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TECHNIQUES TRADITIONNELLES DE CONSERVATION DES PRODUITS

AGRICOLES

I- INTRODUCTION

L’augmentation de la production alimentaire et surtout des céréales au cours de ces derniers


temps ont fait l’objet d’efforts honorables et couronnés de succès dans l’agriculture.
De nouvelles variétés à cycle court (variétés précoces) plus ou moins résistantes (rustiques)
aux conditions pédoclimatiques, aux maladies, aux parasites et aux insectes nuisibles ont vu
le jour. Mais malheureusement dans de nombreux cas ces efforts réalisés ont été compromis
par des pertes énormes pendant et après les récoltes. Malgré de nombreuses recherches
consacrées dans le domaine agricole pour améliorer et accroître les rendements des cultures,
l’on a constaté que très peu d’attention est accordée au système post-récolte et plus
particulièrement à la conservation. Sous les tropiques humides les champignons
représentent le plus grand danger pour la conservation. En revanche sous les tropiques secs
ce sont les insectes qui causent le plus souvent de dommages. C’est ainsi que l’on enregistre
entre la récolte d’un produit et sa consommation une quantité importante de sa détérioration
due à des différents facteurs tels que : l’eau, les rongeurs, les insectes et le climat. De ce
constant de détérioration des produits alimentaires, on enregistre :
- Les pertes de poids (pertes quantitatives
- Les pertes d’éléments nutritifs (pertes qualitatives)
Ces pertes se produisent à de différents stades du système post-récolte.

II - SYSTEME POST-RECOLTE

1. Définition de post-récolte
C’est une période qui commence au moment où les éléments comestibles de la culture sont
séparés de la plante. Dans ce système interviennent le producteur et le consommateur final
qui présentent une chaîne de services variés dont les interactions sont déterminées pour
l’intégration des produits agricoles.

2. Dégât
Ce terme a une apparence de détérioration et son importance pour le consommateur
dépend de son niveau social, économique et culturel.

3. Perte
Ce terme correspond à une disparition de la commodité directement évaluée en terme
qualitatif, quantitatif ou nutritionnel.
Ainsi les pertes quantitatives sont utilisées pour apprécier les facteurs de détérioration dans
la production et la conservation des produits alimentaires.

III- LES COMPOSANTES DU SYSTEME POST-RECOLTE DES


CEREALES ET DES LEGUMINEUSES
1. La récolte
C’est une période (phase) au cours de laquelle le « FRUIT » est séparé manuellement où
mécaniquement de la plante-mère.
Le temps et la période de récolte ont un effet déterminant sur l’aptitude des graines à la
conservation.

2. Le séchage
C’est une opération importante dans le système post-récolte. Il permet de :
- limiter les proliférations des moisissures
- retarder l’activité de certaines espèces d’insectes.
C’est donc une opération difficile sous les climats chauds et humides où la technologie
requise en ce sens n’est pas toujours disponible.

3. Le battage et le décorticage
Les méthodes de battage et de décorticage peuvent être la plupart du temps à l’origine des
conditions favorables à la dégradation des produits de conservation car au cours de ces
méthodes les graines se cassent et s’infectent très rapidement.

4. Le stockage
C’est l’entreposage des graines déjà séchées dans une enceinte conçue à cet effet. Les
moyens et les efforts consacrés sont très diversifiés et dépendent de la disponibilité des
matériaux de construction mais aussi des coutumes.

5. La commercialisation
La commercialisation des denrées alimentaires entraîne un grand nombre d’intervenants,
d’intermédiaires et de spéculants dont leurs activités pèsent lourdement sur la quantité et la
qualité des produits de récoltes, sur les prix de ces denrées alimentaires et aussi sur la
société.

6. La transformation
Les techniques de transformation au niveau des villages sont difficiles à entretenir et sont à
l’origine de nombreuses pertes des produits agricoles en quantité et en qualité plus ou moins
considérable.

7. La consommation
A cet effet, les besoins et les préférences des consommations doivent être pris en compte
car tout programme d’amélioration du système doit nécessairement impliquer le
consommateur.

Pourquoi fait-il conserver les produits agricoles ?


Il faut les conserver parce que la production des céréales est saisonnière et les récoltes se
font à des périodes fixes alors que les besoins humains et animaux sont étalés sur une
grande période d’où il est nécessaire de les conserver afin de les utiliser d’une façon
rationnelle.
- Quels sont les différents types de pertes qu’on peut avoir après récoltes des denrées
alimentaires ?
- Pertes quantitatives
- Pertes qualitatives
IV- LES CAUSES D’ALTERATION DE PRODUITS AGRICOLES

Il existe quatre (4) différents types de causes.

1. Les altérations d’origine mécanique ou physiologique


Ces altérations proviennent des cassures des grains qui favorisent largement les autres
causes d’altération par l’invasion de la masse granulaire par des microorganismes.

2. Les réactions chimiques de dégradation (Réaction de MAILLARD)


La plupart des réactions chimiques nécessitent des températures assez élevées entraînant le
brunissement des produits conservés. Les conséquences de ces réactions sont la perte de
couleur, de saveur et de valeur nutritive.

3. Les altérations enzymatiques


Elles sont provoquées par des enzymes propres aux grains. Ces altérations provoquent des
variations de poids des produits conservés, des changements de couleur et d’odeur qui
peuvent s’observer chez grains riches en lipide.
Exemple. noix palmiste, arachide…etc.

