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HISTOIRE ET GÉOPOLITIQUE DES BALKANS

Introduction

• L’effondrement du communisme dans les Balkans en 1989/92 et la guerre dans l`ex-


Yougoslavie ont fait redécouvrir à l’Occident un pan d’histoire et de géopolitique du vieux-
continent qui avait disparu depuis 1945
• Tout cet édifice s’est effondré dans un climat de crise et de tension
• Tous ces pays renouent avec leur oripeaux historiques
• Pour comprendre leur évolution actuelle et en saisir les enjeux, il faut relire le passé des
Balkans
• La mise en place d’une société sans classe était censée éliminer définitivement la
religion, mais l’opium du peuple a survécu. L’islam balkanique est consolidé et l’orthodoxie et
catholicisme ont persisté. Le socialisme n’a pas non plus évacué le nationalisme. Le terrorisme,
la violence, les massacres et les déportation ont resurgi avec force

La géographie politique des Balkans au cours de dernier siècle

• Dans la très grande majorité des cas, des États balkanique conservent les frontières de
1939.
• L’Acte final de la Conférence d’Helsinki sur la sécurité et la coopération en Europe de
1975, consacre l’inviolabilité de toutes les frontières des États européens.
• L’implosion de la Yougoslavie en 1991 ne change rien à aux limites étatiques
balkaniques, puisque les frontières internes (entre républiques fédérées) de la Fédération
yougoslave (établie à la Libération en 1945) sont maintenues et transformés en frontières
d’État.

Le nationalisme dans la géopolitique balkanique

• Les passions suscitées par la nation et les liens du sang ont provoqué et provoquent
d’innombrables révoltes, tumultes, assassinats et conflits.
• Cette fièvre nationaliste est aussi forte que celle causée par les intérêts de classe, des
individus ou de groupes, voire par la religion.
• Les manifestations du nationalisme sont multiples, complexes et souvent contradictoires.

Nations, ethnies, minorités, communautés et purification dans les Balkans

• Au début du XIXe siècle, la péninsule balkanique constitue un écheveau de peuples, de


communautés, de langues et de religions.
• Suite à d’innombrables crises et guerres, avec le concours des puissances européennes,
sont nées plusieurs nations balkaniques, pendant la désagrégation de l’Empire ottoman.
• Chaque nationalité balkanique a convoité la plus grande partie de l’héritage ottoman, ce
qui a provoqué des crises et des conflits entre eux.
• Chacun a voulu étendre son territoire et le “purifier” de tout élément allogène. Cette
purification ethno-culturelle faite de guerre, massacres, déportations, assassinats, expulsions et
assimilations forcées et subreptices jalonne toute l’histoire de la péninsule balkanique.
• Les Balkans restent un écheveau instable en quête d’une maison commune. Seule l’UE
peut, si elle s’exprime d’une seule voix, calmer le jeu balkanique en l’intégrant dans la grande
famille européenne.

Quatre facteurs du syndrome d’Orient

• la décadence de l’Empire Ottoman;


• les haines de nationalité et de religion;
• le réveil national et culturel du monde slave, grec, roumain et albanais après près d’un
demi millénaire d’assujettissement ottoman; et
• l’expansionnisme des Empires d’Autriche-Hongrie et de Russe.

L’émancipation des peuples et nationalités dans les Balkan au XIXème siècle

• les Serbes de Serbie et du Monténégro proclament leur indépendance 1878;


• la Grèce se soulève et acquiert en 1830 son indépendance;
• les Bulgares s’émancipent en 1878;
• les Albanais constituent un État en 1912

La démocratie dans le Balkans avant 1914

• la Serbie, la Bulgarie, la Roumanie et la Grèce sont des monarchies constitutionnelles et


parlementaires;
• le fonctionnement du système politique est souvent chaotique;
• l’autoritarisme, le fractionnisme, le clientélisme, l’intolérance, la violence et la
corruption en sont souvent les traits distinctifs;
• les libertés et les droits des citoyens ne sont pas toujours garantis;
• la sauvegarde des minorités n’est pas assurée partout;
• les parlements sont sans grand poids ni tradition;
• le suffrage universel n’est pas établi partout;
• la Turquie devient un empire constitutionnel et parlementaire.

Les Balkans du nazi-fascisme au communisme

• En démembrant la Yougoslavie, l’Allemagne et l’Italie favorisent partout la prise de


pouvoir de groupes anticommunistes et fascistes.
• La défaite des forces nazi-fascistes dans l’espace balkanique en 1944/45 entraîne un
partage des Balkans en zones d’influence. La Roumanie et la Bulgarie sont attribuées à l’espace
soviétique, tandis que la Grèce est dévolue en Angleterre. Quant en Yougoslavie, elle était
partagée entre les deux sphères d’influence soviétique et britannique. L’Armée Rouge aide les
partisans communistes yougoslaves de Tito à libérer Belgrade, puis se retire vers la Hongrie.
En 1948, la rupture entre Staline et Tito empêche la formation d’une Fédération balkanique
avec la Bulgarie. Le blocus soviétique oblige Tito à se rapprocher des États occidentaux et à
opter en faveur d’une voie socialiste autogestionnaire.
• L’Albanie communiste rompt à son tour avec Kremlin en 1961 après avoir condamné le
déviationnisme titiste.

Les peuples des Balkans ont-ils des traits communs ?

• Ils ont des origines différentes.


• Tous peuvent revendiquer, à des époques diverses, un glorieux passé.
• Ils n’ont cessé se combattre.
• Tous ces peuples ont retrouvé leurs vieilles haines.
• Tous firent appel à l’étranger pour les aider dans leur libération. Par-là, s’aggravèrent
des luttes d’influence et des conflits d’intérêts de leurs protecteurs.
• Il est difficile de déterminer des traits véritablement spécifiques à chaque peuple. Partout
a persisté une vie familiale d’allure patriarcale, qui a pu faire croire à l’existence d’une
civilisation balkanique

Religions et langues

• A la fin du Moyen Age la péninsule des Balkans, est toute entière chrétienne et
orthodoxe. Des communautés catholiques vivent en Bosnie-Herzégovine et en Albanie et l’on
compte quelques petites minorités catholiques en Grèce.
• De nombreux Chrétiens (de souche albanaise, slave et grecque) se convertissent au cours
de la domination ottomane, tout en conservant souvent leur langue et leurs traditions.
• Au cours du XIXème siècle, tout en revendiquant leur indépendance du sultan, chaque
peuple justifiera le combat national au nom de la foi défendue par son Église, son Patriarche et
son clergé.
• Le vieux slavon de IXème siècle va donner naissance des langues slaves actuelles: le
serbe, le croate, le macédonien et le bulgare.

