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2250TA

L’ENSILAGE
par
Marc MOSNIER
Ingénieur ECAT, Institut Technique des Céréales et Fourrages (ITCF)

SOMMAIRE
I. Principes (1)
II. Transformations biochimiques dans le fourrage vert (2 à 15)
A. Action des enzymes de la plante : respiration (3)
B. Action des microorganismes : fermentation (4 à 7)
C. Transformations post-fermentaires (8)
D. Nature et appréciation des résultats de la fermentation (9 à 15)
1. Pertes de matière sèche (10 et 11)
Liste 2. Pertes qualitatives (12 à 15)

III. Facteurs influençant le déroulement de la fermentation (16 à 21)


A. Facteurs propres à la plante (16 à 19)
1. Teneur en sucres solubles (17)
Ta b l e
2. Pouvoir tampon (18)
3. Teneur en eau (19)
B. Facteurs liés à la technique de réalisation (20)
C. Facteurs liés aux conditions atmosphériques (21)
Index
IV. Techniques d’amélioration de la conservation par voie humide (22 à 29)
A. Préfanage (23)
B. Utilisation de conservateurs (24)
Glossaire 1. Conservateurs chimiques, à action directe (25)
2. Conservateurs biologiques, à action indirecte (26 à 28)
C. Adjuvants divers (29)

V. Les différentes techniques d’ensilage (30 et 31)


VI. Intérêt du développement de l’ensilage (32)

©Techniques Agricoles 2250

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L’ENSILAGE
TA 2250
INDEX ALPHABÉTIQUE
Acide formique, 25. Enzymes, 2, 26. Pertes, 11, 32.
— lactique, 1. PH, 1, 6, 18.
Fermentation, 1, 4, 7, 22.
Acidification, 1, 12.
Fermentescibilité, 16. Pouvoir tampon, 18.
Adjuvants, 29.
Ammoniac, 29. Préfanage, 10, 23, 32.
Hachage, 20, 30.
Humidité, 10. Protéolyse, 3.
Bactéries aérobies, 4.
— anaérobies, 5. Hydrolyse, 3. Respiration, 3.
— lactiques, 1, 5, 26. Lactosérum, 27.
Silo, 2, 20.
Conservation, 2, 32. Levures, 8.
Stockage, 30, 32.
Conservateurs, 25, 32.
Matière sèche, 10, 30. Sucres solubles, 1, 17.
— biologiques, 26.
Microorganismes, 2, 4.
Ensilabilité, 16. Moisissures, 8. Tassement, 20.

