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Histoire romaine

Textes et documents
DU MÊME A U T E U R

L'archéologie militaire de l'Afrique du Nord dans l'Antiquité, Paris, Ed. Presses de l'ENS,
CGRAR, II, 1979, 40 p.
L'armée romaine sous le Haut-Empire, Paris, Ed. Picard, 1989 et 1990, 2e éd., 288 p. ; L'eser-
cita romano, Rome, NIS, 354 p. ; Die romische Armee, Stuttgart, Franz Steiner, 1993,
304 p. ; The Impérial Roman Army, Londres, Batsford, 1994, 304 p.
La Troisième Légion Auguste, Paris, Ed. CNRS, 1989, 632 p.
Les unités auxiliaires de l'armée romaine en Afrique Proconsulaire et Numidie sous le Haut-Empire,
Aix-Marseille, Ed. CNRS, 1989, 220 p.
La Sardaisne et l'armée romaine sous le Haut-Empire, Sassari, Carlo Delfino editore, 1990,
156 p.
César, Paris, PUF, « Que sais-je ? », n° 1049, 1994, 128 p.
Histoire militaire des guerres puniques, Paris-Monaco, Ed. du Rocher, 1996, 344 p.
Histoire romaine (en collaboration avec Marcel Le Glay et Jean-Louis Voisin), Paris, PUF,
1996, 4e éd., 588 p.
Collection
Premier
Cycle

Histoire romaine
Textes et documents
Y A N N LE B O H E C
Professeur à l'Université de Lyon III

Presses
Universitaires
de France

p u f
ISBN 2 13 047784 4
ISSN 1158-6028

D é p ô t légal — 1" édition : 1997, m a i


0 Presses Universitaires de France, 1997
108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris
Sommaire

Avertissement, xv
Avant-propos, xvn
Le commentaire de texte ou de document, xix

PREMIÈRE PARTIE : DES ORIGINES A L'EMPIRE, 1

L'ITALIE AVANT ROME, 3


1. De la Préhistoire à l'Histoire, 3
2. L'économie de l'Étrurie, 4
3. La société en Étrurie, 6
4. La religion étrusque, 7
5. Les Grecs en Italie, 10

LA ROME PRIMITIVE, 13
6. La fondation de Rome, 13
7. La première urbanisation, 14
8. Les premiers rois, 16
9. La première organisation sociale : la réforme servienne, 18
10. La première religion : les dieux, 20
11. La première religion : les prêtres, 21
12. La première religion : les rites, 23
13. La «révolution de 509", 24

LES DÉBUTS DE LA RÉPUBLIQUE, 27


14. Les guerres contre les Etrusques, 27
15. Les fastes triomphaux, 28
16. Le patriciat, 30
17. La plèbe, 31
18. Les conflits entre les Patres et les plébéiens, 32
19. La loi des XII Tables, 34
20. Le compromis sexto-licinien de 367, 35
21. La naissance d ' u n e agriculture, 37
LA CROISSANCE DE LA RÉPUBLIQUE, 39
22. Histoire des magistratures, 39
23. Les premières colonies de Rome, 40
24. Les relations internationales : la guerre, 42
25. Les relations internationales : la diplomatie, 44
26. La censure d'Appius Claudius en 312, 45
27. L'achèvement de la conquête de l'Italie, 47
28. Pyrrhus en Italie, 48

LES DÉBUTS DE LA CONQUÊTE, 51


29. La première Guerre Punique : les débuts, 51
30. La première Guerre Punique : les vainqueurs, 52
31. La première Guerre Punique : les vaincus, 54
32. La deuxième Guerre Punique : les origines, 56
33. La deuxième Guerre Punique : les faits, la bataille de Cannes, 57
34. La deuxième Guerre Punique : le traité entre Rome et Carthage, 59

L'IMPÉRIALISME ROMAIN, 61
35. Les conquérants, 61
36. Les méthodes : l'exploitation de la conquête, 62
37. Les vaincus : les Grecs, 64
38. Les vaincus : les habitants de la péninsule Ibérique, 66
39. Les vaincus : les Africains, 68
40. Les vaincus : les Celtes, 69
41. La réaction contre l'impérialisme romain : le traité entre Carthage et
la Macédoine, 72
42. Les guerres de Macédoine, 74
43. La «troisième Guerre Punique», 76
44. L'annexion du royaume de Pergame : l'héritage d'Attale, 78
45. Les nouveaux conquérants, 80
46. La Gaule du Sud : l'or de Toulouse, 81
47. La guerre de Jugurtha, 83
48. La guerre de Mithridate, 85
49. La conquête de la Syrie, 87

LA CONQUÊTE ET LES INSTITUTIONS, 91


50. La théorie de la «constitution mixte», 91
51. L'armée, 1 : l'organisation, 92
52. L'armée, 2 : la bataille d'Alésia, 95
53. Rome et les colonies, 96
54. Le cens en Italie, 98
55. Acquisition et perte de la citoyenneté romaine, 99

LA CONQUÊTE ET L'ÉCONOMIE, 101


56. L'agriculture : les productions, 101
57. L'agriculture : les structures sociales, 103
58. Naissance de la monnaie romaine, 104
59. Le commerce, 106

LA CONQUÊTE ET LA SOCIÉTÉ, 109


60. La population de l'Italie en 218, 109
61. L'enrichissement, 110
62. Les sénateurs, 113
63. Les chevaliers, 114
64. Les commerçants : la communauté de Délos, 116
65. Les banquiers, 117
66. La clientèle, 119

LA CONQUÊTE ET LES MŒURS, LA CULTURE, LA RELIGION, 121


67. L'affaire des bacchanales, 121
68. L'évolution de la religion : la prière, 123
69. L'évolution de la religion : les cultes orientaux, 125
70. Pour ou contre l'hellénisme? 127
71. Le Forum républicain, 128
72. Temples républicains de Rome, 129

LA VIE QUOTIDIENNE, 131


73. Le cadre : Urbs Roma, 131
74. Le cadre : la villa, 132
75. Le cadre : le domaine, 133
76. Le cadre : les routes, 135
77. Les activités : le travail salarié, 136
78. Les activités : l'éducation, 138
79. Les activités : l' otium, 139
80. Les activités : le spectacle, 140
81. Les activités : l'amour, 142
82. La mort, 144
83. Types sociaux : l'enfant, 145
84. Types sociaux : la femme, 147
85. Types sociaux : la prostituée, 148
86. Types sociaux : un gouverneur de province, 149
87. Types sociaux : un h o m m e riche, 150
88. Types sociaux : un grand homme, 151

LA CRISE DE LA RÉPUBLIQUE, 153


89. Les lois agraires : les causes, 153
90. Les lois agraires : le contenu, 154
91. Le destin des lois agraires, 156
92. Une guerre servile en Sicile, 158
93. La Guerre Sociale, 1 : les origines, 160
94. La Guerre Sociale, 2 : le déroulement, 162
95. Le premier consulat de Marius, 164
96. Sylla, 1 : la proscription, 165
97. Sylla, 2 : la dictature, 167
98. La piraterie, 168
99. Le « b o n h e u r » de Pompée, 171
100. L ' a n n é e 63, 1 : la loi agraire, 173
101. L ' a n n é e 63, 2 : l'affaire Catilina, 174
102. Le princeps et la concordia ordinum : la réaction de Cicéron
contre la crise, 177

LE TEMPS DE CÉSAR, 181


103. U n p r o g r a m m e réformiste, 181
104. L'iconographie de César, 183
105. César : l ' h o m m e , 184
106. La Guerre des Gaules : contre Vercingétorix, 186
107. La Guerre Civile, 188
108. Cicéron et César, 191
109. César et les Juifs, 193
110. La m o r t de César, 194

L'ÉPOQUE DU «SECOND TRIUMVIRAT», 197


111. Aux origines d u «second Triumvirat», 197
112. La proscription du «second Triumvirat», 199
113. L'évolution du «second Triumvirat», 201
114. Des origines italiennes au culte impérial? 202
115. Le bouclier d ' E n é e ou la bataille d'Actium, 204
116. Rome à la fin de la République, 207

DEUXIÈME PARTIE : ROME MAÎTRESSE DU MONDE, 209

LE SIÈCLE D'AUGUSTE, 211


117. Auguste : l ' h o m m e et ses pouvoirs, 211
118. La propagande : l'héritage historique, 212
119. La propagande : la prospérité, 214
120. La propagande : guerre et paix, 215
121. La propagande : l'appui divin, 217
122. Les provinces : le partage, 219
123. Les provinces : les interventions (la stèle de Kymè), 220

LA MISE A L'ÉPREUVE DU RÉGIME SOUS LES JULIO-CLAUDIENS, 223


124. Tibère : l'homme, 223
125. Tibère : les institutions (la tabula hebana), 225
126. Tibère : l'idéologie, 226
127. Tibère : la politique, 1. L'affaire Pison, 228
128. Tibère : la politique, 2. L'affaire Séjan, 231
129. Caligula, roi et dieu, 233
130. Claude : la politique, 235
131. Néron : l'homme, 237

LA CRISE DE 68-69 ET LE TEMPS DES FLAVIENS, 241


132. « L'année des quatre empereurs» : à Rome, 241
133. «L'année des quatre empereurs» : en province, 242
134. La guerre des Juifs, 244
135. Vespasien : le monnayage, 246
136. Titus, « les délices du genre humain», 249
137. Domitien : l'idéologie, 250

L'APOGÉE : L'EMPIRE DES ANTONINS, 253


138. Trajan : la guerre et la paix, 253
139. Hadrien : la paix et la guerre, 254
140. Hadrien : la religion, 256
141. Hadrien : idéologie et culture, 258
142. Antonin le Pieux : le règne, 260
143. Antonin le Pieux : l'idéologie, 261
144. Marc Aurèle, 1 : le personnage, 263
145. Marc Aurèle, 2 : la guerre, 265
146. Marc Aurèle, 3 : les chrétiens, 266
147. C o m m o d e : le règne, 267

LE POUVOIR, 269
148. Les palais impériaux, 269
149. La loi sur l'imperium de Vespasien, 270
150. La chancellerie impériale, 271
151. Le rôle des gouverneurs, 272
152. L'armée, 1 : la science militaire, 273
153. L'armée, 2 : la guerre, 274
154. L'armée, 3 : les constructions, 276
155. Les citoyens romains, 277
156. La citoyenneté romaine, 279

L'EMPIRE : LE CENTRE, 281


157. Rome : la Ville, 281
158. Rome : le Forum romain à l'époque impériale, 282
159. L'Italie : la Table de Veleia, 282
160. L'Italie : Ostie, 284
161. L'Italie : Aoste, 284

LES PROVINCES : L'OCCIDENT, 287


162. La Bretagne : civils et militaires, 287
163. Les Germanies : civils et militaires, 288
164. Les Gaules : les métiers à Lyon, 289
165. La péninsule Ibérique : les mines, 290
166. L'Afrique : l'urbanisation, 291
167. Le Norique : le dossier épigraphique de Celeia, 292
168. La Pannonie : les échanges, 293
169. L'Illyrie : le pays, 294
170. La Dacie : la conquête et l'occupation, 296
171. La Mésie : vues d'avion, 297
172. La Sicile : des villes et d u blé, 299

LES PROVINCES : L'ORIENT, 301


173. La Grèce : Delphes, 301
174. La Thrace : les syncrétismes culturels, 302
175. L'Anatolie : Bithynie et Galatie, 303
176. L'Anatolie : Éphèse, 304
177. La Syrie : u n e province riche et stratégique, 305
178. La J u d é e : pauvreté et révoltes, 307
179. L'Arabie : le pouvoir local, 308
180. L'Egypte : le rôle d'Auguste et de Tibère, 309
181. L'Egypte : le gnomon de l'idiologue, 310
182. Cyrène : u n e ville proche du désert, 311
183. Cyrène : les édits d'Auguste, 312
184. Chypre : description de l'île, 314
185. La Crète : antiquité des villes, 315
186. La mer Noire : u n bout d u monde, 316
187. Palmyre : les syncrétismes, 317

L'ÉCONOMIE, 319
188. La monnaie : l'inflation, 319
189. Les routes : le réseau gaulois, 320
190. L'agriculture : l'Afrique, 321
191. L'agriculture : l'Orient, 322
192. L'artisanat : Pompéi, 324
193. L'artisanat : la céramique sigillée, 325
194. Le commerce, 1 : le port de Claude à Ostie, 328
195. Le commerce, 2 : les amphores, 329
196. Le commerce, 3 : un négociant, 330

LA SOCIÉTÉ, 333
197. Les sénateurs : u n e carrière, 333
198. Les chevaliers : une carrière, 334
199. Les notables : l'évergétisme, 336
200. Les soldats : la libération, 337
201. Les plébéiens : «du pain...», 339
202. Les affranchis : Actè, 340
203. Les esclaves : la question servile en Italie, 341
LA VIE : LES VILLES, 345
204. Les villes à plan irrégulier : Dougga, 345
205. Les villes à plan régulier : Pompéi, 346
206. Les villes à plan orthogonal : Timgad, 347
207. Les m o n u m e n t s : les aqueducs, 348
208. La vie municipale : la lex Irnitana, 349