L’intervention des puissances dans les Balkans

• La scène balkanique est sous le contrôle de cinq puissances Angleterre, France,


Autriche, Prusse et Russie.
• Dans le souci d’assurer sa suprématie, chaque pays rêve d’agrandir son espace vital,
source de matières premières et de marchés potentiels pour les nouveaux produits.
• La Grèce était sous la tutelle des trois puissances protectrices (Angleterre, France et
Russie).
• Le Monténégro est sous influence des puissances, notamment de la Russie.
• La Serbie vassale de la Turquie jusqu’en 1878, est placée sous le protectorat russe et elle
sera sous la garantie des puissances (Grande Bretagne, France, Autriche, Prusse, Russie et
Sardaigne. L’influence russe est contrecarrée par celle autrichienne jusqu’en 1903 et ensuite la
France assume un rôle de premier plan dans la politique serbe.
• La Bulgarie, vassale de la Turquie en 1878, connaît une pesante tutelle russe,
contrecarrée par l’Autriche-Hongrie.
• L’influence des puissances est également confortée par la présence sur le trône de
Roumanie, de Bulgarie et de Grèce de souverains appartenant aux grandes Maisons régnantes
européennes.
• L’économie des États balkaniques est tributaire des grandes puissances économiques
européennes. L’intelligentsia des nouvelles nations balkaniques gravite autour de Paris,
Londres, Vienne, Berlin…. Les institutions et vie politique des États balkaniques s’inspirent en
grande partie de modèles occidentaux (centralisme et système judiciaire français, système
scolaire allemand, armée allemande, marine de guerre britannique, etc.).

Les puissances dans les Balkans au cours du XXème siècle

• Après la Grande Guerre, la France et la Grande Bretagne ont envoyé des corps
expéditionnaires en Macédoine, pour exercer une influence prépondérante dans les Balkans.
Le Fascisme mussolinien cherche à étendre l’emprise italienne dans les Balkans. De même,
l’expérience soviétique éveille l’intérêt en Serbie, Croatie, Slovénie, Bulgarie et Grèce.
• Après la IIème guerre mondiale, l’URSS domine l’espace balkanique tant par sa puissance
militaire que par son idéologie. L’Angleterre conserve une influence en Grèce où elle sera
bientôt relayée par les États-Unis.
• Au début des années 90, les États-Unis vont pénétrer dans l’espace du sud-est européen
ex-communiste. Ils interviendront dans l’ex-Yougoslavie. L’UE est entrée, à son tour, dans la
scène politique balkanique, sans pour autant parler d’une seule voix. La Russie, de son côté,
reste en retrait, tout en manifestant sa volonté à participer au règlement des conflits
balkaniques.

La violence

• Il n’est pas possible d’évoquer les Balkans sans mentionner le problème de la violence et
de massacres. Nous rencontrons sans cesse, la mention, non seulement d’assassinats, mais des
tortures les plus diverses; de supplices raffinés: on empale, on arrache le nez, la langue; on
brûle au fer rouge, on crève les yeux.
• La péninsule balkanique a été aussi le théâtre de scènes de terrorisme, d’attentats et de
dictatures cruelles et monstrueuses.
• L’horreur est réapparue soudainement dans la guerre en ex-Yougoslavie. Les migrations
mêlées, les bouleversements ethniques, les luttes ethno-religieuses, les déportations, les
vendettas, la torture, les camps de la mort, les massacres, le racisme et l’intolérance ont à
nouvel endeuillé le vieux-continent.

La question de la Macédoine

• Au IVème siècle avant J.-C. la Macédoine est un royaume semi-barbare, à la périphérie du


monde grec.
• La Macédoine est conquise par les Turcs au cours du XIVème siècle.
• Elle était limitée au sud par la Mer Égée et l’Olympe. Au nord par les montagnes de
Char Planina. A l’ouest ses confins étaient marqués par le lac d’Ohrid, et à l’est par le fleuve
Mesta. Au début de ce siècle, cette Macédoine géographique s’étendait à travers trois vilayets
ottomans : Salonique, sandjak de Skopje du vilayet du Kosovo, et une partie du vilayet
de Monastir (Bitola).
• Après la conquête ottomane au cours du XIVéme siècle, le nom tombe en désuétude.
Mais la référence historique perdure grâce à des érudits et à des savants. La définition
géographique définitive de la Macédoine date de l’époque du traité de Berlin en 1878.

Répartition de la population par nationalité dans les trois vilayets de Macédoine

• Selon des estimations comparées des sources turques, bulgares, serbes et grecs de 1889 à
1910

• Tsar de Russie pour étendre son influence dans les Balkans, favorise le développement
d’un nationalisme bulgare. La création d’une Principauté de Bulgarie en 1878 va accroître son
rôle et influence. Le nouvel État bulgare va revendiquer non seulement la Roumélie orientale,
mais également les terres bulgares qui lui avait été attribuées par le Traité de San Stefano. La
question macédonienne est l’une des préoccupations majeures des Nationalistes bulgares.
• Les États chrétiens des Balkans (Bulgarie, Grèce et Serbie) convoitent la Macédoine. Ils
en revendiquent la plus grande partie et y entretiennent un mouvement irrédentiste. Les
Bulgares estiment que les Slaves de Macédoine parlent un dialecte proche du bulgare et qu’ils
sont ethniquement et linguistiquement Bulgares. Ils rappellent que la ville sainte d’Ohrid dans
l’ouest de la Macédoine et le berceau de la nation bulgare ayant été le siège du premier Empire
bulgare. Bref, ils doivent être, de ce fait, rattachés à la Bulgarie.
• Les Serbes contestent un tel rattachement en affirmant que les Macédoniens possèdent la
coutume de la slava (fête des ancêtres), commune à tous les Serbes. Ils rappellent, d’autre part,
que le dernier empire serbe d’Etienne Douchan à la fin du Moyen Age comprenait la
Macédoine. Le dialecte macédonien aurait en outre plus d’affinité avec le serbe qu’avec le
bulgare. Bref, « la question de savoir si les Macédoniens parlent serbe ou bulgare a soulevé de
grandes controverses. En effet, ils peuvent être compris sans difficulté à la fois par les Serbes et
les Bulgares… En vérité, il semble plutôt que la langue macédonienne ne sera pas formée par
un seul dialecte, mais par un groupe de dialectes semblables ». Quant aux Nationalistes grecs,
ils jugent qu ’ils se considèrent comme de véritables Grecs.

