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1170TA

EFFETS MICROCLIMATIQUES
DES BRISE-VENT ET DES
AMÉNAGEMENTS RÉGIONAUX
par
Gérard GUYOT
Directeur de recherche – INRA, Bioclimatologie à Montfavet (84)

SOMMAIRE ANALYTIQUE
Liste
Introduction (1)

I. Les effets aérodynamiques des brise-vent isolés (2 à 9)


Ta b l e A. Le rôle des caractéristiques géométriques des brise-vent (2)
B. Le rôle de la porosité des brise-vent (3 et 4)
C. Le rôle de la structure des brise-vent (5)

Index
D. Influence des caractéristiques du vent (6 à 8)
E. Espacement des brise-vent successifs (9)

II. Les effets aérodynamiques des aménagements régionaux (10 et 11)


Glossaire A. La rugosité régionale (10)
B. Les effets aérodynamiques d’un brise-vent placé à l’intérieur d’un réseau de protection (11)

III. Les effets des brise-vent sur le microclimat (12 à 37)


A. La formation des microclimats dans le cas d’une zone plane et homogène (13)
B. Les effets des brise-vent sur le bilan radiatif (14 à 19)
C. Les effets des brise-vent sur les températures à l’échelle de la parcelle (20 à 25)
D. Les effets des brise-vent sur l’évapotranspiration potentielle (26 à 28)
E. Les effets des brise-vent sur l’évapotranspiration réelle (29 à 34)
F. Les effets des brise-vent sur les précipitations (35 à 37)

IV. Les effets des aménagements régionaux sur le microclimat (38 à 43)
A. Les effets des aménagements régionaux sur le bilan radiatif (38)
B. Les effets des aménagements régionaux sur les températures (39)
C. Les effets des aménagements régionaux sur l’humidité de l’air (40)
D. Les effets des aménagements régionaux sur l’évapotranspiration potentielle (41)
E. Les effets des aménagements régionaux sur les précipitations (42)
F. Les effets des aménagements régionaux dans le domaine de l’hydrologie (43)

Conclusion (44)

©Techniques Agricoles 1170

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EFFETS MICROCLIMATIQUES DES BRISE-VENT ET DES AMÉNAGEMENTS RÉGIONAUX
TA 1170
INDEX ALPHABÉTIQUE

Bilan radiatif, 14, 38. Porosité (des brise-vent), 3. Rugosité régionale, 10.
Précipitations, 35, 42.
Continentalité, 39. Structure (des brise-vent), 5.
Profils de température et d’humidité,
Couche limite régionale, 10.
13. Température de l’air, 20, 39.
Espacement, 9. – du sol, 24.
Rayonnement atmosphérique, 14, 16.
Évapotranspiration potentielle (E.T.P.), – radiative (de l’atmosphère), 14.
– global, 14.
26, 34, 41. Turbulence du vent, 8.
– net 14.
– réelle (E.T.R.), 29.
– du sol, 14, 17. Vitesse relative du vent, 3, 6.
Hydrologie, 43. Réseau de protection, 11.
Zone protégée, 4.

Liste

Ta b l e

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Cette synthèse présente les faits essentiels qui sont développés dans plusieurs chapitres de l’ouvrage « Brise-vent et rideaux I n dex
abris avec référence particulière aux zones sèches ». G. GUYOT, B. BENSALEM, R. DELECOLLE, 1987 ; Cahier de conservation 15,
FAO (Rome), 385 pp. Elle s’inspire également de nombreux travaux français et étrangers.

Glossaire

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INTRODUCTION analysés dans cette étude. Après avoir étudié les effets
1.– Les brise-vent, comme leur nom l’indique, sont desti- aérodynamiques des brise-vent, nous analyserons leurs
nés à réduire la vitesse du vent. Ils peuvent être constitués conséquences sur les facteurs climatiques.
par des haies vives, des rideaux d’arbres, des bandes de cul-
tures annuelles, des claies, des murs… (cf. Fasc. 1175). I. LES EFFETS AÉRODYNAMIQUES
A l’origine, les premiers brise-vent ont été installés pour DES BRISE-VENT ISOLÉS
protéger les cultures contre les dégâts mécaniques dûs au
vent. C’est ainsi qu’un des plus anciens réseaux de pro- A. Le rôle des caractéristiques géométriques
tection est celui de la Goutha de Damas qui présente un des brise-vent
cloisonnement très dense de peupliers, protégeant les
2.– Les effets aérodynamiques d’un brise-vent dépendent
vergers et les cultures d’un vent sec et violent qui souffle
tout d’abord de ses caractéristiques géométriques (hauteur,
dans cette région.
longueur, porosité, forme de sa section transversale…).
Mais lorsque des brise-vent sont installés, non seulement
ils réduisent la vitesse de vent, mais ils modifient égale- La hauteur est un facteur important et pour des brise-
ment les échanges de chaleur, de vapeur d’eau, de gaz vent de même forme et de même porosité, la longueur de
carbonique entre la surface du sol (prise dans son sens la zone qu’ils protègent est proportionnelle à leur hau-
large : sol + végétation) et l’atmosphère, ce qui se traduit teur. Aussi, prend-on généralement comme unité de
par un nouvel équilibre microclimatique. mesure des distances et des hauteurs, la hauteur H du
brise-vent, ce qui facilite les comparaisons.
Liste Par ailleurs, lorsque des brise-vent sont installés dans une
région et constituent un réseau de protection étendu (le
bocage de l’Ouest de la France, ou le réseau de protection
B. Le rôle de la porosité des brise-vent
du Jutland au Danemark), il faut considérer non seule- 3.– Un autre facteur important est la porosité du brise-
ment l’effet local de chacun d’eux, à l’échelle de la par- vent et schématiquement, on peut distinguer deux types
Ta b l e celle, mais également l’effet de l’aménagement régional de brise-vent : les brise-vent perméables et les brise-vent
sur les facteurs climatiques. Ces deux aspects seront donc imperméables.
Sens du vent

Contraction Expansion
Index

A
Glossaire

Zone tourbillonnaire

Brise-vent
Zone tourbillonnaire
de transition

Brise-vent

Fig. 1. – Représentation schématique de l’effet d’un brise-vent sur l’écoulement de l’air.


(A) Brise-vent imperméable, (B) Brise vent perméable.

La figure l représente les effets de ces deux types de brise- sens opposé à celui du vent incident. L’air qui est passé
vent sur l’écoulement de l’air. La partie supérieure cor- par dessus le brise-vent se rabat vers le sol à une distance
respond au cas d’un brise-vent imperméable (mur ou voisine de 5 à 6 fois sa hauteur (5 à 6 H). Dans cette zone,
rideau d’arbres très dense). L’air est totalement dévié vers au voisinage du sol, le vent va tantôt dans un sens, tantôt
le haut et il se crée un vaste tourbillon à l’aval du brise- dans l’autre et il peut alors occasionner des dégâts sur la
vent. Aussi, on observe au voisinage du sol un vent de végétation (chute de fruits en particulier).

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Lorsque le brise-vent est perméable (figure 1 B), une partie (porosité Φ : pourcentage de trous dans la surface d’un
de l’air incident passe à travers lui et empêche la formation brise-vent sans épaisseur. Pour un rideau d’arbres, la
de tourbillons. La vitesse du vent est moins réduite que porosité est définie comparativement à un brise-vent
dans le cas d’un brise-vent imperméable mais la réduction sans épaisseur qui aurait les mêmes effets).
se fait sentir sur une distance plus grande.
Les résultats expérimentaux obtenus dans différentes Les figures 2 et 3 qui sont tracées pour un brise-vent per-
conditions montrent ainsi l’existence de deux types méable (0,45 < Φ < 0,55) et un brise-vent peu perméable
d’écoulements à l’aval d’un brise-vent : un écoulement de (0,15 < Φ < 0,20) mettent bien en évidence l’existence
type « obstacle imperméable » lorsque la porosité est d’une survitesse au voisinage du sommet du brise-vent.
inférieure à 25 % et un écoulement de type « obstacle Elle est beaucoup plus marquée pour le brise-vent peu
perméable » lorsque la porosité est supérieure à 25 % perméable que pour le brise-vent perméable.