Liste

Ta b l e

I n dex

Glossaire

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2250TA L’ENSILAGE

I. PRINCIPE B. Action des micro-organismes :


fermentations
1.– L’ensilage est un procédé de conservation des fourra-
ges par voie-humide, à la température ambiante, basé sur 4.– De nombreux germes microbiens se rencontrent sur
l’acidification naturelle du milieu grâce à l’acide lactique les parties aériennes des plantes vertes. Ils peuvent se
provenant de la fermentation des sucres de la plante en multiplier en cas de séjour au sol prolongé et peuvent
absence d’oxygène. Celle-ci se développe grâce à la préé- entrer en activité lorsqu’ils se trouvent plongés dans les
minence de microorganismes spécialisés — les bactéries jus libérés par les tissus végétaux lacérés par la récolte.
lactiques — qui préexistent en général en nombre suffi- Cette flore bactérienne comprend diverses espèces se
sant sur le fourrage vert et qui peuvent se multiplier acti- caractérisant par leur réaction au milieu ambiant ainsi
vement après la récolte lorsque les conditions de milieu que par les produits résultant de leur activité.
leur sont favorables. Au début de la fermentation et alors que subsiste encore
suffisamment d’air dans la masse de fourrage, se déve-
La stabilisation de la masse de fourrage fermentée résulte loppent des bactéries aérobies strictes, sans intérêt pour
de son degré d’acidification — mesuré par le pH. Ce der- l’ensilage et disparaissant rapidement par appauvrisse-
nier doit être d’autant plus bas que l’humidité du fourrage ment du milieu en oxygène.
est élevée pour assurer une bonne qualité de conservation.
5.– Puis se multiplient rapidement, au fur et à mesure
que se réalise l’anaérobiose, les bactéries anaérobies. Les
Liste
II. TRANSFORMATIONS BIOCHIMIQUES premières à se manifester sont les bactéries coliformes ou
DANS LE FOURRAGE entérobactéries, anaérobies facultatives qui provoquent
un début d’acidification du milieu en produisant de
2.– Le fourrage vert haché puis mis en silo, à l’abri de
l’acide acétique, du gaz carbonique, de l’alcool, ainsi
l’air, subit des transformations biochimiques sous la
Ta b l e qu’un début de dégradation des acides aminés en ammo-
dépendance de facteurs dont les uns sont extérieurs à la
niac et acides gras volatils. Leur réaction est ralentie dès
plante et les autres liés à la composition chimique de
que l’acidité atteint le pH de 4,5.
celle-ci, et dont l’action conjugée détermine le dévelop-
pement de la flore bactérienne, c’est-à-dire l’évolution de Ensuite se développent les bactéries lactiques, anaérobies
la fermentation. strictes, peu abondantes au départ sur le fourrage, mais
Index qui peuvent se développer rapidement si les conditions
La transformation du fourrage vert en ensilage s’effectue leur sont favorables, c’est-à-dire lorsqu’il existe des sucres
en plusieurs étapes mettant en jeu des enzymes et des fermentescibles disponibles en quantité suffisante et
micro-organismes qui sont à l’origine des phénomènes lorsqu’il n’y a plus d’oxygène dans la masse de fourrage.
biologiques susceptibles d’aboutir à un produit stable et 6.– Elles transforment les glucides fermentescibles en
Glossaire
de bonne conservation. acide lactique qui accroît l’acidité du fourrage ensilé
jusqu’à des pH de 4,2 à 3,5 sans que leur activité soit alté-
A. Action des enzymes de la plante : rée, alors que celle des autres micro-organismes est
respiration entravée.
Ces bactéries lactiques se distinguent par leur aptitude à
3.– Les cellules de la plante ne perdent pas leur vitalité produire de plus ou moins grandes proportions d’acide
immédiatement après la coupe et les échanges gazeux se lactique à partir de quantités de sucre identiques.
poursuivent donc dans la masse de fourrage tant que
celle-ci contient de l’air. Il y a donc respiration, c’est-à- C’est ainsi que les bactéries homofermentaires produisent
deux fois plus d’acide lactique que les bactéries hétérofer-
dire oxydation des glucides avec production de gaz car-
mentaires. On conçoit donc qu’il puisse y avoir des diffé-
bonique, de vapeur d’eau et de chaleur. rences de qualité entre ensilages selon que prédomine tel
ou tel type de ferments et que l’on a affaire à tel ou tel
On estime que l’air emprisonné dans le silo et qui repré-
type de sucre.
sente environ 50 % du volume initial de celui-ci est tota-
lement remplacé par le gaz carbonique au bout de 6 à 12 7.– Des fermentations indésirables peuvent également se
heures si la couverture suit de près la fin du chargement. développer dans l’ensilage sous certaines conditions. Il
s’agit en particulier de la fermentation butyrique occa-
Lorsque l’air a été résorbé, il se développe alors des phé-
sionnée par des bactéries anaérobies strictes, sporulées et
nomènes diastasiques qui aboutissent d’une part à
l’hydrolyse des glucides, c’est-à-dire à la transformation résistant donc aux conditions de milieu défavorables. Ces
des sucres simples en molécules plus petites de glucose et micro-organismes peuvent se développer aussi bien à
de fructose qui serviront d’aliments aux bactéries lacti- partir des glucides fermentescibles qu’au détriment de
ques, d’autre part, à la protéolyse des protéines, c’est-à- l’acide lactique pour donner de l’acide butyrique et du
dire à leur transformation en acides aminés solubles, et gaz carbonique. Ce qui correspond à une baisse d’acidité
ce, tant que l’acidité du milieu est insuffisante (pH > 4). du milieu, donc à un accroissement du pH.

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De plus ces bactéries peuvent attaquer les protéines et les Pertes de matière sèche
acides aminés pour les transformer en acides gras vola- %
tils, en ammoniac et en produits putrides. Toutefois les
25
manifestations de ces micro-organismes sont interrom-
pues à partir d’un certain niveau d’acidité (pH 4,2).

C. Transformations post-fermentaires
8.– En principe, l’ensilage correctement fermenté est sta-
20
ble, en absence d’oxygène à un pH égal ou inférieur à 4.
Mais des risques d’évolution subsistent en particulier en
cas d’introduction d’air dans la masse de fourrage soit
par altération du silo, soit lors de la reprise de celui-ci.
Ces risques sont d’autant plus élevés qu’il subsiste des
sucres solubles en quantité dans l’ensilage, ce qui peut 15
être le cas avec des fourrages préfanés ou conservés avec
un produit bactériostatique.
Les agents de cette dégradation sont les moisissures qui se
développent en milieu très acide (pH 2,5 à 3,5) en pré- Liste
sence d’air, et au détriment des sucres résiduels et des aci- 10
des organiques existants, et les levures qui peuvent être
très abondantes et se développent en milieu très acide
(pH 1,3 à 2,5) avec ou sans oxygène, pour donner de 1
l’acide acétique dans le premier cas et de l’alcool éthyli- Ta b l e
que dans le second cas. 3

