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RESUME
La morelle jaune, Solanum elaeagnifolium Cavanilles est une Solanaceae pérenne
envahissante des milieux cultivés et non cultivés. Dans la région de l'Oriental (Nord-Est du
Maroc), elle commence à devenir un fléau. Elle envahie divers habitats, bords de routes et
de parcelles, fossés et cultures à des degrés d'infestation considérables. Une évolution
grandissante en nombre et en surface des foyers d’infestations a été constatée dans les
plaines d’Angad et de Triffa, les plus envahies de la région d’étude, avec 50% et 30% des
cas, respectivement. Les sources de propagation sont surtout la paille de céréales et le
fumier. Les céréales sont les plus infestés (80%) suivies de l’arboriculture (12%).
ABSTRACT
INTRODUCTION
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herbacée qui peut atteindre plus de 60cm Ensuite elle s'est propagée excessivement
de long selon les biotopes (Bell & al., dans le périmètre irrigué de Tadla, où elle
1990). Elle présente une très grande a causé des dégâts démesurés, puis elle a
variabilité morphologique; ses tiges et conquis les autres régions du pays où elle
feuilles sont quelquefois couvertes de risque de devenir problématique. La
poils duveteux et munies d’épines dont la morelle jaune n'est plus considérée
couleur varie du jaune au noir alors que comme mauvaise herbe spécifique de la
les racines peuvent s’enfoncer jusqu’à région du Tadla, elle est devenue un
5m de profondeur et atteindre 2m de malheur national (Ameur & Bouhache,
longueur, garnies de bourgeons générant 1994).
des rhizomes (Boyd & Murray, 1982;
Tanji & al., 1984; Tahri, 1987; Bouhache Apparue dans la région de l’Oriental vers
& Ameur, 1994; Taleb, 2009; Bouhache, la fin des années 1980, la morelle jaune
2010). est entrain de se répandre massivement.
Au départ quelques 15 à 20 hectares ont
C’est une plante importante des terres été touchés par l’adventice, dés lors une
cultivées, pâturages et zones perturbées à invasion de l’espèce, bien que lente, s’est
faible pluviométrie (EPPO, 2007; produite dans la région. Ainsi, l’objectif
Bouhache, 2010). Elle livre aux cultures de cette étude est de dresser l’état actuel
une concurrence farouche en accaparant des infestations de la morelle jaune dans
les nutriments tandis que ses racines la région de l’Oriental marocain.
profondes emportent au sol toute son
humidité (Bouhache & Ameur, 1994; METHODOLOGIE
Bouhache, 2010). Le caractère invasif est
aggravé par la production élevée de Des prospections relatives à
graines, la grande régénération végétative l'actualisation de la situation des
qui rend les méthodes de contrôle infestations par la morelle jaune ont
classiques très difficiles, la concerné, dans un premier temps, les
diversification et l’efficacité des moyens zones déjà signalées contaminées
de dissémination et enfin la grande depuis le début des années 1990. Dans
capacité d’adaptation aux différents un deuxième temps, des prospections et
milieux (Stoltsz, 1994; Ameur & al., enquêtes réalisées, durant la période
2007; Baye & al., 2007). L’adventice allant d’avril à juillet 2012 et 2013
présente d'autres effets négatifs, elle gêne (période propice de développement de
les activités commerciales, abrite des l’adventice dans la région) dans les
ennemis des cultures, toxique pour le différentes zones.
bétail et réduit la valeur foncière (Tanji & Pour pouvoir limiter les localités
al., 1984). envahies et d’évaluer l’évolution des
Originaire de l'Amérique subtropicale, infestations dans la région, des enquêtes
elle s’est répandue à travers tous les ont été effectuées auprès des producteurs
continents. Désormais, ce fléau mondial et techniciens. Les enquêtes ont concerné
est déclaré officiellement comme une la présence de l’adventice, la provenance
mauvaise herbe nuisible et/ou plante suspectée, les sources probables
envahissante dans plusieurs pays à des d’infestations dans la région (chaumes
degrés différents (Bouhache & Ameur, des céréales, fumier, semences et plants,
1994; Bouhache, 2010). Au Maroc, elle animaux et matériel agricole, autres), les
est signalée pour la première fois dans la flux des produits des fermes infestées et
région de Settat (Qorchi & Taleb, 1997). l’évolution de la morelle depuis son
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installation. Pour pouvoir estimer les effectuée afin d’avoir une idée précise sur
niveaux d’infestation, une échelle les niveaux d’infestations dans
qualitative avec une notation allant de 0 à l’ensemble des écosystèmes envahis dans
4 a été utilisée (Tableau 1). Une analyse les différentes zones de la région.
fréquentielle des données recueillies a été
Tableau 1: Evaluation des niveaux d’infestation par la morelle jaune dans la région de
l’Oriental
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Tableau 2 : État actuel des infestations de la région de l’oriental par la morelle jaune
Evolution des surfaces infestées par S. Les niveaux d’infestation préétablis nous
eleaegnifolium : ont permis de déduire l’évolution de la
situation dans les différentes provinces de
Afin d’avoir une vision précise de la région de l’Oriental (Figure 3). Une
l’importance, de la répartition et de première approche des résultats montre
l’évolution des infestations sur une évolution concentrique des
l’ensemble de la région de l’Oriental, infestations, notamment dans les
différentes exploitations (91 au total déjà bordures de routes, des parcelles et dans
infestées), de tailles et de cultures bien les fossés. De l’ensemble des
diversifiées, ont fait l’objet de visites. exploitations infestées en 2012,
seulement 49% étaient infestées en 2000
Les changements des infestations dans la contre 29% en 1990. La zone de Béni
région a été abordée par le biais Drar étant la plus touchée avec près de
d’enquêtes effectuées auprès des 50% des infestations recensées dans la
producteurs et techniciens, sensibilisés à région. Berkane vient au deuxième rang
cette adventice et directement concernées avec environ le tiers des foyers infestés
par sa présence, qui nous ont ensuite alors que la zone de Nador, modérément
tenus informés de l’évolution des infestée bien qu’elle fût déclarée parmi
infestations déjà établies et surtout de les premiers foyers de la région, ne
l’apparition de nouveaux foyers et aussi totalise que le cinquième des foyers
de la première année où l’espèce a été infestés. La zone de Taourirt reste très
repérée sur l’exploitation dans les peu envahie par S. eleagnifolium avec un
différents agrosystèmes. peu plus de 5% des foyers.
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REFERENCES
AMEUR A., BAYE Y., BOUHACHE M. & TALEB A. 2007. Revue des moyens de lutte
contre la morelle jaune (Solanum elaeagnifolium Cav.) au Maroc. Bulletin
OEPP/EPPO Bulletin 37 : 137–144. BAYE Y., AMEUR A., BOUHACHE M. &
TALEB A. 2007. Stratégie de lutte chimique contre la morelle jaune (Solanum
elaeagnifolium Cav.) au Maroc. Bulletin OEPP/EPPO Bulletin 37 : 145–152.
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