4. Les altérations biochimiques.


Elles sont dues aux activités métaboliques des microorganismes et des insectes. Ces
métabolismes des microorganismes et autres sont orientés par les conditions du milieu
suivantes :

a)- En milieu anaérobie


Certaines bactéries sont capables de dégrader les réserves des produits stockés et d’en
extraire l’énergie nécessaire à leur propre développement à travers la réaction de
fermentation qui se traduit par la réaction suivante :
Substances de réserve (grains)  CO2 + E + Produits de Fermentation (Ethanol)

b)- En milieu aérobie


Les substances de réserves constituées essentiellement de lipide et d’amidon sont détruites
par les réactions d’oxydation. Il en résulte une perte de matière de stock.
Conséquences : il y a baisse de la valeur nutritive des produits conservés. Le mécanisme de
la réaction se traduit par le schéma suivant :
Substance de réserve (grains) + 02  CO2 + H20 + E
L’eau produite au cours de ce mécanisme est absorbée par les grains. Une partie de
l’énergie dégagée constitue à augmenter la température du milieu du stockage notamment
des grains. L’élévation de la température dans le milieu et la teneur en eau contribuent à la
multiplication des microorganismes et aux diverses réactions biochimiques.
V- LES FACTEURS DU MILIEU CONDITIONNANT LES
CAUSESALTERATION.

1. Influence de l’humidité
La teneur en eau des grains est directement liée à l’humidité relative de l’eau. Quelle que
soit la teneur en eau des grains au moment de leur stockage, elle a tendance à se modifier si
les conditions de l’humidité relative et de la teneur de l’air ambiant changent.
Les termes absorptions et désorption sont utilisés pour désigner respectivement les
phénomènes de réhumidification et de desséchement des grains jusqu'à l’équilibre
thermodynamique.
L’hygroscopicité des grains se mesure par une courbe isotherme de sorption qui a l’allure
d’une sigmoïde et exprime la relation qui existe entre la teneur en eau des grains et
l’humidité relative de l’air en relation avec le produit.
Pour chaque produit agricole, il existe une courbe d’équilibre relative à la teneur en eau et à
l’humidité relative. Cette courbe varie en fonction de la température. L’état d’équilibre qui
s’établit entre l’humidité du produit et l’hygrométrie de l’air ambiant détermine les
mécanismes d’altération des produits agricoles.
D’une façon pratique, on distingue sur cette courbe, les seuils d’humidités ayant des
significations très différentes.

Degré d’altération

II c ( piont critique)

0 Humidité relativr
70% 75%

Schéma : Courbe d’équilibre thermique des produits agricoles

a)- Dans la zone I, située en dessus du point c (point critique) localisé entre 70 et 75%
d’humidité relative de l’air , il n’y a presque pas de risque d’altération physico- chimiques
des produit agricoles

b)- Au-delà de 75% d’humidité relative de l’air (zone II), les enzymes deviennent actives,
les moisissures apparaissent et se développent rapidement.

N.B: Dans la pratique agricole, pour tous les grains alimentaires, la teneur en eau de
sauvegarde adoptée pour le stockage est celle en équilibre avec le seuil maximum de 70%
d’humidité relative (H.R)

2. Influence de la température
Plus la température est élevée, plus les réactions d’altérations sont rapides
Facteur Temps Air H 2O

Mili euint ersti cial


( produitsagricoles)

Micro-organismes
Protéines
Respiration des produits
Causes Germes Enzymes agricoles
.Fermentation des
Insectes Glucides produits agricoles

Schéma : Influence de la température sur les produits agricoles conservés

INSECTES RAVAGEURS, LES RONGEURS ET LES MOISISSURES DES


PRODUITS STOCKES

I- Moisissures des grains stockés


Les moisissures sont des champignons microscopiques saprophytes dont l’appareil végétatif
est formé de longs filaments ramifiés et souvent cloisonnés appelés. Hyphes.
Les moisissures de stock se multiplient (reproduisent) essentiellement par voie asexuée et
sont pour cette raison dites imparfaites. On les classe parmi les Dentéromycètes.
La plupart des espèces nuisibles en phase post-récolte appartiennent aux genres Pénicillium
et Aspergillus.

2. Altérations dues aux moisissures.


La colonisation des grains par les moisissures peut entraîner suivant la durée de
conservation et les conditions du milieu de stockage, divers types de dégâts tels que la
décoloration des produits conservés, la perte du pouvoir germinatif, la production de
mycotoxine.
Le tableau ci-après résume les effets caractéristiques des principaux champignons au cours
du stockage des produits agricoles

Tableau : Effets des champignons sur des produits stockés.

-Espèces des moisissures - Effets sur des produits


-Pénicillium sp Tue et décolore le germe (l’embryon) des grains. Ces espèces
de champignons produisent des composés toxiques pour les
animaux
Aspergillus flavus
Tue et décolore le germe favorise l’échauffement et la
pourriture des grains et produit une toxine appelée
aflatoxine
Aspergillus candidus Tue et décolore le germe rapidement.
Echauffement suivi de la pourriture totale.
Aspergillus glaucus Tue et décolore le germe après quelques mois. Il
y a peu d’échauffement dans le stock.

Aspergillus restrictus Tue et décolore le germe après quelques mois.


Pas d’échauffement
Aspergillus ochraceus Tue et décolore le germe après quelques mois. Il y a
production d’ochratoxines.
Les mycotoxines sont produites par plusieurs souches de champignons à différents stades de
leur développement. Les groupes de toxines les plus importants au cours des stockages des
produits agricoles sont :

a)- Les ochratoxines


Elles résistent aux procédés de cuisson et ne sont pas cancérigènes (cancérogènes). Mais se
sont des toxines assez puissantes.

b)- Les aflatoxines.