Les convoitises de puissances européennes

• Les Grandes Puissances européennes convoitent aussi la Macédoine ottomane, il en est


de même. Les rivalités de ces dernières vont accroître la confusion du problème macédonien.
L’Autriche-Hongrie et la Russie tsariste s’y intéressent. La première veut tenir sous contrôle les
irrédentismes des États chrétiens et souhaite prendre le contrôle de ce carrefour de
communication vers l’Égée et l’Orient. La Russie ne cache pas son désir de contrôler les
Détroits turcs et défend le panslavisme. Berlin qui appuyait son allié austro-hongrois, s’en
préoccupait également. De même, l’Angleterre ne souhaitait pas que la Russie tsariste ou les
Puissances centrales n’accèdent librement à la Mer Égée et ne mettent indirectement en péril la
fameuse voie des Indes. Enfin la France et l’Italie ne manquaient pas à leur tour d’intervenir
dans le problème macédonien. En conclusion, la Macédoine était alors « la quintessence du
problème balkanique dans la mesure où s’y entrechoquaient les différents éléments qui
constituaient la question d’Orient ».

L’O.R.I.M.

• Au cours de la dernière décennie du XIXème siècle de nombreuses sociétés secrètes


nationalistes et révolutionnaires ayant comme objectif la lutte contre les Turcs se créent en
Macédoine. Leur véritable programme et leurs liens ne sont pas toujours très claires. Le 23
octobre 1893, un groupe d’intellectuels et d’instituteurs macédoniens fondent clandestinement
à Salonique l’Organisation Révolutionnaire Intérieure Macédonienne (ORIM). Cette
organisation secrète a comme objectif: “La Macédoine aux Macédoniens” c’est-à-dire d’obtenir
uns statut d’autonomie politique de la Macédoine. Elle étend rapidement son influence dans le
pays.
• A partir de 1896, tout semble indiquer que l’ORIM consciente du fait que le sultan
n’appliquera jamais les promesses d’autonomie faites en 1878, adopte une stratégie
révolutionnaire.

Le Comité suprême macédonien

• En mars 1895, se crée à Sofia un Comité macédonien. Il défend l’idée que l’on doit
organiser des bandes armées qui provoqueront un soulèvement des Macédoniens et obtenir la
réunion de la Macédoine à la Bulgarie.
• A partir de 1897, l’ORIM se transforme en une organisation de combat terroriste contre
le pouvoir ottoman. Elle déclenche une vague de terreur, qui sera jalonné d’attentats,
d’assassinats, de rapts, de massacre et de répression.
• La Grèce déploie une intense propagande culturelle et politique en faveur du
rattachement des Macédoniens à la patrie hellénique.
• Dès 1878 elle mène une importante action de propagande en Macédoine afin de lutter
contre l’activisme bulgare.
• De nombreux savants, journalistes et hommes politiques serbes s’efforcent de démontrer
que les Macédoniens sont en fait d’anciens Serbes.

Le programme de Mürszteg en automne 1903

• Cette insurrection suivie de la répression ottomane attirent à nouveau l’attention des


puissances européennes sur le problème macédonien. A la suite d’une entrevue à Müszteg en
Autriche, les empereurs d’Autriche et de Russie élaborèrent un programme de réformes. Une
ébauche de contrôle international s’installe en Macédoine ottomane. Le plan austro-russe visait
essentiellement à rétablir la sécurité et l’ordre en Macédoine dévastée par plusieurs mois de
combat tout en y appliquant des réformes accordant aux Chrétiens un droit de participation à la
vie administrative, judiciaire et politique.
• Les accords de Müsztag prévoyaient:
• la nomination de deux agents civils, l’un russe et l’autre austro-hongrois;
• de réorganiser la gendarmerie ottomane;
• un général italien sera nommé le chef de la gendarmerie ottomane de Macédoine;
• un officier allemand sera chargé de l’inspection des écoles de gendarmerie;
• élaboration d’un nouveau système financier en Macédoine.

La première Guerre balkanique

• Les causes de cette première Guerre balkanique sont:


• La faiblesse et l’imprévoyance de la Turquie, qui allait vers sa dissolution;
• L’impuissance de l’Europe à imposer à la Turquie les réformes, et
• La conscience de l’accroissement de force que l’alliance avait donné aux États
balkaniques.
• Les deux premières raisons ont rendu la guerre possible et inévitable. La troisième en a
garanti le succès.
• Les grandes puissances sont divisées. Elles adoptent la politique du “wait end see” et on
attende l’issue des premiers combats.
• De nombreux Macédoniens vont constituer une division entière de l’armée bulgare.
• A la séance du 28 décembre, Rechid pacha donna des propositions ottomanes. La Porte
refusait de céder le vilayet d’Andrinople et envisageait d’accorder à la Macédoine une
autonomie sous la souveraineté du sultan et sous le contrôle direct d’un prince chrétien.

La conférence des ambassadeurs

• L’Italie et l’Autriche-Hongrie veulent barrer la route de l’Adriatique aux Serbes.


• L’Autriche-Hongrie et l’Italie mettent au point un projet de statut d’autonomie pour
l’Albanie, qu’ils soumettent le 8 mai, à Londres, à la conférence des ambassadeurs des
puissances européennes. L’Albanie devient désormais une pomme de discorde entre les
grandes puissances européennes tout en suscitant des disputes dans le camp serbe, monténégrin
et hellénique, peu enclin à accepter la création d’un État shkipétare

La IIème Guerre balkanique et les traités de la paix

• La dislocation de la Ligue balkanique


• Des disputes éclatent aussitôt entre Bulgares et Grecs au sujet du partage de la Turquie
d’Europe
• Les Bulgares ne cessaient de réclamer le territoire macédonien qui leur avait été promis
selon les termes du traité qu’ils avaient signé avec les Serbes,qui ne voulaient en aucun cas
l’évacuer. La Double Monarchie s’inquiétait de l’agrandissement de royaume de Serbie. La
Russie cherchait par tous les moyens à éviter la rupture de la coalition balkanique.
• Les Bulgares conservaient l’espoir de reconstituer la Grande Bulgarie du traité de San
Stefano en 1878.
• Le traité secret gréco-serbe des 1er juin 1913
• Les Serbes et les Grecs refusent de céder à la Bulgarie les territoires macédoniens et ils
concluent un nouveau traité secret partageant la Macédoine en trois parties.
• Le traité de paix de Bucarest du 10 août 1913
• La Bulgarie accepte toutes les conditions posées par ses adversaires. Elle perd la plupart
de ses acquisitions en Macédoine et en Thrace.
• Du principe des nationalités à la notion de juste équilibre
• La Serbie et la Grèce se partagent la Macédoine en invoquant, entre autres, le principe
du “juste équilibre”. Les vainqueurs, au lieu d’atténuer leurs premières prétentions, se livrèrent
à une surenchère.

