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DOCTEUR CATHERINE QUÉQUET

1001
allergies
& intolérances
Direction éditoriale : Stéphane Chabenat
Suivi éditorial : Pauline Labbé / Alix Heckendorn (pour l'édition
électronique)
Conception graphique et mise en pages : Pinkart
Conception couverture : MaGwen
Les Éditions de l’Opportun
16, rue Dupetit-Thouars
75003 Paris
www.editionsopportun.com
DÉDICACES
Joseph, homme tendre et délicieux, au vert regard si malicieux, j’aurais
tellement aimé que tu sois encore là, que tu puisses voir, entre autres, ce
livre avant ton départ vers d’autres cieux.
Nathalie Szapiro, mon amie, tu m’as insufflé le virus de l’écriture, sois-en
éternellement remerciée.
Sophie Crimon, faire des reportages FR3 avec toi est un réel bonheur, à
chaque fois renouvelé.
Véronique Olivier, toujours un vrai plaisir de travailler avec toi pour le
journal Oasis et l’association AFPRAL.
Un grand merci à l’actrice Anaïs Fabre pour sa jolie préface.
Emmanuelle, mon amie d’enfance.
Nicole, une amitié sans faille même si nous ne nous voyons que trop
rarement.
Pour mon soleil du Sud, Christiane, tes mots apaisants, ta relecture et tes
commentaires pleins d’humour, sans parler de ton délicieux nougat maison.
André, depuis 1980, tu es et seras toujours pour moi Jimmy.
Jean-Jacques (JJSB) l’infatigable globe-trotter.
François, merci pour ton info sur la « gratte ».
Guy, comme un frère, quel chemin parcouru depuis le P1.
Lo. E.
Peggy… D’une aide si précieuse.
Merci au docteur Martignac, vétérinaire à Maisons-Alfort pour nos
échanges et votre avis spécialisé sur la rubrique de l’allergie chez les
animaux.
Emmanuel de Viel, de Le Quotidien du Médecin, soyez remercié pour
votre confiance durant toutes ces années.
Un grand merci à Stéphane Chabenat des Éditions de l’Opportun et à son
équipe qui ont permis la concrétisation de ce livre.
Rosita, tu t’es engagée dans la découverte de l’allergologie sans lâcher ton
activité. Tu sais combien j’admire ton courage.
Jessyca Falour : le début de l’aventure du site La santé surtout et votre
découverte de nos délicieux macarons.
Et tous les autres proches à qui je pense souvent.
Clin d’œil à Plume, mon greffier préféré, saucisse à pattes aimant se
greffer sur le clavier pour m’encourager.
Parce qu’un fond musical m’est toujours indispensable pour la rédaction :
Selah Sue, Adèle, Imany, Nina Simone, Aretha Franklin, Inna Modja, Julien
Doré, Coldplay, Maroon 5, Justin Timberlake, Earth, Wind and Fire, Bruno
Mars, Honne, The Avener, Alicia Keys, Rag’n’Bone Man.
SOMMAIRE

PRÉFACE
INTRODUCTION
AVANT-PROPOS
CHAPITRE I – ALLERGIES ET
ENVIRONNEMENT
A – Qui sont les coupables ?
1 – Sacrés acariens
2 – Nos amies les bêtes
3 – Autant en emporte le vent
4 – Ces drôles de champignons
5 – J’ai le cafard
B – La pollution intérieure : un facteur favorisant
1 – Cigarettes : des volutes assassines
2 – Le cannabis : de possibles allergies
3 – Les COV, ça pue…
4 – Les plantes d’intérieur : bonne ou mauvaise idée ?
5 – Comment aménager son intérieur ?

CHAPITRE II – L’ALLERGIE AU MENU


A – Utiliser les termes adéquats
1 – Véritable ou fausse allergie
2 – Les intolérances alimentaires
B – Les coupables
1 – Au lait, aux laits
2 – Va te faire cuire un œuf
3 – Lara Chid
4 – Et si Adam était allergique aux pommes
5 – Akènes, drupes et gousses
6 – Quand c’est le poisson qui s’y colle
7 – Alerte chez les carnivores
C – Les plaisirs du palais
1 – Se désaltérer en toute tranquillité
2 – Miel, pelote et gelée royale
3 – Saveurs épicées et condiments
4 – Les additifs alimentaires, le petit plus de trop
D – Gérer l’allergie alimentaire
1 – Connaître les allergies croisées
2 – Des conseils à respecter
E – Vous reprendrez bien un petit ver ?

CHAPITRE III – ALLERGIE, AMOUR ET


CONSÉQUENCES
A – Allergique à ses baisers
B – Quand le préservatif vous gratouille
C – Allergique à son homme
D – Liaison dangereuse : sperme et noix du brésil
E – Eczéma atopique, fonction érectile et films humoristiques :
quel rapport ?

CHAPITRE IV – LA BEAUTÉ SOUS HAUTE


SURVEILLANCE
A – Cosmétiques : allergie et esthétique
1 – Qu’est-ce qu’un cosmétique ?
2 – Attention au résultat
3 – Qui sont les coupables ?
B – La cosmétovigilance
C – Le tatouage… pas si éphémère
D – Le piercing et les bijoux fantaisie
1 – Le piercing
2 – La pacotille

CHAPITRE V – HORIZONS LOINTAINS


A – Les pollens sous toutes les latitudes
B – Les anacardiacées, ces drôles de végétaux
C – Les sales bêtes
1 – Ça vole, ça pique, ça mord
2 – Habitants des océans et rivières
D – 1, 2, 3, soleil
1 – Les lucites
2 – Les photodermatoses
E – Un asthme qui bascule
F – Au bord de l’eau
1 – L’urticaire au froid
2 – Autres dermatoses
G – Les allergies alimentaires en voyage
H – La trousse à pharmacie à emporter

CHAPITRE VI – LOISIRS ET ALLERGIES


A – Anaphylaxie induite par l’effort
B – Asthme et activités physiques
1 – Chez les athlètes
2 – Un effort chez l’asthmatique
3 – Et l’équitation ?
4 – La plongée sous-marine
C – Le sport dans la peau
1 – L’urticaire cholinergique
2 – L’eczéma
D – Allergies et nouvelles technologies
1 – L’ordinateur
2 – Le téléphone portable
3 – La cigarette électronique
4 – Casques et bracelets connectés

CHAPITRE VII – ALLERGIES AU TRAVAIL


A – L’eczéma de contact professionnel
1 – Aéroporté, manuporté ou par contact direct
2 – Des aspects cliniques variés
3 – Des facteurs favorisants
4 – Comment le prouver ?
5 – Les principaux coupables
B – Qu’est-ce qu’un asthme professionnel ?
1 – Comment le reconnaître ?
2 – Faire le diagnostic
3 – Quels sont les produits incriminés ?
C – La déclaration de maladie professionnelle

CHAPITRE VIII – ALLERGIES : CHEZ LES


ANIMAUX AUSSI
A – Chat qui tousse
1 – Les symptômes
2 – Les tests cutanés
3 – Comment traiter ?
B – Mon cador… ça te démange
1 – Le facteur dʼhérédité
2 – Il se gratte
3 – Les IDR
4 – Améliorer l’état de l’animal
C – L’allergie alimentaire du chat et du chien
1 – Pour le matou
2 – Chez le toutou
3 – Un régime adapté
D – La pousse du cheval
1 – Il s’essouffle
2 – Comment faire ?

CHAPITRE IX – L’ALLERGIE FAIT SON


CINÉMA
A – Sur le web
B – La pub
C – Sur le petit et le grand écran
D – Journaux et radios
E – Les célébrités ne sont pas épargnées

ANNEXES
A – Qu’est-ce qu’un allergologue ?
B – La première consultation
C – Les differents tests à disposition
1 – Les prick tests
2 – Les intradermoréactions (IDR)
3 – Les patch tests ou tests épicutanés
4 – Les épreuves fonctionnelles respiratoires
5 – Le test de provocation par voie orale
D – Les examens sanguins
1 – Les IgE spécifiques classiques
2 – L’allergologie moléculaire
E – Comprimés, gouttes et sprays :
le traitement, ce vrai soulagement
1 – Fini, le nez rouge qui coule
2 – Être essoufflé(e) n’est pas jouer
3 – La désensibilisation
4 – Vade retro, eczéma
5 – Ça me gratouille, ça me chatouille

CONCLUSION
INDEX
PRÉFACE
Un des premiers soirs de Noël passé chez mes beaux-parents, on parle de
tout, on rit, on apprend à se connaître, on essaie de savoir si lʼon va bien
sʼentendre, qui lʼon est, ce qui nous caractérise, ce qui nous constitue. Et
puis, au détour dʼune bouchée de nougat (mon dieu, ce nougat…), on en
vient à parler alimentation, le sel de la vie (du moins de la mienne) et de fil
en aiguille, mais somme toute très rapidement, nous en arrivons aux
intolérances, puis aux allergies ! Si le sujet des allergies arrive sur la table,
un soir de Noël, me dis-je après coup, ce doit être un sujet fichtrement
important, non ?
Alors évidemment, quand Christiane ma belle-mère mʼa parlé de ce livre,
elle a tout de suite suscité mon intérêt. Bien sûr que mon cas est loin dʼêtre
le pire, je fais partie de ce grand nombre de personnes qui souffrent sans
souffrir des allergies. Mais mince ! Moi qui déteste, de manière générale
tout ce qui mʼempêche, mʼentrave, me gêne (oui, je suis une femme,
française de surcroît) pourquoi donc, depuis toujours, je me laisse subir ces
petites crises sans leur tendre lʼoreille ?
Pourquoi, moi, insoumise et bagarreuse, je continue à mʼautopersuader que
cʼest comme ça et lʼon ne peut rien y faire ? J’aurai toujours lʼair dʼune
grenouille après une nuit à la campagne, j’aurai toujours cette sensation de
fin de grippe en présence du chat de ma copine Caro et un retour dʼacné
infantile lorsque jʼoublie de me démaquiller.
Je nʼai pas encore eu le plaisir de rencontrer Catherine Quéquet en chair et
en os, et pourtant son livre mʼa parlé directement et simplement, sans se
camoufler sous des habits de science, sans me prendre de haut et, qui plus
est, avec beaucoup dʼhumour.
Ce livre nous parle de nous, de notre quotidien, de nos habitudes, met des
mots sur ces petits maux que lʼon peut parfois négliger mais qui nous
polluent insidieusement pour certains et plus lourdement pour dʼautres.
Confiez votre cas à lʼinspecteur Catherine, ça va vous faire du bien. Bonne
lecture et bonne enquête !

Anaïs Fabre
Comédienne
INTRODUCTION
Être allergologue, c’est avoir une âme d’enquêteur. Cela tombe bien,
j’adore les romans policiers. Il faut se rapprocher au mieux de la vie du
patient pour identifier les substances suspectes. Lorsque les symptômes
apparaissent, la solution la plus adéquate pour cibler le ou les responsables
reste le bilan allergologique. Il permet de mettre en place un traitement
adapté et les mesures de prévention. Cela reste, bien sûr, le schéma de base.
C’est en effet sans compter sur les allergènes subrepticement distillés dans
notre environnement, là où on ne les attend pas. Par exemple, les protéines
de lait, vous pensez ne les trouver que dans votre bol le matin ou dans le
biberon de votre enfant. Comment imaginer que, désormais, ces mêmes
protéines sont présentes dans certains tissus confectionnant sous-vêtements,
matelas ou couches-culottes de vos bébés. Les protéines de blé,
habituellement présentes dans notre alimentation, peuvent squatter certains
cosmétiques. Quant à pouvoir énumérer tous les produits appelés «
composés organiques volatils » polluant notre logement, la liste est très
longue !
Depuis quelques années, de nombreux changements sont observés dans
l’aide au diagnostic et l’accompagnement de l’allergique : la mise en place
d’une « induction de tolérance » pour certains allergènes alimentaires, la
réévaluation des principes de base de la diversification alimentaire, la
meilleure compréhension de l’eczéma atopique, le développement de
l’éducation thérapeutique, la rédaction de nouveaux textes concernant
l’étiquetage des denrées, des cosmétiques, des polluants de l’air intérieur…
Les conseils d’éviction et de prévention font toujours partie intégrante du
traitement allergologique. Mais comment s’y retrouver devant cette
abondance de renseignements collectés la plupart du temps sur le Web ? De
nombreux allergiques, en toute bonne foi, achètent ce qu’ils pensent être le
mieux pour eux et leurs enfants. Ils se font souvent berner par des accroches
publicitaires abusives, surfant sur des vides législatifs. Des solutions
raisonnables peuvent être proposées. Il est inutile de dépenser des sommes
importantes pour des produits qui n’ont pas fait preuve de leur efficacité.
Les allergologues sont tout à fait qualifiés pour dénouer le vrai du faux
parmi les idées reçues et les questions que se posent un grand nombre de
Français. Cet ouvrage ne se substitue aucunement à la consultation
médicale. Il constitue en revanche une aide précieuse répondant à de
nombreuses interrogations posées quotidiennement en consultation sur la
prévention des allergies.
Peut-on imaginer que nos amies les bêtes soient, elles aussi, victimes de
crises d’asthme, d’allergies alimentaires ou d’eczéma ? Un chapitre leur est
exceptionnellement consacré et vous serez étonnés. Cette idée m’a été
soufflée par mon amie le docteur Nathalie Szapiro, médecin et journaliste.
Les maîtres trouveront des solutions pour soulager leurs compagnons à
quatre pattes grâce à une étroite collaboration avec le docteur Martignac,
vétérinaire à Maisons-Alfort.
Mon intérêt pour les moyens de communication m’a également incitée à
me pencher sur l’image de l’allergologie et des allergies dans les médias.
En espérant que ce petit voyage au milieu des réseaux sociaux et autres
liens réels ou virtuels vous sera agréable. Tous les cas cliniques cités dans
cet ouvrage sont tirés de mon expérience professionnelle ou d’articles
médicaux publiés (références citées).
AVANT-PROPOS
Qui n’a pas, au moins une fois dans sa vie, éternué, eu des rhumes trop
fréquents, des boutons qui démangent ou des plaques rouges, une toux, etc.
Ce nez qui ne cesse de couler, ces yeux qui grattent. Et pourquoi ne pas
penser à une allergie ? Celle-ci se définit comme une réaction exagérée de
l’organisme vis-à-vis de substances ou d’objets rencontrés dans la vie
quotidienne. Mais comment savoir ? Tout d’abord se poser les bonnes
questions. Est-ce toujours au même endroit, en vacances, chez moi ou au
travail, lorsque je caresse mon animal, quand je tonds la pelouse ? Ne
serait-ce pas à une époque identique chaque année ? Ou lorsque le même
cosmétique est appliqué régulièrement sur la peau ? Penser que ce n’est que
le changement d’un produit serait une erreur. C’est au fur et à mesure du
contact que l’allergie s’installe insidieusement, sans que vous ne vous en
rendiez compte. Pendant des années, vous utilisez cette crème de jour, vos
ongles sont peints avec tel vernis sans aucun problème, puis des plaques
rouges apparaissent sur le visage. Attention, une petite alarme doit se
déclencher dans votre esprit : et si c’étaient vos produits cosmétiques ?
Surtout ne les jetez pas et mettez-les de côté en prévision d’un bilan chez
l’allergologue. Prenez-vous en photo. Même si vous n’êtes pas forcément à
votre avantage ce jour-là, ce sera toujours utile au médecin.
Une gêne respiratoire, des poumons qui sifflent, une toux en riant ou en
courant ? Vous êtes essoufflé(e) ? Les bronches souffrent un peu et
s’enflamment, surtout si vous fumez ? Le tabac n’a jamais rien arrangé.
C’est peut-être un asthme débutant : allez consulter et votre vie en sera
changée. Cela fait trois fois qu’en mangeant des crevettes vous gonflez ? La
cacahuète, plus question d’en manger sans que surviennent des boutons
rouges ressemblant à des piqûres d’ortie ? Votre bébé ne supporte pas le lait,
il vomit, a la diarrhée et maigrit ? Cela ressemble bien à une allergie
alimentaire retardée aux protéines de lait de vache, souvent méconnue.
Remettons-nous en mémoire quelques éléments de base.
Le terme allergie se décline plutôt au pluriel. Penser en effet qu’il n’y en a
qu’une serait trop facile. L’organisme est une superbe machine qui nous
réserve de drôles de surprises, en particulier dans les différents mécanismes
immunologiques mis en place. Je vais vous en résumer les deux principaux,
pour une meilleure compréhension de l’ouvrage. Souvent, quand on parle
d’allergie, on pense rhinite, conjonctivite, asthme, allergie alimentaire, choc
anaphylactique qui sont dépendants d’un terrain génétiquement prédisposé
dit atopique. Il s’agit là de la mise en place d’une hypersensibilité
immédiate constituée d’une cascade de réactions liée à la fabrication
d’anticorps spécifiques (immunoglobuline E ou IgE) de chaque protéine
allergisante (allergène). On peut également mettre dans cette catégorie
l’allergie aux venins d’hyménoptères, au latex et à certains médicaments.
Les manifestations cliniques n’arrivent jamais au tout premier contact mais
après plusieurs. C’est alors très rapidement, en quelques minutes et jusque
dans les deux heures suivantes, que tout se déclenche. Totalement différente
de cette première forme,
il y a l’allergie de contact aux cosmétiques, aux matériaux ou produits
industriels, etc. Elle se distingue par l’absence d’anticorps IgE, de terrain
atopique prédisposé et un délai d’apparition des symptômes (eczéma)
beaucoup plus long : environ 48 heures.

