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SÉLECTION VÉGÉTALE
II. Sélection créatrice
par
Yves HERVÉ
Professeur, chaire de phytotechnie
École Nationale Supérieure Agronomique de (35) Rennes
SOMMAIRE ANALYTIQUE
I. Stratégies principales de la sélection créatrice (1 à 7)
A. Amélioration des populations par sélection récurrente (2 à 5)
1. Création variétale par sélection récurrente (3)
2. Création de « populations sources » par sélection récurrente (4 et 5)
Liste
B. Création de variétés fixées (6 et 7)
IV. Sélection créatrice chez les espèces à reproduction végétative (74 à 86)
A. La reproduction végétative et ses conséquences génétiques : les variétés clones (74 à 78)
B. Les modalités de reproduction végétative (79)
C. Méthodes générales d’amélioration (80 à 86)
1. Création de nouveaux clones (81 à 83)
2. L’amélioration des clones existants (84 à 86)
Liste
Ta b l e
I n dex
Glossaire
Population groupe
de départ des
Population plantes
de sélectionnées
départ
Sélection des
meilleures plantes
Interfécondation
Interfécondation
de ces plantes
Liste
Population
Population améliorée Ta b l e
améliorée
gain
7.– Il n’existe en fait que trois types de variétés fixées et Espèces autogames:
homogènes : chacune est caractéristique d’un système Céréales: avoine - blé tendre - blé dur - orge - riz - Glossaire
biologique de reproduction et de sélection : sorgho (*)
Légumineuses à graines: arachide - haricot - féverole
• espèces sexuées autogames : variété lignée pure ; (*) - lentille - lupin - pois - soja - vesce
• espèces sexuées allogames : variétés hybride F1 ; Espéces légumières: aubergine - laitue - piment -
poivron - tomate
• espèces à reproduction végétative : variété clone. Espèces industrielles: colza (*) - caféier arabica - coton
Dans chacun de ces trois cas, la variété est un génotype uni- - lin - tabac
que : toutes les plantes qui la constituent ont la même com- Espèces fruitières (multiplication végétative
habituelle): abricotier - nectarine - pêcher
position génétique : c’est ce caractère monogénotypique qui
assure l’homogénéité culturale de ces variétés (fig. 2). Espèces allogames:
Lorsque l’homogénéité génétique n’est pas un caractère Céréales: maïs - mil - seigle
indispensable, ou que les systèmes disponibles ne per- Espèces fourragères: graminées: dactyle - fétuque -
fléole - ray-grass légumineuses: luzerne - trèfle violet -
mettent pas de créer des variétés à génotype unique, trèfle blanc - lotier
d’autres types de variétés peuvent assurer la stabilité Espèces légumières: asperge - carotte - céleri -
génétique au cours du temps tout en apportant une uni- chicorée - choux - concombre - endive - épinard -
formité relative, suffisante en pratique : ce sont les varié- melon - oignon - navet - salsifis
Espèces industrielles: betterave - chanvre - tournesol
tés synthétiques ou les variétés hybrides complexes (ex. :
Espèces forestières: la plupart
hybrides doubles ou hybrides trois voies).
Dans tous les cas, la nature finale de la variété et son Espèces à multiplication végétative:
mode d’obtention sont profondément influencés par le Espèces alimentaires: artichaut - fraisier - manioc -
système biologique de reproduction, naturel ou imposa- pomme de terre - patate douce
Espèces fruitières: bananier - cacaoyer - figuier - olivier
ble par le sélectionneur. Pour cette raison, les méthodes - pêcher (*) - poirier - pommier
de sélection créatrice seront présentées en fonction des
trois grands modes de multiplication des plantes : (*) Mode dominant de reproduction
• reproduction sexuée par autofécondation (autogamie) ;
Fig. 2. – Modes de reproduction des principales espèces
• reproduction par hybridation (allogamie) ;
cultivées
• multiplication végétative.