Elles sont thermostables. Les produits contaminés conservent leur contamination intacte
pendant plusieurs années. Les contaminations par les aflatoxines sont redoutables en raison
de leur pouvoir cancérigène.

3. Les facteurs écologiques favorables à l’évolution des moisissures.

a)- La teneur en eau.


C’est le facteur le plus déterminant pendant la conservation des produits agricoles. En
fonction du niveau d’humidité relative d’air, on distingue trois (3) catégories de
champignons :
- Les xérotolérants (soleil , chaleur) qui se développent dans l’intervalle d’humidité
comprise entre 65% et 75%.
- Lés mésohygrotolérants (humidité moyenne) qui se développent dans l’intervalle
d’humidité comprise entre 80% et 90%.
- Les hygrotolérants (humidité) qui sont présents au-dessus de 90% d’humidité relative.

En fonction de la nature du substrat et de sa teneur en eau, divers seuils minima d’humidité


relative ont été établis pour le développement normal des moisissures.

Tableau : Seuil minimum du développement des moisissures en fonction du substrat et de la


teneur en eau.
Espèces de moisissures Teneur en eau des grains (%) Humidité relative de
l’air (%)
Maïs Sorgho
Aspergillus restrictus 13,5-14,5 14,0-14,5 70
Aspergillus glaucus 14,0-14,5 14,5-15 75
Aspergillus candidus 15-15,5 16-16,5 80
Aspergillus ochraceus 15-15,5 16-16,5 80
Aspergillus flavus 18-18,5 19-19,5 85
penicillium sp 18-18,5 17-19,5 80-95

b)- La température
La température ne peut être dissociée des autres facteurs écologiques. En générale les
moisissures tolèrent de basses températures. Elles prolifèrent dans l’intervalle de 5° à 35°c

NB : La composition inter granulaire dans le silo peut influencer considérablement le


développement des moisissures.

II-Les rongeurs des stocks (rat, souris)

Ce sont des vertébrés occasionnant d’importent dégâts au niveau des produits alimentaires.
Leur action prolongée se traduit par de graves pertes quantitatives et qualitatives des
produits stockés. A ces pertes, s’ajoutent celles qui découlent de la diminution de la qualité
des denrées causées par des souillures (déjection, urines, poils) abandonnées par les
rongeurs dans les produits stockés.
Les principaux rongeurs susceptibles d’attaquer les produits stockés appartiennent aux
espèces suivantes :

a)- Mus musculatus : qui sont des souris domestiques ou souris grises.

b)- Anvicanthis niloticus : 100-170g abondant dans la région des savanes

c)- Rattus rattus : rat noir, 100-300g

d)-Rattus norvegicus : rat gris, 100-500g

e)-Rattus natalensis : 70 à 100g de poids.

III- LES INSECTES RAVAGEURS DES STOCKS

1)- Origines des contaminations


Les insectes à l’origine des nuisances qui se manifestent en cours des stockages peuvent
avoir deux origines différentes :

a)- Ils sont présents dans les champs cultivés et contaminent les grains avant les récoltes
b)- Ils sont déjà installés dans les structures de réceptions des récoltes ou à proximité des
lieux d’entretien.

2)- Caractères généraux des insectes des grains


Ils se distinguent des ravageurs de cultures par l’environnement dans lequel ils vivent :
c’est un endroit où les fluctuation thermiques sont atténuées et où se produisent des
perturbations physiologiques ou mécaniques inattendues provoquées par l’homme. Les
espèces ont une grande plasticité biologique et un comportement bien particulier leur
permettant de résister aux mouvements de masse des grains. Dans les régions tropicales les
principaux insectes ravageurs des stocks appartiennent à deux ordres : Les coléoptères et les
lépidoptères.
Pour une meilleure approche de lutte, il est indispensable d’identifier des différentes
espèces d’insectes post-récolte et de connaître leur propriété biologique et écologique

3)- Principaux insectes de stocks en zone tropicale

Noms Noms Ordre Produits Dégâts


scientifiques alimentaires
attaqués
Bruches Callosobruchus Coléoptères Niébé Les femelles
du haricot maculatus F.C voandzou pondent leurs oeufs
subinnotatus pic sur les gousses
Bruchidius mures
atrolineatus pic
-Grand Prostéphanus Coléoptères Maïs, Les femelles
capucin truncatus Horn sorgho, riz déposent les œufs à
cossette de l’extérieur des
manioc grains, les laves et
les adultes réduisent
les graines en
poudre
Capucin Rhizopertha Coléoptères .. »…. »... .. »…. ».
des dominica fab
Grains
Charançon Sitophilus zea Coléoptères Maïs, riz, Les œufs sont de
du riz mays mots sorgho, mil posés à l’intérieur
des grains, les laves
et les adultes se
nourrissent des
grains
Charançon S. oryzae Coléoptères …,,..,,…… .. »… »...
du riz
Vers de Tribolium Coléoptères Sorgho, Les œufs sont
farine castaneum arachide, pondus dans les
herbst mil, maïs grains endommagés
et brisés, les laves
et les adultes se
nourrissent des
grains
Crypto Cryptolestes sp Coléoptères Maïs, riz .. » … »…
leste
Silvain Oryzaephilus Coléoptères
Maïs, riz, .. »… »…
surinamensis L. sorgho, mil
Carpophile Carpophilus Coléoptères ….,,….,,..... Les grains
des grains dimidiatus F. endommagés et
moisissure sont
attaqués
Alucite des Sibotroga Lépidoptères Maïs, mil Les chenilles
céréales ceréallela olivier arachide, attaquent
sorgho principalement les
cultures céréalières
Mite de Ephestia Lépidoptères Maïs, .. »… »…...
farine kuchniella Zeller sorgho,
farine

4)- Ecologie
D’une manière générale, une hygrométrie élevée favorise le développement des
insectes .l’état des grains et la durée de leur stockage sont d’autres facteurs qui agissent sur
la vitesse de leur détérioration.

