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1001
allergies
& intolérances
Direction éditoriale : Stéphane Chabenat
Suivi éditorial : Pauline Labbé / Alix Heckendorn (pour l'édition
électronique)
Conception graphique et mise en pages : Pinkart
Conception couverture : MaGwen
Les Éditions de l’Opportun
16, rue Dupetit-Thouars
75003 Paris
www.editionsopportun.com
DÉDICACES
Joseph, homme tendre et délicieux, au vert regard si malicieux, j’aurais
tellement aimé que tu sois encore là, que tu puisses voir, entre autres, ce
livre avant ton départ vers d’autres cieux.
Nathalie Szapiro, mon amie, tu m’as insufflé le virus de l’écriture, sois-en
éternellement remerciée.
Sophie Crimon, faire des reportages FR3 avec toi est un réel bonheur, à
chaque fois renouvelé.
Véronique Olivier, toujours un vrai plaisir de travailler avec toi pour le
journal Oasis et l’association AFPRAL.
Un grand merci à l’actrice Anaïs Fabre pour sa jolie préface.
Emmanuelle, mon amie d’enfance.
Nicole, une amitié sans faille même si nous ne nous voyons que trop
rarement.
Pour mon soleil du Sud, Christiane, tes mots apaisants, ta relecture et tes
commentaires pleins d’humour, sans parler de ton délicieux nougat maison.
André, depuis 1980, tu es et seras toujours pour moi Jimmy.
Jean-Jacques (JJSB) l’infatigable globe-trotter.
François, merci pour ton info sur la « gratte ».
Guy, comme un frère, quel chemin parcouru depuis le P1.
Lo. E.
Peggy… D’une aide si précieuse.
Merci au docteur Martignac, vétérinaire à Maisons-Alfort pour nos
échanges et votre avis spécialisé sur la rubrique de l’allergie chez les
animaux.
Emmanuel de Viel, de Le Quotidien du Médecin, soyez remercié pour
votre confiance durant toutes ces années.
Un grand merci à Stéphane Chabenat des Éditions de l’Opportun et à son
équipe qui ont permis la concrétisation de ce livre.
Rosita, tu t’es engagée dans la découverte de l’allergologie sans lâcher ton
activité. Tu sais combien j’admire ton courage.
Jessyca Falour : le début de l’aventure du site La santé surtout et votre
découverte de nos délicieux macarons.
Et tous les autres proches à qui je pense souvent.
Clin d’œil à Plume, mon greffier préféré, saucisse à pattes aimant se
greffer sur le clavier pour m’encourager.
Parce qu’un fond musical m’est toujours indispensable pour la rédaction :
Selah Sue, Adèle, Imany, Nina Simone, Aretha Franklin, Inna Modja, Julien
Doré, Coldplay, Maroon 5, Justin Timberlake, Earth, Wind and Fire, Bruno
Mars, Honne, The Avener, Alicia Keys, Rag’n’Bone Man.
SOMMAIRE
PRÉFACE
INTRODUCTION
AVANT-PROPOS
CHAPITRE I – ALLERGIES ET
ENVIRONNEMENT
A – Qui sont les coupables ?
1 – Sacrés acariens
2 – Nos amies les bêtes
3 – Autant en emporte le vent
4 – Ces drôles de champignons
5 – J’ai le cafard
B – La pollution intérieure : un facteur favorisant
1 – Cigarettes : des volutes assassines
2 – Le cannabis : de possibles allergies
3 – Les COV, ça pue…
4 – Les plantes d’intérieur : bonne ou mauvaise idée ?
5 – Comment aménager son intérieur ?
ANNEXES
A – Qu’est-ce qu’un allergologue ?
B – La première consultation
C – Les differents tests à disposition
1 – Les prick tests
2 – Les intradermoréactions (IDR)
3 – Les patch tests ou tests épicutanés
4 – Les épreuves fonctionnelles respiratoires
5 – Le test de provocation par voie orale
D – Les examens sanguins
1 – Les IgE spécifiques classiques
2 – L’allergologie moléculaire
E – Comprimés, gouttes et sprays :
le traitement, ce vrai soulagement
1 – Fini, le nez rouge qui coule
2 – Être essoufflé(e) n’est pas jouer
3 – La désensibilisation
4 – Vade retro, eczéma
5 – Ça me gratouille, ça me chatouille
CONCLUSION
INDEX
PRÉFACE
Un des premiers soirs de Noël passé chez mes beaux-parents, on parle de
tout, on rit, on apprend à se connaître, on essaie de savoir si lʼon va bien
sʼentendre, qui lʼon est, ce qui nous caractérise, ce qui nous constitue. Et
puis, au détour dʼune bouchée de nougat (mon dieu, ce nougat…), on en
vient à parler alimentation, le sel de la vie (du moins de la mienne) et de fil
en aiguille, mais somme toute très rapidement, nous en arrivons aux
intolérances, puis aux allergies ! Si le sujet des allergies arrive sur la table,
un soir de Noël, me dis-je après coup, ce doit être un sujet fichtrement
important, non ?
Alors évidemment, quand Christiane ma belle-mère mʼa parlé de ce livre,
elle a tout de suite suscité mon intérêt. Bien sûr que mon cas est loin dʼêtre
le pire, je fais partie de ce grand nombre de personnes qui souffrent sans
souffrir des allergies. Mais mince ! Moi qui déteste, de manière générale
tout ce qui mʼempêche, mʼentrave, me gêne (oui, je suis une femme,
française de surcroît) pourquoi donc, depuis toujours, je me laisse subir ces
petites crises sans leur tendre lʼoreille ?
Pourquoi, moi, insoumise et bagarreuse, je continue à mʼautopersuader que
cʼest comme ça et lʼon ne peut rien y faire ? J’aurai toujours lʼair dʼune
grenouille après une nuit à la campagne, j’aurai toujours cette sensation de
fin de grippe en présence du chat de ma copine Caro et un retour dʼacné
infantile lorsque jʼoublie de me démaquiller.
Je nʼai pas encore eu le plaisir de rencontrer Catherine Quéquet en chair et
en os, et pourtant son livre mʼa parlé directement et simplement, sans se
camoufler sous des habits de science, sans me prendre de haut et, qui plus
est, avec beaucoup dʼhumour.
Ce livre nous parle de nous, de notre quotidien, de nos habitudes, met des
mots sur ces petits maux que lʼon peut parfois négliger mais qui nous
polluent insidieusement pour certains et plus lourdement pour dʼautres.
Confiez votre cas à lʼinspecteur Catherine, ça va vous faire du bien. Bonne
lecture et bonne enquête !
Anaïs Fabre
Comédienne
INTRODUCTION
Être allergologue, c’est avoir une âme d’enquêteur. Cela tombe bien,
j’adore les romans policiers. Il faut se rapprocher au mieux de la vie du
patient pour identifier les substances suspectes. Lorsque les symptômes
apparaissent, la solution la plus adéquate pour cibler le ou les responsables
reste le bilan allergologique. Il permet de mettre en place un traitement
adapté et les mesures de prévention. Cela reste, bien sûr, le schéma de base.
C’est en effet sans compter sur les allergènes subrepticement distillés dans
notre environnement, là où on ne les attend pas. Par exemple, les protéines
de lait, vous pensez ne les trouver que dans votre bol le matin ou dans le
biberon de votre enfant. Comment imaginer que, désormais, ces mêmes
protéines sont présentes dans certains tissus confectionnant sous-vêtements,
matelas ou couches-culottes de vos bébés. Les protéines de blé,
habituellement présentes dans notre alimentation, peuvent squatter certains
cosmétiques. Quant à pouvoir énumérer tous les produits appelés «
composés organiques volatils » polluant notre logement, la liste est très
longue !
Depuis quelques années, de nombreux changements sont observés dans
l’aide au diagnostic et l’accompagnement de l’allergique : la mise en place
d’une « induction de tolérance » pour certains allergènes alimentaires, la
réévaluation des principes de base de la diversification alimentaire, la
meilleure compréhension de l’eczéma atopique, le développement de
l’éducation thérapeutique, la rédaction de nouveaux textes concernant
l’étiquetage des denrées, des cosmétiques, des polluants de l’air intérieur…
Les conseils d’éviction et de prévention font toujours partie intégrante du
traitement allergologique. Mais comment s’y retrouver devant cette
abondance de renseignements collectés la plupart du temps sur le Web ? De
nombreux allergiques, en toute bonne foi, achètent ce qu’ils pensent être le
mieux pour eux et leurs enfants. Ils se font souvent berner par des accroches
publicitaires abusives, surfant sur des vides législatifs. Des solutions
raisonnables peuvent être proposées. Il est inutile de dépenser des sommes
importantes pour des produits qui n’ont pas fait preuve de leur efficacité.
Les allergologues sont tout à fait qualifiés pour dénouer le vrai du faux
parmi les idées reçues et les questions que se posent un grand nombre de
Français. Cet ouvrage ne se substitue aucunement à la consultation
médicale. Il constitue en revanche une aide précieuse répondant à de
nombreuses interrogations posées quotidiennement en consultation sur la
prévention des allergies.
Peut-on imaginer que nos amies les bêtes soient, elles aussi, victimes de
crises d’asthme, d’allergies alimentaires ou d’eczéma ? Un chapitre leur est
exceptionnellement consacré et vous serez étonnés. Cette idée m’a été
soufflée par mon amie le docteur Nathalie Szapiro, médecin et journaliste.
Les maîtres trouveront des solutions pour soulager leurs compagnons à
quatre pattes grâce à une étroite collaboration avec le docteur Martignac,
vétérinaire à Maisons-Alfort.
Mon intérêt pour les moyens de communication m’a également incitée à
me pencher sur l’image de l’allergologie et des allergies dans les médias.
En espérant que ce petit voyage au milieu des réseaux sociaux et autres
liens réels ou virtuels vous sera agréable. Tous les cas cliniques cités dans
cet ouvrage sont tirés de mon expérience professionnelle ou d’articles
médicaux publiés (références citées).
AVANT-PROPOS
Qui n’a pas, au moins une fois dans sa vie, éternué, eu des rhumes trop
fréquents, des boutons qui démangent ou des plaques rouges, une toux, etc.
Ce nez qui ne cesse de couler, ces yeux qui grattent. Et pourquoi ne pas
penser à une allergie ? Celle-ci se définit comme une réaction exagérée de
l’organisme vis-à-vis de substances ou d’objets rencontrés dans la vie
quotidienne. Mais comment savoir ? Tout d’abord se poser les bonnes
questions. Est-ce toujours au même endroit, en vacances, chez moi ou au
travail, lorsque je caresse mon animal, quand je tonds la pelouse ? Ne
serait-ce pas à une époque identique chaque année ? Ou lorsque le même
cosmétique est appliqué régulièrement sur la peau ? Penser que ce n’est que
le changement d’un produit serait une erreur. C’est au fur et à mesure du
contact que l’allergie s’installe insidieusement, sans que vous ne vous en
rendiez compte. Pendant des années, vous utilisez cette crème de jour, vos
ongles sont peints avec tel vernis sans aucun problème, puis des plaques
rouges apparaissent sur le visage. Attention, une petite alarme doit se
déclencher dans votre esprit : et si c’étaient vos produits cosmétiques ?
Surtout ne les jetez pas et mettez-les de côté en prévision d’un bilan chez
l’allergologue. Prenez-vous en photo. Même si vous n’êtes pas forcément à
votre avantage ce jour-là, ce sera toujours utile au médecin.
Une gêne respiratoire, des poumons qui sifflent, une toux en riant ou en
courant ? Vous êtes essoufflé(e) ? Les bronches souffrent un peu et
s’enflamment, surtout si vous fumez ? Le tabac n’a jamais rien arrangé.
C’est peut-être un asthme débutant : allez consulter et votre vie en sera
changée. Cela fait trois fois qu’en mangeant des crevettes vous gonflez ? La
cacahuète, plus question d’en manger sans que surviennent des boutons
rouges ressemblant à des piqûres d’ortie ? Votre bébé ne supporte pas le lait,
il vomit, a la diarrhée et maigrit ? Cela ressemble bien à une allergie
alimentaire retardée aux protéines de lait de vache, souvent méconnue.
Remettons-nous en mémoire quelques éléments de base.
Le terme allergie se décline plutôt au pluriel. Penser en effet qu’il n’y en a
qu’une serait trop facile. L’organisme est une superbe machine qui nous
réserve de drôles de surprises, en particulier dans les différents mécanismes
immunologiques mis en place. Je vais vous en résumer les deux principaux,
pour une meilleure compréhension de l’ouvrage. Souvent, quand on parle
d’allergie, on pense rhinite, conjonctivite, asthme, allergie alimentaire, choc
anaphylactique qui sont dépendants d’un terrain génétiquement prédisposé
dit atopique. Il s’agit là de la mise en place d’une hypersensibilité
immédiate constituée d’une cascade de réactions liée à la fabrication
d’anticorps spécifiques (immunoglobuline E ou IgE) de chaque protéine
allergisante (allergène). On peut également mettre dans cette catégorie
l’allergie aux venins d’hyménoptères, au latex et à certains médicaments.
Les manifestations cliniques n’arrivent jamais au tout premier contact mais
après plusieurs. C’est alors très rapidement, en quelques minutes et jusque
dans les deux heures suivantes, que tout se déclenche. Totalement différente
de cette première forme,
il y a l’allergie de contact aux cosmétiques, aux matériaux ou produits
industriels, etc. Elle se distingue par l’absence d’anticorps IgE, de terrain
atopique prédisposé et un délai d’apparition des symptômes (eczéma)
beaucoup plus long : environ 48 heures.
BON À SAVOIR
Actuellement, on estime qu’un Français sur trois est allergique. Si ce
n’est pas vous qui êtes directement concerné(e), cela peut être un(e)
ami(e), un(e) collègue. Il faut être très vigilant et parfois des moyens
simples de prévention peuvent représenter la solution à de nombreux
problèmes.
CHAPITRE I
ALLERGIES
ET ENVIRONNEMENT
Nous passons environ 80 % de notre vie à l’intérieur de logements
individuels ou collectifs. C’est à cette occasion que notre organisme est
mis en contact avec de nombreuses substances irritantes ou
allergisantes. Elles représentent des sources non négligeables de
pollution de l’air intérieur, et par conséquent, de problèmes
respiratoires et/ou ORL. Récemment, la gestion de l’environnement
intérieur est devenue un véritable problème de santé publique. Le
Grenelle de l’environnement en a été l’exemple le plus marquant.
Encore faudrait-il que les mesures prises soient appliquées !
Individuellement, il est tout à fait possible, en améliorant correctement
son habitat, de prendre moins de médicaments, et par conséquent, de
ressentir moins de symptômes liés à son allergie (rhinite ou asthme).
Depuis de nombreuses années, la pollution extérieure, industrielle ou
liée aux vapeurs diesel est incriminée comme facteur favorisant
l’apparition de maladies respiratoires. Il faut alors prendre en compte
son rôle dans l’aggravation de l’inflammation de la muqueuse
bronchique et de potentialisateur du pouvoir allergisant des pollens.
A – QUI SONT LES COUPABLES ?
1 – Sacrés acariens
Babette vient de s’installer dans son nouveau logement. Comme elle
débute dans la vie active, ses moyens financiers sont limités. Pour cette
raison, elle récupère un matelas en laine, une couette et un oreiller en
plumes assez anciens, prêtés par des amis. Dès les premières nuits, elle
reste éveillée. Elle n’arrête pas d’éternuer. Son nez et sa gorge démangent.
Elle est toujours obligée de frotter ses narines pour tenter de stopper ces
fichus gratouillis. Après plusieurs nuits d’insomnie, son budget mouchoirs
explose. Sa mère est allergique. Comme elle, dès qu’elle fait le ménage, son
nez se bouche. Elle est un véritable « détecteur de poussière » et a bien une
petite idée sur la cause. Les tests chez l’allergologue confortent l’hypothèse
d’une rhinite allergique aux acariens. En changeant sa literie, tout rentre
quasiment dans l’ordre. Les antihistaminiques lui servent désormais
lorsqu’elle se trouve hors de chez elle, dans un environnement riche en
acariens.
Théo, 10 ans, passe souvent les vacances chez ses grands-parents. À
chaque fois, il se met à tousser la nuit. La famille met cela sur le compte de
la séparation d’avec les parents. Un phénomène supplémentaire interpelle
cependant l’entourage. Son nez se bouche et il n’arrête pas d’éternuer.
C’est connu, il est allergique aux acariens. À la maison, tout se passe bien.
Il faut dire que l’arsenal antiacariens est déployé par sa mère tout au long
de l’année. Les grands-parents adorent leur petit-fils mais ils sont très
contrariés. Ils ont peur que Théo ne veuille plus venir chez eux. Il dort dans
une chambre, la plupart du temps inoccupée et donc moins aérée. Le
matelas est ancien, une épaisse couette en plumes le recouvre. Une
consultation chez l’allergologue apporte des réponses à leurs inquiétudes.
Tout rentre dans l’ordre après quelques modifications : un nouveau matelas
chez les grands-parents, une couette synthétique, une pièce aérée avant son
arrivée. Avec toutes ces mesures de précaution et un traitement adapté,
l’enfant peut désormais profiter de ses vacances chez mamie et papy en
toute tranquillité.
• Acarien, qui es-tu ?
Je suis, je suis… translucide, incolore, un peu poilu sur les pattes et
légèrement ventru. Cousins éloignés du scorpion, avec mes congénères,
nous vivons en colonies et aimons nous lover au creux de vos canapés, de
vos matelas et de vos sommiers. Environ deux fois dans notre vie, nous
nous accouplons pour donner naissance à 20 ou même jusqu’à 80 œufs. Ils
passent, en un mois, par six stades évolutifs : de celui de prélarve à celui
d’adulte. Notre courte durée de vie, d’environ deux mois et demi, nous
permet cependant de nous nourrir à vos dépens. Nos repas sont constitués
de la peau que vous perdez. Vous nous laissez de quoi agrémenter pendant
près de trois mois les menus de plusieurs milliers d’entre nous, avec les 70 à
140 mg de squames qu’humains ou animaux perdent quotidiennement.
Nous ingérons également de la cellulose, des fibres textiles et des
moisissures. Dans le lit, vous vous sentez seul(e). Que nenni ! Nous
sommes plusieurs millions à dormir avec vous. De taille microscopique
(environ 170 à 500 µm de diamètre à l’âge adulte), nous aimons une chaleur
ambiante entre 20 et 25 °C et une humidité ambiante de 70 %. Ceci
explique que nous soyons trois fois moins présents dans les tapis que dans
les matelas où vous nous réchauffez et transpirez. Nous détestons le soleil et
la montagne au-dessus de 1 200 mètres. Nos colonies composent environ 90
% de la poussière de maison. Munis de quatre paires de pattes finies par de
petits poils, des griffes ou des ventouses, nous avons une vitesse de
croisière de 60 cm par heure. En une nuit, il nous arrive même de pouvoir
changer d’étage… Bon d’accord, nous n’avons pas de cerveau, mais nous
traitons toutes les informations extérieures transmises par nos poils
sensoriels. Parfois, en nous déplaçant au travers d’une multitude de
moisissures, nous pouvons en véhiculer sur notre dos une certaine quantité,
les emmenant ainsi d’un endroit à un autre. Un seul d’entre nous peut
transporter jusqu’à 50 spores. Nous sommes aveugles mais tout de même
sensibles à la lumière. Chez certaines personnes sensibilisées (environ 9 à
16 % de la population européenne), nous pouvons déclencher toute l’année
des éternuements, des conjonctivites ou des problèmes respiratoires lorsque
l’on secoue devant elles des objets nous contenant. Nous nous réunissons
dans des paquets de farine mal emmagasinés dans les placards.
Je suis, je suis… un acarien domestique. Le plus connu d’entre nous est le
Dermatophagoides pteronyssinus dont 23 allergènes sont jusqu’alors
connus. L’un d’entre eux, le Der p21, présent dans ses déjections, est
identifié comme un déclencheur de crises d’asthme chez les allergiques aux
acariens.
Stars incontestées au classement des allergènes les plus fréquents,
Matthieu Chedid leur a consacré une chanson en 1998 sous le titre Les
acariens, peuple du drap. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne
sont pas des insectes puisque leur métabolisme diffère, même s’ils font
partie du même embranchement des arthropodes. Penser qu’il n’y a qu’une
sorte d’acarien serait une erreur. Non seulement ils sont nombreux mais ils
se présentent sous différentes familles. On y distingue les acariens
pyroglyphides lovés au creux de nos matelas, coussins, etc. Les plus connus
sont le Dermatophagoides pteronyssinus
(le mangeur de peau sans ailes) et le Dermatophagoides farinae. Leur
développement est sous l’influence de trois facteurs principaux : le taux
d’humidité relatif, la température ambiante et la qualité de la nourriture à
disposition. La capacité de prolifération des acariens est soumise en premier
à l’humidité ambiante. Ils se multiplient trois fois plus dans le matelas que
sur les tapis de sol de la chambre, et encore plus si le lit est occupé. Parfois,
lorsque l’humidité est trop faible (inférieure à 50 %), ils peuvent se montrer
solidaires en se regroupant pour leur survie. Ils interagissent ainsi sur leur
chaleur et leur hydratation individuelle. Ce faisant, ils préviennent leur
déshydratation qui altèrerait la qualité de sécrétion des glandes qui
lubrifient leur bouche. Une bouche sèche s’ouvre moins facilement et il est
plus difficile de se nourrir correctement.
BON À SAVOIR
Les acariens dits « de stockage » sont les plus présents dans les granges
ou sur les aliments mal conservés dans des milieux humides. Pour ces
derniers, leur nom exotique pourrait faire partie du générique de
Gladiator : l’Acarus siro, le Tyrophagus, le Blomia tropicalis.
Penser que tous les acariens sont pacifiques serait une erreur. Certains,
comme le Cheyletus eruditus, peuvent se transformer en véritables
prédateurs. Ils se mettent alors à dévorer littéralement leurs congénères
comme le Dermatophagoides pteronyssinus. Avec leur velléité guerrière, ils
auraient pu représenter une solution d’éradication des autres acariens mais
leur pouvoir allergisant trop important est un écueil comme solution
d’éviction.
• Le monde leur appartient
On peut se demander si les acariens préfèrent certaines contrées à d’autres,
en raison de facteurs climatiques plus favorables à leur développement. Une
étude, réalisée il y a quelques années, met en évidence une variation nette
de concentration d’acariens entre Marseille (15,8 µg d’acariens par gramme
de poussière) et Briançon, ville d’altitude (0,36 µg d’acariens par gramme
de poussière). En revanche, dans certains pays où la chaleur est présente
même en altitude (comme à Bogota), le taux d’acariens est très important et
la répartition des différentes espèces varie selon la latitude. À Londres, c’est
le Dermatophagoides pteronyssinus qui prédomine, tandis qu’en Amérique
du Nord c’est plutôt le Dermatophagoides farinae. J’entends déjà la
question poindre à l’horizon : pourquoi ? Je répondrai que certains préfèrent
l’Angleterre, d’autres les États-Unis, et de façon plus médicale que de
nouvelles études sont nécessaires pour trouver une explication.
Le Dermatophagoides microceras est, lui, identifié dans des pays comme
les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Suède. Quant au
Dermatophagoides siboney, il est plus exotique, préférant le soleil de Porto
Rico et des Caraïbes. L’Euroglyphus manei se plaît plutôt en Australie, en
Afrique du Nord et en Europe.
En ce qui concerne les acariens de stockage, ils se développent volontiers
dans les denrées alimentaires. Affectionnant particulièrement les milieux
humides, ils pullulent en zone tropicale. C’est le cas du Tyrophagus
putrescentiae. Le Blomia tropicalis, particulièrement allergisant, est
retrouvé en Égypte, en Colombie, en Malaisie. Le Lepidoglyphus destructor
affectionne plus spécifiquement les silos à grains et les étables européennes.
• Comment s’en débarrasser ?
Éliminer au maximum les acariens, c’est agir de manière bénéfique sur
son état de santé lorsqu’on est allergique, c’est améliorer les symptômes
déclenchés par leur présence (rhinite, conjonctivite, asthme, poussée
d’eczéma). En réalité, ce n’est pas vraiment l’acarien en lui-même qui est
allergisant mais plutôt ses déjections. Pour cette raison, il faut non
seulement le tuer mais également aspirer efficacement son corps et ses
matières fécales.
Les moyens pour y aboutir sont multiples, simples, variés et surtout
doivent être mis en œuvre ensemble.
Une aération suffisante : il est en effet conseillé de diminuer aux
alentours de 65 % l’humidité ambiante de l’habitation en respectant une
température entre 18 et 19 °C. L’aération quotidienne des pièces est
préconisée au moins 30 minutes par jour, en dehors des pics de pollution,
donc ouvrez plutôt vos fenêtres tôt le matin ou tard le soir. La durée
d’aération doit être allongée en cas de travaux effectués dans la pièce, en
raison d’une augmentation de la sensibilité aux acariens en présence de
formaldéhyde (composé organique volatil polluant) contenu dans les colles
de revêtements, les meubles en bois agglomérés et les peintures.
Faire le ménage : essuyer les poussières représente pour certaines
personnes un vrai calvaire, avec l’apparition d’éternuements, de nez qui
coule et de palais qui démange. Pour pallier ce problème, une solution très
simple : l’utilisation d’un tissu électrostatique ou d’un chiffon légèrement
humidifié avec un brumisateur d’eau, par exemple. La poussière ainsi
collectée ne risque pas de s’envoler et d’irriter les muqueuses des yeux ou
du nez. Il n’y a pas besoin d’utiliser un spray pour faire adhérer la
poussière, puisqu’en lui-même, il constitue une véritable source de
pollution de l’air intérieur. Il y a bien une autre solution… C’est de mettre à
contribution une personne non allergique de sa famille pour faire le
ménage… Mais c’est une autre histoire.
Le choix de l’aspirateur est conditionné par la puissance de son filtre
HEPA (Haute Efficacité pour les Particules Aériennes) et la présence
impérative d’un sac collectant la poussière. Il doit être utilisé très
régulièrement, au moins une à deux fois par semaine, en sachant que 40
minutes d’aspiration retirent environ 20 % des acariens. Balayer ou utiliser
un aspirateur vieux et fatigué (qui inspire autant qu’il expire la poussière,
donc les acariens) est désastreux pour l’allergique… Il faut alors savoir être
raisonnable et investir dans un nouvel appareil ménager efficace. Orienter
son choix sur un aspirateur muni d’un filtre HEPA est le plus judicieux. Ce
filtre permet, par définition, de piéger des particules d’une taille d’environ
0,3 micron donc 0,3 millième de millimètre. La taille des acariens et de
leurs déjections étant supérieures à 20 microns, leur aspiration est garantie,
ainsi que celle des pollens et des allergènes d’animaux. Pour avoir une idée
de la taille des particules : comme valeur de référence, imaginez qu’un
cheveu fait environ 100 microns de diamètre.
Les filtres HEPA répondent à des normes industrielles édictées en 1998.
Ils sont répartis en différents indices (allant de 10 à 14) relatifs à leur
puissance de filtration. Plus vous montez dans les indices, plus l’efficacité
sur les allergènes aériens est maximum. Il faut plutôt s’orienter vers des
indices 13 ou, encore mieux, 14. En France, seule une marque propose cet
indice maximum. En revanche, vous pouvez déjà trouver dans le commerce
de nombreux aspirateurs munis d’un sac avec un indice HEPA 13, ce qui est
déjà pas mal. Un aspirateur avec HEPA indice 10 filtre 85 % des particules
de 0,3 micron alors qu’un HEPA indice 14 en filtre 99,995 %.
Parallèlement, il faut aussi s’intéresser à la notion d’étanchéité de
l’aspirateur dans sa totalité (à la base du tuyau, à l’orifice d’installation du
sac et au niveau de la loge de l’enrouleur).
BON À SAVOIR
Pour les allergiques et asthmatiques
Quatre critères à respecter pour le choix d’un bon aspirateur :
‒ un aspirateur à sac ;
‒ un filtre HEPA indice 13 (Rowenta, Philips, Electrolux, etc.), ou
encore mieux indice 14 (Nilfisk) ;
‒ une bonne étanchéité avec la présence de joints en caoutchouc au
niveau du contact entre les différentes pièces ;
‒ un remplacement des filtres tous les ans pour une efficacité maximale.
ASTUCE
Les aspirateurs sans sac, même munis de filtre HEPA, ne sont pas
conseillés pour les allergiques tout simplement parce qu’après avoir
aspiré, il faut vider le réservoir ! Donc aérosol d’allergènes garanti… Si,
allergique, vous êtes en possession de ce type d’aspirateur, faites-le vider
en votre absence à l’extérieur du domicile, sur le balcon ou dans le jardin
par une personne non allergique, ou investissez dans un nouvel appareil
avec sac.
ASTUCEs
Vous avez réservé une chambre d’hôtel. Assurez-vous que les matelas ne
soient pas en laine et que les oreillers ne contiennent pas de plumes.
Certains établissements proposent des oreillers synthétiques.
Vous devez vous rendre dans un gîte rural, une résidence secondaire
longtemps inoccupée, ou une location de vacances. Faites attention à la
literie, quitte à emmener avec vous les housses antiacariens et à bien
aérer dès votre arrivée.
Le séjour chez les grands-parents ou dans la famille ne doit pas être
gâché par la présence d’acariens dans une chambre peu occupée le reste
de l’année. Faire le ménage et, encore une fois, aérer avant votre arrivée
en n’oubliant pas d’aspirer le matelas. C’est impératif pour passer un bon
moment avec votre entourage.
Vous voulez connaître le taux d’acariens dans votre literie ?
Il suffit d’acheter un Acarex Test en pharmacie ou sur Internet.
www.dynr.fr/acarex-test-p-33.html
La meilleure des solutions reste la venue d’un conseiller en
environnement intérieur, prescrite par un médecin après le bilan
allergologique (conditions pour la prise en charge globale). www.cmei-
france.fr
ASTUCEs
Lorsque l’on choisit un lit superposé, l’enfant allergique doit dormir sur
le lit supérieur, avec un matelas entouré d’une housse efficace.
Si l’enfant utilise une peluche comme oreiller, genre « tigre » de taille
assez conséquente, une solution s’impose : le mettre dans une housse
antiacariens destinée à un oreiller. L’enfant garde sa peluche, tout en
étant protégé des acariens.
BON À SAVOIR
Le d-limonène est une essence naturelle particulièrement présente dans
les agrumes, certaines plantes, arbres ou légumes.
Un petit clin d’œil à cette patiente qui me dit : « J’utilise les huiles
essentielles pour avoir un air plus frais, chez moi. » Je lui réponds : «
Ouvrez les fenêtres, c’est bien mieux et ça coûte moins cher… »
Quant aux prises antiacariens : sachez qu’aucune étude scientifique
validée n’a été publiée à ce jour sur le sujet. Là encore, prenez en compte
cette info pour peser le pour et le contre.
Pour les acariens de stockage : on les retrouve dans les placards de
rangement de denrées alimentaires, lorsque les produits sont mal conservés,
en dehors de boîtes hermétiques. Ils ont aussi leur place, nichés dans les
toits de chaume, même dans les pâtées pour chien que l’on laisse traîner
dans la gamelle…
Ou sur les murs humides remplis de moisissures dont ils se nourrissent,
dans les silos, les étables, etc.
• Attention en cuisine
Se débarrasser des acariens fait toujours partie des conseils classiques de
prévention, mais il faut savoir que ces charmantes petites bébêtes peuvent
également nous poser des problèmes alimentaires. Eh oui ! Qui les aurait
soupçonnés de s’inviter dans nos assiettes ?
Le « pancake syndrome »
Il est préférable d’entreposer les farines au réfrigérateur, dans un récipient
hermétiquement clos. Une raison à cela : de possibles allergies alimentaires
aux acariens peuvent aller jusqu’au choc anaphylactique chez des personnes
prédisposées. Le premier cas fut décrit en 1993. Les suivants ont été
observés plutôt en Amérique du Sud (Brésil, Venezuela) mais aussi en
Europe (Espagne).
Comment cela se passe-t-il ? Tout simplement par ingestion de plats
préparés à base de farines de blé ou de maïs, mal entreposées et
contaminées par des acariens domestiques ou de stockage. On estime que 7
% des farines mal stockées sont directement concernées ou le deviendront
dans les deux mois qui suivent l’ouverture du paquet. La concentration peut
alors varier de 1 680 à 52 200 acariens par gramme de farine de blé. En
réalité, ce sont plutôt ceux dits de stockage qui sont incriminés : Acarus
siro, Blomia tropicalis ou plus fréquemment, dans les cas de choc
anaphylactique par ingestion, le Thyreophagus entomophagus. Les farines
d’orge et de sarrasin sont aussi concernées, avec plutôt la présence de
l’Acarus siro.
Les signes cliniques apparaissent en moyenne dans les 5 à 120 minutes
après l’ingestion. Il s’agit du « pancake syndrome », qui s’exprime sous une
forme violente de choc anaphylactique avec urticaire, œdème, parfois
hypotension, malaise et perte de connaissance.
Il est très important de savoir que la cuisson ne diminue absolument pas le
potentiel allergisant de certains allergènes d’acariens. Les préparations
cuites à base de farines contaminées, les plus souvent mises en cause après
leur ingestion, sont essentiellement des crêpes, des cakes, des gâteaux
d’origines diverses, des pizzas, des viandes panées, un plat japonais appelé
okonomiyaki composé de farine, escalope séchée, maquereau, thon. La
polenta à base de farine de maïs est également évoquée.
Rassurez-vous, cela n’arrive pas à tous les allergiques aux acariens mais
restez vigilants sur la conservation de vos farines.
Les allergies croisées alimentaires
Cette notion d’allergie croisée acariens-aliments existe mais n’est pas
systématiquement observée chez tous les allergiques. Elle est secondaire à
une similitude d’allergène (la tropomyosine) entre les acariens et les
crustacés (principalement la crevette avec l’apparition d’urticaire et
d’œdèmes), les gastéropodes (l’escargot, les signes cliniques sont alors
plutôt respiratoires : asthme) ou les mollusques comme l’huître, la moule, la
coquille Saint-Jacques, la palourde… Le risque est alors une réaction
d’allergie alimentaire dite immédiate, c’est-à-dire apparaissant en quelques
minutes et jusqu’à deux heures après l’ingestion de l’allergène. Elle peut
prendre la forme d’une urticaire, d’un œdème ou d’une gêne respiratoire
avec, dans les cas les plus graves, l’apparition d’un choc anaphylactique.
Fromages et charcuterie riches en acariens
Si l’on aime certains moments de la vie, c’est plus particulièrement autour
d’une bonne table. Qu’en serait-il si l’on mettait un microscope sur certains
aliments ? Voilà une petite idée :
Certaines spécialités fromagères possèdent la particularité de contenir des
acariens de stockage comme l’Acarus siro, anciennement appelé ciron ou
artison. Déposés sur la surface du fromage, ils rentrent en action dans
l’étape de l’affinage en façonnant à leur manière la croûte de certaines
tommes de Savoie ou du Cantal, de la mimolette vieille ou du fromage de
Puy-en-Velay.
Pour sa part, le Tyrophagus casei infeste de nombreux fromages et peut
être à l’origine, chez 10 % des laveurs de fromages et affineurs, de rhino-
conjonctivite ou d’asthme rentrant dans le cadre d’une pathologie
professionnelle.
Dans le chorizo, on peut repérer plutôt la présence de l’Euroglyphus
maynei. Pour le Tyrophagus putrescentiae et l’Acarus siro, ce sont l’ail et le
jambon qui ont la primeur de leur présence.
ASTUCES
Vacances : lorsque vous partez en vacances, en hôtel ou dans une
location, renseignez-vous sur l’accès des animaux dans le lieu de
villégiature, vous risqueriez de vous retrouver dans une chambre où un
chat a séjourné avant vous.
Litières : que vous habitiez une maison ou un appartement, la litière
minérale en silice d’un animal doit être nettoyée à l’extérieur, dans le
jardin, sur le balcon ou sur le palier. Une raison à cela : le risque de
pathologies respiratoires peut s’aggraver. Il est lié à la diffusion dans
l’air ambiant des particules fines de la poussière de litière qui, par
inhalation, se déposent sur les voies aériennes. Cette constatation est
confirmée dans une étude publiée par une équipe lyonnaise. Elle tend
également à prouver que la concentration des matières minérales peut
alors être décuplée voire multipliée par 100 dans l’environnement
proche.