II. SÉLECTION CRÉATRICE CHEZ LES ESPÈCES – Fleurs hermaphrodites, c’est-à-dire présentant à la fois
AUTOGAMES des pièces mâles et femelles
– Contact ou proximité permanente ou temporaire des
8.– Le modèle variétal prédominant chez les plants auto-
étamines et des stigmates
games est la lignée pure. Cette structure génétique
découle de ce système biologique de reproduction. – Synchronisme des floraisons mâles et femelles
– Absences de systèmes d’autoincomptabilité et de stéri-
A. Modalités de l’autogamie lité mâle.
9.– L’autogamie est une fécondation forcée et exclusive • Dispositifs floraux empêchant la fécondation croisée :
d’un individu par lui-même. Au plan anatomique, l’auto- – Fleurs closes (ou au moins stigmates protégés durant
gamie est assurée par la structure de la fleur qui facilite leur période de réceptivité).
l’autofécondation et empêche l’hybridation : 5 conditions Toutefois l’autogamie est rarement totale : un faible taux
biologiques doivent être réunies à la fois (fig. 3) : d’hybridation (0,5 à 5 %) subsiste généralement. Il aura
• Dispositifs floraux favorisant l’autofécondation (facili- surtout pour conséquence d’obliger à certaines précau-
tant le dépôt de l’auto-pollen) : tions pour maintenir la pureté des variétés.
1 Aa
Hybride F1
100 % 0
Autofécondation
1
– Aa
Génération 2
1 1
suivante – A A’ – aa 50 % 50 %
4 4
F2 Autofécondation
1 1 1 1 1
– AA+ – AA – Aa – aa+ – aa
4 8 4 8 4 25 % 75 %
F3
3 Autofécondation 3
– AA – aa
8 8
5 1 5 87,5 %
F4 – AA – Aa – aa 12,5 %
16 8 16
Sélection généalogique
Séparation des descendances
Pourcentage
d'homozygotes
00
Glossaire
75 homozygotie
"pratique"
50
1 5 10 30 40 100 Gènes indépendants en ségrégation
25
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Génération
d'autofécondation
Fig. 5. – Évolution du pourcentage d’individus homozygotes au cours des générations d’autofécondation (de diploïdes)
Liste
familles
1991 F4 de 125 90 dans 40 Ta b l e
lignées
familles I n dex
1992 F5 de 90 80 dans 35
lignées
Glossaire
1993 F6 80 15
Multiplication
de lignées et
1994 F7 essais de ren- 15 4
dement (avec
répétition)
lignées en
1995 F8 essais de 4 1
rendements
(avec répétition)
essais de
rendements
1996-97 F9-F10 et 1 1
d'inscription
au catalogue
Liste
Ta b l e
Index
Début de la sélection généalogique
Multipli-
cation et
1994 F7 essais de 15 4
rendement
2. Méthode biotechnologique : 28.– Ainsi les variétés hybrides ne se sont imposées que
les transformations génétiques directes chez les espèces autogames où l’incidence d’un coût plus
élevé des semences est acceptable par le producteur en
25.– Le développement des techniques de biologie molé- raison de la valeur de la production finale, comme chez Glossaire
culaire offre une autre voie pour le transfert de gènes, plusieurs cultures légumières (tomate, melon…). Chez
avec deux avantages importants : les espèces où la part des semences dans les charges de
– accélération de l’introduction des caractères puisque production est plus importante, les variétés hybrides, en
ceux-ci peuvent être directement introduits dans les dépit de leur potentiel technique supérieur, se dévelop-
variétés à corriger ; pent plus difficilement (ex. : blé).
– possibilité de rechercher des gènes correcteurs en
dehors de l’espèce à améliorer puisque l’introduction III. SÉLECTION CRÉATRICE CHEZ LES ESPÈCES
des gènes ne fait pas appel au croisement biologique, à ALLOGAMES
la différence de la méthode du rétrocroisement.