5
D. Nature et appréciation des résultats 2
de la fermentation
I n dex
9.– Les transformations de la masse de fourrage vert sous
l’action de la fermentation lactique aboutissent à un pro-
duit nouveau conservant, pour l’essentiel, la composition 0 20 30 40 50
chimique et la valeur nutritive du fourrage d’origine,
Teneur en matière sèche, % Glossaire
mais avec des variations quantitatives portant tant sur le
poids de fourrage que sur la proportion des éléments
constitutifs de la plante. Par ailleurs, de nouveaux pro- Fig. 1. – Pertes totales de matière sèche dans l’ensilage en
duits apparaissent, dont l’importance relative permet de fonction de la teneur en matière sèche du fourrage :
juger de la nature et de l’évolution des phénomènes fer- 1. à l’échelle de la ferme 2. en petits silos experimentaux
mentaires, autorisant ainsi une appréciation de la qualité 3. d’après des essais européens concertés
(Mc. GECHAN - J. agric. Engng. Res. 1990 - 45, 12)
de conservation.

1. Les pertes de matière sèche


11.– On distingue ainsi :
10.– C’est la différence observée au niveau du silo entre
les quantités de fourrage respectivement ensilées et reti- • les pertes gazeuses, ou fermentaires, résultant des trans-
rées de celui-ci. formations biochimiques au sein de la masse fourragère
et qui peuvent être considérées comme inévitables bien
Le responsable essentiel de ces pertes est l’humidité du que variables selon le type de fermentation dominant.
fourrage à la récolte (Fig. 1).
Elles sont imputables :
En effet, la majorité des fourrages herbacés — et particu-
lièrement les ray-grass — a une teneur en matière sèche — à la respiration : 0 à 5 % ;
faible (< 18 %) lorsqu’ils sont fauchés au bon stade, ce — aux fermentations anaérobies : environ 5 % ;
qui entraine des pertes considérables pouvant atteindre
25 % à 40 % de la matière sèche, dues en grande partie — à la post-fermentation : 0 à 5 %.
aux écoulements de jus. La seule façon de limiter ces per-
• les pertes par écoulement des jus, liées à la teneur en
tes est d’éliminer une partie de l’eau de la plante avant
matière sèche initiale du fourrage ensilé ainsi qu’à sa
l’ensilage par la pratique du préfanage au champ.
finesse de hachage. Ces écoulements se ralentissent entre
L’expérimentation en petits silos a permis de mettre en 20 et 25 % de teneur en matière sèche pour s’annuler vers
évidence l’origine et l’importance relative des pertes. 27-28 %.

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• les pertes par inconsommable, qui résultent générale- Les principaux critères d’analyse retenus pour apprécier
ment de la dégradation du produit sous l’action des moi- la qualité de conservation sont :
sissures, des levures ou des bactéries putréfiantes. Elles • l’acidité de l’ensilage, exprimée par le pH qui doit être ≤ 4
sont dues le plus souvent à un défaut de soin au moment pour avoir l’assurance d’un bon comportement du produit ;
de la réalisation du silo, le plus fréquemment rencontré
étant la mauvaise étanchéité de la bâche et l’absence de • les teneurs en azote ammoniacal et en azote soluble qui
chargement de celle-ci qui entraînent inévitablement des rendent compte du degré de dégradation des protéines ;
dégradations de l’ensilage dans la partie sous-jacente. • les teneurs en acides gras volatils qui peuvent rendre
Ces pertes sont couramment de 2 à 5 % mais peuvent compte d’évolutions particulières de ces ensilages ou
être accidentellement beaucoup plus élevées. C’est dire d’anomalies fermentaires telles que :
que l’observance des règles de réalisation de l’ensilage — production excessive d’acide acétique,
doit être d’autant plus stricte que les conditions de
— présence d’acide propionique,
récolte sont délicates et le fourrage difficile à conserver.
— présence d’acide butyrique.
2. Pertes qualitatives 13.– En principe ces produits doivent être en quantité
12.– Les pertes qualitatives sont liées à la nature des phé- aussi faible que possible, voire inexistants pour les deux
nomènes biologiques qui se sont développés dans la derniers. Les tolérances vis-à-vis de ces teneurs ont
masse de fourrage. abouti à la mise au point de normes d’appréciation par
L’appréciation d’une bonne orientation de ceux-ci est différents chercheurs. Les plus récentes, établies par l’Ins-
Liste
fournie par l’analyse de qualité qui met en évidence titut National de la Recherche Agronomique, Laboratoire
l’importance des produits néoformés caractéristiques de des Aliments à Theix, sont rappelées dans le tableau de la
telle ou telle évolution de la masse de fourrage. figure 2.