LA VIE : LA CIVILISATION DES LOISIRS, 353


209. Le théâtre et l'odéon : Lyon, 353
210. L'amphithéâtre : le Colisée, 354
211. Le cirque : Carthage et Lyon, 355
212. Les thermes : Rome, 356

LA VIE : LA CAMPAGNE, 359


213. Le p e u p l e m e n t : la Table d'Esterzili, 359
214. La propriété : le cadastre d'Orange, 360
215. Les occupations : le Testament du Lingon, 363

LA VIE : L'ESPRIT, 365


216. L'art : l'architecture (temples augustéens), 365
217. L'art : la peinture, 366
218. La littérature, 366
219. Les religions : les permanences indigènes, 368
220. Les cultes romains traditionnels, 370
221. Le culte impérial, 371
222. Les cultes orientaux, 373
223. Les morts : les m o n u m e n t s funéraires, 375
224. Les croyances : l'astrologie, 378
225. Les monothéismes : le judaïsme, 379
226. Les monothéismes : le christianisme, 381

LES EMPEREURS AFRICAINS ET SYRIENS, 383


227. Septime Sévère : avant l'Empire, 383
228. La bataille de Lyon, 384
229. Septime Sévère e m p e r e u r : la propagande, 386
230. Caracalla : l'empereur, 387
231. Élagabal, autre César et dieu, 390
232. Sévère Alexandre : la fin d ' u n temps, 391

TROISIÈME PARTIE : U N AUTRE MONDE ROMAIN, 393

CRISE ET RÉACTION CONTRE LA CRISE (235-284), 395


233. L'affaire de 238 en Afrique, 395
234. Gordien III contre les Perses, 397
235. Deux empereurs face à la crise, 399
236. Le rôle de Palmyre, 402
237. Le rôle des soldats, 404
238. Le rôle des barbares, 405
239. Un trésor de 259, 407
240. Le rôle des brigands, 409

LA RENAISSANCE DU IV SIÈCLE (284-361), 413


241. Dioclétien, 413
242. Le système tétrarchique, 414
243. Galère et Thessalonique, 416
244. Constantin, 1 : l ' h o m m e et l'œuvre, 416
245. Constantin, 2 : monnaies, 419
246. Les fils de Constantin, 421

LES INSTITUTIONS DU IVe SIÈCLE :


LE POUVOIR CENTRAL, LES PROVINCES, LES CITÉS, 425
247. La fiscalité, 425
248. L'armée, 1 : le «réactionnaire» et le «progressiste », 427
249. L'armée, 2 : l'organisation défensive en Pannonie, 429
250. L'armée, 3 : le camp de Hirbet al-Han, 430
251. La répartition des provinces, 431
252. Les officiels d ' u n e province : 1'« ordo salutationis» de Timgad, 433
253. L'inscription d'Orcistus, 434
254. La vie et les institutions municipales : l'exemple de Carthage, 436
255. Les iuuenes, 438

ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ AU IV* SIÈCLE : L'ÉCONOMIE, 441


256. L'interventionnisme impérial, 441
257. Les mines, 443
258. Le commerce : les amphores, 444

ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ AU IVe SIÈCLE : LA SOCIÉTÉ, 447


259. Les sénateurs : carrières, 447
260. Un grand notable gaulois, 448
261. Les curiales, 450
262. Les patronages, 452
263. Les soldats comme privilégiés : la table de Brigetio, 454
264. Honorius et les soldats, 455
265. Les colons, 456
266. Les esclaves, 457
267. Le bon et le mauvais eunuque, 459
268. Les circoncellions, 461
269. Les barbares, 462
ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ AU IV" SIÈCLE : VILLES ET CAMPAGNES, 467
270. Rome au Bas-Empire, 467
271. La ville de Constantinople, 468
272. Autun, 470
273. Antioche, 471
274. Les monuments, 472
275. La villa du seigneur Julius, 473
276. Le palais impérial de Spalato (Split), 474
277. La villa de Piazza Armerina, 475
278. La villa de Montmaurin, 476

LES RELIGIONS : LE PAGANISME, 479


279. Les dieux indigènes : le Saturne africain, 479
280. Les dieux romains traditionnels et les dieux orientaux, 480
281. Le rescrit d' Hispellum, 482
282. La religion des intellectuels païens : le sentiment religieux de Julien,
483
283. Le paganisme populaire, 485

LES RELIGIONS : LE JUDAÏSME, 487


284. L'iconographie juive, 487
285. La synagogue d'Hammam-Lif, 488

LES RELIGIONS : LE CHRISTIANISME, 491


286. Les structures de l'Église, 491
287. Les chrétiens et le service militaire, 493
288. La vision de Constantin, 495
289. L'édit de tolérance de Galère, 496
290. Le C h r o n o g r a p h e de 354, 498
291. Une intervention impériale dans u n e affaire religieuse, 499
292. La basilique constantinienne d u Vatican, 502
293. Jérusalem, le Golgotha, 503
294. U n e basilique chrétienne à Narbonne, 503
295. Symboles chrétiens : lampes de Tunisie, 504

LA CULTURE, 507
296. Julien et les professeurs, 507
297. Les « universités» au IVe siècle, 509

VERS LA FIN DE ROME? 511

298. Julien contre les Perses, 511


299. Valentinien Ier, 512
300. L'idéologie impériale de Valentinien Ier et de Valens, 514
301. Le péril barbare : la bataille d'Andrinople, 517
302. Théodose et Honorius, 519
303. Stilicon, 520
304. L'année 410, 523

INDEX-GLOSSAIRE, 527

I. INDEX DES SOURCES, 525


Auteurs et œuvres anonymes utilisés, 525
Textes juridiques (autres que les inscriptions), 533
Archéologie, 533
Inscriptions, 534
Monnaies, 534
Papyrus, 534

II. INDEX DES THÈMES, 534


Noms propres, 534
Noms de dieux, 534
Noms d'empereurs, 534
Noms de personnages importants (autres que les empereurs), 535
Noms géographiques, 536
Noms communs, 536
Avertissement

Nous devions être trois pour rassembler ces Textes et docu-


ments. Hélas, Marcel Le Glay nous a quittés durant l'été de 1992.
Il avait été le maître d'oeuvre de l' Histoire romaine parue dans
cette même collection « 1" Cycle». C'est lui aussi qui avait eu
l'idée de ce recueil de documents, pour illustrer le précédent
volume. Le lecteur se rendra vite compte que les deux publica-
tions se complètent, et que l'étudiant historien doit utiliser l'une
et l'autre : la synthèse ne peut pas se passer d'exemples précis et
concrets, les textes et documents demandent un commentaire
pour être compris. Il devenait alors tout naturel que je reprenne
ici, au moins dans ses grandes lignes, le plan qu'avait conçu
Marcel Le Glay.
Je devais lui rendre cet ultime hommage.
Quant à Jean-Louis Voisin, il achève un énorme travail sur Le
Suicide à l'époque romaine, ce qui l'a rendu indisponible, à mon
grand regret.
Yann LE BOHEC
Avant-propos

Ce livre est un livre d'histoire; d'où certains choix.


E devenait ainsi inévitable de proposer des documents que tous les
lecteurs attendaient; il demeurait cependant possible d'en sélectionner
d'autres qui sont moins connus.

Pour les sources littéraires, il a paru inévitable de retenir au moins


une fois chacun des grands auteurs. Et, puisqu'il s'agit de traductions à
faire commenter p a r des étudiants, la précision du vocabulaire1 a été pri-
vilégiée : les termes de civilisation ont été laissés dans la langue d'origi-
ne, ou bien ont été donnés en note (comment rendre en français la diffé-
rence qui sépare la potestas de limperium ?). Il a alors fallu n'utiliser
que des traductions anciennes, quitte à les rajeunir, pour ne pas heurter
la sensibilité des auteurs actuels, assurément fort compétents, mais par-
fois indifférents aux exigences de l'historien (je pense à un passage de
Pline le jeune, par ailleurs excellemment rendu, mais qui a transformé
une cohors equitata en un monstre institutionnel, une «cohorte de
chevaliers ».)
En outre, à maintes reprises, plusieurs textes consacrés à un même
thème ont été regroupés. Les étudiants devront s'attacher à relever les dif-
férences et les similitudes entre les uns et les autres, ce qui leur montrera
la diversité des interprétations, et aussi des « sources primaires » : ils rece-
vront alors une ébauche d'initiation à la « Quellenforschung. »
En ce qui concerne les sciences dites « auxiliaires », il a paru indis-
pensable de leur faire une assez large place, puisqu 'elles sont utilisées
chaque jour davantage. Les planches ont cependant été choisies en fonc-
tion d'un objectif: l'ouvrage s'adresse, comme nous l'avons dit, à des his-
toriens, et pas à des spécialistes de papyrologie, d'épigraphie, d archéolo-
gie, ... Nourrissons cependant l'espoir que lejeune lecteur trouvera, dans
l'un ou l'autre de ces documents, assez d'attrait pour, par la suite, pri-
vilégier telle ou telle technique qui l'aura particulièrement séduit.

1. J. Hellegouarc'h, Le Vocabulaire latin des relations et des partis politiques, 1963


(Paris), a donné l'ouvrage de base sur ce sujet.
E n f i n , e n ce q u i c o n c e r n e l a b i b l i o g r a p h i e , c h a q u e t e x t e est a c c o m -
p a g n é des références essentielles en f r a n ç a i s . P a r f o i s , des p u b l i c a t i o n s en
anglais, en italien, voire en allemand, sont proposées en supplément :
nous espérons que nos étudiants comprendront d'une part que la
r e c h e r c h e e s t i n t e r n a t i o n a l e , e t d ' a u t r e p a r t q u 'ils o n t t o r t d e s o u s - e s t i m e r
l e u r s c a p a c i t é s d a n s le d o m a i n e d e s l a n g u e s é t r a n g è r e s .
Le commentaire de texte ou de document

Même s'il présente des particularités, sur lesquelles nous


reviendrons plus loin, le commentaire de texte ou de document,
en histoire romaine, s'apparente à toutes les explications de
textes ou de documents, et même à tous les types d'exercices qui
sont demandés aux étudiants en histoire. Nous pensons néan-
moins qu'il est utile de rappeler les principales règles de cet
exercice. Ces remarques concernent également l'écrit et l'oral,
la dissertation et l'explication. Pour un approfondissement de la
question, nous conseillons de lire :
P. Arnaud, Le Commentaire de documents en histoire ancienne, 1993
(Paris).
Pour la dissertation, nous renvoyons à :
R. Mousnier, L'Art de la dissertation historique, 1965" (Paris).

L'art d u c o m m e n t a i r e

La forme
Elle n'est pas l'essentiel, mais il est indispensable de la res-
pecter : «Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, / Et les
mots pour le dire arrivent aisément. » Et on n'oubliera pas que
«le style est l'homme même ».
Si vous voulez comprendre et être compris, respectez le fran-
çais, une langue belle, précise et claire ; vous éviterez ainsi bien
des erreurs (par exemple, ne confondez pas «ville» et «ci té »,
mots qui recouvrent des réalités voisines mais différentes).
Pour les mêmes raisons, respectez l'orthographe.
L'introduction sera courte, et posera un problème, une
question ; la conclusion, également brève, le résoudra ou y
répondra. Le devoir sera un cheminement logique de l'une à
l'autre, dans lequel les transitions ne seront pas facultatives :
elles permettront de suivre l'évolution de votre pensée. Votre
travail comprendra trois parties de préférence (mais ce n'est pas
obligatoire), et vous veillerez à l'équilibre au moins relatif de ces
parties.
A l'oral, deux règles ne doivent pas être oubliées :
- Vivre et faire vivre (bougez, mais pas trop : ne tombez pas dans
le piège q u ' o n vous tend en acceptant le siège qui est placé
près du bureau. Donnez des exemples concrets. Utilisez
cartes, textes et iconographie).
- Faciliter la compréhension (écrire au tableau le plan, les mots
difficiles).
Le f o n d