29.– Le type variétal dominant chez les espèces allogames,
Cependant, les techniques de transformation directe pré- qui sont très diverses, tend à devenir le cultivar hybride
sentent d’autres difficultés : l’identification et clonage des F1. Cependant, la systématisation de ce type de variétés
gènes à introduire – expression et régulation des gènes est contrariée car leur création est longue et difficile et
dans le génome de la plante réceptrice, réceptivité de leur maintien coûteux. Il existe ainsi chez ces espèces,
l’espèce aux méthodes du génie génétique. d’autres modèles variétaux tels que les cultivars-popula-
Les grandes lignes de ces méthodes sont présentées dans tions ou les variétés synthétiques. La possibilité d’un
le fascicule 2350. contrôle plus ou moins complet de l’allogamie constitue
l’élément déterminant pour l’orientation de la création
F. L’utilisation des lignées pures variétale chez une espèce déterminée.
pour la création d’hybrides F1
26.– Les lignées pures sont un passage obligé lors de la A. Modalités de l’allogamie
création de variétés hybrides. C’est l’homozygotie des 30.– L’allogamie ou reproduction par hybridation
lignées pures parentes des variétés hybrides qui assure demande en fait deux conditions simultanées :
l’homogénéité et la reproductibilité de ces hybrides. – un mécanisme biologique empêchant ou limitant les pos-
L’intérêt agronomique des hybrides est dû à l’effet d’hétérosis, sibilités d’autofécondation ;
exprimant la supériorité de l’hybride sur ses parents homo- – un dispositif de transport du pollen d’une plante à une autre.
10
AA aa
R
x
1er rétrocroisement : B. C. 1 (= « bacckross 1 »)
Aa aa
R
x
B. C. 2
Liste
aa Aa aa
(éliminé)
R
x
Ta b l e
B. C. 3
aa Aa aa
(éliminé)
R
Index
x
B. C. 4
aa Aa aa
Glossaire (éliminé) R
x
B. C. 5
aa Aa aa
(éliminé)
Résultats
du B. C. 5
Aa aa éliminés
Sélection
généalogiques
après
autofécondation
AA Aa aa
R(AA)
11
12
Mais il présente aussi des difficultés dues à l’expression Deux systèmes génétiques principaux contrôlent le phé-
parfois incomplète du phènomène, et surtout des restric- nomène :
tions d’emploi aux espèces qui sont cultivées pour la pro-
duction d’organes végétatifs. En effet les hybrides pro- a) La stérilité mâle génique
duits sont généralement eux-mêmes autoincompatibles 40.– Elle est due à la seule action de gènes portés par les
et par conséquent incapables de produire des graines en chromosomes du noyau. Lorsque ces gènes sont récessifs,
cultures pures. cas le plus fréquent, la stérilité mâle n’est réalisée que
L’autoincompatibilité est surtout utilisée pour la produc- lorsqu’ils sont à l’état homozygote (fig. 9).
tion de semences hybrides chez les crucifères (choux).
Chez certaines espèces fruitières (ex. : pommier - poi- Cette stérilité mâle présente malheureusement un incon-
rier…), l’existence d’autoincompatibilité chez les variétés vénient qui contrarie son emploi pour la production de
cultivées qui sont des clones, oblige à introduire dans les semences hybrides : en effet, le parent femelle (car mâle
vergers un certain taux de plantes pollinisatrices, d’une stérile) de l’hybride ne peut être perpétué que par voie
autre variété. végétative, ou en le croisant avec des plantes identiques
mais mâles-fertiles, hétérozygotes pour le gène de stéri-
• Stérilité mâle lité (croisement sœur x frère) ; or il apparaît danc ce cas
39.– Cette situation biologique généralement très rare dans la descendance 50 % seulement de plantes mâles
dans les populations naturelles, est le moyen le plus stériles, et 50 % de plantes mâles fertiles qui doivent être
recherché pour créer l’hybridation en amélioration des impérativement repérées et éliminées avant floraison,
plantes. Elle se traduit par l’atrophie des étamines ou sous peine de provoquer des croisements indésirables
Liste l’avortement plus ou moins précoce du pollen dans les entre plantes consanguines, au lieu des véritables hybri-
anthères. dations recherchées.
