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Liste
I. Introduction (1)
II. Les agents responsables des maladies des plantes
Caractères généraux des maladies qu’ils engendrent (2 à 27)
Ta b l e
A. Les Champignons. Caractères généraux des mycoses (3 à 18)
1. Généralités (3 et 4)
2. Les organes des Champignons (5 à 7)
3. Les cycles de développement des Champignons (9 à 11)
4. Les grands groupes de Champignons et les types de mycoses (12 à 18)
Index B. Les Bactéries et les Mycoplasmes. Caractères généraux des bactérioses et mycoplasmoses (19 à 22)
1. Bactéries et bactérioses (19 et 20)
2. Mycoplasmes et mycoplasmoses (21 et 22)
C. Les Virus. Caractères généraux des viroses (23 à 27)
Glossaire III. Développement des maladies et épidémiologie (28 à 32)
A. Notions d’épidémiologie (28 à 31)
B. Applications de l’épidémiologie (32)
IV. Méthodes générales de lutte (33 à 62)
A. Lutte par les pratiques culturales (33 à 36)
1. Méthodes permettant de réduire la quantité d’inoculum en début de culture (33)
2. Effet des rotations culturales (34)
3. Engrais et amendements (35)
4. Autres pratiques culturales (36)
B. Lutte génétique (37 à 41)
1. La variation des organismes phytopathogènes (37)
2. Les deux grands types de résistance (38 et 39)
3. Effet des types de résistance sur le développement des épidémies (40)
4. Stratégies d’utilisation des résistances (41)
C. Lutte chimique, essentiellement contre les mycoses (42 à 55)
1. Caractères généraux des substances actives contre les organismes phytopathogènes (42 et 43)
2. Les principales classes de fongicides et leurs modes d’action (44 à 46)
3. Les principales utilisations des fongicides (47 à 51)
4. La résistance des Champignons aux fongicides (52 à 55)
D. Lutte biologique (56 à 58)
1. La protection croisée (56)
2. L’antagonisme des Trichoderma (57)
3. Les sols « résistants » (58)
E. Méthodes particulières de lutte contre les viroses (59 à 61 )
1. La sélection sanitaire (60)
2. La régénération des variétés (61)
F. Conclusion: Intégration des méthodes de lutte (62)
I. Introduction (63)
II. Maladies des céréales à paille et du maïs (64 à 81)
A. Généralités (64)
B. Symptômes, biologie et épidémiologie des maladies fongiques des Céréales à paille (65 à 77)
1. Les Rouilles (66)
2. Charbons des épis et Caries (67)
3. L’Oïdium (68)
4. Les Piétins (69 à 72)
5. Fusarioses et Septorioses (73 et 74)
6. Les taches foliaires des Orges (75 et 76)
7. L’Ergot (77)
C. Méthodes de lutte contre les mycoses (78)
D. Viroses des Céréales à paille et méthodes de lutte (79 et 80)
E. Maladies du Maïs (81)
III. Maladies de la betterave (82 à 91)
A. Mycoses (82 à 88) Liste
1. Maladies fongiques du feuillage (83 à 87)
2. Le « Pied noir » et les fontes de semis (88)
B. Viroses (89 à 91)
1. Les Jaunisses (89)
2. La Rhizomanie de la Betterave sucrière (90) Ta b l e
3. La Mosaïque (91)
IV Maladies de la pomme de terre (92 à 102)
A Mycoses et bactérioses en cours de végétation (93 à 98)
1. Le Mildiou (93 à 95)
2. Autres maladies (96 à 98) I n dex
B. Maladies des tubercules en cours de conservation (99 et 100)
C. Maladies à Virus (101 et 102)
V. Maladies des principales cultures oléagineuses, protéagineuses et fourragères (103 à 107)
A. Maladies du Colza et du Tournesol (103) Glossaire
B. Maladies du Pois et de la Féverole (104)
C. Maladies des cultures fourragères
1. Luzerne et Trèfle violet (105 et 106)
2. Graminées fourragères (107)
VI. Maladies de la vigne (108 à 127)
A. Mycoses (108 à 124)
1. Le Mildiou (109 à 112)
2. L’Oïdium (113 à 115).
3. La Pourriture grise (116 à 118)
4. L’Excoriose (119)
5. Le Black-rot (120)
6. Le Brenner ou Rougeot parasitaire (121)
7. Les maladies du bois (Eutypiose et Esca) (122 à 124)
B. La nécrose bactérienne (125)
C. Mycoplasmoses et Viroses (126 et 127)
1. Exemple de Mycoplasmose: La Flavescence dorée (126)
2. Les Viroses. Exemple du Court-Noué (127)
VII Maladies des arbres fruitiers à pépins et à noyaux (128 à 144)
A. Mycoses en cours de végétation (128 à 137)
1. Les Tavelures (129 et 130)
2. Les Monilioses (131)
3. Les Oïdiums (132)
4. Les Cloques (133)
5. Les Rouilles (134)
6. La Criblure (135)
7. Le Chancre européen du Pommier (136)
8. Le Plomb (137)
B. Mycoses des fruits en cours de conservation (138)
INDEX ALPHABÉTIQUE
Agrobacterium, 19, 20. Champignons Imparfaits, 17. – cichoracearum, 152. Guignardia, 16.
Ta b l e Agrobacterium radiobacter, 56, Chancre de l’écorce du Châtaignier, – graminis, 65, 67. – bidlwellii, 120.
140. 56,164. – polygoni, 106, 152. Gymnosporangium sabinae,
– tumefaciens, 56, 140, 155. – européen du Pommier, 128, 136. – polyphaga, 152. 15,128,134.
Alternaria, 17, 145. – suintant du Peuplier, 20, 159. Erwinia, 19, 20, 92, 155. Helminthosporioses, 1, 10, 49, 64,
– brassicae, 103. Charbons, 49, 64, 67, 78, 81. – amylovora, 20, 141. 75, 81, 107.
Alternarioses, 154. Chytridiales, 14. Esca, 123.
Index Helminthosporium, 17.
– du Colza, 103. Cladosporioses, 38, 153. Eutypa armeniacae, 122.
– dictyoides, 107.
Anthracnoses, 10, 81, 154. Cladosporium cucumerinum, 153. Eutypiose, 122. – graminearum, 75, 78.
– du Haricot, 38, 154. – fulvum, 153. Excoriose, 119. – siccans, 107
– du Pois, 104. Claviceps, 16, 65. Exocortis, 23. – solani, 92.
Aphanomyces cochlioides, 82, 88. Cloques, 16, 48, 128, 133. – teres, 75, 78.
Glossaire Fentes de l’écorce, 142.
Aplanobacter populi, 159. Cœur rouge, 148. Hernie du Chou, 13.
Feu bactérien, 20, 32, 42, 141.