Le fond, c'est l'essentiel : on jugera l'historien sur ses quali-


tés d'historien, c'est-à-dire sur son intelligence, son honnêteté,
sa curiosité, son esprit critique et sa culture. D'où la nécessité
de connaître ce qu'il est convenu d'appeler le « hors-program-
me ».
Avant toute chose, il convient de lire avec attention le sujet
ou le texte qui vous est soumis. Il faut y passer dix minutes au
moins : vous devez en être imprégné. Vous éviterez ainsi deux
écueils, le hors-sujet et la lacune. Pensez alors à tous les thèmes
possibles, et à leur importance respective pour la question qui
vous est proposée : institutions, vie politique, économie, société,
religion, culture, etc. Vous pourrez ensuite réfléchir aux deux ou
trois principaux centres d'intérêt du sujet : ils fourniront les
points d'appui de votre exposé. C'est donc seulement après
avoir fait cette analyse que vous pourrez aborder l'élaboration
de votre plan, en d o n n a n t la priorité à l'évolution, qui n'est pas
l'histoire événementielle. A l'intérieur d ' u n cadre évolutif, mar-
qué par quelques dates-repères, placez les thèmes : la combinai-
son de l'évolution et des thèmes donne les bons exposés.
Il convient enfin de se préparer à tous les types de sujets
pour ne pas se trouver surpris et désarmé : le candidat s'entraî-
nera à la biographie «<César»), à la monographie urbaine
(«Lyon sous le Haut-Empire»), à la monographie régionale
(«L'Afrique romaine sous le Bas-Empire»), au tableau («La
Gaule romaine à la mort de Commode »), à l'histoire d'une ins-
titution («L'armée romaine d'Auguste à Hadrien»), aux études
comparées («La Gaule et l'Afrique au temps d'Auguste»). Il
prendra garde, car ce sont les plus difficiles, aux sujets qui com-
prennent la conjonction de coordination «et», cette dernière
pouvant avoir plusieurs sens (pour «César et Pompée», on pri-
vilégiera les rapports entre les deux hommes ; pour « Carthage et
Lyon sous le Haut-Empire», on passera à une étude comparée,
etc.). Rappelons que l'historien s'attache à comprendre l'évolu-
tion des choses et des situations, à découvrir l'enchaînement des
causes et des conséquences, à saisir l'action des hommes et les
multiples possibilités qui se sont offertes à eux, avant d'en rete-
nir une seule, et à percevoir les mouvements de fond qui dépas-
sent la simple biographie.
Revenons au commentaire. En règle générale, il appelle,
après l'introduction, une brève présentation de l'auteur, du
document, des circonstances, etc. Une des originalités de l'his-
toire ancienne, aussi bien celle de la Grèce que celle de Rome,
tient aux différents types de sources qui peuvent être utilisés.
Nous recommandons, malgré son ancienneté (une mise à jour
serait nécessaire), un utile ouvrage qui peut encore rendre bien
des services :
P. Petit, Guide de l'étudiant en histoire ancienne, 1962" (Paris).
P. Arnaud, Les Sources de l'histoire ancienne, 1995 (Paris), aidera
précisément le lecteur.
On complétera par :
L'histoire et ses méthodes, 1967 (Paris).
Dans ces ouvrages, on trouvera en particulier la liste des dic-
tionnaires utilisables :
Ch. Daremberg, E. Saglio et E. Pottier, Dictionnaire des antiquités
grecques et romaines, 1877-1919 (Paris), 5 vol. en 9 tomes
(ancien, mais détaillé et en français).
A. Pauly et G. Wissowa, Realencyclopâdie der klassischen
Altertumswissenschaft, depuis 1893 (régulièrement mis à jour,
mais en allemand et difficile à utiliser pour un débutant).
Der kleine Pauly, Lexikon der Antike, 1979 (Munich), 5 vol.; nou-
velle édition à paraître.
Il faut également connaître les atlas disponibles :
H. E. Stier et E. Kirsten, Grosser Atlas zur Weltgeschichte, 1976'
(Brunswick).
Grosser historischer Weltatlas, I, Vorgeschichte und Altertum, 1953
(Munich).

La r e c h e r c h e d e s s o u r c e s

Les s o u r c e s l i t t é r a i r e s

Les chercheurs actuels privilégient les textes littéraires,


parce qu'ils d o n n e n t les renseignements les plus clairs, les plus
précis, et les plus complets, ce qui ne signifie pas qu 'il faille tout
accepter : une saine critique s'impose dans tous les cas. De ce
point de vue, tous les auteurs, jusqu'aux poètes et aux roman-
ciers, peuvent rendre des services, par exemple en manifestant
de manière plus ou moins consciente les aspects d ' u n e idéologie
ou en décrivant la vie quotidienne ; ainsi, Virgile exprime la pen-
sée d'Auguste, et la précède souvent, et Pétrone décrit le petit
peuple de la Campanie au temps de Néron. Bien entendu, les
historiens méritent une lecture plus attentive, d'autant plus que
l'Antiquité en général et l'époque romaine en particulier ont
compté des auteurs de premier plan, dont les œuvres appartien-
n e n t à ce qu'il est convenu d'appeler «le patrimoine culturel de
l'humanité», Salluste, Tite-Live et Tacite. On utilisera, pour
mieux les connaître, plusieurs ouvrages :
J. Bayet, Littérature latine, 19652 (Paris).
D. Roussel, Les Historiens grecs, 1973 (Paris).
J.-M. André et A. Hus, L'Histoire à Rome, 1974 (Paris).
M. Trédé et S. Saïd, Littérature grecque, à paraître aux PUF, dans
la Collection 1er Cycle (Paris).
H. Zehnacker et J.-C. Fredouille, Littérature latine, Collection
1er Cycle, 1993 (Paris).
P. Grimai, La Littérature latine, 1994 (Paris).

Par tradition, on distingue les «sources primaires », les


auteurs qui ont vécu les événements qu'ils décrivent en specta-
teurs, voire en acteurs, et les «sources secondaires », écrites par-
fois plusieurs siècles après le déroulement des faits. Ces der-
nières ne doivent cependant pas être négligées : elles peuvent
avoir été élaborées à partir de sources primaires aujourd'hui dis-
parues, qu'elles nous font ainsi connaître, ce qui explique tout
l'intérêt q u ' o n leur porte. L'identification des ouvrages utilisés
par ces écrivains de seconde main constitue une science parti-
culière et passionnante, souvent proche du roman policier, par-
fois austère il est vrai, que l'on appelle en général la
«Quellenforschung ", ou «recherche des sources ", parce que
l'école historique allemande a ouvert ce domaine au cours du
xtx' siècle et qu'elle en a défini les méthodes.
Pour analyser un auteur, il convient donc d'abord de dire si
le passage étudié entre dans la catégorie des sources primaires
ou secondaires. On prendra garde qu'un même écrivain peut
être classé dans les deux groupes : s'il rédige un récit qui va des
origines de Rome jusqu'à son époque, il doit être considéré
comme source secondaire pour le début, primaire pour la fin
(on abordera donc de manière différente la vie de César et celle
de Domitien qui sont dues au même Suétone). De plus, chaque
fois que c'est possible, on s'efforcera d'identifier la source utili-
sée pour le passage étudié. Il faut savoir que les historiens de
l'Antiquité ne suivaient, en règle normale, q u ' u n seul auteur à la
fois et, même quand ils en citent plusieurs, ce n'est pas néces-
sairement parce qu'ils les ont confrontés, mais parce qu'ils les
ont utilisés successivement. Le métier d'historien se pliait donc
à des règles et des critères qui ne sont pas les nôtres. En outre,
l'histoire était conçue au premier chef comme un exercice de
rhétorique, littéraire, et aussi pédagogique. Le lecteur attendait,
de la part de l'historien, de beaux exemples et de beaux dis-
cours. Toutes les allocutions ont donc été récrites, ce qui
d'ailleurs ne veut pas dire que l'esprit en ait été trahi, même si
la forme en a été bouleversée.
On n'oubliera pas non plus qu'un historien est d'abord un
homme, avec ses passions, même s'il essaie de les faire taire, avec
ses engagements, ses sympathies et ses haines inévitables. Quatre
points doivent être successivement envisagés, et tout d'abord
l'aspect politique. Pour la fin de la République, il convient de
savoir si l'auteur étudié réservait ses faveurs aux populaires ou
aux optimates (pour ce conflit, voir l' Histoire romaine, p. 111 sv.).
Ainsi, à propos de l'époque de César (ibid., p. 140 sv.), on oppo-
sera, en nuançant, nostalgiques de la Libertas (Tite-Live, qui écrit
sous Auguste) et partisans de la monarchie (César, évidemment,
Nicolas de Damas, ...). Sous l'Empire, un conflit plus feutré voit
s'opposer les aristocrates à certains souverains qu'ils considé-
raient comme des tyrans (Caligula, Néron, Domitien,
Commode). On s'attachera ensuite à l'aspect social et au milieu
d'où est issu l'auteur étudié. Il faut cependant se dire que les
humbles accédaient plus rarement que de nos jours au savoir, et
s'exprimaient peu souvent dans de grandes œuvres littéraires ; et
même, dans ce cas, ils suivaient la mode. Or c est l idéologie aris-
tocratique, sénatoriale, qui dominait largement. Des recherches
récemment entreprises à propos de Suétone ont amené leur
auteur à la conclusion que « l'idéologie équestre » même n 'a
jamais existé : J. Gascou, Suétone historien, 1985 (Paris), s est
opposé sur ce point à F. Della Corte, Suetonio, eques romanus,
1967" (Milan). Il existe néanmoins des nuances, voire des diffé-
rences, qu'on ne peut pas négliger, entre un riche sénateur et un
chevalier pauvre, un puissant affranchi et un modeste notable.
Troisième élément très souvent présent, sinon toujours, la reli-
gion. On ne peut pas la passer sous silence, surtout à partir de
l'époque des Sévères, c'est-à-dire à partir du moment où le chris-
tianisme a donné naissance à une abondante littérature apo lo-
gétique ; il avait, évidemment, produit des œuvres dès le rI siècle
de notre ère, et tout d'abord les Évangiles. Mais c est Ter tu llien
qui, le premier, a rédigé des livres en nombre et de qualité ; î a
travaillé, pour l'essentiel, au temps de Septime Sévère et au
début du règne de Caracalla. Le quatrième aspect a ne pas
oublier, c'est la langue. On sait que l'Empire romain était offi-
ciellement bilingue, sauf dans l'armée où n'était autorisé que le
latin, seule langue de c o m m a n d e m e n t possible parce que c'était
la langue des vainqueurs. Le latin dominait en Occident, même
dans les hautes couches de la société dont nombreux des repré-
sentants étaient hellénophones par souci de culture ou par édu-
cation ; ce besoin poussait beaucoup de gens aisés à faire le voya-
ge d'Athènes. On trouve en Hadrien ou en Marc Aurèle - mais
ils ne sont pas les seuls, loin de là - les exemples les plus illustres
de cette passion. En Orient, dans les milieux riches, on parlait
habituellement le grec, d'ailleurs favorisé par le pouvoir impé-
rial au détriment des idiomes régionaux.
En résumé, nous dirons que la juste critique d ' u n texte doit
examiner au moins ces quatre points : les sympathies de l'auteur
en politique, son milieu social, la langue dans laquelle il s'expri-
me et, éventuellement, sa religion, le choix qu'il a opéré entre
paganisme et christianisme. A ces sources littéraires se ratta-
chent, au moins du point de vue de la méthode d'explication, les
textes de lois. A un auteur comme Gaius, assez exceptionnel, il
est vrai, on ajoutera de grands recueils juridiques, compilés tar-
divement. Ils ont été présentés dans l' Histoire romaine, p. 409-410.
Les « s c i e n c e s a u x i l i a i r e s »

La volonté d'étudier toute la documentation disponible a


amené les historiens à rechercher d'autres sources d'informa-
tion, en particulier dans le domaine matériel : depuis des siècles,
des trouvailles dues au hasard ou à la réflexion ont mis au j o u r
des monuments et des objets d ' u n e infinie variété. L'abondance
de la matière a imposé la spécialisation : on a vu apparaître des
numismates, des épigraphistes, des papyrologues, qui ne comp-
tent plus aujourd'hui au nombre des archéologues, et de nom-
breuses catégories d'archéologues proprement dits. Pendant
longtemps, il a paru normal que les sources littéraires exercent
une prédominance, en raison des avantages qu'elles présentent,
de sorte que ces nouvelles disciplines ont été désignées par l'ex-
pression de «sciences auxiliaires» (c'est-à-dire «auxiliaires» des
«sources littéraires»). Aujourd'hui, cette expression est contes-
tée par des chercheurs qui estiment que leurs disciplines ont
acquis assez d'importance pour mériter leur autonomie, et qui
trouvent à l'adjectif « auxiliaire » une connotation péjorative. En
réalité, aucune discipline ne peut se développer indépendam-
ment des autres. On ne peut pas faire d'épigraphie sans consulter
les sources littéraires, juridiques, la papyrologie, et même l'ar-
chéologie. Toutes ces techniques dépendent les unes des autres,
se croisent et se renforcent. Que serait un épigraphiste qui ne
serait qu'épigraphiste ? Le métier de l'historien consiste à faire
la synthèse des différentes informations qu'il trouve, ce qui en
fait l'intérêt et la difficulté.