BON À SAVOIR
Actuellement, on estime qu’un Français sur trois est allergique. Si ce
n’est pas vous qui êtes directement concerné(e), cela peut être un(e)
ami(e), un(e) collègue. Il faut être très vigilant et parfois des moyens
simples de prévention peuvent représenter la solution à de nombreux
problèmes.
CHAPITRE I

ALLERGIES
ET ENVIRONNEMENT
Nous passons environ 80 % de notre vie à l’intérieur de logements
individuels ou collectifs. C’est à cette occasion que notre organisme est
mis en contact avec de nombreuses substances irritantes ou
allergisantes. Elles représentent des sources non négligeables de
pollution de l’air intérieur, et par conséquent, de problèmes
respiratoires et/ou ORL. Récemment, la gestion de l’environnement
intérieur est devenue un véritable problème de santé publique. Le
Grenelle de l’environnement en a été l’exemple le plus marquant.
Encore faudrait-il que les mesures prises soient appliquées !
Individuellement, il est tout à fait possible, en améliorant correctement
son habitat, de prendre moins de médicaments, et par conséquent, de
ressentir moins de symptômes liés à son allergie (rhinite ou asthme).
Depuis de nombreuses années, la pollution extérieure, industrielle ou
liée aux vapeurs diesel est incriminée comme facteur favorisant
l’apparition de maladies respiratoires. Il faut alors prendre en compte
son rôle dans l’aggravation de l’inflammation de la muqueuse
bronchique et de potentialisateur du pouvoir allergisant des pollens.
A – QUI SONT LES COUPABLES ?
1 – Sacrés acariens
Babette vient de s’installer dans son nouveau logement. Comme elle
débute dans la vie active, ses moyens financiers sont limités. Pour cette
raison, elle récupère un matelas en laine, une couette et un oreiller en
plumes assez anciens, prêtés par des amis. Dès les premières nuits, elle
reste éveillée. Elle n’arrête pas d’éternuer. Son nez et sa gorge démangent.
Elle est toujours obligée de frotter ses narines pour tenter de stopper ces
fichus gratouillis. Après plusieurs nuits d’insomnie, son budget mouchoirs
explose. Sa mère est allergique. Comme elle, dès qu’elle fait le ménage, son
nez se bouche. Elle est un véritable « détecteur de poussière » et a bien une
petite idée sur la cause. Les tests chez l’allergologue confortent l’hypothèse
d’une rhinite allergique aux acariens. En changeant sa literie, tout rentre
quasiment dans l’ordre. Les antihistaminiques lui servent désormais
lorsqu’elle se trouve hors de chez elle, dans un environnement riche en
acariens.
Théo, 10 ans, passe souvent les vacances chez ses grands-parents. À
chaque fois, il se met à tousser la nuit. La famille met cela sur le compte de
la séparation d’avec les parents. Un phénomène supplémentaire interpelle
cependant l’entourage. Son nez se bouche et il n’arrête pas d’éternuer.
C’est connu, il est allergique aux acariens. À la maison, tout se passe bien.
Il faut dire que l’arsenal antiacariens est déployé par sa mère tout au long
de l’année. Les grands-parents adorent leur petit-fils mais ils sont très
contrariés. Ils ont peur que Théo ne veuille plus venir chez eux. Il dort dans
une chambre, la plupart du temps inoccupée et donc moins aérée. Le
matelas est ancien, une épaisse couette en plumes le recouvre. Une
consultation chez l’allergologue apporte des réponses à leurs inquiétudes.
Tout rentre dans l’ordre après quelques modifications : un nouveau matelas
chez les grands-parents, une couette synthétique, une pièce aérée avant son
arrivée. Avec toutes ces mesures de précaution et un traitement adapté,
l’enfant peut désormais profiter de ses vacances chez mamie et papy en
toute tranquillité.
• Acarien, qui es-tu ?
Je suis, je suis… translucide, incolore, un peu poilu sur les pattes et
légèrement ventru. Cousins éloignés du scorpion, avec mes congénères,
nous vivons en colonies et aimons nous lover au creux de vos canapés, de
vos matelas et de vos sommiers. Environ deux fois dans notre vie, nous
nous accouplons pour donner naissance à 20 ou même jusqu’à 80 œufs. Ils
passent, en un mois, par six stades évolutifs : de celui de prélarve à celui
d’adulte. Notre courte durée de vie, d’environ deux mois et demi, nous
permet cependant de nous nourrir à vos dépens. Nos repas sont constitués
de la peau que vous perdez. Vous nous laissez de quoi agrémenter pendant
près de trois mois les menus de plusieurs milliers d’entre nous, avec les 70 à
140 mg de squames qu’humains ou animaux perdent quotidiennement.
Nous ingérons également de la cellulose, des fibres textiles et des
moisissures. Dans le lit, vous vous sentez seul(e). Que nenni ! Nous
sommes plusieurs millions à dormir avec vous. De taille microscopique
(environ 170 à 500 µm de diamètre à l’âge adulte), nous aimons une chaleur
ambiante entre 20 et 25 °C et une humidité ambiante de 70 %. Ceci
explique que nous soyons trois fois moins présents dans les tapis que dans
les matelas où vous nous réchauffez et transpirez. Nous détestons le soleil et
la montagne au-dessus de 1 200 mètres. Nos colonies composent environ 90
% de la poussière de maison. Munis de quatre paires de pattes finies par de
petits poils, des griffes ou des ventouses, nous avons une vitesse de
croisière de 60 cm par heure. En une nuit, il nous arrive même de pouvoir
changer d’étage… Bon d’accord, nous n’avons pas de cerveau, mais nous
traitons toutes les informations extérieures transmises par nos poils
sensoriels. Parfois, en nous déplaçant au travers d’une multitude de
moisissures, nous pouvons en véhiculer sur notre dos une certaine quantité,
les emmenant ainsi d’un endroit à un autre. Un seul d’entre nous peut
transporter jusqu’à 50 spores. Nous sommes aveugles mais tout de même
sensibles à la lumière. Chez certaines personnes sensibilisées (environ 9 à
16 % de la population européenne), nous pouvons déclencher toute l’année
des éternuements, des conjonctivites ou des problèmes respiratoires lorsque
l’on secoue devant elles des objets nous contenant. Nous nous réunissons
dans des paquets de farine mal emmagasinés dans les placards.
Je suis, je suis… un acarien domestique. Le plus connu d’entre nous est le
Dermatophagoides pteronyssinus dont 23 allergènes sont jusqu’alors
connus. L’un d’entre eux, le Der p21, présent dans ses déjections, est
identifié comme un déclencheur de crises d’asthme chez les allergiques aux
acariens.
Stars incontestées au classement des allergènes les plus fréquents,
Matthieu Chedid leur a consacré une chanson en 1998 sous le titre Les
acariens, peuple du drap. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne
sont pas des insectes puisque leur métabolisme diffère, même s’ils font
partie du même embranchement des arthropodes. Penser qu’il n’y a qu’une
sorte d’acarien serait une erreur. Non seulement ils sont nombreux mais ils
se présentent sous différentes familles. On y distingue les acariens
pyroglyphides lovés au creux de nos matelas, coussins, etc. Les plus connus
sont le Dermatophagoides pteronyssinus
(le mangeur de peau sans ailes) et le Dermatophagoides farinae. Leur
développement est sous l’influence de trois facteurs principaux : le taux
d’humidité relatif, la température ambiante et la qualité de la nourriture à
disposition. La capacité de prolifération des acariens est soumise en premier
à l’humidité ambiante. Ils se multiplient trois fois plus dans le matelas que
sur les tapis de sol de la chambre, et encore plus si le lit est occupé. Parfois,
lorsque l’humidité est trop faible (inférieure à 50 %), ils peuvent se montrer
solidaires en se regroupant pour leur survie. Ils interagissent ainsi sur leur
chaleur et leur hydratation individuelle. Ce faisant, ils préviennent leur
déshydratation qui altèrerait la qualité de sécrétion des glandes qui
lubrifient leur bouche. Une bouche sèche s’ouvre moins facilement et il est
plus difficile de se nourrir correctement.

BON À SAVOIR
Les acariens dits « de stockage » sont les plus présents dans les granges
ou sur les aliments mal conservés dans des milieux humides. Pour ces
derniers, leur nom exotique pourrait faire partie du générique de
Gladiator : l’Acarus siro, le Tyrophagus, le Blomia tropicalis.

Penser que tous les acariens sont pacifiques serait une erreur. Certains,
comme le Cheyletus eruditus, peuvent se transformer en véritables
prédateurs. Ils se mettent alors à dévorer littéralement leurs congénères
comme le Dermatophagoides pteronyssinus. Avec leur velléité guerrière, ils
auraient pu représenter une solution d’éradication des autres acariens mais
leur pouvoir allergisant trop important est un écueil comme solution
d’éviction.
• Le monde leur appartient
On peut se demander si les acariens préfèrent certaines contrées à d’autres,
en raison de facteurs climatiques plus favorables à leur développement. Une
étude, réalisée il y a quelques années, met en évidence une variation nette
de concentration d’acariens entre Marseille (15,8 µg d’acariens par gramme
de poussière) et Briançon, ville d’altitude (0,36 µg d’acariens par gramme
de poussière). En revanche, dans certains pays où la chaleur est présente
même en altitude (comme à Bogota), le taux d’acariens est très important et
la répartition des différentes espèces varie selon la latitude. À Londres, c’est
le Dermatophagoides pteronyssinus qui prédomine, tandis qu’en Amérique
du Nord c’est plutôt le Dermatophagoides farinae. J’entends déjà la
question poindre à l’horizon : pourquoi ? Je répondrai que certains préfèrent
l’Angleterre, d’autres les États-Unis, et de façon plus médicale que de
nouvelles études sont nécessaires pour trouver une explication.
Le Dermatophagoides microceras est, lui, identifié dans des pays comme
les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Suède. Quant au
Dermatophagoides siboney, il est plus exotique, préférant le soleil de Porto
Rico et des Caraïbes. L’Euroglyphus manei se plaît plutôt en Australie, en
Afrique du Nord et en Europe.
En ce qui concerne les acariens de stockage, ils se développent volontiers
dans les denrées alimentaires. Affectionnant particulièrement les milieux
humides, ils pullulent en zone tropicale. C’est le cas du Tyrophagus
putrescentiae. Le Blomia tropicalis, particulièrement allergisant, est
retrouvé en Égypte, en Colombie, en Malaisie. Le Lepidoglyphus destructor
affectionne plus spécifiquement les silos à grains et les étables européennes.
• Comment s’en débarrasser ?
Éliminer au maximum les acariens, c’est agir de manière bénéfique sur
son état de santé lorsqu’on est allergique, c’est améliorer les symptômes
déclenchés par leur présence (rhinite, conjonctivite, asthme, poussée
d’eczéma). En réalité, ce n’est pas vraiment l’acarien en lui-même qui est
allergisant mais plutôt ses déjections. Pour cette raison, il faut non
seulement le tuer mais également aspirer efficacement son corps et ses
matières fécales.
Les moyens pour y aboutir sont multiples, simples, variés et surtout
doivent être mis en œuvre ensemble.
Une aération suffisante : il est en effet conseillé de diminuer aux
alentours de 65 % l’humidité ambiante de l’habitation en respectant une
température entre 18 et 19 °C. L’aération quotidienne des pièces est
préconisée au moins 30 minutes par jour, en dehors des pics de pollution,
donc ouvrez plutôt vos fenêtres tôt le matin ou tard le soir. La durée
d’aération doit être allongée en cas de travaux effectués dans la pièce, en
raison d’une augmentation de la sensibilité aux acariens en présence de
formaldéhyde (composé organique volatil polluant) contenu dans les colles
de revêtements, les meubles en bois agglomérés et les peintures.
Faire le ménage : essuyer les poussières représente pour certaines
personnes un vrai calvaire, avec l’apparition d’éternuements, de nez qui
coule et de palais qui démange. Pour pallier ce problème, une solution très
simple : l’utilisation d’un tissu électrostatique ou d’un chiffon légèrement
humidifié avec un brumisateur d’eau, par exemple. La poussière ainsi
collectée ne risque pas de s’envoler et d’irriter les muqueuses des yeux ou
du nez. Il n’y a pas besoin d’utiliser un spray pour faire adhérer la
poussière, puisqu’en lui-même, il constitue une véritable source de
pollution de l’air intérieur. Il y a bien une autre solution… C’est de mettre à
contribution une personne non allergique de sa famille pour faire le
ménage… Mais c’est une autre histoire.
Le choix de l’aspirateur est conditionné par la puissance de son filtre
HEPA (Haute Efficacité pour les Particules Aériennes) et la présence
impérative d’un sac collectant la poussière. Il doit être utilisé très
régulièrement, au moins une à deux fois par semaine, en sachant que 40
minutes d’aspiration retirent environ 20 % des acariens. Balayer ou utiliser
un aspirateur vieux et fatigué (qui inspire autant qu’il expire la poussière,
donc les acariens) est désastreux pour l’allergique… Il faut alors savoir être
raisonnable et investir dans un nouvel appareil ménager efficace. Orienter
son choix sur un aspirateur muni d’un filtre HEPA est le plus judicieux. Ce
filtre permet, par définition, de piéger des particules d’une taille d’environ
0,3 micron donc 0,3 millième de millimètre. La taille des acariens et de
leurs déjections étant supérieures à 20 microns, leur aspiration est garantie,
ainsi que celle des pollens et des allergènes d’animaux. Pour avoir une idée
de la taille des particules : comme valeur de référence, imaginez qu’un
cheveu fait environ 100 microns de diamètre.
Les filtres HEPA répondent à des normes industrielles édictées en 1998.
Ils sont répartis en différents indices (allant de 10 à 14) relatifs à leur
puissance de filtration. Plus vous montez dans les indices, plus l’efficacité
sur les allergènes aériens est maximum. Il faut plutôt s’orienter vers des
indices 13 ou, encore mieux, 14. En France, seule une marque propose cet
indice maximum. En revanche, vous pouvez déjà trouver dans le commerce
de nombreux aspirateurs munis d’un sac avec un indice HEPA 13, ce qui est
déjà pas mal. Un aspirateur avec HEPA indice 10 filtre 85 % des particules
de 0,3 micron alors qu’un HEPA indice 14 en filtre 99,995 %.
Parallèlement, il faut aussi s’intéresser à la notion d’étanchéité de
l’aspirateur dans sa totalité (à la base du tuyau, à l’orifice d’installation du
sac et au niveau de la loge de l’enrouleur).

BON À SAVOIR
Pour les allergiques et asthmatiques
Quatre critères à respecter pour le choix d’un bon aspirateur :
‒ un aspirateur à sac ;
‒ un filtre HEPA indice 13 (Rowenta, Philips, Electrolux, etc.), ou
encore mieux indice 14 (Nilfisk) ;
‒ une bonne étanchéité avec la présence de joints en caoutchouc au
niveau du contact entre les différentes pièces ;
‒ un remplacement des filtres tous les ans pour une efficacité maximale.

Selon les nouvelles normes européennes EN 1822 : 2009, le terme EPA


va remplacer progressivement celui de HEPA. Ces filtres EPA répondent à
des critères plus stricts de contrôle des particules et de recherche de fuites
dans le système d’aspiration. Leur classification s’étend de EPA 10 à EPA
12.

ASTUCE
Les aspirateurs sans sac, même munis de filtre HEPA, ne sont pas
conseillés pour les allergiques tout simplement parce qu’après avoir
aspiré, il faut vider le réservoir ! Donc aérosol d’allergènes garanti… Si,
allergique, vous êtes en possession de ce type d’aspirateur, faites-le vider
en votre absence à l’extérieur du domicile, sur le balcon ou dans le jardin
par une personne non allergique, ou investissez dans un nouvel appareil
avec sac.

