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MB 88-28

GUIDE DE LA PROSPECTION APPLIQUEE A LA REGION DE BAS-SAINT-LAURENT ET DE LA GASPESIE


SÉRIE DES MANUSCRITS BRUTS

rr

Guide de la prospection appliquée à la région du


Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie

Richard Poulin
Foratek Inc.

Le programme d'assistance financière à la prospection minière dans le


Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie est le résultat d'une coopération entre
le ministère de l'Énergie et des Ressources du Québec et le ministère
de l'Énergie, des Mines et des Ressources du Canada, dans le cadre du
Plan de développement de l'Est du Québec.

Ce document est une reproduction fidèle du manuscrit tel que soumis par
l'auteur sauf pour une mise en page sommaire destinée à assurer une
qualité convenable de reproduction

1988 MB 88-28
Canad'â Québec g g

AVANT-PROPOS

Dans le cadre du programme d'assistance financière à la


prospection minière dans le Bas-Saint-Laurent et la Gaspé-
sie, le ministère de l'Energie et des Ressources du Québec
a mandaté la firme Foratek Inc. pour rédiger un guide de
prospection pour la région concernée. Les objectifs du
guide sont de fournir aux prospecteurs autonomes de la ré-
gion et aux personnes intéressées un manuel de référence
permettant d'encourager une prospection plus méthodique.
L'auteur de ce guide est M. Richard Poulin, ingénieur géo-
logue. Il fut assisté de M. Raymond Marleau, ingénieur
géologue et vice-président de Foratek Inc. Ont aussi col-
laboré â sa réalisation, M. Louis Caron et M. Claude Robert
du MER.

Le programme d'assistance financière â la prospection mi-


nière dans le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie est le ré-
sultat d'une coopération entre le ministère de l'Energie et
des Ressources du Québec et le ministère de l'Énergie, des
Mines et des Ressources du Canada, dans le cadre du Plan de
développement de l'Est du Québec.

Éditeur: Gouvernement du,Québec


Ministère de l'Energie et des Ressources
Service de la promotion et de l'aide â l'explora-
tion minière

i
TABLE DES MATIÈRES

Page

AVANT-PROPOS i

1.0 INTRODUCTION 1

2.0 GÉOLOGIE 5

2.1 Minéralogie 5

2.2 Pétrographie 15

2.3 Mouvements de l'écorce terrestre 21

2.4 Géologie régionale 25

2.5 Géologie économique 27

2.5.1 Type de minéralisation 27


2.5.2 Indicateurs 33
2.5.3 Associations 41

3.0 LA PROSPECTION 45

3.1 Objectifs de la prospection 45

3.2 Équipement de base 45

3.3 Recherche d'un territoire d'intérêt 46

3.4 Planification des travaux 48

3.5 Orientation en forêt 50

3.6 Échantillonnage 54

3.6.1 Objectif 54
3.6.2 Méthodes 55
3.6.3 Numérotation et croquis 57

3.7 Recueil de données 57

3.8 Jalonnement 58

3.8.1 Jalonnement en terrain arpenté 60


3.8.2 Jalonnement en terrain non arpenté 62
3.8.3 Enregistrement et travaux requis 62

3.9 Loi des mines 64

ii
TABLE DES MATIÈRES

Page

4.0 MÈTHODES DE PROSPECTION 70

4.1 Objectif 70

4.2 Les étapes de la prospection 70

4.3 La coupe de ligne 73

4.4 La géochimie 77

4.4.1 Type de prospection géochimique 78


4.4.2 Interprétation 83

4.5 La géophysique 87

4.6 Les blocs erratiques 93

4.7 Le dynamitage 93

4.8 Le décapage 95

4.9 Le forage 97

5.0 PROMOTION D'UNE PROPRIÈTi MINIÈRE 103

5.1 Analyse et évaluation d'une propriété minière 104

5.2 Procédures 105

6.0 CONCLUSIONS 108

Lexique

Index

ANNEXE 1 Les systèmes cristallographiques

ANNEXE 2 Les horizons des sols dans le cas


des podzols

ANNEXE 3 Taille des grains en millimètre

ANNEXE 4 Tableau d'équivalences

ANNEXE 5 Tableau des cosinus

iii
LISTE DES TABLEAUX

Page

TABLEAU 2.1 ÉCHELLE DE MOHS 6

TABLEAU 2.2 MINÉRAUX ÉCONOMIQUES USUELS ET


PRÉSENTS EN INDICES DANS LA RÉGION ... 7, 8, 9, 10

TABLEAU 2.3 TABLEAU SIMPLIFIÉ DE LA CLASSIFICATION


ROCHES IGNÉES 17

TABLEAU 2.4 CLASSIFICATION DES PELITES 19

TABLEAU 2.5 ALTÉRATION DES MINÉRAUX ÉCONOMIQUES 38

TABLEAU 4.1 ÉLÉMENTS ASSOCIÉS 86

TABLEAU 4.2 TARIFS SOUMIS POUR DES LEVÉS


GÉOPHYSIQUES EN 1988 92

iv
LISTE DES FIGURES

Page

FIGURE 2.1 Répartition géographique des indices


d'or et d'argent 12
FIGURE 2.2 Répartition géographique des indices
de Pb, Zn, Cu, Cr, Ni 13
FIGURE 2.3 Répartition géographique de certains
autres minéraux 14
FIGURE 2.4 Type de roches, modifié de Goodwin, 1956 16
FIGURE 2.5 Rejet de faille a) longitudinale,
b) vertical 22
FIGURE 2.6 Faille normale et faille inverse 23
FIGURE 2.7 a) antiforme b) synforme c) plan axial 24
FIGURE 2.8 a) faille de chevauchement b) graben 24
FIGURE 2.9 Carte géologique simplifiée de la
Gaspésie/Bas-St-Laurent 26
FIGURE 2.10 Intrusif gabbroïque étagé avec amas et
niveau de chromite 29
FIGURE 2.11 Pluton felsique avec auréole de skarn 30
FIGURE 2.12 Intrusion d'un filon 31
FIGURE 2.13 Exemple de sécrétion latérale 33
FIGURE 2.14 Erosion différentielle dans le lit d'un
torrent et piège de minéraux lourds 34
FIGURE 2.15 Dispersion mécanique et traînée de débris .. 37
FIGURE 2.16 Zonation théorique de l'altération
associée à un porphyre cuprifère 40
FIGURE 3.1 Exemple extrait de la carte topographique
1/50 000 Sunny Bank 52
FIGURE 3.2 Trajet à la boussole pour revenir au point
de départ: marcher 600 m à 160° 53
FIGURE 3.3 Exemple de localisation des échantillons par
la méthode d'échantillonnage par saignées 56
FIGURE 3.4 Exemple de croquis de localisation
de travaux 59
FIGURE 3.5 Exemple de jalonnement en terrain
arpenté 61
FIGURE 3.6 Exemple de jalonnement en terrain
non-arpenté 63
FIGURE 3.7 Les travaux excédentaires exécutés sur
le claim A peuvent être reportés sur le
claim B, mais non sur le claim C 66
FIGURE 4.1 Exemple d'une grille de lignes coupées 75
FIGURE 4.2 Illustration des méthodes de correction de
pente a) chaînage cassé b) transformation
trigonométrique 76
FIGURE 4.3 Illustration du principe sous-tendant la
géochimie de sédiments de ruisseau 79
FIGURE 4.4 Échantillonnage du sol, vue en plan et en
profil. Déplacement de l'anomalie à cause
de la pente 81

v
LISTE DES FIGURES

Page

FIGURE 4.5 Adaptation de la carte de Perreault (1984)


géochimie des roches 82
FIGURE 4.6 Adaptation de la carte de Choinière (1986)
échantillonnage de minéraux lourds 84
FIGURE 4.7 Exemple d'un profil géochimique 85
FIGURE 4.8 Interprétation structurale déduite d'une
carte 88
FIGURE 4.9 Anomalie magnétique et gravimétrique
au-dessus d'un amas (redessinées de
Kearey et Al, 1984) 89
FIGURE 4.10 Anomalie de polarisation spontanée
(redessinée de Kearey et Al, 1984) 90
FIGURE 4.11 Exemple d'une anomalie de polarisation
provoquée 90
FIGURE 4.12 Exemple d'anomalie TEF et d'anomalie
EM-horizontal 91
FIGURE 4.13 Disposition de tranchées a) filon en
terrain plat avec faille b) anomalie
géochimique associée à une faille
déplacée par une pente c) filon à
pendage oblique en terrain accidenté 98
FIGURE 4.14 Coupe prévisionnelle d'un forage 100
FIGURE 4.15 Exemple de journal de forage 101

vi
1

1.0 INTRODUCTION

La prospection de base s'occupe de la recherche et l'évaluation


de dépôts de minéraux. Prospecter n'exige pas d'être spécialiste dans
une discipline comme la géologie, la géophysique ou la géochimie. En
prospection, on utilise des instruments simples qui donnent une informa-
tion directe. Il n'est donc pas nécessaire d'effectuer un traitement
compliqué de l'information recueillie, ou encore de réaliser une inter-
prétation élaborée des résultats. En bref, la prospection se définit par
une recherche où la plus grande partie du travail est basée sur l'obser-
vation en surface de toutes indications de minéralisation. Ce travail
long et ardu est le résultat de patients parcours sur le terrain. Bien
qu'elle repose surtout sur des principes d'ordre scientifique, la pros-
pection de base tient plus de l'art que de la science. Il n'existe pas
de méthode rigide et absolue pour réaliser de la prospection. Le pros-
pecteur observe les signes géologiques de surface et en déduit les rela-
tions avec la minéralisation.

L'objectif de la prospection est de localiser des dépôts de mi-


néraux qui pourraient devenir économiquement exploitables. Aussitôt que
des indices minéralisés ont été découverts, il faut les évaluer. Pour y
arriver, le prospecteur doit être un technicien polyvalent qui recueille
les informations de terrain par des techniques simples d'observation, de
creusage et d'échantillonnage. Les coûts d'une telle recherche représen-
tent évidemment un risque, mais ces dépenses pourront éventuellement être
compensées en retour par un gain. En effet, la mise en valeur du poten-
tiel minéral de droits miniers, généralement acquis par jalonnement, est
justifiée par la possibilité de vendre ces mêmes droits. D'autre part,
si le développement des indices exige des sommes importantes, le prospec-
teur peut aussi s'allier avec une organisation financière plus solide.
2

Le prospecteur représente en quelque sorte un des premiers mail-


lons de la chaîne de l'exploration minière, en mettant à jour des indices
minéralisés de surface. Il provoque l'évaluation des indices en les fai-
sant connaître. Il n'est évidemment pas le seul à réaliser des travaux
de base, mais sa participation demeure importante. Chaque prospecteur
possède sa liberté d'action et applique ses propres idées. Au fil des
années, il a été démontré que cette indépendance d'action et de pensée
est un ingrédient essentiel du succès des prospecteurs, par rapport aux
grosses organisations centralisées.

D'une certaine façon, les prospecteurs contribuent à identifier


les indices minéralisés d'un territoire. L'accumulation de découvertes
permet de mieux définir la géologie économique d'une région. Les théo-
ries gitologiques émises par les géologues sont basées en partie sur des
indices mis à jour par les prospecteurs.

Ce guide de prospection est destiné aux prospecteurs et à toutes


les personnes qui désirent réaliser de la prospection de base dans la ré-
gion de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent. Il est principalement conçu
pour servir de manuel de référence générale à la prospection. Pour ce
faire, il contient des notions de géologie de base, une description des
techniques de prospection de base, et un aperçu des méthodes d'explora-
tion minière plus sophistiquées. Une courte section est consacrée à la
promotion des droits miniers.

Les notions de géologie de base comprennent d'abord des éléments


de minéralogie, orientés surtout vers l'identification des minéraux éco-
nomiques présents dans la région. Il existe en effet un grand nombre de
minéraux dans la nature (plus de 2 500), pour lesquels plusieurs livres
spécialisés en minéralogie donnent une description. La courte liste éta-
blie dans ce guide pourra servir avant tout d'aide-mémoire.

Des éléments de pétrographie sont ensuite présentés. Il est né-


cessaire de connaître le nom des roches et de pouvoir les reconnaître sur
le terrain pour faire le lien avec ce qui est déjà connu à leur sujet.
De plus, il est important de connaître la relation qui peut exister
3

entre un type de roche et une forme de minéralisation. En effet, on re-


trouve dans les roches volcaniques des formes de minéralisation qu'on ne
retrouve pas dans les roches plutoniques. Il faut aussi être capable de
lire une carte géologique dans ses grandes lignes, de saisir les nuances
au niveau de la pétrographie, et de visualiser les plis et les failles.
Les failles jouent souvent un rôle déterminant dans la mise en place de
la minéralisation.

La géologie de la région de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent


est présentée en faisant ressortir les caractéristiques régionales. La
section "géologie économique" décrit la mise en place et les formes que
peut prendre la minéralisation.

La minéralisation n'apparaît pas toujours à la surface de façon


évidente. Certains indicateurs physiques et certains éléments chimiques
associés à la minéralisation sont souvent plus faciles à déceler.Le pros-
pecteur possède un avantage certain s'il est capable d'identifier des si-
tes réunissant des conditions favorables.

Le troisième chapitre décrit une démarche logique à employer


pour planifier adéquatement une campagne de prospection. Les points es-
sentiels à considérer sont donnés pour rendre le prospecteur plus effica-
ce. La liste d'équipement, les notions d'orientation en forêt et la te-
nue d'un carnet de notes comptent parmi les principaux sujets qui sont
discutés. La bonne tenue d'un carnet de données et d'échantillonnage
permet une meilleure rigueur scientifique et donne la crédibilité néces-
saire à son auteur en cas de transactions.

Les activités de prospection et d'exploration minière sont ré-


gies par la Loi des Mines. Les chapitres de la loi touchant la prospec-
tion proprement dite sont résumés. L'attention du prospecteur est atti-
rée spécialement vers les méthodes de jalonnement en terrain arpenté et
non arpenté. De plus, la loi comporte de nombreux détails concernant les
délais et les conditions qu'il est nécessaire de respecter pour conserver
les titres miniers valides.
4

Le quatrième chapitre décrit les étapes du déroulement d'une


campagne de prospection, ainsi que les méthodes employées à chacune de
ces étapes. La prospection englobe une série d'étapes qui mènent à la
sélection des indices minéralisés les meilleurs. Les outils supplémen-
taires, utiles à cette sélection, sont la géochimie, la géophysique, les
tranchées et le forage. Il faut connaître les principes de base qui
sous-tendent ces outils afin de pouvoir faire un choix. En effet, chacun
est utilisé dans un but très précis, et est inscrit dans une séquence lo-
gique. On saisit mieux à quelle étape il faut utiliser ces outils lors-
qu'on a compris la mécanique interne de ceux-ci et les principes qui dic-
tent l'interprétation des résultats.

On traite brièvement de la promotion minière. Les points qui


sont mis en valeur sont ceux que l'investisseur éclairé exigera de con-
naître pour considérer sérieusement un projet. Le prospecteur devra pos-
séder suffisamment d'informations sur chacun de ces points. Il devra
aussi prévoir à l'avance les travaux à réaliser pour établir un dossier
complet. Pour qu'une promotion soit efficace, il faut que les connais-
sances sur la propriété soient présentées de façon claire et convaincan-
te.

Finalement, en conclusion, on pourra lire des conseils prati-


ques, et les moyens que peuvent prendre les prospecteurs pour se perfec-
tionner. À la fin de chaque chapitre, on retrouve une liste des princi-
paux documents à consulter si le prospecteur désire en connaître davanta-
ge sur les sujets présentés.
5

2.0 GÉOLOGIE

2.1 Minéralogie

Les minéraux sont les éléments de base des roches. Par défini-
tion un minéral est un composé chimique particulier, inorganique avec des
propriétés physiques définies. Il a une répartition atomique dans son
système cristallin qui lui est propre. Quelques 2500 minéraux sont con-
nus et possèdent chacun leurs caractéristiques. Certains ont une valeur
commerciale et il nous importe de pouvoir les identifier.

Un ou plusieurs minéraux peuvent former un minerai. Celui-ci


est un agglomérat minéral duquel on peut extraire une substance métalli-
que ou autre avec profit. La notion de minerai est donc dépendante des
conditions économiques qui prévalent pour le produit à extraire et du
colt de production. Le terme est étroitement lié avec le secteur minier
où on distingue le minerai de la roche stérile sur une base économique.
Quelques métaux se trouvent à l'état naturel dans la roche comme l'or et
l'argent. La majorité d'entre eux doivent être extraits du minéral qui
les contient. Le cuivre par exemple est extrait en fonderie de la chal-
copyrite. Il en va de même pour la plupart des métaux.

Les minéraux sont classés en groupe selon leur composition chi-


mique. Pour les besoins du travail de terrain, il est possible d'en
identifier un nombre suffisant par leurs propriétés physiques. Le tab-
leau 2.2 donne une liste de minéraux économiques qui ont été trouvés dans
la région Gaspésie-Bas-St-Laurent. Nous allons d'abord définir les cri-
tères utilisés pour les identifier. Un seul critère n'est habituellement
pas suffisant, mais c'est l'association de 2 ou 3 critères qui permet de
reconnaître le minéral.

La couleur est un des critères les plus évidents. Malheureuse-


6

ment, certains minéraux se présentent sous plusieurs couleurs, ou inver-


sement plusieurs minéraux ont la même couleur. Cette situation se ren-
contre surtout chez les minéraux vitreux où la couleur est fonction des
impuretés incluses dans le minéral. Le trait correspond à la couleur que
prend le minéral lorsqu'il est réduit en poudre. Le terme provient de
l'habitude de frotter le minéral sur un morceau de porcelaine blanche dé-
polie pour voir la couleur du trait, qui apparaît généralement bien. Il
est aussi possible de faire une poudre du minéral à l'aide d'une lame de
canif. Le lustre est la façon dont la lumière est réfléchie par la sur-
face du minéral. Les termes employés sont descriptifs comme lustre mé-
tallique, lustre cireux ou lustre vitreux.

La dureté est évaluée sur un cristal du minéral à identifier.


Il faut se méfier lorsque plusieurs minéraux sont entremêlés. Elle est
mesurée selon l'échelle de Mohs (voir tableau 2.1) qui est composée de
minéraux communs avec une dureté croissante. Le minéral dans une posi-
tion est capable de rayer le précédent et de l'être par le suivant. En
pratique on utilise l'ongle (dureté 22) et la lame d'un canif (dureté
52). Les minéraux avec une dureté de 6 ou plus rayent le verre.
L'échelle est relative et se prête bien aux travaux de terrain.

1. talc 6. feldspath
2. gypse 7. quartz
3. calcite 8. topaze
4. fluorine 9. corrindon
5. apatite 10. diamant

Tableau 2.1 Échelle de Mohs

La densité est le poids relatif du minéral par rapport au même


volume d'eau. Il s'agit de soupeser l'échantillon. Le problème est de
reconnaître l'apport d'un minéral lorsqu'il est disséminé dans la roche.
Un morceau massif est à rechercher. Le magnétisme est évalué avec un ai-
mant. Les caractères cristallins demandent une observation plus avertie.
Ceux-ci comprennent le clivage, la macle et la forme cristalline. Le
clivage est un plan rectiligne de fracture. La macle est une inter-
Tableau 2.2 Minéraux économiques usuels et présents en indices dans la région'

Nom Formule Couleur Dureté Densité Trait Lustre Autre Association


chimique

Pyrite FeS2 jaune-brunze pile 61 5 noir verdâtre métallique forme cubique chalcopyrite, or

Chalcopyrite Cu FeS2 jaune-bronze 4 4 noir verdâtre métallique cassant pyrite, pyrrhotine,


molybdénite, sphalérite,
pentlandite, galène

Pyrrhutine Fe S jaune-bronze 4 4,5 gris noirâtre métallique souvent magnétique chalcopyrite, pentlandite,
millérite

Millérite NiS jaune-brunze pâle 31 5,5 noir verdâtre métallique en aiguille sulfures, et autres minéraux
de Ni

Or Au jaune-brunze 3 19 jaune métallique maleable, ductile quartz, sulfures, argent,


scheelite
Argent Ag gris 3 10,5 gris métallique maléable, ductile or, sulfures, barytine,
quartz, cuivre natif
Bornite CuFeS4 rouge cuivre 3 5 gris noirâtre métallique reflets mauve autres minéraux de Cu

Cuivre Cu rose 3 brun 3 9 métallique métallique arborescent chalcosite, bornite, argent


Arsénopyrite FeAsS argent 6 6 gris noirâtre métallique or, quartz, cassitérite,
scheelite, stibine
Chalcosite Cu2S noir 3 5,5 noir métallique autres minéraux de Cu

Galène PbS gris plomb 2; 7,5 gris plomb métallique forme cubique sphalérite, pyrite, chalcopy-
rite, argent, barytine
Tableau 2.2 Minéraux économiques usuels et présents en indices dans la région (suite)

Nom Fonnule Couleur Dureté Densité Trait Lustre Autre Association


chimique

Stibine Sb2S3 gris plomb 2 4,6 noir métallique un bon clivage galène, pyrite, barytine,
quartz, cinabre

Molybaénite MoS2 gris plomb 11 4,5 gris bleultre métallique touché'gras chalcopyrite, scheelite, wol-
framite

Graphite C noir 11 2 noir métallique


à terne

Pyrolusite Mn02 gris acier 6 5 noir métallique oxides de fer, oxides de man-
ganèse

Psilomélane (82,H20)2Mn5u10 noir 6 5 noir brunàtre submétallique botroidal pyrolusite, goethite

Chroinite (My,Fe) Cr204 noir 51 5 brun métallique olivine, magnétite, platine

ilménite FeTiO3 noir 51 5 noir métallique maclé hématite, magnétite, chalco-


à sub pyrite à l'occasion

Magnétite Fe304 noir• 6 5 noir métallique magnétique pyrite, hematite, chalcopyri-


terne te

Hematite Fe203 gris acier 5 5 rouge métallique magnétite

Uraninite UO2 noir 51 11 noir brunàtre sub-métal- radio-actif 1) cassitérite, pyrite, chat-
ligue copyrite, arsénopyrite
2) pyrite,chalcopyrite, galè-
ne, pyrrhotine, magnetite,
argent

on
Tableau 2.2 Minéraux économiques usuels et présents en indices dans la région (suite)

Nom Formul e Couleur Dureté Densité Trait Lustre Autre Association


chimique

Sphalérite (Zn,Fe)S brun 4 4 brun résineux couleur variable galène, chalcopyrite, pyrite,
3 terne pyrrhotine, magnétite, argent

Scheelite CaW04 variable 5 6 blanc vitreux bleu b'l'ultra- wolframite, or, quartz, cas-
violet sitérite, arsénopyrite

Malachite Cu (CO3)(OH)2 vert 4 4 vert soyeux botroidal minéraux du Cu

Olivine (Mg,Fe)2 SiO4 vert olive 61 3 blanc vitreux minéraux de roches ignées
basiques
Chrysotile M96S14010(OH)B vert 5 2,5 blanc cireux à
soyeux fibreux olivine

Barytine BaSO4 blanc 3 5 blanc vitreux souvent tabulaire galène, stibine

Quartz Si02 hyalin, variable 7 2.6 blanc vitreux pas de clivage minéraux filoniens

Autre minéraux

Wollastunite CaSiO3 blanc 5 3 blanc soyeux fibreux skarn

Calcite CaCO3 hyalin, variable 3 2,7 blanc vitreux effervescence au


HCL froid

Diopside CaMg5i206 blanc b vert pile 6 3,5 blanc vitreux skarn

Grenat (Fe,Mg,Mn)3 brun, variable 71 4 blanc vitreux d dodécshêdre roche métamorphique


(A1,Fe,Cr)2 résineux
(S104)3

CO
Tableau 2.2 Minéraux économiques usuels et présents en indices dans la région (suite)

Nom Formule Couleur Dureté Densité Trait Lustre Autre Association


chimique

ChloriteMg,Fe,A1)6 vert 2} 3 blanc vitreux A micassé minéraux hydrothermaux


l ,Fe,Cr)2
(A terreux
(S1 D4)3

Epidote Ca2 (Al,Fe)3 vert jaunâtre 7 3,5 blanc vitreux roche métamorphique, skarn
S13012 (OH)

Fuchsite KCr (AlSi3010) vert brillant 2} 3 blanc vitreux micassé or


(OH)2

O
11

croissance cristalline qui se traduit par un chatoiement de certains


plans. La forme est le plus souvent observée à la loupe, certaines sont
complexes mais beaucoup sont simples. L'annexe 1 résume quelques notions
de cristallographie.