Ta b l e Acides gras volatils Azote ammoniacal % Azote total


(g/kg MS) Azote soluble
% azote total
acétique butyrique maïs graminées luzerne

EXCELLENT < 20 0 <5 <7 <8 < 50

BON 20 - 40 <5 5 - 10 7 - 11 8 - 12 50 - 60
Index
MÉDIOCRE 40 - 55 >5 10 - 15 11 - 15 12 - 16 60 - 70
MAUVAIS 55 - 75 >5 > 15 15 - 20 16 - 20 > 70

TRÈS MAUVAIS > 75 >5 > 15 > 20 > 20 > 70

Glossaire Fig. 2. – Barême d’appréciation de la qualité de conservation des ensilages


(d’après Dulphy, Demarquilly, Michalet - Doreau- INRA Theix, 1978)

Les corrélations étroites établies entre le niveau d’acidité 14.– Les variations de la composition du fourrage con-
de l’ensilage et l’importance relative des autres révéla- servé par voie d’ensilage se traduisent généralement par :
teurs de la qualité permettent de se dispenser d’analyses — un accroissement de la proportion relative de cellulose ;
complémentaires dès lors que le pH se situe à 4 ou en — une diminution de la teneur en matières minérales si
dessous de cette valeur, car celui-ci s’avère le révélateur le produit est très humide ou une légère augmentation
principal d’une bonne qualité de conservation.
de celles-ci, s’il est préfané ;
— une diminution importante de l’extractif non azoté et
La teneur en matière sèche du produit doit toutefois être
prise en considération car elle influe sur le niveau d’aci- en particulier des sucres solubles qui sont utilisés à 90-
dité critique à prendre en compte pour porter un juge- 95 % dans le cas d’ensilage humide, dans une bien
ment. Le pH de stabilité est en effet d’autant plus élevé moindre proportion avec le préfané ;
que la teneur en matière sèche est elle-même importante — une stabilisation de la teneur en protéines, voire une
(Fig. 3). certaine augmentation de celle-ci en valeur relative, lors-
que la conservation s’est bien déroulée.
15.– Le bilan global de l’ensilage se solde donc par des per-
Matière sèche % Acidité de stabilisation (pH) tes de matières nutritives dont l’importance dépend essen-
15 - 20 <4 tiellement de la teneur en eau initiale du fourrage vert.
20 - 25 < 4,2
Ces pertes paraissent assez importantes au niveau des
25 - 30 < 4,4 matières azotées mais doivent être modulées, pour les
30 - 35 < 4,6 glucides, par le fait que ceux-ci sont transformés en
35 - 40 < 4,8 grande partie et avec relativement peu de pertes en acide
Fig. 3. – Acidité de stabilisation de l’ensilage en fonction de lactique et autres composés organiques assimilables dont
sa teneur en matière sèche la valeur énergétique n’est pas négligeable.