Le système d’aspiration centralisée est une autre solution efficace à


proposer. Elle nécessite une installation particulière dans un local technique.
Un petit bémol : la nécessité de bien nettoyer les gaines souples pouvant
être pourvoyeuses du développement de micro-organismes.
Attention à l’utilisation d’un appareil à vapeur. Très à la mode pendant
de nombreuses années, il diminue efficacement le taux d’allergènes si deux
impératifs sont respectés : aspirer ensuite la pièce et la literie pour retirer les
déjections ainsi que le corps des acariens morts et aérer suffisamment pour
ne pas augmenter le taux d’humidité relatif ambiant.
L’agencement de la chambre répond à plusieurs critères. Le bon choix
des éléments de la literie est conditionné par l’absence d’éléments
comportant des plumes ou de la laine. Les matières synthétiques sont les
plus indiquées (couette et housse en qualité Hollofil, par exemple) et le
sommier à lattes est préféré au sommier tapissier. Le sol est recouvert d’un
balatum ou d’un parquet facile à nettoyer. Comme meubles, sont plus
volontiers choisies des bibliothèques fermées par une vitrine, moins
favorables aux nids à poussière.
Une bonne housse est indispensable. Il est très important de ne pas se
laisser abuser par des critères commerciaux « oreiller ou matelas
antiacariens ». Vous achetez alors plus cher quelque chose qui n’est pas
garanti antiacariens. Il faut, en effet, un mois aux acariens pour coloniser un
matelas entier. Un matelas en mousse avec une bonne housse antiacariens
est le plus indiqué. Les draps, housses, taies d’oreiller sont à laver de
préférence à 60 °C, température à laquelle les acariens sont détruits. Il est
impératif de bien choisir sa housse antiacariens. Combien d’entre elles,
achetées dans le commerce, sont inefficaces ! Elles se présentent souvent
sous forme d’alèse ne recouvrant pas tout le matelas et sont donc totalement
inutiles dans la prévention des allergies. Les housses validées et considérées
comme efficaces doivent entourer totalement le matelas, être fermées par
une fermeture Éclair les rendant étanches en complément des matériaux
utilisés : coton, polyester... La trame des textiles utilisés est suffisamment
serrée pour ne pas laisser passer les acariens.

Marque Site Texture


Dom’Hous www.stallergenes.fr 50 % coton, 50 % polyester

Dyn’R www.dynr.com Microfilaments de polyester


et polyamide

Immunoctem www.immunoctem.fr Tissage serré

Protec’som www.protecsom.com Tissage haute densité breveté : 100 % coton

ASTUCEs
Vous avez réservé une chambre d’hôtel. Assurez-vous que les matelas ne
soient pas en laine et que les oreillers ne contiennent pas de plumes.
Certains établissements proposent des oreillers synthétiques.
Vous devez vous rendre dans un gîte rural, une résidence secondaire
longtemps inoccupée, ou une location de vacances. Faites attention à la
literie, quitte à emmener avec vous les housses antiacariens et à bien
aérer dès votre arrivée.
Le séjour chez les grands-parents ou dans la famille ne doit pas être
gâché par la présence d’acariens dans une chambre peu occupée le reste
de l’année. Faire le ménage et, encore une fois, aérer avant votre arrivée
en n’oubliant pas d’aspirer le matelas. C’est impératif pour passer un bon
moment avec votre entourage.
Vous voulez connaître le taux d’acariens dans votre literie ?
Il suffit d’acheter un Acarex Test en pharmacie ou sur Internet.
www.dynr.fr/acarex-test-p-33.html
La meilleure des solutions reste la venue d’un conseiller en
environnement intérieur, prescrite par un médecin après le bilan
allergologique (conditions pour la prise en charge globale). www.cmei-
france.fr

Les peluches sont à retirer de la chambre d’enfant, ou doivent être gardées


en quantité raisonnable (deux ou trois) et régulièrement passées dans un
premier temps au congélateur, pour tuer les méchants acariens. Cela ne
suffit pas ! Il faut ensuite les laver en machine, à une température de 30 à 40
°C pour éliminer les indésirables et leurs déjections toujours allergisantes.
Attention, certaines peluches ne supportent pas le lavage à 60 °C ! Souvenir
d’un lion en peluche traité à cette température. Je vous laisse imaginer l’état
de la crinière après essorage. Lorsque sa peluche est au nettoyage, son jeune
propriétaire va forcément la réclamer. Pensez à acheter le doudou en
double.

ASTUCEs
Lorsque l’on choisit un lit superposé, l’enfant allergique doit dormir sur
le lit supérieur, avec un matelas entouré d’une housse efficace.
Si l’enfant utilise une peluche comme oreiller, genre « tigre » de taille
assez conséquente, une solution s’impose : le mettre dans une housse
antiacariens destinée à un oreiller. L’enfant garde sa peluche, tout en
étant protégé des acariens.

L’utilisation d’un acaricide est moins conseillée depuis quelques années.


Une raison à cela : les protéines allergisantes contenues dans les déjections
ne sont pas dénaturées par les acaricides. Ces produits en spray ou en
poudre, appliqués sur le matelas et les moquettes infestés, restent des
insecticides. Ils sont irritants pour les poumons des asthmatiques. Pour cette
raison, leur utilisation doit toujours être suivie d’une aspiration efficace et
d’une aération de la pièce traitée.
Pas d’huiles essentielles ! Ne vous laissez pas charmer par les sirènes des
huiles essentielles, « tueuses d’acariens ». Étudiées en laboratoire, elles ont
la réputation d’avoir cette propriété naturelle d’acaricides. Attention
cependant, aucune étude médicale validée ne fait part de leur innocuité dans
la lutte contre les acariens par diffusion dans l’air ambiant de l’habitat. Une
rhinite et/ou un asthme ne font pas bon ménage avec ces produits
considérés par les spécialistes de l’environnement comme des polluants de
l’air intérieur. Ils peuvent, lors de leur utilisation, accentuer des symptômes
respiratoires préexistants. En 2007, une étude effectuée sur l’effet de la
dispersion dans deux pièces de 25 m² d’huiles essentielles d’eucalyptus,
d’arbre à thé et de lavande montre la libération, dans les 20 premières
minutes, de différents composés polluants. Il s’agit de substances comme le
d-limonène, favorisant la formation de particules de petite taille irritantes et
allergisantes, pouvant atteindre les parties distales des bronches ce qui est
contre-indiqué chez les personnes sensibles.

BON À SAVOIR
Le d-limonène est une essence naturelle particulièrement présente dans
les agrumes, certaines plantes, arbres ou légumes.

Un petit clin d’œil à cette patiente qui me dit : « J’utilise les huiles
essentielles pour avoir un air plus frais, chez moi. » Je lui réponds : «
Ouvrez les fenêtres, c’est bien mieux et ça coûte moins cher… »
Quant aux prises antiacariens : sachez qu’aucune étude scientifique
validée n’a été publiée à ce jour sur le sujet. Là encore, prenez en compte
cette info pour peser le pour et le contre.
Pour les acariens de stockage : on les retrouve dans les placards de
rangement de denrées alimentaires, lorsque les produits sont mal conservés,
en dehors de boîtes hermétiques. Ils ont aussi leur place, nichés dans les
toits de chaume, même dans les pâtées pour chien que l’on laisse traîner
dans la gamelle…
Ou sur les murs humides remplis de moisissures dont ils se nourrissent,
dans les silos, les étables, etc.

En trois mots : AÉRER-ASPIRER-RESPIRER

• Attention en cuisine
Se débarrasser des acariens fait toujours partie des conseils classiques de
prévention, mais il faut savoir que ces charmantes petites bébêtes peuvent
également nous poser des problèmes alimentaires. Eh oui ! Qui les aurait
soupçonnés de s’inviter dans nos assiettes ?
Le « pancake syndrome »
Il est préférable d’entreposer les farines au réfrigérateur, dans un récipient
hermétiquement clos. Une raison à cela : de possibles allergies alimentaires
aux acariens peuvent aller jusqu’au choc anaphylactique chez des personnes
prédisposées. Le premier cas fut décrit en 1993. Les suivants ont été
observés plutôt en Amérique du Sud (Brésil, Venezuela) mais aussi en
Europe (Espagne).
Comment cela se passe-t-il ? Tout simplement par ingestion de plats
préparés à base de farines de blé ou de maïs, mal entreposées et
contaminées par des acariens domestiques ou de stockage. On estime que 7
% des farines mal stockées sont directement concernées ou le deviendront
dans les deux mois qui suivent l’ouverture du paquet. La concentration peut
alors varier de 1 680 à 52 200 acariens par gramme de farine de blé. En
réalité, ce sont plutôt ceux dits de stockage qui sont incriminés : Acarus
siro, Blomia tropicalis ou plus fréquemment, dans les cas de choc
anaphylactique par ingestion, le Thyreophagus entomophagus. Les farines
d’orge et de sarrasin sont aussi concernées, avec plutôt la présence de
l’Acarus siro.
Les signes cliniques apparaissent en moyenne dans les 5 à 120 minutes
après l’ingestion. Il s’agit du « pancake syndrome », qui s’exprime sous une
forme violente de choc anaphylactique avec urticaire, œdème, parfois
hypotension, malaise et perte de connaissance.
Il est très important de savoir que la cuisson ne diminue absolument pas le
potentiel allergisant de certains allergènes d’acariens. Les préparations
cuites à base de farines contaminées, les plus souvent mises en cause après
leur ingestion, sont essentiellement des crêpes, des cakes, des gâteaux
d’origines diverses, des pizzas, des viandes panées, un plat japonais appelé
okonomiyaki composé de farine, escalope séchée, maquereau, thon. La
polenta à base de farine de maïs est également évoquée.
Rassurez-vous, cela n’arrive pas à tous les allergiques aux acariens mais
restez vigilants sur la conservation de vos farines.
Les allergies croisées alimentaires
Cette notion d’allergie croisée acariens-aliments existe mais n’est pas
systématiquement observée chez tous les allergiques. Elle est secondaire à
une similitude d’allergène (la tropomyosine) entre les acariens et les
crustacés (principalement la crevette avec l’apparition d’urticaire et
d’œdèmes), les gastéropodes (l’escargot, les signes cliniques sont alors
plutôt respiratoires : asthme) ou les mollusques comme l’huître, la moule, la
coquille Saint-Jacques, la palourde… Le risque est alors une réaction
d’allergie alimentaire dite immédiate, c’est-à-dire apparaissant en quelques
minutes et jusqu’à deux heures après l’ingestion de l’allergène. Elle peut
prendre la forme d’une urticaire, d’un œdème ou d’une gêne respiratoire
avec, dans les cas les plus graves, l’apparition d’un choc anaphylactique.
Fromages et charcuterie riches en acariens
Si l’on aime certains moments de la vie, c’est plus particulièrement autour
d’une bonne table. Qu’en serait-il si l’on mettait un microscope sur certains
aliments ? Voilà une petite idée :
Certaines spécialités fromagères possèdent la particularité de contenir des
acariens de stockage comme l’Acarus siro, anciennement appelé ciron ou
artison. Déposés sur la surface du fromage, ils rentrent en action dans
l’étape de l’affinage en façonnant à leur manière la croûte de certaines
tommes de Savoie ou du Cantal, de la mimolette vieille ou du fromage de
Puy-en-Velay.
Pour sa part, le Tyrophagus casei infeste de nombreux fromages et peut
être à l’origine, chez 10 % des laveurs de fromages et affineurs, de rhino-
conjonctivite ou d’asthme rentrant dans le cadre d’une pathologie
professionnelle.
Dans le chorizo, on peut repérer plutôt la présence de l’Euroglyphus
maynei. Pour le Tyrophagus putrescentiae et l’Acarus siro, ce sont l’ail et le
jambon qui ont la primeur de leur présence.

2 – Nos amies les bêtes


En France, on considère que plus de 50 % des foyers possèdent un, deux
ou trois animaux à poils, à plumes ou à sang froid. On compterait environ
11 millions de chats et 7,59 millions de chiens ; 2,3 millions de rongeurs, 6
millions d’oiseaux, 35 millions de poissons. Qu’ils soient les classiques
animaux de compagnie ou des NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie),
un grand nombre d’entre eux peut déclencher des phénomènes allergiques
respiratoires, oculaires ou cutanés chez les personnes préalablement
sensibilisées. Très souvent, on pense que l’allergie est uniquement liée au
contact avec les poils de l’animal mais vous allez découvrir qu’il n’en est
rien.
• Félix le chat
Lucile est allergique aux chats, aux acariens et aux pollens de graminées.
Elle le sait et fait attention, à un détail près : sa tante possède un chat.
Lorsqu’elle lui rend visite, Lucile ne peut s’empêcher de caresser l’animal,
pas longtemps, juste un petit câlin de rien du tout. Après une heure, ses
yeux commencent à démanger et deviennent rouges. Elle se les frotte avec
les mains qui viennent de toucher l’animal. Cela n’arrange pas la situation.
La jeune femme se rince les paupières à l’eau fraîche, prend un
antihistaminique, met du collyre et regarde le chat de loin. Tout rentre dans
l’ordre en quelques heures. C’est une simple conjonctivite par allergie au
chat. Cela peut s’associer à une rhinite ou une gêne respiratoire si le
contact est plus fréquent et plus prolongé. Pas question de ne plus aller
chez sa tante. Avec le temps, elle devient un peu plus raisonnable, prend un
comprimé avant de venir. Le chat, lui, bénéficie d’une douche régulière
puisque cela diminue le taux d’allergènes. Il est castré, donc moins
allergisant qu’un matou entier.
Aussi surnommé le greffier, le chat peut entraîner, au sein de la famille qui
l’accueille (27 % des foyers français en possèdent un), des phénomènes
allergiques chez des personnes prédisposées. Il s’agit de rhinites (nez qui
coule et se bouche, éternuements) associées ou non à un asthme, une
conjonctivite mais aussi une urticaire de contact avec les poils ou par
léchage, sans compter sur le risque d’une poussée d’eczéma. Comment ne
pas citer le cas de ce touriste allergique aux chats, faisant une crise
d’asthme importante dans un avion en 2012. Un des passagers était avec
son matou dans l’avion ! Il a été évoqué l’hypothèse qu’une exposition
précoce au chat dès les premières années de vie protégerait de l’asthme lié à
ses allergènes. Mais les études sont cependant contradictoires. Il est
considéré que même si l’effet protecteur existe, sa durée n’est pas évaluable
dans le temps. Cette théorie ne peut donc être prise pour argent comptant.
Qu’est-ce qui déclenche l’allergie au chat ?
Le chat domestique (Felis silvestris catus) est en fait le réservoir d’au
moins quatre protéines allergisantes. La principale, Fel d1, est produite par
les glandes salivaires, sébacées et anales. Sa sécrétion dépend du taux de
testostérone du chat. Une chatte est donc moins allergisante qu’un mâle
castré, alors qu’un mâle entier non castré en produit, lui, beaucoup plus. On
considère qu’un chat de race est plus allergisant qu’un chat de gouttière. Un
autre allergène est isolé dans les glandes salivaires sous-mandibulaires. Les
deux derniers, beaucoup moins importants, sont localisés dans le sérum et
les phanères de l’animal. Toutes ces protéines de très petite taille sont
facilement véhiculées dans l’air (40 % de Fel d1 se fixent sur des particules
aériennes de moins de 5 µm). Ces allergènes microscopiques se déposent
ainsi dans la poussière de maison ou se fixent sur toutes sortes de supports
tels que les tissus d’ameublement, les habits, etc. Ceci explique une
possible sensibilisation sans contact direct avec un chat. Dans une enquête
effectuée aux États-Unis, la présence de Fel d1 est détectée dans quasiment
100 % des logements contrôlés, son taux variant en fonction de la présence
ou non d’un chat au domicile. On a pu isoler des allergènes de chat dans les
poussières de matelas, de tapis, de canapés, de housses de sièges de voiture,
dans des centres commerciaux où les animaux sont interdits, et même dans
les salles d’attente des allergologues !

Phanère : organe de protection caractérisé par une kératinisation intense.


Les cheveux, les dents, les ongles et les poils sont des phanères. La
kératine, protéine fibreuse et principal constituant de la couche
superficielle de lʼépiderme, est une substance dure, résistante et
protectrice. Source : Le Larousse médical.

Garder le chat ou… pas ?