Source : Étude présentée par le professeur Michel Vincent en 2015, Hôpital Saint Joseph, Lyon.
http://www.lyoncapitale.fr/ Journal/ Lyon/ Actualite/ Actualites Sante Litiere-pour-chats-des-
poussieres-dangereuses
• Du chihuahua au danois
Bidule est un fox à poil ras, très joueur et Bernard en est fou. Il en est
l’heureux propriétaire depuis 3 ans, sans aucun problème. Seulement voilà,
depuis 6 mois, lorsque Bidule lui fait des câlins, Bernard se met à éternuer
et ses yeux rougissent. Les habitudes sont alors changées : le chien est
obligé de dormir dans son panier et n’a plus accès à la chambre. Depuis,
son maître va un peu mieux mais tout n’est pas réglé. Il se rend pour un
bilan chez l’allergologue, qui lui révèle son allergie au chien.
Léa, petite blondinette de 6 ans, a eu un chien pour son anniversaire.
Prénommé Pollux, il adore se coller contre sa jeune maîtresse et lui délivrer
plein de léchouilles sur les bras et le visage… Depuis quelque temps, cela
pose un petit problème, puisqu’apparaissent des plaques rouges d’urticaire
à l’endroit du léchage. « Il s’agit sans aucun doute d’une urticaire de
contact avec la salive du chien », lui explique le médecin.
Le chien, animal de compagnie aussi très prisé en France, peut déclencher
chez une personne allergique, par contact, les mêmes problèmes allergiques
que le chat. Il est prouvé que les allergènes responsables chez le chien sont
contenus dans les poils, les phanères et la salive. Ils se déposent sur les
canapés, les tapis, les matelas qu’il y ait ou non un chien. On peut y
retrouver une concentration qui varie alors de 0,01 à 5 µg par gramme de
poussière.
Actuellement, sont répertoriés 6 allergènes de chien :
1. Le principal allergène majeur est contenu dans la salive et ainsi déposé
sur les poils par le léchage. Appelé Can f1, il résiste à la chaleur et au
lavage du chien.
2. Identique dans 24 % de sa structure moléculaire, le deuxième allergène
majeur, Can f2, est fabriqué par les glandes salivaires appelées parotides.
3. Can f3, lui, est retrouvé dans le sérum de l’animal, la salive et la peau.
4. Can f4 est produit directement sur la peau.
5. Can f5, appelé kallicréine, produit par la prostate, est lui présent dans
les urines du chien mâle mais aussi sur les poils et la peau. Sa
concentration est nettement diminuée en cas de castration de l’animal. Il
a la particularité d’entraîner des allergies croisées par homologie de près
de 50 % de sa structure moléculaire avec le cheval, le rat, le lapin, le
cobaye. Il interagit également avec la kallicréine humaine, présente dans
le liquide séminal, en raison d’une homologie de 58 %.
6. Can f6, produit par les glandes salivaires, entraîne pour sa part, en
raison d’une identité structurelle de 67 % avec un allergène de chat, le
Fel d4, une possible allergie croisée entre ces deux espèces différentes.
• Les NAC
Michel a offert, pour leur plus grand plaisir, deux cochons d’Inde à ses
enfants pour Noël. Tout est parfait jusqu’à l’apparition d’une toux et de
sifflements pour le papa généreux, surtout quand il est au domicile. En
vacances, aucun problème puisque les petits rongeurs sont confiés aux
voisins. Un rapide bilan chez l’allergologue démontre l’allergie et surtout
un asthme débutant causé par ces rongeurs qui doivent être éloignés de la
maison.
Les Nouveaux Animaux de Compagnie, ou NAC, regroupent les espèces
autres que le chien et le chat. Actuellement, dans l’Hexagone, ils
représenteraient environ 5 % du parc animalier domestique. Pour certains
d’entre eux, l’allergène ne se retrouve pas uniquement dans les poils mais
également dans les urines. C’est le cas des rongeurs : cochon d’Inde ou
cobaye (Cavia porcellus ou guinea pig), du hamster (nain, doré ou de
Sibérie ; une morsure peut entraîner un œdème), de la souris, du lièvre, du
chinchilla (Chinchilla lanigera, à longue queue ; Chinchilla brevicaudata, à
queue courte), de la gerboise, de la gerbille ou du chien de prairie.
Le cobaye, connu également sous le nom de cochon d’Inde, est utilisé
depuis longtemps comme animal d’expérimentation dans les laboratoires ou
comme animal de compagnie. Il peut déclencher chez les personnes
sensibilisées non seulement des manifestations respiratoires (rhinite,
asthme) mais aussi des conjonctivites, une urticaire de contact ou une
poussée d’eczéma. De nombreux allergènes sont détectés dans les urines, la
salive, les poils et les pellicules de l’animal.
De la famille des muridés, la souris subit le même sort en laboratoire. La
concentration de son allergène majeur Mus m1 peut alors varier de 0,5
ng/m³ dans une pièce sans souris jusqu’à 563 ng/m³ lorsque l’animal est
présent. Le Mus m1 est normalement présent dans les urines, sur l’épiderme
et les poils de l’animal. Le deuxième allergène décrit ne se retrouve que sur
les poils.
BON À SAVOIR
1 ng = 1 nanogramme = 10-9 gramme
1 µg = 1 microgramme = 10-6 gramme
Les animaux à poils ne sont pas les seuls à pouvoir donner des allergies,
puisqu’on commence à observer des cas d’allergies aux reptiles et aux
batraciens. Par exemple, le premier cas d’allergie à l’iguane est décrit en
1985.
ASTUCES
Il est toujours plus raisonnable de garder les oiseaux dans un endroit
facile à aérer, en dehors de toute pièce de vie, surtout s’ils sont
nombreux.
Mettre un masque de protection avec filtre permet de ne pas être en
contact direct avec les déjections, lorsque l’on nettoie une volière. La
cage du canari ou des petits oiseaux peut, dans la limite du possible, être
changée à l’extérieur.
En ce qui concerne les poissons d’aquarium (et non ceux retrouvés dans
l’assiette !), on peut observer de rares allergies cutanées à leur contact ou
des réactions, avec l’apparition d’une urticaire ou d’une gêne respiratoire,
plutôt liées à leur nourriture (les daphnies, les artémies, larves de
chironomes ou le krill, composé de petits crustacés marins de quelques
millimètres).
• Le cheval et les autres mammifères
Depuis de nombreuses années, l’accès à l’équitation s’est grandement
démocratisé. La quantité de contacts allergéniques étant plus importante, on
a observé un accroissement des allergies aux chevaux. Il est cependant
prouvé que la sensibilisation à cet équidé peut aussi se faire de façon
indirecte, par contact avec des habits contaminés par ses protéines
allergisantes. En effet, une étude précise que le taux de dispersion
d’allergènes équins est nul au-delà de 45 mètres d’un champ de courses et
de 250 mètres d’une écurie. Les manifestations cliniques liées à cette
allergie sont en général d’apparition violente et peuvent entraîner des
réactions sévères : asthme, urticaire géante, choc anaphylactique.
L’allergène majeur du cheval (Equ c1) est le principal responsable des
symptômes observés avec cet animal et de réactions croisées avec l’âne, le
mulet et le poney. Il est retrouvé dans leurs squames, la salive et l’urine.
Son homologie structurelle partielle avec des protéines d’autres espèces
animales explique également des risques d’allergies croisées avec la souris
et le rat. D’autres allergènes tels qu’Equ c2, Equ c3 (albumine pouvant être
à l’origine d’allergies croisées avec celle du chien et du chat), Equ c4 (dans
les urines) et Equ c5 (sur la peau) sont également isolés, mais leur
implication dans l’apparition de symptômes reste, pour l’instant, imprécise.
Une race particulière de chevaux est décrite, depuis quelques années,
comme étant « hypoallergénique ». Il s’agit du bashkir curly. Très peu
répandus en France, ils ont pour particularité de ne pas perdre leurs poils
bouclés. Une étude suédoise présentée lors du dernier congrès de 2010 de
l’EAACI (European Academy of Allergy and Clinical Immunology) tend à
prouver que la concentration d’Equ c1 est trois fois plus faible pour le
bashkir que pour le cheval islandais ou de selle suédois. Pour obtenir une
persistance de cette concentration allergénique minime avec le bashkir,
quelques mesures s’imposent. Il s’agit d’éviter le pansage de l’animal et sa
mise en pension dans un club hippique, où toutes les races de chevaux sont
représentées. De nouvelles études sont toutefois nécessaires pour affirmer
totalement cette possible caractéristique hypoallergénique.
Source : Emenius G., Merritt, A. S., Härfast, B., « Dispersion of horse
allergen from stables and areas with horses into homes. », International
Archives of Allergy and Immunology, vol.150, n°4, 2009, p. 335-342, ref.
27.
ASTUCES
Un membre de votre famille pratique l’équitation et vous êtes allergique
aux chevaux : quelques précautions vous éviteront le pire.
Il ne doit pas monter avec sesntyhabits d’équitation dans une voiture en
votre présence. Après s’être changé sur place avec des vêtements de
ville, la tenue et les bottes sont transportées dans un sac plastique
hermétique placé dans le coffre de la voiture.
À la maison, le changement de tenue peut également s’effectuer mais
sans votre présence et de préférence en dehors d’une pièce du domicile.
Certains autres mammifères, comme les vaches, les cochons, les pécaris,
peuvent être à l’origine d’allergies de contact, cutanées ou respiratoires. Il
est bien entendu qu’en France, comme dirait une amie, les pécaris ne sont
pas légion, mais ça méritait bien une ligne ! Il s’agit de porcs sauvages des
forêts dʼAmérique tropicale, possédant des défenses supérieures pointant
vers le bas. Leur peau est utilisée en maroquinerie.
BON À SAVOIR
Certaines villes françaises créent et développent depuis plusieurs années
des parcs spécifiques dédiés aux végétaux allergisants. Par ordre
alphabétique : Amiens, Antony, Nantes, Saint-Genis-l’Argentière… Ces
véritables sentiers de pollens permettent de découvrir au fil d’une balade,
les arbres, graminées et autres plantes sensibilisants.
BON À SAVOIR
Les PR10
Les végétaux doivent s’adapter à des conditions climatiques et
environnementales. Ils se protègent contre toutes sortes de stress comme
le parasitisme microscopique (champignons, bactéries, virus…), le froid,
la chaleur. Pour cela, ils utilisent des substances appelées LTP, protéines
de défense, présentes dans la peau des fruits et des PR10, protéines de
résistance, retrouvées dans la pulpe (cf. pages 119 et 120).
Le mimosa (Acacia dealbata) est un des pollens les plus précoces dans le
Sud de la France. Il est d’assez petite taille. Les terminaisons de ses
branches sont constituées de petites fleurs en forme de grelots jaune vif très
odorantes. Sa floraison débute en janvier et se poursuit jusqu’en mars.
Les oléacées comportent le frêne (très allergisant en mars et avril), plus
présent dans le Nord, et l’olivier dans le Sud.
Le cyprès : cet arbre de la famille des cupressacées (genévrier, cèdre,
thuya…) classiquement présent dans le Sud, trouve de plus en plus sa place
dans les zones pavillonnaires (haies, décorations dans les jardins privatifs).
Le risque d’allergies jusqu’alors localisé en dessous d’Orléans gagne un peu
de terrain vers le Nord de la France. Il est utilisé durant des décennies
comme coupe-vent près des zones de cultures agricoles. Il engendre de
graves et invalidantes crises de rhinite ou d’asthme dès le premier mois de
l’année, en raison de sa répartition géographique dans le Sud de la France.
La conjonctivite représente un symptôme très invalidant pour 72 % des
personnes atteintes. De petite taille (25 à 35 µm), ses grains de pollens sont
entourés de particules inférieures à 1 µm, contenant l’allergène majeur (Cup
s1). Celles-ci sont si minuscules qu’elles peuvent ainsi pénétrer au plus
profond des petites bronches. Une possible allergie croisée alimentaire avec
les rosacées et en particulier la pêche, voire à certains agrumes, est à
signaler.
• Vous avez dit poacées ?
Elles s’appellent dactyle, phléole, chiendent, flouve, fétuque, ivraie,
pâturin, houlque, etc. Elles poussent plutôt sur le bord des routes et dans les
terrains vagues qu’elles envahissent. Leur répartition géographique
intéresse toute la France. Pour l’instant, au niveau diagnostic, la phléole est
le pollen de référence avec ses treize allergènes identifiés. La libération des
pollens de graminées débute dès mai dans le Sud et entraîne alors une
rhino-conjonctivite et/ou un asthme. Ces symptômes sont généralement
réunis, pour cette saison, sous le nom de rhume des foins. La période
estivale concernée s’étend environ sur trois mois. Dans le Nord de la
France, elle est un peu décalée de quelques semaines.
Quant aux graminées céréalières, elles regroupent le blé, l’avoine cultivée,
le maïs, l’orge et le seigle, dont les pollens constituent également des
réservoirs allergéniques mais de façon moindre.
• Une plante envahissante : l’ambroisie
L’ambroisie est une herbacée de la famille des composées comme
l’absinthe, l’armoise, le tournesol… Elle possède une agressivité pollinique
représentant, depuis 1970, un véritable problème de santé publique. Elle est
classée dans les polluants biologiques en raison de ce caractère très
allergisant. Quelques grains de pollens par mètre cube entraînent de
violentes rhinites ou des crises d’asthme chez les personnes allergiques. Ce
fléau, jusqu’alors cantonné dans le bassin rhodanien et le pourtour
méditerranéen étend désormais son champ d’action sur quasiment tout
l’Hexagone. Appelée aussi « l’arbre à poux » et utilisée pour fabriquer le «
nectar des dieux », elle aime prendre ses aises sur le bord des routes, des
rivières, dans les champs et diverses cultures. Plusieurs espèces sont
répertoriées. Certaines d’entre elles sont communes avec celles retrouvées
aux États-Unis. Seule l’Ambrosia maritima est originaire de France. La
période de pollinisation de toutes ces espèces débute en général mi-juillet
pour finir fin septembre.
BON À SAVOIR
Des moyens de lutte contre l’ambroisie sont conseillés dans les régions
concernées, cela dès mai ou juin, avant la période présumée de floraison.
Ils sont utiles à respecter en raison de l’ampleur des effets délétères sur
la santé. Un observatoire de l’ambroisie a même été créé. Un récent
décret (n° 2017-645 du 26 avril 2017) résume les moyens de lutte contre
les trois principales plantes de cette espèce végétale : l’ambroisie à
feuilles d’armoise, la trifide et celle à épis lisses.
Parallèlement, un numéro vert est mis à disposition : 0 800 869 869.
1. Le désherbage est de mise qu’il soit :
– chimique, tout en étant adapté aux types de cultures dans lesquelles
l’ambroisie se développe ;
– thermique, cette technique étant plutôt indiquée pour éradiquer les
plants d’ambroisie de petite taille ou se développant dans les vignes ;
– animal avec la dispersion de troupeaux de chèvres ou de moutons.
2. Le fauchage, quant à lui, est, avec le broyage, une méthode efficace
sur les jeunes pousses de 2 à 6 cm de hauteur. Plusieurs passages sont
nécessaires pour optimiser l’effet d’éradication.
3. L’arrachage manuel est aussi conseillé, mais doit être réalisé avec
des tenues de protection et un masque. Ces précautions sont destinées à
prévenir l’apparition d’une sensibilisation ou d’une allergie chez les
personnes qui le réalisent (particulier ou professionnel).
BON À SAVOIR
Pollens et conception…
Depuis 1979, des études cliniques tendent à relier l’année de naissance à
un risque d’allergie aux pollens. De nombreux articles suggèrent ce lien
surtout très prononcé pour les naissances avant ou pendant la saison des
pollens de graminées. Pour l’allergie aux pollens de bouleau, les mois de
naissance à risque se situent entre mars et avril.
Gardons à l’esprit que d’autres facteurs favorisants rentrent en ligne de
compte dans la genèse d’une allergie aux pollens. La programmation
d’une conception en fonction du mois de naissance ne peut en aucun cas
constituer une prévention efficace face au risque de sensibilisation !
BON À SAVOIR
Chaque année, l’évaluation de la concentration pollinique dans l’air
ambiant est rendue possible par le recueil des pollens à l’aide des
capteurs présents dans environ 70 villes en France. Les résultats transmis
au Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA) sont
diffusés sur le Web par le biais du site www.pollens.fr. Une application
pour smartphones ainsi que des mails d’alertes polliniques sont
disponibles sur ce site du RNSA.
Le site www.pollendiary.com permet à l’allergique de suivre l’évolution
de son allergie sur toute la saison qui le concerne. Depuis mai 2012,
l’application iPollen proposée sur l’App Store est une aide
supplémentaire.
4 – Ces drôles de champignons
• Moisis, c’est sûr
Sylvie et Bernard forment un jeune couple sans histoires. Ils ont
emménagé dans un petit appartement avec une salle de séjour et une
chambre. Depuis quelque temps, ils consultent souvent le médecin pour des
rhumes qui n’en finissent pas et une toux qui s’accentue pour Sylvie. Des
petites taches noirâtres apparaissent sur le mur et les contours de la
fenêtre. Pour ne pas encombrer la petite salle de bain ou le séjour, ils ont,
en fait, la fâcheuse habitude de faire sécher leur linge dans la chambre,
sans ouvrir la fenêtre. L’humidité du linge et la chaleur dégagée par le
chauffage pour le séchage favorisent l’apparition de moisissures. Sur les
conseils du médecin, ils nettoient, ventilent plus fréquemment la chambre et
surtout font désormais sécher leur linge ailleurs.
Alicia vient d’acheter un matelas et, pensant bien faire, met une housse en
plastique autour. Elle pense ainsi faire de la prévention efficace pour éviter
les allergies. Horreur, malheur, le matelas, ne respirant pas, devient un
véritable nid à moisissures. Le résultat est sans appel, elle doit le jeter et en
acheter un autre !
Les moisissures dites domestiques envahissent les maisons humides et mal
ventilées. Elles peuvent également se retrouver dans nos assiettes, dans
certains fromages particulièrement succulents. Leur présence sur les murs
dans l’habitat peut être responsable de phénomènes allergiques ou toxiques.
Un contact quotidien et régulier avec les moisissures entraîne la persistance
de symptômes toute l’année, sous la forme de rhinite, de bronchite
asthmatiforme ou de crise d’asthme. D’autres pathologies respiratoires
peuvent être liées à leur présence. Il s’agit de l’alvéolite allergique
extrinsèque. Elle ressemble initialement à une forte grippe qui aboutit à une
insuffisance respiratoire, en l’absence de traitement. Ces moisissures
sécrètent également des enzymes et des mycotoxines qui peuvent entraîner
une inflammation et une aggravation des réactions allergiques.
Mortelle cornemuse
On s’imagine toujours avec amusement un écossais en jupe, jouant de la
cornemuse. Seulement voilà, ce qui est arrivé à un passionné de cet
instrument ne prête pas à sourire. Comment imaginer qu’une passion
musicale puisse devenir assassine ?
Cet homme d’une soixantaine d’années joue quotidiennement de la
cornemuse. Pendant plus de 7 ans, il consulte régulièrement pour une
toux sèche et un essoufflement qui ne cessent de s’aggraver et
l’handicapent. Les médecins, avec étonnement, lui diagnostiquent une
pneumopathie dite d’hypersensibilité ou encore appelée « alvéolite
allergique extrinsèque », que l’on retrouve volontiers chez les éleveurs
d’oiseaux ou chez les fermiers. Cet homme ne pratique aucune de ces
activités. L’absence, dans son environnement, de facteurs favorisants
cette maladie interpelle les spécialistes. Lors d’un voyage de plusieurs
semaines à l’étranger, sans sa cornemuse, il se sent beaucoup mieux et
peut à nouveau parcourir plusieurs kilomètres. Ce sexagénaire marche
sans être essoufflé, alors que chez lui, dépasser une distance de 20
mètres est quasi impossible.
C’est alors que les médecins explorent la piste de la cornemuse, comme
étant la cause de ses tracas. Dans l’instrument, ils découvriront de
nombreuses colonies de moisissures à l’origine de cette pathologie
respiratoire. Des prélèvements réalisés dans la cornemuse montrent la
présence de moisissures comme le Fusarium, le Penicillium, le
Trichosporon et l’Exophiala.
Malheureusement, l’atteinte pulmonaire est trop avancée. Un traitement
adéquat est mis en œuvre trop tard pour pouvoir sauver ce joueur
d’instrument à vent. Il décède en 2014.
Tout instrument à vent porté à la bouche est susceptible d’être un
véritable nid à levures et moisissures en tous genres. Attention,
musiciens, surveillez bien vos trompettes, saxophones ou cornemuses.
Source : King J., Richardson M., Quinn A. et al., « Bagpipe lung ; a new type of interstitial lung
disease ? », Thorax, vol. 72, 2017, p. 380-382.
Quant aux moisissures retrouvées sur des aliments mal conservés (les
fruits et les légumes), leur ingestion peut avoir un effet désastreux sur la
santé. On peut les retrouver aussi à l’extérieur : Alternaria alternata,
Cladosporium herbarum… Elles provoquent alors des rhino-conjonctivites
l’été, parfois confondues avec un rhume des foins.
Le croque-mort et le champignon
Un cas très cocasse est publié en 1964. Cet employé des pompes
funèbres fait une crise d’asthme à chaque fois qu’il met un pied dans
l’atelier de confection des cercueils. Les tests effectués, à l’époque,
montrent une réaction positive pour la moisissure Penicillium. L’enquête
allergologique permet la mise en évidence de cette coupable moisissure
dans le tissu de rembourrage posé à l’intérieur des cercueils.
Source : Prince, H. E., Morrow, M. B., Meyer, G. H., « Molds in occupational environments as
causative factors in inhalant allergic diseases. A report of two cases. », Annals of Allergy, vol. 22,
décembre 1964, p. 688-692.
BON À SAVOIR
Précautions supplémentaires
Porter des lunettes, des gants et un masque de protection de type FFP
(Filtering Face-piece Particules, norme EN 149 : 2001, selon la directive
européenne 89/686/CEE).
Ne pas réemployer des objets utilisés pour le nettoyage de zones
contaminées.
En cas d’infection massive des moisissures, faire appel à une société
spécialisée en décontamination. Le nettoyage de chaque pièce est
accompagné de la révision des systèmes de chauffage, de climatisation et
de ventilation.
5 – J’ai le cafard
• Les blattes sont là
Magalie et Sylvain veulent absolument déménager. Une raison à cela : la
présence indésirable de cafards dans plusieurs pièces de leur logement,
depuis plusieurs mois. Ils n’en peuvent plus, ces insectes envahissent
littéralement leur espace, et de plus, Magalie voit ses crises d’asthme
s’accentuer depuis leur apparition. Ils pullulent et se reproduisent à vitesse
grand V. Les tests allergologiques montrent une allergie aux blattes. Il leur
a été fortement conseillé de les éradiquer ou de déménager.
Si les cafards comptent environ 4 000 espèces connues, en France, la plus
rencontrée reste la blatte germanique. La taille varie selon les pays : de 10
mm à 10 cm. Franchement inesthétiques et totalement moches, leur tête
triangulaire est repliée sur le corps. Leur pouvoir allergisant réside dans le
squelette, le tube digestif et les déjections. Ces cancrelats possèdent trois
paires de pattes, des antennes très longues et articulées. Leurs deux paires
d’ailes plus ou moins développées leur servent d’amortisseurs. Ces insectes
se reproduisent à grande vitesse, puisqu’un couple de blattes peut produire
près de 10 000 rejetons par an. Les femelles pondent leurs œufs dans des
structures qu’elles conservent au bout de leur abdomen. Aimant la chaleur,
les sources d’eau et de nourriture, elles ont tendance à se cacher à l’arrière
des appareils électroménagers. Préférant sortir la nuit, les cafards se
retranchent le jour dans les fissures murales, les vide-ordures, les égouts, les
conduites de chauffage, que le logement soit vétuste ou non. Le pouvoir
allergisant des cafards réside dans leur squelette externe, qu’ils éliminent à
chaque mue, et dans leurs déjections. Ils sont à l’origine de rhinites ou
d’asthme, dont les premiers cas sont décrits dès les années 1960.
• Chasser les blattes
La désinsectisation massive par des insecticides à base de carbamates,
d’organophosphorés, de pyréthrinoïdes ou d’organochlorés peut être
couplée, pour plus d’efficacité, à des systèmes de piégeage adhésifs
disposés au niveau des surfaces planes ou près des anfractuosités murales.
Ces systèmes sont placés après l’étude approfondie de la localisation et du
trajet habituel des cafards. Un gel toxique appelé Goliath s’est révélé être
un insecticide efficace. Il faut toutefois garder à l’esprit que le choix de
l’insecticide se fait en fonction des risques toxiques pour l’homme et de son
efficacité contre les blattes. Si, bien sûr, l’infestation est trop importante, il
faut se résigner à faire appel à une société de nettoyage spécialisée.
Classe Substance active Nom Utilisation
chimique commercial
Légende :
* : légèrement dangereux
** : modérément dangereux
*** : très dangereux
Conseils pratiques
1. Nettoyez régulièrement la cuisine, ne laissez jamais traîner la vaisselle
sale ou des aliments à l’air libre, les conserver dans des boîtes fermées.
2. Vérifiez bien que les cafards ne se logent pas dans les gaines électriques
des appareils électroménagers : cafetière, réfrigérateur, etc.
3. Votre poubelle doit être hermétiquement fermée et les ordures placées
dans des sacs plastiques conçus à cet effet.
4. Évitez toutes zones humides (réparez les petites fuites, séchez le
réservoir de vidange du frigo, etc.), aérez bien la salle de bain.
ASTUCES
Lors d’un déménagement, vérifiez que des œufs ne sont pas présents
dans les meubles à transporter. Ils risquent d’infecter le nouveau
logement.
Dans un immeuble collectif, vérifiez que tous les propriétaires ou
locataires ont agi de la même manière face aux blattes, au risque de voir
se pérenniser la colonisation des appartements.
Il est important de bien nettoyer et entretenir cuisine et poubelles, de
ranger correctement les placards, les aliments secs contenus dans des
boîtes hermétiquement fermées et de ne jamais laisser traîner de la
nourriture.
B – LA POLLUTION INTÉRIEURE : UN
FACTEUR FAVORISANT
1 – Cigarettes : des volutes assassines
• Pas de fumée sans feu
Le son de la fumée expulsée de la bouche du fumeur, une musique à la
guitare sèche et la voix de Jacques Higelin qui chante : « Je suis amoureux
d’une cigarette. » La clope au bec, combien d’entre nous ont goûté ce
plaisir de la cigarette après le repas. Tubée, roulée, en paquet, elle a eu très
longtemps le vent en poupe mais la loi Évin est venue y mettre bon ordre.
Elle a mis en particulier un frein à sa publicité. La consommation de tabac
devient interdite dans les lieux publics, etc. Ces mesures sont destinées à
diminuer les risques liés au tabagisme actif ou passif. Ce que contiennent
une cibiche et ses vapeurs est loin d’être inoffensif pour la santé. Tout au
long des siècles, le tabac est utilisé sous différentes formes : à priser, en
vrac pour la pipe, cigarettes brunes ou blondes… Faisant partie de la famille
des solanacées, au même titre que la pomme de terre ou la tomate, le tabac,
par sa combustion, entraîne la libération dans la fumée de nombreuses
substances toxiques ou cancérigènes. On estime leur nombre aux alentours
de 4 000, de nature variable selon le type de tabac ou son mode de
fabrication.
Cette fumée est définie par différents courants. Le courant principal est
constitué par la fumée inhalée directement par le fumeur. Le courant
latéral ou secondaire correspond à la fumée produite par le bout
incandescent de la cigarette, se consumant en l’absence d’aspiration du
fumeur. Considérée comme la plus toxique, elle est responsable du
tabagisme passif. Le courant tertiaire est la fumée expulsée par le fumeur.
BON À SAVOIR
Le tabagisme passif se divise en deux groupes : l’un concerne son
impact sur le fœtus d’une mère fumeuse, l’autre sur l’exposition d’un
individu à un tabagisme environnemental. Il s’agit alors dans le
deuxième cas, de l’inhalation involontaire de la fumée de tabac, qu’elle
provienne directement du fumeur ou du bout incandescent de la
cigarette. Le dosage de la cotinine urinaire reste le meilleur marqueur du
tabagisme passif. Le tabagisme actif concerne directement la personne
qui fume.
BON À SAVOIR
La loi no 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système
de santé spécifie à l’art. L3511-7-2 : « Il est interdit à tous les occupants
dʼun véhicule de fumer en présence dʼun enfant de moins de 18 ans. »
BON À SAVOIR
Une cigarette peut émettre, dans sa fumée, environ 8 mg de nicotine.
Celle-ci se dépose sur les vêtements, les tissus de l’habitat ou des sièges
de voiture.
BON À SAVOIR
Une étude tend à prouver qu’une consommation très occasionnelle de
cigarettes peut déclencher rapidement des signes de dépendance au
tabac. Sur 370 adolescents ayant déjà fumé une cigarette, 62 % d’entre
eux récidivent une fois par mois, 52 % présentent rapidement des
symptômes de dépendance. 40 % de ces adolescents sont devenus des
fumeurs quotidiens.
Source : Doubeni, C. A., Reed, G., Difranza, J. R., « Early course of
nicotine dependence in adolescent smokers », Pediatrics, vol. 125, issue
6, 2010, p. 1127-1133.
Consommer régulièrement des cigarettes n’est pas sans danger. Hormis les
cancers du poumon, du larynx et les pathologies cardiovasculaires telles que
l’artérite, l’infarctus du myocarde, ou l’insuffisance veineuse, le tabagisme
actif favorise l’apparition ou la pérennisation d’infections ORL et de la
maladie asthmatique. L’allergie respiratoire entraîne une inflammation
locale des muqueuses nasales et pulmonaires, tout en les fragilisant. Tout
facteur polluant extérieur comme le tabac en potentialise l’impact.
• Lettre à 007 : fumer n’est pas jouer
James, permets-moi de t’appeler ainsi par ton prénom. Tu fais partie de
mes séquences cultes. Tu as une indéniable classe. Amateur de femmes, de
sensations et de boissons fortes, tu nous régales depuis 1962 de tes
incroyables aventures. Sous les traits de Sean Connery, tu es canon et tu les
fais toutes craquer. Daniel Craig n’est pas mal non plus mais ce n’est pas
pareil. Ton penchant pour l’alcool est un peu inquiétant. Tu ne rechignes
pas à siroter entre deux bagarres ou scènes d’amour un Vesper Martini
(Casino Royale) ou un Bloody Mary (Jamais plus jamais), un Mint Julep
(Goldfinger), un mojito (Meurs un autre jour), même parfois un très bon
champagne ou un Grand cru. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé
mais toi, tu n’en as cure. Quand même, après toutes ces années, on peut se
demander comment vont ton foie et ton pancréas. C’est d’ailleurs une
question que se sont posée en 2013 des chercheurs, dans un article du
British Medical Journal. Ils épluchent au moins 14 romans de ton auteur,
Ian Fleming, et se rendent compte de ta grande consommation. En dehors
des périodes de séquestration ou d’incarcération, tu avales plusieurs litres
d’alcool par semaine. Donc ils s’inquiètent. Comme si cela ne suffisait pas,
tu fumes beaucoup, vraiment beaucoup. Ton créateur te fait griller environ
trois paquets par jour et cela depuis le premier opus en 1962 : James Bond
contre docteur No. Tu ne pourrais en aucun cas être un exemple pour une
campagne de santé publique. En 2016, ce sont deux médecins néo-zélandais
qui se penchent sur ton cas. Ils publient un article relayé par le site Tobacco
Control et un grand nombre de médias. Si ton tabagisme est au zénith dans
les années soixante, il décroît pour s’arrêter en 2002 dans Meurs un autre
jour. Ta marque préférée de clopes est Morland & Co mais parfois tu lui es
infidèle pour te tourner vers d’autres marques. Elles ont la particularité
d’avoir trois bandes dorées sur le filtre, comme tes galons de Commander
sur ton uniforme. On peut vraiment se poser la question de savoir comment
tu peux nager, courir, être en forme avec autant de paquets fumés
quotidiennement depuis de nombreuses années, au lit, après l’amour ou au
volant. L’insuffisance respiratoire te guette. Heureusement, tu n’es pas réel
parce qu’avec ce rythme, tu devrais certainement être six pieds sous terre
depuis le temps. Quand ce n’est pas toi qui fume, ce sont tes conquêtes
jusqu’en 2012, comme le fait remarquer l’équipe qui publie. Donc te voilà
soumis au tabagisme passif de 20 % de ces dames, excepté entre 1990 et
2000. Ils parlent même de cette scène où le cendrier est posé sur ton torse.
Cela dit, ils précisent que tu ne gardes pas longtemps tes partenaires, soit
elles disparaissent de l’écran ou se font rapidement descendre. En tout cas,
tu dédaignes la cigarette électronique même dans les derniers films. Tu as
eu en main quelques gadgets qui sont contenus dans des cigarettes. Avec
tout ce que tu as fumé, on peut se demander si certains de tes baisers
n’avaient pas le goût d’un cendrier froid… Même sans tabac ou alcool,
continue de nous faire rêver et à dessouder les méchants, James.
En fait, en raison de la popularité et la pérennité de la saga de l’espion
britannique, les deux universitaires posent la question de l’impact de ses
addictions sur le public, surtout chez les jeunes. Ils signalent que « le
tabagisme de Bond semble peu compatible avec la forme physique
nécessaire à son emploi, son éducation et ses connaissances variées ».
Source : Wilson N., Tucker A., « Die another day, James Bond’s smoking
over six decades », Tobacco Control, publié en ligne le 16 janvier 2017, doi:
10.1136/tobaccocontrol-2016-053426.
Plutôt stupéfiants…
La liste des substances psychoactives classées dans les stupéfiants
comporte au moins 170 plantes. Hormis le cannabis, d’autres ont fait
l’objet de quelques publications décrivant un mécanisme allergique.
1. Le qat. En raison de leur effet stimulant, les feuilles de cet arbuste,
retrouvé en Éthiopie et au Yémen, peuvent être mâchées pour obtenir
des effets quatre fois inférieurs à ceux des amphétamines. Il a été une
fois incriminé dans une allergie de contact, au niveau de la muqueuse
buccale.
2. La morphine utilisée à des fins médicales est considérée comme la
cinquième cause de choc anaphylactique pendant les interventions
chirurgicales. La codéine peut être, dans le cadre de traitements
antalgiques, à l’origine d’urticaires ou de réactions cutanées
maculopapuleuses, parfois associées à un malaise.
3. L’héroïne, hormis un grand pouvoir d’histamino-libération non
allergique, peut aussi déclencher un écoulement nasal, un œdème du
visage ou de rares chocs anaphylactiques. L’eczéma de contact retardé
est souvent retrouvé dans le cadre professionnel (fabrication de
médicaments : eczéma des paupières chez les préparateurs…).
Il faut parfois plusieurs semaines voire plusieurs mois avant que le taux de
formaldéhyde dans une pièce réaménagée soit compatible avec une vie
normale sans symptômes.
ASTUCES
Lorsque vous achetez un meuble en aggloméré, sortez-le du carton et
aérez-le bien pendant plusieurs jours, avant de le monter et de l’installer
dans la pièce.
Choisissez préférentiellement des produits de peintures et
d’embellissement étiquetés A+.
Dans tous les cas, n’hésitez pas ensuite à ouvrir les fenêtres plusieurs
heures pendant quelques jours, de préférence en dehors des pics de
pollution.
BON À SAVOIR
Bâton d’encens
Longtemps assimilée à la mode « baba cool », la combustion de
bâtonnets (poudre de bois, parfum, bambou…) ou de petits cônes
d’encens devient une habitude dans beaucoup de foyers. Elle dégage de
nombreux composés organiques volatils polluants et divers gaz libérés
dans l’environnement intérieur. L’apparition de troubles respiratoires ou
d’eczéma de contact au visage ou aux mains en sont les conséquences
les plus souvent décrites.
ASTUCE
Lors de la manipulation des fibres, l’utilisation de tenues ajustées
fermées, de lunettes et d’un masque de protection est recommandée.
BON À SAVOIR
En 2016, une étude relate l’effet délétère de l’utilisation régulière d’eau
de Javel pour le nettoyage de la maison. Elle peut, en effet, être à
l’origine de toux chronique ou d’asthme non allergique. La conclusion
de cette publication demande de reconsidérer son usage peut-être trop
fréquent au quotidien.
