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CHAPITRE 2

MODULATION

La modulation est l’application qui fait correspondre à une suite de symboles numériques,
appelé message, (qui est une entité abstraite et qui peut être la sortie d’une source ou la sortie
d’un codeur de canal) un signal continu capable de traverser le canal de transmission et que
l’on appelle signal modulé. Ce signal est donc l’entité physique qui véhicule le message
numérique. Avec cette définition, il convient de se détacher de la notion de modulation
analogique. En effet, on distinguera deux types de modulation.

A. MODULATION EN BANDE DE BASE

Typiquement, il s’agit là du type de transformation de la figure 2.1.

Figure 2.1.

La suite de symboles (binaires ou M-aires) est transformée en une succession


d’impulsions. Dans la figure 2.1. M = 4, et à chaque symbole, le modulateur associe un signal
sous forme d’une impulsion rectangulaire de durée T et de hauteur -3, -1, 1 ou 3. Les impulsions
peuvent toutefois avoir une forme non rectangulaire. Cette opération est appelée modulation
d’impulsions en amplitude (MIA), [Pulse Amplitude Modulation (PAM)]. Il se trouve que le
spectre du signal continu ainsi obtenu est situé autour de la fréquence 0; on dit alors que le
signal est en bande de base. Nous sommes donc loin de l’emploi du terme modulation en
communications analogiques (où il s’agit toujours de moduler une porteuse à haute fréquence).
Néanmoins, le signal numérique en bande de base est tout à fait susceptible d’être transmis
(par exemple sur de courtes distances sur paire de fils téléphoniques). Notons que la MIA est
souvent un préalable à l’opération de modulation d’une porteuse, qui vise à translater le support
fréquentiel du signal en bande de base pour le mettre dans la bande passante du canal.

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B. MODULATION D’UNE PORTEUSE

Comme dans les communications analogiques, le message est transformé en un signal


dont la bande est incluse dans la bande passante du canal alloué. Nous serons amenés à
distinguer dans cette catégorie les modulations linéaires et les modulations angulaires
(appelées aussi non linéaires), même si la distinction ne revêt pas la même importance que
celle qu’elle a en communications analogiques. Nous verrons en effet que certains signaux
peuvent être à la fois considérés comme modulés en phase ou en amplitude.

La suite de ce chapitre consiste en une classification des différentes modulations


employées couramment.

1. Modulation d’impulsion en amplitude (MIA), code en ligne

La modulation MIA permet la génération du signal numérique le plus élémentaire que l’on
puisse imaginer ; celui où chaque symbole ak, émis à l’instant kT, module l’amplitude d’une
impulsion hm(t-kT) qui représente la translation à l’instant kT d’une impulsion-type hm(t). La
figure 2.1. montre un signal numérique issu d’une suite 4-aire qui module une suite d’impulsions
rectangulaires. L’origine de l’emploi du terme de modulation dans ce contexte vient de l’image
qui consiste à considérer que la suite des symboles numériques vient moduler un train temporel
d’impulsions, de la même façon que l’amplitude d’un message analogique vient moduler une
porteuse sinusoïdale.

La MIA la plus utilisée est binaire. Plusieurs formats (ou formes d’ondes) sont possibles.
Ces formats sont appelés code en ligne. La figure 2.2. montre quelques codes en lignes
utilisées pour représenter ou véhiculer un message composé des symboles binaires suivants :
0110100011.

Figure 2.2.

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a) Le code unipolaire (figure a) : Le symbole 1 est représenté par une impulsion rectangulaire
et le symbole 0 est représenté par un signal nul (modulation par tout ou rien). Lorsque
l’impulsion dure un temps égal à l’intervalle entre deux symboles consécutifs (cas de la figure
a) le format est appelé non retour à zéro (NRZ). Si l’impulsion dure une fraction de l’intervalle
(souvent la moitié) le format est appelé retour à zéro (RZ).

b) Le code polaire (figure b) : Le symbole 1 est représenté par une impulsion rectangulaire
positive et le symbole 0 par une impulsion rectangulaire négative. L’impulsion peut être de
type NRZ ou RZ.

c) Le code bipolaire (figure c) : Les impulsions peuvent prendre trois amplitudes. Le symbole 0
est représenté par une impulsion d’amplitude 0 et le symbole 1 par une impulsion
rectangulaire positive ou négative en alternance. Ceci introduit une corrélation entre les
amplitudes permettant de modifier le spectre du signal comme on le verra lors de l’étude de
la densité spectrale de puissance (DSP) des signaux. On verra que la DSP de ce code est
nulle au voisinage de la fréquence zéro. Ceci permet au signal de passer à travers des
circuits couplés par transformateurs. Ce code présente aussi l’avantage d’être insensible à
une inversion de polarité qui peut survenir dans le réseau téléphonique. De plus, l’alternance
permet de détecter une erreur de détection éventuelle en vérifiant à la réception la règle
d’alternance. L’impulsion peut également être NRZ ou RZ.

d) Code biphasé ou Manchester (figure d) : Le symbole 1 est représenté par une impulsion de
la forme suivante :

 A; 0 〈 t 〈 T/2

h( t ) = -A ; T / 2 〈 t 〈 T
0 ; Ailleurs

où A est une constante et T la durée entre deux symboles consécutifs. Le symbole 0 est
représenté par une impulsion -h(t). Comme on le verra, le spectre de ce code occupe une
bande plus large que celui utilisant des impulsions NRZ mais les transitions au milieu de
l’intervalle bit simplifient la synchronisation de l’horloge à la réception. Les codes en ligne, se
distinguent par leur forme simple (une succession d’impulsions rectangulaire). Ils sont donc
faciles à engendrer et à recevoir.

