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Ecole Supérieure Licence Professionnelle ERDD Université Cadi

de Technologie Protection et Schémas Ayad


Essaouira ESTE Module 7 Marrakech
Electriques

Chapitre 4 : la sélectivité et la protection

1. Introduction :
Les protections utilisées dans un réseau électrique constituent entre elles un ensemble cohérent dépendant
de la structure du réseau et du régime du neutre. Les protections doivent être sélectives, c’est à dire être
capables d’isoler le plus rapidement possible la partie du réseau affectée par un défaut et uniquement cette
partie, en laissant sous tension toutes les parties saines du réseau.
Différents moyens peuvent être employés pour assurer une bonne sélectivité dans la protection d’un réseau
électrique :
 Sélectivité ampèremétrique (par les courants) ,
 Sélectivité chronométrique (par le temps),
 Sélectivité par échange d’information, dite sélectivité logique,
 Sélectivité utilisant des protections directionnelles ou différentielles.

2. Sélectivité ampèremétrique :
2.1. Principe :
Elle est basée sur le fait que dans un réseau, le courant de défaut est d’autant plus
faible que le défaut est plus éloigné de la source.
2.2. Mode de fonctionnement :
Une protection ampèremétrique est disposée au départ de chaque tronçon : son seuil
est réglé à une valeur inférieure à la valeur de court-circuit minimal provoqué par
un défaut sur la section surveillée, et supérieure à la valeur maximale du courant
provoqué par un défaut situé en aval (au-delà de la zone surveillée).

2.3. Avantages et inconvénients :


Une fois réglée, chaque protection ne fonctionne que pour les défauts situés
immédiatement en aval de sa position, à l’intérieur de la zone surveillée ; elle est
insensible aux défauts apparaissant au-delà.
Cependant, en pratique, il est difficile de définir les réglages de deux protections en
cascade (tout en assurant une bonne sélectivité) lorsque le courant ne décroît pas de
façon notable entre deux zones voisines (ce qui est le cas en moyenne tension).
Par contre, pour des tronçons de lignes séparés par un transformateur, ce système
est avantageusement utilisé car simple, de coût réduit et rapide (déclenchement sans
retard).
L’exemple d’application le plus intéressant est le cas où deux
tronçons de lignes sont séparés par un transformateur (voir
figure ci-contre).
Le réglage Is de la protection à maximum de courant vérifie la
relation :

La sélectivité entre les deux protections est assurée.

2.4. Exemple :
Soit un réseau de distribution de tension composée Un=20KV et
de puissance de court-circuit SCC=200MVA.

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Ce réseau alimente un transformateur 20KV/410V de puissance nominale Sn=2MVA, sa tension de court-
circuit est de .
On demande de déterminer le réglage de seuil du disjoncteur A en amont du transformateur HT/BT.
Étape 1 :
On calcule le courant de court-circuit minimal en A . Il est à rappeler que ce courant correspond
à un défaut biphasé situé le plus loin possible (le défaut monophasé ne peut pas être considéré du fait que le
neutre n’est pas distribué en HT)

Avec est l’impédance du réseau amont :

Soit :

Etape 2 :
On calcule le courant de court-circuit maximal en B vu du primaire . Il est à rappeler que ce
courant correspond à un défaut triphasé immédiatement en aval du transformateur.
On calcule tout d’abord l’impédance du transformateur vue du primaire :

√ √
Le réglage de seuil de courant devra vérifié :

Soit :

3. Sélectivité chronométrique :
3.1. Principe:
Il consiste à donner des temporisations différentes aux protections à maximum
de courant échelonnées le long du réseau. Ces temporisations sont d’autant plus
longues que le relais est plus proche de la source.

3.2. Mode de fonctionnement :


En se référant au schéma ci-contre, le défaut représenté est vu par toutes les
protections (en A, B, C, et D). La protection temporisée D ferme ses contacts
plus rapidement que celle installée en C, elle-même plus rapide que celle
installée en B…
Après l’ouverture du disjoncteur D et la disparition du courant de défaut, les
protections A, B, C qui ne sont plus sollicitées, reviennent à leur position de
veille.
La différence des temps de fonctionnement T entre deux protections
successives est l’intervalle de sélectivité. Il doit tenir compte :
 du temps de coupure Tc du disjoncteur en aval,
 des tolérances de temporisation dT,
 du temps de dépassement de la protection en amont : tr,
 d’une marge de sécurité m.

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T doit donc satisfaire à la relation :
T  Tc + tr + 2dT + m
Pour l’appareillage et les relais actuels, on adopte pour T une valeur de 0,3 s.

3.3. Avantages et Inconvénients :


Ce système de sélectivité a deux avantages :
 il est simple,
 il assure son propre secours ; par exemple si la protection D est défaillante, la protection C est activée
DT plus tard.
Par contre, lorsque le nombre de relais en cascade est grand, du fait que la protection située le plus en
amont a la temporisation la plus longue, on aboutit à un temps d’élimination de défaut prohibitif et
incompatible avec la tenue des matériels au courant de court-circuit, ou avec les impératifs extérieurs
d’exploitation, (raccordement au réseau électrique d’un distributeur par exemple).

