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LA RÉCOLTE ET LA
CONSERVATION DU FOIN
par
Gildas CABON
et
Marc MOSNIER
Ingénieurs à l’Institut Technique des Céréales et Fourrages (ITCF)
SOMMAIRE
Section 1. – Récolte du foin (1 à 23)
I. Nécessité de la récolte de fourrages (1)
BIBLIOGRAPHIE
– Institut Technique des Céréales et Fourrages (ITCF) : Station de La Gaillère, 44370 Varades
Liste
Ta b l e
I n dex
Glossaire
Fourrage vert 0,87 114 0,76 85 0,87 63 0,89 102 0,83 159
Foin ventilé 0,76 87 0,67 59 0,74 39 0,82 91 0,68 129
Début épiaison ou Foin séché au sol :
bourgeonnement – beau temps 0,76 87 0,66 59 0,74 39 0,82 91 0,67 123
– pluie : < 10 j. 0,72 81 0,64 54 0,71 34 0,77 85 0,60 118
– pluie : > 10 j 0,68 76 0,61 49 0,66 29 0,73 81 – –
Humidité % S.H.
90
80
70
60
Liste
50
Ta b l e
40
I n dex
30
Glossaire
20
10
Durée en
heures
9 12 15 18 21 3 6 9 12 15 18 21 3 6 9 12 15 18 21 0
0 0
1er jour 2e jour 3e jour
3. Ramasseuses presses à grosses balles plein air. Ces meules ont une faible densité (environ
21.– On distingue chronologiquement deux types, dans 60 kg/m3).
l’ordre de leur apparition sur le marché :
23.– La décision de ramasser le foin est quelquefois déli-
– les presses à balles cylindriques, couramment appelées cate à prendre. On peut donner quelques indications :
presses à balles rondes ;
– les presses à grosses balles parallélépipédiques. – par beau temps, le ramassage à basse densité a intérêt à
Les premières confectionnent des balles dont la largeur être précoce (humidité résiduelle de 30 %). Le foin
est prédéterminée par la dimension de la machine continuera à sécher en paquets en plein air (ballots,
(1,50 m, 1,20 m, 0,90 m) et dont le diamètre peut être grosses balles ou meules) ;
soit modulé dans le cas des presses à chambre variable, – le ramassage à moyenne densité ne devrait concerner
soit pré-défini comme chez les presses à chambre fixe,
que du foin sec (20 % d’humidité) sinon les pertes en
avec des dimensions allant de 90 cm à 1,80 m.
conservation se substituent largement aux pertes
Les densités varient beaucoup selon les réglages mais mécaniques évitées ;
aussi en fonction de l’humidité du fourrage et de la
vitesse d’avancement sur l’andain : elles évoluent entre – si le temps est menaçant, le ramassage s’impose dès
80 kg et 110 kg de matière sèche par m3. 30 % de l’humidité résiduelle :
Quant aux presses à balles parallélépipediques, les A cette humidité, les grosses balles cylindriques peuvent
dimensions peuvent atteindre 2,50 m x 1,25 m x 1,25 m rester dehors. La pluie leur causera des dommages limités
Liste pour les plus grosses, avec des densités de l’ordre de 150 à
en surface, et en tout état de cause la dégradation de
160 kg de matière sèche par m3. l’intérieur serait plus grave sous l’abri. Il vaut mieux
presser en grosses balles jusqu’à la pluie plutôt que de
4. Ramasseuses emmeulonneuses s’interrompre pour les rentrer. Les balles cylindriques
Ta b l e 22.– Elles confectionnent en vrac pressé des meules rec- supportent de passer dehors quelques semaines en fin de
tangulaires dont le sommet bombé permet le stockage en printemps ou en été.
Index
Glossaire
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II. COMMENT LIMITER LA DÉGRADATION
DES FOINS HUMIDES ? 20 40 60 80 100
Humidité relative de l'air
(% H.R.)