1.1. Modélisation du signal MIA

Le signal numérique MIA peut être représenté mathématiquement par :

x(t) = ∑
k
ak h(t-kT) (2.1)

où ak est un symbole prenant M valeurs discrètes et hm(t) représente la forme de l’impulsion de


base. Par exemple dans le code pôlaire binaire M = 2, ak est 1 ou -1 et :

A ; 0 〈 t 〈 T
h( t ) =  (2.2)
0 ; Ailleurs
Pour simplifier la représentation, il est commode de considérer que le signal MIA sort d’un
filtre de réponse impulsionnelle h(t), conformément à la figure 2.3. Ce modèle général est utile
sur le plan formel, car il facilite certains calculs et unifie la représentation. Par exemple, dans la
figure 2.4, si le signal MIA est filtré linéairement par un filtre g(t), le signal x’c(t) qui en résulte est
un signal MIA que l’on peut considérer comme issu de la mise en cascade de deux filtres h(t) et
g(t).

11
Figure 2.3.

Figure 2.4.

La transmission en bande de base peut être précieuse, étant donnée son extrême
simplicité de mise en oeuvre, par exemple pour des liaisons courtes, lorsqu’on n’a pas besoin
d’un bon rendement en bit/sec/Hz. La MIA peut être aussi perçue comme une étape préalable à
certaines modulations de porteuse.

1.2. Critères de choix d’un code en ligne

Pour les transmissions en bande de base, le milieu de transmission est constitué par un
câble (bifilaire ou coaxial) caractérisé par sa bande passante. Le code en ligne doit d’abord être
choisi pour assurer la compatibilité entre le débit D à transmettre et la bande passante du milieu
de transmission (choix d’un nombre d’états M).

D’autres contraintes peuvent encore exister pour le choix d’un code en ligne ; illustrons-
les à l’aide de deux exemples.

- Lorsque la distance entre la source de message et le destinataire est importante, alors le


signal issu du codeur en ligne doit être périodiquement “régénéré” pour compenser
l’atténuation apportées par le câble. Cette opération de régénération est réalisée à l’aide de
dispositifs électroniques (répéteurs-régénérateurs) qu’il faut alimenter en courant continu. Ce
courant continu, dit de téléalimentation, et le signal associé au code en ligne utilisent en
général le même câble pour des raisons économiques évidentes. Pour éviter toute
interférence entre ces deux signaux, le spectre du code en ligne doit alors être nul au
voisinage de la fréquence zéro (le spectre d’un courant continu est constitué par une raie à la
fréquence zéro).

- Pour réaliser le décodage, le récepteur a besoin de connaître le rythme de la transmission,


c’est-à-dire la fréquence, égale à 1/T, à laquelle les symboles ak ont été transmis. La
présence d’une raie à cette fréquence, dans le spectre du code en ligne, facilite la
récupération du rythme à la réception.

1.3. Densité spectrale de puissance d’un code en ligne

Avant de donner l’expression de la densité spectrale de puissance d’un code en ligne,


remarquons que le signal MIA, x(t), peut être interprété comme le résultat de filtrage d’un signal
a(t) par un filtre dont la réponse impulsionnelle est égale à la forme d’onde h(t) :

x(t) = y(t) * h(t)

avec y(t) = ∑
k
akδ(t-kT)

Ainsi la densité spectrale de puissance Sx(f) du signal x(t) peut s’exprimer en fonction de
la densité spectrale de puissance, Sy(f) du signal y(t) par la relation :

12
Sx(f) = Sy(f) . H(f)
2
(formule de filtrage)

où H(f) est la transformée de Fourier de h(t) et Sy(f) est la densité spectrale de puissance de
y(t).

Le calcul de la densité spectrale de puissance Sy(f) du signal y(t) est développé en


annexe 2, dans le cas général de symboles ak corrélés. On obtient :

1 j2πfT 2
Sx(f) = Sa(e )H(f) (2.3)
T

où Sa(e
j2πfT
)= ∑
K∈Z
Ra(k) e
-j2πfkT
(2.4)

Ra(k) = E(an . an-K*) étant la fonction d’autocorrélation des symboles.

Ce résultat est fondamental. La densité spectrale de puissance de x(t) dépend du module


de la transformée de Fourier de l’impulsion h(t) et de la DSP de la fonction d’autocorrélation des
symboles. Ce sont ces deux degrès de liberté que l’on utilise pour donner à la DSP la forme
souhaitée.

1.3.1. Présence de raies spectrales

Dans tous les cas d’intérêt pratique, les raies ne peuvent provenir que d’une moyenne
non nulle de la suite de symboles. Nous nous proposons dans cette section d’examiner
comment la DSP se décompose dans ce cas en une partie continue et un ensemble de raies.

