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1. Les Jaunisses
89.– Ces maladies sont susceptibles de provoquer des
pertes très importantes de rendement en tonnage de raci-
nes (jusqu’à 30 %) et en teneur en sucre.
On distingue 2 types de jaunisses, selon les virus mis en
cause: la jaunisse modérée, très répandue et la jaunisse
grave, moins fréquente. Dans les deux cas, on constate un
jaunissement et un épaississement des feuilles, les nervu-
res restant vertes. La jaunisse modérée se reconnaît à la
couleur jaune-orangé des feuilles âgées (cf. fasc. 2362).
La jaunisse grave donne des couleurs jaune-citron et pro-
voque des taches nécrotiques. Lorsque les deux virus sont
présents, le symptôme de mosaïque grave l’emporte.
La transmission des deux virus est effectuée par des puce-
rons, parmi lesquels Myzus persicae (puceron vert du
pêcher) et Aphis fabae (puceron noir de la fève) sont les
plus répandus. De nombreuses adventices, les cultures Liste
d’épinards, les betteraves porte-graines et potagères, les
silos de betteraves fourragères, hébergent à la fois les virus
et les pucerons et constituent les points de départ des épi-
démies.
Ta b l e
La lutte, en l’absence de résistance variétale intéressante,
repose d’abord sur des méthodes culturales visant à
réduire les sources primaires de contamination et sur des
semis précoces, de sorte que les plantes soient à un stade
de développement suffisamment avancé, peu sensible, I n dex
lors de l’arrivée des vols de pucerons.
Les traitements insecticides sont appliqués dès le semis Fig. 21. – Fig. 21.- Rhizomanie de la betterave
sous forme de micro-granulés pour protéger les plantu- (Photo Putz-I.N.R.A., Colmar)
les, très sensibles, contre les éventuels pucerons. La pro-
tection peut s’étendre jusqu’à 2 mois. Environ 50 jours La seule méthode de lutte repose actuellement sur des mesu- Glossaire
après le semis, en fonction des populations de pucerons, res prophylactiques, la désinfection du sol, efficace, étant
on applique en 1 ou 2 fois des aphicides sur le feuillage d’un coût prohibitif. Il convient de drainer les parcelles, de
(les seuils d’intervention sont de 1 à 2 pucerons verts et détruire les foyers malades présents en zone saine, d’entre-
50 à 100 pucerons noirs pour 10 betteraves). poser les betteraves malades sur la parcelle d’où elles pro-
viennent, de nettoyer les matériels de récolte, de ne pas faire
retourner au champ les effluents de sucrerie, de ne pas mul-
2. La Rhizomanie de la Betterave sucrière tiplier les porte-graines dans les zones contaminées. Par
90.– Cette maladie est apparue récemment en France. ailleurs, on peut utiliser des variétés tolérantes. Les nom-
Depuis 1970, elle progresse dans toutes les régions bettera- breuses recherches en cours permettront peut-être de met-
vières. En 1983, 6 000 ha étaient contaminés. Elle provo- tre au point des techniques de lutte efficaces.
que des baisses de rendement de plus de 50 %, aussi bien
en racines qu’en sucre et s’avère préoccupante en raison de 3. La Mosaïque
l’absence de méthodes de lutte réellement efficaces.
91.– Cette maladie fréquente est peu grave, sauf parfois
Les symptômes sont rarement nets sur le feuillage, qui sur les porte-graines. Elle provoque une crispation et un
montre parfois des crispations, des jaunissements des ner- gaufrage des limbes qui présentent des nervures claires et
vures et une tendance à flétrir par temps chaud. Par con- des taches vert-clair, en mosaïque. Le virus responsable
tre, sur la racine, on distingue une prolifération de radicelles est transmis par les mêmes pucerons vecteurs que ceux
retenant la terre, certaines d’entr’elles étant nécrosées des jaunisses, si bien que la lutte aphicide contre ces der-
(fig. 21). Dans la racine principale, les vaisseaux sont nières limite l’extension de la mosaïque.
nécrosés et la coupe de la racine a une teinte grisâtre.
Le virus de la rhizomanie est transmis par un champignon
primitif du sol, Polymyxa betae. Celui-ci vit dans les radi-
celles et est favorisé par des sols lourds, humides, mal drai-
nés, se réchauffant vite au printemps. En raison de la très
longue conservation du champignon dans le sol, une par-
celle contaminée est perdue pour la culture de la betterave.
IV. MALADIES DE LA POMME DE TERRE 94.– La conservation du champignon a lieu sous forme de
mycélium dans les tubercules faiblement atteints, utilisés
92.– Le tableau de la figure 22 résume les principales comme plants.
maladies fongiques et bactériennes en cours de végéta- Les premiers foyers sont dus à ces tubercules malades dont les
tion et pendant la conservation des tubercules. pousses sont porteuses des organes de dissémination du
Phytophthora (sporocystes). A la faveur des pluies et du
A. Mycoses et bactérioses en cours vent, ceux-ci se détachent et vont attaquer le feuillage des
plantes et des cultures voisines. Un temps pluvieux ou de
de végétation fortes rosées et des températures fraîches (10-15° C) sont
favorables à la contamination. L’incubation de la maladie
dure une dizaine de jours. La sporulation est favorisée par
1. Le Mildiou
l’humidité et des températures voisines de 20° C. Ainsi, au
93.– Le mildiou est toujours la maladie fongique la plus cours du printemps et du début de l’été, si les conditions cli-
importante et la plus redoutable de la pomme de terre, matiques sont humides, s’effectuent de nombreux cycles de
avec cependant des fluctuations selon les années, en multiplication du parasite, d’autant plus facilement que ce
fonction des conditions climatiques. dernier sporule et se dissémine abondamment. Entre 2
cycles successifs, le taux de multiplication de la maladie peut
Les symptômes sur les tiges sont visibles dès la levée, sous être très important et l’on peut arriver très rapidement au
forme de brunissements. Plus tard, sur plantes dévelop- seuil épidémique (au bout de 2 à 3 cycles) au-delà duquel la
Liste pées, les folioles se couvrent de taches jaunâtres à la face maladie est difficile, voire impossible, à combattre. En fin de
supérieure, qui bientôt se nécrosent en conservant une saison, l’infection des tubercules a lieu, surtout si le sol est
auréole chlorotique. Par temps chaud et humide, les humide, à partir des sporocystes formés sur le feuillage
fructifications du champignon sont visibles à la face infé- malade laissé en place.