Armillaires, 15, 162. Colletotrichum, 11, 17, 154.
Flavescence dorée, 22, 126. Jambe noire, 98.
Armillaria, 159. Corky-root, 146.
Fomes annosus, 57, 163. Jaunisse de la Betterave, 59, 89.
– mellea, 162. Corynebacterium, 19, 20.
Frisolée, 101, 157. – de la Laitue, 157.
– obscura, 162. – fascians, 155.
Fruits verruqueux, 142 – nanisante, 25, 79.
Ascochyta, 17, 104, 154. – michiganense, 155.
Fusarioses, 10, 34, 49, 57, 64, 73, Jaunissement des nervures, 143.
– fabae, 104. Coryneum Beijerinckii, 128, 135.
99, 146.
– imperfecta, 105. Court-noué, 127. Kabatiellose, 81.
Fusarium, 11, 34, 49, 57, 73, 81,
Ascomycètes, 16. Craquelure étoilée, 142.
146, 159. Leptosphaeria, 16, 74.
Aspergillus, 17. Criblure 128 135.
– nivale, 65, 73, 78. Leptosphaerulina briosiana, 105.
Cronartium flaccidum, 165.
Balais de sorcière, 16. – oxysporum, 58, 146, 148.
– ribicola, 15, 165. Maladie d’Oléron, 125.
Basidiomycètes, 15, 46. – roseum, 65, 73, 78, 92.
Crow-gall, 56, 146. Marbrure du Fraisier, 157.
Bigarrure, 157. – solani, 92.
Cylindrocarpon, 161. – de l’Œillet, 157, 158.
Black-rot, 120.
– mali, 136. Gaeumannomyces graminis, 16, Marssonina, 159.
Blancs, 152.
65. Mastigosporiose, 107.
Bois caoutchouc, 142. Dégénérescence infectieuse, 127.
Gale argentée, 99. Mastigosporium rubricosum, 107.
Bois strié, 142. Dépérissement du Hêtre, 161.
– commune 97. Melampsora, 166.
Botrytis, 17, 36, 54, 103, 138. – de l’Orme, 1, 47, 160.
– poudreusé, 97. – caryophyllacearum, 165.
– cinerea, 53, 103, 108, 116, 149. – du Poirier, 142.
Galle noire, 97. – larici-populina, 166.
– fabae, 104. Deutéromycètes, 17.
– verruqueuse, 97. – pinitorqua, 165.
Bremia lactucae, 14, 151. Discomycètes, 16.
Gangrène, 99. Mildious, 10, 14, 34, 35, 54, 151.
Brenner, 121. Dothichiza, 159.
Gloeosporium, 17, 138 – de l’Aubergine, 151.
BYDV, 79.
Endothia parasitica, 56, 164. Glomerella, 16. – – la Betterave, 82, 87.
Cadang-cadang, 3. Enroulement 101. Gnomonia, 159. – du Concombre, 151.
Caries, 42 49 64, 67, 78. Entomophthorales, 14. Graisses, 155, 156. – de la Laitue, 38 151.
Ceratocystis ulmi, 160. Epichloe typhina, 197. Graphiose, 1, 10, 47, 160. – – – Luzerne, 105.
Cercospora, 17. Ergot, 64, 77. Graphium ulmi, 160. – du Pois, 104.
– beticola, 82. Erysiphe, 16. Gravelle, 142. – de la Pomme de terre, 1, 38, 41,
Cercosporioses, 52, 82, 83. – betae, 82. Greening, 22. 52, 93, 151.
Première partie
Caractères généraux des agents pathogènes et des maladies.
Méthodes générales de lutte
C
B
E
A D
I
F
Liste
A
H
Ta b l e G
Fig. 1. – Les divers organes d’un champignon théorique
A: mycélium végétatif. B: spores asexuées. C: spore en germination. D: organes de conservation asexuée.
E: germination d’un de ces organes, donnant du mycélium. F: reproduction sexuée: fécondation. G: zygote.
H: spores issues de la reproduction sexuée. I: une de ces spores en germination, donnant du mycélium.
Index
végétal lui-même lorsque ce dernier est pérenne. C’est le
cas par exemple de nombreuses maladies des arbres et
arbustes fruitiers, forestiers, ornementaux, de la vigne,
des plantes fourragères. On les trouve alors sous les écor- conservation
Glossaire ces, entre les écailles des bourgeons, sur les organes reproduction asexuée
morts restés en place, ou même dans la souche hiver- asexuée
appareil
nante Dans d’autres cas, la conservation a lieu dans le sol
dissémination végétatif reproduction
(tous les champignons du sol: Fusarium , Pythium ,
Rhizoctonia, Verticillium,...) et peut durer de nombreu- et conservation
ses années, ou dans les débris de végétation à la surface sexuées
ou dans les horizons superficiels du sol (Sclerotinia,
Fusarium, Pseudocercosporella...). Enfin, certains cham-
pignons sont hébergés par les semences (Tilletia, Fig. 2. – Schéma du cycle de développement
Ustilago, Fusarium, Septoria, Colletotrichum,...) ou par d’un champignon
les organes de propagation végétative, tels que tubercu- constituée de parasites, parmi lesquels des parasites de
les, bulbes, rhizomes, boutures, scions. Ce dernier mode plantes cultivées.
de conservation assure également une dissémination très
efficace des parasites, souvent à l’échelle internationale On distingue les champignons selon leur degré d’évolu-
tion et leur mode de reproduction sexuée. Selon leur
Notons enfin que beaucoup de champignons parasites de appartenance à tel ou tel groupe, ils provoquent souvent
plantes cultivées peuvent être hébergés par des plantes des types de maladies bien distincts, à la fois par les
sauvages qui servent de réservoirs d’inoculum. symptômes et par la biologie des parasites en cause. Il est
Dans certains cas, ces plantes ne montrent aucun symp- donc utile d’avoir des données sur la classification des
tôme visible, bien qu’elles soient porteuses du parasite champignons.
(porteurs sains). Ceci est valable pour les autres microor-
ganismes pathogènes (bactéries, mycoplasmes, virus). a) Champignons inférieurs
• Myxomycètes
4. Les grands groupes de Champignons et les 13.– Thalle constitué de plasmodes (doute sur leur
types de mycoses nature de champignons). Agents de tumeurs (ex.: hernie
12.– Parmi la centaine de milliers d’espèces de champi- du chou), parfois vecteurs de maladies à virus (ex.: rhizo-
gnons recensées, une proportion non négligeable est manie de la betterave, mosaïque du blé, fig. 3).
B
A C
– Basidiomycètes supérieurs. Ce sont les gros champi- Taphrinales, agents de cloques (pêcher, prunier, peuplier)
gnons à chapeaux, dont la face inférieure est composée et de balais de sorcières (cerisier).