Nous supposons donc ici que la suite ak n’est pas centrée, de moyenne ma, et nous
introduisons la suite centrée a ck où :

a ck = ak - ma

Regardons comment se transforme la formule du spectre, en commençant par le calcul


de l’autocorrélation de la suite centrée :

R a c (k) = E{ a cn a cn*− k }

= Ra(k) - ma
2

La DSP de la suite centrée est donc :

S a c (ej2πfT) = ∑k
R a c (k) e-j2πfkT

= Sa(e ) - ma
j2πfT 2

k
e
-j2πfkT

En utilisant l’identité :

1 m
∑k
-j2πfkT
e =
T

m
δ(f -
T
)

on obtient :

13
1 m
Sa(e
j2πfT j2πfT
) = S a c (e )+
T
ma
2
∑ m
δ(f -
T
)

On peut donc reporter cette expression dans la formule (2.3) qui donne la DSP du signal
x(t) :

1 1 m 2 m
Sx(f) =
T
S a (e )H(f) + 2 ma
c
j2πfT 2

T
2

m
H(
T
) δ(f -
T
) (2.5)

Le premier terme représente un spectre continu en f (sauf dans des cas “pathologiques”
m
sans intérêt pratique). Le deuxième est un spectre de raies situées aux fréquences { ± ;
T
m
m = 0,1,2,...}. Les raies n’existent évidemment pas aux fréquences {± } pour lesquelles
T
H(m/T) = 0.

Bien entendu, la formule obtenue laisse les raies disparaître lorsque m d = 0, c’est-à-dire
lorsque la suite des symboles est centrée.

m
Les raies apparaissent évidemment aux fréquences {±(f0 ± ) ; m = 0,1,2,...} dans le
T
cas d’un signal modulé sur porteuse.

Dans la majorité d’applications, ces raies sont indésirables et on s’arrange pour les
éviter en prenant soin d’avoir une suite centrée de symboles. En effet, elles correspondent à des
signaux qui consomment de l’énergie, et l’on préfère souvent donner cette énergie à la partie
continue du spectre qui contient l’information.

En effet, l’expression (2.1) du signal s’écrit :

xn(t) = ∑
k
a ck h(t-kT) + ma ∑
k
h(t-kT)

C’est le deuxième terme qui est responsable des raies, mais c’est le premier qui véhicule
l’information ak et dont l’énergie, comme on le verra, détermine les performances en présence
de bruit du système de communications.

On peut se demander, dans ces conditions, pourquoi les raies sont conservées dans
certaines applications. Il se trouve que la présence de ces raies peut avoir un côté utile. Elles
contiennent effectivement des informations sur la fréquence porteuse f0 et sur le rythme 1/T des
symboles. Les raies peuvent donc servir à la récupération de ces oscillations qui sont
nécessaires pour une bonne réception (la situation est analogue à celle de la modulation
d’amplitude analogique avec porteuse).

Pour résumer, le calcul du spectre du signal numérique nous a conduit à la formule (2.5)
qui fait intervenir conjointement la forme de l’impulsion et l’autocorrélation de la suite des
symboles. Les raies éventuelles présentes dans le spectre sont dues à la moyenne non nulle de
la suite de symboles.

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1.4. LE CODE POLAIRE NON RETOUR A ZERO BINAIRE

Dans ce code les symboles ak sont équiprobables et appartiennent à {1,-1} et l’impulsion


h(t) est un simple rectangle de durée T :

Figure 2.5.

A ; 0 〈 t 〈 T
h( t ) = 
0 ; Ailleurs
Nous sommes en mesure, avec cette définition, de calculer le spectre de ce code :

ma = E{ak} = 0

Ra(0) = 1

Ra(k) = 0 ; k ≠ 0

Nous arrivons finalement à l’expression du spectre :

 sin π Tf 
2

Sx(f) = A T  
2

 π Tf 

Figure 2.6.

La figure 2.6. donne la forme de ce spectre qui fait intervenir le carré d’un sinus cardinal.
Le lobe principal couvre la bande (-1/T,1/T). Il contient 91% de l’énergie totale du signal. La DSP
-2
décroît lentement en f .

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1.5. CODE UNIPOLAIRE RETOUR A ZERO (RZ) BINAIRE

Dans ce code les symboles ak sont équiprobables et appartiennent à {1,0} et l’impulsion


est un rectangle de durée T/2 :

Figure 2.7.

A ; 0 〈 t 〈 T / 2
h( t ) = 
0 ; Ailleurs
Le calcul du spectre se fait tout simplement ; cf. Problème III.2. On a :

ma = E{ak} = 0.5

Les symboles sont de moyenne non nulle, des raies spectrales donc existent.

Ra(0) = 0.5

Ra(k) = 0.25 ; k ≠ 0

Nous arrivons finalement à l’expression du spectre :

1 2  sin π Tf / 2   sin π m / 2 
2 2
A2 m
Sx(f) =
16
A T
 π Tf / 2 
 +
16
∑m

 πm / 2 
 δ(f - )
T

Figure 2.8.

La figure 2.8. donne la forme de ce spectre. Les raies sont symbolisées par des flèches
dont la hauteur est égale à la pondération de la raie.

16
1.6. CODE BIPHASE (MANCHESTER, DIPHASE OU SPLITPHASE)

Dans ce code biphasé les symboles ak sont binaires, équiprobables, indépendants et


appartiennent à {1,-1} et l’impulsion est de la forme suivante :

 A ; 0 〈 t 〈 T/2

h( t ) = -A ; T / 2 〈 t 〈 T
 0 ; Ailleurs

Figure 2.9.