0,45 < ϕ < 0,55


1,25

1,00 Liste
7
6
5
Vitesse relative (U/Uo)

4
0,75 Ta b l e
3

z
2 Hauteur relative η =
0,50 H
1η = 0,25 I n dex
2η = 0,50
3η = 1,00
1 4η = 1,50
0,25 5η = 2,00 Glossaire
6η = 2,50
7η = 4,00

0
10 5 0 5 10 15 20 25 30
Distance en multiples de H

Fig. 2. – Influence d’un brise-vent perméable de 2,2 m de haut constitué par une claie de roseaux sur la vitesse relative du
vent à différents niveaux (d’après NAEGELI, 1953).

4.– A l’aval du brise-vent et pour des hauteurs inférieures De nombreux travaux expérimentaux ont montré que
à sa propre hauteur (Z/H < l), les courbes représentatives cette porosité optimale était de l’ordre de 40 % pour un
de la vitesse relative du vent (exprimée en fonction de la brise-vent sans épaisseur. Pour un brise-vent constitué
vitesse mesurée en témoin au même niveau) ont toutes la par un rideau d’arbres, le problème est plus complexe car
même allure. Elles passent toutes par un minimum dont il faut tenir compte à la fois de la porosité de la surface du
la position semble varier en fonction de la porosité et de brise-vent et de la tortuosité du parcours du vent.
l’altitude. Après ce minimum, la vitesse relative du vent L’extension de la zone protégée par les brise-vent est très
croît progressivement et tend vers 1 (c’est-à-dire vers la variable. Elle dépend, comme nous le verrons, de nom-
vitesse mesurée en témoin). La pente de la courbe de breux facteurs. Mais, pour fixer les idées, nous pouvons
reprise de la vitesse est d’autant plus grande que la poro- dire que dans une zone dégagée la longueur moyenne de
sité est plus faible. la zone protégée par un brise-vent perméable est de
Ces quelques résultats expérimentaux laissent penser à l’ordre de 20 fois sa hauteur et pour un brise-vent imper-
l’existence d’une valeur optimale de la porosité pour méable elle est de 12 fois sa hauteur.
laquelle la combinaison de la réduction du vent et de
l’extension de la zone protégée a une valeur maximale.

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0,15 < ϕ < 0,20


1,25

1,00
7
6
5
Vitesse relative (U/Uo)

0,75 4

3
z
2 Hauteur relative η =
0,50 H
1
1η = 0,25
2η = 0,50
Liste 3η = 1,00
4η = 1,50
0,25 5η = 2,00
6η = 2,50
7η = 4,00
Ta b l e

0
10 5 0 5 10 15 20 25 30
Distance en multiples de H
Index

Fig. 3. – Influence d’un brise-vent peu perméable de 2,2 m de haut constitué


par une claie de roseaux sur la vitesse relative du vent à différents niveaux (d’après NAEGELI, 1953).

Glossaire
C. Le rôle de la structure des brise-vent D. Influence des caractéristiques du vent
5.– Lorsque les brise-vent sont constitués par des rideaux
d’arbres, leur porosité peut varier en fonction de l’alti- 1. Influence de la vitesse du vent
tude. Ils peuvent avoir soit une base imperméable, fer- 6.– De nombreuses expériences ont montré que les
mée par des buissons ou des arbustes, soit, au contraire, courbes, représentant l’évolution de la vitesse relative
une base très perméable et une partie supérieure peu per- du vent (exprimée en fonction de la vitesse mesurée en
méable. La figure 4 donne les résultats d’une expérience témoin au même niveau), étaient indépendantes de la
destinée à montrer l’influence de la variation de la poro- vitesse du vent. Il est donc possible de comparer les
sité en fonction de l’altitude. effets de brise-vent mesurés pour des vitesses du vent
L’essai a été effectué avec un brise-vent artificiel de 2 m de différentes à condition d’exprimer les vitesses en
haut constitué par 3 bandes parallèles de 67 cm de haut. valeurs relatives.
Dans un premier cas, on a placé une bande imperméable à Cependant, lorsque les mesures sont effectuées non pas
la base du brise-vent, une bande peu perméable au milieu sur des brise-vent inertes, à géométrie bien définie,
et une bande très perméable en haut. Dans un deuxième mais avec des brise-vent vivants, on constate alors que
cas, les positions des bandes placées à la base et au sommet la réduction du vent dépend de sa vitesse. Ainsi, pour
du brise-vent ont été inversées. La figure 4 montre que la les brise-vent de feuillus, les feuilles ont tendance à se
position de la bande imperméable a des répercussions placer parallèlement à l’écoulement. La porosité aug-
importantes sur la réduction du vent. Le brise-vent dont la mente alors avec la vitesse du vent et la réduction du
base est imperméable se comporte pratiquement comme vent diminue.
un brise-vent totalement imperméable alors que le brise- En revanche, pour les brise-vent constitués par des
vent dont la base est perméable se comporte comme un conifères, les branches ont tendance à se plaquer les
brise-vent perméable sur toute sa hauteur. unes contre les autres lorsque la vitesse du vent aug-
Cette expérience met en évidence le rôle important que joue mente, la porosité diminue alors et la réduction du vent
la porosité de la base d’un brise-vent. Il est nécessaire qu’elle est plus forte.
soit suffisamment poreuse et on peut améliorer l’efficacité
d’un brise-vent trop imperméable en élaguant sa base.

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Vitesse relative du vent U/Uo

Mesures à 1 m du sol
1,0

A
0,8

0,6
B

0,4

0,2
Liste

0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 x H
Distance en multiples de H Ta b l e
Fig. 4. – Évolution de la vitesse relative du vent en fonction de la distance à un brise-vent constitué de
3 bandes superposées : (A) Bande imperméable en bas, (B) Bande imperméable en haut.

2. Influence de la stabilité de l’atmosphère effectuées avec un vent régulier peu turbulent alors que dans
I n dex
7.– Au cours de la journée, la surface du sol absorbe le la basse Vallée du Rhône, le vent soufflait en rafales et était
rayonnement solaire et échauffe l’air à son voisinage. L’air très turbulent. Très schématiquement, le taux de turbulence
chaud et léger, et donc instable, se trouve au voisinage du du vent représente la proportion de tourbillons dans l’écou-
sol. Comme le montre la figure 1, les brise-vent ont pour lement. L’extension de la zone protégée par un brise-vent,
effet de soulever une partie de l’écoulement ; au cours de dans laquelle la vitesse du vent est réduite, est fonction du Glossaire
journées très chaudes, un brise-vent facilitera l’ascension mélange qui s’effectue entre l’air à vitesse ralentie au voisi-
de l’air. Une partie plus importante de l’écoulement le con- nage du sol et l’air qui passe au-dessus (fig. 6).
tournera et tout se passera comme si sa porosité avait dimi-
Ce mélange s’effectue par l’intermédiaire des tourbillons qui
nué (réduction du vent plus intense mais sur une distance
se trouvent dans l’écoulement du vent. Plus les tourbillons
plus courte). Au cours de la nuit, la surface du sol se refroi-
sont nombreux, plus le mélange est facilité et plus la zone
dit par rayonnement et refroidit l’air qui se trouve à son
protégée par le brise-vent est réduite. Le nombre de tour-
voisinage. Le soulèvement de l’air au passage du brise-vent
billons dépend de la densité des obstacles que le vent a ren-
sera moins facile et une partie plus importante de l’écoule-
contrés sur son parcours. Dans les zones de plaines dégagées,
ment le traversera. On observera ainsi un freinage du vent
la longueur protégée par un brise-vent sera donc maximale
sur des distances plus grandes que durant la journée.
alors que dans une région où existent déjà des brise-vent ou
des accidents topographiques, l’extension de la zone proté-
3. Influence de la turbulence du vent gée par un brise-vent sera nettement plus faible.
8.– La figure 5 représente les résultats de mesures effec-
tuées avec des brise-vent artificiels constitués par des
grilles en matière plastique, implantés dans des lieux dif- E. Espacement des brise-vent successifs
férents. Les mêmes grilles ont été installées sur un pla-
9.– La figure 7 montre la réduction de la vitesse du vent
teau bien dégagé dans la région parisienne (La Minière)
par des brise-vent successifs dont l’espacement est pro-
et dans la basse Vallée du Rhône près d’Avignon (Mont-
gressivement réduit. Elle met également en évidence le
favet). La figure 5 montre que des brise-vent identiques
phénomène cité plus haut : la diminution de l’efficacité
peuvent avoir des effets nettement différents. Les mesu-
d’un brise-vent lorsqu’il est précédé par d’autres.
res ont pourtant été effectuées avec des vitesses moyen-
nes de vent voisines, sur un sol nu assez lisse et en Sur la figure 7, nous voyons également que le passage d’un
période hivernale pour éviter d’avoir des effets dûs à espacement des brise-vent de 20 à 15 H (réduction de
l’instabilité de l’air. l’espacement de 25 %) se traduit par une réduction sup-
La seule différence entre ces deux expériences est la turbu- plémentaire de la vitesse du vent de 14 % (passage de la
lence du vent. Dans la région parisienne, les mesures ont été vitesse moyenne de 51 à 44 % de celle mesurée en témoin).

