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1_ Introduction

Il faut savoir qu'avant les années cinquante, plus de la moitié du vignoble français
est virosé (certains prétendent même que 80% du vignoble français est virosé à cet
époque!). Les dommages causés par ces virus sont variables ; ils dépendent à la
fois des virus, de la sensibilité des cépages et des conditions pédo-climatiques. Ils
peuvent être extrêmement graves (perte des récoltes, altération de la qualité des
raisins, baisse de la longévité des ceps). Quels sont ces virus ?

A ce jour, une cinquantaine de virus de la vigne ont été décrits et caractérisés dans
le monde. On peut les répartir en quatre catégories :

Les virus responsables des maladies de dégénérescence et de dépérissement : une


douzaine de virus dans le monde appartenant au groupe des Népovirus, transmis
par les nématodes du sol. La maladie type est le Court-Noué de la Vigne dont le
Virus GFLV (Grapevigne Fan Leaf Virus) est l’agent infectieux. Qu’est-ce que le
court-noué?

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2_ Définition le court noué

Le court-noué est une maladie due au virus GFLV (moins souvent à l’ArMV),
transmis par le nématode Xiphinema index, lorsque ce ver microscopique pique les
racines de la vigne pour se nourrir. Les symptômes apparaissent par foyers dans
une parcelle, le nématode piquant les racines de ceps voisins, et s’étend assez
lentement.

3_ Description

C'est une maladie virale mortelle touchant les ceps de vigne dont les deux
principaux virus responsables sont le GFLV (pour Grapevine Fan Leaf Virus en
anglais, « virus des feuilles en palmettes de la vigne » en français) et l'ArMV
(pour Arabis Mosaic Virus en anglais, « virus de la mosaïque de l'arabette »
en français). Ces deux virus sont transmis à la plante par des nématodes de l'ordre
des némathelminthes : Xiphinema index pour le premier et Xiphinema
diversicaudatum (en) pour le second.

En 2010, des recherches de l'INRA visant à combattre le court-noué via des porte-
greffes modifiés génétiquement ont fait l'objet d'arrachage de pieds de vigne par
des faucheurs d'OGM.

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Structure cristalline du virus GFLV, un nepovirus responsable de la maladie
du court-noué.

4_ Les symptômes du court-noué

Lorsque l’origine de la contamination n’est pas l’utilisation de matériel


végétal infecté, le court-noué comme d’autres dépérissements infectieux
apparaît d’abord par tâches au sein des parcelles. Les nématodes, en
piquant successivement deux ceps voisins dont les racines sont proches,
inoculent le virus du pied malade au pied sain.

Le court-noué se caractérise par de très nombreux symptômes. Leur type,


leur répartition et leur sévérité sont extrêmement variables, et dépendent
de multiples facteurs parmi lesquels on peut retenir :

• La sensibilité variétale, très importante. Certains cépages, même fortement


atteints, expriment peu de symptômes et maintiennent une production
correcte (Ugni blanc, Clairette, Alicante Bouschet…). D’autres extériorisent

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très facilement les symptômes (Muscat à petits Grains, Chardonnay,
Grenache…)
• L’espèce et/ou la souche de népovirus impliquée, et l’éventuelle
combinaison avec d’autres virus (synergie)
• L’âge des souches, associé probablement à l’époque de l’infection (les
vignes contaminées dans leur jeunesse expriment visiblement plus les
symptômes)
• Les conditions extérieures, en relation avec les stress, les maladies, …
• L’époque de l’année (symptômes les plus visibles dans la première partie
du cycle)
• D’autres facteurs en relation avec la vigueur, le porte-greffe,… ?

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5_ Cycle de la maladie

La maladie se propage par Xiphinema index, un nématode poignard. Le


cycle de vie typique du nématode index Xiphinema passe par 6 étapes de
cycle de vie.
Les femelles pondent leurs œufs dans le sol. Une fois que les juvéniles
éclosent de l’œuf, ils passent par 4 étapes de mue au cours des quelles ils
grossissent après chaque mue.
Le nématode se nourrit et attaque la plante à tous les stades sauf lorsqu'il
s'agit d'un œuf.
Il utilise son styliste pour se nourrir de la plante. Pendant qu'il se nourrit, le
nématode sécrète des enzymes dans la plante pour digérer les cellules
végétales.
Au cours du processus d'alimentation, le nématode peut transférer la
maladie dans la plante et c'est également à ce stade qu'il peut devenir
porteur de l'agent pathogène s'il ne l'est pas déjà.