Le calcul est tout à fait analogue aux calculs précédents :

2
 sin 2 ( π Tf / 2) 
Sx(f) = A T  
2

 π Tf / 2 

Figure 2.10.

Sa forme est donnée par la figure 2.10. Il présente l’avantage de ne pas avoir de
puissance autour de la fréquence nulle, ce qui permet de transmettre un courant continu pour
alimenter à distance les répéteurs en énergie.

17
1.7. CODE BIPOLAIRE RZ

Dans le code bipôlaire RZ, l’impulsion est de type RZ. Les symboles sont corrélés. Ils
peuvent prendre trois valeurs : 0, +1, -1. Un bit est représenté par la valeur 0 et l’autre bit (le
complément) par +1 ou -1, mais les valeurs +1 et -1 doivent alterner. Par exemple, après un +1,
le premier symbole non nul est obligatoirement -1.

Figure 2.11.

L’expression de la DSP est :

2
 T 
 sin π f
1 2 2
A T sin (πTf)  
2
Sx(f) =
4  π T 
f
 2 

Figure 2.12.

La figure 2.12. montre la forme du spectre ou on constate que la fréquence nulle est
dégagée permettent de transmettre avec le signal le courant de télé-alimentation.

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2. MODULATION SUR PORTEUSE

La modulation d’une porteuse a pour but de créer un signal “passe-bande”, c’est-à-dire un


signal dont la densité spectrale de puissance est non nulle seulement pour les fréquences f
vérifiant :

0 < f1 ≤ f ≤ f2 < + ∞

Deux types de modulation sont possibles : la modulation linéaire et la modulation


angulaire.

2.1. Modulation linéaire

Le signal passe-bande, x(t), est représenté par l’équation suivante :

x(t) = xc(t) cos 2πf0t - xs(t) sin 2πf0t (2.6)

xc(t) et xs(t) étant respectivement la composante en phase et la composante en


quadrature du signal (x(t).

L’étude des procédés de modulation, c’est la recherche des moyens qui permettent de
passer de la suite des symboles numériques à un tel signal passe-bande. L’information relative
à ces symboles sera contenue dans les signaux xc(t) et xs(t).

Cette étude des procédés de modulation sera facilitée, au niveau du calcul, par l’emploi
des équivalents en bande de base : l’enveloppe complexe xb(t) et les composantes en
quadrature xc(t) et xs(t) du signal passe-bande que l’on souhaite obtenir. Rappelons la relation
qui lie ces trois signaux (dont l’un au moins, l’enveloppe complexe, est fictif, et n’est introduit que
pour les besoins des calculs).

j2 π f 0 t
x(t) = Re{xb(t) e } (2.7)

xb(t) = xc(t) + jxs(t) (2.8)

Nous pourrons donc représenter schématiquement l’opération de modulation par l’un des
dessins de la figure 2.13. dans laquelle, comme dans toute la suite, un double trait représentera
un signal ou un filtre complexe.

Figure 2.13.

Dans le cas le plus général, le signal modulé x(t) véhicule des informations distinctes à
travers xc(t) d’une part et xs(t) d’autre part. Ce “mélange” de deux informations dans le même

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signal passe-bande est en effet parfaitement possible car la récupération de xc(t) et de xs(t) à
partir de x(t) est possible si et seulement si xc(t) et xs(t) sont de bande limitée à l’intervalle (-
B,B), avec B < f0. Il suffit de réaliser le calcul suivant :

xc(t) = x(t) cos(2πf0t) + H[x(t)] sin(2πf0t)

xs(t) = H[x(t)] cos(2πf0t) - x(t) sin(2πf0t)

où H[x(t)] désigne la transformée de Hilbert de x(t).

En effet l’enveloppe complexe s’exprime de la manière suivante :

− j2 π f 0 t
xb(t) = {x(t) + j H[x(t)]} e

ce qui permet de récupérer xc(t) et xs(t) comme parties réelle et imaginaire de l’enveloppe
complexe. La figure 2.14. illustre le principe de cette démodulation.

Figure 2.14.

Il est également possible de démoduler le signal passe-bande x(t) selon la figure 2.15. ce
qui nécessite l’emploi de filtres passe-bas qui éliminent la composante créée par le produit
autour de la fréquence 2f0 .

Figure 2.15.

Les composantes en phase et en quadrature du signal modulé x(t) sont deux signaux en
bande de base. Elles sont alors considérées comme étant deux signaux MIA :

20
xc(t) = ∑
k
akhm(t-kT)

xs(t) = ∑
k
bkh’m(t-kT)

où les symboles ak sont Ma - aires, et les bk Mb - aires. On considère, dans le cas le plus
général, que les deux MIA n’utilisent pas nécessairement les mêmes formes d’impulsion. On
peut représenter ces dernières par la réponse impulsionnelle de deux filtres linéaires hm(t) et
h’m(t) dont les caractéristiques spectrales (fonction de transfert) sont choisies par le concepteur.
La figure 2.16. traduit ces équations sous forme de dessins.

Figure 2.16.

La modulation linéaire sera pour nous un cadre conceptuel, et certaines modulations


linéaires utilisées dans la pratique vont en être présentées comme des cas particuliers.