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III. FACTEURS INFLUENÇANTLE 3. Teneur en eau
DÉROULEMENTDE LA FERMENTATION 19.– L’eau constitue l’élément essentiel des sucs cellulai-
res qui contiennent, entre autre, nombre de glucides.
A. Facteurs propres à la plante Toute variation de la concentration de ces solutions
entraîne une modification de la pression osmotique ainsi
16.– Les caractéristiques physico-chimiques de celle-ci qu’une augmentation de la proportion relative des gluci-
au moment de la récolte conditionnent son ensilabilité des.
ou aptitude à fournirs un bon ensilage alors que la fer-
mentescibilité relève plutôt de la seule composition chi- L’action combinée de ces deux facteurs est favorable aux
mique. bactéries lactiques, lesquelles sont environ deux fois plus
résistantes à une élévation de la pression osmotique que
les bactéries butyriques. D’où l’attention à accorder au
1. Teneur en sucres solubles préfanage dans la préparation de l’ensilage.
17.– Aliment de base des bactéries lactiques, les glucides En effet l’élévation du taux de matière sèche dans celui-ci
fermentescibles conditionnent le bon déroulement de la est reconnue de longue date comme un moyen d’amélio-
fermentation lactique. rer la conservation tant par réduction de l’activité fer-
mentaire elle-même que par un accroissement de la qua-
Les quantités disponibles dépendent : lité de conservation due à un freinage énergique de
— de l’espèce fourragère considérée, les graminées – sauf l’action des micro-organismes défavorables.
le dactyle – s’avérant en général plus riches que les Liste
Au contraire, les fourrages humides produisent des jus
légumineuses en ces éléments; dilués qui conviennent mieux aux bactéries acétiques
— de l’importance de la fertilisation azotée, un accroisse- qu’aux bactéries lactiques.
ment significatif de celle-ci pouvant entraîner une 19 bis.– Dans la pratique, la détermination de la date de
la récolte se fait par l’observation du stade végétatif pour Ta b l e
réduction de la teneur en sucres ;
chaque espèce considérée :
— de la climatologie du début du printemps précédant la
récolte, des températures fraîches et un bon ensoleille- — entre épi à 10 cm et début épiaison pour les graminées ;
ment favorisant les hautes teneurs en glucides ; — début bourgeonnement pour les légumineuses.
Ce stade correspond à un optimum de valeur alimentaire I n dex
— de l’heure de la journée, les sucres étant plus abon-
dants dans les parties foliacées de la plante en fin avec un maximum de protéines, une bonne teneur en
d’après-midi que le matin. sucres et une digestibilité à son meilleur niveau, l’aspect
physique de la plante avec une forte proportion de
feuilles par rapport aux tiges la prédisposant particulière-
2. Pouvoir tampon Glossaire
ment à l’ensilage, en raison de sa facilité de tassement
18.– Le pouvoir tampon est la capacité de la plante à dans le silo.
s’opposer aux variations de pH du milieu et en particu- Toutefois, les teneurs en eau élevées constatées à ce stade
lier, à son acidification progressive, au fur et à mesure de végétatif idéal rendent indispensables la mise en œuvre
la production d’acide lactique. de traitements avant conservation susceptibles d’amélio-
rer l’ensilabilité de la plante, quelle que soit la technique
Il est sous la dépendance de : de récolte utilisée : brins longs, demi-longs ou courts.
— la teneur en protéines de la plante ;
— la teneur en acides organiques et sels de ces acides ; B. Facteurs liés à la technique de réalisation
— la teneur en sels minéraux dérivés du calcium et du 20.– Ils englobent tous les soins dont sont entourées la
phosphore ; préparation du fourrage et la confection du silo lui-
même, qui mettent en jeu, à la fois l’organisation du
— la nature et l’importance des produits de dégradation
chantier et l’entretien des matériels.
résultant de la fermentation et qui peuvent à eux seuls
doubler ou tripler le pouvoir tampon. Les règles les plus importantes à observer sont :
— la finesse de hachage, qui favorise la dispersion des jus,
Les légumineuses, et particulièrement la luzerne, ont un
pouvoir tampon beaucoup plus élevé que les graminées donc des sucres, dans la masse de fourrage, ainsi que le
et au sein de celles-ci, le maïs fait figure de privilégié. Ces tassement, c’est-à-dire l’élimination d’un maximum
différences peuvent s’exprimer, sur un plan pratique, par d’air, conditions importantes pour un bon démarrage et
la quantité d’acide lactique nécessaire pour amener le pH une bonne orientation des fermentations.
de l’ensilage à 4 : Cette longueur de coupe doit être modulée en fonction
— maïs plante entière : 2 % ; de la teneur en matière sèche du fourrage, les réglages les
plus fins étant réservés aux fourrages les plus secs, ceci
— graminées : 3 % ;
afin de ne pas entraîner de pertes excessives par écoule-
— luzerne : 6 %. ment des jus.