L'épigraphie

On appelle épigraphie l'étude des inscriptions gravées sur un


matériau dur, la pierre en général. Comme le support coûtait
cher, et comme il fallait également payer le graveur, le comman-
ditaire veillait à ce que son texte soit aussi court que possible : il le
rédigeait de manière concise, employait des abréviations; en ce
sens allaient aussi le goût et l'éthique des «vieux Romains», sen-
sibles à la brièveté. Dans ce cas, le texte devient hermétique pour
un non-spécialiste ; chacun de ses mots mérite attention. On pos-
sède peu d'ouvrages de synthèse en français sur cette discipline :
R. Cagnat, Cours d'épigraphie latine, 19144 (Paris) ; ne pas utiliser
les éditions antérieures.
Guide de l'épigraphiste, 1989- (Paris).
Les inscriptions apportent énormément de renseignements
dans des domaines variés. Elles ont constitué une véritable
mode, une manie, au point qu'on a pu écrire que l'Antiquité
était «une civilisation de l'épigraphie» (L. Robert). Elles peu-
vent être classées en plusieurs catégories. Si l'on met de côté de
très nombreux textes trop fragmentaires pour pouvoir être utili-
sés, la majorité est formée par des épitaphes (ou «funéraires»).
Doivent être distinguées ensuite des «dédicaces honorifiques »,
gravées le plus souvent pour l'empereur ou pour un personnage
important, puis les «dédicaces religieuses », en l'honneur des
dieux, et les « dédicaces commémoratives », qui célèbrent l'achè-
vement de travaux, une victoire, etc. Trois séries de textes sont
isolées. 1. Les bornes milliaires, placées le long des routes tous
les mille pas (1477 m), remplacées parfois en Gaule par des
bornes leugaires (la lieue gauloise, leuga en latin, atteignait envi-
ron 2200 m), portent en règle normale une titulature impériale
puis une indication de distance. 2. Les «diplômes militaires»
sont constitués par deux plaques de bronze scellées ; ce sont des
copies certifiées conformes devant témoins de décisions impé-
riales qui octroient des avantages à des vétérans ou à des soldats
en fin de carrière. On verra, là-dessus :
M. Absil et Y. Le Bohec, La libération des soldats romains sous le
Haut-Empire, Latomus, XLIV, 4, 1985, p. 855-870.
3. Les estampilles sur briques ou tuiles, civiles ou militaires, por-
tent des formulaires très courts et très variés. D 'oÙ leur intérêt,
et les difficultés d'interprétation qu'ils suscitent. On ajoutera a
cette liste celle des faux : nombreux, anciens (beaucoup iemon-
tent à la Renaissance), ils posent des problèmes multiples, dont
le moindre n'est pas leur identification... Et, bien sûr, certains
savants p r e n n e n t un malin plaisir à réhabiliter tel ou tel texte, à
réintégrer dans la série des authentiques des documents dont on
avait pensé qu'ils avaient été forgés tardivement. Enfin, dans
tous les cas, il faut se demander si le texte a été gravé à la demande
d ' u n individu ou d ' u n groupe; dans cette dernière hypothèse,
on se trouve en présence d ' u n e «dédicace collective».
L'épigraphie ne nous apprend pas tout. Elle mentionne des
réalités diverses, des titres, des fonctions, etc., inconnues par
ailleurs, et les inscriptions sont rarement datées de manière
explicite. Elle apporte cependant des informations originales
sur le pouvoir impérial tel qu'il s'exprime à travers les titula-
tures, sur les carrières des sénateurs, des chevaliers et des
notables municipaux, sur des associations appelées collèges, sur
l'administration, l'armée et la religion. A l'heure actuelle, cette
documentation est particulièrement exploitée grâce à deux
techniques, l'onomastique et la prosopographie. L'onomastique,
étude de la nomenclature des individus, se fonde sur deux
constatations : dans le monde romain, un individu pouvait por-
ter plusieurs noms, le praenomen, le nomen gentilice et le cogno-
men (par exemple, pour César, Caius Iulius Caesar) ; la composi-
tion de cette nomenclature variait en fonction de trois critères,
le milieu social, l'époque et la région d'origine. Ainsi, les
citoyens romains portaient en règle normale ces tria nomina;
mais ils ne mentionnaient pas toujours le cognomen jusqu'au
milieu du i" siècle de notre ère, et commencèrent à perdre l'ha-
bitude de faire graver le praenomen à partir du début du n' siècle,
pour ne plus le mentionner qu'exceptionnellement à partir du
début du III siècle. La polyonymie (recours à plus de trois noms)
désignait les personnages importants, ou qui prétendaient l'être,
alors que le nom unique, quand il s'agit d ' u n cognomen, caracté-
risait l'esclave, le pérégrin ou l'homme du bas peuple non
citoyen romain. Enfin, certains cognomina, qui appartiennent à
des langues «exotiques», comme le punique ou le celte, per-
mettent de reconnaître un Africain dans un Hamilcar, un
Gaulois dans un Eporedorix,... La situation est en fait plus com-
plexe que ne le laisse penser ce bref résumé et, pour plus de pré-
cisions, nous renvoyons el :
R. Cagnat, ouvrage cité, p. 37 sv.
L'Onomastique latine, Colloques internationaux du CNRS, n° 564,
1977 (Paris),.
J.-M. Lassère, Epigraphie et onomastique, dans les Actes du
Congrès de la Société des Prof. d'histoire ancienne des Universités
(Lyon, 1993), à paraître.
La prosopographie, ou étude des personnages et de leurs
carrières, qui ne se fonde pas uniquement sur l'épigraphie, a été
illustrée par quelques travaux de grande envergure :
H.-G. Pflaum, Les Carrières procuratoriennes équestres sous le Haut-
Empire romain, 1960, 3 vol. et 1982 (Paris), 1 vol. de supplé-
ments.
CI. Nicolet, L'Ordre équestre à l'époque républicaine (312-43 avant
J-C.), 1966-1974 (Paris), 2 vol.
Pour l'élaboration de la méthode, on verra
CI. Nicolet, Prosopographie et histoire sociale, dans Annales (Éco-
nomies, Sociétés, Civilisations), XXV, 1970, 4, p. 1209-1228.
A. Chastagnol, La prosopographie, méthode de recherche sur le
Bas-Empire, dans Annales (Économies, Sociétés, Civilisations),
XXV, 1970, 4, p. 1229-1235.
Cette discipline part d ' u n principe simple en apparence :
pour comprendre un groupe, social ou autre, il faut d'abord
faire une liste complète des individus connus qui l'ont composé,
puis rassembler toute la documentation disponible sur chacun
de ces personnages, avant de tirer les conséquences qui décou-
lent de ces rapprochements. De plus, on établit souvent des
tableaux généalogiques, qui peuvent mettre en évidence des
alliances entre familles, voire avec la dynastie impériale. Ainsi,
pour en revenir à l'époque républicaine, CI. Nicolet a pu mon-
trer que les chevaliers étaient dans leur grande majorité des pro-
priétaires fonciers, et non des hommes d'argent comme on
l'avait cru avant lui. H.-G. Pflaum, pour sa part, a prouvé que,
sous le Haut-Empire, les procuratèles équestres étaient hiérar-
chisées, fondamentalement en fonction des salaires annuels
(60000, 100000, 200000 et 300000 sesterces), accessoirement
en fonction de la dignité attachée à chaque poste.
Reste un difficile problème : peu d'inscriptions sont datées
de manière explicite. Certains chercheurs ont néanmoins réussi
à classer les formulaires dans l'ordre chronologique en com-
mençant par ceux qui portaient une mention de date claire,
assurée. Il faut cependant tenir compte d'un principe fonda-
mental : l'épigraphie est avant tout locale. Ce qui est valable
pour Rome ou Lyon ne l'est pas nécessairement pour Carthage
ou Narbonne... du moins pas de manière précise. On peut ainsi
proposer des tableaux utilisables l'un pour les épitaphes, l'autre
pour les dédicaces religieuses. Dans tous les cas, on tiendra éga-
lement compte de l'onomastique.
Datation des épitaphes

I siècle, début Afrique, Gaule nominatif + H S E'


Gaule parfois datif
I siècle, fin Afrique nominatif + H S E
Gaule datif + DIIS MANIBVS
parfois D M'
II siècle, début Afrique nominatif ou datif,
DIIS MANIBVS OU D M
Gaule datif + D M
11e siècle, fin Afrique nominatif + D M
Gaule D M ET MEMORIAE
IIIe siècle,
première moitié Afrique D M, MEMORIAE
Gaule MEMORIAE,
QVIETI AETERNAE
N. B. : 1. Hic situs est = «ci-gît ».
2. Diis Manibus = «aux dieux Mânes ".
3. D. M. : abréviation de Diis Manibus

Bibliographie (pour plus de précisions) :


J.-J. Hatt, La Tombe gallo-romaine, 19862 (Paris).
Y Burnand, La datation des épitaphes romaines de Lyon, dans
Les Inscriptions latines de la Gaule Lyonnaise, Actes de la table
ronde de nov. 1990, 1992 (Lyon), p. 21-26 (avec références à
des travaux antérieurs).
J.-M. Lassère, Recherches sur la chronologie des épitaphes
païennes de YAfrica, Antiquités Africaines, VII, 1973, p. 7-151.
Y Le Bohec, La Troisième Légion Auguste, 1989 (Paris), p. 64.
D a t a t i o n d e s d é d i c a c e s r e l i g i e u s e s (en G a u l e )

I H D D = in honorem domus diuinae, «en l'honneur de la divine


maison » (il s'agit de la famille impériale) : ir siècle-début du
iv siècle
DEO -, DEAE -, « au dieu un tel, à la déesse une telle » : ir siècle-
début du iv siècle
SANCTVS, -A : ine siècle (apparaît à la fin du ir siècle)
SACRVM, « consécration » : début du 1er siècle-milieu du NR siècle
PRO SALVTE, «pour la bonne santé, la conservation» : début du
I siècle-début du iv siècle
Bibliographie (ici aussi, pour plus de précisions, en particulier
pour des distinctions régionales, et pour la chronologie des dif-
férents cultes) :
M.-Th. Raepsaet-Charlier, Diis deabusque sacrum, Formulaire votif et
datation dans les trois Gaules et les deux Germanies, 1993 (Paris).
Papyrologie et numismatique

Certains types de sources se rattachent, du point de vue du


commentaire, à ce qui vient d'être vu. Ainsi en est-il de la papy-
rologie ou étude des papyrus et de la numismatique, science des
monnaies. L'Egypte, et également d'autres lieux comme Doura-
Europos en Syrie, ou même comme Pompéi et Herculanum, ont
livré d'abondantes moissons de papyrus portant des textes écrits.
Les spécialistes traitent d'abord les documents pour qu'ils
échappent à la destruction. Ils établissent ensuite le texte, le
transcrivent en caractères compréhensibles pour les modernes,
restituent les lacunes et développent les abréviations, comme
font les épigraphistes. Puis ils proposent une traduction et des
commentaires; c'est seulement ce dernier stade de l'élaboration
que rencontre l'étudiant historien. Ces matériaux, parmi les-
quels la tradition distingue les papyrus littéraires et les papyrus
documentaires, présentent un intérêt considérable, et leur
déchiffrement a révélé une grande variété d'utilisations. On
trouve donc des textes littéraires, rescapés de bibliothèques
aujourd'hui détruites, qu'il faut étudier comme tous les écrits de
ce genre, et des documents de la vie quotidienne, correspon-
dance privée ou publique, livres de comptes, etc. On se heurte à
des problèmes identiques à ceux que connaît l'épigraphie :
absence de datation, auteurs inconnus, recours à de nombreuses
abréviations. Il n'existe pas de bon manuel en français pour
cette discipline. On conseillera les ouvrages cités plus haut, celui
de P. Petit, de P. Arnaud et L'Histoire et ses méthodes, qui donne-
ront des références plus précises.
Nous possédons maintenant une synthèse récente, en fran-
çais, sur la numismatique romaine (F. Rebuffat cité plus bas).
Cette discipline, à l'instar de la papyrologie, s'apparente de près
à deux autres, l'épigraphie et, cette fois, l'archéologie. En effet,
une monnaie porte, en règle normale, une légende que le
manque de place contraint à abréger. Il faut indiquer qui est res-
ponsable de l'émission, en général des triumvirs sous la
République, le monarque sous l'Empire. Puis 1 habitude s est
prise, surtout à partir de César, d'ajouter des références aux
thèmes de l'idéologie officielle, souvent le nom de telle ou telle
divinité censée protéger le pouvoir de manière toute particulière.
De plus, une monnaie porte des représentations gravées, par
exemple le portrait de l'empereur et l'image d 'un dieu, ou un
symbole quelconque. Ce deuxième aspect du commentaire se
rattache donc au travail de l'archéologue que nous examinerons
plus loin. Naturellement, la numismatique présente ses particu-
larités. Les monnaies étant des instruments d'échange, leur
étude relève aussi de l'histoire économique. Et la découverte de
trésors peut renseigner sur des événements divers, par exemple
sur les routes et la chronologie des invasions.
Non seulement existe une synthèse claire et récente sur cette
discipline, mais encore on possède d'excellents recueils de mon-
naies, notamment rédigés en anglais ; une série en langue fran-
çaise promet beaucoup, mais elle n'en est qu'à ses débuts. Ces
collections permettent en outre de jeter la suspicion sur les faux,
nombreux également dans ce domaine.
H. Zehnacker, Moneta. Recherches sur l'organisation et l'art des
émissions monétaires de la République romaine (289-31 avant J.-C.),
1974 (Paris).
E. A. Sydenham, G. C. Haines, L. Forrer et C. A. Hersh, The
Coinage of the Roman Republic, 1952 (Londres).
H. Mattingly et E. A. Sydenham, Roman Impérial Coinage, depuis
1923 (Londres).
Des mêmes, Coins of the Roman Empire in the British Muséum,
depuis 1923, réimpr. 1968 (Londres).
J-B. Giard, Bibliothèque nationale, Catalogue des monnaies de
l'Empire romain, I, Auguste, 19882 (Paris) ; série à suivre.
F. Rebuffat, La Monnaie dans l'Antiquité, 1996 (Paris).
L'archéologie