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1,0 3
1
Vitesse relative (U/Uo)

4
2

0,5

Liste

0
0 1 2 4 6 8 10 14 20
Ta b l e Distance en multiples de H

Fig. 5. – Variation de la vitesse relative du vent, mesurée à une hauteur égale à la moitié de celle du brise-vent, en fonction de
la distance. Les mesures ont été effectuées sur différents types de grilles en matière plastique et en deux lieux différents (1)
Grille n° 2 Montfavet, (2) Grille n° 2 La Minière, (3) Grille n° 1 Montfavet, (4) Grille n° 1 La Minière, (5) Grille n° 5 La Minière
Index (d’après GUYOT, 1972).

Vent
Glossaire

Vent non modifié

Vent réduit

Distance

Fig. 6. – Représentation schématique du rôle joué par les tourbillons dans la reprise du vent à l’aval d’un brise-vent.
La partie hachurée correspond à la zone dans laquelle la vitesse du vent est réduite par rapport à une zone témoin.

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TA 1170
II. LES EFFETS AÉRODYNAMIQUES La figure 10 représente un résultat expérimental obtenu
DES AMÉNAGEMENTS RÉGIONAUX en Bretagne dans l’Ouest de la France, comparé à des
données acquises dans différentes conditions. La courbe
1 déterminée en Bretagne est assez différente des courbes
A. La rugosité régionale qui sont obtenues à l’aval de brise-vent isolés. Les cour-
10.– Nous venons de voir que si l’on considère une série de bes 2 et 3 sont relatives à un même brise-vent placé dans
quelques brise-vent, leurs effets aérodynamiques ne sont un écoulement peu turbulent (Versailles) et très turbu-
pas cumulatifs. Maintenant, si l’on considère un ensemble lent (Avignon). La courbe 4 correspond à un brise-vent
de brise-vent constituant un réseau recouvrant toute une imperméable placé dans un écoulement très turbulent.
région, il se développe alors ce que l’on peut appeler une « Si on ajoute la valeur 0,30 à tous les points de la courbe 1, on
rugosité régionale ». Il faut d’ailleurs noter que des arbres constate alors qu’elle se place entre les courbes 3 et 4. Ainsi, tout
dispersés ou des bouquets d’arbres répartis plus ou moins se passe comme si la vitesse du vent qui atteint la haie était déjà
régulièrement sur une surface (savane arborée par exem- réduite de 30 % environ par rapport à celle qui est mesurée en
ple) peuvent avoir pratiquement le même effet de freinage témoin. Cette réduction de la vitesse du vent incident est due à
du vent qu’un réseau de brise-vent. l’effet global de l’aménagement en amont de la parcelle.
La figure 8 représente de façon schématique l’action d’un On peut également remarquer sur la figure 10 que la
réseau de brise-vent sur l’écoulement de l’air. Si les vitesse du vent reste constante et inférieure à la vitesse en
rideaux successifs sont suffisamment rapprochés, les per- témoin, bien que l’on soit très éloigné du brise-vent. Cela
turbations de l’écoulement qu’ils induisent se propagent montre bien que lorsque la couche limite régionale est
progressivement en altitude. La zone de l’écoulement développée, la présence de quelques grandes parcelles au Liste
ainsi perturbée est appelée : couche limite turbulente milieu d’un réseau de brise-vent ne modifie pas, de façon
régionale et ses caractéristiques sont fonction de celles du sensible, l’écoulement au voisinage du sol.
réseau de protection.
La partie B de la figure 8 représente le détail de l’écoule- III. LES EFFETS DES BRISE-VENT
Ta b l e
ment à l’échelle locale ou parcellaire. On distingue ainsi 4 SUR LE MICROCLIMAT
zones différentes en s’élevant à partir du sol :
12.– Les facteurs du microclimat résultent à chaque ins-
I : correspond à l’écoulement qui dépend de l’état de la tant de l’équilibre qui s’établit entre les différentes formes
surface du sol ; d’échange d’énergie au niveau de la surface du sol ou
II : est la zone de sillage dans laquelle l’écoulement est d’un couvert végétal. Les brise-vent, en modifiant la I n dex
perturbé par le brise-vent ; vitesse du vent au voisinage du sol et les échanges radia-
tifs, modifient l’ensemble des facteurs du microclimat.
III : est la couche limite régionale ; Aussi, dans ce paragraphe et le suivant, nous examine-
IV : correspond à la zone où l’écoulement n’est pas per- rons les différents mécanismes d’action des brise-vent et
turbé par l’aménagement régional. des aménagements régionaux sur les facteurs du micro- Glossaire
Il faut noter que si le réseau de brise-vent est suffisamment climat (cf. Fasc. 1050 et 1060).
étendu pour permettre le développement de la couche
limite régionale, il sera possible de supprimer quelques A. La formation des microclimats dans le cas
haies du réseau sans que la vitesse du vent puisse reprendre d’une zone plane et homogène
la valeur qu’elle avait initialement. Des expériences et étu-
13.– Dans les zones planes et homogènes, les variations cli-
des théoriques ont d’ailleurs montré que si le vent passe
matiques sont uniquement fonction de l’altitude Z (strati-
au-dessus d’une zone cloisonnée de 30 à 50 km de large,
fication plane). La variation des facteurs climatiques en
l’épaisseur de la couche limite régionale devient telle que la
fonction de Z dépend de la vitesse du vent, des échanges
vitesse du vent géostrophique, cause du vent au sol, peut
radiatifs et de l’eau disponible. La figure 11 présente, de
être affectée (vent dont la vitesse dépend des gradients de
façon schématique, l’influence de ces facteurs sur les pro-
pression atmosphérique et de la rotation terrestre ; il se
fils diurnes et nocturnes de température et d’humidité.
trouve à une altitude d’environ l 500 m en plaine). Si au-
delà de cette distance, les brise-vent viennent à disparaître Les brise-vent en modifiant la vitesse du vent et le bilan
le vent ne peut plus reprendre sa vitesse initiale. radiatif vont affecter l’ensemble des conditions microclima-
tiques comme le laisse prévoir l’examen de la figure 11.
B. Les effets aérodynamiques d’un brise-vent
placé à l’intérieur d’un réseau de protection B. Les effets des brise-vent sur le bilan radiatif
11.– La figure 9 représente schématiquement les effets 1. Le rayonnement net
qui peuvent être constatés à l’aval d’un brise-vent situé à
l’intérieur d’un réseau de protection. 14.– Le rayonnement net est le bilan des différents échanges
d’énergie radiative de la surface du sol et s’écrit :
Deux effets se superposent : l’effet local de la haie qui se
manifeste sur une distance relativement courte (à cause Rn = (l - a) Rg + Ra - Rs
de la turbulence induite par les haies qui la précèdent), et – Rg : Rayonnement global : somme des rayonnements
l’effet de l’aménagement régional qui se traduit par une direct et diffus d’origine solaire et reçus par une surface
réduction générale du vent sur toute la parcelle. horizontale ;

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1170TA EFFETS MICROCLIMATIQUES DES BRISE-VENT ET DES AMÉNAGEMENTS RÉGIONAUX

1,0

0,8

0,6

0,4
Espacement
20 x H
0,2

0
-10 0 10 20 30 40 60
Liste
1,0

0,8
Vitesse relative (U/Uo)

Ta b l e

0,6

Index 0,4
Espacement
20 x H
0,2

Glossaire
0
-10 0 10 20 30 40 60

1,0

0,8

0,6

0,4
Espacement
20 x H
0,2

0
-10 0 10 20 30 40 60
Distance en multiple de H
Fig. 7. – La réduction de l’espacement de 15 à 10 H (réduction de l’espacement de 33 %) se traduit seulement par une réduction
supplémentaire de la vitesse du vent de 7 % (passage de la vitesse moyenne de 44 à 41 % de celle mesurée en témoin). D’après
ces données, on peut donc concevoir que, dans un réseau de brise-vent, il arrive un moment où l’augmentation de la surface
occupée par les brise-vent n’est plus compensée par un accroissement sensible de la réduction du vent.