Ta b l e
Mécanisme biologique et génétique
Objectif et
utilisation
Femelle Mâle Descendance en sélection
(mâle stérile) (pollinisateur)
Index
Ms Ms Ms Maintien et
Cellule multiplication
Glossaire Ms Ms Ms
Noyau du parent
femelle
50% 50% (mâle stérile)
Ms mâles stériles mâles fertiles
Ms
Gène de Ms Ms Production
stérilité de plantes
Ms Ms
hybrides
fertiles
Femelle Pollinisateurs 100%
(mâle stérile) mâles fertiles
Fig. 9. – Hérédité et utilisation de la stérilité mâle génique
b) La stérilité mâle nucléo-cytoplasmique L’utilisation de cette stérilité mâle requiert deux condi-
41.– Cette stérilité mâle est un exemple très intéressant tions génétiques simultanées :
d’interaction entre le noyau et le cytoplasme pour le con- – la présence dans le cytoplasme (en général dans des
trôle d’un caractère. Bien qu’elle soit très rare et de con- organites appelées mitochondries) de facteurs de stéri-
trôle génétique plus complexe que la stérilité mâle géni- lité « S » (gènes ou autres déterminants héréditaires) ;
que, elle est particulièrement recherchée par les – l’existence sur les chromosomes du noyau d’un gène dit de
sélectionneurs en raison de ses qualités pour le contrôle restauration de fertilité (Rf) qui, à l’état homozygote
de l’hybridation. récessif (rf), entraîne l’expression de la stérilité mâle.
Elle est ainsi utilisée pour la création de variétés hybrides 42.– Lorsqu’un parent mâle stérile (lignée-famille…)
chez de nombreuses espèces : tournesol - betterave - sor- conjuguant ces deux caractères a été obtenu, ce type de
gho - oignon - carotte… stérilité s’avère particulièrement intéressant (fig. 10).
13
S S Maintien et
rf rf
multiplication
rf rf du parent
femelle
Femelle Pollinisateur Descendance 100 % (mâle stérile)
(mâle stérile) mainteneur mâle fertile
de stérilité (fertilité mâle
(portant gène r f) restaurée par le gêne r f)
Liste
Rf
Rf
S S
rf Rf
Production de Ta b l e
rf S rf
Rf plantes
hybrides
Femelle Rf Descendance 100 %
fertiles
(mâle stérile) mâle fertile
Pollinisateurs (fertilité mâle restaurée
I n dex
restaurateurs r le gêne Rf)
de stérilité mâle
(portant gène Rf)
• Si ce parent est croisé avec un géniteur mainteneur de tes pourront permettre d’accélérer le processus (cf.
stérilité car homozytoge pour les gènes nucléaires rf, la fasc. 2350).
descendance obtenue est entièrement mâle stérile : ce sys-
tème est utilisé pour le maintien et la multiplication des Pendant ce temps, le parent mâle fertile A en cours de
parents femelles des hybrides (ou pour la production conversion en lignée mâle stérile, est maintenu par auto-
d’hybrides stériles). fécondation ou tout autre système permettant de la per-
pétuer (fig. 11 b).
• Si ce parent est croisé avec un géniteur restaurateur de
fertilité car homozygote pour les gènes nucléaires Rf, les A l’issue de la conversion, après environ 5 à 6 rétrocroise-
hybrides obtenus ont une fertilité mâle normale. C’est ments le parent initial existe sous les deux versions, mâle-
ainsi que sont produits les hybrides commerciaux. stérile et mâle fertile. Le croisement de ces deux formes
43.– Les problèmes rencontrés pour la mise en œuvre isogéniques (c’est-à-dire comportant les mêmes gènes et
pratique de ce type de stérilité sont de plusieurs ordres : ne différant que par leurs cytoplasmes) permettra ensuite
de conserver indéfiniment ce géniteur (fig. 11 c).
En raison de la rareté de la situation génétique inductrice
de stérilité mâle, celle-ci n’est pratiquement jamais trou- Pendant ce temps, des lignées ou des géniteurs mâle fertiles
vée dans des plantes ou des lignées de bonne valeur agro- sont créés par les voies habituelles, par ex. par autoféconda-
nomique. tion successive pour obtenir des lignées pures (fig. 11 d).