Source : Matulonga B., Rava M., Siroux V., Bernard A., Dumas O., Pin I., Zock J. -P., Nadif R.,
Leynaert B., Le Moual N., « Women using bleach for home cleaning are at increased risk of non-
allergic asthma », Respiratory Medicine, vol. 117, août 2016, p. 264-271.
Quelques conseils :
– la vitrification, si elle doit être réalisée, est moins irritante avec des
produits en phase aqueuse ;
– les peintures acryliques avec dilution à l’eau sont à privilégier ;
– le choix du mobilier, bien sûr effectué en fonction des moyens
financiers, doit toutefois privilégier le bois massif plutôt que le bois
aggloméré, très pourvoyeur de formaldéhyde ;
– l’aération des pièces est quotidienne ou renouvelée par une ventilation
de type VMC (Ventilation Mécanique Centralisée) bien entretenue et
régulièrement nettoyée.
L’annonce d’une allergie ou d’une maladie respiratoire génère sans aucun
doute des mesures d’aménagement dans son habitat. Il est certain que cela
peut prendre un peu de temps, entraîner des dépenses imprévues. Le
bénéfice santé est à prendre en compte et quelques sacrifices peuvent en
réalité se révéler être une aide précieuse à la stabilité de sa santé. De
nombreuses mesures et initiatives gouvernementales, comme le nouvel
étiquetage, ne peuvent qu’aller dans le sens de l’amélioration, mais le
chemin reste encore long.
• Le CEI, Conseiller en Environnement Intérieur
Créée il y a plus d’une vingtaine d’années, à l’initiative du service
d’allergologie de Strasbourg, cette nouvelle profession est une aide
précieuse dans la prise en charge de la maladie allergique. Se déplaçant à
domicile, le CEI établit un véritable état des lieux de l’habitat au niveau de
la pollution intérieure et de la présence d’allergènes. Cette étude permet,
dans un deuxième temps, la mise en place des mesures, des corrections qui
résultent de conseils de prévention et d’éviction, visant à obtenir un
environnement plus sain et favorable à l’allergique. Son action complète
ainsi, sur le plan pratique, les consultations de l’allergologue. Le conseiller
en environnement intérieur dépend, le plus souvent, de structures
associatives.
Sollicité par un médecin libéral, un centre hospitalier, une association ou
un organisme de santé, le CEI, durant environ 1 h 30, étudie tout le
logement. Des prélèvements sont effectués (formaldéhyde, acariens,
moisissures…) lorsque cela se révèle nécessaire. Ensuite, un compte rendu
est fourni au médecin prescripteur et au patient. Il comporte des solutions
adéquates pour chaque situation rencontrée par l’allergique ou
l’asthmatique. Cette visite est gratuite si elle est déclenchée par une
structure médicale prise en charge classiquement par l’ARS (Agence
Régionale de Santé) locale ou par d’autres structures. Elle reste cependant à
la charge du patient si le CEI exerce en libéral, sans reconnaissance de
l’ARS. La consultation coûte dans ce cas entre 150 et 300 euros.
Des études récentes réalisées en France et aux États-Unis confirment
l’impact positif du passage de CEI au domicile des asthmatiques allergiques
aux acariens. Le respect de ce qu’ils préconisent permet une régression de
la concentration des allergènes, une diminution significative de la prise de
médicaments, des jours d’hospitalisation et des absences scolaires.
BON À SAVOIR
Où trouver un CEI ?
Il suffit de se connecter sur le site internet : www.cmei-france.fr.
CHAPITRE II
L’ALLERGIE AU MENU
Se nourrir est indispensable à la survie de l’être humain. Les plaisirs
du palais peuvent malheureusement se transformer en véritable
danger, mettant en jeu le pronostic vital. Il ne faut pas hésiter à
consulter l’allergologue pour faire la part des choses entre une vraie et
une fausse allergie alimentaire : l’une pouvant faire mourir, l’autre
non. L’éviction, jusqu’alors prônée pour la plupart des aliments, se
discute désormais en fonction des résultats du test de provocation orale.
Certains services hospitaliers en France proposent des protocoles de
désensibilisation à certains allergènes alimentaires. On estime
actuellement que l’allergie alimentaire touche 8 % des enfants et 3,5 %
des adultes. Les manifestations cliniques sont variées. Elles se
concentrent le plus souvent sur la peau et les muqueuses mais aussi
dans le système digestif ou respiratoire. Il faut savoir, par le biais de
tests adaptés, faire la part des choses entre une vraie et une fausse
allergie ou une intolérance alimentaire.
A – UTILISER LES TERMES
ADÉQUATS
1 – Véritable ou fausse allergie
L’interrogatoire en allergologie est une étape initiale essentielle dans
l’approche médicale d’une réaction allergique alimentaire. Il est minutieux
et précis. L’intervalle parfois long entre le bilan et l’épisode aigu rend
l’exercice souvent fastidieux. L’allergique n’a plus en mémoire le
déroulement exact des événements, à moins d’avoir tout noté sur un carnet,
ce qui est rarement le cas. Il faut pouvoir raconter quels ont été les
symptômes, leur délai d’apparition, les aliments ingérés, les traitements
concomitants pris à l’époque et l’attitude thérapeutique choisie pour juguler
la réaction. Le potentiel allergisant persiste en dehors de toute poussée
aiguë et les signes cliniques s’aggraveront à chaque nouvelle consommation
de l’aliment en cause. A contrario, la fausse allergie n’entraîne pas
systématiquement une réaction à l’ingestion des aliments suspectés. Pour
s’y retrouver, il est capital de faire la différence entre tous les termes qui
peuvent se mélanger dans l’esprit collectif. Les mécanismes et l’impact sur
la santé ne peuvent être confondus.
• La vraie
On qualifie de vraie allergie alimentaire IgE-dépendante immédiate une
réaction qui se déclenche très rapidement après avoir mangé l’aliment
(quelques minutes à deux heures après l’ingestion). Chez le nourrisson, un
mode de sensibilisation reste méconnu. Il peut se sensibiliser lors de
l’allaitement aux aliments ingérés par la maman. Les manifestations
possibles sont variées, comme l’apparition inattendue d’une urticaire avec
des plaques rouges ressemblant à des piqûres d’ortie et accompagnées de
démangeaisons féroces. Un gonflement de la lèvre, des paupières ou du
visage peut se développer en même temps ou un peu plus tardivement. La
langue devient parfois énorme, entraînant une gêne pour avaler ou pour
respirer. Lorsqu’elle apparaît, la crise d’asthme due à un aliment est un
signe de gravité de l’allergie et impose rapidement l’injection d’adrénaline,
ainsi qu’une hospitalisation pour surveillance. Elle correspond à un stade de
sévérité dit de stade 3 du choc anaphylactique. Le risque majeur, sans
traitement d’urgence au stade 4, est le décès.
• L’usurpatrice
La fausse allergie alimentaire est plutôt liée à un mécanisme non
immunologique, donc sans anticorps IgE. Elle se développe chez n’importe
quel individu, dans certaines circonstances favorables. On pourrait la
considérer comme un trop plein d’histamine dans l’organisme.
Cliniquement, on peut observer une urticaire ou un œdème (plutôt six à huit
heures après la consommation d’aliments histamino-libérateurs), mais cette
fois sans risque de choc anaphylactique.
Qu’est-ce que l’histamine ?
C’est une substance sécrétée par des cellules appelées mastocytes,
présentes dans différents organes. Lors de leur stimulation par un
mécanisme allergique avec des IgE ou autre (infectieux, stress, etc.), elle
est libérée dans l’organisme, entraînant l’apparition d’une urticaire, de
gonflements ou de troubles digestifs. Elle est également présente à des
concentrations variables dans certains aliments qui ne doivent pas être
consommés pendant toute la durée d’une poussée d’urticaire, sous peine
de l’avoir plus longtemps : de quelques jours à plusieurs semaines ou
même mois.
Les principaux aliments dits histamino-libérateurs :
– crustacés, crevettes, crabe, poisson frais ou surgelé, anchois, hareng
fumé ;
– conserves ;
– porc, saucisson, choucroute, pizza, paella, quiche, abats (rognon, foie,
cœur), gibier ;
– céleri, tomates, épinards, pois, haricots, lentilles, fèves, soja, fraises,
ananas, papaye ;
– lactoglobuline, lait de vache entier, fromages fermentés, blanc d’œuf ;
– chocolat ;
– épices (poivre blanc, clou de girofle, cannelle, ketchup, mayonnaise…)
;
– céréales ;
– noix, noisettes, cacahuètes ;
– colorants jaunes (tartrazine E102) et rouges (rouge de cochenille E124,
cochenille E120, érythrosine E127) ;
– alcools divers (vin, bière, cidre, apéritifs, champagne).
BON À SAVOIR
Le gluten est un ensemble de protéines (prolamines et glutélines)
présentes dans certaines céréales : blé, orge, seigle. Il rend par exemple
la pâte à pain plus élastique et extensible. Pour un meilleur rendement,
l’utilisation de farines modernes pose le problème de leur teneur plus
importante en gluten et de leur nature plus agressive pour la muqueuse
intestinale, les rendant moins digestibles.
BON À SAVOIR
La SGNC
Allons bon ! Encore un sigle à intégrer, allez-vous penser. Il s’agit là
d’un phénomène assez fréquent mais encore trop méconnu : la sensibilité
au gluten non cœliaque. Beaucoup d’entre vous vont peut-être se
reconnaître dans la description des signes cliniques. Il faut cependant
voir un médecin pour en être vraiment sûr. Aucun diagnostic ne peut être
établi à la légère, surtout si des évictions alimentaires sont en jeu. De
quoi parle-t-on ? Eh bien, cette sensibilité alimentaire particulière peut
entraîner des manifestations digestives comme une diarrhée, des
douleurs abdominales, des ballonnements et bien sûr, ces flatulences les
accompagnant, quelques heures après avoir mangé des aliments à base
de gluten. Les personnes atteintes peuvent aussi se plaindre de douleurs
articulaires ou musculaires, de fatigue intense, de difficultés de
concentration, de maux de tête, de dépression ou d’anémie. Tous ces
signes disparaissent lorsque l’on arrête le gluten et récidivent dès la
reprise. La sensibilité individuelle permet cependant de pouvoir moduler
son apport quotidien. Holà, je vous vois vous dire : « C’est ce que je
ressens ! » Mais je préfère vous conseiller de consulter, avant de vous
engager dans un régime inadapté. Il faut bien évidemment avoir éliminé
les autres causes, comme le colon irritable, l’allergie au blé, l’intolérance
au gluten appelée maladie cœliaque ou d’autres causes pouvant être à
l’origine des signes articulaires, musculaires, etc.
ASTUCES
Pour les intolérants au lactose
Il s’agit alors d’éviter des produits trop riches en lactose, donc moins
bien digérés, en s’orientant vers des aliments comme les laits pauvres en
lactose ou sans lactose, les yaourts riches en probiotiques, les rendant
ainsi plus digestibles, et la consommation de fromages affinés.
Une autre solution consiste à utiliser des préparations à base de lactase
d’origine bactérienne ou fongique, proposées dans les pharmacies sous
forme de capsules ou de comprimés à prendre 30 à 60 minutes avant le
repas.
BON À SAVOIR
Dans les poissons, la teneur en histamine :
• < 50 mg/kg : pas de risque toxique ;
• entre 50 et 200 mg/kg : possible toxicité de l’aliment ;
• de 200 à 1 000 mg/kg : toxicité probable.
B – LES COUPABLES
1 – Au lait, aux laits
• La vache, de mal… en pis
Depuis l’arrêt de l’allaitement maternel, Julie, joli bébé de 3 mois, est
passée au lait maternisé. Si tout s’est bien déroulé dans les premiers jours,
son eczéma, minime jusqu’alors, flambe d’un seul coup. Sa peau se couvre
de plaques rouges et sèches. Elle dort mal, est très énervée. Les tests
allergologiques confirmeront une allergie aux protéines du lait de vache.
Un lait d’hydrolysat de protéines remplace désormais le lait maternisé. Sa
peau est redevenue normale. L’allergologue explique à la maman que
l’apparition ou la majoration d’un eczéma atopique lors d’une modification
des habitudes alimentaires implique la recherche d’une allergie
alimentaire. Chez le nourrisson, c’est le lait maternisé qui est le plus
souvent mis en cause. Il contient en général des protéines allergisantes
telles que les caséines et la bêta-lactoglobuline.
Ce petit bout de chou prénommé Titouan va sur ses 2 mois et sa mère
l’allaite avec bonheur. Un petit nuage cependant pointe à l’horizon. Quand
maman mange du fromage, eh bien, bébé trinque. Après avoir pris le sein et
bu le bon lait maternel, il se tortille dans tous les sens. Son ventre gonfle et
bing ! Une diarrhée. Cela commence à devenir inquiétant. La maman est
désespérée, elle qui pense que son lait devient un handicap pour son fils.
Une consultation chez l’allergologue aide à donner une explication
rationnelle à ce phénomène. Le bébé est en fait allergique aux protéines
contenues dans le lait ou les produits laitiers ingérés par la maman et qui
passent dans le lait maternel.
L’allergie aux protéines du lait de vache est responsable d’environ 12,6
% des allergies alimentaires chez l’enfant, mais rassurez-vous, cela ne
concerne, selon les études que 0,1 % à 7,5 % de la population générale. Les
réactions cliniques sont variables en fonction du mécanisme allergique
incriminé. Elles ont tendance à disparaître vers l’âge de 18 mois ou au
maximum vers 4 ans. On considère que plus de 90 % des individus atteints
guérissent vers l’âge de 15 ans.
BON À SAVOIR
Le mode de sensibilisation se fait souvent par l’ingestion directe du lait
en biberon ou dans des préparations en contenant. Il ne faut cependant
pas oublier que les protéines de lait de vache qu’ingère la mère dans son
alimentation quotidienne passent dans son lait. Pour l’enfant, la
rencontre avec l’allergène se produit donc quand sa mère lui donne le
sein.
Équivalences :
1 yaourt = 145 ml de lait.
Un quatre-quart confectionné avec 100 mg de beurre contient
l’équivalent de 13,89 ml de lait de vache.
Énergie (kcal) 70 70 68 72 96 49
Protéines (g) 1 1,6 3,5 3,9 5,3 2,3
Lipides (g) 3,5 3,4 3,5 3,7 6,5 2,3
Glucides (g) 7 7,7 4,6 4,4 4,3 5,6
Calcium (mg) 33 58 120 126 140 100
Fer (mg) 0,05 0,8 0,05 0,06 0,05 0,1
Prick test et dosage sanguin Patch test et test d’éviction du lait Certaines personnes peuvent
des IgE spécifiques. Éviction avec remplacement par un lait consommer des petites quantités de
du lait avec remplacement d’hydrolysat (remboursé) ou de riz lait ou ont la possibilité de prendre des
par un lait d’hydrolysat (non remboursé) gélules de lactase avant un repas
(remboursé) ou de riz (non comportant un risque de présence de
remboursé) produits laitiers
BON À SAVOIR
Un individu allergique aux protéines du lait de vache peut l’être aussi :
au lait de chèvre, de brebis, de jument, d’ânesse, de chamelle ou à la
viande de bœuf. Certains fromages à base de lait de vache, de brebis ou
de chèvre sont riches en histamine : emmental, roquefort, gouda,
camembert, cheddar… Ils peuvent déclencher, par leur ingestion, un
œdème ou une urticaire. Seuls les tests allergologiques permettent la
distinction entre vraie et fausse allergie alimentaire.
Les explorations allergologiques en cas de suspicion d’allergie aux
protéines de lait de vache sont choisies en fonction des manifestations
cliniques et donc du mécanisme immunologique en cause. En cas
d’urticaire, d’œdème ou de choc anaphylactique, on utilise des prick tests.
Ils consistent en l’application dans le dos ou sur l’avant-bras du nourrisson
d’une goutte de lait. À l’aide d’un stylet, le médecin pique au travers de
celle-ci. Après une attente d’environ 15 minutes, une petite papule et une
rougeur périphérique apparaissent. Lorsque ce sont les troubles digestifs ou
l’eczéma qui gênent l’enfant, on s’oriente plus vers des patch tests dans le
dos. L’arrêt du lait incriminé avec la disparition des symptômes est un
argument majeur du diagnostic. Le Test de Provocation Orale (TPO)
représente le test de référence. Toujours réalisé en milieu hospitalier, il
permet d’affirmer avec certitude le diagnostic, d’évaluer la quantité que
l’allergique peut ingérer. Lorsque les tests cutanés ne peuvent être pratiqués,
le dosage sanguin des anticorps IgE dirigés contre les différentes protéines
du lait représente une aide précieuse, en complément du bilan cutané. Ils ne
doivent cependant pas être systématiques. Quant au Diallertest, devenu
indisponible, il était facile à appliquer sur le dos de l’enfant. Son
interprétation devait être confirmée par un œil médical averti. Sa fiabilité
était loin d’être de 100 %. Toute erreur de lecture pouvait entraîner
malencontreusement un régime d’éviction totalement inadapté.
BON À SAVOIR
Gants de boxe et allergie au lait ne font parfois pas bon ménage.
L’allergologie se rapproche souvent d’une véritable enquête policière
pour trouver le coupable à l’origine de la réaction. Ce cas en est une
excellente illustration.
Il faut avouer que c’est grâce à la parfaite connaissance de sa spécialité
et aux moyens biologiques mis à disposition que l’allergologue va
trouver une conclusion à cette histoire pour le moins inattendue.
Une jeune fille pratique régulièrement le kickboxing. Elle s’entraîne
comme à son habitude mais cette fois-ci avec une paire de gants neufs.
Un événement vient perturber sa séance. La sportive présente, en effet,
15 minutes après l’échauffement, des signes faisant penser à un choc
anaphylactique. Elle se sait allergique au lait et n’a rien mangé ou bu
depuis plusieurs heures, et encore moins des produits laitiers. Elle a
malencontreusement oublié sa seringue d’adrénaline, ce traitement
d’urgence qui peut lui sauver la vie. Elle perd connaissance.
Heureusement, les secours arrivent suffisamment vite pour pouvoir la
réanimer et la prendre en charge avant son hospitalisation.
Comme rien n’a été ingéré depuis longtemps, la recherche de l’élément
déclencheur passe par un interrogatoire minutieux, réalisé quelques jours
plus tard. Le seul facteur inhabituel ce jour-là est cette nouvelle paire de
gants. La présence de caoutchouc est signalé sur l’étiquette et le
fabriquant, interrogé, stipule qu’il n’y a pas de protéines de lait dans ces
gants. Le test sanguin de dosage d’anticorps IgE latex est négatif, trois
semaines après l’épisode, mais positif pour le lait de vache. Les
investigations se poursuivent. Il ne faut pas rester sans réponse quant à
l’origine du choc. L’enjeu est trop important. C’est alors qu’est décidé
un examen plus poussé et spécifique des protéines contenues dans le
gant. Il va donner des résultats assez étonnants et identifier la cause de
cette réaction allergique explosive. En effet, des protéines de lait de type
caséine sont isolées en quantité assez importante dans le rembourrage du
gant. Cette caséine est en fait utilisée comme stabilisant ou lubrifiant
naturel dans des produits en latex, et c’est la première fois qu’on en
découvre dans un gant de boxe.
La morale de cette histoire repose sur deux principes. D’une part, toutes
les informations doivent être recueillies pour aider à la découverte de
l’allergène responsable. D’autre part, le stylo d’adrénaline doit toujours
être à la portée de main d’un allergique ayant des antécédents de choc.
Source : Hamilton R. G., Scheer D. I., Gruchalla R., Adkinson N. F., Sampson H. A., « Casein-
related anaphylaxis after use of an Everlast kickboxing glove », Journal of Allergy and Clinical
Immunology, vol. 135, 2015, p.269-271.
• Biquettes et brebis
Mélanie, 19 ans, décide d’aller manger une pizza avec ses parents à la
pizzeria du coin. Elle n’a aucun problème particulier excepté quelques
démangeaisons et une éruption de boutons lorsqu’elle mange certains
fromages à base de lait de chèvre comme un picodon, du pélardon ou du
crottin de Chavignol. Des fromages au lait de vache comme le brie, le
chaource, le comté, le gruyère, la mimolette sont consommés sans
problèmes particuliers. Sur place au restaurant, elle commande une pizza
en spécifiant bien au serveur qu’elle est allergique au lait de chèvre. Après
avoir mangé la moitié de sa pizza, Mélanie ressent une sensation de grande
fatigue, de malaise avec des sueurs, un œdème des lèvres et une urticaire
sur une grande partie du corps. Sa sortie à la pizzeria se solde par une
hospitalisation pour un choc anaphylactique. Le bilan allergologique
réalisé un mois et demi plus tard confirme l’allergie au lait de chèvre, sans
allergie concomitante au lait de vache. En se renseignant auprès du
pizzaïolo, il reconnaît que des morceaux de fromage de chèvre s’étaient
glissés dans la pizza !
Le premier cas d’allergie au lait de chèvre et de brebis sans allergie croisée
au lait de vache a été décrit en 1995. Depuis cette date, de nombreuses
observations cliniques sont rapportées dans des articles médicaux (Bidat E.,
« L’allergie au lait de chèvre ou de brebis », Revue Française
d’Allergologie, vol. 50, avril 2010, p. 128-131, par exemple). L’allergie aux
protéines du lait de vache est associée par réaction croisée à une allergie au
lait de chèvre et de brebis dans 92 % des cas. On peut affirmer que l’inverse
n’est pas systématique. Ce sont essentiellement les protéines de la caséine
qui sont impliquées. Une très petite quantité d’allergènes suffit à déclencher
des réactions telles qu’urticaire, œdème laryngé, asthme, choc
anaphylactique ou troubles digestifs avec des douleurs abdominales et des
vomissements.
Si les manifestations cliniques sont les mêmes que pour l’allergie au lait
de bovin, le délai d’apparition est néanmoins plus court, les symptômes plus
violents et le risque de choc anaphylactique plus fréquent. Ces protéines
animales sont souvent cachées dans du fromage de vache contaminé sur la
chaîne de fabrication. Les fromages de chèvre et de brebis de type feta ou
roquefort sont faciles à identifier. Il n’en est pas de même pour les fromages
de vache sans AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) pouvant être
contaminés par des laits de chèvres ou de brebis. Attention aux pizzas,
tartiflettes, cordons bleus, quiches, des plats de lasagnes, raviolis, pâtes
carbonara, viandes au fromage, moussaka, etc.
La directive européenne 2003/89/CEE du 25 novembre 2003 signale que
le lait de vache et les produits qui en dérivent font partie des 14 allergènes à
déclaration obligatoire, dans la liste des ingrédients signalés sur l’emballage
des denrées alimentaires.
BON À SAVOIR
Les laits de chèvre et de brebis ne font pas encore partie de l’étiquetage
obligatoire. Il faut être extrêmement vigilant à la lecture des étiquettes,
en cas d’allergie avec un antécédent de choc anaphylactique.
• Comment gérer ?
Ne jamais substituer un lait de vache, de chèvre ou de brebis par :
– un autre lait animal (jument, chamelle, ânesse) ;
– un lait de soja. Les laits végétaux, dont il fait partie, ne contiennent pas de
vitamines D, B2 et B12, peu ou pas de calcium ou de fer. Il faut également
tenir compte de sa teneur en phyto-œstrogènes (moins importante dans les
préparations infantiles qu’industrielles). Ils sont déconseillés avant l’âge
de 6 mois. La forme enrichie en calcium trouve sa place dans
l’alimentation de l’enfant, à partir de 3 ans.
Pour le nourrisson, choisir le bon lait. À ne pas confondre avec les laits
de prévention dits hypoallergéniques, seuls les laits par hydrolysat sont
proposés en toute sécurité, en cas d’allergie aux protéines du lait. Ils ne
contiennent pas de protéines allergisantes. Ce sont :
– les hydrolysats de protéines du lactosérum (Alfaré, Pepti-Junior) ;
– les hydrolysats de caséine (Galliagène Progress, Nutramigen LGG,
Prégestimil) ;
– les laits à base de riz sont aussi proposés (attention, ces laits ne sont pas
remboursés) ;
– le Puramino et le Neocate sont des laits à base d’acides aminés prescrits
en cas d’allergie aux hydrolysats de protéines ou de réactions très
sévères aux protéines de lait de vache. La présentation varie en fonction
de l’âge.
BON À SAVOIR
Certains produits non comestibles peuvent contenir du lait : cosmétiques,
shampoings, probiotiques, certains tissus de sous-vêtements (la fibre de
lait réalisée à base de caséine).
BON À SAVOIR
La bufflonne, femelle du buffle d’eau d’Asie (Bubalus bubalis), est
retrouvée en Asie du Sud-Est et sur le continent indien.
En Europe, elle est présente dans des élevages, plutôt en Italie. Le buffle
d’Asie est d’un autre genre que celui d’Afrique. Ne les confondez pas,
ils pourraient se vexer.
L’œuf et la pierre
Quelle ne fut pas ma surprise en lisant cet article de 2001.
Il relate le cas de cette jeune femme de 20 ans, asthmatique, allergique
aux pollens de graminées, à l’œuf et atteinte d’un eczéma atopique. Un
test montre qu’après avoir mangé 100 mg d’œuf, elle ressent une gêne
respiratoire. Un régime d’éviction de cet aliment est donc mis en place.
Quelques mois plus tard, elle présente très régulièrement des crises
d’asthme liées à l’inhalation de poussières de pierres provenant de
travaux de restauration de la cathédrale voisine. L’hypothèse la plus
probable est une réaction aux protéines d’œuf contenues dans la patine
des pierres anciennes constituant les murs de cette cathédrale. Les
revêtements muraux de ces lieux de culte étaient souvent protégés, dans
la Rome antique, par un enduit à base d’œuf. La confirmation est
apportée par l’étude de la poussière de pierres qui en contenait.
Source : Armentia A., Bartolomé B., Martín-Gil F.-J., et al, « Asthma Caused by a Cathedral
Wall », The New England Journal of Medicine, Massachusetts Medical Society, vol. 345, 2001,
p. 1068-1069.
BON À SAVOIR
Bonne nouvelle : vaccins et allergie à l’œuf
En 2010, l’AAAAI autorise la vaccination en une ou deux injections
sans tests préalables, chez tous les sujets allergiques à l’œuf.
En août 2011, les recommandations actuelles aux États-Unis, éditées par
le National Institute of Allergy and Infectious Diseases, signalent que,
selon des études récentes, la vaccination antigrippale peut être délivrée
sans risque à toute personne ayant une allergie à l’œuf, même avec des
antécédents de choc anaphylactique. Et désormais, cette attitude est à
appliquer.
ASTUCES
En cas d’une allergie avérée à l’œuf, il faut garder à l’esprit que cet
aliment peut être présent dans les plats, sous forme de liant, d’émulsifiant
ou de coagulant.
L’œuf peut être remplacé dans les recettes par différents ingrédients
classiques ou par des substituts vendus par des marques spécialisées.
BON À SAVOIR
Un boudoir correspond à environ 1 g d’œuf et donc, 250 mg d’œuf sont
contenus dans un quart de boudoir. Pour certains, ce calcul peut
ressembler à une vérité de La Palisse. Il peut cependant, avec d’autres
équivalences, servir dans le cadre de l’instauration d’une tolérance
alimentaire à l’œuf, toujours réalisée en milieu hospitalier, après le bilan
allergologique.
3 – Lara Chid
Lilou, 8 ans, attend sa part de galette des rois à la frangipane. Cette
année, c’est sûr, elle aura la fève. En réalité, c’est un gonflement du visage,
des paupières et de la langue qu’elle gagne, avec un petit séjour aux
urgences. Cette enfant est allergique à l’arachide. Lors de l’achat de la
galette des rois, il n’a pas été spécifié que la frangipane en contenait.
Thomas a 2 ans. Pour le réveillon du Nouvel An, ses parents ont invité la
famille pour fêter l’événement. À l’apéritif, des amuse-bouches avec des
cacahuètes soufflées sont servis. Pour le jeune enfant, sous cette forme, cela
ne devrait pas poser de problème. À son âge, les cacahuètes salées
normales sont dangereuses, sous peine de fausse route. Thomas en mange
donc une puis deux. Dans les minutes qui suivent, il commence à se gratter
et des plaques rouges apparaissent sur son corps. Sa lèvre supérieure est
légèrement gonflée. Le médecin de garde est appelé. Il donne un traitement
adéquat. Le bilan allergologique effectué quelques semaines plus tard
confirme l’allergie à l’arachide.
Si Angelina Jolie interprète avec brio l’aventurière Lara Croft, elle n’a
aucune chance de jouer le rôle de Lara Chid. Il est bien difficile de se
glisser dans une cacahuète. Cette légumineuse est plutôt blonde, sacrément
bien galbée, enfermée dans son habit doré, décoré de courbes et de reliefs.
Elle se fait dévorer lors d’apéritifs, accompagnant une boisson alcoolisée ou
pas. Les enfants peuvent la manger très tôt, soufflée, sans danger. J’avais
juste envie de lui donner un petit côté glamour, à cette mademoiselle Lara
Chid. Certes, les personnes qui y sont allergiques ne seront pas du même
avis. Elle peut entraîner des réactions rapides et parfois très violentes chez
certains d’entre eux.
Au hit-parade des allergies alimentaires, l’arachide se place en troisième
position des allergènes alimentaires avant l’âge de
3 ans, pour gagner la première position (en terme de fréquence) après 3 ans.
De la famille des papilionacées, du genre Arachis, seule l’espèce Arachis
hypogaea (arachide) est cultivée. On considère que 20 % des enfants
atteints vont guérir et qu’elle persistera souvent sous une forme plus sévère,
avec des crises d’asthme à l’âge adulte, dans 80 % des cas.
BON À SAVOIR
Arachide, plusieurs protéines allergisantes
Si auparavant on pouvait penser que l’arachide était en elle-même un
allergène unique, on peut désormais affirmer qu’on compte plusieurs
protéines allergisantes. Certaines sont résistantes à la chaleur et à la
digestion, entraînant des réactions allergiques sévères. La protéine la
plus agressive s’appelle Ara h2 et voit son caractère allergène tripler
lorsque la cacahuète est grillée. D’autres, plus sensibles à la chaleur,
expliquent les risques d’allergies croisées entre différents aliments et les
pollens de bouleau (Ara h8). Les signes cliniques sont alors plus
modérés et sans risque de choc.
BON À SAVOIR
Bonne nouvelle
Quelques équipes hospitalières commencent à proposer des protocoles
d’induction de tolérance alimentaire à la pomme. Elles permettent, après
un bilan, la réintroduction du fruit en petites quantités, progressivement
croissantes, sans l’apparition de symptômes. Cette méthode est encore
trop rarement réalisée pour les fruits, surtout chez l’adulte.
BON À SAVOIR
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les graines de sésame et de
tournesol ne sont absolument pas considérées comme des fruits à coque.
Il ne faut pas confondre l’arachide, qui est une légumineuse, avec les
fruits à coque tels que l’amande, la noisette, la noix, la noix de cajou, la
noix de pécan, la noix du Brésil, la pistache, la noix de macadamia et du
Queensland également à l’origine de réactions allergiques. Depuis
plusieurs années, est imposé aux industriels de signaler leur présence
dans la liste des 14 allergènes à étiquetage obligatoire. Attention : la noix
de coco et la châtaigne ne font pas partie de cette liste. Peut-être un
jour…
BON À SAVOIR
La mise en contact directement sur la peau, souvent dès le plus jeune
âge, par l’application d’huile d’amande douce est source de
sensibilisation, étape préalable à une possible future allergie.
BON À SAVOIR
La meilleure attitude
En cas d’allergie aux fruits à coque, l’attitude classique est plutôt de
conseiller une éviction, mais depuis quelques années, différentes équipes
hospitalières proposent une induction de tolérance pour certains
aliments. Il s’agit, pour la noisette en particulier, de débuter, après le
bilan allergologique en milieu hospitalier, une consommation de
chocolat aux noisettes Milka, des Mikado avec des éclats de noisettes,
des Schoko-Bons ou du Nutella, établie selon un protocole précis.
Attention ! Seules des équipes hospitalières spécialisées peuvent mettre
en route ces protocoles.
BON À SAVOIR
On peut considérer le thon comme un cas à part. En effet, nombreux sont
ceux qui peuvent être allergiques à certaines espèces de poissons et
tolérer la consommation de thon, surtout conditionné en boîte. Les
procédés de cuisson et de préparation préalables lui font perdre son
caractère allergénique, car les muscles de ce poisson contiennent une très
faible teneur en allergènes.
BON À SAVOIR
Allergies croisées
Le risque d’allergies croisées est observé entre les différents poissons
dans 50 % des cas. Qui pourrait croire qu’il peut y avoir un rapport entre
une grenouille, un poulet et un poisson ? Pour briller en société, je vous
donne la réponse : les parvalbumines… Elles sont présentes dans ces
trois espèces animales pouvant ainsi expliquer un risque d’allergies
croisées alimentaires. L’allergie est décidément très créative, puisqu’on
peut également observer une réaction avec un poisson mais pas avec
d’autres. C’est le cas, par exemple, des patients allergiques uniquement
aux salmonidés (saumon, truite).
ASTUCE
Deux moyens de prévention de ce type d’infection : congeler pendant 24
heures à moins de 20 °C le poisson cru ou le cuire pendant 10 minutes à
65 °C.
Parce que l’allergologie nous réserve encore bien des surprises, certains
individus peuvent manger de la viande de bœuf cuite mais pas un bon steak
tartare cru. Une fois de plus, l’explication réside dans la thermoréactivité de
certains allergènes face au chauffage. La sérumalbumine et les immuno-
globulines G seraient sensibles au chauffage alors qu’un autre allergène tel
que la myoglobine, serait thermorésistant. Ces hypothèses demandent
cependant à être confirmées par de nouvelles études.
BON À SAVOIR
D’étranges allergies croisées
Le syndrome porc/chat : à première vue, un félin n’a rien à voir avec un
omnivore porcin (cf. page 38. On considère que tous les patients
allergiques à la viande de porc sont allergiques au chat mais la
réciproque n’est pas systématique. Dans ce syndrome, peuvent
également être inclues les réactions à l’ingestion de viande de sanglier.
Les allergies aux viandes de volailles (poulet, dinde, canard ou oie) sont
rares. Elles sont souvent incriminées dans le syndrome d’allergie croisée
œuf et oiseau.
La viande de grenouille croiserait éventuellement avec la chair de
certains poissons, celle du kangourou peut déclencher par sa
consommation des réactions anaphylactiques. D’exceptionnels cas
d’allergies à la viande de baleine et de morse ont été décrits dans des
pays où ces aliments sont souvent consommés.
Être allergique à une viande ne veut pas dire l’être à toutes. Il faut
tenir compte des allergènes responsables et de l’incidence de la cuisson.
C – LES PLAISIRS DU PALAIS
1 – Se désaltérer en toute tranquillité
• In vino veritas
« Le petit Jésus en culotte de velours » : cette expression familière reflète
la sensation agréable ressentie lors de la consommation d’un vin délicat.
Depuis 8 000 ans, cette boisson alcoolisée accompagne nos repas avec
plaisir, parfois jusqu’à l’ivresse. Dionysos chez les Grecs, Bacchus chez les
Romains, ils représentent les dieux de la vigne et des plaisirs. Vers 600
avant Jésus-Christ, les Grecs implantent les premières vignes dans le Sud
de la France. Les Gaulois s’en donnent à cœur joie : fêtes et ripailles sont
de mise. Le festin final de chaque album d’Astérix en est la fidèle
illustration. Ce nectar des dieux, consommé à l’époque sans modération,
est composé de moût, de sel, de gypse, de marbre, d’aromates, de résine ou
poix. Depuis, la France a gagné ses lettres de noblesse et représente une
référence dans le monde viticole, sous toutes les latitudes.
Une bonne cuite, c’est l’assurance d’un réveil difficile avec gueule de bois
en prime. Il n’est toutefois pas nécessaire de boire beaucoup pour être
malade. L’intolérance aux sulfites, et plus récemment, les allergies au vin
peuvent en être une cause. Lors de sa fabrication à partir du raisin, le vin
subit une fermentation par le biais de levures. Puis, la clarification permet
d’améliorer l’aspect visuel et la stabilité du vin. Elle est réalisée à l’aide de
colles œnologiques d’origine animale (blanc d’œuf, colle de poisson,
caséine) ou végétale (gluten, protéines de lupin et de pois). Les gélatines et
collagènes de poisson sont préférentiellement utilisés pour les vins blancs et
rosés. Les caséines de lait et protéines d’œuf améliorent la couleur et le
goût du vin. Bien que les cas d’allergies à ces colles œnologiques soient
encore rares, ce phénomène a toutefois attiré l’attention des législateurs. Ce
sont plutôt les allergiques au lait et à l’œuf qui risquent ce type de réaction
aux colles. Jusqu’au 31 décembre 2010, les vins collés étaient dispensés de
signaler la présence de produits à base de protéines animales sur l’étiquette.