2.1.1. Modulation d’amplitude en quadrature (MAQ)

La modulation d’amplitude en quadrature (MAQ) [Quadrature Amplitude modulation


(QAM)], appelée aussi modulation bidimensionnelle ou modulation par déplacement
d’amplitude [Quadrature Amplitude Shift Keying (QASK)] ou encore modulation par déplacement
d’amplitude et de phase [Amplitude and Phase Shift Keying](!). Elle correspond à la modulation
linéaire la plus générale, avec toutefois cette restriction que les impulsions des deux MIA sont
les mêmes h’m(t) = hm(t). Il est donc possible de représenter une MAQ par un schéma complexe
(figure 2.17).

Figure 2.17.

Dans ce modèle, l’enveloppe complexe du signal transmis s’écrit :

xb(t) = ∑
k
{akhm(t-kT) + jbkhm(t-kT)}

21
xb(t) = ∑
k
dkhm(t-kT) (2.9)

dk = ak + jbk (2.10)

Les {dk} sont des symboles complexes(ou bidimensionnels) M-aires avec M = MaMb . On
appelle MAQ-M une MAQ correspondant à des symboles M-aires. Le terme “quadrature” de
MAQ, ainsi que l’appellation “bidimensionnelle” viennent de la présence effective de deux
composantes en quadrature xc(t) et xs(t), qui permettent l’émission simultanée de deux trains de
symboles ou, si l’on préfère, la modulation par des symboles complexes.

x(t) = Re{ ∑
k
dkhm(t-kT) e
j2 π f 0 t
} (2.11)

x(t) = ∑
k
akhm(t-kT) cos(2πf0t) - ∑
k
bkhm(t-kT) sin(2πf0t) (2.12)

On peut représenter géométriquement les symboles dk dans le plan complexe. Cette


représentation est appelée constellation.

Exemples :

a) MAQ-4

Les symboles ak et bk appartiennent à {-1;+1} et chaque symbole dk représente 2 bits.

Figure 2.18.

22
b) MAQ-16

Chaque symbole dk représente 4 bits. Les symboles ak et bk appartiennent à {±1; ±3}.

Figure 2.19.

Cette constellation est employée dans certains modems de 9600 bits/s où M = 16; ce qui
1
correspond à 4 bits/s et un rythme = 2400 Bauds.
T
c) MAQ-M générale

Chaque symbole dk représente log2(M) bits. Les symboles ak et bk appartiennent à


{±1 ; ±3 ; ... ; ±( M - 1)}.
d) MAQ-32

On utilise aussi des modulations MAQ-M, dans lesquelles M n’est pas un carré parfait
L
(exemple M = 2 , L impair). Le signal ne peut alors être obtenu comme une combinaison de
deux porteuses en quadrature modulées en amplitude par des symboles ak et bk indépendants.
2
Du moins si N désigne le carré parfait immédiatement supérieur à M, on peut construire le
signal MAQ-M comme une combinaison de deux modulations d’amplitude à N états, en
2
interdisant N - M des combinaisons possibles.

Par exemple, la modulation MAQ-32 (M=32) est obtenue à partir d’une modulation MAQ-
2
36 (N = 36) de laquelle quatre états sont exclus :

Les symboles ak et bk peuvent prendre les valeurs {±1 ; ±3 ; ±5} et les 4 états de la forme
(±5 ; ±5) sont interdits.

Figure 2.20.

23
Spectre de la MAQ-M

L’enveloppe complexe d’une modulation MAQ-M est un signal MIA obtenu par modulation
de symboles dk complexes.

La densité spectrale de puissance est alors égale à :

1 j2πfT 2
Sxb(f) = Sd(e )Hm(f)
T

En supposant que les symboles dk sont centrés et non correlés on trouve :

1
Rd(O) Hm(f)
2
Sxb(f) = (2.13)
T

1
Or Sx(f) = [Sxb(f-f0) + Sxb(-f-f0)] (2.14)
4

1
⇒ Rd(0)[Hm(f-f0) + Hm(f+f0) ]
2 2
Sx(f) = (2.15)
4T

Précisons que dans cette modulation la forme de l’impulsion hm(t) est quelconque. Très
souvent, cette impulsion est à bande étroite, comme c’est le cas dans les communications sur
canal téléphonique et sur faisceaux hertziens. Dans ces deux applications le nombre de points
de la constellation des symboles dk peut prendre des valeurs comme 4, 16, 32, 64 ou 256.

La prochaine modulation linéaire introduite est un cas particulier de la MAQ qui présente
une propriété appréciée dans les canaux non-linéaires (voir Annexe 3); c’est son enveloppe
constante.

2.1.2. Modulation par déplacement de phase (MDP)

La MDP [Phase Shift Keying (PSK)] est un cas particulier de la MAQ qui se caractérise
par les deux restrictions suivantes :

1) L’impulsion hm(t) est de forme rectangulaire :

A ; 0 ≤ t 〈 T
h m (t) = 
0 ; Ailleurs
où A est une constante.

2) La constellation des symboles complexes dk est circulaire, i.e.

dk = e jφ k
Avec la forme d’impulsion évoquée, les fonctions {hm(t-kT)} sont disjointes et, par
conséquent, l’expression du signal en MAQ (2.12), dans l’intervalle (nT, nT+T), devient :

x(t) = Re{dn A e j2 π f0 t } ; nT ≤ t < nt + T


ce qui signifie que dans l’intervalle en question, les symboles voisins de dn ne contribuent pas à
la génération du signal.