Il est donc nécessaire : Enfin la production de semences hybrides est réalisée cha-
– de rechercher des géniteurs de stérilité, parfois dans des que année par croisements entre le parent femelle (mâle
espèces étrangères. Les croisements interspécifiques sont stérile) et le parent pollinisateur (mâle fertile) (fig. 11 e) :
parfois aussi des moyens de créer de telles situations ;
– si le pollinisateur apporte des gènes de restauration
– d’introduire le système de stérilité dans les parents de
dominants Rf, l’hybride sera fertile ;
bonne valeur et dont on souhaite la stérilité mâle, par
une longue série de rétrocroisements (fig. 11 a). Cer- – si le pollinisateur est homozygote récessif pour les allè-
taines biotechnologies comme les fusions de protoplas- les de restauration (rf), l’hybride est stérile.
14
B A (d)
r r Création puis
r r maintien par
S autofécondations
successives de la
lignée mâle-fertile
(éventuellement
restauratrice de
B A fertilité)
r r
r r
S
(b)
Maintien par
autofécondations
Liste
successives de la
B A lignée (mâle-fertile) C
(a) r r à convertir en lignée R
Conversion d'une r r mâle stérile R
S
lignée mâle-fertile en
Ta b l e lignée mâle-stérile
"isogénique" par
rétrocroissements
successifs
Index
B A C
r r R
r r R
Glossaire S
Croisement Autofécondation
(c) de maintien de maintien
Maintien de la lignée de la lignée de la lignée
mâle-stérile par mâle-stérile mâle-fertile
croissement, et de sa mainteneuse
lignée isogénique
mainteneuse par A A C
autofécondation r r R
r r R
S
A C
(e)
Utilisation de la stérilité mâle r r
Production de des cendances S r r
hybrides à fertilité restaurée
(qui seront productrices de graine) Mâle-stérile Mâle-fertile
AC
R Hybride
S r mâle-fertile
15
16
meilleur hybride
effet
d'inbreeding
effet
Populations d'hétérosis
d'origine Populations
d'hybrides
consanguinité hybridation
Populations de lignées
(homozygotes)
Temps
Fig. 12. – Évolution de la vigueur dans une population soumise successivement à une phase de consanguinité (création de
lignées) puis à l’hybridation entre les lignées obtenues
17
18
• La réalisation des hybrides limité et contrôlé, permettant ainsi une certaine exploita-
62.– L’appellation d’hybrides F1 est en principe réservée tion de l’hétérosis et une relative stabilité de la variété au
aux seuls hybrides résultant du croisement de lignées cours du temps.
pratiquement pures, résultant de 7 à 8 générations La quasi-totalité des cultivars utilisés chez les espèces
d’autofécondation au minimum. Cependant, dans cer- fourragères (graminées et légumineuses prairiales) sont
tains cas et notamment chez les espèces légumières, le des variétés synthétiques. D’une manière générale, ce
niveau d’homozygotie est beaucoup moins important et type de variété est surtout recherché lorsque l’état des
le terme peut alors prêter à confusion. techniques de sélection ou leur coût ne permet pas
Lorsque les lignées sont fixées par l’homozygotie, la dépres- l’emploi de méthodes de sélection plus performantes tel-
sion de vigueur consanguine qui les affecte, rend parfois la les que par exemple la création de variétés hybrides : con-
production de semences hybrides très onéreuse, en raison trôle incomplet des systèmes d’hybridation (auto-incom-
du coût de reproduction par autofécondation des lignées patibilité-stérilité mâle…) - difficultés d’obtention ou de
chétives et de leur faible rendement en semences. maintien de lignées pures.
Il est alors possible de réduire ces inconvénients, au b) Principes de créations des variétés synthétiques (Fig. 16)
détriment toutefois d’une part de l’homogénéité et par- 67.– La création et la production des variétés synthéti-
fois de la vigueur des hybrides, par la création : ques comprennent trois étapes principales.
– d’hybrides trois voies : hybride simple (femelle) X • La sélection des parents
lignée (mâle) ;
68.– Les plantes parentales sont choisies dans des popu-
Liste – d’hybrides doubles : hybride simple X hybride simple. lations et parfois soumises à une phase limitée de con-
63.– La recherche des meilleurs hybrides trois voies ou sanguinité de façon à les épurer et à mieux étudier leurs
hybrides doubles est délicate, en raison du nombre de aptitudes, qui sont appréciées à la fois sur leurs valeurs
combinaisons possibles, même avec un petit nombre de propres et sur leurs aptitudes à la combinaison avec
lignées : par exemple avec n lignées : d’autres plantes parentales.