O n ne trouve pas de synthèse claire, récente et en français


sur l'archéologie. Personne ne peut refaire les deux seuls
manuels actuellement disponibles; pourtant, ils sont anciens,
dépassés :
R. Cagnat et V. Chapot, Manuel d'archéologie romaine, 1916-1920
(Paris), 2 vol.
A. Grenier, Manuel d'archéologie gallo-romaine, 1931 sv., en
cours de réimpression, 1985 sv. (Paris), 4 vol. en 7 tomes.
L'archéologie peut être définie comme l'étude des vestiges
matériels. Depuis longtemps, ceux qui s'adonnent à cette disci-
pline ont renoncé à la «chasse au trésor », même si cette der-
nière séduit toujours le grand public par son côté spectaculaire ;
ils recherchent toutes les traces, même les plus humbles, pour
restituer ce qu'ils peuvent de l'histoire de l'humanité. En réali-
té, ce que l'on appelle actuellement archéologie correspond à
des disciplines très variées, et il n'est pas aisé pour le spécialiste
de l'une d'entre elles d'acquérir des compétences dans une
autre et, à plus forte raison, dans plusieurs autres. Ainsi, par
exemple, un «fibulologue », spécialiste des agrafes de vêtements
ou fibules, n'est pas nécessairement un céramologue averti.
Le travail sur le terrain obéit à des règles précises. Des plans
sont dressés, des relevés sont effectués, tout est photographié, et
chaque objet reçoit une étiquette. Un site se présente sous l'aspect
d'un mille-feuilles, chaque époque ayant déposé sa couche. Aussi
a-t-on recours le plus souvent à la méthode stratigraphique et à ses
variantes : on s'efforce de distinguer des strates homogènes par
leur chronologie, par leur couleur, par leur texture, ce qui permet
de proposer une datation au moins relative pour les objets appar-
tenant au même niveau. La découverte, par exemple, d'une mon-
naie ou d'un tesson bien connu permet de transformer la chro-
nologie relative en chronologie absolue. Une fois le dégagement
achevé, se pose la question de la conservation; les objets sont
transportés dans des dépôts ou des musées, et exposés ou cachés
dans des réserves. Les structures en pierre, bois ou terre sont par-
fois détruites, quand un bâtiment moderne doit être construit à
leur emplacement (la loi n'impose que des «fouilles d'urgence »,
communément appelées «fouilles de sauvetage»). Les monu-
ments les plus importants peuvent être classés à l'inventaire du
Patrimoine. Au contraire, dans certains cas, on effectue des res-
taurations, dont les objectifs ont varié et ont répondu à des goûts
différents. Ainsi la colonne de Marc Aurèle, à Rome, a été retra-
vaillée par des sculpteurs de la Renaissance, qui ont défiguré le
monument pour le goût des historiens; la reconstruction du
camp de la Saalburg, en Allemagne, malgré la part d'hypothèse
qu'elle comporte, donne en revanche un aspect plus concret au
monument, ce qui n'est pas indifférent pour le simple curieux.
Le premier devoir de l'archéologue sera donc de dégager et
de préserver ces realia, puis de les dater. Pour les étudier, il utili-
sera bien sûr d'abord l'environnement (site, situation, objets
identifiables et utilisables pour la chronologie). D'une manière
générale, le commentaire recourt à deux principes. 1. La des-
cription, des parties et du tout, permet l'identification (nous
trouvons-nous devant des thermes publics ou une villa privée ï
A quoi servait cet objet? Que représentaient cette sculpture,
cette mosaïque, et quelle signification peuvent-elles avoir?).
2. L'insertion dans une typologie facilite cette reconnaissance et
rend possible une chronologie (les camps à tours d'angles car-
rées et saillantes appartiennent à une période qui va de la fin du
IIIc siècle au début du V siècle). Cette analyse permet également
de détecter les faux. Le commentaire d'un document archéolo-
gique n'est donc pas facile. Il ne faut pourtant pas se découra-
ger. L'historien doit, avec modestie, reconnaître qu il ne peut
pas être compétent dans tous les domaines, et il doit souvent
faire confiance au spécialiste, ce qui ne l'empêchera pas d 'exer-
cer son esprit critique à son égard.
L'archéologie est donc variée, et son objet d'étude va du très
petit (un bijou) au très grand (la ville de Rome). Plusieurs
rubriques peuvent être isolées, et tout d'abord l'urbanisme et
l'architecture. On recommandera ici de bons manuels :
P. Lavedan, Histoire de l'urbanisme, I, L'Antiquité, 19662 (Paris).
J. B. Ward Perkins, Roman Impérial Architecture, 1971-
(Harmondsworth), pour ceux qui lisent l'anglais (ce qui
n'est pas trop demander, sans doute).
J.-P. Adam, La Construction romaine, 1984 (Paris).
P. Gros, L'Architecture romaine 1, 1996 (Paris)
Bâtiments publics et maisons privées recevaient un décor qui
présentait des aspects multiples. On en retiendra surtout la
sculpture, la peinture murale et la mosaïque.
Pour la sculpture, on utilisera un recueil ancien et quelques
études exemplaires :
E. Espérandieu, Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la
Gaule romaine, 1907-1938 (Paris), 11 vol., entreprise poursui-
vie par R. Lantier, 1947-1966, pour les vol. XII à XV.
* R. Turcan, Les Sarcophages romains à représentations dionysiaques,
1966 (Paris).
N. de Chaisemartin, Les Sculptures romaines de Sousse et des sites
environnants, 1987 (Paris).
Sur la peinture murale, dont l'importance vient d'être
récemment découverte :
A. Barbet, La Peinture murale romaine, 1985 (Paris).
Pour la mosaïque :
H. Lavagne, La Mosaïque, coll. Que-sais-je?, n° 2363, 1987
(Paris).
Les archéologues attachent une grande importance aux
objets en terre cuite, extrêmement abondants, bien étudiés, et
qui permettent des datations souvent très précises. La céramique
dite « sigillée » (« signée ») comprend une grande variété de plats
et vases.
H. Comfort, Terra sigillata, trad. franç. de l'art. « Terra sigillata»
de la Realenryclopiidie, 1968 (Privas).
Les amphores servaient à l'emballage de toutes sortes de pro-
duits. Elles aussi sont maintenant bien connues, et permettent sou-
vent de proposer une chronologie pour la couche où on les trouve.
F. Laubenheimer, Le Temps des amphores, 1990 (Paris), p. 160 sv.
pour la typologie.
Les lampes à huile, par leur abondance et leur variété, éga-
lement par les reliefs qu'elles portent, ont depuis longtemps atti-
ré l'attention. Dans la même catégorie des «fossiles directeurs ",
on rangera les bijoux, d'or et d'argent, les pierres précieuses et
semi-précieuses.
J. Deneauve, Lampes de Carthage, 1974 (Paris).
A. Ennabli, Lampes chrétiennes de Tunisie (musées du Bardo et de
Carthage), 1976 (Paris).
Les lampes de terre cuite en Méditerranée, des origines à Justinien, Table-
ronde du CNRS. Lyon, 7-11 déc. 1981, édit. par Th. Oziol et
R. Rebuffat, Travaux de la Maison de l'Orient, XIII, 1987.
Il metallo, II = L'argento dei Romani, par L. Pirzio Biroli Stefanelli,
1990 (Rome).
il métallo, III = L'oro dei Romani, par L. Pirzio Biroli Stefanelli,
1992 (Rome).
La pratique du sport a également permis, ces dernières
années, de faire avancer notre connaissance du commerce dans
l'Antiquité : c'est ici l'archéologie sous-marine qui est en cause.
Quand un navire sombrait, le poids de son chargement l'entraî-
nait par le fond, sous le sable où il était protégé de la destruc-
tion. C'est ainsi que les cargaisons d'amphores assurent en géné-
ral u n e excellente protection (on renvoie au livre de
F. Laubenheimer cité plus haut).
D'autres progrès importants ont été accomplis récemment
grâce aux sciences exactes, qui servent de plus en plus, et grâce
aux divers appareils que le monde industriel met à la disposition
de l'archéologie. On utilise ainsi l'ordinateur et l'informatique.
Des détecteurs électromagnétiques permettent de repérer les
structures enterrées, invisibles avant fouilles ; on mesure dans le
même but les variations de la conductivité électrique du sol. On
sait que les détecteurs de métaux, dérivés des détecteurs de
mines utilisés par les militaires, et vulgairement appelés « poêles
à frire» en raison de leur forme, sont parfois utilisés pour des
recherches «sauvages», strictement prohibées et punies par la
loi. Et cette liste des usages des nouvelles techniques n'est pas
limitative. On trouvera de nombreux exemples dans le numéro
spéciale d'une revue :
Le Courrier du CXRS, Dossiers scientifiques, Archéologie en France
métropolitaine, n~ 73, sept. 1989.
Dans le même ordre d'idées, on sait que des progrès specta-
culaires ont été réalisés grâce à la photographie aérienne. Le
principe est bien connu : la présence de murs enterrés diminue
la hauteur de la végétation. Cette différence, insensible depuis le
niveau du sol, est particulièrement évidente en lumière rasante,
quand se créent des ombres portées, et quand elle est vue de
haut, d'avion. De même, les grandes sécheresses font mieux res-
sortir les structures recouvertes et les dévoilent davantage aux
aviateurs. L'apport de cette technique est assez considérable
pour ne plus pouvoir être mesuré. Et on a constaté récemment
que les satellites artificiels, en particulier le SPOT, pouvaient
rendre des services complémentaires. Il convient cependant
d'être p r u d e n t : la photographie aérienne ne permet qu'un
repérage, et on ne peut jamais affirmer qu'on se trouve en pré-
sence d ' u n m o n u m e n t ancien si on n'a pas effectué un contrôle
au sol. Cette règle, qui devrait être absolument respectée, ne
l'est pas toujours. Elle éviterait de prendre une base de radar
pour un camp romain, ce qui est déjà arrivé. De ce fait, nombre
d'identifications restent sujettes à caution.
R. Agache, Atlas d'archéologie aérienne de Picardie, 1975 (Amiens).
J. Dassiè, Manuel d'archéologie aérienne, 1978 (Paris).
G. Alvisi, La fotografia aerea nell'indagine archeologica, 1989
(Rome).
Nous avons déjà conseillé à l'étudiant en histoire de ne pas se
laisser décourager par la complexité de l'archéologie, pas plus que
par aucune des autres «sciences auxiliaires». Il dispose en effet
d'une possibilité d'assistance fondamentale : la bibliographie.

La r e c h e r c h e d e la b i b l i o g r a p h i e

La recherche bibliographique constitue une discipline, une


technique au service de l'histoire. Elle obéit à quelques prin-
cipes logiques qu'il convient de bien assimiler.
Un des premiers devoirs de l'historien consiste à établir de
manière complète la liste des ouvrages et articles concernant le
sujet qu'il doit traiter. Assurément austère, cette enquête reste
fondamentale et peut réserver à son auteur des surprises et
même des plaisirs. Elle évitera de découvrir une chose bien
connue, elle permettra de ne pas oublier des points importants,
et de se situer dans une continuité d'auteurs. Remarquons à titre
d'exemple qu'on ne peut pas traiter de la bataille d'Actium si on
néglige les Actiaca de Jean Gagé (Mélanges de l'École française de
Rome, LIII, 1936, p. 1 sv.) et le Mare nostrum de M. Reddé (1986,
Paris, p. 340-346).
L'époque romaine peut et doit être abordée, à cet égard,
grâce à plusieurs instruments de travail. Le jeune historien tire-
ra grand profit du Guide de l'étudiant de P. Petit et du livre de
P. Arnaud cités plus haut. Il consultera surtout l' Histoire de Rome
d'A. Piganiol, 1962 , sans négliger les pages consacrées aux
ouvrages généraux (p. IX sv.), et les mises à j o u r (p. 523 sv. ; d'où
la nécessité de ne travailler que sur la 5' édition). Pour les titres
plus récents, la collection Nouvelle Clio est indispensable (il
convient de tenir compte des rééditions, qui comprennent tou-
jours des additions). Enfin, on cherchera de manière systéma-
tique, dans les grandes collections, les manuels les plus récents
(par exemple, la collection Peuples et civilisations) ; dans ces
derniers, comme dans tout ouvrage conseillé pour le sujet à trai-
ter, il faut consulter la bibliographie générale, les bibliographies
particulières à chaque chapitre, et les références données dans
les notes de bas de pages. La revue L'Année philologique rend des
services considérables, mais elle est difficile à utiliser pour
d'autres personnes que des chercheurs expérimentés; on ne la
conseillera pas avant le niveau de la maîtrise. Les enseignants
pardonneront sans doute aux étudiants de DElTG de ne pas s'y
immerger, pour leur éviter le risque de s'y noyer. De toute façon,
le candidat peut toujours s'adresser au professeur qui lui a
donné un exercice, pour lui demander s'il a quelque conseil par-
ticulier à lui donner, quelque publication récente à lui signaler.
Il existe parfois des bibliographies analytiques, c'est-à-dire clas-
sées chronologiquement et par thèmes, et accompagnées de
remarques critiques. L'étudiant en histoire se bornera aux der-
niers numéros pour se mettre à jour. Citons, pour la Gaule, la
chronique entreprise par P.-M. Duval et poursuivie par
H. Lavagne dans la Revue des études anciennes, et, pour l'Afrique,
la Bibliographie analytique de l'Afrique antique, commencée par
J. Desanges et S. Lancel (depuis I, 1961-1962), et poursuivie par
J.-M. Lassère et Y. Le Bohec (depuis XX, 1986). De nombreuses
revues proposent des rubriques analogues, par exemple la
Rivista di studi fenici pour les études phéniciennes et puniques, la
Revue des études augustiniennes pour les œuvres de Tertullien,
s. Cyprien et s. Augustin. Et cette liste n'est pas limitative.
Recherche des sources et recherche de la bibliographie doi-
vent aller de pair : l'une éclaire l'autre, la complète (on trouve
des références utiles dans les publications de documents, des
remarques importantes, par exemple souvent pour la datation).
Ces deux enquêtes ne suffisent toutefois pas : il convient de ne
pas oublier le respect de quelques règles qui font le bon exposé,
des règles de fond et de forme, mentionnées plus haut. Et pour-
tant, cela ne suffit pas non plus : l'essentiel tient dans la pra-
tique.
PREMIÈRE PARTIE
Des o r i g i n e s à l ' E m p i r e
1. L'Italie pré- et protohistorique.
D'après j. Heurgon, cité en bibliographie
L ' I T A L I E AVANT R O M E

