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La Doctrine secrète

de l’Anahuac

Message de Noël 1974 - 1975

Par Samaël Aun Weor


Sommaire

1. Les Sept Cavernes Célestes 3


2. Lucifer-Nahuatl 15
3. Lévitations Mystiques 26
4. Le Docteur Faust 33
5. Techniques Jinas 42
6. Aztlan 48
7. L’Atlantide 55
8. Le Serpent Sacré 63
9. La Croix de Saint-André 69
10. L’Anthropologie Gnostique 94
11. Mexico-Tenochtitlan 110
12. Le Cataclysme Final 122
13. Paradis et Enfers 138
14. Le Binaire Serpentin 150
15. Les Élémentaux 157
16. Au Sujet des Rêves 175
17. Discipline du Yoga du Sommeil 181
18. Le Sommeil Tantrique 188
19. La Pratique du Retour 191
20. Les Quatre Béatitudes 194
21. L’Ange-Gardien 200
Glossaire des termes Mayas et Nahuatls 207

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1. Les Sept Cavernes Célestes

Pour le bien de la Grande Cause, nous commencerons ce


traité par la transcription d’un texte merveilleux.

Il s’agit, plus exactement, d’un récit consigné par Fray Diego


Duran dans son œuvre remarquable intitulée « Histoire du
Mexique. » (Voir l’ouvrage de Don Mario Roso de Luna : Le
Livre qui tue la Mort, El Libro que mata a la muerte,
p 126 à 134.)

Puisque je n’aime pas me parer des plumes d’autrui, nous


mettrons les paragraphes entre guillemets :

« Cette Histoire des Indiens de la Nouvelle-Espagne et des


Iles de Terre Ferme par Fray Diego Duran, admirable livre
écrit au début de la colonisation espagnole du si vaste
empire, raconte que l’empereur Moctezuma, se voyant dans
la plénitude de l’opulence et de la gloire, se crut rien de
moins qu’un Dieu. Les mages et les sacerdotes du royaume,
beaucoup plus sages que lui et plus riches, puisqu’ils
dominaient tous leurs désirs inférieurs, durent lui dire : Ô
notre roi et notre seigneur ! Ne t’enorgueillis en aucune façon
de tout ce qui plie à tes ordres. Tes ancêtres, les empereurs que
tu crois morts, te surpassent, là-bas dans leur monde, autant
que la lumière du soleil surpasse celle d’un quelconque ver
luisant.

Alors l’empereur Moctezuma, avec plus de curiosité encore


que d’orgueil, décida d’envoyer une brillante ambassade
chargée de présents vers la Terre de ses aïeux, soit la
demeure bénie de l’Aube, au-delà des sept grottes de

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Pacaritambo d’où l’on disait que provenait le peuple aztèque
et desquelles leurs vieilles traditions parlent avec tant
d’éloge. La difficulté, cependant, était de trouver les moyens
et le véritable chemin pour parvenir avec bonheur à une
région si obscure et mystérieuse, chemin qu’en vérité
personne ne semblait plus connaître.

L’empereur fit alors comparaître devant lui son ministre


Tlacaelel-Cihuacoatl, lui disant :

— Tu dois savoir, ô Tlacaelel !, que j’ai résolu de réunir une


troupe composée de mes généraux les plus héroïques et de les
envoyer, en grand apparat et somptueusement apprêtés, avec
une grande partie des richesses que le Grand Huitzilopochtli a
bien voulu nous accorder pour sa gloire, afin qu’ils aillent
déposer ces richesses, avec révérence, à ses augustes pieds. En
outre, étant donné que nous possédons des notices dignes de
foi attestant que la mère elle-même de notre Dieu vit encore, il
pourrait donc lui être agréable d’apprendre la grandeur et la
splendeur atteintes par ses descendants à l’aide de leurs bras
et de leur tête.

Tlacaelel répondit :

— Puissant Seigneur, en parlant comme tu l’as fait, tu n’as pas


été mu, non, en ton être royal, par un désir d’affaires
mondaines ni par les déterminations propres de ton si auguste
cœur, mais plutôt parce qu’une déité éminente te pousse ainsi
à entreprendre une aventure aussi inouïe que celle à laquelle
tu veux te livrer. Toutefois, tu ne dois pas ignorer, Seigneur,
que ce que tu as déterminé de manière si décisive n’est pas une
chose de simple force, ni d’adresse ou de vaillance, ni d’aucune
manœuvre guerrière, ni même d’astuce politique, mais chose
de sorcières et d’enchanteurs, seuls capables de nous découvrir
de prime abord, grâce à leurs arts, le chemin qui peut nous

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conduire en pareil endroit. Car tu dois savoir, ô puissant
Prince, que, selon ce que racontent nos vieilles histoires, ce
chemin a été coupé depuis de longues années et que sa partie
qui se trouve de ce côté-ci du monde est obstruée par d’épais
halliers et des rochers broussailleux peuplés de monstres
invincibles, par des déserts de sable et des lagunes sans fond,
par d’impénétrables forêts de laîches et de roseaux où perdrait
la vie quiconque tenterait, entreprise combien téméraire,
d’emprunter cette voie. Recherche donc, Seigneur, comme
unique remède contre d’aussi grands obstacles, ces gens sages
dont je t’ai parlé, car eux seuls, par leurs arts magiques,
pourront peut-être éviter tous ces impossibles obstacles et se
rendre jusque là bas pour te rapporter ensuite les nouvelles
qui nous sont nécessaires concernant une telle région, région
dont on certifie que lorsque nos aïeux et nos pères l’ont
habitée, avant de venir, à la suite d’une longue pérégrination,
jusqu’aux lagunes de Mexico où ils virent le prodige du nopal
ou buisson ardent, elle était un lieu de séjour amène et sublime
où ils jouissaient de la paix et du repos, où ils vivaient des
siècles et des siècles sans devenir vieux ni savoir ce qu’étaient
les maladies, les fatigues ou la douleur, sans avoir, enfin,
aucun des asservissants besoins physiques que nous endurons
ici ; mais après que nos ancêtres furent sortis d’un tel Paradis
pour venir ici, tout leur devint ronces et chardons ; les herbes
les piquaient ; les pierres les blessaient et les arbres du chemin
étaient devenus, pour eux, durs, épineux et inféconds, tout se
conjurant contre eux pour les empêcher de retourner là-bas et
pour qu’ainsi ils accomplissent leur mission dans ce monde qui
est le nôtre.

Moctezuma, écoutant le bon conseil du sage Tlacaelel, se


souvint de l’historien royal Cuauhcoatl, littéralement :
l’Aigle-Serpent, c’est-à-dire, le Dragon de la Sagesse, nom
toujours attribué aux Adeptes de la “main droite” ou

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magiciens blancs, vénérable vieillard dont personne ne
connaissait l’âge, et il le fit immédiatement conduire jusqu’à
sa retraite dans la montagne, lui disant, après l’avoir salué
avec révérence :

— Mon père, très noble Ancien et gloire de ton peuple :


j’aimerais beaucoup apprendre de toi, si tu daignes me le dire,
quelle mémoire tu gardes, en ta sainte vieillesse, au sujet de
l’histoire des Sept Cavernes célestes où habitent nos
vénérables ancêtres, et quel est ce lieu saint où demeure notre
Dieu Huitzilopochtli, et duquel sont venus jusqu’ici nos pères.

— Puissant Moctezuma, répondit solennellement l’ancien, ce


que ton serviteur sait, en ce qui concerne ta question, c’est que
nos ancêtres, en effet, ont demeuré en cet indescriptible et
heureux endroit qu’ils ont appelé Aztlan, synonyme de pureté
ou de blancheur. Là subsiste toujours une grande colline au
milieu de l’eau, qu’ils ont appelée Culhuacan, ce qui veut dire :
colline tortueuse ou des serpents. C’est en cette colline que se
trouvent les cavernes et c’est là qu’ont vécu nos ancêtres
pendant très longtemps, avant de venir ici. Là-bas, sous les
noms de Medjinas et d’Aztèques, ils ont eu un très grand
repos ; là-bas, ils jouissaient d’une grande quantité de canards
de toute espèce, hérons, cormorans, foulques, poules d’eau et
de multiples sortes de poissons admirables ; de la douce
fraîcheur des champs plantés d’arbres lourds de fruits, et
qu’embellissaient encore des papillons jaunes à la tête
multicolore ; de fontaines entourées de saules, de sabines et
d’énormes alisiers. Ces gens allaient en canoës, et dans leurs
sillons ils semaient du maïs, du piment, des tomates, des
nahutlis, des haricots et les autres genres de graines que nous
mangeons ici et qu’ils ont rapportées de là-bas, en en perdant
d’ailleurs beaucoup d’autres en chemin. Mais, après qu’ils
furent partis de là pour gagner la terre ferme et qu’ils eurent

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perdu de vue ce lieu délectable, tout, absolument tout, se
retourna contre eux ; les herbes les mordaient, les pierres les
coupaient ; les champs étaient pleins de ronces et ils
trouvèrent des halliers et des bois d’aubépines qui les
empêchaient de passer, de s’asseoir ou de se reposer au milieu
d’eux. Ils trouvèrent partout, en outre, des vipères, des
couleuvres et d’autres bestioles venimeuses ; aussi, des tigres,
des lions et d’autres animaux féroces qui leur disputaient le sol
et leur rendaient la vie impossible. Voilà tout ce qu’ont laissé
nos ancêtres et c’est ce que je peux te dire en me fondant sur
nos histoires, ô puissant Seigneur !

Le Roi répondit au vieillard que telle devait être la vérité,


puisque Tlacaelel donnait la même relation. Ainsi donc, il
commanda sur le champ qu’on aille par toutes les provinces
de l’Empire rechercher et convoquer tous les enchanteurs et
sorciers que l’on pourrait trouver. On amena alors devant
Moctezuma une soixantaine d’hommes, tous gens d’un grand
âge et connaisseurs de l’art magique, et une fois qu’on eut
réuni les soixante, l’Empereur leur dit :

— Pères et anciens, j’ai résolu de connaître où se trouve le lieu


d’où sont partis les mexicains, il y a très longtemps, et de
savoir avec exactitude quelle est cette terre, qui l’habite, et si
la mère de notre Dieu Huitzilopochtli vit encore. C’est
pourquoi je vous ai convoqués, pour que vous alliez là-bas, par
le moyen que vous jugerez le plus approprié, et que vous
reveniez vite ici.

Il ordonna en outre qu’on apporte une grande quantité


d’étoffes de toutes sortes, de vêtements luxueux, d’or et de
joyaux de grande valeur ; beaucoup de cacao, de coton, de
teonacaztli, de roses, de haricots noirs, et de plumes d’une
grande beauté ; le plus précieux, enfin, de son trésor, et il le
remit à ces sorciers, leur donnant, aussi, leur salaire et

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beaucoup de nourriture pour le chemin, afin qu’ils
accomplissent avec le plus grand soin leur mission.

Les sorciers partirent donc, et arrivés à une colline appelée


Coatepec, qui est située à Tula, ils firent leurs invocations et
leurs cercles magiques, s’enduisant de ces onguents qui sont
encore utilisés pour de telles opérations.

Une fois rendus là, ils invoquèrent le Démon (leur Daemon


familier respectif, le Lucifer particulier de chacun, pour ainsi
dire) et ils le supplièrent de leur montrer le véritable endroit
où leurs ancêtres avaient vécu. Le Démon, contraint par ces
incantations, les transforma, les uns en oiseaux, les autres en
bêtes féroces, lions, tigres, chacals et en effrayants chats
sauvages, et il les transporta, eux et tout leur bagage, à
l’endroit habité par leurs ancêtres.

Arrivés à une grande lagune, au milieu de laquelle se


trouvait la colline de Culhuacan, ils se posèrent sur la berge
et reprirent leur forme humaine ; l’histoire raconte
qu’apercevant des gens qui pêchaient sur l’autre rive, ils les
appelèrent. Les gens montèrent dans leurs canoës et
s’approchèrent d’eux, leur demandant d’où ils venaient et où
ils allaient. Ils répondirent alors :

— Seigneurs, nous sommes des sujets du grand Empereur


Moctezuma, de Mexico, et nous venons, sur son ordre,
rechercher le lieu où ont habité nos ancêtres.

Les gens de cette terre leur demandèrent alors quel Dieu ils
adoraient, et les voyageurs répondirent :

— Nous adorons le grand Huitzilopochtli, et Moctezuma de


même que son conseiller Tlacaelel-Cihuacoatl nous ont
ordonné de rechercher la mère de Huitzilopochtli, car nous
apportons de riches présents pour elle et pour toute sa famille.

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Les habitants de ces lieux retournèrent au rivage et
rapportèrent les propos des voyageurs à un vénérable
vieillard réputé pour sa profonde sagesse. L’ancien leur dit :

— Qu’ils soient les bienvenus ; amenez-les ici.

Ils retournèrent à l’autre rive en canoë, y firent monter les


voyageurs et les conduisirent à la colline de Culhuacan,
colline que l’on dit d’un sable très fin, où s’enfonçaient les
pieds des voyageurs à tel point qu’ils ne pouvaient presque
pas avancer ; ils parvinrent ainsi, de peine et de misère, à la
petite maison que le vieillard avait au pied de la colline ; ils
saluèrent l’ancien avec beaucoup de révérence et lui dirent :

— Vénérable Maître, nous sommes tes serviteurs, en cet


endroit où ta parole est vénérée, et où l’on révère ta puissance
protectrice.

Le vieillard répliqua, avec un grand amour :

— Soyez les bienvenus, mes enfants. Qui est celui qui vous
envoie ici ? Qui est Moctezuma, et ce Tlacaelel-Cihuacoatl ? On
n’a jamais entendu ces noms ici ; en effet les seigneurs de cette
terre se nomment Tezacatetl, Acactli, Ocelopán, Ahatl,
Xochimitl, Auxeotl, Tenoch et Victon : ils sont sept hommes,
sept chefs de gens innombrables. Il y a aussi quatre
merveilleux gouverneurs, ou tuteurs du grand Huitzilopochtli,
deux d’entre eux s’appelant Cuauhtloquetzqui et Axolona.

Les voyageurs dirent, étonnés :

— Seigneur, tous ces noms nous sont connus comme ceux


qu’ont portés des êtres dans une très lointaine antiquité, et de
qui subsiste à peine la mémoire dans nos rites sacrés, car il y a
maintenant de longues années que tous ceux-là sont oubliés ou
morts.

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Le vieillard, ébahi par tout ce qu’il entendait, s’écria :

— Ô Seigneur de tout le créé ! Qui donc les aurait tués, s’ils se


trouvent ici vivants ? Car en ce lieu personne ne meurt, on y vit
toujours. Qui sont, alors, ceux qui vivent maintenant ?

Les émissaires répondirent, confus :

— Seuls vivent, seigneur, leurs arrière-petits-fils et leurs


arrière-arrière-petits-fils, eux-mêmes déjà très âgés. L’un d’eux
est le grand prêtre de Huitzilopochtli, appelé Cuauhcoatl.

Le vieillard, non moins surpris qu’eux, s’exclama, d’une voix


forte :

— Est-il possible que cet homme ne soit pas encore revenu ici,
alors que, jour après jour, sa sainte mère l’espère,
inconsolable, depuis qu’il est parti d’ici pour se rendre chez
vous ?

Puis le vieillard donna l’ordre du départ pour le Palais Royal


de la colline. Les émissaires, chargés des présents qu’ils
avaient apportés, essayèrent de le suivre, mais il leur était
presque impossible de faire un seul pas ; ils enfonçaient
plutôt, de plus en plus, dans le sable, comme s’ils marchaient
dans un bourbier. En les voyant dans un tel embarras et si
lourds qu’ils ne pouvaient avancer, tandis que lui cheminait
avec une telle prestance que c’est à peine s’il effleurait le sol,
l’ancien leur demanda affectueusement :

— Qu’avez-vous donc, ô mexicains, qu’est-ce qui vous rend si


maladroits et si lourds ? Pour en être arrivés là, qu’est-ce que
vous mangez dans votre pays ?

— Seigneur, lui répondirent les malheureux, là-bas nous


mangeons autant de mets que nous le pouvons provenant des
animaux qui y vivent, et nous buvons du pulque.

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À quoi le vieillard répondit, plein de compassion :

— Ces aliments et ces boissons, à l’égal de vos ardentes


passions, sont ce qui vous a rendus, mes enfants, si lourds et
maladroits. Ce sont eux qui vous empêchent de voir l’endroit
où vivent nos ancêtres et qui vous conduisent, enfin, à une
mort prématurée. Sachez en outre que toutes ces richesses que
vous apportez ne sont ici d’aucune utilité, car seules la
pauvreté et la simplicité nous entourent.

En disant tout ceci, l’ancien saisit avec une grande force les
charges de tous et, continuant à gravir la colline, il les porta
comme si elles ne pesaient qu’une plume.

Le chapitre XXVII de l’œuvre du Père Duran, commentée par


Don Mario Roso de Luna, et que nous paraphrasons ici, se
poursuit, dit Don Mario, par le récit de la rencontre des
ambassadeurs avec la mère de Huitzilopochtli, dont nous
extrayons le passage suivant :

Une fois rendus en haut, une femme leur apparut, d’un grand
âge, si sale et si noire qu’elle semblait une chose de l’enfer, et
en pleurant amèrement elle dit aux mexicains :

— Soyez les bienvenus, mes enfants, car vous devez savoir que
depuis qu’est parti d’ici votre Dieu et mon fils Huitzilopochtli,
je ne suis que larmes et tristesse en espérant son retour, et
depuis ce jour je ne me suis pas lavée le visage, ni peignée, ni
changée de robe, et ce deuil et cette tristesse dureront jusqu’à
ce qu’il revienne.

Voyant une femme si absolument négligée, les messagers,


remplis d’effroi, dirent :

— Celui qui nous a envoyés ici est ton serviteur, le Roi


Moctezuma, et son coadjuteur, Tlacaelel-Cihuacoatl ; tu dois

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savoir qu’il n’est pas le premier de nos rois mais le cinquième.
Les quatre autres rois, ses prédécesseurs, connurent beaucoup
de pauvreté et de famine, et ils furent tributaires d’autres
provinces, mais à présent la cité est prospère et libre, elle a
ouvert des routes par terre et par mer, et elle est à la tête de
toutes les autres cités ; elle a aussi découvert des mines d’or,
d’argent et de pierres précieuses, et ces richesses, nous te les
offrons en présents.

Elle leur répondit, ses pleurs maintenant apaisés :

— Je vous suis reconnaissante pour toutes vos informations,


mais je voudrais savoir si les vieux précepteurs (sacerdotes)
que mon fils emmena d’ici, sont vivants.

— Ils sont morts, madame, et nous ne les avons pas connus ; il


ne reste d’eux qu’une ombre et un souvenir presque effacé.

Fondant à nouveau en larmes, elle leur demanda alors :

— Qui donc les a tués, puisqu’ici même tous leurs compagnons


sont vivants ? Et elle ajouta aussitôt : Qu’est-ce que vous
apportez à manger ? C’est cela qui vous a engourdis et
attachés à la terre, et qui est la cause de ce que vous n’avez
pas pu monter jusqu’ici.

Et en les chargeant d’un message pour son fils, elle termina


en disant aux visiteurs :

— Avisez mon fils que le temps de sa pérégrination est


accompli, puisqu’il a enseigné à son peuple et tout assujetti à
sa volonté ; dans le même ordre des choses, des étrangers
viendront tout lui enlever, et lui devra revenir en notre giron
une fois sa mission accomplie, là-bas.

Elle leur donna une couverture et une culotte (ou ceinture)


de chasteté, pour son fils, et les renvoya.

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Mais les émissaires n’avaient pas plutôt commencé à
descendre par le flanc de la colline que la vieille les rappela,
leur disant :

— Attendez, vous allez voir comment, sur cette terre, il se fait


que les hommes ne vieillissent jamais. Vous voyez mon vieux
précepteur ? À mesure qu’il descendra d’ici, regardez-le
devenir un jeune homme.

Le vieillard commença à descendre et, en effet, plus il


descendait et plus il rajeunissait, et à peine était-il remonté
qu’il était redevenu aussi vieux qu’avant ; il leur dit :

— Vous devez apprendre, mes enfants, que cette colline a la


vertu de nous accorder l’âge que nous voulons, selon que nous
la gravissons ou la descendons. Vous ne pouvez pas
comprendre ceci, car vous êtes abrutis et corrompus par vos
aliments et vos boissons, et par le luxe et les richesses.

Et pour qu’ils ne s’en aillent pas sans être récompensés de ce


qu’ils avaient apporté, il leur fit apporter toutes sortes
d’oiseaux marins qui vivaient dans cette lagune, toutes
sortes de poissons et de légumes, des roses, des couvertures
de sisal et des culottes, une pour Moctezuma et une autre
pour Tlacaelel.

Les émissaires, après s’être enduits d’onguents, comme à


l’aller, se changèrent en les mêmes bêtes féroces que la
première fois, pour pouvoir franchir le pays intermédiaire ;
ils revinrent à la colline de Coatepec et, reprenant là leur
apparence rationnelle, ils se mirent en marche pour la cour
royale, non sans remarquer que de leur groupe il en
manquait au moins vingt, parce que le Démon, sans doute,
les avait décimés en paiement pour son travail, pour les
avoir déplacés de plus de trois cents lieues en huit jours, et

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les avoir ramenés encore plus vite que cet autre qu’il
transporta depuis le Guatemala en trois jours, accédant au
désir qu’avait une certaine vieille dame de voir son beau
visage, selon ce qu’on raconte à propos du premier autodafé
que la Sainte Inquisition célébra au Mexique.

Moctezuma fut émerveillé par le récit de ses ambassadeurs


et, appelant Tlacaelel, il loua avec lui la fertilité de cette
sainte terre de leurs ancêtres, la fraîcheur de ses bosquets,
l’abondance sans égale de toutes choses, puisque toutes les
semailles se faisaient en même temps, et tandis que les unes
mûrissaient, d’autres étaient encore jeunes, d’autres en
herbe, et d’autres naissaient, de sorte que, là-bas, on ne
pouvait jamais connaître la misère. En évoquant pareille
terre de félicité, Roi et ministre se mirent à pleurer
amèrement, ressentant la nostalgie de cette contrée et le
désir ardent et sans limites de retourner y habiter quelque
jour, une fois accomplie ici-bas leur mission humaine.

Ici s’arrête la délicieuse relation de Fray Diego Duran,


transcrite par Don Mario Roso de Luna, l’insigne écrivain
théosophe. »

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2. Lucifer-Nahuatl

Parlons maintenant un peu, mais de manière très claire, du


Divin Daemon de Socrate, le fameux Lucifer de la Cathédrale
Notre-Dame de Paris, Xolotl-Nahuatl lui-même, lequel, sur la
colline magique de Coatepec, qui se trouve à Tula, est
accouru plus vite que le vent à l’invocation incantatoire des
soixante anciens.

Extraordinaire et enchanteresse Tula qui, en vérité, n’est


autre que la Thulé scandinave dont nous parlent les vers
sublimes du grand Sénèque, située aux confins de ce monde,
pour ainsi dire.

Xolotl, l’ombre vivante de Quetzalcóatl, Lucifer-Prométhée,


est le « porteur de lumière », l’étoile du matin, le symbole
vivant de notre pierre angulaire, la pierre du coin, la Pierre
Philosophale, qui est la clé de tous les pouvoirs.

Lucifer-Xolotl, prenant parfois l’aspect du bouc de Mendès,


symbolise la puissance sexuelle.

Moïse, au retour du Sinaï où il avait rencontré Jéhovah,


portait sur le front deux rayons lumineux en forme de cornes
de bouc, ce qui indique qu’il avait travaillé avec la force
sexuelle.

Il est écrit, dans des textes hébraïques, que l’Arche de


l’Alliance portait à ses quatre angles des cornes de bouc.

Ésaïe, le Prophète, s’exclame pour sa part (Ésaïe 14:12-15) :

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« Comment es-tu tombé du ciel, ô Astre brillant du matin, fils
de l’aurore ! Comment as-tu été jeté par terre, toi qui
dominais les nations !
Toi qui disais en ton cœur : Je monterai aux cieux, au plus
haut. Au-dessus des étoiles de Dieu, j’élèverai mon trône. Je
siégerai sur la montagne sainte, dans les profondeurs de
l’Aquilon.
Je monterai au sommet des nuées, et je serai pareil au
Très-Haut.
Eh bien ! Tu es descendu au shéol, dans les profondeurs de
l’Abîme ! »

Les Pères de l’Église, Siméon, Pacôme, Euloge, Antoine


voyaient chacun leur Lucifer particulier (car chaque
personne a le sien), sous l’aspect d’une délicieuse jeune fille,
ou d’un homme terrible aux cornes luisantes, ou encore d’un
enfant avec une tunique noire.

Écoutons le merveilleux chant d’Ézéchiel au beau démon


Lucifer-Xolotl :

« Tu étais le sceau de la perfection.


Plein de sagesse et parfait en beauté.
Tu habitais en l’Éden, au Jardin de Dieu.
Tu étais couvert de toute sorte de pierres précieuses.
Le rubis, la topaze, le diamant,
la chrysolite, l’onyx, le béryl,
le saphir, l’escarboucle, l’émeraude et l’or te couvraient. »

« Par la multitude de tes tractations,


tu as rempli ton enceinte de violence et tu as péché,
et je t’ai précipité de la montagne sainte
et je t’ai rejeté d’entre les fils de Dieu.
Le Chérubin protecteur t’a fait périr. » (Ézéchiel 28:12-19)

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« À Monte Alban, ce personnage éveille une véritable
sympathie : l’entité nue, avec les extrémités contrefaites, la
bouche féline et une attitude dynamique qui singularise les
débuts de cette cité, ne peut mieux représenter Xolotl
(Lucifer). Son association à la fois avec le tigre, avec le feu,
dont les flammes remplacent parfois les parties génitales, et
avec le mouvement de chute, en sont des preuves
suffisantes. » (Laurette Séjourne, L’Univers de Quetzalcóatl)

Xolotl-Lucifer-Prométhée est, manifestement, le double de


Quetzalcóatl, le prince de la lumière et des ténèbres, et il a
un pouvoir absolu sur les cieux, la terre et les enfers.

Incontestablement, le divin Daemon est la réflexion de Dieu


à l’intérieur de nous-mêmes, ici et maintenant, et il peut
nous conférer la puissance, la sagesse et l’égalité avec Dieu :
« Eritis sicut dei », « Vous serez comme des Dieux ».

La Pierre Philosophale (Lucifer-Xolotl), sous-jacente au fond


même de nos organes sexuels, doit réconcilier les contraires,
les frères ennemis : Coincidentia Oppositorum, Coïncidence
des Opposés, pour que nous soyons des Dieux.

Le Feu vivant et philosophal des vieux alchimistes


médiévaux gît, latent, au fond de notre système séminal, et il
n’attend, dans une mystique expectative, que le moment
d’être éveillé.

INRI : Ignis Natura Renovatur Integram (Le feu renouvelle


intégralement la nature). In Necis Renascor Integer (Dans la
mort renaître intact et pur).

Saint-Thomas dit : « Le plus haut, le plus parfait des anges,


l’ange préféré de Dieu. »

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Dante écrit : « Plus noble qu’aucune créature, et la somme de
toutes les créatures. »

Indubitablement, Xolotl-Lucifer n’est en aucune façon un


agent étranger, en dehors de notre psychisme ; tout au
contraire, il est, assurément, l’ombre de notre Être Divin à
l’intérieur de notre « fond intime particulier ».

Il est écrit en lettres d’or dans le Livre de la Vie que sur les
griffes de la patte droite de Lucifer-Nahuatl resplendissent
glorieusement certains signes dorés terriblement divins.

Xolotl-Lucifer-Prométhée est l’entraîneur psychologique


dans le gymnase de la vie pratique.

Vaine alarme, tapage, tumulte inutile que celui de certaines


confréries qui propagent par-ci, par-là, des sottises sans
fondement et diffamantes contre le Chinoupes Solaire
Gnostique, le Christos Agathodaemon, le Serpent de la
Genèse, Lucifer-Nahuatl, le Resplendissant Dragon de
Sagesse.

Xolotl-Lucifer est mal vu, souillé par ces rustres « modèles


de savoir » qui, répudiant l’Esprit qui vivifie, ont interprété
l’allégorie de la guerre dans les cieux et de la lutte de Michel
contre le dragon au pied de la lettre, sans comprendre leur
profonde signification.

Croisade, combat céleste qui doit incontestablement se


dérouler dans les profondeurs vivantes de notre propre
conscience ; lutte héroïque contre les passions animales que
nous portons à l’intérieur, personnifiées dans le
« Moi-même », dans le « Soi-même ».

Indubitablement, notre Réel Être intérieur profond doit tuer


ou échouer. Dans le premier cas, il se convertit évidemment

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en le tueur du Dragon, par le fait même qu’il est sorti
victorieux de toutes les tentations qui se sont présentées à
lui.

Xolotl-Lucifer comme précepteur, éducateur, mentor, c’est


certainement quelque chose d’insolite, d’inusité,
d’extraordinaire.

Il y a dans la tentation Luciférienne une didactique


inimitable, une pédagogie prodigieuse, une attraction qui
étonne, un aiguillon incomparable, une instigation cachée
avec des intentions divines secrètes, une séduction, une
fascination.

De tout ceci nous pouvons inférer qu’à l’intérieur de nos


profondeurs intimes nous pouvons et devons lutter contre le
Dragon et ses armées ténébreuses (les défauts
psychologiques) si vraiment nous voulons nous convertir en
« Fils de la Sagesse » et en « Dieux Immortels ».

Sur la terre sacrée des Védas, Indra, le resplendissant Dieu


du firmament, tue Vritra ou Ahi, le Démon-Serpent,
Lucifer-Xolotl, prouesse pour laquelle il est appelé Vritrahan,
le « Destructeur de Vritra », raison pour laquelle on lui
donne le surnom de Hishnou : « Conducteur de l’Armée
céleste ».

La Croix est un symbole très antique, employé depuis


toujours, dans toutes les religions, chez tous les peuples, et il
se tromperait lourdement, celui qui la considérerait comme
un emblème exclusif de telle ou telle secte religieuse ;
lorsque les conquistadores espagnols sont arrivés sur la
terre sainte des aztèques, ils ont rencontré la Croix sur les
autels.

19
Le plan des grands édifices religieux du Moyen-Âge, par
adjonction d’une abside semi-circulaire ou elliptique soudée
au chœur, épouse la forme du signe hiératique égyptien de la
Croix Ansée, qui se lit Ank, et désigne la vie universelle
cachée en toutes choses.

D’autre part, l’équivalent hermétique du signe Ank est


l’emblème de Vénus ou Cypris-Lucifer, le cuivre, l’airain ou le
laiton.

« Blanchis le laiton et brûle tes livres », nous répètent sans


cesse tous les bons auteurs de l’Alchimie médiévale
(Fulcanelli, Le Mystère des Cathédrales).

Ostensiblement, cette expression, cette prière, cet axiome,


s’il est sagement traduit, signifie : Magie Sexuelle, chasteté
scientifique, mort radicale de l’Ego animal.

Quetzalcóatl, ressuscité après avoir « blanchi le laiton »,


devient l’Étoile du Matin.

L’Apocalypse de Saint-Jean dit :

« Au vainqueur, à celui qui gardera mes œuvres jusqu’à la fin,


je donnerai pouvoir sur les nations. Et c’est avec un sceptre de
fer qu’il les mènera, et elles seront fracassées comme un vase
d’argile ! Ainsi, moi-même j’ai reçu ce pouvoir de mon Père. Et
je lui donnerai l’Étoile du Matin. Celui qui a des oreilles,
entende ce que l’Esprit dit aux Églises. » (Apocalypse 2:26-29)

Bel et le Dragon, Quetzalcóatl et Xolotl, Apollon et Python,


Krishna et Kaliya, Osiris et Typhon, Michel et le Dragon
Rouge, Saint-Georges et son Dragon, sont toujours le Logoï
divin particulier de chacun de nous et son double projeté
dans notre psychisme pour notre bien.

20
Il n’est pas superflu d’affirmer avec insistance et avec une
totale lucidité que tuer le Dragon Vénus-Lucifer-Xolotl
équivaut à nous convertir en ses propres enfants,
c’est-à-dire, recevoir l’Étoile du Matin.

Durant toute l’antiquité, les dragons ont été considérés


comme un symbole de l’Éternité et de la Sagesse.

Les Hiérophantes d’Égypte, de Babylone et de l’Inde,


portaient généralement le nom de « Fils du Dragon et des
Serpents », corroborant ainsi les enseignements du
Gnosticisme Universel.

Xolotl, l’ombre ou le double du Christ Mexicain Quetzalcóatl,


se précipitant depuis l’Empyrée vers nos propres enfers
atomiques, voilà une chose extraordinaire, ahurissante.

Xolotl signifie à la fois chien et jumeau. Il n’est pas inutile de


rappeler ici même que le Père Sahagun affirme que le chien
est le symbole du Feu d’origine céleste.

Le « Feu Sexuel », le chien, l’instinct érotique,


Lucifer-Nahuatl, est cet agent extraordinaire et merveilleux
qui peut nous transformer radicalement.

Le chien guide le Chevalier en le conduisant sur l’étroit


chemin qui va des ténèbres à la Lumière, de la mort à
l’Immortalité.

Il est indispensable de tirer de la demeure de Pluton


Xolotl-Cerbère, prodige de terreur qui, avec ses aboiements,
ses trois énormes têtes aplaties et son cou entouré de
serpents, remplit d’épouvante tous les défunts.

Xolotl-Cerbère, le tricéphale, tire sur la laisse que tient son


maître pour le diriger en toute sûreté sur le sentier escarpé
qui mène à la Libération finale.

21
Xolotl-Lucifer, comme archétype du pénitent et muni de la
ceinture de chasteté, devenu anachorète, suscite la lumière
dans les ténèbres et éclaire tout l’ésotérisme Christique.

Xolotl-Lucifer, en possession de la dépouille mortelle qu’il


doit ressusciter, nous indique la nécessité de mourir pour
être.

Il est nécessaire de réfléchir, de méditer, de comprendre : la


mort du « Moi-même » est incontestablement la condition
indispensable de la résurrection ésotérique qui doit être
réalisée ici et maintenant, grâce à l’Alchimie Sexuelle.

« Il faut, en effet, que cet être corruptible revête


l’incorruptibilité et que cet être mortel revête l’immortalité.
Et lorsque cet être corruptible aura revêtu l’incorruptibilité, et
que ce mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira la
parole de l’Écriture : La mort a été engloutie dans la victoire.
Où est-elle, ô mort, ta victoire ? Où est-il, ô mort, ton
aiguillon ? » (1 Corinthiens 15:53-55)

La didactique stimulante et séductrice de Xolotl-Lucifer, si


on sait en profiter intelligemment, rend possible la
résurrection magique.

La tentation est du feu : le triomphe sur la tentation est


lumière. Il faut d’urgence, sans aucun délai, immédiatement,
éliminer les éléments indésirables que nous charrions à
l’intérieur de nous.

Il s’avère des plus urgent, indispensable, de faire preuve de


discernement, d’user de discrimination, afin de comprendre
concrètement la signification profonde de certaines valeurs
symboliques. Je veux parler, plus précisément, du tigre et du
chien.

22
Incontestablement, ce Xolotl-Lucifer portant le hiéroglyphe
solaire, étant donné qu’il se trouve à la racine de notre
système séminal, assume le rôle merveilleux du chien
Cerbère tel que représenté par Dante dans la Divine
Comédie.

Le tigre est différent, et ils le savent bien, ces « jaguars » du


Mouvement gnostique, ces « Chevaliers-Tigres » qui, tels de
véritables félins de la Psychologie Révolutionnaire, se sont
lancés contre eux-mêmes, contre leurs propres défauts
psychologiques.

Le chien et le tigre se trouvent, indubitablement, associés


ésotériquement pour le même travail.

L’humanisation du tigre dans l’art aztèque est une chose qui


étonne tout mystique.

Il serait tout à fait impossible d’extirper nos agrégats


psychiques, ces défauts intimes qui, ensemble, constituent le
Moi, sans l’aide de cette particule divine, ou Monade
intérieure, que nous rappelle la hache, signe de la foudre,
que « l’Homme-Tigre » représente très clairement.

Il est écrit en toute lucidité dans le Livre de la Vie que « celui


qui veut monter doit d’abord descendre », et que « toute
exaltation est précédée d’une humiliation ».

La descente à la Neuvième Sphère des temps anciens fut


toujours l’épreuve maximale pour recevoir la suprême
dignité d’Hiérophante. Jésus, Bouddha, Hermès, Quetzalcóatl,
durent passer par cette terrible épreuve.

C’est là que descend Mars pour retremper son épée et


conquérir le cœur de Vénus ; et Hercule, pour nettoyer les

23
écuries d’Augias, et Persée pour trancher la tête de la
Méduse.

Quetzalcóatl (et son double), dans les profondeurs


terrestres, dans l’Enfer de Dante, dans la terrible demeure de
Pluton, doit mourir radicalement s’il veut ressusciter d’entre
les morts.

« Au milieu de cet antre un orme gigantesque déploie ses


rameaux séculaires ; c’est dans cet orme qu’habitent les vains
songes de l’humanité souffrante, collés à ses feuilles comme
des insectes.
Par là se promènent les Centaures : Briarée, le géant aux cent
bras ; l’Hydre de Lerne, que tua Hercule en lui tranchant ses
nombreuses têtes ; la Chimère, ce monstre au corps de chèvre ;
les Gorgones, les Harpies et le Spectre aux trois corps.
Elle est épouvantable la voie qui conduit au Tartare par les
eaux de l’Achéron, parmi les tourbillons de boue et la
turbulence des eaux noires.
Un horrible nocher, aux cheveux blancs hérissés, aux yeux
étincelants comme des braises de charbon et à la longue barbe
négligée, manœuvre la barque qui passe les âmes de l’autre
côté.
Là, toute une foule tourmentée et nombreuse se presse sur la
rive, et tous ces gens tendent les mains dans leur avidité
d’atteindre l’autre rive. Mais le nocher choisit
capricieusement, il prend tantôt celui-ci, tantôt celui-là, et les
autres qui attendent et supplient en vain, il les repousse loin
du rivage.
Ces derniers sont ceux qui n’ont pas reçu de sépulture ; ils se
désespèrent pendant un temps interminable sur ces bords,
jusqu’à ce qu’une main pieuse, là-bas sur la terre, recueille leur
dépouille et enferme leurs cendres dans l’urne funéraire.

24
Alors s’ouvre la demeure de Pluton et les âmes entrent dans
leur triste lieu de repos, privées de lumière, étant dès lors
l’ombre de ce qu’elles furent. » (Dante Alighieri, « Divine
Comédie »)

25
3. Lévitations Mystiques

La « quatrième coordonnée » est indubitablement cet


hyperespace de l’Hypergéométrie, grâce auquel il est
possible d’accomplir des actes surnaturels tels que
l’apparition ou la disparition d’un corps dans l’espace
tridimensionnel d’Euclide, ou faire sortir un objet
quelconque de l’intérieur d’une boîte hermétiquement close,
etc.

Il a été clairement démontré que lorsqu’un électron et un


positon s’annihilent pour libérer de l’énergie, deux grains de
lumière apparaissent, ou plus exactement deux rayons
gamma.

Les expériences qui permettent de constater la crue réalité


de ce phénomène, viennent par le fait même démontrer
l’existence de la quatrième dimension.

Incontestablement, les nombreux phénomènes connus de


lévitation authentique ont été rendus possibles grâce à
l’agent extraordinaire de la quatrième verticale.

Il n’est pas inutile de préciser que la lévitation mystique


consiste tout simplement en une élévation inusitée du corps
physique au-dessus du sol.

Puisque beaucoup de gens ne connaissent même pas l’abc de


cette question, il convient de rappeler les cas de plusieurs
anachorètes qui ont lévité en présence, souvent, de
nombreux témoins.

26
Commençons par Saint-Étienne, Roi de Hongrie, illustre
seigneur du Moyen-Âge, mort en l’an 1038, qui aurait flotté
dans l’espace, une nuit qu’il priait dans sa tente.

Poursuivons avec Saint-Dunstan, archevêque de Canterbury,


grand homme de Dieu qui, le jour de l’Ascension
précisément, le 17 mai 988, se serait élevé miraculeusement
jusqu’à la voûte majestueuse de la cathédrale.

Voici à présent, dans l’ordre chronologique, plusieurs


cénobites renommés et d’insignes dames à la sainteté
reconnue :

Saint-Ladislas de Hongrie (1041-1095), célèbre anachorète


qui, lors d’une nuit historique, aurait flotté au-dessus du sol
tandis qu’il priait dans le fameux monastère de Varadin.

Sainte-Christine (1150-1224), l’admirable et illustre


mystique qui, déjà considérée comme morte, se serait élevée
doucement vers la voûte de l’église, en plein service funèbre.

Sainte-Isabelle de Hongrie, insigne religieuse supérieure ;


Saint-Edmond ; Sainte-Ludgarde, nonne réputée ; le
Bienheureux Gilles de Santarem ; la mystérieuse Marguerite
de Hongrie ; la spirituelle Sainte-Dulceline ; le célèbre
Saint-Thomas d’Aquin, fameux maître de Sagesse ;
Sainte-Agnès de Bohême, et beaucoup d’autres qui, s’étant
immergés dans la quatrième dimension, se mirent tous à
flotter durant leur extase.

Élévations extraordinaires, envols magiques, sorties rapides


dans la verticale, suspensions dans les airs, ascensions,
transportations, circulation aérienne à haute altitude, essors
passagers, extase, allégresse et ravissement.

27
La légende des siècles raconte, les Dieux et les hommes le
savent, que lorsque notre frère François d’Assise
(1186-1226) arriva au crépuscule de sa vie, ses extases sur
le mont Averne se sont multipliées.

Son disciple bien-aimé, le frère Léon, qui, tout joyeux, lui


apportait sa nourriture, le trouvait toujours en état de
ravissement, en dehors de sa grotte, flottant à une bonne
hauteur au-dessus de la terre parfumée. Parfois même,
s’élevant jusqu’au sommet des hêtres, il disparaissait alors,
en pénétrant dans la quatrième coordonnée.

Poursuivant notre enquête mystico-scientifique sur le thème


de la lévitation, mentionnons également Sainte-Catherine de
Ricci (1522-1589), la célèbre stigmatisée, qui fut prieure au
couvent des Dominicaines de Prato ; lorsqu’elle entrait en
extase, la grande mystique s’envolait et se mettait alors à
planer dans l’air ambiant.

De nombreux autres pénitents et cénobites, tels que


Saint-François de Paule, Saint-François d’Alcantara,
Saint-Thomas de Villeneuve, Saint-François Xavier, etc., se
détachaient du sol, en extase, et se maintenaient dans les
airs, devant l’extraordinaire étonnement de la conscience
publique.

Il y a aussi des cas fameux et extraordinaires de lévitation,


par leur côté insolite et inusité, comme ceux de cette
mystique appelée Thérèse d’Avila (1515-1582), qu’elle
décrit elle-même avec un luxe de détails, expliquant
dialectiquement comment l’ineffable pouvoir magique
l’absorbait à l’intérieur de la dimension inconnue pendant
qu’elle priait ; elle flottait alors devant les religieuses
ahuries.

28
Un jour parmi tant d’autres, peu importe lequel, cette Sainte
se trouvait si haut au-dessus du plancher qu’on ne put lui
donner l’hostie.

La double lévitation de Sainte-Thérèse d’Avila et de


Saint-Jean de la Croix, au Carmel d’Avila, causa l’étonnement,
la stupéfaction générale ; on a pu voir alors dans l’espace ces
deux mystiques en état d’extase.

On dit que le moine angélique connu autrefois sous le nom


de Joseph de Copertino s’est élevé soixante-dix fois dans les
airs ; ce haut fait magique s’est produit vers l’an 1650, et
c’est pour cette raison que le moine fut canonisé.

Chaque fois que cet ermite au doux visage se libérait de la


dure terre, il lançait une clameur ; interrogé par le cardinal
de Laurie au sujet de cet étrange et mystérieux cri à l’instant
précis de l’envol, le Saint répondit de manière ésotérique :
« La poudre, lorsqu’elle s’enflamme dans l’arquebuse, éclate
avec un grand bruit ; ainsi en est-il du cœur embrasé par
l’amour divin, Amen ! »

En scrutant de vieux manuscrits avec la ferme patience d’un


moine dans sa cellule, nous avons découvert, dans la terre
sacrée des Védas, la phrase suivante :

« Celui qui médite sur le centre du cœur obtiendra le contrôle


sur le Tattva Vayu (le principe éthérique de l’air), il recevra
aussi les Siddhis, les pouvoirs des Saints, Bhushari, Kechari,
Kaya, etc. (flotter dans les airs, introduire son esprit dans le
corps d’une autre personne, etc.). Il acquerra l’Amour
Cosmique et toutes les qualités Tattviques divines. »

Le développement substantiel du « cœur tranquille » est


indispensable et on ne peut plus urgent, si l’on veut

29
apprendre la science des « Jinas » (ou des Djinns),
c’est-à-dire la Doctrine de la lévitation.

Faire la tentative de notre aptitude « Jinas » serait incongru,


sans aucune relation avec le Tertium Organum ou troisième
« canon » de la pensée, si l’on n’a pas au préalable cultivé et
fortifié les pouvoirs mystiques des Saints dans un cœur
tranquille et serein.

Jamais nous ne voudrions interdire ou prohiber les


pratiques ésotériques de lévitation magique ; notre intention
n’est en aucune façon de semer la confusion ou d’être
trouble-fête ; nous désirons seulement suggérer la nécessité
du « Sacrificium intellectus » (le sacrifice de l’intellect), si en
vérité nous aspirons ardemment au développement
harmonieux des Feux du cœur.

Le mental théorétique et spéculatif cherche à s’épancher, il


s’étend et se développe aux dépens des subtiles énergies du
cœur, et c’est une chose vraiment déplorable.

La célébration intellective, mécaniste, aspire, vampirise sans


aucune pitié les pouvoirs vitaux du cœur.

Après de nombreuses années d’observation constante,


d’étude et d’expérience, nous avons pu vérifier à maintes
reprises que le sujet pseudo-ésotériste ou pseudo-occultiste,
enfermé dans son petit monde, dans sa coquille rationaliste,
dans les méandres de sa construction intellectuelle, se révèle
en fait, sur le terrain pratique de la lévitation, absolument
nul.

Il n’est pas inutile d’imiter Joseph de Copertino dans ses


prières et ses extases afin que le cœur, embrasé par l’Amour
Divin, se développe harmonieusement, en nous rendant
capables de pénétrer consciemment avec le corps physique

30
dans la quatrième verticale, au-delà de l’espace
tridimensionnel d’Euclide.

Incontestablement, ces soixante vieillards aztèques qui, sur


la colline de Coatepec, avaient fait leurs opérations et cercles
magiques pour se plonger ensuite dans la quatrième
coordonnée, avaient chacun déjà développé les feux
merveilleux du cœur.

Le récit de leur mystérieux voyage à travers la dimension


inconnue s’avère insolite, saisissant.

Indubitablement, dans « l’Univers Parallèle » de la quatrième


dimension, n’importe quelle métamorphose est possible.

Lucifer-Nahuatl, contraint par ses conjurations, transforma


les soixante ambassadeurs de Moctezuma en oiseaux, bêtes
féroces, lions, tigres, chacals et chats sauvages.