Ta b l e
n(n-1) hybrides simples possibles • Intercroisement initial et maintien des parents
2 (ex : 45 pour n = 10 ; 435 pour n = 30…) ; 69.– Lorsqu’un groupe de parents, fréquemment de 4 à
n(n-1) (n-2) (n-3) hybrides doubles 12, a été identifié, l’intercroisement libre de ces parents
fournit la base génétique de la variété (polycross initial
Index 8 (ex : 630 pour n = 10 ; 667 720 pour n = 30…). ou synthétique o). La constance ultérieure de la variété
64.– Il a été nécessaire de rechercher des formules perme- synthétique est recherchée :
tetant de prévoir la valeur des hybriedes doubls à partir de – soit en conservant les plantes parentales par clonage ou
différents hybrides simpls réalisables avec les lignées. multiplication consanguine (ex. : croisement frère x sœur) ;
Glossaire Exemple : formule de JENKINS : – soit en produisant d’emblée une quantité importante
(AxB) x (CxD) = AxC + AxD + BxC + BxD de semences par intercroisement, et en commençant
ensuite chaque année la multiplicaiton de la variété en
4 prélevant une fraction des semences conservées.
Le rendement de l’hybride double est égal à la moyenne • Multiplication de la variété
des rendements de quatre hybrides simples non paren-
taux. 70.– La variété synthétique est obtenue en multipliant le
produit du polycross initial durant un nombre de géné-
Les hybrides doubles et trois voies qui ont été très utilisés, rations de reproduction qui est constant pour une variété
notamment pour l’amélioration du maïs, sont progressi- déterminée.
vement supplantés par les hybrides simples, plus homo-
gènes et plus performants. Ce nombre varie de 3 à 5 et dépend du coefficient de
multiplication de l’espèce : il est déterminé de manière à
65.– Il existe donc plusieurs types d’hybrides, mais seuls réaliser l’amplification de la variété, depuis la petite
les hybrides F1 de lignées pures exploitent complètement quantité de graines produites par l’intercroisement initial
les propriétés génétiques et agronomiques de ce modèle des parents jusqu’au tonnage de semences nécessaires
variétal (fig. 15) chaque année pour la commercialisation de la variété.
19
AUTOFÉCONDATIONS
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Autofécondations
(réalisations progressives des lignées)
AUTOFÉCONDATIONS
Testeur
Descendances
Testeur x lignées
AUTOFÉCONDATIONS
Liste
Testeur
Tests de valeur en
combinaison des lignées :
Descendances - Top-croos
Testeur x lignées (x testeur commun) Ta b l e
- Polycross
- Diallèle
AUTOFÉCONDATIONS
Testeur
I n dex
Descendances
Testeur x lignées
Glossaire
AUTOFÉCONDATIONS
AUTOFÉCONDATIONS Testeur de
valeur en
combinaison
AUTOFÉCONDATIONS (diallèles)
20
21
Sélection de parents
Sélection
créatrice
P1 P2 P3 P4 Syn 0
Interfécondation libre de
plusieurs parents (ex. 4 à 10)
Syn 1 Sélection
conservatrice
Liste
Syn 2
Ta b l e
Syn 3 (ou 4)
Variété synthétique I n dex
(= population artificielle)
Glossaire
22
une intervention humaine. Les porte-greffes peuvent être C. Méthodes générales d’amélioration
eux-mêmes multipliés par clonage, ou par semis. 80.– Dans ses principes, l’amélioration des espèces à mul-
• Semences apomictiques tiplication végétative est facile puisque tout génotype nou-
Chez certaines espèces de graminées (ex. : panicum, veau obtenu est d’emblée fixé et reproductible à l’identique.