BON À SAVOIR
Pour le bien et l’information des allergiques, depuis 2012, la clarification
d’un vin avec ajout de plus de 0,25 mg/l (caséine, ovalbumine,
lysozyme) est soumise à l’obligation d’étiquetage stipulant la présence
d’œuf ou de lait. Il faut cependant savoir que les polyphénols contenus
dans le vin peuvent en masquer une partie, les rendant invisibles au
contrôle.
Quant à l’adjonction au vin d’additifs tels que les sulfites (E220 à E228),
elle vise à limiter la prolifération bactérienne. Aussi appelés anhydrides
sulfureux (SO2) leur utilisation est quasi systématique depuis le début du
XIXe siècle. Ils peuvent être responsables, lors de leur consommation dans
des plats ou des boissons, de réactions déplaisantes pour 2 personnes sur 1
000 : maux de tête, nez bouché, gêne respiratoire, crampes intestinales,
rougeurs au visage. Pour cette raison, depuis 2005, une directive
européenne impose l’apposition obligatoire de la mention « contient des
sulfites » sur l’étiquette des bouteilles de vin, à partir d’une concentration
supérieure à 10 mg/l.
BON À SAVOIR
Attention : cette règlementation date de 2005. Tous les vins étiquetés
avant cette date ne portent pas la mention obligatoire concernant les
sulfites.
La concentration de ces additifs varie en fonction des vignobles et de la
couleur du vin. Pour certains blancs, la concentration peut varier de 30
mg/l à 160 mg/l. Pour les rouges, les taux peuvent avoisiner de 10 mg/l à
105 mg/l.
ASTUCE
Pour les intolérants aux sulfites, amoureux des bons vins, un guide peut
leur être très utile. Il s’agit du Guide des vins, édité par l’Association
belge des consommateurs. Y sont répertoriés de nombreux crus avec leur
concentration en sulfites.
BON À SAVOIR
Dans la grappe…
La véritable réaction allergique aux protéines du raisin est
exceptionnelle. Depuis quelques années, des médecins se sont cependant
penchés sur le sujet. Une équipe italienne décrit, en 2003, plusieurs cas
avec l’apparition soit d’asthme, d’œdème, d’urticaire, soit de
manifestations gastro-intestinales, après avoir bu du vin. Cette étude
permet d’identifier un allergène majeur du raisin, appelé endochitinase,
et d’une protéine LTP qui peut croiser avec l’allergène majeur de la
pêche. Une autre protéine expliquerait une allergie croisée avec la cerise.
Bref, encore une fois, l’illustration de ces fameux tiroirs secrets que nous
réserve la nature.
• Au fond de la chope
Quel plaisir de pouvoir boire une petite bière. Brune ou blonde, à chaque
amateur sa préférence. Cette boisson est généralement produite à base de
malt, d’orge obtenu par humidification et chauffage des grains, de houblon
lui amenant l’amertume, et d’eau. Les levures Saccharomyces cerevisiae et
Saccharomyces carlsbergensis rentrent dans le processus de fermentation.
Rapportée à sa grande consommation, les réactions allergiques (urticaire et
œdème) à la bière sont exceptionnelles. Il est cependant possible, comme
pour le vin, que certains cas ne soient pas répertoriés. Les personnes
concernées évitent d’elles-mêmes la boisson suspecte et ne viennent pas
forcément consulter. Cette allergie à la bière apparaît plus volontiers chez
des sujets sensibilisés au préalable à la farine de blé, d’orge, de maïs ou
d’avoine. Il s’agit alors d’une allergie croisée avec les allergènes de la
famille des LTP. De rares cas d’œdèmes ou de choc anaphylactique ont été
rapportés dans des articles spécialisés.
BON À SAVOIR
En 2012, un homme de 45 ans allergique déclenche régulièrement une
urticaire et une sensation de gêne respiratoire après avoir bu une bière.
Des tests cutanés sont effectués chez l’allergologue avec 36 bières
différentes. Ils sont positifs pour 30 d’entre elles. On fait alors boire sous
surveillance médicale et en milieu hospitalier une petite quantité de
chacune des six bières qui n’ont pas réagi. Bonne nouvelle, il les
supporte et donc peut les consommer (avec modération bien
évidemment) tout en évitant avec précaution toutes les autres. Il pourra
peut-être y devenir allergique mais en profiter en attendant. La
conclusion de l’étude ne dit pas si le médecin et le patient ont fêté la
bonne nouvelle en dégustant une chope ou un galopin…
Source : Zoccatelli G., et coll., « Allergy to beer in LTP-sensitized patients : beers are not all the
same », Allergy, vol. 67 (9), 2012, p. 1186-1189.
• Thé ou café ?
Les allergies au café et au thé sont plutôt d’origine professionnelle. Lors
de la manipulation de café vert, l’allergie peut prendre la forme d’une
rhinite, d’une conjonctivite, d’asthme ou d’eczéma de contact. Chez les
empaqueteurs de thé, ce sont plutôt des symptômes respiratoires qui
s’expriment. L’ingestion de café ou de certains thés (Oolong, thé noir ou thé
vert) peut déclencher de l’urticaire et aller jusqu’au choc anaphylactique.
En ce qui concerne les infusions, les réactions très sévères avec choc sont
décrites pour la consommation de tisane à la camomille, surtout chez des
allergiques à l’armoise ou aux graminées.
• Les boissons froides non alcoolisées
De rares observations d’urticaire généralisée après avoir bu des sodas
amers à base de quinine, de cola (caféine responsable), d’acérola (cerise de
la Barbade, dont l’allergène croise avec le latex) ou d’acide carminique
E120 (Campari) encore appelée cochenille, sont répertoriées. Il est difficile
d’évaluer la fréquence exacte de ces allergies car, mal connues du grand
public, elles peuvent être passées sous silence. La plupart du temps, par
réflexe, on retire ces boissons de la consommation familiale sans consulter
un allergologue, alors que ce devrait être systématique.
BON À SAVOIR
Les allergiques aux pollens, en particulier de composées (armoise,
ambroisie, pissenlit, chrysanthème, laitue, arnica, camomille), doivent se
méfier d’une possible allergie au miel. En effet, 10 mg de miel
contiennent entre 20 000 et 100 000 grains de pollens. Il est donc
impératif de ne porter aucun crédit aux publicités vantant le rôle du miel
dans le traitement des rhino-conjonctivites polliniques !
• Le repas de la reine
Consommée par les adeptes du bio, en capsules, en ampoules ou en flacon
pour fortifier l’organisme, la gelée royale est sécrétée par les abeilles
ouvrières entre le 5e et le 14e jour de leur vie. Sa production annuelle par
ruche est estimée à 300 mg et elle sert à l’alimentation des larves et de la
reine. Cette substance fluide de texture gélatineuse contient environ 14 %
de sucre, 70 % d’eau, des lipides, des protéines, des vitamines, des oligo-
éléments et des grains de pollen. Les manifestations allergiques
accompagnant sa consommation sont en général graves : une crise d’asthme
sévère, un œdème important, un choc anaphylactique pouvant entraîner le
décès en l’absence de traitement. Des éléments favorisent l’apparition de
cette allergie, en particulier le terrain atopique prédisposé et les allergies au
venin d’abeille.
• Ces pelotes de pollen
Ces pelotes, transportées par les pattes des abeilles butineuses jusqu’à la
ruche, sont récoltées, conditionnées et vendues en tant que compléments
alimentaires pour leurs vertus stimulantes, réparatrices, revitalisantes. Elles
sont à l’origine d’allergies alimentaires pour un nombre limité de personnes
et plus volontiers chez des allergiques aux pollens.
• La propolis
Cet ancien agriculteur de 70 ans s’occupe activement de quelques ruches.
Il consulte en raison de l’apparition, depuis quelques semaines, de lésions
sèches et fissurées au niveau du pouce, de l’index, du majeur (les trois
doigts étant appelés la pince de préhension), et un eczéma du dos des
mains. Sur le visage, des plaques rouges et sèches siègent au milieu du
front, sur les ailes du nez et autour de la bouche, jusqu’au menton. Au
début, il n’y prête pas attention. C’est surtout sa figure qui gratte
beaucoup, à tel point qu’il n’en dort plus la nuit. Son médecin traitant a
bien essayé la cortisone et les antihistaminiques et rien n’y fait. Cet
amoureux de la nature et des abeilles occupe son temps entre son jardin et
la récolte du miel. Il a pris l’habitude de se frotter plusieurs fois par jour le
visage avec sa main droite de haut en bas : le front, le nez, la bouche, pour
finir par le menton. Ce trajet suivant tout à fait la localisation des lésions.
L’esthétique, les cosmétiques, ça n’est pas pour lui. Il se lave le visage au
savon. Ce n’est pas le genre à passer trois heures dans la salle de bain le
matin. On peut donc, a priori, éliminer l’idée d’une allergie aux
cosmétiques. Des tests cutanés en patchs sont réalisés avec les produits
classiques, l’extrait de propolis et la cire d’abeille qu’il amène. Après deux
jours, trois tests sont positifs : le baume du Pérou, la propolis et la cire
d’abeille. Les lésions des mains sont secondaires à la manipulation de ces
produits, avec une extension des plaques d’eczéma au visage. Certaines
substances se retrouvant dans le baume du Pérou et la propolis, il y a la
possibilité d’une allergie concomitante. Ce patient, passionné, ne conçoit
pas d’arrêter son activité d’apiculteur amateur. Hormis un nouveau
traitement à base de crèmes à la cortisone, il lui est conseillé d’utiliser
désormais des gants de protection adaptés.
La propolis mélangée par les abeilles avec la cire sert à colmater les
interstices des ruches. Elle est utilisée depuis l’époque de Stradivarius
(1644-1737) dans la composition des vernis pour les instruments à cordes.
Le premier cas d’allergie est évoqué dans les années 1930 et contrairement
aux autres produits de la ruche, la propolis déclenche plutôt des
phénomènes d’eczémas de contact. Récoltée sur les bourgeons de certains
arbres par les abeilles, elle se compose de résine pour 50 %, de cire pour 30
à 40 %, d’huiles aromatiques pour 5 à 10 %, de pollens pour 5 % et d’autres
substances comme la vanilline ou l’aldéhyde cinnamique (également
contenue dans certaines essences de parfum). Commercialement, elle est
distribuée pour ses propriétés pharmacologiques en ORL, ou en
stomatologie sous forme de capsules, de comprimés, de gommes à mâcher,
d’antiseptiques buccaux et même de sirops mélangés à des plantes. En
cosmétologie, on la retrouve dans des dentifrices, des shampoings, des
rouges à lèvres, des savons, des crèmes solaires, etc. Il est admis qu’un
patch test positif à la propolis le sera également au baume du Pérou.
BON À SAVOIR
Le curry, mélange d’une vingtaine à une cinquantaine d’épices,
accompagne les plats exotiques. Les principaux constituants, présents en
proportion variable selon les marques et les pays d’origine (Inde, Chine)
sont : le gingembre, l’ail, l’oignon, la coriandre, la cardamome, le cumin,
la cannelle, le curcuma, le piment, le poivre, le fenouil, le fenugrec, le
cubèbe, le sel, le clou de girofle, etc.
• Le fenugrec, késako ?
Le fenugrec, dont les premiers cas d’allergies alimentaires ont été décrits
en 1997, est aussi connu sous le nom de Trigonella foenum-graecum ou
sénégrain. C’est une légumineuse de la famille des papilionacées, présente
en Afrique du Nord, en Inde, en Égypte, en Argentine, au Liban, dans le Sud
de la France. On lui confère des propriétés hypoglycémiantes, stimulantes,
antiparasitaires et antimycosiques. Il peut être pris en infusion, en capsules,
sous forme de teinture, en extrait fluide, en cataplasme, dans des produits
retrouvés en parapharmacie mais aussi dans la pharmacopée classique. De
nombreux mélanges d’épices en contiennent : le curry, le tandoori, le
massalé, le colombo, le ras-el-hanout…
Les cas d’allergies par ingestion ou application de produits en contenant
sont encore très occasionnels. Ils se présentent sous forme de rhinite,
d’asthme, d’œdème, d’urticaire pouvant aller même, là encore, jusqu’au
choc anaphylactique. L’engouement croissant pour les plats venus d’ailleurs
va-t-il être déterminant pour l’apparition de nouveaux cas ? Les relevés
d’allergovigilance nous le diront certainement au fil des ans.
• La moutarde me monte au nez
La moutarde est un cas à part. Elle est à la fois considérée comme
condiment et comme allergène masqué contenu dans des mélanges d’épices,
comme le curry. Appartenant à la famille des brassicacées, elle fait la
réputation de la région de Dijon depuis le XIIe siècle. Elle se mange ou est
utilisée pour ses vertus thérapeutiques. Comment ne pas évoquer les
sinapismes ou cataplasmes à la farine de moutarde que l’on colle sur la
poitrine en cas de toux ou d’infection ORL ! Humidifier très légèrement ce
carré enduit de moutarde, le laisser ensuite sur la peau pendant plusieurs
minutes, là est le mode d’emploi. Lorsqu’on retire ce cataplasme, la peau
est rouge avec des sensations de brûlures (souvenirs d’enfance !).
Décrite pour la première fois en 1980, l’hyperréactivité à la moutarde est
considérée comme la quatrième cause d’allergie alimentaire chez l’enfant
de moins de 3 ans, après l’œuf, l’arachide et le lait de vache. Cette
particularité est certainement due à la consommation de moutarde contenue
dans des plats industriels préparés pour les nourrissons et les enfants. Les
réactions observées sont, pour la plupart des individus : une poussée
d’eczéma, une urticaire et un œdème des lèvres ou du visage, une rhino-
conjonctivite. Plus rarement, c’est plutôt une gêne respiratoire. Il faut alors
être très vigilant et penser à un début de choc anaphylactique, qui apparaît
rapidement. Il ne faut pas tarder à appeler les urgences et injecter
rapidement de l’adrénaline. Chez l’adulte, les cas plus rares sont cependant
plus violents avec un risque majoré de choc anaphylactique.
BON À SAVOIR
Le risque atopique se définit ainsi, selon les travaux de Kjellman (1977)
:
– 12 % pour l’enfant si aucun des parents n’est allergique ;
– 20 % si l’un des parents est allergique ;
– 43 % si les deux parents sont allergiques ;
– 72 % si les deux parents ont les mêmes manifestations allergiques.
BON À SAVOIR
L’action de l’AFPRAL (Association Française pour la PRévention des
ALlergies) est déterminante dans l’avancée de l’étiquetage alimentaire.
En accord avec les autorités sanitaires, il est désormais acquis, depuis
2005, que la présence de 14 allergènes alimentaires est obligatoirement
signalée sur l’étiquetage des plats. C’est la liste ALBA :
– les céréales contenant du gluten (blé, seigle, épeautre, kamut ou leurs
souches) et les produits à base de ces céréales ;
– le lait et ses produits dérivés ;
– les crustacés et les produits à base de crustacé ;
– les œufs et les produits à base d’œuf ;
– le lupin ;
– le poisson et les produits à base de poisson ;
– l’arachide et les produits à base d’arachide ;
– le soja et les produits à base de soja ;
– les fruits à coque (à savoir : amande, noisette, noix, noix de cajou, noix
de pécan, noix du Brésil, pistache, noix de macadamia, noix du
Queensland) et produits à base de ces fruits ;
– le céleri et les produits dérivés du céleri ;
– la moutarde et les produits à base de moutarde ;
– les graines de sésame et les produits à base de sésame ;
– l’anhydride sulfureux et les sulfites en concentration de plus de 10
mg/kg ou mg/l, exprimés en SO2 ;
– les mollusques.
Voici par exemple quelques cas illustrant les difficultés rencontrées par les
allergiques, dans l’analyse des étiquettes. Source : Oasis Allergies.
Des bonbons, comme les marshmallows, à la gélatine de poisson ? Ce
n’est qu’un exemple qui illustre pourquoi il est indispensable de lire les
étiquettes. Le poisson fait partie de l’étiquetage
alimentaire obligatoire, excepté dans certaines utilisations, comme celle de
support pour des vitamines et des arômes ou comme agent de clarification
dans la bière, le cidre et le vin. Autres exemples :
– du poisson dans des beignets de crevettes ;
– de l’arachide dans du bouillon de poule ;
– des noix, des noisettes dans les sauces tomate ;
– de la noisette dans du jambon, des beignets au chocolat ou dans du pâté
au foie de canard ;
– des noix de cajou, des amandes ou des pignons de pin dans le pesto ;
– du lupin dans les gâteaux, les farines, les pains mais aussi dans des
mélanges de céréales et légumes secs de certaines marques ou dans des
crèmes applicables sur les seins des mères allaitant ;
– des protéines de lait dans une sauce provençale, dans des boissons type
limonade ou dans un paquet de crevettes d’élevage avec un
préemballage certifié AB (Agriculture Biologique) ;
– des protéines de lait ou de soja dans des matelas commercialisés pour les
bébés ;
– de la bêta-lactoglobuline, protéine allergisante du lait de vache, dans des
probiotiques (compléments alimentaires contenant des micro-organismes
vivants visant à renforcer ou réensemencer la flore intestinale :
lactobacilles, bifidus, etc.).
BON À SAVOIR
À la vue de tous ces exemples, il faut conforter les allergiques dans
l’étude systématique de toutes les étiquettes de denrées alimentaires en
grand ou petit conditionnement. Attention avec le commerce équitable :
les gâteaux ou paquets ramenés dans ses bagages ou achetés sur Internet
n’ont pas forcément la même législation qu’en France. L’absence
d’informations sur les allergènes ne signifie alors pas forcément leur
absence ! La personne présentant une allergie alimentaire sévère doit
rester très vigilante. Si elle présente des antécédents de choc
anaphylactique alimentaire, elle doit toujours avoir à disposition, dans
tous ses déplacements, le stylo auto-injectable d’adrénaline.
BON À SAVOIR
Restauration
Depuis juillet 2015, les restaurateurs ont l’obligation, suite au décret
d’avril 2015, de signaler la présence d’allergènes dans leurs
préparations. Dans les lieux de restauration, l’information sur la
composition des plats proposés doit être tenue à disposition du public,
sous forme écrite et de façon lisible. Normalement, chaque professionnel
doit tenir à jour son menu, avec les informations requises. Si certains
restaurateurs jouent le jeu, d’autres trouvent une parade en affichant
simplement la liste des 14 allergènes à étiquetage obligatoire dans leur
restaurant, ce qui n’est pas le but premier du décret. Il ne s’agit pas de
mettre la liste des allergènes à étiquetage obligatoire pour se donner
bonne conscience… mais de pouvoir renseigner l’allergique sur la
présence ou non de tel ou tel allergène dans un plat. Certains ont bien
compris la problématique et se plient volontiers à cette directive.
D’autres devront encore faire quelques progrès pour parvenir à
l’excellence… Ce qui est vrai pour les restaurateurs l’est aussi pour tous
métiers de bouche proposant des denrées en vrac non étiquetées !
En mai 2016, le site canadien LaPresse.ca relate la condamnation d’un
restaurateur du Nord de l’Angleterre à six ans de prison pour homicide
involontaire par négligence. Un de ses clients, connu allergique à
l’arachide, lui commande un poulet tikka masala, sans arachide. Ce plat
épicé lui a été livré et, malheureusement, contenait de la cacahuète. Un
autre épisode identique avec un autre consommateur s’était déroulé
quelques semaines plus tôt. En réalité, l’accusation signalait qu’il avait
remplacé, faute de moyens financiers, l’amande par de la cacahuète (ce
qui est souvent le cas), souvent appelée « l’amande du pauvre ».
En juin 2016, UFC-Que choisir fait un constat en demi-teinte sur le
respect de cette nouvelle directive par les métiers de bouche. Seules
certaines enseignes se sont pliées à la demande d’informations sur les
allergènes alimentaires dans leurs établissements : McDonald’s, Quick et
KFC. En ce qui concerne la grande distribution, ce n’est pas un sans
faute même si quelques-uns sortent leur épingle du jeu, comme
Monoprix, Carrefour et Intermarché. Quant aux petits commerces, la
conformité est loin d’être légion dans ce domaine de prévention. Chacun
doit s’atteler à respecter la demande et surtout améliorer l’accessibilité et
la lisibilité de l’étiquetage obligatoire.
BON À SAVOIR
En 2015, l’Anses lance une alerte sur le plan européen. Un mélange
d’épices à base de paprika est contaminé par la présence accidentelle
d’amande. Une demande de mise en place de gestion du risque
allergique est appliquée. Un extrait du rapport vous donne une idée de la
pertinence de ces mesures de protection : « Ainsi, pour les traces de
protéines d’amande dans le paprika, en se basant sur une recette pour
quatre personnes, incorporant trois cuillères à soupe de paprika, soit 20,4
g, la concentration maximale de protéines d’amande dans le paprika de
19 mg/kg peut être retenue. » Ce système complexe demande à être
encore affiné.
Source : note d’appui scientifique et technique relative à la présence
d’allergènes d’amande et d’arachide dans les épices, Agence nationale
de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail,
avril 2015.
BON À SAVOIR
Lorsque les allergènes font partie de la composition et sont introduits
dans la recette classique, ils doivent donc être obligatoirement signalés
(liste ALBA des 14 allergènes). Par contre, qu’en est-il lors d’une
contamination ? La problématique est un peu plus compliquée. On parle
de « présence fortuite d’un Allergène à Déclaration Obligatoire (ADO),
lorsque cet ADO est présent dans un produit fini alors qu’il n’est pas un
composant apporté volontairement. La notion de présence fortuite est
équivalente à la notion de contamination ». (AFSSA, 2008)
Dose requise 0,2 ppm 0,1 ppm 0,03 ppm 0,1 ppm
pour un étiquetage obligatoire
BON À SAVOIR
En résumé
Si l’un des 14 allergènes est compris dans la recette initiale,
l’étiquetage est obligatoire (liste ALBA). En cas de contamination
involontaire dans la recette par un allergène, c’est la mise en place du
système VITAL et l’étiquetage obligatoire ou retrait du produit en
fonction du seuil de réactivité fixé.
• Le PAI
Paloma est allergique au poisson. Elle ne peut en manger, sinon ses lèvres
gonflent et elle est gênée pour respirer. On craint à chaque fois un choc
anaphylactique. Elle rêve de pouvoir manger à la cantine avec ses copines
mais jusqu’alors, on le lui interdisait. Grâce à la mise en place d’un PAI,
elle s’y rend chaque jour avec son panier-repas, et peut rire et profiter de
ses amies autour de la table de la cantoche. La trousse d’urgence n’est pas
loin, au cas où…
Gérer son allergie alimentaire chez soi est toujours plus facile qu’à
l’extérieur. C’est spécialement vrai pour les enfants et les adolescents que
l’on confie à la cantine ou aux centres de vacances. Depuis 1999, le Projet
d’Accueil Individualisé (PAI) permet d’intégrer au mieux l’enfant
allergique à la vie en collectivité. Ce texte, au départ particulièrement
difficile à appliquer, réactualisé et remanié à plusieurs reprises, semble
aujourd’hui plus facilement respecté dans les établissements scolaires. Il
faut se souvenir que certains enfants allergiques subissaient la double peine
de la maladie et de l’exclusion de la cantine, voire même de l’école, avant
la mise en place de ce texte. Théoriquement établi à la demande des parents
auprès du chef d’établissement, le PAI, basé sur un diagnostic préalable
d’allergie alimentaire confirmé par des tests, permet de faire la part des
choses entre un éventuel dégoût alimentaire, un caprice et une véritable
allergie. Il comporte deux volets. Sur le premier sont précisées les
coordonnées des parents, du médecin traitant, du médecin allergologue, des
personnes à prévenir en cas de problème et la liste des allergènes à exclure.
Le second volet reprend les principales étapes à suivre en cas de réaction
allergique par ingestion accidentelle. Ce projet est toujours accompagné
d’une ordonnance du médecin, permettant une disponibilité des
médicaments au sein de l’établissement scolaire.
En ce qui concerne l’adrénaline, traitement d’urgence du choc
anaphylactique, quatre types de stylos auto-injecteurs sont désormais à
disposition : Anapen, Emerade, EpiPen ou Jext. Pendant de nombreuses
années, seul l’Anapen était disponible. Ce système a pris le relais de la
seringue Anahelp dont la manipulation semblait compliquée à faire accepter
au personnel encadrant. La visibilité de l’aiguille leur faisait peur. Ces
difficultés d’injection en urgence avec cette seringue représentent alors un
frein à la bonne application du PAI. Cet état de fait amène, en 2000, le
président de l’Ordre des médecins, le docteur Glorion, à confirmer la
possible utilisation en milieu scolaire de l’Anapen. Désormais, cette attitude
est de mieux en mieux acceptée au sein du milieu scolaire. Reste un bémol
de taille, la peur de ne pas faire l’injection quand il le faut. Pour cela la
Société Française d’Allergologie a établi un mode d’emploi, une sorte de
plan d’action pour chaque système auto-injecteur, avec les signes d’appel
amenant à l’utiliser :
– ma voix change ;
– j’ai du mal à parler ;
– je respire mal, je siffle, je tousse ;
– j’ai très mal au ventre, je vomis ;
– je me gratte les mains, les pieds, la tête ;
– je me sens mal ou bizarre, je fais un malaise.
Contrairement à ce que l’on a souvent pensé, il faut pratiquer l’injection
dans la face externe de la cuisse, même à travers un vêtement. Laissez le
dispositif en place en le maintenant fermement pendant 10 secondes.
L’appel au SAMU se fait par une personne de l’entourage, si possible en
même temps ou après l’injection. Attendre l’avis du médecin régulateur du
numéro d’urgence peut faire perdre de précieuses minutes. Les effets
secondaires de l’adrénaline seront toujours moins graves que la perte d’une
vie faute d’injection rapide.
BON À SAVOIR
Longueur des aiguilles :
Anapen 0,15 et Anapen 0,30 : 7,5 mm
Emerade 150 : 16 mm et Emerade 300 et 500 : 23 mm
EpiPen 150 : 12,5 mm et EpiPen 300 : 15,5 mm
Jext 150 : 15 mm et Jext 300 : 15,4 mm
Source : Pouessel G., Beaudouin E., Renaudin J.-M., Drumez E., Moneret-Vautrin D.-A.,
Deschildre A., « Pratiques et adhésion aux recommandations pour la prescription des dispositifs
auto-injectables d’adrénaline : enquête auprès des allergologues du réseau allergovigilance »,
Revue Française d’Allergologie, vol. 56, février 2016, p. 3-9
BON À SAVOIR
L’ordonnance de la conduite à tenir pour l’enfant, lors de ses
déplacements, signale le nom des médicaments sous la forme de leur
molécule générique (la DCI, Dénomination Commune Internationale) et
de la posologie.
Bilaska et Inorial : bilastine
Xyzall : lévocétirizine
Aerius : desloratadine
Kestin : ébastine
Ventoline : salbutamol
Bricanyl : terbutaline
Solupred : prednisolone
Le caviar mexicain
Avec ce titre, vous pourriez imaginer une histoire de délicieux œufs
d’esturgeons. Il n’en est rien. Il s’agit plutôt de la mésaventure d’un
homme de 52 ans en déplacement professionnel au pays des Aztèques.
Ce voyageur tente l’expérience de déguster ce fameux caviar mexicain à
base de nymphes de fourmis, encore dans leur cocon. Mal lui en prend,
puisqu’apparaissent une urticaire sur le corps, un gonflement des
articulations et des mains. Il est multiallergique : aux acariens, aux
blattes, aux écrevisses, aux crabes de Shanghaï et aux tourteaux. Le test
cutané avec le cocon de fourmi vide et bouilli est positif. La morale de
cette observation se résume par un conseil plus que judicieux : les
personnes ayant les mêmes antécédents que cet homme, en particulier
des réactions aux arthropodes, devraient éviter de tester de tels mélanges
d’insectes.
Source : Geny-Duthey S., Blay F. de, « Polysensibilisation et allergie au caviar mexicain »,
Revue Française d’Allergologie, Elsevier, vol. 56, n° 3, avril 2016, p. 279.
CHAPITRE III
ALLERGIE, AMOUR
ET CONSÉQUENCES
BON À SAVOIR
Bien choisir son préservatif
Si, au départ, le nombre de marques proposées était plus que modeste,
désormais un grand choix est proposé aux utilisateurs allergiques : Max
Tolérance et Real Feeling de Durex, Protex Original 0.02 (attention le
Protex classique contient du latex), Manix Skyn, Manix Suprême. Un
peu moins connu, mais tout aussi efficace et sans latex, le préservatif
féminin Femidom peut être utilisé. Pour les rapports bucco-génitaux, il
existe des protections buccales en polyuréthane comme Terpan Dig Dam
Dom.
ASTUCES
Connaître les objets contenant du latex
Dans la vie quotidienne : certaines colles pour les enveloppes
autocollantes, ballons de baudruche, bouillottes, préservatifs,
diaphragmes féminins, élastiques, certaines éponges, gants de nettoyage,
jouets en caoutchouc, certains matériels de plongée (masque et lunettes),
bonnets de bain, rideaux de douche, tapis de bain, tétines de biberon ou «
tototte », « tututte », « boubou »… Le latex est aussi utilisé au cinéma
comme peau de synthèse pour des effets spéciaux ou pour certains
déguisements.
Les objets médicaux : les bas de contention, certains bandages élastiques,
les gants chirurgicaux, les brassards de tensiomètre, les doigtiers, les
pistons de certaines seringues, de nombreuses sondes, les bouillottes, etc.
BON À SAVOIR
Le liquide séminal représente une grande partie de la composition du
sperme humain. Son rôle consiste à nourrir les spermatozoïdes qu’il
transporte. Lors de l’éjaculation, ceux-ci sont expulsés avec le liquide
séminal et d’autres composantes. Il a été démontré en 2012, grâce à une
nouvelle technique d’imagerie, que tous les spermatozoïdes ne se
déplacent pas à la même vitesse. Pour 90 % d’entre eux, la mobilité
s’effectue autour d’un axe avec des petits mouvements latéraux. Ils se
tortillent ainsi à la vitesse de 140 µm/s. D’autres, dans une proportion de
4 à 5 %, effectuent des cercles stables autour d’un axe central donnant 3
à 20 mouvements hélicoïdaux par seconde, rendant leur vitesse plus
lente : 20 à 100 µm/s. Reste les quelques hyperactifs certainement
pressés d’arriver.
Source : Su T.W., Xue L., Ozcan A., « High-throughput Lensfree 3D Tracking of Human Sperms
Reveals Rare Statistics of Helical Trajectorie », Proceedings of the National Academy of
Sciences of the United States of America, vol. 109, 2012, p. 16018–16022
Extrêmement rare mais qui doit être signalée, l’allergie au liquide séminal
est observée pour la première fois en 1958. En 1967, est exposé le cas d’une
jeune mariée qui présente un choc anaphylactique immédiatement après le
premier rapport avec son conjoint. Depuis cette époque, plus de 80 cas sont
décrits. Cette allergie au liquide séminal du partenaire semble concerner des
femmes plutôt jeunes (entre 20 et 30 ans). Elles se plaignent après les
rapports, de rougeurs, de démangeaisons locales, d’un gonflement au
niveau vulvaire. Plus souvent, des réactions importantes sont signalées avec
un prurit généralisé, une poussée d’urticaire géante, des nausées, des
vomissements, des diarrhées pouvant aller même jusqu’au choc
anaphylactique à la fin du rapport sexuel. Elles s’observent aussi bien
pendant une grossesse que lors du premier rapport. Quel que soit le
partenaire, les symptômes apparaissent dès la fin du rapport ou plusieurs
heures après le coït. En cas de suspicion, les circonstances de
déclenchement sont recherchées avec l’interrogatoire. Le diagnostic est
confirmé par la pratique de tests cutanés en prick et en intradermoréaction
avec le sperme du partenaire. On peut également doser dans le sang de la
patiente, le taux d’anticorps IgE dirigés contre le liquide séminal.
ASTUCE
Si le diagnostic d’allergie est prouvé, la femme a plusieurs options :
l’abstinence (!), le coitus interruptus (pas toujours évident)… La solution
beaucoup plus sûre est l’utilisation d’un préservatif. En cas d’allergie au
latex associée, on peut exceptionnellement proposer une
désensibilisation spécifique avec des injections par voie sous-cutanée.
Ensuite, pour préserver la tolérance de la femme désensibilisée au liquide
séminal, des rapports sexuels deux à trois fois par semaine, avec le même
partenaire, sont obligatoires.
BON À SAVOIR
Bonne nouvelle
En cas de désir de grossesse, une solution a peut-être été trouvée par une
équipe médicale de Corée du Sud. Elle a en effet permis à une femme de
32 ans, qui souffrait d’une allergie prouvée au liquide séminal de son
conjoint, de mener une grossesse à terme. Une première tentative de
fécondation avec des spermatozoïdes lavés s’était soldée par l’apparition
d’une réaction allergique majeure chez la mère. Une désensibilisation
par voie intravaginale de sperme dilué est tentée avec succès. La dose
initiale est augmentée toutes les 45 minutes pendant la période
d’initialisation. Le couple doit ensuite avoir des rapports tous les deux
ou trois jours pendant un mois pour obtenir un phénomène de tolérance.
Cette attitude « thérapeutique » a permis la venue au monde d’un bébé.
D – LIAISON DANGEREUSE : SPERME
ET NOIX DU BRÉSIL
Les conséquences d’une éjaculation peuvent se révéler surprenantes en cas
d’allergie alimentaire. Qui l’eut cru ? C’est pourtant ce qui est arrivé en
2007 à cette jeune anglaise d’une vingtaine d’années. Elle mange sans
aucun problème des pistaches, des noisettes, des cacahuètes. Elle est, en
revanche, connue allergique à un fruit à coque : la noix du Brésil. Cela va
entraîner une drôle de réaction lors d’un rapport non protégé. Avec son ami,
la relation est stable depuis longtemps. L’utilisation du préservatif n’est plus
à l’ordre du jour et la demoiselle prend un contraceptif oral. Son
compagnon mange cinq noix du Brésil dans les deux à trois heures qui
précédent l’acte sexuel. Connaissant les risques de sa belle quant au contact
même indirect avec cet aliment, il prend la précaution de se brosser les
dents, de se rincer la bouche et se laver les ongles et les mains. Mais voilà,
quelques minutes après le coït sans préservatif, la jeune femme ressent des
démangeaisons vulvaires et présente un gonflement de la muqueuse
vaginale. Apparaissent alors une urticaire et un œdème. Elle se sent un peu
gênée au niveau respiratoire. La demoiselle prend un antihistaminique et se
sent mieux dans l’heure qui suit. Cela témoigne d’une réaction allergique et
la voie de contact supposée est sexuelle. L’explication viendra après les
tests allergologiques avec le sperme du jeune homme avant et deux heures
trente après l’ingestion de noix du Brésil. En effet, la jeune femme ne réagit
pas en test cutané au sperme seul mais au sperme contenant des allergènes
de ce fruit à coque. Les investigations complémentaires n’ont pu être
menées à terme, le couple s’étant séparé. L’allergie à la noix du Brésil
semble fréquente au Royaume-Uni. L’allergène majeur de ce fruit à coque
résiste à la digestion. Il peut ensuite via la circulation sanguine, passer dans
les organes reproducteurs.
Source : Bansal A. S., Chee R., Nagendran V., « Dangerous liaison :
sexually transmitted allergic reaction to Brazil nuts », Journal of
Investigational Allergology and Clinical Immunology, Esmon Publicidad,
vol. 17, no 3, 2007, p. 189-191.
E – ECZÉMA ATOPIQUE, FONCTION
ÉRECTILE ET FILMS humoristiques :
QUEL RAPPORT ?
Certaines études cliniques ont le don d’être étonnantes. Tel est le cas de
celle-ci, réalisée au Japon en 2008. L’histoire ne dit pas l’origine de cette
publication très scientifique. Le bon fonctionnement des muscles érectiles
dépend de nombreux facteurs qui les stimulent à plus ou moins long terme.