Le récit consigné par Fray Diego Duran dans son très


remarquable ouvrage intitulé Histoire du Mexique, n’est pas,
en effet, pure jactance, fantaisie joyeuse ou divertissement
littéraire.

Si nous confrontons ce récit avec l’histoire universelle des


Jinas, nous retrouverons, au Tibet, Milarepa, très vénérable
et adorable Maître, illustre ascète qui, comme n’importe
lequel des soixante anciens de Moctezuma, savait léviter
dans la quatrième dimension.

Parfait Adepte doué de facultés magiques, il eut la grâce de


pouvoir parcourir et visiter d’innombrables paradis sacrés
et cieux des Bouddhas de compassion, où, grâce à la vertu
rayonnante de ses actes et à son extraordinaire dévotion, les
Dieux qui régissent ces lieux bienheureux lui accordèrent

31
une grande faveur en lui permettant de s’exprimer sur le
sujet du Dharma.

Jésus, le grand Kabire, immergé avec son corps physique


dans la quatrième verticale, a marché sur les eaux du lac, les
Dieux et les hommes le savent très bien.

Philippe, l’Apôtre du Divin Rabbi de Galilée, est sans conteste


le Saint Patron des états de Djinn.

32
4. Le Docteur Faust

Le véritable Lucifer de la doctrine archaïque est, puisqu’il


faut le réhabiliter et le dignifier en retrouvant son essence
intime, tout le contraire de ce que les théologiens, tels que
Des Mousseaux et le marquis de Mirville l’ont supposé, car il
est, assurément, l’allégorie de la droiture, le symbole
extraordinaire et merveilleux du sacrifice le plus haut (le
Christus-Lucifer des gnostiques), et le même Dieu de Sagesse
sous d’innombrables appellations.

Xolotl-Lucifer-Prométhée est un avec le Logos platonicien, il


est le Ministre du Démiurge Créateur et le Seigneur
resplendissant des sept séjours de l’Hadès, du Sabbat et du
monde manifesté ; de lui relèvent l’Épée et la Balance de la
Justice Cosmique, puisqu’il est, sans nul doute, la norme du
poids, l’étalon de mesure et l’essence du nombre, l’Horus, le
Brahma, l’Ahura-Mazda toujours Ineffable.

Lucifer-Xolotl, le double de Quetzalcóatl, est le gardien de la


porte et des clés du Lumitial, pour que n’y puissent pénétrer
que les Oints qui possèdent le secret d’Hermès.

Ceux qui maudissent témérairement Lucifer-Nahuatl se


prononcent en fait contre la réflexion cosmique du Logos, ils
anathématisent le Dieu vivant manifesté dans la matière et
renient la sagesse toujours incompréhensible qui se révèle à
part égale dans les contraires de la lumière et des ténèbres.

La gloire de Satan est l’ombre d’Adonaï et le trône de Satan


est l’escabeau du Seigneur.

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Homologie, ressemblance, similitude : Soleil et Ombre, Jour
et Nuit : la Loi des contraires.

Elles sont au nombre de deux, les Armées du Logos ou du


Démiurge Architecte de l’Univers : dans les espaces
sublimes, les troupes aguerries de Michel, et dans l’Abîme du
monde manifesté, les légions de Satan.

Ce sont, ostensiblement : le Non-Manifesté et le Manifesté ;


le virginal et le déchu dans la génération animale.

C’est incontestablement sur Satan seul, jamais sur le Logos,


que retombe la honte de la génération ; celui-là a perdu son
éclat virginal élevé de Kumara lorsqu’il a mangé du fruit
défendu.

Grâce à la résurrection ésotérique, Lucifer-Nahuatl


reconquiert l’état virginal de Kumara.

La pierre angulaire du Grand-Œuvre est Lucifer-Nahuatl.


C’est sur cette pierre maîtresse, que les sages ont situé au
fond même de notre système sexuel, que le grand Kabire
Jésus a édifié son Église.

La pierre brute, avant d’être taillée pour le Grand-Œuvre,


est, certes, impure, matérielle et grossière ; c’est pour cette
raison intrinsèque qu’elle reçoit le nom de Diable.

Répéter s’avère parfois indispensable : il nous faut


comprendre intégralement et sans délai que chacun de nous
a son Xolotl-Lucifer particulier, réflexion parfaite de son
Logos spécifique.

Lucifer-Xolotl sous la forme aztèque du chien luciférien,


terreur de beaucoup de gens, pénètre d’habitude dans
l’espace tridimensionnel d’Euclide pour se rendre visible et
tangible dans le monde physique.

34
Le Comte Gaspard Moir de Loca, illustre seigneur des temps
passés, raconte comment se comportait « Prestigiar »,
l’étrange chien du Docteur Faust.

Ce chien noir à longs poils et au regard pénétrant était


indubitablement très intelligent.

Un soir, comme le chien voulait se coucher au centre éclairé


de la somptueuse salle de séjour, en présence du Comte,
Faust, s’adressant à Prestigiar, lui dit un mot dont le célèbre
aristocrate ne comprit pas la signification, et l’animal, la
queue entre les jambes, sortit de la pièce, en refermant
lui-même la porte.

Cet étrange comportement du chien ne parut franchement


pas très naturel au Comte.

Le Docteur Faust, en souriant, demanda à son ami comment


il avait trouvé son chien, et lui, répondant clairement et sans
ambages, dit qu’il le reverrait avec plaisir.

Rappelé par son maître, ce chien des Mille et Une Nuits


bondit à l’intérieur de l’enceinte et sauta ensuite sur un banc
rustique.

Les yeux de cette créature semblaient des billes de feu


ardent ; le chien avait pris un aspect terrifiant.

Lorsque le Docteur Faust lui caressa le dos, le poil noir du


mystérieux chien changea de couleur ; il devint blanc, puis
jaune et finalement rouge.

Le Comte, homme très prudent, préféra garder un


respectueux silence ; il décida après de parler d’autre chose.

Ainsi donc, le chien participe de la magie.

35
Ce généreux animal a toujours été, dans les temps anciens,
consacré au Dieu Mercure.

Il est manifeste que les vieux Hiérophantes de l’antique


Égypte tenaient le chien en grand honneur.

L’austère gardien du temple d’Esculape, dans la Rome


auguste des Césars, était toujours un chien.

Les Romains vénéraient le chien, mais aussi, chose


paradoxale, ils en crucifiaient un tous les ans.

Les Dieux et les hommes savent très bien que chaque année,
une de ces précieuses créatures était crucifiée, châtiment
implacable infligé aux chiens pour le crime de ne pas avoir
averti les Romains de l’arrivée des Gaulois.

Les chiens sacrés du Temple de Vulcain, sur l’Etna, étaient


religieusement traités.

N’oublions jamais que Cerbère, le chien gardien des enfers,


caressait ceux qui entraient et dévorait sans pitié ceux qui
essayaient d’en sortir.

Antre épouvantable où hurle Cerbère, prodige de terreur,


qui, avec ses aboiements, ses dents acérées, ses trois
énormes têtes aplaties et son cou enroulé de serpents,
remplit tous les défunts d’épouvante.

La légende des siècles dit que Cerbère fut endormi par la


Lyre d’Orphée quand celui-ci descendit au Tartare pour y
chercher Eurydice.

Nul doute que la Sibylle a aussi endormi


Xolotl-Lucifer-Cerbère, avec une pâte de miel et de pavots.

36
L’intervention extraordinaire de Cerbère dans toute la
liturgie funéraire est bien connue.

Dans les sépultures royales des temps anciens, et encore au


Moyen-Âge, on mettait un chien sous les pieds froids du
gisant ; symbole infernal profondément significatif.

N’oublions pas le « Lévrier », Can-Grande, Della Scala,


seigneur de Vérone et bienfaiteur de Dante.

Il ne se nourrit pas de terre ni d’étain, mais de Sagesse,


d’Amour et de Vertu.

Beaucoup d’autres animaux participent de la Haute Magie :


le corbeau, symbole de la corruption et de la mort de tous les
éléments inhumains que nous portons en nous ; la blanche
colombe, qui représente la pureté et la chasteté, de même
aussi que le Troisième Logos ; l’aigle jaune, qui avertit
l’alchimiste de la proximité du triomphe ; le faisan rouge qui,
associé à la pourpre des Rois, annonce au sage la
consommation totale du Grand-Œuvre.

L’énigmatique et puissant docteur Faust, très vénérable et


admirable Maître, illustre tahar, vivait dans l’aisance et le
confort, comme une personne très riche. Il accordait aux
animaux un rôle occulte et il aimait s’entourer d’eux, les
associant à ses prodiges.

À cette époque (1528) de vieille noblesse aux nombreux et


remarquables titres et au sang bleu, Faust, à la cour de
Prague, réalisait d’extraordinaires prodiges.

Pendant ce temps, un élégant gentilhomme de ses amis qui


vivait heureux dans une splendide demeure appelée À
l’Ancre, située rue du Château, à Erfurt (un endroit où logeait

37
souvent le docteur Johann Faust, enchanteur et magicien),
célébra une grande fête.

Mais les seigneurs invités au festin, assis à la table dorée, se


mirent à réclamer Faust à cor et à cri ; l’amphitryon de la
royale demeure leur déclara que Faust, l’homme à la
merveilleuse science, se trouvait à Prague.

Cependant, le vin l’ayant exaltée, la bruyante assemblée n’en


continuait pas moins d’appeler Faust avec une insolite
véhémence, le suppliant d’accourir au banquet.

À ce moment, quelqu’un frappa à la porte du somptueux


palais. Le domestique vit, par la fenêtre du premier étage,
que Faust était à côté de son cheval, devant la porte, comme
s’il venait de mettre pied à terre, et il faisait signe qu’on lui
ouvrît.

Le serviteur courut avertir le maître, qui se mit à rire


bruyamment, déclarant que c’était impossible, puisque le
Docteur Faust se trouvait à Prague.

Faust réitéra son appel sur le seuil de la riche demeure ; le


Seigneur de la résidence alla regarder à son tour. C’était bien
lui ! De ce ton impératif et catégorique qui caractérisait les
Seigneurs féodaux, il ordonna d’ouvrir et d’offrir à Faust le
meilleur accueil. Le fils du gentilhomme conduisit le cheval
aux écuries, promettant de lui donner tout le fourrage qui
serait nécessaire.

Le Docteur Johann Faust prit place à la table du festin, à


l’étonnement général des convives.

Le digne Seigneur de cette demeure, émerveillé au plus haut


point, ne put certes pas résister au désir de demander à
Faust comment il avait pu venir aussi rapidement de Prague.

38
— Je le dois à mon cheval, répondit-il. Comme Messieurs vos
hôtes désiraient si vivement me voir et m’appelaient, j’ai voulu
me rendre à leurs désirs et apparaître au milieu d’eux, bien
que je ne puisse pas rester longtemps, car il est indispensable
que demain à l’aube je sois de retour à Prague.

Le royal banquet fut très gai, le Docteur exécuta avec grand


succès ses habituels prodiges, et il abusa même du vin et des
sortilèges.

Il n’est pas superflu d’évoquer dans ces pages le chœur des


joyeuses lyres, les coupes ouvragées, le vin noir, les verres
effervescents dont les bords brillaient de reflets irisés
tremblants et changeants ainsi qu’un collier de prismes.

Le vin noir qui enflamme le sang et rend le cœur allègre, fruit


fermenté de la vigne qui inspire tellement les bardes aux
cheveux longs.

Au milieu du tumulte et de la fête, Johann Faust s’exclama


d’une voix forte, proposant que l’on goûtât aussi des vins
étrangers.

Ceux qui assistèrent à la scène disent que d’un récipient


improvisé coulèrent alors comme une source les jus
fermentés de divers crus, miracle Faustien très semblable à
celui des Noces de Cana célébrées en Galilée.

Mais tout à coup, de façon inusitée, le fils de l’amphitryon


pénétra dans la salle, l’air visiblement contrarié : Monsieur le
Docteur, dit-il, votre cheval mange comme un enragé !

J’aimerais mieux donner la provende à dix ou vingt chevaux


qu’au vôtre tout seul ; il m’a déjà dévoré plus de deux
boisseaux d’avoine que j’avais préparés, et il est toujours là à

39
attendre devant la mangeoire et regarde autour de lui pour
voir s’il en vient d’autre.

Les convives éclatèrent tous de rire, et il ne s’agissait pas du


subtil sourire de Socrate, mais du rire tonitruant
d’Aristophane.

Le jeune homme poursuivit, impassible : je veux tenir ma


parole et le rassasier, dussé-je risquer, pour cela, plusieurs
mesures d’avoine.

Faust répondit que c’était inutile, que son cheval avait bien
assez mangé, et qu’il engloutirait toute l’avoine de la terre
sans que sa faim fût apaisée.

Incontestablement, ce vigoureux coursier était nul autre que


Lucifer-Nahuatl lui-même, l’extraordinaire Méphistophélès
métamorphosé en bête ailée.

Méphistophélès-Xolotl-Lucifer, qui se changeait parfois, par


œuvre de magie, en cheval volant, tel le Pégase des poètes
couronnés, transportait Faust rapidement à travers la
quatrième dimension, lorsqu’il le fallait.

L’effrayante orgie continua jusqu’à minuit. Alors le cheval


hennit.

— Il faut maintenant que je parte, s’écria le savant Docteur.

Cependant, les invités, débordants de rires et d’ébriété, le


retinrent par leurs supplications et dès lors il ne put partir.

Le cheval hennit horriblement une deuxième, puis une


troisième fois. Le Docteur Johann Faust ne pouvait en
aucune façon désobéir ; il prit alors congé de ses amis, fit
amener son puissant coursier, l’enfourcha prestement puis
s’en alla par la rue du Château.

40
Les gens racontent que lorsqu’il eut dépassé trois ou quatre
maisons, le cheval s’élança dans les airs et l’on perdit de vue
le Cavalier sur sa monture diabolique.

Le Docteur Johann Faust, enchanteur et magicien, fut sans


aucun doute de retour à Prague avant le lever du jour.

Le Docteur Faust, au dire de la chronique d’Erfurt, a laissé


certainement un souvenir très vivace. Encore aujourd’hui
existe la fameuse maison appelée L’Ancre, ainsi qu’une ruelle
qui porte le nom du savant lui-même.

En terminant ce chapitre, il me revient à l’esprit l’histoire


insolite des soixante sorciers de Moctezuma voyageant,
grâce au pouvoir de Lucifer, dans la quatrième verticale, vers
la terre de leurs ancêtres, la Demeure Impérissable.

41
5. Techniques Jinas

En commençant ce chapitre, nous désirons mettre en relief


le postulat suivant : la Physique demeurera stationnaire tant
que l’esprit humain restera embouteillé dans le dogme
tridimensionnel d’Euclide.

Incontestablement, la Physique contemporaine est tout à fait


régressive, retardataire, réactionnaire.

Il faut de toute urgence, sans aucun délai, aller à la


découverte de la quatrième verticale ; cependant, ceci est
impossible tant qu’il y a le scepticisme matérialiste.

Quelque humanité avancée du lointain futur pourra créer


des navires cosmiques capables de traverser instantanément
la barrière de la vitesse de la lumière.

De tels vaisseaux, basés sur une Physique radicalement


différente, sur une nouvelle Physique du type
tétradimensionnel, pourront voyager dans la quatrième
verticale à des vitesses supérieures à celle de la lumière. La
conquête de l’espace infini sera alors un fait concret, clair et
définitif.

Indubitablement, ces navires, mus par l’énergie solaire,


devront être conduits par des hommes authentiques dans le
sens le plus complet du mot.

Il est ostensible, et tout le monde le sait, qu’avec les avions


supersoniques nous avons déjà traversé le mur de la vitesse

42
du son ; néanmoins, le terrien présomptueux et orgueilleux
est toujours arrêté par la barrière de la vitesse de la lumière.

Il n’est pas superflu d’émettre à présent l’énoncé suivant :


au-delà de la barrière de la vitesse de la lumière, 300 000
kilomètres à la seconde, se trouve la quatrième dimension.

De cet énoncé nous pouvons inférer le corollaire suivant :


n’importe quel magicien qui voyage avec son corps physique
dans la quatrième coordonnée, sait traverser
instantanément la barrière de la vitesse de la lumière.

Coatepec, qui se trouve à Tula, fut l’endroit historique où les


soixante vieillards, sorciers du très puissant Seigneur
Moctezuma, ont réussi, grâce à l’aide extraordinaire du
Méphistophélès Faustien, à traverser instantanément la
barrière de la vitesse de la lumière pour voyager par la
quatrième verticale jusqu’à l’Ile Sacrée et Éternelle, au-delà
des mers du Pôle Nord, berceau véritable de l’humanité
terrestre.

Il faut lire, dans la Doctrine Secrète de H.P. Blavatsky, tout ce


qui se rapporte à ce premier continent terrestre, appelé à
perdurer du début à la fin de l’humanité sur cette planète.

Sur la terre sacrée des Védas, tout authentique Sannyasin de


la pensée peut traverser instantanément le mur de la vitesse
de la lumière, pour voyager par la dimension inconnue,
comme François d’Assise.

Nous affirmons solennellement et avec une entière certitude


que lorsqu’un Ésotériste applique un Samyama à son corps
physique, il traverse aussitôt la barrière de la vitesse la
lumière.

43
Tout Samyama intégral, essentiel, fondamental, comporte en
substance trois ingrédients radicaux :
1. Concentration absolue de la volonté consciente.
2. Méditation profonde.
3. Extase, ravissement, réjouissance mystique, suprême
adoration.

Il n’est pas inutile de rappeler, dans ce Message de Noël


1974-75, que la patience est l’échelle des gnostiques, et
l’humilité la porte de leur Jardin.

Certains ascètes gnostiques devront incontestablement


travailler durant de nombreuses années avant d’atteindre le
plein développement du « Cardias », qui les rendra aptes à la
Science Jinas.

La nature radiante de la Particule intime qui permet ce


prodige est clairement désignée par la forme de la hache,
signe du foudre, dont « l’Homme-Tigre » du Mexique aztèque
use fréquemment.

Le tigre humanisé, Xolotl-Lucifer, est devenu une réalité


concrète, non seulement dans le Mexique d’avant Cortès,
mais aussi dans toute l’Amérique Centrale.

C’est ainsi, transformé en homme, que nous le rencontrons à


Teotihuacan, élevant ses bras héroïques dans un geste
liturgique, ou avec cette marche féline qui le caractérise.

Indiscutablement, les Chevaliers-Tigres du Mexique aztèque,


en plus d’être des Guerriers accoutumés au rude combat,
étaient aussi des athlètes extraordinaires de la Science Jinas
(ou djinn).

Sans exagération aucune, nous affirmons catégoriquement


que ces grands hommes de l’Anahuac savaient mêler

44
intelligemment les trois éléments du Samyama avec le
pouvoir félin de Lucifer-Nahuatl.

Couchés sur des peaux de tigre, imitant la posture sacrée du


jaguar lorsqu’il se trouve au repos, légèrement assoupis, ces
glorieux hommes savaient combiner consciemment la
volonté et l’imagination en une vibrante harmonie.

Conjuguant leurs efforts, dans une suprême concentration


mentale, avec la méditation profonde, ils assumaient
délibérément, au moyen de l’imagination créatrice, la forme
féline du Jaguar-Xolotl-Méphistophélès.

Partir, s’envoler, fonctionner avec cette forme qui


épouvante, en pleine extase et joie mystique, ne s’avérait
nullement impossible pour ces illustres Seigneurs de la terre
sacrée de l’Anahuac.

45
Chaque fois que ces remarquables ermites se levaient de la
dure couche pour s’en aller en marchant comme des tigres et
disparaître ensuite dans la quatrième coordonnée, ils
proféraient la phrase rituelle suivante : Nous nous
appartenons !

« La poudre, lorsqu’elle s’enflamme dans l’arquebuse, éclate


avec un grand bruit : ainsi en est-il du cœur embrasé par
l’Amour Divin. »

En scrutant de vieux manuscrits avec la patience acharnée


du moine dans sa cellule, je fus en mesure de corroborer une
foule de détails de l’antique science.

La légende des siècles dit, les Dieux et les hommes le savent


très bien, que ces Tigres légendaires, exotiques et étranges,
devant le seuil du Temple de Chapultepec, qui se trouve
maintenant en état de Jinas, retournaient à leur gentille et
très humaine forme.

Nous ne pourrions poursuivre ces pages sans nous rappeler


le poète Ovide et ses merveilleuses Métamorphoses.

Suprêmes enchantements mystiques que les « ignorants


instruits » de cette époque fatale du Kali-Yuga (notre
époque), rejettent avec une morgue insolite.

Philippe, l’Apôtre du grand Kabire Jésus est,


indubitablement, le saint Patron de tous ces phénomènes
Jinas.

Les Écritures Saintes assurent que Philippe, après avoir


baptisé un eunuque, fut enlevé par le Seigneur et qu’alors il
poursuivit son chemin tout joyeux.

46
Elles disent qu’il se trouva ensuite à Azot, et qu’en passant il
annonçait l’Évangile dans toutes les villes, jusqu’à ce qu’il fut
parvenu à Césarée.

N’importe quel Arhat gnostique sincère peut implorer l’aide


magique du grand Apôtre Philippe.

Si vous aimez Philippe, méditez sur lui lorsque vous êtes sur
le point de vous endormir, excluez de votre esprit toute
autre pensée et, en ressentant dans votre âme la joie de sa
présence, prononcez la phrase rituelle suivante : « Au ciel
Philippe ! », sortez ensuite de votre chambre d’un pas ferme
et décidé en vous introduisant avec énergie dans la
dimension inconnue.

Au nom de la Grande Cause, je déclare solennellement que


cette formule extraordinaire que je viens de vous donner, je
l’ai reçue d’un Esprit divin appelé Is-Abel, dont la
personnalité humaine fut assurément celle d’une humble
religieuse déchaussée d’un vieux Monastère médiéval qui,
aujourd’hui, se trouve immergé dans la quatrième verticale.

Que des soleils d’enthousiasme éclairent votre chemin, très


cher et aimable lecteur.
Que les forces du tigre vous accompagnent.
Que les lucioles de la Sagesse illuminent votre intellect.
Que le bruissement des pins donne de l’ombre à votre repos !
Que les grenouilles d’émeraude signalent les sentiers, en
croassant sans relâche.
Qu’elle, la nature, soit prodigue avec vous.
Que la Force Universelle vous bénisse et vous dirige.

47
6. Aztlan

Aztlan, Avalon, mystérieuse montagne magnétique, insolite


demeure des Fils du Crépuscule (Bouddhas de Compassion,
Dhyani-Chohans, Serpents de la Sagesse, Pitris ou Pères
Précepteurs de l’humanité, Anges des étoiles, Constructeurs,
Vigilants, Étoiles-Yazatas des zoroastriens, etc.).

Terre de l’Aurore, Séjour impérissable, Paradis céleste


au-delà des mers inconnues du Pôle Nord.

Ineffable Citadelle du Soleil enveloppée d’incommensurables


splendeurs, Ile Blanche, Contrée de l’Amour, Terre
d’Apollon…

Cet Éden de la quatrième coordonnée, inébranlable


continent au milieu du grand océan, brille magnifiquement
dans le Septentrion.

« La Terre Sacrée ne peut être atteinte ni par voie de terre, ni


par voie de mer », répète avec véhémence la tradition
hellénique.

« Seul l’envol de l’Esprit peut y conduire », disent avec une


grande solennité les vieux sages du monde oriental.

Incontestablement, « Ceux qui resplendissent d’yeux


perspicaces », les Adeptes de la Religion-Sagesse, n’ont
jamais perdu le contact avec la Terre de nos ancêtres.

Réitérons l’énoncé irréfutable à savoir qu’il est possible de


franchir instantanément la barrière de la vitesse de la

48
lumière pour voyager avec le corps physique à travers la
dimension inconnue jusqu’à la lointaine Thulé.

Le chemin qui conduit à Aztlan, la Terre Solaire, où vivent


heureux les Mexi-Tin ou Medjins, Djinns, Jinas ou Génies
extraordinaires des peuples arabes, aztèques et mexicains,
est coupé depuis de longues années déjà, et sa partie située
de ce côté-ci est maintenant obstruée par d’épais halliers et
des rochers broussailleux peuplés de monstres invincibles,
par des dunes de sable et des lagunes sans fond, par
d’impénétrables étendues de laîches et de roseaux où
perdrait la vie quiconque tenterait une entreprise aussi
téméraire.

On ne peut dire que très peu de choses de cette Terre


exotique et sacrée, si ce n’est, peut-être, que selon une
antique expression poétique, l’Étoile Polaire fixe sur elle son
regard vigilant, de l’aurore jusqu’à la fin du crépuscule d’une
journée du Grand Souffle.

Incontestablement, l’Ile Sainte est le berceau du premier


Homme et la demeure du dernier mortel divin, choisi comme
Shista pour la semence de la future humanité.

Le Peuple aztèque, autrefois conduit par les Génies


Tutélaires ou Jinas de « l’Insula Avalonis » (l’Ile d’Avalon),
atteignit les lagunes de Mexico.

Parallèle exact de ce récit, nous retrouvons dans la Bible


hébraïque l’histoire de Moïse guidant le Peuple d’Israël à
travers le désert jusqu’à la Terre Promise.

Prototype du Juif errant, les peuples Jinas des Tuatha sont


dans un éternel exode analogue à celui des Juifs d’une part,
et des Mexicains d’autre part. Incontestablement, les Tuatha
De Danann sont retournés à la verte Érin en état de Jinas.

49
On dit qu’ils sont arrivés d’Avalon ou du Ciel et qu’ils ont
apporté à l’Irlande certains symboles sacrés.

Il n’est pas superflu de rappeler la Pierre Philosophale, la


Lance d’Achille, l’Épée Flamboyante, la Coupe d’Hermès et
de Salomon.

L’Aztlan aztèque, Avalon est la contrée de l’amour, la Terre


de Feu où vit heureux le Frère Jean. Parole improfanable,
Logos, Voix, I E O U A N, YEUAN (Jean), désignant non pas un
homme, mais toute une Dynastie Solaire.

La première race humaine qui vivait autrefois dans Asgard,


l’Ile de Cristal, la Demeure des Dieux, la Terre des Ases, était
incontestablement mi-éthérique, mi-physique.

Le Prologos orphique, prégénétique, a déposé dans


« l’Homme Cosmique » terrestre de précieuses facultés et de
grands pouvoirs.

Produit merveilleux d’incessantes évolutions et


transformations qui sont parties autrefois du stade germinal
primitif, la première race a surgi des dimensions
supérieures, complète et parfaite.

Tout procède de Prabhavapyaya, de l’évolution intelligente


des principes créateurs et conscients des Dieux saints.

Ainsi donc, nous devons commencer par bien étudier la


création primordiale avant de pouvoir comprendre tous les
processus évolutifs et involutifs de la nature.

La première race n’a incontestablement jamais eu


d’instruments rudimentaires ni de Feux primitifs.

Pour le bien de la Grande Cause, nous émettrons


solennellement l’énoncé suivant :

50
« Avant que la première race humaine ne sorte de la
quatrième coordonnée pour se rendre visible et tangible dans
la région tridimensionnelle d’Euclide, il a fallu qu’elle passe
par une gestation complète à l’intérieur de la Jagad-Yoni, la
“Matrice du Monde”. »

Extraordinaire humanité originelle, Androgynes sublimes et


terriblement divins ; Êtres ineffables au-delà du bien et du
mal.

Prototypes d’éternelle perfection pour tous les temps ; gens


admirables dotés d’un corps indestructible, élastique et
ductile.

Adam-Kadmon, l’Être « masculin-féminin » du premier récit


de la Création (Genèse 1:27) était indubitablement la Cour
Céleste même des Élohim, dont la tangible réalité se
manifestait alors à travers l’eurythmie superlative de leur
corps.

Il est ostensible que tous ces très grands Êtres étaient les
Feux Sacrés personnifiés des Pouvoirs les plus occultes de la
Nature.

Ces êtres « nés par eux-mêmes », magistraux, accomplis,


possédaient entendement, intelligence et volonté.

Chacune de ces insurpassables créatures avait incarné son


Esprit individuel et elle le savait.

Ce fut l’Âge du Fissiparisme ; ces délicieuses créatures se


reproduisaient au moyen de l’acte sexuel Fissipare.

« Tel qu’on peut le voir dans la division en deux du point


homogène du protoplasme, connu aussi sous le nom de monère
ou amibe. »

51
« Tel aussi qu’on peut le voir dans la division de la cellule
nucléaire, le nucleus se rompant en deux sous nucleus,
lesquels, ou bien se développent à l’intérieur de la paroi
cellulaire originelle, ou la rompent et se multiplient à
l’extérieur comme des entités indépendantes. »

De même, c’est selon un mode similaire que ces organismes


androgynes se divisaient en deux pour se multiplier à
l’extérieur en tant qu’entités indépendantes.

À l’Ère du Fissiparisme, chacun de ces événements au cours


desquels s’effectuait la reproduction originelle, primordiale,
était célébré dans des Rituels et des Fêtes… La Terre tout
entière resplendissait alors glorieusement du sublime éclat
d’un bleu intense…

Il n’est pas superflu de préciser que durant cet antique Âge


d’Or, l’Ile de Cristal, la Terre d’Apollon, se trouvait, à cause
de la révolution périodique des axes du monde, dans la zone
équatoriale.

Race superlative et divine d’Androgynes


« plus-que-parfaits ». L’Ouragan (du vocable Maya Huracan
qui fut par la suite adopté par les langues européennes), qui
signifie pour les Hiérophantes aztèques : « Vent », « Souffle »,
« Parole », « Verbe », totalement incarné dans ces excellentes
créatures, a fondé dans l’Ile de Cristal la civilisation des Ases.

« Et Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il les


créa ; homme et femme il les créa. » (Genèse 1:27)

Vénuste paradisiaque incomparable, beautés androgynes


délicieuses, à l’image et à la ressemblance de
Tepeu-Gucumatz (Dieu).

52
De la première race émana la seconde, la race de
l’Hyperborée, dont les individus se reproduisaient par
gemmation ou bourgeonnement ; ces immenses populations
habitaient autrefois dans les diverses régions du
Septentrion.

Il est écrit en lettres d’or dans les pages immortelles du Livre


de la Vie, que de cette seconde classe d’Androgynes divins a
procédé à son tour la troisième Race-Racine, les « Doubles »,
géants hermaphrodites imposants, colossaux, dont le
système reproducteur était celui de l’oviparité. La
civilisation Lémurienne a merveilleusement fleuri sur le
continent Mu ou Lémurie, terre volcanique dans l’océan
Pacifique.

Après que l’humanité hermaphrodite se fût séparée en sexes,


transformés par la nature en machines porteuses de
créatures, la quatrième Race-Racine surgit sur la scène
géologique de l’Atlantide, située dans l’océan qui porte son
nom.

Atlas, le plus ancien des astrologues, fut son Roi… L’esprit


poétique des Fils de l’Hellade l’imagina, pour cette raison, tel
un géant qui soutenait sur son dos, et non sur son puissant
esprit, la mécanique céleste.

Les fils de cette race, les Titans, prétendirent escalader le


Ciel… mais Dieu les confondit, et une nuit la mer et le
tonnerre mugirent effroyablement. L’Europe fut secouée, et
au moment où le tumulte la réveilla, toute tremblante, elle ne
voyait plus le monde frère… Il ne resta que le Teide pour
dire à l’humanité : ici a existé un jour Atlantide, la fameuse !

Or, notre actuelle Race-Racine, la cinquième, constituée des


multitudes aryennes qui habitent la face de la Terre,

53
séparées de leur tronc paternel (les Atlantes), a déjà un peu
plus d’un million d’années d’existence et se trouve à la veille
de son annihilation totale.

Chaque Race-Racine donne sept sous-races, chaque


sous-race possède à son tour sept ramifications que l’on peut
appeler « branches » ou « familles » raciales, les petites
tribus, rejetons ou bourgeons de ces dernières, sont
innombrables et dépendent de l’action du Destin.

L’Ile de Cristal, l’Aztlan aztèque, est donc le Paradis


Terrestre, la Terre de nos Pères ; c’est là que vivent les
ancêtres de toutes les races humaines.

54
7. L’Atlantide

« Il y a, dans le Codex Borgia, une figure représentant


Atlanteotl en train de porter sur ses épaules les eaux célestes,
exactement comme l’Atlas grec auquel nous avons l’habitude
de donner la priorité dans l’invention de ce symbole. »

Il est d’emblée clair, disons-le franchement et sans vain


détour, que le légendaire Atlas grec est une copie fidèle de
l’héroïque Atlanteotl maya et aztèque.

En supprimant, avec un délicat raffinement intellectif, la


désinence « otl » de ce nom lumineux, le mot Atlante ressort
alors.

Atlante-otl : ce mot ayant été expliqué par ses racines, il ne


nous reste qu’à affirmer catégoriquement qu’il ne s’agit pas
ici de vaine étymologie empirique, arbitrairement
sélectionnée, ni de pure coïncidence, comme le supposent
toujours les ignorants instruits.

Extraordinaire et légitime concordance linguistique,


explicable seulement grâce au tronc atlante commun aux
peuples américains et méditerranéo-sémitiques.

Ceux-ci et ceux-là ont incontestablement leur racine dans la


Terre enchantée d’Olisis, l’Atlantide submergée à présent
dans la mer des ténèbres, dans l’obscur brouillard des
légendes d’horreur, de naufrages effrayants et de voyages
sans retour.

55
Mer immense, tu étends au-delà des Colonnes d’Hercule, de
Gibraltar, le ventre orageux de ton onde infinie, aux
mystères indéchiffrables pour les navigateurs !

La légende tragique remplit ton étendue avec le pouvoir


collectif des générations qui t’ont ainsi contemplée, et le
poète écoute dans la voix de tes vagues immenses la rumeur
de tes tragédies et la clameur de tes mondes ensevelis !

L’Atlantide, ce vaste continent disparu qu’on a considéré


comme une rêverie de poète, comme une création du mental
divin de Platon, l’Initié, et rien de plus, a existé réellement.

L’intuition du poète est la vision du génie ; celui qui le nie,


c’est parce qu’en fait, il ne peut voir avec le pouvoir immense
du poète.

Les sages ne sont grands que lorsqu’ils parviennent à être


poètes, lorsque, se mettant au-dessus des menus détails de
la vie, ils sentent les harmonies qui gisent latentes au fond de
tout ce qui existe, et qu’ils nous emportent à des sphères
supérieures.

C’est ainsi que l’auteur des Métamorphoses des Plantes a pu


écrire son Faust, et celui de la Phylogénie donner son Credo ;
ainsi encore que Humboldt a pu réaliser son Cosmos, et le
divin Platon son Timée et son Critias, et Poe son Eurêka, tous
poètes de la Vie Universelle qui n’est autre que le Souffle de
ce qui est caché.

« Tu vois cette mer qui embrase la Terre d’un pôle à l’autre,


disait à Christophe Colomb son Maître ? Elle fut, un jour, le
Jardin des Hespérides. Le Teide régurgite encore ses restes,
en mugissant de manière effroyable, tel un monstre gardien
du terrain d’un massacre ! »

56
Ici ont lutté les Titans ; là fleurissaient de populeuses cités.
Aujourd’hui, dans les palais marmoréens, ce sont les
phoques qui se rassemblent, et les prairies où paissaient les
agneaux sont envahies d’algues.

H.P. Blavatsky, dans les Stances anthropologiques,


stances 10, 11 et 12, cite ce qui suit :

« Ainsi, deux par deux, dans les sept zones, la troisième race
(les Lémuriens), donna naissance à la quatrième (les
Atlantes). Les Suras ou Dieux (Hommes Parfaits) se
convertirent en Asuras ou non-Dieux (la gente pécheresse).
La première (sous-race) dans chaque zone était de la couleur
de la lune ; la seconde, jaune comme l’or ; la troisième rouge,
et la quatrième, de couleur brune, devint noire par le péché.
Ils crûrent en orgueil, ceux de la troisième et de la quatrième
(sous-races atlantes), disant : nous sommes les Rois ; nous
sommes les Dieux.
Ils prirent des épouses de belle apparence dans la race de ceux
qui étaient encore sans mental, ou de tête étroite, engendrant
des monstres, des démons maléfiques, mâles et femelles, et
également des Khado (en sanscrit Dâkini) au mental pauvre.
Ils construisirent des temples pour le corps humain, rendant
un culte à des mâles et à des femelles. Alors cessa de
fonctionner leur Troisième Œil (l’Œil de l’intuition et de la
double vue).
Ils construisirent d’énormes cités, ils taillèrent leurs propres
images, de leur grandeur et à leur ressemblance, et les
adorèrent.
Ils façonnèrent de grandes images hautes de neuf Yatis
(vingt-sept pieds). Des feux intérieurs avaient déjà détruit la
terre de leurs pères (la Lémurie), et l’eau menaçait la
quatrième race (l’Atlantide)…

57
Les premières grandes eaux vinrent et engloutirent les sept
grandes iles.
Tous les bons furent sauvés et les mauvais détruits…
Il resta peu d’hommes : quelques-uns de couleur jaune,
quelques bruns et noirs et quelques rouges. Ceux de la couleur
de la lune (les Tuatha) étaient partis pour toujours.
La cinquième race (l’humanité qui peuple actuellement la
surface de la Terre, incluant les Mayas, Incas, Quichés,
Toltèques, Nahuas, Aztèques de l’Amérique
précolombienne), tout entière issue du Tronc Saint (le Peuple
Élu sauvé des eaux), se forma et fut gouvernée par les
premiers Rois divins.
Les Serpents (Dragons de la Sagesse ou Rishis)
redescendirent et firent la paix avec les hommes de la
cinquième race qu’ils éduquèrent et instruisirent… »

Poursuivons à présent avec la traduction d’un manuscrit


maya qui fait partie de la fameuse collection « Le Plongeon »,
le Manuscrit Troano, que l’on peut voir au British Museum :

« En l’an 6 de Kan, le 11 Muluc, du mois de Zac, il se produisit


de terribles tremblements de terre qui continuèrent sans
interruption jusqu’au 13 Chuen. Le pays des collines de glaise,
la terre de Mu, fut sacrifié.
Soulevé deux fois, il disparut durant la nuit, après avoir été
constamment ébranlé par les feux souterrains qui firent que la
terre s’enfonça et réapparut plusieurs fois en divers endroits.
Finalement, la surface céda et les dix pays se disloquèrent et
disparurent. Furent engloutis 64 millions d’habitants,
8000 ans avant que ne soit écrit ce livre. »

Dans les archives extrêmement anciennes du vieux temple


de Lhassa (au Tibet), on peut voir une très vieille inscription
chaldéenne, rédigée quelque 2000 ans avant le Christ, et qui
dit, littéralement :

58
« Lorsque l’étoile de Bal tomba sur le lieu qui n’est maintenant
que ciel et mer (l’océan Atlantique), les sept villes avec leurs
portes d’or et leurs temples transparents, frémirent et furent
secouées comme les feuilles d’un arbre dans la tempête.
Et voici qu’une grande vague de feu et de cendres s’éleva des
palais ; les cris d’agonie de la foule remplissaient l’air.
Le peuple chercha un refuge dans ses temples et citadelles, et
le sage Mu, le Sacerdote Ra-Mu, se présenta et lui dit : “ne vous
ai-je pas prédit tout ceci ?” Hommes et femmes, couverts de
pierres précieuses et de vêtements brillants, criaient et
imploraient :
“Mu, sauve-nous !” Et Mu de répliquer : “vous allez tous périr,
avec vos serviteurs et vos richesses, et de vos cendres surgiront
de nouvelles nations. Et si elles (la race aryenne actuelle)
oublient qu’elles doivent être supérieures non par ce qu’elles
acquièrent mais à cause de ce qu’elles donnent, le même sort
leur sera réservé”.
Les flammes et la fumée étouffèrent les paroles de Mu, et la
terre se fendit, et tous ses habitants furent engloutis dans les
profondeurs des flots. »

Et que pourraient-ils objecter, maintenant, nos aimables


critiques, à ces deux écrits, l’un du Tibet et l’autre de
l’Amérique Centrale, qui relatent tous les deux, de manière
spécifique, la même catastrophe ?

Outre ces extraordinaires similitudes, si en vérité nous


désirons encore plus d’évidences, nous devrons
indéniablement faire appel à la philologie. Il s’avère clair et
manifeste que le Viracocha péruvien est tout à fait le même
que le Viraj, Homme Divin, Kabire ou Logos, des hindous, et
le mot Inca lui-même, si on en permute les lettres, peut se
lire Caïn (Prêtre-Roi).

59
Les innombrables connexions intrinsèques qui rapprochent
de tout le domaine de l’Initiation orientale la Doctrine et les
faits culturels des premiers Incas ne doivent donc
absolument pas nous étonner.

Le grand historien romain César Cantu relie savamment et


de manière évidente, les premiers Incas avec certaines tribus
mongoles ou shamaniques très anciennes, ce qui amène à
dire que par l’apparition inopinée du Manu du Nord, ou
Manco Capac et de sa noble compagne (Coya ou Laco),
s’explique sans doute la miraculeuse circonstance que nous
fait intelligemment remarquer H.P. Blavatsky relativement
au phénomène théurgique de ces êtres purs ou Shamans qui
ont l’habitude de prêter leur corps physique aux Génies des
mondes suprasensibles dans l’évident dessein d’aider
l’humanité ; prodige qui ne doit en aucune façon être
confondu avec le médiumnisme de type spirite.

L’ineffable Tao chinois est ce même Deus latin, le Dieu


français, le Theos grec, le Dios espagnol, et aussi le Teotl
Nahuatl ou aztèque.

Le Pater latin se retrouve, de manière irréfutable, dans le


Father anglais, le Vater allemand, le Fader suédois, de même
que dans le Padre espagnol et enfin le Pa ou le Ba
amérindien.

La douce Mater du latin est indubitablement la même que la


Mat russe, la Mère française, la Mother de l’anglais, la noble
Madre de l’espagnol, et aussi la Na ou Maya en maya ou en
quechua.

Extraordinaires similitudes linguistiques dont l’examen


attentif nous révèle qu’elles sont bien plus que simple
ostentation, artifice ou jeu étymologique.

60
En nous enfonçant dans ces profondeurs de l’étymologie,
âme de l’Histoire et l’une des plus puissantes clés de la
Gnose, il ne faudrait surtout pas omettre de nous remémorer
cette fameuse phrase de l’idiome rituel maya qui dit
littéralement : « Heli, Lamah Zabac Tani ! », et que les quatre
évangélistes interprètent ésotériquement de façons
différentes.

Il est extraordinaire que le grand Kabire Jésus ait prononcé


cette même phrase au sommet du majestueux Calvaire.

« Je m’absorbe maintenant dans l’Aube éternelle de ta


Présence », voilà, indubitablement, le sens de cette phrase
dans l’idiome maya.

Il est incontestable que le Grand Hiérophante Jésus a appris


le Naga et le Maya au Tibet, cela a été démontré.

Dans le monastère sacré de Lhassa, au Tibet, existe encore


aujourd’hui un livre où il est écrit textuellement :

« Jésus est devenu le Maître le plus salutaire que la Terre ait


porté. »

Un savant écrivain a dit :

« Il est établi historiquement que la Science-Religion que le


Christ a connue en Égypte, en Inde et au Tibet était maya.
Il existe un profond Occultisme maya, qu’a connu sans aucun
doute le Christ qui a choisi leurs symboles (mayas) comme
support de ses idées d’amour fécondant.
Il n’est plus possible d’imputer au hasard son choix de la Croix
maya, de la Trinité et des Douze Apôtres, et de nombreux
autres symboles, pour servir de support à l’immense
signification scientifico-religieuse de sa prédication. »

61
Il apparaît clairement que les Mayas-Atlantes ont apporté
leur religion en Amérique Centrale.

Nul doute qu’ils aient aussi colonisé le Tibet, la Babylonie, la


Grèce, l’Inde, etc. Le langage rituel du Kabire Jésus fut
indubitablement maya.

Tout ceci ne peut s’expliquer de manière intégrale que grâce


au tronc atlante commun aux peuples américains et
méditerranéo-sémitiques.

Les tribus de l’Anahuac, de même que toutes les autres


tribus amérindiennes vinrent de l’Atlantide et sûrement pas
du Nord, comme le supposent toujours certains ignorants
instruits.

Ces rustres qui mettent en relief l’idée que les tribus


amérindiennes sont venues du continent Asiatique en
passant par le fameux Détroit de Béring sont totalement
dans l’erreur, car il n’existe, ni en Alaska, ni, encore moins,
dans ledit Détroit, pas le moindre vestige du passage par là
de la race humaine.

62
8. Le Serpent Sacré

C’est dans les Doctrines religieuses des Gnostiques que l’on


peut le mieux voir la véritable signification du Dragon
(Lucifer), du Serpent, du Chevreau et de tous ces symboles
des Pouvoirs que l’on dit être aujourd’hui les pouvoirs du
mal.

Jésus, le grand Kabire, n’aurait jamais conseillé à ses


disciples de se montrer aussi sages que le Serpent si celui-ci
avait été un symbole du Démon ; et les Ophites, les sages
gnostiques égyptiens de la « Fraternité du Serpent »,
n’auraient pas non plus révéré une couleuvre vivante dans
leurs cérémonies comme emblème de la Sagesse, de la divine
Sophia.

Le Serpent aztèque apparaît infailliblement dans des


fonctions insolites qui bouleversent totalement son
déterminisme organique : la queue est remplacée par une
seconde tête, dans une attitude extraordinaire qui l’élève
au-dessus du limon de la terre, les deux têtes représentant
les éléments indispensables au développement igné du
Serpent Sacré.

Dans les Cultures de l’Anahuac, le corps de la vipère se


trouve continuellement modifié par une action inusitée qui
imprime un changement radical à sa nature originelle.

Nous remarquons tantôt la double tête, qui rappelle de


manière tout à fait claire cette figure circulaire du Serpent
gnostique en train de dévorer sa propre queue, synthèse
extraordinaire du merveilleux message du Seigneur

63
Quetzalcóatl ; tantôt la position verticale, qui illustre soit
l’idée Maya ou Nahua de la Vipère divine dévorant l’Âme et
l’Esprit de l’homme, soit, enfin, les flammes sexuelles
consumant l’Ego animal, l’annihilant, le réduisant en
cendres.

Le Serpent ou Logos Sauveur inspire l’homme afin qu’il


reconnaisse son identité avec le Logos et qu’ainsi il retourne
à sa propre essence, qui est ce Logos.

Les eaux de l’abîme engendrèrent un vent impétueux (le


Serpent, par son sifflement similaire), celui-ci souleva les
eaux qui parvinrent à entrer en contact avec l’Esprit et la
Lumière, et le Serpent envahit la matière chaotique et
engendra l’homme, résultat du mélange des trois principes.

L’unique pensée de la Lumière Supérieure, c’est de pouvoir


récupérer ses particules perdues.

Et comme la Matrice chaotique aime et connaît uniquement


le Serpent, le Logos lumineux a pris sa forme pour racheter
la Lumière fondue dans les ténèbres ; c’est pour cela que
l’Homme Parfait descendit dans le sein d’une Vierge et non
seulement souffrit-il en connaissant les mystères honteux de
la Matrice mais aussi, après s’être élevé, il but de la Coupe
d’Eau Vive à laquelle doit boire quiconque veut se dépouiller
de la forme de l’esclave et revêtir le Vêtement Céleste.

Le Serpent Sacré ou Logos Sauveur dort accroupi au fond de


l’Arche, mystiquement aux aguets, attendant le moment
d’être éveillé.