L’annonce de l’allergie au chat représente parfois un tremblement de terre
dans la vie de l’allergique. La première phrase souvent prononcée en
consultation est : « De toute façon, je ne me débarrasserai pas de mon chat.
» Heureusement, les mesures de précaution sont à adapter en fonction de
nombreux facteurs, entre autres l’importance de l’allergie et le côté affectif.
Elles visent à diminuer le taux d’allergènes de chat dans l’environnement
proche.
1. Le laver. On dit que le chat n’aime pas l’eau mais on peut doucher
régulièrement l’animal dès son plus jeune âge. Avec quelques centimètres
d’eau chaude au fond de la baignoire, le chat a ainsi de l’eau jusqu’à la
moitié des pattes. On verse à l’aide de la main ou d’un gobelet l’eau sur le
corps de l’animal. Ensuite, un petit tour dans une serviette et il finit le
séchage tout seul dans son coin. D’autres aiment tellement l’eau qu’un bon
bain ne leur fait pas peur. Effectuez cela lorsqu’il fait bon dans la pièce, il
vous en sera reconnaissant. Cette précaution, pas toujours envisageable en
fonction du caractère du matou peut être remplacée par un gant humide
frotté sur le corps, une à deux fois par semaine, toujours avec de l’eau tiède
pour son confort. Le « shampouinage » est en option car le but de ce bain
n’est pas de rendre le poil plus soyeux mais de le débarrasser au maximum
des allergènes.
2. Adapter l’environnement. La présence d’un chat conditionne le choix
de revêtement du sol, afin de limiter au maximum l’adhérence des
allergènes. Il faut alors préférer les sols lisses (carrelage, plancher ou
balatum) à l’utilisation de tapis ou de moquette, véritables réservoirs à
allergènes. On retrouve cent fois plus d’allergènes de chat dans une
moquette que sur un sol lessivable.
3. Lui interdire l’accès à la chambre… Ce charmant séducteur ne devra
en aucun cas se glisser dans la chambre, sous la couette ou dans les placards
de la personne allergique. Il faut être vigilant car l’animal se faufile
facilement et aime se cacher dans les pulls bien au chaud.
4. Faire attention à la litière… Récemment une étude lyonnaise (voir
l’encadré) tend à mettre en cause les litières minérales dans l’apparition de
certaines maladies respiratoires par inhalation de poussières de silice. Il faut
donc être vigilant et changer la litière en dehors de l’habitat, c’est-à-dire
dans le jardin ou sur le balcon.
5. Éloigner le chat. Lorsqu’une allergie au chat est avérée, diagnostiquée
et confirmée par des tests allergologiques, les propriétaires de l’animal sont
souvent incrédules. Leur attachement est tel qu’une séparation s’envisage
difficilement. Dans l’hypothèse d’une crise d’asthme sévère à chaque
contact avec le chat, son éviction définitive est cependant impérative. Le
retirer de l’habitat est la solution la plus raisonnable, en prenant soin de le
placer dans un foyer et non pas en s’en débarrassant sauvagement. L’animal
parti, les allergènes persistent pendant au moins six à neuf mois dans les
pièces et sur le mobilier. Pour cette raison, lorsque l’on se rend chez des
amis ou un membre de la famille possédant un chat, le retirer de la chambre
ou de la salle de séjour la veille de votre arrivée est totalement insuffisant.
L’aspiration des pièces et des meubles en tissu, à l’aide d’un aspirateur à
filtre HEPA, a fait la preuve de son efficacité renforcée par l’utilisation d’un
purificateur d’air muni d’un même type de filtre changé annuellement. Cela
permet alors de diminuer de 50 % la concentration en allergènes de chat en
présence de l’animal et de 70 % en son absence.

ASTUCES
Vacances : lorsque vous partez en vacances, en hôtel ou dans une
location, renseignez-vous sur l’accès des animaux dans le lieu de
villégiature, vous risqueriez de vous retrouver dans une chambre où un
chat a séjourné avant vous.
Litières : que vous habitiez une maison ou un appartement, la litière
minérale en silice d’un animal doit être nettoyée à l’extérieur, dans le
jardin, sur le balcon ou sur le palier. Une raison à cela : le risque de
pathologies respiratoires peut s’aggraver. Il est lié à la diffusion dans
l’air ambiant des particules fines de la poussière de litière qui, par
inhalation, se déposent sur les voies aériennes. Cette constatation est
confirmée dans une étude publiée par une équipe lyonnaise. Elle tend
également à prouver que la concentration des matières minérales peut
alors être décuplée voire multipliée par 100 dans l’environnement
proche.
Source : Étude présentée par le professeur Michel Vincent en 2015, Hôpital Saint Joseph, Lyon.
http://www.lyoncapitale.fr/ Journal/ Lyon/ Actualite/ Actualites Sante Litiere-pour-chats-des-
poussieres-dangereuses

Chats hypoallergéniques : faut-il y croire ?


Certaines races de chats seraient hypoallergéniques, car sans poils, comme
le « chat nu », le devon rex, le korat, le sphynx. Le chat savannah
(croisement d’un serval et d’un chat domestique), importé des USA, aurait
cette même spécificité. Un petit détail cependant, son prix supérieur à 2 000
euros est sans garantie d’efficacité. Quant aux chats génétiquement
modifiés, proposés par une firme américaine, leur prix est explosif (7 000 à
10 000 dollars, avec le critère satisfait ou remboursé) ! À chacun de voir s’il
est raisonnable de craquer à ce prix, sans garantie de résultat à long terme.
Toutes ces races seraient pauvres en allergène majeur de chat Fel d1. D’un
point de vue allergologique, il n’existe pas suffisamment d’études pour
pouvoir affirmer qu’elles sont réellement sans risque allergénique. Les
symptômes dépendent de l’allergène auquel le patient est sensibilisé et il
n’y a pas que le Fel d1 qui est incriminé. Ce qui est vrai pour un allergique
ne l’est pas forcément pour un autre. Les chats nus ont quand même des
glandes sébacées. Ils libèrent des allergènes, certes moins qu’un chat
normal mais un chat avec un risque zéro d’allergie n’existe pas.

Une allergie croisée méconnue : le syndrome porc-chat


La plupart des allergiques au chat le sont à cause de l’allergène majeur
Fel d1. De façon plus rare, d’autres protéines sont aussi responsables, en
particulier la sérum-albumine. Seuls 14 % à 23 % des allergiques au chat
y sont sensibilisés. Il faut savoir que les albumines des différents
mammifères peuvent avoir des portions moléculaires identiques. Cette
particularité explique le phénomène d’allergie croisée. Les anticorps IgE
spécifiques de l’albumine, formés lors de l’allergie respiratoire au chat,
risquent de réagir avec celle contenue dans la viande de porc mangée
lors d’un repas. Une raison à cela : 82 % de la structure moléculaire de
cette protéine est identique chez les deux animaux.

• Du chihuahua au danois
Bidule est un fox à poil ras, très joueur et Bernard en est fou. Il en est
l’heureux propriétaire depuis 3 ans, sans aucun problème. Seulement voilà,
depuis 6 mois, lorsque Bidule lui fait des câlins, Bernard se met à éternuer
et ses yeux rougissent. Les habitudes sont alors changées : le chien est
obligé de dormir dans son panier et n’a plus accès à la chambre. Depuis,
son maître va un peu mieux mais tout n’est pas réglé. Il se rend pour un
bilan chez l’allergologue, qui lui révèle son allergie au chien.
Léa, petite blondinette de 6 ans, a eu un chien pour son anniversaire.
Prénommé Pollux, il adore se coller contre sa jeune maîtresse et lui délivrer
plein de léchouilles sur les bras et le visage… Depuis quelque temps, cela
pose un petit problème, puisqu’apparaissent des plaques rouges d’urticaire
à l’endroit du léchage. « Il s’agit sans aucun doute d’une urticaire de
contact avec la salive du chien », lui explique le médecin.
Le chien, animal de compagnie aussi très prisé en France, peut déclencher
chez une personne allergique, par contact, les mêmes problèmes allergiques
que le chat. Il est prouvé que les allergènes responsables chez le chien sont
contenus dans les poils, les phanères et la salive. Ils se déposent sur les
canapés, les tapis, les matelas qu’il y ait ou non un chien. On peut y
retrouver une concentration qui varie alors de 0,01 à 5 µg par gramme de
poussière.
Actuellement, sont répertoriés 6 allergènes de chien :
1. Le principal allergène majeur est contenu dans la salive et ainsi déposé
sur les poils par le léchage. Appelé Can f1, il résiste à la chaleur et au
lavage du chien.
2. Identique dans 24 % de sa structure moléculaire, le deuxième allergène
majeur, Can f2, est fabriqué par les glandes salivaires appelées parotides.
3. Can f3, lui, est retrouvé dans le sérum de l’animal, la salive et la peau.
4. Can f4 est produit directement sur la peau.
5. Can f5, appelé kallicréine, produit par la prostate, est lui présent dans
les urines du chien mâle mais aussi sur les poils et la peau. Sa
concentration est nettement diminuée en cas de castration de l’animal. Il
a la particularité d’entraîner des allergies croisées par homologie de près
de 50 % de sa structure moléculaire avec le cheval, le rat, le lapin, le
cobaye. Il interagit également avec la kallicréine humaine, présente dans
le liquide séminal, en raison d’une homologie de 58 %.
6. Can f6, produit par les glandes salivaires, entraîne pour sa part, en
raison d’une identité structurelle de 67 % avec un allergène de chat, le
Fel d4, une possible allergie croisée entre ces deux espèces différentes.

Des races plus allergisantes que d’autres


Une étude réalisée en 2005 par une équipe marseillaise tend à prouver
que certaines espèces de chiens produisent plus ou moins de protéines
allergisantes. La concentration de la principale d’entre elles a été
mesurée pour différentes races chez des bergers allemands, bergers des
Pyrénées, caniches, cockers, spaniels, griffons, labradors et yorkshires.
Le taux le plus élevé se retrouve chez les caniches et les yorkshires, puis
chez les spaniels et les griffons. Le labrador retriever est la race de chien
dont la concentration serait la plus basse.
Source : Ramadour, M., Guetat, J., Guetat, M., El Biaze, M., Magnan, A., Vervloet, D., « Dog
factor differences in Can f 1 allergen production », Allergy, vol. 60, 2005, p. 1060–1064.

Prévention, des solutions a minima


Vous êtes allergique à votre toutou et vous voulez absolument le garder. Il
vaut mieux avoir un grand jardin où il pourra courir et lui interdire la
maison. Vous êtes en appartement ? Le problème se corse. Il y a la solution
de l’aspirateur et du purificateur d’air avec un filtre HEPA (efficacité à 75
% en présence de l’animal et 90 % en son absence), de la douche deux fois
par semaine
(va-t-il être d’accord ?), l’interdiction de dormir sur le lit, le canapé et dans
la chambre. Si vraiment l’allergie est trop importante,
il faut se résigner à trouver un foyer accueillant pour votre chien ou le
laisser vivre à l’extérieur.

En prévention : si vous êtes allergique à un animal, n’en prenez pas


chez vous. C’est la solution la plus raisonnable pour vous et pour lui.

• Les NAC
Michel a offert, pour leur plus grand plaisir, deux cochons d’Inde à ses
enfants pour Noël. Tout est parfait jusqu’à l’apparition d’une toux et de
sifflements pour le papa généreux, surtout quand il est au domicile. En
vacances, aucun problème puisque les petits rongeurs sont confiés aux
voisins. Un rapide bilan chez l’allergologue démontre l’allergie et surtout
un asthme débutant causé par ces rongeurs qui doivent être éloignés de la
maison.
Les Nouveaux Animaux de Compagnie, ou NAC, regroupent les espèces
autres que le chien et le chat. Actuellement, dans l’Hexagone, ils
représenteraient environ 5 % du parc animalier domestique. Pour certains
d’entre eux, l’allergène ne se retrouve pas uniquement dans les poils mais
également dans les urines. C’est le cas des rongeurs : cochon d’Inde ou
cobaye (Cavia porcellus ou guinea pig), du hamster (nain, doré ou de
Sibérie ; une morsure peut entraîner un œdème), de la souris, du lièvre, du
chinchilla (Chinchilla lanigera, à longue queue ; Chinchilla brevicaudata, à
queue courte), de la gerboise, de la gerbille ou du chien de prairie.
Le cobaye, connu également sous le nom de cochon d’Inde, est utilisé
depuis longtemps comme animal d’expérimentation dans les laboratoires ou
comme animal de compagnie. Il peut déclencher chez les personnes
sensibilisées non seulement des manifestations respiratoires (rhinite,
asthme) mais aussi des conjonctivites, une urticaire de contact ou une
poussée d’eczéma. De nombreux allergènes sont détectés dans les urines, la
salive, les poils et les pellicules de l’animal.
De la famille des muridés, la souris subit le même sort en laboratoire. La
concentration de son allergène majeur Mus m1 peut alors varier de 0,5
ng/m³ dans une pièce sans souris jusqu’à 563 ng/m³ lorsque l’animal est
présent. Le Mus m1 est normalement présent dans les urines, sur l’épiderme
et les poils de l’animal. Le deuxième allergène décrit ne se retrouve que sur
les poils.

BON À SAVOIR
1 ng = 1 nanogramme = 10-9 gramme
1 µg = 1 microgramme = 10-6 gramme

Quant au rat, qui prend une place grandissante d’animal de compagnie


dans de nombreux foyers, ses allergènes sont situés dans les glandes
salivaires et dans les urines.
Pour les lapins (Oryctolagus cuniculus), de la famille des léporidés,
l’allergène appelé Ory c1 est isolé dans sa salive et sa fourrure. Souvent
confinés en cage ou en semi-liberté, ils sont à l’origine de réactions
cutanées (urticaire ou eczéma de contact), respiratoires (rhinite, crise
d’asthme), oculaires (conjonctivite) par inhalation des allergènes ou contact
direct. Chez les vétérinaires traitant ces NAC ou chez les personnels de
laboratoires les utilisant pour des expériences, cette allergie peut aboutir à
une maladie professionnelle pouvant modifier leur avenir. Les morsures de
gerbille, de hamster nain ou de souris blanche peuvent, elles, entraîner chez
certains allergiques à ces animaux un véritable choc anaphylactique. Des
cas d’urticaire de contact et de crises d’asthme ont été observées lors du
lavage de furet mâle ou femelle. Et le petit hérisson tout mignon peut
déclencher une urticaire après un contact avec ses épines. Rares sont les
chocs anaphylactiques décrits après des morsures de gerbille, de souris
blanche ou de loris paresseux.

Ce lapin… Pas si magique…


En 2014, en Italie, est décrite la mésaventure d’un magicien semi-
professionnel. Celui-ci fait sortir régulièrement un lapin de son chapeau,
jusqu’au jour où il commence à tousser et éternuer dès que les oreilles de
l’animal sortent. Il est contraint de stopper son numéro, sous peine de
présenter une véritable crise d’asthme à chaque représentation. Il lui a
également fallu nettoyer ses vêtements de scène et son matériel, afin
d’éliminer au maximum les allergènes de lapin de son environnement.
Source : Liccardi G., Billeri L. et Coll., « An unusual case of occupational asthma in a part time
magician. He has got an allergy surprise from his top hat », European Annals of Allergy and
Clinical Immunology, vol. 46, septembre 2014, p. 178-180.

Les animaux à poils ne sont pas les seuls à pouvoir donner des allergies,
puisqu’on commence à observer des cas d’allergies aux reptiles et aux
batraciens. Par exemple, le premier cas d’allergie à l’iguane est décrit en
1985.

Allergie à la nourriture des NAC


Les risques de sensibilisation à l’alimentation de certains NAC n’est pas
à négliger. Pour preuve, ces cas décrits d’asthme ou de choc
anaphylactique lors de contact direct avec des grains de millet, graines
de tournesol ou pignon de pin.

• Un petit poisson, un petit oiseau


Contrairement à ce que l’on peut penser, les plumes d’oiseaux ne sont que
faiblement pourvoyeuses d’allergies. Pour cette raison, ils sont rarement
incriminés dans l’apparition d’un asthme ou d’une rhinite allergique. Par
contre, perruches, pigeons et canaris peuvent être responsables de la «
maladie des éleveurs d’oiseaux ». Elle est liée à l’inhalation de substances
contenues dans leurs déjections. Le mécanisme n’a rien à voir avec la vraie
allergie. Il s’agit d’une maladie respiratoire qui ne doit pas être prise à la
légère. Elle se traduit par l’apparition d’une fièvre et d’une gêne respiratoire
chronique. Une consultation sans délai chez le pneumologue est impérative.

ASTUCES
Il est toujours plus raisonnable de garder les oiseaux dans un endroit
facile à aérer, en dehors de toute pièce de vie, surtout s’ils sont
nombreux.
Mettre un masque de protection avec filtre permet de ne pas être en
contact direct avec les déjections, lorsque l’on nettoie une volière. La
cage du canari ou des petits oiseaux peut, dans la limite du possible, être
changée à l’extérieur.