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EFFETS MICROCLIMATIQUES DES BRISE-VENT ET DES AMÉNAGEMENTS RÉGIONAUX
TA 1170
Z Vent
A
δR
H

O I X X

IV δR

III
B Liste

δ'R
Zone de sillage II
2H Ta b l e
δL
H
I

I n dex

Fig. 8. – Représentation schématique de l’influence d’un aménagement régional sur l’écoulement de l’air.
En A, développement de la couche limite régionale et en B détail de l’écoulement à l’échelle parcellaire.

Glossaire
– a : Albédo de la surface du sol (prise dans son sens large : avec
sol plus végétation). L’albédo est la réflectance moyenne e : Émissivité de la surface du sol (e = 0,98),
du sol pour l’ensemble du spectre solaire. Sa valeur est Ts : Température de surface du sol en Kelvins (cf. Fasc.
propre à chaque type de surface (prairies : 0,18 à 0,25 ; 1040 et 1165).
sable : 0,30 à 0,40 ; eau : 0,05 ; neige : 0,7 à 0,9) ;
2. Influence des brise-vent
– Ra : Rayonnement atmosphérique. Les gaz et les aéro-
sur le rayonnement global
sols de l’atmosphère rayonnent dans l’infrarouge thermi-
que. L’ensemble des processus d’émission et d’absorption .– Les brise-vent affectent la répartition du rayonnement
atmosphérique produisent un flux de rayonnement qui direct et diffus à l’intérieur d’une parcelle. Leur effet sur
est équivalent à celui qui serait émis par un corps noir le rayonnement direct est facile à comprendre et est
fictif ayant une température Ta, appelée température représenté schématiquement sur la figure 12. Mais ils
radiative de l’atmosphère. Le rayonnement atmosphéri- affectent également la répartition du rayonnement dif-
que est lié à Ta par la relation : fus. Lorsque le ciel est clair, les haies augmentent la quan-
tité de rayonnement diffus qui atteint le sol au voisinage
4
R a = σT a de leur face au soleil (figure 12) ; par contre, lorsque le
ciel est couvert, les haies diminuent le rayonnement glo-
Ta est exprimé en Kelvins (température absolue) ; bal qui atteint le sol. En effet, le rayonnement diffus
s est la constante de Stefan-Boltzman (s = 5,67.10-8 W.m-2.K-4) ; représente alors 80 à 100 % du rayonnement global. Les
haies, qui entourent la parcelle considérée, masquent une
– Rs : Rayonnement du sol. La surface terrestre rayonne partie du ciel d’où provient le rayonnement diffus et ren-
dans l’infrarouge thermique (99 % de l’énergie émise cor- voient, dans l’angle solide qu’elles occupent, le rayonne-
respond à des longueurs d’ondes comprises entre 4 et 120 ment qu’elles réfléchissent (20 % au maximum).
mm avec un maximum d’émission centré sur 10,5 mm). Le Ainsi, par temps couvert, bien que l’on n’ait pas d’ombre
flux de rayonnement émis par le sol est donné par : portée par les brise-vent, on pourra observer une dimi-
4 nution du rayonnement global de l’ordre de 10 % sur
R s = εσT s une distance égale à une fois leur hauteur.

10

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1170TA EFFETS MICROCLIMATIQUES DES BRISE-VENT ET DES AMÉNAGEMENTS RÉGIONAUX

1 Haie du bocage
2 Brise-vent perméable
(VESAILLES)
3 Brise-vent perméable
(AVIGNON)
Haie Vent Haie
Ouest 4 Brise-vent imperméable Est
(AVIGNON)
4
1,0
3
2
0,8
Vitesse relative (U/Uo)

0,6

Liste

0,4

Ta b l e
0,2

Index 0
0 5 10 15 20 25 30
Distance en multiples de H

Glossaire Fig. 9. – Évolution de la vitesse relative du vent à l’aval de différents types de brise-vent. (1) Mesures effectuées en Bretagne
dans une parcelle de bocage, (2) Brise-vent perméable avec faible taux de turbulence de l’air, (3) Brise-vent perméable avec un
taux de turbulence de l’air élevé, (4) Brise-vent imperméable avec un taux de turbulence de l’air élevé
(d’après GUYOT et al., 1976).

BV
1
Vitesse relative(U/Uo)

Effet régional

Effet local

0
0 Distance relative (X/H)

Fig. 10. – Représentation schématique des effets aérodynamiques d’un brise-vent situé
à l’intérieur d’un réseau de protection (B.V. emplacement du brise-vent).

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EFFETS MICROCLIMATIQUES DES BRISE-VENT ET DES AMÉNAGEMENTS RÉGIONAUX
TA 1170

Altitude

Nuit Jour

Liste

Air
Ta b l e

Température
ou
humidité I n dex

Sol
Glossaire

Vent

Ciel clair

Ciel couvert

Sol sec

Sol humide

Fig. 11. – Influence de la vitesse du vent, du bilan radiatif et du bilan hydrique


sur les profils diurnes et nocturnes de température ou d’humidité.

3. Influence des brise-vent sur le rayonnement le rayonnement thermique des haies dont la température
atmosphérique de surface TH est supérieure à la température radiative
15.– Des études théoriques et des données expérimenta- apparente de l’atmosphère Ta L’écart entre Ta et TH est
les ont montré que, sur une distance comprise entre 3 et d’autant plus grand que le ciel est plus dégagé et l’air plus
4 fois leur hauteur, les haies accroissent le flux de rayon- sec (avec un ciel parfaitement dégagé et un air sec, la
nement infrarouge thermique qui atteint le sol. En effet, température radiative apparente de l’atmosphère est de
au rayonnement atmosphérique Ra reçu au niveau du sol l’ordre de - 40 °C).
se substitue, dans une partie de l’angle solide (figure 12),

12

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1170TA EFFETS MICROCLIMATIQUES DES BRISE-VENT ET DES AMÉNAGEMENTS RÉGIONAUX