Ceux qui étudient la Physiologie ésotérique dans la culture


Nahua ou Hindoue soulignent l’idée transcendantale qu’il
existe un centre magnétique merveilleux, ou chakra, situé à

64
la base de la colonne vertébrale, à mi-distance entre l’orifice
anal et les organes sexuels.

Au centre de ce chakra il y a un carré jaune invisible aux


yeux de la chair mais perceptible par la clairvoyance ou
sixième sens ; ce carré représente, selon les hindous,
l’élément terre.

On nous a dit qu’à l’intérieur de ce carré se trouve une Yoni


(Utérus), et qu’au centre de cette Yoni, figurée par un
triangle renversé, il y a un Lingam ou Phallus érotique,
autour duquel est enroulé le Serpent, mystérieuse énergie
psychique appelée Kundalini.

Les Textes Tantriques de l’Asie décrivent ainsi la Kundalini :


« Lumineuse comme l’éclair, elle brille au creux de ce lotus (ou
centre magnétique) telle une chaîne de brillantes lumières. »

La structure ésotérique de ce Centre magnétique, de même


que sa position singulière entre les organes sexuels et l’anus,
donnent des fondations solides et irréfutables aux
enseignements des Écoles Tantriques de l’Inde et du Tibet.

Il est incontestable que le Serpent ne peut être éveillé qu’au


moyen du Sahaja Maïthuna (ou Magie Sexuelle).

Il n’y a pas de doute que lorsque la Vipère Sacrée s’éveille


pour amorcer sa montée le long du canal médullaire spinal
de l’organisme humain, elle émet un son mystérieux très
semblable à celui d’un quelconque serpent que l’on exciterait
avec un bâton.

Le Serpent des Grands Mystères est, indubitablement,


l’aspect féminin du Logos, Dieu-Mère, l’Épouse de Shiva, Isis,
Adonia, Tonantzin, Rhéa, Marie, ou pour mieux dire, Ram-Io,
Cybèle, Opis, Der, Flore, Paule, Io, Akka, la Grande Mère du

65
sanscrit, la déesse des Lha, Lares ou Esprits d’ici-bas, la Mère
angoissée de Huitzilopochtli, l’Ak ou Déesse Blanche des
Turcs, la Minerve chalcidique des Mystères Initiatiques,
l’Aka-Bolzub du temple lunaire de Chichen-Itza (au Yucatan),
etc.

Nous conservons encore aujourd’hui un écho lointain des


Mystères antiques dans le transept ou plan transversal des
églises les plus glorieuses, comme celle de Saint-Paul à
Rome, au lieu de la primitive forme de navire (le navire, ou
Arche salvatrice du Déluge Universel ou catastrophe atlante,
dans lequel arrivèrent tous les Noé, Quetzalcóatl, Xixuthros
et Deucalion). Et c’est aussi pour cela qu’en tant qu’endroit
sacré dans le foyer, on appelle chalcidique le corridor
intérieur qui séparait des autres, dans la maison grecque, les
pièces consacrées aux hôtes, comme l’indiquent d’ailleurs
Vitruve (De Architectura), Procope (De Aedificationem),
Becchi (Del Calcidio et della Cripta di Eumachia) et les autres
traités de construction où l’on fait l’historique de ce transept
ou de cet effectif et symbolique Tau consacré aux devoirs
que l’hospitalité impose entre les hommes.

L’insertion du Phallus vertical dans l’Utérus horizontal


forme une Croix, n’importe qui peut le constater.

Si nous réfléchissons très sérieusement sur l’intime relation


existant entre le S et la Croix Tau ou le T, nous arrivons à la
conclusion logique que c’est seulement grâce au croisement
du Lingam-Yoni (Phallus-Utérus), avec exclusion radicale de
l’orgasme physiologique, que l’on peut éveiller Kundalini, le
Serpent Igné de nos pouvoirs magiques.

Les foudres de Zeus tempétueux qui amoncelle les nuées qui


font trembler l’Olympe et qui sèment la terreur au milieu de
cette pauvre humanité souffrante, forment une Croix.

66
Le Feu céleste et le Feu terrestre, le Fohat potentiel ou
virtuel qui agrège ou désagrège, engendre ou anéantit, vivifie
ou désorganise, revêt la forme d’une Croix.

Fils du Soleil qui l’engendre, serviteur de l’homme qui le


libère et l’entretient, le Feu divin, déchu, tombé, emprisonné
dans la matière, détermine d’insolites et extraordinaires
révolutions et dirige sa rédemption ; il est Jésus sur sa Croix,
image merveilleuse de la radiation ignée, incarnée dans
toute la nature.

Il est l’Agnus Dei immolé depuis l’aurore du « Grand Jour »,


et il est également le fameux Huehueteotl, le Vieux Dieu du
Feu, lequel est représenté, dans l’antique culture de
Teotihuacan, comme un vieillard chargé d’années qui
supporte sur sa tête millénaire un énorme brasero.

Le Dieu du Feu sexuel représente, incontestablement, l’une


des plus anciennes traditions des peuples Maya et Nahua ; il
est la déité du centre, en relation directe avec les quatre
points cardinaux de la Terre et avec le brasier sacré qui sert
à allumer le foyer au centre de la demeure et du Temple
aztèque, et par conséquent il est très normal de voir sur les
Hiérophantes du Dieu de la Flamme la mystique figure de la
Sainte Croix, qui orne également les encensoirs, appelés
Tlemaitl (mains de feu), avec lesquels les prêtres
encensaient toujours les Dieux Saints.

Il va sans dire qu’un Dieu aussi antique que celui-là, très


semblable à Agni, la déité védique du feu, porte de très
nombreuses appellations. On le nomme Xiuhtecuhtli, vocable
Nahuatl dont la signification profonde est : « Seigneur de
l’Année », « Seigneur de l’Herbe » et « Seigneur de la
Turquoise » (de Tecuhtli, Seigneur, et Xiuhtic qui, en faisant
légèrement varier la prononciation, veut dire Année, Herbe

67
et Turquoise). Le Dieu du Feu apparaît sous cette
dénomination dans divers panthéons mexicains.

Cette déité étant ainsi désignée, il ne s’avère absolument pas


étrange qu’elle portât sur la tête une espèce de mitre bleue,
judicieusement formée d’une mosaïque de turquoises, ce qui
était une caractéristique très particulière des puissants Rois
de la grande Civilisation mexicaine.

Son Nahual ou « déguisement » ésotérique est le Xiuhcoatl,


c’est-à-dire le Serpent de Feu (la Kundalini), qui se distingue
par la précieuse corne décorée de sept étoiles ineffables qu’il
porte précisément sur le nez.

Selon la conception Nahua ou Maya, la svastika sacrée des


Grands Mystères a toujours été définie comme la Croix en
mouvement ; elle est le « Nahui Ollin » Nahua, symbole sacré
du Mouvement Cosmique.

Les deux orientations possibles de la svastika représentent


très clairement les principes masculin et féminin, positif et
négatif, de la nature.

Deux svastikas dans des directions opposées, exactement


superposées, forment indéniablement une Croix potencée et
représentent, dans ce sens, la conjonction érotique des deux
sexes.

Selon la Légende aztèque, ce fut un couple, un homme et une


femme, qui a inventé le Feu, et ceci n’est possible qu’avec la
Croix en mouvement.

INRI : Ignis Nature Renovatur Integram (le feu renouvelle


intégralement la nature).

68
9. La Croix de Saint-André

André l’ermite, humble pêcheur, était au service du Christus


Jean, jusqu’au moment où il est devenu le disciple du grand
Kabire Jésus.

L’Évangile Christique de l’Humanité Solaire nous dit en effet


qu’en commençant sa mission ésotérique, le Grand Être alla
à Capharnaüm, ville maritime de Galilée, dont le Prophète
Ésaïe a dit : « Le peuple qui se trouvait dans les ténèbres a vu
une grande lumière, et la lumière jaillit sur ceux qui, sur la
Terre, demeuraient dans l’ombre de la mort. » (Matthieu 4:16)

Tout en cheminant le long du rivage de la mer de Galilée, le


Logos Solaire prit comme premiers disciples Pierre et André,
« pour en faire des pêcheurs d’hommes ». (Matthieu 4:19)

André assista Jésus, le Grand Sacerdote Gnostique, lors de la


pêche miraculeuse du lac de Génésareth ou Jainésareth, le
symbolique lac Jina, où le Feu Sacré réalisa tant de prodiges.

Il est écrit en caractères d’or dans le Livre de la Vie, qu’après


la mort du grand Kabire, André a effectué nombre de
résurrections et de miracles.

La légende des siècles dit qu’à Nicée rôdaient sept Démons,


avides, ténébreux et sinistres, qui assassinaient les
voyageurs ; devant le verdict solennel de la conscience
publique, André, après les avoir transformés en chiens, les
chassa de ces parages.

69
L’extraordinaire supplice d’André, énigmatique et
prodigieux, rendit très célèbre la Croix en X sur laquelle on
avait impitoyablement attaché ses membres écartés.

Indubitablement et sans aucune exagération, nous pouvons


et devons affirmer solennellement que ce X symbolique, qui
est en fait un K grec, fut, est et sera toujours, l’un des
symboles les plus précieux de l’ésotérisme Christique.

Plusieurs Fraternités mystiques ont adopté le signe magique


d’André, le X, désignant le Crestos, souvent symbolisé par un
poisson.

Précisons que l’apôtre André fut spécifiquement adopté par


les Fraternités ésotériques d’Écosse. Il est bien connu que
ces institutions ont le chardon comme plante symbolique.

Incontestablement, il y a eu en Écosse, durant nombre de


siècles, plusieurs Fraternités occultistes de Saint-André du
Chardon.

On a souvent répété que des hommes extraordinaires, tels


Thomas de Kempis, Geber, Raymond Lulle, Nicolas Flamel,
Sendivogius, Albert le Grand, Saint-Thomas-d’Aquin,
Wigelius, Roger Bacon, Mathias Kornax, Paracelse, Arnaud
de Villeneuve et beaucoup d’autres, furent membres actifs de
Fraternités similaires.

Si l’immaculé Agneau de Dieu, qui efface les péchés du


monde, porte la Croix symbolique sur son oriflamme, comme
l’Hiérophante Jésus sur sa sanglante épaule, et s’il la soutient
vaillamment avec la patte, tel qu’on le voit dans certaines
images religieuses, c’est parce qu’il a le signe sacré vivement
incrusté sur cette même patte.

70
À ceux qui reçoivent l’Esprit ineffable du Fohat sacré, qui le
portent en eux et qui sont par conséquent marqués de son
signe glorieux, nous dirons, au nom de la vérité, qu’ils n’ont
certainement rien à craindre du Feu élémental.

Ils sont les authentiques Fils du Soleil, les véritables disciples


d’Hélios, qui ont pour guide l’astre de leurs ancêtres.

Le signe de la Croix, sublime monogramme du Christ


Notre-Seigneur, dont la Croix de Saint-André et la
miraculeuse Clé de Saint-Pierre sont deux merveilleuses
répliques d’égale valeur alchimique et kabbalistique, est
donc l’insigne capable d’assurer la victoire aux travailleurs
du « Grand-Œuvre ».

À l’endroit précis où se croisent les bras de la Croix de


Palenque est placé l’Arbre de la Vie de la Kabbale hébraïque ;
ceci est un véritable prodige du Mexique antique.

« L’Arbre de la Science du Bien et du Mal » et « l’Arbre de la


Vie » partagent indubitablement leurs racines.

N’oublions jamais qu’autour de la resplendissante Croix que


Constantin a vue dans le monde astral, sont apparues ces
paroles prophétiques que, tout joyeux, il fit alors peindre sur
son labarum : « In hoc signo vinces » (par ce signe tu
vaincras).

La Croix sexuelle, symbole vivant du croisement du


Lingam-Yoni, porte l’empreinte indélébile et merveilleuse
des trois clous qui furent employés pour immoler le
Christ-Matière, image des trois purifications par le fer et par
le feu, sans lesquelles le Seigneur Quetzalcóatl, au Mexique,
n’aurait pu parvenir à la résurrection.

71
La Croix est le hiéroglyphe antique, alchimique, du creuset
que l’on nommait jadis en français : cruzol, crucible et
croiset.

En latin : crucibulum ; creuset a pour racine crux, crucis,


croix. Tout ceci nous invite évidemment à la réflexion.

C’est en effet dans le creuset que la matière première du


Grand-Œuvre souffre avec une infinie patience la passion du
Seigneur.

C’est dans le creuset érotique de l’Alchimie Sexuelle que


meurt l’Ego et que renaît l’Oiseau Phénix de ses propres
cendres.

INRI : In Necis Renascor Integer (dans la mort renaître intact


et pur).

« La mort est engloutie dans la victoire. Où est-il, ô mort, ton


aiguillon ? Où est-elle, ô mort, ta victoire ? »

Roger Bacon, dans son œuvre monumentale intitulée Azoth


(ouvrage à rapprocher de l’Azug de la puissante sagesse
orientale), présente, dans une gravure transcendantale, le
premier stade du processus alchimique au moyen d’un
cadavre décomposé couché dans la retorte (ou cornue)
merveilleuse de l’Alchimie.

Le resplendissant Soleil, la Lune pâle et les divers mondes de


notre système solaire d’Ors, avec tous ces signes alchimiques
qui leur correspondent par nature, dominent intégralement
la scène.

Il s’avère étrange de voir ce cadavre lever la tête comme s’il


voulait ressusciter d’entre les morts.

72
Le noir corbeau de l’Alchimie Sexuelle sépare la chair des os
tandis que l’Essence animique quitte le corps.

Cette image du profane mort, ressuscitant par la suite à


l’Initiation, au Réel, est, hors de tout doute et sans ambages,
un symbole Osirien extraordinaire.

« La chair quitte les os » : phrase liturgique des Fraternités de


Saint-André du Chardon et des Fraternités similaires.

Annihilation du cher Ego dans le Laboratorium-Oratorium


du Troisième Logos, voilà la profonde signification des
tortures d’André sur la terrible X.

Mort terrifiante et indispensable qui jamais ne pourrait être


réalisée avec un feu vulgaire.

Manifestement, et suivant l’art alchimique, on a besoin pour


ce labeur de l’aide extraordinaire d’un agent occulte, d’un feu
secret de type sexuel, lequel, pour donner une idée de son
aspect, ressemble bien plus à une eau qu’à une flamme.

Ce feu, ou cette eau ardente, est l’étincelle vitale


communiquée par le Logos à la matière inerte ; il est le Fohat
divin enfermé dans tout le créé, le Rayon Igné, la Kundalini,
le Serpent Sacré de la Sagesse de l’Anahuac s’élevant par le
canal médullaire spinal de l’Adepte.

La connexion du Lingam-Yoni sans éjaculation de


l’Ens-Seminis est certainement la clé spécifique grâce à
laquelle Adam et Ève peuvent éveiller le Serpent de Saturne
dans leur anatomie occulte.

Incontestablement, la lecture très attentive d’Artéphius


(traitant de l’art occulte de la Pierre Philosophale), de
Pontanus (De Lapide Philosophico) et de l’œuvre intitulée
« Epistola de Igne Philosophorum » (Épître sur le Feu des

73
Philosophes) s’avère très opportune, parce que dans ces
pages immortelles le lecteur pourra trouver de précieuses
indications sur la nature et les caractéristiques complètes de
ce « Feu aqueux » et de cette « Eau ignée ».

Dans les cours pavées des augustes et saints Temples de


l’Anahuac, les candidats à l’initiation humaine et solaire,
hommes et femmes, tout en échangeant mutuellement des
caresses, réalisaient la connexion du Lingam-Yoni (Phallus
Utérus), se retirant ensuite du « coït chimique » sans éjaculer
l’Ens-Seminis (l’entité du Semen). C’est ainsi qu’ils
réalisaient l’éveil du Serpent saturnien.

La transmutation sexuelle de l’Ens-Seminis en énergie


créatrice est, assurément, l’axiome fondamental de la
Science Hermétique.

La bipolarisation de ce type extraordinaire d’énergie à


l’intérieur de l’organisme humain a été, depuis les temps
antiques, analysée très soigneusement dans les Collèges
Initiatiques du Mexique, du Pérou, de l’Égypte, du Yucatan,
de la Grèce, de l’Inde, du Tibet, de la Phénicie, de la Perse, de
la Chaldée, de Troie, de Carthage, etc.

L’ascension miraculeuse de l’énergie séminale jusqu’au


cerveau est rendue possible grâce à une paire de cordons
nerveux qui s’élèvent en forme de huit à droite et à gauche
de l’épine dorsale.

Cette paire de cordons nerveux est connue dans la


philosophie chinoise sous les noms classiques de « Yin » et
de « Yang », le « Tao » étant le sentier du milieu, le canal
médullaire, la voie secrète par où s’élève le Serpent.

Il est indubitable que le premier de ces deux canaux est de


nature lunaire, alors que le second est de type solaire.

74
Lorsque les atomes lunaires et solaires entrent en contact
dans le Triveni, près du coccyx, le Serpent Igné de nos
pouvoirs magiques s’éveille.

Les Kabbalistes hébreux nous parlent du mystérieux Daath,


qui apparaît dans « l’Arbre de la Vie », auquel on n’assigne ni
nom divin ni chœur angélique d’aucune sorte, et qui ne
correspond, non plus, à aucun signe mondain, planète ou
élément.

Daath, la mystérieuse Séphirah hébraïque, est produite par


la conjonction ésotérique de « Abba », le Père qui est en
secret, et de « Ama », la Mère Suprême.

Le Père et la Mère, Osiris et Isis, sont perpétuellement unis


dans Jesod, le fondement, la Neuvième Séphirah, le Sexe,
mais voilés par le mystère de Daath, ou Connaissance
tantrique, laquelle ne se révèle qu’avec le Sahaja Maïthuna
(La Magie Sexuelle).

Entre ces deux aspects bipolaires de la Création, notre Père


qui est dans le secret et notre Divine Mère Kundalini, le
métier à tisser de la vie tisse et détisse sans fin.

La légende des siècles raconte que lorsque Sémélé, la mère


de Dionysos, vit Zeus, son amant divin, dans toute sa divine
splendeur de Maître de la Foudre, elle fut embrasée et elle
périt en donnant prématurément naissance à son fils.

Personne ne peut, assurément, voir Dieu face à face sans


mourir. La mort du Moi-même, du Soi-même, est
indispensable, avant que l’on puisse contempler la face
resplendissante de « l’Ancien des Jours ».

De même que la vie représente un processus


d’extériorisation ou d’extraversion graduelle et toujours plus

75
complète, de même la mort de l’Ego est un processus
d’introversion progressive, en cela que la conscience
individuelle, l’Essence pure, se dépouille lentement de ses
vêtements inutiles, tout comme Ishtar dans sa descente
symbolique, jusqu’à ce qu’elle soit entièrement nue et
éveillée en elle-même devant la Grande Réalité de la Vie libre
en son mouvement.

Indubitablement, pour que la Lumière que constitue


l’Essence animique embouteillée à présent au milieu de l’Ego
animal commence à briller, étinceler et resplendir, on doit la
libérer, mais en vérité, je vous dis que ceci n’est possible
qu’en passant par la terrible annihilation bouddhique : en
dissolvant le Moi, en mourant en nous-mêmes.

L’énergie sexuelle est certainement un pouvoir foudroyant,


explosif au plus haut degré, merveilleux. Celui qui apprend à
se servir de l’arme érotique, de la lance des pactes magiques,
pourra réduire en poussière cosmique le Moi de la
Psychologie.

Il n’est pas superflu d’affirmer solennellement que la lance,


en tant qu’emblème occulte de la force sexuelle virile, joue
un grand rôle dans de nombreuses légendes orientales
comme instrument de salut et de libération ; lorsqu’elle est
brandie intelligemment, la lance permet à l’ascète gnostique
de réduire en cendres cet ensemble d’éléments indésirables
qui forment l’Ego, le Moi-même, le Soi-même.

Longin, dans la Passion de Notre-Seigneur Jésus le Christ,


remplit le même rôle ésotérique que Saint-Michel et
Saint-Georges. Incontestablement, Cadmos, Persée et Jason
accomplissent une fonction similaire chez les « païens ».

76
Embrocher le Dragon ou transpercer d’un coup de lance le
flanc du Christ, manier la lance, comme les Chevaliers
célestes ou les Héros grecs, est certes une chose
profondément significative.

La Croix de Saint-André et la Haste Sainte allégorisent de


manière intégrale tout le travail de l’annihilation
bouddhique.

Et en parlant avec une profonde vénération de la Croix de


Saint-André et de la Sainte Pique, jamais nous ne
commettrions la faute impardonnable d’oublier le Saint-
Graal.

Les cratères sacrés de toutes les religions représentent


l’organe sexuel féminin de la génération et de la
régénération, et correspondent certainement au Vase
cosmogonique de Platon, à la Coupe d’Hermès et de Salomon
et à l’Urne bénie des Mystères antiques.

La mère de notre chair ou la femme au serpent est célèbre


dans les traditions mexicaines, qui la représentent déchue de
son état primitif de bonheur et d’innocence.

Selon les livres de Zoroastre, le premier homme et la


première femme furent créés purs et soumis à Ormuzd, leur
créateur. Ahriman les vit et fut jaloux de leur félicité. Il les
aborda sous la forme d’un serpent, leur présenta des fruits et
les convainquit qu’il était lui-même le créateur de l’univers
tout entier. Ils le crurent et, depuis lors, leur nature s’est
totalement corrompue.

Les monuments et les traditions des hindous confirment


l’histoire d’Adam et Ève et de leur chute. Cette tradition
existe également chez les bouddhistes tibétains et était
enseignée par les chinois et les anciens perses.

77
Le péché originel est en effet la racine de l’Ego, la causa
causarum du Moi-même, du Soi-même.

Les expiations rituelles que l’on accomplissait chez divers


peuples pour purifier l’enfant lors de son entrée dans cette
vie, constituent en fait un pacte de « Magie Sexuelle ».

Au Yucatan (Mexique), on portait l’enfant au temple où le


Sacerdote versait sur sa tête l’eau destinée au baptême et lui
donnait un nom. Aux iles Canaries, les femmes remplissaient
cette fonction à la place des sacerdotes.

Adam et Ève apparaissent toujours séparés par le tronc de


l’arbre paradisiaque. Dans la majorité des cas le serpent,
enroulé autour de l’arbre, est représenté avec une tête
humaine.

C’est seulement au moyen du plein accomplissement du


pacte magico-sexuel que symbolise le sacrement du
baptême, qu’il est possible d’annihiler le péché originel pour
retourner au Paradis.

Jakin et Boaz, Urim et Thummim, Apollon et Diane, sont


certainement les deux colonnes principales du Temple de la
Sagesse.

C’est au milieu, entre les deux colonnes du Temple, que se


trouve l’Arcane A.Z.F., la clé du Grand-Œuvre.

Goethe, adorant sa Divine Mère Kundalini, le Serpent Sacré


qui s’élève par le sentier Tao (la colonne vertébrale),
s’exclamait, rempli d’extase :

« Vierge pure dans le sens le plus admirable,


mère digne de vénération,
reine élue par nous,
et de condition égale à celle des Dieux… »

78
Aspirant à mourir en lui-même ici et maintenant, ce grand
Initié, durant la « copulation métaphysique », après avoir
compris de manière intégrale quelque erreur psychologique,
criait de toutes les forces de son âme :

« Flèches, transpercez-moi ;
lances, soumettez-moi ;
massues, frappez-moi.
Tout disparaît,
Tout s’évanouit.
Que brille l’étoile perpétuelle,
foyer de l’éternel amour. »

Comprendre et éliminer, voilà la clé de la Croix de


Saint-André ; c’est ainsi que nous mourons d’instant en
instant.

Il est impossible d’éliminer radicalement un défaut


psychologique sans l’avoir auparavant compris
intégralement dans tous les niveaux du mental.

Durant le « coït chimique », Devi Kundalini, notre Mère


Cosmique particulière, individuelle, peut et doit empoigner
la Pique Sainte, la Haste de Minerve, la Lance d’Achille,
l’Arme de Longin, pour détruire le défaut psychologique que
nous avons réellement compris.

« Demandez et l’on vous donnera, frappez et l’on vous


ouvrira. »

La légende des siècles dit que le Seigneur Quetzalcóatl, à la


veille de sa chute, parla ainsi :

« Mes demeures de riches plumes, mes maisons de coquillages,


on dit que je dois les laisser.

79
Rempli alors de joie, il commanda que l’on amène la reine
Natte Précieuse.
— Allez et ramenez avec vous la reine Quetzalpetatl (l’Ève de
la mythologie hébraïque), celle qui est le délice de ma vie,
pour qu’ensemble nous buvions et buvions jusqu’à nous
enivrer.
Les pages se rendirent au palais de Tlamachuayan et se
présentèrent à la reine.
— Dame reine, mon enfant, le roi Quetzalcóatl nous ordonne
de te conduire à lui ; il veut qu’avec lui tu te réjouisses.
Elle leur répondit :
— J’irai.
Lorsque Quetzalpetatl arriva, elle alla s’asseoir près du roi ;
on lui dit de boire quatre fois, et la cinquième en l’honneur
de sa grandeur.
Et quand elle fut ivre, les mages commencèrent à chanter, et
le roi Quetzalcóatl, se levant en titubant, dit à la princesse, au
milieu des chants :
Mon épouse, réjouissons-nous en buvant de cette liqueur (il
faisait allusion au breuvage de la luxure).
Comme ils étaient ivres, ils ne disaient plus rien qui soit
conforme à la raison (le luxurieux n’entend pas raison).
Le roi ne fit pas pénitence, il n’alla pas au bain rituel, il n’alla
pas non plus prier au temple. Finalement le sommeil les
emporta. Et au réveil, le jour suivant, ils devinrent tristes
tous les deux, ils avaient le cœur oppressé. »

Dans la mythologie hébraïque, on dit qu’Adam et Ève aussi


devinrent très tristes après avoir mangé du fruit défendu, et
leurs yeux à tous deux s’ouvrirent, et ils connurent qu’ils
étaient nus, et ils cousirent alors des feuilles de figuiers et se
firent des pagnes.

80
« Quetzalcóatl dit alors : je me suis enivré, j’ai commis un
crime ; rien ne pourra plus enlever la souillure dont je me suis
chargé.
Alors, avec ses gardiens, il se mit à chanter un chant. La foule
attendait dehors, on la fit attendre davantage.
Éploré et mortifié, rempli de peine et d’angoisse en voyant
que ses mauvais agissements étaient déjà connus, et sans
que personne n’aille le consoler, devant son Dieu il se mit à
pleurer. »

Ces lignes, qui nous invitent à méditer, sont tirées


textuellement de la poésie épique Nahuatl.

Ce qui vient ensuite est facile à déduire si nous lisons les


versets suivants de la Bible hébraïque :

« Et Jéhovah le renvoya du jardin d’Éden pour qu’il cultive la


terre d’où il avait été tiré. Il jeta donc l’homme dehors, et il
posta à l’est du jardin d’Éden les Chérubins, et un glaive en
flamme qui allait de tous côtés, pour garder le chemin de
l’Arbre de la Vie. » (Genèse 3:23-24)

La fuite de Quetzalcóatl, sa mystérieuse sortie de la Tula


paradisiaque, s’avère certes singulière, inusitée.

On dit qu’il brûla alors ses maisons d’or, d’argent et de


coquillages rouges, et toutes les splendeurs de l’art
architectural toltèque.

« Ses œuvres d’art merveilleuses, ses œuvres d’art précieuses et


admirables, il enterra tout, il cacha tout dans des endroits
secrets, ou à l’intérieur des montagnes, ou au fond des ravins. »

« Richissime et inépuisable trésor qu’il eut plus tard à


rechercher et à retrouver ; richesse ésotérique enfouie dans les
entrailles de la terre. »

81
Ces mystiques paragraphes de l’Anahuac, traduits avec
sagesse en termes gnostiques et alchimiques, s’avèrent
sublimes.

La réduction métallique de « l’Or spirituel » est toujours la


conséquence ou le corollaire inévitable de toute chute
sexuelle.

En ce qui concerne ces « œuvres d’art merveilleuses » et ces


« œuvres d’art précieuses et admirables » auxquelles il est
fait allusion, nous devons étudier entre les lignes la grande
Épître Universelle de Jacques, le saint patron du
Grand-Œuvre (voir le texte biblique).

Enoch a trouvé le « Trésor caché et impérissable » dans les


vivantes profondeurs du mont Moria. Chacun de nous doit
rechercher son héritage perdu.

Le « Trésor » ne se trouve jamais à la surface de la Terre, il


est nécessaire de descendre à l’Averne pour le trouver.

Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultum


Lapidem (visite l’intérieur de la terre et en rectifiant tu
trouveras la pierre cachée).

Indubitablement, la « Pierre Philosophale » et toutes ces


gemmes précieuses de la Jérusalem céleste, symbolisant les
vertus et les pouvoirs cosmiques transcendantaux,
constituent le « Trésor de Quetzalcóatl », notre richesse
intime particulière, que nous laissons cachée en sortant de
l’Éden et que nous devons chercher à l’intérieur de
nous-mêmes, ici et maintenant.

« Devant l’Arbre de la Vieillesse, le Seigneur vit son visage et,


rempli d’une infinie douleur, il dit : je suis vieux.

82
Il arriva une autre fois à un autre endroit et s’arrêta pour se
reposer ; il s’assit sur une pierre et appuya les mains sur elle.
Il resta à regarder Tula et finit par fondre en larmes.
Il pleurait à grands sanglots : double filet de larmes qui, telle
une grêle, tombaient goutte à goutte ; sur son visage
roulaient les gouttes et avec ses larmes il perfora la roche,
les gouttes de ses pleurs en tombant transpercèrent la pierre
même.
Les mains qu’il avait appuyées sur la roche restèrent bien
imprimées dans la roche comme si celle-ci avait été de
glaise ; dans la roche s’imprimèrent ses mains, et aussi ses
fesses ; dans la pierre sur laquelle il s’était assis, elles furent
bien marquées et imprimées. On peut encore contempler le
creux qu’ont fait ses mains à cet endroit qu’on appelle
Temacpalco. »

En réalité, stricto sensu, dans la « Roche », dans la « Pierre »


(c’est-à-dire, dans le Sexe), gît cachée l’électricité sexuelle
transcendante qui peut aussi bien asservir que libérer
l’homme.

Ces quelques remarques nous invitent à la réflexion : le


phénomène quetzalcoatlinien s’avère toujours étonnant et
d’une actualité palpitante.

Nous ne sommes sûrement pas en train de faire des


éclaircissements sémantiques, nous voulons seulement
commenter le message quetzalcoatlinien de manière
phénoménologique.

On rapporte que le Saint, après avoir beaucoup souffert,


parvint à un lieu qui se nomme Pont de Pierre.

« Il y a de l’eau (l’Ens-Seminis) à cet endroit, de l’eau qui


s’élève en jaillissant, de l’eau qui se répand et se diffuse. »

83
Les anthropologues modernes ont interprété cela de
manière différente et complètement fausse ; ils ne
connaissent rien de l’ésotérisme de l’Anahuac. Ils ignorent le
sens religieux de ces chants.

Bien que cela semble totalement étranger au Gnosticisme,


dans le fond ça ne l’est pas, et nous devons mettre en relief
ce passage significatif :

« Le Bienheureux revint au chemin qu’il avait autrefois


abandonné. »

On dit qu’il alla chercher une roche et qu’il fit un pont par
lequel il passa sur l’autre rive. Ce fut ainsi que le Grand
Avatar des Aztèques reprit son chemin et arriva au lieu
appelé l’Eau de Serpents.

Les auteurs arabes, nous dit Fulcanelli, donnent à cette


fontaine le nom de Holmat et nous enseignent en outre que
ses eaux ont donné l’immortalité au prophète Élie. Ils placent
la source fameuse dans le Modhallam, terme dont la racine
signifie « mer obscure et ténébreuse », désignant par là le
« chaos métallique », le sperme sacré, la matière première du
Grand-Œuvre.

Cette connaissance échappe aux analyses rationalistes


normales ; il s’agit d’enseignements de type suprarationnel
qui ne peuvent être appréhendés, saisis, qu’à l’aide d’un
Gourou.

Le servus fugitivus dont nous avons besoin est une eau


minérale et métallique, solide et cassante, ayant l’aspect
d’une pierre et de liquéfaction très aisée.

Cette « eau coagulée » sous forme de masse pierreuse est


l’Alchahest, et le Dissolvant universel, l’Eau de Serpents,

84
l’Âme métallique du sperme sacré, le Mercure de la
Philosophie secrète, résultat merveilleux de la transmutation
sexuelle.

Les sages se sont toujours montrés très réservés au sujet du


Mercure philosophique, dont l’opérateur intelligent peut
diriger à son gré les phases successives de son élaboration.

Si l’apprentissage de la technique réclame un certain temps


et demande quelque effort, cette technique elle-même est, en
revanche, d’une extrême simplicité. Elle ne requiert aucune
aptitude spéciale ni habileté professionnelle, mais seulement
la connaissance d’un curieux artifice qui constitue ce
Secretum Secretorum que nous, les gnostiques, avons déjà
divulgué publiquement : connexion du Lingam-Yoni
(Phallus-Utérus) sans jamais de toute notre vie renverser la
Coupe d’Hermès.

Karl Maegh dit : « Lorsque, dans la période de tension


musculaire et avant l’inversion des courants, surgit la
sensation de l’éjaculation imminente, le fluide séminal sera
retenu en envoyant la langue aussi en arrière que possible et
en retenant la respiration.
La contraction des muscles de l’anus est aussi recommandée,
comme si l’on était en train de pratiquer l’exercice de
concentration sur le chakra Muladhara. »

« L’âme métallique du sperme » est l’Hermès, le Mercure


tinctorial qui porte en soi l’or mystique de la même manière
que Saint-Christophe porte Jésus, et l’agneau sa propre
toison.

Ce fut ainsi, grâce au Mercure de la Philosophie secrète, que


le bienheureux Seigneur Quetzalcóatl régénéra l’Or dans son

85
âme, dans son esprit et dans les corps existentiels supérieurs
de l’Être.

Les ténébreux essaient bien inutilement de faire retourner le


Saint à son passé de pécheur.

— Il ne m’est en aucune façon possible, à présent, de revenir


en arrière, déclare le Seigneur, je dois continuer.

— Où iras-tu, Quetzalcóatl ?

— Je vais, leur dit-il, à la Terre de couleur rouge, je vais


acquérir le savoir.

Et eux lui disent :

— Que feras-tu donc là-bas ?

— Je vais en réponse à un appel : le Soleil m’appelle.

— C’est très bien ; abandonne alors la culture toltèque.

Et le Saint jeta à l’eau ses colliers de gemmes (ses biens


matériels, les choses illusoires de ce monde) qui
s’enfoncèrent aussitôt. C’est depuis ce temps-là que ce lieu
est appelé « Eau des riches joyaux ».

Poursuivant sa route, il arriva un peu plus loin à un endroit


nommé : « Lieu où l’on dort » (l’Orcus des Classiques, le
Limbus des chrétiens : le sommeil de l’inconscience dans
cette vallée de larmes).

Là surgit un adepte de la main gauche qui vient à sa


rencontre et lui dit :

— Où vas-tu ?

Et le Saint de répondre :

86
— Je vais à la Terre de couleur rouge, je vais acquérir la
sagesse.

— Très bien, bois ce vin de l’oubli, je suis venu pour te


l’apporter.

— Non, je ne peux pas, ni même ne veux y goûter.

— Tu devras boire, de gré ou de force ; je ne peux non plus te


laisser passer, ni ne permets que l’on poursuive son chemin
sans qu’on boive. Je dois te faire boire, et même t’enivrer. Bois
donc !

Alors Quetzalcóatl, muni de sa canne (car il était un


Bodhisattva tombé), but le vin.

Et une fois qu’il eut bu, il tomba, vaincu, à côté du chemin et


commença à ronfler dans son sommeil (durant de
nombreuses réincarnations, en passant par d’indicibles
amertumes) et l’on pouvait entendre de très loin son
ronflement, et finalement (sa conscience s’éveillant de
nouveau) il regarda d’un côté et de l’autre, se regarda
lui-même et lissa ses cheveux. C’est pour cette raison que le
nom de ce site est « Lieu où l’on dort ».

Il entreprit encore une fois le voyage, parvint à la cime qui


est entre le Mont Fumant (qui symbolise le Lingam) et la
Femme Blanche (qui symbolise la Yoni) et là, sur lui et sur
les compagnons qu’il avait emmenés avec lui, ses bouffons,
ses infirmes (ses agrégats psychiques ou éléments
inhumains), la neige tomba et, tous congelés, ils restèrent
morts.

« Que la chair quitte les os », s’écriaient les vieux alchimistes


médiévaux durant le coït chimique.

87
Tourments ésotériques des Fraternités de Saint-André du
Chardon. La Croix en X est, indubitablement, le symbole
merveilleux de la mort de tous ces éléments inhumains qui,
ensemble, constituent l’Ego, le Moi.

Supplice allégorique de Saint-André, épouvantables tortures


dans la Neuvième Sphère (la région du sexe), remords,
annihilation bouddhique.

Il n’est possible de créer l’Or de l’Esprit ou de le régénérer


qu’en annihilant tous ces bouffons, infirmes, agrégats
psychiques qui personnifient nos défauts.

Le Saint tantôt chantait, tantôt pleurait ; et il travaillait avec


une infinie patience dans la Forge des Cyclopes (la
Sexualité).

« Il pleura abondamment et de grands soupirs sortaient de


sa poitrine. Il fixa son regard sur la Montagne Nuancée (la
Montagne de la Résurrection) et il se mit en route dans cette
direction. Il accomplissait partout des prodiges et laissait des
signes merveilleux de son passage. » (Comme, autrefois,
l’avait fait le grand Kabire Jésus en Terre Sainte.)

« En arrivant au rivage, il fit une armature de serpents (car il


avait réalisé le développement complet des sept degrés de
pouvoir du Feu) et, une fois formée (complète), il s’assit sur
elle et s’en servit comme navire. »

Ceci nous rappelle Gautama, le Bouddha, assis sur un


serpent au pied de l’arbre de la Bodhi, le figuier
extraordinaire, symbole magnifique de la puissance sexuelle.

Il pleuvait à verse, et l’eau venant à former une flaque, une


mare, menaçait de le submerger, mais Gautama, assis sur le
serpent, se servit de lui comme navire.

88
Entre les différents textes, nous pouvons relever des
constantes : on nous parle à chaque fois du Serpent Igné de
nos pouvoirs magiques, l’aspect féminin du Binah hébraïque,
l’Épouse de Shiva, le Troisième Logos, le Saint-Esprit, notre
Mère cosmique particulière qui, au moyen de l’élimination
des éléments inhumains que nous portons au-dedans, nous
sauve des eaux tumultueuses de la vie.

« Le bienheureux Seigneur Quetzalcóatl s’éloigna, il glissa


sur les eaux (les eaux spermatiques du premier instant) et
personne ne sait comment il parvint à la Terre de couleur
rouge. »

Le grand Kabire Jésus atteignit aussi, incontestablement, la


Terre de couleur rouge, lorsqu’on le revêtit de pourpre, en
lui mettant en outre sur la tête une couronne d’épines
tressée.

Et les soldats se mirent à le saluer en se moquant de lui et lui


disant : « Salut, roi des Juifs ! »
« Et ils lui frappaient la tête avec un roseau, et ils crachaient
sur lui, et ployant le genou devant lui, ils lui faisaient des
révérences. »

C’est effectivement dans le creuset sexuel, érotique, que la


matière première du Grand-Œuvre, comme le Christ, souffre
sa passion ; c’est dans le creuset de la Neuvième Sphère
qu’elle meurt pour ressusciter ensuite, purifiée, spiritualisée,
transformée.

En Chaldée, les Ziggourats, qui furent généralement des


tours à trois étages, et à la catégorie desquelles appartenait
la fameuse « Tour de Babel », étaient peintes de trois
couleurs : noire, blanche et rouge pourpre.

89
Pour donner une idée de l’extraordinaire extension que
prend le symbolisme des couleurs du Grand-Œuvre dans la
Philosophie hermétique, observons, dit Fulcanelli (dans Le
Mystère des Cathédrales) « que la Vierge est toujours
représentée drapée de bleu (correspondant au noir), Dieu de
blanc et le Christ de rouge ».

Dans les Temples sacrés de la vieille Égypte des Pharaons,


lorsque le récipiendaire était sur le point de passer les
épreuves de l’Initiation, un Maître s’approchait de lui et lui
glissait à l’oreille cette phrase mystérieuse : « Souviens-toi
qu’Osiris est un Dieu noir ! »

C’est évidemment la couleur spécifique des ténèbres et des


« Ombres cimmériennes », celle du Diable, à qui l’on offrait
des roses noires, et aussi celle du Chaos primitif, où tous les
éléments et les germes de la vie sont mélangés et confondus
totalement, c’est le symbole de l’élément terre, de la nuit et
de la mort radicale de tous ces agrégats psychiques qui,
ensemble, constituent le Moi-même.

Indubitablement, de même que, dans la Genèse hébraïque, le


jour succède à la nuit, ainsi la lumière succède à l’obscurité.

Bienheureux ceux qui ont été régénérés et lavés par le Sang


de l’Agneau (le Feu Sexuel), ils seront toujours vêtus de
robes blanches.

Sur la terre sacrée des Pharaons, Ptah, le Régénérateur,


portait toujours une tunique de lin blanc, pour indiquer la
renaissance des purs, de ceux qui sont morts en eux-mêmes.

Pour l’application systématique de notre point de vue en


relation avec les couleurs de la Materia Prima du
Grand-Œuvre, il est intéressant de faire remarquer à nos
étudiants gnostiques qu’avant d’arriver à la Terre de couleur

90
rouge, Quetzalcóatl, le Christ mexicain, a pu porter de plein
droit la tunique jaune.

La couleur blanche succède à la noire, la jaune à la blanche et


la pourpre des Rois sacrés des dynasties solaires succède
toujours à la jaune.

Lorsque le Bienheureux arriva à la Terre de couleur rouge, il


ceignit ses reins de la pourpre des Rois divins et ressuscita
d’entre les morts.

On rapporte qu’il se vit alors dans les eaux comme en un


miroir (le miroir de l’Alchimie). Son visage était beau à
nouveau (retour au Paradis perdu), il se para des plus beaux
vêtements et, ayant allumé un bûcher, il s’y jeta (le Feu
Sexuel consuma totalement son Moi psychologique, et il n’en
resta même pas les cendres), et les oiseaux au riche plumage
(les oiseaux de l’Esprit) vinrent le voir pendant qu’il brûlait :
le rouge-gorge, l’oiseau de couleur turquoise, l’oiseau
tournesol, l’oiseau rouge et bleu, l’oiseau jaune doré et mille
oiseaux plus précieux encore.

« Lorsque le bûcher cessa de flamber (le Grand-Œuvre étant


consommé), son cœur s’éleva et au ciel il arriva. Là, il se
changea en étoile, et cette étoile est l’astre de l’aube et du
crépuscule. Auparavant il était descendu au royaume des
morts et, après y être demeuré sept jours, il monta au ciel
transformé en astre. »

L’Initiateur nous présente toujours d’une main le miroir de


l’Alchimie, tandis qu’il tient dans l’autre la corne
d’Amalthée ; à ses côtés nous voyons l’Arbre de la Vie étudié
par les Kabbalistes hébreux ; le miroir symbolise toujours le
début de l’œuvre ; l’Arbre de la Vie en indique la fin, et la
corne d’abondance, le résultat.

91
Quetzalcóatl a transformé le Diable, la pierre brute,
matérielle et grossière, en Lucifer, la pierre angulaire du
Grand-Œuvre, l’Archange de Lumière, l’Étoile de l’Aurore.

Le Diable, la réflexion de notre Logos intérieur, était la


créature la plus parfaite avant que nous ne tombions dans la
génération animale. « Blanchis le laiton et brûle tes livres »,
nous répètent tous les Maîtres de l’Art hermétique.

Le Bienheureux, en passant par les tortures des Frères de la


Fraternité du Chardon, a blanchi le Diable, l’a ramené à son
état resplendissant et originel.

Celui qui meurt en lui-même, ici et maintenant, libère


Prométhée enchaîné qui, en retour, le paie en le faisant
croître, car il est un Colosse ayant pouvoir sur les cieux, sur
la terre et sur les enfers.

Lucifer-Prométhée intégré radicalement avec toutes les


parties de notre Être, fait de nous quelque chose d’autre, de
différent, une créature exotique, un Archange, une Puissance
terriblement divine.

Il n’est pas superflu de rappeler dans ce traité que lorsque


les saintes femmes entrèrent dans le tombeau du Sauveur du
monde, elles virent, au lieu de l’homme qu’elles avaient
connu, un Ange vêtu d’une longue robe blanche et elles
furent saisies d’effroi.

Il est écrit : « À celui qui vaincra et gardera mes œuvres


jusqu’à la fin, je donnerai autorité sur les nations.
Et il les mènera avec une verge de fer, et elles seront fracassées
comme des vases d’argile ; ainsi moi-même j’ai reçu ce pouvoir
de mon Père. Et je lui donnerai l’Étoile du Matin. »
(Apocalypse 2:26-28)

92
Henri Khunrath, dans son « Amphiteatrum Sapientae
Aeternae », « l’Amphithéâtre de l’Éternelle Sapience », écrit :
« Finalement, lorsque l’œuvre est passée de la couleur
cendrée au blanc pur et ensuite au jaune, tu verras la Pierre
Philosophale (l’Archange mentionné ci-dessus) ; notre Roi
(le Troisième Logos), qui sort de son sépulcre vitreux, se
lève de sa couche et vient sur notre scène mondaine avec son
corps glorifié, c’est-à-dire régénéré et plus-que-parfait. »

Disons, pour préciser, que le terme « Pierre Philosophale »


signifie, selon la langue sacrée, « Pierre qui porte le signe du
Soleil ». Or, ce signe solaire est caractérisé par la couleur
rouge, laquelle peut varier en intensité.

Un vieil alchimiste dit : « Ce que nous poursuivons, avec tous


les philosophes, ce n’est pas l’union d’un corps et d’un esprit
métalliques, mais plutôt la condensation, l’agglomération de
cet esprit dans une enveloppe cohérente, tenace et réfractaire,
capable de l’enrober, d’en imprégner toutes les parties et de lui
assurer une protection efficace.
C’est cette âme, esprit ou feu rassemblé (dûment mélangé
avec Vénus-Lucifer), concentré et coagulé dans la plus pure,
la plus résistante et la plus parfaite des matières terrestres,
que nous appelons notre pierre.
Et nous pouvons certifier que toute entreprise qui n’a pas cet
esprit pour guide et cette matière pour base ne conduira
jamais au but proposé. » (Fulcanelli, Les Demeures
Philosophales)

93
10. L’Anthropologie Gnostique

Du fait que les études gnostiques ont progressé


extraordinairement ces derniers temps, aucune personne
cultivée ne tomberait aujourd’hui, comme anciennement,
dans l’erreur simpliste de faire surgir les courants
gnostiques de quelque latitude spirituelle exclusive.

S’il est bien certain que nous devons tenir compte, dans
n’importe quel système gnostique, de ses éléments
hellénistiques et orientaux, incluant la Perse, la
Mésopotamie, la Syrie, l’Inde, la Palestine, l’Égypte, etc.,
jamais nous ne devrions ignorer les principes gnostiques
perceptibles dans les sublimes cultes religieux des Nahuas,
Toltèques, Aztèques, Zapotèques, Mayas, Chibchas, Incas,
Quechuas, etc., de l’Amérique indienne.