Les figures 2.1, 2.2 et 2.3 situent les occurrences de minéraux


économiques dans la région. Nous avons divisé les minéraux en trois (3)
groupes sur une base arbitraire. Le premier groupe est composé de l'or
et de l'argent. La localisation pour chacun d'eux est donnée par la fi-
gure 2.1. On remarque que les indices au sud de la péninsule s'alignent
de part et d'autre de la faille de Grand Pabos. Les minéraux précieux
sont très finement disséminés dans la roche et souvent en inclusions dans
des sulfures tels la pyrite ou la galène. Ils n'ont en fait été identi-
fiés que par analyse chimique dans la majorité des cas.

Le deuxième groupe est composé de minéraux économiques plus cou-


rants soit la galène, la sphalérite, les minéraux de cuivre, la chromite
et la millérite. Les minéraux de cuivre qui sont la chalcopyrite, la
bornite, le cuivre natif et la malachite ont été regroupés puisqu'ils
apparaissent souvent ensemble. L'occurrence des minéraux du deuxième
groupe est regroupée en zones délimitées sur la figure 2.2. Chacune des
zones représente plusieurs indices. Le cuivre, sous toutes ces formes,
est rapporté le plus souvent.

Le dernier groupe comprend la molybdénite, la stibine, l'urani-


nite, la scheelite, l'olivine, la barytine, la chrysotile et le quartz
sous forme de silice. Les quatres derniers minéraux entrent dans la ca-
tégorie des minéraux industriels. La figure 2.3 donne leur répartition
géographique comme zone ou comme indice selon la densité d'occurrence.

Le tableau 2.2 décrit les minéraux économiques que l'on retrouve


dans la région. Les principaux minéraux métalliques, qui se retrouvent
souvent associés aux minéraux économiques dans les indices, ont aussi été
ajoutés à cette liste. Leur importance comme indicateur de minéralisa-
tion est incontestable.
49.
1p 6p• 6j. 6S•

FLEUVE SAINT- LAURENT

Sainte-Anne-des-Monts
Ma tune

gs O
Rimouski
~ O
O

Rlviére-du-Loup 49.
Gaspé

O
La PocatiEre ; ~ ` ~ a
` i. ~ O ®
',41»,,,_ ` O _ _ 0 O ~ Percé
..-~ !'~ ~\
New-Richmond
i

NOUVEAU - BRUNSWICK

25 0 25 50 75 100 Km

69. 67.
t
6S.

LÉGENDE

o Argent

~ Or

Figure 2.1 Répartition géographique des indices d'or et d'argent


~,. dÿ. 6j.

FLEUVE SA/NT-LAURENT

Sainte-Anne-des-Monts
Matane

Rimouski

Rivière-du-Loup 49.

La Pocatière

New-Richmond
/
--47. i

NOUVEAU - BRUNSWICK

25 0 25 50 75 100Km

6flo 47.E 6s.

LÉGENDE

—/— Galène, sphalérite —3— Chromite

—2— Minéraux de cuivre —4— Millérite

Figure 2.2 Répartition géographique des indices de Pb, Zn, Cu, Cr, Ni
,49.
~r• 69. 6j. 65.

f LEUVE SAINT- LAURENT


r
Rimouski
Matane

•3
Sainte-Anne-des-Monts

i
• 7 •5
6
• 1,4

.7
Riviére-du-Loup
Gaspé

La Pocatiére

I~ \ 2 •2
.7 Percé
New-Richmond

NOUVEAU - BRUNSWICK

25 0 25 50 75 100K,.

6S.

LÉGENDE

I Molybdénite 5 Olivine

2 Stibine 6 Barytine

3 Uraninite 7 Chrysotile

4 Scheelite S Quartz

• O Indices

Figure 2.3 Répartition géographique de certains autres


minéraux
15

Références

Avramtchev, L., 1984. Carte minérale des Appalaches du


Québec. Ministère de l'Energie et des Ressources MB-85-24

Mason, B., et Berry, L.G., 1968. Elements of mineralogy.


W.H. Freeman and Company. 550 p.

Savard, M., 1985. Indices minéralisés du sud de la Gaspésie.


Ministère de l'Energie et des Ressources ET-83-08

Hamilton, W.R., Woolley, N.R., Bishop, A.C., 1974. Les miné-


raux, roches et fossiles du monde entier en couleurs.
Elsevier Sequoia, 320 p.

2.2 Pétrographie

La roche est un agrégat hétérogène de cristaux de minéraux. La


plupart des roches sont des mélanges de plusieurs minéraux, mais certai-
nes ne renferment qu'un seul minéral comme le calcaire qui n'est composé
que de calcite. Les ruches se divisent en trois (3) classes dépendant de
leur mode de formation (figure 2.4): - les roches ignées
- les roches sédimentaires
- les roches métamorphiques.

Les roches ignées sont des roches formées â partir d'un magma.
Elles se divisent en deux (2) groupes, les roches volcaniques épandues en
surface et â grain fin, et les roches plutoniques â texture plus gros-
sière cristallisées lentement en profondeur. Dans certains cas, le re-
froidissement entraîne la formation de cristaux bien réguliers. Si ces
derniers sont plus gros que ceux de la roche encaissante, on les appelle
des phénocristaux et la roche est dite porphyrique.
16

Coulis de love (volcanique)

y + ~
~ÿ~,• y yyÿ
i~~~ ..4*. "..L.
..1".t.
-./. .L ...410-- Calcaire (sédimentaire)
_i —I.— ~_ i i
yy Y ^~. ~ ^•L ~a.
ÿ~a~,~ ....1. -y.- ..1.... y ~~ ...L.
~..
.
Dyke--'-1:-.4w ~~ • •. :%~--:` ,' •, : . • •
Lacolithe
Sill . + + ~~• !~ . .
+++
:• : .' + + +~ .~ .

Métamorphism. de contact (métamorphique)


1
L Bathollte(plutonique)

Figure 2.4 Type de roches, modifié de Goodwin, 1956

Les roches iynées sont constituées principalement de feldspath,


quartz, micas, amphiboles, pyroxènes ou olivine. Leur classification re-
pose sur le type de feldspath et- la quantité de quartz (voir tableau
2.3). La finesse de leur grain, surtout pour les roches volcaniques,
rend parfois difficile l'identification des minéraux constituants et ain-
si la désiynation de la roche. Pour les besoins du terrain, on regroupe
les roches en quatre catégories: les roches volcaniques felsiques et ma-
figues, et, les roches plutoniques felsiques et mafiques. Les termes ma-
figue et telsique sont préférables pour qualifier des roches que les ter-
mes basique et acide. Les roches felsiques sont caractérisées par une
couleur pâle et une densité moyenne et se regroupent dans la partie gau-
che du tableau 2.3. Les roches mafiques sont foncées et de densité éle-
vée (de l'ordre de 3). Elles se regroupent dans la partie droite du ta-
bleau. L'extrême droite du tableau est le domaine des roches ultramafi-
ques, composées essentiellement de minéraux ferro-magnésiens et avec très
peu ou sans feldspath.

Les roches sédimentaires sont le résultat de la consolidation de


dépôts produits par la sédimentation. Les sédiments se tassent par la
gravité et se cimentent chimiquement pour former de nouvelles roches.

Celles-ci sont classées selon la grosseur et la composition des grains.


TABLEAU 2.3 TABLEAU SIMPLIFIÉ DE LA CLASSIFICATION DES ROCHES IGNÉES

Feldspath Plagioclase Plagioclase peu de


Potassique + 50% Potassique —50% , Plagioclase
sodique calcique feldspath

Quartz +10% —10% +10% —10% +10% —10%

Roche Quartz
Granite Syénite Monzonite Granodiorite Diorite Gabbro Péridotite
plutonique monzonite

Roche Quartz
Rhyolite Trachyte Latite Dacite Andésite Basalte LImburgite
volcanique Latite

Felsique Mafique Uitramafique


18

L'annexe 3 donne un tableau établissant la relation entre la taille des


grains et la terminologie courante qui les désigne. Les grandes familles
de roches sédimentaires détritiques sont par ordre décroissant du grain:
les conglomérats et les brèches, les grès et les pélites. Les roches sé-
dimentaires chimiques sont les calcaires et les évaporites.

Les conglomérats sont composés de graviers et de cailloux cimen-


tés par urge pâte. Les brèches sédimentaires sont composées de fragments

anguleux de roches comme on en trouve dans les talus d'éboulis. Les grès
sont moins grossiers avec des grains de la taille du sable. Le quartz
domine souvent à cause de la résistance du minéral à la désagrégation.
Si le minéral dominant est le feldspath la roche prendra le nom d'arkose
et si le ciment des grains est fin et représente une fraction importante
de la roche, on la nommera yrauwacke.

Les sédiments à texture fine comme la boue produisent les roches


pélitiques. Elles portent une grande variété de noms tels que siltstone,
mudstone, aryilite ou shale et ont tendance à être laminées. Bien qu'ils
aient une texture fine, les siltstones se différencient des argilites par
leur texture plus granuleuse. Les mudstones ont une texture intermédiai-
re entre celle des siltstones et celle des argilites (voir tableau 2.4).

Le calcaire est une roche très répandue. Il est le résultat de


la précipitation du calcium de l'eau sous forme de carbonates, à l'occa-
sion grâce à des micro-organismes. Il contient souvent des coquilles.
Sa surface altérée apparaît rugueuse et cariée. Le calcaire réagit à
l'acide chloridrique dilué (10%) froid. Son proche parent, la dolomie,
où le calcium est remplacé par le magnésium, réagit si elle est mise en
poudre. Le calcaire et les roches pélitiques représentent près de 90%
des roches de la région.

Il faut ajouter à cette liste les volcanoclastites qui sont le


produit de la consolidation de cendres et de projections volcaniques, et
qui se retrouvent souvent entremêlées avec des sédiments au sens strict.
Lorsque les fragments sont grossiers, la roche s'appelle un agglomérat.

Lorsque les fragments sont fins, la roche se nomme un tuf. Les fragments
TABLEAU 2.4 CLASSIFICATION DES PELITES

Roche avec Roche sans débit


Terme Roche avec
Granulométrie préférentiel
général fissilité débit ardoisier (massive)

STONE
Plus 2/3
de Siltstone Siltshale Slltsiate Siltstone
silt

S HALE
Silt<2/3 u,
Mudstone Mudshale g Mudslate Mudstone
Argile <2/3 ac
a

Plus 2/3
Argilite C layshole Cloyslate Claystone
Argile
20

sont généralement anguleux, n'ayant pas été arrondis par le transport.

Les roches métamorphiques sont le résultat de la transformation,


sous l'effet de la chaleur et/ou de la pression, des roches sédimentaires
et des roches ignées. L'effet est de réorganiser en tout ou en partie
les minéraux constituants, et de transformer la granulométrie par une re-
cristallisation des minéraux ou par la cristallisation de nouveaux miné-
raux. Il se produit aussi un alignement des minéraux. Le métamorphisme
est soit régional, soit de contact. Ce dernier résulte de la mise en
place d'une roche intrusive, qui provoque une auréole de changement local
dans la roche encaissante. Le degré de métamorphisme est décrit en ter-
mes de faciès qui, par ordre croissant, sont: faciès des schistes verts,
faciès des amphibolites et faciès des granulites. Nous allons définir
les principaux types de roches métamorphiques communément rencontrées.

schiste: ce sont des roches où le développement de minéraux


lamelleux donne un débit en plaquette. Le terme
s'emploie avec comme suffixe le nom d'un minéral
caractéristique, par exemple schiste à biotite.

- ardoise: un shale avec un débit schisteux bien développé.

- cornéenne: roche recristallisée à texture fine, massive, ré-


sultat du métamorphisme de contact. Localement,
on emploie le terme porcelainite pour une cornéen-
ne de couleur blanc rosé et rubanée.

- skarn: calcaire ou roche calcaire, altéré en minéraux calco-


silicatés, de granulométrie moyenne. La roche est
vert pâle à vert foncé avec des teintes rougeâtres.
Elle est parfois rubanée ou tachetée et réagit à
l'acide comme le calcaire.

- marbre: calcaire recristallisé et blanchi.

- gneiss: roche granulaire formée de bandes pâles et foncées


21

composée principalement de quartz, feldspath, biotite


et d'amphiboles. Le gneiss est souvent un dérivé des
roches granitiques.

- amphibolite: roche constituée surtout d'amphiboles et de pla-


gioclases, de couleur foncée et dense.

- quartzite: grès recristallisé, la roche est dure et présente


des cassures concoidales.

serpentinite: roche composée du minéral serpentine, dérivée


de roches mafiques. La couleur est verte avec
un lustre cireux.

Les préfixes ortho- et para-, ajoutés devant le nom de la roche,


impliquent une origine respectivement ignée et sédimentaire (e.g. para-
gneiss).

2.3 Mouvements de l'écorce terrestre

La croûte terrestre à la recherche de son équilibre est en con-


tinuel ajustement. L'érosion, la sédimentation et la dérive des conti-
nents sont autant de facteurs qui affectent cet équilibre. Dans son pro-
cessus d'ajustement, les mouvements de l'écorce terrestre donnent lieu à
des failles et à des plis. Ceux-ci peuvent être observés en prenant com-
me référence les couches de roches sédimentaires. La formation des ro-
ches sédimentaires se fait par couche horizontale. La surface d'une cou-
che est un plan qui peut être caractérisé par sa direction et son penda-
ge. La direction est une ligne imaginaire horizontale contenue dans la
surface que l'on mesure et le pendage est sa perpendiculaire qui se trou-
ve être la ligne de plus grande pente (voir figure 2.5).

Les failles et autres fractures sont une réaction cassante de la


ruche, soumise aux pressions. Les parois d'une faille sont habituelle-
ment polies et striées, formant une surface caractéristique dite de mi-

roir de faille. Les compartiments d'une faille sont les parties séparées
22

par le plan de faille. On distingue le "toit" qui est le compartiment


au-dessus du plan de faille, et le mur qui est le compartiment au-
dessous. On différencie la faille, où un déplacement se produit entre
les compartiments, et le joint (ou la diaclase) qui est une fracture de
la roche n'étant pas accompagnée de déplacement.

Figure 2.5 Rejet de faille a) longitudinal


b) vertical

Le déplacement d'un bloc par rapport à un autre s'appelle le re-


jet d'une faille. Le rejet net se décompose en rejet horizontal et en
rejet vertical (voir figure 2.5). Lorsque la faille ne possède qu'un re-
jet vertical, elle se nomme faille de plongée, et lorsqu'elle n'a qu'un
rejet horizontal, elle s'appelle faille de décrochement. On parlera de
mouvement dextre si, en se plaçant sur un compartiment et en regardant
l'autre compartiment, ce dernier s'est déplacé vers la droite. Si le dé-
placement s'est fait vers la gauche, on parlera de mouvement senestre.
La faille est dite normale lorsque le toit de la faille se déplace vers
le bas (voir figure 2.6). Lorsque le toit de la faille se déplace vers
le haut, la faille est dite inverse.
23

Faille normale Faille Inverse

Figure 2.6 Faille normale et faille inverse

La roche broyée, qui se retrouve dans la faille même, s'appelle


une mylonite. Dans le cas des failles régionales, longues de plusieurs
dizaines de kilomètres, des zones majeures de cisaillement sont obser-
vées. Il s'agit de bandes de roches découpées ou cisaillées qui séparent
les compartiments déplacés, et qui peuvent présenter une largeur de plu-
sieurs dizaines de mètres.

Les plis sont des mouvements souples de la roche. Le temps de


plissement est très long. On dit qu'une roche se plisse lorsqu'une sur-
face de référence plane se transforme en une surface gauche ou ondulée.
L'échelle des plis va du millimètre aux kilomètres. Le pli en voûte est
l'antiforme et le plis en creux est le synforme. Les cotés portent le
nom de flanc (figure 2.7). La ligne imaginaire le long de la crête d'un
antiforme ou de la partie basse d'un synforme se nomme axe de pli. Le
plan qui contient les axes de pli porte le nom de plan axial (figure
2.7).

Nous illustrons par le figure 2.8 deux (2) cas particuliers, la


nappe de charriage qui est un pli-faille avec déversement que l'on re-
trouve dans le cambro-ordovicien le long de la rive sud du St-Laurent et
dont la faille des Chick-Chocks est un exemple. Le graben est un fossé
d'effondrement suite à une distension. Le Saguenay est le résultat d'un

mouvement de ce type.
24

0
00
0"'"' v d
1:‘
b)

Figure 2.7 a) Antiforme b) Synforme c) Plan axial

o)

b)

I Km
l I
ÉCHELLE

Figure 2.8 a) Faille de chevauchement


b) Graben
25

2.4 Géologie régionale

Un divise généralement la péninsule gaspésienne en trois bandes


géologiques parallèles de direction approximative est-ouest. Pour sim-
plifier, elles sont désignées comme la bande nord, la bande centrale et
la bande sud (voir figure 2.9).

La bande au nord est d'âge cambro-ordovicien et est composée,


pour l'essentiel, par le supergroupe de Québec. Celui-ci comprend des
schistes ardoisiers gris, verts et rouges, des grès, des calcaires et des
conglomérats calcaires. Ces roches sont intensément déformées, mais non
métamorphisées. Elles ont subi l'orogénèse Taconique. Â l'intérieur de
la bande nord, de nombreuses failles sont interprétées comme étant des
failles de charriage. Des minéralisations de Cu, Pb, Zn, et Mn sont ob-
servées dans cette bande surtout dans l'arrière pays de Mont-Joli et de
Ste-Anne-des-Monts. De l'or est signalé, mais de façon moins commune
que pour la bande sud. La présence de roches ultrabasiques permet la
présence d'indice en Ni et en Cr. La bande nord est séparée de la bande
centrale, sur une grande portion, par la faille régionale des Chic-Chocs.

La bande centrale fait partie du synclinorium de Gaspé-Connecti-


cut Valley. Elle se compose de roches d'âge silurien et dévonien légère-
ment plissées, charriées sur les roches de la bande nord et recoupées par
plusieurs masses intrusives leucocrates du dévonien supérieur. Cette
bande est composée de ruches silteuses, calcareuses et fossilifères, de
calcaire et de grès. Près du contact entre les bandes nord et centrale,
se trouve une bande de roches altérées qui sont associées à la faille des
Chic-Chocs. Les roches volcaniques présentes sont l'andésite, le basalte
et la rhyolite. L'orogénèse Acadienne a plissé cette bande. Le pli
principal est l'anticlinal de la rivière St-Jean où une bande du Groupe
de Matapédia affleure. Les failles majeures à l'est de la péninsule sont
d'orientation sud-est nord-ouest et portent les noms de Troisième Lac et
Bras Nord-ouest. La bande centrale est minéralisée de façon sporadique.
Les deux (2) failles mentionnées précédemment sont bordées d'indices de
pb-Zn. Le gisement de Murdochville et la région du dôme Lemieux sont les
manifestations de minéralisation les plus connues.
69. 6 • 65.

FLEUVE SAINT-LAURENT

Sainte-Anne-des-Monts
Matane

Rimouski

Rh/lire-du-Loup 4p.
Gaspé

La Pocatière

Percé
New: Richmond

'‘
NOUVEAU-BRUNSWICK

25 0 25 50 75 100 Km

19 •
47. 6.
LÉGENDE

Contact géologique Faille

Faille I Grand Pabos 3 Troisième Lac


• Bande Nord 2 Chic - Chocs 4 Bras Nord -Ouest

Bande Centrale

L Bonde Sud

Figure 2.9 Carte géologique simplifiée de la Gaspésie/Bas-St-Laurent


27

Il y a un passage graduel et concordant entre la bande centrale


et la bande sud d'âge cambro-ordovicien. Contrairement aux roches de la
bande nord, les roches de la bande sud présentent des plis ouverts et
simples sans indication de plissements multiples. La bande est principa-
lement composée des groupes d'Honorat et de Matapédia formés de calcaire,
de shiste argileux gris, de mudstone, de siltstone et de grès gris et
vert. Cette bande est recoupée par la faille régionale de Grand Pabos
qui est de direction est-ouest. Des minéralisations d'or, d'argent et
d'antimoine sont associées aux failles subsidiaires de cette faille prin-
cipale. Du cuivre est aussi présent. La région de Newport présente une
minéralisation typique du cambrio-ordovicien avec du Pb, Zn, Ni, Mn et
Cu.

Finalement, une mince bordure de roches carbonifères, disposée


en discordance sur les strates d'âge dévonien, longe la Baie des Cha-
leurs. Elles sont les roches les plus jeunes de la région et ne sont dé-
formées et plissées que dans les zones de faille. Elles sont majoritai-
rement des conglomérats.

2.5 Géologie économique

2.5.1 Type de minéralisation

Il existe plusieurs classifications pour décrire les types de


minéralisation. Certaines se basent sur des critères descriptifs comme
la forme du gîte, l'assemblage de minéraux ou la roche hôte, tandis que
d'autres considèrent la genèse du gîte ou son mode de mise en place.
Pour compliquer les choses, les gisements ont souvent subi des modifica-
tions ultérieures et possèdent des caractéristiques associées à plus d'un
type de gîte. Comme il n'y a pas de système universel, nous choisirons
donc une typologie mixte qui comprend les types sédimentaire, magmatique,
volcanique, filonien, d'altération et de remobilisation, qui s'appliquent
à notre région et qui englobent les occurrences connues.
28

Les minéralisations de type sédimentaire sont celles formées en


même temps et par le même processus que les roches sédimentaires. Les
minéralisations sont interlitées avec les sédiments ou disséminées dans
certains bancs. De par leur mode de formation, les dépôts sédimentaires
sont concordants avec les formations encaissantes. Ils peuvent à l'occa-
sion être de grande taille, comme les formations de fer ou de manganèse
par exemple. Les minéralisations sédimentaires se divisent en deux grou-
pes selon qu'elles résultent d'une sédimentation chimique ou d'une sédi-
mentation clastique. Les minéralisations d'origine chimique comprennent
les évaporites: le sel, la potasse, le gypse et l'anhydrite. Parmi les
minéralisations d'origine clastique, on tonnait surtout les conglomérats
et les grès aurifères qui sont en réalité des placers consolidés. Les
placers proprement dits peuvent aussi être considérés comme des minérali-
sations sédimentaires. Les principaux minéraux économiques qu'on retrou-
ve dans les placers sont l'or, le platine, la cassitérite, l'ilménite et
le diamant. La magnétite forme à l'occasion des sables noirs. Ces miné-
raux sont concentrés dans les placers parce qu'ils sont chimiquement sta-
bles et qu'ils ne se dissolvent pas facilement. Ils sont durs et résis-
tent à l'usure ou encore sont maléables et évitent la fragmentation.