rieure sous la forme d’un duvet blanc (cf. fasc. 2362). Les 95.– La lutte culturale consiste d’abord à réduire les sources
Ta b l e tiges et les pétioles montrent des taches brunes. En con- d’infections primaires, notamment par la destruction des
ditions favorables à la maladie, les parties aériennes peu- repousses et l’utilisation de tubercules sains. Pour cela, un
vent être rapidement détruites et la récolte fortement défanage précoce permet de détruire l’inoculum qui risque-
compromise, voire nulle. Les tubercules malades mon- rait de contaminer les tubercules. Le défanage est égale-
trent extérieurement des taches brunâtres et des nécroses ment indispensable pour les pommes de terre de consom-
Index internes de couleur marron. Ils pourrissent facilement. mation, pour éviter des pourritures de tubercules.
La lutte chimique fait appel à de nombreux fongicides de L’utilisation de variétés résistantes se heurte au phéno-
contact, pénétrants ou systémiques. Les traitements mène fréquent chez Phytophthora infestans d’apparition
d’assurance, répétés tous les 8 jours, conduisent à des de races virulentes. Les variétés de grande consommation
applications inutiles et peuvent dans certains cas s’avérer sont toutes sensibles, mais il existe des différences de
peu efficaces. Les traitements raisonnés ne peuvent être résistance entre les variétés commercialisées.
mis en place qu’avec une surveillance très attentive des
cultures, surtout pour le dépistage des premiers foyers
qui conditionne le premier traitement, lequel est le plus 2. Autres maladies
important. La décision d’intervention est prise en fonc-
tion des périodes à risque et implique d’intervenir immé- 96.– Le rhizoctone est dû à un champignon du sol qui
diatement. Même en cas d’emploi de fongicides systémi- produit des sclérotes sous forme de paillettes brunes à la
ques, il faut rester très vigilant. Notons que, depuis surface des tubercules. Il est préjudiciable uniquement
l’utilisation des acylalanines (métalaxyl) on a vu l’appari- sur les plants, dont il provoque la pourriture des pousses.
tion de souches résistantes à ces fongicides. Leur emploi Une désinfection des plants est nécessaire.
est donc soumis à certaines contraintes (55).
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V. MALADIES DES PRINCIPALES CULTURES L’oïdium est fréquent surtout sur les cultures de pois
OLÉAGINEUSES, PROTÉAGINEUSES implantées tardivement. Le rendement peut alors être
ET FOURRAGÈRES affecté si les conditions de l’année permettent à la mala-
die de commencer son développement dès la fin du prin-
temps. Eviter les semis tardifs et utiliser des variétés résis-
A. Maladies du Colza et du Tournesol tantes constitue la meilleure méthode de lutte.
103.– Ces cultures, qui ont pris un grand développement Le mildiou est de plus en plus fréquent sur pois d’hiver et
en France, sont attaquées par diverses maladies fongiques. nécessite des traitements fongicides à la floraison.
La sclérotiniose, qui entraîne essentiellement des pourritures Le botrytis de la féverole d’hiver est une redoutable maladie,
des feuilles, tiges et siliques du colza et des capitules du tour- dont les premiers symptômes apparaissent dès novembre
nesol, est la plus importante. Le champignon se conserve sous forme de taches foliaires brunes et arrondies. Au prin-
dans le sol sous forme de sclérotes, lesquels produisent des temps, en particulier à la floraison et jusqu’à la fin du déve-
apothécies (l6) du printemps à la fin de l’automne. Celles-ci loppement des gousses, si le temps est humide, les fleurs, les
projettent des ascospores contaminantes, particulièrement à jeunes gousses et les feuilles se nécrosent et disparaissent. La
la floraison qui est le stade le plus sensible. Pour le tournesol, totalité de la récolte peut être détruite en quelques jours. Les
la seule méthode de lutte consiste dans la rotation des cultu- traitements s’avèrent d’application difficile et sont de ce fait
res sur les parcelles contaminées, sur une durée d’au moins 4 peu efficaces. Des recherches sont en cours pour améliorer
à 5 ans et dans l’utilisation de variétés peu sensibles. Pour le la résistance génétique.
colza d’hiver, des traitements avec des fongicides anti-Sclero- L’Anthracnose, qui provoque surtout des taches foliaires,
Liste tinia sont efficaces en applications à la floraison semble en extension.
L’alternariose du colza d’hiver est fréquente par temps
chaud et humide. Elle se présente sous la forme de taches Maladies Champignon parasite Place dans la classification
noires sur les tiges et les feuilles. Elle peut être domma-
geable sur les siliques, dont elle provoque l’éclatement. Pois:
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Les graines malades peuvent subir des fontes de semis. Anthracnose Ascochyta spp. Ch. Imparfait – Sphaeropsidale
Les contaminations sont dues le plus souvent aux débris Oïdium Erysiphe polygoni Ascomycète – Erysiphale
de récolte. Si les traitements sont efficaces après la forma-
tion des premières siliques, ils s’avèrent peu indispensa- Mildiou Peronospora pisi Oomycète – Péronosporale
bles, car leur rentabilité n’est pas assurée. Féverole :
Index
Le mildiou du tournesol attaque surtout les jeunes Botrytis Botrytis fabae Ch. Imparfait – Moniliale
plants. Il est très efficacement combattu, et en voie de
Anthracnose Ascochyta fabae Ch. Imparfait – Sphaeropsidale
disparition, grâce à des traitements de semences et par
l’utilisation de variétés résistantes. Fig. 26. – Principales maladies du pois et de la féverole
Glossaire Le botrytis du tournesol, rarement dommageable,
n’intervient qu’en fin de saison pour provoquer quelques C. — Maladie des cultures fourragères
pourritures des capitules.
(On consultera également les fiches nos 2002 et 2005).