Pour parler franchement et sans ambages, nous dirons que


la Gnose est un fonctionnalisme très naturel de la
conscience : une « Philosophia perennis et universalis ».

Incontestablement, la Gnose est la connaissance illuminée


des Mystères divins réservés à une élite.

Le mot Gnosticisme renferme l’idée de systèmes ou de


courants consacrés à l’étude de la Gnose.

Le Gnosticisme implique une série cohérente, claire, précise,


d’éléments fondamentaux vérifiables au moyen de
l’expérience mystique directe : la Malédiction, à partir d’un
point de vue scientifique et philosophique ; l’Adam et Ève de
la Genèse hébraïque ; le Péché Originel et la sortie du

94
Paradis ; le mystère de Lucifer Nahuatl ; la Mort du
Moi-même ; les Pouvoirs créateurs ; le Christ intime,
l’Essence du Salvator Salvandus ; les Mystères de la
sexualité ; le Serpent Igné de nos pouvoirs magiques ; la
descente aux Enfers ; le retour à l’Éden ; le Don de
Méphistophélès.

Seules les doctrines gnostiques qui impliquent les


fondements ontologiques, théologiques et anthropologiques
mentionnés ci-dessus font partie du Gnosticisme
authentique.

Le terme Prégnostique désigne ce qui, de façon concrète,


évidente et spécifique, présente quelque caractère d’une
certaine façon délectable dans les systèmes gnostiques, mais
cet aspect étant intégré dans une conception en tout
étrangère au Gnosticisme Révolutionnaire ; dans une pensée
qui certainement n’est pas mais néanmoins est gnostique.

Le mot Protognostique désigne tout système gnostique à


l’état embryonnaire, germinal, et les mouvements régis par
une attitude très similaire à celle qui caractérise les courants
gnostiques définis.

L’adjectif Gnostique peut et même doit être appliqué


intelligemment à des conceptions qui, d’une manière ou
d’une autre, relèvent aussi bien de la Gnose que du
Gnosticisme.

Le terme Gnosticisant se trouve incontestablement très


proche de Prégnostique par sa signification, puisque ce
vocable, en réalité et stricto sensu, se rapporte à des aspects
intrinsèques qui possèdent une certaine similitude avec le
Gnosticisme universel, mais intégrés dans un courant non
défini comme Gnose.

95
Ces précisions sémantiques fermement établies, définissons
maintenant avec une entière clarté méridienne le
Gnosticisme.

Il n’est pas inutile dans ce traité de souligner que le


Gnosticisme est un processus religieux très intime, naturel et
profond.

C’est un ésotérisme authentique qui prend racine au fond de


notre Être, se développant à chaque instant, comportant des
vécus mystiques très particuliers, une Doctrine et des rites
propres.

Doctrine extraordinaire qui adopte fondamentalement une


forme mythique, et parfois mythologique.

Sa Liturgie magique, ineffable, constitue une vive illustration


pour la conscience superlative de l’Être.

Indiscutablement, la connaissance gnostique échappe


toujours aux analyses ordinaires du rationalisme subjectif.

Le corrélât de cette connaissance est l’intimité infinie de la


personne, l’Être.

La raison d’être de l’Être est ce même Être. Seul l’Être peut


se connaître lui-même.

L’Être s’autoconnaît donc dans la Gnose.

L’Être se réévaluant et se connaissant lui-même est


l’autognose ; indubitablement, cette autognose est la Gnose
elle même.

L’autoconnaissance de l’Être est un mouvement


suprarationnel qui dépend de lui et qui n’a rien à voir avec
l’intellectualisme.

96
L’abîme qui existe entre l’Être et le Moi est infranchissable
et, par conséquent, c’est le Pneuma, c’est l’Esprit qui se
reconnaît en nous : cette reconnaissance de soi-même est un
acte autonome pour lequel la raison subjective du
mammifère intellectuel se révèle inefficace, insuffisante,
terriblement indigente.

L’autoconnaissance, l’autognose implique l’annihilation du


Moi comme travail préalable, urgent et indispensable.

Le Moi, l’Ego, est constitué de sommes et de restes


d’éléments subjectifs inhumains, bestiaux, qui ont
incontestablement un commencement et une fin.

L’Essence, la Conscience, emboutie, embouteillée,


emprisonnée dans les divers éléments qui constituent le
Moi-même, l’Ego, ne se manifeste malheureusement que de
façon douloureuse, en vertu de son propre conditionnement.

En dissolvant le Moi, l’Essence ou la Conscience s’éveille,


s’illumine, se libère ; alors survient, comme conséquence ou
corollaire, l’autoconnaissance, l’autognose.

L’autognose est la base irréfutable, incontestable, de la


révélation authentique.

La révélation gnostique est toujours immédiate, directe,


intuitive ; elle exclut radicalement les opérations
intellectuelles de type subjectif, elle n’a rien à voir avec
l’expérience, avec l’assemblage de données
fondamentalement sensorielles.

S’il est bien certain que l’Intelligence ou Noûs, dans son sens
« gnoséologique », peut servir de base à l’intellection
illuminée, elle se refuse carrément, cependant, à tomber
dans le vain intellectualisme.

97
Les caractéristiques ontologiques, pneumatiques ou
spirituelles de Noûs (l’Intelligence) s’avèrent claires et
évidentes.

Au nom de la vérité, je déclare solennellement que l’Être est


l’unique existence réelle, devant la transparence ineffable et
terriblement divine de laquelle ce que nous appelons le Moi,
l’Ego, le Moi-même, le Soi-même, est tout simplement
ténèbres extérieures, pleurs et grincements de dents.

L’autognose ou reconnaissance autognostique de l’Être, une


fois comprise l’acception anthropologique du Pneuma ou
Esprit, se révèle quelque chose de résolument rédempteur.

Se connaître soi-même c’est avoir atteint l’identification avec


son propre Être divin.

Se savoir identique avec son propre Pneuma ou Esprit,


expérimenter directement l’identification entre ce qui est
connu et celui qui connaît, voilà ce que nous pouvons et
devons définir comme autognose.

Indéniablement, cette extraordinaire découverte nous invite


à mourir à nous-mêmes afin que l’Être se manifeste en nous.

Au contraire, s’éloigner de l’Être, continuer en tant qu’Ego


dans l’hérésie de la séparativité, signifie se condamner à
l’Involution dans les mondes infernaux, dans les régions
submergées de l’Abîme.

Cette réflexion nous amène tout naturellement au thème


gnostique du libre-choix. Le Gnostique sérieux est sans
conteste un élu a posteriori.

L’expérience gnostique permet au dévot sincère de se


connaître et de s’autoréaliser intégralement.

98
On entend par « autoréalisation » le développement
harmonieux de toutes les infinies possibilités humaines.

Il ne s’agit pas de concepts intellectuels lancés au hasard, ni


de simple verbiage insubstantiel ou de bavardage ambigu.

Tout ce que nous disons dans ces lignes peut être traduit en
expérience authentique, vivante, réelle.

Le dogme de la prédétermination orthodoxe, qui nous


embouteillerait lamentablement dans une étroite conception
de la Déité anthropomorphe, n’existe pas dans les courants
gnostiques.

Dieu en grec est Theos, en latin Deus, et en sanscrit Div ou


Deva, mot que l’on traduit habituellement par Ange ou
Anges.

Et même chez les peuples sémitiques les plus conservateurs,


le plus ancien Dieu de la Lumière, El ou Ilu, apparaît, dans les
premiers chapitres de la Genèse, sous la forme plurielle
synthétique d’Élohim.

Dieu n’est pas un individu humain ou divin en particulier,


Dieu est les Dieux. Il est « l’Armée de la Voix », la « Grande
Parole », le « Verbe » de l’évangile de Saint-Jean, le Logos
créateur, l’Unité Multiple Parfaite.

S’autoconnaître et se réaliser dans l’horizon des infinies


possibilités implique notre admission ou notre réadmission
dans « l’Ost créatrice des Élohim ».

Le Gnostique est formellement assuré que lorsque l’Être


aura été intégralement découvert, ses splendeurs
merveilleuses aboliront radicalement toute illusion.

99
L’ouverture du Pneuma, ou Esprit divin de l’homme, a un
contenu totalement sotériologique.

Si l’on possède encore la Gnose des Grands Mystères


archaïques, c’est parce que des hommes très saints, grâce à
leur fidélité doctrinaire, ont réussi à s’approcher du
dynamisme révélateur de l’Être.

Sans une information préalable sur l’Anthropologie


Gnostique, il serait plus qu’impossible de faire l’étude
rigoureuse des diverses pièces anthropologiques des
cultures aztèque, Toltèque, maya, égyptienne, etc.

Dans l’anthropologie profane, excusez la comparaison,


lorsqu’on veut obtenir des résultats, on laisse en liberté un
singe, à l’intérieur d’un laboratoire, et l’on observe ensuite ce
qui se passe.

Les codex mexicains, les papyrus égyptiens, les tablettes


assyriennes, les rouleaux de la Mer Morte, les anciens
parchemins, de même que certains temples très antiques, les
monolithes sacrés, les vieux hiéroglyphes, les pyramides, les
tombeaux millénaires, etc., offrent dans leur profondeur
symbolique un sens gnostique qui échappe définitivement à
l’interprétation littérale et qui n’a jamais eu une valeur
explicative de caractère exclusivement intellectuel.

Le rationalisme spéculatif, au lieu d’enrichir le langage


gnostique, l’appauvrit lamentablement, étant donné que les
récits gnostiques, écrits ou allégorisés sous quelque forme
artistique que ce soit, sont toujours orientés vers l’Être.

Et c’est dans ce très intéressant langage mi-philosophique et


mi-mythologique de la Gnose que se présentent une série de
constantes extraordinaires, de symboles avec un fond

100
ésotérique transcendantal, et qui, de manière silencieuse,
n’en disent pas moins beaucoup.

Les Dieux et les hommes savent très bien que le silence est
l’éloquence de la Sagesse.

Les caractères qui se rattachent spécifiquement au « Mythe »


gnostique et qui sont mutuellement complémentaires, sont
les suivants :
1. Divinité Suprême.
2. Émanation et chute Pléromatique.
3. Démiurge Architecte.
4. Pneuma dans le Monde.
5. Dualisme.
6. Le Sauveur.
7. Le Retour.

La Divinité Suprême gnostique peut être définie comme


l’Agnostos Theos, « l’Espace Abstrait Absolu », le « Dieu
Ignoré ou Inconnu », la « Réalité Une de laquelle émanent les
Élohim à l’aurore de toute Création universelle ».

Rappelons-nous que Paranishpana est le Summum Bonum


« l’Absolu », et, par conséquent, la même chose que
Paranirvana.

Plus tard, tout ce qui existe en apparence dans cet univers


aura une existence réelle dans l’état de Paranishpana.

Incontestablement, les facultés de cognition humaine ne


pourront jamais aller au-delà de l’Empire cosmique du Logos
Mâle-Femelle, du Démiurge créateur, de l’Armée de la Voix
(le Verbe).

Jah-Hovah, le Père-Mère secret de chacun de nous, est le


véritable Jéhovah.

101
La lettre hébraïque Jod est le membrum virile (le principe
masculin).

Ève, Hévé, qui est la même que Hébé, la Déesse grecque de la


jeunesse et la jeune épouse olympique d’Héraclès, est la
Yoni, le Calice divin, « l’Éternel Féminin ».

Le divin Rabbin de Galilée, au lieu de rendre un culte au


Jéhovah anthropomorphique de la religion juive, adora son
divin Mâle-Femelle (Jah-Hovah), le Père-Mère intérieur.

Le Bienheureux, crucifié sur le mont du Crâne (le Calvaire),


s’exclama, dans un grand cri : « Mon Père, je remets mon
Esprit entre tes mains. » Ram-Io, Isis, sa Divine Mère
Kundalini, l’a accompagné dans la Via Crucis, le Chemin de
Croix.

Toutes les nations considéraient leur premier Dieu (ou leurs


Dieux primordiaux) comme androgynes : il ne pouvait en
être autrement puisqu’ils voyaient leurs lointains
progéniteurs primitifs, leurs ancêtres au double sexe,
comme des Êtres divins ou des Dieux saints, tout comme le
font les chinois d’aujourd’hui.

En effet, la conception artificieuse d’un Jéhovah


anthropomorphe, exclusiviste, indépendant de sa propre
création, assis là-haut sur un trône de tyrannie et de
despotisme, projetant foudres et tonnerres contre cette
triste fourmilière humaine, est le résultat de l’ignorance,
pure idolâtrie intellectuelle.

Cette conception erronée, cette vision si éloignée de la vérité


s’est malheureusement emparée tant du philosophe
occidental que du religieux affilié à n’importe quelle secte
complètement dépourvue d’éléments gnostiques.

102
Ce que les gnostiques de tous les temps ont rejeté, ce n’est
pas le Dieu inconnu, Un et toujours présent dans la nature,
ou dans la nature « in abscondito » (cachée), mais le Dieu du
dogme orthodoxe, l’épouvantable divinité vindicative de la
loi du talion (œil pour œil, dent pour dent).

« L’espace abstrait absolu », le Dieu inconnaissable, n’est ni


un vide sans limites, ni une plénitude conditionnée, mais les
deux choses à la fois.

Le gnostique ésotériste accepte la révélation comme


procédant d’Êtres divins, des vies manifestées, mais jamais
de la vie non manifestable.

La Déité inconnaissable est l’espace abstrait absolu, la racine


sans racine de tout ce qui fut, est ou sera.

Cette Cause infinie et éternelle se trouve, bien entendu,


dépourvue de toute espèce d’attributs ; cette lumière
négative, cette existence négative, est hors d’atteinte de
toute pensée ou spéculation.

Le Mythe gnostique de Valentin, qui nous montre de manière


spécifique les trente Éons pléromatiques surgissant
mystérieusement du sein de l’espace abstrait absolu par
émanations successives et ordonnées, en paires parfaites,
peut et doit servir comme archétype modèle d’un mythe
moniste qui, de façon plus ou moins manifeste, se trouve
présent en tout système gnostique défini.

Ce point transcendantal de la probolé s’oriente


classiquement vers une division ternaire du Divin :
l’Agnostos Theos (l’Absolu), le Démiurge, le Pro-Père, etc.

Le monde divin, l’espace glorieux du Plérôme, a surgi


directement de la Lumière Négative, de l’Existence Négative.

103
Finalement, le Noûs, Esprit ou Pneuma, contient en lui même
d’infinies possibilités susceptibles de développement durant
la manifestation.

Entre les limites extraordinaires de l’Être et du non-Être de


la Philosophie, il s’est produit la multiplicité, ou chute.

Le Mythe gnostique de la chute de Sophia (la divine Sagesse),


allégorise solennellement ce terrible bouleversement au sein
du Plérôme.

Le désir, la fornication, le fait de vouloir ressortir ou


s’imposer en tant qu’Ego, est l’origine de la déchéance et du
désordre, et produit une œuvre adultérée qui,
incontestablement, reste en dehors de l’espace divin, bien
qu’en elle reste prise l’Essence, la Bouddhata, le matériau
psychique de la créature humaine.

L’impulsion vers l’unité de la vie libre en son mouvement


peut être déviée vers le Moi, forgeant dans la séparation tout
un monde d’amertumes.

La chute de l’homme dégénéré est le fondement de la


Théologie de toutes les nations antiques.

Selon Philolaos, le pythagoricien (Ve siècle avant


Jésus-Christ), les anciens philosophes disaient que le
matériau psychique, l’Essence, était enterré dans le Moi
comme dans une tombe, en guise de châtiment pour quelque
péché. Platon témoigne que telle était la doctrine des
orphiques, et lui-même la professait.

Le désir démesuré, le bouleversement du régime de


l’émanation, conduit à l’échec.

Le fait de vouloir se distinguer comme Ego entraîne toujours


le désordre et la chute de toute rébellion angélique.

104
L’auteur du monde des formes est, donc, un groupe de
créateurs Mâles-Femelles ou Dieux Doubles, comme Tlaloc,
le Dieu de la pluie et de la foudre, et son épouse
Chalchiuhtlicue, la déesse à la robe de jade, dans les
panthéons maya, aztèque, olmèque, zapotèque, etc.

Dans le mot Elojim (Élohim), nous trouvons une clé


transcendantale qui nous invite à la réflexion.

Assurément, Elojim avec un « j » est traduit par « Dieu »,


dans les différentes versions autorisées et révisées de la
Bible.

Cependant, c’est un fait irréfutable, non seulement du point


de vue ésotérique, mais aussi linguistique, que le terme
Elojim est un nom féminin avec une terminaison masculine
plurielle.

La traduction correcte, stricto sensu, du nom Élohim ou pour


mieux dire, Elojim, car en hébreux le « h » se prononce « jh »,
est Déesses et Dieux.

« Et l’Esprit des principes masculin et féminin planait à la


surface de l’informe, et la création eut lieu. »

Incontestablement, une religion sans Déesses est à


mi-chemin du complet athéisme.

Si nous voulons vraiment l’équilibre parfait de la vie


animique, nous devons rendre un culte à Elojim (les Dieux et
les Déesses des temps anciens), et non au Jéhovah
anthropomorphe rejeté par le grand Kabire Jésus.

Le culte idolâtrique du Jéhovah anthropomorphe, au lieu


d’Elojim, est certainement un puissant obstacle à l’obtention
des états conscientifs supranormaux.

105
Nous, les anthropologues gnostiques, au lieu de rire avec
scepticisme, comme les anthropologues profanes, devant les
représentations des Dieux et Déesses des divers panthéons
aztèque, maya, olmèque, toltèque, inca, chibcha, celtique,
égyptien, hindou, chaldéen, phénicien, mésopotamien, perse,
romain, tibétain, etc., nous tombons prosternés aux pieds de
ces Divinités, parce qu’en elles nous reconnaissons l’Elojim
créateur de l’univers. « Celui qui rit de ce qu’il ne connaît
pas, est sur la voie de devenir idiot. »

La déviation du Démiurge Créateur, l’antithèse, le fatal, est


l’inclination vers l’égoïsme, l’origine réelle de toutes les
amertumes de notre monde.

Indubitablement, la conscience égoïque s’identifie avec


Yahvé, lequel, selon Saturnin d’Antioche, est un Ange déchu,
le génie du Mal.

L’Essence, la Conscience embouteillée au cœur de l’Ego, se


manifeste douloureusement dans le temps, en vertu de son
propre conditionnement.

La situation, certes très peu agréable, répétée sans cesse


dans les récits gnostiques, du Pneuma cruellement soumis
aux puissances de la loi, au monde et à l’abîme, s’avère trop
manifeste pour que nous ayons besoin d’insister sur elle.

La faiblesse et l’impuissance déconcertantes du pauvre


« mammifère intellectuel », erronément appelé « homme », à
se lever du limon de la terre sans l’aide du Divin, est bien
évidente.

Il existe un proverbe populaire, en espagnol, que l’on


pourrait traduire ainsi, littéralement : « Dieu priant, marteau
donnant. » (Un équivalent français pourrait être : « Demande
et tu recevras », N.D.T.)

106
Seul le « Rayon Igné », impérissable, enfermé au fond de la
substance obscure, informe et froide, peut réduire le Moi
psychologique en poussière cosmique pour libérer la
Conscience, l’Essence.

Nous déclarons en mots ardents : Seul le Souffle divin peut


nous réincorporer dans la Vérité ; cependant, ceci n’est
possible que sur la base de travaux conscients et de
souffrances volontaires.

La possession spécifique de la Gnose s’accompagne toujours


d’une certaine attitude d’extranéité ou de détachement
devant ce monde mayavique, illusoire.

Le Gnostique authentique veut un changement définitif, il


sent intimement les secrètes impulsions de l’Être ; de là son
angoisse, sa répulsion et son malaise, devant les divers
éléments inhumains qui constituent le Moi.

Celui qui aspire à se perdre dans l’Être, ressent une vive


aversion pour les horreurs du Moi-même, qu’il condamne
irrévocablement.

Se considérer comme un moment de la totalité, c’est se


savoir infini et c’est repousser, avec toutes les forces de
l’Être, l’égoïsme répugnant de la séparativité.

Deux états psychologiques s’ouvrent devant tout Gnostique :


1. Celui de l’Être, transparent, cristallin, impersonnel, réel
et véritable.
2. Celui du Moi, ensemble d’agrégats psychiques
personnifiant les défauts, dont la seule raison d’exister
est l’ignorance.

107
Le Moi « supérieur » et le Moi « inférieur » ne sont que deux
parties d’une seule et même chose, deux aspects différents
du Moi-même, deux facettes de l’infernal.

En effet, le sinistre, gauche et ténébreux Moi, qu’il soit


« supérieur », « médian » ou « inférieur », est la somme, le
reste et la multiplication continue d’agrégats psychiques
inhumains.

Le prétendu Moi supérieur est, assurément, un subterfuge


du Moi-même, une ruse intellectuelle de l’Ego qui cherche
des échappatoires pour continuer à exister, une forme très
subtile d’autotromperie.

Le Moi est un ouvrage horripilant en plusieurs tomes, le


résultat d’innombrables événements du passé, un nœud fatal
qu’il faut défaire.

L’autoglorification égoïque, le culte du Moi, la surestimation


du Moi-même, est une paranoïa, une idolâtrie de la pire
espèce.

La Gnose est révélation ou dévoilement, aspiration raffinée,


synthèse conceptuelle, obtention des Biens les plus élevés.

Ostensiblement, tant en essence qu’en accident, Gnose et


Grâce sont phénoménologiquement identifiables.

Sans la Grâce divine, sans l’aide extraordinaire du Souffle


sacré, l’autognose, l’autoréalisation intime de l’Être est plus
qu’impossible.

L’important, c’est de s’autosauver, et ceci exige la pleine


identification de celui qui sauve et de celui qui est sauvé.

Le Divin qui habite au fond de l’âme, l’authentique et


légitime faculté de connaissance, annihile l’Ego, absorbe

108
l’Essence en sa Parousie et la sauve en conduisant à une
totale Illumination. C’est le thème du Salvator Salvandus.

Le Gnostique qui a été sauvé des eaux a fermé le cycle des


amertumes infinies ; il a franchi la limite qui sépare l’espace
ineffable du Plérôme des régions inférieures de l’univers ; il
s’est vaillamment échappé de l’Empire du Démiurge, car il a
réduit l’Ego en poussière cosmique.

Le passage à travers les divers mondes, l’annihilation


successive des éléments inhumains, confirme cette
réincorporation dans le Soleil Sacré Absolu, et alors,
convertis en créatures terriblement divines, nous passons
au-delà du bien et du mal.

109
11. Mexico-Tenochtitlan

Le mot Tenochtitlan a une explication très claire et très


simple, dénuée d’artifices inutiles : « Lieu du Tenochtli, du
nopal aux dures épines. »

Le cactus traditionnel né dans la dure roche est un glyphe


très ancien des mystères archaïques, le signe magique et
mystique de la cité.

Mexico, étymologiquement, provient de la racine Meztli


(lune) et de Xictli (ombilic ou centre).

Mexico, mot classique précolombien, peut et doit donc se


traduire ainsi : « La ville qui est au milieu du lac de la lune. »

Il n’est pas inutile de signaler ici le fait que le peuple voisin,


les Otomis, désignait toujours cette cité seigneuriale par le
double nom de Anbondo Amadetzana.

Le terme « bondo », en rigoureux Otomi, veut dire « nopal »,


Amadetzana signifie « au milieu de la lune ».

L’aigle triomphant posé sur le nopal, dévorant un serpent,


sur l’écu armorial des États-Unis Mexicains, n’est autre que
la traduction fidèle du glyphe archaïque qui autrefois
désignait la grande Tenochtitlan.

Même au sommet de la gloire, les anciens mexicains n’ont


jamais oublié que leur métropole, imposante et
merveilleuse, avait été établie dans les marécages par une
tribu humble et sous-estimée. Une très antique légende qui
se perd dans la nuit des siècles rapporte comment les

110
anciens ont découvert, à leur grand étonnement, intollihtic
inacaihtic, « dans les marais, dans les étendues de roseaux »,
certains végétaux et créatures animales que le Dieu
Huitzilopochtli leur avait décrits : le saule blanc, la grenouille
couleur d’émeraude, le poisson blanc, etc.

« Quand ils virent ceci, les anciens pleurèrent sur-le-champ et


ils dirent : Ainsi donc, c’est ici qu’elle sera (notre cité), puisque
nous avons vu ce que nous a dit et annoncé Huitzilopochtli.
Mais la nuit suivante, le Dieu appela le Sacerdote Cuauhcoatl
(Aigle-Serpent) et lui dit : Ô Cuauhcoatl !, vous avez vu à
présent et vous avez été émerveillés par tout ce qu’il y a dans
le marécage. Écoutez cependant !, il y a quelque chose d’autre
que vous n’avez pas encore vu ; allez donc tout de suite voir le
Tenochtli, celui sur lequel vous verrez l’aigle se poser
hardiment. Là, nous serons, nous dominerons, attendrons,
rencontrerons les gens, qui sont notre cœur et notre tête ; avec
notre flèche et notre bouclier nous affronterons ceux qui nous
entourent, et nous les conquerrons tous. Car là sera notre ville,
Mexico-Tenochtitlan, le lieu où l’aigle crie, se montre et
mange, le lieu où nage le poisson, le lieu où demeure le serpent
et où surviennent beaucoup de choses. »

Cuauhcoatl, le ministre du Très-Haut, ivre d’extase, réunit


aussitôt les mexicains sur l’agora pour leur communiquer la
Parole du Seigneur.

Et les jeunes hommes et toutes les femmes, les vieillards et


les enfants, débordants de joie, le suivent à travers le marais,
entre les plantes aquatiques et les laîches, et tout à coup, il se
produit une chose insolite, la stupéfaction est générale, tous
aperçoivent le signe promis, l’aigle rebelle posé sur le nopal,
en plein festin macabre, en train de dévorer un serpent. En
ces moments de contemplation et de bonheur, Lucifer

111
Nahuatl s’exclama dans un grand cri : Ô Mexicains, voilà où je
serai !

Les Mexicains, à cause de ceci, se mirent aussitôt à pleurer,


et ils dirent : Nous sommes parvenus à réaliser notre désir !
Nous avons vu et nous sommes émerveillés par l’endroit où
sera établie notre ville ; allons et reposons-nous.

Une fois étudiées de façon appropriée toutes ces phrases au


contenu riche et profond, nous passerons aussitôt à une
analyse de fond.

Le Serpent est incontestablement le symbole ésotérique de


la sagesse et de la connaissance occulte.

Le Serpent a été en relation avec le Dieu de la Sagesse depuis


les temps antiques.

Le Serpent est le symbole sacré de Thoth, ou Taut, et de tous


les Dieux saints tels qu’Hermès, Sérapis, Jésus, Quetzalcóatl,
Bouddha, Tlaloc, Zoroastre, Bochica, etc.

N’importe quel adepte de la Fraternité Blanche Universelle


peut être dûment figuré par le « Grand Serpent », qui occupe
une place tellement notoire parmi les symboles des Dieux
sur les pierres noires qui enregistrent les bénéfices
babyloniens.

Esculape, Pluton, Eshmun et Knepp sont tous des Déités avec


les attributs du Serpent, nous dit Dupuis. Tous sont
guérisseurs, dispensateurs de la santé spirituelle et physique
et de l’illumination.

Les Brahmanes ont reçu leur cosmogonie, leur science et


leur art de la culture, des fameux Naga-Mayas, appelés
depuis Danavas.

112
Les Nagas et les Brahmanes ont utilisé le symbole sacré du
Serpent à Plumes, emblème indiscutablement mexicain et
maya.

Les Upanishad renferment un traité sur la Science du


Serpent ou, ce qui revient au même, la Science de la
Connaissance occulte.

Les Nagas (Serpents) du Bouddhisme ésotérique sont des


hommes authentiques, parfaits, autoréalisés, en vertu de
leur connaissance occulte, et des protecteurs de la loi du
Bouddha pour autant qu’ils interprètent correctement ses
doctrines métaphysiques.

La couronne formée d’un aspis (ou aspic), le Thermutis,


appartient à Isis, notre Divine Mère Kundalini particulière,
individuelle, car chacun de nous a la sienne.

Kundalini, le Serpent Igné de nos pouvoirs magiques,


enroulée à l’intérieur du centre magnétique du coccyx (à la
base de l’épine dorsale), est lumineuse comme l’éclair.

Le grand Kabire Jésus de Nazareth n’aurait jamais conseillé à


ses disciples d’être aussi sages que le Serpent, si celui-ci
avait été un symbole du mal.

Il n’est pas superflu de rappeler que les Ophites, les sages


gnostiques égyptiens de la « Fraternité du Serpent »,
n’auraient jamais adoré une couleuvre vivante dans leur
Liturgie, comme emblème de la Divine Sophia (Sagesse), si
ce reptile avait été en relation avec les puissances du mal.

Le Serpent comme Déité féminine en nous est l’épouse du


Saint-Esprit, notre Vierge Mère pleurant au pied de la Croix
sexuelle avec le cœur transpercé par sept poignards.

113
Stella Maris, l’Étoile de la Mer, Marah, Marie ou, pour mieux
dire, Ram-Io, le Serpent de feu s’élevant victorieusement par
la moelle épinière de l’adepte, est notre propre Être mais
dérivé, que l’aigle, le Troisième Logos, doit dévorer.

Les vieux sages de la Terre sacrée du Mayab ont, depuis la


nuit profonde des siècles, toujours souligné l’idée
transcendantale des banquets de la couleuvre ; il faut que
nous soyons avalés par le Serpent.

Il s’avère opportun de mentionner ici Tonantzin, notre


Divine Mère Kundalini particulière, individuelle, la « Femme
Serpent », « Dieu-Mère ».

La classique Médée de l’Anahuac, l’envers de la médaille, est


Coatlicue, le Serpent qui annihile l’Ego avant le festin.

Le Serpent saturnien ne mange rien d’immonde ; elle, la


divine épouse de Chronos, ne peut dévorer que des principes
animiques et spirituels, des corps glorieux, des forces, des
facultés, etc.

Au nom de la vérité, nous devons formuler l’énoncé suivant :


sans exception spécifique particulière, aucun initié, ni même
ceux qui, selon la tradition ésotérique occidentale, ont
atteint le degré d’Adeptus Exemptus, ne pourrait jouir des
pouvoirs du Serpent sans avoir été auparavant dévoré par
celui-ci.

Il ne suffit pas d’obtenir l’ascension du Serpent Igné de nos


pouvoirs magiques le long du canal médullaire spinal, de
chakra en chakra ; il s’avère urgent, indispensable, d’être
dévorés par la couleuvre. C’est seulement ainsi que nous
allons nous convertir en quelque chose de différent, de
distinct.

114
Dans le livre magistral de De Bourbourg, Votan, le demi-dieu
mexicain, narrant son expédition, décrit un passage
souterrain qui suivait son cours sous terre et se terminait à
la racine des cieux, ajoutant que ce passage était un trou de
serpent, un trou de couleuvre, et que lui-même y avait été
admis parce qu’il était un « Fils des Serpents », c’est-à-dire
un Serpent (quelqu’un qui avait été dévoré par le Serpent).

Si les Sacerdotes assyriens portaient toujours le nom de leur


Dieu. Aussi, les Druides des régions celto-britanniques
s’appelaient serpents. Je suis un serpent, je suis un Druide,
s’exclamaient-ils.

Le Karnak égyptien est le frère jumeau du Carnac britannique,


ce dernier signifiant : le Mont du Serpent.

De Bourbourg indique que les Chefs avec le nom de Votan, le


Quetzalcóatl ou Déité Serpent des mexicains, sont les
descendants de Cam et de Canaan. Je suis un Hivim, disent-ils.

Étant un Hivim, je suis de la Grande Race du Dragon (Serpent).


Je suis moi-même un Serpent, car je suis un Hivim.

D’épouvantables luttes attendent toujours le candidat,


l’adepte, de terribles batailles contre ses propres passions
animales personnifiées dans les multiples agrégats
psychiques, ou éléments inhumains, qu’il doit réduire en
poussière cosmique grâce à l’aide spéciale de la
« Femme-Serpent ».

Les grottes des Rishis, les demeures de Tirésias et des


voyants grecs, ont été modelées conformément à celles des
Nagas, des « Rois-Serpents » qui vivaient dans les cavités
creusées dans la roche, sous terre. L’adepte victorieux se
convertit en un « Fils du Serpent » et en un Serpent qui doit
être avalé par l’Aigle de l’Esprit (le Troisième Logos).

115
Chronos-Saturne est Shiva, le Premier-Né de la Création,
l’Être de notre Être, l’Archihiérophante et l’Archimagicien,
l’Aigle de l’Anahuac.

La Mythologie grecque considère Chronos comme l’un des


plus anciens Dieux ; un véritable créateur de Dieux.

Saturne-Chronos, l’Aigle rebelle, dévore le Serpent pour


nous transformer en Dieux.

Dans ce mythe nous rencontrons de nouveau l’idée


transcendantale que celui qui donne la Vie est aussi le
donneur de la Mort.

Incontestablement, Saturne avec sa faucille se transforme


facilement en la Mort avec sa faux. Si le grain ne meurt, la
plante ne naît pas ; si le Serpent n’est pas avalé par l’Aigle
saturnien, jamais nous ne serons des Dieux.

Ovide dit, au sujet de Saturne : « Chronos fut un très antique


Roi divin du Latium, qui occupa sur l’emplacement de Rome le
mont qui a été appelé par lui Janicule. » Certains assurent
qu’il a régné en Étrurie, d’autres en Ombrie. Le premier
temple que l’on ait érigé en Italie lui était consacré.

Macrobe dit de lui qu’il était le Dieu Saturne lui-même, qui


avait été chassé du ciel par son fils Jupiter et qui était
descendu vivre parmi les hommes ; expulsé de Crète, il reçut
l’hospitalité en Italie, où il enseigna l’agriculture, les arts et
les sciences. On dit de Chronos-Saturne, qu’il fonda aussi la
Cité Saturnienne sur le mont Tarpéien, c’est-à-dire sur le
Capitole.

Plusieurs le considèrent (Cicéron, De Natura Deorum)


comme le Theos Chaos, le Sein d’où sortent toutes choses et
où elles doivent revenir, car c’est ce que veut dire son nom,

116
en tant que Dieu du Temps et de l’Année, raison pour
laquelle il a été assimilé au nom « EO » (IO).

La Jana, Yana, Gnana ou Gnosis, est la science de Saturne, soit


la science de la « Connaissance initiatique », la science
d’Enoïchion, ou du Voyant.

Cependant, il est à présent nécessaire de préciser qu’en


aucun des paragraphes précédents nous n’avons fait allusion
à quelque Régent Planétaire, Nazade ou Kabire en
particulier ; nous avons seulement voulu nous référer
spécifiquement au Saturne intime, le divin Augoïdes, le Logoï
individuel, l’Aigle de chacun de nous.

Incontestablement, la couleuvre dévorée par l’aigle se


transforme par le fait même et de plein droit en Serpent à
Plumes.

Jésus, le grand Kabire, fut un Serpent à Plumes, de même que


Moïse, Dante, le Saint Lama, le Bouddha, Quetzalcóatl et
beaucoup d’autres Hiérophantes.

Les Yogis de l’Inde parlent avec une infinie révérence du


couple divin Shiva-Shakti, le double principe créateur
masculin-féminin.

Ometecuhtli, le Seigneur (l’Aigle), et Omecihuatl, la Dame (le


Serpent), se trouvent pleinement manifestés dans le
« Serpent à Plumes ».

Cuauhcoatl (le Serpent-Aigle), grand prêtre de notre


bienheureux Dieu Huitzilopochtli, était manifestement un
illuminé.

Il n’est pas superflu de rappeler que le Serpent à Plumes est


le résultat de travaux conscients et de souffrances
volontaires, pleinement symbolisés par les épines du nopal.

117
Serpent, Aigle, nopal, pierre philosophale, eau du grand lac,
constituent les extraordinaires fondations ésotériques de la
grande Tenochtitlan.

Le codex Azcatitlán allégorise intelligemment les principes


de la vie mexicaine à Tenochtitlan, dans un tableau qui
montre quelques pêcheurs en canoës, occupés au dur labeur,
s’efforçant de pêcher parmi les joncs et les oiseaux
aquatiques.

De vains utopistes qu’il ne vaut absolument pas la peine de


citer, supposent de manière absurde que tout ceci se passait
en l’an 1325 de notre ère.

En paraphrasant le style socratique nous dirons : les


ignorants instruits non seulement ignorent, mais en outre ils
ignorent qu’ils ignorent.

Les Dieux de l’Anahuac savent bien que la fondation de la


grande Tenochtitlan est enfouie dans la nuit profonde des
innombrables siècles qui nous ont précédés dans le cours de
l’Histoire.

Les humbles fondateurs de la puissante civilisation solaire


de Mexico-Tenochtitlan consacraient la majeure partie de
leur précieux temps à la pêche et à la chasse des oiseaux
aquatiques.

Il est clair que ces gens simples n’avaient pas meilleur aspect
que les autres « sauvages lacustres » devant le regard
hautain des habitants des villes voisines de Colhuacan,
Azcapotzalco et Texcoco.

Leurs armes consistaient en le classique filet des pêcheurs et


en le lance-traits si nécessaire pour la chasse aux oiseaux du
lac.

118
Le peuple mexicain vénérait et honorait les Dieux saints
(Anges, Archanges, Vertus, Dominations, Trônes, Chérubins
et Séraphins du christianisme).

Il s’avère tout à fait opportun de mentionner ici


quelques-unes de ces Déités :

Atlahua, « Celui qui porte l’Atlatl » (le propulseur de dards).

Amimitl : ce nom vient, d’après l’étymologie, de mitl, flèche


et atl, eau.

Opochtli, le Gaucher : la traduction exacte de ce nom est :


« Celui qui lance les flèches avec la main gauche. »

Les Deva de l’Inde, les Malachim hébraïques, les Dieux de


l’Anahuac, les Anges du christianisme, sont les principes
spirituels des forces merveilleuses de la nature.

Personne ne peut contrôler de façon absolue ces forces


naturelles, à moins de posséder la Cinquième Initiation
qualifiée du monde causal, qui est celle d’un adepte.

Il est indispensable d’avoir été accepté par les Princes du


Feu, de l’Air, des Eaux et de la Terre ; il est nécessaire d’avoir
réalisé l’ultime nature spirituelle des forces naturelles, avant
que nous puissions nous convertir en Rois authentiques des
éléments de l’Univers.

Prier est une chose différente ; les Saintes Écritures disent :


« Demandez et l’on vous donnera, frappez et l’on vous
ouvrira. »

Les Atlaca-Chichimèques se prosternaient devant les Dieux


saints (les Anges du christianisme), et la réponse ne se
faisait jamais attendre.

119
Les mexicains furent très heureux lorsqu’ils purent acheter à
leurs voisins de la terre ferme, des poutres, des planches et
des pierres pour édifier leur cité.

Cet achat fut effectué au moyen du système du troc, en


échangeant les matériaux utiles contre des poissons, des
têtards, des grenouilles, des crevettes, des couleuvres
aquatiques, des mouches aquatiques, des vers de marais, des
canards, des oiseaux qui vivent dans les marécages, etc.

C’est avec une infinie humilité, simplicité et pauvreté, qu’ils


ont édifié un temple à l’Archange Huitzilopochtli, le
fondateur réel de Mexico-Tenochtitlan.

Ce tabernacle était assurément bien petit, conforme à leurs


possibilités économiques ; établis en terre étrangère, parmi
les joncs et les laîches, il est évident que ces gens ne
disposaient ni de la pierre ni du bois suffisants.

La légende des siècles raconte que le souvenir de cette


époque, humble et grandiose à la fois, était commémoré une
fois l’an durant les fêtes du mois Etzalcualiztli.

L’Ayauhcalli, ou premier oratoire dédié à notre Divin


Seigneur Huitzilopochtli, fut dressé un peu au nord-ouest de
l’actuelle cathédrale métropolitaine, et approximativement à
trois cent mètres, toujours dans la même direction, du centre
de la Place de la Constitution, que l’on nomme aujourd’hui
« Zocalo » (Socle).

Les souverains mexicains successifs n’épargnèrent certes


aucun effort pour faire au Bienheureux Archange
Huitzilopochtli une maison de dévotion digne de lui, mais
toujours sur le même terrain ou emplacement très sacré
choisi par le Saint.

120
Indiscutablement, autour de ce centre magnétique si
singulier ont surgi, règne après règne, des palais, des
pyramides, des sanctuaires, etc.

Il n’est pas inutile de préciser que l’apparition de l’aigle et du


serpent à Cuauhcoatl et à ses gens s’est produite à l’endroit
même où, ensuite, a été construit le temple du saint Dieu
Huitzilopochtli.

Pour parler franchement et sans ambages, nous déclarons


que la grande Tenochtitlan est avant tout le Temple.

Dans le teocalli (maison de Dieu) se trouve résumée et


concentrée totalement la raison d’être fondamentale de la
cité, du peuple et de l’état.

Ce centre magnétique merveilleux repose, sublime, sur le sol


ferme, rocheux ; ile admirable au milieu des eaux cristallines
du marécage ; lieu exotique dans une grande baie de la
légendaire lagune.

Beaucoup de villes et de villages resplendissaient sous la


lumière du soleil sur ses côtes : Azcapotzalco et Tlacopan à
l’ouest ; Coyoacan au sud, Tepeyacac au nord, etc.

Les mexicains durent adapter à leurs besoins un grand


nombre de petites iles, de bancs de sable et de vase.

Avec une grande industrie et une infinie patience, ce peuple


amphibie a dû commencer par créer le sol, en accumulant de
la boue sur des radeaux de joncs, creuser de très nombreux
canaux, très bien remplir de terre les bords, construire ici, là
et partout, des chaussées et des ponts.

Ce fut ainsi que surgit la grande Tenochtitlan, centre


merveilleux d’une puissante civilisation serpentine.

121
12. Le Cataclysme Final

La Pierre du Soleil, le fameux calendrier aztèque, est


incontestablement une parfaite synthèse de la science, de la
philosophie, de l’art et de la religion.

Tonatiuh, le Verbe de Saint-Jean, le Logos ou Démiurge


créateur de l’univers, avec sa langue triangulaire de feu, est
l’Enfant d’Or de l’Alchimie Sexuelle, le Soleil spirituel de
Minuit, l’Aigle qui s’élève, le resplendissant Dragon de
Sagesse, et il est représenté par l’astre brillant qui nous
donne vie, lumière et chaleur. Décoré à la manière Nahua, il
apparaît, glorieux, au centre de la grande Pierre Solaire.

De chaque côté du grand visage apparaissent ses mains,


armées de serres d’aigle et pressant chacune un cœur
humain.

En ce qui concerne l’ésotérisme transcendantal, les Maîtres


Maçons connaissent bien la profonde signification du « salut
avec la griffe ».

Autour de la figure du Verbe mexicain, on peut voir, ciselée


en grandes dimensions, la date « 4 Tremblement », jour où
devra s’achever notre actuel cinquième soleil, par le feu et
les tremblements de terre.

Dans les rectangles merveilleux du signe « Tremblement »


sont sculptées les dates auxquelles ont péri les soleils
précédents.

122
Les « fils du premier soleil », (les androgynes divins de la
première race) qui avaient autrefois vécu, heureux, sur l’Ile
de Cristal, périrent dévorés par les tigres (rappelez-vous de
ce que nous avons dit plus haut dans ce traité sur ce félin).

Les « fils du second soleil », (la seconde race de la terre


d’Apollon), les hyperboréens, furent rasés par de violents
ouragans.

Les « fils du troisième soleil », (les hermaphrodites


lémuriens), les multitudes de la troisième race, qui avaient
vécu sur le continent lémurien situé autrefois dans l’océan
Pacifique, périrent par une pluie de feu et dans de grands
tremblements de terre.

Les « fils du quatrième soleil », la quatrième race (les


Atlantes), dont la terre était située dans l’océan Atlantique,
furent engloutis par les eaux.

Ceux qui ont étudié à fond le sermon prophétique du grand


Kabire Jésus et la deuxième épître de Pierre aux romains,
vont indubitablement s’incliner avec révérence devant le ton
sévère de la Pierre Solaire.

Michel Nostradamus, extraordinaire voyant, insigne


astrologue, qui a vécu entre les années 1503 et 1566, en
France, dit :

« En l’an l999, au septième mois, il viendra du ciel un grand


Roi de terreur. » (Voir les deux premiers vers de la
Centurie 10, quatrain 72.)

Selon les calculs astronomiques, il n’y aura au cours de ce


XXe siècle, que deux éclipses totales du soleil : une le
4 février 1962 et l’autre en août l999.

123
L’effrayante perturbation dans l’orbite et dans le
mouvement de la planète Terre est expliquée
scientifiquement par le voyant Nostradamus lui-même, par
l’approche d’un autre astre qui, durant sept jours, apparaîtra
comme un autre soleil. L’Apocalypse de Saint-Jean
mentionne cet astre, le baptisant du nom d’Absinthe,
amertume. (Apocalypse 8:11)

Cette planète gigantesque, habituellement désignée sous le


nom d’Hercolubus, est appelée par certains la « Planète
Froide » et d’autres la nomment la « Planète Rouge » ; elle
est incontestablement beaucoup plus grande que Jupiter, le
géant colossal de notre système solaire.

« À une éclipse de soleil, dit Nostradamus, succédera l’été le


plus obscur et le plus ténébreux qui ait jamais été vu depuis la
création jusqu’à la passion et la mort de Jésus-Christ, et depuis
ce moment jusqu’à ce jour, et c’est au mois d’octobre que se
produira une grande translation, de telle sorte qu’on croira
que la Terre sera sortie de son orbite et se sera abîmée dans
les ténèbres éternelles. »

Jésus, le Grand Kabire, a dit :

« Aussitôt après la grande tribulation de ces jours-là, le soleil


s’obscurcira, la lune ne donnera plus son éclat, les étoiles
tomberont du ciel et les puissances des cieux seront ébranlées.
Alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l’Homme ; et
alors toutes les tribus de la Terre se lamenteront, et elles
verront le Fils de l’Homme venant sur les nuées du ciel avec
puissance et gloire.
Et il enverra ses Anges avec un grand bruit de trompette, et ils
rassembleront ses élus, des quatre vents, d’une extrémité du
ciel à l’autre.

124
Du figuier apprenez la parabole : dès que sa ramure devient
molle et que les feuilles apparaissent, vous savez que l’été est
proche.
De même vous aussi, lorsque vous verrez toutes ces choses,
vous connaîtrez qu’il est proche, aux portes.
En vérité je vous le dis, cette génération ne passera pas avant
que tout cela ne se réalise.
Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront
pas.
Mais la date de ce jour et l’heure, personne ne le sait, ni même
les Anges des cieux, sauf mon Père, et lui seul.
Comme en les jours de Noé, ainsi sera la venue du Fils de
l’Homme.
Car en les jours avant le déluge, on mangeait et on buvait, on
se mariait et on se donnait en mariage, jusqu’au jour où Noé
entra dans l’arche.
Et les gens ne comprirent pas, jusqu’à ce que vînt le déluge qui
les emporta tous ; tel sera aussi l’avènement du Fils de
l’Homme.
Alors deux seront aux champs : l’un sera pris et l’autre sera
laissé.
Deux femmes seront en train de moudre dans un moulin : l’une
sera prise et l’autre sera laissée.
Veillez donc, car vous ne savez pas à quelle heure va venir
votre Seigneur…
Mais sachez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle
heure le voleur devait venir, il aurait veillé et n’aurait pas
laissé percer sa maison.
Ainsi donc, soyez prêts, vous aussi, car le Fils de l’Homme
viendra à l’heure que vous ne pensez pas.
Quel est donc le serviteur fidèle et prudent que le maître a
établi sur les gens de sa maison pour qu’il leur donnât la
nourriture en temps voulu ?