PREVENTION DES PERTES DES GRAINS.

I- Introduction.
Diverses techniques permettent de protéger les grains entreposés contre les ravageurs. Ces
techniques vont des techniques traditionnelles à celles qui sont plus élaborées et modernes.
Il n’existe aucune méthode qui soit à elle seul suffisante dans le cadre de la conservation
rationnelle des grains stockés. Les différentes méthodes doivent se compléter et leur choix
devrait tenir compte du contexte socio-économique des ravageurs. La priorité doit être
donnée aux méthodes préventives.

1)- Les mesures d’hygiènes


La mise en application régulière des mesures d’hygiène constitue le moyen le plus
important et le plus efficace. Ces mesures visent en particulier le maintien des structures de
stockage. Les locaux de stockage doivent être nettoyés désinfectés avant la réception de
nouvelles récoltes. On doit également nettoyer régulièrement les alentours des locaux de
stockage.

2)- L’inspection.
Elle est conseillée au moment des achats et à la réception des lots pour le stockage et au
cours de la conservation. Sa fréquence au cours de la conservation dépend surtout de l’état
sanitaire des grains à la réception et les conditions potentielles d’infestation.
L’inspection est une méthode préventive qui permet de :
- définir l’état sanitaire des grains
- établir les mesures appropriées de lutte
- suivre et d’évaluer le programme de lutte établi.

III- Méthodes préventives.

1)- Lutte contre les rongeurs.


Dans ce cas deux méthodes sont utilisées :
- le piégeage et
- l’empoisonnement

a)- Le piégeage
La méthode de piégeage n’offre d’intérêt que si l’infestation se limitait à quelques individus
d’avangarde d’une infestation beaucoup plus massive ou à quelques rescapés d’une
campagne de dératisation (action de dératiser méthodiquement les rats). Cela ne modifie en
rien la population des rongeurs.

b)- L’empoisonnement par des rodenticides ou des raticides.


On appelle rodenticide toutes substance ou préparation destinée à la destruction des
rongeurs. On combat les rongeurs d’entrepôts surtout avec des poisons d’ingestion sous
forme d’appas. Les appas se présentent sous forme granulée renferment une substance
toxique. Ils possèdent un aspect attractif. Les poisons utilisés dans les appas sont de deux
types :
Les poisons chroniques et les poisons aigus.

-Les poisons chroniques ou anticoagulants.


Ils ont la propriété de n’agir qu’après l’ingestion répétée de doses. La mort ne survient pas
de façon immédiate. Ce sont des poisons à action lente. Ils peuvent atteindre un résultat
de100% d’extermination si l’utilisation est correcte. Une campagne de lutte peut durer
jusqu’à quatre (4) semaines. Parmi les anticoagulants on peut citer :
 Le coumafène ou la warfarine et
 La chlorophacinone.

- Les poisons aigus ou rodenticide classique


Ces poisons provoquent une mort violente et spectaculaire dès la première ingestion. Ce qui
suscite inévitablement de la part des survivants un refus de l’appas.
Si le rongeur avale une quantité trop faible ne pouvant pas entraîner la mort cela entraîne
l’acquisition d’une résistance. La répulsion devant l’appas après les premiers décès entraîne
l’échec de cette méthode .Ce sont également des composés très toxiques pour l’homme et
pour les animaux domestiques, d’où leur interdiction dans certains pays. Parmi les raticides
classiques les plus utilisés, on peut citer :
. La crimidine
. La strychine
2)- Lutte contre les insectes

2.1-Procédées traditionnelles des paysans


Ce sont des pratiques traditionnelles, transmises de génération en génération et qui font
partie intégrante du patrimoine culturel de tout un peuple.
A cet effet peut–on se demander, s’il est toujours nécessaire de s’intéresser aux procédées
empiriques ancestraux des paysans, maintenant qu’on sait que la vulgarisation des
traitements des produits agricoles par des insecticides est partout considérée comme un
acquis primordial dans la protection des récoltes ?
Ces pratiques traditionnelles des paysans ne doivent pas être méprisées ni abandonnées. Il
serait mieux de les perfectionner ou de compléter leur action par des méthodes plus
modernes parce que ces procédés traditionnels ont certains avantages :
- ils sont bon marché
- ils sont innocuités
- ils sont simples

a)- Procédées mécaniques et physiques traditionnelles de lutte contre les insectes

.Triage :
IL consiste à supprimer la main des insectes présents dans les grains conservés et à
éliminer les grains attaqués.

.Tamisage :
Il consiste à utiliser le tamis pour les grains des insectes

. Exposition au soleil
L’exposition répétée des grains au soleil permet non surtout de les sécher mais aussi de les
débarrasser des insectes adultes qui sont obligés de s’envoler car ne pouvant pas supporter
la chaleur excessive du soleil.

. Enfumage :
C’est une pratique qui permet de limiter l’infestation. Les déprédateurs sont chassés ou
détruits par l’échauffement.

Remarque : Toutes ces méthodes précitées permettent seulement de débarrasser les


insectes présents mais n’empêchent pas une nouvelle infestation (réinfestation)
Stockage en milieu auto confiné ou dans des récipients hermétiques.