Ta b l e de lamelles ou de pores. La plupart sont saprophytes, – Ascomycètes supérieurs. Les asques sont formés à
mais certains sont de redoutables parasites, surtout des l’intérieur ou à la surface d’organes spéciaux, les périthè-
plantes ligneuses, tels que les Armillaires et les Polypores. ces chez les Pyrénomycètes et les apothécies chez les Dis-
16.– Ascomycètes comycètes. Pyrénomycètes et Discomycètes comportent
de très nombreuses familles. Il n’est donc pas question de
Les spores issues de la reproduction sexuée sont des
Index les répertorier ici. Citons simplement les parasites les
ascospores et sont formées dans des asques. Très souvent,
plus importants et les maladies correspondantes
les ascospores sont projetées, ce qui assure leur dissémi-
nation (fig. 6). * Pyrénomycètes (identifiables par les périthèces, petits
organes globuleux, isolés ou groupés, enfouis ou non
dans les tissus parasités, contenant des asques). Princi-
Glossaire paux genres: Erysiphe, Uncinula (oïdiums), Claviceps
(ergot), Nectria (chancres), Pleospora (tavelures), Gui-
gnardia (black rot, excoriose de la vigne), Gaeumanno-
myces (piétin échaudage), Pyrenophora (helminthospo-
rioses), Glomerella, Leptosphaeria (agents de taches
A C foliaires, de pourritures), etc.
* Discomycètes (présence d’apothécies, petits organes en
B
forme de disques portant les asques en surface). Princi-
paux genres: Sclerotinia (agents de pourritures, dont la
pourriture grise, les monilioses), Pseudopeziza (agents de
Fig. 6. – Ascomycètes. taches foliaires), etc.
A: asques contenant 8 ascospores. B: périthèce d’un • Stade sexué absent
Pyrénomycète. C: apothécie d’un Discomycète
17.– Deutéromycètes, ou Champignons Imparfaits
Remarquons que, comme de nombreux champignons, Le stade sexué est la plupart du temps inconnu, soit que
les Ascomycètes possèdent un stade sexué (ou « parfait ») l’évolution des espèces ait conduit à son élimination, soit
et un stade asexué (ou « imparfait »). Fréquemment, qu’on ne l’ait pas encore découvert, ou qu’il soit très rare.
pour les Ascomycètes, un même organisme est désigné Notons que beaucoup de Champignons Imparfaits peu-
par 2 noms différents, correspondant chacun à l’un de vent se classer chez les Ascomycètes (fig. 7).
ses stades. Ceci est dû à ce que ces derniers ont à l’origine On trouve ici de très nombreux parasites, agents de
été décrits indépendamment. On a conservé par la suite maladies extrêmement variées. Retenons, parmi les gen-
les 2 noms pour désigner en fait un même organisme. res principaux: Alternaria (alternarioses), Ascochyta, Col-
(Ex.: un « Fusarium » sera appelé Fusarium ou Gibbe- letotrichum, Gloeosporium (anthracnoses), Monilia
rella, selon que l’on voudra désigner son stade asexué, le (monilioses), Cercospora (cercosporioses), Helminthos-
plus fréquent, ou son stade sexué). porium (helminthosporioses), Septoria (septorioses),
– Ascomycètes inférieurs. Les asques se forment libre- Pyricularia (pyricularioses), Fusarium (fusarioses vascu-
ment à la surface des organes parasités, comme chez les laires, pourritures, piétins, fontes de semis), Verticillium
A C
D
B C
A
E
10
viroses, car elles se manifestent par des « jaunisses » et C. Les Virus Caractères généraux des viroses
des symptômes floraux particuliers. Les mycoplasmes
sont des êtres unicellulaires mais ce ne sont pas pour 23.– En raison de la difficulté de leur étude, les Virus et
autant des bactéries. Si, comme ces dernières, ils ne pos- les viroses des végétaux ont longtemps été mal connus.
sèdent pas de noyau typique, ils s’en différencient par De considérables progrès ont été faits depuis l’utilisation
leur taille très inférieure (ils ne sont visibles qu’au de nouvelles techniques (microscopie électronique, séro-
microscope électronique) et par leur absence de paroi logie) et grâce aux possibilités récentes de la biochimie.
cellulaire qui les rend très déformables (on les appelle La virologie est en plein essor.
aussi « Mollicutes ») et leur permet de passer d’une cel- Les virus (fig. 10) ne sont pas des êtres pourvus de cellules.
lule végétale à l’autre par les pores intercellulaires. Ce sont de petites molécules d’acide nucléique (acides
D’autre part, contrairement aux bactéries phytopathogè- désoxyribonucléique, ADN ou ribonucléique, ARN), pro-
nes, les mycoplasmes sont strictement inféodés aux cellu- tégées par une enveloppe (coque, capside) de nature protéi-
les vivantes des vaisseaux du liber. Ce sont donc des para- que. Ils ne sont visibles qu’au microscope électronique.
sites obligatoires, de la même façon que les Virus. Ils ne Selon les virus, ils se présentent comme des bâtonnets
se développent pas dans les cellules mortes. droits ou flexueux (les plus grands) ou sous la forme de
particules grossièrement sphériques. Certains, pour être
22.– Les mycoplasmoses identifiées peuvent apparaître infectieux, nécessitent la présence simultanée de particules
comme des « jaunisses ». C’est le cas par exemple de la de taille différente. D’autres sont des « satellites » de virus
flavescence dorée de la vigne. Mais elles peuvent égale- typiques et ne peuvent se multiplier que si le virus princi-
ment provoquer des nanismes, des phyllodies (transfor- pal est présent. On a même découvert des agents pathogè-
Liste mation des organes floraux en organes foliacés, comme nes encore plus ténus que les virus vrais, faits de très peti-
chez le trèfle blanc), des balais de sorcière, des proliféra- tes molécules d’ARN, non protégées par une enveloppe.
tions (pomme de terre, pommier), des dépérissements Ce sont les Viroïdes, qui sont impliqués dans de très graves
(poirier), des symptômes de « stolbur » donnant un maladies des plantes (Spindle tuber de la pomme de terre,
aspect buissonnant aux plantes (tomate) et enfin de très donnant des tubercules en fuseau, exocortis des citrus,
Ta b l e
graves maladies des agrumes, chez lesquels la production Cadang-cadang des cocotiers, etc.) et peut-être dans cer-
est faible et les fruits restent verts (stubborn, creening). taines maladies de l’Homme et des animaux..
Dans le cas des plantes ligneuses, le temps d’incubation
de la maladie peut être long, avec parfois des rémissions,
des rétablissements, des rechutes.
Index
Glossaire
11
12
III. DÉVELOPPEMENT DES MALADIES engrais, l’irrigation, les façons culturales, le semis,
ET ÉPIDÉMIOLOGIE l’entretien des cultures en cours de végétation, les tech-
niques de récolte et d’après récolte.