Je vous laisse aisément imaginer lesquels. D’autres, en revanche, ont
tendance à freiner leur action, comme une baisse du taux de testostérone ou
des phénomènes de stress, souvent retrouvés dans le cadre de la dermatite
atopique. Attention, je vous vois venir… Non, tous les atopiques n’ont pas
ce type de problème… Il est certain qu’une poussée aiguë d’eczéma
entraîne un aspect cutané moins propice à un contact peau contre peau, avec
une possible apparition d’un stress réactionnel. Les auteurs de cette étude
ont tenté de trouver une solution quelque peu cocasse mais qui semble
fonctionner, seulement à court terme. Il s’agit de visionner des films
humoristiques. 36 hommes présentant une dermatite atopique ont été, avec
leur amie ou conjointe en bonne santé, répartis en deux groupes. Le premier
groupe de couples a regardé des films d’humour trois jours consécutifs : un
épisode de Mr Bean, Les Temps modernes de Charlie Chaplin et Mary à
tout prix avec Cameron Diaz et Matt Dillon. 15 jours plus tard, ils
visionnent des films communs, sans humour. L’autre groupe fait l’inverse.
Des prises de sang avec dosage du taux de testostérone et d’œstradiol sont
réalisées à différentes étapes de cette expérience. Il est bien stipulé que,
pour ne pas biaiser le bon déroulement du test, aucun vibromasseur ou sex
toy n’a été utilisé. Il est prouvé que le visionnage de films humoristiques
augmente bien le taux de testostérone dans les 24 heures qui suivent et cela
pendant quatre jours, améliorant ainsi les performances érectiles, mais
également le désir sexuel et l’orgasme. Une étude unique ne peut constituer
à elle seule une règle générale. Il y aura-t-il d’autres scientifiques prêts à se
lancer dans cette aventure ? En tout cas, pas depuis 2009 semble-t-il…
Source : Kimata H., « Short-term improvement of erectile dysfunction by
viewing humorous films in patients with atopic dermatitis », The Journal of
Sexual Medicine, Elsevier, vol. 5, no 9, 2008, p. 2107-2110.
CHAPITRE IV
BON À SAVOIR
Attention, l’argument « hypoallergénique » ne veut absolument pas dire
« anallergique » (sans aucun risque allergique).
Cou Parfums, shampoings, vernis à ongles, durcisseurs dʼongles, cosmétiques, bijoux fantaisie
BON À SAVOIR
Les protéines végétales ou animales présentes dans les cosmétiques :
– les végétaux : extrait d’arachide, d’avoine, d’orge, de blé, de seigle, de
riz, de soja, de curcuma ou de graines de tournesol, de lin, de lupin, de
sésame, de cumin, de kiwi, de pastèque, etc. ; – les protéines animales :
extrait de crevette, de poisson, de moule, de bovin, de porc, d’œuf, de
muscle, de placenta, de caséine, de lait de chèvre, de gélatine, d’huile de
poisson, de requin, de vison, etc.
BON À SAVOIR
Si vous voyez sur une boîte d’emballage « sans parabène, sans silicone,
sans parfum », cela n’est pas du tout synonyme de « sans allergie ». De
nombreuses autres composantes réactogènes peuvent être présentes.
BON À SAVOIR
Hormis les dermites de contact, les isothiazolinones déclenchent, par
inhalation de liquides ménagers en contenant, un asthme professionnel.
Les techniciens de surface dans les établissements publics, les bureaux,
les locaux industriels, les aides à domicile en sont les principales
victimes.
BON À SAVOIR
Un parfum ne doit jamais être déposé sur la peau avant une exposition au
soleil.
Alpha- Synthétique
Isomethylionone
Amylcinnamyl Synthétique
alcohol
Benzyl alcohol Synthétique ou naturelle : baume du Pérou, baume de Tolu, huile essentielle de jasmin
Benzyl benzoate Synthétique ou naturelle : baume du Pérou, baume de Tolu, huile essentielle de jasmin,
ylang-ylang
Butylphenyl Synthétique
methylpropional
Farnesol Synthétique ou naturelle : huiles essentielles de rose, néroli, ylang-ylang, tilleul, baume
de Tolu
Geraniol Synthétique ou naturelle : huile essentielle de rose, orange, palmarosa, serpolet,
verveine, néroli, citronnelle, géranium, hysope, laurier noble, lavande, lavandin,
mandarine, mélisse, muscade, myrte
Hydroxycitronnellal Synthétique
Hydroxyisohexyl 3- Synthétique
cyclohexene
carboxaldehyde
Linalool Synthétique ou naturelle : huiles essentielles de thym, lavande officinale et lavandin, pin
sylvestre, laurier noble, bigaradier, marjolaine, menthe poivrée, citron, orange, serpolet,
ylang-ylang, verveine, myrte, néroli, coriandre, géranium, limette, mélisse, muscade,
lemongrass, basilic, bergamote, bois de rose
ASTUCE
Certaines marques ont fait le choix de proposer des produits très limités
dans leur composition en conservateurs ou additifs parfumés. Elles
misent alors sur un emballage particulier, des flacons pompe ou des
flacons unidose. C’est le cas pour La Roche-Posay avec Tolériane ultra,
normal ou fluide ou pour Avène avec sa gamme Tolérance Extrême. Ces
marques sont à privilégier en cas d’allergie de contact aux cosmétiques.
Il faut cependant toujours faire attention à vérifier pour les autres
produits de ces gammes Avène et La Roche-Posay la présence ou
l’absence de parfum ou d’autres conservateurs allergisants. Il est
cependant certain que ces marques, tout comme Bioderma avec sa
gamme Atoderm Intensive, Uriage et son Xémose entre autres, ainsi que
Ducray, restent bien moins allergisantes que d’autres proposées dans le
commerce ou les grandes surfaces.
BON À SAVOIR
Un autre excipient allergisant, la cocamidopropylbétaine (CAPB) n’est
pas en reste. Pourquoi ce nom très alambiqué ? Peut-être parce que c’est
un mélange d’huiles de coco et d’aminopropylbétaïne. Cet ingrédient est
très utilisé dans les produits rincés comme les shampoings, les gels pour
bain et douche, les produits d’hygiène intime et savons liquides. Sa
capacité allergénique est liée à la présence d’aminopropylbétaïne et de
deux contaminants de fabrication. La fréquence des allergies liées à son
utilisation est estimée entre 3 et 9 %. Les lésions se localisent
essentiellement au niveau de la tête et du cou et beaucoup plus rarement
sur les mains. Quelques cas d’atteintes des lèvres et de la muqueuse
buccale ont été observés avec des dentifrices en contenant.
• La saga du phénoxyéthanol
Souvent utilisé comme solvant pour d’autres ingrédients cosmétiques, ce
dérivé des éthers de glycol sert aussi de conservateur. Il inhibe ainsi le
développement de micro-organismes au sein du produit qui le contient. Son
caractère allergisant est reconnu et a créé la polémique. En 2012, le CSSC
(Comité Scientifique européen pour la Sécurité des Consommateurs) est
interpellé par l’ANSM quant à l’innocuité du phénoxyéthanol à la
concentration maximale d’1 % pour les enfants. Il est alors proposé de
passer ce taux à 0,4 % pour les produits utilisés chez les enfants de moins
de 3 ans, comme les lingettes destinées à la toilette des fesses. En attendant
la réponse du CSSC, aucune préparation n’est retirée du commerce. C’est
fin 2016 que la décision est prise de laisser à 1 % la présence de ce
conservateur et cela quel que soit l’âge de l’utilisateur.
• Teinter n’est pas jouer Mamie Juliette a les cheveux blancs. Coquette,
elle ne se voit pas sans cette jolie teinte brune qu’elle affectionne tant. Il
faut dire que lorsque les racines blanches se pointent, Juliette perd toute sa
joie de vivre. Elle va régulièrement chez sa coiffeuse pour une teinture qui
lui rend sa bonne humeur. Ce rituel dure depuis des années. En ce jour
fatidique du 3 mai, Juliette se rend comme d’habitude dans son salon de
coiffure préféré pour couvrir de couleur ses cheveux blancs. Quelques
heures plus tard, des rougeurs apparaissent sur son front, autour des
oreilles. Elle se gratte. Le 6 mai, elle se rend chez son médecin, le cuir
chevelu est rempli de plaies et de croûtes. Le verdict tombe, elle fait une
allergie à la teinture utilisée.
Dans les colorants capillaires, la paraphénylènediamine (PPD) est
certainement la plus connue. Elle est utilisée dans les teintures capillaires
foncées pouvant déclencher chez l’utilisateur des eczémas de contact au
niveau du cuir chevelu, du cou, des tempes et des paupières. Depuis
quelques années, on sait que la paraphénylènediamine ajoutée au henné est
à l’origine de réactions allergiques (cf. le passage sur le tatouage pas si
éphémère page 219). Hormis la PPD, d’autres produits dérivés de teinture
comme la PTD (paratoluènediamine), et l’O’PPD (O nitroP phénylène
diamine) peuvent entraîner des allergies croisées avec certains médicaments
tels que les antibiotiques sulfamides ou des anesthésiques locaux.
ASTUCE
Les produits de teinture capillaire sans PPD : – Marcapar ;
– Terre de couleur ;
– Logona.
BON À SAVOIR
Si vous avez des réactions aux vernis, plusieurs options s’offrent à vous.
Ne plus en mettre est la première solution. L’autre est de tenter, après
avis auprès de votre allergologue, des marques comme La Roche-Posay
ou Eye Care.
B – LA COSMÉTOVIGILANCE
Un aspect un peu délaissé de la prise en charge devrait retenir l’attention
des professions de santé et des particuliers : la déclaration en
cosmétovigilance. Elle permet de faire répertorier les effets indésirables liés
à l’utilisation des produits cosmétiques. Il peut arriver qu’un produit soit, à
cette occasion, mis en observation ou retiré du commerce.
1. Un cosmétique peut être relié à un phénomène d’irritation cutanée
important ou cause d’une allergie avec un test allergologique positif. Il
faut, en premier lieu, faire une déclaration auprès de l’ANSM (rôle de
santé publique ayant la possibilité de légiférer). Celle-ci est rédigée sur
le formulaire adéquat par le personnel de santé (médecin, pharmacien,
dentiste, stomatologue, kiné, etc.) mais aussi, là est la nouveauté, par le
patient lui-même. Il suffit pour cela que la personne concernée se
connecte sur le site de l’ANSM et clique sur « Déclarer un effet
indésirable » et « produits cosmétiques ».
2. La déclaration de vigilance entre médecins est adressée au REVIDAL-
GERDA. Interactive, elle permet de répertorier des cas identiques auprès
de confrères et de déclencher si nécessaire un « signal de vigilance
activé », transmettant ainsi l’information aux membres inscrits. Un
contact est alors pris avec l’industriel du cosmétique en cause, pour lui
signaler les cas répertoriés. L’allergologue dispose de nombreux tests
individuels. Certains fabricants rendent possible l’obtention des
différents ingrédients pour réaliser le bilan au cabinet médical. Si
plusieurs marques jouent le jeu, d’autres restent encore réticentes (secret
de fabrication oblige ?).
Si les allergènes connus sont systématiquement testés au cabinet de
l’allergologue, d’autres demandent une exploration plus poussée et des
examens plus spécifiques. Voici quelques exemples glanés dans les résumés
d’un congrès annuel du GERDA (Groupe d’Études et de Recherches en
Dermato-Allergologie) : – mélange méthylchloroisothiazolinone et
méthylisothiazolinone (MCI/MI) présent sur des lingettes de toilette pour
bébé, ayant causé un eczéma de contact sur les mains d’adultes ; – eczéma
de contact dû à l’isononyl isononanoate (agent émollient et adoucissant) et
au trioléyl phosphate (agent plastifiant, occlusif et adoucissant) contenus
tous deux dans des produits cosmétiques ; – le décylglucoside de la famille
des alkylglucosides fut l’allergène vedette de 2006. Il se trouve dans
différents cosmétiques (produits solaires, shampoings, colorants capillaires,
savons, laits, lotions, gels antiseptiques…). Des sensibilisations
concomitantes entre différents glucosides avec le cétéarylglucoside, le
cocoglucoside, le laurylglucoside sont possibles.
Avez-vous remarqué combien ces noms sont faciles à prononcer ?! Le
dermato-allergologue ou l’allergologue peut prendre contact directement
avec le service de vigilance de la marque du cosmétique concerné pour une
déclaration « industrielle ». Il obtiendra dans le meilleur des cas un kit des
ingrédients permettant de tester son patient. Le nouveau règlement
européen impose à chaque firme d’assurer la surveillance de ses produits.
BON À SAVOIR
Début avril 2010, Le Quotidien du Médecin relate les inquiétudes du
laboratoire central de la préfecture de Police de Paris quant à la
composition de certains khôls vendus dans les boutiques de commerce «
ethnique ». Sur 18 khôls analysés, 14 contenaient du sulfure de plomb
(galène). La présence de ces produits toxiques ne répondait absolument
pas à la législation européenne actuelle des cosmétiques.
BON À SAVOIR
Les produits bio
La mise sur le marché des produits cosmétiques bio nécessite une
certification répondant aux demandes d’un organisme référentiel
différent du fabricant. Un cahier des charges appelé COSMOS
(COSMetic Organic Standard) doit être respecté depuis début 2015 par
les fabricants. Ces normes sont établies à l’échelle européenne par
plusieurs membres fondateurs dont Ecocert et Cosmebio, d’origine
française. Certaines conditions doivent être respectées, par exemple,
dans le référentiel, l’interdiction de la présence de différents
conservateurs pour les produits bio : phénoxyéthanol, parfums de
synthèse, colorants, silicone, polyéthylène glycol ou les OGM. Fin 2016,
l’ANSM enjoint une société proposant des huiles de massage et autres
cosmétiques à se mettre en conformité avec la loi quant à leurs dossiers
sur la sécurité des produits ainsi que sur l’étiquetage des emballages.
C – LE TATOUAGE… PAS SI
ÉPHÉMÈRE
Pour Carole et son ami, c’est un voyage prévu de longue date : des
vacances au soleil. La mer, la plage, bronzage au programme. Arrivés sur
place, tout paraît parfait : la piscine, le bungalow, les activités proposées.
Le premier jour, on prend ses repères. Il y a cette petite échoppe qui
propose des tatouages temporaires. « C’est indolore », confirme
l’animateur. « Alors pourquoi pas ? », c’est ce que se dit Carole. Alliant le
geste à la parole, elle choisit le motif du tatouage et l’endroit d’application
: au creux des reins. L’affaire est rapidement réglée. Elle est ravie du
résultat.
Il va bien avec son teint hâlé et cela lui donne un petit air coquin.
Cependant, deux jours plus tard, ce n’est plus le même refrain. Des
démangeaisons apparaissent. Le tatouage vire au rouge. Plus les jours
passent, plus les lésions sont visibles. Il y a des petites vésicules. À certains
endroits, elles suintent. L’application de quelques crèmes n’y fait rien. Le
séjour s’achève tant bien que mal. Carole est pressée de voir son médecin
traitant. Il lui explique qu’elle présente une allergie aux produits utilisés
pour les tatouages temporaires. L’hypothèse est ensuite confirmée par
l’allergologue. Les tests en patchs effectués quelques semaines plus tard
sont très positifs pour la paraphénylènediamine. Carole se souvient avoir
fait, plusieurs mois auparavant, une teinture capillaire. Elle s’était soldée
par des rougeurs sur le crâne et le cou. À l’époque, elle n’a pas consulté et
le regrette. L’allergologue lui explique que la PPD utilisée pour les
teintures capillaires est détournée de ce but premier pour servir de base aux
tatouages temporaires. Une personne avertie en vaut deux, fini le tatouage
pour Carole.
Un tatouage est un choix qui doit être mûrement réfléchi. Il a une
signification personnelle et traduit pour celui qui le porte un évènement,
une marque d’affection ou un sentiment d’appartenance à un groupe. Au
cinéma, Jean Gabin est
« le tatoué » le plus célèbre. Depuis quelques années, est apparue sur les
lieux de vacances ou les marchés, la pratique des tatouages temporaires,
indolores de par leur technique d’application. Cette mode est parfois à
l’origine de désagréments cutanés temporaires (eczéma de contact) ou qui
peuvent évoluer vers des cicatrices indélébiles et inesthétiques. Le henné
traditionnel « non trafiqué » est obtenu à partir de fleurs séchées : Lawsonia
alba. Sa dénomination sur l’étiquetage répond à la nomenclature INCI, avec
la mention : Lawsonia inermis. Habituellement mélangé à de l’huile, il
permet la réalisation sur la peau de dessins, certains de couleur orangée.
Cette teinte peut être renforcée par l’addition d’autres végétaux, de poudre
de café, de vinaigre ou de charbon. Le soi-disant henné noir proposé sur de
nombreux lieux touristiques résulte en réalité de l’adjonction au henné
traditionnel de la PPD, pour en renforcer la teinte foncée. L’eczéma de
contact apparaît le plus souvent dans les 48 à 72 heures après application
sur la peau de ce pseudo henné noir. Localisée, la dermatose peut ensuite se
généraliser, sur une période plus ou moins longue, sur tout le corps.
La portion colorante riche en PPD (plus caustique), extraite directement
du tube pour teinture capillaire du commerce, est aussi utilisée. Appliquée
pure, directement sur la peau, elle déclenche l’apparition de brûlures
accompagnées de sensations de cuisson. Après quelques jours, une
desquamation apparaît avec, dans certains cas, la persistante d’une cicatrice
définitive et infiltrée. La concentration en PPD, à l’intérieur de teintures
capillaires et de certains colorants textiles, doit être inférieure à 6 % selon
les normes européennes. Par contre, qu’en est-il de cette concentration pour
les tatouages éphémères, le plus souvent fabriqués par les artisans
ambulants ? La recrudescence d’eczéma de contact aux tatouages
temporaires amène l’AFSSAPS (Agence Française de la Sécurité SAnitaire
des Produits de Santé) à lancer de nombreuses campagnes de mises en
garde vis-à-vis des produits utilisés. Médecins et tatoueurs ont désormais
l’obligation de déclarer tout effet indésirable leur étant imputé, par le biais
du site de l’ANSM, Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des
produits de santé (http://ansm.sante.fr).
BON À SAVOIR
Selon plusieurs études, il y a un risque d’allergie croisée dans 5 à 20 %
des cas entre la PPD et des molécules appartenant au même groupe : la
paratoluènediamine (PTD), l’O’NPPD, la para-aminodiphénylamine
(PADPA), les colorants azoïques des textiles, l’hydroquinone, les
anesthésiques (benzocaïne), les sulfamides (antibiotiques ou
hypoglycémiants) et les diurétiques.
2 – La pacotille
Dès la plus tendre enfance, les petites filles, pour ressembler à leur mère
mettent des bijoux fantaisie. À l’adolescence et à l’âge adulte, cette
habitude est loin de disparaître. Accessoires de mode très prisés, les bijoux
peuvent contenir, suivant leur provenance, du nickel, du palladium, de l’or,
du platine. Ces métaux sont, à des degrés différents, responsables
d’allergies de contact. Le nickel reste cependant la cause la plus fréquente
de réactions aux bijoux fantaisie. Comment ne pas citer l’eczéma lié aux
boucles d’oreilles en clip fantaisie, donnant l’aspect inesthétique «
d’oreilles en chou fleur » ?
Tous les bijoux de pacotille contiennent du nickel ainsi que ceux en argent
et en plaqué or, où sa concentration est plus ou moins importante. La
règlementation européenne tente d’obtenir des taux d’exposition au nickel
inférieurs à celui pouvant déclencher une sensibilisation. Mais qu’en est-il
de tous ces bijoux achetés en dehors du territoire européen ? Une allergie
aux bijoux fantaisie est synonyme pour le conjoint d’un coup de canif
supplémentaire dans le budget : le prix de bijoux en or, pour faire plaisir à
sa belle.
ASTUCE
Pour détecter la présence du nickel dans des objets, il faut utiliser le
Chemo Nickel Spot Test disponible sur le site du laboratoire Destaing. Il
s’agit de frotter un coton imbibé de réactif sur la surface de l’élément
suspect. Le test est considéré positif si la teinte vire au rose.
CHAPITRE V
HORIZONS LOINTAINS
Partir en vacances, prendre l’air, tout le monde en a besoin. Voyager,
découvrir d’autres contrées, d’autres us et coutumes, tout cela est bien
séduisant. Le changement d’environnement, habituellement maîtrisé
chez soi, contraint l’allergique à plus de vigilance. Les habitudes
alimentaires de certains pays représentent un danger. L’allergène peut
se trouver sous forme cachée dans des plats locaux, les fameux méloko
de l’humoriste Gustave Parking dans son sketch Les vacances : « Les
plats du coin, un met local… des mets locaux. »
Les acariens, présents dans le monde entier, subissent des
modifications de concentration en fonction de l’altitude et du climat. La
floraison des pollens varie d’un pays à l’autre. Certains insectes sont
plus dangereux que d’autres. Se déplacer, changer de latitude est
parfois synonyme de déstabilisation d’un asthme jusqu’alors bien
traité. Le risque de choc anaphylactique en cas d’ingestion accidentelle
est majoré. L’allergique doit se munir alors d’une trousse d’urgence et
d’ordonnances adaptées à chaque situation. Pour passer de bonnes
vacances, l’allergique hors de son contexte environnemental habituel
doit posséder certaines notions sur les allergènes.
A – LES POLLENS SOUS TOUTES LES
LATITUDES
Si l’on s’intéresse en France aux saisons polliniques variables entre le
Nord et le Sud du pays, à l’étranger, qu’en est-il ? Le bouleau, très
allergisant, est plus répandu dans le Nord de l’Europe mais aussi des États-
Unis et surtout au Canada. Les graminées composent environ 20 % de la
végétation mondiale (plus de 10 000 espèces répertoriées). Différentes des
graminées rencontrées en Europe et en Amérique du Nord, les graminées
tropicales appartiennent à d’autres sous-familles. On considère qu’un
allergique aux pollens en France ne le sera pas forcément aux graminées
tropicales.
Anacardier Inde, Afrique, Amérique • Par contact direct ou objets en coquille de noix
occidental centrale, Antilles (bijoux, jouets) : apparition d’une dermite
Anacardier d’Orient Inde, Malaisie • Avec l’encre utilisée pour marquer les vêtements :
dermite du dos
• L’application locale de préparations médicinales :
dermite du visage et des mains
Manguier Hawaï, Inde, Amérique • Avec les fruits : eczéma, asthme urticaire
centrale, Afrique, États-Unis
(Floride, Californie) • Feuilles, tiges : possibles réactions sur la peau
Sumac radicant ou Côte atlantique des États- • Lorsque l’on touche les feuilles, attention au risque de
Rhus toxicodendron Unis (60 % de la population réactions très violentes et bulleuses sur la peau
ou poison ivy sensibilisée)
Sumac vénéneux États-Unis (Californie, les • Contact avec l’arbuste à l’état sauvage : dermite avec
ou Rhus diversiloba Rocheuses, Nevada), dépigmentation locale
ou poison oak Colombie britannique
Sumac à laque ou Japon, Chine, Thaïlande, • Utilisé comme laque pour des objets de fabrication
Rhus verniciflua Vietnam locale : attention aux réactions cutanées
Sumac à vernis Côte atlantique des États- • Cet arbuste est en zone marécageuse ou tourbeuse et
ou Rhus vernix Unis donne des réactions cutanées bulleuses
Arbre à laque Afrique du Sud • Arbre de 6 m de haut présent dans les jardins locaux,
provoque des réactions sur la peau comme des
brûlures avec un aspect de bulles
Litrhrea molloides Amérique du Sud • Localisé dans les forêts, à côté des ruisseaux et sur les
ou arbre à mastic collines : quand on le touche, risque de réactions
bulleuses et de fièvre
Source : Ducombs G., « Végétaux et voyages: du poison ivy à l’arbre à laque », Progrès en Dermato-
Allergologie, John Libbey Eurotext, 2004, p. 1-21.
Des allergies croisées sont possibles avec le fruit du Ginkgo biloba (ordre
des ginkgoacées), certaines protéacées (comme le silver Oak ou silk oak ou
Grevillea robusta appelé en français chêne soyeux ou argenté) ou des
aracées telles que les philodendrons (plantes grimpantes d’origine tropicale
utilisées en décoration d’intérieure comme antipolluant).
Les fruits de certaines anacardiacées sont à l’origine d’allergies
alimentaires :
1. La mangue est le fruit du manguier (Mangifera indica). Ce fruit sucré
jaune foncé rentre dans la composition de nombreux jus de fruits et plats
exotiques. La première allergie déclenchée par son ingestion date de 1965.
Depuis, quelques cas sont publiés. Un œdème du larynx, des réactions
généralisées pouvant aller jusqu’au choc anaphylactique constituent les
principaux symptômes cliniques observés. De nombreuses protéines
allergisantes sont identifiées. Certaines expliquent des allergies croisées
possibles avec les pollens de bouleau et d’armoise ainsi qu’avec le latex.
Attention, le caractère allergène persiste malgré le broyage, le chauffage ou
la pasteurisation du fruit. Crus ou cuits, ces fruits sont allergisants.
2. La pistache produite par le pistachier vrai et la noix de cajou (fruit de
l’anacardier) sont à l’origine d’allergies alimentaires d’expression clinique
violente. Ils font partie des fruits à coque croisant avec l’arachide.
C – LES SALES BÊTES
1 – Ça vole, ça pique, ça mord
• Les hyménoptères
Bizzz, bizzz bizzz. Vous êtes tranquillement attablés en famille pour le petit
déjeuner. Il fait un temps magnifique. Une seule ombre au menu, la danse
de quelques invitées indésirables à rayures jaunes et noires qui viennent
piquer dans le pot de confiture. « Surtout, surtout ne bouge pas, tu as une
guêpe à côté de toi. » C’est alors que débute une étrange danse pouvant
évoquer la tecktonik. Les bras s’agitent dans tous les sens. Vous vous mettez
à crier, tant pis pour vous. Elle vous a pris(e) pour cible et enfonce son
dard dans votre avant-bras qui, en quelques minutes, se met à gonfler,
gonfler, gonfler. C’est la troisième fois que cela vous arrive et les réactions
sont de plus en plus importantes à chaque piqûre.
À l’origine de réactions toxiques lorsqu’il y a au moins 50 piqûres
concomitantes, ou de manifestations allergiques, les hyménoptères sont
présents dans le monde entier. Certains d’entre eux ont été importés de leur
pays d’origine vers les États-Unis. C’est le cas de l’abeille domestique, de
l’abeille africanisée ou abeille tueuse (mariage d’une espèce européenne et
africaine) très agressive, et du frelon. Les guêpes Vespula vulgaris
prédominent en Grande-Bretagne, en Europe et au Nord des États-Unis,
tandis que les guêpes Polistes dominula sont plutôt sur le pourtour
méditerranéen et le Sud des États-Unis.
Lors d’une piqûre d’hyménoptère, différents types de réaction sont
possibles. Il y a la banale papule de 2 cm de diamètre qui gratte et persiste
quelques heures. À partir de l’instant où elle dure plus de 24 heures et
s’étend sur environ 10 cm, il s’agit d’un phénomène allergique. Les signes
cliniques apparaissant très rapidement, comme une urticaire géante, un
œdème de Quincke avec une gêne respiratoire ou un choc anaphylactique.
Cela nécessite systématiquement un bilan allergologique et selon les cas
une désensibilisation spécifique débutée en milieu hospitalier. Elle est
efficace dans 95 % des cas pour la guêpe et 80 % pour l’abeille. L’issue
fatale peut être évitée par l’injection d’adrénaline. On estime à environ 200
le nombre annuel de décès par piqûres d’hyménoptères en Europe. Certains
facteurs influencent l’importance des manifestations cliniques :
– le risque de réaction sévère est plus important chez l’adulte ;
– un homme est plus candidat aux piqûres ;
– une réaction précédente déjà importante ;
– des effets plus graves si l’atteinte se situe sur le visage, surtout dans la
bouche ;
– les pathologies cardio-vasculaires et les traitements en cours comme la
prise de bêta-bloquants ou d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion de
l’angiotensine (IEC).
En cas de piqûre et de réaction locale, un Aspivenin est utile. Le dard peut
être préalablement retiré avec précaution, sans serrer le sac à venin qui
laisserait s’échapper une dose supplémentaire dans l’organisme. Chauffer
sans se brûler la peau avec un bout de cigarette incandescent ou un allume-
cigare réduit l’effet du venin. Certains diront que faire pipi sur la piqûre
peut être utile… Cela dépend de l’endroit, de l’impact et si l’on a envie
d’uriner. Aucune étude ne permet d’infirmer ou confirmer son efficacité.
Attention par contre à ne pas déposer de glaçon à l’endroit de la piqûre car
il favorise la persistance du venin sur place. Parallèlement, la personne peut
prendre un antihistaminique associé à un corticoïde. Le mieux est de
consulter son médecin dans les plus brefs délais. Il est bien certain qu’en
cas de choc anaphylactique, c’est l’adrénaline qu’il faut injecter en
intramusculaire, rapidement suivie d’une hospitalisation pour surveillance.
On ne le répétera jamais assez.
BON À SAVOIR
Toute personne allergique aux hyménoptères doit bénéficier d’un bilan
allergologique et d’une éventuelle désensibilisation. Lors de
déplacements en France ou hors du territoire français, elle doit être en
possession d’un stylo d’adrénaline si nécessaire, et d’une trousse
d’urgence adaptée.
• Mosquito
No me moleste mosquito, chanson des mythiques The Doors a été reprise
par un chanteur français. Lequel ? La réponse à la fin de ce paragraphe.
On se repose et d’un seul coup… un petit gratouillis. On jette un œil et on
voit madame moustique se délecter de notre sang. Et bim, on se met une
gifle et elle s’en va, parce que ça ne se laisse pas faire comme ça. Oui, oui,
ce sont les femelles qui piquent. Parfois, on se retrouve le matin avec
d’incroyables cernes parce qu’une bataille s’est livrée toute la nuit avec cet
affreux arthropode.
Les insectes hématophages aiment par définition le sang. Ils inoculent
certaines substances allergisantes et toxiques en piquant l’homme ou les
mammifères. Dans de nombreuses contrées exotiques, ils transmettent des
parasites à l’origine du paludisme, d’onchocercose, etc. Ils s’appellent
moustique, simulie, taon, puce, punaise, poux. Seuls certains d’entre eux,
comme les moustiques dans de rares cas, entraînent des réactions
allergiques voire un choc anaphylactique. Le voyageur doit plutôt porter des
vêtements longs le soir, se protéger à l’aide d’une moustiquaire en bon état,
emporter insecticide et antimoustique vendus en pharmacie, en imprégner
les toiles de tente et les vêtements. En cas de piqûre, le traitement consiste à
la désinfection des lésions par un antiseptique puis l’application d’un
corticoïde local (en dehors de toute lésion infectée) et prendre si nécessaire
un antihistaminique.
BON À SAVOIR
Malgré toutes les précautions prises, le moustique peut réussir à vous
piquer. La réaction locale modérée est calmée par la prise d’un
antihistaminique. Si les démangeaisons sont importantes, une
surinfection apparaît par grattage et il est utile de consulter son médecin
traitant afin de prendre un traitement médical adéquat : des
antibiotiques… L’étape suivante peut aller jusqu’à la lymphangite avec
l’apparition de ganglions et de fièvre nécessitant parfois une
hospitalisation.
1 – Les lucites
Ce jeune couple vient de se marier. Le voyage de noces programmé depuis
quelques mois se déroule sous le soleil de la Martinique. Madame est ravie
d’étrenner ses petits maillots de bain sur la plage. Elle rêverait d’être
accompagnée de son mari. Seulement voilà, celui-ci fait une lucite estivale.
À chaque fois qu’il s’expose au soleil, apparaissent de grosses plaques
rouges sur les zones découvertes. Heureusement, le visage reste intact. Pour
résumer, ce séjour n’a pas été aussi idyllique que prévu. Monsieur a été
obligé de rester pendant quinze jours à l’ombre, puisque même les
excursions déclenchaient des crises. Depuis ce voyage mémorable, il
prévoit avant chaque séjour où le soleil est présent, un traitement par
antipaludéen de synthèse, prescrit par son médecin.
La lucite estivale bénigne est surtout décrite chez les jeunes femmes. Elle
se localise sur les zones découvertes (décolleté, avant-bras, face antérieure
des cuisses). Le visage est le plus souvent épargné. Ces lésions rouges et
prurigineuses réapparaissent tous les ans à chaque exposition au soleil. De
nombreuses solutions sont proposées pour en diminuer le risque : la
photothérapie chez le dermatologue avant le départ en vacances, la prise
d’un antipaludéen de synthèse, le bêta-carotène (quelle efficacité ?), les
cures de Photoderm en comprimés avant et pendant les vacances.
La lucite polymorphe survient plutôt pour des expositions moins intenses
dès les premiers rayons du soleil au printemps.
L’urticaire solaire, affection rare, est à distinguer de la lucite estivale
bénigne, bien qu’elle atteigne également la femme entre 20 et 40 ans. La
réaction au soleil est quasi immédiate (en moins de 15 minutes). Les lésions
d’urticaire prurigineuse se déclenchent pour des expositions très brèves
quelle que soit la saison. Elles sont associées à des manifestations générales
comme des maux de tête, vertiges ou sensations de malaise.
2 – Les photodermatoses
Les phénomènes de photodermatoses cutanées sont liés à l’association
d’une exposition solaire couplée à l’utilisation de
certains médicaments ou produits d’application locale photo-sensibilisants.
En découle une réaction dite phototoxique s’exprimant sous la forme d’une
brûlure du 1er ou 2e degré, plutôt due aux UVA. Elle survient chez de
nombreuses personnes prenant un traitement antibiotique comme les
cyclines ou fluoroquinolones, certains anti-inflammatoires comme le
kétoprofène, des diurétiques ou des antiarythmiques cardiaques telle
l’amiodarone.
Les phytophotodermatoses rentrent également dans ce cadre. La plus
représentative est la dermite des prés. Elle s’observe après un contact entre
la peau et l’herbe fraîche (lors de la tonte de la pelouse ou de siestes à
même le sol) couplé à une exposition solaire. Les lésions cutanées, très
prurigineuses, vésiculeuses ou bulleuses épousent la forme des feuilles. Une
pigmentation résiduelle peut persister ensuite pendant plusieurs mois ou
plusieurs années.
La dermite en breloque se développe en cas d’application de parfum ou
eau de Cologne avant de s’exposer au soleil. Le résultat est inesthétique et
indélébile. Il s’agit en effet d’une coloration brunâtre, persistante, prenant la
forme de la coulée de parfum déposée sur la peau.
La réaction photoallergique, quant à elle, se présente sous l’aspect d’un
eczéma ou d’une urticaire de contact. Si le produit sensibilisant est pris par
voie buccale, les lésions cutanées au soleil se localisent sur les parties
découvertes : le visage, les bras, les cuisses (l’été, c’est plutôt le short, le
bermuda ou la jupe qui sont portés). Quand le produit responsable est
déposé sur la peau, la réaction eczémateuse se limite alors aux zones
d’application. De telles réactions, en particulier avec le gel de kétoprofène
anti-inflammatoire, d’application locale, ont amené les autorités sanitaires à
les retirer du commerce depuis début 2010.
E – UN ASTHME QUI BASCULE
On considère qu’un asthmatique bien stabilisé par la prise régulière de son
traitement peut voyager quasiment partout. Certaines précautions doivent
cependant être respectées en cas de long trajet, de décalage horaire et en
fonction de la destination.
1. Il faut au préalable se renseigner sur les possibles facteurs déclenchant
des crises sur le lieu de villégiature (présence d’acariens, d’animaux,
altitude élevée, météo instable…).
2. Le spray bronchodilatateur prévu en cas de crise aiguë doit être à portée
de main, quel que soit le moyen de transport : aérien, ferroviaire, routier,
maritime.
3. Éviter la visite de villes fortement polluées comme Mexico, Athènes,
Pékin, etc.
4. Choisir une station de sports d’hiver en basse ou moyenne altitude est
préférable. Au-delà de 2 500 mètres, la baisse d’oxygène retentit
négativement sur l’état respiratoire.
5. Certaines activités sportives proposées dans les clubs de vacances sont
choisies en fonction des allergies connues. Pour exemple, on déconseille
l’équitation à un allergique au cheval ou une balade en traîneau pour un
allergique au chien.
6. La plongée sous-marine avec bouteille, pour l’asthmatique, est autorisée
au cas par cas. Avant d’envisager cette activité, il faut se rapprocher d’un
médecin du sport affilié FFESSM (Fédération Française d’Études et de
Sports Sous-Marins : www.ffessm.fr). La consultation permet d’évaluer
les possibles contre-indications et d’aboutir à la délivrance d’un
certificat d’aptitude.