Le Phoma, qui provoque des taches foliaires et des nécroses
du collet sur colza, est combattu par des variétés résistantes. 1. Luzerne et Trèfle violet
Maladies Champignon parasite Place dans la classification 105.– La verticilliose de la luzerne a longtemps constitué
un frein pour les rendements au nord de la Loire. Elle se
Colza:
manifeste par des jaunissements, un flétrissement et un
Sclérotiniose Sclerotinia sclerotiorum Ascomycète – Discale nanisme des plantes. Le champignon responsable se con-
Alternariose Alternaria brassicae Ch. Imparfait – Moniliale serve dans le sol, sur d’autres cultures et sur de nombreu-
Phoma Phoma lingam Ch. Imparfait – Sphaeropsidale ses plantes sauvages et mauvaises herbes. La maladie est
Tournesol: transmise lors de la fauche par la barre de coupe. La seule
Sclérotiniose Sclerotinia sclerotiorum Ascomycète – Discale méthode de lutte est l’utilisation de variétés résistantes
dont l’extension a permis de faire reculer la maladie.
Pourriture grise Botrytis cinerea Ch. Imparfait – Moniliale
Mildiou Plasmopara helianthi Oomycète – Péronosporale
Les parasites foliaires, très communs (Pseudopeziza, Asco-
chyta, Leptosphaerulina), peuvent réduire la production
Fig. 25. – Principales maladies du colza et du tournesol fourragère et surtout provoquer l’accumulation dans les
feuilles de substances toxiques pour les animaux. En
B. Maladies du Pois et de la Féverole l’absence de variétés résistantes, la fauche, même précoce,
104.– La principale maladie du pois d’hiver est l’anthrac- ne permet pas toujours de limiter les maladies foliaires,
nose, provoquée par 3 espèces d’Ascochyta. Elle se manifeste surtout par temps humide au printemps et en automne.
par des nécroses des plantules et de tous les organes. Elle est Les autres parasites peuvent être graves localement.
transmise par les semences. Les traitements de celles-ci sont 106.– La sclérotiniose du trèfle violet est sans nul doute la
à eux seuls insuffisants pour lutter contre l’Anthracnose. maladie qui, a l’heure actuelle, limite l’extension de cette
Restent l’enfouissement des débris végétaux, les rotations de culture et a une action prépondérante sur sa pérennité.
longue durée et l’emploi de variétés résistantes. Sclerotinia trifoliorum a une biologie voisine de celle de
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pourriture de la grappe. Sur les grains plus âgés, on ou d’éthylphosphite d’aluminium) pénètrent dans les tissus
observe le « rot brun », caractérisé par des taches brunes et sont redistribuées dans la plante de façon non négligeable.
déprimées qui entraînent le dessèchement ou la pourri- On considère qu’avec les produits systémiques, un délai de 15
ture des raisins. La maturation peut être perturbée. jours entre les traitements permet habituellement de protéger
Les rameaux non aoûtés sont également atteints et pren- les vignes de façon satisfaisante, la date du premier traitement
nent une teinte brunâtre. dépendant des indications des Avertissements agricoles. Ce
délai doit être réduit en cas de conditions très favorables au
110.– La biologie et l’épidémiologie de Plasmopara viticola mildiou. Les traitements de fin de saison peuvent être faits
rappellent celles de Phytophthora infestans (93). Le para- avec des fongicides cupriques fortement dosés en cuivre.
site se conserve en hiver dans les « points de tapisserie »
des feuilles tombées sur le sol, sous forme d’oospores Enfin, le réglage des appareils de pulvérisation doit être
communément appelées « œufs d’hiver ». Au printemps, parfait, de façon à protéger l’ensemble de la végétation.
ces « œufs » germent et chacun émet un sporocyste qui 112.– Depuis 1981 sont apparues des souches de Plasmo-
produit des zoospores dans l’eau des flaques présentes para viticola résistantes aux anilides (46), notamment dans
dans le vignoble. A la faveur des pluies, ces zoospores les vignobles du Sud-Ouest, de Cognac, du Val-de-Loire et
sont projetées sur les jeunes feuilles les plus basses et les de la Bourgogne. Il convient donc d’être prudent avec les
attaquent, pourvu que la température soit supérieure à spécialités contenant des anilides, en particulier de ne les
11 °C. En une dizaine de jours apparaissent les premières utiliser que préventivement, de limiter le nombre d’applica-
taches d’huile sur lesquelles, si le temps demeure humide, tions avec ces produits et de varier les produits utilisés.
naissent des quantités considérables de sporocystes.
Liste 2. L’Oïdium
A partir de ces foyers primaires, la maladie s’étend très vite
dans les vignobles. Les cycles de développement dépen- 113.– Connue depuis la seconde moitié du 19e siècle en
dent étroitement des conditions climatiques. En particu- France, cette grave maladie est actuellement répandue
lier, la pluie est nécessaire pour assurer la contamination, dans tout le vignoble français, notamment dans les
Ta b l e les zoospores contaminantes ne se formant que dans de régions méridionales où elle semble en recrudescence.
l’eau liquide. Les températures favorables au parasite
sont de l’ordre de 18-20 °C. Tout ceci explique que le mil- Les symptômes se manifestent à tous les stades de végéta-
diou soit particulièrement redouté dans les régions à cli- tion. Les organes verts sont recouverts d’une poussière
mat humide et, en France, notamment dans les vignobles blanchâtre constituée du mycélium et des conidies du para-
de la façade atlantique où le développement de la maladie site. Les jeunes pousses sont chétives et recroquevillées. Les
Index
peut être véritablement explosif. feuilles adultes montrent, surtout à la face supérieure, des
taches plus ou moins décolorées sur lesquelles on observe le
Les Avertissements agricoles tiennent compte en particu- champignon. Souvent, les feuilles malades se recourbent
lier de l’arrivée à maturité des œufs d’hiver, à partir des- vers le haut en se desséchant et parfois tombent prématuré-
quels s’effectuent les contaminations primaires. L’appari- ment. Les jeunes grappes, avant la floraison, peuvent se des-
Glossaire tion des foyers primaires est également très surveillée. sécher totalement. Après la floraison, le développement des
111.– La lutte contre le mildiou nécessite une grande vigi- grains est perturbé. Plus tard, la peau des grains éclate, lais-
lance et doit être très soignée, car cette maladie est tou- sant apparaître la chair et les pépins. De la véraison à la
jours menaçante. récolte, les grains montrent des taches réticulées brunâtres.