1. De la Préhistoire à l'Histoire

A l'issue d'un épisode préhistorique qui n'a laissé que peu de traces sur
l'histoire de Rome, des peuples se sont mis en place. Nous ne les
connaissons que par l'archéologie : les hommes des « palafittes », des
«terramares» et de la «civilisation villanovienne » (1). On appelle
« palafittes » des villages construits sur pilotis, en zones lacustres. Les
«terramares» sont des habitats de terre ferme au plan géométrique; le
terramare de Castellazzo di Fontanello, dans la province de Parme (2),
reste difficile à interpréter (A, fossé; B, talus; C, pont en bois; D, fosse
à sacrifices; N, nécropole). La civilisation de Villanova recouvre,
approximativement, le domaine occupé dans la suite par les Étrusques
(voir documents suivants); elle se reconnaît à ses urnes biconiques (3).

2. Le terramare de Castellazzo di Fontanello (Parme)


D'après A. nhird et 1. Aubover, cite en bibliographie
3. Ossuaire biconique et urnes-cabanes d'époque villanovienne.
D'après D. Briquel, cité en bibliographie

Bibliographie : A. AYMARD et J. AUBOYER, Rome et son empire, 19675 (Paris) ;


G. A. MANSUELLI, Les Civilisations de l'Europe ancienne, 1967 (Paris) ; J. HEURGON, Rome
et la Méditerranée occidentale jusqu'aux Guerres Puniques, 1969 (Paris); D. BRIQUEL,
Les Étrusques, peuple de la différence, 1993 (Paris).

2. L'économie de l'Étrurie

La p r o s p é r i t é d e l'Étrurie reposait, c o m m e celle de n'importe quelle


c i v i l i s a t i o n d e l ' A n t i q u i t é , s u r l ' a g r i c u l t u r e , m a i s ici s u r u n e a g r i c u l t u r e
f l o r i s s a n t e (1). L ' a r t i s a n a t , e n p a r t i c u l i e r le t r a v a i l d e s m é t a u x (2, 3), e t
le c o m m e r c e (4) a s s u r è r e n t à c e t t e r é g i o n u n e x c é d e n t d e r i c h e s s e . L e s
i n d i g è n e s c o m m e n c è r e n t p a r i m p o r t e r d e s p r o d u i t s o r i e n t a u x p u i s ils s e
m i r e n t à f a b r i q u e r s u r l e u r p r o p r e sol d e s i m i t a t i o n s .

Bibliographie : J. HEURGON, La Vie quotidienne chez les Étrusques, 1961 (Paris), et Rome et
la Méditerranée, occidentale j u s q u ' a u x Guerres Puniques, 1969 ( P a r i s ) ; R. BlANCHI
BANDINELLI, Les Etrusques et l Italie a v a n t Rome, 1973 (Paris) ; M. GRAS, Trafics tyrrhéniens
archaïques, 1985 (Paris-Rome) ; F.-H. MASSA-PAIRAULT, L'Art et l'artisanat étrusco-italiques
à l'époque hellénistique, 1985 (Paris-Rome) ; J.-R. JANNOT, A la rencontre des Étrusques, 1987
(Rennes) ; D. BRIQUEL, Les Etrusques, peuple de la différence, 1993 (Paris).
1. Un araire étrusque d'après un bronze d'Arezzo. 2. Schéma d'un four pour le traitement du minerai
D'après J. Heurgon, cité en bibliographie de fer (d'après G. Camporeale).
D'après D. Briquel, cité en bibliographie

3. Four à cuivre de Val Temperino. 4. Voiture du type carpentum.


D'après J. Heurgon D'après 7. Heurgon

5. Céramique étrusco-corinthienne : a. Trois vases dits «en feuilles de trèfle» (environ 625-580 avant J. C.),
b. Deux aryballes sphériques (vf siècle avant J.-C.) encadrent un vase enduit de vernis rouge.
D'après Die Welt der Etrusker, cité en bibliographie
3. La société en Étrurie

Le pouvoir, à haute époque, est partagé entre le roi et l'aristocratie (1, 2).
Celle-ci finit par s'en emparer; elle l'exerce seule, alors, à travers les
magistratures (3). Les puissants peuvent à l'occasion se transformer en
guerriers (4); ils sont surtout propriétaires fonciers, s'enrichissent aussi
grâce à l'artisanat et au commerce (5). Leur vie privée fait une large
place aux plaisirs (6), moins sans doute que ne l'ont rêvé certains écri-
vains (D. H. Lawrence); elle comporte, paradoxalement, une large part
de violence (7).

1. « Le roi » ; plaque
Campana (Cerveteri).
D'après D. Briquel, cité
en bibliographie 2. Les palais de Murlo et 3. a. Cortège de magistrats (Tuscallia)
d'Acquarossa. b. Autre cortège (Tarquinia
D'après D. Brique! D'après /. Heurgon. cite en bibliographie

5. a. L'obese

é t r u s q u e ; 1). C o u p l e
sur u n e urne
: ( . Laris
4. Stèle d'A\ !c Pulenas ' Tarquinial.
Felusk(, Vetulonia. 1) "/ , t 1, H e u r g o n
fin du 1.ir siècle).
D'après IX Briquel
6. a. La danse (Tarquinia).
6. b. Le banquet (Tarquinia).
D'après J. Heurgon
D'après D. Briquet

7. Exploits de Mastarna et des frères Vibenna (tombe François).


a.D'après D. Briquel,
b. D'après J. Heurgon

Bibliographie : P. LAMBRECHTS, Essai sur les magistratures des Républiques étrusques, 1959
(Rome-Bruxelles) ; J. HEURGON, La Vie quotidienne chez les Étrusques, 1961 (Paris), et
Rome et la Méditerranée occidentale jusqu'aux Guerres Puniques, 1969 (Paris) ; R. BIANCHI
BANDINELLI, Les Étrusques et l'Italie avant Rome, 1973 (Paris) ; J.-R. JANNOT, A la rencontre
des Étrusques, 1987 (Rennes) ; D. BRIQUEL, Les Étrusques, peuple de la différence, 1993
(Paris).

4. La religion étrusque

La religion étrusque a beaucoup intéressé les chercheurs parce qu'elle


a largement influencé la religion romaine. On l'étudie maintenant pour
elle-même. Elle accordait une grande place à la divination, pour laquel-
le les haruspices, prêtres étrusques par excellence, utilisaient l'examen
des viscères des animaux (1). Le panthéon était connu à travers une
série de mythes (2), et les dieux logeaient dans des temples (3).
Hommes du plaisir et de la violence (voir document 3), les Etrusques
étaient aussi un peuple obsédé par la mort; un culte imposant était
donc rendu aux défunts (4).
Bibliographie : G. DUMÉZIL, La Religion romaine archaïque, 1966 (Paris), en particulier
p. 593-660; G. A. MANSUELLI, Les Civilisations de l'Europe ancienne, 1967 (Paris);
J. HEURGON, La Vie quotidienne chez les Étrusques, 1961 (Paris), et Rome et la Méditerranée
occidentalejusqu'aux Guerres Puniques, 1969 (Paris) ; R. BlANCHIBANDINELLI, LesÉtrusques
et l'Italie avant Rome, 1973 (Paris) ; A. MAGGIANI, Qualche osservazione, sul fegato di
Piacenza, Studi Etruschi, L, 1982, p. 53-88 ;J.-R. JANNOT, A la rencontre des Étrusques, 1987
(Rennes) ; D. BRIQUEL, Les Etrusques, peuple de la différence, 1993 (Paris).

1. Le foie de Plaisance.
D'après G. A. Mansuelli, cité en bibliographie

2. a. Le dieu Tinia sur un miroir; 2 b. Le dieu Laran sur un autre miroir.


D'après D. Briquel, cité en bibliographie D'après D. Briquel

2. c. La déesse Héra-Uni. 3. Un temple (reconstitution).


D'après R. Bianchi Bandinelli, cité D'après D. Briquel
en bibliographie
t s CHAPITEAUX

UMULUS II (FIG. 412)


UMULUS 1

DES ALLIEES (FIG 411)

4. Le culte des morts,


a. La n é c r o p o l e de Cer\eteri.
b. Une t o m b e de Tarquinia.
c. Cippes masculin et féminin.
D'aprèi R Blanchi Bandinelli D. Brique! et 1 Heurçnn
5. Les Grecs en Italie

La Grèce de l'époque archaïque a vu se développer un vaste mouve-


ment de colonisation qui n'a pas épargné l'Italie (et également la Sicile ;
mais cette île ne faisait pas partie de l'Italie antique). Il a surtout inté-
ressé les côtes sud et sud-ouest de la péninsule, de Tarente à Naples, en
passant par Métaponte, Héraclée, Sybaris, Thurii, Crotone, Locres et
Rhégion, pour ne citer que les plus importantes de ces villes. Cette
migration s'explique par des motifs économiques et démographiques;
elles a eu des conséquences également économiques, mais aussi poli-
tiques et culturelles.

1. Passé ce cap' commence un autre golfe, contigu au précé-


dent, sur lequel est bâtie une ville que les Phocéens2, ses fonda-
teurs, avaient appelée Hyélée, alors que d'autres lui ont donné le
n o m d'Elé, qui est celui d ' u n e source, et qu'on la nomme aujour-
d'hui Elée... Quant à l'autre mer, dominée par les Grecs, qui
possédaient le golfe de Tarente, elle n'était autrefois touchée en
aucun point par la Lucanie, et, avant l'arrivée des Grecs, il n'exis-
tait pas encore de Lucaniens... Rhégion a été fondée par des
Chalcidiens, dont on raconte qu'ils avaient été prélevés sur leur
nation à raison d ' u n sur dix à cause d ' u n e disette, sur le conseil
d ' u n oracle, pour être voués à Apollon et que, par la suite, ils
quittèrent Delphes et vinrent s'installer à cet endroit avec
d'autres compatriotes enrôlés au passage. (Strabon, VI, 1, 1, 2, 6;
trad. de F. Lasserre)
2. Un certain Myscellos, Achéen originaire de Rhypes, se ren-
dit à Delphes; il interrogea le dieu pour savoir s'il aurait des
enfants. Mais la Pythie lui répondit en ces termes : « Myscellos au
dos court, l'archer Apollon t'aime et te donnera une descendan-
ce. Il t'ordonne d'abord d'aller habiter Crotone au milieu de
terres bien labourées ; tu y seras puissant. » Mais, comme il ne
connaissait pas Crotone, la Pythie parla de nouveau : « C'est celui
qui frappe au loin qui te le dit. Mais écoute bien : Voici le
Taphios dépourvu de terres labourées, là c'est Chalcis, là, la terre
sacrée des Courètes, et là les Echinades. A gauche, c'est la mer
immense. Je t'ordonne ainsi de ne pas manquer le cap Lakinion,
la Krimisa sacrée, ni le fleuve Aisaros. » Mais, malgré l'oracle qui
lui ordonnait de fonder Crotone, Myscellos était émerveillé par
le territoire qui se trouvait autour de Sybaris ; il souhaitait s'y ins-
1. P u n t a Lic o s a .
'2. La m é t r o p o l e , P h o c é e . é g a l e m e n t m é t r o p o l e (le Marseille, se trouvait en Asie M i n e u r e .
3. Fil Lucanie.
taller. Voici l ' o r a c l e q u i lui f u t a l o r s r e n d u : « M y s c e l l o s a u d o s
c o u r t , e n a g i s s a n t c o n t r e l a v o l o n t é d u d i e u , t u r e c h e r c h e s les
l a r m e s ; a g r é e l e d o n q u e l e d i e u t e fait. » ( D i o d o r e , fr., V I I I , 17)

Bibliographie : J. BÉRARD, La Colonisation grecque de l'Italie méridionale et de la Sicile dans


l'Antiquité, 1941 (Paris) ; G. VALLET, Rhégion et Zancle, 1958 (Paris) ; J. BOARDMANN,
The Greeks Overseas, 19802 (Londres).
LA R O M E P R I M I T I V E

6. La fondation de Rome

Des légendes, dont certaines ont été forgées très tard, pour donner à
Rome des lettres de noblesse, voilà tout ce que nous possédons sur les
origines de Rome. Mais, derrière le mythe, il faut chercher la réalité :
tentative d'explication d'un contexte qui n'est plus compris, d'embel-
lissement de données parfois sordides.