6. Influence des brise-vent sur le bilan radiatif


Ra nocturne
18.– Au cours de la nuit, les facteurs essentiels qui affec-
tent le bilan radiatif des haies sont : l’apport radiatif des
haies, qui est sensible sur une distance égale à environ 3 fois leur
hauteur, et la répartition des températures de surface du sol,
σT
4
4 liées à la vitesse du vent. C’est ce que montre schématiquement
H σT
H la figure 14.
A
Ainsi, cette analyse montre que les brise-vent introdui-
sent une très grande hétérogénéité horizontale du bilan
radiatif à l’intérieur d’une parcelle.
Rayonnement de grande
longueur d'onde
C. Les effets des brise-vent sur les tempéra-
tures à l’échelle de la parcelle
Les effets des brise-vent sur la température de l’air et du
sol sont très complexes. Ils dépendent, entre autres, de la
distance aux haies, du bilan radiatif, du bilan hydrique et
de la vitesse du vent.
Liste
1. Les effets des brise-vent sur les températures
diurnes
a) Cas des régions bien alimentées en eau
Ta b l e 19.– La figure 15 représente, sous une forme schémati-
que, la manière dont les brise-vent modifient la réparti-
tion des températures diurnes dans une région bien ali-
mentée en eau. La parcelle choisie a une dimension égale
à 10 fois la hauteur H des brise-vent. La partie A de la
Index Ombre Réflexions figure représente l’effet des brise-vent sur l’écoulement
de l’air. Les études effectuées aussi bien en France qu’en
Rayonnement solaire direct Tunisie sur des réseaux de brise-vent, ont permis de
de courte longueur d'onde
constater que, dans une parcelle située à l’intérieur d’un
réseau de brise-vent, on observe un rabattement de
Fig. 12. – Schéma illustrant les effets des brise-vent à
Glossaire l’écoulement comme cela est indiqué sur la figure 15 A.
l’échelle parcellaire sur les échanges radiatifs de courte et de
grande longueur d’onde. Près des brise-vent, l’ascendance de l’air est accentuée par
l’échauffement qu’il subit, en particulier au niveau de la
couronne des arbres. Ce mouvement ascendant est d’autant
4. Influence des brise-vent
plus important que la vitesse du vent est plus faible.
sur le rayonnement du sol
Ensuite, l’écoulement se rabat vers le sol à une distance
16.– Le flux de rayonnement infrarouge thermique émis par comprise entre 6 et 8 fois la hauteur du brise-vent amont.
le sol est fonction de sa température de surface. Celle-ci dépend En B, C et D sont représentés les différents termes dont
d’une part de l’énergie radiative que reçoit le sol et d’autre part dépend essentiellement la répartition des températures de
de la vitesse du vent. Pour une même quantité d’énergie radia- l’air au voisinage du sol. La partie B correspond aux effets
tive reçue, la température de surface du sol sera d’autant plus des brise-vent sur le bilan radiatif (elle est reprise à la
élevée que la vitesse du vent sera plus faible. Ainsi, la valeur la figure 13 D). Le ralentissement du vent s’accompagne,
plus élevée de Rs sera observée près du brise-vent et elle dimi- comme nous l’avons vu, d’un réchauffement de l’air. En
nuera lorsqu’on s’en éloignera. revanche, le rabattement de l’écoulement entraîne au sol
de l’air plus froid provenant des couches supérieures de
l’atmosphère (décroissance de la température avec l’alti-
5. Influence des brise-vent tude durant le jour) (cf. fig. 11). Les écarts de température
sur le bilan radiatif diurne résultants entre la zone cloisonnée et une zone témoin
17.– La figure 13 représente schématiquement les effets sont représentés en E. Enfin, en F sont tracés les profils
des brise-vent sur le bilan radiatif au cours d’une belle verticaux de températures à des distances des brise-vent
journée. Les schémas représentent les écarts des diffé- égales à 3 et 7 fois leur hauteur. A X/H = 3, les températu-
rents éléments du bilan radiatif avec leur valeur en zone res sont plus élevées dans la zone cloisonnée que dans la
témoin. Ainsi la différence de rayonnement net Rn entre zone dégagée à tous les niveaux et le gradient thermique
une parcelle entourée de brise-vent et une zone ouverte vertical peut être plus élevé si les mouvements convectifs
s’écrit : ne sont pas trop importants. Par contre à X/H = 7, le bras-
sage de l’air se traduit par une réduction des gradients
Rn = [(1 - a) Rg] + Ra - Rs thermiques verticaux et la température de surface du sol,

13

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EFFETS MICROCLIMATIQUES DES BRISE-VENT ET DES AMÉNAGEMENTS RÉGIONAUX
TA 1170

Nuit claire avec vent


Vent

Ra

A
Apports radiatifs
+ + des haies
0

Rs

B Rayonnement
+ + émis par le sol Liste
0
-

Rn
Ta b l e

C
+ Bilan radiatif
0 +
I n dex
X/H
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Fig. 13. – Représentation schématique des effets des brise-vent sur le bilan radiatif
au cours d’une belle journée (d’après GUYOT et al., 1987). Glossaire

dans la zone cloisonnée, peut être plus basse que dans la c) Interaction de l’activité du couvert végétal avec la tem-
zone dégagée. Ce phénomène de rabattement de l’air à pérature de l’air
l’aval d’un brise-vent avait déjà été mis en évidence aux
États-Unis et il avait été constaté que la distribution hori- 21.– Dans les régions où le facteur eau est un facteur
zontale des températures était pratiquement telle qu’elle limitant, l’effet brise-vent sur la température de l’air va
est décrite sur la figure 15. dépendre en partie de l’évapotranspiration du couvert
végétal de la zone protégée (flux de chaleur latente).
L’élévation de la température de l’air dans la zone proté- Ainsi, dans les conditions semi-arides avec des cultures
gée par un brise-vent à une distance comprise entre 2 et 3 irriguées, on pourra observer dans la zone protégée par
fois sa hauteur est en moyenne de l’ordre de 2 °C. Elle un brise-vent des températures identiques ou même plus
varie en fonction de la porosité des brise-vent et de la basses que dans une zone ouverte. Nous verrons l’expli-
vitesse du vent. cation de ce phénomène après avoir étudié les effets des
b) Cas des régions sèches brise-vent sur l’évapotranspiration réelle.
20.– Dans ces régions, le flux d’évaporation est très faible et
la chaleur est surtout évacuée par convection. La réduction 2. Les effets des brise-vent sur les températures
de la vitesse du vent s’accompagne d’une élévation de tem- nocturnes
pérature dans la zone protégée par un brise-vent. Ainsi, en 22.– La figure 16 correspond à la figure 15 mais pour une
Tunisie, par temps de Sirocco, alors que la température de nuit claire et ventée. Le soulèvement de l’air au voisinage
l’air atteignait 40 °C en zone témoin, dans la zone protégée des brise-vent est moins important que durant la jour-
par un brise-vent, elle était accrue de 1,5 à 4 °C dans la zone née. Les apports radiatifs des brise-vent produisent une
comprise entre 1 et 5 fois la hauteur de celui-ci. Cet effet des élévation de la température de l’air au voisinage du sol,
brise-vent est très néfaste pour les cultures et les brise-vent, par contre, le ralentissement du vent a pour effet de faci-
en zone chaude et sèche, en l’absence d’irrigation, ne pré- liter le refroidissement nocturne. Le rabattement de
sentent un intérêt que dans la mesure où ils servent à l’écoulement entraîne une réduction des gradients verti-
réduire l’érosion éolienne. caux de température et apporte de l’air plus chaud au

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1170TA EFFETS MICROCLIMATIQUES DES BRISE-VENT ET DES AMÉNAGEMENTS RÉGIONAUX

Nuit claire avec vent


Vent

Ra

A
Apports radiatifs
+ + des haies
0

Rs

B Rayonnement
+ + émis par le sol
Liste
0
-

Rn
Ta b l e

C
+ Bilan radiatif
0 +

Index X/H
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Fig. 14. – Représentation schématique des effets des brise-vent sur le bilan radiatif
Glossaire au cours d’une nuit avec vent (d’après GUYOT et al., 1987).

voisinage du sol. La répartition des écarts de température male des phénomènes thermiques est observée à la sur-
résultants entre la zone cloisonnée et une zone dégagée, face du sol, elle diminue ensuite lorsqu’on s’élève dans
au voisinage du sol, est représentée en E. En F, les profils l’air ou lorsqu’on s’enfonce dans le sol.
verticaux de température à X/H = 3 et X/H = 7 montrent
a) Cas du sol nu
que, dans la zone où le vent est ralenti, les gradients ther-
miques verticaux sont accrus, alors qu’ils sont réduits 23.– Lorsque le sol est nu, la répartition des températures
dans la zone de rabattement de l’écoulement. dans les premiers centimètres, au-dessous de la surface
Alors que l’effet d’un brise-vent sur les températures du sol, est semblable à celle qui est observée dans l’air à
diurnes dépend des conditions d’alimentation en eau des l’aval d’un brise-vent ; la température du sol est plus éle-
végétaux, son effet sur les températures nocturnes est vée le jour et plus basse la nuit que dans une zone
pratiquement le même quelles que soient les conditions ouverte. En revanche, au-delà de quelques centimètres de
climatiques locales. profondeur, la température du sol dépend non seulement
de l’amplitude thermique de la surface mais également
Ainsi, les brise-vent ont pour effet, dans la zone comprise de la durée des périodes de réchauffement et de refroidis-
entre 1 et 8 fois leur hauteur, d’accroître les amplitudes sement au cours de la journée. En effet, au printemps,
thermiques en augmentant les températures diurnes et lorsque la durée du jour est supérieure à la durée de la
en abaissant les températures nocturnes. L’abaissement nuit, le sol se réchauffe plus vite à l’abri d’un brise-vent
des températures nocturnes pourra augmenter sensible- que dans une zone dégagée, car la période d’accumula-
ment les risques de gelées durant les périodes froides. tion de la chaleur en profondeur est plus longue que celle
où la chaleur est restituée à l’atmosphère.
3. Les effets des brise-vent Cet effet est très intéressant pour l’agriculture car il permet un
sur la température du sol départ plus rapide de la végétation. Les élévations de tempé-
La modification des échanges thermiques de la surface rature sont comprises entre 0,5° et 3 °C, à 10 cm de profon-
du sol par un brise-vent entraîne la modification de la deur. Ce réchauffement du sol s’atténue avec la profondeur et,
température de l’air et de celle du sol. L’amplitude maxi- généralement, se limite aux 50 premiers centimètres.