Il faut tout d’abord éviter l’eau stagnante sur le sol et éli- Les rameaux verts présentent des taches brunes dues au
miner les pousses vertes et les feuilles les plus basses. mycélium du parasite et aoûtent mal.
La lutte chimique a d’abord fait appel à des fongicides de 114.– Le champignon se développe à la surface des organes
contact, à action strictement préventive. Ces produits sont parasités et envoie des suçoirs dans les cellules épidermiques
toujours très utilisés. Les matières actives sont nombreu- pour se nourrir. Il forme de très nombreuses conidies ou
ses, la plus célèbre étant la bouillie bordelaise qui a oïdies, qui donnent la poussière blanche caractéristique. La
démontré son intérêt depuis un siècle. Ces fongicides ont dissémination de l’oïdium est assurée par les conidies très
cependant une efficacité restreinte par temps pluvieux— légères, qui sont transportées à grande distance par le vent.
favorable au mildiou—et nécessitent que l’on renouvelle Des températures élevées (25 °C), de même qu’une forte
les traitements, d’autant plus fréquemment que la crois- humidité atmosphérique (70-80 %) sont favorables à
sance de la vigne est plus active, les jeunes organes étant l’oïdium qui ne craint cependant pas la sécheresse, bien au
très sensibles (jusqu’à 14 traitements par an, certaines contraire. Les pluies violentes lui sont par contre néfastes,
années dans le vignoble de Cognac). car elles lessivent les conidies. On comprend alors que cette
maladie soit sérieuse dans les régions ensoleillées.
Depuis peu existent des fongicides pénétrants et systémiques.
Outre qu’ils sont moins sensibles au lessivage par la pluie, ils La conservation hivernale du parasite s’effectue sur les
ont l’avantage d’être curatifs et peuvent donc être appliqués taches des rameaux et entre les écailles des bourgeons.
après la pénétration du champignon dans les tissus de la Depuis quelques années, dans les vignobles méditerra-
vigne, dans les 3 à 4 jours qui suivent une pluie contamina- néens, la forme sexuée du parasite (périthèces) est de plus
trice. Les produits pénétrants (à base de cymoxanil) ne sont en plus fréquente et semble jouer un rôle prépondérant
toutefois pas redistribués dans la plante. Les jeunes organes dans les premières infections des grappes.
apparus après le traitement ne sont donc pas protégés. Par 115.– Selon les cépages et les régions, plusieurs applica-
contre, les matières actives systémiques (à base d’anilides (46) tions de matières actives anti-oïdium doivent être faites.
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5. Le Black-rot facilement. Les pousses issues des bras malades sont chéti-
120.– Cette maladie sévit principalement dans les vigno- ves, avec de petites nécroses. Les inflorescences se dessèchent
bles de la façade atlantique. Tous les organes herbacés ou fructifient mal. La maladie démarre toujours à partir
sont attaqués, en particulier les feuilles et les grappes. Sur d’une plaie de taille et son évolution est lente.
feuille, les symptômes se manifestent par des taches 123.– L’esca se caractérise par des troncs dont les écorces
rouge brique cernées de brun, sur lesquelles se forment éclatent et laissent par temps humide sortir les fructifica-
des pycnides. Les grappes montrent des grains dont la tions blanches du Stereum et fauves du Phellinus. Le bois
couleur devient fauve avant de noircir. Les grains mala- pourri est friable et ressemble à de l’amadou. Le feuillage
des se flétrissent et portent de nombreuses ponctuations, montre, selon les cépages, des jaunissements ou des rou-
constituées de pycnides, mais aussi de périthèces (16) qui gissements internervaires avec des nécroses marginales, à
mûrissent en hiver. ne pas confondre avec des carences nutritionnelles ou
La conservation hivernale s’effectue par les grains de raisin hydriques. En cas de sécheresse, il arrive que le feuillage
tombés sur le sol ou restant sur les ceps dans les vignes et les grappes flétrissent brutalement (apoplexie), mais
abandonnées. Au printemps, les contaminations primaires généralement la maladie évolue lentement.
sont dues aux ascospores projetées par les périthèces 124.– La lutte contre ces maladies est d’abord préventive.
(forme Guignardia bidwellii) sur les jeunes organes. Les Contre l’eutypiose, il faut détruire par le feu les souches
contaminations secondaires sont l’œuvre des spores pro- arrachées et tous les résidus de taille et non les laisser sur
duites par les pycnides. Des pluies et une humidité prolon- place ou en tas, afin de limiter la constitution de quanti-
gée sont favorables au développement du black-rot. tés massives d’inoculum à partir du bois mort. La taille
Liste La lutte prophylactique est très importante. En particulier, devrait être la plus tardive possible afin de faire coïncider
le parasite se conserve dans les vignes mal entretenues ou l’époque de moindre réceptivité de la vigne avec celle de
abandonnées. C’est pourquoi, dans certains départements, moindre production de l’inoculum. Il faudrait protéger
des arrêtés préfectoraux font obligation de détruire ces les plaies de taille par un fongicide, surtout dans le cas de
Ta b l e vignes ou de les remettre en état. La récolte mécanique, par vignes sévèrement taillées et transformées pour faciliter
ailleurs, favorise la chute des grains malades. Il convient la vendange mécanique.
donc de les enfouir pour les inactiver. Contre l’esca, les traitements d’hiver à l’arsénite de soude
La lutte chimique doit être précoce, avant les traitements conservent leur efficacité, en se conformant strictement
anti-mildiou en suivant les conseils des Avertissements aux prescriptions d’emploi.
Index agricoles. Ensuite, les traitements anti black-rot sont
jumelés avec ceux contre le mildiou avec des produits B. La Nécrose bactérienne
actifs contre les deux maladies. Dans certains vignobles
de l’Ouest, il est parfois nécessaire de traiter plus fré- 125.– Appelée d’abord « maladie d’Oléron », la nécrose
quemment contre le black-rot que contre le mildiou. bactérienne de la vigne est connue dans plusieurs pays.