F – AU BORD DE L’EAU
Les sports aquatiques, la natation, le ski nautique, etc. trouvent tout à fait
leur place durant les loisirs ou les vacances. Activité plutôt agréable, le
contact avec l’eau peut, dans certaines circonstances, devenir cause de
pathologies cutanées plus ou moins graves.
1 – L’urticaire au froid
Cette personne que nous appellerons Maurice décide de passer ses
vacances en Espagne. Le soleil, la plage, le repos, quel programme
séduisant ! Ce séjour tant désiré va se transformer en cauchemar. Il fait au
moins 40 °C dehors et la température de l’eau est à 28 °C. Maurice
commence à nager mais d’un seul coup,
il ne se sent pas trop bien. Il a du mal à regagner la terre ferme et sa femme
doit l’aider à marcher. Il est couvert de boutons et a failli tomber dans les
pommes. La différence de température entre l’eau et la chaleur extérieure a
déclenché chez lui une urticaire au froid avec un début de choc.
Lors d’immersion en eau de piscine ou eau de mer, apparaît rapidement
une urticaire. Ces lésions persistent quelques minutes à plusieurs heures
après la sortie de l’eau. Souvent confondue avec une hydrocution, cette
urticaire au froid peut s’accompagner de manifestations générales mettant
en jeu la vie. Pour cette raison, toute apparition d’urticaire ou de sensation
de malaise dans une piscine ou sur la plage implique une sortie rapide de
l’eau. Certaines circonstances préalables peuvent mettre la puce à l’oreille :
– un œdème des lèvres ou de la langue, des troubles de transit et douleurs
abdominales lors de l’ingestion de boissons fraîches ou d’aliments
glacés ;
– l’apparition d’urticaire ou d’œdème du visage et des mains en cas
d’exposition à un vent froid, à la pluie ou à la neige.
Dans de nombreux cas, aucune origine exacte n’est retrouvée. La
baignade, les sports d’hiver (ski, patin à glace, luge, etc.) sont déconseillés.
Cette urticaire physique peut durer plusieurs années et ensuite disparaître
sans séquelles. Un bilan allergologique est conseillé afin de confirmer le
diagnostic et d’en rechercher la cause (familiale, virale, etc.). Il repose sur
un bilan sanguin et la réalisation du test au glaçon. Il consiste à laisser sur la
peau durant quinze minutes un sachet contenant un glaçon mais il ne doit
jamais être fait chez soi. Le test est positif lorsqu’une urticaire de la forme
du glaçon apparaît.
2 – Autres dermatoses
Le prurit aquagénique est très caractéristique. On le reconnaît à
l’apparition de démangeaisons, sans lésion cutanée associée, lors d’un
contact avec de l’eau de mer ou de l’eau douce, et cela quelle que soit la
température.
D’autres dermatoses sont liées plutôt à l’utilisation d’additifs chlorés
dans l’eau de piscine dont le plus connu, la chloramine-T, est aussi
responsable de symptômes respiratoires. Cette substance, utilisée depuis
1916 comme désinfectant des piscines, libère environ 25 % de chlore actif
pour 1 mg dilué dans 400 mg d’eau. Les réactions respiratoires qu’elle
engendre sont, depuis 2003, reconnues en tant que maladie professionnelle
(du tableau 66 du régime général de la Sécurité sociale). L’ancienne
l’AFSSET (l’Agence Française de Sécurité Sanitaire de l’Environnement et
du Travail) a rendu, il y a quelques années, un rapport sur l’expertise des
risques sanitaires liés à la fréquentation des piscines publiques en France
(environ 16 000). Il en ressort que l’addition des produits de désinfection et
de la matière organique des nageurs entraîne la formation de produits
irritants et allergisants qui favorisent l’apparition de dermatites et de gênes
respiratoires. Le ministère de la Santé et des Sports invite alors les nageurs
à respecter certaines recommandations qui tombent sous le sens :
1. Ne pas fréquenter les piscines publiques en cas de plaie, de surinfection
de la peau ou de maladie transmissible.
2. Porter un maillot et un bonnet de bain propres.
3. Respecter les zones pieds chaussés/pieds nus et utiliser les pédiluves
(encore faut-il que ceux-ci soient propres !).
4. Passer aux toilettes avant d’accéder aux bassins et prendre une douche
avant et après le bain. On peut ajouter qu’il ne faut pas porter de
pansement qui va se décoller lors du séjour dans l’eau (il suffit de voir
ceux qui flottent dans certaines piscines), ne pas faire pipi ou se moucher
dans l’eau, etc. Ceux qui fréquentent les piscines savent de quoi je
parle…
L’AFSSET demande à l’époque également le classement des piscines
couvertes dans la catégorie « des bâtiments à pollution spécifique » et de
réglementer de façon plus précise les modalités de nettoyage et d’entretien.
Source : « Pollution chimique. Des risques sanitaires dans les piscines
publiques », Le Quotidien du Médecin, no 8789, p. 9
BON À SAVOIR
L’AFSSET fusionne en juillet 2010 avec l’AFSSA (lʼAgence Française
de Sécurité Sanitaire des Aliments) pour former l’ANSES (lʼAgence
nationale de sécurité sanitaire de lʼalimentation, de lʼenvironnement et du
travail).
G – LES ALLERGIES ALIMENTAIRES
EN VOYAGE
Gérer son allergie alimentaire chez soi n’est pas toujours aisé. Qu’en est-il
lors de déplacements hors du domicile ou à l’étranger ? L’allergique
voyageur ne peut alors pas totalement maîtriser son alimentation. Le risque
d’absorber un allergène sous forme masquée (le plus souvent l’arachide) est
quasi permanent.
L’étiquetage des denrées alimentaires pour 14 allergènes alimentaires les
plus fréquents est obligatoire en France. Mais rappelons que ce n’est pas le
cas dans tous les pays. Il faut alors se renseigner sur les habitudes
alimentaires du pays visité, avoir en sa possession une trousse d’urgence
avec, si nécessaire, un stylo d’adrénaline. La traduction de certains termes
médicaux dans la langue du pays visité ou en anglais est conseillée. En cas
d’urgence, ces références linguistiques peuvent être très utiles pour se faire
comprendre, trouver un médecin, un hôpital proche. Le système de SAMU
est loin d’exister dans tous les pays. L’allergique ne doit pas oublier, lors de
sa réservation, de prendre une assurance rapatriement.
Traduction de termes concernant les allergies alimentaires
Français Anglais Espagnol
Source : Moneret-Vautrin D.A., Kanny G., Morisset M., Les allergies alimentaires de l’enfant et de
l’adulte, éditions Elsevier Masson, 2006.
LOISIRS ET ALLERGIES
Cinq fruits et légumes par jour, couplés à une activité physique trois
fois par semaine garantissent une bonne qualité de vie. Le sport
pratiqué en milieu scolaire est ensuite souvent abandonné en fac à
cause des études ou de l’engagement dans la vie professionnelle.
Cependant, la sédentarité est l’ennemie contre laquelle il faut lutter,
certes avec plus ou moins de volonté. Le sport, c’est combattre le stress,
la surcharge pondérale, l’hypertension artérielle et les problèmes
cardiovasculaires. C’est aussi améliorer sa capacité respiratoire,
surtout chez les allergiques et les asthmatiques. Il n’est aucunement
question chez eux de contre-indiquer l’activité physique, au contraire.
Parfois, des aménagements sont cependant à apporter : ne pas faire de
cheval lorsqu’on est allergique à cet animal, avoir un entraînement
progressif laissant au corps le temps de s’adapter à l’effort. Si ces
précautions semblent tomber sous le sens, il est toujours bon de les
rappeler. Certains ne sont pas aussi raisonnables que l’on pourrait le
penser ! L’allergie peut toutefois, dans certaines circonstances, être un
écueil à la pratique de certains sports.
A – ANAPHYLAXIE INDUITE PAR
L’EFFORT
L’allergie alimentaire à l’effort est une manifestation encore trop
méconnue. La réaction fait suite à une activité physique (constituant le
facteur déclenchant) précédée de l’ingestion d’un aliment au maximum
quatre heures plus tôt. Ce phénomène cependant n’est pas systématique
chez les personnes présentant une allergie alimentaire.
3 – Et l’équitation ?
L’allergène majeur du cheval Equ c1 est très agressif. Par contact direct
avec l’animal ou indirect par le biais des vêtements portés par le cavalier, il
est à l’origine de symptômes oculaires ou respiratoires. L’asthme en est un
des risques majeurs. Cette allergie touche les cavaliers amateurs et à plus
forte raison les professions équestres : palefreniers, lads, jockeys. Au club
d’équitation, il faut faire la part des choses entre l’allergie au foin ou aux
moisissures présentes dans le box et les réactions liées au cheval. Seule la
consultation allergologique peut, par les tests, établir le diagnostic avec
certitude. En cas d’allergie avérée, l’équitation est contre-indiquée ainsi que
le contact avec tout objet ayant un lien direct avec le cheval ou le poney.
Rappelons que le bashkir curly, cheval frisé importé des USA, pourrait être
monté par certains asthmatiques. Cela demande à être validé par le monde
allergologique (cf. passage sur le cheval page 50).
4 – La plongée sous-marine
Chez l’asthmatique, les conditions de pratique de la plongée avec bouteille
en activité loisirs ou club licencié sont réglementées et citées sur le site de
la Commission médicale et de prévention de la FFESSM (Fédération
Française d’Études et de Sports Sous-Marins) : http://medical.ffessm.fr. Y
sont répertoriés : les exclusions totales, le bilan pneumologique en cas
d’asthme léger, le répertoire des médecins fédéraux par région.
Critères d’évaluation après la visite du pneumologue et les EFR
(Explorations Fonctionnelles Respiratoires) avant 2014.
BON À SAVOIR
Principes de base à respecter
La pratique du sport doit toujours être précédée d’un examen clinique
préalable validé par un certificat médical. L’asthmatique peut pratiquer
une activité sportive à condition d’avoir un traitement équilibré. La prise
d’un bronchodilatateur dans les minutes qui précèdent le sport est une
solution facile à exécuter et très efficace.
Tout athlète asthmatique ou non, qui participe à des compétitions
soumises à la réglementation sur le dopage doit respecter la législation.
Les bronchodilatateurs, dans différentes circonstances, sont considérés
comme des substances dopantes. Seuls sont autorisés certains
médicaments dont la liste est connue du médecin du sport. D’autres sont
interdits en compétition. Pour en savoir plus, se connecter sur les sites
suivants :
– Ministère de la santé, de la jeunesse et des sports :
www.santesport.gouv.fr ;
– l’Agence française de lutte contre le dopage : www.afld.fr
Parfois, les substances interdites sont cependant autorisées après la mise
en place d’une procédure particulière d’Autorisation d’Usage à fin
Thérapeutique (AUT), obtenue selon des critères stricts auprès d’un
médecin référent.
Source : https://sportifs.afld.fr/wp-content/uploads/sites/3/2015/11/Formulaire-AUT.pdf
C – LE SPORT DANS LA PEAU
1 – L’urticaire cholinergique
Benjamin, 16 ans, a une passion : le football américain. Il le pratique
depuis quelques années. Allergique connu et désensibilisé aux acariens, il
va bien jusqu’au jour où débutent de nouveaux ennuis de peau. À chaque
entraînement, il se couvre de boutons d’urticaire qui l’empêchent d’aller
jusqu’au bout de la séance. Dès l’arrêt de l’activité, l’éruption disparaît en
trois quarts d’heure. C’est une urticaire cholinergique. De nombreux
antihistaminiques à prendre avant la séance ont été testés sans succès. Un
seul d’entre eux a permis à Benjamin de continuer le sport sans toutefois
faire disparaître totalement l’éruption.
Il ne se gratte plus et l’urticaire beaucoup plus modérée ne le dérange plus.
Ce n’est pas le même schéma pour toutes les personnes concernées.
L’effort, comme la chaleur ou le stress, peut déclencher une poussée
d’urticaire appelée cholinergique. Croire que l’urticaire n’a qu’une origine
est une erreur. Il y a les urticaires médicamenteuses, alimentaires, par
piqûre d’insecte, infectieuses, aux animaux, génétiques, immunitaires, de
contact… L’urticaire cholinergique, pour sa part, fait partie des urticaires
physiques au même titre que l’urticaire au froid, l’exceptionnelle forme
retardée à la pression, l’urticaire solaire ou le dermographisme.
L’urticaire cholinergique se localise le plus souvent sur la partie supérieure
du corps, sous la forme de petites papules rouges très prurigineuses. Elles
apparaissent très rapidement après le début de l’effort et régressent environ
une heure après son arrêt. Exceptionnellement, elles s’accompagnent de
douleurs abdominales, de troubles du transit ou de gêne respiratoire.
L’urticaire cholinergique serait plutôt déclenchée par l’exercice physique
favorisant la sudation ou par un bain très chaud. Les démangeaisons
déclenchées peuvent être un handicap pour la pratique du sport. La prise
d’antihistaminiques avant l’effort est une solution proposée en prévention.
À un degré moindre, ce type d’urticaire se rencontre chez les jeunes
femmes « timides ou sensibles ». On l’appelle alors l’érythème pudique
puisqu’il se localise uniquement sur le décolleté et le cou.
2 – L’eczéma
• Aggravation de l’eczéma atopique
La pratique du sport chez un sujet porteur d’un eczéma atopique peut
l’aggraver. La sudation et la natation dans des eaux chlorées constituent des
facteurs irritants. Elles peuvent déclencher de nouvelles poussées aiguës ou
rendre la peau beaucoup plus sèche. Pour palier ce type de problèmes, une
douche avec un savon surgras suivie de l’application d’une crème
émolliente sont indispensables après le sport.
• L’eczéma de contact
BON À SAVOIR
Voir apparaître un eczéma de contact dans le cadre de loisirs sportifs, à
chaque séance, implique une consultation allergologique. Des tests
seront effectués avec une batterie standard et les éléments utilisés lors de
cette activité.
1 – L’ordinateur
Des manifestations cutanées liées à l’utilisation prolongée et régulière de
la souris d’ordinateur sont observées sur la pulpe des doigts ou sur la paume
de la main qui touche le clavier. L’apparition des lésions est favorisée par la
transpiration, la friction répétitive de la peau sur les matériaux d’ordinateur.
L’apparition d’un épaississement un peu jaunâtre de la face interne du
poignet est observée chez 50 % des utilisateurs. Il peut donc s’agir d’une
irritation mais aussi de phénomènes allergiques, surtout sur la paume de la
main par contact avec la souris ou le caoutchouc du tapis de souris où
repose le poignet.
La « dermite du travailleur nomade » ou « dermite a calore » est liée
principalement à l’utilisation d’un ordinateur portable. Elle est encore
appelée dermite des chaufferettes, dont l’origine est liée à des coutumes
ancestrales, chinoises ou tibétaines. Certaines habitudes, comme prendre ses
repas sur des plateformes en briques chauffées, entraînaient des réactions
cutanées. La dermite du travailleur nomade est produite par la source de
chaleur liée à l’utilisation prolongée et répétée d’un ordinateur portable
posé sur les cuisses. Apparaît dans un premier temps une simple rougeur
qui, progressivement avec l’utilisation, va être remplacée par des plaques
brunâtres (apparition entre deux semaines et un an, en fonction de la
fréquence d’utilisation), asymétriques majorées du côté du ventilateur de
l’ordinateur. Le traitement consiste à s’isoler de la source de chaleur en ne
posant plus l’ordinateur portable sur les genoux, mais en utilisant un
coussin de support stabilisateur et surtout, thermoprotecteur. Cette dermite
des chaufferettes est également observée lors d’utilisation de bouillottes, de
briques chaudes, de couettes chauffantes ou pack chauffant, de bains trop
chaud, de chauffage d’appoint.
2 – Le téléphone portable
L’utilisation du téléphone mobile de façon quotidienne entraîne des
pathologies dites mécaniques mais également des phénomènes allergiques.
L’hypersollicitation du pouce lors de la rédaction de SMS ou d’autres
messages privés ou publics sur les réseaux sociaux peut, plus ou moins à
long terme, entraîner l’apparition de tendinites. L’utilisateur ressent alors
une douleur des pouces et des poignets. Peuvent également être observées
des douleurs cervicales ou dorsales, liées à la position courbée du cou lors
de la rédaction de textos. Sur le plan cutané, une hyperkératose peut
également être observée avec l’épaississement de la peau aux zones de
contact avec les touches du smartphone.
L’apparition d’un eczéma de la joue ou des mains en contact avec le
téléphone peut faire suspecter une allergie au nickel. Si le smartphone est
positionné sans coque de protection dans la poche du pantalon, les lésions
peuvent également apparaître sur les cuisses, le nickel traversant le tissu. Le
taux de nickel peut varier d’un téléphone portable à l’autre. Jusqu’à
maintenant, la législation européenne n’autorisait que des produits
contenant moins de 0,5 µg/cm2 de nickel. À un détail près, les téléphones
portables ne font pas partie de la liste concernée. À partir de 2009, cette
législation a été modifiée interdisant ainsi la vente de smartphones libérant
du nickel. Un autre métal peut être incriminé dans l’apparition de ces
lésions d’eczéma de contact, il s’agit du chrome.
Un phénomène plus exceptionnel est publié par une équipe japonaise en
2002. L’étude démontre l’accentuation de la positivité des tests cutanés
après l’utilisation d’un téléphone portable pendant une heure et donc une
exposition aux ondes de téléphonie mobile. Les deux hypothèses posées
lors de cette expérience sont d’une part l’induction d’un stress plus élevé,
lié à la longueur de la conversation téléphonique chez les atopiques, ou par
l’action directe des ondes de radiofréquence. D’autres publications sont
nécessaires pour trancher.
3 – La cigarette électronique
Depuis quelques années, la cigarette électronique a fait son apparition.
Elle est considérée comme une solution à l’arrêt du tabac. Il faut cependant
pouvoir se pencher sur les phénomènes irritants ou allergisants de ce
système de substitution. En raison de la présence de métaux sur le
mécanisme, le risque d’eczéma de contact à la cigarette électronique est
évoqué. Un premier cas a été décrit chez une vapoteuse ayant des
antécédents d’allergies de contact aux bijoux fantaisie. Elle a vu apparaître
au niveau du pouce et de l’index droit, un eczéma rouge et sec, envisagé
comme une allergie au nickel de la cigarette. L’utilisation fréquente de
l’objet a favorisé sa corrosion et, par voie de conséquence, la libération du
nickel. D’ailleurs, la recherche de nickel est ensuite effectuée sur différents
modèles de cigarettes électroniques avec quasiment systématiquement la
présence de ce métal.
La « vapoteuse » permet normalement de délivrer de la nicotine sous
forme de vapeur et donc sans fumée. Il faut cependant évoquer, hormis la
nicotine, la présence d’autres substances dans le liquide délivré par la
cigarette électronique. Il s’agit de propylène glycol, de glycérol dans 75 %,
d’eau et d’arômes. Le propylène glycol est un produit utilisé dans le liquide
de refroidissement des voitures comme antigel et paradoxalement comme
excipient dans les médicaments. Étant évoqué comme une substance à
l’origine d’eczéma de contact, on peut se poser la question de son innocuité
sous forme inhalée chez des personnes sensibles, asthmatiques ou
présentant une bronchite chronique. D’infimes particules de métaux tels que
le nickel, le kalium provenant de la combustion des joints de la vapoteuse
sont libérés.
ALLERGIES AU TRAVAIL
« Le travail c’est la santé, rien faire c’est la conserver », chante Henri
Salvador. Ces paroles prennent tout leur sens en cas d’allergie
professionnelle. Il ne faut, en effet, pas oublier que le lieu de travail et
les matériaux utilisés sont grands pourvoyeurs d’eczéma et d’asthme.
En raison des enjeux économiques pour le salarié concerné, les critères
de diagnostic très rigoureux sont soumis à une législation stricte.
L’employé, selon les cas, peut être licencié, changer de poste ou voir
celui-ci adapté à son handicap.
A – L’ECZÉMA DE CONTACT
PROFESSIONNEL
Marcel est maçon depuis plusieurs décennies. Il affronte sans broncher les
intempéries et les conditions parfois difficiles de son travail. Mais là, c’en
est trop. Ses mains se fissurent, deviennent très sèches et parfois suintent. Il
lui est même difficile de plier les doigts tellement elles sont abîmées et
gonflées. Au début, la cortisone prescrite par le médecin en crème le
soulage. Il y a une semaine, on a dû le mettre en arrêt. Il exerce un métier
manuel. Ses mains qui sont son principal outil de travail n’en peuvent plus
et lui non plus. Le bilan confirmera le caractère professionnel de son
allergie liée à la manipulation du ciment.
La fréquence des dermatoses liées à l’emploi est estimée à 20 % des
déclarations de maladies professionnelles. Leur aspect et localisation
peuvent varier en fonction des allergènes responsables et du métier exercé.
La difficulté du diagnostic réside dans la preuve dʼimputabilité des produits
manipulés sur le lieu de travail. Lʼapparition des lésions cutanées rythmée
par l’activité, le délai de prise en charge et le résultat des tests épicutanés
constituent les éléments essentiels de la déclaration de maladie
professionnelle, étape essentielle du reclassement.
4 – Comment le prouver ?
Lʼinterrogatoire constitue une étape primordiale dʼorientation dans le
diagnostic dʼeczéma professionnel. Il permet de préciser la nature des
produits utilisés (matériaux solides ou volatils), les gestes exécutés sur le
lieu de travail, la localisation initiale des lésions (sur la main prédominante
par exemple, préférentiellement à droite chez un patient droitier).
Lʼévolution des lésions cutanées, rythmée par le travail, est un argument
supplémentaire qui permet dʼétayer le diagnostic. Il faut cependant ne pas
oublier de faire préciser au patient la nature de ses loisirs durant les congés,
ou les week-ends. Ceux-ci (bricolage, jardinage, etc.) peuvent interférer
dans la pérennisation des lésions. Les tests en patch sʼeffectuent avec la
batterie standard européenne ICDRG et des batteries complémentaires
choisies en fonction de la profession. Certains produits utilisés par le patient
dans le cadre professionnel peuvent être également testés, tout en prenant
les précautions de rigueur quant à leur nature irritative, toxique, etc. Les
fiches techniques fournies par le médecin du travail sont une aide précieuse
pour obtenir ces renseignements.
BON À SAVOIR
Il arrive parfois que des futur(e)s apprenti(e)s coiffeurs ou coiffeuses
viennent consulter en demandant un certificat les autorisant à pratiquer
dans le futur cette profession. Ce papier leur est demandé par certains
établissements comme garantie pour leur dossier d’inscription. Il n’y a
aucune obligation d’accéder à cette exigence administrative.
BON À SAVOIR
Le dresseur dʼotaries
Dans ce zoo, le dresseur d’otaries s’occupe quotidiennement des otaries.
Pour cela, il utilise régulièrement une combinaison de plongée, soit en
spandex, soit en néoprène. Au fil des jours, il voit apparaître un eczéma
de contact (plaques rouges et sèches) qui s’étend sur tout le corps. Il
consulte et les tests effectués par patchs montrent qu’il réagit à un additif
du caoutchouc appelé le diéthylthiourea. Si le néoprène, caoutchouc
synthétique, contient ce type d’additif, il n’en est normalement pas de
même pour le spandex (Lycra). L’analyse affinée de ces types de
combinaisons fait ressortir que même la combinaison en spandex, dans
ce cas précis, en contient. Cela prouve que l’interrogatoire initial prend
toute son importance. Il ne faut jamais, en allergologie, avoir d’idées
préconçues. De véritables surprises peuvent se retrouver dans la
composition de nombreux produits ou vêtements. Il est important de
signaler que la combinaison en néoprène, utilisée en eau froide, compte
trois couches de polyester ou de nylon, isolant le plongeur de ce
caoutchouc synthétique. Ces mesures de protection n’empêchent
toutefois pas les allergisants du néoprène de les traverser. Ainsi mis
directement en contact avec la peau de l’utilisateur, ils peuvent
engendrer un eczéma.
Source : Poreaux C., Penven E., Langlois E., Paris C., Barbaud A., « Eczéma de contact
professionnel au zoo », Revue Française d’Allergologie, vol. 54, n° 3, avril 2014, p. 244
• Les résines
Les résines époxydiques, acryliques, métacryliques et les durcisseurs,
constituants principaux des matières plastiques, induisent des dermites de
contact dans différents secteurs professionnels tels que la construction
aéronautique et navale, la peinture et le vernissage, les professions du
bâtiment…
• Les protéines alimentaires
Les poussières dʼaliments pour animaux peuvent, par la présence de
vitamine B12, déclencher chez lʼéleveur des lésions eczémateuses des
mains, des avant-bras et des jambes. Dʼautres produits présents dans
lʼalimentation des porcs ou des volailles sont cités dans quelques
observations : lʼéthoxyquine, lʼolaquindox, la tylosine ou le monensin
sodium.
• Les bois exotiques
Asiatiques, africains ou dʼAmérique du Sud, les bois exotiques provoquent
des eczémas par contact direct ou aéroporté, les particules sʼinfiltrant sous
les vêtements. Lʼatteinte dermatologique est souvent associée à une rhinite
ou un asthme. Ces réactions cutanées touchent préférentiellement les
travailleurs du bois et les menuisiers ou ébénistes.
• Au salon de coiffure
Hormis le nickel, dʼautres produits utilisés dans les salons de coiffure sont
à lʼorigine dʼeczémas professionnels : la paraphénylènediamine (PPD) des
teintures capillaires, le monothioglycolate de glycérol des liquides de
permanentes, le persulfate dʼammonium des produits de décoloration.
Lʼapparition des lésions, localisées essentiellement sur les mains, est
favorisée lors de lʼapprentissage par la pratique pluri-quotidienne de
shampoings.
B – QU’EST-CE QU’UN ASTHME
PROFESSIONNEL ?
Raphaël est carrossier peintre. Chaque jour, il enfile son vêtement de
travail, des gants et utilise un masque de protection. Cela fait une quinzaine
d’années qu’il exerce cette profession sans aucun problème. Cependant,
depuis quelques mois apparaissent, une heure après le début de son travail,
une urticaire qui s’étend de plus en plus sur tout le corps et une gêne
respiratoire. Le week-end, les lésions s’estompent pour récidiver dès le
lundi matin. Ce phénomène s’accompagne d’œdèmes des lèvres et des
paupières, qui deviennent invalidants. Un arrêt de travail d’une quinzaine
de jours et tous les symptômes disparaissent. À la reprise de l’activité
professionnelle, les lésions reprennent de plus belle. De véritables crises
d’asthme se déclenchent sur le lieu de travail. Le bilan allergologique est
loin d’être facile à réaliser. En effet, ces derniers temps Raphaël a de
l’urticaire même le week-end. Il remarque toutefois qu’elle est favorisée par
l’utilisation de sa tenue de travail, lorsqu’il bricole chez lui. Il faudra près
de 18 mois pour porter le diagnostic avec certitude. Il s’agit en réalité
d’une urticaire de contact et d’un asthme aux isocyanates contenus dans les
peintures de carrosserie utilisées par le patient. Comme lui expliquent le
médecin du travail et l’allergologue, ces substances plus volontiers
responsables d’asthme professionnel, peuvent dans de rares cas déclencher
des lésions cutanées. Très volatiles, elles se déposent sur les vêtements.
Raphaël ne peut plus exercer son métier, il a bénéficié d’un reclassement
professionnel mais il faut avouer que cela ne s’est pas fait sans tracas
administratif et incidence sur son moral.
Lʼasthme professionnel atteint 5 à 10 % de la population active. Il se
définit par l’obstruction des bronches, secondaire à lʼinhalation de produits
utilisés sur le lieu de travail. La relation entre asthme et profession est
indispensable en vue de lʼapplication de mesures de prévention et la
rédaction de la déclaration de maladie professionnelle.
1 – Comment le reconnaître ?
Souvent précédé d’une rhinite, l’asthme professionnel peut apparaître
après quelques semaines ou plusieurs années d’activité. La crise d’asthme
est immédiate sur le lieu de travail ou retardée, le soir après lʼarrêt du
contact. Ce délai varie selon la nature des produits professionnels inhalés ou
manipulés.
2 – Faire le diagnostic
Le déclenchement des symptômes chez un sujet sain après la date
d’embauche, l’aggravation dʼun asthme préexistant, lʼamélioration de lʼétat
respiratoire en lʼabsence dʼexposition aux produits responsables sur le lieu
de travail, la preuve dʼune diminution des débits périphériques par des tests
d’exploration fonctionnelle respiratoire et la mesure du débit de pointe sur
le lieu de travail représentent les critères principaux de reconnaissance d’un
asthme professionnel.
Ces critères sont confortés par la réalisation d’un test de provocation
réaliste effectué en fonction de lʼimportance des signes respiratoires et de la
nature du produit suspecté. Cela relève plutôt de la théorie car peu de
centres hospitaliers sont dotés d’appareils performants pour ces
provocations. Pour avoir cependant une idée de l’état respiratoire de
l’employé sur le lieu d’activité, une surveillance de son débit de pointe peut
être organisée très facilement. La collaboration étroite entre le patient, le
médecin du travail et l’allergologue est indispensable.
Madame Tulipe
Voici, publié en 2016, le cas très rare de cette fleuriste qui se met à
tousser, s’essouffle et éternue lorsqu’elle réalise l’effeuillage des tulipes.
Le contexte très particulier amène les médecins à pratiquer des tests
cutanés avec le pistil, la feuille, l’étamine, la sève de cette fleur de la
famille des liliacées. Ils sont positifs ainsi que le test de provocation
bronchique. Un changement de poste va régler définitivement le
problème puisqu’elle n’aura plus de contact avec cette fleur,
anciennement qualifiée d’emblème des sultans. À ce jour, seuls quatre
autres cas du même type sont décrits.
Source : Merault, C., Tetart, F., Kuntz, A., Gehanno, J.-F., Joly, P., Gislard, A., « Asthme
professionnel allergique aux liliacées : à propos d’un cas », Revue Française d’Allergologie, vol.
56, avril 2016, p. 298.
• L’asthme du boulanger
Poupette, on l’appelle comme cela depuis qu’elle a commencé sa
formation en boulangerie-pâtisserie. Cette jeune femme est parfois au
pétrin puisqu’elle est en apprentissage trois semaines sur quatre. Depuis
quelque temps, elle éternue lorsqu’elle manipule de la farine et commence
à tousser. Les parents sont inquiets, elle aussi. Va-t-elle pouvoir continuer
de réaliser son rêve, travailler en boulangerie ?
Aimable Castanier, personnage du célèbre film de Marcel Pagnol, La
Femme du boulanger, se languit du départ de sa jeune femme. La maladie
d’amour peut atteindre tout le monde, jeunes et moins jeunes. L’asthme du
boulanger apparaît dans un contexte tellement différent, même si le résultat
est le même, parfois jusqu’à ne plus pouvoir faire de pain. On considère que
cette pathologie respiratoire liée au travail est l’une des plus fréquentes dans
cette catégorie professionnelle. Le terrain atopique génétiquement
prédisposé serait d’ailleurs un des facteurs favorisant son apparition. Cette
pathologie respiratoire peut être liée au contact avec différents allergènes
que sont la farine de blé et de seigle ou celles d’autres végétaux comme le
sarrasin, le lupin. Les enzymes utilisés pour améliorer le caractère élastique
et la fermentation de la pâte représentent la deuxième catégorie incriminée,
comme l’alpha-amylase par exemple. Pour les travailleurs des silos et
céréaliers, ce sont plutôt les acariens de stockage, les moisissures ou les
mites qui sont les coupables.
• Au salon de coiffure
Sophia est coiffeuse depuis bien longtemps. Aucun problème,
habituellement, elle fait de longues journées mais il y a six mois, les ennuis
ont débuté. À chaque fois qu’elle prépare les produits de décoloration, elle
éternue. Son nez se bouche et quelques sifflements pulmonaires rythment sa
respiration. Quand elle est en congé, elle va très bien. Le salon n’est pas
très aéré. Aucune possibilité d’ouvrir la porte d’entrée au risque de voir les
clients se plaindre, eux qui viennent pour un moment de détente.
La coiffure est le troisième secteur d’activité le plus touché par l’asthme
professionnel. En fonction des pays, sa fréquence varie selon les études
entre 0,8 et 17,4 %. Les agents les plus souvent responsables sont les sels et
persulfates contenus dans les produits de décoloration. Leur préparation
sous forme de poudre ensuite diluée s’effectue souvent dans un petit local
peu ventilé. La fameuse et devenue célèbre PPD (paraphénylènediamine)
des teintures capillaires, les sels de thioglycolates des produits de
permanentes, le latex, la poudre de henné sont aussi mentionnés dans les
différentes publications comme responsables de gêne respiratoire ou de
rhinite chez les apprenti(e)s ou plus souvent chez les coiffeurs et coiffeuses.
Là encore, la disparition des symptômes lors de période de vacances et leur
réactivation à la reprise du travail est très en faveur d’une origine
professionnelle. En rédigeant ce sujet sur la coiffure, je ne peux
m’empêcher de penser à l’excellent film de Patrice Leconte avec Jean
Rochefort et la sublime Anna Galiena : Le Mari de la coiffeuse. Rien à voir
avec une allergie, mais une magnifique histoire d’amour… et un petit
espace de respiration romantique dans ce livre.
C – LA DÉCLARATION DE MALADIE
PROFESSIONNELLE
Après la suspicion d’allergie professionnelle, le patient passe par la case
diagnostic, à la demande de son médecin traitant ou du médecin du travail.
Il subit une batterie d’examens adaptés en fonction de la symptomatologie
et des substances allergisantes utilisées dans l’exercice du métier. Ne sera
reconnue en maladie professionnelle qu’une pathologie directement reliée à
l’activité. La déclaration dépend alors de la rédaction d’un certificat
incluant certains critères, en particulier le tableau dont la substance
responsable ou la profession dépend. Par exemple, l’allergie au latex
dépend du tableau no 95. Il faut également distinguer le régime général du
régime agricole. La liste de ces tableaux est disponible sur le site de l’INRS.
Suite à cette déclaration, des décisions concernant l’employé sont prises :
inaptitude temporaire ou définitive au poste, changement de poste,
adaptation du lieu de travail… Le reclassement professionnel est parfois la
seule solution. Une collaboration étroite entre le médecin généraliste, le
médecin de l’entreprise, l’employeur et le patient est nécessaire mais
utopique en fonction des entreprises. La conjoncture actuelle avec les
difficultés de reclassement entraîne souvent un retard dans la prise en
charge. Certains employés tentent de composer avec leurs troubles de santé
par peur de perdre leur travail, surtout si le changement de poste dans
l’entreprise est impossible. Un salarié attend parfois longtemps avant de
signaler ses problèmes. Si les médicaments peuvent être une solution
d’attente, ils ne permettent pas de résoudre définitivement la pathologie,
surtout si le contact est constant. Les maladies professionnelles représentent
un domaine très particulier de la médecine avec ses codes administratifs.
Les subtilités de l’accord de la déclaration restent parfois une énigme. Un
site peut vous aider : https://www.service-
public.fr/particuliers/vosdroits/F176
CHAPITRE VIII
ALLERGIES :
CHEZ LES ANIMAUX AUSSI
C’est en découvrant dans la Revue Française d’Allergologie, un article
dédié à l’asthme chez le chat que je me suis intéressée de plus près au
sujet. En contactant lʼécole vétérinaire dʼAlfort, j’ai appris que le chien
peut avoir une dermatite atopique, que les allergies alimentaires sont
décrites chez nos amis à quatre pattes. Ainsi, les animaux de compagnie
sont qualifiés au sens large de sentinelles de la santé humaine,
partageant le même environnement et les mêmes bases alimentaires
que lʼhomme. Ce sujet a suffisamment attiré mon attention pour
l’aborder dans ce chapitre.
A – CHAT QUI TOUSSE
1 – Les symptômes
L’asthme, cette affection bronchique alliant crises de toux, sifflements à
l’expiration et essoufflements, est fréquent chez le chat. Il peut même
aboutir à une insuffisance respiratoire du fait dʼune bronchoconstriction. Le
chat, couché sur le ventre, respire difficilement la gueule ouverte. La cause
première la plus souvent avancée est l’inhalation de pneumallergènes avec
une prédominance pour les acariens (encore eux !), comme le
Dermatophagoides farinae ou l’Acarus siro.
BON À SAVOIR
Les tests cutanés sont plus fiables chez le chien que chez le chat. En
Europe, l’implication des pollens est rare chez le chat et exceptionnelle
chez le chien.
3 – Comment traiter ?