Les minéralisations de type magmatique se subdivisent en deux


sous-types, celles de ségrégation magmatique et celles reliées à des in-
trusions felsiques. La ségrégation magmatique est le phénomène par le-
quel des minéraux métalliques forment des concentrations au moment de la
cristallisation. Des minéraux comme la magnétite et la chromite forment
des niveaux dans le magma encore liquide. Comme résultat final, après le
refroidissement total du magma, les minéraux métalliques forment des ban-
des bien définies. A l'occasion, ils forment des amas (voir figure
2.10). I1 n'y a pas de trace de mise en place de la minéralisation comme
telle puisque les minéraux se sont formés simultanément avec la roche.
Les roches mafiques à ultrarnafiques peuvent contenir des niveaux el peu-
vent être associés la chromite, l'ilménite, la magnétite et le platine,
ou encore la chalcopyrite, la pentlandite, la pyrite, la pyrrhotine et le
platine.
29

Les manifestations reliées aux intrusifs felsiques comprennent


principalement les "porphyres de cuivre" et les skarns. Les porphyres de
cuivre sont appelés ainsi parce que les plutons felsiques, avec lesquels
ils sont associés, ont généralement une texture porphyrique. La mise en
place est le résultat de l'injection, dans les fractures des roches en-
caissantes et du pluton, de solutions minéralisées reliées avec la source
du pluton. Les minéraux communément formés dans les fractures sont la
pyrite, la chalcopyrite et la molybdénite.

Diorite

MMOONAW Gabbro
~

Diori te

3"°'Gabbro
~ ~ ♦ V ~ ~ ~ •••••.

Minéralisation

Figure 2.10 Intrusif gabbroïque étagé avec amas et niveau de chromite

Le pluton, par sa mise en place et par l'activité hydrothermale


associée, transforme les roches en place (figure 2.11). Les roches car-
bonatées, comme le calcaire, sont recristallisées et modifiées par le mé-
tamorphisme et/ou par le passage des solutions magmatiques. Elles pren-
nent le nom de skarn et donnent lieu à la formation de minéraux calcosi-
licatés comme le diopside et le grenat.

L'étendue de la zone minéralisée dans les skarns varie de 60 à


500 m de diamètre, tandis que son épaisseur dépend de l'épaisseur du lit
calcaire, soit de 1 à 40 m environ. Cette zone est entourée d'une zone
d'altération qui peut avoir plusieurs kilomètres de diamètre. La minéra-
lisation est amenée dans le calcaire par des systèmes de fractures. Le
carbonate de calcium est dissout par les solutions acides, qui transpor-

tent la minéralisation, et cause la précipitation sur place de la minéra-


lisation.
30

Celle-ci remplace parfois complètement le calcaire et se présente massi-


ve, ou encore se présente finement disséminée, parfois difficile à voir à
l'oeil nu. Les éléments métalliques qui forment des minéraux économiques
dans les skarns sont le cuivre, le molybdène, le plomb, le zinc, l'étain,
le tungstène et le fer. Ce type de minéralisation est celui qui offre le
plus grand potentiel pour les métaux de base dans la région.

.._r_ --1— T —7--


T -r- ---r- T
--r- - T.
...‹.....-T"-
/~ ~-- -^1--- -T- l+ T.1-- ~~
~ ~ — —
~ T Skarn ‘')... --r--- -T ._/-
..-1' -T ~
...or- -/- + --/, --r- -,-- -r-
i~
~r ,-r- +++++ ~~ 1 ._ _T Calcaire
~+ ,-r- ++ + + ~` 1~ __ T
if
~r if + + + + T- -r-
,-r"' _ + + +
+ + + +
+ + + + • ; Gris
4- + + + + • - -• .

I-Intruslf felsique

Figure 2.11 Pluton felsique avec auréole de skarn

Les minéralisations de type volcanique comprennent surtout les


amas de sulfures massifs polymétalliques et dans une moindre mesure, les
autres manifestations associées à la mise en place, au refroidissement et
à la consolidation des roches volcaniques. Dans le premier cas, les
sources thermales actives durant le volcanisme apportent des sulfures en
solution, qui sont déposés en conformité sur les coulées. Il semble
exister une relation entre les roches volcaniques felsiques et la minéra-
lisation d'amas de sulfures massifs. Plusieurs exemples de gîtes conte-
nant du cuivre, du zinc et d'autres métaux se retrouvent le long du con-
tact entre la rhyolite et des roches connexes, lesquelles sont recouver-
tes d'andésite et de roches associées. Des minéralisations sont aussi
observées disséminées dans les coulées et dans les microfissures de re-
froidissement.' A une certaine distance des cheminées volcaniques, les
cendres résultant d'événements explosifs lors des éruptions volcaniques
peuvent également contenir des minéralisations. Celles-ci sont interli-
tées avec les tufs et sont à grains très fins.
31

Les minéralisations filoniennes sont le résultat de la déposi-


tion de minéraux par des solutions hydrothermales le long de plans de
fractures. Cette déposition se produit à cause du refroidissement des
solutions ou de la précipitation due aux conditions chimiques qui y pré-
valent. Par définition, un filon est un corps qui est dix fois plus long
qu'il est épais; s'il ne recoupe pas les couches de roches dans lesquel-
les il est inclus, il prend le nom de filon-couche. La roche qui con-
tient les filons est désignée sous le nom de roche encaissante ou roche
hôte. Au contact des filons et de la roche encaissante, il n'est pas ra-
re que la minéralisation imprègne les parois. On désigne ces parois par
les noms d'éponte supérieure et d'éponte inférieure, selon la position de
la paroi rocheuse par rapport au filon (voir figure 2.12). Les termes
veinules et filonnets sont utilisés lorsque les films sont d'une épais-
seur inférieure à 1 cm. Lorsque les fractures minéralisées sont très
nombreuses, minces et sans direction préférentielle, on dit qu'elles for-
ment un réseau de stockwerk. Si ce réseau est suffisammant dense, la mi-
néralisation peut être économiquement exploitable.

Veine
Éponte supérieur ~ Éponte inférieure
+
+ + + + + + + s -L1,-..--.Ç- ~ ~t +
+ + + + + + + ,:=-z*: , .+ + + + + +
+ + + + + + + + + + + + +
+ + + + + + ~+ + + + + + + +
+ + + + + + + + + + + +
+ + + + +
~ ,..t + + + + + + -I- -4- Roche encoissante
++ + + :;~% ~~;, + + + + + + + t
+ + + t . + + + + + + + + +
+ + + +,::_N`' ., ;.``~:' -:;,:- + + + + + + + + +
+ + + + :;i^: + + + + + + + + + +
4S + + + + + + + + + +
+ + +
+ + + ~.~~• .. Q~ + + + + + + + + + + +

Figure 2.12 Intrusion d'un filon


32

Le quartz et la calcite sont les principaux minéraux consti-


tuants d'un filon. On dit qu'ils sont des minéraux de gangue, c'est-à-
dire qu'ils servent de porteurs pour la minéralisation observée dans le
filon et n'ont aucune valeur commerciale. Le remplissage de brèches par
des minéraux économiques est inclus dans le type filonien.

Les minéralisations d'altération sont le résultat de la trans-


formation des roches et des minéraux économiques qu'elles contiennent par
voie d'altération. Presque tous les minéraux métallifères qui se trou-
vent en surface sont altérés par l'eau de ruissellement qui les attaque
et les transforme en nouveaux minéraux, généralement sous forme d'oxydes
ou d'hydroxydes. Les minéraux d'altération les plus connus sont la limo-
nite contenant du fer et la malachite contenant du cuivre. Les minérali-
sations d'altération se forment lorsque l'altération n'entraîne pas la
destruction du gîte original, mais ne fait que transformer la minéralo-
gie. Ces gîtes ont le plus souvent une racine non-altérée, mais il arri-
ve que la partie altérée soit plus économiquement intéressante que la ra-
cine. L'altération concentre les éléments métalliques de deux façons:
soit par la formation de nouveaux minéraux à forte teneur, soit par la
dissolution et l'élimination des constituants de moindre valeur pour ne
laisser en place que les minéraux recherchés. Ces minéralisations repré-
sentent très peu de gîtes importants dans notre pays à cause du climat et
de l'érosion des sols résiduels lors des glaciations.

Les minéralisations de reinobilisation sont celles oû grâce à la


circulation de fluides, les métaux sont solubilisés, transportés et con-
centrés pour former un gîte. Contrairement au type magmatique et au type
volcanique, la minéralisation ne provient pas des solutions hydrotherma-
les, mais est déjà contenue dans la roche avant sa concentration. Les
solutions lessivent la roche de ses métaux et les déposent dans des pié-
ges, le plus souvent des fractures, des brèches ou des vides. La sécré-
tion latérale est la désignation de l'action de concentation en roche so-
lide (voir figure 2.13). Les solutions hydrothermales ont comme moteur
l'action des forces magmatiques, métamorphiques ou météoriques. Certains
filons aurifères sont le résultat du lessivage par des solutions de l'or

contenu dans les roches volcaniques, ultérieurement à la consolidifica-


33

tion de ces roches. Les autres types de minéralisation ont à l'occasion


des parties plus ou moins importantes remobilisées pour ainsi former une
superposition de types de minéralisation.

Minéralisation

Minéralisation disséminée

Figure 2.13 Exemple de sécrétion latérale

2.5.2 Indicateurs

Les indicateurs sur le terrain sont des observations géologiques


à partir desquelles on peut orienter une prospection minérale. Le con-
trôle de la minéralisation s'opère par des facteurs tels que la strati-
graphie, la lithologie, la structure, le métamorphisme et la géomorpholo-
gie. Ces facteurs ont une valeur inégale selon le type de minéralisation
recherchée. Ils se partagent en deux catégories, soit ceux qui ont pu
avoir un contrôle sur la mise en place de la minéralisation, soit ceux
qui résultent de cette mise en place.

Les facteurs qui résultent de la mise en place sont les minéraux


économiques en place, les blocs et débris, les veines, l'altération des
minéraux économiques et l'altération de la roche encaissante. Ceux-ci
ont l'avantage d'être des signes directs de minéralisation, mais ne sont
pas garants d'une valeur économique.

La stratigraphie est un indicateur lorsqu'il est possible de re-

lier à un horizon stratigraphique spécifique un potentiel de minéralisa-


34

tion. Cet indicateur s'applique pour les minéralisations concordantes de


type sédimentaire ou de type volcanique. Les dépôts de silice en Gaspé-
sie/Bas-St-Laurent, par exemple, se trouvent dans des niveaux stratigra-
phiques reconnus. Dans le cas de certaines formations géologiques, des
horizons de tuf servent comme niveau marqueur et ont des minéralisations
de sulfures massifs qui leur sont associés.

La lithologie est un indicateur lorsque la minéralisation peut


être rattachée à un type de roche en particulier. Selon le type de miné-
ralisation recherchée, certaines roches offrent un meilleur potentiel à
cause de leur chimisme ou leur mode de formation. On pense par exemple
aux minéralisations de chrome-nickel qui sont intimement reliées avec les
roches mafiques à ultramafiques. Pour ce type de roches, la prospection
s'orienterait donc vers des minéralisations du type ségrégation magmati-
que. Comme autre exemple, les schistes peuvent servir de piège lors-
qu'ils croisent à angle droit des torrents qui charrient de l'or. En
effet, cette roche friable formera des replats dans le lit de la rivière
favorisant l'accumulation de minéraux lourds (voir figure 2.14). Les ro-

Écoulement du torrent
Miniums lourds

Calcaire-0.X /

Schiste
Grès

Figure 2.14 Erosion différentielle dans le lit d'un


torrent et piège de minéraux lourds.
35

ches calcareuses, situées à proximité des intrusions, peuvent donner des


skarns minéralisés.

Les indicateurs structuraux comprennent les failles, les cassu-


res, les joints, les zones de cisaillement et dans une moindre mesure les
plis. Les cassures sont des voies privilégiées pour la circulation de
fluides hydrothermaux. Comme nous avons vu dans la section précédente,
plusieurs types de minéralisation sont le résultat du transport chimique
et de la déposition de minéraux par des systèmes hydrothermaux. Certai-
nes failles majeures contrôlent la minéralisation sur une base régionale.
Ces failles servent de canaux aux solutions minéralisantes et les failles
mineures conjuguées sont le site de déposition de la minéralisation. Les
systèmes de fracturation, grands et petits, doivent être scrutés attenti-
vement dans le but d'y découvrir des signes de minéralisation ou du moins
tout signe du passage de solutions. On pense à la faille de Grand Pabos
qui est interprétée comme jouant un rôle important pour la présence de
minéralisations d'or et d'argent le long de son passage. De même, les
failles qui originent à Cap Gaspé et à Percé et qui se dirigent vers le
nord-ouest sont toutes deux le siège de nombreux indices de plomb-zinc.
Le contrôle structural a été reconnu dans beaucoup de minéralisations.
Les failles conservent un grand attrait pour les prospecteurs.

Le métamorphisme joue à l'occasion un rôle sur la minéralisa-


tion. Le métamorphisme de contact forme dans la roche encaissant les
plutons des auréoles de dimensions variables. Celles-ci sont le résultat
des hautes températures et des hautes pressions qui accompagnent l'intru-
sion, causant des fracturations en périphérie du pluton et permettant la
circulation de solutions. Ces auréoles sont le site privilégié pour des
minéralisations de métaux de base ou de tungstène. Le pourtour des Monts
McGerrigle est un exemple de cet environnement qui pourrait contenir de
la scheelite. Les skarns font partie de cette famille de roches alté-
rées, même s'ils ne sont pas toujours directement en contact avec un plu-
ton. Â Murdochville, le skarn est cuprifère.
36

La morphologie est un indicateur lorsque celle-ci favorise la


concentration de minéraux. La formation des placers, par exemple, exige
que le cours d'eau soit suffisamment actif afin de trier les sédiments.
En effet, l'or se retrouve dans les graviers parce que la vitesse de
l'eau était suffisamment forte pour séparer les sédiments fins du gra-
vier et pour concentrer les particules d'or.

Les minéraux économiques en place sont des indicateurs de pre-


mier ordre. Le prospecteur aperçoit parfois directement des minéraux
économiques en affleurement ou en brisant de la roche. La présence de
minéraux économiques indique que certaines des conditions nécessaires à
la formation d'un gîte sont réunies. Il faut donc ratisser avec soin les
zones où des minéralisations sont visibles. Par minéraux économiques, on
entend aussi les minéraux associés qui n'ont pas de valeur en soi comme
la pyrite, la pyrrhutine, etc., mais qui indiquent une activité minérali-
satrice dans le secteur. Des minéralisations comme les porphyres de cui-
vre ont des zonations de pyrite, galène et de sphalérite autour du noyau
économique qui peut être de l'ordre du kilomètre. La cible formée par
les minéraux associés est normalement plus grande que celle formée par
les minéraux économiques seulement.

Les blocs, débris et fragments sont des morceaux d'affleurements


minéralisés qui ont été transportés plus ou moins loin de leur source et
qu'on retrouve en surface lors de la prospection de détail. Les agents
de transport sont les glaciers, les cours d'eau, le gel ou la gravité.
Le degré d'arrondi des débris permet d'estimer la distance de transport.
La roche hôte donne une indication du type de lithologie â rechercher.
En pratique, remonter des traînées de blocs vers leur source peut être
difficile. Des débris de pentes sont en principe plus facile â suivre
que ceux transportés par les glaciers ou les cours d'eau (figure 2.15).

Les veines sont une morphologie commune pour plusieurs minérali-


sations. Dans le cas des veines de quartz, elles sont faciles â recon-
naître, étant plus résistantes à l'érosion et tranchant nettement par
rapport aux autres roches du socle. Certaines des veines sont aussi com-

posées de calcite ou d'une façon moindre de fluorine, de barytine, de


37

COUPE PLAN
//—Colcairs

Gris

-7- ~ '

T
// ~ T
,t5 \\
/ \
Minéralisation
/
//

rulsssou

Figure 2.'15 Dispersion mécanique et traînée de débris

gypse, d'anhydrite, de strontianite, de celestine ou de dolomie. Celles-


ci varient beaucoup en apparence de par leur taille, leurs constituants,
l'environnement géologique et probablement l'origine. Comme les veines
sont le résultat de remplissage de fractures, elles sont liées aux défor-
mations structurales. Elles pourraient d'ailleurs être classées par le
type de vide qu'elles remplissent. La plupart sont stériles, ne conte-
nant aucun minéral de valeur. Lorsque des sulfures sont présent dans la
veine ils sont à l'occasion complètement disparus de la surface à cause
de l'altération.Il reste alors un quartz corrodé avec des vacuoles de
dissolution et de la rouille. Dans ce cas, il faut fouiller le filon
plus profondément avec des moyens mécaniques ou des explosifs. L'or
n'est souvent pas visible étant très finement disséminé dans la veine.
La présence ou la trace de sulfures est un signe favorable. L'échantil-
lonnage spécifique des filons et leur analyse sont un des éléments de la
prospection de base, toute veine mérite un examen attentif.
38

Tableau 2.5 Altération des minéraux économiques

Élément Forme minéral Couleur

Cu malachite, azurite vert de gris, bleu foncé

Ni arséniate vert pomme

Co arséniate rose ou rouge

Mo oxydes jaune pâle

Mn oxydes hydratées noir de suie

U autunite jaune ou orange ou vert vif

Pb, Zn oxydes et carbonates surtout blanc


39

L'altération des minéraux économiques ou celle des minéraux


associés est visible en surface. Le chapeau de fer où tout l'affleure-
ment est rouillé est la forme la plus commune. Les oxydes de fer qui
donnent cet aspect sont la limonite, la goethite, l'hématite, la lépido-
crosite et la jarosite. Ils proviennent de l'altération de la pyrite et
des autres minéraux ferreux qui sont communs. La magnétite ne s'oxyde
pas facilement sauf en présence de minéraux sulfurés. La couleur du cha-
peau de fer, qui varie de brun jaunâtre à chocolat à rougeâtre, et sa
texture donnent des indications sur les minéraux primaires à l'origine de
celui-ci. L'interprétation est toutefois ardue. L'important à retenir
est que la présence de chapeaux de fer est un élément positif qui justi-
fie que l'on s'attarde sur l'environnement qui l'a formé. Certains miné-
raux métalliques donnent en s'altérant des couleurs caractéristiques. Le
tableau 2.5 présente une liste des principaux minéraux d'altération et de
leur coloration. Ces minéraux secondaires forment souvent des taches à
la surface des gisements ou des roches voisines. L'étendue en surface
couverte par les minéraux secondaires n'est pas proportionnelle à la
taille de la source. La localisation est quelque fois déplacée par la
pente, ou bien les minéraux secondaires sont fixés quelque part en aval
de la source où des conditions physico-chimiques particulière le permet-
tent.

L'altération de la roche encaissante est la modification minéra-


logique de la ruche due à l'introduction de solutions qui ont précédé ou
accompagné le dépôt de la minéralisation. Les solutions réagissent avec
les minéraux de la roche primitive pour former de nouveaux minéraux. La
taille des zones altérées est très variable. Parmi les facteurs affec-
tant l'étendue de l'altération, on note le degré de fracturation, la com-
position de la roche hôte et son homogénéité, la composition et le volume
des intrusions et la nature des solutions. Les transformations minéralo-
giques sont complexes. Les principaux minéraux d'altération sont la sé-
ricite, la chlorite, le quartz ou autre silice, la calcite ou autre car-
bonate, la pyrite et l'hématite. Â petite échelle, le phénomène peut
être observé en bordure des filons où sur quelques centimètres on remar-
que une chloritisation par exemple, soit par l'apparition de fins cris-
40

taux de chlorite qui donnent une teinte verdâtre à l'encaissant immédiat.


Cette altération prend des proportions beaucoup plus grandes dans le cas
d'un gîte. Si l'altération peut être vue en surface et que le gîte est
caché, on voit immédiatement l'intérêt de considérer cet indicateur. Un
exemple d'altération hydrothermale est observé au Dôme Lemieux, où une
partie des roches affleurantes sont chloritisées. Les altérations régio-
nales sont le plus souvent intimement reliées avec la structure, puisque
les cassures servent de conduits aux solutions.

Parmi les exemples classiques d'altération figurent les porphy-


res de cuivre. La figure 2.16 donne un cas général d'altération concen-
trique à partir du pluton. Pour apprendre à reconnaître les altérations,
il faut visiter des indices où l'altération est reconnue.

LÉGENDE

I Quartz , feldspath K , blotite

2 Ouortz , siricite , pyrite

3 Quartz , kaolin , montmorillonite

4 Épidote ,calcite , chlorite

I Km
I i
ÉCHELLE

Figure 2.16 Zonation théorique de l'altération associée â un porphyre


cuprifère

Finalement, il y a l'exemple des skarns où l'altération permet


de délimiter des aires d'intérêt. D'abord le CaCO3 du calcaire est dis-
sout, ensuite le calcium s'associe aux silicates et au fer de la roche et
41

des solutions hydrothermales pour former des minéraux calcosilicatés qui


donnent ses couleurs d'altération aux skarns.

2.5.3 Association minérale

Nous définirons les quatre principaux assemblages minéraux qu'on


retrouve en Gaspésie/Bas-St-Laurent. Ce sont des minéraux qu'on retrouve
ensemble régulièrement dans des gîtes. La genèse du gîte est le facteur
principal qui dicte la combinaison des minéraux.

1) Galène, sphalérite, chalcopyrite, argent, or, quartz, calci-


te, ankérite

Cette association se présente principalement sous forme filo-


nienne. Le gîte Candego au nord-est de la Gaspésie en est un exemple.
Il se compose de plusieurs veines de 0,5 m à 1,5 m d'épaisseur, alignées
le long de la faille de Candego. La gangue est formée de quartz et d'un
peu de calcite. La minéralisation observée est de la galène en amas,
disséminée et massive. L'argent est abondant et associé à la galène.
Des teneurs très variables en or (0 à 16 g/t Au) sont présentes dans ces
veines. Le gisement, qui a été exploité pour le plomb, entre 1948 et
1954, est présentement à l'étude pour son potentiel argentifère et auri-
fère.