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EFFETS MICROCLIMATIQUES DES BRISE-VENT ET DES AMÉNAGEMENTS RÉGIONAUX
TA 1170

Jour clair

∆ø

+ +
0 Apports radiatifs

∆ø

C
+
+ Ralentissement
0 Liste
du vent
∆ø
0 Rabatement de
l'écoulement
D -
Ta b l e
∆ø

E
+
0 + Ecarts de température au I n dex
- voisinage du sol
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 X/H

Glossaire

Z Z

X/H = 3 X/H = 7 Brise-vent


F Témoin
H H

0 ø 0 ø
øs øsl øsl øs
Profils verticaux de températures

Fig. 15. – Représentation schématique de l’effet des différents facteurs


dont dépend la température diurne à l’intérieur d’une maille d’un réseau de brise-vent
dans une zone bien alimentée en eau (d’après GUYOT et al., 1987).

Par ailleurs, il faut noter que l’échauffement de la surface D. Les effets des brise-vent
du sol le jour et son refroidissement la nuit sont d’autant sur l’évapotranspiration potentielle
plus importants qu’il est plus sec. En effet, lorsque le sol
est humide, il conduit mieux la chaleur et l’amplitude 25.– L’évapotranspiration potentielle (ETP), quantité maxi-
thermique est alors réduite. male susceptible d’être évaporée par un couvert végétal en
phase active de croissance et parfaitement alimenté en eau,
b) Cas du sol couvert de végétation peut être déterminée à l’aide de formules telles que la for-
mule de PENMAN (1956), dérivée de l’équation du bilan
24.– La végétation en se développant couvre le sol et d’énergie. Cette formule peut s’écrire :
limite ses échanges de chaleur de jour et de nuit. La sur-
face au niveau de laquelle l’amplitude thermique est ∆R n + γ E a
- (cf. Fasc. 1165)
ETP = ------------------------
maximale est alors la surface supérieure de la végétation. ∆+γ

16

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1170TA EFFETS MICROCLIMATIQUES DES BRISE-VENT ET DES AMÉNAGEMENTS RÉGIONAUX

Nuit claire avec vent


A

+ +
0 Apports radiatifs
Ø
0 Ralentissement
C - - du vent

Ø
D
+
Liste 0 Rabatement de
l'écoulement

+ + +
Ta b l e 0 Ecarts de température
au voisinage du sol
E -
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 X/H
Index

z z Brise-vent
Glossaire X/H = 3 X/H = 7
Témoin

0 Ø 0 Ø
Øs Øsl Øsl Øs

Fig. 16. – Représentation schématique de l’effet des différents facteurs dont dépend
la température nocturne à l’intérieur d’une maille d’un réseau de brise-vent (d’après GUYOT et al., 1987).

avec Les données expérimentales relatives à l’influence des


∆: Pente de la courbe de tension de vapeur d’eau ; brise-vent sur l’évaporation sont très nombreuses et tous
Rn : Rayonnement net ; les observateurs constatent une réduction de celle-ci de
g : Constante psychrométrique ; 20 à 40 %. Mais les résultats ne peuvent pas être directe-
Ea : Pouvoir évaporant de l’air et fonction de la vitesse du ment transposés à l’ETP. C’est pourquoi il faut mettre en
vent et de l’humidité de l’air. garde les expérimentateurs contre cette difficulté.
Ainsi, la formule de PENMAN peut s’écrire :
ETP = aRn + bEa 1. Les brise-vent sont situés
∆ γ dans une zone où il existe une forte advection
avec a = ------------ et b = ------------
∆+γ ∆+γ 26.– Le poids relatif du terme bEa dans la formule de
aRn est le terme radiatif de l’ETP et bEa le terme advectif. PENMAN est important (40 à 60 %) et toute réduction
Un brise-vent modifie Rn et Ea mais l’effet essentiel des de Ea sera sensible sur l’ETP. De tels résultats peuvent être
brise-vent porte sur la réduction de Ea. Les modifications obtenus dans les zones relativement sèches.
du bilan radiatif n’apportant que des corrections de rela- La figure 17 représente les effets des brise-vent sur l’ETP
tivement faible amplitude. à l’intérieur d’une parcelle. En A est représenté l’effet sur

17

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EFFETS MICROCLIMATIQUES DES BRISE-VENT ET DES AMÉNAGEMENTS RÉGIONAUX
TA 1170
le bilan radiatif. La courbe est déduite de la figure 13. En E. Les effets des brise-vent
B est représenté le terme advectif, la forme de la courbe sur l’évapotranspiration réelle
tracée est semblable à celle des courbes d’évolution de la
vitesse du vent en fonction de la distance du brise-vent. 28.– Les effets des brise-vent sur l’ETR sont complexes
La partie C est la résultante de l’addition des deux termes car ils dépendent non seulement de leur action sur l’ETP
aRn + bEa. Nous voyons qu’ainsi les brise-vent réduisent mais également des réactions physiologiques des végé-
l’ETP mais de façon bien moins importante que ne l’est taux protégés.
le pouvoir évaporant de l’air. L’évapotranspiration potentielle évolue au cours de la
journée : nulle au lever du jour, elle passe par un maxi-
Vent
mum lorsque le soleil est au zénith. Bien souvent, la valeur
maximale de l’ETP est supérieure au débit Qmax que les
plantes sont susceptibles de fournir. Elles réagissent contre
le dessèchement en fermant partiellement ou totalement
Rn
leurs stomates par où s’effectuent les échanges de vapeur
1,0 d’eau mais aussi de gaz carbonique pour la photosynthèse.
Deux cas peuvent alors se présenter selon l’intensité de la
contrainte hydrique que subissent les plantes.
0,5

A Si la contrainte hydrique est modérée, le débit Qmax est


0
légèrement inférieur à l’ETPmax, la régulation stomatique Liste
intervient alors pour réduire l’ETR dont l’évolution est
Ea représentée par la courbe 2 de la figure 18. La fermeture
1,0 des stomates n’est que partielle.
Si la contrainte hydrique est forte, le débit Qmax est nette- Ta b l e
0,5 ment inférieur à l’ETPmax. Ce cas se rencontre en conditions
B très sèches. L’évolution de l’ETR peut alors être telle qu’elle
est indiquée par la courbe 3 de la figure 18. Lorsque l’ETP
0
atteint une valeur Q1max, les stomates se ferment complète-
ETP Conditions sèches aRn = 0,5 ETP ment et, avec un retard variable selon les conditions locales, I n dex
1,0
les plantes se flétrissent. Lorsque les stomates sont fermés,
les pertes d’eau sont alors uniquement dues à la transpira-
b Ea tion cuticulaire. La plante ne fournit alors que le débit Q2max
0,5 inférieur à Q1max En fin de journée, lorsque l’ETP devient
a Rn C inférieure à Q1max, les tissus végétaux reprennent leur turges- Glossaire
cence et les stomates s’ouvrent à nouveau.
0

ETP Conditions humides aRn = 0,8 ETP ETP ou ETR

1,0 1
b Ea
2
qmax
0,5
a Rn
D

0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 X/H q1max

Fig. 17. – Représentation schématique des effets des brise-vent 3


sur l’ETP et ses composantes. En conditions sèches, la figure est q2max

établie dans le cas où aRn et bEa représentent chacun 50 % de


l’ETP. En conditions humides, on suppose que aRn représente 80
% de l’ETP et bEa 20 % (d’après GUYOT et al., 1987).
Temps

2. Les brise-vent sont situés dans une région Fig. 18. – Représentation schématique de la variation
où l’advection est faible journalière de l’ETP (1) et de l’ETR, (1), (2), (3) dans
différentes conditions climatiques (d’après GUYOT, 1963).
27.– Ce cas se rencontre dans les zones humides où l’éva-
potranspiration réelle (ETR) est voisine de l’ETP. Dans
ces conditions, la contribution relative du terme bEa à A partir de ces données, il est alors possible de prévoir
l’ETP est faible (de l’ordre de 20 %) et sa réduction par sur un plan théorique, les effets des brise-vent sur l’ETR,
un brise-vent n’entraîne alors que peu de modifications en fonction des conditions climatiques.
de l’ETP, comme le montre la figure 17 D.