La prise en charge repose sur l’administration au long cours de corticoïdes
inhalés et de bronchodilatateur en spray en cas de crise. Des chambres
d’inhalation avec masque adaptable, comme AeroKat, permettent une prise
efficace des médicaments. Le chat ne sait pas respirer comme les humains
sur commande ! L’éviction des allergènes, si elle est possible, doit
parallèlement être mise en œuvre. Une désensibilisation spécifique avec des
injections par voie sous-cutanée permet d’améliorer les symptômes
cliniques dans près de 80 % des cas. Elle est en général pratiquée par le
propriétaire, sous la surveillance étroite et bienveillante du vétérinaire
prescripteur. Après une augmentation progressive des concentrations, la
dose seuil d’entretien est injectée toutes les six à huit semaines pendant de
nombreuses années. Elle est adaptée en fonction de la tolérance clinique de
l’animal et de l’apparition ou non d’effets indésirables.
B – MON CADOR… ÇA TE DÉMANGE
Si la dermatite atopique atteint de nombreuses espèces de mammifères
comme le chat, le cheval ou les primates, la forme développée chez le chien
présente de nombreuses particularités. Les premières observations datent
des années 1960. Depuis, le recueil de nombreux cas a permis de mettre en
avant certaines caractéristiques.
1 – Le facteur dʼhérédité
La dermatite semble atteindre environ 10 % des chiens avec une forte
prédisposition génétique pour le labrador, le westie, le sharpeï, le
bouledogue français, le boxer, le bull terrier et le golden retriever. Elle est
essentiellement liée à une consanguinité élevée dans certaines lignées. Son
incidence sur les chiens de races croisées, les pinschers, les pointers ou le
braque semble plus modérée. À lʼopposé, chez le chat, le facteur héréditaire
est négligeable. Chez cette espèce dominée par le chat de gouttière, encore
appelé chat européen, le choix du partenaire n’est pas dicté par l’homme,
excepté pour certains éleveurs.
2 – Il se gratte
Le prurit est le motif majeur de consultation pour cette affection cutanée
qui apparaît typiquement chez le jeune adulte entre l’âge de 6 mois (âge de
la puberté chez le chien) et 3 ans. L’animal se gratte, se lèche, se frotte de
façon répétée et chronique. Si à l’origine le prurit est isolé, hormis les
rougeurs, des lésions secondaires apparaissent rapidement
(hyperpigmentation, pelage terne ou gras, perte de poils due au grattage,
croûtes…). Les zones atteintes sont localisées à des endroits bien précis, là
où le poil est moins dense : les paupières et le museau, la face interne du
pavillon des oreilles ainsi que les conduits auditifs externes, l’abdomen, les
aisselles, les aines et les parties distales des pattes. Des complications
peuvent se greffer aux lésions cutanées préexistantes : une otite externe, une
surinfection bactérienne ou à malassezia (levure ou champignon colonisant
facilement la peau des chiens atopiques) pouvant aboutir dans 40 % des cas
à une généralisation de la dermatite du chien. Le diagnostic ne peut reposer
uniquement sur les critères d’un prurit chronique. En 1986, le vétérinaire
dermatologue T. Willemse et son équipe modifient les critères majeurs et
mineurs d’Hanifin, anciennement utilisés pour l’eczéma atopique chez
lʼhomme pour les appliquer au cas du chien.
Prurit
Morphologie et distribution des lésions typiques : atteinte de la face et/ou des membres ou lichénification
(épaississement) du pli du jarret et/ou de la face crâniale du carpe
Dermatite chronique ou récidivante
Race prédisposée ou antécédents familiaux
Prurit = démangeaison
Chéilite : inflammation des lèvres qui deviennent sèches et fissurées sur les côtés
Hyperhidrose : transpiration excessive possible, par exemple, sous les aisselles du chien
3 – Les IDR
Les tests allergologiques en intradermoréactions (IDR) aux aéroallergènes
trouvent leur place dans l’indication de la désensibilisation spécifique,
traitement de choix de la dermatite atopique chez le chien. Le résultat de
ces examens sera toujours confronté aux symptômes cliniques présentés par
l’animal. La plupart des chiens sont sensibilisés aux acariens domestiques
Dermatophagoides farinae et à degré moindre Dermatophagoides
pteronyssinus ou à ceux de stockage comme l’Acarus siro. Pour leur part,
les pollens ne représentent environ que 15 % des sensibilisations et moins
de 5 % des prescriptions. Certains médicaments prescrits chez l’animal
pourront avoir une incidence sur la lecture des tests. Nombre d’entre eux
devront être stoppés avant la consultation chez le vétérinaire.
BON À SAVOIR
La certitude du diagnostic de dermatite atopique chez le chien nécessite
l’élimination des autres causes de prurit chronique constituées
essentiellement des parasitoses et des allergies aux piqûres de puces ou
aux aliments.
2 – Chez le toutou
Chez le chien, contrairement à la dermatite atopique, il n’existe aucune
prédisposition de race ou de sexe. Dans la majorité des cas, les symptômes
apparaissent avant l’âge de 3 ans, sous la forme d’un prurit chronique
variable dans son intensité, en fonction de l’alimentation donnée au chien.
Comme pour le chat, les manifestations à base d’otites, de troubles digestifs
ou oculaires sont observées.
3 – Un régime adapté
Le diagnostic est fondé sur l’amélioration significative des symptômes
pendant un régime adapté et le constat d’une rechute dans les jours suivants
la réintroduction de l’alimentation habituelle. Ce régime test est basé sur
des plats faits maison, dont les ingrédients n’entrent pas dans la
composition de la nourriture régulière du chien ou du chat. L’apport en
huile végétale doit être systématique. Il sʼagit en effet de carnivores et non
dʼomnivores ! Mais les préparations industrielles rendent la vie plus facile
aux propriétaires. Pour cette raison, les vétérinaires utilisent plus volontiers
des aliments industriels développés spécifiquement par les fabricants pour
cette affection. Il s’agit de croquettes composées d’ingrédients en nombre
limité, bien identifiés sur lʼétiquette (une source protéique, une source de
féculent) ou de préparations à base de protéines hydrolysées. Ces
innovations sont très utiles pour le traitement longue durée de cette
pathologie.
Toutes ces pathologies ne représentent qu’une partie de l’allergologie
vétérinaire. Il existe également l’asthme ou la dermatite atopique chez le
cheval, les primates, etc. Si le sujet vous intéresse, renseignez-vous auprès
d’un vétérinaire. Ce sont surtout les dermatologues vétérinaires qui sont
confrontés à lʼallergologie et la pratiquent, comme le docteur Geneviève
Martignac, de lʼécole vétérinaire dʼAlfort.
D – LA POUSSE DU CHEVAL
1 – Il s’essouffle
L’asthme du cheval, encore appelé « pousse » ou RAO (Recurrent Airway
Obstruction) est la plus courante des pathologies respiratoires chez certains
équidés. Il se développe plus à l’âge adulte, surtout en présence de
prédisposition familiale. La « pousse » est liée, la plupart du temps, à
l’action d’agents allergisants présents dans l’écurie, souvent mal ventilée, le
foin de mauvaise qualité et des irritants comme les vapeurs d’ammoniac
libérées par l’urine. Les symptômes varient en fonction du stade de sévérité.
Au repos, l’animal se met à tousser. Rapidement essoufflé, il peut refuser de
courir. Sa respiration difficile est parfois sifflante. À plus ou moins long
terme, on observe l’apparition d’une hypertrophie des muscles abdominaux,
appelés ligne de pousse. Les nasaux dilatés laissent échapper des sécrétions.
Le diagnostic passe, dans un premier temps, par l’élimination d’une cause
infectieuse, bactérienne, virale ou parasitaire. La fibroscopie bronchique
avec lavage broncho-alvéolaire permet la mise en évidence de
l’inflammation bronchique.
2 – Comment faire ?
Pour améliorer l’état de l’animal, des mesures draconiennes doivent être
prises. Il faut privilégier la journée au pré plutôt qu’au box, évitant ainsi le
contact permanent avec les allergènes du box. Le mode d’administration du
foin sec et de bonne qualité doit se faire au sol et pas au râtelier. Il est plus
raisonnable de le remplacer par de la luzerne ou des granulés, ou quand cela
est possible de l’herbe fraîche. La litière doit préférentiellement être avec
des copeaux de bois dépoussiérés, du papier journal ou de la paille de très
bonne qualité, changée en dehors de la présence du cheval. Ces mesures
permettent une amélioration en quatre à six semaines. Toutes ces
précautions sont renforcées par la mise en place d’un traitement
médicamenteux. Pendant les crises, l’animal bénéficie d’un
bronchodilatateur par inhalation avec un AeroMask ou sous forme de sirop,
complété si nécessaire par une oxygénothérapie endonasale. Le traitement
de fond à base de corticoïdes est administré par voie veineuse ou buccale
sur une courte durée, ou par inhalateur.
CHAPITRE IX
L’ALLERGIE
FAIT SON CINÉMA
De nombreux moyens de diffusion d’informations médicales sont mis
à la disposition du grand public. Les allergiques peuvent se renseigner
auprès des médecins (lors de consultations), d’associations de patients
et sur le Net… Les journaux télévisés et la presse écrite relayent les
taux de pollens dans l’atmosphère chaque année à compter du mois de
mars. Des émissions médicales ou généralistes incluent des reportages
consacrés au thème de l’allergie dans sa gestion quotidienne et son
caractère habituel ou parfois sous son aspect plus spectaculaire. Les
scénaristes ne sont pas en reste, incluant de plus en plus dans leurs
récits des scènes parfois surréalistes de choc anaphylactique ou
d’œdème causé par une allergie alimentaire.
A – SUR LE WEB
Sur un moteur de recherche, lorsque le mot « allergie » est inscrit au
singulier, on obtient au moins 16 300 000 sites. Un minimum de 73 200 000
adresses s’affiche lorsque l’on tape « allergies » au pluriel. Ces chiffres ne
cessent d’augmenter au fil des mois : de quoi aller à la pêche avec plus ou
moins de succès. En effet, tous les sites répertoriés sont de qualité variable,
voire discutable pour certains. Quant aux forums de discussion, souvent non
validés par un œil allergologique avisé, on y trouve parfois des solutions
adéquates et raisonnables, ou parfois des conseils farfelus voire dangereux !
Que dire par exemple de la gemmothérapie qui propose des produits
antiallergiques à base de baume du Pérou pour la peau sèche, de camomille,
d’huiles essentielles, de bourgeon de sapin, etc. Ils contiennent des éléments
pouvant, bien sûr, chez certaines personnes, déclencher des réactions
d’eczéma de contact. Que dire de cette prise antiacariens qui, soi-disant,
détruit l’appareil génital des acariens ? Mieux vaut se cantonner à des sites
connus
et reconnus.
Pour naviguer en sécurité, voici quelques sites sur lesquels vous êtes
sûr(e)s de retrouver des informations sensées et adaptées. Ils sont validés
par des équipes médicales d’allergologues, par des sociétés rompues au
monde de l’allergologie et des associations reconnues au niveau national :
– asthme-allergies.org : l’association Asthme & Allergies. Cette
association très active s’occupe d’organiser chaque année la Journée de
l’asthme, permettant de réunir patients et médecins. Elle participe à la
Journée nationale de l’allergique. Sur son site, on peut retrouver la liste
des écoles de l’asthme répertoriées partout dans l’Hexagone.
– allergies.afpral.fr : l’AFPRAL (Association Française pour la
PRévention des ALlergies). Ce groupement très dynamique travaille en
étroite collaboration avec l’association-mère, basée en Belgique. Très
efficace, elle a permis, entre autres, la réalisation et l’application de
l’étiquetage alimentaire actuellement obligatoire de la liste des 14
allergènes. Ses adhérents bénéficient d’un accès à leur journal appelé
Oasis, bourré d’idées, d’informations et de recettes très utiles pour les
allergiques, leur famille ou toute personne intéressée par l’allergie.
– cicbaa.org : le CICBAA (Cercle d’Investigations Cliniques et
Biologiques en Allergologie Alimentaire) créé à l’initiative du
professeur Moneret-Vautrin, regroupe de nombreux allergologues et
professionnels de santé intéressés par les allergies. Par l’intermédiaire du
Réseau d’Allergo-Vigilance (http://www.allergyvigilance.org), composé
d’un grand nombre de ses membres, il répertorie les cas de réactions
anaphylactiques aux aliments et aux médicaments afin d’établir une
carte épidémiologique française des maladies allergiques. Son site,
ouvert au grand public, est une source de renseignements avec des fiches
pratiques, des régimes d’éviction, des adresses utiles, etc.
– syfal.fr : le SYFAL (SYndicat Français des ALlergologues) possède un
site très dynamique reprenant les principales informations concernant la
profession, avec en particulier l’annuaire de ses membres mis à jour
régulièrement.
– lesallergies.fr : vous trouverez sur ce site les principales instances
allergologiques et les dossiers qu’ils proposent.
– natama.eu/fr : cette société, Natâma, propose de nombreux menus
adaptés à chaque allergie alimentaire. La société Clarélia prépare des
plats cuisinés individuels à partir d’ingrédients sélectionnés et vérifiés.
Ils sont sans gluten, sans adjuvant alimentaire (de type additif,
conservateur, colorant, etc.) et adaptés à chaque allergie alimentaire.
– valpiform.com/nos-produits : ValpiForm est, dans un premier temps,
destiné uniquement aux personnes atteintes d’intolérance au gluten.
Cette société étend ensuite ses compétences aux allergies alimentaires.
Elle met à disposition des produits adaptés à chaque cas.
– inrs.fr/mp : l’Institut national de recherche et de sécurité pour la
prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles. Une
rubrique entière et très complète est dédiée aux allergies en milieu
professionnel.
– allergique.org est créé à l’initiative d’allergologues libéraux. Il intéresse
autant les médecins que le grand public, avec de nombreuses
informations, des forums, des adresses. Pour les abonnés, les résumés de
congrès nationaux et internationaux sont mis en ligne. Malheureusement,
ce site a stoppé son activité fin 2016. Les articles sont encore disponibles
mais pour combien de temps ? Je tenais à rendre hommage à mes
confrères, les docteurs Philippe Auriol et Hervé Masson qui, durant tant
d’années, ont su l’alimenter avec régularité, ténacité, dynamisme et
beaucoup d’intérêt.
– parallerg.com propose de nombreux produits destinés à la
consommation quotidienne des allergiques.
– arcaa.info : Association de Recherche Clinique en Allergologie et
Asthmologie. Cette instance très active, composée de médecins experts
allergologues, répond à de nombreuses questions des allergiques. Elle
permet la validation de certains produits de consommation courante avec
ses labels AC (Allergènes Contrôlés) et AIC (Air Intérieur Contrôlé) et
permet de ce fait l’amélioration de la qualité de vie des personnes
concernées.
– eassafe.com est également tenu par une équipe d’allergologues. Ce site
reprend les principaux symptômes des allergies respiratoires ou
alimentaires et donne de nombreux conseils pour les allergiques et les
asthmatiques.
– lecrat.fr : extrêmement utile pour les patients et les médecins, ce site
permet de donner les renseignements sur les médicaments autorisés ou
non en cas de grossesse.
Tous ces sites possèdent des liens amenant des uns vers les autres. Ils
peuvent donc être visités sans aucun doute sur la véracité des éléments qui
les constituent. D’autres adresses Web sont distillées tout au long du livre et
ont toutes aussi leur place dans cette liste : le RNSA pour les pollens,
différentes adresses pour les housses antiacariens, les laboratoires proposant
des produits dermatologiques… Hormis celles-ci, quelques adresses Web
supplémentaires peuvent aussi vous intéresser :
– ansm.sante.fr : l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament
et des produits de santé) a remplacé en 2012 l’AFSSA (Agence
Française de Sécurité Sanitaire des Aliments). Sur ce site, vous pouvez
trouver une multitude de renseignements sur les actualités dans le
domaine de la santé et une rubrique est dédiée à la déclaration, par
l’internaute, d’effets indésirables liés aux médicaments, aux
cosmétiques, aux tatouages, etc.
– inpes.santepubliquefrance.fr : l’INPES (Institut National de
Prévention et d’Éducation pour la Santé).
– invs.santepubliquefrance.fr : l’INVS (INstitut de Veille Sanitaire).
– economie.gouv.fr/dgccrf : la DGCCRF, Direction Générale de la
Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes.
Facebook et YouTube ne sont pas en reste. Sur l’un, de nombreuses
adresses sont dédiées aux allergies, mais attention il y en a des bonnes et
des moins bonnes. Sur l’autre, il suffit de taper le mot « allergies » pour
voir défiler des reportages français ou étrangers sur ce sujet.
B – LA PUB
Les arguments publicitaires sont ce que l’on pourrait appeler des « petits
arrangements avec la réalité ». Il y a tellement d’allergiques, de clients
potentiels. Pour améliorer leur vie quotidienne, ils sont prêts à beaucoup de
choses, même parfois à des sacrifices financiers. Ils peuvent alors devenir
victimes des appâts, répondant aux sirènes, aux mirages de « l’allergie zéro
». Il faut se rendre à l’évidence, qu’à moins de vivre sur la banquise ou dans
le désert (et encore !) le risque zéro allergie n’existe pas. Comme nous
l’avons vu, certains sites internet sont reconnus pour leur fiabilité. Ils
dépendent d’associations, de laboratoires, d’allergologues maîtrisant à bon
escient la spécialité. Par contre, les solutions proposées par certaines
sociétés prêtent à sourire. Les allergologues ne peuvent que mettre en garde
leurs patients vis-à-vis de ces produits douteux. Le critère hypoallergénique
prend tout son sens pour certaines sociétés spécialisées dans l’allergologie
mais pour d’autres, il n’est qu’une accroche. Tout au long de la journée, sur
les radios ou dans les journaux, la télévision, on peut lire ou entendre cet
argument parfois fallacieux. Certes, si un produit qui convient à une
personne entraîne une intolérance chez une autre, ce n’est pas
systématiquement synonyme de mauvais produit. Il faut être vigilant. Le
meilleur exemple de publicité parfois exagérée concerne les éléments de la
literie antiacariens. Lorsque que l’on sait qu’un produit antiacariens, validé
pour son efficacité, couplé à une aspiration efficace, agit uniquement
pendant trois mois, comment peut-on imaginer des matelas traités «
antiacariens » efficaces pendant des années ?!
BON À SAVOIR
Petit rappel
Une housse antiacariens doit obligatoirement être constituée de trames,
de fibres très serrées en polyuréthane et coton. Elle entoure totalement le
matelas, étant fermée par une fermeture éclair. Les housses antiacariens
vendues en grande surface ou par correspondance ne répondant pas à ces
critères n’ont aucune efficacité. Par exemple, les housses ressemblant
étrangement à des alèses de matelas se révéleront systématiquement
insuffisantes.
C – SUR LE PETIT ET LE GRAND
ÉCRAN
Cinéphile, téléphage, j’avoue, je suis. C’est donc en spectatrice, mais avec
mon œil d’allergologue que je regarde certains films. Dans de nombreuses
séries du petit écran comme Urgences, Dr House, Grey’s Anatomy,
l’allergie a fait l’objet d’au moins un épisode (allergie au latex ou à
l’arachide). Le lieutenant Columbo a dû résoudre le meurtre d’une personne
allergique aux guêpes (du venin avait été déposé sur son verre de cocktail
lors d’une réception !).
• À la télé, manger, n’est pas jouer
Pour les allergies alimentaires, c’est celle liée à l’arachide qui est illustrée
dans différentes scènes, le plus souvent sous sa forme spectaculaire de choc
anaphylactique. On voit alors l’acteur devant son assiette, se prendre la
gorge, tousser, étouffer. Mais où est sa seringue d’adrénaline ?
Heureusement, les secours arrivent toujours à temps. Le personnage est
sauvé et tout rentre dans l’ordre. En 2007, dans le film Nancy Drew, une
infortunée jeune fille embrasse sur les lèvres un jeune homme trop
gourmand de cacahuètes. Au bout du baiser, un choc anaphylactique. Un
meurtre particulier par choc anaphylactique se déroule dans la saison 4,
épisode 11 de Les Experts, intitulé « Onze hommes en colère ». La victime,
un homme appelé Gibbons, est allergique à l’arachide. La première
hypothèse de l’équipe d’enquêteurs et du médecin légiste s’oriente vers un
meurtre par ingestion de beurre de cacahuète dilué dans une préparation de
chili con carne. Mais, après une longue et âpre discussion, ils concluent que
ce n’est pas l’arachide la cause principale. Si la spécialiste que je suis est
d’accord sur le diagnostic de choc anaphylactique, le faire reposer sur une
recherche de taux d’immunoglobuline E est parfaitement…
cinématographique. Dans la vraie vie, le médecin se basera sur le dosage de
la tryptase sanguine mais là, ils sont en plein brouillard, les experts…
D’autre part, la traduction française est incorrecte puisque subsiste
l’américanisme d’IEG alors que c’est le terme IgE qui doit être utilisé. Je
me tiens à la disposition de tout scénariste ou traducteur pour fournir les
bonnes indications en cas de scénario comportant des allergies au
programme. Pour que l’épisode se prolonge dans le suspense, il faut donc
trouver un autre coupable. C’est en réalité une piqûre d’hyménoptère, plus
exactement une abeille appelée Apis mellifera, qui est la responsable. En
effet, grâce à une pince à épiler, un des experts extrait le dard du cou de la
victime. L’abeille sera ensuite retrouvée morte sur le sol.
La série policière française avec Alice Nevers, Le juge est une femme,
relate dans l’épisode de la saison 11 intitulé « Trop mortel », un cas
particulier de meurtre par allergie. Dans cet épisode, Alice Nevers, incarnée
par Marine Delterme, doit résoudre le meurtre d’un blogueur allergique à
l’arachide. Il perd la vie pendant sa chronique sur le Web devant des
milliers d’internautes médusés. L’hypothèse d’un assassinat est la plus
probable, son kit d’urgence d’adrénaline ayant été trafiqué. Préméditation
indiscutable…
Début 2010, un épisode pilote, de la série Victoire Bonnot sur M6 met en
scène une conseillère d’éducation dans un lycée, interprétée par Valérie
Damidot. Elle est confrontée à de nombreux adolescents dont l’un est
allergique à l’arachide. On peut discuter de la présence d’huile d’arachide
dans son assiette à la cantine, motif d’un choc anaphylactique alors que l’on
sait que l’huile d’arachide trop raffinée ne peut être mise en cause.
« Grandeur et décadence » est le titre de l’un des épisodes de Major
Crimes (épisode 9, saison 2, réalisé en 2013 et diffusé en France en 2015).
Ici encore, l’arme du crime est l’allergie alimentaire. Un jeune agent des
services des douanes meurt dans sa cuisine. La porte du four ouverte à côté
de lui fait d’abord pencher la balance vers un suicide. Les enquêteurs
s’orientent dans un deuxième temps vers un meurtre, la victime ayant
succombé à une importante réaction allergique de type anaphylactique.
Mais à quoi ? Alors là…
La saison inédite de The Blacklist, diffusée en juillet 2016, met en place
une intrigue comme seuls leurs scénaristes savent nous les concocter. Il
s’agit là d’intégrer dans l’un des épisodes un suicide à la lessive bio
contenant du soja. Le « méchant » terroriste est retenu prisonnier dans un
garage. Ses gardiens le retrouvent suffocant sur le sol, un bidon de nettoyant
à côté de lui. Il est connu, grâce à l’étude de son dossier et de
renseignements recueillis sur lui, qu’il est allergique au soja, or le détergent
en contient. Ni une ni deux, quelqu’un court chez un voisin dont le fils
(pour le bon déroulement de l’intrigue) est allergique. Course contre la
montre : emprunter le stylo d’épinéphrine, le planter dans la cuisse du
terroriste qui gît inconscient sur le sol. Ouf, juste à temps ! Après quelques
secondes, il reprend conscience dans un râle spectaculaire et l’histoire se
poursuit…
Dans l’excellente série policière danoise The Bridge (2013, saison 2),
visible sur Canal+ en juillet et août 2016, l’allergie alimentaire a, là aussi,
une place prépondérante dans le déroulement de l’intrigue. Rasmus, un des
enquêteurs, doit retrouver la trace d’une terroriste. Il prend l’initiative
d’aller seul chez elle sans ses collègues, en « oubliant » de les prévenir.
Devant la porte, une complice de la terroriste lui lance sur le visage une
giclée de gaz lacrymogène. Les yeux brûlés par le produit, pour cacher sa
mésaventure aux autres policiers, il ne se rend pas aux urgences mais se les
rince tant bien que mal. Arrivé au poste, ses collègues s’inquiètent de son
absence.
Il raconte qu’il est allé à l’hôpital parce qu’il est allergique aux noix.
Quelques épisodes plus tard, l’intrigue amène les collègues, en particulier
Martin et Saga, à douter de cette version de l’allergie aux noix. Ils ont en
effet interrogé un voisin de la terroriste qui a été tuée entre-temps. La
description de la personne agressée à l’époque correspond à celle de
Rasmus et les policiers veillent à en avoir le cœur net. Lors d’un goûter au
poste de police (épisode 8), ils lui font manger une brioche contenant des
noix, sans le prévenir. Rien ne se passe. Il ne présente aucun symptôme
d’allergie alimentaire. Rasmus, alors démasqué par ses partenaires de
travail, sera rétrogradé et muté.
Dans la série télévisée Ugly Betty, le neveu de l’héroïne veut se venger
d’un rival. Il glisse dans un sandwich des noix auxquelles l’autre
personnage est allergique. Une série avec Michel Jonasz et Clémentine
Célarié, Lebowitz contre Lebowitz, fait son apparition début 2016 sur une
chaîne publique. Elle se base sur la vie de quelques avocats au sein d’un
cabinet de groupe. L’intrigue du dernier épisode repose sur la suspicion
d’un meurtre par choc anaphylactique grade 4, perpétré par le personnage
joué par Danièle Lebrun, tante d’une des avocates. Le terme utilisé, grade 4,
est très scientifique mais le médicament mis en cause l’est moins… Une
autre molécule aurait pu être fiable d’un point de vue allergologique bien
évidemment. Là encore, n’oublions pas que c’est une fiction…
Au cinéma, on ne rigole pas avec les plats
Deux femmes de caractère s’affrontent dans le film Sa mère ou moi ! en
2005. La guerre des nerfs entre la mère jouée par Jane Fonda et la future
belle-fille Charlotte, dite Charlie, incarnée par Jennifer Lopez, donne lieu à
une scène laissant supposer une allergie. Lors d’un repas, la future belle-
mère prépare une sauce spéciale remplie d’amandes, auxquelles Charlie est
allergique. Elle exprime son désir de vengeance avec ces phrases : « Elle va
enfler un petit peu. […] Elle va enfler comme une pastèque… […] Tant
mieux. » La belle-mère ne veut pas lâcher son fils comme ça… Résultat, un
magnifique œdème des lèvres défigure le visage de la sublime Jennifer…
Élie Chouraqui, en 2008, réalise un film intitulé Celle que j’aime avec
Marc Lavoine et Barbara Schulz. Il y a cette scène immanquable où, lors
d’un repas, une dispute éclate entre les deux personnages. Il s’agit de savoir
si lui l’a trompée puisqu’elle a retrouvé des préservatifs goût fraise. Et lui
d’affirmer qu’il est allergique à la fraise. En femme bafouée, elle n’y croit
pas et lui demande d’en manger. Autour de la table, les amis éclatent tous
de rire. Il parle de la conduite à tenir, de l’appel au SMUR, ses amis
continuent de rire. Il en mange une et en quelques minutes, l’urticaire
apparaît avec une toux et une gêne respiratoire. La panique gagne
l’entourage. Ils appellent les secours, et bien sûr tout se finit bien. Le décor
est planté mais avec cependant deux petits bémols. Ils auraient dû choisir un
autre fruit, comme la banane ou le kiwi car l’allergie aux fraises n’en est
pas une. La réaction est souvent non allergique. Le traitement du choc, c’est
plutôt l’adrénaline que le Soludécadron… Par contre, l’ambiance durant le
repas où les amis ne croient pas à l’allergie alimentaire est tout à fait
plausible, malheureusement, dans la vraie vie…
Dans ce long métrage de 2012, The Expatriate, Aaron Eckhart incarne le
personnage de Ben Logan, ancien membre de la CIA. Il décide de renouer
le contact avec sa fille adolescente, Amy. Pour se rapprocher d’elle, il
accepte un travail d’expert en sécurité en Belgique. Un agent a pour mission
de les tuer, ils doivent alors prendre la fuite. Lors d’une séquence de ce film
d’action, Ben offre des gâteaux à sa fille. Dès les premières bouchées, elle
ressent une gêne et informe son père qu’il y a de la cacahuète dans le
gâteau. Ils arrivent rapidement à l’hôpital où ils restent plusieurs heures
pour qu’Amy puisse recevoir un traitement d’urgence. C’est alors qu’elle
informe son père qu’elle est allergique à l’arachide. Oui, je vous imagine
penser que lui n’était pas au courant, non ? Ok agent secret, mais il se serait
occupé de sa fille correctement, eh bien, les scénaristes auraient été bien
embêtés…
Ça gonfle sur la toile
L’œdème de Quincke a aussi ses adeptes chez les scénaristes, semble-t-il.
Il faut dire que visuellement, les maquilleurs peuvent s’en donner à cœur
joie. En 1981, le duo Pierre Richard et Gérard Depardieu parcourt le
Mexique pour retrouver une jeune fille kidnappée, dans le film La Chèvre.
L’étourdi Perrin (Pierre Richard) est allergique aux guêpes. Lors d’un vol
dans un petit coucou, il se fait piquer… Extrait du dialogue : « Si elle me
pique, je meurs. Puisque je vous le dis. En vacances, jʼai été piqué. Une
semaine dʼhôpital, failli crevé. Je gonfle puis je me mets à étouffer. » À
l’atterrissage, Perrin sort de l’avion, le corps a doublé de volume. Mon œil
averti d’allergologue clignote : alerte, alerte. Il manque le gonflement du
visage, qui aurait fait encore plus réaliste pour annoncer un énorme œdème
de Quincke.
Comment oublier les lèvres, les yeux et le visage de Coluche qui
augmentent de volume dans Banzaï ? Dans ce film de Claude Zidi, sorti en
1983, l’acteur campe le rôle d’un employé de compagnie d’assurances
spécialisée dans la gestion des problèmes de voyageurs à l’étranger.
Inexpérimenté, il doit sortir de son train-train quotidien et quitter la France
pour des missions, en particulier à Hong Kong. De nombreuses
mésaventures émaillent son périple, comme cette piqûre de moustique qui
le défigure littéralement, faisant apparaître un œdème énorme du côté droit
du visage. Il faut avouer que les effets spéciaux utilisés sont énormes. Les
maquilleurs n’y sont pas allés mollo sur l’effet visuel. Cinéma oblige. Cette
image a marqué bon nombre de patients. Lorsqu’ils viennent consulter pour
l’apparition d’un œdème, ils donnent comme référence : « Vous savez,
comme Coluche. »
Will Smith, en 2005, dans la comédie Hitch, lors d’un rendez-vous avec
Eva Mendez, goûte une préparation à base d’une feuille d’endive remplie
d’assaisonnements. Au début, il trouve cela bon et puis, rapidement,
commence à se gratter le cou et se racler la gorge. Une personne de son
entourage lui fait remarquer la possibilité d’une allergie alimentaire. En
quelques minutes, son oreille droite gonfle. Ils se rendent rapidement au
rayon pharmaceutique d’une grande surface. Cela laisse le temps au visage
de Will Smith de se métamorphoser, d’enfler à vue d’œil. Il n’évalue
visiblement pas ce qu’il lui arrive. Ce n’est qu’en se regardant dans une
glace de surveillance qu’il est effrayé par l’étendue des dégâts. Il se
précipite sur un flacon d’antihistaminique et boit au goulot. La suite est
beaucoup plus simple que dans la vie réelle, où la prise d’un corticoïde et
un petit passage à l’hôpital auraient tout réglé. Il finit en fait gai comme un
pinson, un peu sonné par les effets secondaires de l’antihistaminique. Ce
qui arrive de moins en moins dans la vraie vie, puisque les nouvelles
molécules disponibles n’ont pas ou très peu d’effets sédatifs.
Le choc et le stylo pour le 7e art et les séries télévisées
La Famille Bélier, film sensible et magnifique, retrace une tranche de vie
d’une jeune fille chanteuse, dans une attachante famille de sourds-muets.
Dans cette famille, il y a aussi le fils, Quentin. Il tombe amoureux de la
meilleure copine de sa sœur. Une scène nous fait partager ses premiers
émois et en particulier la mise du préservatif en latex qui entraîne chez lui
une urticaire et un malaise. Cette réaction serait classée en consultation
comme un stade très sévère de choc anaphylactique, nécessitant une
injection d’adrénaline et une hospitalisation pour surveillance, mais nous
sommes au cinéma. Alors, il se réveille chez lui et tout rentre dans l’ordre,
en restant à la maison… C’est une fiction et rappelons que normalement,
dans la réalité, on appelle le 15…
Jennifer Lopez est l’héroïne d’Un voisin trop parfait, réalisé en 2015. Elle
y joue le rôle d’une mère dont le fils est allergique. La nature de ses
allergies n’est signalée dans aucune des séquences mais on sait qu’il est
porteur d’un stylo d’adrénaline EpiPen. J-Lo, alias Claire Peterson, tombe
amoureuse de son jeune voisin, qui se révèle en fait être un dangereux
psychopathe possessif et jaloux. Dans la dernière partie du film, celui-ci
prend le fils Kevin et l’ex-mari de l’héroïne en otage dans une grange. Une
bagarre entre elle et le jeune homme violent s’engage. La grange prend feu.
Pour se défendre, elle utilise le stylo d’adrénaline de son fils, qu’elle porte
dans sa poche. Arrêt sur image sur la longue, très longue aiguille qu’elle fait
sortir du stylo comme une lame de cran d’arrêt, qu’elle enfonce violemment
dans l’œil de son agresseur. On pourrait croire que cela suffit… Que nenni,
ils continuent encore et encore la bagarre et ce n’est qu’après de longues
minutes qu’il s’écroule enfin… Scène intense qui tend le spectateur, au
détail près que ça ne se passe pas comme ça dans la vraie vie : l’aiguille,
bien plus courte heureusement, ne sort du stylo que dans la cuisse de
l’allergique, après une pression !
Dans Renaissances, film de science-fiction de 2015 avec Ryan Reynolds
et Ben Kingsley, le personnage incarné par Ben Kingsley, un richissime
homme d’affaires, est allergique à l’arachide. Cancéreux en fin de vie, il
passe un accord avec une société spécialisée, qui propose de changer de
corps. Pour effectuer ce « transfert cérébral » dans un autre organisme, la
société organise dans un premier temps une fausse mort, en simulant un
choc anaphylactique devant un de ses amis. Celui-ci se précipite pour
chercher l’EpiPen que tout allergique doit avoir sur soi. Ben Kingsley ne l’a
pas. Franchement, heureusement, sinon vlan, plus d’histoire ! Il sera donc
emmené en ambulance vers ce centre de recherche en état, soi-disant, de
mort apparente.
Sur un air de musique des années soixante, un homme en voiture se fait
piquer par un insecte. Il se sent mal, sort de son véhicule et s’effondre.
Avant de perdre connaissance, il se plante l’aiguille d’un stylo auto-
injecteur d’adrénaline dans la cuisse droite. Débute ensuite le générique de
la nouvelle série de France 2 intitulée Zone Blanche diffusée en avril 2017.
L’homme dont il est question est le nouveau procureur de la région.
« Vous êtes allergique aux abeilles, demande une policière
– Je suis allergique au soleil, aux pollens, aux acariens, dit-il.
– Ah oui, ça pimente la vie
– J’aurais pu y laisser la vie ».
En mai 2017, dans l’épisode « Ultime recours » de la série Munch, mon
attention est attirée par la description d’une allergie violente. L’avocate,
jouée par Isabelle Nanty, tente de faire libérer une prévenue. Elle veut
prouver que sa cliente n’a pas pu déposer l’arme du crime au fond d’un
puits. Celui-ci est entouré de plantes d’ambroisie à laquelle la prévenue
serait allergique.
L’assistant de Munch manipule sous le nez de l’accusée un bouquet
d’ambroisie. Tout de suite, celle-ci présente une gêne respiratoire, elle
semble très essoufflée, cherche sa respiration et ce phénomène est qualifié
de choc anaphylactique.