Un autre exemple est le filon Baker, situé le long de la faille


du Grand Pabos. Il est constitué de quartz, de carbonates, de galène,
sphalérite, pyrite, chalcopyrite, or et argent. Il affleure sur 40 m de
longueur. L'or serait intimement associé à la pyrite et à l'arsénopyri-
te, et l'argent à la galène.

2) Chalcopyrite, pyrrhotine, argent, molybdénite, diopside, gre-


nat, épidote, hématite, magnétite et fluorine
42

Cet assemblage de minéraux est typique des minéralisations de


skarn. Les minéraux d'altération sont la wollastonite (cristaux blanc en
aiguille), le diopside (vert) et le grenat (brun rouge). L'épidote (vert
pistache) et l'hématite (rouge) sont quelques fois observés. La fluorine
est fréquemment observée au coeur des zones minéralisées.

Le gisement de Murdochville des Mines Gaspé représente un exem-


ple de ce type de minéralisation. Le gisement est composé d'un skarn cu-
prifère. Au moins deux venues minéralisatrices ont mis en place les
paragénèses suivantes: pyrrhotine + chalcopyrite + sphalérite et quartz
+ fluorine + chalcopyrite. En 1983, des analyses du skarn minéralisé ti-
traient 1,25% Cu et 0,03% Mo avec des traces de Pb, Zn, Ag, Au et Bi.

Le prospect de St-Fidèle, situé dans le canton de Restigouche,


est aussi un exemple de skarn cuprifère. La minéralisation consiste en
chalcopyrite avec pyrite et pyrrhotine. Les sulfures se retrouvent dans
un dyke de microgranite et dans le calcaire altéré encaissant. Dans le
dyke, on note aussi la présence de molybdénite.

3) Malachite, cuprite, cuivre natif, barytine, chlorite, sérici-


te, ankérite ou sidérose

Les minéralisations de type volcanique ont produit ces assembla-


ges. Le potentiel minier de ce type de minéralisation semble pauvre mais
n'a jamais été exploré à fond. On peut donner en exemple les gîtes des
cantons de St-Denis et de Tessier où du cuivre natif a été découvert dans
les laves ultrarnafiques. Dans le canton de Vondenvelden, de la malachite
est disséminée dans des laves hématisées. A Pointe-à-la-Croix, de la
galène massive est observée dans les laves hématisées. Cette minéralisa-
tion est disséminée dans les laves et massive dans les veines qui traver-
sent ces laves.

4) Chromite, chalcopyrite, pentlandite, nickéline, magnétite,


platinoïdes
43

Cet assemblaye est typique des gîtes de ségrégation magmatique


résultant de la différentiation des roches rnafiques et ultrarnafiques. La
chrornite et la chalcopyrite ne se trouvent pas ensemble dans un même gîte
en quantité économique.

L'exemple, peut-être le plus connu au monde, est celui des mines


de Sudbury en Ontario. Les minéraux présents sont la pentlandite, la
chalcopyrite, la pyrrhotine, la pyrite, la cubanite, la maynétite, la
sphalérite, la galène et des minéraux du groupe du platine.

La plus grande occurrence caractérisée par le chrome est le com-

plexe igné du Bushveld en Afrique du Sud. Plus près de nous, des niveaux
de chromite sont observés au Mont Albert. La dunite et l'harzburyite
contiennent des spinelles chrornifères en faible quantité. Les lentilles
de dunite podiforines semblent plus riches erg chrornite que le reste des
péridotites.

Références

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and Hall, 466 p.

Gilbert„ M.J. & Park, C.F., 1986. The geology of ore deposits
W.H. Freeman and Co., 985 p.

Kirkham, R.V., 1971. Intermineral intrusives and their bearing


on the origin of porphyry copper and molybdenum deposits.
Econ. Geol. no 66. pp. 1244-1249.

Kuzuart, M. Bühmer M., 1986. The yeoloyy of ore deposits.


W.H. Freernand and Co, 985 p.

Peters, W.C., 1978. Exploration mining and geology, John Wiley


& Sons, 696 pp.
44

Rayuin, E., 1961. Géologie des gîtes minéraux. Masson & Cie,
686 p.

Shelton, K.L., 1983. Composition and origin of ore-forming


fluids in a coarbonate-hosted porphyry copper and skarn
deposit: a fluid inclusion and stable isotope study of
Mines Gaspé, Québec. Economic Geology no 78, pp 387-421.

Stanton, R.L., 1972. Ore petrology, McGraw-Hill book company,


713 p.
45

3.0 LA PROSPECTION

3.1 Objectif de la prospection

La prospection de base consiste dans la recherche de gîtes miné-


raux économiques. Elle est réalisée par l'observation d'affleurements,
d'éboulis et de graviers. Elle cherche, par observation et déduction, à
localiser des indices de minéralisation en surface. Pour ce faire, le
prospecteur parcourt des itinéraires qui sont choisis à partir des infor-
mations disponibles (cartes, fiches de gîte, levés régionaux). La pros-
pection de base requiert peu de matériel et une faible mise de fonds. Au
fur et à mesure que des indices sont découverts et que leur évaluation
est positive, les moyens scientifiques, techniques et monétaires à mettre
en oeuvre doivent devenir plus importants.

Le prospecteur est donc l'initiateur du processus de découverte


en localisant des indices et en évaluant, selon les moyens dont il dispo-
se, le potentiel de ceux-ci. Il est le premier maillon de la chaîne.

3.2 Équipement de base

L'équipement de base du prospecteur est constitué des outils qui


lui permettent de se déplacer et de s'orienter en forêt, d'observer les
affleurements et finalement d'échantillonner les sites d'intérêt. En voi-
ci une liste:

marteau de géologue
hache
acide HCl 10%
loupe
aimant
46

carte topographique, photo aérienne


porte-carte
boussole
compte-pas
chaîne à mesurer
rapporteur d'angle, règle, crayon, marqueur indélibile
carnet
lunette de sureté
ruban marqueur
sac à échantillon
permis de prospecteur
plaque métallique pour jalonner;

selon les circonstances on ajoute:

pic, pelles
burins, poinçons
masse
batée, tamis
pioche
lampe ultra-violet.

On pourrait ajouter à la liste des révélateurs de zinc ou de


plomb. Ce sont des liquides qui lorsque mis en contact avec des altéra-
tions de ces métaux, produisent une vive coloration.

3.3 Recherche d'un territoire d'intérêt

Le prospecteur doit se choisir un territoire pour l'exploration


selon des critères qui lui permettront de poursuivre efficacement son ob-
jectif de recherche minérale. Un premier critère pourra être des consi-
dérations d'ordre personnel. Un prospecteur, qui partage son temps entre
la prospection et une autre activité économique, choisira un territoire à
proximité de sa résidence au risque de négliger des endroits plus promet-

teurs. Le prospecteur connaissant bien sa région se sentira avantagé à


47

l'intérieur de celle-ci et voudra y rester. Il sera économique pour lui


de prospecter dans sa région.

Un deuxième critère sera l'accessibilité de la région à prospec-


ter. Des considérations financières peuvent limiter le choix du terri-
toire. En effet, prospecter dans des régions isolées nécessite un sup-
port logistique plus important, et, occasionne surtout de plus grands dé-
boursés au niveau du transport si on doit avoir recours à l'hydravion ou
à l'hélicoptère. De plus, l'information géologique, géochimique ou géo-
physique peut y être plus restreinte comparativement à celle disponible
près des principaux centres miniers. Par contre, les chances de décou-
vrir de nouveaux indices de surface sont plus grandes, puisqu'il s'est
fait moins d'exploration dans ces régions isolées. Il est à noter qu'un
gîte qui se trouve éloigné des infrastructures existantes doit compenser
par un meilleur potentiel économique.

Le choix d'un métal ou d'un minéral influence le choix d'un ter-


ritoire. On cherchera le métal ou le minéral dans l'environnement géolo-
gique qui est le plus favorable. La recherche d'un métal, en particu-
lier, a l'avantage de permettre au prospecteur de se spécialiser et de
mieux connaître les "habitudes" du métal qu'il cherche. Ce métal pourra
être choisi parce qu'il y a une tendance favorable sur le marché des mé-
taux par exemple. Cette tendance influe sur la popularité du métal. Il
est toujours plus facile de financer ou d'intéresser des partenaires
lorsque la prospection est dirigée vers un métal "populaire". On consta-
te des cycles qui vont d'un métal à l'autre.

Un quatrième critère est le potentiel géologique. Le choix du


territoire est basé sur des critères géologiques. Une grande faille ou
un type de roche peuvent être la base d'une sélection. Ces environne-
ments peuvent contenir plusieurs métaux; il faudra donc demeurer ouvert à
différentes manifestations de la minéralisation. Avant de s'engager, on
devra, autant que possible, prendre connaissance des types d'indices su-
sceptibles d'être trouvés.
48

Finalement, le signalement de nouvelles découvertes pourra


orienter une campagne de terrain. L'annonce d'une découverte confirme le
potentiel d'un environnement ou le bien-fondé d'une idée, d'une théorie.
Il n'est pas facile d'avoir une bonne position de terrain près d'une dé-
couverte et les ruées doivent être pressenties pour y participer.

3.4 Planification des travaux

L'objectif poursuivi lors de l'étape de planification des tra-


vaux est celui de l'efficacité. On cherchera à trouver un maximum d'in-
dices avec un minimum de temps et d'aryent. Pour ce faire, il est essen-
tiel de ne pas perdre de temps lors des travaux de terrain et de recher-
che grâce à une bonne préparation scientifique et logistique. Il faut
choisir le meilleur terrain possible selon des critères comme ceux énumé-
rés dans la section précédente, et ensuite, planifier les travaux pour en
tirer le maximum au meilleur compte.

On voudra mener à terme la campagne de prospection et ne pas


entreprendre des travaux que l'on ne pourra pas finir faute de temps ou
d'argent. Il vaux mieux se limiter dans l'espace et compléter le tra-
vail.

Un certain nombre de points devrons être considérés lors de la


période de planification. L'objectif de la campagne de prospection, le
métal ou le contexte géologique recherché, le territoire d'intérêt et
l'idée qui sous-tend l'exercice sont des points qui devront être clairs
dans l'esprit du prospecteur. Il sera plus facile de chercher une cible
qui a été bien documentée et bien décrite. Il faudra partir avec un con-
cept bien établi et être conséquent dans la démarche. Toutefois, la re-
cherche d'une cible précise ne devra pas empêcher le prospecteur d'être
opportuniste et d'observer quand même tout autre signe de minéralisation.
L'objectif de la campagne pourra être réévalué en cours de route selon
les informations recueillies et les résultats obtenus.

La première chose â faire est de consulter la documentation géo-


49

scientifique qui traite du territoire à explorer. Cette documentation


comporte les rapports géologiques, géochimiques et géophysiques publiés
par les services gouvernementaux. À ceux-ci on ajoute des documents plus
orientés vers la prospection comme les compilations géoscientifiques et
les fiches de gîte. Finalement, on consultera les travaux statutaires
donnés comme travaux requis par les sociétés d'exploration et qui
s'appliquent à la région. En fait, on voudra savoir à ce moment de quel-
le façon et avec quoi est associée la minéralisation, quelles sont les
altérations qui se présentent en affleurement et dans quel contexte géo-
logique. On voudra établir un portrait robot de la cible et définir les
zones les plus favorables d'occurrence.

C'est à ce stade qu'on consultera les représentants du MER (sec-


teur ruines) en région, pour étudier les documents pertinents disponibles,
et discuter des approches que l'on entend prendre. Il faudra prendre
connaissance des titres miniers en vigueur sur les terrains où on entend
se rendre. La situation évoluera ruais à partir du moment où on aura
choisit un territoire, on devra surveiller l'activité qui s'y déroule.
On se procurera à l'avance les cartes topographiques et les photographies
aériennes du secteur pour les étudier et se familiariser avec la topogra-
phie et l'environnement des lieux.

Lorsque la température le permettera, on fera une visite préala-


ble pour reconnaître la géologie. On choisira une route carrossable qui
recoupe les formations géologiques qui nous intéressent et pour lesquel-
les on possède une description détaillée. On s'habituera à différencier
les différents faciès rocheux en présence, et s'il y a des gîtes abandon-
nés, on les visitera pour voir sur place l'apparence de la venue minéra-
lisée.

On évaluera si le budget disponible est suffisant pour la campa-


gne qu'on veut entreprendre: sera-t-il possible de défrayer les dépenses
d'opération, le camp, les véhicules, les analyses, le jalonnement, la
coupe de ligne, etc? Une comptabilité sommaire sera tenue pour justifier
les dépenses auprès d'éventuels partenaires, pour contrôler les sorties

d'argent et finalement pour attribuer une valeur à d'éventuels travaux


requis.
50

La logistique de la campagne doit tenir compte de l'isolement


du territoire. Y aura-t-il plusieurs campements? avec radio émetteur?
Quel sera le moyen de transport et la fréquence de ravitaillement? Autant
de questions parmi d'autres qu'il faudra prévoir. Lorsqu'on habite dans
des régions périphériques, la commande du matériel de prospection doit se
faire à l'avance. Les analyses des échantillons devront être réalisées
rapidement et systématiquement. Avant la saison, on voudra comparer les
prix demandés par les laboratoires d'analyse tout en tenant compte des
délais de réalisation, des préparations nécessaires et des méthodes em-
ployées.

Cette énumération n'est pas exhaustive, mais elle donne un aper-


çu des points essentiels. Une campagne d'exploration bien planifiée per-
met au prospecteur de prospecter efficacement au lieu de consacrer du
temps en cours de campagne pour s'organiser.

3.5 Orientation en forêt

L'orientation en forêt est un outil que le prospecteur minier


utilise régulièrement dans son travail. Il doit donc dominer la techni-
que, la comprendre, pour ensuite se concentrer sur la prospection et être
efficace. Un usage méthodique d'une carte topographique et d'une bousso-
le donne un meilleur sens d'orientation à celui qui les utilise.

Imaginons que le prospecteur veut se rendre à un lac isolé où


aucune route ne mène, il devra faire une "traverse". Le travail de pros-
pection débouche éventuellement par la mise en plan, sous forme de cartes
et de croquis des travaux, des échantillons recueillis et de la minérali-
sation observée. La découverte d'un indice amène le jalonnement et le
périmètre du claim devra être convenablement orienté. Des travaux de dé-
tail demandent une grille coupée, celle-ci doit être amorcée au bon en-
droit et la ligne de base doit être bien orientée. Autant d'exemples où
il est nécessaire de s'orienter en forêt pour réaliser un travail effica-
ce sans perte de temps.
51

Les instruments de base sont la carte topographique et la bous-


sole. La carte topographique à l'échelle 1/50 000 représente avec beau-
coup de minutie les accidents géographiques tels que les montagnes, les
vallées, les cours d'eau, les routes et les lacs. Elle donne le relief
avec suffisamment de précision pour permettre la planification d'un tra-
jet. Avec l'habitude on apprend à visualiser la topographie donnée sur
les cartes par les courbes de niveau et à se reconnaître sur le terrain.
Sur les cartes topographiques figurent aussi les limites des cantons et
des rangs, si le terrain est arpenté. Un mince quadrillage recouvre la
carte, le quadrillage TUM. Il sert à localiser avec précision un point.
La façon d'utiliser ce quadrillage est généralement présentée sur les
cartes topographiques.

Plusieurs types de boussoles existent sur le marché selon l'usa-


ge qu'on s'attend à en faire. Une boussole d'orientation est du type
Silva. Elle devra pouvoir être ajustable pour tenir compte de la décli-
naison magnétique. La déclinaison est la différence entre le nord magné-
tique, qui attire l'aiguille aimantée de la boussole, et le nord géogra-
phique qui est le nord vrai donné sur les cartes. Au Québec, la décli-
naison varie entre 10 et 25 degrés vers l'ouest. La carte topographique
de la région donne la valeur exacte (voir exemple en figure 3.1). La
boussole devra avoir aussi un clinomètre pour la mesure des pentes et des
pendages.

Pour prendre une course, il faut:

- tenir la boussole dans la main loin d'un objet métallique qui


pourrait faire dévier l'aiguille;

- placer la ligne de visée dans la direction choisie;

prendre un point de repère le long de la ligne de visée. Le


point doit être loin et aisément identifiable (un grand arbre
par exemple).
52

55'

TN

lr
N.G

18
22°35' 1°19'
or/ou or/ou
401 Mils ^' 23 Mils

17

16
Use diagram only to obtain numerical values
APPROXIMATE MEAN DECLINATION 1978
FOR CENTRE OF MAP
Annual change decreasing 63 '

N'utiliser le diagramme que pour obtenir les valeurs numériques


DÉCLINAISON MOYENNE APPROXIMATIVE
15 AU CENTRE DE LA CARTE EN 1978
Variation annuelle decroissante 6.3

ONE THOUSAND METRE


UNIVERSAL TRANSVERSE MERCATOR GRID
ZONE 20
~ QUADRILLAGE DE MILLE MÈTRES
TRANSVERSE UNIVERSEL DE MERCATOR
:
3

Figure 3.1 Exemple extrait de la carte topographique 1/50 000 Sunny Bank

En l'absence de boussole, le soleil et l'étoile polaire donnent


un moyen de s'orienter. L'important, lorsque l'on vient à douter de la
direction à prendre, est de garder son calme et de réviser le trajet déjà
parcouru dans la journée.

Il nous faut aussi mesurer la distance parcourue. Plusieurs fa-


çons nous sont données. Si un point de repère est à proximité, nous pou-
vons nous positionner sur la carte topograpique. Les géologues, lors-
53

qu'ils font une traverse, comptent leurs pas pour évaluer la distance.
De cette façon, ils peuvent en tout temps localiser un échantillon avec
précision à partir de leur point de départ. Préalablement, il s'agit de
mesurer son pas sur des distances connues pour en connaître la longueur.
Dans les bois forts ou en montant les pentes, les pas sont plus courts.
La distance peut être estimée également par le temps pris pour réaliser
un trajet. Cette méthode demande toutefois une certaine habitude.

Si on a pris note de la direction et de la distance de chacun


des mouvements, par un croquis, on peut déterminer la direction et la
distance pour retourner au point d'origine, comme le présente la figure
3.2.

; .• 6 f0• 350m C

1 ~ ~80• 276 m
1
1
1

A
Départ

300m
1
&HELLE

Figure 3.2 Trajet à la boussole pour revenir au point de départ:


marcher 600 m à 160°

Références

Esclasse, P., 1986. Apprendre à s'orienter: carte, boussole,


étoiles. Edisud. 95 p.
54

Godin, S., 1977. Lecture de cartes et orientation en forêt.


Édition du jour. 95 p.

Kjellstrdm, B., 1978. Carte et boussole. Les éditions de


l'homme. 236p.

Provencher, P., 1973. Vivre en forêt. Les éditions de l'homme.

3.6 Échantillonnage

3.6.1 Objectif

Le processus d'exploration en est un d'élimination où, à partir


d'un grand territoire, des zones à faible potentiel sont éliminées. Les
zones à meilleur potentiel sont alors identifiées et échantillonnées de
façon sommaire dans le but de déceler les minéraux ou les métaux en pré-
sence et de mesurer s'ils sont en quantité anomalique. Suite à des ré-
sultats positifs, l'indice est évalué quant à sa taille, sa teneur et son
tonnage par un échantillonnage plus systématique.

La découverte, la confirmation et l'évaluation d'un indice ou


d'un gîte découlent des résultats obtenus lors de l'échantillonnage.
Celui-ci devra être suffisamment détaillé pour identifier les indices.
Au stade de l'évaluation, la méthodologie prend plus d'importance puis-
qu'on veut attribuer une valeur à l'indice. Pour répondre aux objectifs
d'évaluation et de crédibilité, l'échantillonnage doit être réalisé avec
soin, de façon statistiquement valable, et être bien documenté. Une mé-
thode systématique apporte un point de vue plus objectif.

Éventuellement, un échantillon de grande taille est prélevé pour


des tests métallurgiques, mais ceci est à un stade avancé de l'explora-
tion.
55

3.6.Z Méthode

Il y a plusieurs méthodes pour échantillonner un indice. Le de-


gré d'effort dépend du stade de connaissance et de l'objectif visé
(échantillonnage de reconnaissance ou échantillonnage d'évaluation).
L'échantillonnage au hazard peut être réalisé sur un indice de grande di-
mension al la minéralisation est disséminée. La méthode pourrait s'ap-
pliquer aux minéraux industriels mais est normalement non recommandable.
L'échantillonnage de spécimens, d'échantillons choisis, donnent des ré-
sultats non concluants. Il facilite l'identification des minéraux ou mé-
taux et donne une valeur des meilleurs sections. Il sert à attirer
l'attention, mais son manque de représentativité le prive de toute crédi-
bilité. L'échantillonnage par éclats consiste, avec l'aide d'un marteau
et d'un burin, à détacher des éclats à intervalles réguliers le long
d'une ligne. On essaie de prendre des morceaux de grosseur équivalente.
C'est une méthode simple et rapide pour un échantillonnage préliminaire.
L'espacement entre les éclats doit être plus petit que la cible poursui-
vie. L'échantillonnage par saignées produit de bons résultats. Autre-
fois, réalisé au marteau et au burin, il est fait aujourd'hui à la scie
portative. Deux (2) rainures parallèles, espacées de 4 à 8 cm et profon-
des de 2 à 3 an, recoupent la zone d'intérêt perpendiculairement à
l'allongement. Les morceaux sont détachés de l'affleurement avec un mar-
teau et un burin pour former un canal régulier.La saignée donne lieu à un
ou plusieurs échantillons selon la longueur de celle-ci ou de la configu-
ration de la minéralisation. On marque à la craie la saignée ainsi que
l'intervalle d'échantillonnage. Une grande saignée donne des échantil-
lons à tous les mètres linéaires. L'échantillon sera uniforme et repré-
sentatif; il faut se garder de prélever surtout des échantillons de maté-
riel riche ou des spécimens faciles à obtenir. La figure 3.3 donne un
exemple de saignée.

Les autres méthodes d'échantillonnage sont plus élaborées et


seront traitées dans le chapitre suivant, soit l'échantillonnage par son-
dage et l'échantillonnage de grande dimension.
0

LÉGENDE

lm + ,"1"1" Minéralisation •..: Faiblement minéralisé

ÉCHELLE ~ Affleurement

Figure 3.3 Exemple de localisation des échantillons par la méthode


d'échantillonnage par saignées
57

3.6.3 Numérotation et croquis

La numérotation des échantillons doit être faite avec soin.


Après avoir prélevé les échantillons et veillé à ce qu'ils ne se contami-
nent pas entre eux, une numérotation claire permet de mieux s'y retrou-
ver. Le numéro devra autant que possible être auto-explicatif, soit pré-
senter par exemple le nom de la propriété, l'année et un nombre séquen-
tiel (voir figure 3.3). Si l'affleurement porte un numéro, l'échantillon
pourra porter ce numéro, les initiales du prospecteur et un numéro
séquentiel. L'important à retenir est que le système soit clair, simple
et auto-explicatif. Le numéro devra être unique et correspondre au cro-
quis de localisation.

