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Son statut d'abbaye royale comme son pendant, l'abbaye de Maubuisson7, lui confère un statut

exceptionnel : elle n'est pas sous la dépendance d'une des «  lles » de Cîteaux que sont les abbayes
de La Ferté, Pontigny, Clairvaux et Morimond, mais relève directement de l'abbaye mère de
Cîteaux. L'abbaye est un lieu ouvert et soumis à la volonté royale, elle accueille le dominicain
Vincent de Beauvais, précepteur des enfants royaux. Il est probable que la bibliothèque de
Royaumont ait d'ailleurs joué un rôle dans l'élaboration de l'encyclopédie Speculum Majus. Tout au
long de son règne, saint Louis favorise Royaumont de dons en argent, en terres, mais également en
droits et avantages de toutes natures. En 1235, le roi accorde une rente annuelle de cinq cents livres
pour l'entretien d'au moins soixante moines8.

Saint Louis séjourna souvent à Royaumont, partageant alors la vie des moines tout au long de la
journée. Pendant les of ces, il prenait place à côté de l'abbé, mais sinon ne cherchait point à
occuper une situation privilégiée. Le roi servait les moines à table, demandait à leur laver les pieds
dans le cloître selon une habitude des bénédictins et soignait les moines malades, dont un moine
lépreux, le frère Léger. L'abbaye avait un hôpital (appelé grande in rmerie) pour accueillir les
malades et in rmes de tous les environs, fondé sous l'impulsion de saint Louis et qui existait encore
au XVIIIe siècle. Dès juillet 1258, l'abbaye donna tous les jours l'aumône aux indigents des environs
au lieu de trois fois par semaine, fréquence jugée insuf sante par l'abbé de Cîteaux. Louis donna
alors à l'abbaye sa baronnie de Roupy près de Saint-Quentina 2.

La vie monastique, rythmée par les prières, permettait à saint Louis d'étancher sa soif de l'absolu.
L'abbé entreprit des embellissements de l'église, sans doute dans le but d'offrir au roi un sanctuaire à
sa hauteur : peintures, sculptures, courtines (rideaux autour de l'autel), colonnes surmontées d'anges.
Ce fut une infraction à la règle de simplicité de l'ordre, et son chapitre général de septembre 1263
enjoignit à l'abbé de faire disparaître tout ce décor dans un délai d'un mois.

Lors du décès de son frère Philippe-Dagobert en 1233 ou 1234, le roi prit la décision de choisir
Royaumont comme sépulture des enfants de la famille royale morts en bas âge. Ainsi, il y t
inhumer les corps de trois de ses quatre enfants morts avant lui, Blanche († 1243), Jean († 1248),
Louis de France, qui devait devenir son successeur († 1260). Pour Jean-Tristan, disparu peu avant
son père, la décision ne fut pas respectée. D'autres enfants de la famille furent inhumés en
l'abbatiale de Royaumont par la suite, jusqu'à la n du siècle9. À la mort du roi, l'abbé étant un des
exécuteurs testamentaires, l'abbaye reçoit un tiers de la bibliothèque royale et est l'une des mieux
dotées du royaume8. Reste à remarquer qu'aucun des sept abbés sous Saint-Louis n'entra dans
l'Histoire, l'on ignore pratiquement tout d'euxa 3.

Par contre, un personnage extérieur à l'abbaye qui y logea entre 1255 et 1264, jusqu'à sa mort, laissa
bien des traces dans l'histoire, ce fut Vincent de Beauvais. Il est à peu près certain que des moines
de Royaumont collaborèrent à son œuvre, à savoir le Grand miroir ou Bibliothèque de l'Univers,
grande encyclopédie réunissant toutes les connaissances du XIIIe siècle, qu'il serait dif cile de
considérer comme le travail d'un seul homme. C'est en même temps l'unique travail scienti que
connu à ce jour que l'on peut attribuer à Royaumont, les cisterciens se limitant le plus souvent au
copiage de manuscritsa 4.
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