Les Balkans en août 1913 et la zone contestée

La purification ethnique des territoires conquis

• Le rapport de la Dotation Carnegie publié en juillet 1913, dresse un constat objectif et


affligeant des atrocités commises par tous les belligérants. En l’occurrence, ce chapitre
consacré à l’extermination, la déportation, l’émigration et l’assimilation dans ledit rapport
constitue en quelque sorte une définition de la purification ethnique qui a été pratiquée en
Bosnie-Herzégovine au début des années quatre-vingt-dix. Ce processus de construction
d’États-nations homogènes sur le plan ethnique serait un “passage obligé vers la modernité et
l’intégration des peuples des Balkans dans le système international”. Cette phrase est corrélée
avec l’idée que l’homogénéité ethnique “serait synonyme de stabilité politique”. En tout cas,
cette thèse était fort répandue dans les Balkans dans l’entre-deux-guerres. La construction de la
Grande Serbie, de la Grande Croatie et de la Grande Albanie impliquerait la disparition de deux
États pluriethniques, la Bosnie-Herzégovine et la Macédoine.
• Si la plupart des nations des Balkans sont anciennes, les États sont récents, “la majorité
des frontières datent du XXème siècle. Il en résulte, toujours selon Jacques Rupnik que les
frontières politiques de tous les États balkaniques ne coïncident pas avec les frontières
ethniques. Ça laisse en effet peu de place pour résoudre le problème des minorités nationales.
Chaque État va donc se définir par la nation majoritaire et va considérer la minorité nationale
comme un problème à résoudre, soit en le niant, soit en adoptant une panoplie de mesures qui
vont de la purification ethnique à l’autonomie.
• La minorité sera souvent jugée comme une cinquième colonne par la nation majoritaire.
A la veille de la Grande Guerre, les États-nations balkaniques procèdent à une homogénéisation
ethnique.

Les droits historiques, la linguistique et la religion

• Les Serbes rappellent les heures glorieuses de leur passé médiéval au cours duquel leur
Empire s’étendait dans les terres de Macédoine et du Kosovo. Ils citent, entre autres, les droits
historiques acquis par l’empereur serbe Etienne Douchan qui régna vers le milieu du XIVème
siècle, et dont l’empire englobait les territoires actuels de la Serbie (avec le Kosovo), du
Monténégro, de la Macédoine de Skopje, de l’Albanie et de la Grèce du nord avec l’Épire et la
Thessalie.
• Le premier Empire bulgare de Siméon le Grand de, 893 à 927, étend sa domination non
seulement dans les territoires actuels de la Bulgarie et de la Thrace mais également en
Macédoine jusqu’à proximité des côtes de l’Adriatique. Le deuxième Empire bulgare qui se
structure à partir de 1186, comprend les territoires actuels de la Bulgarie, d’une partie de la
Thrace et de la Macédoine du nord et du centre.
• Les Grecs ne manquent pas non plus d’arguments historiques en se référant, entre autres,
à l’Empire byzantin qui sombra en 1453.
• La linguistique entre à son tour dans le débat. Le rapport l’enquête de la commission
Carnegie mentionne, par exemple, la discussion pour savoir dans quelle partie de la Macédoine
on parlait un dialecte plus proche du bulgare que du serbe. C’est ainsi que des savants serbes
“se mettent à étudier les dialectes de la Macédoine et à y rechercher des traces phonétiques et
morphologiques de l’influence serbe pour les classer parmi les dialectes serbes. Les linguistes
bulgares poursuivent la même étude de leur côté, et persistent à trouver essentiellement bulgare
le fond des dialectes macédoniens.” La religion cimentera par ailleurs le socle de l’État-nation
balkanique homogène. Ses constructeurs feront tout pour homogénéiser la religion de ses
habitants, et l’orthodoxie sera la clef de voûte de la Serbie, de la Bulgarie et de la Grèce.

Extermination, déportation, émigration et assimilation

• Les atrocités commises ne sont pas nécessairement imputables aux troupes régulières ou
volontaires, mais elles sont souvent le fait des populations elles-mêmes, qui se connaissaient et
qui s’entre-tuent. Quant à l’extermination, elle est fréquemment ordonnée par les autorités. La
commission d’enquête mentionne, à ce propos, des ordres donné aux soldats grecs de massacrer
toute la population mâle de localités occupées, notamment des Macédoniens. De même les
forces ottomanes adoptèrent les mêmes mesures à l’égard des allogènes de la Turquie
d’Europe. Les commissaires notent que “les ordres donnés aux armées slaves “ (en
l’occurrence serbe, monténégrine et bulgare), en la matière, seront peut-être moins barbares.
Toujours est-il qu’ils constatèrent que les populations turques et albanaises des territoires
conquis par les Serbo-Monténégrins connurent également des meurtres en masse. Il en sera de
même dans les zones occupées par les Bulgares à l’égard des Turcs, voire des Grecs.
• Le second trait des Guerres balkaniques est l’émigration forcée des populations.
“Comme la population des pays qui allaient être occupés, savait d’instinct, aussi bien par
tradition que par expérience, ce qu’elle avait à craindre des armées ennemies et de pays voisins
auxquels appartenaient ces armées, elle se sauvait sans attendre leur arrivée”. Plusieurs dizaines
de milliers de Macédoniens ont quitté les zones occupées par les Serbes et les Grecs en
Macédoine.
• Bref, comme le souligne la commission, il ne s’agit pas de cas isolés, mais de véritables
exodes. “Les Tucs y fuient les Chrétiens, les Bulgares fuient les Grecs et les Turcs fuient les
Bulgares, les Albanais fuient les Serbes, et si, entre les Serbes et les Bulgares, l’émigration n’a
pas ce caractère général, c’est que ces deux nations ne sont pour ainsi dire pas rencontré sur
leurs propres territoires et que celui que toutes deux convoitaient la Macédoine, elles le
considéraient comme déjà peuplé de leurs congénères.” Aux côtés des massacres et des
déplacements de population, les Guerres balkaniques vont également être marquées par
l’assimilation forcée. L’exemple classique est fourni par le Pomaks, des Bulgares islamisés.
Utilisation de la force pour les ramener à la foi chrétienne.
Le statut des territoires conquis par les Serbes en 1912/13

La Serbie considère le Sandjak, le Kosovo et haute Macédoine comme une terre historiquement
serbe. Le gouvernement de Belgrade va qualifier les Macédoniens de Serbes.
Le parti militaire l’emporte et le gouvernement serbe publie le 4 octobre 1913 pour les
territoires nouvellement acquis un “règlement de sécurité publique” qui équivaut “à une
véritable dictature militaire et qui provoqua des cris d’effroi dans la presse étrangère”.
Le 6 décembre 1913 le gouvernement de Belgrade publie un projet de constitution abrégée
pour la Macédoine, que l’on comptait lui appliquer pendant dix ans. Ce texte qui n’introduisait
ni droit de vote et d’éligibilité, ne mentionnait, ni les libertés de presse et de réunion. Il
maintenait un régime d’exception, à telle enseigne que la presse d’opposition déclara que la
population des pays annexés avait moins de droits que sous le régime ottoman. La “serbisation”
de l’Église orthodoxe ira également de pair avec celle de maître d’école et des fonctionnaires.
Les territoires conquis par la Serbie seront soumis à un régime draconien en l’on mit tout en
œuvre pour y opérer la “serbisation”.

