’emprisonnement de qu’il suit:
deux(2) à cinq(5) ans si l’auteur est un
Art.368: Ne sont pas punissables et ne
proche parent (mahrim) ou si la victime est
une mineure de seize (16) ans ou si le fait peuvent donner lieu qu’à des réparations ci-
commis a été facilité par la vulnérabilité, la viles, les soustractions commises:
maladie, l’infirmité, la déficience physique - par des ascendants au préjudice de
ou psychique de la victime ou par un état leurs enfants ou autres descendants;
de grossesse; que ces circonstances soient
apparentes ou connues de l’auteur. - par des descendants au préjudice de
Art.6.: Les dispositions de l’article 341 leurs ascendants.
bis de l’ordonnance n°66-156, susvisée, Art.8.: Les dispositions de l’article 369
sont modifiées, complétées et rédigées ainsi de l’ordonnance n°66-156 du 08 juin 1966,
qu’il suit: susvisée, sont modifiées et rédigées ainsi
Harcèlement sexuel étendu au collègue qu’il suit:
Art.341.bis.: Est réputée avoir commis Art.369.: Les vols commis entre
l’infraction de harcèlement sexuel et sera pu- conjoints, parents, collatéraux ou alliées
nie d’un emprisonnement d’un(1) à trois(3)
jusqu’au quatrième degré inclusivement, ne
ans et d’une amende de 100 000 DA à 300 000
DA, toute personne qui abuse de l’autorité peuvent être poursuivis pénalement. Que
que lui confère sa fonction ou sa profession, sur plainte de la personne lésée. Le retrait
en donnant à autrui des ordres, en proférant de la plainte met fin aux poursuites.
des menaces, en imposant des contraintes ……..(le reste sans changement)………
ou en exerçant des pressions dans le but
d’obtenir des faveurs de nature sexuelle. Abandon de famille
Est également coupable de l’infraction 1. L’un des parents qui abandonne, sans
visée à l’alinéa précédent et puni de la motif grave pendant plus de deux (2) mois
même peine, quiconque harcèle autrui par la résidence familiale et se soustrait à toutes
tout acte, propos à caractère ou insinuation
ses obligations d’ordre moral ou d’ordre
sexuelle.
matériel résultant de la puissance paternelle
La peine et l’emprisonnement de deux(2)
ou de la tutelle légale; le délai de deux(2)
à cinq(5) ans et l’amende de 200 000 DA à
mois ne pourra être interrompu que par un
500 000 DA, si l’auteur est un proche parent
(mahrim) ou si la victime est une mineure retour au foyer impliquant la volonté de re-
de 16 (seize) ans ou si le fait commis a été prendre définitivement la vie familiale;
facilité par la vulnérabilité, la maladie, l’in- 2. Le mari qui, sans motif grave, aban-
firmité, la déficience physique ou psychique
donne volontairement, pendant plus de
de la victime ou par un état de grossesse;
deux (2) mois sa femme.
que ces circonstances soient apparentes ou
connues de l’auteur. ……..(le reste sans changement)………
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