En ce qui concerne les poissons d’aquarium (et non ceux retrouvés dans
l’assiette !), on peut observer de rares allergies cutanées à leur contact ou
des réactions, avec l’apparition d’une urticaire ou d’une gêne respiratoire,
plutôt liées à leur nourriture (les daphnies, les artémies, larves de
chironomes ou le krill, composé de petits crustacés marins de quelques
millimètres).
• Le cheval et les autres mammifères
Depuis de nombreuses années, l’accès à l’équitation s’est grandement
démocratisé. La quantité de contacts allergéniques étant plus importante, on
a observé un accroissement des allergies aux chevaux. Il est cependant
prouvé que la sensibilisation à cet équidé peut aussi se faire de façon
indirecte, par contact avec des habits contaminés par ses protéines
allergisantes. En effet, une étude précise que le taux de dispersion
d’allergènes équins est nul au-delà de 45 mètres d’un champ de courses et
de 250 mètres d’une écurie. Les manifestations cliniques liées à cette
allergie sont en général d’apparition violente et peuvent entraîner des
réactions sévères : asthme, urticaire géante, choc anaphylactique.
L’allergène majeur du cheval (Equ c1) est le principal responsable des
symptômes observés avec cet animal et de réactions croisées avec l’âne, le
mulet et le poney. Il est retrouvé dans leurs squames, la salive et l’urine.
Son homologie structurelle partielle avec des protéines d’autres espèces
animales explique également des risques d’allergies croisées avec la souris
et le rat. D’autres allergènes tels qu’Equ c2, Equ c3 (albumine pouvant être
à l’origine d’allergies croisées avec celle du chien et du chat), Equ c4 (dans
les urines) et Equ c5 (sur la peau) sont également isolés, mais leur
implication dans l’apparition de symptômes reste, pour l’instant, imprécise.
Une race particulière de chevaux est décrite, depuis quelques années,
comme étant « hypoallergénique ». Il s’agit du bashkir curly. Très peu
répandus en France, ils ont pour particularité de ne pas perdre leurs poils
bouclés. Une étude suédoise présentée lors du dernier congrès de 2010 de
l’EAACI (European Academy of Allergy and Clinical Immunology) tend à
prouver que la concentration d’Equ c1 est trois fois plus faible pour le
bashkir que pour le cheval islandais ou de selle suédois. Pour obtenir une
persistance de cette concentration allergénique minime avec le bashkir,
quelques mesures s’imposent. Il s’agit d’éviter le pansage de l’animal et sa
mise en pension dans un club hippique, où toutes les races de chevaux sont
représentées. De nouvelles études sont toutefois nécessaires pour affirmer
totalement cette possible caractéristique hypoallergénique.
Source : Emenius G., Merritt, A. S., Härfast, B., « Dispersion of horse
allergen from stables and areas with horses into homes. », International
Archives of Allergy and Immunology, vol.150, n°4, 2009, p. 335-342, ref.
27.

ASTUCES
Un membre de votre famille pratique l’équitation et vous êtes allergique
aux chevaux : quelques précautions vous éviteront le pire.
Il ne doit pas monter avec sesntyhabits d’équitation dans une voiture en
votre présence. Après s’être changé sur place avec des vêtements de
ville, la tenue et les bottes sont transportées dans un sac plastique
hermétique placé dans le coffre de la voiture.
À la maison, le changement de tenue peut également s’effectuer mais
sans votre présence et de préférence en dehors d’une pièce du domicile.

Certains autres mammifères, comme les vaches, les cochons, les pécaris,
peuvent être à l’origine d’allergies de contact, cutanées ou respiratoires. Il
est bien entendu qu’en France, comme dirait une amie, les pécaris ne sont
pas légion, mais ça méritait bien une ligne ! Il s’agit de porcs sauvages des
forêts dʼAmérique tropicale, possédant des défenses supérieures pointant
vers le bas. Leur peau est utilisée en maroquinerie.

3 – Autant en emporte le vent


Après le règne animal, c’est aussi celui du végétal qui nous intéresse. Les
arbres, les graminées, les herbacées, sont, par le biais de leurs pollens, des
réservoirs à allergènes. La taille du pollen varie, en fonction de l’espèce
étudiée, entre 10 et 200 µm de diamètre. La pollinisation correspond au
transport du grain de pollen vers la fleur femelle. Le vecteur de pollinisation
diffère en fonction de la nature du végétal. Il peut être aquatique pour les
hygrophiles souvent immergées, via le vent pour les anémophiles, les
oiseaux pour les végétaux ornithophiles, les insectes pour les fleurs
entomophiles, les gastéropodes pour les malacophiles. La pollinisation est
aussi possible par le biais des chauves-souris ou de façon artificielle par
l’homme.
Seuls les pollens des végétaux anémophiles, donc véhiculés par le vent,
sont allergisants. Leur potentiel allergénique varie selon plusieurs critères :
le nombre et la taille des grains, leur aspect de surface, leur degré de
mobilité aérienne et leur composition en protéines allergisantes. La liste des
pollens est très longue. Nous nous cantonnerons aux plus spécifiques
d’entre eux. Actuellement, on estime que 10 à 20 % de la population
européenne serait atteinte de pollinose allergique. En France, des chiffres
plus précis montrent que ce sont 18 % des adultes et 11 à 27 % des
adolescents qui sont concernés.
Lorsque j’entends « Je suis allergique aux pollens », ma question est
toujours « Lequel ? » parce qu’il y en a tellement. C’est là que
l’interrogatoire prend encore tout son sens. On peut considérer qu’à chaque
mois ou trimestre correspondent des pollens. C’est un peu plus compliqué
quand la personne est allergique à de nombreux pollens, étant ainsi gênée
parfois de mars à octobre. En réalité, il faut savoir que trois saisons
polliniques se succèdent. La saison initiale des arbres débute en mars dans
le Nord par les pollens des bouleaux et dans le Sud dès janvier par les
pollens des cyprès. S’ensuit la grande saison estivale des pollens de
graminées, plus connue sous le nom de « rhume des foins ». Puis, en début
de période automnale, vient celle des pollens d’herbacées.

BON À SAVOIR
Certaines villes françaises créent et développent depuis plusieurs années
des parcs spécifiques dédiés aux végétaux allergisants. Par ordre
alphabétique : Amiens, Antony, Nantes, Saint-Genis-l’Argentière… Ces
véritables sentiers de pollens permettent de découvrir au fil d’une balade,
les arbres, graminées et autres plantes sensibilisants.

• Promenons-nous dans les bois


La répartition géographique des différentes espèces de pollens d’arbres ou
d’autres végétaux conditionne sans conteste la prédominance d’allergies
selon les régions. Les arbres peuplent nos campagnes, le bord de nos routes
et de nos rivières. Ils décorent nos jardins ou les parcs. Véritables poumons
de la terre, ils n’en sont pas moins chaque année, à des périodes très
précises, responsables de rhinites ou de conjonctivites associées à
d’éventuels signes respiratoires comme des crises d’asthme chez des
personnes prédisposées atopiques.
Le bouleau est un arbre que l’on retrouve volontiers dans le Nord de
l’Europe. Caractérisé par son tronc blanc très reconnaissable, il constitue un
élément d’ornement ou se regroupe au sein de forêts. Le plus connu est le
bouleau blanc (Betula verrucosa), aussi appelé bouleau argenté ou pleureur.
L’autre espèce, d’aspect différent, s’appelle le bouleau pubescent. Sa
période de pollinisation s’étend classiquement de mars à avril. La météo
plus ou moins clémente peut avoir un impact non négligeable sur le délai de
floraison. Comme l’aulne, le charme et le noisetier, il appartient à la même
famille des bétulacées. Pour l’instant, quatre allergènes sont identifiés dans
ses grains de pollens. Il s’agit de Bet v1 (allergène majeur), Bet v2, Bet v3
et Bet v4. Pour certains d’entre eux, en l’occurrence Bet v1, la similitude de
structure moléculaire de la famille des PR10 avec des allergènes de certains
fruits explique les possibilités d’allergies croisées alimentaires avec la
pomme, la noisette, les fruits à noyau, la poire, l’arachide, etc.

BON À SAVOIR
Les PR10
Les végétaux doivent s’adapter à des conditions climatiques et
environnementales. Ils se protègent contre toutes sortes de stress comme
le parasitisme microscopique (champignons, bactéries, virus…), le froid,
la chaleur. Pour cela, ils utilisent des substances appelées LTP, protéines
de défense, présentes dans la peau des fruits et des PR10, protéines de
résistance, retrouvées dans la pulpe (cf. pages 119 et 120).

Le mimosa (Acacia dealbata) est un des pollens les plus précoces dans le
Sud de la France. Il est d’assez petite taille. Les terminaisons de ses
branches sont constituées de petites fleurs en forme de grelots jaune vif très
odorantes. Sa floraison débute en janvier et se poursuit jusqu’en mars.
Les oléacées comportent le frêne (très allergisant en mars et avril), plus
présent dans le Nord, et l’olivier dans le Sud.
Le cyprès : cet arbre de la famille des cupressacées (genévrier, cèdre,
thuya…) classiquement présent dans le Sud, trouve de plus en plus sa place
dans les zones pavillonnaires (haies, décorations dans les jardins privatifs).
Le risque d’allergies jusqu’alors localisé en dessous d’Orléans gagne un peu
de terrain vers le Nord de la France. Il est utilisé durant des décennies
comme coupe-vent près des zones de cultures agricoles. Il engendre de
graves et invalidantes crises de rhinite ou d’asthme dès le premier mois de
l’année, en raison de sa répartition géographique dans le Sud de la France.
La conjonctivite représente un symptôme très invalidant pour 72 % des
personnes atteintes. De petite taille (25 à 35 µm), ses grains de pollens sont
entourés de particules inférieures à 1 µm, contenant l’allergène majeur (Cup
s1). Celles-ci sont si minuscules qu’elles peuvent ainsi pénétrer au plus
profond des petites bronches. Une possible allergie croisée alimentaire avec
les rosacées et en particulier la pêche, voire à certains agrumes, est à
signaler.
• Vous avez dit poacées ?
Elles s’appellent dactyle, phléole, chiendent, flouve, fétuque, ivraie,
pâturin, houlque, etc. Elles poussent plutôt sur le bord des routes et dans les
terrains vagues qu’elles envahissent. Leur répartition géographique
intéresse toute la France. Pour l’instant, au niveau diagnostic, la phléole est
le pollen de référence avec ses treize allergènes identifiés. La libération des
pollens de graminées débute dès mai dans le Sud et entraîne alors une
rhino-conjonctivite et/ou un asthme. Ces symptômes sont généralement
réunis, pour cette saison, sous le nom de rhume des foins. La période
estivale concernée s’étend environ sur trois mois. Dans le Nord de la
France, elle est un peu décalée de quelques semaines.
Quant aux graminées céréalières, elles regroupent le blé, l’avoine cultivée,
le maïs, l’orge et le seigle, dont les pollens constituent également des
réservoirs allergéniques mais de façon moindre.
• Une plante envahissante : l’ambroisie
L’ambroisie est une herbacée de la famille des composées comme
l’absinthe, l’armoise, le tournesol… Elle possède une agressivité pollinique
représentant, depuis 1970, un véritable problème de santé publique. Elle est
classée dans les polluants biologiques en raison de ce caractère très
allergisant. Quelques grains de pollens par mètre cube entraînent de
violentes rhinites ou des crises d’asthme chez les personnes allergiques. Ce
fléau, jusqu’alors cantonné dans le bassin rhodanien et le pourtour
méditerranéen étend désormais son champ d’action sur quasiment tout
l’Hexagone. Appelée aussi « l’arbre à poux » et utilisée pour fabriquer le «
nectar des dieux », elle aime prendre ses aises sur le bord des routes, des
rivières, dans les champs et diverses cultures. Plusieurs espèces sont
répertoriées. Certaines d’entre elles sont communes avec celles retrouvées
aux États-Unis. Seule l’Ambrosia maritima est originaire de France. La
période de pollinisation de toutes ces espèces débute en général mi-juillet
pour finir fin septembre.

BON À SAVOIR
Des moyens de lutte contre l’ambroisie sont conseillés dans les régions
concernées, cela dès mai ou juin, avant la période présumée de floraison.
Ils sont utiles à respecter en raison de l’ampleur des effets délétères sur
la santé. Un observatoire de l’ambroisie a même été créé. Un récent
décret (n° 2017-645 du 26 avril 2017) résume les moyens de lutte contre
les trois principales plantes de cette espèce végétale : l’ambroisie à
feuilles d’armoise, la trifide et celle à épis lisses.
Parallèlement, un numéro vert est mis à disposition : 0 800 869 869.
1. Le désherbage est de mise qu’il soit :
– chimique, tout en étant adapté aux types de cultures dans lesquelles
l’ambroisie se développe ;
– thermique, cette technique étant plutôt indiquée pour éradiquer les
plants d’ambroisie de petite taille ou se développant dans les vignes ;
– animal avec la dispersion de troupeaux de chèvres ou de moutons.
2. Le fauchage, quant à lui, est, avec le broyage, une méthode efficace
sur les jeunes pousses de 2 à 6 cm de hauteur. Plusieurs passages sont
nécessaires pour optimiser l’effet d’éradication.
3. L’arrachage manuel est aussi conseillé, mais doit être réalisé avec
des tenues de protection et un masque. Ces précautions sont destinées à
prévenir l’apparition d’une sensibilisation ou d’une allergie chez les
personnes qui le réalisent (particulier ou professionnel).

D’autres herbacées sont aussi allergisantes mais de façon plus modérée :


– les crucifères comme le colza ;
– les cannabacées comme le houblon, le Cannabis sativa ;
– les plantaginacées comme le plantain ;
– les urticacées avec la pariétaire, etc.
La liste de ces espèces est bien sûr trop longue pour pouvoir toutes les
énumérer.

BON À SAVOIR
Pollens et conception…
Depuis 1979, des études cliniques tendent à relier l’année de naissance à
un risque d’allergie aux pollens. De nombreux articles suggèrent ce lien
surtout très prononcé pour les naissances avant ou pendant la saison des
pollens de graminées. Pour l’allergie aux pollens de bouleau, les mois de
naissance à risque se situent entre mars et avril.
Gardons à l’esprit que d’autres facteurs favorisants rentrent en ligne de
compte dans la genèse d’une allergie aux pollens. La programmation
d’une conception en fonction du mois de naissance ne peut en aucun cas
constituer une prévention efficace face au risque de sensibilisation !

• Prendre les mesures qui s’imposent


Hormis les traitements médicaux (antihistaminiques, corticoïdes locaux ou
par comprimés) à prendre avant et pendant la saison pollinique, couplés ou
non à la désensibilisation, quelques précautions sont à respecter :
1. Ne pas sortir lorsqu’il y a du soleil et du vent.
2. Éviter les promenades durant la saison pollinique concernée dans les
bois, les chemins de terre ou les champs.
3. Le soir, se laver les cheveux sur lesquels ont pu se déposer les pollens
durant la journée.
4. Mettre des lunettes de soleil.
5. Si l’aération dans la voiture ne comporte pas de filtre antipollens, faites
attention. La mise en action de la ventilation risque d’être un véritable
aérosol à pollens en vase clos. Si un filtre est installé, pensez à le
changer régulièrement.
6. En cas de conjonctivite pollinique, éviter le port de lentilles de contact
qui, par irritation, peuvent aggraver les symptômes et abîmer la cornée.
7. Appliquer dans le nez de la vaseline neutre à l’aide d’un coton-tige ou
de la crème Homéoplasmine (existe en tube de 18 g avec un embout
nasal). Massez ensuite les ailes du nez pour bien étaler la crème à
l’intérieur des fosses nasales. Tapissant la muqueuse, ces crèmes
permettent de diminuer l’inflammation locale, la sécheresse cutanée
périphérique liée au mouchage fréquent et surtout servent de rempart à
l’agression des pollens. Il est impératif de le faire à distance d’un
éventuel traitement local par corticoïde nasal.
8. Ne pas céder aux sirènes des vasoconstricteurs locaux qui débouchent
rapidement le nez avec succès mais qui, utilisés à long terme, entraînent
entre autres des risques, notamment d’hypertension artérielle.
9. Méfiez-vous des injections de « cortisone retard » rapidement efficaces.
Elles risquent, après plusieurs années d’utilisation, d’entraîner des effets
secondaires irréversibles : une ostéoporose, une insuffisance surrénale,
une hypertension artérielle. Donc à éviter !

BON À SAVOIR
Chaque année, l’évaluation de la concentration pollinique dans l’air
ambiant est rendue possible par le recueil des pollens à l’aide des
capteurs présents dans environ 70 villes en France. Les résultats transmis
au Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA) sont
diffusés sur le Web par le biais du site www.pollens.fr. Une application
pour smartphones ainsi que des mails d’alertes polliniques sont
disponibles sur ce site du RNSA.
Le site www.pollendiary.com permet à l’allergique de suivre l’évolution
de son allergie sur toute la saison qui le concerne. Depuis mai 2012,
l’application iPollen proposée sur l’App Store est une aide
supplémentaire.
4 – Ces drôles de champignons
• Moisis, c’est sûr
Sylvie et Bernard forment un jeune couple sans histoires. Ils ont
emménagé dans un petit appartement avec une salle de séjour et une
chambre. Depuis quelque temps, ils consultent souvent le médecin pour des
rhumes qui n’en finissent pas et une toux qui s’accentue pour Sylvie. Des
petites taches noirâtres apparaissent sur le mur et les contours de la
fenêtre. Pour ne pas encombrer la petite salle de bain ou le séjour, ils ont,
en fait, la fâcheuse habitude de faire sécher leur linge dans la chambre,
sans ouvrir la fenêtre. L’humidité du linge et la chaleur dégagée par le
chauffage pour le séchage favorisent l’apparition de moisissures. Sur les
conseils du médecin, ils nettoient, ventilent plus fréquemment la chambre et
surtout font désormais sécher leur linge ailleurs.
Alicia vient d’acheter un matelas et, pensant bien faire, met une housse en
plastique autour. Elle pense ainsi faire de la prévention efficace pour éviter
les allergies. Horreur, malheur, le matelas, ne respirant pas, devient un
véritable nid à moisissures. Le résultat est sans appel, elle doit le jeter et en
acheter un autre !
Les moisissures dites domestiques envahissent les maisons humides et mal
ventilées. Elles peuvent également se retrouver dans nos assiettes, dans
certains fromages particulièrement succulents. Leur présence sur les murs
dans l’habitat peut être responsable de phénomènes allergiques ou toxiques.
Un contact quotidien et régulier avec les moisissures entraîne la persistance
de symptômes toute l’année, sous la forme de rhinite, de bronchite
asthmatiforme ou de crise d’asthme. D’autres pathologies respiratoires
peuvent être liées à leur présence. Il s’agit de l’alvéolite allergique
extrinsèque. Elle ressemble initialement à une forte grippe qui aboutit à une
insuffisance respiratoire, en l’absence de traitement. Ces moisissures
sécrètent également des enzymes et des mycotoxines qui peuvent entraîner
une inflammation et une aggravation des réactions allergiques.