La Macédoine égéenne et bulgare

La Macédoine égéenne dispose de moins d’informations que pour la Macédoine serbe. Mais
elle reconnaît que l’on y découvre les mêmes procédés au niveau de l’extermination, de
l’émigration et de l’assimilation forcée. Elle observe, entre autres, que l’on a procédé à des
massacres de Musulmans et à une assimilation forcée de Macédoniens, notamment dans les
territoires de Édesse, Kastoria et Florina. Elle ajoute que dans le cas grec, les méthodes
d’extermination et d’intégration ont été plus systématiques et inhumaines que celles des autres
États belligérants. Cette opération d’hellénisation s’accompagna également de la mise à l’écart
dans tous les services administratifs de tous les Macédoniens et d’une mise sous tutelle
policière particulièrement draconienne.
La nouvelle domination bulgare qui s’exerça dans le district macédonien de la Strumica, sera
également sévère.

La création de l’Albanie

 La défense de l’Albanie par l’Autriche-Hongrie et l’Italie


– L’Autriche-Hongrie et l’Italie ne veulent en aucun cas que la Serbie accède au littoral
Adriatique en occupant tout ou partie de l’Albanie. Elles freinent aussitôt l’expansionnisme
serbe en appuyant le projet de création d’un État albanais autonome ou protégé.
– Le Royaume-Uni ne veut pas déplaire à la Double Monarchie; deuxièmement les
revendications de Belgrade ne lui paraissent pas se justifier sur le plan ethnique.

 La proclamation de l’indépendance albanaise le 28 novembre 1912


– Le nouvel État émerge dans le tumulte et la discorde.
 Le drame de l’occupation étrangère

– Au moment où l’assemblée nationale albanaise proclame l’indépendance du pays, la


guerre se poursuit dans les Balkans. Les Serbes vont entrer à Dures, tandis que les
Monténégrins assiègent Scutari. Les forces helléniques, elles progressent en Épire et
s’approchent de l’Albanie.

 La conférence des ambassadeurs de Londres

– La Serbie, le Monténégro et la Grèce convoitent la plus grande partie du territoire


albanais. La collectivité albanaise semble se réduire comme une peau de chagrin à une mince
bande de terrain au centre du pays. L’Autriche-Hongrie et l’Italie se montraient favorable, avec
de nombreuses réserves, à la création d’une Albanie qui serait leurs protégés dans les Balkans,
tandis que la Russie et la France “soutenaient les ambitions de la Serbie et déniait toute
existence à la nation albanaise”.

 Les revendications serbes

– Le président de la délégation serbe à la conférence de Londres exigeait tout le territoire


actuel du Kosovo, la terre habitée autrefois par les Serbes, qui était partie intégrante avant la
conquête ottomane à la fin du Moyen Age de la Vieille Serbie. Trois éléments justifiaient sa
requête: le droit moral d’un peuple plus civilisé; le droit historique de récupérer une région
abritait les vestiges de l’ancien Patriarcat orthodoxe de Pec, faisant partie de l’ancien Empire
médiéval serbe; et une constatation de droit ethnique basé sur le fait que le Kosovo était au
Moyen Age en majorité serbe. L’idéologie nationaliste serbe de la fin du XIXème siècle avait
créé une sorte de culte de la bataille de Kosovo Polje de 1389, marquant le début du joug turc.
Cet événement historique va constituer le point de départ d’une volonté de récupérer la Vieille
Serbie, berceau de la nation serbe. Les Russes encouragent ce mythe de la bataille perdue et du
désir de libérer ou “rédimer” les terre anciennement serbes, envahies par les Albanais.
– La Porte avait favorisé l’implantation dans le Kosovo de Tcherkesses musulmans du
Caucase; ceux-ci étaient farouchement anti-Russes et anti-Orthodoxes; et par conséquent
violemment hostiles aux Serbes, dont une petite communauté avait subsisté dans l’ancienne
Vieille Serbie.
– La seule certitude que l’on ait, réside dans le fait que le territoire faisait partie avant
l’occupation ottomane de la Vieille Serbie et que sa population était serbe et chrétienne. Mais il
est tout autant probable que des communautés albanaises chrétiennes ainsi que d’autres groupes
y résidaient également. Pendant plusieurs siècles les divisions ethniques dans le Kosovo n’ont
jamais été déterminées d’une manière claire. Il y avait une assimilation ethnolinguistique dans
les deux directions.

 Les revendications du Monténégro

– Le gouvernement de Cetinje rappelle ses droits historiques sur le territoire actuel de


l’Albanie du nord. Il ajoute que plusieurs tribus albanaises ont combattu dans les rangs de son
armé contre les Turcs.
 Les territoires convoités par la Grèce

– Les Grecs convoitent tout le territoire actuel de l’Albanie du sud. Les Grecs justifient
leurs prétentions en affirmant que la population, le commerce et la culture sont hellénique.

Le projet austro-hongrois

• La Double Monarchie ne peut admettre la victoire de forces de la Ligue balkanique


contre les Turcs.
• Elle ne veut en aucun cas que les Serbes accèdent à la mer Adriatique; son objectif étant
de constituer une barrière puissante entre la Serbie et la mer.
• Vienne veut surtout que l’extension du Monténégro au nord de l’Albanie soit aussi
restreinte que possible afin de ne pas donner à cet État des territoires qui lui permettraient, par
une entente ultérieure avec la Serbie, de lui faciliter l’accès à la mer Adriatique.
• Si Scutari reste en main albanaise, le rôle de la Double Monarchie en sortirait renforcé
dans le futur État skipétar. Vienne jugeait, d’autre part, cette ville indispensable pour
l’économie albanaise, et envisageait, en défendant les aspirations nationales albanaises, une
assez grade extension de l’Albanie.

La Grande Guerre

• Le 3 août 1915 l’Entente qui piétine dans la presqu’île de Gallipoli, adresse une note à la
Bulgarie en réponse à sa demande d’information du 14 juin. Elle précise, entre autres, son offre
en cas d’entrée en guerre du gouvernement de Sofia contre la Turquie, et indique les avantages
territoriaux qui seraient consentis à la Bulgarie à la fin de la guerre
• Le 14 septembre 1915, l’Entente, voulant obtenir à tout prix l’appui du roi Ferdinand Ier,
offre à ce dernier toute la haute Macédoine.