18

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1170TA EFFETS MICROCLIMATIQUES DES BRISE-VENT ET DES AMÉNAGEMENTS RÉGIONAUX

1. Effet des brise-vent sur l’ETR lorsqu’il n’existe 19 B). Dans ces conditions, le brise-vent a pour effet
pas de contrainte hydrique d’augmenter l’ETR et d’abaisser la température de l’air.
29.– Les valeurs instantanées de l’ETP sont faibles et sont
généralement inférieures ou au plus égales à Qmax. 4. Effet des brise-vent sur l’ETR lorsque la con-
trainte hydrique est très forte
Dans ces conditions, la régulation stomatique n’intervient .– Les plantes ferment leurs stomates aussi bien dans la zone
que très peu ou pas du tout. L’ETR est voisine de l’ETP et, ouverte que dans la zone protégée (fig. 19 C). Le brise-vent
comme un brise-vent a peu d’action sur l’ETP, il en a peu n’a alors pratiquement plus d’effet sur l’ETR. Mais, la vitesse
également sur l’ETR. L’élévation de température au voisi- du vent étant réduite dans la zone protégée, la température
nage du brise-vent peut cependant produire un léger des végétaux s’élève pour pouvoir évacuer la chaleur reçue. Le
accroissement de l’ETP et de l’ETR. La température est alors brise-vent a alors un effet néfaste sur les cultures.
plus élevée dans la zone protégée que dans la zone ouverte.
5. L’évapotranspiration propre des brise-vent
2. Effet des brise-vent sur l’ETR 32.– Les brise-vent captent plus d’énergie qu’une culture
lorsque la contrainte hydrique est modérée basse. En effet, à cause de leur forme dressée, ils intercep-
30.– L’ETPmax est supérieure à Qmax, la régulation inter- tent plus d’énergie solaire et ils reçoivent plus d’énergie
vient durant une partie de la journée. Comme les brise- advective qu’une culture basse qui occuperait la même
vent diminuent l’ETP dans de telles conditions, ils dimi- surface. Ainsi, l’évapotranspiration potentielle des brise-
nuent également l’ETR comme le montre la figure 19 A. vent est supérieure à celle des cultures basses qu’ils protè-
Liste gent ou des cultures situées dans une zone ouverte et qui
La température diurne est alors peu modifiée par le
brise-vent ou légèrement abaissée. occuperaient la même surface. On peut estimer que
l’ETP des brise-vent est de l’ordre de 2 à 3 fois celle de la
même surface occupée par une culture basse.
3. Effet des brise-vent lorsque la contrainte
Ta b l e hydrique est forte Considérons des brise-vent de 10 m de haut et de 5 m de
large espacés de 200 m. S’ils réduisent en moyenne l’ETP
31.– L’ETPmax est nettement supérieure à Qmax, les plantes sur la zone protégée de 10 % et s’ils consomment 2 fois
peuvent fermer complètement leurs stomates dans la plus d’eau que la culture, la réduction de l’ETP par
zone ouverte alors que la réduction de l’ETP par les l’ensemble du système est alors de 7 % (l’ETP serait
Index brise-vent place les plantes dans des conditions moins réduite de 5 % si l’on supposait que les brise-vent avaient
sévères ; elles peuvent ainsi continuer à transpirer (figure une ETP triple de celle de la zone dégagée).

ET ET
Brise-vent
ETP
Glossaire ETP
ETR
qmax qmax ETR

0 0
Temps Distance
ET ET
ETP
ETP
B
q1max q1max
ETR
q2max q2max ETR
0 0
Temps Distance
ET ET
ETP
ETP

C
q1max ETR q1max

q2max q2max ETR


0 0
Temps Distance

Fig. 19. – Représentation schématique de l’effet d’un brise-vent sur l’ETP et l’ETR au moment où l’ETP est maximale. La partie
gauche de la figure indique l’évolution journalière de l’ETR et de l’ETP en zone ouverte (d’après GUYOT, 1963).

19

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EFFETS MICROCLIMATIQUES DES BRISE-VENT ET DES AMÉNAGEMENTS RÉGIONAUX
TA 1170
F. Les effets des brise-vent IV LES EFFETS DES AMÉNAGEMENTS
sur les précipitations RÉGIONAUX SUR LE MICROCLIMAT
Comme les précipitations (pluie ou neige) sont accompa- De la même manière que pour la vitesse du vent, les
gnées du vent, les brise-vent modifient leur distribution. brise-vent modifient les facteurs climatiques à l’échelle
de la parcelle et à l’échelle de la région lorsqu’ils consti-
tuent un réseau étendu.
1. Les effets des brise-vent sur la pluie
A. Les effets sur le bilan radiatif
33.– Avec le vent, la trajectoire des gouttes est inclinée.
Aussi, la face au vent du brise-vent intercepte une partie 36.– Un réseau de brise-vent peut modifier le bilan radia-
de la pluie destinée à la zone protégée et la quantité d’eau tif de la région dans laquelle il est implanté en augmen-
reçue immédiatement du côté sous le vent est plus faible tant notamment la quantité de rayonnement solaire qui
que dans une zone ouverte. Par contre, le ralentissement est captée. En effet, le rayonnement solaire réfléchi par le
du vent dans la zone protégée augmente le volume des couvert végétal qui est habituellement renvoyé vers
précipitations qui sont reçues. Les écarts sont d’autant l’espace, peut être capté par les haies voisines d’une part
plus importants que la vitesse du vent est plus élevée. et partiellement renvoyé vers le sol d’autre part. Une par-
tie supplémentaire du rayonnement solaire incident est
ainsi « piégée » par le réseau de brise-vent, ce qui doit
2. Les effets des brise-vent sur la neige conduire à une diminution de l’albédo régional.
La figure 20 représente la variation de l’albédo d’une Liste
34.– Les effets des brise-vent sur la répartition de la neige
au sol sont du même type que leurs effets sur la pluie région protégée par une série de brise-vent parallèles de
mais ils sont beaucoup plus spectaculaires. Les brise-vent hauteur H orientés est-ouest et dont l’espacement (D)
jouent ainsi un rôle extrêmement important dans les peut varier. On suppose que l’albédo du sol a1 est égal à
régions sèches à hiver froid (plaines du Sud de l’U.R.S.S., 0,20 (prairie) ainsi que celui des haies a2.
Ta b l e
Grandes Plaines des États-Unis et du Canada). Lorsque les haies sont très espacées (1/H grand), l’albédo
régional est alors égal à celui du sol. Par ailleurs, lorsque les
En effet, après les chutes de neige, les brise-vent vont éga- haies sont très proches, elles tendent alors à constituer un
lement s’opposer aux transports horizontaux par le vent, massif forestier dont l’albédo est celui des haies. Entre ces
ils vont même favoriser la formation de congères qui, en deux extrêmes, l’albédo régional passe par un minimum I n dex
fondant au printemps, vont réalimenter le sol en eau. voisin de 0,09 lorsque D/H = 0,6 dans l’exemple présenté
sur la figure 20. Pour des valeurs caractéristiques d’un
3. Les effets des brise-vent sur les précipitations maillage de brise-vent, il est d’environ 0,16 pour D/H = 5 et
occultes (rosée et brouillard) 0,18 pour D/H = 8.
Pour une belle journée (Rg = 700 W.m-2), cette réduction Glossaire
35.– La rosée se dépose surtout au cours de nuits claires de l’albédo correspond à une absorption d’énergie supplé-
et calmes au cours desquelles les brise-vent ont un effet mentaire de 14 à 28 W.m-2, soit une augmentation relative
limité sur les facteurs climatiques. Pour que les brise-vent du rayonnement net Rn (qui est voisin de 400 W.m-2 dans
aient une action sensible sur le dépôt de rosée, il faut qu’il ces conditions) d’environ 3 à 6 %.
y ait un léger vent dans la zone ouverte. Son ralentisse-
ment dans la zone protégée, combiné avec l’humidité de B. Les effets sur les températures
l’air plus élevée et l’abaissement supplémentaire de la
température se traduit par un accroissement du dépôt de 37.– A l’échelle régionale, les mesures sur le terrain ainsi que
rosée. Cependant, ce phénomène est difficilement mesu- les simulations sur modèles ont permis de montrer que les
rable et présente un intérêt limité. En revanche, l’effet des brise-vent avaient généralement pour effet d’accroître les
brise-vent sur la durée d’humectation des feuilles joue un températures maximales et d’abaisser les températures
rôle biologique important. En effet, même si les brise- minimales, si bien que les amplitudes thermiques sont
vent n’accroissent pas le dépôt de rosée, ils ralentissent accrues. Ainsi, un réseau de brise-vent n’a pas pour effet de
son évaporation le matin et les plantes restent mouillées tamponner le microclimat mais au contraire d’en accroître
pendant une période plus grande, ce qui peut favoriser le la « continentalité ». C’est ce que montre la figure 21.
développement des maladies cryptogamiques (oïdium
en particulier). C. Les effets sur l’humidité de l’air
Les brise-vent peuvent également avoir une action sur les 38.– Un réseau de brise-vent a pour effet de réduire les
brumes et brouillards. Ils peuvent en particulier capter échanges de chaleur ou de vapeur d’eau entre le sol et
les gouttelettes en suspension. Cet effet peut être intéres- l’atmosphère. Généralement les brise-vent permettent
sant notamment dans les zones désertiques côtières qui ainsi un accroissement de l’humidité de l’air au voisinage
sont souvent recouvertes de brouillards denses. Ceux-ci du sol en limitant le départ de la vapeur d’eau émise par
peuvent apporter une partie de l’eau nécessaire à la crois- les plantes. Mais dans les zones sèches, les brise-vent peu-
sance des végétaux utilisés comme brise-vent. vent également s’opposer à l’arrivée d’air humide. C’est
ce qui a, par exemple, été observé en Bretagne en bordure
de mer au cours d’un été très sec.