125
Heureux ce serviteur que son maître, lorsqu’il viendra,
trouvera occupé de la sorte.
En vérité, je vous le dis, il l’établira sur tous ses biens.
Mais si ce mauvais serviteur dit en son cœur : Mon maître
tarde à venir, et qu’il commence à frapper ses compagnons de
servitude, à manger et à boire avec les ivrognes, le maître de
ce serviteur viendra au jour qu’il n’attend pas, et à l’heure qu’il
ne connaît pas ; et il le châtiera durement et il lui assignera
son lot parmi les hypocrites ; là seront les pleurs et les
grincements de dents. » (Matthieu 24:29 51)

Ésaïe dit : « C’est pourquoi j’ébranlerai les cieux ; et la Terre


bougera de sa place à cause de la fureur du Seigneur des
armées, au Jour de son ardente colère. Car les étoiles du ciel et
les astres ne feront plus briller leur lumière. » (Ésaïe 13:9-10)

Ésaïe dit encore : « La Terre titubera comme un homme ivre ;


elle sera disloquée ; elle tombera et ne se relèvera jamais
plus. » (Ésaïe 24:19-20)

Saint Paul : « Avant le second avènement de Jésus viendra


l’apostasie, l’homme impie, le fils de perdition, celui qui
s’élèvera au-dessus de tout ce que l’on nomme Dieu ou que l’on
adore ; il ira s’asseoir comme un Dieu dans le temple de Dieu,
cherchant à se faire passer pour un Dieu. »
(2 Thessaloniciens 2:3-4)

Saint-Pierre : « Le Jour du Seigneur viendra comme un voleur


dans la nuit ; en ce jour les cieux passeront avec grand fracas
et les éléments, s’embrasant, se dissoudront, et la Terre, avec
toutes les œuvres qu’elle renferme, se consumera. »
(2 Pierre 3:10-12)

Joël : « Le soleil et la lune s’obscurciront et les étoiles perdront


leur éclat ; et les cieux et la terre trembleront. » (Joël 3:15)

126
Saint-Jean : « Il y eut un grand tremblement de terre ; et le
soleil s’obscurcit et la lune devint comme du sang, et les étoiles
du ciel s’abattirent sur la Terre, comme les figues vertes que
projette le figuier lorsqu’il est tordu par un grand vent. Et le
ciel se retira, les monts et les iles furent arrachés de leur
place ; et les rois de la Terre et les riches se cachèrent dans les
cavernes et parmi les rochers des montagnes, et ils disaient :
Croulez sur nous et cachez-nous de la face de celui qui est assis
sur le Trône et de la colère de l’Agneau ; car il est arrivé le
grand jour de sa colère. » (Apocalypse 6:12-17)

Saint-Jean : « Et je vis les morts, grands et petits, debout


devant Dieu ; et on ouvrit les livres ; puis on ouvrit un autre
livre qui est celui de la vie ; et les morts furent jugés d’après les
choses qui étaient écrites dans les livres, selon leurs œuvres ; et
la mer rendit les morts qu’elle avait en elle ; et la mort et
l’Enfer rendirent les morts qu’ils avaient en eux et ils furent
jugés selon leurs œuvres.
Je vis un ciel nouveau et une nouvelle terre ; car le premier ciel
et la première terre ont disparu, et la mer, elle n’existe plus. Et
celui qui siège sur le Trône déclara : Voici que je renouvelle
toutes choses. » (Apocalypse 20:12-13 ; 20:1, 5)

Il est dit dans l’Apocalypse qu’à la fin de ce monde


apparaîtra l’Antéchrist (la science matérialiste). La Bête, la
Grande Prostituée, l’humanité tout entière, dont le nombre
fatal est « 666 », et le Diable qui la fourvoyait
(l’intellectualisme athée), le faux prophète qui fait des
miracles et des prodiges trompeurs, bombes atomiques,
fusées spatiales, avions supersoniques, etc., seront projetés
dans un lac de feu et de soufre dans les entrailles de la Terre.

Le Livre des livres du Chilam Balam, joyau sacré du peuple


maya, dit textuellement ce qui suit :

127
« Le Katun 13 Ahau est le treizième dans l’énumération : Cabal
lxbach, la ville de Chachalaca ; Kinchil Cobá, Chachalaca au
visage solaire, est le siège du treizième Katun.
Il se teindra de noir, le bouquet des seigneurs de la Terre, par
le jugement de Dieu Notre Seigneur.
Le soleil sera renversé, la face de la lune sera renversée ; le
sang coulera des arbres et des pierres ; ils brûleront, les cieux
et la terre, par la parole de Dieu le Père, de Dieu le Fils et de
Dieu l’Esprit-Saint. C’est la Sainte Justice, le Saint Jugement de
Dieu Notre Seigneur.
Nulle sera la force du Ciel et de la Terre lorsqu’entrera le
Christianisme dans les grandes villes, dans les villages cachés,
dans la grande cité appelée Maax et aussi dans toutes les
petites villes sur toute l’étendue du pays plat de Maya Cuzamil
Mayapán, le lieu de l’Hirondelle Maya à l’endroit de l’Étendard
au Cerf.
Ce sera alors le règne des hommes et des femmes de deux jours
(homosexuels et lesbiennes), dans le déchaînement de la
lascivité ; ce seront alors les fils de l’infamie et de la perversité,
comble de notre perdition et de notre honte.
Nos enfants seront consacrés à la fleur de mai et les jours nous
seront néfastes.
Ce sera le début de la mort par le sang mauvais à la Lune
croissante et à la Lune décroissante, et à la pleine Lune
s’envenimera tout le sang. Mais les astres bons brilleront aussi,
répandant leur bonté sur les vivants et sur les morts. »

Melchisédech, le Génie de la Terre, le Roi du Monde, fit au


Tibet la prophétie suivante :

« De plus en plus les hommes (ou, pour mieux dire, les


mammifères rationnels) oublieront leur âme pour s’occuper
seulement de leur corps. La plus grande corruption va régner
sur la Terre.

128
Les hommes deviendront semblables à des bêtes féroces,
assoiffés du sang de leur frères.
Le croissant de la Lune s’éteindra et ses adeptes tomberont
dans la guerre perpétuelle. Les plus grands malheurs
s’abattront sur eux et ils finiront en s’entre-tuant.
Les couronnes des rois, grands et petits, tomberont : un, deux,
trois quatre, cinq, six, sept, huit. Alors éclatera une guerre
terrible entre tous les peuples.
Les océans rougiront. La terre et le fond des mers se
couvriront d’ossements, des royaumes disparaîtront, des
peuples entiers mourront, la faim, la maladie, des crimes
inconnus des lois, que jamais encore le monde n’avait vus ni
imaginés.
Alors viendront les ennemis de Dieu et de l’Esprit Divin, qui
gisent au fond de l’homme lui-même. Ceux qui lèvent la main
sur un autre périront aussi.
Les oubliés, les persécutés se dresseront ensuite et retiendront
l’attention du monde entier.
Il y aura d’épais brouillards et des tempêtes terribles. Des
montagnes jusqu’alors sans végétation se couvriront de forêts.
Toute la Terre tremblera. Des millions d’hommes échangeront
les chaînes de l’esclavage et les humiliations, pour la faim, la
peste et la mort.
Les routes s’empliront de foules cheminant par hasard d’un
endroit à un autre.
Les plus grandes, les plus belles cités disparaîtront par le feu,
une, deux, trois. De dix mille hommes, un seul survivra, il sera
nu, dénué de tout entendement, sans force pour se construire
une habitation ou chercher sa nourriture. Et ces survivants
hurleront comme des loups féroces, dévoreront des cadavres,
mordront leur propre chair et défieront Dieu au combat.
Toute la Terre deviendra déserte et Dieu lui-même s’en
détournera. Sur la Terre vide régnera la nuit et la mort.

129
Alors j’enverrai un peuple, inconnu jusqu’à maintenant
(l’Armée du Salut Mondial), qui d’une main forte, arrachera
les mauvaises herbes de la folie et du vice, et conduira les
quelques-uns qui seront restés fidèles à l’esprit de l’homme
dans la bataille contre le mal.
Ils fonderont une nouvelle vie sur la Terre purifiée par la mort
des nations. »

Cette prophétie est acceptée par les gnostiques, qui


l’interprètent comme la fin de l’Âge Noir ou Kali-Yuga ; il y
aura ensuite, selon eux, une nouvelle civilisation et une
nouvelle culture.

Sainte-Odile, cette princesse allemande née en l’an 660, qui


avait prophétisé avec précision l’Allemagne de Hitler et la
Deuxième Guerre Mondiale, a évoqué, pour la fin du Kali
Yuga, d’étranges monstres surgissant des mers et répandant
la terreur.

On verra des choses prodigieuses en orient : une grande nuée


noire répandra la désolation.

Mother Shipton, la fameuse voyante du XVe siècle, née en


Angleterre, a prédit en son époque des choses qui
produisirent assurément beaucoup d’étonnement. Voyons
quelques-unes de ses prédictions :

Automobiles et chemins de fer : « Des voitures sans chevaux


circuleront et des accidents rempliront le monde de douleur. »

Radiotélégraphie : « Les pensées iront autour du monde dans


le temps qu’il faut pour ouvrir et fermer les yeux. »

Sous-marins : « Les hommes se déplaceront sous l’eau, ils


voyageront, y dormiront et y converseront. »

130
Avions : « Nous verrons les hommes dans l’air, en blanc, noir et
vert. »

Grande catastrophe mondiale : « Le monde arrivera à sa fin


en 1999. »

Le grand Kabire Jésus a dit : « Quant à la date de ce jour et à


l’heure, personne ne les connaît, ni même les Anges qui sont
dans le Ciel, ni le Fils, personne sinon le Père.
Veillez, donc, car vous ne savez pas quand viendra le maître de
la maison (ni à quelle date, ni en quelle année), au tomber du
jour, ou à minuit, ou au chant du coq ou le matin.
De sorte que lorsqu’il viendra à l’improviste, il ne vous trouve
pas endormis (c’est-à-dire, avec la conscience endormie).
Et ce que je vous dis à vous, je le dis à tous : Veillez ! (éveillez
la conscience). »

Les temps de la fin sont arrivés et le grand incendie


universel se trouve extrêmement proche.

Il s’avère opportun de citer quelques versets extraordinaires


du Coran.

« Parmi les signes qui doivent précéder l’arrivée de l’heure


dernière, il y a celui que la Lune qui se séparera en deux. Mais
malgré cela les incrédules n’accorderont pas crédit à leurs
yeux. »

Il est indiscutable qu’il ne s’agit en aucune façon d’une


division géologique de notre satellite. On doit interpréter
cette prophétie de Mahomet dans un sens politique et
militaire. Que l’on observe, à partir de l’an 1980, les
mouvements de l’Islam ; c’est seulement ainsi que nous
pourrons comprendre ce qui doit alors advenir aux adeptes
du croissant de la Lune.

131
« Lorsque la trompette retentira pour la première fois, lorsque
la terre et les montagnes seront soulevées dans les airs et
broyées d’un seul coup, lorsque le ciel se déchirera et tombera
en miettes, ce sera le Jour inévitable. »

Nous avons déjà expliqué, antérieurement, les effets que le


passage de la planète Hercolubus doivent produire sur notre
monde terrestre ; il est indubitable que la Terre subira
violemment les divers changements prophétisés par
Mahomet dans le Coran.

« Quel formidable choc ! Ce sera le Jour du Jugement final.


Ceux qui ont des œuvres qui pèsent dans la balance auront une
vie agréable. Ceux qui sont légers auront pour demeure la
fosse ardente (les mondes infernaux).
Lorsque la terre tressaillira de ce tremblement qui l’attend,
lorsqu’elle aura vomi les morts qui reposent dans ses
entrailles, l’homme devra être prêt pour être jugé.
Le soleil sera disloqué, les étoiles tomberont, les montagnes
seront mises en mouvement et iront se briser contre le sol. Le
ciel éclatera en mille morceaux, les mers et les fleuves
confondront leurs eaux. Les tombes s’entrouvriront et les
morts ressusciteront. Ceux qui auront pratiqué le bien jouiront
d’une félicité illimitée ; mais les réprouvés seront aussi châtiés
sans mesure. »

J’ai contemplé dans le monde causal, avec un étonnement


mystique, la grande catastrophe qui approche, et puisque
c’est la région de la musique ineffable, la vision était
accompagnée d’une bande sonore.

Une délicieuse symphonie tragique résonnait au fond des


profondeurs du ciel de Vénus.

132
Cette partition étonnait, en général, par la grandeur et la
majesté, par l’inspiration et la beauté de son architecture ;
par la pureté de ses lignes et par le coloris et les nuances de
sa savante et artistique illustration, douce et sévère,
grandiose et terrifiante, dramatique et lugubre à la fois.

Les morceaux mélodiques fragmentaires (leitmotivs) que


l’on entendait dans le monde causal, au moment des
différentes situations prophétiques, avaient une grande
force expressive et se trouvaient en relation intime avec le
grand événement, et avec les circonstances historiques qui le
précéderont inévitablement.

Il y a, dans la partition de ce grand opéra cosmique, des


fragments symphoniques en relation avec la troisième
guerre mondiale ; sonorités délicieuses et funestes,
événements horrifiants, bombes atomiques, radioactivité
épouvantable sur toute la Terre, famines, destruction totale
des grandes métropoles, maladies inconnues, révolutions
qui mettront tout à feu et à sang, dictatures insupportables,
athéisme, matérialisme, cruauté sans limites, camps de
concentration, haines mortelles, multiplication des
frontières, persécutions religieuses, martyres mystiques,
bolchevisme exécrable, abominable anarchisme,
intellectualisme dénué de toute spiritualité, perte complète
de la pudeur corporelle, drogues, alcool, prostitution totale
de la femme, exploitation infâme, nouvelles techniques de
torture, etc.

Entremêlés avec un art sans précédent, on pouvait entendre


des thèmes frissonnants en relation avec la destruction des
plus puissantes métropoles du monde : Paris, Rome,
Londres, New York, Moscou, etc.

133
Nostradamus, dans une lettre célèbre adressée à Henri II,
écrit : « Lorsque le soleil sera complètement éclipsé, dans
notre ciel passera un nouveau et colossal corps céleste que l’on
verra en plein jour, mais les astrologues (il fait allusion aux
fameux astronomes d’aujourd’hui et du futur) interpréteront
les effets de ce corps d’une autre façon (très à la moderne), et
à cause de cette mauvaise interprétation, personne n’aura de
provisions pour les phases de pénurie » (allusion à la grande
catastrophe).

Nostradamus, médecin, astrologue et clairvoyant illuminé,


inclut dans ses prédictions cette question de la révolution
des axes de la Terre, mais n’indique pas de date exacte,
précise, du moment où cela doit se produire ; néanmoins, il
relie l’événement à la double éclipse qui aura lieu en 1999.

Il y aura indubitablement une conjonction extraordinaire


sous le signe zodiacal du Capricorne, qui fera sentir son
influence à partir de 1984 et jusqu’en 1999.

La Grande Maîtresse H.P. Blavatsky a prédit, il y a déjà


plusieurs années, qu’il y aura un soulèvement mondial vers
la fin de notre siècle.

Jean l’Évangéliste dit : « Lorsque les oiseaux d’acier pondront


des œufs de feu ; que les hommes domineront les airs et
parcourront le fond des mers ; lorsque les morts vont
ressusciter ; lorsque le feu descendra des cieux et que les
hommes dans les champs ne pourront rejoindre les villes, et
ceux des villes fuir dans les champs, lorsque d’étranges
appareils seront vus dans le ciel et que l’on verra de la terre
des choses extravagantes.
Lorsque les créatures, jeunes et vieilles, auront des visions, des
prémonitions et feront des prophéties ; lorsque les hommes
seront divisés à cause du nom du Christ ; lorsque la faim, la

134
soif, la misère, la maladie et les cimetières auront remplacé les
populations des villes.
Lorsque les frères de sang s’entretueront et que les créatures
adoreront la Bête, alors les temps seront arrivés. »

L’Apôtre Saint-Paul, dans son Épître aux Thessaloniciens


nous avertit en ces termes : « Ne méprisez pas les prophètes,
examinez tout, retenez ce qui est bon. »
(1 Thessaloniciens 5:20-21)

L’histoire cyclique de l’humanité s’ouvre au chapitre VI de la


Genèse, avec le récit du déluge universel (la submersion du
continent atlante), et se clôt au chapitre XX de l’Apocalypse,
dans les flammes ardentes du Jugement Final.

Moïse, sauvé des eaux furieuses de la vie, a écrit le premier


texte ; Saint-Jean, figure extraordinaire de l’exaltation
solaire, ferme le Livre Sacré avec les sceaux du feu et du
soufre.

Partant de ceci, et malgré son apparente universalité et


l’action terrifiante et prolongée des éléments déchaînés,
nous sommes convaincus que le grand cataclysme qui
approche ne frappera pas également dans toutes les parties
ni dans toute l’étendue des continents et des mers. Quelques
terres privilégiées abriteront les hommes, femmes et enfants
de l’Armée du Salut Mondial.

Là, ces âmes choisies seront, pendant quelque temps,


témoins de l’épouvantable duel de l’eau et du feu.

Un double arc-en-ciel annoncera la splendeur d’un nouvel


âge d’or, après la grande catastrophe.

135
Virgile, le grand poète de Mantoue, maître de Dante,
d’origine florentine, a dit : « Il est arrivé, l’âge d’or, et il
requiert une nouvelle race. »

Nous savons, d’autre part, jusqu’à quel point la Bible est


supérieure aux autres livres. Incontestablement, malgré que
la Bible soit le livre éternel, immuable, le livre cyclique par
excellence, en aucun de ses versets il n’est dit que l’an l999
soit précisément celui de la grande catastrophe.

Néanmoins, et malgré qu’on ignore encore la date exacte de


l’effrayante catastrophe qui s’en vient, car le Père seul
connaît le jour et l’heure, nous savons par expérience directe
que « les temps de la fin sont déjà arrivés et que nous y
sommes ».

Notre intention n’est pas d’entreprendre ici une réfutation


contre les partisans d’une telle date ; nous voulons
seulement dire que la Bible, malgré qu’elle renferme en
elle-même la révélation de toute l’histoire humaine, y
compris ni plus ni moins les annales propres des divers
peuples, jamais n’a déclaré qu’en l’an 1999 périrait la race
aryenne (l’humanité actuelle).

Toutefois, les érudits ne doivent absolument pas ignorer


qu’on trouve dans la Bible la narration in extenso du périple
qu’effectue chaque grande génération cyclique.

L’humanité est maintenant parfaitement mûre pour le


châtiment suprême ; la fin de cette honteuse humanité s’en
vient !

L’analyse kabbalistique démontre que les chiffres deux, cinq,


zéro, et zéro, renferment le secret de la grande catastrophe ;
celui qui a de l’entendement, qu’il entende, car ici il y a
sagesse !

136
Malheureusement, les gens ne savent jamais pénétrer la
profonde signification de certaines quantités kabbalistiques,
il est déplorable que tous ne l’interprètent que littéralement.

Il faut attendre de sang froid l’heure suprême, heure de


châtiment pour beaucoup et du martyre pour quelques-uns.

« Mais sachez tout d’abord, dit Pierre, qu’aux derniers jours


viendront avec leurs moqueries des railleurs qui vivent selon
leur concupiscence et ils disent : Où est la promesse de son
avènement ? Car depuis que nos pères sont morts, tout
demeure comme au début de la création.
Mais il viendra, le jour du Seigneur (à une date que seul le
Père connaît), comme un voleur ; et en ce Jour, les cieux se
dissiperont avec fracas et les éléments embrasés se
dissoudront, de même, aussi, que la Terre avec les œuvres
qu’elle renferme ! » (2 Pierre 3:3-4, 10)

137
13. Paradis et Enfers

« Ô Bienheureux Mixcoatl, tu mérites bien d’être loué par les


chants, et tu mérites bien que ta renommée vive dans le
monde, et que ceux qui dansent dans les chants et danses
sacrés, te portent dans la bouche, et que le son des tambourins
de Huexotzinco se répande jusqu’aux faubourgs pour que tu te
réjouisses et que tu apparaisses à tes nobles amis et à tes
généreux parents !
Ô glorieux jeune homme, digne de toute louange, toi qui offres
ton cœur au Soleil, pur comme un collier de saphirs, une autre
fois tu viendras croître, une autre fois tu viendras fleurir dans
le monde, tu viendras aux chants et danses sacrés, et au milieu
des tambours et tambourins de Huexotzinco, tu apparaîtras
aux nobles et aux hommes valeureux, et tes amis te verront. »
(Sahagún, II, 140)

« Tous ceux qui mouraient à la guerre, ou sur l’autel du


sacrifice, allaient à la maison du soleil. Tous marchaient
ensemble dans une immense plaine. Lorsque le soleil apparaît,
quand il est temps pour lui de se lever, ils commencent, alors, à
lancer des cris de guerre, ils font résonner les grelots qu’ils
portent aux chevilles et frappent leurs boucliers.
Si leur écu est perforé par deux ou trois flèches, alors par ces
fentes ils peuvent contempler le soleil ; mais ceux dont le
bouclier n’a aucune ouverture ne peuvent regarder le soleil.
Tous ceux qui sont tombés morts au milieu des agaves et des
cactus, parmi les épineux acacias, et ceux qui ont offert des
sacrifices aux Dieux, peuvent contempler le soleil, ils peuvent
parvenir jusqu’à lui.

138
Lorsque quatre années ont passé, ils se changent en beaux
oiseaux : colibris, oiseaux-mouches, oiseaux dorés avec un
cercle noir autour des yeux ; ou en papillons d’un blanc
brillant, en papillons aux fines soies, en papillons grands et
multicolores, comme les vases pour boire, et ils vont se délecter
là-bas, à l’endroit de leur repos, et ils ont l’habitude de venir
sur terre et ils se régalent dans les fleurs rouges comme du
sang : la paisentia, l’érythrina, la carolinea, la calliandra. »
(Poésie épique Nahuatl)

« Les vieux ont dit que le soleil les appelle à lui, pour qu’ils
vivent avec lui là-bas dans le ciel, pour qu’ils le réjouissent,
qu’ils chantent en sa présence et lui fassent plaisir.
Ils sont en continuelle réjouissance avec le soleil, ils vivent
dans de perpétuels délices, ils goûtent et sucent l’arôme et le
suc de toutes les fleurs savoureuses et odorantes, ils ne
ressentent jamais ni tristesse, ni douleur, ni langueur, car ils
vivent dans la maison du soleil, où il y a des richesses de
délices.
Et ceux qui, ainsi, meurent dans les guerres, sont très honorés
ici dans le monde, et cette sorte de mort est désirée de
plusieurs.
Beaucoup envient ceux qui meurent ainsi, et c’est pour cela
que tous désirent cette mort, car ceux qui meurent ainsi sont
très glorifiés. » (Sahagún, II, 140)

Énigmatiques poèmes solaires, vérités transcendantales que


l’anthropologie profane ne connaît pas.

On a dit beaucoup de choses sur le Makara, l’Écailleux, le


fameux Dragon volant de Médée.

On peut encore voir au British Museum, un exemplaire de


Dragon ailé et pourvu d’écailles.

139
Le grand Dragon respecte et vénère seulement les Serpents
de Sagesse. Il est déplorable que les assyriologues ignorent
totalement la condition du Dragon dans la Chaldée antique.

Le symbole merveilleux du Dragon a assurément sept


significations ésotériques.

Il n’est pas superflu d’affirmer catégoriquement que dans


son sens le plus élevé il est identique au « Né par lui-même »,
au Logos, à l’Aja hindou.

Dans son sens le plus infernal, il est le Diable, cette


excellente créature que l’on a appelée Lucifer, le Porteur de
lumière, l’Étoile du Matin, le « laiton » des vieux alchimistes
médiévaux.

Chez les gnostiques chrétiens appelés Naassènes ou


adorateurs du Serpent, le Dragon était le « Fils de
l’Homme » ; ses sept étoiles brillent glorieuses dans la main
droite de l’Alpha et l’Oméga de l’Apocalypse de Saint-Jean.

Il est déplorable que le Prométhée-Lucifer des temps anciens


se soit transformé en le Diable de Milton.

Satan redeviendra le Titan libre d’autrefois lorsque nous


aurons éliminé de notre nature intime tout élément animal.

Il nous faut, avec la plus grande urgence, sans aucun délai,


blanchir le Diable, et ceci n’est possible qu’en luttant contre
nous-mêmes, en dissolvant tout cet ensemble d’agrégats
psychiques que constituent le Moi, le Moi-même, le
Soi-même.

C’est seulement en mourant en nous-mêmes que nous


pourrons blanchir le laiton, et contempler le Soleil de Minuit
(le Père).

140
Tous ceux qui meurent dans la guerre contre eux-mêmes,
ceux qui parviennent à l’annihilation du Moi-même, brillent,
resplendissants, dans l’espace infini et pénètrent dans les
différents départements du Royaume (ils entrent dans la
Maison du Soleil).

L’allégorie de la Guerre dans les Cieux a son origine dans les


temples d’initiation et dans les cryptes archaïques.

Michel lutte contre le Dragon Rouge et Saint-Georges contre


le Dragon Noir, ils sont toujours en guerre, Apollon et
Python, Krishna et Kaliya, Osiris et Typhon, Bel et le Dragon,
etc.

Le Dragon est toujours la réflexion de notre propre Dieu


intime, l’ombre du divin Logoï qui du fond de l’Arche de la
Science, attend, dans une mystique expectative, le moment
d’être réalisé.

Se battre contre le Dragon signifie vaincre les tentations et


éliminer tous et chacun des éléments inhumains que nous
portons en dedans (colère, cupidité, luxure, envie, orgueil,
paresse, gourmandise, etc.).

Ceux qui meurent sur l’Autel du Sacrifice, c’est-à-dire du


Sacro-office, dans la Neuvième Sphère, vont à la Maison du
Soleil, ils s’intègrent avec leur Dieu.

Sur la terre sacrée des Védas, Arjuna tremble et frémit en


plein champ de bataille, en comprenant qu’il doit tuer ses
propres parents (ses multiples Moi ou défauts
psychologiques qui constituent l’armée ennemie).

Pour les authentiques mexicains, ce qui détermine le lieu où


ira l’Âme après la mort, c’est le genre spécifique de mort et le
type de travaux qu’a effectué le défunt durant sa vie.

141
Même les guerriers ennemis qui ont péri dans la dure
bataille ou qui, capturés comme prisonniers, ont été sacrifiés
sur la Techcatl, la pierre des sacrifices, peuvent entrer au
sublime Royaume de la Lumière Dorée (le Paradis du Soleil).
Ces ennemis sacrifiés vont à un Dieu spécial qui est
Teoyaomiqui, la « Déité des ennemis morts ».

L’aspect ésotérique de ce thème de la religion populaire est


transcendantal.

Le comprendre est indispensable : les chrétiens aussi


devraient vénérer les saints des autres credos, religions et
langues.

Les femmes mortes en couches qui demeurent, heureuses,


dans le paradis occidental judicieusement appelé Cincalco, la
« maison du maïs », sont également très vénérées.

Indubitablement, avant de se transformer en Déesse, la


femme morte à l’accouchement jouit d’extraordinaires
pouvoirs magiques, selon ce qu’affirme la religion de
l’Anahuac.

On dit aussi de la femme qui meurt en couches, qu’elle a


vaincu l’ennemi. Les jeunes guerriers convoitent son bras
droit et essaient de s’en emparer car il les rendra invincibles
au combat, raison pour laquelle le cadavre de ces femmes est
toujours rigoureusement surveillé par les hommes du clan,
armés de pied en cap afin d’éviter la mutilation.

Il est intéressant de remarquer que ces femmes, avant de se


convertir en déesses, descendent sur terre, transformées en
spectres terrifiants et de mauvais augure, portant en guise
de tête un crâne de squelette, leurs mains et leurs pieds
pourvus de griffes, selon ce que disent les Mystères de
l’Anahuac.

142
Ce sont d’extraordinaires états post mortem que ceux de ces
nobles femmes qui meurent en couches.

Durant cet évanouissement de trois jours dont parle le


Bardo-Thödol, et qui suit toujours le décès du corps
physique, ces défuntes revivent la vie qui vient de s’écouler
et elles paraissent alors sous l’aspect de fantômes souffrants
et d’horrible apparence.

Cependant, une fois terminées les expériences


rétrospectives de l’existence révolue, l’Essence, en l’absence
du Moi, s’élève de sphère en sphère, jusqu’à s’immerger dans
la félicité solaire.

Beaucoup plus tard, une fois épuisé leur bon Dharma, ces
âmes doivent inévitablement retourner dans une nouvelle
matrice.

Les sages sacerdotes de l’Anahuac ont toujours affirmé de


façon péremptoire que les Cihuateteo ou « femmes déesses »
mortes en couches, vivent dans le paradis occidental, appelé
« Cincalco », la « maison du maïs ».

Du germe, du grain naît la vie, et elles ont donné leur vie


précisément pour la créature naissante.

La Mère Nature sait toujours payer de la meilleure façon


possible le sacrifice solennel de ces femmes bénies.

Le bonheur de ces âmes dans les cieux de la Lune, de


Mercure, de Vénus et du Soleil, est indescriptible.

Malheureusement, toute récompense s’épuise et, finalement,


ces âmes reviennent à l’intérieur du Moi afin de pénétrer
dans une nouvelle matrice.

143
Ceux qui meurent noyés dans les eaux tumultueuses des
rivières ou des mers, ou dans les ondes profondes des lacs,
ou par la foudre, entrent dans le bienheureux Paradis de
Tlaloc, qui est situé au sud, région de la fertilité et de
l’abondance, où existent toutes sortes d’arbres fruitiers et où
abonde le maïs, les haricots, la chia et une foule d’autres
aliments.

Les splendides peintures découvertes dans le Temple de


Teotihuacan viennent nous démontrer la ferme croyance en
le Tlalocan, le fameux Paradis de Tlaloc.

Dans les dimensions supérieures de la nature se trouvent


plusieurs paradis de félicité ; il n’est pas inutile de rappeler
le Royaume du Bouddha Amitabha, que les lamas tibétains
situent à l’Ouest.

Le Bardo-Thödol cite plusieurs de ces Édens : le « Royaume


du Suprême Bonheur », le « Royaume de la Dense
Concentration », le « Royaume des longs Cheveux »,
Vajrapani ou le « Vihara illimité » de la Radiation du Lotus,
Padma Sambhava en la présence d’Urgyan, etc.

La doctrine secrète de l’Anahuac enseigne qu’il y a treize


cieux et elle affirme solennellement que dans le plus élevé de
tous vivent les âmes des enfants qui meurent avant d’avoir
eu l’usage de la raison.

La doctrine du Mexico antique dit que ces âmes innocentes


attendent que l’actuelle humanité soit détruite dans le grand
cataclysme qui s’en vient, pour se réincarner dans la
nouvelle humanité. Dans le Tibet millénaire, le Bardo-Thödol
guide les défunts qui désirent se libérer afin de ne pas
retourner dans ce monde d’amertumes.

144
Sur la terre sacrée des pharaons, beaucoup d’âmes ont réussi
à s’échapper de ce cloaque du Samsara, après avoir travaillé
à la dissolution de l’Ego.

De terribles épreuves attendent les trépassés qui désirent ne


pas revenir dans ce monde ; s’ils en sortent victorieux, ils
entrent alors aux royaumes suprasensibles cités plus haut ;
dans ces régions ils sont instruits et aidés avant de
s’immerger, heureux comme des enfants innocents, dans le
Grand Océan.

Beaucoup de ces âmes reviendront dans l’Âge d’Or, après le


grand cataclysme, pour travailler à leur autoréalisation
intime.

Il s’avère incontestablement intelligent de savoir se retirer à


temps, avant que ne se termine le « cycle d’existences ».

Il est préférable de se retirer de « l’école de la vie » avant


d’en être expulsé ; l’Involution dans les entrailles
submergées de la Terre, dans le ténébreux Tartare, est
assurément très douloureuse.

Au pays ensoleillé de Khem, à l’époque du pharaon


Khéphren, j’ai connu personnellement un cas exemplaire.

Il s’agit d’un citoyen très religieux qui n’avait jamais fabriqué


les corps existentiels supérieurs de l’Être.

Ce mystique, très sérieux en soi, mais se croyant incapable


d’accomplir les ordalies de l’Initiation et sachant le destin
qui attendait les âmes après chaque cycle ou période
d’existences, a préféré se retirer de la scène cosmique.

Ce dévot n’a jamais connu le mystère indicible du Grand


Arcane, mais il avait le Moi et il savait qu’il l’avait, et il

145
désirait le désintégrer pour ne plus retourner, après la mort,
à cette vallée de larmes.

Il est ostensible que sa Divine Mère Kundalini, Tonantzin,


Isis, l’a toujours assisté dans le travail de dissolution de ces
éléments qui constituent le Moi-même.

Jamais je n’affirmerais que cet homme religieux soit alors


parvenu à l’élimination totale des éléments inhumains ;
cependant, il s’avança beaucoup dans son travail et, après la
mort du corps physique, il arriva dans l’au-delà avec
l’intention inébranlable de ne pas revenir dans ce monde.

Puis, après l’évanouissement déjà évoqué de trois jours,


cette âme a dû revivre de façon rétrospective l’existence qui
venait de s’achever.

Une fois terminé le travail rétrospectif, le défunt ayant été


informé du résultat de toutes ses actions autant bonnes que
mauvaises, il resta ferme dans le dessein de ne plus
retourner.

Le hurlement terrible du « Loup de la Loi », qui épouvante


tellement les trépassés, l’épouvantable ouragan de la Justice
objective, les sinistres tempêtes du pays des morts, les
innombrables couples qui copulent sans fin, les attractions
et répulsions, sympathies et antipathies, les terreurs
cavernaires, etc., ne réussiront jamais à faire renoncer cette
âme à sa ferme résolution.

La voix solennelle des sacerdotes égyptiens qui, pendant sa


vie, lui avaient promis leur aide, arrivait jusqu’au défunt, lui
rappelant sa résolution.

146
Keb, son Père qui est en secret, et Nut, sa Divine Mère Isis,
soumirent leur fils (le défunt) à l’épreuve finale ; mais le
désincarné en sortit victorieux.

Par suite de tous ces triomphes intimes, le défunt entra tout


heureux dans un paradis moléculaire très semblable à celui
de Tlaloc.

Dans cette région d’indiscutables délices naturels, la


créature désincarnée poursuivit avec plein succès le travail
sur elle-même.

Devi Kundalini, Tonantzin, Isis, Marie, sa Divine Mère


particulière, l’aida de manière directe en éliminant de son
psychisme les résidus inhumains qui restaient encore.

Au fur et à mesure que le défunt reconquérait son innocence


et qu’il mourait toujours davantage en lui-même, il passait
par diverses métamorphoses ; il assuma au début la figure
ineffable d’une tendre demoiselle et enfin celle d’une enfant
de trois ans, et alors, en tant que simple Bouddha élémental,
il s’immergea dans l’océan de l’Esprit Universel de Vie,
au-delà du bien et du mal.

Cette créature fut sans nul doute sincère avec elle-même ; ne


se sentant pas capable d’atteindre l’adeptat, elle préféra se
séparer de la scène du monde, retourner au point de départ
originel et continuer à l’état de simple élémental.

Ces âmes peuvent se réincarner, si elles le veulent, dans le


futur Âge d’Or, après le grand cataclysme qui approche, pour
pénétrer les mystères ; cependant la plupart de ces
innocentes créatures préfèrent demeurer pour toujours à
l’état élémental.

147
Lorsque nous, les initiés de la vieille Égypte, avons donné ces
enseignements au peuple, nous étions assis en groupes de
quatre autour de petites tables carrées ; par ceci nous
représentions de manière allégorique les quatre états
fondamentaux par lesquels doit passer toute âme qui désire
se retirer de la roue du Samsara.

Une fois consommée l’élimination des résidus inhumains


dans la psyché du défunt, celui-ci devra expérimenter en
lui-même le « vide illuminateur » : c’est le Dharmakaya.

Ce vide n’est pas de la nature du vide du néant, mais un vide


intelligent ; c’est l’état de l’esprit dans le Sambhogakaya.

Vide et clarté sont inséparables ; le vide clair par nature, et la


clarté par nature vide, est l’Adhikaya, l’Intelligence illuminée.

L’Intelligence illuminée, brillant sans obstacles chez le


défunt qui est parvenu à mourir complètement à lui-même,
irradie de toutes parts : c’est le Nirmanakaya.

C’est seulement par l’expérience directe des quatre Kayas


qu’il est possible d’obtenir la libération totale.

Très différent est le sort qui attend les âmes qui terminent
une période quelconque de manifestation sans s’être
libérées.

Ceux qui n’ont pas été élus par le Soleil ou par Tlaloc, disent
les aztèques, vont tout simplement au Mictlan, et là ces âmes
subissent d’épouvantables épreuves magiques en passant
par les enfers.

En premier lieu, pour parvenir au Mictlan, elles doivent


d’abord passer par le fleuve bourbeux, l’Achéron ou le
Chignahuapan, dans la barque de Charon, comme le dit
Dante dans sa Divine Comédie ; c’est, incontestablement, la

148
première épreuve à laquelle sont soumis les Dieux
Infernaux.

« Malheur à vous, âmes dépravées ! N’espérez jamais revoir le


ciel. Je viens pour vous conduire à l’autre rive, où règnent
d’éternelles ténèbres, au milieu des flammes et de la glace. »
(Dante, l’Enfer, Chant Troisième)

Les sages mexicains ajoutent que l’âme doit ensuite passer


entre deux montagnes qui se rapprochent l’une de l’autre ;
en troisième lieu, par une montagne d’obsidienne ; en
quatrième lieu par la région où hurle affreusement un vent
glacial ; ensuite, par l’endroit où flottent les bannières ; en
sixième lieu, par l’endroit où l’on est percé de flèches ; dans
le septième cercle dantesque se trouvent les bêtes féroces
qui mangent les cœurs ; dans le huitième, disent les
aztèques, il y a le passage étroit au milieu des pierres ; et
dans le neuvième et dernier cercle de Dante, à l’intérieur de
la Terre, existe le Chignahumictlan où l’on passe par la
« seconde mort » si justement décrite dans l’Apocalypse de
Saint-Jean.

Après cela, ces âmes se reposent en entrant aux paradis


élémentaux de la nature ; elles amorcent alors de nouveaux
processus évolutifs qui doivent commencer par le règne
minéral, se poursuivre dans le végétal, puis dans le règne
animal, et culminer en cet état d’humanoïde qu’elles avaient
autrefois perdu.

149
14. Le Binaire Serpentin

Le binaire serpentin dans le Mexique préhispanique est une


chose qui à coup sûr nous invite à la réflexion.

Les deux serpents Ignés ou Xiuhcoatls qui entourent


gracieusement le Soleil dans le calendrier aztèque,
entouraient également le temple principal de la grande
Tenochtitlan formant le fameux Coatepantli ou « Mur de
Serpents ».

Le serpent aztèque apparaît constamment dans des


situations extraordinaires qui, comme nous l’avons dit
précédemment, bouleversent intégralement son
déterminisme organique : la queue représentée par une
deuxième tête prenant d’insolites attitudes, nous conduit,
par simple déduction logique, au binaire serpentin.

La double tête, qui rappelle tout à fait clairement la figure du


serpent circulaire, du serpent gnostique en train de dévorer
sa propre queue, apparaît sur les murs sacrés du Temple de
Quetzalcóatl (ruines de Xochicalco).

Les binaires serpentins, soit qu’ils dansent exotiquement,


enroulés dans la forme mystique du Saint-Huit, soit qu’on les
représente enchaînés l’un à l’autre et formant un cercle, à la
manière maya, etc., nous indiquent quelque chose de
mystérieux, d’extraordinaire et de magique.

Il n’est pas inutile dans ce traité de souligner avec insistance


le double caractère ésotérique du serpent.

150
On doit distinguer le serpent tentateur de l’Éden et le
serpent d’airain qui guérissait les israélites dans le désert ;
l’horripilant Python qui se vautrait dans le limon de la terre
et qu’Apollon irrité blessa de ses dards, et cet autre qui
s’élevait sur la verge d’Esculape, le Dieu de la Médecine.

Lorsque le Serpent Igné de nos pouvoirs magiques monte


par le canal médullaire spinal de l’organisme humain, il s’agit
de notre Divine Mère Kundalini.

Quand le Serpent Igné descend en se précipitant depuis l’os


coccygien vers les enfers atomiques de l’homme, il s’agit de
l’abominable organe Kundartigateur.

Le Vénérable Maître « G » (Georges Gurdjieff) est tombé


dans la très grave erreur d’attribuer au Serpent ascendant
(Kundalini) les pouvoirs hypnotiques et horribles du Serpent
descendant (l’abominable organe Kundartigateur).

Kundalini est un mot composé : Kunda vient nous rappeler


l’abominable organe Kundartigateur, et lini est un terme
atlante qui signifie « fin ». Kundalini, en haute grammatique,
peut et doit donc se traduire ainsi : « Fin de l’abominable
organe Kundartigateur. »

L’ascension victorieuse de la Kundalini le long du canal


médullaire spinal marque la fin de l’abominable organe
Kundartigateur.

Indubitablement, le Docteur Maurice Nicoll et Ouspensky, le


grand initié, ont accepté cette erreur du Maître « G ».

Ce Maître considérait que sa Mère Cosmique était le Prana


sacré. Si le Maître « G » avait étudié le binaire serpentin sur
les murs sacrés des temples mexicains, toltèques, mayas,

151
etc., il n’aurait indubitablement jamais commis cette
confusion.

Le Yoga oriental a effectué des analyses exhaustives sur ce


Feu serpentin annulaire (Kundalini) qui se déroule vers le
haut dans le corps de l’ascète, cependant il n’a presque pas
parlé du Serpent descendant, ou « queue démoniaque », dont
la force électrique maintient dans une transe hypnotique
permanente toute l’humanité souffrante.

Si ces « mammifères intellectuels » qui peuplent la face de la


Terre pouvaient voir avec une entière clarté méridienne
dans quel état lamentable ils se trouvent, ils chercheraient
désespérément la manière de se délivrer.

Aussitôt que le pauvre animal intellectuel s’éveille, ne


serait-ce qu’un instant fugace, et ouvre ses yeux à la crue
réalité de la vie, le formidable pouvoir hypnotique du
terrible serpent de l’abîme, revient immédiatement à la
charge avec une force multipliée et la malheureuse victime
tombe endormie une autre fois, en rêvant qu’elle est éveillée
ou sur le point de s’éveiller.

Seul le gnostique sincère qui comprend intégralement la


difficulté d’éveiller la conscience sait que ceci n’est possible
que sur la base de travaux conscients et de souffrances
volontaires.

La grande vipère infernale connaît tout le modus operandi


de l’imagination mécanique (jamais nous ne nous
prononcerions contre la « diaphanéité » ou la
« translucidité » qui caractérise l’imagination objective,
consciente).

La couleuvre abyssale, par le moyen de l’imagination


mécanique, qui est son agent primordial, travaille en accord

152
avec les intérêts de la nature et nous maintient enfouis dans
un état de transe hypnotique profonde.

À l’aide des mécanismes de la fantaisie, nous justifions


toujours nos pires infamies, nous éludons nos
responsabilités, nous cherchons des échappatoires, nous
nous considérons nous-mêmes beaucoup, nous avons le
sentiment le plus élevé de notre propre importance, nous
nous croyons justes et parfaits.

Il y a tout lieu de penser qu’il y a des forces pour lesquelles il


est utile et profitable de maintenir le « mammifère
rationnel » dans un état de sommeil hypnotique et
d’empêcher qu’il voie la vérité et comprenne sa situation
dans la vie.

Manifestement, la plupart de nous recourent à de telles


excuses et ceci de telle manière que, sous la subtile et idiote
activité de la justification du Moi-même, et avec la complicité
de l’imagination mécanique, jamais nous ne soupçonnerions,
en réalité, l’existence intime de nos très naturelles erreurs
psychologiques.

Par exemple, nous pouvons être cruels avec notre épouse,


nos enfants, nos parents, tout en l’ignorant réellement.

Le plus grave c’est que nous permettons que cette situation


perdure, surtout parce que cela nous plaît et que c’est
tellement plus facile, et si on nous accuse de cruauté, nous
allons probablement sourire en pensant qu’on ne comprend
pas notre justice, notre miséricorde et notre amour infini.

Nous sommes étranglés par les anneaux horripilants du


Grand Serpent, mais nous nous croyons libres.

153
La légende des siècles dit que lorsque Krishna, le grand
Avatar hindou, eut atteint l’âge de quinze ans, il partit à la
recherche du patriarche Nanda et lui demanda :

— Où se trouve ma Mère ? (le Serpent ascendant Kundalini)

— Mon fils, ne me le demande pas, répondit le patriarche, ta


Mère est retournée au pays d’où elle est venue, et je ne sais pas
quand elle reviendra.

Krishna sombra dans une profonde tristesse, il abandonna


ses compagnons et erra plusieurs semaines aux environs du
mont Mérou.

Il tomba soudain sur un vieillard qui se tenait là, debout sous


un cèdre gigantesque. Ils se regardèrent tous les deux
pendant un long moment.

— Qui cherches-tu ? Lui demanda l’anachorète.

— Ma Mère ! Où donc vais-je la rencontrer ?

— Près de Celui qui ne change jamais (le Père qui est en


secret).

— Mais comment vais-je le trouver ?

— Cherche, cherche toujours et sans répit (à l’intérieur de


toi-même). Tue le taureau (l’Ego animal) et écrase le serpent
(de l’abîme).

Krishna fait ensuite remarquer que la forme majestueuse du


vieillard devenait transparente, puis tremblotante, jusqu’à
s’évanouir parmi les branches, telle une vibration lumineuse.

Lorsque Krishna descendit du mont Mérou, il paraissait


radieux et transfiguré ; une énergie magique jaillissait de son
être.

154
— Allons combattre les taureaux et les serpents (de l’abîme) ;
allons défendre les bons et subjuguer les méchants, dit-il à ses
compagnons.

Avec l’arc et l’épée, Krishna et ses frères, les fils des pasteurs,
abattirent dans la forêt toutes les bêtes féroces.

Krishna tua et dompta des lions, fit la guerre aux rois


dépravés et libéra les tribus opprimées, mais la tristesse
envahit le fond de son cœur.

Son âme n’avait qu’un désir profond, mystérieux :


rencontrer sa Divine Mère Kundalini et aller retrouver le
sublime vieillard (son Maître) ; mais en dépit de la promesse
que celui-ci lui avait faite, et malgré qu’il avait beaucoup
lutté et vaincu, il ne pouvait y parvenir.

Un jour il entendit parler de Kalayoni, le roi des serpents, le


magicien noir gardien du temple de Kali (Coatlicue,
Proserpine, Hécate), l’effroyable Déesse du Désir et de la
Mort, et il demanda à lutter avec le plus terrifiant de ses
serpents, ce serpent éternel (l’abominable organe
Kundartigateur) qui avait déjà dévoré des centaines
d’excellents guerriers, dont la bave rongeait les os, et dont le
regard semait l’épouvante dans les cœurs.