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— La propreté du produit qui condamne dans certains cas, appelés faucheuses éclateuses qui occasionnent des blessu-
le déchargement direct des remorques sur le tas, en rai- res au fourrage, favorisant ainsi le départ de l’eau interne.
son des risques d’introduction de boue par les roues. Il peut s’agir d’écrasement des tiges, de lacérations et de
— Le tassement, qui favorise l’élimination de l’air et qui chocs, voire de peignage, tous traitements, soit spécifi-
est directement lié à la finesse de hachage, à la teneur ques, soit combinés sur la machine qui réalise la fauche.
en matière sèche du produit, et à la qualité de l’épan- L’accélération de la vitesse de dessication qui en résulte est
dage de celui-ci sur le silo. fonction de la vigueur de l’opération qui doit être modu-
Il doit être modulé en fonction des produits afin de ne pas lée en fonction de la sensibilité du fourrage aux pertes
entraîner d’écoulement excessif de jus : plus le fourrage est mécaniques, les légumineuses étant, à cause de leurs
sec, et long, plus il y a lieu d’insister sur le tassement. feuilles, moins tolérantes que les graminées, à certaines
formes de conditionnement.
— La rapidité d’exécution du silo et sa rapidité de ferme-
ture, qui conditionnent la réalisation de l’anaérobiose Cette technique est plutôt bénéfique au débit de chantier,
propice aux fermentations lactiques. mais elle complique les opérations et fait peser le risque
d’introduction de cailloux dans les andains constitués
— La réalisation et le maintien d’une bonne étanchéité, après fanage du fourrage, ce qui est préjudiciable aux cou-
par l’utilisation de bâches suffisamment solides, conve- teaux des ensileuses à coupe fine ramassant le produit.
nablement appliquées sur le silo et si possible chargées
de façon continue et uniforme à l’aide d’un matériau B. Utilisation de conservateurs
facilement épandable : terre, terreau, sciure de bois.
Liste 24.– Ce terme recouvre des produits dont les modalités
d’action sont souvent très différentes. Ils peuvent agir,
C. Facteurs liés aux conditions atmosphériques
selon leur nature, soit directement, soit indirectement,
21.– Une pluviosité prolongée accroît l’humidité externe sur l’acidification du milieu.
Ta b l e du fourrage donc la dilution des jus et entraîne de sur-
croît des risques de pollution par introduction de boue 1. Conservateurs chimiques à action directe
dans le silo. Enfin, l’allongement des délais de réalisation
25.– Ce sont les conservateurs acides, qui provoquent un
qui s’ensuit normalement est un facteur défavorable à un
abaissement immédiat du pH susceptible de limiter dans
bon démarrage des fermentations.
Index
un premier temps l’action des enzymes protéolytiques et
celle des ferments butyriques. Si les doses conseillées,
IV. TECHNIQUES D’AMÉLIORATION
pour des raisons tant économiques que nutritionnelles
DE LA CONSERVATION PAR VOIE HUMIDE — 3,5 l/tonne pour les graminées et 5 l par tonne de
22.– Actuellement, il est admis que l’évolution de la fourrage vert pour les légumineuses n’assurent pas
Glossaire fermentation lactique dans les limites inférieures de d’emblée un pH stable, puisque celui-ci se situe seule-
température qui lui sont propices, — c’est-à-dire entre ment autour de 4,5 et 4,7, elles permettent cependant à la
15 et 40° C avec un optimum autour de 30° C — est le fermentation lactique de prendre le relais dans de bonnes
plus sûr moyen de réussir un bon ensilage. conditions pour assurer sans difficulté l’acidification
Quel que soit le type d’ensilage, les règles qui président à complémentaire nécessaire à la bonne conservation de
sa réalisation demeurent intangibles. Il est toutefois pos- l’ensilage et ce, en n’utilisant qu’un minimum de sucres.
sible de modifier les caractéristiques biochimiques du Les produits les plus employés actuellement sont :
fourrage pour en améliorer l’ensilabilité. — l’acide formique seul ou en mélange avec du formol, ce
Il peut s’agir soit d’augmenter la concentration en sucres dernier dans la proportion de 15 à 30 % maximum en
solubles et la pression osmotique, par élimination d’une raison de son pouvoir tannant vis-à-vis des protéines ;
certaine quantité d’eau, soit de favoriser l’acidification
— le mélange acide-sulfurique + formol.
du milieu par apport direct d’acide dans la masse de
fourrage ou par enrichissement de celle-ci en glucides.
2. Conservateurs à action indirecte
Ces différents traitements se concrétisent par des opéra-
tions préalables ou concomitantes de l’ensilage et dont 26.– Ce sont les conservateurs biologiques, par opposi-
les caractéristiques sont résumées ci-après. tion aux précédents, parce qu’ils font appel uniquement
à des moyens naturels pour favoriser le processus fer-
A. Préfanage mentaire aboutissant à l’ensilage. Ils opèrent par :
23.– Il consiste dans l’élimination d’une partie plus ou — accroissement artificiel de la teneur en sucres des
moins importante de l’eau contenue dans la plante, par fourrages ;
exposition de celle-ci à l’air et au soleil, comme dans le — amélioration de l’efficacité fermentaire par adjonction
cas du foin. Des opérations de fanage avec épandage des de bactéries plus efficaces dans la transformation des
andains et retournements successifs du fourrage peuvent sucres en acide lactique avec, éventuellement, augmen-
être pratiquées. Actuellement, le préfanage mécanique tel tation des disponibilités du fourrage en sucres fermen-
qu’il est conçu met en œuvre des appareils spécialisés, tescibles par l’apport d’enzymes (cellulolytiques et amy-