Glossaire En France, elle est pour l’instant localisée aux Charentes
6. Le Brenner ou Rougeot parasitaire et au Languedoc-Roussillon. On peut craindre très forte-
ment son extension, en raison notamment de la générali-
121.– Le brenner est commun dans les vignobles de l’est sation de la récolte mécanique et de l’abandon des fongi-
et du centre-est de notre pays ainsi que dans les pays à cides cupriques qui avaient une excellente efficacité
hivers froids. On le trouve toutefois également dans le bactéricide.
Midi, dans des vignobles peu ou pas traités contre le mil-
diou. Il attaque uniquement les feuilles, sur lesquelles il La maladie est due à une bactérie, Xanthomonas ampe-
provoque des taches nettement délimitées par les nervu- lina. Elle se manifeste par des nécroses des organes verts
res. Selon les cépages, ces taches sont d’abord jaunes ou (sarments, bourgeons, pétioles, feuilles, grappes) sur les-
pourpres puis se dessèchent. La chute prématurée des quels se forment d’abord des taches d’aspect huileux qui
feuilles affaiblit les ceps. Le champignon se conserve en brunissent et se nécrosent ensuite. Par temps humide
hiver dans les feuilles mortes, sous forme de mycélium sourd un mucus contenant les bactéries qui sont dissémi-
dans les vaisseaux des nervures. Ce mycélium produit des nées par les pluies. Les sarments et les bois forment des
apothécies (16) au début du printemps, qui projettent à bourrelets cicatriciels plus ou moins crevassés.
la faveur des pluies des ascospores infectieuses, au La bactérie se multiplie dans les vaisseaux du bois et pul-
moment du débourrement. lule dans la sève. Elle est donc aisément transmise par la
On combat la maladie par des applications précoces de taille et par les blessures occasionnées au cours des opéra-
fongicides, puis par les traitements anti-mildiou. tions d’entretien et de récolte. En particulier, la vigne est
très réceptive à la nécrose bactérienne lors de la vendange
7. Les maladies du bois (Eutypiose et Esca) mécanique qui entraîne souvent de multiples blessures
aussitôt polluées par le jus et les débris évacués par les
Ces maladies « de dépérissement » sont souvent difficiles machines et contenant des bactéries. Le Xanthomonas se
à diagnostiquer. conserve sur les bois de taille broyés et enfouis. Dans les
122.– L’eutypiose provoque la mort des bras, avec des nécro- régions où l’on pratique la submersion hivernale, la bac-
ses en méplat qui se prolongent jusqu’au tronc. Le parasite térie migre dans l’eau et peut être redistribuée à l’ensem-
fructifie sous forme de plages noires (périthèces dans des ble de la parcelle, surtout à la suite du travail du sol qui
stromas) sous les écorces éclatées. Le bois pourri, sec, casse blesse les racines.
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5. Les Rouilles
Glossaire
134.– Deux espèces d’Urédinales (15) attaquent les poiriers,
les pruniers et les abricotiers et ont un cycle complexe. Fig. 33. – Criblure de l’abricotier (Photo G. Raynal)
Chez le poirier, la rouille grillagée, fréquente en régions
méridionales, forme en été des écidies sur les jeunes 7. Le Chancre européen du Pommier
rameaux, les jeunes fruits et surtout les feuilles, à la face
inférieure. Ce sont des pinceaux blanc crème, découpés 136.– Il s’agit d’une maladie en recrudescence en France,
en lanières, qui produisent des écidiospores. Ces derniè- connue dans le monde entier et pas seulement en
res contaminent les genévriers dont les rameaux gonflés Europe, qui apparaît à la suite de blessures sur les
forment à la fin de l’hiver des colonnettes de couleur rameaux et les branches. Le champignon responsable
fauve qui différencient des téleutospores. Les basidiospo- provoque dans un premier temps des craquelures de
res libérées par celles-ci au printemps contaminent les l’écorce puis des réactions de cicatrisation et des chancres
poiriers situés dans le voisinage. La seule méthode de lutte de plus en plus profonds. Les symptômes démarrent sou-
est l’arrachage des genévriers dans un rayon de 500 m vent autour d’un bourgeon ou de l’insertion d’un jeune
autour des vergers de poiriers. rameau sur une branche. Lorsque les rameaux et les
branches sont entourés par les chancres, leur extrémité
Les pruniers et abricotiers montrent en été des pustules dépérit (fig. 34).
foliaires pulvérulentes de couleur rousse, produisant des
Le parasite fructifie et se conserve sur les parties mortes
urédospores. Si elles sont trop nombreuses, ces pustules
des chancres. Il produit des coussinets conidifères fauves
entraînent le jaunissement et la chute prématurée des
(forme asexuée Cylindrocarpon mali) et de nombreux
feuilles et parfois une diminution de la production en
périthèces, bien visibles en automne, de couleur rouge vif.
fruits. Les pruniers et abricotiers ne sont attaqués que s’il
existe dans le voisinage des anémones sauvages ou culti- La lutte est difficile. Il faut éliminer les rameaux malades,
vées qui portent au printemps les écidies du parasite, à cureter les chancres des grosses branches et appliquer un
partir desquelles les arbres sont attaqués. La lutte consiste mastic fongicide sur les plaies fraîches. A la chute des
si possible à détruire les anémones. En cas de vergers feuilles et éventuellement au gonflement des bourgeons,
régulièrement atteints, des traitements fongicides au des traitements cupriques avec des bouillies concentrées
printemps et au début de l’été réduisent la maladie. limitent les risques d’attaque.