27.– Quand l’éleveur est acculé à ramasser du foin avant Graminées (16-17% de sucres solubles)
Légumineuses (7-8% de sucres solubles)
sa dessiccation complète, son souci est de limiter les
dégradations si cela est possible. Fig. 3. – Équilibre humidité relative de l’air/fourrage
Fourrage
à l'humidité
Couche de fourrage
initiale
Air se chargeant d'eau
Fourrage
en train
de sécher
Air chaud
Liste Fourrage
Air réchauffé sec
B. Description d’une installation arrive par une gaine de ventilation disposée soit latérale-
Index 3 0 . – Un e i n s t a l l a t i o n d e v e n t i l a t i o n com p or te ment le long de l’un des côtés de l’aire, soit en position
essentiellement : centrale. La liaison entre celle-ci et le ventilateur est réali-
– un ventilateur ; sée par un manchon en forme de tronc de cône ou de
– un réchauffeur ; tronc de pyramide appelé divergent et dont les caractéristi-
– un système de répartition de l’air dans le fourrage. ques de réalisation doivent permettre de récupérer une
Glossaire partie de la pression dynamique fournie par le ventilateur
• Le ventilateur est caractérisé par sa courbe débit-pression et de la transformer en pression statique (celle qui sert à
qui permet d’orienter le choix vers tel ou tel type : centri- vaincre les obstacles s’opposant à la circulation de l’air).
fuge à forte pression, ou axial (hélicoïde), à fort débit
d’air. Les plus perfectionnés de ces derniers possèdent Les côtés du tas doivent être protégés par un bardage en
des pales à orientation préréglable qui permettent une feuilles de plastique, par exemple afin d’obliger l’air à remon-
plus grande souplesse d’emploi et une meilleure adapta- ter jusqu’en haut de celui-ci en évitant les fuites latérales.
tion au type d’installation à équiper. Bien entendu les différents modules du système de répar-
• Le réchauffage est destiné à diminuer l’humidité rela- tition sont calculés de façon à permettre le meilleur écou-
tive de l’air – de 20 à 25 points (ou %) afin d’améliorer sa lement possible de l’air.
capacité d’évaporation. Il est indispensable pour assurer
le plein emploi de l’installation et faire face aux varia- C. Utilisation d’une installation
tions d’hygrométrie dues aux changements climatiques 31.– La ventilation des fourrages peut se concevoir soit
comme à l’alternance des jours et des nuits, et il peut comme une pratique systématique, soit comme une solu-
s’effectuer à partir d’appareils fonctionnant au fuel, au tion de dépannage en cas de conditions atmosphériques
gaz ou à l’électricité. Plus récemment l’utilisation de défavorables. Son indépendance vis-à-vis de celle-ci
l’énergie solaire par le biais de capteurs de toiture à effet repose sur son degré de sophistication et en particulier
de corps noir ou de serres-capteurs, a retenu l’attention sur l’existence ou non de tel ou tel moyen de réchauffage
en raison de sa disponibilité. susceptible de modifier efficacement les caractéristiques
• Le système de ventilation est destiné à assurer une bonne hygrométriques de l’air ambiant. On distingue donc dans
diffusion de l’air en tous points de la masse de fourrage. l’ordre croissant de performance, les installations :
Avec le temps et l’expérience, un seul type de ventilation – sans réchauffage, soumises intégralement aux aléas
s’est imposé en France : la ventilation verticale où la cir- climatiques ;
culation de l’air se fait de bas en haut à partir d’un faux – avec réchauffage par capteur solaire, pleinement effica-
fond à caillebotis. ces de jour et par beau temps, inopérantes la nuit ;
Celui-ci doit être situé à 40 cm du sol au moins et s’arrêter – avec réchauffage par générateur d’air chaud, opération-
à 70 cm des limites de l’aire de ventilation. Le flux d’air nelles en toutes conditions.