Mortelle cornemuse
On s’imagine toujours avec amusement un écossais en jupe, jouant de la
cornemuse. Seulement voilà, ce qui est arrivé à un passionné de cet
instrument ne prête pas à sourire. Comment imaginer qu’une passion
musicale puisse devenir assassine ?
Cet homme d’une soixantaine d’années joue quotidiennement de la
cornemuse. Pendant plus de 7 ans, il consulte régulièrement pour une
toux sèche et un essoufflement qui ne cessent de s’aggraver et
l’handicapent. Les médecins, avec étonnement, lui diagnostiquent une
pneumopathie dite d’hypersensibilité ou encore appelée « alvéolite
allergique extrinsèque », que l’on retrouve volontiers chez les éleveurs
d’oiseaux ou chez les fermiers. Cet homme ne pratique aucune de ces
activités. L’absence, dans son environnement, de facteurs favorisants
cette maladie interpelle les spécialistes. Lors d’un voyage de plusieurs
semaines à l’étranger, sans sa cornemuse, il se sent beaucoup mieux et
peut à nouveau parcourir plusieurs kilomètres. Ce sexagénaire marche
sans être essoufflé, alors que chez lui, dépasser une distance de 20
mètres est quasi impossible.
C’est alors que les médecins explorent la piste de la cornemuse, comme
étant la cause de ses tracas. Dans l’instrument, ils découvriront de
nombreuses colonies de moisissures à l’origine de cette pathologie
respiratoire. Des prélèvements réalisés dans la cornemuse montrent la
présence de moisissures comme le Fusarium, le Penicillium, le
Trichosporon et l’Exophiala.
Malheureusement, l’atteinte pulmonaire est trop avancée. Un traitement
adéquat est mis en œuvre trop tard pour pouvoir sauver ce joueur
d’instrument à vent. Il décède en 2014.
Tout instrument à vent porté à la bouche est susceptible d’être un
véritable nid à levures et moisissures en tous genres. Attention,
musiciens, surveillez bien vos trompettes, saxophones ou cornemuses.
Source : King J., Richardson M., Quinn A. et al., « Bagpipe lung ; a new type of interstitial lung
disease ? », Thorax, vol. 72, 2017, p. 380-382.

Quant aux moisissures retrouvées sur des aliments mal conservés (les
fruits et les légumes), leur ingestion peut avoir un effet désastreux sur la
santé. On peut les retrouver aussi à l’extérieur : Alternaria alternata,
Cladosporium herbarum… Elles provoquent alors des rhino-conjonctivites
l’été, parfois confondues avec un rhume des foins.

Le croque-mort et le champignon
Un cas très cocasse est publié en 1964. Cet employé des pompes
funèbres fait une crise d’asthme à chaque fois qu’il met un pied dans
l’atelier de confection des cercueils. Les tests effectués, à l’époque,
montrent une réaction positive pour la moisissure Penicillium. L’enquête
allergologique permet la mise en évidence de cette coupable moisissure
dans le tissu de rembourrage posé à l’intérieur des cercueils.
Source : Prince, H. E., Morrow, M. B., Meyer, G. H., « Molds in occupational environments as
causative factors in inhalant allergic diseases. A report of two cases. », Annals of Allergy, vol. 22,
décembre 1964, p. 688-692.

• Éradiquer les moisissures


La présence de moisissures dans l’habitat impose un nettoyage et une
aération systématiques du logement. Dans ce cas, il faut :
1. Rechercher et supprimer d’éventuelles fuites d’eau ou infiltrations.
2. Sécher son linge dans une pièce aérée et non fermée.
3. Disposer d’une ventilation et aération efficaces par l’ouverture
fréquente des fenêtres mais surtout par l’utilisation d’une VMC à simple
ou double flux.
4. Retirer du logement tous les éléments pourvoyeurs de moisissures, en
particulier les plantes en pot.
5. Diminuer le taux d’humidité relative dans les pièces.
6. Utiliser des produits fongicides et nettoyer toutes les traces de
moisissures avec de l’eau de Javel diluée : 250 ml à 9,6 % de chlore actif
dans 10 l d’eau froide ou, de façon plus simple : 1 verre d’eau de Javel
pour 9 verres d’eau. Cette préparation se périme dans un délai de trois
mois après la date de dilution. L’aération de la pièce traitée dans les
heures qui suivent permet d’éliminer le caractère irritant de l’eau de
Javel utilisée, même diluée.
7. Ne jamais frotter à sec une zone envahie par les moisissures sous peine
de voir se disperser les spores dans l’atmosphère. Pour les mêmes
raisons, l’utilisation d’un matériel à haute pression ou à vapeur est loin
d’être indiquée.
8. L’humidité intérieure ne doit pas dépasser 50 %.
9. Être particulièrement vigilant dans les pièces humides comme la salle
de bain, la cuisine, la buanderie, la lingerie.

BON À SAVOIR
Précautions supplémentaires
Porter des lunettes, des gants et un masque de protection de type FFP
(Filtering Face-piece Particules, norme EN 149 : 2001, selon la directive
européenne 89/686/CEE).
Ne pas réemployer des objets utilisés pour le nettoyage de zones
contaminées.
En cas d’infection massive des moisissures, faire appel à une société
spécialisée en décontamination. Le nettoyage de chaque pièce est
accompagné de la révision des systèmes de chauffage, de climatisation et
de ventilation.

5 – J’ai le cafard
• Les blattes sont là
Magalie et Sylvain veulent absolument déménager. Une raison à cela : la
présence indésirable de cafards dans plusieurs pièces de leur logement,
depuis plusieurs mois. Ils n’en peuvent plus, ces insectes envahissent
littéralement leur espace, et de plus, Magalie voit ses crises d’asthme
s’accentuer depuis leur apparition. Ils pullulent et se reproduisent à vitesse
grand V. Les tests allergologiques montrent une allergie aux blattes. Il leur
a été fortement conseillé de les éradiquer ou de déménager.
Si les cafards comptent environ 4 000 espèces connues, en France, la plus
rencontrée reste la blatte germanique. La taille varie selon les pays : de 10
mm à 10 cm. Franchement inesthétiques et totalement moches, leur tête
triangulaire est repliée sur le corps. Leur pouvoir allergisant réside dans le
squelette, le tube digestif et les déjections. Ces cancrelats possèdent trois
paires de pattes, des antennes très longues et articulées. Leurs deux paires
d’ailes plus ou moins développées leur servent d’amortisseurs. Ces insectes
se reproduisent à grande vitesse, puisqu’un couple de blattes peut produire
près de 10 000 rejetons par an. Les femelles pondent leurs œufs dans des
structures qu’elles conservent au bout de leur abdomen. Aimant la chaleur,
les sources d’eau et de nourriture, elles ont tendance à se cacher à l’arrière
des appareils électroménagers. Préférant sortir la nuit, les cafards se
retranchent le jour dans les fissures murales, les vide-ordures, les égouts, les
conduites de chauffage, que le logement soit vétuste ou non. Le pouvoir
allergisant des cafards réside dans leur squelette externe, qu’ils éliminent à
chaque mue, et dans leurs déjections. Ils sont à l’origine de rhinites ou
d’asthme, dont les premiers cas sont décrits dès les années 1960.
• Chasser les blattes
La désinsectisation massive par des insecticides à base de carbamates,
d’organophosphorés, de pyréthrinoïdes ou d’organochlorés peut être
couplée, pour plus d’efficacité, à des systèmes de piégeage adhésifs
disposés au niveau des surfaces planes ou près des anfractuosités murales.
Ces systèmes sont placés après l’étude approfondie de la localisation et du
trajet habituel des cafards. Un gel toxique appelé Goliath s’est révélé être
un insecticide efficace. Il faut toutefois garder à l’esprit que le choix de
l’insecticide se fait en fonction des risques toxiques pour l’homme et de son
efficacité contre les blattes. Si, bien sûr, l’infestation est trop importante, il
faut se résigner à faire appel à une société de nettoyage spécialisée.
Classe Substance active Nom Utilisation
chimique commercial

Inhibiteur des Hydraméthylon Maxforce Gel alimentaire piège avec


transporteurs* appâts

Phényl-pyrazole** Fipronil Goliath Gel alimentaire

Néonicotinoïdes** Imidaclopride Maxforce Prime Gel alimentaire

Organophosphorés*** Diazinon Ediazon Spray et pulvérisation en


solution aqueuse
Chlorpyrifos Vulcano
insecticide
Dichlorvos
Pro Bug-X
Malathion

Carbamates** 1-naphtyl Carbaryl Spray, pulvérisation en


méthylcarbamate solution aqueuse, granules
Propoxur
2-propoxyphényl
méthylcarbamate

Pyréthrinoïdes de Bifenthrine Dobol Spray et fumigène


synthèse**
Perméthrine Barrage
Suméthrine Digrain

Graines de margousier Azadirachtine Margosan-O Spray et pulvérisation en


(neem) solution aqueuse
Azatin-EC
Azadirachta indica
Agroneem

Acide borique Acide borique Acide borique Pâte alimentaire

Silice Dioxyde de silicium Terre de diatomée (diatomite, Poudre insecticide


Kieselguhr, tripolite)
Aérogel de silice
Source : revue OPA pratique.

Légende :
* : légèrement dangereux
** : modérément dangereux
*** : très dangereux

Conseils pratiques
1. Nettoyez régulièrement la cuisine, ne laissez jamais traîner la vaisselle
sale ou des aliments à l’air libre, les conserver dans des boîtes fermées.
2. Vérifiez bien que les cafards ne se logent pas dans les gaines électriques
des appareils électroménagers : cafetière, réfrigérateur, etc.
3. Votre poubelle doit être hermétiquement fermée et les ordures placées
dans des sacs plastiques conçus à cet effet.
4. Évitez toutes zones humides (réparez les petites fuites, séchez le
réservoir de vidange du frigo, etc.), aérez bien la salle de bain.
ASTUCES
Lors d’un déménagement, vérifiez que des œufs ne sont pas présents
dans les meubles à transporter. Ils risquent d’infecter le nouveau
logement.
Dans un immeuble collectif, vérifiez que tous les propriétaires ou
locataires ont agi de la même manière face aux blattes, au risque de voir
se pérenniser la colonisation des appartements.
Il est important de bien nettoyer et entretenir cuisine et poubelles, de
ranger correctement les placards, les aliments secs contenus dans des
boîtes hermétiquement fermées et de ne jamais laisser traîner de la
nourriture.
B – LA POLLUTION INTÉRIEURE : UN
FACTEUR FAVORISANT
1 – Cigarettes : des volutes assassines
• Pas de fumée sans feu
Le son de la fumée expulsée de la bouche du fumeur, une musique à la
guitare sèche et la voix de Jacques Higelin qui chante : « Je suis amoureux
d’une cigarette. » La clope au bec, combien d’entre nous ont goûté ce
plaisir de la cigarette après le repas. Tubée, roulée, en paquet, elle a eu très
longtemps le vent en poupe mais la loi Évin est venue y mettre bon ordre.
Elle a mis en particulier un frein à sa publicité. La consommation de tabac
devient interdite dans les lieux publics, etc. Ces mesures sont destinées à
diminuer les risques liés au tabagisme actif ou passif. Ce que contiennent
une cibiche et ses vapeurs est loin d’être inoffensif pour la santé. Tout au
long des siècles, le tabac est utilisé sous différentes formes : à priser, en
vrac pour la pipe, cigarettes brunes ou blondes… Faisant partie de la famille
des solanacées, au même titre que la pomme de terre ou la tomate, le tabac,
par sa combustion, entraîne la libération dans la fumée de nombreuses
substances toxiques ou cancérigènes. On estime leur nombre aux alentours
de 4 000, de nature variable selon le type de tabac ou son mode de
fabrication.
Cette fumée est définie par différents courants. Le courant principal est
constitué par la fumée inhalée directement par le fumeur. Le courant
latéral ou secondaire correspond à la fumée produite par le bout
incandescent de la cigarette, se consumant en l’absence d’aspiration du
fumeur. Considérée comme la plus toxique, elle est responsable du
tabagisme passif. Le courant tertiaire est la fumée expulsée par le fumeur.

BON À SAVOIR
Le tabagisme passif se divise en deux groupes : l’un concerne son
impact sur le fœtus d’une mère fumeuse, l’autre sur l’exposition d’un
individu à un tabagisme environnemental. Il s’agit alors dans le
deuxième cas, de l’inhalation involontaire de la fumée de tabac, qu’elle
provienne directement du fumeur ou du bout incandescent de la
cigarette. Le dosage de la cotinine urinaire reste le meilleur marqueur du
tabagisme passif. Le tabagisme actif concerne directement la personne
qui fume.

L’action du tabagisme passif sur l’organisme est loin d’être négligeable. Il


diminue les mécanismes de défense de l’appareil respiratoire, augmentant
ainsi la fréquence des infections pulmonaires et ORL, surtout chez les
enfants. On considère que les enfants de parents fumeurs risquent deux fois
plus d’hospitalisations pour une infection respiratoire que dans une famille
de non-fumeurs. La bronchiolite secondaire à une infection au VRS (Virus
Respiratoire Syncytial) est plus fréquente chez les nourrissons exposés à la
fumée du tabac. Lors de consultations pédiatriques, l’interrogatoire met
souvent en évidence un tabagisme parental. Les parents disent fumer à la
fenêtre ou dans une pièce où l’enfant n’est pas présent. C’est sans compter
sur la toxicité indirecte de cette fumée de cigarette. Là où elle est la plus
agressive, c’est en vase clos : en voiture, lors de trajets plus ou moins longs.

BON À SAVOIR
La loi no 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système
de santé spécifie à l’art. L3511-7-2 : « Il est interdit à tous les occupants
dʼun véhicule de fumer en présence dʼun enfant de moins de 18 ans. »

Si la notion de plaisir est souvent, au début, assimilée à la consommation


d’une cigarette, la composition des substances émises par sa combustion
peut faire réfléchir ! Elle contient :
– du gaz carbonique ;
– du monoxyde de carbone (identique à celui expulsé par le pot
d’échappement d’une voiture, il est deux fois plus concentré dans le
courant latéral que dans le principal) ;
– des composés organiques volatils, tels que l’acétaldéhyde, l’acétone
(comme le dissolvant utilisé pour retirer le vernis des ongles),
l’ammoniaque (utilisé classiquement comme détergent, 40 à 70 fois plus
concentré dans le courant latéral) ;
– des substances cancérigènes avec les goudrons, le benzopyrène, etc. ;
– de la nicotine, plus concentrée dans le courant latéral. Son taux dans la
cigarette varie en fonction des marques. La nicotine résiduelle,
provenant des courants latéral et tertiaire peut interagir avec l’acide
nitreux de l’air ambiant pour former des substances cancérigènes ;
– des irritants comme les acroléines ;
– des métaux comme le nickel, le cadmium, le plomb, le mercure ;
– du DDT (connu comme étant un insecticide) ;
– de l’arsenic (un poison très puissant).

BON À SAVOIR
Une cigarette peut émettre, dans sa fumée, environ 8 mg de nicotine.
Celle-ci se dépose sur les vêtements, les tissus de l’habitat ou des sièges
de voiture.

Fumer une cigarette peut, dès l’adolescence, être synonyme de fête, de


décontraction, d’affirmation de soi, etc. La législation française tente de
diminuer le nombre de fumeurs avec l’interdiction, depuis 2008, de fumer
dans tous les lieux publics. Les fabricants de tabac, eux, tentent de
consolider le marché en modifiant la composition de certaines cigarettes, en
maintenant ou augmentant le taux de nicotine.

BON À SAVOIR
Une étude tend à prouver qu’une consommation très occasionnelle de
cigarettes peut déclencher rapidement des signes de dépendance au
tabac. Sur 370 adolescents ayant déjà fumé une cigarette, 62 % d’entre
eux récidivent une fois par mois, 52 % présentent rapidement des
symptômes de dépendance. 40 % de ces adolescents sont devenus des
fumeurs quotidiens.
Source : Doubeni, C. A., Reed, G., Difranza, J. R., « Early course of
nicotine dependence in adolescent smokers », Pediatrics, vol. 125, issue
6, 2010, p. 1127-1133.