paturins) plusieurs citrus (oranger, citronnier…) et de
nombreuses espèces sub-spontanées (framboisier, ronce) 1. Création de nouveaux clones
les semences ne résultent pas, en dépit des apparences, 81.– L’obtention de nouveaux génotypes, extrêmement
d’une véritable reproduction sexuée, mais proviennent variés, est assurée par le passage à la reproduction sexuée.
d’un développement parthénogénétique de cellules Les clones sont en effet très hétérozygotes et le croise-
sexuelles autres que des gamètes, entraînant un clonage ment de clones différents ou même leur autofécondation
par graines. provoquent, par recombinaisons génétiques, la produc-
Les tentatives de production de semences artificielles par tion d’une très grande diversité dans la descendance, dès
embryogénèse somatique visent aussi à conjuguer les la première génération.
avantages de la graine (miniaturisation, possibilités de 82.– Il est ensuite nécessaire de multiplier ces génotypes
conservation) et ceux de la multiplication végétative nouveaux par la voie végétative naturelle, les transfor-
(reproduction à l’infini d’un même génotype). mant ainsi en de nouveaux clones sur lesquels portera la
sélection. Cette 2e phase est généralement longue car il
est nécessaire d’obtenir plusieurs centaines de plantes de
chaque clone pour pouvoir réaliser un choix sur les
Liste
caractères d’importance agronomique (ex. : fig. 17, sélec-
tion créatrice chez la pomme de terre).
Année Ex. d’effectifs observés et selectionnés dans une station de sélection Opérations
Ta b l e 0 serre : 500 croisements x 100 graines = 50 000 graines produites création des génotypes
1 serre : 50 000 semis –> 1 tubercule/plante –> 40 000 plantes produites Sélection sur:
2 champ : 40 000 plantes (6 à 7 tubercules) –> 4 000 retenus caractères individuels
3 champ : 4 000 clones de 6 plantes –> 800 retenus (forme, couleur...
4 champ: 800 clones de 30 plantes –> 200 retenus du tubercule)
Index champ : 200 clones de 100 plantes –> 100 retenus Sélection sur:
5
6 champ :100 clones de 150 plantes –> 50 retenus - rendement
- qualité
7 champ: 50 clones de 500 plantes –> 20 retenus - adaptation aux milieux
8 champ: 20 clones de 1 500 plantes –> 2 à 3 retenus - etc.
v|
COMMERCIALISATION
Fig. 17. – Démarche de la sélection pour la création de variétés-clones : exemple de la pomme de terre
83.– L’introduction de la reproduction sexuée est parfois que est ensuite fixée et perpétuée par la reproduction
difficile chez les espèces où cette fonction est dégénérée. Il végétative.
est alors nécessaire de rétablir ou d’améliorer la floraison et • La sélection clonale
la production des graines par des artifices techniques (ex. :
85.– Les clones cultivés depuis très longtemps ont pu
suppression de la tubérisation, greffage sur une autre espèce,
accumuler des mutations ayant progressivement créé une
fécondation in-vitro…) ; ou physiologique (modification
diversité génétique limitée. Par ailleurs, certaines variétés
de l’environnement, de la photopériode, etc.).
anciennes peuvent ne pas provenir d’un individu unique
Cette phase de création de variabilité pose évidemment mais de quelques génotypes voisins. La séparation de clo-
moins de problèmes lorsque l’espèce, bien que habituelle- nes proches et l’identification de formes supérieures peu-
ment propagée par voie végétative, a conservé son potentiel vent être réalisées par sélection.
de reproduction sexuée (ex. : arbres fruitiers, vigne). En général, les progrès apportés par sélection clonale ont
été très limités.
2. L’amélioration des clones existants • La mutagenèse
86.– La mutation provoquée a connu ses principaux suc-
84.– La correction de défauts limités ou la recherche de cès chez les espèces à reproduction végétative, lorsqu’elle
caractères nouveaux à déterminisme génétique simple, a été utilisée pour rectifier un ou quelques caractères
peut être entreprise sur des clones existants. En effet, simples sans altérer le reste du génotype. Elle a cependant
toute amélioration introduite, si elle est de nature généti- pour caractéristique d’être entièrement aléatoire et de
23
Glossaire
24