Des profondeurs du temple de Kali (la Reine des Enfers et de


la Mort, celle qui préside à tous les crimes), Krishna vit
sortir, après l’invocation magique de Kalayoni, un long
reptile bleu vert.

Le serpent redressa lentement son grand corps, hérissa de


façon horrifiante sa crinière rousse, et ses yeux pénétrants
étincelèrent épouvantablement sur sa tête de monstre aux
écailles éclatantes.

155
— Ou tu l’adores ou tu péris, lui dit le Magicien.

Le serpent mourut des mains de Krishna, du saint héros qui


ne connaissait pas la peur.

Lorsque Krishna eut anéanti héroïquement le Grand Serpent


gardien du temple de Kali, l’horrible Déesse du Désir et de la
Mort, il fit des ablutions et fut en oraison pendant un mois au
bord du Gange, après s’être purifié à la lumière du soleil et
dans la divine pensée contemplative du Mahadeva.

L’horripilante vipère infernale n’accepterait jamais le Sahaja


Maïthuna, la « chasteté scientifique », parce que cela va à
l’encontre des intérêts de la nature.

Ceux qui ne réussissent pas à se faire dévorer par le Divin


Serpent Kundalini seront engloutis par l’effrayant Serpent
Python.

Le guerrier qui parvient à tuer la couleuvre infernale entrera


au palais des Rois ; il sera oint comme Roi et Prêtre de la
nature, selon l’Ordre de Melchisédech.

Cependant, ce n’est certes jamais une entreprise facile que


celle de se rebeller contre les atomes de l’hérédité, contre la
luxure que nous avons héritée de nos ancêtres, contre
l’effroyable vipère infernale que nos aïeux ont apportée au
monde et que nous transmettrons à nos enfants et aux
enfants de nos enfants.

Cette chose que l’on porte dans la chair, dans le sang et dans
les os, est définitive, et se révolter contre elle s’avère
épouvantable.

La doctrine de l’annihilation bouddhique est fondamentale.


Il nous faut mourir à chaque instant ; c’est seulement avec la
mort qu’advient le nouveau.

156
15. Les Élémentaux

Notre Divine Mère Tonantzin est le Serpent Igné de nos


pouvoirs magiques s’élevant, victorieux, par le canal
médullaire spinal de l’organisme humain.

Coatlicue est le serpent de l’abîme, Kali, Hécate, la


Proserpine infernale, la Déesse de la Terre.

Cihuacoatl est un autre nom terrible de la Déesse de la Terre


et la sainte patronne des fameuses Cihuateteo qui crient et
beuglent épouvantablement dans la nuit.

À une époque plus récente, Cihuacoatl s’est transformée en


la « pleureuse » de nos légendes populaires, portant un
mystérieux berceau ou le cadavre d’une innocente créature,
et lançant dans la nuit d’amères lamentations en parcourant
les nobles rues de la cité.

On disait jadis qu’elle en était arrivée là à cause du crime


d’avoir laissé abandonné dans le marché public le berceau
dans lequel était le couteau du sacrifice.

Incontestablement, les « gnomes » ou « pygmées » qui


demeurent dans les entrailles de la Terre tremblent devant
Coatlicue.

Le génie particulier de ces gnomes est Gob, une Déité très


spéciale, bien connue en Haute-Magie.

On nous a dit que le royaume spécifique des gnomes se


trouve au nord de la Terre. On les commande avec l’épée.

157
Voyons à présent un magnifique poème de l’épopée Nahua
en relation avec Tlaloc, le Dieu de l’eau :

« Le Dieu Tlaloc résidait dans un grand palais avec quatre


chambres, et au milieu de la maison il y avait une cour, avec
quatre énormes récipients remplis d’eau.
Le premier est celui de l’eau qui pleut en son temps et rend la
terre féconde pour qu’elle donne de bons fruits.
Le second est celui de l’eau qui fait pourrir les moissons et fait
perdre les fruits.
Le troisième est celui de l’eau qui fait geler et sécher les
plantes.
La quatrième contient l’eau qui produit sécheresse et stérilité.
Le Dieu a à son service plusieurs ministres, les élémentaux de
l’eau, petits de corps, et qui demeurent dans chacune des
chambres, chacun selon sa couleur, car ils sont bleu ciel,
jaunes et rouges.
Ceux-là, avec de grands arrosoirs et des bâtons dans les mains,
vont arroser la terre quand le Dieu suprême de la pluie
l’ordonne.
Et quand il tonne, c’est qu’ils brisent leur cruche, et si la foudre
tombe, c’est qu’un fragment de la jarre cassée frappe la
terre. »

Me trouvant un jour en état de méditation profonde, j’eus à


me mettre en contact direct avec le Bienheureux Seigneur
Tlaloc.

Ce grand Être vit dans le monde causal, au-delà du corps, des


affects et du mental. J’ai expérimenté dans toutes les parties
de mon Être la formidable réalité de sa présence.

Vêtu de manière exotique, il ressemblait à un arabe de


l’ancien temps ; son visage, impossible à décrire avec des
mots, était semblable à un éclair.

158
Lorsque je l’accusais âprement du crime d’avoir accepté tant
de sacrifices d’enfants, de femmes, d’hommes, de vieillards,
etc., il répondit : « Je ne suis pas coupable de cela, jamais je
n’ai exigé de tels sacrifices, ce fut le fait de ces gens, là-bas,
dans le monde physique. » Puis il conclut : « Je reviendrai dans
la nouvelle ère du Verseau. »

Le Dieu Tlaloc devra incontestablement se réincarner d’ici


quelques années.

Les kabbalistes affirment solennellement que le royaume


des ondines se trouve à l’ouest et qu’on les invoque dans la
coupe des libations.

Les mages antiques, lorsqu’ils appelaient les ondines des


fleuves et des lacs, ou les génies des nuages, ou les néréides
de l’océan tumultueux, clamaient en un grand cri les mantras
suivants : « VEYA, VALLALA, VEYALA, HEYALA, VEYA ».

Certaines tribus d’Amérique, lorsqu’elles désirent de la pluie


pour leur cultures, se réunissent, et les membres de ces
tribus revêtent alors l’apparence du crapaud, l’imitent, et
tous en chœur reproduisent le « Croac » qui le caractérise ; le
résultat ne se fait pas trop attendre.

Les anciens mexicains priaient le Seigneur de la pluie, Tlaloc,


et alors la terre était arrosée avec les eaux de la vie.

Bien que Tlaloc soit un Roi de la nature, une créature


parfaite au-delà du bien et du mal, c’est entre ses mains que
sont l’inondation, la sécheresse, la grêle, le gel et la foudre,
raison pour laquelle les magiciens de l’antiquité craignaient
sa colère. Il n’est pas superflu d’affirmer qu’au terme de la
civilisation Nahua, on a offert des sacrifices de prisonniers
revêtus du Numen, et spécialement des jeunes filles vierges
et des enfants, dans le but d’apaiser sa colère.

159
Il nous faut préciser ceci : lorsque la puissante civilisation de
l’Anahuac était au zénith de sa gloire, les sacrifices humains
qui horrifient tellement les touristes, brillaient par leur
absence, il n’y en avait pas.

Toute civilisation qui agonise s’achève toujours,


indubitablement, dans un bain de sang, et Mexico ne pouvait
en aucune façon être l’exception.

Ceux qui ont étudié l’Histoire Universelle ne l’ignorent pas ;


ils n’ont qu’à évoquer le souvenir de Rome, Troie, Carthage,
de l’Égypte, de la Perse, etc.

Les sectateurs de l’Anthropologie profane, utopistes à cent


pour cent et se fondant sur le simple rationalisme subjectif,
ont lancé l’hypothèse absurde que notre Seigneur Très Saint,
Quetzalcóatl, grand Avatar du Mexico antique, fut aussi
adoré sous le nom d’Ehecatl qui, adéquatement traduit,
signifie « Dieu du vent ».

Les Adeptes de la fraternité occulte, ces Individus Sacrés


dotés de la raison objective, les Maîtres authentiques de
l’Anthropologie gnostique, savent très bien, par expérience
mystique directe et par l’analyse profonde, que le Dieu du
vent est un Deva de la nature, un Malachim du monde causal,
un génie du mouvement cosmique, très différent de
Quetzalcóatl.

Il n’est pas inutile d’expliquer que la raison subjective


élabore ses concepts, ses notions, exclusivement avec les
données qui proviennent des perceptions sensorielles
externes, motif pour lequel ce type de raison ne peut rien
connaître du réel, de la vérité, de Dieu, comme l’a déjà
démontré de manière concluante monsieur Emmanuel Kant,
dans son livre intitulé : La Critique de la raison pure.

160
La raison objective est différente : elle élabore le contenu de
ses concepts à partir de données fondamentales de la
conscience.

Ainsi donc, en traitant des Dieux du panthéon aztèque, nous,


étudiants de l’Anthropologie gnostique, savons très bien ce
dont nous parlons ; nous ne lançons pas d’opinions
subjectives, nous sommes mathématiques dans
l’investigation et exigeants dans l’expression.

Ehecatl, Sabtabiel, Michaël, etc., constituent une véritable


pléiade d’Individus Sacrés de notre système solaire d’Ors,
spécialisés dans la difficile science du mouvement cosmique.

Le grand Guruji Ehecatl a aidé de manière très efficace le


grand Kabire Jésus de Nazareth, lors de son dur processus de
résurrection.

Il est indubitable que sous la direction d’Ehecatl travaillent,


sur notre planète Terre, des billions et des trillions de
sylphes aériens.

On nous a dit avec fermeté que le royaume des sylphes se


trouve situé à l’est.

On peut indiscutablement les commander avec la plume


d’aigle et avec les saints pentacles ; ceci, les magiciens le
savent bien. Dans la vision de l’harmonie de toutes choses,
nous découvrons, avec un étonnement mystique, la partie
spirituelle de la nature ; en d’autres termes, nous
rencontrons les fameux Malachim ou rois angéliques.

Les contacts directs avec les élémentaux doivent toujours


être réalisés par l’intermédiaire des rois angéliques des
éléments, dans la sphère merveilleuse du monde causal.

161
Tout comme la terre, l’eau et l’air, l’élément feu de la nature
a aussi, dans la doctrine secrète de l’Anahuac, son Dieu
spécial.

Les aztèques l’ont toujours adoré sous le nom sacré de


Huehueteotl qui, correctement traduit, signifie : « Le Dieu
Vieux. »

On le représente comme un vieillard chargé d’ans et portant


sur sa tête un énorme brasero.

On nous a dit que, au contraire de Tezcatlipoca qui, comme


nous l’avons déjà dit, est le premier à arriver à la fête du
mois Teotleco, le Bienheureux Seigneur Divin Huehueteotl
est le dernier arrivé à l’assemblée des Dieux.

Huehueteotl en tant qu’élément naturel est l’INRI des


Chrétiens, l’Abraxas des gnostiques, le Tao chinois, le Zen
bouddhique, l’Agnus Dei.

Huehueteotl comme Individu Sacré, est un Roi angélique,


quelqu’un qui s’est autoréalisé intimement, un Malachim,
sous le rectorat duquel travaillent des billions et des trillions
de salamandres (les créatures du feu).

Dans le Feu universel demeurent, remplis de bonheur, les


« Fils de la Flamme », les Dieux de l’élément igné, les génies
antiques, Apollon, Minerve, Horus, etc. Ces Flammes
ineffables et terriblement divines sont assurément très
au-dessus du bien et du mal.

Ostensiblement, le royaume des salamandres se trouve au


sud ; on les commande avec la baguette dentée, ou avec le
trident magique.

162
Pour dominer et utiliser les élémentaux de la nature de façon
complète et décisive, il est indispensable d’éliminer
auparavant l’Ego animal.

Une personne légère et capricieuse ne pourra jamais


gouverner les sylphes de la nature ; jamais un sujet froid,
mou, inconstant, ne sera le maître absolu des ondines des
eaux et des néréides des mers ; la colère irrite les
salamandres du feu, et la grossière concupiscence convertit,
de fait, en jouet des gnomes ou pygmées du règne minéral
ceux qui veulent se servir d’eux.

Il faut être prompt et actif comme les sylphes ; flexible et


attentif aux images comme les ondines et les néréides ;
énergique et fort comme les salamandres ; laborieux et
patient comme les gnomes ; en un mot, il est nécessaire,
absolument indispensable, de vaincre les élémentaux dans
leur force, sans jamais se laisser asservir à leurs faiblesses.
On doit se rappeler que notre devise maîtresse est Thelema
(Volonté).

Lorsque le magicien sera totalement mort en lui-même, la


nature toute entière lui obéira.

Il se promènera durant l’orage sans que la pluie touche sa


tête, le vent ne dérangera pas un seul pli de son vêtement.

Il traversera le feu sans se brûler, il marchera sur les eaux


tourmentées de l’océan, sans s’enfoncer. Il pourra voir très
clairement toutes les richesses enfouies dans les
profondeurs de la Terre.

Rappelez-vous les paroles du grand Kabire Jésus : « Les


miracles que j’ai faits, vous aussi pourrez les faire, et même
plus encore. »

163
L’ordre angélique du monde des causes naturelles, ou
monde de la volonté consciente, est celui des Malachim ou
Rois de la Nature, qui, assurément, constituent par
eux-mêmes les principes spirituels légitimes des éléments.

Ces Dieux ineffables et terriblement divins sont des hommes


parfaits dans le sens le plus complet du mot ; de tels êtres
sont tout à fait au-delà du bien et du mal.

L’ascète illuminé est rempli d’étonnement et de terreur


mystique lorsqu’il expérimente, dans toutes les parties de
son être, la présence du Dieu chauve-souris, puissant
Seigneur des Mystères de la Vie et de la Mort.

Il n’est pas superflu de rappeler que l’on a conservé des


hymnes adressés à Huitzilopochtli, à la Mère des Dieux, au
Dieu du feu, à Xochipilli, le Dieu de la musique, de la danse et
du chant, à Xochiquetzal, à Xipe-Totec, le Divin Seigneur du
printemps, etc.

Au moment précis où j’écris ces lignes, d’insolites


réminiscences jaillissent dans mon esprit.

Il y a plusieurs années, un hôte indésirable demeurait chez


moi ; il ne semblait pas avoir envie de partir.

Je consultai à ce sujet Ehecatl, le Dieu du vent ; suite à cet


entretien, il n’y a pas de doute que la personne a dû quitter
hâtivement mon logis. Heureusement que j’avais en ma
possession la « somme » qu’Ehecatl me réclamait pour mon
assistance : il n’y a rien qui nous soit donné en cadeau, tout
coûte quelque chose.

Ces Dieux élémentaux, on les paie en valeurs cosmiques ;


celui qui a de quoi payer, s’en tire bien dans ses
négociations.

164
Nos bonnes œuvres représentent la monnaie cosmique ;
toujours faire le bien est une bonne affaire ; ainsi
accumulerons-nous du « capital cosmique », grâce auquel il
est possible de faire des transactions de cette sorte.

L’initié aborde les êtres cosmiques au nom de l’un des Rois


qui les gouvernent.

Il descend d’une certaine façon aux royaumes élémentaux,


en apportant avec lui sa force virile, et il œuvre alors sur les
éléments.

Les opérations élémentales doivent commencer dans le


monde des causes naturelles ; elles doivent être contrôlées à
partir de cette région ; faute de ce contrôle, la magie noire
surgit aussitôt.

Lorsque les forces élémentales divorcent de leurs principes


spirituels, elles se convertissent en quelque chose de
différent et, bien que l’on ne prétende faire aucun mal, il se
produit inévitablement une chute accompagnée de
dégénérescence.

Quand nous conquérons l’innocence dans le mental et dans


le cœur, les Principes du feu, de l’air, des eaux et de la terre
ouvrent devant nous les portes des paradis élémentaux. Il
est nécessaire, par conséquent, lorsque nous voulons nous
servir des forces élémentales, que nous implorions
l’assistance des Rois correspondants.

Le monde causal, ou monde de la volonté consciente, est


essentiellement la région du mysticisme religieux.

Le gnostique qui apprend à combiner la méditation avec la


prière, peut incontestablement établir un contact objectif et
conscient avec les Dieux de la nature.

165
Le monde causal est la sphère des Maîtres ; c’est le Temple
éternel dans les cieux, qu’une main a construit ; c’est la
grande Demeure de la fraternité occulte.

Voulez-vous ardemment la pluie ? Désirez-vous la faire


cesser ? Adressez alors votre méditation et votre oraison au
Bienheureux Tlaloc. « Demandez et l’on vous donnera,
frappez et l’on vous ouvrira. »

Vous êtes malade ? Vous désirez guérir quelqu’un ? Prenez


alors pour centre de votre concentration, de votre
méditation, de votre prière ou supplique, le fameux Dieu
chauve-souris des aztèques et des mayas. Ce grand Être est
indubitablement un Maître des Mystères de la Vie et de la
Mort.

Lorsque le feu crépite ardemment, menaçant des vies, des


maisons, des bâtiments de fermes, que Huehueteotl, le Dieu
du feu, soit alors l’objet central de votre concentration, votre
méditation et vos suppliques.

Les kabbalistes hébreux appartenant à la tradition


rabbinique savent bien que le mantra du monde causal a été,
est et sera toujours : « ALOAH VA DAATH ».

Méditer sur cette parole équivaut à frapper aux portes


merveilleuses du Grand Temple.

Nous allons maintenant transcrire un fragment mystique


d’une prière à Xipe-Totec, le Dieu élémental du printemps,
qui est aussi celui des marchands :

ORAISON

« Toi, buveur nocturne,


pourquoi te fais-tu prier ?

166
Revêts ton costume,
revêts ton habit d’or.
Ô mon Dieu, ton eau de pierres précieuses est
descendue ;
il s’est transformé en Quetzal, le haut cyprès ;
le serpent de feu s’est transformé en serpent de Quetzal.
Il m’a rendu libre, le serpent de feu.
Peut-être disparaît-il,
peut-être disparaît-il et me détruit-il, moi,
le tendre plant de maïs.
Semblable à une pierre précieuse,
il verdit en mon cœur ;
mais néanmoins je verrai l’or,
et je me réjouirai s’il a mûri,
si est né le chef de la guerre.
Ô mon Dieu, fais qu’au moins,
fructifient en abondance,
quelques plants de maïs ;
ton dévot dirige ses regards vers ta montagne,
vers toi ; je me réjouirai si tout d’abord il mûrit un peu,
si je peux dire qu’il est né, le chef de la guerre. »

Et lorsque s’est produit le miracle de la fructification, le


dévot reconnaissant s’écrie en disant au Divin Seigneur
Xipe-Totec :

« Il est né, le Dieu du maïs,


à Tamoanchan.
À l’endroit où il y a des fleurs,
le Dieu “1 Fleur”,
le Dieu du maïs, est né,
à l’endroit où il y a de l’eau et de l’humidité,
où sont faits les enfants des hommes,
dans le précieux Michoacán. »

167
Ces prières ineffables sont d’origine toltèque et sont écrites
en langage ésotérique Nahua-tlatolli.

La légende des siècles raconte que Trithème, le magicien


abbé, ce savant qui, en 1483, prit la tête du monastère de
Sponheim, connaissait à fond la science ésotérique des
éléments.

On rapporte qu’il évoqua le spectre de Marie de Bourgogne


devant l’empereur Maximilien, qui l’en avait supplié, et il est
connu que l’ombre auguste conseilla à l’empereur une
nouvelle conduite, lui révéla certains faits et lui ordonna de
se remarier avec Bianca Sforza.

Tous les érudits du Moyen-Âge étaient passionnément épris


de Magie et beaucoup d’entre eux ont travaillé avec les
élémentaux de la Nature.

Certains magistes, avec une grande ferveur religieuse,


appelaient à grands cris Cupidon, pour qu’il fit apparaître
dans le miroir magnétisé, devant les dévots stupéfaits, le
visage de l’être aimé.

Que Dieu et Sainte-Marie me gardent ! Combien de


merveilles Cupidon a-t-il accompli au moyen des
élémentaux ! L’abbé Tritheim se considérait disciple d’Albert
le Grand ; jamais il ne nia que « le plus saint des saints »
pratiquait la Magie.

Albert le Grand, tout comme Saint-Thomas, affirma la réalité


de l’Alchimie. Son traité d’Alchimie ne quittait jamais l’abbé.

Tritheim racontait que lorsque Guillaume II, comte de


Hollande, dîna avec le célèbre et noble savant Albert le
Grand à Cologne, celui-ci fit dresser une table dans le jardin

168
du monastère, bien que l’on fût en plein hiver et qu’il
neigeât.

Dès que les invités eurent pris place autour de la table,


comme par enchantement la neige disparut et le jardin se
remplit de fleurs variées. Des oiseaux de toutes sortes
volaient joyeusement d’arbre en arbre, comme aux plus
beaux jours de l’été.

Les jeunes moines élèves du mystérieux abbé désiraient


ardemment pouvoir réaliser pareils prodiges, et Tritheim
s’empressait de préciser que Maître Albert parvenait à ces
merveilles au moyen de la Magie élémentale, et qu’il n’y avait
rien là de démoniaque ni, par conséquent, de pervers, de
condamnable ou d’exécrable.

Il est certain que Faust, Paracelse et Agrippa, les trois mages


les plus illustres du Moyen-Âge, furent les disciples de l’abbé
Tritheim.

— Récitez-moi les quatre éléments de la Nature, demandait


l’abbé à ses jeunes moines, en pleine classe.

— La terre, l’eau, l’air, le feu.

— Oui, reprenait le Maître, la terre et l’eau, les plus lourds,


sont attirés vers le bas ; l’air et le feu, plus légers, vont vers le
haut. Platon avait raison de fondre le feu dans l’air, qui
devient pluie, qui devient rosée, qui devient eau, qui devient
terre en se solidifiant.

Le mystique qui aspire réellement à devenir un Malachim,


un Roi Angélique de la Nature, doit d’abord devenir roi de
lui-même.

169
Comment pourrons-nous commander aux élémentaux de la
Nature si nous n’avons pas appris à gouverner les
élémentaux atomiques de notre propre organisme ?

Les salamandres atomiques du sang et du sexe brûlent


atrocement dans nos passions animales.

Les sylphes atomiques de notre propre air vital, lorsqu’ils


sont au service de l’imagination mécanique, subjective (à ne
pas confondre avec l’imagination objective, consciente),
jouent avec nos pensées lascives et perverses.

Les ondines atomiques du Sperme sacré engendrent


toujours d’épouvantables tempêtes sexuelles.

Les gnomes atomiques de la chair et des os jouissent,


indolents, avec la paresse, la gloutonnerie, la concupiscence.

Il est devenu indispensable de savoir exorciser, commander


et soumettre les élémentaux atomiques de notre propre
corps.

Par le moyen des exorcismes du feu, de l’air, de l’eau et de la


terre, nous pouvons également soumettre les élémentaux
atomiques de notre propre corps.

Ces oraisons et exorcismes doivent incontestablement être


appris par cœur.

EXORCISME DU FEU

On exorcise le feu en y jetant du sel, de l’encens, de la résine


blanche, du camphre et du soufre, et en prononçant trois fois
les trois noms des Génies du feu : Michaël, roi du soleil et
de la foudre, Samaël, roi des volcans, et Anaël, prince de

170
lumière astrale, écoutez mes prières, Amen. (Ensuite le
dévot formulera mentalement sa demande.)

EXORCISME DE L’AIR

On exorcise l’air en soufflant du côté des quatre points


cardinaux et en disant, avec une grande foi : Spiritus Dei
ferebatur super aquas, et inspiravit in faciem hominis
spiraculum vitae. Sit Michaël dux meus, et Sabtabiel
servus meus, in luce et per lucem. Fiat verbum halitus
meus ; et cogitatione mentis meae et nutu oculi dextri.
Exorciso igitur te, creatura aeris, per Pentagrammaton
et in nomine Tetragrammaton, in quibus sunt voluntas
firma et fides recta. Amen. Sela Fiat. Qu’il en soit ainsi !
(Le dévot, concentré sur Michaël et Sabtabiel, formulera
ensuite sa demande.)

EXORCISME DE L’EAU

Fiat firmamentum in medio aquarum et separet aquas


aquis, quæ superius sicut quæ inferius, et quæ inferius
sicut quæ superius, ad perpetranda miracula rei unius.
Sol ejus pater est, luna mater et ventus hanc gestavit in
utero suo, ascendit a terra ad cœlum et rursus a cœlo in
terram descendit. Exorciso te, creatura aquae, ut sis
mihi speculum Dei vivi, in operibus ejus, et fons vitae, et
ablutio peccatorum. Amen. (Bien concentré sur Tlaloc ou
Nicksa, le dévot formulera ensuite mentalement sa requête.)

EXORCISME DE LA TERRE

Par le clou d’aimant qui traverse le cœur du monde, par


les douze pierres de la Cité Sainte, par les talismans qui

171
sont enfouis, par les sept métaux qui coulent dans les
veines de la Terre, et au nom de Gob, obéissez-moi,
ouvriers souterrains ! (À ce moment, concentré sur Gob, le
dévot formulera sa demande.)

Les mages antiques accompagnaient leurs opérations de


Magie élémentale de fumigations avec des branches de
laurier, d’artémise (ou armoise), de rue, de sauge, de pin, de
romarin, etc., ces végétaux brûlaient sur des charbons
incandescents.

Cette observance est magnifique : l’air se chargera de la


fumée des plantes ; le feu exorcisé réfléchira la volonté de
l’opérateur ; les forces subtiles de la Nature l’écouteront et
lui répondront.

En ces instants, l’eau semble frémir et bouillonner ; le feu


jette un étrange éclat et l’on perçoit dans l’air des voix
inconnues ; la terre elle-même semble trembler.

C’était dans ces moments que les mages du Moyen-Âge


obtenaient que le Génie élémental « Cupidon », en plus de se
rendre visible dans le miroir magnétisé, leur montrât aussi,
dans ce miroir, non seulement le visage de la personne
aimée, mais encore, ce qui est plus intéressant, les
événements que le destin réserve toujours aux êtres qui
s’adorent. Les Dieux du feu, Agni, Huehueteotl, etc., les
Élohim de l’air, Paralda, Ehecatl, etc., les Divinités de l’eau,
Nicksa, Tlaloc, etc., Gob et les autres Déités du monde
souterrain, assistent toujours le mystique qui, avec sagesse,
amour et pouvoir, les invoque.

On nous a dit que tout magicien qui travaille avec les


élémentaux de la Nature peut se rendre invisible à volonté.

172
Incontestablement, il n’est possible d’acquérir ce pouvoir, de
même que toute autre faculté, qu’au prix de suprêmes
sacrifices.

Il est indéniable que le sacrifice signifie clairement le choix


délibéré et clairvoyant d’un bien supérieur de préférence à
un inférieur.

Le combustible que la locomotive consomme est cruellement


sacrifié au profit du mouvement si indispensable pour le
transport des passagers.

En réalité, le sacrifice est une transmutation de forces ;


l’énergie latente dans le charbon offerte sur l’autel de la
locomotive est transformée en l’énergie dynamique de la
vapeur, par le moyen des instruments utilisés.

Il existe un mécanisme, psychologique et cosmique à la fois,


que chaque acte de sacrifice met en jeu et par lequel celui-ci
se transforme en énergie spirituelle, laquelle à son tour peut
être appliquée à divers autres mécanismes et réapparaître
sur le plan de la forme en un type de force intégrante
absolument distincte de ce qu’elle était réellement à l’origine
du processus. Par exemple, un homme peut sacrifier ses
émotions à sa carrière, ou une femme sa carrière à ses
émotions.

Certaines personnes sont disposées à sacrifier leurs plaisirs


terrestres au profit des joies de l’esprit.

Néanmoins, il est très rare de trouver quelqu’un disposé à


renoncer à ses propres souffrances, à les sacrifier pour
quelque chose de supérieur.

Sacrifiez la suprême douleur très naturelle qui résulte du


trépas d’un être cher et vous aurez une effarante

173
transmutation de forces, dont la conséquence sera le pouvoir
de vous rendre invisibles à volonté.

Le docteur Faust savait se rendre invisible à volonté ; il est


manifeste que ce mage avait obtenu ce pouvoir grâce au
sacrifice.

Les sages du Moyen-Âge avaient une formule enchanteresse


merveilleuse, au moyen de laquelle ils pouvaient se rendre
invisibles.

Il suffit, après les rites et invocations d’usage de savoir se


servir magiquement de la formule liturgique suivante :
Athal, Bathel, Note, Jhoram, Asey, Cleyungit, Gabellin,
Semeney, Mencheno, Bal, Labenenten, Nero, Meclap,
Halateroy, Palcin, Timgimiel, Plegas, Peneme, Fruora,
Héan, Ha, Ararna, Avora, Ayla, Seye, Peremies, Seney,
Levesso, Huay, Baruchalu, Acuth, Tural, Buchard,
Caratim, per misericordiam alibit ergo mortale, perficiat
qua hoc opus, ut invisibiliter ire possim.

Cette sorte de formule magique exige absolument une foi


réelle et inébranlable.

Il est évident qu’il faut la fabriquer, cette foi, par l’étude


analytique profonde et par l’expérience mystique directe.

174
16. Au Sujet des Rêves

La Gnose enseigne qu’il existe plusieurs catégories


différentes de rêves, que la psychologie moderne décadente
de l’hémisphère occidental ignore radicalement.

Indubitablement, les rêves sont de diverse qualité


spécifique, à cause du fait concret qu’ils sont en relation
intime avec chacun des centres psychiques de l’organisme
humain.

En toute vérité et sans aucune exagération, nous pouvons


affirmer que la majorité des rêves se trouvent liés au centre
instinctif moteur, c’est-à-dire qu’ils sont l’écho de choses
vues durant le jour, de simples sensations et mouvements,
pure répétition astrale de ce que l’on vit quotidiennement.

En outre, certaines expériences de type émotionnel, comme


la peur, qui fait tant de dommages à l’humanité, prennent
d’ordinaire la priorité dans ces rêves chaotiques du centre
instinctif moteur.

Il existe donc des rêves intellectuels, moteurs, émotionnels,


instinctifs et sexuels.

Les rêves les plus importants, les vécus intimes de l’Être,


sont associés à deux centres : Émotionnel Supérieur et
Mental Supérieur.

Les rêves en relation avec ces deux centres supérieurs sont


assurément très intéressants. Ils se caractérisent toujours
par ce qu’on pourrait appeler une formulation dramatique.

175
Or, si nous pensons au Rayon de la Création, aux centres
supérieurs et inférieurs et aux influences qui descendent par
ce Rayon cosmique, nous devons admettre que se présentent
en nous des vibrations lumineuses qui tentent de nous
soigner, qui essaient de nous informer de l’état dans lequel
nous nous trouvons.

Il s’avère utile, par conséquent, de recevoir ces messages et


d’être en contact avec les Adeptes aztèques, mayas,
Toltèques, égyptiens, grecs, etc.

Il est également merveilleux de converser intimement avec


les diverses parties les plus élevées de notre Être.

Les centres supérieurs sont pleinement développés en nous,


et nous transmettent des messages que nous devons
apprendre à capter consciemment.

Les personnes choisies qui ont déjà eu des moments de


« rappel de soi » dans la vie, qui alors ont vu une chose ou
une personne commune et courante d’un point de vue
complètement nouveau, ne seront pas surprises si je leur dis
dans ce chapitre que de tels moments possèdent la même
qualité ou la même saveur intérieure que ces rares et
étranges rêves reliés aux deux centres Émotionnel et Mental
Supérieurs.

Sans aucun doute, la signification de tels rêves


transcendantaux appartient au même ordre que la
réalisation en soi du Rayon de la Création et, en particulier, à
l’Octave latérale du Soleil.

Quand on commence à se rendre compte de la profonde


signification de ce type spécifique de rêves, c’est le signe que
certaines forces luttent pour nous éveiller, nous soigner,
nous guérir.

176
Chacun de nous est un point mathématique dans l’espace, et
ce point sert de véhicule à une somme déterminée de
« Valeurs » (bonnes ou mauvaises).

La mort est une soustraction de fractions ; l’opération


mathématique terminée, tout ce qui reste ce sont les Valeurs,
blanches ou noires.

En accord avec la loi de l’Éternel Retour, il est indéniable que


les Valeurs retournent, se réincorporent.

Si un homme commence à s’occuper plus consciemment du


petit cycle d’événements récurrents de sa vie personnelle, il
pourra alors vérifier par lui-même, à travers l’expérience
mystique directe, que dans le sommeil journalier se répète
continuellement la même opération mathématique de la
mort.

En l’absence du corps physique, durant le sommeil normal,


les Valeurs immergées dans la Lumière astrale s’attirent et
se repoussent, en accord avec les lois de l’Attraction
universelle.

Le retour à l’état de veille implique, en fait et par droit


propre, le « retour » des Valeurs à l’intérieur du corps
physique.

L’une des choses les plus extraordinaires est que les gens
pensent qu’ils sont en relation uniquement avec le monde
extérieur.

La Gnose nous enseigne que nous sommes en relation avec


un monde intérieur, invisible pour les sens physiques
ordinaires, mais visible par la clairvoyance.

Le monde intérieur invisible est beaucoup plus étendu et


contient davantage de choses intéressantes que le monde

177
extérieur vers lequel toujours nous regardons à travers les
cinq fenêtres des sens.

Plusieurs rêves se réfèrent à l’endroit où nous nous trouvons


dans le monde intérieur invisible d’où surgissent les
diverses circonstances de la vie.

Le langage des rêves est exactement comparable au langage


des paraboles. Ceux qui interprètent littéralement pensent
que le Semeur de l’Évangile du Christ est allé semer, et que la
semence est tombée en terrain rocailleux, etc., mais ils ne
saisissent pas le sens de cette parabole, parce qu’elle
appartient en elle-même au langage symbolique du Centre
Émotionnel Supérieur.

Il n’est pas superflu de rappeler que tout rêve, quelque


absurde ou incohérent qu’il soit, possède une signification,
car il indique non seulement le centre psychique auquel il se
trouve associé, mais également l’état psychologique de ce
centre.

Plusieurs pénitents qui se présumaient chastes, lorsqu’ils


furent soumis à des épreuves dans les mondes internes, ont
failli dans le centre sexuel et sont tombés dans une pollution
nocturne.

Chez l’Adepte Parfait, les cinq centres psychiques :


intellectuel, émotionnel, moteur, instinctif et sexuel,
fonctionnent en pleine harmonie avec l’Infini.

Quels sont les fonctionnalismes mentaux durant le rêve ?


Quelles émotions nous agitent et nous troublent ? Quelles
sont nos activités en dehors du corps physique ? Quelles
sensations instinctives prédominent ? A-t-on pris note des
états sexuels durant le sommeil ?

178
Nous devons être sincères avec nous-mêmes. C’est avec
raison que Platon a dit : « L’homme se connaît par ses
rêves. »

La question du fonctionnement erroné des centres est un


sujet qui exige un examen de toute la vie à travers
l’observation de soi-même en action, et l’examen rigoureux
des rêves.

Il est impossible de parvenir à la compréhension des centres


et de leur travail juste et équivoque en un instant, cela
nécessite une patience infinie.

Toute la vie se déroule en fonction des centres et est


contrôlée par eux.

Nos pensées, sentiments, idées, espérances, craintes,


amours, haines, actions, sensations, plaisirs, satisfactions,
frustrations, etc., se trouvent dans les centres.

La découverte de quelque élément inhumain dans n’importe


lequel des centres est un motif plus que suffisant pour le
travail ésotérique.

Tout défaut psychologique doit au préalable être compris au


moyen de la technique de la méditation avant que l’on
procède à son élimination.

Extirper, déraciner, éliminer n’importe quel élément


indésirable est possible seulement en invoquant l’aide de
Tonantzin (la Divine Mère Kundalini), une variante de notre
propre Être, le Fohat particulier de chacun de nous.

C’est ainsi que nous mourons d’instant en instant ; c’est


seulement avec la mort que survient le nouveau.

179
Dans l’échelle des êtres et des choses, incontestablement,
des influences de toutes sortes nous atteignent.

Si nous avons compris le Rayon de la Création, nous saurons


également qu’à chaque instant de la vie nous parviennent
des influences et que ces influences sont de différente
qualité.

Il faut toujours se rappeler qu’il y a des influences


supérieures qui agissent sur nous et qu’elles sont
enregistrées par notre appareil psychique, mais si nous
sommes collés, accrochés à nos sens, si nous ne prêtons pas
une pleine attention à notre vie intérieure, alors nous ne
pourrons arriver à percevoir ces influences.

180
17. Discipline du Yoga
du Sommeil

Les aspirants qui désirent ardemment et sincèrement


l’expérience mystique directe doivent indubitablement
commencer par la discipline du « Yoga du Sommeil ».

Il est évident que le Gnostique doit être exigeant envers


lui-même et doit apprendre à créer les conditions favorables
pour le rappel et la compréhension de toutes ces
expériences intimes qui nous viennent toujours durant notre
sommeil.

Avant de nous coucher pour nous reposer des fatigues et


efforts de la journée, il convient de porter attention à l’état
dans lequel nous nous trouvons.

Les dévots qui, à cause des circonstances, mènent une vie


sédentaire, ne perdent rien et gagnent réellement beaucoup
si avant d’aller dormir, ils font une courte promenade d’un
pas alerte et à l’air frais. Cette petite marche détendra leurs
muscles.

Toutefois, il est bon de préciser que jamais nous ne devons


abuser des exercices physiques ; nous devons vivre de
manière harmonieuse.

Le souper, goûter ou repas final de la journée, doit être léger,


libre de mets lourds ou stimulants, en évitant avec soin
d’ingérer des aliments qui peuvent nous tenir éveillés, nous
empêcher de dormir.

181
La meilleure manière de penser, c’est de ne pas penser.
Lorsque le mental est calme et en silence, libre des
tourments du jour et des anxiétés mondaines, il se trouve
alors dans un état à cent pour cent favorable à la pratique du
« Yoga du sommeil ».

Lorsque le Centre Émotionnel Supérieur travaille


réellement, alors s’éteint, ne serait-ce que pour un bref
instant, le processus de la pensée.

L’ivresse dionysiaque permet à ce centre d’entrer en activité.

Il est possible d’atteindre cet état de ravissement en


écoutant avec une infinie dévotion les symphonies
délicieuses d’un Wagner, d’un Mozart ou d’un Chopin.

La musique de Beethoven, tout particulièrement, est


extraordinaire pour faire vibrer avec intensité le Centre
Émotionnel Supérieur.

Dans cette musique, le Gnostique sincère découvre un


immense champ d’exploration mystique, car ce n’est pas une
musique de formes, mais d’idées archétypiques ineffables.
Chaque note a sa signification ; chaque silence correspond à
une émotion supérieure.

Beethoven a cruellement senti les rigueurs et les épreuves


de la « nuit spirituelle », et au lieu d’échouer, comme
beaucoup d’aspirants, il a ouvert les yeux de son intuition au
surnaturalisme mystérieux, à la partie spirituelle de la
Nature, à cette région où vivent les Rois Angéliques de cette
grande création universelle : Tlaloc, Huehueteotl, etc.

Regardez le musicien philosophe tout au long de son


existence exemplaire. Sur sa table de travail il garde
constamment à la vue une image de sa Divine Mère

182
Kundalini, l’ineffable Neith, la Tonantzin de l’Anahuac, la
suprême Isis égyptienne.

On nous a dit que ce grand Maître a mis au bas de cette


figurine adorable, de sa propre main, une inscription très
mystérieuse : « Je suis celle qui a été, celle qui est et qui sera et
aucun mortel n’a levé mon voile. »

Le progrès intime révolutionnaire est impossible sans l’aide


immédiate de notre Divine Mère Tonantzin.

Tout fils reconnaissant doit aimer sa Mère, Beethoven aimait


profondément la sienne.

Hors du corps physique, aux heures du sommeil, l’Âme peut


converser avec sa Mère Divine. Cependant, il est évident que
nous devons commencer par la discipline du Yoga du
Sommeil.

Nous devons prêter attention à la chambre dans laquelle


nous dormons, la décoration doit être agréable, les couleurs
les plus souhaitables pour l’objectif que nous poursuivons.
En dépit de ce que d’autres auteurs conseillent, les couleurs
les plus souhaitables sont précisément les trois tonalités
primaires : le bleu, le jaune et le rouge.

Indubitablement, les trois couleurs de base correspondent


toujours aux trois forces primaires de la Nature (le
Saint-Triamatzikamno), la Sainte-Affirmation, la
Sainte-Négation et la Sainte-Conciliation.

Il n’est pas superflu de rappeler que les trois forces


originelles de cette grande création se cristallisent toujours
de manière positive, négative et neutre.

183
La causa causorum du Saint-Triamatzikamno se trouve
cachée dans l’élément actif Okidanokh qui, lui-même, n’est
que l’émanation de l’Absolu Solaire Sacré.

Il va de soi que le rejet des trois couleurs fondamentales,


après toutes les raisons exposées, équivaut, par simple
déduction logique, à tomber dans l’absurdité ou la sottise.

Le Yoga du Sommeil s’avère extraordinaire, merveilleux,


formidable, cependant sa pratique est très exigeante.

La chambre doit être toujours bien parfumée et aérée,


légèrement, imprégnée de la sereine fraîcheur de la nuit.

Après une révision détaillée de lui-même et de la chambre


où il va dormir, le Gnostique doit examiner son lit.

En observant une boussole, nous pourrons vérifier si


l’aiguille est bien orientée vers le nord.

Sans aucun doute, il est possible de profiter consciemment


de ce courant magnétique du monde qui circule sans cesse
du sud au nord.

Orientons notre lit de façon à ce que la tête soit toujours vers


le nord, afin d’utiliser intelligemment le courant magnétique
indiqué par la direction de l’aiguille.

Le matelas ne doit pas être exagérément dur, ni trop mou,


c’est-à-dire que son élasticité doit être telle qu’elle ne puisse
en rien affecter les processus psychiques du dormeur.

Des ressorts bruyants ou une tête de lit qui craque et geint


au moindre mouvement du corps constituent un obstacle
sérieux pour les pratiques du Yoga du Sommeil.

184
Sous l’oreiller, on place un cahier ou un carnet et un crayon
de façon à pouvoir les rejoindre facilement dans l’obscurité.

Les vêtements de nuit doivent être frais et très propres, on


doit parfumer l’oreiller avec notre fragrance préférée.

Après avoir accompli tous ces prérequis, l’ascète gnostique


passe à la seconde étape de cette discipline ésotérique.

Il se met au lit et, ayant éteint les lumières, il se couche en


« décubitus dorsal », c’est-à-dire sur le dos, les yeux fermés
et les mains sur le plexus solaire.

On demeure totalement tranquille durant quelques instants


et, après s’être relaxé et détendu complètement, tant dans le
physique que dans le mental, on se concentre sur Morphée,
le Dieu du sommeil.

Incontestablement, chacune des parties isolées de notre Être


Réel exerce une fonction déterminée, et c’est précisément
Morphée (ne pas confondre avec Orphée) qui est chargé de
nous instruire dans les mystères du sommeil.

Il serait plus qu’impossible de tracer un schéma de l’Être ;


cependant toutes les parties spiritualisées, isolées, de notre

185
présence commune, veulent la perfection absolue de leur
fonction.

Quand nous nous concentrons sur Morphée, celui-ci se


réjouit de la brillante opportunité que nous lui offrons.

Il est essentiel d’avoir foi et de savoir supplier. Nous devons


prier Morphée de nous enseigner et de nous éveiller dans les
mondes suprasensibles.

À ce moment-là, une somnolence très spéciale commence à


s’emparer du Gnostique qui, alors, adoptera la posture du
lion : « Couché sur le côté droit, la tête dirigée vers le nord,
ramener les jambes lentement, jusqu’à ce que les genoux
soient pliés ; dans cette position, la jambe gauche repose sur la
droite. Ensuite, poser la joue droite sur la paume de la main
droite, et laisser le bras gauche reposer sur la jambe du même
côté. »

À l’éveil du sommeil normal, il ne faut pas bouger, car il est


certain que les mouvements agitent nos Valeurs et que se
perd alors le souvenir de nos rêves.

Indubitablement, l’exercice rétrospectif devient nécessaire


lorsque nous désirons nous rappeler avec précision de tous
et chacun de nos rêves.

Le Gnostique doit noter soigneusement les détails du rêve ou


des rêves dans le cahier, ou carnet, placé sous l’oreiller à
cette fin.

Il pourra ainsi tenir un compte-rendu minutieux de son


progrès intime dans le Yoga du Sommeil.

Même s’il ne reste en mémoire que de vagues fragments du


rêve ou des rêves, ils doivent être consignés avec soin.
Lorsqu’il ne reste rien en mémoire, il faut commencer

186
l’exercice rétrospectif en ayant pour base la première pensée
que nous avons eue au moment précis du réveil ; de toute
évidence, celle-ci se trouve intimement associée au dernier
rêve.

Il est nécessaire de préciser que l’exercice rétrospectif


commence avant que l’on soit totalement revenu à l’état de
veille, lorsqu’on se trouve encore en état de somnolence,
essayant de suivre consciemment la séquence du rêve.

La pratique de cet exercice commence toujours par la


dernière image que nous avons eue, juste avant de revenir à
l’état de veille.

Nous terminerons ce chapitre en affirmant solennellement


qu’il est impossible d’aller plus avant dans cette pratique en
relation avec la discipline du Yoga du Sommeil à moins que
nous soyons parvenus à la mémoire parfaite de nos
expériences oniriques.

187
18. Le Sommeil Tantrique

Il est naturellement indispensable de revoir mensuellement


notre cahier de notes, dans le but de constater par
nous-mêmes la progression de la mémoire onirique.

Toute possibilité d’oubli doit être éliminée ; nous ne devons


pas nous engager dans les pratiques subséquentes tant que
nous ne sommes pas parvenus à une mémoire parfaite.

Nous pouvons relever alors certains événements très


intéressants qui semblent sortir d’autres siècles et qui se
déroulent dans des milieux et contextes qui n’ont rien à voir
avec l’existence concrète du rêveur.

Il nous faut être en état de « perception alerte »,


« d’alerte-nouveauté », et porter une attention toute spéciale
à l’étude des détails, incluant les questions spécifiques,
conversations, réunions, activités inusitées en relation avec
d’autres personnes, ou dans des lieux particuliers, temples,
etc.

Une fois qu’on a atteint le développement intégral de la


mémoire onirique et éliminé la possibilité d’un oubli, le
processus de symbolisation ouvrira le chemin de la
révélation.

La science de base de l’interprétation des rêves, nous devons


la chercher dans la loi des analogies philosophiques, dans la
loi des analogies des contraires, dans la loi des
correspondances et de la numérologie.

188
Les images astrales réfléchies dans le miroir magique de
l’imagination ne doivent jamais être traduites littéralement,
car elles sont des représentations symboliques des idées
archétypiques et elles doivent être utilisées de la même
manière qu’un mathématicien utilise les symboles
algébriques.

Il n’est pas inutile d’affirmer que ce genre d’idées descend du


monde de l’Esprit pur.

Il est certain que les idées archétypiques qui descendent de


l’Être sont toujours merveilleuses, nous informant soit sur
l’état psychologique de tel ou tel centre de la machine
humaine, soit sur des sujets ésotériques très profonds, soit
sur de possibles succès ou dangers, etc., toujours enveloppés
dans le revêtement du symbolisme.

Percer tel ou tel symbole astral, telle ou telle scène ou figure,


dans le but d’en extraire l’idée essentielle, n’est possible qu’à
travers la « méditation de l’Être », laquelle est logique et
comparative.