20

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1170TA EFFETS MICROCLIMATIQUES DES BRISE-VENT ET DES AMÉNAGEMENTS RÉGIONAUX

Forêt Vergers Brise-vent Zone ouverte

0,2
Albedo

a2 = 0,2

0,1

Liste

Ta b l e 0
0,063 0,125 0,25 0,5 1,0 2,0 4,0 8,0 16 32 64 128 256
Distance relative : D/H
Fig. 20. – Variation de l’albédo régional en fonction de l’espacement des brise-vent successifs. Calcul effectué pour le 150e jour
Index de l’année à 12 heures et à la latitude de 44° nord. Les brise-vent sont supposés être orientés est-ouest, ils ont 10 m de haut et
2 m de large (d’après CHIAPALE, 1975).

sol équivalente à celle d’une prairie, il peut être réduit de


50 % lorsqu’on passe à la rugosité créée par un réseau
Glossaire 4 dense de brise-vent. L’importance de la réduction de
Ecart de température de surface (°c)

l’ETP dépendra alors du poids du terme bEa dans l’ETP.


3

2
E. Les effets des aménagements régionaux
sur les précipitations
JOUR
1
40.– Un certain nombre d’études ont été entreprises dans
0
le monde pour essayer de déterminer les effets possibles
des réseaux de brise-vent sur les précipitations, mais
NUIT
-1 aucun résultat décisif n’a jamais été obtenu.
Les brise-vent peuvent cependant favoriser la formation
-2 de cellules convectives dans l’atmosphère grâce au décou-
2 4 8 16 32 64 128 256 512 1024 page du territoire qui permet leur isolement. Ainsi les
Espacement relatif (D/H) nuages se formeront plus vite au-dessus d’une zone cloi-
sonnée que d’une zone dégagée dans les régions où
Fig. 21. – Influence de l’espacement des haies D/H sur l’écart
l’humidité de l’air est suffisante.
de température de surface entre le centre d’une parcelle de
la zone cloisonnée par des brise-vent et une zone dégagée
(simulations sur modèle) (d’après CHIAPALE, 1975). F. Les effets des aménagements régionaux
dans le domaine de l’hydrologie
D. Les effets des aménagements régionaux 41.– Si les réseaux de brise-vent n’ont pas d’effet sensible
sur l’évapotranspiration potentielle sur le volume des précipitations recueillies, par contre, ils
39.– Il n’existe pas, à l’heure actuelle, de mesures permet- peuvent limiter le ruissellement et favoriser la pénétra-
tant de connaître l’effet d’un aménagement régional sur tion de l’eau dans le sol qui pourra ainsi alimenter les
l’ETP. Cependant, on peut montrer que l’accroissement nappes profondes.
de la rugosité régionale permet de diminuer le terme Le coefficient de ruissellement, qui est pour chaque préci-
advectif (bEa) de l’ETP. Ainsi, si on prend comme réfé- pitation le rapport du volume d’eau ruisselé au volume
rence le pouvoir évaporant de l’air pour une rugosité de d’eau reçu, est plus faible dans une zone cloisonnée que

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EFFETS MICROCLIMATIQUES DES BRISE-VENT ET DES AMÉNAGEMENTS RÉGIONAUX
TA 1170
dans une zone ouverte homologue. C’est ce que montre la que dans le bassin cloisonné. Le volume des crues est donc
figure 22 qui correspond à des mesures effectuées en Bre- 1,7 fois plus élevé dans le bassin dégagé que dans le bassin
tagne sur deux bassins versants élémentaires l’un étant cloisonné. Si l’on compare sur les mêmes bassins élémen-
recouvert d’un réseau de brise-vent (Penety) et l’autre taires les débits maximums ruisselés des crues, on constate
étant dégagé (Kermaminon). Dans le bassin versant que dans le bassin dégagé, ils sont pratiquement doubles
ouvert, le coefficient de ruissellement est 1,7 fois plus élevé de ceux qui sont mesurés dans le bassin avec brise-vent.

15
Penety
Coefficient de ruissellement (%)

10

5 Liste

Kermaminon Ta b l e
0
0 5 10 15 20 25

Coefficient de ruissellement (%)


I n dex
Fig. 22. – Comparaison des coefficients de ruissellement Cr d’un bassin versant avec brise-vent (PENETY) et d’un bassin versant
ouvert (KERMAMINON) (d’après MEROT, 1976).

Les travaux effectués en Bretagne aussi bien que ceux qui non seulement sur les facteurs du microclimat, mais éga-
ont été entrepris par les chercheurs soviétiques montrent lement sur tous les facteurs liés à la production agricole. Glossaire
que, dans les régions vallonnées, l’effet bénéfique des Cela a été possible grâce surtout au travail pluridiscipli-
brise-vent sur le ruissellement n’est sensible que s’ils sont naire qui a été effectué par l’INRA et l’Université de Ren-
plantés sur des talus ou s’ils sont bordés par un fossé. Les nes en Bretagne.
brise-vent régulariseront ainsi le débit des cours d’eau en Actuellement, il est possible, grâce aux résultats obtenus,
écrêtant les crues et en limitant les étiages. d’envisager de façon beaucoup plus rationnelle l’ensem-
Par ailleurs, dans les régions à hiver froid, la captation de ble des problèmes d’aménagement de l’espace rural. Cela
la neige par les brise-vent et la limitation du ruisselle- ne se limite d’ailleurs pas au territoire français puisque de
ment lors de la fonte des congères permet d’améliorer la grands programmes d’aménagement sont suivis par des
recharge des nappes phréatiques. représentants de l’INRA ou de l’Institut de Développe-
ment Forestier dans de nombreux pays d’Afrique,
CONCLUSION d’Amérique du Sud et d’Asie.
42.– De très grands progrès ont été effectués au cours des
dernières années dans la compréhension des mécanismes
d’action des brise-vent et des aménagements régionaux,

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