A. Notions d’épidémiologie – Action du relief, du vent et des mouvements atmosphé-
riques. De grandes surfaces planes, non ou peu boisées,
27.– Lutter de façon aussi efficace que possible contre les
soumises à des vents dominants, sont favorables à la
maladies des plantes nécessite de connaître comment
progression rapide des épidémies des parasites à dis-
naissent et progressent ces maladies au sein d’une cul-
persion aérienne.
ture. C’est le but de l’épidémiologie, qui étudie les divers
facteurs agissant sur le développement des maladies, afin 29.– Ces facteurs multiples et en interaction rendent dif-
de mettre au point des systèmes de prévision des risques ficiles la compréhension fine des phénomènes et surtout
encourus par les cultures, qui aideront l’agriculteur à la la prévision de l’évolution d’une épidémie dans les con-
prise de décisions, telles que l’opportunité des traite- ditions naturelles. La modélisation des épidémies essaie
ments phytosanitaires. de formuler leur évolution. La base de toute modélisa-
L’interaction des populations de parasites et de plantes- tion est la connaissance des étapes du cycle d’infection:
hôtes (dont les plantes cultivées) aboutit au développe- pénétration du parasite, phase d’incubation, période
ment de maladies, lorsque les plantes et les conditions de contagieuse (correspondant à la dissémination). Certai-
l’environnement permettent la multiplication des parasi- nes maladies (charbons et caries des céréales, scléroti-
tes. Chez les populations de plantes sauvages ou dans les niose du trèfle violet, etc.) n’ont qu’un seul cycle d’infec-
systèmes culturaux primitifs, un équilibre s’établit géné- tion par an (maladies monocycliques). D’autres, et c’est la
Liste
ralement avec les populations parasitaires. Les maladies majorité, effectuent dans une même saison un certain
sont endémiques, c’est-à-dire toujours présentes, mais à nombre de cycles d’infection, qui se succèdent ou s’inter-
un niveau suffisamment bas pour que les plantes survi- pénètrent (maladies polycycliques), comme les rouilles
vent, même si leur production est faible. Une épidémie des céréales, qui peuvent avoir 10 à 20 cycles d’infection
Ta b l e résulte de la rupture de ce fragile équilibre par l’accrois- par an, les mildious, les oïdiums, etc.
sement brutal de la population pathogène dans la popu- Divers modèles ont été proposés pour rendre compte de
lation de plantes-hôtes. Les systèmes culturaux moder- ces cycles. Les plus simples sont ceux établis par VAN
nes, basés sur l’uniformité, disposant côte à côte et en DER PLANK, qui distingue les maladies de types à « inté-
grand nombre des individus semblables dans des champs rêt simple » et à « intérêt composé ». Dans le premier cas,
Index souvent de grandes dimensions, sont éminemment favo- il n’existe qu’un seul cycle d’infection par saison de cul-
rables au développement des épidémies. La monocul- ture. La maladie ne dépend que de la quantité d’inocu-
ture, en particulier, dans le temps et dans l’espace, réunit lum infectieux au début de l’épidémie. C’est le cas pour
de nombreux atouts favorables aux parasites. les céréales des charbons, caries, piétin échaudage. Si l’on
28. – Une épidémie est la résultante de nombreux fac- n’y prend garde (récolte de semences contaminées,
Glossaire teurs: monoculture), la quantité d’inoculum initial s’accroît
– Présence de réservoirs d’inoculum, à partir desquels d’une année sur l’autre pour, au bout de quelques
seront initiés les foyers primaires. années, provoquer des dégâts très importants. Dans le
– Aptitude de l’agent pathogène à se multiplier rapide- deuxième cas (intérêt composé), la maladie dépend de
ment et à se disséminer (sporulation abondante, vec- l’inoculum initial, mais aussi et surtout de l’inoculum
teurs nombreux). secondaire formé en cours de saison, lors des multiples
cycles d’infection. Cet inoculum secondaire accroît sa
– Présence d’une variété permettant le développement masse (son « capital ») très rapidement et aboutit en une
du parasite. Plus le niveau de sensibilité variétale est seule saison à un volume de maladie important.
élevé, plus rapide est le développement de l’épidémie.
Il est alors difficile de juguler sa progression et les 30.– Quelle que soit la maladie, l’évolution dans le temps
dégâts sont importants. d’une épidémie peut se traduire par une courbe en S (fig.
– Possibilité de variation du parasite, qui s’adapte ainsi 11) caractéristique des phénomènes de multiplication
aux changements des variétés cultivées ou à certains des populations lorsqu’elles sont soumises à des limita-
traitements fongicides. tions (courbe logistique).
– Action des facteurs du climat régional et du microcli- On distingue 4 phases principales:
mat à l’intérieur de la culture. Ainsi, par exemple, des
conditions humides sont très favorables au développe- – une phase initiale de latence, correspondant à l’appari-
ment de nombreuses mycoses telles que mildious, sep- tion des tous premiers symptômes. L’inoculum initial,
torioses, fusarioses, sclérotinioses, anthracnoses, etc. A dispersé et en très faible quantité, s’accroît très lente-
l’inverse, un climat chaud et sec est plus favorable aux ment, jusqu’à ce qu’il ait atteint le début de la phase sui-
oïdiums, à certaines rouilles, aux pullulations d’insec- vante:
tes vecteurs de viroses et mycoplasmoses. – une phase de multiplication exponentielle, correspon-
– Effet des pratiques culturales. L’action de l’Homme a dant à une multiplication et à une dissémination très
bien souvent déclenché et déchaîné des épidémies actives du parasite, sur des plantes dont la majorité des
dévastatrices, uniquement par ses techniques de cul- tissus sont encore sains, donc disponibles pour être
ture. Entrent en jeu les assolements, les rotations, les infectés;
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2. Effets des rotations culturales l’eau nécessaire à la pénétration dans les plantes de nom-
33.– En dehors de leurs incidences agronomiques bénéfi- breux organismes pathogènes. De plus, de nombreux
ques, les rotations culturales ont également des effets parasites se disséminent dans les éclaboussures et dans
favorables sur l’état sanitaire des cultures. Elles permet- l’eau de ruissellement. Enfin, l’augmentation de l’humi-
tent la diminution des parasites se conservant dans le sol dité du sol est favorable aux champignons tels que
ou sur les débris présents en surface (Fusarium, Pseudo- Pythium et Phytophthora.
cercosporella, Sclerotinia, Phoma, etc.). Elles sont en Le drainage, à l’inverse, permet de diminuer l’incidence
revanche sans effet sur certains parasites capables de sur- des parasites proliférant dans les sols humides (Urophlyc-
vivre très longtemps dans les sols (Urophlyctis), ni sur les tis sur luzerne).
parasites des organes aériens à vaste dissémination Le labour permet d’enfouir profondément et d’inactiver
(agents de mildious, oïdiums, rouilles), ou sur les parasi- les débris végétaux contaminés ainsi que les organes de
tes polyphages (Pythium, Rhizoctonia, Verticillium). conservation de certains parasites (Sclerotinia, Monilia).