3.4. Application
Ce principe est utilisé dans les réseaux en antenne.
Les temporisations déterminées pour obtenir la sélectivité chronométrique sont
activées lorsque le courant dépasse les seuils des relais. Il faut donc que les réglages
des seuils soient cohérents.
On distingue deux cas de figure selon le type de temporisation employé.
a) Relais à temps indépendant (fig. a)
Les conditions à respecter sont :
IsA > IsB > IsC et TA > TB > TC.
L’intervalle de sélectivité T est de l’ordre de 0,3 seconde.

b) Relais à temps dépendant (fig. b)


Si les seuils sont réglés au courant assigné In, la protection de surcharge est assurée en même temps
que la protection de court-circuit et la cohérence des seuils est assurée.
InA > InB > InC
IsA = InA, lsB = InB, et IsC = InC
Les réglages de temporisation sont déterminés pour obtenir l’intervalle de sélectivité T pour le
courant maximum vu par la protection aval.

4. Sélectivité logique :
4.1. Principe :
Ce principe est utilisé lorsque l'on souhaite obtenir un temps d'élimination de défaut court.

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4.2. Mode de fonctionnement :
L’échange d’informations logiques entre protections successives permet la
suppression des intervalles de sélectivité. En effet, dans un réseau en antenne, les
protections situées en amont du point de défaut sont sollicitées, celles en aval ne
le sont pas ; cela permet de localiser sans ambiguïté le point de défaut et le
disjoncteur à commander.
Chaque protection sollicitée par un défaut envoie :
 un ordre d’attente logique à l’étage amont (ordre d’augmentation de la
temporisation propre du relais amont),
 un ordre de déclenchement au disjoncteur associé sauf s’il a lui-même
reçu un ordre d’attente logique de l’étage aval.
Un déclenchement temporisé est prévu en secours.

4.3. Avantage et inconvénients :


Le temps de déclenchement est indépendant de la position du défaut dans la
cascade de sélectivité. Cependant ce dispositif nécessite la transmission des
signaux logiques entre les différents étages de protection, donc l’installation de
filerie supplémentaire.

5. Sélectivité par protection directionnelle :


5.1. Principe :
Dans un réseau bouclé, où un défaut est alimenté par les deux extrémités, il faut utiliser une protection
sensible au sens d’écoulement du courant de défaut pour pouvoir le localiser et l’éliminer de façon
sélective : c’est le rôle des protections directionnelles à maximum de courant.

5.2. Mode de fonctionnement :


Les actions de la protection seront différentes active ou inactive selon le sens du courant (fig. 1 et 2).

5.3. Avantages et Inconvénients :


La solution employée est simple et utilisable dans de nombreux cas. Cependant le dispositif nécessite
l’utilisation de transformateurs de tension qui serviront de référence de phase pour la détermination du sens
du courant.

5.4. Exemple d’utilisation de protections directionnelles :


Les disjoncteurs D1 et D2 sont équipés de protections directionnelles activées si le courant s’écoule du jeu
de barres vers le câble.

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En cas de défaut au point 1, seule la protection de D1 voit le défaut. La protection sur D2 ne le voit pas, en
raison de son sens de détection. Le disjoncteur D1 s’ouvre.
En cas de défaut au point 2, ces protections ne voient rien, et les disjoncteurs D1 et D2 restent fermés.
D’autres protections sont à prévoir pour protéger le jeu de barres.

6. Sélectivité par protection différentielle :


6.1. Principe :
Ces protections comparent les courants aux deux extrémités du tronçon de
réseau surveillé.

6.2. Mode de fonctionnement :


Toute différence d’amplitude et de phase entre ces courants signale la
présence d’un défaut : la protection ne réagit qu’aux défauts internes à la zone
couverte et est insensible à tout défaut externe. Elle est donc sélective par
nature. Le déclenchement instantané est provoqué lorsque : IA-IB 0

6.3. Application :
L'équipement protégé peut être : un moteur, un alternateur, un transformateur ou une liaison (câble ou
ligne).
Cette protection s'utilise :
 pour détecter des courants de défaut inférieurs au courant nominal,
 pour déclencher instantanément puisque la sélectivité est basée sur la détection et non sur la
temporisation.

7. Sélectivités combinées :
Une sélectivité combinée est une combinaison de fonctions élémentaires de sélectivité procurant des
avantages complémentaires aux sélectivités simples. Plusieurs exemples pratiques d’application par
association de sélectivités sont explicités :
7.1. Sélectivités ampèremétrique + chronométrique :
L’exemple montre que l’on définit à la
fois :
 une sélectivité ampèremétrique
entre A1 et B,
 une sélectivité chronométrique
entre A2 et B.
On obtient alors une sélectivité totale ;
la protection en A, assure le secours de
la protection B.

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7.2. Sélectivités logique + secours chronométrique :
L’exemple montre que l’on définit à la fois :
 une sélectivité logique entre A1 et B,
 une sélectivité chronométrique entre A2 et B.
La protection A2 assure alors un secours de la protection A1, si celle-ci est défaillante du fait d’un défaut
d’attente logique (ordre d’attente permanent).

7.3. Sélectivité mixte, logique + chronométrique :


L’exemple montre que l’on définit à la fois :
 une sélectivité logique à l’intérieur d’un tableau (A et B d’une part, C et D d’autre part),
 une sélectivité chronométrique entre les deux tableaux B et D, avec TB = TD + T.
Il n’est pas nécessaire d’installer une liaison de transmission de signaux logiques entre deux
tableaux éloignés. Les temporisations des déclenchements sont réduites par comparaison à une
simple sélectivité chronométrique.
 de plus, il faut prévoir un secours chronométrique en A et C.

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