1. Des Troyens, qui fuyaient Ilion' avec Enée2 après la prise


de la ville3, débarquèrent à Laurentum, ... non loin de l'embou-
chure du Tibre. Ils fondent une ville à faible distance de la mer
sur une colline et lui d o n n e n t le nom de Lavinium. Peu de
temps après, ils furent appelés Latins, d'après le nom du roi du
pays. Et après avoir quitté Lavinium, ils jetèrent avec les indi-
gènes les fondations d'une cité plus grande qu'ils appelèrent
Albe ... Seize générations après la prise de Troie, ils envoyèrent
une colonie sur le Palatin et la colline de Saturne, ... occupèrent
ces lieux et entourèrent de murailles le Palatin, qui prit ainsi
pour la première fois l'aspect d'une ville. Ils donnèrent à cette
fondation le nom de Rome, d'après celui du chef de la colonie,
Romulus, qui descendait d'Enée. (Denys d'Halicarnasse, I, 45,
trad. de V. Fromentin et j. Schnàbele)
2. Né de Mars ... avec un frère jumeau, Rémus, (Romulus) fut,
dit-on, sur ordre du roi d'Albe Amulius, qui craignait la chute de
son pouvoir monarchique, exposé avec Rémus au bord du Tibre.
Là, après s'être d'abord nourri aux mamelles d une bête de la
forêt, il fut élevé par des bergers, qui le formèrent à la vie et aux
travaux des champs. On raconte que, devenu adolescent, il l 'em-
portait par la force du corps et par la fierté de l 'âme sur les autres
au point que tous ceux qui cultivaient ces champs où aujourd 'hui
se trouve notre Ville lui obéissaient de bonne grâce et de leur
plein gré. Il en forma une troupe et se mit à leur tête ... puis il
s'empara d'Albe-la-Longue, ville forte et puissante en ces temps-là,
et tua, dit-on, le roi Amulius. (Cicéron, De la République, II, 2)

1. Autre n o m de Troie.
2. L'n h é r o s troven qui réussit a s enfuir.
3. La ville de T r o i e fut prise p a r les Grecs a p r è s q u e , selon la légendre. H é l è n e e ut été
vée p a r Paris, fils d u roi de cette ville.
3. Romulus et Rémus conçurent l'idée de fonder une ville en
ces lieux où ils avaient été exposés et élevés. Albains et Latins
l'emportaient par leur grand nombre. A eux s'adjoignirent aussi
les bergers. Tous espéraient qu'Albe serait petite, et Lavinium
aussi, en comparaison de la ville qui serait fondée ... (Romulus
et Rémus), puisqu'ils étaient jumeaux, ne pouvaient espérer que
l'âge établisse une distinction entre eux. Ils laissent aux dieux
qui avaient la tutelle de ces lieux le soin de décider par leurs
augures' qui donnerait son n o m à la nouvelle ville. Romulus
prend comme enceinte augurale2 le Palatin et Rémus l'Aventin.
Le premier augure, dit-on, se présenta à Rémus : six vautours. Il
venait à peine de l'annoncer q u ' u n effectif double se présentait
à Romulus. Chaque troupe acclama son roi. Les uns justifiaient
le pouvoir par l'antériorité, les autres par le nombre des oiseaux.
Ils se prirent de querelle, et l'âpreté du conflit mena au meurtre.
Frappé dans la mêlée, Rémus tomba mort ... Romulus resta seul
maître du pouvoir3 et la Ville4 prit le nom de son fondateur.
(Tite-Live, I, 6-7)

Bibliographie : J. HEURGON, Rome et la Méditerranée jusqu'aux Guerres Puniques, 1969


(Paris) ; J. POUCET, Les Origines de Rome, 1985 (Bruxelles) ; M. CRAViFORD, Early Rome
and Italy, dans The Oxford History of the Classical World, édit. J. Boardmann, 1986
(Oxford), p . 3 8 6 - 4 1 6 ; A . GRANDAZZI, L a F o n d a t i o n d e R o m e , 1 9 9 0 (Paris) ; A. JOHNER,
Rome, la violence et le sacré : les doubles fondateurs, Euphrosyne, XIX, 1991, p. 291-302 ;
La Rome des premiers siècles, Légende et histoire, Bibl. Studi Etruschi. XXIX, 1992.

7. La première urbanisation

Le passage de l'agglomération de cabanes à la ville commence à être


connu grâce à l'archéologie, qui sera utilement confrontée au récit de
Tite-Live, auteur qui a utilisé les annalistes. Dans tous les cas, et quoi
qu'en ait pensé l'orgueil romain, cet urbanisme doit beaucoup aux
Etrusques.

(Tarquin) fit continuer le mur en pierres de taille, dont la


construction avait été interrompue par la guerre contre les
Sabins, et veilla à entourer la ville dans toute la partie qui n'était
pas encore fortifiée. Comme les eaux s'écoulaient difficilement

1. Les Mieux font savoir leur avis pat des m a n i f e s t a t i o n s sacrées, ou augures, tel le vol des
oiseaux.
Hn latin : templa.
:V Mot latin impmum.
1. En latin : Urbs ( avec u n e majuscule : c'est R o m e ) .
des bas quartiers, de la région du Forum et des vallées qui sont
entre les collines, il les assécha au moyen d'égoutsl qui les reçu-
rent de ces différents points et les conduisirent, ainsi que celles
des hauteurs de la Ville, dans le Tibre. Il recouvre de fondations
l'espace sacré2 prévu pour le temple3 de Jupiter sur le Capitole,
dont il avait fait vœu pendant la guerre contre les Sabins, présage
dès lors de ce que sera par la suite la grandeur de ce lieu. (Tite-
Live, I, 38)

Plan de Rome
D'après M. Palottino, cité en bibliographie

a. Vestiges archéologiques de l'Age du Bronze


b. Tombes et vestiges de la première phase
c. Tombes et petites sépultures des phases 2 à 5
d. Vestiges d'habitats des phases 2 à 5
e. Emplacements sacrés .
f. Limites de la Ville des quatre régions, et limites des régions entre elles
Régions : I, Sucusane; II, Esquiline; III, Colline; IV, Palatine.

1. Pensez à la cloaca maxima, le grand égout.


2. Mot latin : area.
3. En latin : aedes.
Carte . Patrick Mérienne
Plan de R o m e
D'après M. Le Glay

Bibliographie : J. HEURGON, ouvrage cité (document 6) ; J. POUCET, ouvrage cité


(document 6), et De l'archéologie en tant qu'instrument d'authentification du récit
annalistique, Condere Urbem, édit. Ch.-M. Ternes, 1992 (Luxembourg), p. 111-134;
Les origines de la République romaine, Entretiens de la Fondation Hardt, XIII, 1967
(Vandœuvres) ; M. CRAWFORD, article cité (document 6) ; A. GRANDAZZI, ouvrage cité
(document 6) ; La Rome des premiers siècles, Légende et histoire, Bibl. Studi Etruschi, XXIX,
1992.

8. Les premiers rois

La tradition place Numa Pompilius juste après Romulus, comme


deuxième roi de Rome. Il aurait surtout organisé la religion (voir plus
loin, documents 10 à 12). Cette même tradition cherche à expliquer
comment les Romains ont pu, en fait, supporter un régime monar-
chique, et elle s'efforce de cacher le rôle des maîtres étrusques dans la
Ville.
1. Il avait à peine pris possession du pouvoir, qu'il (Numa)
commença par dissoudre la garde de trois cents hommes que
Romulus avait toujours auprès de sa personne, et qu'il appelait les
celeres, c'est-à-dire les « rapides à la course » ... Celle de ses décisions
qu'on approuve le plus, c'est la division qu'il fit du peuple par
métiers et professions. La Ville, comme nous l'avons déjà dit, était
composée de deux nations, ou plutôt séparée en deux partis'... Il
répartit donc le peuple en divers métiers, musiciens, orfèvres, char-
pentiers, teinturiers, cordonniers, tanneurs, forgerons et potiers.
(Plutarque, Numa, X et XXII, trad. adaptée de Ricard)
2. Sous le nom de royauté, ils (les Romains) avaient un gou-
vernement régi par des lois2. Une élite, chez qui, dans un corps
affaibli par les ans, logeait une âme fortifiée par la sagesse,
veillait au salut de l'Etat : ces hommes, en vertu de leur âge ou
de la similitude de leur mission, portaient le nom de Pères. Puis,
lorsque le pouvoir royal, institué d'abord pour protéger la
liberté et agrandir l'État, se fut transformé en une orgueilleuse
tyrannie3, un changement de régime y substitua un gouverne-
ment annuel confié à deux chefs4. On pensait par ce moyen
empêcher l'âme humaine de concevoir cet esprit d'orgueil que
donne l'abus de l'autorité. (Salluste, Catilina, VI)
3. Lucius Tarquin, successeur de Tullius, devint le maître des
Romains par la force des armes et non en faisant jouer les lois
existantes. Cela se passa la quatrième année de la soixante et
unième olympiade, celle en laquelle Agatharque de Corcyre
remporta le prix de la course, dans le temps qu'Hercule était
archonte à Athènes". Affichant un souverain mépris, non seule-
ment pour le peuple, mais aussi pour les patriciens qui l'avaient
poussé vers le pouvoir, confondant et sapant les coutumes, les
lois, et toute l'ancienne discipline dont les rois ses prédécesseurs
s'étaient efforcés de faire autour de la cité comme une parure, il
transforma, pour le dire en bref, le gouvernement de l État en
une tyrannie ouverte. Premièrement, il établit autour de lui une
garde comprenant, tant parmi les étrangers que parmi les natu-
rels du pays, tout ce qu'il y avait de plus déterminé : armés
d'épées et de lances, ils veillaient de nuit à l'entrée de son palais,
l'accompagnant de j o u r en quelque endroit qu 'il allât, lui pro-
curant une sécurité constante contre toutes les embûches qu 'on
pouvait lui tendre. En second lieu, il ne paraissait pas souvent à
l'extérieur, ni surtout à des heures fixes, mais, s 'il se montrait en
1. D'après les auteurs anciens, c'étaient déjà les patriciens et les plé bi it nv
2. On voit l'importance du droit et des institutions pour les mentalités collec tives a Rome.
3. En latin : superbiam dominationemque.
4. Les consuls
5. Soit en 534 avant J.-C., si le demi-dieu a bien exercé cette chaîne...
public, c'était rarement et lorsqu'on s'y attendait le moins. C'est
chez lui que la plupart du temps il traitait des affaires de l'État,
dans l'intimité de conversations avec ses amis les plus proches; il
était rare qu'il traitât des affaires sur la place publique. On ne
laissait pénétrer chez lui que ceux qui y avaient été mandés :
encore était-il loin de réserver à ceux-ci un gracieux accueil,
mais il se manifestait comme un tyran rigoureux et insuppor-
table, le visage plein de colère et plus capable d'inspirer la ter-
reur que de procurer la moindre satisfaction. Ce n'était point
par la justice ni par les lois qu'il tranchait les procès relatifs aux
contrats et conventions contestés, mais bien par caprice et
humeur. (Denys d'Halicarnasse, IV, 41, trad. M. Le Glay, Rome,
1990, p. 49 et 59)
Bibliographie : J. HEURGON, ouvrage cité (document 6) ; J. POUCET, ouvrage cité
(document 6) ; M. CRAWFORD,article cité (document 6) ; P.-M. MARTIN, L'Idée de royauté
à Rome, I, 1982 (Clermont-Ferrand) ; A. GRANDAZZI, ouvrage cité (document 6) ; La
Rome des premiers siècles, 1992 (ouvrage cité, document 6).

9. La première organisation sociale :


la réforme servienne

La tradition annalistique, où Tite-Live a puisé son information, avait fait


effort pour expliquer une situation qu'elle ne comprenait plus. Elle a
beaucoup prêté à des rois plus ou moins mythiques. A Numa Pompilius
la religion (nous y reviendrons : documents 10 à 12), à Servius Tullius
la société... et l'armée, qui en est le reflet. Les historiens du xxe siècle
(également, d'ailleurs, ceux du xixe siècle) sont très divisés sur plus d'un
point (voir la bibliographie).