Les précédents culturaux ont parfois un effet sur la Les dates et la densité de semis ou de plantation influent
pathologie de la culture en place. Ainsi, un précédent de sur le développement des maladies. Ainsi, des semis pré-
pois diminuerait l’incidence du piétin échaudage des coces de blé d’hiver ont plus de risques d’être attaqués
céréales. par le piétin-verse, mais seraient moins sensibles au
Si des considérations économiques amènent dans cer- rhizoctone et à l’oïdium. Il faudrait que la date de semis
tains cas les agriculteurs à pratiquer la monoculture, soit telle que la période de sensibilité de la plante à un
cette technique est le plus souvent déconseillée par les parasite ne coïncide pas avec l’arrivée massive de l’inocu-
Liste pathologistes. Elle conduit à l’accroissement de l’inocu- lum de celui-ci, ou de ses vecteurs. C’est en réalité une
lum pathogène du sol ou persistant dans les débris de entreprise contradictoire, car une même culture est sou-
culture. Chez les céréales par exemple, les fusarioses, le vent attaquée par plusieurs parasites. Réduire le risque
piétin-verse, les septorioses, se sont accrus à la suite de d’attaque par l’un d’entre-eux accroît souvent les possi-
Ta b l e cette pratique. bilités de contamination par les autres.
Dans le cas de cultures pérennes, pour lesquelles les Enfin, la mécanisation de la récolte, imposée par des exi-
périodes de rotation avec d’autres cultures sont forcé- gences économiques et de main d’œuvre, peut être
ment très longues (vigne, arbres fruitiers), le maintien néfaste pour l’état sanitaire des récoltes et de la culture
d’un bon état sanitaire nécessite en premier lieu l’élimi- elle-même. C’est le cas des pommes de terre, fréquem-
Index nation soigneuse des organes malades et morts ainsi que ment lésées, qui subissent ensuite de graves dommages
des débris de récolte. en cours de conservation à la suite de pourritures dues à
des parasites de blessure. De même, la mécanisation de la
3. Engrais et amendements vendange entraîne de multiples blessures des vignes et
des raisins. Ainsi, les pertes par Botrytis peuvent être con-
Glossaire 34.– L’effet des engrais est souvent contradictoire, selon
sidérablement accrues et l’on assiste à une recrudescence
les cultures et les maladies. Ce qui est certain, c’est que la
de la nécrose bactérienne. Dans ces cas, la mécanisation
nutrition minérale doit être équilibrée. L’azote, en parti-
exige que les cultures soient en parfait état sanitaire au
culier, favorise la croissance des végétaux. Un excès
moment de la récolte et que l’on protège ensuite soit le
entraîne un feuillage exubérant et riche en parenchymes,
produit récolté si on doit le conserver longtemps, soit la
très sensible aux parasites. Chez les céréales par exemple,
culture.
on note des attaques de plus en plus importantes de
rouille brune à la suite de l’accroissement de la fertilisa-
tion azotée. D’autre part, un couvert végétal dense B. Lutte génétique
s’accompagne d’une augmentation de l’humidité à l’inté-
rieur de la culture, due à l’ombrage accru et à l’aération 1. La variation des organismes phytopathogènes
insuffisante. On favorise ainsi de nombreux parasites des
tiges, des feuilles, mais aussi des fleurs, fruits, épis. En 36.– On constate de temps en temps que certaines résis-
revanche, le potassium accroît dans certains cas la résis- tances variétales s’érodent ou même s’effondrent. De
tance des plantes (cas de la vigne pour le mildiou et la même, depuis quelques années, des fongicides jusque là
pourriture grise). très efficaces sont devenus çà et là inopérants. Ces phé-
nomènes sont dus à la variation des agents pathogènes
Les amendements (enfouissement d’engrais verts, de qui, par ses conséquences, revêt une grande importance
pailles) sont généralement bénéfiques pour les cultures. dans la mise au point des stratégies de lutte.
Ils entraînent un accroissement de la microflore sapro-
phyte des sols, laquelle entre en compétition avec la Tous les organismes vivants varient et s’adaptent ainsi à
microflore pathogène. leur environnement changeant. Chez les microorganis-
mes, en raison de leur énorme pouvoir de multiplication,
la variabilité peut être très importante. Les mutations
4. Autres pratiques culturales (atteignant environ 1 individu sur 100 000), sont couran-
35.– L’irrigation est à la fois bénéfique pour les plantes et tes. Elles se manifestent au hasard et atteignent les gènes
pour la grande majorité des parasites, notamment l’irri- chromosomiques ou les gènes portés par des éléments
gation par aspersion. Elle favorise la croissance de tous cytoplasmiques (ex.: plasmides des bactéries). Elles sont la
les organes, entretient un microclimat humide et apporte plupart du temps néfastes pour l’organisme chez lequel
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Son expression est quantitative, c’est-à-dire qu’elle Remarquons que le niveau de résistance générale est fonc-
s’exprime par gradations continues, qu’il convient de tion de la pression d’inoculum: forte quantité d’inoculum
noter et d’analyser précisément pour les différencier. Elle de départ, conditions climatiques favorables au parasite.
est de ce fait peu commode à exploiter par le sélection- En cas d’inoculum trop abondant, une résistance générale
neur. De plus, étant de nature polygénique, elle est sou- ordinairement bonne peut s’avérer insuffisante.
vent difficilement transmissible d’un croisement à L’idéal serait de combiner les effets des deux types de
l’autre. L’augmentation du niveau de résistance au cours résistance: on retarderait l’arrivée de l’épidémie et, même
des cycles de sélection est donc lent à obtenir. D’autre si la résistance spécifique était contournée, la maladie ne
part, si l’on n’y prend garde, on peut aisément perdre la pourrait se développer que lentement.
résistance générale lorsque l’on sélectionne uniquement
l’autre type de résistance, plus facile à mettre en évi-
dence. On aboutit alors à des variétés qui ont perdu toute 4. Stratégies d’utilisation des résistances
« rusticité ». 40.– L’utilisation des variétés résistantes doit être faite à
bon escient pour que les résistances soient durables,
Notons que certaines variétés sont dites « tolérantes ». Ce notamment la résistance spécifique.