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Viroses Mycoplasmoses
Répandues et graves Moins graves Parfois graves peu fréquentes
Pommier Fruits verruqueux sur fruits : craquelure étoilée Prolifération
Bois strié Rugosité annulaire Bois caoutchouc
Poirier Mosaïque Chancres Dépérissement
Jaunissement des nervures Chute des bourgeons
Ring spot Gravelle des fruits
Prunier Sharka Mosaïque
Fentes de l’écorce
Abricotier, pêcher Sharka Mosaïque
Cerisier Ring spot
(taches en anneau)
Fig. 38. – Principales maladies à virus et à mycoplasmes des arbres fruitiers
quelquefois par le pollen (Prunus Ring Spot). La transmis- VIII. MALADIES DES CULTURES LÉGUMIÈRES
sion par des vecteurs animaux n’est connue que dans le cas ET FLORALES
de la Sharka (virose), du dépérissement et de la proliféra-
tion du pommier et du poirier (mycoplasmoses). Pour ces 145.– Etant donné la grande diversité des cultures légu-
derniers, le Psylle du poirier et une cicadelle du pommier mières et florales, il est impossible de détailler ici les
sont responsables de la dissémination des mycoplasmes et maladies de chaque production. C’est pourquoi nous
Liste
de la contamination des arbres sains. Dans le cas de la nous limiterons aux affections les plus représentatives de
Sharka, très importante en Europe centrale et de l’Est, la la pathologie horticole.
dissémination naturelle des diverses souches de virus est La pathologie des plantes horticoles revêt un aspect assez
l’œuvre de plusieurs espèces de pucerons, qui assurent particulier, en raison des conditions de culture
Ta b l e l’extension rapide de la maladie, d’où sa gravité poten- spécifiques à telle ou telle production. C’est ainsi que de
tielle. Introduite en France en 1970 avec du matériel con- plus en plus, les productions horticoles sont spécialisées et
taminé, elle fait actuellement des dégâts dans le sud-est de intensives, au champ et plus encore sous serre. Ceci signifie
la France sur les abricotiers. Elle est bien entendu trans- l’absence de rotations culturales, des cultures à contre-sai-
mise également par le matériel végétal, porte-greffes et son, de fortes densités de plantation, l’emploi de fumiers et
Index variétés. Rappelons qu’elle est susceptible d’attaquer de substrats (tourbes, laine de roche, argiles expansées...)
l’abricotier, le prunier et le pêcher. La vigueur des arbres avec les implications sanitaires que nous verrons. De plus,
n’est pas, ou peu, affectée, par contre les fruits mûrissent l’irrigation, la brumisation, les conditions climatiques des
mal, sont déformés et montrent des taches annulaires serres, sont souvent très favorables aux maladies. Celles-ci
caractéristiques. Les pertes sont très importantes. sont souvent dues à des parasites apportés dans l’exploita-
Glossaire tion par des organes de propagation végétative en prove-
144.– La lutte ne peut être que préventive dans la plupart
des cas. La règle absolue est d’utiliser du matériel sain nance d’établissements spécialisés et dont l’état sanitaire
pour l’implantation des vergers. En effet, les jeunes plants peut être défectueux. Par la suite, les multiples opérations
sont très sensibles aux viroses et mycoplasmoses. Avec culturales entraînent de nombreuses possibilités de conta-
l’âge, ils acquièrent une certaine résistance, mais si dès le mination. Etant donné la grande valeur et la productivité
départ ils sont contaminés, la production et la longévité élevée des plantes horticoles, toute perte est lourdement res-
du verger sont compromises. L’obtention de matériel sentie. Il faut donc assurer une excellente protection phyto-
sain est possible grâce aux techniques d’indexage (porte- sanitaire, tout en tenant compte du danger que peuvent pré-
greffes et variétés). La thermothérapie (traitement de jeu- senter pour le consommateur des résidus toxiques présents
nes plants à 37-38 °C pendant 4 à 6 semaines) permet dans et sur les plantes au moment de la récolte.
dans la plupart des cas de débarrasser les plants de base Les méthodes de lutte seront donc sophistiquées, par des
de leurs virus et mycoplasmes et de régénérer les variétés. procédés qui ne peuvent être envisagés pour les autres
Chez le pêcher, des résultats identiques sont obtenus par cultures en raison de leur coût: désinfection des sols et
la culture de méristèmes (61) et le microgreffage. des substrats, régulation climatique précise des serres,
lutte biologique, plantes prémunies, plantes greffées sur
Dans les cas de transmission par des insectes (pucerons),
des porte-greffes résistants, etc. Dans tous les cas, les
la protection aphicide des vergers s’impose dans les zones
mesures prophylactiques reposant sur des pratiques cul-
à risque.
turales rigoureuses sont très recommandées. Enfin, sou-
Enfin, comme il n’existe pour l’instant aucune méthode vent, il faut avoir recours aux spécialistes pour les analy-
de lutte curative sur les arbres en place, il peut être néces- ses sanitaires qui permettent de définir les méthodes de
saire de procéder à l’arrachage et à la destruction des lutte les plus appropriées.
arbres pour tenter d’enrayer les épidémies. C’est ainsi
que 15 millions d’arbres à noyau ont été détruits en You-
goslavie en 20 ans pour s’opposer à la progression de la
Sharka. Près de 50 000 pêchers et 25 000 abricotiers ont
dû, dans le même but, être arrachés dans les zones méri-
dionales françaises depuis 10 ans.
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velles races virulentes des parasites. Dans certains cas, on ces appartenant au même groupe systématique (14).
utilise des porte-greffes résistants aux parasites du sol. Nous avons déjà étudié deux exemples sur pomme de
On greffe ainsi les aubergines et les tomates sur une terre et sur vigne (93 à 95, 109 à 112), qui donnent une
tomate hybride (KNVF) résistante à plusieurs agents idée de l’épidémiologie et des méthodes de lutte applica-
pathogènes du sol, dont les nématodes, pour lutter con- bles contre les mildious.
tre la verticilliose (aubergine) et le corky-root (tomate). Phytophthora infestans, responsable du mildiou de la
pomme de terre, attaque également la tomate et l’auber-
B. Pourriture grise et Sclérotiniose gine. La contamination des tomates, sous abri et surtout
149.– Botrytis cinerea, agent de la pourriture grise, ou « en plein champ, est généralement tardive, lorsque le mil-
toile » et Sclerotinia sclerotiorum, un des responsables de diou a déjà acquis un certain développement sur pomme
la Sclérotiniose, sont des champignons qui provoquent de terre. Les dégâts sur tomate peuvent alors être catastro-
des pourritures à évolution rapide de tous les organes au- phiques, en raison de la rapidité de développement de la
dessus et au niveau du sol, chez de nombreuses cultures, maladie sur cette culture. Sur les feuilles, les tiges et les
horticoles ou non. Tous les deux sont favorisés par une fruits verts apparaissent des taches brunâtres diffuses. Les
humidité élevée, une végétation dense, des blessures, des fruits, très sensibles, sont souvent bosselés et mûrissent
pièces florales mortes restant sur les organes vivants, par- mal. Les feuilles se dessèchent. Les traitements, avec diver-
ticulièrement les fruits. ses matières actives, sont heureusement très efficaces.