1. Si N u m a f u t le g a r a n t d u d r o i t divin, Servius fut, dit la pos-


térité, le f o n d a t e u r d e t o u t e s les d i s t i n c t i o n s a u sein d e l'Etat, le
f o n d a t e u r d e s o r d r e s , d e s d i s t i n c t i o n s établies e n f o n c t i o n d e s
d e g r é s d e d i g n i t é et d e f o r t u n e . E n effet, il établit le cens, la plus
salutaire d e s institutions p o u r u n p e u p l e a p p e l é à t a n t d e p o u -
voir'... C e u x qui avaient u n c e n s d e c e n t mille as2 o u plus, il les
r é p a r t i t e n quatre-vingts centuries3, q u a r a n t e d e seniors et qua-
r a n t e d e j u n i o r s ; ils f u r e n t a p p e l é s la p r e m i è r e classe. Les

1. Mot latin : imperium.


2. L'as (as libralis) fut d'abord une unité de poids (une livre), puis une monnaie; Rome
n'a pas eu de vraie monnaie avant le début du iir siècle avant notre ère.
3. Une centurie ne compte pas cent hommes, mais un nombre très approximatif, entre
soixante et plus de cent.
s e n i o r s f u r e n t p r é p o s é s à la g a r d e d e la Ville, les j u n i o r s à la
conduite des guerres extérieures. O n leur d o n n a c o m m e armes
d é f e n s i v e s u n c a s q u e , u n b o u c l i e r d u t y p e clipeus, d e s j a m b i è r e s
et u n e cuirasse, le t o u t e n b r o n z e , et c o m m e a r m e s offensives

u n e l a n c e ' e t u n glaive2. D e u x c e n t u r i e s d ' o u v r i e r s f u r e n t a j o u -


tées à cette classe; elles s e r v a i e n t sans a r m e s ; o n leur d o n n a
p o u r m i s s i o n d e t r a n s p o r t e r les m a c h i n e s d e g u e r r e . L a s e c o n d e
classe f u t i n s t i t u é e p o u r c e u x d o n t le c e n s é t a i t i n f é r i e u r à c e n t
m i l l e as, e t d e s c e n d a i t j u s q u ' à s o i x a n t e - q u i n z e m i l l e a s ; e l l e se
composait de vingt centuries, de seniors et de juniors. Leurs
a r m e s é t a i e n t les m ê m e s q u e p o u r la p r e m i è r e classe, s a u f q u ' i l s
avaient u n bouclier du type scutum au lieu d u clipeus, e t q u ' i l s
n ' a v a i e n t p a s d e c u i r a s s e . S e r v i u s d é c i d a q u e le c e n s d e la troi-
sième classe serait s u p é r i e u r à cinquante m i l l e as. E l l e e u t le
m ê m e n o m b r e d e centuries, et la m ê m e répartition e n fonction
d e l ' â g e . I l n e c h a n g e a r i e n à l ' a r m e m e n t , si c e n ' e s t q u ' i l l e u r
ô t a les j a m b i è r e s . L e c e n s d e la q u a t r i è m e classe était s u p é r i e u r
à vingt-cinq mille as; elle e u t u n m ê m e n o m b r e d e centuries,
mais des armes différentes. O n ne leur d o n n a rien sauf u n e

lance3 et un javelot4. La cinquième classe, plus nombreuse,


comptait trente centuries. Ces hommes portaient sur eux des
armes d e jet, des frondes et des pierres. En leur sein furent
répartis en t r o i s c e n t u r i e s les accensi', les j o u e u r s d e c o r e t d e
trompette. Le cens de c e t t e c l a s s e f u t f i x é à o n z e m i l l e as. L e
reste d u p e u p l e , d o n t le c e n s était inférieur, fut r e g r o u p é d a n s
u n e c e n t u r i e u n i q u e , d i s p e n s é e d u service militaire. A y a n t ainsi
é q u i p é e t r é p a r t i s o n i n f a n t e r i e , il l e v a d o u z e c e n t u r i e s d e c a v a -
liers6 d a n s l ' é l i t e d e l a c i t é . Il e n fit s i x a u t r e s c e n t u r i e s , l e s t r o i s

q u e R o m u l u s avait i n s t i t u é e s c o n s e r v a n t l e u r n o m initial. L e tré-


sor p u b l i c f o u r n i t d i x mille as p o u r l ' a c h a t d e s c h e v a u x . P o u r
l'entretien des chevaux fut instituée u n e taxe annuelle de d e u x

m i l l e a s , p a y é e p a r l e s v e u v e s . ( T i t e - L i v e , I, 4 2 - 4 3 )
2. D i x - h u i t c e n t u r i e s o n t l e c e n s l e p l u s é l e v é . A p r è s a v o i r
ainsi séparé un grand nombre de cavaliers7 de la masse du
peuple, il ( S e r v i u s ) r é p a r t i t le reste d e la p o p u l a t i o n e n cinq
c l a s s e s , d i s t i n g u a n t e n o u t r e l e s j u n i o r s d e s s e n i o r s . Il s ' a r r a n g e a
p o u r q u e la m a j o r i t é d e s s u f f r a g e s f û t a u p o u v o i r n o n d e la m u l -

1. Mot latin : hasta.


2. Mot latin : gladius.
3. Mot latin : hasta.
4. Mot latin : uerutum.
5. Les accensi, trop pauvres pour s'équiper eux-mêmes, prenaient les armes des so ldats
morts au combat. Le plus souvent, on les confinait dans des tâches administratives.
6. Il n'existe qu'un seul mot en latin pour désigner les cavaliers et les chevaliers : eques.
7. Voir note précédente.
astrologie : nos 224, 290. diplomatie : n° 25. Voir « traité ».
bagaudes : n° 240. En Gaule, on donnait ce donatistes : n° 291. On donnait ce nom, en
nom à des brigands. Afrique, à des schismatiques.
banque : n° 65. économie : nos 2, 21, 56 à 59, 64, 65, 164, 165,
barbares : nos 238, 269. 168, 172, 188 à 196, 256 à 258.
blé : n 40, 56, 57,119,172, 190, 191, 201. éducation : nos 78, 83.
brigands : n° 240. esclavage, esclaves : nos 57, 92, 203, 266.
butin : n° 61. eunuque : nos 150, 267.
cadastre : n° 214. évergétisme : n° 199. Les modernes donnent
cens, censeur : nos 9, 26, 54. Cette opération, ce nom à une générosité intéressée, qui
parfois improprement appelée «recense- s'adresse à la collectivité (paiement d'un spec-
ment», a lieu tous les cinq ans, et vise à inscri- tacle, distribution de vin, d'huile, de blé, etc.).
re les hommes sur des listes pour justifier leur femme : nos 84, 85.
appartenance à tel ou tel niveau de la société. fisc, fisalité : nos 233, 247, 263.
Elle a aussi un propos fiscal. Voir le mot sui- four : n ' 2.
vant, et «fisc, fiscalité ». gnomon : n ' 181. Voir «idiologue ».
centurie(s) : nos 9, 125. gouverneur (de province) : nos 86, 151, 261.
céramique : nos 2, 164, 193. La terre cuite guerre (et paix) : nos 24, 27, 28, 29 à 43, 45 à
constituait un des matériaux les plus utilisés 49, 92 à 94,106,107, 115, 120, 132 à 134, 138,
dans l'Antiquité. Voir plus haut au paragraphe 139, 145,174, 228, 269.
des Sources ; voir aussi les rubriques idiologue : n° 181. L'idiologue est le respon-
« amphores'>, etc. sable des finances en Egypte; ses fonctions
chevalier (s) : nos 63, 198. On appelait ainsi sont connues par un aide-mémoire appelé
une élite sociale, d'abord ceux qui combat- gnomon,
taient à cheval, puis ceux qui se mettaient au impérialisme : nos 35 sv.
service de l'Etat en dehors du cursus honorum. imperium : n ' 149. Ce mot, qui ne peut pas
chrétiens, christianisme : nos 146, 226, 266, être traduit, désigne le pouvoir des magistrats
268, 286 à 295 ; voir aussi « donatistes », « cir- supérieurs.
concellions ». iuuenes : voir juvenes.
circoncellions : n° 268. Ces paysans révoltés, jeux : n ' 80.
en Afrique, mêlaient les revendications justice : n° 183.
sociales aux passions religieuses ; voir aussi juvenes : n° 255. On désignait par ce mot des
« donatistes ». associations de fils de notables, unis par des
citoyenneté, citoyens : nos 55, 155, 156. cultes et des activités sportives, et violentes,
clientèle : n° 66. La clientèle était formée par lampes : n° 295.
des humbles qui demandaient une aide à un littérature : n° 218.
«patron », et lui apportaient en retour leur loi : nos 19, 256. Voir l'Histoire romaine, p. 409-
soutien, par exemple lors des élections. 410, et les deux notices suivantes.
collèges : n° 164. Les collèges regroupaient, loi agraire : nos 20, 89 à 91, 100.
dans un but religieux, funéraire, de soutien, lex manciana : n° 190. Ce règlement, qui n'est
etc., tous les hommes qui travaillaient dans la connu que par l'épigraphie africaine, organi-
même branche d'activité. Ils étaient surveillés, sait le colonat.
voire interdits. magistratures, magistrats : nos 22, 50, 117.
colonies : nos 23, 53. La colonie était une ville mines : nos 165, 257.
avec le territoire rural qui en dépendait; ses monnaies : voir index des sources.
habitants jouissaient de la citoyenneté romaine. mort(s) : nos 82, 223.
colon(s) : n05 190, 265. On appelait colons soit notables : nos 199, 260. Ce groupe social est
les habitants d'une colonie soit des métayers, parfois improprement appelé « bourgeoisie ».
hommes libres. odéon : n° 209. Salle de spectacle réservée à
comices : n° 50. On appelait comices les des activités intellectuelles, comme la musique,
assemblées politiques du peuple romain. les conférences, etc.
commerçants, commerce : nos 59, 77, 168, 194 organisation sociale : voir « société ».
à 196. or : n° 46.
consuls : nos 22, 50. Sous la République, les otium : n° 79. Ce mot ne peut pas être traduit;
consuls exerçaient le pouvoir politique et mili- il désigne l'absence d'activité contraignante.
taire. paix : voir «guerre».
curiales : n° 261. On donnait ce nom, au Bas- palafittes : n ' 1.
Empire, aux membres de l'assemblée munici- Patres, patriciat, patriciens : nos 16 à 18, 20 à
pale. 22, 103. Ce groupe social est difficile à définir.
dictateur, dictature : nos 15, 97, 117. Cette On peut au moins dire qu'il regroupe les
magistrature exceptionnelle était très honori- membres de l'élite sociale, de la plus ancienne
fique jusqu'à ce que Sylla (voir plus haut) la aristocratie. Voir «plèbe ».
déconsidère par ses abus. patronage(s) : n° 262. Voir «clientèle».
peinture : n°s 192, 217. société, organisation sociale : nos 3, 9, 16 à 18,
pérégrin : n° 155. Ce mot, qui signifie «étran- 60 à 66, 83 à 88, 197 à 203, 259 à 269.
ger » (à l'empire), désigne surtout les hommes socii : nos 93, 94. Les socii sont des alliés plus
libres qui ne bénéficient pas de la citoyenneté ou moins consentants qui doivent fournir un
romaine. contingent
piraterie : n° 98. soldats : nos 237, 263, 264.
plèbe, plébéien(s) : nos 16 à 18, 20 à 22, 103, terramare : n° 1.
201. Ces mots recouvrent les hommes libres et testament : n° 215.
pauvres, et quelques personnages très riches, tétrarchie : n° 242. Ce mot grec signifie «sys-
mais, exclus du patriciat pour des raisons diffi- tème de gouvernement à quatre ». Il désigne
ciles à établir. les institutions mises en place par Dioclétien
proscription : nos 96, 112. Le mot signifie (voir ce nom d'empereur).
«affiche», et il désignait aussi la liste des théâtre : nos 80, 209. Salle de spectacles.
condamnés à mort dans les guerres civiles, thermes : n° 212. Lieux de loisirs, en principe
province : nos 251, 252. consacrés aux bains, mais où on regroupait des
religion : n°" 4, 10 à 12, 67 à 69, 114, 115,121, activités récréatives diverses. D'où leur succès.
129, 131, 140, 219 à 226, 231, 279 à 295. Voir traité : nos 25, 34, 41.
aussi Judée, Juifs, et chrétiens, christianisme. triomphe : n° 15. Cérémonie religieuse et mili-
Du point de vue des mentalités collectives, de taire à la fois, le triomphe était constitué par
l'histoire, la religion occupe, pour l'Antiquité une procession-défilé, dans Rome, pour
romaine, une place prépondérante, fonda- rendre grâce aux dieux de la victoire,
mentale. Les étudiants ne doivent jamais la «université(s) » : n° 297. On donne ce nom, de
négliger. manière inadéquate, à des écoles de haut
roi(s) : nos 8, 12. niveau.
routes : nos 76, 137, 189. vie municipale : nos 208, 254. Un des thèmes
Sénat, sénateur(s) : nos 50, 62, 122, 197, 227, préférés des chercheurs actuels.
259. Cette assemblée aristocratique dirigeait villanoviens : n° 1.
réellement l'Etat sous la République. vin : nos 56, 57, 119, 191.

Imprimé en France
Imprimerie des Presses Universitaires de France
73, avenue Ronsard, 41100 Vendôme
Mai 1997 — N° 43 491

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