- Le principe :
Cette méthode entraîne l’asphyxie des insectes par manque d’oxygène. Dans ce milieu
complètement étanche à l’air, l’oxygène est consommé par la respiration des insectes et des
grains. Une étude récente montre qu’après sept (07) jours de stockage hermétique, la
différence en oxygène passe de 19,2% à 2,3% et celle du gaz carbonique de 1,2% à 22,8%.
Le stockage hermétique est efficace sur de longues périodes et préserve la qualité des
facultés germinatives des semences (grains).

b)- Addition de substances étrangères

 Addition des substances minérales


A de nombreux produits agricoles, on additionne des substances minérales telles que : les
cendres, le sable, les feuilles, les écorces
Le mélange aux grains de substances pulvérulentes (cendres, sables) pour les préserver de
l’infestation par les insectes est un ancien procédé encore en vigueur en Afrique. Ces
substances constituent une barrière physique qui empêche l’entrée des produits dans le
stock, gène le déplacement et la respiration des insectes, réduit l’émergence et diminue
l’oviposition

 Utilisation des substances végétales


L’utilisation des plantes locales par les paysans est un moyen de lutte qui fait l’objet de
recherche dans de nombreux pays.
Ces études visent à déterminer le mode d’action de cette flore indigène utilisée par les
population et d’en faire des propositions d’amélioration.
De nombreux organes végétaux tels que les feuilles, les fleures, les fruits, les grains, les
écorces, les racines manifestent des effets répulsifs antiappetants ou insecticides. Pour ces
plantes, ou peut citer les espèces des feuilles : Poaceae, Anarcadiaceae, Meliaceae. (Neem).
Les grains, les feuilles et les écorces de neem testés sur divers récoltes ont donné des
résultats satisfaisants. Les constituants de cette plante ont un effet insecticide et répulsifs.
Des effets fongicides sont également connus. Des effets actifs sont contenus dans presque
toutes les parties de la plante.
Mais la plus forte concentration se trouve dans les graines. Dans la protection des stocks,
l’adition des feuilles de neem selon la méthode de SANDWICH constitue la méthode la
plus simple. On préfèrera toutefois la poudre à partir des graines mûres séchées ou l’huile
de graines.

2.2- Méthodes chimiques


L’application des méthodes chimiques contre les insectes des grains constitue actuellement
l’un des moyens les plus efficaces pour maintenir un état sanitaire satisfaisant et éviter les
pertes en stockage. Elle se caractérise par deux grands types de traitements
- le traitement par insecticide de contact
- le traitement par fumigation

a)- Le traitement des denrées alimentaires par les insecticides de contact


Les insecticides les plus utilisés sont :
- les Organophosphorés :
On a le Malathion et le Pyrimiphos-méthyl (appelé encore l’Actellic).
Ils sont toujours peu actifs sur les capucins et très nocifs pour l’homme. La dose efficace
tolérée par l’ Organisation Mondiale pour la Santé (OMS).est de 10g de matière active par
tonne de grains.

- les Pyréthrinoides:
On a la Deltaméthrine communément appelé K.Othrine. Au Togo, on utilise des
insecticides binaires, c’est-à-dire l’association de deux matières actives. Pyréthrinoide plus
Organophosphoré pour le traitement des grains. Exemple: Sofagrain. Il faut un sachet de
Sofagrain pour huit (8) cuvettes de maïs en spaths. Une boîte d’allumette remplie de
Sofagrain pour huit (8) bols de maïs.
La préservation des insecticides de contact est très diversifiée. Ces produits chimiques
peuvent être sous forme de poudre, granulée ou liquide. Leur état conditionne les
différentes techniques d’application. Ce sont des insecticides qui assurent une protection de
grande durée par effet rémanent (image qui subsiste, qui résiste après la disparition du
stimulus donc de la cause).

b)-Traitement des denrées par fumigation


La fumigation est un traitement insecticide curatif qui consiste à détruire les ravageurs des
stocks au moyen d’un gaz toxique appelé fumigan. Contrairement aux insecticides de
contact le fumigan pénètre à l’intérieur des grains et atteint les formes cachées d’insectes
qui s’y développent. Les fumigeant diffusent dans tout le volume qui leur est offert. Leur
mise en œuvre demande une étanchéité totale de l’enceinte pour que le gaz ne s’échappe
pas. Ils sont toxiques à l’homme ce qui oblige les manipulateurs à se protéger pendant les
opérations. Parmi les fumigans on peut citer :

- le Phosphure d’hydrogène ou Phosphine ou Hydrogène phosphoré. Il est utilisé à raison


de 4à 6 comprimés par tonne pendant 72 heures. Un comprimé pèse 3g.

NB: La combinaison des traitements de contact et fumigation est recommandée.

2. 3- Méthodes biologiques de lutte.


La lutte biologique est l’utilisation des organismes vivant ou leurs produits pour détruire où
empêcher l’action des ravageurs ou espèces nuisibles.

 les agents biologiques.


Les parasites et les parasitoïdes pondent leurs œufs sur L’hôte et les œufs se développent à
ses dépens. Les ravageurs sont des proies aux prédateurs.
L’utilisation des entomophages est la méthode la plus connue en matière de lutte
biologique. On utilise cependant les coléoptères de la famille des Histéridae tel quel
Teretrosom à nigrescence contre le Prosephanus Troncatus. Ce coléoptère est attiré par les
hormones secrétées par le Prostéphanus Troncatus.
Les entomopathogènes tels que les virus, les bactéries, les champignons…etc. peuvent être
également utilisés. Les bacillus Thuringiensis s’est révélé efficace contre Ephestia
Kachnilla et Sitotroga cerealella.
3- La lutte contre les moisissures.
Il n’existe pas à ce jour des fongicides qui soient efficaces, sûrs c’est-à-dire sans danger
pour le consommateur pour combattre les moisissures. La meilleure forme de lutte est
d’éviter l’excès d’humidité, assurer la ventilation du local, assurer une température de
conservation constante.