Parvenu à ce stade de la discipline du Yoga du Sommeil, il est


indispensable de pénétrer dans l’aspect tantrique de la
question.

La Sagesse antique enseigne que Tonantzin (Devi Kundalini),


notre Divine Mère Cosmique personnelle, particulière (car
chacun a la sienne propre), peut adopter n’importe quelle
forme, car elle est l’origine de toutes les formes. Il convient
donc que le disciple médite sur Elle avant de s’endormir.

L’aspirant devra pénétrer quotidiennement dans le


processus du sommeil en répétant avec une grande foi
l’oraison suivante : « Tonantzin, Teteoïnan, ô ma Mère,
viens à moi, viens à moi. »

189
Selon la Science tantrique, si le Gnostique persévère dans
cette pratique, tôt ou tard surgira comme par enchantement,
parmi les expressions amorphes et changeantes de ses
songes, un élément initiateur.

Tant que cet élément initiateur n’est pas intégralement


identifié, il est indispensable de continuer à transcrire ses
rêves dans le cahier ou le carnet.

L’étude et l’analyse profonde de chaque rêve noté ne peut


être ajournée dans la discipline ésotérique du sommeil
tantrique.

Incontestablement, le progrès didactique nous conduit à la


découverte de l’élément initiateur ou unificateur du rêve.

Indubitablement, le Gnostique sincère qui parvient à ce


stade de la discipline tantrique se trouve prêt à passer à
l’étape suivante, laquelle sera le thème de notre prochain
chapitre.

190
19. La Pratique du Retour

Lorsque l’aspirant a réalisé avec un succès complet tous les


exercices gnostiques relatifs à l’ésotérisme du Sommeil, il est
clair qu’il se trouve alors intimement prêt pour la « pratique
du retour ».

Au cours du chapitre précédent, nous avons parlé de


l’élément initiateur qui surgit comme par enchantement au
milieu des expressions changeantes et amorphes de nos
rêves.

Certaines personnes très « psychiques », raffinées


(sensibles) et impressionnables, ont toujours possédé en
elles-mêmes l’élément initiateur.

Ces psychiques se caractérisent par la répétition continue


d’un même rêve ; ils revivent périodiquement telle ou telle
scène ou revoient dans leurs expériences oniriques, de façon
constante, telle créature ou tel symbole.

Chaque fois que l’élément initiateur, que ce soit un symbole


ou un son, une couleur, une personne, etc., est remémoré au
réveil du sommeil normal, l’aspirant, les yeux toujours
fermés, continue à visualiser l’image-clé familière pour
ensuite, intentionnellement, essayer de se rendormir en
poursuivant le même rêve.

En d’autres mots, nous dirons que l’aspirant tente de se


rendre conscient de son propre rêve, et c’est pour cela qu’il
le poursuit intentionnellement, mais en l’amenant à l’état de
veille, en pleine lucidité et autocontrôle.

191
Il devient alors spectateur et acteur d’un rêve, avec
l’avantage, certes non dépréciable, de pouvoir abandonner la
scène à volonté pour se mouvoir en toute liberté dans le
monde astral.

L’aspirant, libre de toutes les entraves de la chair, hors de


son corps physique, se sera alors dépris de sa vieille
ambiance familière, pénétrant dans un univers régi par des
lois différentes.

La discipline de l’état de sommeil des Bouddhistes


tantriques conduit didactiquement à l’éveil de la conscience.

Le Gnostique ne peut s’éveiller au véritable état


d’Illumination qu’en comprenant et en désintégrant ses
rêves.

Les écritures sacrées de l’Inde affirment solennellement que


le monde entier est le Rêve de Brahma.

Partant de ce postulat hindou, nous affirmerons


impérativement ce qui suit : « Quand Brahma s’éveille, le
rêve se termine. »

Tant que l’aspirant n’est pas encore parvenu à la dissolution


radicale non seulement des rêves eux-mêmes, mais
également des ressorts psychologiques qui les originent,
l’éveil absolu sera tout à fait impossible.

L’éveil définitif de la conscience n’est possible qu’au moyen


d’une transformation radicale.

Les quatre évangiles christiques insistent sur la nécessité de


s’éveiller ; malheureusement les gens continuent de dormir.

Quetzalcóatl, le Christ mexicain, fut certainement un homme


cent pour cent éveillé.

192
La multiplicité de ses fonctions nous indique également avec
précision la grande antiquité de son culte et la vénération
profonde qu’on lui portait dans toute l’Amérique Centrale.

Les Dieux Saints de l’Anahuac sont des Hommes parfaits


dans le sens le plus complet du mot ; des créatures
absolument éveillées, des êtres qui ont rayé de leur
psychisme toute possibilité de rêver.

Tlaloc, « Celui qui fait germer », Dieu de la pluie et de la


foudre, tout en étant un Dieu, est également un homme
éveillé, quelqu’un qui eut à éliminer de son psychisme non
seulement ses rêves, mais aussi toute possibilité de rêver. Il
est l’Individu Sacré principal de la très ancienne culture
Olmèque et il apparaît toujours avec le masque du
Tigre-Serpent sur les haches colossales et les diverses
figures de jade.

Tezcatlipoca et Huitzilopochtli, créatures du Feu, vives


représentations de la nuit et du jour, sont aussi des hommes
éveillés, des êtres qui ont réussi à aller au-delà des rêves.

Hors du corps physique, l’homme éveillé peut invoquer le


Dieux Saints des Aztèques, Mayas, Zapotèques, Toltèques,
etc.

Les Dieux des Codex Borgia, Borbonicus, etc., viennent à


l’appel de l’homme éveillé.

Grâce à l’aide des Dieux Saints, l’homme éveillé peut étudier,


dans la Lumière astrale, la doctrine secrète de l’Anahuac.

193
20. Les Quatre Béatitudes

Dans le chapitre précédent nous avons beaucoup parlé de


l’élément initiateur du rêve, il nous reste maintenant à
apprendre comment l’utiliser.

Quand le Gnostique a tenu un compte-rendu de ses rêves, il


découvre immanquablement le rêve qui toujours se répète ;
ceci entre autres est certes un motif plus que suffisant pour
noter dans un cahier ou carnet tous les rêves.

Indubitablement, l’expérience onirique constamment


répétée est l’élément initiateur qui, utilisé intelligemment,
nous conduit à l’éveil de la conscience.

Chaque fois que le mystique, couché dans son lit, s’assoupit


intentionnellement en méditant sur l’élément initiateur, le
résultat ne tarde jamais longtemps.

En général l’anachorète revit ce rêve consciemment, avec la


possibilité de se séparer de la scène à volonté pour voyager
dans les mondes suprasensibles.

N’importe quel autre rêve pourra également être utilisé à


cette fin, lorsque nous connaissons vraiment la technique.

Celui qui s’éveille d’un rêve peut poursuivre


intentionnellement le même rêve, si tel est son désir. Dans ce
cas, il doit s’endormir à nouveau en revivant son expérience
onirique par l’imagination.

194
Il ne s’agit pas d’imaginer que nous sommes en train
d’imaginer ; le point fondamental consiste à revivre le rêve
dans sa crue réalité antérieure.

Répéter intentionnellement le rêve, c’est le premier pas vers


l’éveil de la conscience ; se séparer à volonté du rêve en plein
milieu de la scène qui se déroule, c’est le deuxième pas.

La force manque à certains aspirants pour réaliser le second


pas, même s’ils réussissent la première étape.

Ces personnes peuvent et doivent s’aider elles-mêmes par la


technique de la méditation.

Prenant des décisions très sérieuses, ces dévots


pratiqueront la méditation avant de s’engager dans le
sommeil.

Dans ce cas, leur problème intime sera le thème de


concentration et d’autoréflexion dans leur méditation
intérieure profonde.

Durant cette pratique, le mystique fervent, rempli d’émotion


sincère, invoquera sa Divine Mère Tonantzin (Devi
Kundalini).

Versant des larmes de douleur, l’ascète gnostique se lamente


sur l’état d’inconscience dans lequel il se trouve et implore
de l’aide, suppliant sa Mère de lui donner les forces
intérieures nécessaires pour se déprendre de n’importe quel
rêve à volonté.

L’objectif que poursuit toute cette discipline du sommeil


tantrique est de préparer le disciple à reconnaître
clairement les Quatre Béatitudes qui se présentent au cours
de l’expérience onirique.

195
Cette discipline ésotérique n’est assurément que pour les
personnes très sérieuses, car elle exige une patience infinie
et d’énormes sur-efforts intimes.

On a beaucoup parlé, dans le monde oriental, sur les


« Quatre Lumières » du sommeil, et nous devons étudier
cette question.

La première se nomme la « Lumière de la Révélation », et il


est écrit en lettres d’or dans le livre de la vie qu’elle peut être
perçue juste avant ou durant les premières heures du
sommeil.

Il faut souligner avec véhémence et sans autre commentaire


qu’au fur et à mesure que le sommeil devient plus profond,
la mêlée indésirable des impressions résiduelles et le
courant habituel des pensées discriminatoires finit
heureusement par se dissoudre peu à peu.

Dans cet état du sommeil s’insinue progressivement la


Seconde Illumination, connue en Asie sous le nom
merveilleux de « Lumière de l’Augmentation ».

Incontestablement, l’ascète gnostique, grâce à


l’extraordinaire discipline du sommeil tantrique, parvient
bien au-delà de cette étape, il va jusqu’à capter totalement
les deux Lumières restantes.

Vivre lucidement la réalité crue de la vie pratique dans les


mondes supérieurs de la Conscience Cosmique, signifie que
l’on a atteint la Troisième Lumière, celle de la « Réalisation
Immédiate ».

La Quatrième Lumière est celle de « l’Illumination Intérieure


Profonde » et elle nous vient comme par enchantement en
pleine expérience mystique.

196
« Ici, au Quatrième Degré de Vide, demeure le Fils de la Mère
de la Claire Lumière », déclare un traité tibétain.

Pour parler franchement et sans ambages, je déclare que la


discipline du sommeil tantrique est en réalité une
préparation ésotérique pour ce sommeil final que nous
appelons la mort.

Étant mort plusieurs fois au fil des nuits successives, le


Gnostique anachorète qui a capturé consciemment les
Quatre Béatitudes qui se présentent dans l’expérience
onirique, à l’instant de la désincarnation passe à l’état post
mortem avec la même facilité avec laquelle il s’introduisait
volontairement dans le monde du rêve.

Hors du corps physique, le Gnostique conscient peut


constater par lui-même le destin réservé aux Âmes au-delà
de la mort.

Si chaque nuit, au moyen de la discipline tantrique du


sommeil, l’ésotériste peut mourir consciemment et pénétrer
dans le monde des morts, il est clair qu’il peut également
pour cette raison, étudier le Rituel de la Vie et de la Mort
tandis qu’arrive l’officiant.

Hermès, après avoir visité les mondes infernaux où il a vu


avec horreur le destin des Âmes perdues, a pris
connaissance de choses insolites.

« Regarde de ce côté, dit Osiris à Hermès, vois-tu l’essaim des


Âmes essayant de remonter à la région lunaire ? Les unes sont
rejetées vers la terre, comme des tourbillons d’oiseaux sous les
chocs de la tempête. Les autres rejoignent à grands coups
d’ailes la sphère supérieure, qui les entraîne dans sa rotation.
Une fois parvenues là, elles recouvrent la vision des choses
divines. »

197
Les Aztèques, en enterrant celui qui avait été choisi par
Tlaloc, le Dieu de la pluie, plaçaient près du corps un rameau
sec.

On disait qu’au moment où le bienheureux arrivait au


« Champ des délices » qu’est le Tlalocan, le rameau sec
reverdissait, indiquant ainsi la reprise d’une existence
nouvelle, le retour.

Ceux qui n’ont pas été élus par le Soleil ou par Tlaloc vont
fatalement au Mictlan, qui est situé au nord, région où les
Âmes subissent une série d’épreuves magiques en passant
par les mondes infernaux.

Les lieux où les Âmes souffrent atrocement avant de


parvenir au repos définitif sont au nombre de neuf.

Ceci nous rappelle de manière indiscutable les neuf cercles


infernaux de la Divine Comédie de Dante Alighieri.

Nombreux sont les Dieux et les Déesses qui peuplent les neuf
cercles dantesques de l’Enfer aztèque.

Il n’est pas superflu de rappeler l’effrayant Mictlantecuhtli et


la ténébreuse Mictecacihuatl, le Seigneur et la Dame de
l’Enfer, habitants du neuvième et plus profond des niveaux
souterrains.

Les Âmes qui passent par les épreuves de l’Enfer aztèque,


ultérieurement, après la « Seconde Mort », pénètrent tout
heureux dans les Paradis élémentaux de la Nature.

Les Âmes qui, après la mort, ne descendent pas aux mondes


infernaux, ni ne montent au « Royaume de la Lumière
Dorée », ni au « Paradis de Tlaloc », ni au « Royaume de
l’Éternelle Concentration », etc., inévitablement retournent
ou reviennent de manière médiate ou immédiate.

198
Les Âmes choisies par le Soleil ou par Tlaloc jouissent d’un
grand bonheur dans les mondes supérieurs avant de
retourner à la vallée du Samsara.

Les anachorètes gnostiques, après avoir capté les Quatre


Lumières du sommeil, peuvent visiter consciemment,
chaque nuit, le Tlalocan, ou descendre au Mictlan, ou se
mettre en contact avec les Âmes qui, avant de retourner à la
vallée du Samsara, vivent dans la région lunaire.

199
21. L’Ange-Gardien

Nous débuterons le dernier chapitre de ce livre avec la


phrase suivante : le premier éducateur de tout grand Initié
se convertit, de fait et de plein droit, en la cause
fondamentale de toutes les parties spiritualisées de son
authentique présence commune.

Tout gourou reconnaissant se prosterne humblement devant


le premier créateur de son Être authentique.

Lorsqu’après beaucoup de travaux conscients et de


souffrances volontaires se révèle, devant nos yeux inondés
de larmes, l’absolue perfection réalisée dans le
fonctionnement de toutes les parties spiritualisées, isolées,
de notre présence commune, l’impulsion de gratitude de
l’Être envers le premier éducateur surgit en nous.

Incontestablement, la perfection absolue de toutes et


chacune des parties isolées de l’Être est possible seulement
en mourant radicalement en soi-même, ici et maintenant.

Il existe divers états d’autoréalisation intime : certains


Initiés ont obtenu la perfection de certaines parties isolées
de l’Être, cependant ils ont encore beaucoup de travail à
faire avant de parvenir à l’absolue perfection de toutes les
parties.

Il serait absolument impossible de dessiner l’Être. Il


ressemble à une foule d’enfants innocents, chacun d’eux
exerçant des fonctions déterminées. Parvenir à l’intégration
totale est l’aspiration la plus ardente de tout Initié.

200
Quand on atteint l’autoréalisation intime de la partie la plus
élevée de l’Être, on reçoit alors le grade initiatique
d’Ishmesch.

Notre Seigneur Quetzalcóatl, le Christ mexicain, a


indéniablement développé la partie la plus élevée de son
propre Être. Il est ici opportun de souligner que Xolotl le
Lucifer Nahuatl, est aussi une autre des parties isolées de
notre propre Être.

Les Dieux élémentaux de la Nature, tels que Huehueteotl,


Tlaloc, Ehecatl, Chalchiuhtlicue, la Guenièvre de Tlaloc,
Xochiquetzal, la Déesse des fleurs, etc., assistent l’Initié au
cours de ses opérations de Magie élémentale, à condition
d’une conduite droite.

Toutefois, nous ne devons jamais oublier notre


« Intercesseur élémental », le Magicien élémental en
nous-mêmes, qui peut invoquer les Dieux élémentaux de la
Nature et réaliser des prodiges. Incontestablement, il
représente une autre des parties isolées de notre propre
Être.

Trois Déesses qui, réellement, ne sont que trois aspects


d’une même Divinité, représentent notre Divine Mère
(variantes, émanations de notre propre Être), ce sont :
Tonantzin, Coatlicue et Tlazolteotl.

Notre Être est composé de nombreuses parties isolées ; on


est rempli d’étonnement au souvenir du Lion de la Loi, des
deux Génies qui prennent note de nos actions, bonnes ou
mauvaises, du Surveillant du Karma ; du Miséricordieux, du
Compatissant, de notre Père-Mère réunis, de
L’Ange-Gardien, etc., qui tous font partie de notre Être.

201
Les pouvoirs flamboyants de L’Ange-Gardien s’avèrent
extraordinaires, merveilleux, terriblement divins.

Dans des sources parfaitement gnostiques, conservées en


secret dans les monastères initiatiques, et qui diffèrent
grandement du pseudo-christianisme et du
pseudo-occultisme commun et courant à l’usage du vulgaire,
on retrouve réellement ce qu’est L’Ange-Gardien.

En approchant le domaine mystérieux de l’histoire et de la


vie des « Jinas », nous avons découvert non seulement le
temple de Chapultepec, au Mexique, et les gens de la
quatrième verticale, mais également, et ceci est surprenant,
les pouvoirs de L’Ange-Gardien en relation avec tout ceci.

Il convient de ne jamais oublier que le Père Prado et Bernal


Diaz del Castillo s’amusaient tous les deux en regardant les
prêtres de l’Anahuac en état de Jinas (ou djinn).

Les anachorètes flottaient délicieusement en se transportant


par les airs de Cholula jusqu’au Temple Majeur. Cela
survenait quotidiennement au coucher du soleil.

Jamais les disciples de Saïs, dans le Delta du Nil, ni ceux qui,


sur les plateaux de Perse, suivaient Zoroastre, ni les
contemplateurs de la Tour de Belo, en Babylonie, n’ont
obtenu au cours de leurs promenades nocturnes de plus
grandioses horizons que ceux qu’a toujours obtenus celui
qui se soumet sérieusement à la discipline du sommeil
tantrique.

Hors du corps physique, l’anachorète gnostique conscient


peut, s’il le veut, invoquer une certaine partie isolée de son
propre Être, définie en ésotérisme pratique sous le nom
d’Ange Gardien, et l’Ineffable, incontestablement, viendra à
son appel.

202
Une sérénité diaphane, une tranquillité sans limite, une
félicité extatique comme celle expérimentée par l’Âme
lorsqu’elle rompt les liens avec la matière et avec le monde,
voilà ce que nous ressentons en ces moments délicieux.

Tout le reste, tu peux certainement l’imaginer cher lecteur ;


du « Lohengrin » on peut toujours recevoir des services
magiques.

Si, en ces instants de ravissement, nous demandons à


L’Ange-Gardien la faveur de sortir le corps endormi du lit où
nous l’avons laissé reposer et de l’amener devant nous, le
phénomène magique se réalisera avec plein succès.

On pressent l’arrivée du corps physique déjà en route,


amené par L’Ange-Gardien, quand on ressent, sur nos
épaules animiques ou astrales, une étrange pression.

Si nous conservons une attitude réceptive, ouverte et subtile,


le corps physique pénétrera à l’intérieur de nous.

Le tantriste gnostique conscient, au lieu de s’en retourner à


son corps physique, attend que celui-ci vienne à lui, pour
voyager avec ce corps dans la Terre Promise, dans la
quatrième coordonnée.

Puis, grâce à l’aide de L’Ange-Gardien, l’ascète gnostique


retourne à sa demeure et à son lit sans le moindre danger.

Les Vénérables Maîtres de la fraternité occulte voyagent


avec leur corps physique dans la quatrième verticale, avec la
possibilité d’abandonner cette même dimension à l’endroit
qu’ils désirent.

Cela signifie que les Maîtres Ressuscités de « l’Ordre


Supérieur » peuvent s’offrir le luxe, certes appréciable, de

203
renoncer à tous les moyens modernes de transport, bateaux,
avions, automobiles, etc.

La haute valeur initiatique que possèdent en eux-mêmes les


procédés critico-analogiques et symboliques qui, dans les
temps anciens, furent l’essence vive de l’école alexandrine de
Philalèthes ou « Amants de la Vérité », académie synthétique
du IVe siècle fondée par Ammonios Saccas, le grand
autodidacte éclectique, et par Plotin, le continuateur de
Platon à travers les siècles, avec les principes doctrinaires de
l’Égypte, du Mexique, du Pérou, de la Chine, du Tibet, de la
Perse, de l’Inde, etc., a permis à beaucoup d’Initiés de
s’orienter sur le sentier du fil du Rasoir.

L’Androgilia d’Ammonios Saccas, livre d’or par excellence,


mérite une mention très spéciale.

Indubitablement, l’erreur de nombreux pseudo-ésotéristes


et pseudo-occultistes modernes a sa racine dans
l’amour-propre : ils s’aiment eux-mêmes, ils désirent
l’évolution de la misère qu’ils portent à l’intérieur d’eux, ils
désirent continuer, aspirant à la perfection de ce qui en
aucune façon ne mérite la perfection, ni la continuation.

Ces gens au psychisme subjectif se croient riches, puissants,


illuminés, et convoitent en outre une magnifique place dans
« l’Au-delà », mais en réalité ils ne savent rien sur
eux-mêmes. Ils ignorent lamentablement leur propre
impuissance, leur sottise, leur malheur, leur vacuité, leur
misère psychologique, ainsi que leur nudité.

Nous les Gnostiques nous n’aspirons pas à être meilleurs ou


pires, tout ce que nous voulons c’est mourir à nous-mêmes
ici et maintenant.

204
Quand nous établissons le dogme de l’Évolution comme
fondement de nos meilleures aspirations, nous partons
d’une base fausse.

Pour nous, pénitents du sentier rocailleux qui conduit à la


libération finale, l’évolution est sans aucun intérêt. Nous
savons que nous sommes affligés et misérables ; l’évolution
de soi-même ne servirait à rien ; nous préférons la mort
suprême ; c’est seulement avec la mort qu’advient le
nouveau.

Pourquoi aurions-nous à lutter pour l’évolution et le progrès


de notre propre malheur ? Mieux vaut la mort !

Si le grain ne meurt, la plante ne naît pas. Lorsque la mort est


absolue, ce qui naît est également absolu.

L’annihilation totale du Moi-même, la dissolution radicale de


ce que nous portons de plus cher en nous, la désintégration
finale de nos meilleurs désirs, pensées, sentiments, de nos
passions, ressentiments, douleurs, émotions, vœux, haines,
amours, jalousies, vengeances, colères, affections,
attachements, caresses, luxures, etc., est urgente,
primordiale, et ne peut être différée, pour que surgisse la
flamme de l’Être, ce qui est hors du temps, ce qui est
toujours nouveau.

L’idée que chacun de nous se fait de l’Être n’est jamais


l’Être ; le concept intellectuel que nous avons élaboré sur
l’Être, n’est pas l’Être, notre opinion sur l’Être n’est pas
l’Être : l’Être est l’Être et la raison d’être de l’Être est ce
même Être.

La peur de la mort absolue est un empêchement, un obstacle


à l’obtention du changement radical.

205
Chacun de nous porte à l’intérieur de lui une création
« équivoque », erronée. Il est indispensable de détruire ce
qui est faux, afin que surgisse en vérité une création neuve.

Jamais nous ne tenterions de promouvoir l’évolution de la


fausseté, nous préférons l’annihilation absolue.

Du sein de la noire et effrayante fosse sépulcrale de l’Abîme,


surgissent les diverses parties flamboyantes de l’Être ;
L’Ange-Gardien est l’une de ces diverses parties isolées.

Ceux qui connaissent réellement les Mystères du Temple,


reflets merveilleux des Mystères bachiques, éleusiens et
pythagoriciens, jamais ne désireraient continuer avec leur
propre misère intérieure.

Il faut revenir au point de départ originel ; il faut retourner


aux ténèbres primitives du « Non-Être » et au « Chaos », pour
que naisse la lumière et que surgisse à l’intérieur de nous
une nouvelle création.

Au lieu de craindre l’annihilation totale, mieux vaut savoir


aimer et tomber dans les bras de notre Sainte et Divine Mère
la Mort !

206
Glossaire des termes
Mayas et Nahuatls

Acactli : L’un des quatre Seigneurs de Culhua-can (« colline


tortueuse », ou « des Serpents », où, selon les traditions, se
trouvent les sept Cavernes Célestes, lieu où demeurent les
ancêtres des Aztèques ou Medjins).

Aka-Bolzub : Le Serpent des Grands Mystères, l’aspect


féminin de Dieu (Dieu-Mère), la mère de Huitzilopochtli.

Amimitl : L’un des Dieux saints de l’Anahuac. Amimitl est un


mot composé qui provient de Mitl, flèche et Atl, eau.

Anahuac : Nom ancien du Mexique, et plus particulièrement


des hauts plateaux centraux où se sont épanouies les
grandes civilisations Toltèque, aztèque, Zapotèque, etc.
Anahuac signifie : « la terre entre les eaux ».

Anbondo Amadetzana : Nom par lequel les Otomis (peuple


voisin de Tenochtitlan) désignaient cette ville seigneuriale.
Le terme Bondo, en Otomi, veut dire « Nopal ». Amadetzana
signifie « au milieu de la Lune ». C’est donc le « Nopal au
milieu de la Lune », ou « du lac de la Lune », par allusion au
mythe de la fondation de Tenochtitlan (Mexico).

Atl : Le radical Atl signifie « eau », ou « eau de vie ».

Atlahua : Un autre des Dieux saints de l’Anahuac. Ce nom


signifie : « Celui qui porte l’Atlatl », le lance javelots des
guerriers aztèques.

Atlanteotl : Ce Dieu de l’Anahuac est exactement le même


que le légendaire Atlas grec ; l’Atlanteotl aztèque et maya,

207
tout comme l’Atlas des Grecs, porte sur ses épaules la
mécanique céleste. Si nous retranchons du nom aztèque la
désinence Otl, nous obtenons le mot Atlante, nom du peuple
qui vivait dans l’Atlantide. Cette explication étymologique du
terme Atlante-otl est rigoureusement exacte ; ce n’est pas
une simple coïncidence, quoi qu’en pensent les « ignorants
érudits ».

Atonatiuh : Déité régente de la quatrième race, la race


atlante ou les « Fils du Quatrième Soleil », qui, selon le
Calendrier Aztèque ou « Pierre du Soleil », ont été dévorés
par les eaux et transformés en poissons.

Axolona : L’un des quatre Précepteurs ou Tuteurs du grand


Huitzilopochtli.

Ayauhcalli : Premier oratoire consacré au Divin Seigneur


Huitzilopochtli. Il fut érigé non loin au nord-est de l’actuelle
cathédrale métropolitaine (à Mexico) et à trois cents mètres
approximativement, dans la même direction, de la « Place de
la Constitution », appelée communément le « Zocalo ». Les
souverains mexicains successifs n’ont épargné aucun effort
pour construire au Bienheureux Archange Huitzilopochtli
une maison de dévotion digne de lui, mais toujours sur le
même terrain très sacré choisi par lui-même. Tout autour de
ce centre magnétique ont surgi, règne après règne, des
Palais, des Pyramides, des Sanctuaires, etc..

Azcapotzalco : Nom d’une cité riveraine du « Lac de la


Lune » ; capitale d’un puissant royaume et ville rivale de
Tenochtitlan au commencement de son ascension.

Aztlan : C’est le « Paradis Terrestre », la terre de nos aïeux,


la terre où demeurent les ancêtres de toutes les races
humaines. L’Aztlan aztèque, l’Avalon celtique, est située dans

208
la quatrième coordonnée ou quatrième dimension, au-delà
des mers inconnues du Pôle Nord, au Septentrion. La
tradition hellénique insiste sur le fait que « l’on ne peut
atteindre cette Ile sacrée ni par terre, ni par mer », tandis
que les vieux Sages orientaux affirment solennellement que
« seul le vol de l’Esprit peut conduire à elle ». On ne peut dire
que très peu de choses de cette terre sacrée, sauf peut-être
que, selon une antique expression poétique, l’Étoile Polaire
fixe sur elle son regard vigilant, de l’aurore jusqu’à la fin du
crépuscule d’un jour du « Grand Souffle ». En réalité, l’Ile
Blanche, la sublime Thulé, fut le siège de la première
Humanité, de la première Race qui a peuplé la Terre (l’Adam
Kadmon de la Kabbale, la Race Protoplasmique) et sera aussi
la scène merveilleuse de la septième et dernière race qui
habitera notre monde. Actuellement, et depuis toujours,
l’Aztlan, ou la Montagne magnétique mystérieuse, est la
demeure des « Fils du Crépuscule », c’est-à-dire, des
Bouddhas de Compassion, des Dhyani-Chohans, de ceux que
l’on appelle les Serpents de la Sagesse, les Pitris ou Pères
Précepteurs de l’humanité ; des « Anges des Étoiles », les
Constructeurs, les Vigilants, les « Étoiles-Yazatas » des
zoroastriens, etc. C’est là que demeurent, heureux, les
Mexi-Tin ou Medjins, les Djinns, Jinas ou Génies
extraordinaires des peuples arabe, aztèque et mexicain. Le
chemin qui conduit à eux, relatent les chroniques, est coupé
depuis longtemps par d’épais fourrés peuplés de monstres
invincibles, par d’impénétrables marécages où le téméraire
qui voudrait s’y aventurer pourrait perdre la vie. C’est de
cette « Terre de l’Aurore », de ce « Séjour Impérissable », de
cette « Contrée de l’Amour », de cette ineffable « Cité du
Soleil », « Ile de Cristal » ou « Terre des Ases », que sont
partis les Génies Tutélaires ou Jinas qui jadis ont conduit le
peuple aztèque vers les lagunes mexicaines ; ce récit offre

209
une frappante similitude avec l’histoire biblique de Moïse
guidant le peuple d’Israël à travers le désert jusqu’à la
« Terre Promise ».

Ba : (ou Pa amérindien). Signifie père. Nous retrouvons la


même racine dans le Pater latin, le Father anglais, le Vader
allemand, le Fader suédois, le Padre espagnol ; pour parler
de façon plus transcendantale, nous dirons que ce terme
désigne notre Être Réel Intérieur Profond, notre Père Divin.

Calmecac : Mot dérivé de calli, maison, et mecatl, corde,


lasso. Le Calmecac était le Temple où l’on célébrait des
cérémonies en l’honneur de Xochipilli, le Dieu de
l’agriculture, des fleurs, de la musique, du chant, de la poésie
et de la danse. Les Tlamatinime y enseignaient toute leur
philosophie. Et lorsque la fine lumière argentée de la
Nouvelle Lune apparaissait, on y célébrait une cérémonie,
offerte à Xochipilli, dans laquelle onze enfants, tous fils de
nobles, chantaient et dansaient en cercle, faisant trois pas
vers l’avant et trois vers l’arrière, six fois, en même temps
qu’ils agitaient leurs mains. Un enfant, agenouillé en face du
feu qui brûlait, priait silencieusement pour le pain de chaque
jour (le Pain suprasubstantiel, le Pain de la Sagesse), et un
autre demeurait debout à l’entrée du Temple, montant la
garde. Le Prêtre, debout entre l’enfant qui priait et ceux qui
dansaient, face à l’Autel, recueillait, en état d’extase, les
vibrations de la prière enfantine, les vibrations des chants et
des danses, et, levant ses mains sombres vers le ciel, le
visage impassible comme celui de Xochipilli, prononçait tout
bas la mystique et ineffable parole qui désigne, qui définit et
crée, et les enfants répétaient en chœur : Danter Ilomber-Bir.
Rappelons-nous ces paroles du Christ Jésus : « Si vous ne
redevenez comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le
Royaume des Cieux. » Non pas des enfants gloutons,

210
turbulents et grossiers, mais comme ceux-là : humbles et
reconnaissants envers leurs parents (célestes) qui leur
donnent tout ce dont ils ont besoin. Xochipilli demeure dans
le Monde de l’Amour, de la Musique et de la Beauté,
c’est-à-dire, dans le Monde Mental. Son visage, teinté de rose
comme l’aurore, et ses blonds cheveux, lui donnent une
apparence enfantine, ineffable et sublime.

Chac-Mool : L’un des rares symboles du panthéon aztèque à


avoir été sauvé de la destruction, à l’époque de la conquête.
Il fut sculpté dans la pierre par les mystiques aztèques,
mayas, Toltèques, etc., pour perpétuer la sagesse qu’ils
avaient hérité de leurs ancêtres. La figure du Chac-Mool, que
l’on peut voir au Musée d’Anthropologie de Mexico,
représente un homme à demi-couché sur le dos. Les plantes
de ses pieds reposent par terre, les genoux pliés sont levés
en l’air et les jambes sont ramenées contre les cuisses. Le
dos arqué est à demi relevé du sol et le visage est tourné
vers la gauche, le regard dirigé vers l’horizon, tandis que
dans ses mains il tient un récipient à la hauteur du plexus
solaire. Le VM Samaël Aun Weor dit que la position du
Chac-Mool est celle-là même qu’utilisait le Grand Kabire
Jésus pour sortir en Astral. Les Égyptiens adoptaient la
même position et prononçaient le nom sacré Faraon, qui
constitue un puissant mantra grâce auquel le mystique peut
séparer sa partie astrale de son corps physique.
Indiscutablement, les enseignements secrets des Nahuas
(comme ceux que renferme la figure du Chac-Mool) sont
communs à tous les peuples depuis la plus lointaine
antiquité.

Chalchiuhtlicue : La « Déesse à la Jupe de Jade » ou


« d’Émeraude », des panthéons maya et Nahuatl, c’est
l’épouse, la « Guenièvre » ou l’Âme-Esprit de Tlaloc ; Tlaloc

211
et Chalchiuhtlicue appartiennent au groupe des créateurs
Mâles-Femelles, ou Dieux Doubles, qui ont engendré le
monde des formes. Les Nahuas représentent Chalchiuhtlicue
comme une belle jeune femme portant une tiare en or, une
jupe et une mante avec des touffes de Quetzalli (plumes de
Quetzal). Dans l’hiéroglyphe qui décore sa jupe, sur la face
interne supérieure des cuisses, apparaît une précieuse
nymphe à la langue bifide, symbole de la lumière.

Chapultepec : Mot qui vient de deux racines aztèques :


Chapul ou Chapulin, grillon, et Tepec, colline. Chapultepec
signifie donc « la colline du grillon ». Le Maître Samaël Aun
Weor affirme que dans cette colline il y a un Temple en
Djinn, c’est-à-dire, situé dans la quatrième dimension à
laquelle on peut accéder en corps astral ou avec le corps
physique en « état de Jinas » (ou Djinn). Le Recteur de ce
Temple est le VM Rasmussen ; le Temple est surveillé par
deux sévères gardiens, l’épée à la main. Dès lors, personne
ne peut pénétrer dans le Temple sans un ordre supérieur.
Les salles de ce Temple, lisons-nous dans le Mariage Parfait,
sont inondées d’une lumière d’une immaculée blancheur,
imprégnée de vie et d’Esprit, et qui ne fait d’ombre nulle
part ; cette lumière sort d’un calice, réplique du Saint-Graal.
Dans une telle lumière, l’Âme se sent pleine d’un bonheur
indescriptible.

Chignahuapan : Nom par lequel les sages de l’Anahuac


désignaient la fangeuse voie fluviale qui sépare le monde des
vivants du Mictlan, le monde souterrain, les mondes
infernaux. Les Âmes qui entrent dans les régions
infradimensionnelles de la Nature doivent d’abord franchir
ce fleuve bourbeux, l’Achéron des Grecs. C’est dans la Barque
de Charon, nous raconte le florentin Dante Alighieri dans sa
Divine Comédie, que les Âmes traversent le fleuve. L’érudit

212
est réellement étonné de voir comment, malgré les écarts de
temps et d’espace, se maintiennent avec une exactitude
mathématique les expériences suprasensibles des Adeptes
ou Initiés gnostiques, seul le langage variant, c’est-à-dire, la
forme extérieure, la manière de représenter la même
Sagesse universelle et éternelle. Qui pourrait douter que le
Mictlan aztèque, l’Avitchi de l’Inde, le Tartare des Grecs,
l’Averne des Romains, l’Enfer de glace des peuples nordiques
désignât une seule et même réalité, imperceptible pour les
sens physiques. Bien avant la parution de la Divine Comédie
de Dante, les Sages du Mexique antique nous avaient déjà
parlé de ce que Jésus le Christ appelle les « Ténèbres
extérieures » (le Monde minéral submergé, ou les Enfers).

Chignahumictlan : Nom aztèque du neuvième et dernier


des Cercles de Dante, situé dans les profondeurs de la Terre,
et où l’on passe par la « Seconde Mort », dont parlent
précisément l’Apocalypse de Saint-Jean et le Livre des Morts
égyptien. Cette Deuxième Mort se réfère au processus de
désintégration totale et définitive de l’Ego animal au terme
de l’involution dans les mondes infernaux, afin que l’Essence
ou l’Embryon d’Âme soit complètement purifié, libéré. Après
leur traversée du Chignahuapan dans la barque de Charon,
les Âmes des condamnés doivent passer « entre deux
montagnes qui se rapprochent » (le second Cercle) ; puis, par
une « montagne d’obsidienne », ce qui correspond au
troisième Cercle ; ensuite, par une région « où hurle de façon
terrible un vent glacial », ce qui constitue le quatrième
Cercle ; après quoi les Âmes des damnés doivent traverser le
lieu « où flottent les bannières » (cinquième Cercle), puis le
lieu « où l’on est criblé de flèches » (sixième Cercle) ; le
septième Cercle est le lieu « où sont les bêtes féroces qui
mangent les cœurs », et dans le huitième Cercle, disent les
Aztèques, les Âmes perdues parviennent à l’endroit où se

213
trouve « le passage étroit, au milieu des nopals et des
pierres ». Pour une information plus complète sur ces
processus involutifs, nous référons le lecteur au merveilleux
livre du Maître Samaël, Si hay Infierno, si hay Diablo, si hay
Karma (traduction littérale : Oui, il y a l’Enfer, oui il y a le
Diable, oui il y a le Karma).

Chilam Balam (de Chumayel) : Joyau sacré du peuple maya,


le « Livre des livres ». Le Chilam-Balam (ou Jaguar
Interprète) fut découvert peu de temps après la conquête de
l’Amérique par les Espagnols. Ce livre a appartenu à un
ordre sacerdotal des Mayas, et le plus surprenant c’est qu’il
était originellement en langue de Zuyua, que l’on suppose
être la langue mère des Mayas, laquelle se transmettait de
père en fils parmi les gouvernants mayas. Périodiquement,
les membres des familles dominantes étaient soumis à un
interrogatoire en langue de Zuyua par l’Ordre des
Interprètes Jaguars, pour s’assurer qu’aucun imposteur ne
s’était infiltré parmi eux. Zuyua est le nom du lieu mythique
d’où était issu le peuple maya. Seuls pouvaient être chefs les
hommes venus de Zuyua. C’est donc aussi pour vérifier cette
origine qu’avait lieu l’examen rituel en langue de Zuyua, qui
permettait de reconnaître ceux qui détenaient le véritable
savoir et comprenaient la parole divine ; comment celui qui
ne comprenait pas les oracles des Dieux pouvait-il
commander aux autres hommes ? La langue maya originelle,
dans laquelle était rédigé initialement le Chilam-Balam de
Chumayel (appelé ainsi à cause de l’endroit où il a été
découvert), est différente de toutes les autres langues
humaines, et il a été démontré que ses caractères sont d’une
grande antiquité. Le Maître Samaël affirme pour sa part que
la culture maya a eu son apogée dans l’Âge d’Or de notre
cinquième Race-Racine actuelle. Quels profonds mystères se
cachent derrière la lettre du Chilam-Balam de Chumayel ?

214
Voilà ce que dit à ce propos ce livre sacré : « Ce qu’il y a à
l’intérieur de ce livre et ce qui doit être expliqué n’est pas à
la vue de tous. Ceux qui le savent viennent de notre grande
lignée, les hommes mayas. Ils sauront ce que ceci signifie
lorsqu’ils le liront, et ils le verront et alors ils
l’expliqueront. »

Chimalmatl : La mère physique de Quetzalcóatl, le Christ


Nahua, elle et Iztacmixcoatl ont formé le foyer où
Quetzalcóatl s’est incarné, en l’an « Ce Acatl » de la
chronologie Nahuatl.

Cihuacoatl : Littéralement : la Femme-Serpent. C’est l’un des


noms de la terrible Déesse de la Terre, qui est aussi la sainte
patronne des fameuses Cihuateteo qui, la nuit, crient, hurlent
horriblement. À une époque plus récente, Cihuacoatl s’est
transformée en la pleureuse de nos légendes populaires.

Cihuapipiltin : Maître auxiliaire des femmes parturientes ;


c’est un Ange du Christ, pur et parfait, nous dit Samaël Aun
Weor qui affirme que les femmes peuvent l’invoquer lors de
leur accouchement. C’est un Maître du Cercle Conscient de
l’Humanité Solaire, il vit dans l’Éden.

Cihuateos : Groupe de douze danseurs qui, par une danse


rituelle sacrée, rendaient un hommage posthume aux
femmes qui mouraient enceintes. Les Cihuateos effectuaient
cette danse autour du « Quetzalcóatl Rouge » et du
« Quetzalcóatl Noir ».

Cihuateteo : Les Cihuateteo, ou « Femmes-Déesses », sont


les femmes mortes en couches ; elles vivent après leur mort
dans le Paradis occidental appelé Cincalco (la « Maison du
maïs »), comme l’assurent les sages Sacerdotes de l’Anahuac.
Du germe, du grain, naît la vie et elles (les Cihuateteo) ont

215
donné leur vie pour la créature naissante. Ainsi donc, la
Mère Nature sait gratifier comme il se doit le sacrifice
solennel de ces saintes femmes. Le bonheur de ces Âmes
dans les cieux de la Lune, de Mercure, de Vénus et du Soleil
est indescriptible. Malheureusement, toute rémunération
s’épuise et ces Âmes finissent par retourner à l’intérieur du
« Moi » (les défauts psychologiques) au moment où elles
pénètrent dans une nouvelle matrice. Les états postmortem
de ces nobles femmes qui meurent en couches sont donc
merveilleux. Avant de se transformer en Déesses, elles
jouissent d’extraordinaires pouvoirs magiques, selon ce
qu’affirme la religion de l’Anahuac. On dit, des femmes
mourant ainsi, qu’elles « ont vaincu l’ennemi ». Les jeunes
guerriers convoitent leur bras droit et tentent de s’en
emparer, parce que, disaient-ils, « cela les rendra invincibles
au combat », raison pour laquelle ces cadavres étaient
toujours étroitement surveillés par des hommes du clan
armés de pied en cap, afin d’éviter la mutilation. En outre, les
Mystères de l’Anahuac affirment qu’avant de se transformer
en Déesses, les Cihuateteo descendent sur terre changées en
spectres terrifiants et de mauvais augure, avec une tête de
mort et des pieds pourvus de griffes.

Cincalco : Littéralement : « La Maison du maïs ». Dans la


religion populaire de l’Anahuac, le Cincalco est l’une des
régions où va l’Âme après la mort. Pour les Mexicains, ce qui
détermine le lieu où vit l’Âme après la mort du corps
physique, c’est le genre spécifique de mort, et le type de
travaux qu’a réalisés le défunt pendant sa vie. Les femmes
mortes en couches vont au Cincalco, alors que ceux qui
meurent noyés vont au paradis de Tlaloc.

Coatepantli : « Mur de Serpents », lequel entourait le Grand


Temple (Templo Mayor) de la grande Tenochtitlan.

216
Coatepec : « La montagne du serpent », lieu mythique où est
né Huitzilopochtli et où il triompha de ses ennemis,
Coyolxauhqui, la Déesse de la Nuit, et ses frères, les
Centzonhuitznahua, « les quatre cents ».

Coatlicue : Le troisième aspect ou troisième


« dédoublement » de l’aspect féminin de Dieu. Coatlicue est
l’Hécate des Grecs, de même que Proserpine, la Reine des
Enfers et de la Mort, terreur de l’Amour et de la Loi ; c’est la
Kali des Hindous, le Serpent de l’Abîme, la Bienheureuse
Déesse Mère-Mort. Au Musée Anthropologique de Mexico, il
y a un monolithe d’impressionnante dimension, figurant le
« binaire serpentin », Tonantzin-Coatlicue,
Kundalini-Kundartigateur. À son collier pend une énorme
tête de mort, terrible représentation de Coatlicue,
l’effrayante Déesse du désir et de la mort, le Serpent qui
annihile l’Ego, car la Divine Mère Kundalini ne mange rien
d’immonde : elle ne peut dévorer que des forces, des
facultés, des corps glorieux ; il faut que nous soyons dévorés
par le Serpent divin, comme l’affirment les Mayas et Nahuas.
Le thème de la Vache céleste, la Vache à cinq pattes, dont « le
lait est ambroisie, vie et immortalité », est largement
répandu, et les Adeptes de toutes les latitudes, comme le
Divin Gautama, le Bouddha, le « Bouvier » ou conducteur de
la Vache, travaillent très sérieusement, non seulement avec
Coatlicue, mais aussi avec les quatre autres aspects de la
Divine Mère.

Cuauhcoatl : « Serpent-Aigle », haut Sacerdote du Dieu


Huitzilopochtli. Littéralement, cela signifie « Dragon de la
Sagesse », nom constant, dans toutes les latitudes, des
Adeptes de la « Main Droite » ou Magiciens Blancs.

Cuauhtloquetzqui : L’un des quatre Précepteurs ou tuteurs


du grand Huitzilopochtli.

217
Culhuacan : « colline tortueuse » ou « des Serpents », située
au milieu de l’Aztlan, le Paradis aztèque. C’est le mont Mérou
des Orientaux, la montagne initiatique de toutes les grandes
traditions.

Ehecatl : Dieu du Vent, du Mouvement, de l’élément Air. Le


Seigneur Ehecatl fait partie, avec les Archanges Sabtabiel,
Michaël, etc., de cette pléiade d’Individus Sacrés qui
travaillent dans notre système solaire d’Ors, spécialisés dans
la science difficile du mouvement cosmique. Le grand Guruji
Ehecatl a aidé le Kabire Jésus de Nazareth dans son ardu
processus de résurrection ; le Maître Samaël dit que, entre
autres procédés, Ehecatl a utilisé le mantra Talita Kumi. En
tant que Régent du département élémental de l’Air, Ehecatl
gouverne, sur notre planète Terre, des milliards de Sylphes
aériens, dont le royaume est situé à l’Est. Dans la vision de
l’harmonie de toutes choses, l’ésotériste gnostique découvre,
avec un étonnement mystique, la partie spirituelle de la
Nature. En d’autres termes, il découvre les fameux Malachim
ou Rois Angéliques. Le gnostique sait que les contacts directs
avec les élémentaux du Feu, de l’Air, de l’Eau et de la Terre
doivent toujours s’effectuer par l’intermédiaire de ces « Rois
Angéliques » des éléments qui, comme Ehecatl, vivent dans
le Monde Causal. Les Nahuas représentent Ehecatl, le Dieu
de l’Air et du Vent, avec le masque de la mort et un crâne très
gros, dénudé, avec une bouche aux lèvres très proéminentes,
d’où sort le vent. Et quand le vent soufflait de l’Est, où est
situé le Tlalocan, le Paradis, on l’appelait alors Tlalocoatl.
Lorsqu’il soufflait du Nord, où se trouve le Mictlan (l’Enfer),
on l’appelait Mictlanpachecatl. Lorsqu’il soufflait de l’Ouest,
où séjournent les femmes qui meurent en couches, on
l’appelait Cihuatecayotl, et lorsqu’il soufflait du Sud, où se
trouvent les Déesses, on l’appelait Huitznahua. Les Maîtres
de l’Anahuac invoquaient Ehecatl en allumant trois

218
chandelles de cire vierge sur l’Autel du Temple. Ehecatl
enseigne à sortir en « corps Astral », il apporte son aide dans
les petits et grands voyages, dans le travail quotidien, etc., et
si nous le prions, il pourra nous enlever une vieille maladie
ou éloigner un mauvais ami ou un mauvais voisin. Mais
Ehecatl exige un paiement pour ses présents. Celui qui lui
demande quelque chose doit accomplir des œuvres
désintéressées pour son prochain, sans distinction de race,
de croyance ou de classe sociale.