Les États balkanique après la Ière guerre mondiale

• Territoires russe et austro-hongrois annexés à la Roumanie


• Territoires austro-hongrois unis aux royaumes de Serbie et de Monténégro
• Territoires cédés par la Bulgarie à la Serbie après la Première Guerre Mondiale
• Thrace occidentale égéenne acquise par la Grèce aux dépens de la Bulgarie et de la
Turquie (1923)
• Thrace orientale et région de Smyrne, annexées à la Grèce en 1920 en rendues à la
Turquie en 1923

La question de la Macédoine égéenne

• La Grèce devint un État ethniquement homogène. Après des Guerres balkaniques


« l’élément » hellénique en Macédoine égéenne était seulement 43%. Mais en 1926, à la suite
de la redistribution des réfugiés à l’intérieur du territoire national, l’élément grec avait atteint
89%. Bref, la nation hellénique acquit une homogénéité ethnique importante, à telle enseigne
qu’elle ne connut plus guère de questions minoritaires. De même, une minorité Macédonienne
reste ancrée en Macédoine égéenne.
• Quant à la population macédonienne de la région égéenne, elle connaît de nombreux
avatars. Après avoir signé les traités de paix, le gouvernement hellénique jugea que les
Macédoniens slavophones qui avaient choisi de reste sur sol grec, devaient être considérés
comme des Grecs.
• Le 29 septembre 1924, Athènes signa avec Sofia un protocole, dit Kalfov-Politis, relatif
à la protection des minorités bulgares en Grèce et grecques en Bulgarie. Cet accord prévoyait
un nouvel échange de populations, mais il ne sera pas ratifié en 1925, par le Parlement grec ;
Belgrade ayant menacé de dénoncer son traité d’amitié avec l’État hellénique si celui-ci
reconnaissait qu’il existe des Bulgares (au lieu de Macédoniens) sur son territoire. La Société
des Nations qui était garante de ce traité, condamne alors la Grèce.

Les buts de guerre de la Serbie

• Le 7 décembre 1914 le gouvernement serbe annonce ses buts de guerre:


• libérer ses frères Serbes, Croates et Slovènes du joug de l’Autriche-Hongrie.
• Il envisage trois option :
• 1. une Grande Serbie (annexion des territoires de la Double Monarchie considérés
comme serbes : Bosnie, Herzégovine, Voïvodine, partie de la Croatie, de la Dalmatie et de la
Slavonie) ;
• 2. l’unification de tous les Slaves du sud de la Double Monarchie (programme
yougoslave) ; et
• 3. la création d’une fédération balkanique englobant la Serbie, Bulgarie, le Monténégro,
les Slaves de l’Autriche-Hongrie, et éventuellement la Grèce et la Roumanie.
• La France appuie sans réserve la création d’un vaste État des Slaves du sud sous la
direction serbe. Elle compte, du reste y exercer une influence prépondérante et en faire la pièce
maîtresse de son futur dispositif d’alliance en Europe centrale et balkanique. L’Angleterre est
favorable à ce projet, tandis que l’Italie est contre à cause de ses prétentions territoriales en
Dalmatie.
• Un climat de tension entoure de tous les côtés (hormis le long des frontières roumaine et
grecque) le nouvel État. C’est une menace permanente pour son intégrité territoriale. De
surcroît, le nouveau royaume est déjà affaibli par des querelles internes (notamment entre Serbe
et Croates), et les tumultes dans les aires musulmanes du pays.

La Macédoine et le Kosovo de 1918 à 1941

• Au cours de l’entre-deux-guerres la Macédoine du Vardar reconquise par les Serbes en


automne 1918 est soumise à un régime spécial. L’usage de la langue macédonien est interdit et
aucun parti macédonien n’est autorisé. Les autorités de Belgrade considéraient les
Macédoniens comme des Serbes du sud. Elles réprimèrent toutes les activités susceptibles de
contrarier cette serbisation.
• A partir de 1920 l’ORIM se réveille. Elle va désormais lutter contre les Grecs et les
Serbes qui occupent la plus grande partie de la Macédoine. Les chefs macédoniens de l’ORIM
favorables aux thèses fédéralistes furent exécutés.
• Les habitants du Kosovo deviennent des citoyens du nouvel État. Tout en participant à la
vie publique et administrative, ils seront discriminés sur le plan linguistique. Seuls quelques
écoles élémentaires islamiques et privées turques subsistent, tolérées par les autorités serbes.
• En juillet 1921, des Albanais du Kosovo adresse une pétition à la SDN demandant la
réunion de leur pays à l’Albanie, mais la requête du Kosovo sera ignoré.

La Yougoslavie de 1929 à 1941

Le traité de Neuilly, les minorités ethniques et les échanges de population

• Ce traité et la Convention gréco-bulgare prévoyaient l’émigration volontaire des


minorités ethniques. L’échange des population cessa d’être volontaire, comme l’avait
candidement prévu le traité de Neuilly. Il s’agissait des expulsions brutales de populations
représentant parfois des villages entiers. Suite ce traité près de 25000 Grecs quittent la Bulgarie
et 46878 Macédoniens émigrent en Bulgarie venant de l’est de la Macédoine égéenne. Près de
80000 Macédoniens préféreront reste dans la partie occidentale de la Macédoine égéenne.
• Quant à l’ORIM, elle poursuit son activité en territoire bulgare. Elle contrôle la
Macédoine de Pirin dans le sud-ouest du pays où séjourne de nombreux réfugiés venus de
Macédoine grecque ou serbe. Elle s’est même substituée à l’administration régulière bulgare en
levant ses propres impôts et en établissant des tribunaux. L’ORIM est divisée en fractions
rivales qui règlent souvent leurs différends à coups de bombes et d’attentats. De surcroît, elle
n’hésite pas à entreprendre des actions terroristes à l’intérieur des territoires helléniques et
serbes.

Le partage des Balkans en zones d’influence

• Le premier Ministre britannique Churchill lors d’un entretien avec Staline réussit à
conclure avec lui une entente à propos des Balkans. L’URSS disposera de 90% d’influence en
Roumanie et de 75% en Bulgarie, qu’elle contrôle du reste déjà militairement, tandis que les
Britanniques auront 90% d’influence en Grèce et l’Union soviétique 10%. En Yougoslavie et
en Hongrie, l’URSS et la Grande Bretagne seront à égalité de 50%-50%.

Le partage de l’ex-Yougoslavie en 1941

Incorporé dans l’Allemagne (Slovénie du Nord) ; dans l’Italie (Slovénie du Sud, Iles
Adriatiques, Dalmatie du Nord) ; dans la Hongrie (Batchka, Baranya orientale,
Muraköz) ; dans la Bulgarie (Macédoine occidentale, districts de Caribrod et
Bosilevgrad).

Monténégro (sous administration civile italienne) ; Territoire entre Pec et Ohrid sous
administration militaire italienne ; Banat sous administration militaire allemande.
Royaume de Croatie ; Serbie.