Heureusement, l’avocate a prévu le coup et un secouriste arrive avec un
stylo auto-injecteur d’adrénaline qu’il plante dans la cuisse gauche de
l’accusée. Quelques minutes plus tard, celle-ci va beaucoup mieux et la
séance reprend.
L’injection d’adrénaline pour un choc anaphylactique est le traitement
d’urgence adéquat. Il reste cependant un doute sur la qualité de choc
anaphylactique déclenché par du pollen d’ambroisie. Bon d’accord,
l’allergie à ce pollen donne plutôt des problèmes respiratoires ou de nez
mais n’oublions pas que c’est une fiction… Le choc, réaction très sévère,
implique impérativement, après l’injection d’adrénaline, une hospitalisation
en urgence d’au moins six heures pour surveillance. Heureusement la série
Munch reste une fiction donc nous pouvons imaginer que les auteurs aient
pris quelques arrangements avec la réalité.
Respiration
Des longs métrages, en particulier les films d’action, incluent souvent une
scène critique où l’asthmatique ne peut pas atteindre son spray pour calmer
sa crise. Après de longues minutes d’angoisse insoutenable (il y a toujours
un méchant, des coups de feu dans le voisinage, une musique stressante), il
arrive à prendre son médicament. L’œil averti de l’allergologue ne peut
s’empêcher de remarquer la mauvaise technique d’inhalation de « pschitt,
pschitt », et hop, ça marche. Il est vrai que la méthode conseillée consiste à
souffler, puis mettre l’embout du pulvérisateur dans la bouche (dans le bon
sens, s’il vous plaît), d’appuyer, d’aspirer en même temps et de garder
ensuite sa respiration pendant dix secondes. C’est trop long et ça casserait le
rythme de l’intrigue ! Les allergies respiratoires sont moins fréquentes au
cinéma, peut-être parce que moins spectaculaires. Dans ce film de 2008, Un
mariage de rêve, Jessica Biel est allergique aux pollens pour le plus grand
plaisir de son acariâtre belle-mère, incarnée par Kristin Scott Thomas.
Comme arme, contre sa bru, elle utilise des pollens de fleurs, déposées ça et
là, dans la grande demeure familiale. Un épisode de Modern Family, série
humoristique américaine diffusée en 2009, montre un risque d’allergie au
chien, prénommé Stella, pour l’un des protagonistes.
Le tabac au cinéma
La cigarette a souvent accompagné les personnages de films policiers,
d’action ou d’espionnage. Comment imaginer Humphrey Bogart sans sa
cigarette ? Elle peut accompagner des gestes de séduction comme dans
cette scène culte avec Lauren Bacall, tapotant la cigarette sur le dos de sa
main, dans Le Port de l’angoisse ou Audrey Hepburn avec son long
porte-cigarettes, dans Diamants sur canapé. Cette même cigarette a
toutefois disparu dans les derniers James Bond (cf. paragraphe). Lucky
Luke a troqué sa cigarette pour un brin de paille, depuis bien longtemps.
Des organisations professionnelles du milieu du cinéma se sont émues
d’une implication trop exigeante et rigide de la loi Évin. Elle peut
paraître discutable, même abusive ! Comme une atteinte créative à une
œuvre de retirer la pipe de Jacques Tati, la cigarette de la main d’Audrey
Tautou sur l’affiche de Coco avant Chanel ou lors de longs métrages
mettant en scène des fumeurs invétérés comme Gainsbourg, vie héroïque
ou Sherlock Holmes. Certes, l’industrie du tabac a beaucoup utilisé le
cinéma comme support publicitaire détourné, comme dans Superman II
en 1980, où le super-héros volant traverse un mur où est inscrit le nom
d’une célèbre marque de cigarettes. Est-ce une raison pour gommer ce
qui peut paraître comme un détail dans le déroulement de l’intrigue d’un
film ? Et puis, dans un western, comment allumer la mèche d’un bâton
de dynamite sans le bout incandescent d’une cigarette ?
D – JOURNAUX ET RADIOS
Que ce soient des mensuels, hebdomadaires ou quotidiens, les sujets
concernant les allergies respiratoires ou alimentaires prennent de plus en
plus de place dans le sommaire. Ils relayent les relevés polliniques, les
différentes informations diffusées au niveau national concernant certains
produits à retirer du marché, etc. Les articles sont rédigés après des
entretiens avec des allergologues libéraux ou hospitaliers. Ceci apporte une
caution supplémentaire aux articles proposés.
Les radios locales, chaque année, contactent les allergologues pour parler
des pollinoses. On peut donc se rendre compte que les allergies gagnent du
terrain et que les médias, tous supports confondus, ont pris conscience de ce
phénomène. Ils aident la plupart du temps à transmettre des informations
fiables le plus souvent validées par les médecins allergologues. Des
émissions telles que 100 % mag, Les Maternelles, Combien ça coûte ? ont
consacré des rubriques dévolues à ces sujets. Les chaînes généralistes ou de
la TNT sont de plus en plus sensibilisées aux maladies allergiques. Les
médias permettent également de donner la parole aux patients qui, se
sentant moins seuls, peuvent échanger leur expérience et leur ressenti. Il
faut surtout signaler trois émissions excellentes : le reportage Tous
allergiques, C’est pas sorcier en 2014 et On n’est pas que des cobayes sur
le thème des allergies. Il faut avouer que France 5 diffuse des reportages sur
les allergies de façon assez régulière. Les autres chaînes ne sont pas en reste
mais le sujet est alors dilué dans une émission à vocation scientifique. Arte,
en mars 2016, dans son émission Futuremag, a fait un très bon résumé de
l’allergie à l’arachide. N’oublions pas lors d’une émission de Laurent
Ruquier, On a tout essayé, la performance de Florence Foresti. Elle se
présente sous les traits de la bimbo Brigitte, jupe courte, brune au décolleté
plongeant, qui énumère avec beaucoup d’humour certaines allergies.
E – LES CÉLÉBRITÉS NE SONT PAS
ÉPARGNÉES…
Tous ces moyens de communication permettent une diffusion plus ou
moins experte d’informations sur les allergies. Ils relayent également les
soucis allergiques de certaines de nos stars. On peut retrouver sur le Web la
trace d’une interview de Mireille Dumas sur le divan de Gérard Miller en
2008. Elle signale à cette occasion être allergique aux chats. En 2009,
l’agent de David Beckham indique que le sportif est asthmatique depuis son
plus jeune âge. Cette précision fait suite à la diffusion d’une photo du
footballeur avec un spray inhalateur à la main, lors d’une finale américaine.
Une autre sportive serait concernée par l’allergie à l’arachide : il s’agit de la
joueuse de tennis Serena Williams. Plusieurs journaux, en 2011, font état
d’une hospitalisation de Justin Bieber. Celle-ci semble liée à une gêne
respiratoire d’origine allergique, à la fin d’un tournage de la série Les
Experts où il fait une apparition. Le chanteur Liam Gallagher, en 2013,
présente une réaction faisant évoquer un œdème de Quincke, après
l’ingestion d’une friandise contenant de la cacahuète.
C’est en octobre 2013, lors de la nouvelle émission d’Alessandra Sublet
sur France 5, Fais-moi une place, que Carole Bouquet signale présenter une
allergie alimentaire. Elle refuse, avec raison, de manger un plat surprise à
base de pâtes et d’oursins. Elle dit alors avec humour : « Je suis allergique,
je fais un œdème de Quincke, je gonfle, je gonfle, c’est amusant pour la
caméra, c’est distrayant mais c’est très dangereux. » En 2014, elle est
d’ailleurs hospitalisée pendant un repas au Festival de Cannes, suite à une
réaction après l’ingestion de plats comportant du poisson. Pierre Sang,
finaliste de Top Chef en 2011, témoigne lors de la campagne « Allergie,
j’agis » de l’association Asthme & Allergies en 2014. Il explique qu’il a
présenté un œdème de Quincke lors de son mariage et que la cause en était
l’ingestion de noix du Brésil. Cette allergie a été mise en évidence après un
diagnostic allergologique poussé.
L’actrice Pauley Perrette (Abby dans la série NCIS) fait paraître courant
2014 sur Twitter une photo d’elle le visage boursouflé, après une réaction
allergique suite à l’application d’une teinture capillaire à base de
paraphénylènediamine. Elle met d’ailleurs ses followers en garde contre ce
type de réaction.
De nombreux journaux retranscrivent dans leur hebdo en 2016 l’aventure
vécue par une célèbre blogueuse américaine, Chemese Armstrong.
Allergique connue à la paraphénylènediamine (PPD), elle a utilisé, sur les
conseils de son dermatologue, semble-t-il, une coloration au henné. Et oui
mais voilà… Celui qu’elle a utilisé n’était pas naturel mais additionné de
PPD. Le résultat ne se fait pas attendre : un magnifique œdème du visage
devenu bouffi, dans les heures qui ont suivi l’application. Chemese poste
alors sur son compte Instagram des photos d’elle totalement défigurée et
réalise un clip expliquant sa mésaventure, diffusé sur YouTube. Il est
important à cette occasion de rappeler que la dose d’essai ne doit pas être
réalisée dans la demi-heure qui précède mais quelques jours avant
l’application sur les cheveux… Des marques de teintures sans PPD sont
proposées dans le commerce (passage sur la PPD) et la touche d’essai est
toujours de mise avant l’utilisation…
ANNEXES
BON À SAVOIR
En décembre 2016, l’allergologie devient enfin une spécialité à part
entière.
B – LA PREMIÈRE CONSULTATION
Selon les dernières dispositions prises par le gouvernement, la
consultation chez l’allergologue peut être directe si le patient a moins de
16 ans. Passé cet âge, il est adressé par son médecin traitant avec qui il a
signé son contrat de suivi médical. La première prise de contact entre le
patient et l’allergologue débute par un interrogatoire minutieux, quasi
policier. Il comporte la recherche des antécédents personnels et familiaux
atopiques, le suivi thérapeutique antérieur, l’histoire clinique du ou des
épisodes allergiques motivant la venue. La recherche d’indices pouvant
orienter l’allergologue est effectuée à l’aide de questions : depuis quand ?
Comment ? Avec quoi ? Quel repas ? Combien de temps après le contact
les signes sont-ils apparus ? Celles-ci permettent au médecin de se faire
une première idée sur les investigations à effectuer. Après un examen
clinique ciblé plus particulièrement sur le problème du patient, des tests
adaptés à chaque situation sont programmés. Selon les circonstances,
ils peuvent être effectués lors de la première consultation ou différés en
raison de la présence d’une poussée aiguë, d’une contre-indication relative
ou d’une prise médicamenteuse pouvant gêner la lecture et donc
l’interprétation de ces tests.
Tout détail pouvant paraître insignifiant pour le patient ne l’est pas
forcément pour l’allergologue. Quelques réflexes peuvent donner de
précieuses informations dès la première consultation : 1. Lorsqu’une
éruption d’urticaire ou d’autre nature apparaît : prendre une photo. C’est
désormais très facile par le biais d’un appareil numérique, de son
téléphone portable, etc. Noter également son délai d’apparition par rapport
à une prise médicamenteuse ou un repas dont la composition doit être
connue. Garder l’étiquette des plats préparés.
2. En cas d’eczéma de contact, surtout ne jetez pas les produits utilisés et
suspectés, gardez-les. Ils pourront toujours servir à faire des tests.
C – LES DIFFERENTS TESTS À
DISPOSITION
1 – Les prick tests
Ces tests cutanés explorent les phénomènes liés à l’allergie immédiate
respiratoire ou alimentaire. Ils se pratiquent à l’aide d’extraits
commerciaux distribués par des laboratoires spécialisés (ALK-Abelló et
Stallergenes). Depuis 2009, de nombreux allergènes ont été retirés du
marché à la demande de l’AFSSAPS. Certains d’entre eux pourront, peut-
être, après une nouvelle évaluation être remis en circulation.
La technique est simple, indolore et rapide. On dépose sur l’avant-bras
pour les adultes, dans le dos pour les enfants, des petites gouttes d’extraits
commerciaux de chaque allergène suspecté. Une quantité minime pénètre
légèrement sous la peau, par le biais d’une petite pointe traversant la
goutte. Après une attente d’environ un quart d’heure, apparaît ou non une
réaction positive. Elle se présente sous la forme d’une papule et d’une
rougeur qui démange. L’allergologue, à l’aide d’une règle, mesure leur
diamètre et les compare à un témoin positif (histamine) et un témoin
négatif (sérum physiologique). La réactivité cutanée varie d’un individu à
l’autre, ces tests de référence sont donc indispensables.
La cause la plus fréquente de faux positifs est représentée par le
dermographisme (forme particulière d’urticaire physique). Un simple
frottement déclenche l’apparition d’un œdème local et d’un prurit, alors
une petite piqûre et c’est la papule assurée. La peau est alors trop
susceptible ! Concernant les fausses réactions négatives, elles peuvent être
dues à la prise d’antihistaminiques ou à la présence d’un eczéma atopique
trop marqué, diminuant artificiellement la réactivité cutanée. La lecture
des tests, ensuite reliée à l’histoire clinique, permet ainsi de poser le
diagnostic.
La gradation des réactions
BON À SAVOIR
Contrairement à certaines idées reçues, ces tests en prick peuvent être
effectués très tôt, même chez le nourrisson de moins de 3 mois.
4 jours avant Clarityne, Kestin, Mizollen, Xyzall, Primalan, Réactine, Telfast, Virlix, Zyrtec, Cétirizine
générique, Wystamm
BON À SAVOIR
Mise en garde
La Société Française d’Allergologie, sur son site, pointe du doigt le
problème du dosage sanguin des IgG antialiments. Ces examens au tarif
parfois prohibitif ne sont pas remboursés et totalement inutiles. Ils
peuvent souvent être mal interprétés et aboutir à des régimes d’éviction
totalement infondés.
Source : http://sfa.lesallergies.fr/sfa/mise-en-garde-contre-le-dosage-
des-igg-antialiments
2 – L’allergologie moléculaire
Depuis quelque temps, de nouvelles données sont mises à la disposition
des allergologues. Ce sont les allergènes recombinés. On sait qu’un
allergène naturel est en réalité un mélange de protéines allergisantes.
Certaines qualifiées « d’allergène majeur » se définissent par une
sensibilisation chez plus de 50 % des personnes allergiques à l’allergène
dans sa globalité. Une présence chez moins de 50 % des allergiques,
spécifique des « allergènes mineurs », signifie une sensibilisation faible.
Obtenus par manipulation génétique et utilisés pour des tests sanguins,
les allergènes recombinés retranscrivent exactement et de façon
standardisée chaque protéine allergisante individuellement. Pour l’instant,
ils ne sont disponibles que pour le dosage des IgE spécifiques, pour
chacun d’entre eux. Leur présence permet d’évaluer, surtout pour les
allergènes alimentaires, les risques de choc anaphylactique ou d’allergies
croisées entre différents aliments ou entre pneumallergènes et aliments. Le
diagnostic est plus précis. Ces examens ne doivent pas être demandés à la
légère et nécessitent une interprétation adaptée à la situation. Les
allergologues sont les mieux rompus et formés à cet exercice.
BON À SAVOIR
La prescription des dosages d’IgE spécifiques pour des allergènes
normaux ou pour les recombinants est réglementée. Ne sont
remboursées que les demandes concomitantes de cinq pneumallergènes
et cinq trophallergènes, plus ou moins cinq hyménoptères et le latex.
E – COMPRIMÉS, GOUTTES ET
SPRAYS : LE TRAITEMENT,
CE VRAI SOULAGEMENT
Quoi de plus logique que d’éviter le contact avec les substances
allergisantes responsables de ses ennuis quotidiens ? Cela reste souvent
insuffisant quand les coupables font partie intégrante de l’environnement.
Il faut alors compter sur l’aide des médicaments pour traiter efficacement
les symptômes et sur la désensibilisation (pour les allergies respiratoires).
BON À SAVOIR
Attention, miroir aux alouettes Les corticoïdes injectables, a fortiori
à effet retard, n’ont absolument pas leur place dans le traitement
de la rhinite allergique. Ils peuvent, après plusieurs injections,
déclencher des effets secondaires graves (hypertension artérielle,
insuffisance surrénalienne…). La forme en comprimés, comme la
prednisolone, est réservée à certaines indications, en cure très
courte de quatre jours environ. Quant aux vasoconstricteurs
locaux, ils ne possèdent aucune autorisation de mise sur le marché,
dans l’indication de la rhinite allergique. Ils sont rapidement
efficaces sur la sensation de nez bouché mais leur utilisation ne doit
pas dépasser une semaine. Les effets indésirables pervers, en cas
d’utilisation prolongée, sont loin d’être négligeables : hypertension
artérielle et/ou rhinite médicamenteuse. Les antidégranulants
mastocytaires, tels que le cromoglycate disodique, seraient moins
efficaces que les anti h1.
BON À SAVOIR
Attention
Il n’y a aucune preuve scientifique de l’efficacité des œufs de caille,
soi-disant bénéfiques, sur la maladie asthmatique n’a été apportée. Ils
ont plutôt leur place dans une assiette (si vous n’êtes pas allergique à
l’œuf), plutôt que dans l’armoire à pharmacie !
Les soi-disant traitements miracle à base d’écailles de tortue proposés
durant des années étaient en réalité plutôt des « corticoïdes retard »
cachés sous une appellation exotique. Des effets secondaires liés aux
molécules contenues ont été répertoriés.
3 – La désensibilisation
La désensibilisation, ou immunothérapie spécifique, représente le
troisième volet de la prise en charge des allergies respiratoires (éviter le
contact, traiter, désensibiliser). Pour certains, elle représente le mot
magique, la solution ultime à leurs problèmes. Pour d’autres, elle n’a pas
lieu d’être et c’est bien dommage. Quasiment centenaire, cette méthode de
traitement a su évoluer et s’adapter avec le temps. Elle peut s’administrer
de différentes façons, sous la forme injectable ou sublinguale en gouttes.
La forme en comprimés à faire fondre sous la langue est réservée pour
l’instant à l’allergie aux pollens de graminées.
Pour les acariens, la désensibilisation se prend tout au long de l’année,
quotidiennement par voie sublinguale ou de façon hebdomadaire puis
mensuelle, par injection sous-cutanée (toujours au cabinet du médecin)
durant quatre ans. En l’absence d’amélioration des symptômes, son
indication est réévaluée surtout si le patient est multiallergique. La forme
en comprimés (Grazax, Oralair) réservée aux allergies aux graminées est
prescrite sur ordonnance, le produit étant disponible en officine de ville.
Une obligation : le premier comprimé doit toujours être administré au
cabinet de l’allergologue avec une surveillance de 30 minutes. Ce
traitement doit être débuté en février de l’année pollinique en cours et
stoppé dès que la pollinisation est finie.
Il est stipulé sur les protocoles de désensibilisation par voie sublinguale
en gouttes qu’il n’est plus nécessaire d’être à jeun. Il faut cependant ne pas
boire ou manger dans les cinq à dix minutes qui suivent. La notion de
garder le produit sous la langue durant deux minutes est importante.
Certains extraits allergéniques (animaux par exemple) sont moins
performants que d’autres (acariens, pollens) et il faut également en tenir
compte. En cas d’asthme avéré, la désensibilisation est indiquée
uniquement s’il est stabilisé et avec un volume expiratoire maximum
seconde supérieur à 70 ou 80 % de la théorique contrôlée par les EFR. La
méthode d’immunothérapie consacrée aux venins d’hyménoptères est
toujours débutée en milieu hospitalier avec un protocole dit accéléré. La
progression des doses et concentrations est réalisée rapidement, sous
surveillance dans un service spécialisé.
Ne pas oublier…
Hormis le « graissage de la peau » et le choix adéquat de produits
d’hygiène corporelle, certains irritants sont à éviter : 1. Il s’agit des
adoucissants textiles contenus dans les lessives. Celles-ci sont choisies
sans parfum ou sans formule 2 en 1 où l’adoucissant est inclus.
2. Le port d’un vêtement neuf est toujours précédé d’un lavage, pour
éviter l’effet irritatif des apprêts dont il est souvent imprégné.
3. Les T-shirts et les sous-vêtements sont de préférence en coton, la
matière synthétique favorisant le frottement et l’irritation.
4. Les étiquettes des vêtements sont retirées puisqu’elles sont à
l’origine de démangeaisons et de sensations d’inconfort
supplémentaires.
5. Les pulls en laine à même la peau sont fortement déconseillés,
puisque la laine est irritante.
6. Une pommade s’applique sur les lésions cutanées sèches
Pour les hommes, une peau du visage sensible et irritable est loin d’être
améliorée par le rasage. Certains conseils sont à appliquer, comme ne pas
se raser quotidiennement, préférer un savon hypoallergénique à une
mousse à raser classique… L’utilisation du rasoir électrique est discutable
d’un sujet à l’autre. Surtout, ne pas appliquer de lotion après-rasage qui
pourra augmenter le « feu du rasoir » et augmenter le risque d’eczéma de
contact surajouté. La peau de l’atopique est plus ou moins sensible à
différentes infections, en particulier au staphylocoque doré, à l’origine de
poussées aiguës. Le dermatologue est amené à vous proposer des séances
de puvathérapie. Reste la prescription, dans certaines indications bien
précises, de crèmes immunosuppressives telles que le tacrolimus, sur
ordonnance uniquement du dermatologue ou du pédiatre. Pour les
shampoings, beaucoup d’entre eux sont parfumés. Il faut plutôt s’orienter
vers ceux qui contiennent des parfums hypoallergéniques (Kerium,
Nodé…). Leur gamme est suffisamment large pour que chacun y trouve
son bonheur. La marque Ducray propose un shampoing sans parfum dans
ses produits Sensinol.
5 – Ça me gratouille, ça me chatouille
« Tous les jours, je prends un antihistaminique pour mon urticaire. »
Cette famille thérapeutique utilisée depuis 1937 voit le nombre de ses
molécules disponibles augmenter. Parallèlement, les effets secondaires
anticholinergiques (sécheresse de bouche, troubles urinaires, etc.) et
sédatifs sont moins présents. On distingue, en effet, les antihistaminiques
de première génération, dont la somnolence est souvent un effet
indésirable, et ceux de deuxième génération, beaucoup plus récents et
mieux tolérés : Aerius, Bilaska, Inorial, Wystamm, Xyzall… Leurs
indications sont multiples : l’urticaire aiguë ou chronique en fait partie.
Les posologies peuvent parfois être triplées ou quadruplées selon la
prescription médicale. La cortisone n’a aucune indication, normalement,
dans le traitement de l’urticaire. En dehors des antihistaminiques, la prise
en charge de l’urticaire repose sur l’éviction du facteur déclenchant
(allergique, stress, histamino-libération non spécifique, etc.).
CONCLUSION
Pour conclure cet ouvrage, je voudrais vous faire part de ma certitude
absolue de ne pas m’être trompée de voie en choisissant l’allergologie.
Heureusement, d’ailleurs car les études médicales sont un peu longues !
Pourquoi cette orientation ? Peut-être parce que j’adore les romans
policiers et trouver le coupable est un challenge si intéressant. Est-ce parce
que dans ma famille, je suis la seule à ne pas être allergique ; une façon
supplémentaire d’être proche d’eux ? Est-ce tout simplement parce
qu’améliorer la vie des patients est aussi très gratifiant médicalement et
humainement ? Toujours est-il que, si j’ai été tentée par d’autres
spécialités, c’est vers celle-ci que je me suis tournée. Il me manquait
cependant un petit quelque chose. La possibilité de transmettre ce que je
sais au plus grand nombre, parce qu’à plusieurs, on arrive à mieux juguler
ce fléau que sont les allergies. Le diplôme de journalisme médical en
poche m’a offert cette ouverture vers mes confrères et le grand public,
pour mon plus grand plaisir. J’entends trop de « on m’a dit que… »
pendant les consultations, avec des affirmations souvent erronées, glanées
sur des forums, dans la famille ou chez des amis qui se veulent à la base
bienveillants. Alors, transmettre les bons codes qui aident à la
compréhension des allergies devient indispensable. Il est vrai que, lorsque
l’on explique un phénomène allergique, de nombreux éléments rentrent en
compte, la chronologie, les facteurs déclenchants, le terrain prédisposé…
Mais justement, c’est cela qui rend très vivante et intéressante l’activité
que j’ai choisie. Il suffit parfois de presque rien pour améliorer la vie de
l’allergique. Nous rentrons dans l’intimité de sa vie quotidienne. Le patient
ne peut être qu’un des principaux acteurs de sa propre guérison ou
amélioration clinique. À nous de lui en donner les clés et les moyens, de
l’accompagner. La désensibilisation, plus que centenaire, a encore de
beaux jours devant elle. Elle sait rester jeune, dynamique et bénéfique sous
ses différentes formes disponibles, sublinguale ou injectable.
Pendant de nombreuses années, il a fallu expliquer pourquoi il y avait si
peu d’allergologues en France, alors que la fréquence des allergies ne
cesse de croître. Je me comparais alors à un dinosaure en voie de
disparition. Un événement très important a eu lieu en décembre 2016. Un
grand pas en effet : l’allergologie a été enfin reconnue comme une
spécialité. Une chance inouïe, un grand merci au SYFAL, à la FFAL
(Fédération Française d’Allergologie) et aux instances qui se sont battues
pour ce résultat positif, attendu depuis si longtemps. Il y aura encore des
allergologues dans les années à venir et ce n’est pas rien. Les méthodes de
diagnostic et thérapeutiques ne cessent de progresser pour le bien-être des
patients. N’oublions pas que celui-ci passe aussi par une collaboration
étroite avec d’autres spécialistes d’organes et les médecins de terrain que
sont les généralistes. Ce livre, je l’ai voulu un peu différent, pour
démontrer la richesse de cette spécialité, pas uniquement par le biais d’une
prise en charge très didactique. Je pourrais presque dire « l’allergologie,
c’est la vie » : cela peut paraître présomptueux mais combien de personnes
voient leur quotidien amélioré après un bilan et des mesures adaptées à
leur pathologie. Imaginez,
il y a une quinzaine d’années, rendre tolérants à certains aliments des
enfants qui auparavant y réagissaient, n’était pas concevable pour le
médecin libéral que j’étais. L’avancée de l’étiquetage grâce à l’AFPRAL,
l’allergologie moléculaire, l’action de l’assocation asthme & allergies,
quel dynamisme ces dernières années ! Nous avons intérêt à mener cette
guerre sans merci aux côtés des allergiques. Dans quelques décennies, 50
% d’entre nous le seront. Alors, haro sur les allergènes.
Je tiens à remercier ma première lectrice et par là même, correctrice
Christiane Capus. Elle a dû parfois me remettre dans le droit chemin du
langage moins médicalisé et me poser des questions judicieuses sur
certains sujets. Sophie Crimon, plus rompue au vocabulaire médical du
fait de sa profession, a complété la relecture. Je suis vraiment ravie
qu’Anaïs Fabre, vue entre autres dans la série Vestiaires diffusée sur
France 2 et dans le film Lola Pater (août 2017), ait accepté de préfacer cet
ouvrage. J’ai eu énormément de plaisir à écrire ce livre et j’espère vous
l’avoir fait partager. J’ai une pensée toute particulière pour mes maîtres,
les Pr F. Leynadier et Pr D.-A. Moneret-Vautrin. Pour finir, je voudrais
saluer tous les patients qui sont à l’origine des cas décrits tout au long des
chapitres. Je précise que les prénoms ont été modifiés. Un clin d’œil à la
mère d’une de mes jeunes patientes qui, un jour, m’a fait sourire en
consultation. Pour protéger sa fille du tabagisme passif, elle fume sa
cigarette le visage dans la cheminée. À chaque fois que nous nous voyons,
je l’imagine telle une mère Noël, la tête dans le conduit d’évacuation de la
fumée et nous en rions, toutes les trois. Je vous rassure depuis elle a
arrêté… pas la cigarette, mais la cheminée.
INDEX
A
Acariens 22, 24, 25, 26, 27, 28, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 82, 89, 90,
156, 157, 177, 179, 227, 244, 263, 281, 285, 289, 296, 333, 334
Acné 14, 242
Additifs alimentaires 154
Alcool 74, 75, 80, 213
Animaux de ferme 74
Animaux domestiques 74, 75, 80, 213
Animaux mparins 50, 237
Arachide 54, 120, 121, 122, 127, 153, 157, 160, 161, 162, 165, 166, 173,
174, 175, 181, 182, 183, 200, 201, 232, 248, 249, 250, 301, 302, 303,
306, 309, 313, 326, 335
Arbres et plantes 54, 120, 121, 122, 127, 153, 157, 160, 161, 162, 165,
166, 173, 174, 175, 181, 182, 183, 200, 201, 232, 248, 249, 250, 301,
302, 303, 306, 309, 313, 326, 335
Aromathérapie 54, 83, 120, 121, 122, 127, 153, 157, 160, 161, 162, 165,
166, 173, 174, 175, 181, 182, 183, 200, 201, 211, 232, 248, 249, 250,
301, 302, 303, 306, 309, 313, 326, 335
Asthme 16, 18, 21, 24, 27, 33, 36, 38, 41, 46, 47, 48, 49, 50, 54, 55, 56,
57, 63, 64, 66, 67, 78, 80, 85, 86, 87, 94, 95, 103, 105, 109, 112, 114,
115, 120, 121, 122, 127, 131, 136, 142, 144, 146, 147, 150, 152, 153,
154, 155, 157, 160, 161, 162, 165, 166, 173, 174, 175, 176, 177, 181,
182, 183, 184, 200, 201, 203, 216, 227, 229, 231, 232, 238, 239, 248,
249, 250, 258, 259, 260, 270, 277, 278, 279, 280, 281, 282, 284, 292,
296, 301, 302, 303, 306, 309, 313, 325, 326, 327, 330, 331, 334, 335
B
Bière 54, 93, 120, 121, 122, 127, 142, 143, 153, 157, 160, 161, 162, 165,
166, 173, 174, 175, 181, 182, 183, 200, 201, 232, 248, 249, 250, 301,
302, 303, 306, 309, 313, 326, 335
Bijoux 54, 120, 121, 122, 127, 153, 157, 160, 161, 162, 165, 166, 173,
174, 175, 181, 182, 183, 199, 200, 201, 225, 226, 230, 231, 232, 248,
249, 250, 268, 274, 301, 302, 303, 306, 309, 313, 326, 335
Bio 54, 120, 121, 122, 125, 126, 127, 144, 147, 153, 157, 160, 161, 162,
165, 166, 173, 174, 175, 181, 182, 183, 200, 201, 220, 221, 232, 248,
249, 250, 301, 302, 303, 306, 309, 313, 326, 335
Bouffées de chaleur 54, 99, 120, 121, 122, 127, 135, 153, 155, 157, 160,
161, 162, 165, 166, 173, 174, 175, 181, 182, 183, 200, 201, 232, 248,
249, 250, 301, 302, 303, 306, 309, 313, 326, 335
Brûlures 240, 242
C
Café 130, 143, 144, 222
Cannabis 58, 76, 77, 78, 79
champignons 55, 61, 124, 126, 202
Charcuterie 36
Choc anaphylactique 18, 35, 36, 48, 49, 50, 78, 79, 94, 95, 103, 104, 105,
106, 107, 108, 109, 110, 112, 116, 121, 124, 131, 134, 137, 143, 144,
146, 147, 152, 153, 155, 163, 169, 170, 177, 178, 182, 185, 186, 188,
227, 232, 233, 234, 235, 239, 250, 251, 290, 295, 302, 303, 305, 308,
309, 327, 328
Cigarette 70, 71, 72, 73, 75, 234, 240, 268, 269, 311, 312, 331, 342
Cigarette électronique 75, 268, 269
Composés organiques volatils 15, 72, 83, 86
Conjonctivite 18, 27, 38, 48, 55, 56, 60, 78, 85, 144, 153, 230, 239, 291
Conservateurs 155, 199, 201, 202, 205, 211, 221, 323
Cosmétiques 15, 16, 17, 18, 111, 145, 148, 150, 182, 193, 194, 195, 196,
199, 200, 201, 202, 203, 204, 206, 211, 214, 218, 219, 220, 221, 299
D
Démangeaisons 94, 108, 122, 129, 136, 150, 181, 183, 188, 190, 221,
237, 239, 246, 256, 264, 330, 334, 337
Diarrhée 18, 95, 97, 99, 101, 104, 105, 121, 134, 135
E
Eczéma 15, 16, 18, 27, 38, 47, 48, 79, 82, 84, 100, 101, 104, 105, 106,
114, 121, 144, 147, 148, 150, 153, 155, 181, 191, 196, 197, 199, 201,
202, 205, 213, 216, 217, 219, 222, 223, 225, 226, 230, 231, 241, 243,
264, 267, 268, 269, 270, 273, 275, 276, 287, 296, 318, 319, 323, 334,
335, 336, 338
Encens 83, 210
Épices 93, 149, 150, 151, 152, 157, 164, 166
F
Farine 24, 35, 36, 143, 152, 177, 179, 281
Formol 80, 205, 216
Fruits 54, 55, 64, 122, 123, 124, 125, 126, 127, 128, 130, 157, 158, 159,
161, 177, 181, 182, 231, 232, 249, 250, 255, 256
Fruits à coque 124, 126, 127, 128, 130, 157, 161, 232, 249, 250
G
Gluten 96, 97, 140, 161, 297, 298
Gonflement 78, 94, 120, 129, 179, 181, 182, 188, 190, 307
H
Histamine 33, 34, 76, 82, 92, 95, 99, 100, 105, 135, 150, 211, 212, 296,
319, 335
Huiles essentielles 33, 34, 76, 82, 150, 211, 212, 296, 335
I
Insectes 263
Intolérances alimentaires 95
L
Latex 18, 78, 85, 107, 144, 157, 183, 184, 185, 186, 188, 204, 232, 253,
280, 282, 283, 301, 308, 329
Légumineuse 249
M
Maux de tête 97, 99, 135, 141, 155, 242
Médicaments 18, 21, 79, 90, 142, 170, 172, 182, 210, 215, 242, 250, 252,
253, 256, 257, 262, 269, 283, 285, 289, 297, 299, 321, 329
Métaux 72, 226, 266, 268, 269, 271, 274
Miel 144, 145, 146, 148
Moisissures 23, 24, 34, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 80, 85, 89, 155, 260, 281
Moutarde 142, 152, 153, 155, 157, 158, 161
N
Nausées 99, 160, 188
Nouvelles technologies 264, 265, 266, 267
O
Œdème 248
Œuf 168, 249
Oiseau 49, 114, 138
P
Pécaris 52
Peinture 83, 204, 237, 276
Piercings 225
Poacées 56, 212
Poils 24, 37, 38, 39, 42, 44, 45, 46, 47, 49, 51, 124, 287, 291
Poisson 49, 92, 130, 131, 132, 133, 134, 135, 136, 140, 158, 159, 161,
162, 169, 177, 181, 182, 200, 250, 251, 314
Pollen 52, 56, 123, 145, 147, 230
Pollution 21, 27, 28, 79, 82, 84, 89, 229, 247, 331
Produits laitiers 103
Produits ménagers 203
R
Rhinite 18, 21, 22, 27, 33, 38, 47, 48, 49, 55, 63, 85, 103, 121, 144, 150,
152, 155, 216, 225, 277, 279, 282, 330, 331
Rongeurs 37, 46
S
Soja 93, 110, 157, 161, 162, 200, 303
Soleil 23, 26, 59, 196, 206, 216, 221, 240, 241, 242, 243, 245, 253
Sperme 187, 188, 189, 190
Sport 244, 255, 257, 258, 262, 263, 264, 265, 323
Stupéfiants 77, 78, 149
T
Tabac 70, 71, 73, 74, 75, 76, 77, 78, 80, 83, 229, 268, 311, 312
Tatouage temporaire 219, 220, 223
Thé 78, 143, 144, 213
Toux 17, 61, 62, 87, 95, 153, 239, 259, 284, 305
U
Urticaire 35, 36, 38, 44, 48, 50, 78, 92, 94, 95, 103, 105, 106, 108, 109,
112, 114, 121, 135, 142, 143, 144, 146, 150, 152, 153, 154, 155, 160,
179, 181, 182, 184, 185, 188, 190, 195, 196, 205, 216, 225, 231, 233,
239, 242, 243, 245, 246, 248, 251, 256, 263, 264, 278, 305, 308, 318,
319, 338
V
Vaccin 115, 116, 117, 120, 251
Viande 43, 105, 120, 137, 138, 139, 158, 159, 177
Vin 78, 120, 134, 140, 141, 142, 155, 162
[Achevé]
ISBN numérique : 978 2 36075 544 8
Dépôt légal : à parution