Le croquis de localisation devra permettre de localiser les


échantillons un par un et donner l'environnement immédiat de l'indice ou
de l'affleurement. Le croquis comportera le nord géographique, une
échelle, un titre et des points de repère qui permettront de le relier au
plan de localisation des travaux. Dans le cas de l'exemple de la figure
3.3, nous avons tenté de représenter à l'échelle la longueur de saignée
que représente chaque échantillon.

3.7 Recueil de données

Lors des activités de prospection, beaucoup de détails d'impor-


tance inégale sont observés au cours d'une journée. Il est essentiel de
les noter au fur et à mesure pour s'y retrouver à la fin de la saison.
Certaines informations n'apparaîtront importantes que plus tard. Il sera
plus facile de les chercher dans le carnet que de retourner sur un af-
fleurement dans la forêt.

Toutes les observations sont notées dans le carnet de terrain.


Il est bon de réserver les pages de gauche pour les numéros d'échantil-
lons et les croquis. On y note les points de repères observés durant la
journée, ligne coupée, cours d'eau, etc. Ce sont évidemment les observa-
tions faites sur les affleurements qui occuperont la plus grande place
58

dans le carnet: description générale de l'affleurement, sa surface, des-


cription des roches, des fractures significatives et possiblement des mi-
néralisations, notation du mode d'échantillonnage et des numéros d'échan-
tillon. Dans le cas de découverte d'indice, la description s'accompa-
gnera d'un croquis en plan et en coupe de l'indice.

Si on considère l'exemple de la saignée de la section précéden-


te (voir figure 3.3), on aurait noté la date, le canton et le no du claim
où se situe l'indice, l'orientation de la saignée, sa longueur, une des-
cription de chacun des échantillons, la longueur que chacun représente,
leur couleur, l'état de la roche et ainsi de suite. Dans le cas d'une
traverse, on note le point de départ, et le point d'arrivée ainsi que les
points de repères facilement identifiables. Les observations seront si-
tuées de façon relative à l'intérieur de la traverse. La tenue d'un car-
net prend peu de temps si l'on note au fur et à mesure les observations.

Au carnet s'ajoute les croquis de localisation des travaux (fi-


gure 3.4). Le prospecteur doit savoir faire des levés sommaires et ins-
crire les données sur des photographies aériennes, des cartes topographi-
ques et sur un croquis. Il localise les détails géologiques, les indices
minéralisés, le lieu de prélèvement des échantillons ainsi que la physio-
graphie du terrain. La consignation sert d'aide-mémoire. Elle est es-
sentielle lors d'un compte rendu à quelqu'un d'expérience. On doit re-
trouver sur un croquis l'indication du nord géographique, une échelle et
au moins un point de repère.

Le croquis de localisation des échantillons, le carnet de note


et la localisation des travaux forme un tout qui permet de comprendre et
d'interpréter les travaux réalisés.

3.8 Jalonnement

Le jalonnement a comme objectif l'acquisition de claims. Le


claim est un droit minier qui donne à son propriétaire le privilège de
rechercher de façon exclusive, sur un territoire délimité, toute substan-
ce minérale à l'exception de la tourbe, du sable, du gravier, de l'argi-
59

o rang 4
CANTON DE SOUATEC
Piquet no.:3
Claim: 892234

LÉGENDE

10 m X,O Affleurement

ÉCHELLE ~--{ Échantillonnage par saignée

Figure 3.4 Exemple de croquis de localisation de travaux

le, des hydrocarbures, de la saumure et de la pierre utilisée pour la


construction et à certaines fins industrielles.

Le claim s'obtient par jalonnement sur des terres ouvertes au


jalonnement. Des règlements particuliers s'appliquent à l'Estrie et au
nord du 52e degré de latitude concernant la désignation sur carte et les
délais.

Pour jalonner, un individu doit détenir un permis de prospec-


tion. Il doit l'avoir constamment sur lui lorsqu'il prospecte ou jalonne
un terrain. Le permis de prospection est émis à toute personne physique
sur demande pour 25$. Sa validité est de cinq (5) ans et le permis est
60

renouvelable. Les plaques métalliques nécessaires au jalonnement peuvent


être achetées par un individu ou une compagnie. Un ensemble de quatre
(4) plaques coûte 1$ et sont valides pour une période de deux (2) ans.
Un claim peut être jalonné n'importe quel jour et à n'importe quelle heu-
re. Cependant, lorsque le terrain devient libre à la suite de l'expira-
tion, de l'abandon ou de la révocation d'un claim, ou encore du refus d'y
enregistrer un claim, le jalonnement ne peut commencer avant 30 jours à
7:00 heures du matin. L'ancien titulaire du claim doit, pour sa part,
respecter un délai de 60 jours dans le cas évidemment oü son terrain a
été libéré pour les raisons citées précédemment.

3.8.1 Jalonnement en terrain arpenté

La procédure s'applique pour un lot de moins de 500 hectares et


dans un bloc minier. La superficie du terrain jalonné doit correspondre
à celle du lot, quelle qu'elle soit.

Les piquets numérotés de 1 à 4 doivent être plantés en ordre aux


quatre coins de la surface convoitée (figure 3.5). Le piquet numéro 1
est situé au coin nord-est du lot. Si le lot n'est pas orienté nord-sud,
le piquet numéro 1 est fixé au coin le plus au nord et le plus à l'est.
Les piquets, généralement de bois, doivent excéder le sol de 1 à 1,50 m
et leur diamètre doit être grossièrement de 10 cm (en métal leur diamètre
sera de 2 cm). Ils doivent être équarris, à partir du sommet, sur une
longueur d'au moins 30 cm. S'ils ne peuvent être plantés, ils doivent
être maintenus en place par un tas de pierres.

Un fixera sur chaque piquet une plaque métallique portant le nu-


méro du piquet et celui du claim. On aura inscrit la date sur chaque
plaque. La plaque du piquet numéro 1 porte aussi le nom et le numéro de
permis de prospection du jalonneur ainsi que l'heure du jalonnement. Les
lignes de rang doivent être indiquées sur le terrain de manière à ce
qu'elles puissent être suivies d'un piquet à l'autre. Cette procédure
n'est pas nécessaires sur les lignes de lots. S'il est impossible de
planter un piquet au sommet d'un des angles du claim, à cause de la
GI

Claim 8922334

Piquet I

Claim 8922334

Piquet 4 Nom

P.P. , 6180oq
ô
Date 88-09-2i Date , 88 - 09-26
P. I. Heure, 15:2 1
4 0 — rang
P.I.

Claim 8922334 ❑2 Claim 8922334

Piquet 3 Piquet 2"

3 ❑ ------- -
LAC
Date . ?e.-0.`17 2 Date98. -09-26
P.I. P.I. , 6,0

LÉGENDE

Piquet

Indiqué sur le terrain

Plaque métallique

Figure 3.5 Exemple de jalonnement en terrain arpenté


62

présence d'un lac ou de tout autre obstacle, le piquet devra être placé
le plus près possible de ce sommet suivant l'un des deux côtés du claim.
Sur la plaque métallique, on inscrira les lettres P.I. (pour "piquet
indicateur") suivies de la distance et de la direction où se situe exac-
tement le sommet du claim (voir figure 3.5).

Les piquets qui délimitent un terrain jalonné ne doivent pas


être réutilisés, sauf lorsqu'une même personne jalonne des terrains con-
tigus. A ce moment, elle peut employer un seul piquet aux sommets des
angles adjacents. On ne peut pas déplacer un piquet ni modifier les ins-
criptions qui y apparaissent. Le jalonnement d'un claim doit être termi-
né avant d'en commencer un autre.

3.8.2 Jalonnement en terrain non arpenté

Pour le jalonnement en terrain non arpenté, le terrain à jalon-


ner doit avoir, dans la mesure du possible, une superficie de 16 hecta-
res. Il est de forme carré avec chacun de ses côtés mesurant 400 mètres
et orientés nord-sud et est-ouest (voir figure 3.6). Les quatre (4) li-
gnes qui relient les piquets doivent être indiquées sur le terrain.Les
autres modalités concernant les piquets, les plaques et les inscriptions
sont les mêmes qu'en terrain arpenté.

Une surface plus petite peut être jalonné si elle est adjacente
à un terrain détenu par la même personne. Dans les autres cas, une per-
mission du ministre est nécessaire.

3.8.3 Enregistrement et travaux requis

La procédure d'enregistrement d'un claim nécessite le dépôt d'un


avis de jalonnement au bureau du régistraire ou à un bureau régional du
MER-Mines. Cet avis, pour la région couverte par le guide, doit être dé-
posé dans les 20 jours qui suivent la date du jalonnement sur un formu-
laire conçu à cet effet et accompagné des droits requis.
63

Le claim est valide pour deux (2) ans. Parmi les conditions de
renouvellement figurent les travaux requis. Ceux-ci comportent des levés
de géophysique terrestres ou aéroportés, d'échantillonnage, de décapage
et d'excavation, de sondage, de recherche, d'évaluation technique et de
rentabilité.

40 01

E
O
O

30 02
400 m

LÉGENDE

0 Piquet

--- Indiqué sur le terrain

N.B. : Plaque métallique comme figure 3.5

Figure 3.6 Exemple de jalonnement en terrain non-arpenté

Références

L'acquisition du claim, loi sur les mines du Québec, document


numéro 2, 1988.

Règlement sur les travaux d'exploration minière acceptable comme


travaux requis (à jour au 8 janvier 1985) M-13, r-12;
Éditeur officiel du Québec, 1985.
64

3.9 Loi des mines

Ce qui suit est un résumé des grandes lignes de la loi des mi-
nes. Le prospecteur qui voudra en savoir plus devra consulter la loi
comme telle. Malgré ses 383 articles, le texte de loi se lit assez bien.
Nous avons élagué les sections qui traitent du gaz et du pétrole. La
prospection pour ces substances demande de grands moyens. Nous avons
omis également les dispositions spéciales qui s'appliquent à l'Estrie et
au nord du 52e degré de latitude.

Les substances minérales font partie du domaine public à moins


qu'elles n'aient été concédées préalablement. Pour prospecter un terrain
et pour jalonner un claim, la personne doit avoir un permis de prospec-
teur et le porter sur lui. Celui-ci coûte 25$ et est valide pour cinq
(5) ans. Il est interdit de prospecter un terrain qui fait déjà l'objet
d'un claim, d'un permis d'exploration minière, d'une concession minière
ou d'un bail minier. De la même façon, des limites sont données pour le
jalonnement. Il est interdit de jalonner sur un terrain déjà concédé par
claim, par permis d'exploration, par bail minier ou par concession. Il
est aussi interdit de jalonner sur un terrain soustrait au jalonnement,
un parc ou une réserve écologique, un terrain en procédure de révocation
et finalement un terrain où le claim est expiré depuis moins de 30 jours.
Certains terrains ne peuvent être jalonnés qu'avec l'autorisation du mi-
nistre. La délimitation de ces terrains apparaît sur les cartes de
claims. Ces terrains sont entre autres les réserves indiennes, les refu-
ges d'oiseaux migrateurs, les territoires urbanisés, etc. A cette liste
s'ajoutent les carrières concédées avant 1966 qui ne figurent pas sur les
cartes de claims.

Le jalonnement proprement dit a été expliqué dans la section


précédente quant à sa mécanique. L'enregistrement doit se faire dans les
20 jours qui suivent le jalonnement. Le régistraire du MER enregistre
les droits miniers ainsi que leur renouvellement, transfert, abandon, ex-
piration, etc. L'enregistrement coûte des droits de 20, 40 ou 60 dollars
selon que la superficie du claim soit de moins de 25 hectares, de 25 à
65

100 hectares ou de plus de 100 hectares. Le formulaire doit être accom-


pagné d'une carte indiquant le périmètre jalonné à l'échelle 1/50 000, un
croquis signé par le jalonneur indiquant les limites du terrain jalonné
et les points de repère les plus rapprochés,ainsi qu'une déclaration si-
gnée attestant l'exactitude des renseignements et attestant qu'il a pris
connaissance des périmètres délimités comme territoire urbanisé. Dans
les délais prévus, le régistraire délivre un certificat d'enregistrement
lorsque l'avis de jalonnement est accepté.

Les demandes de permis d'exploration minière ou de bail minier


sont réputées reçues le jour de leur expédition lorsqu'elles sont noti-
fiées par courrier recommandé ou certifiées, et le jour de leur réception
dans les autres cas. Elles sont admises selon l'ordre de leur réception,
sauf dans le cas de l'avis de jalonnement qui est admis selon la date et
l'heure du jalonnement. S'il y a jalonnement simultané, le claim est ti-
ré au sort.

La nouvelle loi des mines, sanctionnée en 1987, permet à un dé-


tenteur de permis de prospection de jalonner pour autrui. Selon l'an-
cienne loi, il devait enregistrer le claim à son nom, pour ensuite le
transférer à un tiers. Le droit exclusif associé à un claim s'applique à
toutes les substances à l'exception des substances minérales de surface,
du pétrole, du gaz naturel et de la saumure.

Si un tiers acquiert un claim et constate une irrégularité de


jalonnement, il pourra jalonner de nouveau le terrain pourvu que la vali-
dité du claim ne soit pas contestée. Un claim est valide pour deux (2)
ans. Il est renouvelable avant son expiration à l'aide d'une formule
prescrite, pourvu que les droits aient été acquittés et les travaux re-
quis réalisés. Il est possible de renouveler par anticipation pour une
seule période de validité.

Les travaux requis doivent être exécutés avant les 60 derniers


jours de validité d'un claim. Un ou des rapports devront être soumis
pour en faire foi. Il est possible d'obtenir une dispense si une demande
est faite avant la date d'expiration du claim. Si les sommes dépensées
66

3,2Km

Claim
A

K}

Claim
B

Claim
C

400 m

ÉCHELLE

Fiyure 3.7 Les travaux excédentaires exécutés sur le claim A peuvent


être reportés sur le claim B,mais nun sur le claim C.
67

sur le claim dépassent celles exigées en travaux requis, l'excédentaire


pourra être appliqué sur un autre claim selon certaines conditions. Les
deux claims du même titulaire devront, pour qu'un transfert soit possi-
ble, pouvoir tenir tous deux dans un carré imaginaire de 3,2 km de côté
(voir figure 3.7). Des sommes excédentaires dépensées sur un bail minier
ou sur une concession minière peuvent aussi, dans les mêmes conditions,
être reportées sur des claims. De même, les travaux réalisés dans les 12
mois précédant le jalonnement sur des terrains, qui deviendront des
claims, peuvent être appliqués à 50% pour la première période de validi-
té. Il est possible de prélever, sur un claim, dans le cas de terres
publiques, un échantillon pouvant atteindre jusqu'à 50 tonnes sans auto-
risation particulière.

Un bail minier ou une concession minière peut être obtenu si


l'on fait la preuve qu'il y a un gisement exploitable sur le terrain vi-
sé. Celui-ci devra avoir une superficie minimale de 100 hectares autant
que possible. La durée du bail est de vingt (20) ans et pourra être
renouvellé trois (3) fois pour des périodes de dix (10) ans. Le locatai-
re doit, dans les quatre (4) ans à compter de la mise en vigueur du bail,
entreprendre des travaux d'exploitation minière. Il doit aussi payer un
loyer annuel fixé selon la superficie et l'usage du terrain. La demande
de renouvellement du bail se fait 60 jours avant l'expiration de celui-
ci, et, il doit être établi qu'il y a eu exploitation minière pendant au
moins deux (2) ans au cours des dix (10) dernières années du bail. Si au
contraire le locataire choisit d'abandonner le bail, il aura priorité de
prendre un ou des claims pour désignation sur carte dans les trente (30)
jours suivant l'abandon du bail.

Le titulaire d'un permis de recherche dans les fonds marins a le


droit exclusif de recherche des substances minérales dans les fonds ma-
rins qui en font l'objet, à l'exception du pétrole, du gaz naturel et de
la saumure. Pour l'exploitation, un bail d'exploitation dans les fonds
marins est nécessaire.

Le permis de recherche de substances minérales de surface donne


droit à la pierre, la tourbe et le sable de silice. Il s'applique à un
68

territoire ne devant pas excéder 100 hectares. Le permis est valide pour
deux (2) ans et peut être renouvelé. Suite au quatrième renouvellement,
il devra être démontré que des études sont en cours pour justifier le re-
nouvellement. Comme dans le cas des substances souterraines ou sous-ma-
rines il est nécessaire d'avoir un bail pour l'exploitation des substan-
ces minérales de surface.

Le bail peut être non exclusif pour le sable et le gravier.


Lorsqu'un bail est non exclusif, il a une durée de vie d'un an et se ter-
mine le 31 mars de l'année. Il pourra être exclusif s'il est démontré
qu'une garantie d'approvisionnement est nécessaire. Sa validité dans les
circonstances sera de cinq (5) ans. Il sera renouvelable pourvu qu'une
exploitation du site se soit produite pendant au moins un an. Les mêmes
principes demeurent pour la tourbe sauf que les chiffres varient. Un
bail exclusif pour la tourbe peut avoir jusqu'à 300 hectares ou plus sur
justification et est valide pour 15 ans. Le locataire doit verser des
redevances au gouvernement calculées sur les quantités de substances mi-
nérales de surface extraites.

Références

Loi sur les mines. Projet de loi 161, 1987, chapitre 64 Assem-
blée National, Éditeur officiel du Québec, 1987.

Loi sur les mines. Changement majeurs apporté à la loi, novem-


bre 1987, MER, Secteur mines.

Loi sur les mines du Québec. Les mesures transitoires, MER,


1988, document no 1.

Loi sur les mines du Québec. L'acquisition du claim, MER, 1988,


document no 2.

Loi sur les mines du Québec. La recherche et l'exploitation des


substances minérales de surface, MER, 1988, document no
4.
69

Loi sur les mines du Québec. Le permis d'exploration minière,


MER, 1988, document no 6.
70

4.0 MÉTHODES DE PROSPECTION

4.1 Objectif

L'objectif de la prospection est la recherche et la découverte


de gîtes minéraux économiques, tandis que l'objectif des méthodes de
prospection est d'être efficace dans cette recherche. Les gîtes en sur-
face faciles à trouver se font de plus en plus rares à mesure que l'on en
découvre. La quantité étant fixe au départ, leur nombre décroît avec
chaque découverte. Le prospecteur doit donc être opportuniste pour en
trouver d'autres. Il lui faut profiter de l'expérience acquise et utili-
ser des méthodes de prospection performantes.

Pendant les dernières années, les travaux de prospection ont


surtout porté sur des programmes systématiques entrepris par les socié-
tés, à partir des données de base publiées par les organismes gouverne-
mentaux. Ces programmes appliquent les méthodes géophysiques, géologi-
ques et géochimiques régionales à l'exploration et à la prospection. Ces
informations sont disponibles au prospecteur indépendant qui peut, sur
une plus petite échelle, en tirer partie. L'application des méthodes
géophysiques et géochimiques les plus simples ajoutée à l'imagination du
prospecteur donne de bons résultats.

4.2 Les étapes de la prospection

La prospection et l'exploration minière, même pour une organisa-


tion ne comptant qu'un membre, suivent des règles générales et peuvent
être systématisées. Les grandes étapes de la prospection sont les sui-
vantes:

étude régionale
71

recherche d'indices
définition d'indices
évaluation
mise en valeur

Ces étapes représentent une période de temps qui peut varier de


quelques mois à plusieurs années. La première étape débute en considé-
rant un grand territoire et avec des informations générales. L'avance-
ment à l'étape suivante se fait par l'apport d'informations plus spécifi-
ques et la discrimination d'une partie du territoire. Avec le temps, un
filtrage se produit où on en arrive à quelques bons indices et peut-être
même un gîte. À l'intérieur de chaque étape un cycle de sélection se dé-
roule:

a) la détermination d'une stratégie et la planification des tra-


vaux. Ceci s'applique sur un territoire de taille définie et
accessible.
b) la sélection de techniques à être utilisées et leur combinai-
son optimale. Les questions d'efficacité et de coût, de den-
sité nécessaire et de séquence sont examinées.
c) l'application des méthodes qui implique le recueil des don-
nées et le contrôle de la qualité.
d) l'évaluation des résultats et la sélection de meilleurs ter-
rains.

Les résultats obtenus feront qu'on passe à l'étape suivante,


qu'on recommence l'étape ou encore que l'on reparte à zéro. Ce cycle de
sélection s'applique aux cinq (5) étapes de la prospection. Nous allons
examiner plus en détail chacune des étapes.

L'étude régionale est l'étape où on consulte la documentation à


petite échelle. L'étude se fait sur une région dans son ensemble comme
la Gaspésie-Bas St-Laurent. Les informations disponibles sont les compi-
lations de gîtes, les synthèses géologiques, les tendances gitologiques
et la télédétection par imagerie. Cette étape fait appel aux théories
qui ont cours sur la région et dont les démonstrations sont souvent lon-
72

gues et compliquées, mais l'idée qui les sous-tend peut être résumée sim-
plement. Des sorties de reconnaissance sur le terrain viennent compléter
l'étude de la théorie. Cette étape devrait résulter dans le choix d'une
structure majeure, d'une formation géologique ou tout au moins d'un
territoire de la taille d'un canton environ.

La recherche d'indices se fait d'abord sur papier. On cherche à


définir des cibles à partir des levés régionaux produits par les services
gouvernementaux sur le terrain sélectionné lors de l'étape précédente.
Ces levés comprennent la géochimie de reconnaissance, la géophysique aé-
roportée et les rapports géologiques. L'expérience a montré que dans la
région qui nous concerne les levés de géochimie des sédiments de ruisseau
sont de bons indicateurs d'indices. Les compilations géoscientifiques
apportent à cette revue les renseignements obtenus par le secteur privé.
Des traverses d'exploration sont ensuite réalisées pour reconnaître les
zones à meilleur potentiel. C'est à cette étape que se déroule la grande
prospection au marteau où le prospecteur visite les affleurements à la
recherche de signes de minéralisation pour y réaliser des travaux de dé-
tail. Des segments de levés de reconnaissance sont effectués comme, par
exemple, la cueillette de minéraux lourds sur quelques kilomètres d'une
rivière. Cette étape résulte en la définition de cibles localisées qui
devront, dans la prochaine étape, être travaillées en détail. Le nombre
de cibles retenues dépendra du potentiel minier du territoire mais devra
aussi prendre en considération le budget d'exploration.

La définition d'indices implique la réalisation de travaux sur


des cibles reconnues par les levés de reconnaissance. Le premier pas est
la coupe d'une grille de lignes sur le site de l'anomalie à définir, la
vérification de son existence et sa localisation précise. L'anomalie de
reconnaissance doit d'abord être retrouvée sur le terrain. Suite à sa
confirmation, on doit choisir entre les méthodes de détail à notre dispo-
sition: géophysique au sol, géochimie à maille serrée ou tranchée d'ex-
ploration. L'examen des affleurements, le type d'anomalie et la présence
de minéralisation visible dictent la méthode à prendre. Cette dernière
doit être aussi discriminante que possible. Plus on avance dans la suc-

cession des étapes, plus l'investissement devient grand par cible à ex-
73

plorer. Il faut donc pouvoir sélectionner rapidement les indices avec un


minimum de travaux, mais s'assurer du même coup que l'on détient suffi-
samment d'informations de détail pour ne pas rejeter un gîte. L'échan-
tillonnage de surface devient plus élaboré; les objectifs sont à la fois
qualitatifs et quantitatifs. Les indices choisis seront forés lors de la
prochaine étape.