La restriction de dn = 1 donne au signal MDP, dans l’intervalle (nT, nT+T) la forme
suivante :

24
x(t) = Re {A e (
j 2 π f0 t + φ k )
} ; nT ≤ t < nt + T (2.16)

On constate donc que c’est la phase de la porteuse qui est modulée par l’argument de
chaque symbole, ce qui explique le nom donné à la MDP. En outre, l’expression (2.12) de la
MDP montre une caractéristique intéressante : il s’agit d’une modulation à enveloppe
constante ; l’enveloppe étant le module de l’enveloppe complexe. Cette propriété est très
appréciée dans des transmissions sur des canaux non-linéaires, pour la raison expliquée dans
l’Annexe 3 ; ce qui fait de la MDP un outil de choix par exemple pour les transmission par
satellites. L’intérêt d’avoir un signal modulé à enveloppe constante est déjà apparu dans les
communications analogiques. Cela permet d’employer les amplificateurs dans leur zone de
meilleur rendement qui correspond souvent à un mode de fonctionnement non linéaire.

On appelle MDP-M une MDP correspondant à des symboles M-aires. La figure 2.21
montre différentes constellations de MDP pour M=2 , 4 et 8.

Figure 2.21.

Remarquons que les constellations MDP-2 et MDP-4 sont respectivement identiques à


celles des MAQ-2 et MAQ-4 ; la différence se situe évidemment dans la forme de l’impulsion. La
figure 2.22. montre la forme du signal MDP-2.

Figure 2.22.

On peut imaginer bien-sûr plusieurs MDP-M pour la même valeur de M! Pour améliorer
les performances par rapport au bruit, on impose aux symboles d’être équirépartis sur le cercle

25
(il sera facile de les discerner en moyenne). L’ensemble des phases possibles est donc le
suivant :
m
{2π + θ ; m = 0 , 1 , ... , (M-1)}
M

où θ est un éventuel déphasage.

Le signal MDP pourrait sembler moins intéressant qu’un signal MAQ qui compterait
autant de symboles complexes. En effet, comme nous le verrons, pour M > 4 la MDP résiste
moins bien au bruit que la MAQ.

De plus, une difficulté surgit. La forme rectangulaire de l’impulsion, qui est une condition
nécessaire pour le maintien de la propriété d’enveloppe constante, implique que la largeur de
bande du signal MDP est infinie. Pour économiser le spectre un filtrage réduisant la bande
occupée par le signal et entraînant une détérioration acceptable de l’enveloppe s’impose donc.
Ainsi dans la pratique le signal MDP est un MDP filtré, il perd la forme d’impulsion
rectangulaire, mais il garde la constellation circulaire imposée par la condition dk = e jφ k .
Spectre de la MDP-M

En supposant que les symboles dk sont centrés décorrelés on trouve :

1 2
Sxb(f) = Rd(O)Hm(f)
T

A 0 ≤ t〈T
Or : h m (t) = 
0 Ailleurs

 sin π fT 
2

⇒ Hm(f) = A T  
2 2 2

 π fT 

 sin π fT 
2

⇒ Sxb(f) = A Rd(0)T  
2
(2.17)
 π fT 

Figure 2.23.

Ainsi et comme l’indique la figure 2.23., la DSP de signal MDP-2 est la simple translation
autour de f0 et -f0 de la DSP du signal NRZ binaire. Un problème se pose, à ce propos. Le signal
obtenu n’est pas passe-bande, ce qui contredit nos hypothèses de départ! Pour lever cette

26
-2
contradiction, il suffit de considérer que la DSP, qui décroît en f est négligeable au voisinage de
la fréquence nulle. Autrement dit, nos hypothèses restent tout à fait valables si l’on suppose que
f0T >> 1, ce qui est le cas en pratique.

Le système de modulation prochain est encore un cas particulier de la MAQ.

2.1.3. Modulation monodimensionnelle

La modulation dite monodimensionnelle est une modulation linéaire dont le terme en


quadrature est absent, voir la figure 2.24. Le signal obtenu à la suite d’une modulation
monodimensionnelle s’écrit donc :

x(t) = ∑
k
ak hm(t-kT) cos(2πf0t) (2.18)

Figure 2.24.

Ce type de modulation est particulièrement simple à réaliser, mais ses performances sont
inférieures à celles de la MAQ, tant sur le plan de la résistance au bruit (pour M > 2) qu’au
niveau de l’utilisation de la bande (nous verrons que la bande occupée est la même qu’en MAQ)
car l’absence des symboles en quadrature réduit de moitié la quantité d’information transmise.

Il est intéressant de rappeler que la MIA peut être considérée comme un cas particulier de
la modulation monodimensionnelle. Il n’est en effet, en bande de base, pas question de
composante en quadrature (puisque f0 = 0).

L’ensemble des modulations linéaires que nous venons de décrire constitue une classe
importante de techniques de modulation numérique. Les catégories introduites correspondent
aux distinctions habituelles, et peuvent avoir un caractère conventionnel. Par exemple, la MDP-2
peut parfaitement être considérée comme une modulation monodimensionnelle.

x(t) = Re {A e (
j 2 πf 0 t + φ n )
} ; φn = 0 ou π ; nT ≤ t < nT+T
= an A cos(2πf0t) ; an = 1 ou -1 ; nT ≤ t < nT+T

De même, toute MDP peut être perçue comme une modulation angulaire (ce qui ne
l’empêche pas de rester linéaire).