6_ Les principales manifestations du court-noué sont les


suivantes :
• Au niveau d’une souche : affaiblissement progressif qui peut conduire à sa
mort. Au printemps, la végétation est languissante, retardée, rabougrie et le
port est buissonnant.
• Sur rameaux : aplatissements et divisions anormales au niveau des nœuds
ou des mérithalles (fasciations, « balais de sorcière »), raccourcissement

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des entre-nœuds, croissance en « zigzag », disposition anarchique des
vrilles, départ de nombreux bourgeons secondaires, double-nœuds…
• Sur feuilles : déformations parfois spectaculaires, anomalies des nervures
(dédoublées, absentes, anarchiques…), jaunissements (couleur citron au
printemps, évoluant vers le blanc en été), panachures réticulées ou
diffuses du feuillage…Sur inflorescences et grappes : troubles de la
fécondité (coulure, millerandage), hétérogénéités de maturité, pertes de
rendement et de qualité….

7_ Identifier le court-noué

Comme beaucoup de maladies à virus, le diagnostic à partir de


l’observation des symptômes peut s’avérer difficile, en raison de la grande
diversité des expressions. Selon l’époque de l’année, des confusions sont

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possibles avec différents accidents, carences ou ravageurs (chlorose
calcaire, gel, acariose, eutypiose, dégâts de désherbants…), Certaines
variétés sont également connues pour produire naturellement un grand
nombre de fasciations en l’absence de virus (particularité génétique), ce
qui peut conduire à des erreurs d’appréciation : Fer Servadou N, Macabeu
B, Prunelard N….
De ce fait, les méthodes de détections classiques en virologie peuvent être
utilisées pour déterminer la maladie :
• indexage biologique : il s’agit de transmettre par greffage le virus à une
variété indicatrice réagissant vivement à l’infection de façon caractéristique.
Cette opération est couramment réalisée à l’INRA ou à l’IFV, et constitue
toujours la méthode officielle de détection des maladies virales dans le
cadre de la sélection clonale. Son avantage est sa rusticité et sa
polyvalence : basée sur l’observation de symptômes induits, elle ne
dépend pas d’un éventuel variant ou d’un type particulier qui ne serait pas
reconnu par une méthode d’analyse directe. L’indicateur utilisé pour le
court-noué est le porte-greffe Rupestris du Lot, très expressif lorsqu’il est
contaminé.
• méthode sérologique : c’est actuellement la méthode la plus rapide et la
moins coûteuse, utilisée en routine à grande échelle. Le test ELISA
(Enzyme Linked ImmunoSorbent Assay) utilise des anticorps spécifiques
des virus responsables du court-noué. Il peut se réaliser sur feuilles, bois
ou racines
• Analyses génétiques par PCR : utilisable pour déterminer avec précision
le type de virus présent, à partir de n’importe quel fragment végétal. Tous
les népovirus ne sont pas analysables actuellement par cette technique,
mais les plus courants en France (GFLV et ArMV) le sont.
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• Il est également possible de réaliser une analyse nématologique sur terre
(détermination de la présence des nématodes et de leur caractère
infectieux, préférentiellement par PCR). Mais le prélèvement, pour qu’il soit
représentatif, est très délicat. Même si le résultat de l’analyse est négatif, il
faut cependant le considérer avec précaution.

8_ Les méthodes de prévention

Comprennent la désinfection des outils de taille entre chaque plante pour


aider à réduire le nombre de maladies transmises par les humains.
Une autre façon de lutter contre la maladie consiste à éliminer toutes les
plantes malades et, avant le début de la saison, à tester le sol pour le
GLFV.
Enfin, vous pouvez couvrir les cultures aux propriétés nématicides,
labourer les champs en profondeur et utiliser des porte-greffes résistants
aux nématodes.

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9_ Conclusion

Enfin, disons que cette maladie est l'une des maladies les plus répandues dans la
vigne, notamment française, et qu'elle a de graves conséquences sur le plan
économique et sur la pérennité du vignoble.

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