L'évaluation consiste à estimer le plus précisement possible le


couple teneur-tonnage. Pour l'échantillonnage en plan, on procède par
saignée après avoir décapé un affleurement et avoir creusé par dynamitage
des tranchées dans la roche. La troisième dimension est évaluée par fo-
rage suite à des résultats positifs de l'échantillonnage de surface. À
cette étape, on ne délimite pas le dépôt mais on établit sa continuité
spatiale ainsi que l'ordre de grandeur de la teneur générale. La métho-
dologie de cette étape est cruciale pour le financement. L'évaluation
préliminaire d'un dépôt doit être faite selon les règles de l'art parce
qu'à partir de cette étape les sommes d'argent en jeu deviennent impor-
tantes.

La mise en valeur d'un dépôt minéralisé est le travail d'une


équipe. L'ingénieur minier, le géologue et le financier ont des rôles à
jouer dans cette étape. Elle comporte surtout les forages de délinéation
et la planification de la mise en production.

4.3 La coupe de ligne

Lors de la prospection générale au marteau, le prospecteur se


déplace sur de grandes surfaces recherchant des signes de minéralisation.
Pour la réalisation de travaux de détail, il devient nécessaire d'avoir
une localisation plus précise que ne peut donner une traverse. Un réseau
de lignes est coupé en forêt comportant des stations numérotées. Un ré-
seau de lignes facilite la réalisation des travaux de détail et la mise
en plan des résultats. Les levés de géochimie de sol ou de géophysique
sont normalement faits suivant une grille régulière aux dimensions adap-

tées à la cible poursuivie. Le réseau de lignes permet de superposer


74

avec précision les résultats des levés avec la géologie et de tirer des
relations spatiales entre ceux-ci et les affleurements. Il permet aussi
la réalisation de travaux supplémentaires sans ambiguïté de localisation.

La grille sera orientée de façon à ce que les lignes soient per-


pendiculaires à l'allongement de la cible. L'espacement entre les lignes
sera établi de façon à ce qu'un minimum de deux lignes puissent croiser
la cible. Les stations seront disposées sur les lignes de façon à ce que
deux d'entre elles puissent également être contenues dans la cible. Le
principe est théorique, mais permet de fixer un ordre de grandeur pour
l'espacement des lignes et des stations. On commence sur le terrain par
couper la ligne de base à partir de laquelle les autres lignes seront
amorcées perpendiculairement. Cette première ligne devra être orientée
avec précision puisqu'elle sert de point de départ pour la grille. Une
fois les lignes coupées, on relie les extrémités par une ligne de ratta-
chement pour mesurer la déviation subie par chaque ligne. La figure 4.1
illustre un réseau de lignes coupées avec rattachement. Les stations sur
les lignes sont positionnées à l'aide d'une chaîne et marquées par un pi-
quet.

La pente du terrain peut causer une erreur dans le chaînage.


Deux (2) façons sont utilisées pour éviter cette difficulté (voir figure
4.2). La première est directe et consiste à chaîner cassé, ce qui veut
dire que la chaîne est utilisée horizontalement, donc par section si la
pente est prononcée. Cette méthode nécessite deux chaîneurs et peut être
longue si la pente est abrupte. La seconde façon consiste à corriger
trigonométriquement l'erreur par la mesure de la pente. La ligne est
chaînée courante et la pente est mesurée avec un clinomètre. Le chaînage
vrai sera le chaînage apparent multiplié par le cosinus de l'angle de la
pente. L'annexe 5 donne un tableau des valeurs du cosinus.

Le chaînage est numéroté sur les lignes à partir de la ligne de


base. Le chiffre des centaines de mètres est séparé des dizaines et des
unités par un + et on ajoute le point cardinal de la direction du dépla-
cement. On utilise W pour l'ouest pour éviter toute confusion avec le
zéro (U).
I5

W
W
O O O O O O O
O O O O 0 O O
+ 4 + ?
+ + t
M N 0 N M)
—J
+ + + J+ + + J+ + + J + + J + + +J + + + J +
+ +---=--- — ----= i`===- == = 1 = + 4i00N
+ +r+ + + + + + + + + + + + + + + + +
+- + + - + + -- + + t + + + + + + - + + ' +
- + + + + + .+ + + + + + + +_ + + + _ +
+ + + - + + + + + + + + + + +
+ + + -+ + + • + + + + t- + +
+ + + +_+ + + + + + + ~
+ + + + +— 3+OON
+ + +
+ +- + + + + +
+ +

3+00S

4+00S

LÉGENDE

+--}—; Ligne coupée • Bruit de fond

---- Ligne de rattachement !`:J Minéralisation

Ruisseau \\\\ Dyke

Anomalie + + Granite
100m
l 1
ÉCHELLE

Figure 4.1 Exemple d'une grille de lignes coupées


76

I-4— 25m --0-1-4--25m—;1+-25m —iI


Topo
o) . —Chotne
.••••
. r
i

Piquets de ligne

-i
1',' •
^
.
,1%
i \ I %.•• .1—,
\_.
~
~iI

Chaînage vrai

(+-25m —iI

.,; s. I
~ + '
Topo
,os , I ..~ —
I.

r
55°
i
b) •
~;
/
25 m = X • cos 55° Chotnage apparent

X = 25m = 25m
cos55° 0.57

X = 43,8 m
,% i
\i
••.\
.-
. •*• i
\ —I \
. ~. i
.‘
~~
'1•:: 7,~l \
' ~.~i

-.~,.

Figure 4.2 Illustration des méthodes de correction de pente


a) chaînage cassé b) transformation trigonométrique
77

Dans l'exemple de la figure 4.1. on a supposé que la minéralisa-


tion est associée au dyke et probablement concordante; la grille est donc
orientée nord-sud. Celle-ci couvre le terrain entre l'anomalie de sédi-
ments de ruisseau et le stock granitique.

Le coût de la coupe de ligne peut être évalué par les prix sou-
mis par des contracteurs; pour l'été 1988 ceux-ci étaient de l'ordre de
230$ du kilomètre de ligne chaînée.

4.4 La géochimie

La géochimie se base sur le principe que les concentrations mé-


talliques produisent des halos de dispersion qui résultent de la mise en
place de la concentration elle-même ou encore de son altération. Un halo
primaire est le résultat de la mise en place de l'indice comme par exem-
ple l'altération hydrothermale des roches, tandis que le halo secondaire
provient de l'altération mécanique ou chimique de l'indice. Ces halos se
matérialisent dans la nature par des anomalies chimiques par opposition à
un bruit de fond représentant la normalité. La prospection géochimique
consiste en le dosage systématique d'éléments dans la roche, le sol, les
sédiments de ruisseau ou autres médiums géologiques, dans le but de défi-
nir,sur le terrain, des zones anomaliques.

Les anomalies géochimiques sont plus aisément localisables que


les indices qui leur donnent naissance à cause de leur plus grande tail-
le, et peuvent être détectées malgré la présence de mort-terrain. Les
quantités absolues des métaux sont très faibles, ce qui explique l'empha-
se que les géochimistes mettent sur la contamination des échantillons.
Les échantillons doivent être manipulés avec soin pour donner des résul-
tats significatifs.

La prospection géochimique peut se diviser en trois (3) seg-


ments: la collecte, l'analyse et l'interprétation. La collecte des
échantillons dépend du type de levé géochimique choisi, que l'on veuille

échantillonner un halo primaire ou secondaire. L'analyse est relative-


78

ment standardisée et réalisée par des laboratoires spécialisés. Le choix


de la méthode analytique dépend de la précision recherchée et du coût.
Finalement, nous traiterons plus loin spécifiquement de l'interprétation.

4.4.1 Types de prospection géochimique

L'échantillonnage de sédiments de ruisseau est surtout employé


comme approche régionale. Il permet de couvrir rapidement un grand ter-
ritoire et consiste à prélever le sédiment fin (silt) du lit des ruis-
seaux pour analyse. Les alluvions peuvent contenir des quantités anorma-
les de métaux provenant de l'érosion mécanique par le ruisseau d'un indi-
ce, ou des quantités de composés métalliques précipités chimiquement dans
les sédiments après dissolution. Les alluvions en un point représentent
le bassin de drainage en amont. Le halo secondaire d'un gîte est étendu
vers l'aval avec le ruisseau comme vecteur.

On échantillonne chacune des branches du ruisseau pour localiser


avec le plus de précision possible la source. Un échantillon de 50 g est
suffisant et devra provenir du centre du cours d'eau. Il est placé dans
un sac de papier pour permettre le séchage. Les sacs peuvent être ache-
tés par l'entremise des laboratoires. Les services gouvernementaux font
des levés régionaux de ce type dans le cadre de leur inventaire minéral.
Le prospecteur n'utilisera donc cette méthode que pour vérifier les ano-
malies régionales, et pour mieux les définir et les localiser. La figure
4.3 donne un exemple des résultats d'un levé géochimique de sédiments de
ruisseau.

L'échantillonnage du sol est un moyen de prospection plus loca-


lisé que l'échantillonnage de sédiments de ruisseau. Il est utilisé pour
faire le suivi sur les anomalies détectées par une autre méthode, qu'elle
soit géochimique ou géophysique. On tente de préciser la localisation de
la source de l'anomalie. Idéalement, le prélèvement est réalisé sur une
grille de lignes coupées. La maille d'échantillonnage dépend de la tail-
le présumée de la cible et de son attitude.
79

/ Amas minéralisé

300 m

ÉCHE LLE
LËGENDE

• Bruit de fond

O Anomalie faible

® Anomalie forte

Figure 4.3 Illustration du principe sous-tendant la géochimie de


sédiments de ruisseau
80

Le choix de l'horizon de sol à échantillonner sera le résultat


d'essais, de tests locaux. Un sol développé comprendra trois (3) hori-
zons au-dessus du socle (voir annexe 4). L'horizon A est noir et composé
d'humus et de matières organiques. Plus profondément, l'horizon B est le
sol oxidé de couleur brunâtre et l'horizon C est composé en grande partie
de débris rocheux altérés. En l'absence de test, l'horizon B sera sélec-
tionné. Celui-ci est le plus fréquemment utilisé et les résultats pour-
ront donc être plus facilement comparables. L'important est d'échantil-
lonner le même horizon dans le cadre d'un levé et d'y aller plutôt par la
couleur que par la profondeur. L'échantillon est placé dans un sac en
papier pour être séché. La figure 4.4 donne un exemple des résultats
d'un levé géochimique de sol; l'anomalie de droite est déplacée par rap-
port à sa source à cause de la pente.

L'échantillonnage de roche offre d'intéressantes perspectives à


la prospection par la recherche de halos primaires dans la roche. La mé-
thode offre des avantages comme celui d'établir une relation directe en-
tre l'anomalie et la source, de ne pas être sensible à la contamination
extérieure et d'être réalisable lors de la cartographie géologique.
Toutefois, il y a aussi des désavantages comme la difficulté d'obtenir un
échantillon homogène et représentatif, la nécessité d'avoir une zone
affleurante, le besoin de broyer l'échantillon et finalement la difficul-
té d'établir la relation entre le chimisme de la roche et la minéralisa-
tion.

La méthode s'applique bien lorsque nous avons affaire à une mi-


néralisation qui est accompagnée d'un cortège de veinules ou d'une large
lixiviation de la roche. Pour bien s'appliquer, la géochimie des roches
demande une meilleure connaissance métallogénique de la région comparati-
vement aux deux (2) autres méthodes décrites précédemment. La figure 4.5
donne un exemple d'échantillonnage où on cherche un halo primaire prove-
nant d'une minéralisation d'or.

L'échantillonnage géochimique des minéraux lourds a donné de


bons résultats dans le cas de la prospection aurifère en Gaspésie. Elle

s'applique à plusieurs autres métaux comme l'étain, le platine et le


81

5 6 T/ 23--2°-'21 17
/ •
CONTOUR

7 8 U 18 16

:) \
9 '2.0 17 18

/
8 7 21 19 15 II 13 12

6 7 17 I2 10 10

25 Valeurs en (ppm)

100m
1

(ppm)
J
20
O
CG
a_
10

+ + + + +
+ + + ' + + +
+ + + + + + +
+ + + + + + + +
+ + + + + + + + +
~
_ + + + + + + + + +
� + + + + + + + + + +
U + + + + + + + + + + + +
+ + + + + + + + 71±'"+ + + +
+ + + + + + + + + + + + + + +
+ + + + + + + + + + + + + + + + +
+ + + + + + + + + + + + + + + + + +
+ + + + + + + + + + + + + + + + + + + ' sol
+ + + + + + + + + + + + + + + + + + + + +

LÉGENDE

Minéralisation

Sol

+ + Roche

Figure 4.4 Échantillonnage du sol, vue en plan et en profil.


Oéulacement de l'anomalie à cause de la pente
34-

33 —

32-

OR DANS
LES ROCHES NOTES

Canton Boisbuisson, Gaspésie


Tiré de la carte 1848
R.G. 187, M.E.R.O.

31-

Portas de enter

Mines Madeleine

LÉGENDE

30 —
Q Au ,ppb
No d'échantillons

Sb anomal
As anomal

IREM/ MERI
G. Perrault 6 Aout, 1984
71400p 16

Fiyure 4.5 Adaptation de la carte de Perreault (1984).Géochimie des


roches
83

tungstène. La méthode privilégie l'altération mécanique de la roche en


place parce qu'elle produit un échantillonnage sélectif des minéraux.
Une qualité de la méthode est qu'elle permet d'observer les minéraux, les
identifier, de noter leur forme, avant de soumettre l'échantillon à

l'analyse. Le prélèvement consiste en un volume fixe d'alluvion qui est


tamisé puis lavé à la batée. Cette concentration, préalable à l'analyse,
rehausse l'importance des minéraux métalliques. La figure 4.6 montre le
positionnement des échantillons d'une étude réalisée pour l'or.

Plusieurs autres méthodes d'échantillonnage géochimique exis-


tent, mais nous nous contenterons uniquement de les nommer: échantillon-
nage de sédiments de fond de lac, d'eau de surface, d'eau souterraine,
géobotanique, de neige, d'air etc. Ces méthodes ont moins d'intérêt pour
le prospecteur en Bas-St-Laurent-Gaspésie.

4.4.2 Interprétation

Il peut être difficile de distinguer une anomalie du bruit de


fond, selon qu'on les définit comme deux (2) populations statistiques
confondues. La première étape de l'interprétation est la mise en carte
des données à raison d'un élément par couche. Cette mise en carte permet
de visualiser la situation et servira éventuellemnt comme un support
d'archivage. Le bruit de fond est défini comme le niveau normal pour un
élément en particulier dans une région. Ce niveau est dépendant de plu-
sieurs paramètres dont les principaux sont le type de méthode géochimique
employée et la roche de fond. Ainsi, le bruit de fond est une valeur
spécifique qui ne s'applique que pour une région donnée. Il est détermi-
né généralement en prenant la moyenne ou le mode d'un assez grand nombre
d'échantillons.

Le seuil anomalique est la valeur à partir de laquelle un échan-


tillon peut être considéré anormal (figure 4.7). Le seuil est défini
statistiquement, comme la valeur qui limite le 2% des valeurs les plus
élevées ou encore est défini comme la valeur moyenne majorée de deux (2)
fois l'écart-type. Le seuil anomalique local peut être différent du
84

4ro6'oo" 44e53'oo"
4ru'oo' 4rue'ar

111104.00. .s> aro4'oo''


47e04'00" 66•55.00"
LÉGENDE
Tiré de MB 86-22

+ Sites sur la rivière Assemitquagon

• Sites à l'embouchure des affluents de lo rivière

ÉCHELLE

Figure 4.6 Adaptation de la carte ae Choinière (1966)


Écndntillonnage de minéraux lourds
85

seuil anomalique réyional si un des paramètres définissant le niveau de


présence d'un élément diffère. L'anomalie est la valeur ou l'ensemble de
valeurs qui dévient de la normale, qui sont supérieures au seuil anoma-
lique. Ici entre en jeu la notion de contraste. Il est avantageux d'em-
ployer, pour les levés géochimiques de sol par exemple, un horizon oü la
différence est grande entre le bruit de fond et l'anomalie pour éviter un
certain nombre d'ambiguïtés. On emploie les termes "anomalie de premier
ordre", "anomalie de deuxième ordre" et ainsi de suite pour désigner des
anomalies de plus en plus fortes relativement au seuil anomalique.

(--Anomalie

L.
~ /—Seuil anomalique

c

Composante du bruit de fond

Figure 4.7 Exemple o'un profil géochimique

Les éléments anomaliques se présentent rarement seuls. On trou-


ve plutôt des ensembles d'éléments reliés par leurs propriétés électroni-
ques, par les conditions physico-chimiques du terrain et par la nature du
gîte. On définissait autrefois les éléments sidérophiles, chalcophiles
et lithophiles. Avec le temps, on est venu à faire des associations mé-
talliques de façon empirique. La liste peut être longue et compliquée à
volonté, nous donnons les principales associations au tableau 4.1.
86

élément associé indique la présence de

Hg Ag, Pb, Zn, Cu


As Au, Co
Ag Au
Mo, Ag Cu
Sb Ag + Au
S Sulfures
Mn, Zn Ag, Au
Pb Ag

Tableau 4.1 Éléments associés

Références

Boyle, R.W., 1974. Elemental Associations in Minerals Deposits


and Indicator Elements of Interest in Geochirnical Prospec-
ting. Commission géologique du Canada, Paper 74-75.

Choinière, J., 1986. Analyse comparative des sédiments de ruis-


seau et des minéraux lourds le long dela rivière Assemet-
quagan, Gaspésie. MER, Rapport MB 86-22

Granier, C.L., 1973. Introduction à la prospection géochimique


des gîtes métallifères. Masson & cie éditeurs, 143 p.

Perreault, G., 1984. Distribution de l'or dans les roches hotes


Bois-Buisson, Gaspésie. Mer. Rapport MB 84-26.

Lang, A.H., 1976. La prospection au Canada. Commission géolo-


gique du Canada. Rapport géologie économique 7. 336 p.

Levinson, A.A., 1974. Introduction to Exploration Geochemistry.


Applied Publishing Ltd. 612 p.
87

4.5 La géophysique

La géophysique, permet d'obtenir des informations sur le sous-


sol, par des mesures de paramètres physiques au-dessus du sol. Ces mesu-
res permettent de localiser des corps et des structures qui possèdent des
caractères physiques (densité, conductivité, chargeabilité, etc) autres
que leur encaissant. Différentes méthodes sont employées selon le para-
mètre physique qu'on veut mesurer et qui distingue la cible recherchée.
Nous regarderons brièvement les méthodes de magnétisme, électromagné-
tisme, gravimétrie, électrique, sismique et radiométrie.

Le magnétisme est une méthode simple. L'aimantation des corps


provoque des distorsions dans les lignes de force du champ magnétique
terrestre. La mesure et la cartographie du champ magnétique au-dessus du
sol permet de localiser et de décrire les caractéristiques magnétiques de
corps situés sous la surface du sol. Les mesures se prennent soit dans
les airs pour les levés de reconnaissance, soit au sol pour les travaux
de détail. Une des applications est la cartographie géologique et struc-
turale. La figure 4.8 donne une exemple régional où les résultats sont
donnés sous forme de contours. L'intensité du magnétisme permet de dif-
férencier différents types de roches et les décrochements indiquent le
passage de failles. Une application plus directe se fait lorsque
l'objectif est de localiser un corps magnétique. La mise en plan de pro-
fils des résultats permet de bien visualiser les anomalies (figure 4.9).
Les procédures associées aux levés sont assez simples.

La gravimétrie est une méthode moins couramment utilisée. Elle


consiste à mesurer les variations de l'attraction terrestre. Toute
structure sous-jacente dont la densité est plus grande que celle des ma-
tières environnantes exerce une force de gravité supplémentaire qui s'a-
joute à la force normale de gravitation terrestre. On peut observer
l'effet d'un corps plus dense, comme une minéralisation métallique de
grande taille, même s'il est enfoui, et ce par un contraste avec l'en-
caissant. Le profil de gravité donnera un haut gravimétrique au-dessus
de la masse (voir figure 4.9). À plus petite échelle, la gravité permet
de retracer des vallées enfouies ou encore de délimiter des stocks grani-
14
,
l /
î
, ) ~,~iv~~
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'

/ ^ ',r ~

~~Yif~~
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LÉGENDE

Formation A Faiil•

Formation B Lignes isomagnétiques


20 gammas
+ r 4- Granits 100 gammas

3 Km
Dépression magnétique
ÉCHELLE

Figure 4.8 interprétation structurale déduite d'une carte


aérumagnét i que (inspirée de Lang, 1976)
89

tiques. La méthode est peu employée en prospection minérale, elle néces-


site un nivellement de la grille de mesure et l'utilisation d'un instru-
ment coûteux.

400
20k.

Anomalie Anomalie
magnétique gravi métrique
(gammas) (mgal)

-200

Figure 4.9 Anomalie magnétique et gravimétrique au-dessus d'un amas


(Redessinée de Kearey et al, 1984)

Les méthodes électriques comprennent essentiellement la résisti-


vité, la polarisation spontanée et la polarisation provoquée. La résis-
tivité mesure les changements de propriété électrique du sol. Elle est
surtout utilisée en hydrogéologie. La polarisation spontanée mesure le
potentiel naturel causé par un processus électrochimique en relation avec
un corps conducteur enfoui (sulfures, magnétite, graphite, etc). La mé-
thode est peu pénétrante et donne des résultats qualitatifs. Une anoma-
lie est caractérisée par un bas qui peut être déplacé vers l'aval par une
pente (voir figure 4.10). Cette méthode n'est pas fréquente aujourd'hui.
La polarisation provoquée se fonde sur le principe que la diminution
d'intensité du voltage dans le sol suite à l'interruption du courant
électrique injecté dans le sol par des électrodes est graduelle et mesu-
rable. La présence de particules métalliques disséminées dans le socle
produira un effet mesurable. La méthode coûte cher à mettre en oeuvre
mais elle est la seule à détecter des minéralisations disséminées. Un

exemple d'anomalie est donnée par la figure 4.11.


g0

40
E
,ic
o
a c
.~
~ -.0
E o 25 .

Q M
► -e0
o
ô
0 •

-120
• '6—mort -terrain

+ +
+ +
minéralisation
r r
gra nite

Figure 4.10 Anomalie de polarisation spontanée


(redessinée de Kearey et al, 1984)

25 - POLARISATION PROVOQUÉE

hargeabilité
Chorq•oDilité -Millisecond's

20

15

\ 7\
10

5

0
55
LU GN E 150 W
L.e. SN 10 N

Sol

—Amas minéralisé

IOO m
1 1
ÉCHELLE

Fiyure 4.11 Exemple aune anomalie ae polarisation provoquée


91

L'électomagnétisme se base sur le principe que lorsqu'un conduc-


teur subit un champ électromagnétique primaire, il génère lui-même un
champ secondaire. Le récepteur électromagnétique mesure la distorsion du
champ primaire causée par le champ secondaire. Cette méthode a été lar-
gement utilisée de façon aérienne pour des levés régionaux, seule ou en
conjonction avec d'autres méthodes géophysiques (REXEM ou INPUT par exem-
ple). Au sol, les plus utilisées sont le EM horizontal (max-min) et le
TBF (EM à très basse fréquence, VLF en anglais). Le premier génère lui-
même son champ tandis que le second utilise les ondes émises par les sta-
tions de radios américaines pour les sous-marins. L'électromagnétisme
est efficace pour déceler des conducteurs, peu importe leurs origines.
Les sources anomaliques sont des corps métalliques massifs, des failles
avec de l'eau, du graphite, ou sont de source humaine comme des lignes
électriques. Naturellement, un certain filtrage est possible. La figure

420°

Anomalie VLF 0° sol

-20°

Amas minéralisé

90°

60°1

Anomalie EMH Sol

Amas minéralisé

Figure 4.12 Exemple d'anomalie TBF et d'anomalie EM-horizontal


92

4.12 est un exemple d'anomalie T8F et d'anomalie EM-horizontal. La pre-


mière est caractérisée par une traversée de l'axe zéro degré, tandis que
la seconde forme un creux.