terme, qui peut avoir différentes significations, désigne
généralement des variétés qui, bien que fortement atta- La plus mauvaise utilisation de la résistance spécifique est
quées, ont un rendement acceptable. Elles n’exercent celle où le parasite possède un taux de multiplication
aucune pression de sélection sur la population parasi- élevé, des possibilités de dissémination rapide sur de vas-
taire, mais elles présentent un danger évident, car elles tes territoires et où une seule variété est cultivée sur de
Liste multiplient abondamment les parasites. grandes surfaces. On trouvait cette situation notamment
pour les céréales en Amérique du Nord, vis-à-vis des
Remarquons enfin que la réalité est rarement aussi tran- rouilles et de l’oïdium, ainsi que pour la pomme de terre
chée que ce que nous venons d’exposer, car, souvent, les vis-à-vis du mildiou. Il convient donc, pour ces maladies,
deux types de résistance interfèrent. On évalue alors la de minimiser les risques de rencontre des gènes de résis-
Ta b l e prépondérance de l’une par rapport à l’autre par des cri- tance avec les gènes de virulence correspondants. Pour
tères statistiques. ceci, on a imaginé des variétés composées, constituées
d’un mélange de 5 à 10 lignées portant chacune un gène
3. Effet des types de résistance sur le développe- de résistance spécifique différent. Ce mélange empêche la
ment des épidémies formation et surtout la multiplication des races dange-
Index 39.– La figure 12 schématise cet effet. La résistance spéci- reuses. Autre possibilité, la culture dans une région de
fique est totale, jusqu’au moment où une nouvelle race plusieurs variétés convenablement choisies, et non plus
virulente apparaît. Elle retarde donc le début de l’épidé- une seule. Ces variétés doivent être disposées sur le terri-
mie. Confronté à la race virulente, le gène de résistance toire de telle façon qu’elles s’opposent le plus possible à la
s’avère inefficace, si bien que la maladie se développe à progression des races qui pourraient apparaître. Il est
Glossaire grande vitesse, comme sur une variété ne montrant également possible d’alterner les variétés résistantes
aucun gène de résistance. d’une année sur l’autre. Ces stratégies demandent que les
agriculteurs utilisent leurs variétés de façon concertée.
pourcentage de
La résistance générale peut devenir inefficace lorsque
plantes malades l’inoculum est trop abondant. Il convient donc au moins
00 de réduire l’inoculum de départ et, en cours de végétation,
d’aider si nécessaire la résistance par des traitements phy-
3
tosanitaires en nombre réduit.
Enfin, comme il est impossible et même impensable de
1 4 rendre une culture résistante à tous ses parasites, des
2 priorités s’imposent dans les programmes de sélection.
5 Le choix des variétés devra donc être fait en fonction de
la présence ou de l’absence habituelles de telle ou telle
6
maladie dans une région donnée.
0 temps
C. Lutte chimique essentiellement
Fig. 12. – Effet des types de résistance sur le développement des
contre les mycoses
maladies
1 : aucune résistance. 2 : présence d’une résistance spécifique, surpassée
en (– ) par une nouvelle race du parasite. 3 : résistance générale faible. 1. Caractères généraux des substances actives
4 : résistance générale moyenne. 5 : résistance générale forte. contre les organismes phytopathogènes
6 : association d’une résistance spécifique et d’une forte résistance générale.
41.– Les fongicides, produits actifs contre les champi-
Dans le cas de la résistance générale, la maladie attaque gnons, sont et ont toujours été les plus utilisés. Un des
toutes les variétés, mais, selon le niveau de résistance, elle plus anciens est certainement le sulfate de cuivre, préco-
se développe plus ou moins vite. Dans le cas d’une bonne nisé pour la première fois pour le traitement des semen-
résistance générale, elle se maintient en-dessous du seuil ces de blé contre la carie, dès le début du 19e siècle. La
de nuisibilité. bouillie bordelaise, qui sauva le vignoble français, ainsi
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d’aluminium serait l’un de ceux-là). Généralement, le mou- – Dithiocarbamates: carbatène, mancozèbe, manèbe,
vement des fongicides systémiques dans une plante est sou- métam-sodium, propinèbe, thirame, zinèbe, etc.;
mis aux phénomènes d’évapotranspiration. Il s’ensuit qu’ils – Phtalimides: captafol, captane, folpel;
s’accumulent fréquemment dans les feuilles, notamment – Sulfamides: dichlofluanide;
dans les marges. En revanche, les fruits, les semences et
d’une façon générale tous les organes qui transpirent peu, – Quinones: dithianon, chloranil, dichlone;
n’en contiennent pas, ou des quantités infimes. Ils ne recè- – Hydroxyquinoléines: oxyquinoléate de cuivre, etc.;
lent donc pas de résidus mais, en contrepartie, ne sont pas – Guanidines: doguadine;
protégés. – Divers: chlorothalonil (dérivé phtalique), anilazine
• Enfin, un effet éradicant et antisporulant lorsque le fon- (triazine), etc.
gicide s’oppose à la dissémination du champignon, + Multisites, actifs seulement contre les Oïdiums:
notamment en bloquant sa sporulation. – Dinapacryl, chinométhionate, dinocap, ditalimfos, etc.
44.– D’autre part, selon leur mode d’action sur les méca- + Unisites:
nismes physiologiques des champignons, on classe les – organostanniques (action sur la respiration): fentin-
fongicides en multisites et unisites. acétate, fentin-hydroxyde;
• Le terme « multisites » désigne des produits dont les – Dérivés aromatiques (action sur les parois et les mem-
lieux (ou sites) d’action portent sur de nombreuses fonc- branes): biphényle, dicloran, quintozène, etc.;
tions du métabolisme des champignons. C’est la majorité – Imides cycliques (action sur les parois et les membra-
Liste
des fongicides actuellement commercialisés. Ils ont nes): iprodione, procymidone, vinchlozoline, etc.
l’avantage d’être polyvalents. La plupart ont une action
• Fongicides organiques de synthèse, systémiques, à
préventive. Leur mode d’action biochimique est très
action unisite:
varié. Cependant, beaucoup agissent sur les phénomènes
respiratoires des champignons. Certains fongicides mul- + Benzimidazoles et thiophanates (action sur les divi-
Ta b l e tisites agissent également sur d’autres êtres vivants (bac- sions cellulaires):
téries, levures, algues). C’est le cas, par exemple, des sels – bénomyl, carbendazime, thiabendazole;
de cuivre et de certains dithiocarbamates, qui, en plus de – thiophanate éthyl, thiophanate méthyl.
leur activité fongicide, ont une action antibactérienne. + Anilides (spécifiques des Basidiomycètes, action sur la
• Les unisites sont en revanche des substances, polyvalen- respiration): carboxine, oxycarboxine, bénodanil, etc.