1941-1944

• Le 10 avril 1941, création d’un État indépendant croate, sous la protection du Reich.
• Ante Pavelitch chef du nouvel État croate, proclame la race croate dominante et se lance
dans une vaste campagne contre les Serbes orthodoxes du nouvel État, qui doivent se convertir
au catholicisme, partir ou périr.
• Les Oustachis ont assassiné au cours de la guerre 700000 Serbes (sur le million et demi
vivant dans l’État croate), dans des camps de concentration.
• Ante Pavelitch et Slavko Kvaternik, « défenseurs sourcilleux de la croaticité, ont été
mariés à des juives », mais quoi qu’il en soit le Poglavnik aurait fait massacrer près de 50000
Juifs et 25000 Tsiganes.
• La Serbie est placée sous le contrôle militaire allemand dirigée par le général Milan
Neditch ancien ministre de la Guerre.
• L’Albanie est agrandie aux dépens de la Yougoslavie. Elle obtient une grande partie du
Kosovo et la lisière occidentale de la Macédoine. Elle réunit désormais la majeure partie de la
nation albanaise.
• Les Allemands, déclenchent entre 1941 et 1943, cinq offensives contre les partisans
communistes. Malgré quelques succès, les forces de l’Axe n’arrivent jamais à briser la
résistance titiste.

La Fédération yougoslave du 31 janvier 1946

• L’assemblée fédérale en deux chambres, l’une tenait compte de la population, l’autre


représentait les six républiques fédérées. Tous Les Yougoslaves étaient égaux en droits quelle
que soit leur nationalité.
• Le texte constitutionnel distinguait les peuples et les nationalités. Les peuples ou nations
étaient au nombre de cinq : les Serbes, les Croates, les Slovènes, les Macédoniens et les
Monténégrins. La Croatie était l’État des Croates et des Serbes de Croatie (Kraïna).
• La république fédérée de Bosnie-Herzégovine est foyer des Croates, des Serbes et des
Slaves musulmans. Au début les Musulmans bosniaques ne seront pas qualifiés de peuple ou
nation mais de groupe.
• La république de Serbie englobe la province autonome de Voïvodine et la région
autonome du Kosmet.
• Le gouvernement central de Belgrade dispose de larges compétences dans les domaines
des finances, de la planification économique, de la politique étrangère, de la défense, des
communications et de l’activité législative.
• Les trois grandes communautés religieuses connaissent des moments difficiles. Tout
d’abord, leur rôle social sera limité, leur patrimoine saisi et leur pouvoir politique brisé.
• La Yougoslavie titiste va fonctionner avec un parti unique et un slogan « fraternité et
unité ».
• Avec la nouvelle constitution de 1974, chaque république devient de plus en plus
autonome.
• L’essor économique considérable de la Slovénie et de la Croatie. Il va accroître les
tensions internes au sein de la Fédération.

La Yougoslavie de 1945 à 1991

L’ASNOM

• Le 2 août 1944, dans le monastère de Saint Prohor de Pchinja, près de Kumanovo, se


tient la première réunion du Conseil national antifasciste de la Macédoine (ASNOM) sous
l’égide du Front de Libération nationale macédonien. La nouvelle assemblée assume les
fonctions législatives et exécutives. Elle déclare le macédonien langue officielle du futur Etat
fédéré de la nouvelle Yougoslavie de Tito.
• Au cours de l’année 1945, alors que les pourparlers en vue de la création d’une
fédération balkanique se poursuivent activement entre chefs communistes, ceux-ci
revendiquent ouvertement la Macédoine égéenne. Le KKE (Parti communiste grecque) appuie,
par ailleurs, la création d’une grande Macédoine, membre de la future fédération balkanique.

L’évolution de la question macédonienne

• La Bulgarie, la Yougoslavie et l’Albanie communistes aident les insurgé communistes


grecs et ne cachaient pas leur projet de construire une Fédération balkanique comprenant une
Grande Macédoine réunifiée.
• L’accord douanier entre la Yougoslavie et la Bulgarie. Sofia reconnaît l’existence d’une
minorité macédonienne dans la Macédoine de Pirin, tandis que Belgrade, en échange, renonce à
ses dédommagements de guerre. Les Communistes yougoslaves de la Macédoine du Vardar
pourraient intervenir dans les affaires intérieures de la Macédoine de Pirin (notamment au
niveau de l’éducation).
• La rupture entre Staline et Tito de l’été 1948. Le Kominform condamne la politique du
maréchal Tito. Bref, Tito se comporte comme un nationaliste antisoviétique, un déviationniste
de la pire espèce, en somme un traître à la cause prolétarienne. Au mois de novembre 1949 le
Kominform lance de véritable appels à l’insurrection contre Tito.
• Le KKE a perdu en 1948/49 tout espoir de gagner la guerre civile. Le KKE avait évacué
(déporté) vers les États communistes limitrophes près de 25000 enfants entre trois et quatorze
ans sous prétexte d’éviter à ces derniers les représailles « monarco-fascistes ».
• Plusieurs milliers de macédoniens iront se réfugier en Albanie, en Macédoine
yougoslave et en Bulgarie.
• « Il n’y avait pas de minorité macédonienne en Grèce ».
• La Bulgarie communiste déclara après la mort de Staline qu’il n’y avait pas de nation
macédonienne et, par conséquent, pas de minorité macédonienne en Bulgarie. La question
macédonienne semblait close : pourtant elle va ressusciter lors de la création de la République
de Macédoine en 1991.
Le 27 juin 1992, le sommet des chefs d’États de gouvernement européens à Lisbonne décide
de ne pas reconnaître la République ex-yougoslave de Macédoine en raison du veto du
gouvernement hellénique.
• Celui-ci redoute, en effet que la nouvelle république macédonienne ne formule des
revendications à l’égard la Macédoine égéenne. Il exige, entre autres, que le nouvel État change
d’appellation et qu’il modifie son drapeau.
• Les 16/17 février 1994, il interdit le port de Salonique au marchandises macédoniennes
et ferme à celles-ci la frontière gréco-macédonienne. Athènes bloque l’entrée de la Macédoine
à l’OSCE.
• 1995, le gouvernement hellénique lève son blocus, après que Skopje ait décidé de
modifier les armoiries de l’État.