DSP de la modulation monodimensionnelle

1
Ra(0) Hm(f)
2
S x b (f ) =
T

27
2.1.4. Modulation MSK (minimum shift keying)

La figure 2.25. montre le schéma de principe de cette modulation.

Figure 2.25.

C’est une modulation bidimensionnelle où :

 2E b  1/ 2  πt 
  cos  ; -T ≤ t 〈 T
h m ( t ) =  T   2T 
0
 ; Ailleurs

et
h’m(t) = hm(t-T)

Figure 2.26.

Les symboles ak et bk sont binaires prenant des valeurs dans {+1;-1} et émis aux instants
séparés par 2T. Ainsi la MSK véhicule 2 bits par 2T ou un bit par T ; ce qui signifie qu’elle
transporte la même quantité d’information qu’une MDP-4 (qui exploite également la voie en
quadrature) travaillant avec un intervalle symbole égale à 2T.

L’équivalence entre la MSK et la MDP-4 se manifeste dans deux autres aspects : elles
ont, comme on le verra, les mêmes performances face au bruit et comme la MDP-4 (non filtrée),
la MSK a une enveloppe constante qui la rend désirable pour la transmission sur des canaux
non-linéaires comme le canal satellite. Pourtant ce qui distingue la MSK c’est la forme lisse de
son impulsion qui induit une occupation spectrale plus réduite que celle de la MDP-4 non filtrée.

DSP de la MSK

En supposant que les symboles binaires en phase et en quadrature sont non corrélés, on
peut additionner algébriquement le spectre de chacune des branches.

On obtient le résultat suivant pour la DSP du signal équivalent en bande de base :

28
 cos(2 πfT) 
2
E
Sxb(f) = 32 2b (2.19)
π 1 - 16 f 2 T 2 

-4
Cette expression montre que la DSP décroit en f . Ceci est à comparer avec la
-2
décroissance en f de la MDP non filtrée (à enveloppe constante).

Figure 2.27.

2.2. Les modulations angulaires

L’avantage principal des modulations angulaires est leur enveloppe constante. Un autre
avantage réside dans la possibilité qui s’offre d’utiliser des systèmes simples de réception non
cohérente.

Pour obtenir une enveloppe constante, on est amené à employer des modulations de type
angulaire où le signal modulé a une enveloppe complexe égale à :
jφ(t)
xb(t) = A e

A étant une constante et φ(t) une phase qui contient les symboles d’information.

Les modulations angulaires dont nous parlerons seront toutes des modulations de
fréquence. Autrement dit, c’est la dérivée de la phase φ(t) qui est reliée de façon simple
(linéaire) à la valeur des symboles, le tout constituant une relation non-linéaire (rappelons que la
MDP est une modulation angulaire linéaire).

La modulation numérique de fréquence la plus simple à concevoir et qui vient


immédiatement à l’esprit, c’est la MDF à phase discontinue. A chaque symbole correspond une
fréquence bien déterminée.

29
2.2.1. Modulation par déplacement de fréquence (MDF)

La MDF [Frequency Shift Keying (FSK)] est caractérisée par l’expression suivante du
signal modulé :

j2 π f 0 t
x(t) = Re{xb(t) e }

∆f


j2π a k .t
2
xb(t) = e h(t-kT) (2.20)
k

où la forme d’impulsion h(t) est rectangulaire de durée T.

A ; 0 ≤ t 〈 T
h( t ) = 
0 ; Ailleurs

et où ∆f est la différence entre deux fréquences voisines et les ak sont des symboles
numériques qui appartiennent à l’ensemble :

{± 1 , ± 3 , ... , ±(M-1)}

Dans l’intervalle (nT, nT+T), le signal modulé s’écrit :

 ∆f 
j2 π  f 0 + an  t
 
x(t) = Re{A e 2
} ; nT ≤ t < nT + T

Par exemple, dans le cas binaire, x(t) pourra prendre deux valeurs :

x(t) = A cos(2πfit) ; i = 1,2 ; nT ≤ t < nT + T (2.21)

avec

∆f ∆f
f1 = f0 - et f2 = f0 +
2 2
La fréquence instantanée du signal modulé “saute” d’une valeur à l’autre à chaque
changement de symbole, et le modulateur peut être symbolisé de la manière indiquée dans la
figure 2.28.

Figure 2.28.

Pour M = 2, le signal modulé prend la forme de la figure 2.29.

30
Figure 2.29.

∆f représente la différence de fréquence entre deux oscillateurs voisins. Il est évident que
la commutation d’un oscillateur sur l’autre, qui se fait en fonction du symbole correspondant au
nouvel intervalle de temps, ne peut garantir la continuité de la phase de x(t).

Ces discontinuités de phase sont regrettables, car elles entraînent un élargissement de la


bande du signal transmis. La MDF est pourtant précieuse en raison de la simplicité du
modulateur, de la possibilité d’une démodulation non cohérente et de sa tolérance des non-
linéarités. Elle est utilisée par exemple dans les satellites ou dans les émetteurs radio portatifs.
La MDF-2 est utilisée par ailleurs dans de nombreux modems à débit lent.

Le principal défaut de la MDF, sa large occupation spectrale due aux discontinuités de la


phase, a suscité la conception de la MDF à phase continue.