Index tes ou spécifiques, qui agissent en des points précis du + Hydroxypyrimidines (spécifiques des Oïdiums, action
métabolisme des champignons. Sont notamment affectés sur la synthèse des acides nucléiques): bupirimate,
les phénomènes respiratoires, la formation des membra- diméthirimol, éthirimol.
nes et des parois cellulaires, la synthèse des acides nucléi- + Inhibiteurs de la synthèse des stérols (action sur la per-
ques, la division cellulaire. méabilité des membranes cellulaires):
Glossaire
Notons enfin le mode d’action particulier de l’éthylphos- – Triazoles: dichlobutrazole, propiconazole, triadiméfon,
phite d’aluminium (46), un alkylphosphite actif contre les triadiménol, etc.;
mildious qui par lui-même est faiblement fongicide, mais – Pyrimidines: buthiobate, fénarimol, nuarimol, triari-
qui renforce les défenses naturelles des plantes. Sous mol, etc.;
l’action de ce fongicide, des substances antifongiques natu- – Imidazoles : imazalile, prochloraz, etc.;
relles, les phytoalexines, sont en effet produites en grande
quantité par les plantes, notamment la vigne et la tomate. – Pipérazines: triforine;
– Morpholines : fenpropimorphe, tridémorphe, etc.
La connaissance du mode d’action biochimique des fongi-
cides, outre son intérêt fondamental, permet d’orienter les • Fongicides organiques de synthèse, systémiques, actifs
recherches industrielles sur les familles chimiques présen- contre les Oomycètes:
tant les modes d’action les plus efficaces. Les molécules + Alkylphosphites (multisites ?): éthylphosphite d’alumi-
ainsi présélectionnées sont ensuite testées sur des champi- nium (= phoséthyl-al).
gnons, au laboratoire et sur des plantes contaminées, en + Carbamates (multisites): propamocarbe, prothiocarbe.
serre puis au champ. On évite ainsi de plus en plus le « + Acylalanines (unisites, action sur la synthèse des acides
screening » aveugle, très coûteux et peu rentable, qui con- nucléiques): furalaxyl, métalaxyl, ofurace, etc.
sistait à tester au hasard de très nombreuses substances.
+ Divers: étridiazole, fénaminosulf, hymexazol, pyroxy-
45. – On peut classer les fongicides de la façon suivante: chlor.
• Fongicides minéraux ou organiques, multisites: • Fongicides pour le traitement du sol (fumigants), poly-
+ A base de cuivre: sulfate de cuivre, oxychlorure, etc. valents, à action multisite (émettent des vapeurs toxiques
dans le sol):
+ a base de soufre: soufre
Aminobutane, bromure de méthyle, chloropicrine, dazo-
• Fongicides organiques de synthèse, non systémiques: met, formaldéhyde, métam-sodium, etc.
+ Multisites, à action polyvalente: • Fongicides antibiotiques:
– Organomercuriques: silicate de méthoxyéthylmercure, Blasticidine S, cycloheximide, griséofulvine, kasugamy-
etc.; cine, pimaricine, polyoxines, streptomycine.
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pecter un délai de 3 à 8 semaines avant le semis ou la fongicide, lequel devient alors inactif. Les fongicides
plantation. On peut également utiliser des produits, sys- multisites, agissant sur de nombreuses fonctions, ont très
témiques ou non, peu ou pas toxiques, en arrosage du peu de risques de voir leur efficacité contournée par de
sol, ou en application localisée. Les produits systémiques telles mutations. Ces phénomènes sont comparables à
ont l’avantage de mieux protéger les plantes. On lutte ceux vus dans les paragraphes consacrés à la résistance
ainsi, par exemple, contre les Pythium et les Phy- des plantes aux maladies (38, 39).
tophthora agents de pourritures et de dépérissements de La résistance d’une souche de champignon à un fongi-
nombreuses cultures, par l’emploi d’étridiazole, de fura- cide d’une famille donnée peut lui conférer la résistance à
laxyl, de propamocarbe, de prothiocarbe. d’autres fongicides de la même famille ou de familles voi-
d) Autres traitements sines. On parle alors de résistance croisée. On en connaît
de nombreux exemples chez les anilides, les benzimida-
50.– Des traitements particuliers sont faits en cours de zoles et thiophanates, les dicarboximides et dérivés aro-
conservation et de stockage, sur les fourrages et surtout les matiques, les hydroxypyrimidines, les inhibiteurs des sté-
fruits, pour lesquels ils préviennent les pourritures. Plus rols.
encore que pour les autres traitements, la législation
d’emploi des matières actives est très stricte pour respec- Dans d’autres cas, au contraire, la résistance à un fongi-
ter les niveaux de tolérance admis en résidus dans les cide entraîne une plus forte sensibilité vis-à-vis d’autres
produits consommés. substances. Ceci caractérise la résistance croisée négative
(ex.: benzimidazoles et phénylcarbamates). Enfin, une
Sont également traités les locaux de stockage et les maté- souche peut être résistante à 2 fongicides présentant des
Liste riels de récolte et de stockage, qui peuvent être contaminés modes d’action différents. Il s’agit alors d’une résistance
par de multiples agents de pourritures. La désinfection a multiple (ex.: résistance de Botrytis cinerea, agent de la
lieu dans les locaux vides, avant entreposage des denrées, pourriture grise de la vigne, aux benzimidazoles et aux
par fumigation, lessivage ou pein ture fongicide. Les pro- dicarboximides).
duits utilisés comportent quelques fongicides, mais sont
Ta b l e surtout des désinfectants à large spectre qui ne sont pas La perte d’efficacité du fongicide est liée au niveau de
utilisés directement contre les maladies des cultures. résistance du champignon. Par rapport aux souches sen-
sibles, les souches résistantes supportent des doses éle-
vées ou très élevées de matière active, allant de 10 à 100 et
4. La résistance des champignons aux fongicides parfois 1 000 fois la dose normale d’utilisation.
Index 51.– Les premiers fongicides systémiques, unisites, ont 53.– Au champ, l’utilisation répétée des fongicides unisi-
été élaborés vers 1970 et ont tout de suite acquis un gros tes accroît progressivement la fréquence des souches
succès auprès des utilisateurs, en raison de leur remar- résistantes. Il arrive un moment où ces souches devien-
quable efficacité, de leur persistance d’action et de leur nent suffisamment nombreuses pour que l’efficacité du
effet curatif. Ils ont constitué un progrès considérable fongicide soit diminuée (à partir de 10 % d’individus
Glossaire dans la lutte contre les mycoses des cultures. Cependant, résistants), puis que l’on constate une perte totale d’effi-
depuis quelques années, sont apparus des phénomènes cacité. La rapidité d’évolution de ces phénomènes
de résistance qui limitent l’emploi de certains fongicides dépend de nombreux facteurs: type de fongicide, moda-
et surtout ont conduit à raisonner l’utilisation des pro- lités d’application, champignon, plante-hôte, conditions
duits unisites. de l’environnement. On constate surtout l’apparition des
En France, on a constaté par exemple des résistances aux résistances lors de traitements répétés utilisant la même
benzimidazoles et thiophanates chez les Tavelures des matière active, ou des matières actives voisines et lorsque
arbres fruitiers, le piétin-verse des céréales, la cercospo- les champignons montrent des cycles de multiplication
riose de la betterave, la pourriture grise de la vigne. Cette nombreux dans une même saison (agents des mildious,
dernière maladie montre également des résistances vis-à- oïdiums, tavelures, Botrytis,...).