Le Botrytis est capable d’attaquer pratiquement toutes les Le mildiou du concombre, dû à Pseudoperonospora cubensis,
cultures légumières et florales, aussi bien les plantes adul- est susceptible d’envahir rapidement les cultures de concom-
Liste tes que les semis. Il provoque des pourritures molles qui se bre et de melon sous serre. Des taches anguleuses vert-pâle
recouvrent d’un feutrage gris caractéristique. Le champi- apparaissent sur les feuilles qui se dessèchent, entraînant le
gnon se conserve par du mycélium et des sclérotes dans les dépérissement des plantes. Lorsque la maladie est déclarée,
sols et les substrats ainsi que sur les débris végétaux. les traitements sont inefficaces. On doit donc l’enrayer dès
son début, par des pulvérisations de mancozèbe.
Ta b l e Le Sclerotinia fait des dégâts surtout sur aubergine, haricot,
pois, carotte, endive. Les organes nécrosés se recouvrent Le mildiou de la laitue, provoqué par Bremia lactucae,
d’un feutrage blanc pur à partir duquel prennent nais- qui parasite également d’autres composées comme l’arti-
sance des masses noires assez volumineuses (jusqu’à 10-15 chaut, peut être très dommageable, en raison de la rapi-
mm), les sclérotes, qui se conservent à faible profondeur dité de son développement à tous les stades de la culture.
Index dans les sols et substrats. Ces sclérotes germent en donnant Les feuilles montrent des taches d’abord claires, qui se
soit des apothécies (16, 103, 106) qui libèrent des ascospo- couvrent d’une farine blanche à la face inférieure, puis se
res contaminantes, soit du mycélium pathogène. Chez la nécrosent et se dessèchent (fig. 39). Les traitements (pos-
laitue existe une espèce particulière de Sclerotinia à très sibilité de nombreuses matières actives) doivent être faits
petits sclérotes ne produisant pas d’apothécies sous le cli- depuis la levée, toutes les semaines, et au plus tard
Glossaire mat français. Il s’agit de S. minor, bien plus fréquent sur jusqu’au stade 18-20 feuilles, afin de diminuer le plus
laitue que S. sclerotiorum et qui provoque des pertes possible les risques de résidus toxiques au moment de la
importantes, notamment dans les régions méridionales. récolte. Des variétés résistantes existent, mais le Bremia
est très variable et l’on doit se méfier de l’apparition de
150.– La lutte contre ces deux parasites est d’abord pro-
nouvelles races virulentes.
phylactique. Il faut éviter les semis denses, les fumures
azotées trop importantes favorisant une végétation luxu- Pour tous les mildious, favorisés par une forte humidité
riante, les arrosages trop fréquents, la brumisation. Il faut et de l’eau qui reste à la surface des plantes et du sol, il est
aérer les serres et les abris, régler le chauffage pour éviter conseillé d’aérer les serres et les abris, de faire en sorte
une trop forte humidité, éliminer les plantes malades, que les plantes se ressuyent rapidement après les arrosa-
butter ou pailler les plantes pour que les apothécies du ges et, pour les cultures qui s’y prêtent, de tuteurer les
Sclerotinia ne puissent se former. plantes afin de maintenir les organes aériens aussi loin
que possible du sol.
La désinfection du sol permet de détruire les organes de
conservation des deux champignons. Contre les scléroti-
nioses, l’arrosage du sol avec de l’iprodione est efficace,
de même que l’incorporation d’iprodione ou de vinchlo-
zoline aux terreaux au moment de leur fabrication (cas
de la Sclérotiniose de la laitue).
En cours de végétation, des traitements fongicides (ipro-
dione, procymidone, vinchlozoline...) peuvent s’avérer uti-
les. C’est ainsi qu’il est nécessaire d’effectuer 3 à 4 traite-
ments pour protéger les fraisiers de la pourriture grise, entre
le début de la floraison et l’apparition des premiers fruits.
C. Mildious et Oïdiums
151.– On connaît une quinzaine de mildious chez les cul-
tures horticoles. Ils sont provoqués par différentes espè- Fig. 39. – Mildiou de la laitue (Photo G. Raynal)
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On distingue des pourritures molles et des nécroses dues à rabougrissements, des mosaïques, des jaunisses, des
diverses espèces d’Erwinia, de Pseudomonas et de Xantho- stries chlorotiques, des nécroses, de mauvais enracine-
monas (par ex., sur laitue, chicorée, endive, poireau, ail, ments des boutures, une faible production de fruits, de
arum, iris, orchidées, œillet, cyclamen, saintpaulia, dieffen- fleurs ou d’organes végétatifs. La transmission des viro-
bachia, etc.). Ces pourritures sont très répandues, notam- ses s’effectue selon les cas par des microlésions au
ment chez les productions florales, en raison du commerce moment des manipulations, par des vecteurs animaux,
international et des techniques utilisées dans les serres par les semences et de façon massive par la propagation
(substrats, brumisation, irrigation, chauffage excessif). végétative. Quelques exemples illustreront ces maladies.
D’autres bactéries provoquent des taches ou des stries Les Cucurbitacées sont toutes attaquées par le virus I de
graisseuses et des flétrissements (graisses du poireau—cf. la mosaïque du concombre, très polyphage (plus de 300
fasc. 2362—et du haricot, dues respectivement à Pseudo- espèces de plantes peuvent héberger ce virus) et transmis
monas syringae var. porri et P. phaseolicola). On observe selon le mode non persistant (26) par de nombreuses
également des flétrissements et des chancres dus à la pro- espèces de pucerons. Cette maladie est grave sur melon,
lifération des bactéries dans les vaisseaux (Corynebacte- concombre et courgette, dont les cultures de plein champ
rium michiganense sur tomate), des taches sur les fruits sont infectées en totalité dès le début de l’été, particuliè-
(moucheture de la tomate à Pseudomonas syringae var. rement lorsque la température est un peu basse.