Consommer régulièrement des cigarettes n’est pas sans danger. Hormis les
cancers du poumon, du larynx et les pathologies cardiovasculaires telles que
l’artérite, l’infarctus du myocarde, ou l’insuffisance veineuse, le tabagisme
actif favorise l’apparition ou la pérennisation d’infections ORL et de la
maladie asthmatique. L’allergie respiratoire entraîne une inflammation
locale des muqueuses nasales et pulmonaires, tout en les fragilisant. Tout
facteur polluant extérieur comme le tabac en potentialise l’impact.
• Lettre à 007 : fumer n’est pas jouer
James, permets-moi de t’appeler ainsi par ton prénom. Tu fais partie de
mes séquences cultes. Tu as une indéniable classe. Amateur de femmes, de
sensations et de boissons fortes, tu nous régales depuis 1962 de tes
incroyables aventures. Sous les traits de Sean Connery, tu es canon et tu les
fais toutes craquer. Daniel Craig n’est pas mal non plus mais ce n’est pas
pareil. Ton penchant pour l’alcool est un peu inquiétant. Tu ne rechignes
pas à siroter entre deux bagarres ou scènes d’amour un Vesper Martini
(Casino Royale) ou un Bloody Mary (Jamais plus jamais), un Mint Julep
(Goldfinger), un mojito (Meurs un autre jour), même parfois un très bon
champagne ou un Grand cru. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé
mais toi, tu n’en as cure. Quand même, après toutes ces années, on peut se
demander comment vont ton foie et ton pancréas. C’est d’ailleurs une
question que se sont posée en 2013 des chercheurs, dans un article du
British Medical Journal. Ils épluchent au moins 14 romans de ton auteur,
Ian Fleming, et se rendent compte de ta grande consommation. En dehors
des périodes de séquestration ou d’incarcération, tu avales plusieurs litres
d’alcool par semaine. Donc ils s’inquiètent. Comme si cela ne suffisait pas,
tu fumes beaucoup, vraiment beaucoup. Ton créateur te fait griller environ
trois paquets par jour et cela depuis le premier opus en 1962 : James Bond
contre docteur No. Tu ne pourrais en aucun cas être un exemple pour une
campagne de santé publique. En 2016, ce sont deux médecins néo-zélandais
qui se penchent sur ton cas. Ils publient un article relayé par le site Tobacco
Control et un grand nombre de médias. Si ton tabagisme est au zénith dans
les années soixante, il décroît pour s’arrêter en 2002 dans Meurs un autre
jour. Ta marque préférée de clopes est Morland & Co mais parfois tu lui es
infidèle pour te tourner vers d’autres marques. Elles ont la particularité
d’avoir trois bandes dorées sur le filtre, comme tes galons de Commander
sur ton uniforme. On peut vraiment se poser la question de savoir comment
tu peux nager, courir, être en forme avec autant de paquets fumés
quotidiennement depuis de nombreuses années, au lit, après l’amour ou au
volant. L’insuffisance respiratoire te guette. Heureusement, tu n’es pas réel
parce qu’avec ce rythme, tu devrais certainement être six pieds sous terre
depuis le temps. Quand ce n’est pas toi qui fume, ce sont tes conquêtes
jusqu’en 2012, comme le fait remarquer l’équipe qui publie. Donc te voilà
soumis au tabagisme passif de 20 % de ces dames, excepté entre 1990 et
2000. Ils parlent même de cette scène où le cendrier est posé sur ton torse.
Cela dit, ils précisent que tu ne gardes pas longtemps tes partenaires, soit
elles disparaissent de l’écran ou se font rapidement descendre. En tout cas,
tu dédaignes la cigarette électronique même dans les derniers films. Tu as
eu en main quelques gadgets qui sont contenus dans des cigarettes. Avec
tout ce que tu as fumé, on peut se demander si certains de tes baisers
n’avaient pas le goût d’un cendrier froid… Même sans tabac ou alcool,
continue de nous faire rêver et à dessouder les méchants, James.
En fait, en raison de la popularité et la pérennité de la saga de l’espion
britannique, les deux universitaires posent la question de l’impact de ses
addictions sur le public, surtout chez les jeunes. Ils signalent que « le
tabagisme de Bond semble peu compatible avec la forme physique
nécessaire à son emploi, son éducation et ses connaissances variées ».
Source : Wilson N., Tucker A., « Die another day, James Bond’s smoking
over six decades », Tobacco Control, publié en ligne le 16 janvier 2017, doi:
10.1136/tobaccocontrol-2016-053426.

2 – Le cannabis : de possibles allergies


• Quid du cannabis
Utilisé de façon festive ou à but thérapeutique dans certains pays, le
cannabis (nom latin du chanvre) est la plupart du temps fumé mélangé à du
tabac. En 2009, on estimait qu’environ 125 à 203 millions des 15 à 64 ans
étaient consommateurs dans le monde. Ce chiffre est certainement sous-
évalué… Défini en 1753 par Carl von Linné, le genre Cannabis sativa est
subdivisé en quatre sous-espèces. La plus importante substance qu’elles
contiennent est le delta-9-tétrahydrocannabinol (THC), dont la
concentration à l’intérieur de chaque sous-espèce est variable. La marijuana
peut contenir jusqu’à 25 % de THC. Pour le shit, le taux varie entre 10 et 30
%. L’huile de cannabis est très concentrée avec entre 60 et 80 % de THC.
Selon la législation européenne, seul le chanvre, dont le taux de THC est
inférieur à 0,2 % de matière sèche, est autorisé à la culture pour une
utilisation industrielle.
Le chanvre cultivé est essentiellement originaire des régions équatoriales.
La filasse, extraite de ses fibres et tiges, sert depuis très longtemps à la
fabrication des vêtements. Le premier jean en toile de Nîmes fut
confectionné par Levi Strauss à partir de celles-ci. Le tissu ainsi obtenu
possède une solidité et une résistance marquées. Les graines du chanvre,
utilisées sous forme de chènevis (pour la nourriture des oiseaux et les
appâts de pêche) rentrent aussi dans la composition d’huiles essentielles.
Le chanvre indien est la principale variété qui se fume en raison de sa
concentration en THC. Le chanvre sauvage, faible en THC, se retrouve
dans la nature sur la bordure des routes et des rivières plutôt en Europe
centrale, en Russie et en Chine. Le chanvre afghan, en raison de la petite
taille de sa tige, est loin d’être utilisé pour l’industrie !
La résine du chanvre, ou haschich, peut être coupée avec d’autres plantes,
pour obtenir du shit. Quant à l’extrémité du chanvre femelle, elle est plus
connue sous le terme « beuh » (herbe en verlan). La marijuana est, elle,
issue de la fleur séchée femelle. Les effets secondaires de l’utilisation
festive du cannabis semblent indissociables de ceux du tabac, puisqu’ils
sont souvent consommés en même temps. Il s’agit de la sécheresse de la
bouche avec une sensation de langue pâteuse et visuellement blanche, de
conjonctivites et de dilatations des pupilles, de tremblements, de majoration
de l’appétit, de modifications du rythme cardiaque, de troubles de la
concentration et de la mémoire immédiate. Exceptionnellement, son
utilisation chronique peut, chez certains individus, conduire à la
schizophrénie. La fumée de cannabis contient sept fois plus de goudron et
de monoxyde de carbone que celle du tabac, et l’utilisation d’une pipe à eau
multiplie l’effet toxique des substances contenues dans la fumée inhalée.

Sur les capteurs…


Le RNSA a répertorié, il y a quelques années, la présence de pollens de
cannabis de fin juillet à fin août à Aix-en-Provence, Grenoble, Bourgoin-
Jallieu, Mâcon, Roussillon et Strasbourg. En octobre, c’est à Ajaccio que
le relevé serait positif au niveau des capteurs.

• Des effets plutôt inattendus


De véritables phénomènes allergiques au cannabis sont observés depuis
1971. C’est le cas de ce patient de 22 ans. Il présente une rhino-
conjonctivite lors de la consommation de cigarettes de marijuana. D’autres
manifestations, comme un gonflement aigu de la luette ou de la partie
postérieure du palais, sont répertoriées après usage du cannabis. D’origine
toxique ou allergique, cet œdème peut persister plusieurs heures ou
plusieurs jours. Une irritation respiratoire est parfois liée à la moisissure
Aspergillus que peuvent contenir ces drôles de cigarettes. Un asthme grave
risque parfois de se développer. Sur le plan cutané, par contact, une urticaire
ou un œdème local des lèvres ou des paupières peut se déclencher à chaque
manipulation. De rares cas de chocs anaphylactiques sont décrits après
consommation de graines de cannabis seules ou diluées dans du thé.
• Des allergies croisées en perspective
L’allergène Can s3 du cannabis est une protéine de transfert lipidique
(LTP), résistante à la chaleur et au passage dans le tube digestif. Ces
particularités expliquent de possibles réactions allergiques alimentaires
violentes et graves : choc anaphylactique, urticaire généralisée, gêne
respiratoire comme une crise d’asthme. Certains aliments comportent une
similitude allergénique avec ce Can s3. Il s’agit de la pêche, de la pomme,
de la cerise, de la noisette, de la tomate consommée crue ou cuite ainsi que
certains agrumes comme le pamplemousse et l’orange. Bière, vin, latex et
tabac feraient également partie de la liste des possibles allergies croisées
avec le cannabis.

Plutôt stupéfiants…
La liste des substances psychoactives classées dans les stupéfiants
comporte au moins 170 plantes. Hormis le cannabis, d’autres ont fait
l’objet de quelques publications décrivant un mécanisme allergique.
1. Le qat. En raison de leur effet stimulant, les feuilles de cet arbuste,
retrouvé en Éthiopie et au Yémen, peuvent être mâchées pour obtenir
des effets quatre fois inférieurs à ceux des amphétamines. Il a été une
fois incriminé dans une allergie de contact, au niveau de la muqueuse
buccale.
2. La morphine utilisée à des fins médicales est considérée comme la
cinquième cause de choc anaphylactique pendant les interventions
chirurgicales. La codéine peut être, dans le cadre de traitements
antalgiques, à l’origine d’urticaires ou de réactions cutanées
maculopapuleuses, parfois associées à un malaise.
3. L’héroïne, hormis un grand pouvoir d’histamino-libération non
allergique, peut aussi déclencher un écoulement nasal, un œdème du
visage ou de rares chocs anaphylactiques. L’eczéma de contact retardé
est souvent retrouvé dans le cadre professionnel (fabrication de
médicaments : eczéma des paupières chez les préparateurs…).

3 – Les COV, ça pue…


Durant de nombreuses années, l’impact de la pollution extérieure et
urbaine sur la santé est resté au premier plan des préoccupations sanitaires.
Elle semble renforcer, lors des pics de concentration, les effets toxiques de
substances irritantes contenues dans l’air intérieur. Celles-ci proviennent
d’appareils de combustion mal entretenus, des peintures et vernis, des
matériaux de construction. Lors de leurs utilisations, ils diffusent différentes
substances, dont les COV (Composés Organiques Volatils) qui sont les plus
connus.
Un appareil de combustion, qu’il soit destiné au chauffage, à la production
d’eau chaude ou à la cuisson des plats, doit régulièrement être contrôlé. En
cas de défection, l’émission de monoxyde de carbone, d’aldéhydes ou
d’hydrocarbures aromatiques constitue un danger non négligeable pour la
santé. L’intoxication aiguë au monoxyde de carbone entraîne chaque année
300 décès. Parfois d’évolution plus insidieuse et chronique, elle se signale
par l’apparition d’une fatigue, de troubles de la mémoire, etc. Il faut donc
rester vigilant et éviter le dysfonctionnement ou l’apparition de signes de
vétusté pour tout appareil de chauffage.Les COV sont produits par des
matériaux utilisés pour l’agencement et l’entretien de l’habitat tels que les
liquides nettoyants et d’entretien, les cires, les désinfectants, l’alcool à
brûler, les désodorisants d’intérieur si prisés à l’heure actuelle, les blocs
W.C., les produits d’hygiène et de bricolage… Ils sont émis durant des jours
ou des mois, interagissant avec d’autres facteurs (moisissures, tabac,
pneumallergènes…), aggravant une allergie préexistante ou un asthme.
• Ça sent le formol
Alain Souchon, dans les paroles de la chanson Le Maître d’école, écrit
qu’à partir de la rentrée de septembre, il va « enrouler les reptiles dans le
formol ». Il s’agit de ce liquide irritant à l’origine d’une odeur
caractéristique en salle de dissection. Ce n’est pas tout à fait de lui dont
nous allons parler mais plutôt de l’un de ses composants. Cette solution est
composée d’un mélange de méthanol et surtout de formaldéhyde. Ce
dernier, très inflammable, est un véritable poison pour les poumons mais
aussi pour la peau.
Il constitue l’un des COV particulièrement nocifs pour l’organisme. Ce
polluant, également appelé « acide formique », est un irritant pour les yeux,
la gorge, le nez et les voies respiratoires. Son implication dans le
développement de cancers de la bouche, du nez, des sinus et certaines
leucémies n’est plus à démontrer. On retrouve cette substance dans de
nombreux matériaux d’aménagement intérieur : les résines utilisées dans les
bois agglomérés, les contreplaqués, les lamelles coupées, les colles
employées pour la fabrication de cloisons, de plafonds, de planchers et de
meubles neufs, certaines peintures, les vernis pour parquet, les moquettes,
certains textiles et les produits de vitrification du plancher.
BON À SAVOIR
Connaître le nouvel étiquetage de 2012
L’arrêté du 19 avril 2011, consolidé au Journal officiel le 27 février
2012, est « relatif au nouvel étiquetage des produits de construction ou
de revêtement de mur ou de sol et des peintures et vernis sur leurs
émissions de polluants volatils ». Il concerne de nombreux COV : 11 en
tout, dont le formaldéhyde. Le niveau d’émission de ces polluants
utilisés lors de travaux est exprimé en µg/m3. Sur chaque boîte de
produit récent apparaît un sigle allant de A+ (le moins polluant) à C
(forte émission). C’est à partir de 2013 que tous les produits disponibles
sont étiquetés de la sorte.

Il faut parfois plusieurs semaines voire plusieurs mois avant que le taux de
formaldéhyde dans une pièce réaménagée soit compatible avec une vie
normale sans symptômes.

ASTUCES
Lorsque vous achetez un meuble en aggloméré, sortez-le du carton et
aérez-le bien pendant plusieurs jours, avant de le monter et de l’installer
dans la pièce.
Choisissez préférentiellement des produits de peintures et
d’embellissement étiquetés A+.
Dans tous les cas, n’hésitez pas ensuite à ouvrir les fenêtres plusieurs
heures pendant quelques jours, de préférence en dehors des pics de
pollution.

• Les huiles essentielles… Pas tant que ça…


Lorsque l’on met en mots-clés « allergies et huiles essentielles » pour une
recherche sur le Web, les résultats me laissent sans voix. En effet, il paraît
que ces huiles sont une solution aux allergies… Que nenni. Leur action sur
les acariens en utilisation domestique est discutable et discutée (voir le
chapitre sur les acariens). Elles sont considérées en réalité comme des COV
au même titre que les autres. Lorsqu’un patient affirme tout faire pour
diminuer ses allergies avec un diffuseur de parfums ou l’utilisation de
bougies d’ambiance, il s’agit de réagir et de stopper définitivement ces
habitudes, surtout en cas d’antécédents respiratoires. On peut penser
essentiellement à leur impact comme source d’eczéma de contact. Sous
forme d’aérosol, elles peuvent accentuer, par leur caractère irritant, un état
pulmonaire déjà précaire. Si vous êtes un(e) adepte de l’aromathérapie,
prenez conseil auprès de votre médecin avant de vous lancer dans une
aventure qui pourrait devenir invalidante si vous êtes asthmatique ou
allergique.
• Les zooootres
Nous pourrions prendre un ton très mystérieux tel Michel Galabru dans
Bienvenue chez les Ch’tis, quand il dit : « C’est le Nooooord. » Les
zooootres sont les autres substances également classées dans les composés
organiques volatils. Il s’agit des substances organochlorées, fortement
toxiques et cancérigènes, comme certains solvants ou insecticides, des
éthers de glycol, des hydrocarbures aliphatiques (huile pour parquet, cire,
vernis, bombe dépoussiérante, colles…) et aromatiques (tabac, vapeur
d’essence, poêle à pétrole, sous-couche des moquettes, peinture, certains
papiers peints…). Le benzène en est le plus redoutable représentant, présent
dans certains solvants, dégraissants, émanations de gaz d’échappement. Les
terpènes (désodorisants, parfums d’intérieur, bougies d’ambiance odorantes,
bâtons d’encens et nettoyants parfumés…), utilisés pour masquer les
mauvaises odeurs, se nomment pinène ou limonène. Considérés comme
irritants pour les bronches, ils sont déconseillés dans l’habitat des
allergiques.