vis des imides cycliques (iprodione, procymidone, vin- Lorsque, par suite de son manque d’efficacité, on n’utilise
chlozoline). Toujours chez la vigne, Plasmopara viticola, plus le fongicide déficient, les populations du parasite
agent du mildiou, a développé des souches résistantes peuvent perdre progressivement leurs souches résistantes
vis-à-vis du métalaxyl et de l’ofurace. De même, Phy- et revenir à leur état initial de sensibilité à ce fongicide
tophthora infestans, responsable du mildiou de la (résistance non persistante). Moyennant certaines précau-
pomme de terre, présente des souches résistantes au tions, le fongicide peut être utilisé de nouveau. Parfois,
métalaxyl. D’autres exemples sont connus pour divers les souches résistantes continuent à se développer, car
fongicides à action unisite chez les cultures légumières et elles sont compétitives vis-à-vis des souches sauvages,
florales. malgré l’absence du fongicide qui les favorise (résistance
52.– Ces phénomènes ne se sont que très rarement pro- persistante). Le fongicide est alors condamné.
duits avec les fongicides préventifs à action multisite. On 54.– L’utilisation répétée et exclusive des fongicides les plus
les constate en revanche avec les unisites qui, rappelons- performants peut donc conduire à leur perte. C’est pour-
le, agissent à des endroits précis de la physiologie du quoi diverses stratégies d’utilisation sont préconisées.
parasite. Les souches résistantes, issues de mutations, C’est ainsi que les produits unisites sont maintenant le
apparaissent sous la pression de sélection des traite- plus souvent associés à des matières actives classiques
ments. Ces mutations (ou autres variations) portent sur (cuivre, manèbe, thirame, folpel, dichlofluanide,...), qui
la fonction normalement inhibée ou perturbée par le ne favorisent pas l’apparition de résistances.
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En revanche, pour les virus semi-persistants et surtout méristèmes et d’embryons. Ces techniques, d’emploi très
persistants (26), les vecteurs demeurent infectieux très délicat, donnent naissance à des plants-mères qui sont
longtemps après leur repas d’acquisition. Les traitements multipliés comme décrit pour la sélection sanitaire, à
insecticides permettent alors de juguler les infections l’abri des recontaminations.
(ex.: jaunisse de la betterave).
Dans tous les cas, il faut que la quantité de virus au La thermothérapie, utilisée également contre les myco-
départ de la végétation soit la plus faible possible. On y plasmoses et certaines bactérioses, fait appel à des tempé-
arrive par certaines techniques culturales, mais égale- ratures de l’ordre de 38 °C pendant plusieurs semaines.
ment par la sélection sanitaire qui vise à retenir des indivi- Dans ces conditions, que les plantes supportent générale-
dus sains pour ensuite les multiplier dans des conditions ment assez bien, certains virus sont inactivés. Cette tech-
défavorables aux viroses. Lorsque tous les individus sont nique est utilisée à grande échelle pour la canne à sucre,
contaminés, et c’est le cas notamment pour de nombreu- mais également pour la vigne, les arbres fruitiers, le frai-
ses cultures à propagation végétative, on doit régénérer les sier, la pomme de terre, certaines plantes ornementales.
variétés par diverses techniques .
Les très jeunes tissus des méristèmes et des embryons sont
1. La sélection sanitaire généralement dépourvus de virus. L’excision en condi-
tions stériles de ces très petits organes, puis leur culture
59.– Un excellent exemple est donné par la sélection sani- sur des milieux spéciaux en conditions précises, permet
taire des plants de pomme de terre contre leurs maladies à d’obtenir des plantes saines. Ainsi ont pu être régénérées
virus, dont la plupart sont transmises par des pucerons et certaines variétés de pomme de terre, d’œillet, dahlia,
Liste par contact. On choisit d’abord des tubercules sains par
chrysanthème, orchidées, etc.
des contrôles visuels, par la sérologie et par indexage sur des
plantes-test. Les tubercules sains sont ensuite multipliés
pendant plusieurs années, la descendance de chacun étant F. Conclusion : intégration des méthodes
Ta b l e soigneusement contrôlée (sélection généalogique). La pre- de lutte
mière multiplication a lieu en pépinière et donne des têtes
de familles qui seront à leur tour multipliées au champ 61.– A elle seule, il est rare qu’une méthode de lutte soit
pendant plusieurs générations. parfaitement efficace et surtout infaillible. Pour des rai-
Les cultures sont faites dans les régions maritimes (Breta- sons de commodité, on privilégie pourtant souvent l’uti-
Index gne) ou en altitude, là où les pucerons ne pullulent pas et lisation des fongicides pour lutter contre les mycoses, ce
se déplacent peu, en raison du climat frais. Des traitements qui peut conduire à des abus nuisibles à la fois pour
aphicides sont régulièrement effectués et de sévères con- l’environnement, pour la rentabilité économique des
trôles sont pratiqués par la Fédération Nationale des Pro- traitements et pour la durabilité de certaines matières
ducteurs de Plants de pommes de terre. Pendant les trois actives. D’autre part, l’utilisation des variétés résistantes
Glossaire premières années de culture, l’apparition de symptômes ne permet pas, dans de nombreux cas, de résoudre de
sur quelques plants entraîne l’élimination des familles cor- façon définitive les problèmes phytosanitaires. On fait
respondantes. Des contrôles sérologiques et des indexages trop souvent confiance à l’arsenal chimique et aux varié-
sont également effectués. Les années suivantes, on se con-
tés résistantes, en oubliant que d’autres méthodes,
tente d’éliminer les plantes malades et leurs voisines. Les
comme par exemple des pratiques culturales bien con-
plants sont ensuite classés (Super Élite, Élite, A, B) et certi-
fiés par le Service Officiel de Contrôle. Notons que les duites, ont un impact non négligeable sur les maladies.
plants sont indemnes de virus mais non résistants. Si l’on veut améliorer l’état sanitaire des cultures, donc
les rendements et la qualité des récoltes, tout en minimi-
2. La régénération des variétés sant les traitements phytosanitaires, il faut donc
60.– La régénération et la guérison des plantes virosées employer à bon escient les diverses méthodes de lutte
sont possibles grâce à la thermothérapie et à la culture de pour qu’elles se renforcent mutuellement.
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