PRATIQUES ET SAVOIRS PAYSANS EN MATIERE DE CONSERVATION DES


RECOLTES.

I- Système de stockage traditionnel en Afrique.

En Afrique, la plupart des locaux de stockage sont traditionnels et largement adaptés aux
conditions climatiques. Ces locaux n’exigent que de faibles coûts de construction. Dans
l’ensemble deux systèmes existent :
- les systèmes ouverts et
- les systèmes fermés.

1. Les systèmes ouverts.


Ils se rencontrent surtout dans les zones à climat chaud et humide. Leur construction est
adaptée à la forte humidité de l’air. Ce sont ces structures ouvertes qui prédominent dans le
sud du Togo principalement dans la zone de production de maïs.

2. Les systèmes fermés.


Ils sont adaptés au stockage de longue durée et ont des types et des formes très variés allant
de petits récipients en terre battue aux grands silos en banco. Dans ces systèmes l’air ne
circule pas librement. Lorsque le grenier est rempli de grains, ce milieu constitue un
microclimat stable qui est relativement indépendant des conditions extérieures. En revanche
dans le nord du Togo, on utilise les structures fermées.

II- TECHNIQUES DE CONSERVATION DES PRODUITS.

1. Les paramètres essentiels d’appréciation.


Les techniques de conservation d’un produit doivent comprendre trois (3)
composantes :
- l’état dans lequel le produit est conservé ou stocké.
- le contenant (ex. greniers, silos…).
- les additifs au produit conservé pour garantir sa conservation.
Exemple: Conservation du niébé en grains dans les jarres avec des cendres.

L’étude des techniques traditionnelles de stockage d’un produit dans une zone doit aboutir
à:
- la typologie des contenants du stockage,
- la typologie des étapes de conservation du produit,
- la typologie des additifs au produit stockés.

2. Les critères d’appréciation des techniques de conservation

* Efficacité de la technique c’est-à-dire :


. la durée de conservation du produit,
. la durée d’utilisation du contenant,
. la capacité du contenant,
. le coût de la technique,
. le pourcentage de perte du produit conservé au terme de la durée de sa conservation.

* Disponibilité des matériaux nécessaires à la construction de la technique.


* Son intégration dans le tissu social,
* La praticabilité de la technique,
* Le degré de diffusion géographique de la technique.
Une telle analyse permet de faire ressortir les points faibles et les points forts des différentes
techniques utilisées, d’identifier celles qui sont viables et vulgarisables afin de proposer une
amélioration.

III- TECHNIQUES TRADITIONNELLES DE CONSERVATION DES


PRODUITS EN MILIEU PAYSAN AU TOGO.

1. Typologie

a)- Typologie des contenants de stockages

Deux types de greniers sont à retenir.

 Les greniers en matériaux végétaux : Ce sont :


.Les greniers en plate-forme bas
.Les greniers en plate-forme haut sur pied
.Les greniers hauts au plafond
.Les cribs traditionnels
.Les paniers hauts
.Les gourdes

 Les greniers en terre (Silos traditionnels)


.Les greniers à fond plat
.Les greniers coniques avec ou sans compatiment
.Les greniers sur pilotis
.Les jarres, les pots.

b)-Typologie des états de conservations des produits


Cultures Etats de conservations

- Maïs En spathe, en grains, battu non vanné


- Sorgho En panicule, battu non vanné, en grain
- Niébé En gousse, battu non vanné, en grain
- Igname En tubercule, sous forme de cossette
- Manioc En racine pour quelques jours cossettes, gari, tapioca

c)- Typologie des additifs aux produits stockés

Elle se présente comme suit

 Les additifs minéraux

Appellation Mo de d’util isa tion

-sable fin mélangé au Produit stocké (grains) déposé en


couches minces en surface

-Cendres Saupoudres au produit stocké déposées en


couches minces en surface, mélanges au produit
stocké

 Additifs thermiques (action thermique)


Chaleur du feu: mode d’action : tue et renvoie les parasites

 Additifs fumigènes
Fumée Emet du gaz qui étouffe les parasites et les renvoie.

 Additifs végétaux
Neem (feuilles, écorces, racines, graines), Khaya sénégalensis (écorce), Ocimum basulum
(feuilles), Hyptis snaveolens (feuilles) Hyptis spicigera (feuilles), Capsium frutescens
(fruit), Asparagus africanus (rhizome), l’oranger (les épluchures), Cassia (feuilles), le Kanté
(huile,boeure), arachide (huile)

 Additifs chimiques
-Types : sous forme liquide ou de poudre

2. Conservation traditionnelle des légumineuses


a)- Cas du niébé
Le niébé constitue la principale légumineuse alimentaire en Afrique et surtout en Afrique
occidentale. Il est cultivé sur plus de 9 millions d’hectares dans les zones tropicales et dans
le bassin méditerranéen (7 à 8 million avec un rendement moyen de 200kg à l’hectare pour
l’Afrique occidentale. Malheureusement dans ces pays, le stockage de niébé constitue pour
les agricultures un défi quotidien

a1)- Les systèmes de stockages de niébé en milieu rural


Au Togo, les grains de niébé sont stockés dans les greniers en banco, dans les jarres, les
pots, les gourdes, Outre ces structures traditionnelles, les paysans conservent les grains de d
niébé dans les fûts métalliques et les bidons en plastique.
La conservation en gousse se fait dans les structures aérées construites à l’aide des matières
végétales

a2)- Problèmes de stockage de niébé en milieu rural


La conservation de niébé pose d’énormes problèmes liés à la déprédation des insectes
ravageurs de la famille des Brachidae. L’infestation commence au champ où 30% à 80%
des gousses sont infestées par les œufs et les larves des bruches à la récolte. Le
Callosobruchus maculatus est le principal ravageur du niébé stocké en Afrique de l’ouest. Il
peut détruire totalement la récolte sans mesure de protection.
Aujourd’hui plusieurs méthodes de luttes sont préconisées pour combattre les bruches.