2.2.2. Modulations à phase continue (MPC)

La MPC [Continuous-Phase Modulation (CPM)] tire son nom de la technique qui consiste
à faire varier continûment la phase φ(t) du signal modulé en fonction des symboles
d’information ak. Une telle opération est rendue possible par l’emploi d’un filtre linéaire et d’un
oscillateur commandé en tension (OCT), comme le montre la figure 2.30.

Figure 2.30.

Ce signal x(t) issu de ce dispositif est de la forme :

x(t) = Re{A e
jφ(t)
e j2 π f0 t } = A cos(2πf0t + φ(t))
avec φ(t) continue.

En effet, le signal s(t) issu du filtre s’écrit :

31
s(t) = ∑ k
ak h(t-kT)

où ak est un symbole M-aire. Ce signal module la phase de l’oscillateur de la façon suivante :

t
φ(t) = 2πfd ∫
0
s(τ)dτ + φ0 (2.23)

où fd est un facteur d’échelle, φ0 est une phase initiale et φ(t) apparaît bien comme une fonction
continue du temps.

En jouant sur des paramètres comme le filtre h(t) qui donne la forme de l’impulsion, sur la
valeur de fd ou encore sur l’autocorrélation des symboles ak , on obtient un large éventail de
signaux qui diffèrent par leur spectre et par leur vulnérabilité vis à vis du bruit. Un cas particulier
de ces signaux, appelé GMSK, a été choisi pour le système radio mobile européen. Dans la
GMSK les symboles ak sont 1 ou -1 et la réponse impulsionnelle h(t) est en forme de cloche.

3.3. LARGEUR DE BANDE DU SIGNAL NUMERIQUE

Dans le système de multiplexage fréquentiel, une largeur de spectre donnée est


partitionnée en canaux occupant des intervalles des fréquences disjoints et chaque canal est
affecté à un utilisateur. Il est primordial d’éviter, ou au moins réduire l’interférence entre
canaux adjacents et de confiner le signal de chaque utilisateur à la bande qui lui est allouée.
Mais tout signal est de durée limitée et, par conséquent, sa bande est infinie. Ceci signifie que
l’interférence entre canaux adjacents est inévitable et que nous sommes amenés à définir une
largeur approximative de la bande limitant l’interférence entre canaux adjacents à un niveau
acceptable.

Si on a peu de scrupules à définir une largeur de bande pour le signal MAQ en admettant
que le filtre du modulateur est de bande “pratiquement” limité, en revanche il est moins aidé de
définir ce paramètre pour des signaux à enveloppe constante comme MDP (non filtré) et les
modulations à phase continue. La figure 2.31. montre différentes définitions conventionnelles de
la largeur de bande.

Figure 2.31.

B1 : C’est la largeur de bande à 3 dB où la DSP décroit de moitié par rapport à la fréquence


centrale. Cette convention du domaine des communications analogiques et ne peut pas
être acceptée pour les communications numériques car l’interférence entre canaux
adjacents est dans ce cas importante et dégrade sensiblement les performances.

B2 : C’est la bande équivalente telle que le produit de B2 par la DSP à la fréquence centrale
donne l’aire sous la courbe de la DSP.

B3 : C’est la bande correspondant à la largeur du lobe principal. Pour la MDP, elle est égale
à 2/T et contient 91% de la puissance totale.

32
B4 : C’est la bande qui garantie qu’en dehors d’elle la DSP est inférieure à un seuil fixé (50 dB
par exemple).

B5 : C’est la bande qui contient 99% de la puissance totale. Cette convention est motivée par
le problème de l’interférence entre canaux adjacents qui se pose dans les systèmes
d’accès multiple à répartition de fréquence. Elle a été adoptée par la commission
américaine de normalisation.

Le fait que nous ayons défini une largeur de bande nous autorise à définir un nouveau
paramètre qui qualifie un système de modulation.

3.4. EFFICACITE SPECTRALE D’UN SYSTEME DE MODULATION

On définit une mesure de l’efficacité spectrale d’une modulation par le paramètre :

Db
η= bit/sec/Hz (2.24)
B

où Db est le bit d’information transmise en bit/sec et B la largeur de la bande occupée par le


signal modulé telle qu’elle a été définie dans le paragraphe précédent. Pour un signal utilisant
des symboles M-aires, on aura :

1
η= log2M bit/sec/Hz (2.25)
TB

Remarquons que B est fonction du rythme 1/T. Ainsi, pour B et T donnés, l’efficacité
spectrale augmente, comme on pouvait s’y attendre, avec le nombre de bit/symbole log2M. C’est
en effet la raison d’être de la modulation M-aire.

Cette définition de l’efficacité spectrale nous permet de comparer les différentes


modulations, à commencer par les MAQ.

Dans les communications MAQ sur canal téléphonique, B = 1,25/T environ, ce qui donne
une efficacité spectrale η = 0,8 log2M.

Dans le cas de la MDP-M, il nous faut adopter une des définitions énumérées dans le
paragraphe précédent. Si on prend pour B la largeur du lobe principal, sit B=2/T, en étant bien
conscient que cette bande ne contient que 91% de la puissance totale du signal modulé,
l’efficacité spectrale est η = 0,5 log2M. Avant d’aborder le problème de la démodulation, il nous
faut préparer le terrain en étudiant précisément les transformations subies par ce signal
numérique modulé lors de son passage dans le canal de transmission. Tel est l’objet du
prochain chapitre.

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