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lolytiques) assurant une exploitation plus ou moins C. Adjuvants divers
poussée des hémicelluloses et de l’amidon de la plante. 29.– Il s’agit de produits incorporés à l’ensilage de maïs
• L’apport d’une ou plusieurs souches de bactéries lactiques pour en accroître la teneur en matière azotée, étant don-
de type homofermentaire selectionnées pour leurs perfor- née sa faiblesse en cet élément.
mances quant à la vitesse de multiplication et à la rapidité
de production de fortes quantités d’acide lactique avec le Jusqu’à maintenant, les sources d’azote non protéique
meilleur rendement vis-à-vis du substrat, est une techni- étaient constituées par l’urée utilisée de préférence sous
que qui tend à se développer depuis quelques années. forme liquide pour en faciliter l’incorporation. Actuelle-
ment, l’emploi de l’ammoniac anhydre appliqué directe-
L’adjonction d’enzymes spécialisés pour accroître les ressour- ment à l’ensilage au moment de la récolte connait ponc-
ces propres de la plante par une exploitation partielle des tuellement un certain succès.
hémicelluloses, cellulose et amidon est pratiquée par certai-
nes firmes qui combinent ainsi dans un même produit des Les résultats en France sont satisfaisants, tant sur le plan de
complexes amylolytique, cellulolytique et bactérien. l’enrichissement en azote qu’au niveau de la conservation
elle-même, car l’ammoniac a un pouvoir bactéricide et fongi-
• L’apport de glucides est aussi un moyen de fournir aux cide qui lui permet d’améliorer la stabilité du silo. Celle-ci se
bactéries lactiques un complément d’aliment pour le déve- remarque surtout à la reprise où l’on ne note plus d’échauffe-
loppement d’une bonne fermentation à partir des bacté- ment dû aux levures qui ont été rendues inopérantes.
ries existant à l’état naturel sur le fourrage. Il peut s’envisa-
ger soit isolément, c’est-à-dire comme seule source Les seules limites à l’emploi de l’ammoniac résident dans
d’amélioration de l’ensilabilité du fourrage, soit en combi- sa compétitivité économique vis-à-vis du tourteau de
naison avec l’apport de ferments lactiques sélectionnés. soja dont les cours sont éminemment fluctuants dans le Liste
temps, ainsi que dans sa disponibilité à proximité des
27.– On utilise pour cela des produits végétaux ou des lieux de traitement.
sous-produits de l’industrie agro-alimentaire.
Parmi ceux-ci, il faut citer la mélasse qui a été couram- V. LES DIFFÉRENTES TECHNIQUES Ta b l e
ment employée dans certaines régions à la dose de 2 à 3 D’ENSILAGE (FIG. 4)
% du poids vert pour les graminées et de 4 à 5 % de
celui-ci pour les légumineuses. 30.– Les techniques d’ensilage se caractérisent par l’aspect
physique et la présentation du fourrage, c’est-à-dire :
Le lactosérum liquide, concentré ou en poudre et dissous
dans l’eau, fait aussi partie des aliments pour bactéries — sa finesse de hachage ;
— sa teneur en matière sèche ; I n dex
lactiques proposés comme support glucidique dans le
cadre de certains conservateurs biologiques. Il en est de — son mode de stockage.
même des céréales moulues, qui associées à des enzymes Les contraintes climatiques, techniques et économiques
amylolytiques peuvent fournir un appoint en sucres non pour parvenir à réaliser ces différents objectifs détermi-
négligeable. nent l’utilisation de tel ou tel type de matériel, ou groupe Glossaire
Enfin, les pulpes de betterave déshydratées apportées à rai- de matériels, constituant une chaîne de récolte.
son de 60 kg par tonne de fourrage vert fournissent un Etant donné le coût de ceux-ci et leur plus ou moins
complément de sucres important en même temps grande facilité de mise en œuvre, il importe de bien
qu’elles enrichissent la masse de fourrage en matière mesurer ses choix en fonction de la spéculation envisa-
sèche tout en retenant une certaine quantité de jus (de 2 l gée, étant entendu que la polyvalence de certains maté-
à 2,5 l par kg). riels peut être mise à profit pour accroître la souplesse de
28.– L’utilisation des conservateurs biologiques est liée fonctionnement du système de production envisagé.
aux possibilités de conservation de ceux-ci au frais ainsi 31.– La nature des matériels mis en œuvre pour la récolte
qu’à la nature de leur présentation. La forme liquide — et le conditionnement permet de distinguer :
bouillon de culture — ou la forme congelée sont préféra-
• L’ensilage en balles rondes, enveloppées individuellement
bles aux ferments hyophilisés ou déshydratés. Ces der- (enrubannées ou ensachées) ou ensilées collectivement
niers doivent en effet être remis en activité préalablement en tas soigneusement bâchés, et réalisé avec le fourrage
à l’emploi par trempage dans de l’eau tiède enrichie ou en brins entiers.
non en sucres, alors que les premiers sont directement • L’ensilage à l’autochargeuse qui donne un produit con-
utilisables par dilution dans le réservoir d’application. servé en vrac en silos taupinières ou en silos couloirs. Un
Une bonne efficacité n’est possible qu’à condition que la préfanage léger ou ressuyage ou un préfanage poussé
concentration en ferments atteigne 100 000 unités par jusqu’à 35-40 % de matière sèche, sont pratiqués, ce der-
gramme de fourrage vert. Par ailleurs, la quantité de nier étant le plus recherché. Le fourrage est, ou non, plus
sucres contenue dans le fourrage doit être de 10 à 12 % ou moins sommairement tronçonné en fonction du
de la matière sèche pour bien valoriser l’apport de bacté- nombre de couteaux adaptés sur l’autochargeuse.
ries sélectionnées. • L’ensilage à l’ensileuse à coupe fine équipée de couteaux
C’est pourquoi il y aura lieu de compléter le traitement montés sur un tambour hacheur ou un plateau-hacheur,
par un apport de produit sucré pour les fourrages pau- qui est dit à brins courts et qui intéresse indifféremment
vres en glucides (légumineuses, dactyle), à concurrence le fourrage vert récolté directement ou le fourrage plus
du déficit escompté. ou moins préfané.