a3)- Méthodes préventives ou mesures prophylactique.

a3 1 )-Méthodes culturales
compte tenu de l’apparition des bruches dans les champs, certaines méthodes culturales sont
pratiquées pour diminuer les attaques du niébé par bruches avant la récolte. Ces méthodes
sont :
 Les choix de la variété
Avec l’avancée spectaculaire de la sélection des cultures il faut utiliser les variétés
résistantes. Deux variétés résistantes ont été créées. Il s’agit de TVU207 et TVU625 où
(T = Tropical V= Vigna U= Unguculata plus le numéro de sélection)

 L’association de niébé avec d’autres cultures (maïs, sorgho, manioc, mil)


Des observateurs scientifiques ont montré que le niébé est moins attaqué par les bruches
lorsqu il est cultivé en mécanisme de contrôle des rongeurs par association cela permet
-le camouflage des plantes
-la barrière contre la progression des ravageurs et la dispersion de ceux-ci

 Période de récolte
Les femelles de la bruche ne pondent que sur des gousses mûres parce que les gousses
mûres sont aqueuses donc humides. Ce qui peut entraver l’évolution des œufs pondus. La
récolte précoce permet de réduire le dégât. C’est a dire l’infestation des gousses par les
bruches.
Une étude au Nigeria a montré que des récoltes répétitives de niébé a permis de réduire les
attaques de 2/3 par rapport à une seule récolte finale.

 Maintien de la culture propre


-Triage de produit à stocker
Les choix des gousses ou graines pour un stockage à long terme permet de réduire les
pertes de manières considérables
- Condition de stockage
Le produit à conserver doit être bien sec. Le nettoyage des locaux des être effectué
soigneusement.

a3-2) Méthodes de protection pendant le stockage

1. Méthodes traditionnelles

-L’utilisation des cendres : 400g/kg de grains de niébé


Dans certaines régions on préfère les cendres des essences comme Khaya senegabensis

-L’utilisation du sable : 1400g/kg de grains de niébé

-L’utilisation des plantes :


Ont utilise la poudre d’écorce de k.sénégabensis, la poudre de feuilles ou de graine de
neem. Les doses élevées d’huile sont nuisibles car elles peuvent entraîner le moisissement
des graines stockées.

-Le chauffage dans une marmite posée sur le feu


Lorsque les graines sont exposées à une température de 45°c produit 4 l/heur.
Toutes les larves des bruches sont tuées sans altération de la faculté germinative des graines

2. Utilisation des insecticides chimiques


On utilise l’Actellie (Le Pyrimiphos-méthys) 20 à 50g de grain également être utilisée. On
utilise de phostoxène 3 ou 4 comprimés par tonne pendant 72heur.

3. La lutte biologique
Deux parasitoïdes sont utilisés :
-Eupelmus basalis de la famille d’eupelmidae.
Ces deux parasitoïdes sont présents dans le grenier de niébé dans certaines régions du Togo.
Malgré leur présence le développement des bruches est toujours important dans les stocks.
Une introduction artificielle de ces ennemis naturels dans le grenier au début des stockages
peut être envisagée.
CONSERVATION TRADITIONNELLE DES TUBERCULES :

I - Cas des ignames

A la différance des céréales et des légumineuses les tubercules contiennent beaucoup


d’eau. Cette eau est la cause principale de leur détérioration rapide. De plus, toute blessure
ou écorchure sur la peau favorise la pénétration des microorganismes et des parasites
occasionnant des pourritures.
Les mauvaises conditions de stockage créées par une forte température et une forte
humidité de l’air sont également des causes de perte par pourritures. Toute technique pour
améliorer la conservation des tubercules doit donc agir sur des causes.

1) Les champignons et bactéries responsables de la pourriture des tubercules en


stockage

 Les champignons Effets

- Botrydiplodia theobromae touches molles, sombres au


-Rhizopus nodus début et devenant ensuite
-Fusarium sp sèches et bourrées de poudres Brunes

 Bactéries

-Erwinia carotovora chuintement aqueux.


-Erwinia

2) Méthodes traditionnelles de conservation des ignames au Togo.


Elles varient avec les régions et correspondent à des pratiques qui transmettent de père en
fils.

2-1 Conservation en butte


Les tubercules à maturité complète sont gardés dans les buttes et la récolte se fait au fur et à
mesure que les besoins se font sentir.
Cette méthode est économique puis qu’elle ne nécessite pas des dispositions particulières ;
mais les tubercules sont exposés aux nématodes, aux insectes rongeurs et aux voleurs

2-2 Conservation en tas sous arbres à feuilles persistantes


Les tubercules sont stockés à même le sol ou sur un tapis de lianes sèches d’ignames sous
un arbre à feuille persistantes. Ils sont recouverts d’une couche de lianes.
C’est une méthode économique car elle ne nécessite pas d’investissement. Cependant les
tubercules manquent d’aération. D’autre part, le contact avec le sol favorise l’attaque par les
parasites et les contaminations d’un tubercule à l’autre.