Le règne de Tito (1945-1980) et le post-titisme

• Rompant avec Staline en juin 1948, Tito cherche sa propre voie vers le socialisme.
• Démocratie socialiste autogestionnaire
• Isolation
• La constitution de 1946, dépassée, est remplacé par un nouveau texte constitutionnel de
1953 ;
• La constitution de 1974 - chaque République et province autonome. La Fédération n’est
plus une structure supérieure aux entités fédérées mais un instrument visant à réaliser les
intérêts communs (indépendance, intégrité territoriale, relations internationales, droits de
l’homme, coordination du développement économique…).
• La Yougoslavie est une République socialiste fédérative comprenant six républiques et
deux provinces autonomes dans le cadre de la république de Serbie.
• La présidence de la République fédérale (organe collégial créé en 1971, il ne fonctionne
que depuis la mort du président Tito en 1980), elle comprend neuf membres, (8 représentant
des républiques et des provinces et le président de la Ligue des Communistes). Le président de
la Présidence fédérale est élu parmi les membres du collège pour une année, selon un principe
de rotation.
• Chaque république ou province autonome a sa propre constitution et son propre
Parlement.

Le post-titisme

• Tito décède le 4 mai 1980;


• Ayant exercé un pouvoir quasi charismatique, il n’a pas véritablement préparé sa
succession. Le système qu’il a mis en place, lui survit péniblement une dizaine d’années ; puis
s’effondre en 1990/91.
• Slobodan Milosevitch (né en 1941), juriste qui entre à la Ligue des Communistes en
1959.
• Secrétaire de la Ligue des Communistes de Serbie en 1987, il développe un discours à la
fois nationaliste et populiste en se faisant l’ardent défenseur du centralisme serbe.

Le Congrès du changement (janvier 1990) et le multipartisme

• Le XIXème Congrès extraordinaire de la LCY


• Les pouvoirs communistes s’écroule en Bulgarie, en Roumanie et en Hongrie.
• Vives tensions entre Slovènes (soutenus par les Croates) et Serbes. Après de vives
discussions,
• Il abolit le rôle dirigeant de la Ligue des Communistes au sein de la Fédération et
reconnaît le pluralisme politique.
• Aussitôt l’édifice yougoslave s’effondre.
• En février 1990 la Ligue des Communistes de Slovénie déclare rompre tous les liens
avec la Ligue des Communistes de Yougoslavie et se transforme en Parti du changement
démocratique.
• En août 1990 le Parlement fédéral de Belgrade modifie la constitution. Il adopte trois
projets de la loi supprimant l’autogestion des entreprises. Désormais, l’économie de marché, le
pluralisme politique, l’État de droit et la justice sociale seront les piliers de la nouvelle société
yougoslave.

Les élections libres

• La défaite des Communistes et la victoire du DEMOS (coalition de six partis du centre-


droite) en Slovénie et du HDZ ou Communauté démocrate croate (droite nationaliste) en
Croatie.
• Le 2 juillet 1990, l’assemblée slovène proclame la pleine souveraineté de la République
de Slovénie.
• Le leader du HDZ croate, Franjo Tudjman (1922-1999), un ancien général titiste et
historien, (exclu de la Ligue des Communistes yougoslaves en 1967, il fera deux séjours en
prison pour délit d’opinion, en l’occurrence le nationalisme croate en 1972, puis de 1982 à
1984), déclare que la Croatie aspire à la souveraineté et à une plus grande indépendance dans
une confédération yougoslave. La minorité serbe de Croatie (12% de la population de la
république de Croatie) s’inquiète ses modifications constitutionnelles, d’autant plus que le
nouveau pouvoir limite l’emploi de l’alphabet cyrillique aux aires ayant une majorité des
population serbe
• Dans les quatre autres républiques, les Communistes conservent, pour l’instant, le
pouvoir.

L’agitation dans la Krajina croate et les élections libres en Macédoine (nov./déc. 1990)

• En Croatie, la minorité serbe proclame unilatéralement le 1er octobre 1990 une « Région
autonome » dans la Krajina.
• Le climat s’alourdit entre Zagreb et Belgrade. La Serbie veut défendre les Serbes de
Croatie contre les nationalistes croates du HDZ,
• des troubles éclatent en Croatie entre les deux communautés.
• L’Armée fédérale yougoslave s’agite et menace d’intervenir en Slovénie qui fait
sécession.
• En Macédoine, les tensions sont vivent entre la majorité macédonienne et la minorité
albanaise (qui représente près de 20% de la population). Pendant des élections législatives on
observera de nombreuses irrégularité et fraudes.

Les premières élections en ex-républiques yougoslaves


• En Bosnie-Herzégovine, la présence de trois grandes communauté ethno-religieuses
(serbe, musulmane et croate) rend le scrutin difficile.
• Les 18 novembre et les 8/9 décembre 1990, le peuple élit les deux Chambres du
Parlement de Sarajevo ainsi que les sept membres du Præsidium (composé de 2 Serbes, 2
Musulmans et 2 Croates et d’un septième choisi au sein de l’une des trois communautés).
• Toujours est-il que les trois partis nationalistes (Parti de l’Action démocratique, Parti
démocratique serbe et HDZ ou Union démocratique croate) occupent les sept sièges de la
Présidence collégiale (Alija Izetbegovitch, musulman et ancien prisonnier politique sous le
régime communiste) est choisi le 20 décembre 1990 comme Président de l’État, tandis que Jure
Pelivan du HDZ croate devient premier Ministre. Quant à Momcilo Krajisnik du Parti
démocratique serbe, il assume les fonctions de président du Parlement.
• C’est ainsi que le 25 mars 1992, lors d’une réunion secrète à Karadjorjevo en
Voiévodine, les présidents croate Tudjman et serbe Milosevitch envisagent une partition de la
Bosnie-Herzégovine entre les deux États.

L’indépendance de la Slovénie et de la Croatie et l’inquiétude de l’Occident

• des incidents en Croatie entre l’Armée fédérale yougoslave et les Croates,


• la Présidence fédérale de la Yougoslavie commence à connaître des difficultés de
fonctionnement.
• En Croatie referendum en faveur d’une souveraineté et indépendance.
• Les Serbes de Croatie confirment leur appartenance à la Yougoslavie avec la Serbie et le
Monténégro.
• Les Européens et les Américains sont impuissants et divisés. Ils se montrent incapables
d’arrêter la processus de désintégration de l’État fédéral yougoslave et la marche vers la guerre.
• L’ONU n’est pas intervenu, au début de l’effondrement de l’édifice yougoslave. Bref, la
communauté internationale n’a pas témoigné d’un grand intérêt pour ce qui se déroulait dans
les Balkans.
• Les Occidentaux et les Américains proclament leur attachement à la fédération
yougoslave et rappellent le principe de l’intangibilité des frontières (Acte final d’Helsinki de
1975).
• Après la guerre en Slovénie, et l’éclatement du conflit en Croatie, en été 1991, la
communauté européenne croit pouvoir sauver quelque chose de la Fédération yougoslave.
Mais, très rapidement, la crise s’aggrave, d’autant plus que des divergences apparaissent au
sein de la Communauté européenne. C’est ainsi que l’Allemagne fédérale du chancelier Helmut
Kohl est favorable aux Croates et hostiles aux Serbes.

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