Tomato), des nervures ou des tumeurs à la base des plan- Les Solanées (tomate, aubergine, poivron) montrent des
tes (Corynebacterium fascians et Agrobacterium tumefa- viroses de type mosaïque, parfois très graves, comme la
ciens) et bien d’autres affections. mosaïque du tabac sur tomate. Cette maladie, dont les
Liste Les bactérioses des cultures légumières et florales sont symptômes sont variables (mosaïques, feuilles filiformes),
certainement en recrudescence, pour les mêmes raisons entraîne une baisse importante de la vigueur des plantes et
que nous avons exposées pour les autres cultures. En de leur production. Elle est transmise par contact au cours
plus, les multiples manipulations que subissent ces pro- des manipulations et à la surface des semences. La mosaïque
ductions, leur multiplication souvent végétative, leur commune du haricot, transmise par la semence et par des
Ta b l e pucerons, est fréquente. Elle entraîne une mosaïque du
large diffusion internationale, le micro-climat particulier
des serres, l’inobservation de règles prophylactiques sim- feuillage accompagnée de nanisme. Les viroses du pois, le
ples mais nécessitant de la main d’œuvre, font que ces plus souvent des mosaïques, sont transmises par des vec-
maladies peuvent aisément proliférer. teurs (pucerons, nématodes) et par la semence.
Index 156.– La lutte est toujours difficile et, en l’absence d’anti- Chez la laitue, on observe une dizaine de viroses, dont
biotiques utilisables sans danger (19, 42), les méthodes deux jaunisses, l’une, commune, transmise par pucerons,
reposent essentiellement sur des pratiques culturales, l’autre, potentiellement plus grave, inoculée par l’Aleu-
d’autant plus que les fongicides cupriques, qui ont une rode des serres.
action au moins bactériostatique, sont actuellement peu Le fraisier est porteur de nombreux virus, dont ceux qui
Glossaire utilisés en horticulture. Ils sont cependant recommandés provoquent la mosaïque, la marbrure (le plus important)
en traitements préventifs pour lutter par exemple contre et la frisolée. Ces maladies sont transmises par des puce-
les bactérioses de la tomate. rons et des nématodes.
La sélection sanitaire des semences et des organes de pro- Parmi les cultures florales, l’œillet souffre de viroses dis-
pagation végétative est une nécessité. Elle est réalisée par séminées par les boutures et (ou) transmises par des
des tests de laboratoire qui aboutissent au tri pucerons. La marbrure et la bigarrure sont les plus com-
de lots de semences très peu ou pas contaminés ainsi munes et provoquent des pertes très sensibles de produc-
qu’à la multiplication et la commercialisation d’organes tion de fleurs et d’enracinement des boutures. Enfin, les
sains. Bien entendu, les plantes malades et les débris de Orchidées, cultivées en multiplication accélérée, sont
culture doivent être éliminés, les outils, les locaux, les sols également très atteintes par les viroses qui abaissent le
et les substrats soigneusement désinfectés. rendement et déprécient la qualité des fleurs (mosaïque
du Cymbidium, ringspot de l’Odontoglossum).
Enfin on tente de plus en plus de sélectionner des variétés
résistantes. C’est ainsi que l’on combat actuellement de 158.– Le dépistage des viroses, la sélection sanitaire, la régé-
façon efficace la graisse du haricot. nération des variétés, par les méthodes déjà exposées (59 à
61), ainsi que la multiplication des pieds-mères ou des
jeunes plants à l’abri des contaminations par les vecteurs,
F. Les Viroses ont permis de faire des progrès considérables. C’est ainsi
157.– Elles sont tout aussi nombreuses, sinon plus que les que les fraisiers traités par thermothérapie (15 à 21 jours
mycoses et les bactérioses et encore plus difficiles à étu- à 38 °C) sont commercialisés indemnes de virus et voient
dier, car elles interviennent fréquemment en complexes. leur production fortement accrue. Les œillets, dont les
De plus, on rencontre des virus latents impossibles à variétés anciennes étaient toutes infectées, sont mainte-
détecter par les symptômes, bien que répandus et suscep- nant régénérés par culture de méristèmes et par thermo-
tibles d’aggraver les dégâts dus à d’autres virus. D’autre thérapie. Une sélection sanitaire sévère, basée sur des
part, les symptômes peuvent varier ou passer inaperçus, contrôles sérologiques, permet de commercialiser des
notamment en fonction des conditions climatiques et de boutures ayant un faible taux d’infection par les virus
la virulence des souches. Les symptômes, parfois très dis- plus graves (marbrure). De la même façon, on régénère
crets, se manifestent par des baisses de vigueur, des et on sélectionne par des méthodes sérologiques de nom-
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comme des ponctuations noires entre les petites nervu- temps, sous forme de petites vésicules jaunes, sur les
res. Les téleutospores sont enfouies sous les épidermes et aiguilles du mélèze d’Europe. Les écidiospores sont à leur
émettent des basides au printemps suivant, après que les tour pathogènes pour les peupliers.
feuilles aient été dégradées au cours de l’hiver. La méthode de choix pour lutter contre ces rouilles est la
Les basidiospores attaquent de nombreux hôtes secondai- plantation de clones résistants ou peu sensibles. Lorsque
res qui forment alors des écidies. Ces hôtes peuvent être, cela n’est pas possible, on doit veiller à supprimer les
selon les espèces de Melampsora, des plantes herbacées hôtes alternants dans les peupleraies, à enfouir les feuilles
(Arum, Allium, Chelidonium, Fumaria, Mercurialis, Mus- tombées sur le sol pour inactiver les téleutospores et à
cari, etc.) ou des conifères (Larix, Pinus, Pseudotsuga). éviter les carences en potassium et les excès d’azote qui
sensibilisent les peupliers. Enfin dans les jeunes planta-
On trouve en France 8 espèces de Melampsora, dont les tions, des traitements fongicides sont possibles avec
symptômes sont identiques. Leur détermination, diffi- diverses matières actives.
cile, ne peut se faire que par l’observation microscopique
des spores. Melampsora larici-populina est la plus répan-
due en toutes régions. Elle produit ses écidies au prin-
Liste
Ta b l e
Index
Glossaire
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