gaine percée d’orifices de diamètre très inférieur à celui Fig. 5. – Quantité d’eau enlevée par tonne de
Liste
fourrage en fonction de l’humidité initiale
des balles à traiter qui sont disposées sur leur face plane
au-dessus de chacun d’eux. L’on ne peut ventiler ainsi 35.– La ventilation des fourrages est donc une arme quasi
que des fourrages peu humides (30 % d’eau) dont on absolue contre la mauvaise qualité des foins rentrés humi-
veut éviter la détérioration en cours de conservation. des, à condition de bénéficier d’un système de réchauffage Ta b l e
32.– La conduite de l’installation est l’utilisation opti- artificiel susceptible d’être mis en œuvre en cas de néces-
male des moyens de séchage disponibles en fonction des sité. Son utilisation peut être soit systématique, pour
conditions climatiques du moment et des caractéristi- accroître les performances de l’installation, soit occasion-
ques du fourrage à traiter. nelle, lorsque l’hygrométrie de l’air est insuffisante pour
La bonne utilisation de l’installation passe par le respect assurer la stabilisation du foin à 15 % d’humidité.
I n dex
des contraintes de fonctionnement mécanique qui ont Les capteurs solaires sont susceptibles d’introduire une
présidé à sa conception et à sa réalisation. En particulier, économie d’énergie intéressante en augmentant les perfor-
le fourrage ne devra pas dépasser 40 à 50 % d’humidité et mances et, dans une certaine mesure, la durée d’utilisation
les apports quotidiens maximaux se limiteront aux quan- des installations en phase diurne. Mais ils demeurent trop
tités retenues lors des calculs. dépendants vis-à-vis des conditions d’insolation pour Glossaire
33.– Le contrôle de l’humidité du fourrage au charge- assurer à tout coup le niveau de dessiccation nécessaire à
ment de l’aire peut donc s’effectuer soit à l’aide d’étuves une bonne conservation. Ils constituent une aide au
portatives qui permettent une bonne précision, soit séchage dont le prix de revient doit être mis en balance
empiriquement, au toucher et à la vue. Le comptage des avec les avantages techniques escomptés.
remorques et l’estimation – ou la mesure – de leur poids,
peuvent aussi être réalisés. D. Conclusions
Indispensable pour la bonne gestion du système est la 36.– La ventilation à la ferme ne se rencontre que dans les
connaissance de l’humidité relative de l’air de séchage. zones où l’alimentation des vaches laitières passe obligatoi-
On la calcule à l’aide d’un psychromètre – combinaison rement par le foin. C’est le cas des régions de l’Est central de
d’un thermomètre sec et d’un thermomètre humide – la France où la production laitière est vouée à la fabrication
afin de déterminer l’opportunité de la mise en œuvre du de fromages à pâte cuite sensibles aux ferments butyriques
réchauffage artificiel en cours de ventilation. On sait, en que propage et multiplie la conservation par ensilage.
effet, que l’on ne peut sécher du fourrage de prairie natu-
relle jusqu’à l’humidité de stabilisation de 15 % lorsque En dehors de ces secteurs géographiquement limités, on
l’hygrométrie de l’air est supérieure à 60-65 % et que la ne rencontre la ventilation en grange que sporadiquement.
durée de séchage de chaque apport ne doit pas dépasser Le foin séché au champ constitue encore l’essentiel des
quatre jours pour ménager la qualité du fourrage. Aussi fourrages secs distribués. Sa qualité, généralement très
le choix d’un fonctionnement permanent ou intermit- moyenne, est la résultante d’un hasard climatique plus ou
tent de tout ou partie de l’installation sera-t-il guidé par moins heureux. Son utilisation va des animaux à faibles
des critères tant techniques qu’économiques tels que : la besoins : vaches allaitantes, génisses, aux vaches laitières
présence ou l’absence de moyen de réchauffage, l’humi- où il est concurrencé de plus en plus fortement par
dité du fourrage, le volume et la fréquence des apports, l’ensilage qui le remplace avantageusement.
en regard des conditions climatiques du moment. D’importantes quantités de foin sont donc encore réali-
34.– L’humidité du fourrage ramassé revêt une impor- sées sans que les améliorations possibles des techniques
tance particulière pour le bon fonctionnement de l’instal- de récolte constituent pour autant une garantie de qua-
lation et les techniques de préparation visant à accélérer sa lité pour celui-ci.
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