2-3. Conservation dans un abri conique en chaumes de sorgho.


Cet abri est constitué en général de branches disposées autour d’un tronc d’arbre que l’on
recouvre avec les tiges de sorgho de façon à obtenir une cône. Certains paysans construisent
cet abri avec des tiges de sorgho seules. Ce type d’abri assez aéré et bénéficiant de l’ombre
de l’arbre sous lequel il est dressé constitue un endroit suffisamment frais pour la
conservation des tubercules entreposés. Mais c’est endroit qui favorise l’attaque des
insectes surtout des termites. Avec un tel abri la lutte des rongeurs est difficile. Les
tubercules disposés aux sont exposés à l’humidité qui accélèrent la pourriture. Les animaux
peuvent détruire facilement l’abri.

2-4. Conservation sous abri en toit de paille


La hauteur se situe entre 1,8 et 2m. Plus le hangar est haut, plus il est ventilé et plus il y fait
frais. Si cet abri est bien construit, il peut servir à conserver les récoltes de trois années
consécutives. Il sert en même temps d’abri aux agriculteurs pendant la période des travaux
champêtres. Généralement les tubercules sont directement déposés au sol et la circulation
de l’air est difficile. La chaleur dégagée par les tubercules accélère la pourriture.

2-5 Conservation en fosses.


Des fosses circulaires ou rectangulaires dont les dimensions tiennent compte de la quantité
d’ignames servent de dispositif pour cette méthode de stockage.
Dans les fosses, les tubercules sont disposés verticalement les uns contre les autres avec la
tête dirigée vers le haut.
On peut disposer aussi les tubercules horizontalement. Cette méthode réduit les pertes de
poids des tubercules par respiration et par transpiration. Les cas de vol sont plus rares.
Néanmoins la conservation en fosses des tubercules d’ignames présente les inconvénients
suivants :
 mauvaise aération ;
 contact direct des tubercules avec le sol d’où attaque par les parasites et
contamination d’un tubercule à l’autre ;
 température plus élevée qu’à l’extérieur d’où accélération des pourritures etc.…

2-6 Conservation sur tresse verticale


Les tubercules sont attachés individuellement sur des pieux verticaux disposés en
enclos.
Cette méthode de conservation se rencontre dans les zones forestières (Régions des plateaux
ouest et Adélé). Par ce que dans ces régions les matériaux de construction ne sont pas rares.
Elle a l’avantage d’une conservation de longue durée (6 mois) parce qu’il n’y a pas de
contact entre les tubercules qui bénéficient d’une bonne aération.
Ce type de stockage est valable pour de très petites quantités d’igname parce que c’est un
travail pénible.
D’habitude ce sont les semenceaux qui sont conservés de cette manière.
Le grand inconvénient de cette méthode c’est qu’elle demande trop de travail.

2-7 Disposition à prendre pour mieux conserver les ignames


Les dispositions à prendre pour limiter les pertes en cours de conservation doivent
commencer au champ.
On doit éviter de récolter pendant les moment les plus chauds de la journée parce que les
tubercules exposés au soleil pourrissent dans un délai de 24 heures.
On doit éviter au maximum de blesser les tubercules pour limiter la pénétration des
microorganismes. Un milieu de conservation frais et bien aéré est indispensable pour une
meilleure conservation.
A cet effet, un abri en toit de paille est vivement conseillé.
Plus l’abri est élevé, plus il est aéré. C’est ainsi qu’on recommande des abris de 1,80 à
2,20m de haut.
Afin d’éviter le contact des tubercules avec le sol, la construction d’étagère de 50cm au
dessus du sol est nécessaire. Avant de les stocker, les tubercules doivent être au préalable
traités au « curing ».

2-8 Le curing : technique et but

Schéma
- Technique
Cette technique consiste à mettre à même le sol les tubercules d’igname (3 à 7 jours
maximum après récolte) dans un endroit légèrement ombragé. Le tas est couvert d’une
couche d’herbe ou de paille sèche (15cm d’épaisseur). Le tout est recouvert d’une bâche en
toile (pas en plastique) qui ne doit pas toucher les tubercules. A défaut de bâche, on peut
utiliser des sacs de jute superposés (15 à 20 sacs pour environ 50 tubercules soit 150kg).

- But
Le curing a pour but d’éliminer l’excès d’eau des tubercules et de favoriser le durcissement
de leur peau pour une meilleure résistance contre les microbes et une cicatrisation des
blessures. Après l’opération les tubercules doivent être manipulé avec beaucoup de
précaution pour éviter de nouvelles blessures.
La méthode de conservation sous abri et sur étagère avec curing permet de réduire
sensiblement les pertes de l’igname au cours du stockage.

CONCLUSION

Pour réussir la culture d’igname il faut :


- Cultiver dans une zone climatique d’au moins 5 mois de pluie et d’au plus 5 mois de
sécheresse.
- Choisir un sol léger, profond et riche en humus.
- Planter en début de saison des pluies.
- Utiliser des semenceaux sains et entiers de 200 à 600g de préférence issus de la technique
améliorée de production de semenceaux.
- Adopter une densité de 4500 à 7000 plants sur billons pour la production d’igname de
consommation.
- Faire le paillage.
- Faire le tuteurage surtout des variétés précoces dans les régions où le problème de bois ne
se pose pas.
- Eviter les blessures sur les tubercules pendant la récolte.
- Faire passer les tubercules au curing avant conservation.
- Conserver sur étagère sous un abri en toit de paille.
- Dégermer quand les germes ont environ 50cm de long.

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