La scintillométrie ou radiométrie a connu ses beaux jours lors


des grandes prospections pour l'uranium. Les minéraux radio-actifs pro-
duisent des rayonnements alpha beta et gamma. Le rayonnement gamma peut
être détecté par un scintillomètre (version moderne du compteur Geiger).
L'appareil est portatif et direct d'utilisation. La scintillométrie peut
être utilisée pour chercher un minéral radioactif ou un minéral qui est
associé avec un minéral radioactif comme dans les pegmatites.

La sismique est une méthode basée sur le principe de la propaga-


tion ou la diffusion d'ondes sismiques dans le sol. La méthode ne
s'applique pas directement pour la recherche de minéraux métalliques.
Elle pourra être utilisée pour évaluer l'épaisseur de dépôts de sable ou
de gravier, pour trouver d'anciens lits de rivière enfouis et accessoire-
ment pour localiser des fractures importantes.

Les coûts associés à la géophysique peuvent être estimés à par-


tir des tarifs demandés par les contracteurs pour les différentes métho-
des (voir tableau 4.2). Ces prix ne comprennent pas la coupe de lignes.

magnétomètre 85$/km
gravimétrie 35$/station
polarisation provoquée 800$ à 1800$/km selon la configuration
MAX-MIN 200$/km pour 3 fréquences
T8F 100$/km pour 2 fréquences
scintillométrie 85$/km
résistivité réaliser en conjonction avec d'autres
polarisation spontanée _I- méthodes

Tableau 4.2 Tarifs soumis pour des levés géophysiques en 1988


93

Références

Chaussier, J-B., et Morer, J., 1981. Manuel du prospecteur mi-


nier. Manuel et méthodes 2, BRGM.

Geophysics and geochemistry in the search for metallic ores Geo-


logical Survey of Canada Economic geology report 31 edited
by P.J. Hood, Proceedings of Exploration 77, 1979.

Kearey, P. Brooks, M., 1984. An introduction to geophysical ex-


ploration. Blackwell Scientific publication, 296 p.

Séyuin, M.K., 1971. La géophysique et les propriétés physiques


des roches. Presses de l'Université Laval, Québec.

4.6 Les blocs erratiques

La prospection de blocs erratiques est la recherche visuelle ou


par des moyens géophysiques adaptés de blocs ou de débris minéralisés.
C'est un type de dispersion secondaire de la minéralisation. La direc-
tion de la source est donnée par le sens du mouvement des glaciers.

La localisation des blocs minéralisés est mise en carte. Dans


des bonnes conditions, l'emplacement des blocs forme un cône qui pointe
vers le point d'origine. En pratique la source n'est pas aussi simple-
ment indiquée. La méthode demeure valable puisqu'elle contribue à orien-
ter la prospection.

4.7 Le dynamitage

La dynamite était largement utilisée par les prospecteurs pour


dégager les indices. Cette pratique existe encore mais elle est moins
fréquente à cause des progrès réalisés dans le domaine du forage. En
94

présence d'un chapeau de fer ou d'une autre manifestation d'altération


métallique, le sautage permet de visualiser l'enracinement minéral des
signes de surface. De même, il sert à creuser dans le socle des tran-
chées, pour prélever de la roche fraîche, pour déterminer un pendage,
pour mesurer une épaisseur vraie ou pour fouiller un filon. De plus,
l'utilité du dynamitage apparaît losqu'il est nécessaire de prélever un
échantillon pour analyse en quantité importante dans une roche saine. Un
petit sautage permet de prélever tout le matériel requis.

Le dynamitage est strictement régi par la loi au Québec. Un


permis général est nécessaire pour faire l'achat de la dynamite. Tous
les achats sont notés dans un carnet maintenu à jour. La dynamite est
entreposée dans une poudrière conforme à la réglementation. Le transport
se fait dans une camionnette munie de panneaux de signalisation annonçant
la présence d'explosifs. Le sautage comme tel est effectué par une per-
sonne détentrice d'un permis de boutefeu. Ce permis peut être obtenu
suite à une courte série de cours et à un examen.

Outre la dynamite, le sautage nécessite des détonateurs et du


cordeau. Une corne est utilisée pour donner les signaux sonores requis
par la loi au moment de l'explosion. Le forage des trous de sautage peut
être réalisé à l'aide d'équipement lourd, mais de façon générale, on uti-
lise une foreuse à percussion portative fonctionnant à l'essence. Le
nombre de trous et leur espacement dépendent du but poursuivi.

Il est nécessaire de prévenir le détachement local de la Sûreté


du Québec lors d'activités de sautage. Les policiers sont responsables
de l'application de la loi sur les explosifs et font des inspections à
l'occasion. Si les sautages impliquent le déboisement de terres de la
Couronne, un permis d'intervention est nécessaire. Il est obtenu auprès
du MER-Secteur Forêts. La loi ne s'applique pas si la superficie totale
des tranchées ou autres excavations ajoutées, s'il y a lieu, à celles des
excavations déjà effectuées par un autre titulaire n'excède pas 2% de la
superficie boisée du terrain. Le prospecteur devra se conformer à la
réglementation en vigueur au moment des travaux.
95

L'orientation de la tranchée sera perpendiculaire à l'allonge-


ment de la minéralisation. En cas de doute, la première approximation
est l'orientation préférentielle de la géologie ou celle de la structure
selon qu'on croit la minéralisation associée à l'une ou l'autre. Lors de
sautage, le plus souvent, l'indice est visible et la situation des tran-
chées ne pose pas de problème.

Le coût d'un boutefeu, avec son camion et sa poudrière, est de


300$/jour en 1988. La dynamite et les forages sont à la charge du pros-
pecteur.

4.8 Le décapage

Il faut à l'occasion enlever le mort-terrain pour examiner la


roche sous-jacente. Ce décapage du socle est motivé par une foule de
raisons comme la cartographie géologique qui laisse toujours des espaces
douteux à cause du manque d'affleurement. Si des raisons économiques le
justifient et que l'épaisseur du mort-terrain le permet, on dégage une
tranchée ou on creuse un réseau de puits pour tenter d'appuyer l'inter-
prétation géologique sur des observations. Ceci se présente lorsqu'une
formation géologique est réputée porteuse de minéralisation par exemple,
et que sa localisation précise est nécessaire pour orienter la prospec-
tion. On fera de même pour un contact géologique, si un lien est établi
entre la minéralisation et la limite d'une lithologie. Le décapage pour-
ra avoir une motivation structurale dans le cas d'un gîte sectionné par
une faille. On cherchera dans les fouilles des éléments permettant de
mesurer le sens du déplacement de la faille pour concentrer les efforts
vers le prolongement décalé du gîte.

Il peut être économique de décaper plutôt que de sonder des ano-


malies géophysiques ou géochimiques, si la couverture est mince et la
source de l'anomalie est interprétée comme étant près de la surface. Une
tranchée donnera une fenêtre sur le socle beaucoup plus grande qu'un fo-
rage. Le décapage est employé dans un premier temps pour assurer des ré-
96

serves dans le cas de carrières ou pour des minéraux industriels qui exi-
gent, a priori, de gros tonnages sub-affleurants. Dans le cas d'un indi-
ce de minéralisation métallique, on décape pour identifier d'éventuelles
extensions de la minéralisation et échantillonner plus en détail avant de
procéder à la phase des forages.

Le matériel utilisé pour les travaux de décapage varie avec


l'envergure des travaux projetés. Si on désire enlever la mousse sur un
affleurement, des pioches feront l'affaire. Des petits travaux de dé-
blaiement demanderont des outils de creusage comme des pelles, pics et
barres à mine. Une fois le socle atteint, on balaye la surface du roc
pour bien voir les détails. Si les travaux ont une certaine taille et en
autant que l'accès le permet, le décapage sera effectué mécaniquement.
L'usage de tracteurs bouteurs et de pelles hydrauliques donne des résul-
tats immédiats et à bon compte. Suite au dégagement par l'équipement
lourd, le fund rocheux est lavé avec de l'eau sous pression si possible.
Cette procédure contribue à réduire la contamination lors d'un éventuel
échantillonnage.

Certaines autorisations sont nécessaires pour réaliser des tra-


vaux de déboisement excercés dans le cadre de droits miniers. Nous avons
décrit dans la section précédente, sur le dynamitage, les règlements
associés avec la loi sur les forêts.

La bonne orientation des tranchées est primordiale pour attein-


dre des conclusions valables. Celles-ci seront perpendiculaires à l'al-
longement de la structure recherchée. Il est donc important de faire une
première interprétation des données afin de localiser et d'orienter
correctement une tranchée. Le processus de mise en place de la minérali-
sation est associé à des contrôles géologiques, structuraux, mécaniques
ou chimiques qui sont autant d'indications.

La figure 4.13 donne des exemples de cas où une interprétation


plus poussée est nécessaire pour positionner les tranchées sinon le ris-
que de manquer la minéralisation est grand. L'exemple a) donne une miné-

ralisation associée à une lithologie particulière, comme le platine par


97

exemple, et qui doit être suivie avec soin. Des déplacements par une
faille sont à l'occasion indiqués par la géochimie ou la géophysique pré-
sentant des décrochements ou des anomalies en escalier. L'exemple b) est
celui d'une anomalie géochimique déplacée. On doit d'abord établir s'il
s'agit d'un halo primaire ou secondaire et quels sont les modes de trans-
port qui ont déplacé l'élément à l'étude. Les faits ne sont jamais
clairs parce que plusieurs facteurs peuvent agir simultanément. L'exem-
ple c) est un problème spatial où la rencontre d'un plan, matérialisé par
un filon, ne forme pas une droite si la surface du sol n'est pas plane.
Un croquis à l'échelle éclaircit la situation à condition d'avoir eu
l'occasion de mesurer le pendage du filon. Les contacts géologiques,
lorsque le pendage des lithologies est faible, produisent le même effet
vus en plan.

Le coût du décapage est pratiquement celui de l'équipement


lourd. En 1988, un tracteur bouteur ou une rétro-excavatrice coûtait en-
tre 60$ et 100$/heure.

4.9 Le forage

Le forage est réalisé sur un indice à un stade avancé de son


étude. En exploration minière, la majorité des sondages sont carottés et
réalisés avec une foreuse au diamant. Ils sont destinés à la vérifica-
tion d'anomalies ou à déterminer l'extension en profondeur d'indices et
de gîtes. Les anomalies forées sont d'origine géochimique ou géophysi-
que, ont été confirmées par des travaux de détail, mais doivent être vé-
rifiées pour des raisons de mort-terrain. Les indices de surface sont
d'abord échantillonnés et décapés. Suite à des résultats positifs en
surface, il devient nécessaire d'échantillonnner en profondeur les indi-
ces par forage.

Plusieurs types de foreuse sont disponibles selon les travaux


qui doivent être réalisés. Les petites foreuses portatives sont utili-
sées pour prélever des échantillons de roche fraîche et pour échantillon-

ner dans un premier tenps les indices. Leur profondeur de pénétration


98

f Diorite

Y
J—
a)

Z Gabbro

Diorite

v
~
---.• ---~—
t
.. ' ✓v 1 Pente

b)

C)

LÉGENDE

7777 Filon Affleurement de filon

>--< Tranchée bien placée N----< Tranchée mol placée

Figure 4.13 Disposition de tranchées a) filon en terrain plat avec


faille b) anomalie géochimique associée a
une faille
déplacée par une pente c) filon â pendage oblique en
terrain accidenté
99

est limitée. Pour le sautage, afin de réaliser des tranchées dans la ro-
che on utilise des foreuses à percussion. La vérification de structures
géologiques connues est à l'occasion réalisée à la foreuse rotary, qui
donne cependant une information moins complète que la foreuse aux dia-
mants du fait qu'elle produit des retailles au lieu de carottes. Dans
les dépôts meubles, on utilise des techniques qui privilégient la récupé-
ration. L'utilisation de tarières ne se fait que pour des prélèvements
peu profonds.

La localisation du forage ne se fera qu'après la réalisation de


travaux de détail. Si ceux-ci ont été effectués sur une grille de lignes
coupées, la localisation n'en sera que facilitée. Dans le cas contraire,
il est nécessaire d'avoir un repère sur le terrain qui permet la locali-
sation. L'orientation du forage est choisie en fonction de l'allongement
du corps et de son pendage. Le premier sondage sera localisé là où les
chances sont les meilleures d'intersecter la minéralisation. Il est uti-
le de connaître le plus de détails possible sur la géométrie de l'indice.
Si on a peu d'information sur l'indice à forer, on se basera sur l'inter-
prétation de la géologie du secteur pour l'implantation du forage. Des
travaux de tranchées sont la plupart du temps justifiés pour préciser la
cible d'un forage. Finalement, le dessin d'un croquis donnant la coupe
prévisionnelle du forage permet de préciser notre vision des travaux et
de prévoir la profondeur d'intersection (voir exemple, figure 4.14).
Pour délimiter un gîte, on forera sur une grille régulière.

La description des carottes de forage se fait sur des formulai-


res comparables à l'exemple donné à la figure 4.15. La description est
précédée par des informations telles que la date de réalisation, le lieu,
l'attitude, le diamètre foré, 1'azimuth, l'inclinaison et l'altitude du
forage. La description devra être exhaustive parce que malheureusement,
après quelques années, tout ce qui reste souvent d'un forage est sa des-
cription. On note le type de roche, la minéralogie, la minéralisation,
la quantité visible en pourcentage (%) des minéraux économiques, la cou-
leur de la roche, les éléments structuraux, etc. On inscrit sur le jour-
nal de forage les résultats d'analyse et les intervalles correspondant à
l'échantillon recueilli pour former un ensemble cohérent où toutes les
100

+ + + + +
+ + + + + + + + + +
+ + + + + + + + + +
+ + + + + + + + + +
+ + + + + + + + +
+ + + + + +
+ + +
+ +

LÉGENDE

Minirolisation

Forage projeté Grés


Inclinaison 450
longueur :60m 1+ + Granodiorite

25 m

ÉCHELLE

Figure 4.14 Coupe prévisionnelle d'un forage

données sont réunies. Les intervalles d'échantillonnage de la carotte


sont de 1,5 ou 3 mètres lorsqu'ils sont prélevés de façon continue.
Lorsqu'une particularité se présente, comme un filon ou une minéralisa-
tion visible et étroite, l'intervalle d'échantillonnage est modifié pour
en tenir compte. Pour l'analyse, on fend en deux la carotte et on con-
serve la deuxième moitié comme archive ou pour une éventuelle vérifica-

tion.
JOURNAL DE SONDAGE Trou no

® ~. « ~+ ~: ......••._
o..e......... 1,.40•••., ....... ,.... Feuille
WM
TERRAIN LOCALISATION: ZONE © Cl COMMENCE LE

VERIFICATION A ARPENTAGE ALTITUDE TERMINE LE


CIE
(AT LONG LONGUEUR
CANTON 1

CLAIM AZIMUT 1 AI. iNCL. TYPE DE FORAGE


S. N.R.C.

RANG LOT INCLINAISON JOURNAL PAR- DATE

FORAGE PAR TUBAGE LAISSE oui U non O


ENTREPOSAGE DE LA CAROTTE
ECHANTILLONS ANALYSES
DE A DESCRIPTION
NO DE A LONG.

Figure 4.15 Exemple de journal de forage


102

L'interprétation se fait à l'aide de coupes, longitudinales et


transversales, et de plans. Les forages impliquent une troisième dimen-
sion et sont plus facilement compris lorsqu'ils sont dessinés, sur pa-
pier. Les coupes permettent de faire des relations entre les sondages.

Le coût du forage dépend de facteurs tels que l'accès, la sai-


son, la proximité d'une source d'eau, le métrage total, le nombre de son-
dages etc. De façon générale, pour l'été 1988, les tarifs sont de l'or-
dre de 40$ à 50$ du mètre de carottage en calibre BQ, avec mobilisation-
démobilisation en sus. Ces tarifs fluctuent avec le degré d'activité
d'exploration minérale.
103

5.0 PROMOTION D'UNE PROPRIÉTÉ MINIÈRE

La promotion minière dépend des cycles qui affectent l'industrie


minière. A cause de la variation des prix des métaux, la prospection et
la promotion des propriétés connaissent aussi des hauts et des bas. Des
cycles régionaux se superposent à ceux de l'industrie, ils originent de
découvertes économiques qui mettent en lumière le potentiel minéral d'une
région. Il n'y a qu'à se rappeler l'activité suscitée par les découver-
tes de cuivre dans la région voilà plusieurs années. Pendant un haut de
l'industrie ou de la région, la promotion est naturellement plus facile.

Il demeure toujours un intérêt pour la région de la Gaspésie-Bas


St-Laurent à cause de son potentiel varié. Les découvertes de Mines Gas-
pé sous la ville de Murdochville est une illustration des possibilités en
métaux de base. Aussi, les chances de déceler des gîtes de métaux pré-
cieux d'origine hydrothermale en Gaspésie-Bas-St-Laurent sont bonnes. En
fait, il y a plusieurs géo-sutures ou failles en Gaspésie-Bas-St-Laurent
qui portent des valeurs aurifères.

Les gisements de matériaux de construction et de minéraux indus-


triels offrent un excellent potentiel minier en Gaspésie-Bas-St-Laurent.
De plus, cette région, de par ses ports en eaux profondes, constitue une
porte grande ouverte sur les marchés européens ainsi que sur les marchés
des états américains de l'Atlantique qui renferment à eux seuls une popu-
lation de 60 millions de personnes. Déjà, plusieurs compagnies y exploi-
tent des matériaux de construction et des minéraux industriels, et les
chances d'y développer d'autres exploitations sont bonnes. La situation
sera davantage stimulante avec le libre échange avec les Etats-Unis. La
prospection de ces substances n'est pas facile; elle demande que le pros-
pecteur soit bien informé et soit prêt à faire beaucoup de recherches en
bibliothèque et à consulter des personnes ressources.
104

À l'échelle mondiale, le problème d'approvisionnement en ma-


tières premières ne se situe pas au niveau des substances métalliques,
car en l'an 2000, la plupart des métaux proviendront du recyclage. Les
matériaux de construction et les minéraux industriels ne se prêtent guère
au recyclage. Aussi, nous incitons particulièrement les prospecteurs de
formation académique et tous les autres qui sont avides de connaissances
â s'intéresser davantage aux minéraux industriels de la Gaspésie.

5.1 Analyse et évaluation d'une propriété minière

L'analyse et l'évaluation d'une propriété minière dépendent des


connaissances pratiques que la personne a acquises sur le plan local, ré-
gional et national. Nous nous en tiendrons ici à ne passer en revue ra-
pidement que les principaux facteurs dont il faut tenir compte:

- Les titres miniers doivent être clairs et une vérification de


terrains doit montrer qu'ils sont réglementaires.

- Faire des observations directes sur la zone minéralisée, la


minéralogie, la lithologie, l'altération et la tectonique.

- Faire une corrélation avec d'autres gisements semblables de


la région.

Pour compléter l'évaluation, il faut avoir un bon échantil-


lonnage représentatif en surface et en sondage, afin d'en ti-
rer les analyses chimiques et physiques essentielles.

Avoir les teneurs en métaux et en impuretés de la zone miné-


ralisée. Il faut établir un minimum de tonnage, avoir une
bonne idée de tout le potentiel minier, et y ajouter un cri-
tère de "qualité" du gisement rarement décrit dans les ouvra-
ges académiques. Par exemple, un gîte aurifère dans une zone
de cisaillement est d'une qualité inférieure â un gîte auri-
fère de type veine. En somme, il est relativement facile et
rapide de faire une analyse et une évaluation d'un prospect
105

de métaux de base ou de métaux précieux. On applique un cri-


tère de "qualité" pour un gîte de minéraux industriels lors-
que l'attitude du gisement est horizontal plutôt que vertical
et exempt de dykes par exemple.

En fait, l'analyse et l'évaluation d'un gîte de minéraux indus-


triels sont plus complexes et prennent énormément plus de temps (souvent
plus d'un an). Non seulement qu'il faut étudier tous les points préci-
tés, mais il faut connaître toutes les propriétés physiques de ce mine-
rai, les spécifications du marché, faire l'étude du marché sans compter
qu'il faut faire beaucoup de tests en laboratoire, passer aux tests en
usine pilote et faire enfin des tests industriels car jusqu'à ce dernier
stade, le gisement n'est qu'une curiosité géologique. Aussi, il faut
avoir recours à des experts du pays ou de l'étranger.

5.2 Procédure

Avec un minimum d'aplomb et d'entregent, il est relativement fa-


cile de faire la promotion d'un prospect ou d'un gîte métallifère. Si le
prospect présente un intérêt certain, la promotion et le financement est
facile au cours des bons cycles économiques. Tous les gens de la frater-
nité minière connaissent bien au départ ce qu'est le plomb, le cuivre, le
zinc, l'or et l'argent, leurs utilisations et leurs marchés. Il ne reste
plus qu'à négocier la mise en valeur du prospect et les avantages pécu-
niers des propriétaires.

Dans le domaine des matériaux de construction et des minéraux


industriels, la promotion et la représentation est beaucoup plus lente.
Il est conseillé d'avoir recours à des spécialistes. Notons que la plu-
part des gens connaissent les utilisations pour la chaux et le ciment,
toutefois, peu de personnes connaissent les utilisations de la fluorine,
de la magnésite, de la dolomie, de la silice, etc. Aussi, certains miné-
raux présentent mille et un usages, sans compter qu'il y a une grande
variété de gîtes de calcaire, de gîtes de dolomie et de gîtes de silice.
Toutes ces variétés de gîtes sont utilisées mais servent à des usages
106

différents. Ainsi, l'étude des minéraux industriels est quasi illimitée


et se traduit en une recherche ininterrompue. C'est pourquoi la plupart
des producteurs de minéraux industriels ont un centre de recherche et une
division de marketing. Aujourd'hui, la prospection, l'évaluation et la
promotion des substances minérales est un travail d'équipe à partir de la
base jusqu'au sommet de cette pyramide des activités minières.