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2250TA L’ENSILAGE

Teneur en MS %
Traitement préalable induit
Présentation du fourrage Matériel de préparation du fourrage Type de stockage
par la technique
souhaitable possible

Brins longs entiers presse à balles rondes - individuel, par enrubannage des balles 35 - 50 % (30 - 70 %)

- collectif : 35 - 50 % (30 - 70 %)
• en boudins de plastique
• en tas ou silos taupinières bâchés
hermétiquement
• Préfanage

remorque autochargeuse avec couteaux - vrac, en silos taupinières, couloir 35 - 50 % (25 - 60 %)


(ou tour : MS > 40 %)

Brins fractionnés remorque autochargeuse avec couteaux


(20 - 30 cm) (8 à 10)

Brins lacérés remorque autochargeuse à plus de 30 - vrac, en silos 25 - 50 % (18 - 60 %)


(5 - 15 cm) couteaux • taupinière
• couloir

ensileuse à fléaux 15 - 20 % (12 - 25 %) • coupe directe avec ou sans


conservateur

ensileuse à double coupe

Liste Brins courts ensileuse coupe fine à couteaux et 18 - 50 % (12 - 70 %) • coupe directe ou ressuyage avec
1 à 5 cm) contre-couteau ou sans conservateur
• préfanage

Fig. 4. – Caractéristiques techniques des principaux types d’ensilages

Ta b l e
• L’ensilage à l’ensileuse à fléaux ou à l’ensileuse double- fourrage concerné, peuvent être réduites dans une large
coupe, qui ne récoltent que de l’herbe verte, les organes mesure, d’une part par l’observance stricte des règles élé-
de hachage participant également directement à la fauche mentaires propres à la mise en œuvre de cette technique
— et lacèrent le fourrage sommairement. et qui visent à la réalisation rapide de l’anaérobiose dans
• Selon qu’ils nécessitent ou non un traitement préalable : le silo, d’autre part par la modification des caractéristi-
Index
fauche - éclatage, fanage, andainage, avant le ramassage ques physico-chimiques du fourrage que constituent le
et le conditionnement, on distingue la récolte en coupe préfanage ou son alternative en cas de temps humide :
directe et les chantiers en deux temps ou décomposés qui l’adjonction de conservateurs acides. Par ailleurs, les
sont mis en œuvre pour la pratique du préfanage. chantiers d’ensilage offrent une gamme très large de pos-
Glossaire
sibilités auxquelles vient s’ajouter l’enrubannage des bal-
Enfin, au niveau de la polyvalence, on note que l’ensilage
les. Cette technique, qui remplace avantageusement
en balles rondes s’effectue en général avec les mêmes
l’ensachage des balles, permet d’assurer une très grande
presses que pour le foin, cependant que les ensileuses à
souplesse à la récolte des fourrages puisqu’elle peut être
coupe fine sont les seules à pouvoir être utilisées pour
envisagée soit comme une solution de sauvegarde en cas
l’ensilage de maïs, qui constitue d’ailleurs l’essentiel de
de conditions de réalisation difficiles du foin, soit comme
leur activité dans la majorité des cas.
un instrument indispensable à la bonne gestion des pâtu-
rages pour la conservation des excédents fourragers occa-
VI. INTÉRÊT DU DÉVELOPPEMENT sionnels, soit enfin comme une alternative à l’ensilage en
DE L’ENSILAGE vrac en coupe fine lorsque la spéculation animale prati-
32.– Cette technique présente un intérêt pratique et écono- quée l’autorise.
mique évident, en raison de sa relative indépendance vis-à-
vis des conditions météorologiques. Elle permet, en parti-
culier, d’utiliser au mieux le potentiel de production des
C’est en final, à l’agriculteur à choisir avec discernement
prairies, surtout au printemps, et de sauver ainsi des four-
la meilleure voie en fonction des contraintes du milieu et
rages dont le fanage s’avère impossible en raison des condi- des possibilités de mécanisation, tout en apportant tous
tions atmosphériques momentanément défavorables. ses soins aux différentes étapes de la mise en œuvre de la
Les pertes quantitatives et qualitatives qui affectent cette technique choisie. C’est à ce prix seulement qu’il aura des
technique de conservation, variables selon la nature du chances d’obtenir les meilleurs résultats économiques.

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