Ehécatonatiuh : Dans le second quadrant du Calendrier


Aztèque, Ehécatonatiuh (le « Soleil de Vent »), symbolise le
Deuxième Âge, le Deuxième Soleil.

Etzalcualiztli : Mois de l’année, dans le calendrier Nahua, où


l’on commémorait par des fêtes rituelles la fondation de
Mexico-Tenochtitlan (du 13 mai au 1er juin).

Heli Lamah Sabac Tani : Phrase rituelle de la langue maya


que le Grand Kabire Jésus a prononcée sur le sommet
majestueux du Calvaire, et que les quatre évangélistes ont
interprété ésotériquement de quatre façons différentes. Le
sens de cette phrase dans la langue maya est : « Je m’absorbe
maintenant dans l’aube éternelle de ta présence. »
Incontestablement, le Grand Hiérophante Jésus a appris le
Naga et le maya lors de son séjour au Tibet, nous dit Samaël
Aun Weor.

Huehueteotl : Le Dieu du Feu, dans le panthéon aztèque. En


tant qu’élément naturel, Huehueteotl est l’INRI des
Chrétiens, l’Abraxas des Gnostiques, le Tao chinois, le Zen
bouddhique, l’Agnus Dei, etc. Mais en tant qu’Individu Sacré,
Huehueteotl est un Roi Angélique, quelqu’un qui a accompli
son autoréalisation intime, un Malachim, sous la direction
duquel travaillent des milliards de « Salamandres », ou

219
créatures élémentales du feu, dont le Royaume se trouve au
Sud. Huehueteotl signifie : le « Vieux Vieux Dieu », et dans la
culture de Teotihuacan on le représentait comme un
vieillard chargé d’ans et supportant sur sa tête millénaire un
énorme brasero. Incontestablement, ce Dieu du Feu Sexuel
est lié aux plus antiques traditions des peuples mayas et
Nahuatls. Il est la Déité du Centre, en relation directe avec les
quatre points cardinaux de la Terre. Huehueteotl porte donc
un brasero, et c’est précisément dans ce brasero placé au
centre du Temple aztèque que l’on allumait rituellement le
feu sacré. C’est pourquoi il est très normal de voir, sur les
Hiérophantes de ce Dieu de la Flamme, la figure mystique de
la Sainte Croix, qui orne aussi les encensoirs, appelés
Tlemaïtl ou « Mains de Feu », avec lesquels les Sacerdotes
encensaient toujours les Dieux Saints de l’Anahuac. Un Dieu
aussi ancien que Huehueteotl, très similaire à Agni, la Déité
védique du Feu, s’est vue désignée, au fil des temps, par
divers noms : on l’appelle aussi Xiuhtecutli, qui veut dire :
« Seigneur de l’Année », « Seigneur de l’Herbe », et aussi
« Seigneur de la Turquoise », étant donné que le vocable
Xiuhuitl, d’où dériverait le nom du Dieu, signifie ces trois
choses. Nous comprenons ainsi pourquoi le Vieux Dieu du
Feu, sous l’aspect de Xiuhtecutli, porte sur la tête une sorte
de mitre bleue formée d’une mosaïque de turquoises, qui
était un ornement caractéristique des puissants rois de la
grande civilisation mexicaine. Son « Nahual » ou emblème
ésotérique est le Xiuhcoatl, le Serpent de Feu (la Kundalini
des Tantristes orientaux), qui se distingue par la corne ornée
de sept étoiles qu’il porte sur le nez.

Huitzilopochtli : Le véritable fondateur de


Mexico-Tenochtitlan, qui a conduit le peuple aztèque
jusqu’au lac de Texcoco, où fut fondée la ville.
Huitzilopochtli, le Grand Dieu des Aztèques, est un Archange

220
du Christ, une créature parfaite qui a réussi à passer au-delà
du bien et du mal. Son nom signifierait : le « Colibri du Sud »
ou le « Colibri gaucher ».

Huracan : Vocable d’origine maya dont la signification


originelle est : « Vent », « Souffle », « Parole », « Verbe ». Ce
mot est à l’origine du terme français « ouragan ».

Iluehuetectl : C’est l’Ain-Soph de la Kabbale hébraïque, le


second cercle de l’Absolu, ce qui démontre que les
enseignements des Maîtres Nahuas, appelés Tlamatinime,
ont plusieurs points en commun avec les enseignements des
autres peuples de la Terre.

Intollihtic-Inacaihtic : Littéralement : « Dans le lieu des


nopals, dans les étendues de roseaux. » C’est le lieu où, selon
une légende très ancienne qui se perd dans la nuit des
siècles, les Anciens de l’humble tribu errante qui a fondé
l’antique Tenochtitlan, ont découvert les végétaux et les
créatures animales que le Dieu Huitzilopochtli leur avait
annoncés, c’est-à-dire : le saule blanc, la grenouille couleur
d’émeraude, le poisson blanc, etc. La légende rapporte que
dès qu’ils virent cela, les Anciens pleurèrent, et ils dirent
alors : « Ainsi donc, c’est ici que sera notre ville, puisque
nous avons vu ce que nous avait décrit Huitzilopochtli. » La
légende raconte également que la nuit suivante le Dieu
Huitzilopochtli appela le Sacerdote Cuauhcoatl
(Aigle-Serpent) et lui dit : « Ô Cuauhcoatl, vous avez vu et
vous avez été émerveillés par tout ce qu’il y a dans le
marécage. Mais écoutez !, il y a quelque chose d’autre que
vous n’avez pas encore vu ! Allez sur-le-champ voir le
Tenochtli, celui sur lequel vous verrez se poser l’Aigle. C’est
là que nous dominerons. Avec notre flèche et notre bouclier,
nous affronterons ceux qui nous entourent et nous les
conquerrons tous ; car là sera notre cité

221
(Mexico-Tenochtitlan), le lieu où crie l’Aigle, où il déploie ses
ailes et mange ; le lieu où nage le poisson, le lieu où est
déchiré le Serpent et où surviendront beaucoup de choses. »
Cuauhcoatl, le Ministre du Très-Haut, ivre d’extase, réunit
aussitôt les Mexicains sur la place pour leur communiquer la
parole du Seigneur. Et tous, hommes et femmes, vieillards et
enfants, débordants de joie, le suivirent dans les marais,
parmi les plantes aquatiques et les laîches, et soudain il se
produit une chose insolite, la stupéfaction est générale, tous
aperçoivent le signe promis : l’aigle posé sur le Nopal, en
plein festin macabre, en train de dévorer un serpent. Les
Mexicains se mirent à pleurer et ils dirent : « Nous avons
mérité de réaliser notre désir. Nous avons vu et avons été
émerveillés de voir l’endroit où sera établie notre cité. Allons
et reposons-nous ! » C’est ainsi qu’a surgi la grande
Tenochtitlan, centre merveilleux d’une puissante civilisation
serpentine.

Ipalnemohuani : Littéralement : « Celui par qui tout vit. »


L’Absolu non-manifesté, mais qui est à l’origine de la
manifestation ; Aelohim, la vie qui palpite dans chaque
atome et chaque Soleil, c’est-à-dire, l’Éternel Père Cosmique
Commun, l’Infinitude qui soutient tout, la causa causorum de
tout ce qui est, a été et sera ; l’incompréhensible Séité, la
mystique et ineffable racine des sept Cosmos, Cela qui n’a
pas de nom et devant lequel tremblent les Dieux et les
Hommes. L’Absolu, appelé Ipalnemohuani par les sages de
l’Anahuac, est la Lumière Incréée ou « noire » (pour
l’intellect humain), est la Grande Vie, la Lumière Insondable,
l’Agnostos-Theos, le « Dieu Inconnu », ce qui est et n’est pas,
l’Existence négative, le Sat non-manifesté. Cela, l’Absolu,
Ipalnemohuani, transcende les concepts duels « d’Esprit » et
de « Matière », n’a pas de définition.

222
Mani : Terme maya qui signifie « tout est passé ». C’est aussi
le nom d’une cité fameuse qui, à l’époque de la conquête, fut
le siège des rois Xiu et le dernier bastion de la prodigieuse
civilisation serpentine des Mayas, de même aussi que le
dernier havre de leur culture scientifico-religieuse.

Mayab : Ce terme signifie : « La terre des êtres


exceptionnels », la « Terre des élus ». Le Mayab est le
territoire peuplé, depuis une époque très lointaine, par la
race maya. Ce territoire comprend toute la péninsule du
Yucatan, au sud-est de Mexico, et s’étend jusqu’au Honduras
et au Nicaragua. On dit de cette zone maya que c’est la zone
archéologique la plus riche au monde.

Mexico : Terme précolombien qui vient des racines Metztli,


lune, et Xictli, nombril, ombilic, centre. Mexico peut dont être
traduit par : « La ville qui est au milieu du lac de la Lune. »

Mexitin : Ce sont les Medjins, Jinas ou Génies, habitants de


l’Aztlan aztèque ; les Pitris ou Pères, Guides ou Précepteurs
de l’humanité, desquels fait partie le Dieu Huitzilopochtli.

Michoacán : « Lieu où il y a de l’eau et des poissons », où les


fils des hommes sont créés ; c’est aussi le lieu de naissance
du Dieu du Maïs. Ce terme a la même origine et la même
signification que le mot Michigan des Indiens du Nord.

Mictecacihuatl et Mictlantecuhtli : Ce sont respectivement


la Dame ténébreuse et le terrible Seigneur de l’Enfer ou
Mictlan ; ils vivent dans le neuvième, le plus profond des
lieux souterrains.

Mictlan : Nom que les Aztèques donnent à l’Enfer, ou monde


minéral submergé, situé dans les infradimensions de la
Nature. Les Codex aztèques nous disent ceci à propos du
Mictlan : « Ceux qui n’ont pas été choisis par le Soleil ou par

223
Tlaloc vont au Mictlan, qui est au nord, et dans cette région
les Âmes subissent une série d’épreuves magiques. » Les
Codex ajoutent que les régions où les Âmes doivent souffrir
atrocement avant d’atteindre le repos final, sont au nombre
de neuf. Cela nous rappelle les neuf cercles infernaux dont
nous parle l’Adepte Dante Alighieri dans sa Divine Comédie.

Mixcoatl : De Mixtli, nuage, et Coatl, serpent. Dieu du nord et


de la guerre (psychologique), d’origine Toltèque, souvent
assimilé à Tezcatlipoca. C’est le nom aussi d’un roi de Tula,
père de l’Avatar de Quetzalcóatl, Topiltzin Quetzalcóatl.

Moctezuma : Nom de deux Tlatoani (souverains, rois) de


Mexico. C’est durant le règne de Moctezuma II Xocoyotzin
qu’a eu lieu la conquête du Mexique par Cortès. Cinq ans
après la mort de Moctezuma meurt à son tour le dernier
Tlatoani de Mexico, Cuauhtemoc, dont le nom, symbole de la
fin de l’empire aztèque, signifie « l’Aigle qui tombe ».

Na (ou Ma) : Ce terme précolombien, qui signifie mère, a


indubitablement la même racine que le Mater latin, le
Mother anglais, le Mat russe, le Mère français, le Madre
espagnol. Le « M », qui figure dans la double ligne brisée qui
est le symbole du Verseau, est l’initiale hiéroglyphique par
laquelle on désigne l’élément féminin éternel : Mère, Mater,
Maman, Marie, Maya, Maïa, Mer. Rappelons-nous « qu’après
le Soleil ou son Feu, c’est-à-dire, ses vibrations fécondes qui
éveillent la vie dans tous les recoins de la planète, l’Eau ou
l’élément féminin terrestre (la Grande Mère ou la Vache
Nourricière) est la base même de la vie, symbolisée dans
toutes les Théogonies par une foule de Déesses associées à la
Lune » (Samaël Aun Weor).

Nacehuales : Mot qui signifie les « Mériteurs », c’est-à-dire,


ceux qui ont atteint la condition d’Hommes Solaires ou

224
Hommes Authentiques. Les Hommes, selon les Nahuas sont
le fruit du sacrifice des Dieux.

Naga-Mayas : Adeptes du Cercle Conscient de l’Humanité


Solaire, symbolisés ou représentés par le Grand Serpent. Les
Naga-Mayas, appelés par la suite Danavas, ont instruit les
Brahmanes de l’Inde, à qui ils ont transmis leur Cosmogonie,
leurs Sciences et leurs Arts. Les Naga-Mayas et les
Brahmanes ont utilisé le symbole sacré du Serpent à plumes,
un emblème indiscutablement mexicain ou maya. Il est
nécessaire de savoir que le Serpent constitue le symbole
ésotérique de la Sagesse et de la Connaissance Occulte et
que, depuis les temps les plus reculés, il a été en relation
avec le Dieu de la Sagesse. Il est le symbole sacré de Thoth,
ou Tau, et de tous les Dieux Saints, tels que Hermès, Sérapis,
Jésus, Quetzalcóatl, Bouddha, Tlaloc, Dante, Zoroastre, etc.
De même, Esculape, Pluton, Esmund et Knepp, sont tous des
Dieux dotés des attributs du Serpent ; tous sont des Dieux
guérisseurs, donnant la santé physique et spirituelle,
l’Illumination.

Nahual : Le vêtement emblématique et ésotérique des Dieux


de l’Anahuac, par lequel, avec ses ornements en or, ses
pierreries et motifs, on transmet à l’humanité des
enseignements cosmiques précis. Le terme Nahual ou
Nahualli signifie également sorcier et désigne aussi le double
astral d’une personne. Mais ce terme s’applique plus
précisément à l’animal totémique lié magiquement au
magicien, ou l’animal dans lequel celui-ci se transforme.
C’est une technique bien connue pour introduire le corps
physique en quatrième dimension (en état de Djinn, ou
Jinas).

Nahuatl : C’est la langue des Toltèques et des Aztèques,


appelés aussi Nahuas ou Nahuatls. Cette langue comporte un

225
langage ésotérique, vertical, réservé aux Initiés, aux hommes
de Connaissance. Ce langage est appelé Nahuatlatolli.

Nahuatlatolli : Langage ésotérique, dans lequel s’exprime la


Doctrine secrète de l’Anahuac.

Nahui Ollin : Dans la conception Nahuatl et maya des


enseignements transcendantaux, apparaît la Svastika sacrée
des Grands Mystères, qu’ils appellent Nahui Ollin, et qui est
en réalité le symbole du mouvement cosmique ; en outre,
dans ses deux orientations possibles, la Svastika représente
clairement les deux principes complémentaires : le principe
masculin et le principe féminin, les pôles positif et négatif de
la Nature. Selon la légende aztèque, ce fut un couple (un
homme et une femme) qui a inventé le feu, et cela n’est
possible qu’avec la Croix en mouvement, avec la Svastika,
avec le Nahui Ollin des Nahuatls et des Mayas ou, en d’autres
termes : avec la Sexualité transcendante, avec la
transmutation sexuelle active. Il est indéniable que
l’insertion du Phallus vertical dans l’Utérus horizontal forme
une croix. La croix jaïna ou Jina, la Svastika sacrée, recèle le
secret indicible du Grand Arcane, la clé merveilleuse de la
transmutation sexuelle. La Svastika est un signe alchimique,
cosmogonique et anthropogonique qui a sept niveaux de
manifestation. La Croix est un symbole tout à fait sexuel, et
pour que fleurisse la Rose du Logos sur la Croix, il faut être
mort à soi-même, c’est-à-dire, avoir annihilé complètement
le « Moi » de la psychologie révolutionnaire ; c’est ainsi que
l’on peut parvenir à la Christification.

Ocelotl-Tonatiuh : Littéralement : « Soleil des Tigres ».


Ocelotl-Tonatiuh fut l’un des vingt fondateurs de
Tenochtitlan, et il était aussi le chef des mystiques
Guerriers-Tigres, ainsi que Sacerdote de l’ordre des
Chevaliers-Tigres, dont les Adeptes passaient par de

226
terribles épreuves avant d’apprendre à manier l’imagination
et la volonté afin de pouvoir se transformer en tigres et
d’entrer en Jinas, grâce au pouvoir de leur propre
Xolotl-Lucifer. L’humanisation du tigre, dans l’Art aztèque,
est quelque chose qui surprend tout mystique. Il serait
impossible d’extirper les « agrégats psychiques », ces défauts
intimes qui, ensemble, constituent le « Moi », sans l’aide de
cette particule divine ou Monade Intérieure, dont le pouvoir
est symbolisé par la Hache sacrificielle, emblème de la
foudre, du Feu serpentin, que le Chevalier-Tigre brandit
courageusement. Dans le Calendrier Aztèque nous voyons,
de chaque côté de la figure centrale de Tonatiuh, dans les
griffes félines de la Divinité solaire, deux cœurs humains. Les
cœurs entre les griffes félines symbolisent la mort mystique
de l’Initié. D’autre part, transformé en tigre, Quetzalcóatl
monte, déchirant le cœur de celui qui l’éveille, jusqu’à tuer
en lui toutes les illusions de la fausse personnalité, tout
attachement aux choses qui le lient à la terre. Réellement, il
faut la sagacité et la férocité du tigre pour tuer la fausse
personnalité et faire resplendir en l’homme le Dragon de la
Sagesse, aux sept têtes de Serpents, comme on peut le voir
dans la représentation du « Décapité », sur les murs du jeu
sacré de pelote, à Chichen-Itza. Comme les Chevaliers-Tigres
aztèques et mayas, les Jaguars du mouvement gnostique
doivent, tels de véritables félins de la psychologie
révolutionnaire, se battre contre eux-mêmes, se jeter sur
leurs propres défauts psychologiques.

Ometecuhtli et Omecihuatl : De Ome, deux, et Tecuhtli, le


Seigneur, l’Aigle ; et Ome, deux, et Cihuatl, la Dame, le
Serpent, c’est-à-dire, le Seigneur et la Dame de la Dualité. De
ce divin principe duel aztèque (Masculin-Féminin) a émané
tout l’Univers, selon la Cosmogonie Nahuatl.
Omecihuatl-Ometecuhtli est la « Monade » pythagorique, le

227
Père-Mère des Gnostiques, le Prakriti-Purusha hindou,
l’Isis-Osiris égyptien, l’Adam-Kadmon de la Kabbale, le
Theos-Chaos de la Théogonie d’Hésiode, le Feu-Eau
chaldéen, l’Iod-Hévé sémite, le Zeru-Amal des Parsis, le
Ruach-Élohim hébreu, la Grande Parole, les Gouverneurs de
l’Univers, le divin Mâle-Femelle, l’Esprit-Substance ; c’est le
Christ Cosmique Nahuatl, étant donné qu’Ometecuhtli et
Omecihuatl se trouvent pleinement associés dans le
« Serpent à Plumes », qui représente précisément
Quetzalcóatl, le Christ cosmique.

Omeyocan : C’est, selon la Sagesse de l’Anahuac, le


« Nombril cosmique », la grande Matrice de l’Univers,
l’Illiaster de Paracelse, la Mulaprakriti des Orientaux. Au dire
des Nahuas, « tout surgit de l’Omeyocan, tout retourne à
l’Omeyocan ». On l’appelle aussi Yoalli-Ehecatl, ténèbres et
vent, de même que Tloque-Nahuaque, qui signifie : qui est
près et ensemble. L’Omeyocan, c’est le Seigneur de la nuit, le
Tezcatlipoca Noir qui « s’engendre, jaillit à la Lumière, naît
dans l’Univers, que féconde ensuite Quetzalcóatl, le Logos
Solaire ». L’Omeyocan, c’est la Terre chaotique originelle
contenant le germe du monde. C’est un lieu de bonheur et de
quiétude infinis avant la création du monde par le Logos
Solaire.

Opochtli : Littéralement : « Le Gaucher ». Plus précisément,


c’est la « Déité qui lance ses flèches avec la main gauche ».

Quetzalcóatl : Analysé à la lumière des diverses Théogonies


et non d’un point de vue purement littéral, Quetzalcóatl est
un principe cosmique qui s’exprime dans tout ce qui est,
dans tout ce qui a été et dans tout ce qui sera. C’est le Feu qui
réside en tout atome et dans tout Univers, c’est le germe
vivant du Surhomme, c’est le Principe Intelligent qui peut
lier, dans le cœur de l’homme, le microcosmique et le

228
macrocosmique. Quetzalcóatl est le Christ Cosmique
Nahuatl, le Logos platonicien, le Démiurge des Grecs, l’Unité
Multiple Parfaite, la somme des Principes conscients de la
Nature. Quetzalcóatl, le Logos Solaire, l’Essence de la Vie, la
Conscience rectrice de notre monde, a envoyé sur terre un
Avatar (ou Messager) qui a vécu à Tula, a porté son nom et
fut la figure centrale d’un Drame cosmicoalchimique
similaire à celui qu’a représenté le Christ Jésus en Terre
Sainte. Ce Drame cosmique universel ne pouvait être absent
de la terre sacrée des Mexitin ou Meddjins aztèques.
Quetzalcóatl est le Soleil Spirituel, le Serpent mystique des
Mystères Orphiques et des Mystères d’Égypte ; il est souvent
représenté sous la forme d’un Serpent à Plumes, symbole du
Feu créateur, principe de la Vie, qui s’est élevé jusqu’à
l’Esprit-Saint. Il serait impossible de créer notre Univers
intérieur particulier, si nous rejetions Notre Seigneur
Quetzalcóatl. L’INRI, qui est Quetzalcóatl lui-même,
c’est-à-dire le Feu vivant et philosophal, est le principe de
toute création, macrocosmique ou microcosmique. La
Grande Création, surgie, selon les Nahuas, du sein du noir
Tezcatlipoca, est fécondée, gouvernée ou dirigée par le
Serpent à Plumes. Quetzalcóatl est la Grande Parole, le Verbe
qui féconde la matière créatrice pour que surgisse la vie, soit
dans l’Univers, soit dans notre Cosmos intérieur.

Quetzalpetatl : La femme, par antonomase, l’Ève de la


mythologie hébraïque, tentatrice et rédemptrice à la fois. Il
ne pouvait manquer dans le Drame cosmique de
Quetzalcóatl, du Christ mexicain, une « Prêtresse de la
Tentation », une Ève tentatrice : du Palais de
Tlamachhuayan, on amena à Quetzalcóatl la reine
Quetzalpetatl, avec qui, selon l’épopée Nahuatl « il s’enivra et
commit un crime ». En effet, Quetzalcóatl tomba devant les
charmes de la Femme-Symbole, mais plus tard, grâce à son

229
aide, et au moyen du mercure de la Philosophie Secrète, le
bienheureux Quetzalcóatl régénéra l’or dans son Âme, dans
son Esprit et dans les Corps Existentiels Supérieurs de l’Être.
Les ténébreux ont inutilement tenté de faire retourner le
Saint à son passé coupable. Ainsi donc, la Femme-Symbole, la
Kundry de l’opéra wagnérien, la Marie-Madeleine juive, la
Quetzalpetatl aztèque, est à la fois le prototype de ce qu’il y a
de plus abject et de plus excellent au monde. Dans le
principe féminin, il y a la lutte de la femme contre la femme,
de la tentatrice contre la salvatrice, de l’Amour contre la
Perfidie qui empoisonne tout. Il est logique de penser que
Pistis-Sophia, Kundry, Hérodias, Gundrigie ou Quetzalpetatl
n’ignore pas le secret de sa propre existence. Elle sait, par
nature et par instinct, qu’elle ne pourra se libérer du pouvoir
du ténébreux et sinistre Klingsor (le Moi, l’Ego) que si elle
rencontre sur son chemin d’amertumes un homme fort
(comme Parsifal, comme Quetzalcóatl) capable de se vaincre
lui-même et de travailler avec elle dans le Magistère de la
Transmutation sexuelle, afin d’atteindre le Tlapallan, la
« terre du rouge », analogue à l’Œuvre au Rouge, dernière
étape du Grand-Œuvre alchimique.

Quiahuitl : L’un des Dieux Nahuatls du Feu.

Tactziles : « Les Gens du Dieu chauve-souris », appartenant


à la famille maya et habitant le village de Tzinaxcatan, dans
le Chiapas, de même que le village de Tzinacantepec, dans la
vallée de Toluca. En réalité, le Dieu chauve-souris fut vénéré
non seulement chez les Mayas, mais aussi chez les Aztèques.
Indubitablement, ce Dieu est un Grand Être, un Maître des
Mystères de la Vie et de la Mort. Selon le Popol Vuh (la
« Bible » maya), « le Dieu chauve-souris est un Ange qui est
descendu du ciel pour décapiter les premiers hommes
mayas, faits de bois ». Cette chauve-souris céleste fut « celui

230
qui a conseillé Ixbalanque et Hu-Nahpu sur la façon dont ils
devaient procéder pour sortir victorieux des épreuves de la
caverne du Dieu chauve-souris ». Sur les stèles, poteries, et
dans les Codex mayas, nous voyons représenté Tzinacan (le
Dieu chauve-souris) avec les attributs du Dieu de l’Air. Dans
les Codex aztèques, le Dieu chauve-souris apparaît dessiné
sur des braseros, des vases et des sifflets, mais toujours sous
les traits des vampires des terres chaudes du sud du
Mexique. Les temples Nahuatls consacrés au culte du Dieu
chauve-souris étaient construits en forme de fer à cheval ;
leurs autels étaient en or pur et orientés vers l’Est. Le Dieu
chauve-souris a le pouvoir de guérir n’importe quelle
maladie, mais il a aussi le pouvoir de couper l’Antakarana ou
« Cordon d’Argent » qui relie l’Âme au corps physique. Les
Maîtres de l’Anahuac l’invoquaient pour demander la
guérison de leurs disciples ou de leurs amis.

Tamoanchan (ou Tlamoanchan) : Littéralement : « la


maison que nous cherchons », ou « la maison d’où nous
sommes descendus ». Le Tamoanchan, c’est le Paradis
Terrestre, chez les Nahuas, le lieu sacré du Serpent, de
l’Oiseau-Serpent, de l’Aigle de l’Esprit ou du Serpent de Feu,
qui « nous transforme en Dieux terriblement divins ».

Techcatl : Pierre ou Autel du sacrifice, c’est-à-dire du


« Sacro-office », du travail sacré dans la Neuvième Sphère (la
Sexualité). Ceux qui meurent sur cet Autel, dit la religion de
l’Anahuac, vont à la « maison du Soleil » et fusionnent avec
leur Dieu Interne. À l’époque de dégénérescence de la
civilisation aztèque, ne comprenant plus la signification
profonde du sacrifice, on se mit à faire des sacrifices
humains, et le Techcatl devint la pierre sur laquelle on
mettait la victime pour être sacrifiée.

231
Temacpalco : Nom d’un site qui marque une étape dans le
voyage initiatique de l’Avatar Quetzalcóatl. Temacpalco
signifie littéralement : « Le lieu où se trouvent les marques
des mains. »

Tenochtitlan : Nom de la capitale du royaume aztèque.


Tenochtitlan est le centre de la puissante civilisation
serpentine qui s’est développée sur le plateau de l’Anahuac.
Tenochtitlan signifie : le « lieu du Tenochtli », c’est-à-dire, du
« Nopal sauvage ». Le cactus appelé Nopal, né sur la dure
roche, est un glyphe symbolique très important dans les
Mystères archaïques du Mexique ; il est l’emblème magique
et mystique de la grande Tenochtitlan.

Tenochtli : Nopal sauvage, sorte de cactus commun sur les


hauts plateaux du Mexique.

Teocalli : La « Maison de Dieu », Temple ou centre


magnétique reposant sur le sol ferme et rocheux ; c’est le
cœur spirituel, le lieu où se trouve résumée et concentrée
l’essence, la raison d’être fondamentale de la cité, du peuple,
et de l’État. Le Teocalli est le centre de la grande
Tenochtitlan, le temple construit sur l’emplacement originel
où l’on découvrit, au milieu des eaux marécageuses de la
lagune, l’aigle perché sur un Nopal et dévorant un serpent.

Teotihuacan : Centre d’une civilisation très antique,


antérieure aux Toltèques. Cette ville sacrée, dont le nom
signifie : « Cité du Serpent divin », était toujours vénérée au
temps des Aztèques. De grands Mystères initiatiques y
étaient célébrés. En plus des célèbres pyramides du Soleil et
de la Lune, on y retrouve le « Temple de Quetzalcóatl », où
les masques de Quetzalcóatl et de Tlaloc, symboles du Feu de
l’Eau, alternent.

232
Teotl : Terme Nahuatl qui veut dire « Dieu ».
Indubitablement, une même racine est à l’origine de ce mot
et du Theos grec, du Deus latin, du Tao chinois, du Dios
espagnol et du Dieu français.

Teotleco : Mois du calendrier aztèque correspondant à la fin


de septembre et au début d’octobre, où avaient lieu de
grandes fêtes, pendant cette époque de l’année où l’on
croyait que Tezcatlipoca conduisait une grande procession
de Dieux qui revenaient sur terre après avoir séjourné dans
les cieux. Les prêtres se promenaient alors à travers la ville,
portant les vêtements et les attributs caractéristiques des
Dieux.

Teoyaomiqui : Le Dieu des guerriers ennemis morts au


champ de bataille ou sacrifiés sur le Techcatl, la pierre des
sacrifices.

Tepius Kokumatz : Chez les Aztèques, c’est l’équivalent de


« l’Ancien des Jours » de la Kabbale hébraïque, c’est l’Être de
notre Être, la première émanation de l’Absolu, « la Bonté des
bontés », « l’Occulte de l’occulte », « la Miséricorde absolue ».
Le mantra Pander nous permet de parvenir jusqu’à Tepius
Kokumatz. Tepius Kokumatz, Dieu, est mâle et femelle,
homme et femme, c’est notre Père qui est en secret. L’Adam
de la première Race, ces beautés androgynes de la première
humanité, ont été faites à l’image et à la ressemblance de
Tepius Kokumatz.

Teteoïnan : La Mère des Dieux. Un autre nom de la Mère


Divine. Étymologie de ce nom : Teteo, pluriel de Teotl, Dieu,
et Nan, mère. Teteoïnan était vénérée tout particulièrement
à Tepeyaca, près de Mexico ; c’est là qu’un jeune Indien, Juan
Diego, aperçut la Vierge Marie, et que fut érigée l’église de
Notre-Dame de Guadaloupe, lieu de pèlerinage réputé.

233
Texcoco : Capitale d’un royaume voisin de Tenochtitlan, sur
le bord de la lagune.

Tezacatetl : L’un des sept hommes, des sept chefs qui


gouvernent l’Ile Sacrée, l’Aztlan légendaire, et qui sont les
lointains ancêtres de la race aztèque, à l’époque de sa
première grandeur, alors que la volonté des Dieux était
encore comprise et accomplie.

Tezcatlipoca : L’un des Dieux Saints de l’Anahuac, une


créature du Feu, vive représentation de la nuit et du jour ; un
Homme parfait, dans le sens le plus complet du mot ; une
créature absolument éveillée, un Être qui a extirpé de son
psychisme toute possibilité de rêver. Au contraire de
Tezcatlipoca, qui est le premier à arriver à la fête du mois
Teotleco, le Divin Seigneur Huehueteotl est le dernier à
arriver à l’Assemblée des Dieux. Les enseignements
gnostiques des Nahuatls affirment que le Seigneur
Ometecuhtli et la Dame Omecihuatl ont eu quatre fils, les
quatre Tezcatlipocas, à savoir : Xipe-Totec (le Tezcatlipoca
rouge), le noir Tezcatlipoca, Quetzalcóatl (le Tezcatlipoca
blanc) et Huitzilopochtli (le Tezcatlipoca bleu). Tezcatlipoca
est le Dieu suprême de la Trinité aztèque. Dieu de la
Conscience, il est symbolisé par un miroir : son nom signifie,
d’ailleurs, le « miroir fumant ». Il personnifie le ciel nocturne
et est le guerrier du Nord, alors que Huitzilopochtli
représente le ciel bleu et est le guerrier du Sud. Il est aussi
l’inventeur du feu, bien que cet élément ait son Dieu
particulier, Xiuhtecuhtli ou Huehueteotl. Dans son aspect
féminin, Tezcatlipoca incarne la Lune et le Dieu-Mère, et
représente la matrice du monde, que féconde le Logos
Solaire.

Tlacaelel-Cihuacoatl : Premier Ministre de l’empereur


Moctezuma, Sage et détenteur de la connaissance sacrée et

234
des mythes concernant la fondation de Mexico-Tenochtitlan.
Grand Prêtre de Cihuacoatl, la Déesse de la Terre, dont le
nom servait de titre au second magistrat de l’État. Cihuacoatl
signifie « Femme-Serpent ».

Tlaloc : Nom du Dieu de la pluie, de la végétation et de


l’agriculture. Ce nom peut se décomposer ainsi : Tlalli, terre,
et Octli, vin. Tlaloc pourrait donc signifier : « Le vin que boit
la terre. » Tlaloc est l’un des Dieux les plus anciens du
panthéon mexicain et l’un des Dieux principaux de la très
antique culture Olmèque où on le représente avec le masque
du Tigre-Serpent. À Teotihuacan, ses représentations sont
plus nombreuses encore que celles de Quetzalcóatl. On le
retrouve partout en Mésoamérique ; les Mayas l’appellent
Chac, les Totonaques le nomment Tajin et les Zapothèques
Cocijo. Tlaloc est l’un des Dieux les plus faciles à reconnaître,
par ses yeux cerclés d’espèces de lunettes qui sont formées
en réalité de deux serpents entrelacés dont les mâchoires se
rejoignent sur la bouche du Dieu. Dans les œuvres picturales,
on le voit souvent accompagné d’un perroquet, symbole de
la chasteté et du Soufre. En tant que Dieu élémental de l’Eau,
Tlaloc gouverne les Ondines et Néréides, les créatures
conscientes de l’Eau. Lorsqu’ils désiraient de la pluie, les
anciens Mages aztèques priaient le Seigneur Tlaloc, qui
arrosait alors la terre avec les divines eaux de la vie. Tlaloc
préside aussi au Tlalocan, le Paradis où vont ceux qui sont
morts noyés ou frappés par la foudre. Son culte était
prépondérant, comme l’indique le fait que ce Dieu partageait
avec Huitzilopochtli le privilège d’avoir un sanctuaire au
sommet du Grand Temple de Mexico.

Tlalocan : Le Paradis du Dieu Tlaloc, qui est situé au Sud.


C’est la région de la fertilité et de l’abondance, où existent
toutes sortes d’arbres fruitiers et où abonde le maïs, le

235
haricot, etc. Selon la religion de l’Anahuac, ceux qui meurent
noyés dans les eaux des rivières, des lacs ou des mers, ou
frappés par la foudre, vont au paradis de Tlaloc, que l’on
appelle aussi le « Champ des Délices », ou le « Royaume de la
Lumière Dorée ».

Tlamatinime : C’est le nom des maîtres de l’Anahuac,


possesseurs de vastes et profondes connaissances
scientifiques, artistiques, philosophiques et ésotériques,
acquises par voie expérimentale et en utilisant pour cela la
Dialectique de la Conscience.

Tlapallan : C’est la « terre du rouge », pays mythique vers


lequel se dirige Quetzalcóatl dans son voyage initiatique,
dans son processus de régénération. Rappelons-nous que,
dans l’Alchimie, l’Œuvre au Rouge est le couronnement du
Grand-Œuvre.

Tlazolteotl : Littéralement : « Déesse de l’immondice » (de


Tlazolli, immondices, souillure, et Teotl, Dieu). Déesse de la
Lune, des naissances et des accouchements, elle est la mère
de Centeotl : le Dieu du Maïs. Tlazolteotl est un aspect de la
Mère Divine dans sa fonction rédemptrice : c’est pourquoi on
l’appelle « la mangeuse d’immondices », car elle dévore les
péchés des hommes, les purifiant, les faisant naître à une vie
nouvelle. Comme Xipe-Totec, le Dieu du renouveau
printanier, elle est souvent représentée vêtue de la peau
d’une victime sacrifiée. On pratiquait donc un rite de
confession important, devant les prêtres de Tlazolteotl, rite
qui symbolisait la lutte intérieure contre les agrégats
psychiques immondes.

Tlemaïtl : Littéralement, « Mains de Feu ». Encensoirs dont


se servaient les Hiérophantes du « Vieux Dieu du Feu »,
Huehueteotl, pour encenser les Dieux Saints de l’Anahuac.

236
Tonantzin : « Notre Mère », nom par lequel les Nahuas
désignent la Divine Mère Kundalini, le Serpent Igné de nos
pouvoirs magiques, lorsqu’il monte victorieusement par le
canal médullaire spinal de l’Initié. Tonantzin est la
Femme-Serpent, Cihuacoatl, elle est Dieu-Mère à l’intérieur
de chacun de nous. Les Sages de l’Anahuac, tout comme les
Initiés de partout et de toutes les époques, ont toujours su
que la Kundalini, Tonantzin, « Notre Mère », est cette énergie
mystérieuse qui fait que le monde existe ; jamais ils n’ont
ignoré qu’elle est une partie de notre Être, mais dérivée.
Dans les cours pavées des Temples sacrés de l’Anahuac, les
candidats à l’Initiation humaine et solaire, hommes et
femmes, échangeaient d’ardentes caresses et réalisaient la
connexion du Lingam-Yoni sans perdre la semence, afin
d’éveiller le Serpent Sacré de la Sagesse Nahuatl, le Serpent
saturnien qu’ils appelaient Tonantzin. Ces hommes et
femmes à la conscience éveillée n’ignoraient pas non plus le
fait que, sans l’aide de Tonantzin, il serait totalement
impossible d’annihiler les agrégats psychiques ou défauts
psychologiques.

Tonatiuh : C’est le Logos Solaire, le Verbe de Saint-Jean, le


Démiurge Créateur de l’Univers, parfois représenté avec une
langue triangulaire sortant de sa bouche, symbole de Feu et
de Lumière. Tonatiuh est aussi appelé « l’Enfant précieux »,
« l’Aigle qui monte » ; ainsi donc, il est l’Enfant d’Or de
l’Alchimie Sexuelle, le Resplendissant Dragon de Sagesse.
Tonatiuh apparaît au centre du fameux Calendrier Aztèque
ou Pierre du Soleil ; de chaque côté de la figure de Tonatiuh,
nous voyons ses mains armées de griffes d’aigle qui
enserrent des cœurs humains.

Tula (ou Tullan, ou Tollan) : Nom d’une ville située à


quelque vingt-cinq kilomètres au nord de Mexico, non loin

237
de Teotihuacan. Tula fut la capitale des Toltèques, et c’est là
que naquit le grand Avatar Topiltzin Quetzalcóatl, qui livra
un message de Rédemption similaire à bien des égards à
celui du Christ Jésus. Après la chute de Tula, les Toltèques
émigrèrent au Yucatan et contribuèrent à la construction de
Chichén Itzá. Il y a une Tula terrestre et il y a aussi une Tula
céleste (analogue à la Jérusalem céleste des Hébreux) qui
peut être assimilée à l’Aztlan des Aztèques. Tula ou Tullan
signifie, selon le Père Sahagun, « lieu de fertilité et
d’abondance ». À Tula se trouve Coatepec, la montagne
sacrée, symbole de l’Initiation.

Xipe-Totec : Littéralement : « Notre Seigneur l’Écorché. »


Dieu très ancien, car nous retrouvons déjà son culte dans la
culture de Teotihuacan. C’est un Dieu du printemps, du
renouveau et des orfèvres. Il est généralement représenté
comme un homme revêtu d’une seconde peau, symbolisant
la nouvelle couche de végétation qui recouvre la Terre au
Printemps. À l’époque de dégénérescence de la civilisation
de l’Anahuac, on écorchait un esclave et le prêtre de la Terre
revêtait la peau du sacrifié. Dans les représentations,
Xipe-Totec ressemble à Tezcatlipoca, mais c’est un
Tezcatlipoca rouge et non noir ; tous ses ornements sont
rouges. Comme Xochipilli, Xochiquetzal, Tlaloc, etc., Xipe
appartient à l’ordre angélique du monde des Causes
naturelles.

Xiuhcoatl : « Serpent de feu ». Des Xiuhcoatls ou Serpents


ignés entourent le Soleil, sur le célèbre Calendrier Aztèque ;
ils entouraient aussi le Grand Temple de Tenochtitlan,
formant le fameux Coatepantli ou « Mur de Serpents », dont
il ne reste que quelques têtes conservées au Musée
Anthropologique de Mexico. Les deux Xiuhcoatls de la Pierre
du Soleil forment le « binaire serpentin » du Mexique

238
préhispanique, évoquant le double caractère ésotérique du
Serpent, tel qu’on le retrouve dans la tradition hébraïque : le
Serpent d’airain de Moïse, qui guérissait les Israélites dans le
désert, et le Serpent tentateur de l’Éden, le Dragon de
Saint-Georges,. la Kundalini et le Kundartigateur. Les
cultures maya et Nahuatl enseignent la Science du Serpent ;
c’est pourquoi elles sont dites serpentines. Cette Science est
la Science Pure de l’Être, la Connaissance secrète éternelle, la
Gnose universelle qui, lorsque nous la mettons en pratique
dans notre vie de tous les jours, peut nous conduire à
l’Adeptat. Par des travaux conscients et des souffrances
volontaires, cet Adepte devient réellement un Fils du
Serpent, un Serpent, pour, après avoir été avalé ou dévoré
par l’Aigle de l’Esprit se transformer en un Serpent à Plumes.

Xiuhtecuhtli : De Xiuhtl, chose précieuse, turquoise, feu, et


Tecuhtli, seigneur. Un autre nom du Dieu du Feu,
Huehueteotl.

Xiuhuitl : Mot aztèque signifiant à la fois turquoise, herbe et


année. La turquoise, pierre semi-précieuse très utilisée dans
l’art mexicain, était un symbole de feu.

Xochicalco : « La Maison des Fleurs », nom d’une cité très


ancienne, située à une trentaine de kilomètres à l’ouest de
Mexico. Xochicalco fut l’héritière de la civilisation de
Teotihuacan. On peut y voir les vestiges d’un très beau
temple consacré à Quetzalcóatl, le Serpent à Plumes.

Xochipilli : Nom du Dieu des Fleurs (de Xochitl, fleur, et Pilli,


prince), de la Musique, de la Poésie, de la Danse, du Chant et
de l’Amour. Les Tlamatinime, faisant allusion à ce que
représentait Xochipilli, disaient : « Les fleurs et les chants,
c’est ce qu’il y a de plus élevé sur Terre pour pénétrer dans
les régions de la Vérité. » La philosophie des Tlamatinime est

239
toute imprégnée de la plus pure poésie. Au Musée
d’Anthropologie et d’Histoire de Mexico, nous pouvons voir
une sculpture de Xochipilli, constellé de fleurs et assis sur un
cube de basalte artistement ouvragé.

Xochiquetzal : Déesse des Fleurs et de l’Amour ; à la fois


épouse et mère de Xochipilli. Son nom provient de Xochitl,
fleur et Quetzalli, plume d’oiseau quetzal. Xochiquetzal
demeure dans le Tomoanchan, qui est le réservoir des eaux
universelles de la vie, les eaux séminales en l’homme. Le
Tamoanchan est un lieu paradisiaque, tapissé de fleurs,
parcouru de sources et de rivières d’eau pure, où croît le
Xochitlicacan, un arbre prodigieux dont on dit « qu’il suffit
aux amoureux de se tenir sous l’abri de sa ramure et de
toucher ses fleurs pour qu’ils soient éternellement
heureux ». Les Nahuas représentaient cette Déesse comme
une belle jeune femme. Son sanctuaire se trouvait dans le
Grand Temple de Tenochtitlan et, bien qu’il était petit, il était
somptueusement décoré de tapisseries brodées, de plumes
précieuses et de divers ornements en or. On dit que
Xochiquetzal avait le pouvoir de pardonner. Les femmes
enceintes se rendaient à son Temple, après avoir pris un
bain lustral, pour confesser leurs péchés, lui demander
pardon et implorer son aide. Mais si ces péchés étaient très
grands, on brûlait aux pieds de la Déité une effigie de la
pénitente, modelée avec du papier d’Amatl (un arbre
tropical).

Xolotl : Le double de Quetzalcóatl, associé à Vénus, la


planète de l’Amour. C’est le Lucifer aztèque. Son nom signifie
à la fois « Chien » et « Jumeau ». Le Père Sahagun, l’un des
premiers chroniqueurs de l’histoire mexicaine, affirme que
« le chien est le symbole du feu d’origine céleste ».
Indéniablement, le Feu Sexuel, le chien, l’instinct érotique (le

240
Xolotl-Lucifer des Nahuatls) est cet agent extraordinaire qui
peut nous transformer radicalement. Le chien, donc, guide
l’Initié, le conduisant par l’étroit chemin qui va des ténèbres
à la lumière, de la mort à l’immortalité. « Il est indispensable,
dit le Maître Samaël Aun Weor, de sortir Xolotl-Cerbère de la
demeure de Pluton ; ce chien, prodige de terreur, avec ses
aboiements, ses trois énormes têtes aplaties et son cou
entouré de serpents, tire sur la laisse que tient son maître,
l’amenant sûrement sur le sentier escarpé qui conduit à la
libération finale. Xolotl-Lucifer, en tant qu’archétype du
pénitent, suscite la lumière dans les ténèbres et éclaire tout
l’ésotérisme Christique. Xolotl-Lucifer nous indique la
nécessité de mourir pour être. » Xolotl, donc, est l’ombre
vivante de Quetzalcóatl, est Lucifer-Prométhée, le divin
Daemon de Socrate, la réflexion du Logos en nous, le Feu
vivant et philosophal des vieux Alchimistes, le
Christus-Lucifer des anciens Gnostiques, le « Porteur de
Lumière », l’Étoile du Matin (Vénus), la Pierre Angulaire, la
Pierre Philosophale, qui est la clé de tous les pouvoirs de
l’Univers. Dans les cathédrales médiévales, on représente
Lucifer-Xolotl sous l’aspect d’un bouc. La Pierre
Philosophale, qui a sa racine dans nos propres organes
sexuels (Xolotl-Lucifer symbolise la puissance sexuelle), peut
nous conférer la Sagesse et le pouvoir absolu sur les cieux, la
terre et les enfers. Xolotl-Lucifer est le laiton des Alchimistes
médiévaux, qu’il faut « blanchir » à tout prix : le laiton est un
alliage de cuivre, métal associé à la planète Vénus, l’astre de
l’amour. « Blanchir le laiton » signifie donc purifier le Feu
Sexuel, désintégrer la luxure, grâce à l’annihilation radicale
de l’Ego animal. Après que nous avons blanchi le laiton,
Xolotl se transforme en Quetzalcóatl, l’Étoile du Matin. « À
celui qui vaincra, je lui donnerai l’Étoile du Matin », dit le
Christ dans l’Apocalypse. Xolotl-Lucifer est « une échelle

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pour descendre (l’infrasexualité) et une échelle pour monter
(la suprasexualité) ».

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