De façon schématique, nous diviserons les procédures en trois


étayes:

- confection d'un dossier;


- diffusion;
- ententes.

Le prospecteur réunit en un dossier les documents pertinents re-


latifs à la propriété qu'il veut promouvoir. Ce dossier comprend la lis-
te des claims composant la propriété, une carte donnant leur localisa-
tion ainsi que le détail des titres, transfert et propriétaires. Si la
propriété est détenue par plusieurs individus ou sociétés, il est néces-
saire d'inclure la convention entre actionnaires. Les informations géo-
logiques sont préférablement résumées sur une carte synthèse. Celle-ci
localise les échantillons prélevés, résume les observations et les tra-
vaux réalisés. Il est utile de joindre une section donnant l'interpréta-
tion de la minéralisation, autant que possible appuyée sur un modèle mé-
tallogénique. Des copies des résultats d'analyses peuvent être inclues.
Un échantillon de la minéralisation suscite toujours de l'intérêt. Ce
n'est pas un élément essentiel d'un dossier qui se veut technique, mais
il permet une approche plus terre à terre.

La diffusion est l'étape oû le prospecteur contacte les sociétés


ou les personnes qui sont susceptibles d'investir dans son projet. Dans
le cas des sociétés, le "répertoire des établissements menant des opéra-
tions minières au Québec" publié par le MER-secteur Mines est une source
de références. Les géologues du même ministère peuvent orienter le pros-
pecteur vers les compagnies les plus actives dans la région. Les inves-
tisseurs individuels sont recrutés grâce à des contacts personnels et
107

leur confiance est basée sur la réputation du prospecteur.

Les ententes qui peuvent être signées avec les sociétés minières
ou d'exploration sont différentes selon les cas. Disons que certaines
rubriques sont plus communes. Citons par exemple que des sommes d'argent
peuvent être demandées en compensation de travaux réalisés, que des enga-
gements de réaliser des travaux peuvent être pris en retour d'un pourcen-
tage de la propriété ou encore le paiement de royauté peut être exigé.
Le calcul des royautés peut être fonction du tonnage du minerai extrait
ou des profits réalisés. L'entente doit spécifier les délais de réalisa-
tion des différents travaux. Le prospecteur qui n'est pas familier avec
ce type d'entente a avantage à prendre conseil avant de s'engager formel-
lement.
108

6.0 CONCLUSION

La recherche de gîtes minéraux remonte aux premiers temps de la


colonisation. Le placer de la rivière Chaudière est la première décou-
verte aurifère au Canada. Contrairement aux secteurs des ressources re-
nouvelables, comme le secteur de la forêt, l'essor du secteur minier sup-
pose la découverte de nouveaux gîtes pour remplacer ceux qui s'épuisent.
La prospection permet d'assurer le développement de l'industrie minière
par la constante amélioration de ses techniques et de ses idées. Une
écoute plus grande s'impose donc aux prospecteurs à mesure que se multi-
plient les centres d'information. Les revues et hebdomadaires spéciali-
sés, les bulletins des différentes associations de prospecteurs et les
publications gouvernementales sont des sources d'informations disponibles
au prospecteur qui se maintient à jour sur les développements de la pros-
pection en général et de sa région en particulier. Aussi, des cours
d'initiation ou de perfectionnement sont offerts dans la région pour ceux
désireux d'obtenir une formation encadrée. Le ministère de l'Emploi et
de l'Immigration dispense des cours de prospection dans la région de la
Gaspésie/Bas-St-Laurent. Le candidat désireux de s'inscrire doit contac-
ter les représentants de ce ministère.

Des collections de minéraux peuvent être achetées du MER comme


référence. Il est utile, pour bien comprendre les caractéristiques phy-
siques des minéraux, de pouvoir les tenir en main. Le principal instru-
ment du prospecteur est sa connaissance des roches de la région qu'il ex-
plore. Il ne doit rien négliger pour mettre toutes les chances de son
Côté. Ce guide a été rédigé dans cet esprit, afin de donner une vue gé-
nérale des nombreuses facettes de l'exploration. Nous espérons que ce
survol des sujets incitera le prospecteur à consulter les ouvrages de ré-
férence cités dans les sections qui s'appliquent plus spécifiquemement à
son cas. En référence générale, suite à la conclusion, figure deux li-
vres très pertinents et écrits en français. Le premier est un ouvrage de
109

géologie avec des exemples du Québec. Le second traite de la prospection


au Canada duquel nous nous sommes en partie inspirés. Ils forment une
base où on retrouve les notions fondamentales de géologie et de prospec-
tion.

Au début du siècle, le prospecteur préparait pendant tout l'hi-


ver sa campagne de prospection pour ensuite partir en canot pendant trois
ou quatre mois. Bien des choses ont changé depuis ces jours où il fal-
lait être un coureur des bois pour prospecter. Ce qui demeure aujour-
d'hui est la planification des campagnes de prospection. Celles-ci ne
s'improvisent pas, elles doivent être préparées avec soin. Beaucoup
d'informations concernant la région à prospecter sont disponibles, de
nombreuses études ont été réalisées dans les trois ou quatre dernières
années par les services gouvernementaux. Ces études sont destinées au
secteur de la prospection minérale dans le but de stimuler l'exploration
par un apport d'information.

Le prospecteur doit définir clairement ses objectifs avant d'en-


treprendre des travaux. L'efficacité de la prospection passe par une dé-
marche cohérente. Les travaux ont avantage à être systématiques. Il y
aura toujours des découvertes faites au hazard, mais la plupart sont le
résultat de patientes recherches réalisées avec méthode. Le prospecteur
doit tirer le maximum de bénéfices de ces travaux s'il veut que son en-
treprise connaisse éventuellement des succès. Il est obligé de fournir
des travaux requis pour maintenir valides ses droits miniers. L'expé-
rience a montré que chaque prospecteur individuellement a plus à gagner
de cette pratique que ce qu'il donne. L'accumulation et la circulation
d'une information juste et précise avantagent toutes les parties.

De par le caractère isolé de son travail, le prospecteur est ex-


posé aux accidents, il doit donc respecter les règles élémentaires de
prudence. S'il choisit de travailler seul en forêt, ce que nous ne re-
commandons pas, il doit tenir au courant un proche de ses déplacements.
Il existe toujours des risques de travailler en solitaire et ces risques
doivent être minimisés autant que possible. Les questions environnemen-
tales concernent aussi le prospecteur. Celui-ci, qui de tout temps a
110

surtout vécu en harmonie avec la nature, contribue à donner une bonne


image du secteur minier. Il lui importe de la maintenir.

Nous joignons les principales adresses qui peuvent être utiles


au prospecteur. Il existe une association des prospecteurs gaspésiens
qui regroupe les prospecteurs de la région. Le Ministère de l'Énergie et
des Ressources possède des bureaux à Québec et à St-Anne-des-Monts, où
des géologues qualifiés sont disponibles pour assister les prospecteurs.
Ceux-ci ne doivent pas hésiter à consulter ces personnes ressources.

La région de la Gaspésie et du Bas-St-Laurent a un potentiel


minier à mettre en valeur. Elle renferme des métaux de base et des mé-
taux précieux. De grandes structures restent encore à être prospectées
et beaucoup de terrains sont ouverts au jalonnement. La proximité
d'infrastructures portuaires permet d'espérer le développement de l'ex-
ploitation des minéraux industriels. L'occasion est à saisir.
111

PRINCIPALES ADRESSES

1) L'Association des Prospecteurs Gaspésiens


a/s Monsieur Valérien Côté, président (1988)
195, rue Notre-Dame
Cap-Chat est, Qc
GOJ 1G0

2) Ministère de l'Énergie et des Ressources Secteur Mines


Bureau Régional
a/s Monsieur Gilles Duquette
10, boulevard Ste-Anne ouest
Case Postale 697
Ste-Anne-des-Monts, Qc
GOE 2G0
Tél: (418) 763-3622
(418) 763-7810

3) Ministère de l'Énergie et des Ressources - Secteur Mines


Service des titres miniers
1620, boulevard de l'Entente
Québec, Qc
GIS 4N6
Tél: (418) 643-4528

4) Ministère de l'Énergie et des Ressources - Secteur Mines


Service de la promotion et de l'aide à l'exploration minière
Programme d'assistance financière à la prospection minière dans le
Bas-St-Laurent et la Gaspésie (1987-1991)
1620, boulevard de l'Entente
Québec, Qc
GIS 4N6
Tél: (418) 643-5159

ou

10, boulevard Ste-Anne ouest


Ste-Anne-des-Monts, Qc
GOE 2G0
Tél: (418) 763-7352
(418) 763-3622

5) L'Association des Prospecteurs Gaspésiens


Programme d'assistance financière à la prospection minière dans le
Bas-St-Laurent et la Gaspésie (1987-1991)
122, ler avenue ouest
Case Postale 910
Ste-Anne-des-Monts, Qc
GOE 2G0
Tél: (418) 763-7253
112

PRINCIPALES ADRESSES

5) Ministère de l'Énergie et des Ressources - Secteur Forêts


Unité de gestion Shick Shock
16, 1ère avenue ouest
Case Postale 727
Ste-Anne-des-Monts, Qc
GUE 2GU
Tél: (418) 763-5581

REFERENCES

Landry, H. Mercier, M., 1983


Notions de géologie avec exemple du Québec, Modulo Éditeur,
426 p.

Lang, A.H., 1976. La prospection au Canada Commission géologique du


Canada, rapport géologie économique no 7, 336 p.
113

LEXIQUE

Alluvions Dépôts (cailloux, graviers, sables, boues) provenant


d'un transport par les eaux courantes.

Anticlinal Pli où les couches de roches sont convexes vers le


haut, de même que le sommet des couches.

Batholite Masse de roches plutoniques ayant une superficie d'au


moins 100 kilomètres carrés, dont les côtés s'inclinent
légèrement vers l'extérieur en s'élargissant vers le
bas.

Brèche Fragments anguleux consolidés de minéraux ou de roches.


Les brèches peuvent former des zones étroites et de
forme irrégulières en colonnes ou le long des failles.

Carbonate Roche carbonatée comme le calcaire et la dolomie.

Carbonatite Roche carbonatée intrusive associée aux roches ignées


alcalines et habituellement de forme circulaire ou
annulaire.

Cheminement Prospection à l'aide de lignes systématiques le long


desquelles on détermine les positions des observations.

Concordant Gite minéral qui s'étend parallèlement à la stratifica-


tion ou à la disposition de la roche favorable encais-
sante.

Contact Surface ou ligne d'intersection entre deux litholoyies.


114

LEXIQUE (suite)

Coulée Masse de lave de forme tabulaire qui s'est épanchée


lentement à la surface de la terre. On appelle aussi
familièrement "coulée", les roches volcaniques formées
par la lave consolidée.

Discordance Discontinuité de couches de roches résultant d'une


période d'érosion entre deux phases de sédimentation.

Distension Étirement de la croûte terrestre.

Dyke Masse de roche ignée de forme tabulaire remplissant une


fracture dans la roche massive ou traversant des roches
litées.

Éluvions Minéraux détritiques concentrés par l'eau de pluie et


la gravité, à proximité et en contrebas d'un
affleurement, produit de la désagrégation des roches
en place.

Erosion Ensemble des divers processus de fragmentation, de


dissolution et de transport des roches de l'écorce
terrestre. Ce terme englobe les processus d'altération
superficielle, de dissolution, de corrosion et de
transport.

Évaporite Sel minéral résultant de l'évaporation de l'eau de mer


ou des lacs ou étangs salins.

Faciès Aspect, apparence et caractéristiques d'une roche, le


plus souvent reflétant les conditions de son origine.
115

LEXIQUE (suite)

Faille cassure ou cisaillement des roches entraînant un dépla-


cement visible des deux parties de la masse.

Feldspath Minéral, silicate d'aluminium et d'un métal alcalin.

Felsique Terme générique désignant les roches ignées à grains


fins riches en feldspath.

Gal Unité de mesure de l'accélération due à la pesanteur et


correspondant à 1 centimètre par seconde.

Gamma Unité de mesure usuelle du magnétisme pour les levés


géophysiques.

Gangue Minéraux ou roches sans valeur dans un gîte minéral.


Comprend les minéraux métallifères sans valeur, mais la
plupart des gangues ne sont pas métallifères.

Granitisation Transformation de la roche originelle en roches yraniti


ques et roches plutoniques apparentées.

Halo Lone entourant partiellement ou entièrement un gîte


minéral.

Hydrothermalisme Fluide chaud transportant des éléments dissous et des


dépôts formés par ce fluide. Certains géologues res-
treignent le terme au fluide provenant d'un magma et
d'autres y englobent les eaux thermales profondes.

Intrusive Masse de roche plutonique qui a été introduite dans


d'autres roches alors qu'elle était fondue ou en
116

LEXIQUE (suite)

fusion. Par opposition, les roches volcaniques sont


"extrusives".

Latérite Sol résiduel ou gîte minéral constitué d'oxydes insolu-


bles de fer, d'alumine ou d'autres métaux laissés sur
place après le lessivage des matières solubles. Typi-
que des climats tropicaux.

Lave Roche liquide comme celle qui provient d'un volcan. Un


emploie parfois ce terme pour désigner les roches vol-
caniques formées par cette matière.

Lentille Couche, dyke ou filon s'amincissant sur les bords, à la


façon d'une lentille.

Maf i que Terme générique désignant les roches foncées riches en


magnésium et en fer.

Magnétisme Aimantation conférée aux grains de certains minéraux


par le champ magnétique de la terre.

Magnétisme Aimantation conservée en permanence par certains miné-


raux et par les roches qu'ils forment.

Mariposite Synonyme de fuschite.

Métasomati sme Genre de métamorphisme dans lequel certaines matières


sont ajoutées à la roche préexistante et certaines
autres emportées par les solutions.
117

LEXIQUE (suite)

Minéralogie Branche de la géologie qui traite de la description et


de la classification des minéraux.

Orogénèse Mouvements régionaux de l'écorce terrestre qui ont don-


né naissance aux plissements, aux failles et au méta-
morphisme, associés à la formation des montagnes.

Pegmatite Roche cristalline à cristaux uniformément gros d'origi-


ne plutonique ou métasomatique, formant généralement
des dykes, des sills ou des petites masses de forme
irrégulière.

Placer Gîte de minéraux lourds ou résistants, contenus dans du


sable ou du gravier.

Pétrographie Branche de la géologie qui traite de la description et


de la classification des roches surtout à l'aide d'exa-
men microscopique.

Physiographie Description de la surface de la terre.

Plateau Zone submergée, légèrement inclinée, s'étendant à de


faibles profondeurs en bordure des continents depuis la
rive jusqu'au talus continental où la profondeur
atteint 200 mètres ou davantage.

Plutonique Terme générique employé pour désigner les roches ignées


cristallisées en profondeur, par opposition aux roches
volcaniques.
118

LEXIQUE (suite)

Porphyre Roche ignée contenant des cristaux relativement grands


appelés phénocristaux, enfermés dans une matrice à tex-
ture fine.

Pyrornéta- Gîtes formés à la faveur de modifications métasomati-


somatique ques au contact des roches plutoniques ou au voisinage

de celles-ci. Le terme est un peu plus large que "dé-


pôt de métamorphisme de contact".

Relations Relations se rapportant à la distance ou à la position.


spatiales

Roche Terme générique désignant la roche ou les roches norma-


encaissante les qui entourent un gisement ou un gîte minéral.
119

INDEX

Agglomérat 18 Échantillonnage 54, 104


Altération 38, 39, 77 - au hasard 55

Amphibolite 21 de spécimen 55
Anomalie 77,85 - de minéraux lourds 83
Antiforme 23 de roche 80
Ardoise 20 - de sédiment de

Aryilite 18 ruisseau 78
Bloc erratique 36, 93 - de sol 78

Boussole 46, 50 - par éclat 55


Boutefeu 95 par saignées 55
Brèche 18 Échelle de Mohs 6
Bruit de fond 77, 83 Électromagnétisme 91
Budget 49 Équipement 45
Calcaire 18, 25, 29 Évaluation 73
Carnet de terrain 57 Faciès 20
Carotte 100 Faille 21, 25, 35, 47
Carte topographique 50 Filon 31, 37
Chapeau de fer 39, 94 Forage 97
Chaînage 74 Gangue 32
Cisaillement 23 Gneiss 20
Cl afin 58, 64, 106 Graben 23
Clivage 6 Grauwacke 18
Conglomérat 18, 25 Gravimétrie 87
Cornéenne 20 Grès 18
Couleur 5 Grille 74
Coupe de ligne 73 Horizon de sol 80
Croquis 53, 57 Indicateur 33
Décapage 95 Indice 48, 58, 70
Déclinaison 51 Jalonnement 58
Densité 6 Joint 22
Diaclase 22 Lustre 6

Dureté 6 Macle 6
120

INDEX

Magnétisme 6, 87 Roche 15
Marbre 20 - ignée 15
Métal 5, 47, 103 - métamorphique 20
Métamorphisme 20, 29 35 - plutonique 15
Minéral 5 - sédimentaire 16
Minéralisation 27 - volcanique 15
- d'altération 32 Schiste 20, 35
de remobilisation 32 Scintillométrie 92
- filonnienne 31 Sécrétion latérale 32
- magmatique 28 Ségrégation magmatique 28, 43
sédimentaire 28 Séricite 39
- volcanique 30 Serpentinite 21
Mudstune 18 Shale 18
Nappe de charriage 23 Siltstone 18
Penuaye 21, 99 Sismique 92
Permis de prospection 59, 64 Skarn 20, 29, 35, 40
Placer 28, 36 Stockwerk 31
Plan axial 23 Synforme 23
pli 23 Titre minier 49, 104, 106
Polarisation provoquée 89 Trait 6
Porphyre de cuivre 29, 36, 40 Tranchée 95
Poudrière 95 Tuf 18, 31
Prospection 45, 70 Veine 36
Quartzite 21 Volcanoclastite 18
11 a
d~.

Annexe I

LES SYSTÈMES CRISTALLOGRAPHIQUES

Les cristaux se divisent en sept systèmes cristallographiques

I Le système isométrique

Il est caractérisé par trois (3) axes de références orthogonaux et


les mêmes propriétés selon les trois (3) axes.

II Le système tétragonal

Il est caractérisé par trois (3) axes de référence orthogonaux et


les mêmes propriétés selon deux (2) axes.

III Le système orthorombique

Il est caractérisé par trois (3) axes de référence orthogonaux


et des propriétés différentes selon ceux-ci.
.~,~.~..

Annexe I (suite)

LES SYSTÈMES CRISTALLOGRAPHIQUES

IV Le système monoclinique

Il est caractérisé par deux (2) axes orthogonaux et un troizième


incliné.

V Le système triclinique

Il est caractérisé par trois (3) axes non orthogonaux.

VI Le système hexagonal

et

VII Le système trigonal

Ils sont caractérisés par des axes donnant des angles de 60° et
120°
Annexe I (suite)

LES SYSTÈMES CRISTALLOGRAPHIQUES

LES MACLES

La macle est l'union symétrique de deux (2) ou plusieurs


cristaux. Souvent celle-ci apparait comme une rotation relative.
k. r

Annexe II

LES HORIZONS DES SOLS DANS LE CAS DES PODZOLS


(modifié de Classification canadienne des sols,
Ministère de l'Agriculture du Canada, 1972)

—o o-
5-

—6 15-

Profondeura pproxi mativeencenti mètres


25 —
Profondeur approxima tive en pouces

—12

—18
50-

—24
C C

C
—30 75 —

—36 Grand groupe Grand groupe Grand groupe


des podzols des podzols des podzols
humo-ferriques ferro-humiques humiques
—40 4.3 4.2 4J 100 —
ANNEXE II (suite)

L-F-H—Couches organiques formées dans des conditions de drai-


nage variant d'imparfaites à bonnes.
L—Couche caractérisée par l'accumulation de matières or-
ganiques dans lesquelles les structures d'origine sont
faciles à discerner.
H—Couche caractérisée par l'accumulation de matières or-
ganiques décomposées dans lesquelles il est impossible
de reconnaître leurs structures originelles. Ce matériau
diffère de la couche F par son degré d'humification plus
élevé, dû particulièrement à l'action d'organismes. Cette
couche est une forme d'humus zoogène consistant prin-
cipalement en déjections sphériques ou cylindriques de
micro-arthropodes. Elle est fréquemment mélangée à des
particules minérales, surtout près de son point de contact
avec une couche minérale.
HORIZONS MINÉRAUX MAJEURS ET COUCHES
Les horizons minéraux contiennent des matières organiques en quan-
tité inférieure à la quantité spécifiée pour les horizons organiques.
A—Horizon ou horizons minéraux qui se forment à la surface ou
près de la surface du sol, dans la zone soit de départ d'éléments
en solution ou en suspension, soit d'accumulation maximale
in situ des matières organiques, ou des deux à la fois.
Ils comprennent:
(1) des horizons dans lesquels les matières organiques résultant
d'une activité biologique se sont accumulées (Ah);
(2) des horizons résultant de l'éluviation de l'argile, du fer, de
l'aluminium ou des matières organiques, ou tous ensemble
(Ae);

B—Horizon ou horizons minéraux présentant un ou plusieurs des


caractères suivants:
(1) un enrichissement en silicate argileux, en fer, en aluminium
ou en humus, seuls ou en combinaison (Bt, Bf, Bfh, Bhf et
Bh) ;
C—Un ou plusieurs horizons minéraux relativement peu modifiés par
les processus pédogéniques en action dans A et B, excepté en
ce qui concerne a) la gleyification et, b) l'accumulation de
carbonates de calcium et de magnésium et de sels plus solubles ,
(Cca, Csa, Cg et C) .
R—Roc sous-jacent consolidé, trop dur à l'état humide pour être
brisé à la main ou creusé à la pelle et ne possédant pas les carac-
téristiques d'un horizon C. La limite entre la couche R et tout
matériau non consolidé sus-jacent est appelé contact lithique.
:.;0

Annexe III Taille des grains en millimètre

Bloc

-256 (mm)
Galet
64

Gravier

—4

Sable

-0.05

Silt

—0.005

Argile
Annexe IV Tableau d'équivalences

1 pied = 30,48 centimètres (cm)

1 arpent = 58,47 mètres (m)

1 mille = 1,609 kilomètre (km)

1 acre = 0,405 hectare (ha)

1 hectare = 100 mètres x 100 mètres (10 000 m2)

1 verge cube = 0,765 mètre cube (m3)

1 gallon = 4,546 litres (L)

1 once = 28,35 grammes (g)

1 livre = 0,45 kilogramme (kg)

1 tonne courte = 907 kilogrammes (kg)

1 once troy = 31,10 grammes (g)

1 pennyweight = 1,555 gramme (g)

1 once troy/tonne courte = 34,286 grammes/tonne métrique (g/t)


Annexe V Tableau des cosinus

Angle Cosinus

0 1
5 0,99619
10 0,98481
15 0,96593
20 0,93969
25 0,90631
30 0,86603
35 0,81915
40 0,76604
45 0,70711
50 0,64279
55 0,57358
60 0,5000
65 0,42262
70 0,34202
75 0,25882
80 0,17365
b
85 0,08716
90 0 b = cos ..< x a

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