BON À SAVOIR
Bâton d’encens
Longtemps assimilée à la mode « baba cool », la combustion de
bâtonnets (poudre de bois, parfum, bambou…) ou de petits cônes
d’encens devient une habitude dans beaucoup de foyers. Elle dégage de
nombreux composés organiques volatils polluants et divers gaz libérés
dans l’environnement intérieur. L’apparition de troubles respiratoires ou
d’eczéma de contact au visage ou aux mains en sont les conséquences
les plus souvent décrites.

À tous ces éléments pouvant déclencher des symptômes cliniques


s’ajoutent les fibres minérales retrouvées dans les isolants thermiques (laine
de verre, de roche, de laitier). Elles pénètrent sous la peau, entraînant des
réactions d’irritation, surtout au niveau des zones de frottement (coudes,
genoux, face intérieure des cuisses, creux axillaires…). La muqueuse
respiratoire n’est pas épargnée, avec une évolution possible vers
l’insuffisance respiratoire.

ASTUCE
Lors de la manipulation des fibres, l’utilisation de tenues ajustées
fermées, de lunettes et d’un masque de protection est recommandée.

4 – Les plantes d’intérieur : bonne ou mauvaise idée


?
Hormis l’aération, pendant des décennies, la solution naturelle et
écologique proposée pour diminuer la pollution intérieure passait par
l’utilisation de plantes décoratives. Seulement, les COV sont trop peu
absorbés par les feuilles, pour que celles-ci soient considérées comme
dépolluantes. Le Ficus benjamina pouvait contribuer à diminuer les vapeurs
d’ammoniac, de formaldéhyde et de xylène émises par les meubles en bois
aggloméré. C’est tout du moins ce qui était avancé comme hypothèse
depuis quelques années. La réalité est toute autre. Dans certains cas, ce
même ficus engendre l’apparition d’allergies avec une rhinite, conjonctivite
ou un asthme. Originaire d’Asie, il appartient à la famille des moracées.
Des possibilités d’allergies croisées avec le latex, le figuier, ou la figue
alimentaire sont décrites. En réalité, les allergènes propres au ficus peuvent
persister dans la poussière de maison jusqu’à six mois après le retrait de la
plante. On les retrouve également sur les moquettes, sur les sofas, les
matelas situés à plus de trois mètres de la plante.
D’autres plantes décoratives, arbustives ou en pot, présentent les mêmes
risques d’allergies :
– certaines cactées comme le cactus de Noël, appartenant au genre
Schlumbergera ;
– la misère et le caféier utilisés comme plantes d’ornement, le papyrus, les
Spathiphyllum originaires des Philippines et d’Amérique centrale, les
statices, les gypsophiles, les tournesols, les branches de mimosa, etc.
Le dépôt de moisissures sur la terre de culture et de présentation de ces
fleurs ou plantes ne doit pas être négligé et ignoré. Il faut alors traiter le
terreau ou sortir les pots de la maison. À l’extérieur de la maison, ce sont
les plantes à bulbe comme les freesias, les iris, les amaryllis, les jacinthes,
les tulipes, qui, par leur manipulation, déclenchent des eczémas de contact.
Il en est de même pour la famille des astéracées (la marguerite, le
pissenlit…) qui contiennent des lactones sesquiterpéniques très
allergisantes.

5 – Comment aménager son intérieur ?


• Les bonnes solutions
La prévention antipollution dans l’aménagement de l’habitat est
importante. Elle passe par l’utilisation de produits à moindre risque toxique
et un agencement judicieux des pièces à vivre.
On choisit plus volontiers des bibliothèques fermées par une vitrine, moins
favorables aux nids à poussière.
Dans la cuisine, les trappes d’aération sont respectées et non pas bouchées
au nom de supposées économies d’énergie. La cuisson électrique est
préférée, moins polluante que le gaz. L’utilisation d’une hotte aspirante
avec une évacuation externe et dotée d’un filtre efficace est la bienvenue.
Les produits d’entretien sont, de préférence, sans parfum, sans
isothiazolinones et utilisés sous forme liquide et non en spray. Il est, par
exemple, reconnu qu’utiliser un dégraissant pour four en pulvérisation peut
déclencher des crises d’asthme chez les sujets prédisposés.Les lingettes, très
à la mode, sont considérées comme pourvoyeuses de nombreux composés
organiques volatils.
Le revêtement des sols, des murs et le choix du mobilier doivent
privilégier des produits peu toxiques. Pendant de nombreuses années, des
éco-labels européens permettaient de choisir les produits de décoration les
moins polluants :
– classification E1 pour les parquets stratifiés en sachant que le carrelage
reste la solution la plus raisonnable ;
– classification EC1 pour les colles ;
– label GUT pour les moquettes ;
– label Oeko-Tex Standard 100 ;
– label Nature plus ;
– l’Ange bleu.
Désormais c’est la classification A+ qui doit être privilégiée (voir page
80).

BON À SAVOIR
En 2016, une étude relate l’effet délétère de l’utilisation régulière d’eau
de Javel pour le nettoyage de la maison. Elle peut, en effet, être à
l’origine de toux chronique ou d’asthme non allergique. La conclusion
de cette publication demande de reconsidérer son usage peut-être trop
fréquent au quotidien.
Source : Matulonga B., Rava M., Siroux V., Bernard A., Dumas O., Pin I., Zock J. -P., Nadif R.,
Leynaert B., Le Moual N., « Women using bleach for home cleaning are at increased risk of non-
allergic asthma », Respiratory Medicine, vol. 117, août 2016, p. 264-271.

Quelques conseils :
– la vitrification, si elle doit être réalisée, est moins irritante avec des
produits en phase aqueuse ;
– les peintures acryliques avec dilution à l’eau sont à privilégier ;
– le choix du mobilier, bien sûr effectué en fonction des moyens
financiers, doit toutefois privilégier le bois massif plutôt que le bois
aggloméré, très pourvoyeur de formaldéhyde ;
– l’aération des pièces est quotidienne ou renouvelée par une ventilation
de type VMC (Ventilation Mécanique Centralisée) bien entretenue et
régulièrement nettoyée.
L’annonce d’une allergie ou d’une maladie respiratoire génère sans aucun
doute des mesures d’aménagement dans son habitat. Il est certain que cela
peut prendre un peu de temps, entraîner des dépenses imprévues. Le
bénéfice santé est à prendre en compte et quelques sacrifices peuvent en
réalité se révéler être une aide précieuse à la stabilité de sa santé. De
nombreuses mesures et initiatives gouvernementales, comme le nouvel
étiquetage, ne peuvent qu’aller dans le sens de l’amélioration, mais le
chemin reste encore long.
• Le CEI, Conseiller en Environnement Intérieur
Créée il y a plus d’une vingtaine d’années, à l’initiative du service
d’allergologie de Strasbourg, cette nouvelle profession est une aide
précieuse dans la prise en charge de la maladie allergique. Se déplaçant à
domicile, le CEI établit un véritable état des lieux de l’habitat au niveau de
la pollution intérieure et de la présence d’allergènes. Cette étude permet,
dans un deuxième temps, la mise en place des mesures, des corrections qui
résultent de conseils de prévention et d’éviction, visant à obtenir un
environnement plus sain et favorable à l’allergique. Son action complète
ainsi, sur le plan pratique, les consultations de l’allergologue. Le conseiller
en environnement intérieur dépend, le plus souvent, de structures
associatives.
Sollicité par un médecin libéral, un centre hospitalier, une association ou
un organisme de santé, le CEI, durant environ 1 h 30, étudie tout le
logement. Des prélèvements sont effectués (formaldéhyde, acariens,
moisissures…) lorsque cela se révèle nécessaire. Ensuite, un compte rendu
est fourni au médecin prescripteur et au patient. Il comporte des solutions
adéquates pour chaque situation rencontrée par l’allergique ou
l’asthmatique. Cette visite est gratuite si elle est déclenchée par une
structure médicale prise en charge classiquement par l’ARS (Agence
Régionale de Santé) locale ou par d’autres structures. Elle reste cependant à
la charge du patient si le CEI exerce en libéral, sans reconnaissance de
l’ARS. La consultation coûte dans ce cas entre 150 et 300 euros.
Des études récentes réalisées en France et aux États-Unis confirment
l’impact positif du passage de CEI au domicile des asthmatiques allergiques
aux acariens. Le respect de ce qu’ils préconisent permet une régression de
la concentration des allergènes, une diminution significative de la prise de
médicaments, des jours d’hospitalisation et des absences scolaires.

BON À SAVOIR
Où trouver un CEI ?
Il suffit de se connecter sur le site internet : www.cmei-france.fr.
CHAPITRE II

L’ALLERGIE AU MENU
Se nourrir est indispensable à la survie de l’être humain. Les plaisirs
du palais peuvent malheureusement se transformer en véritable
danger, mettant en jeu le pronostic vital. Il ne faut pas hésiter à
consulter l’allergologue pour faire la part des choses entre une vraie et
une fausse allergie alimentaire : l’une pouvant faire mourir, l’autre
non. L’éviction, jusqu’alors prônée pour la plupart des aliments, se
discute désormais en fonction des résultats du test de provocation orale.
Certains services hospitaliers en France proposent des protocoles de
désensibilisation à certains allergènes alimentaires. On estime
actuellement que l’allergie alimentaire touche 8 % des enfants et 3,5 %
des adultes. Les manifestations cliniques sont variées. Elles se
concentrent le plus souvent sur la peau et les muqueuses mais aussi
dans le système digestif ou respiratoire. Il faut savoir, par le biais de
tests adaptés, faire la part des choses entre une vraie et une fausse
allergie ou une intolérance alimentaire.
A – UTILISER LES TERMES
ADÉQUATS
1 – Véritable ou fausse allergie
L’interrogatoire en allergologie est une étape initiale essentielle dans
l’approche médicale d’une réaction allergique alimentaire. Il est minutieux
et précis. L’intervalle parfois long entre le bilan et l’épisode aigu rend
l’exercice souvent fastidieux. L’allergique n’a plus en mémoire le
déroulement exact des événements, à moins d’avoir tout noté sur un carnet,
ce qui est rarement le cas. Il faut pouvoir raconter quels ont été les
symptômes, leur délai d’apparition, les aliments ingérés, les traitements
concomitants pris à l’époque et l’attitude thérapeutique choisie pour juguler
la réaction. Le potentiel allergisant persiste en dehors de toute poussée
aiguë et les signes cliniques s’aggraveront à chaque nouvelle consommation
de l’aliment en cause. A contrario, la fausse allergie n’entraîne pas
systématiquement une réaction à l’ingestion des aliments suspectés. Pour
s’y retrouver, il est capital de faire la différence entre tous les termes qui
peuvent se mélanger dans l’esprit collectif. Les mécanismes et l’impact sur
la santé ne peuvent être confondus.
• La vraie
On qualifie de vraie allergie alimentaire IgE-dépendante immédiate une
réaction qui se déclenche très rapidement après avoir mangé l’aliment
(quelques minutes à deux heures après l’ingestion). Chez le nourrisson, un
mode de sensibilisation reste méconnu. Il peut se sensibiliser lors de
l’allaitement aux aliments ingérés par la maman. Les manifestations
possibles sont variées, comme l’apparition inattendue d’une urticaire avec
des plaques rouges ressemblant à des piqûres d’ortie et accompagnées de
démangeaisons féroces. Un gonflement de la lèvre, des paupières ou du
visage peut se développer en même temps ou un peu plus tardivement. La
langue devient parfois énorme, entraînant une gêne pour avaler ou pour
respirer. Lorsqu’elle apparaît, la crise d’asthme due à un aliment est un
signe de gravité de l’allergie et impose rapidement l’injection d’adrénaline,
ainsi qu’une hospitalisation pour surveillance. Elle correspond à un stade de
sévérité dit de stade 3 du choc anaphylactique. Le risque majeur, sans
traitement d’urgence au stade 4, est le décès.

Rappels sur le choc anaphylactique


Il représente l’évolution la plus grave et la plus sévère de l’allergie dite
« IgE-dépendante immédiate ». Il apparaît très rapidement et peut
évoluer selon quatre stades de gravité :
– stade 1 : signes dits cutanéo-muqueux généralisés, c’est-à-dire
apparition d’un œdème souvent accompagné d’une poussée d’urticaire
géante sous forme de plaques ou de boutons rouges sur tout le corps ;
– stade 2 : les signes du stade 1 s’accentuent et sont associés à l’atteinte
de différents organes (poumons, système cardio-vasculaire) avec une
baisse de la tension et accélération du rythme cardiaque, une toux et
une gêne respiratoire avec essoufflement et sifflements pulmonaires
(crise d’asthme) ;
– stade 3 : l’atteinte multiviscérale est de plus en plus sévère et menace
la vie, avec des troubles importants de la fréquence cardiaque, de la
tension et de la respiration. Elle impose l’injection d’adrénaline,
l’appel au SAMU et une hospitalisation de surveillance ;
– stade 4 : on observe un arrêt cardio-respiratoire, évoluant vers un coma
et le décès du patient en l’absence de tout traitement d’urgence par
stylo auto-injecteur d’adrénaline et d’hospitalisation d’au moins 12
heures.

• L’usurpatrice
La fausse allergie alimentaire est plutôt liée à un mécanisme non
immunologique, donc sans anticorps IgE. Elle se développe chez n’importe
quel individu, dans certaines circonstances favorables. On pourrait la
considérer comme un trop plein d’histamine dans l’organisme.
Cliniquement, on peut observer une urticaire ou un œdème (plutôt six à huit
heures après la consommation d’aliments histamino-libérateurs), mais cette
fois sans risque de choc anaphylactique.
Qu’est-ce que l’histamine ?
C’est une substance sécrétée par des cellules appelées mastocytes,
présentes dans différents organes. Lors de leur stimulation par un
mécanisme allergique avec des IgE ou autre (infectieux, stress, etc.), elle
est libérée dans l’organisme, entraînant l’apparition d’une urticaire, de
gonflements ou de troubles digestifs. Elle est également présente à des
concentrations variables dans certains aliments qui ne doivent pas être
consommés pendant toute la durée d’une poussée d’urticaire, sous peine
de l’avoir plus longtemps : de quelques jours à plusieurs semaines ou
même mois.
Les principaux aliments dits histamino-libérateurs :
– crustacés, crevettes, crabe, poisson frais ou surgelé, anchois, hareng
fumé ;
– conserves ;
– porc, saucisson, choucroute, pizza, paella, quiche, abats (rognon, foie,
cœur), gibier ;
– céleri, tomates, épinards, pois, haricots, lentilles, fèves, soja, fraises,
ananas, papaye ;
– lactoglobuline, lait de vache entier, fromages fermentés, blanc d’œuf ;
– chocolat ;
– épices (poivre blanc, clou de girofle, cannelle, ketchup, mayonnaise…)
;
– céréales ;
– noix, noisettes, cacahuètes ;
– colorants jaunes (tartrazine E102) et rouges (rouge de cochenille E124,
cochenille E120, érythrosine E127) ;
– alcools divers (vin, bière, cidre, apéritifs, champagne).

2 – Les intolérances alimentaires


Ces phénomènes alimentaires ont le vent en poupe surtout pour l’un
d’entre eux. Ils n’ont rien à voir avec une allergie, même si parfois certains
symptômes comme la diarrhée pourraient le faire supposer. Une
collaboration étroite entre le gastro-entérologue et l’allergologue permet
souvent d’établir le diagnostic avec certitude. Il ne faut pas hésiter à
consulter.
• L’authentique, au gluten

BON À SAVOIR
Le gluten est un ensemble de protéines (prolamines et glutélines)
présentes dans certaines céréales : blé, orge, seigle. Il rend par exemple
la pâte à pain plus élastique et extensible. Pour un meilleur rendement,
l’utilisation de farines modernes pose le problème de leur teneur plus
importante en gluten et de leur nature plus agressive pour la muqueuse
intestinale, les rendant moins digestibles.

La réelle intolérance alimentaire au gluten est responsable de la maladie


cœliaque, pathologie digestive auto-immune, se développant chez des
personnes génétiquement prédisposées. Elle toucherait en Europe 0,3 à 1 %
de la population. Lors de contacts entre la muqueuse intestinale et la
gliadine du gluten, une réaction immunologique se développe, entraînant
des troubles digestifs majeurs, parfois accompagnés d’une perte de poids
conséquente. Son diagnostic repose sur la réalisation d’examens médicaux
très poussés, avec coloscopie et biopsies de la muqueuse intestinale, ainsi
que le dosage de certains anticorps, en particulier, les anticorps
antiglutaminases. Le régime préconisé impose alors l’exclusion du blé, de
l’orge et du seigle. Cette pathologie n’a strictement rien à voir avec cet effet
de mode un peu « bobo », qui entretient la confusion. On attribue alors à
des troubles digestifs, certes inconfortables mais assez banals, le terme de
prétendue intolérance au gluten, alors qu’en réalité, il peut s’agir d’un colon
irritable ou d’un tube digestif ne supportant pas une trop grande quantité de
blé apportée par l’alimentation industrielle (SGNC). Cette erreur de
diagnostic fait alors le bonheur de certains industriels, qui surfent sur la
vague grâce à l’intitulé « sans gluten », plus onéreux, bien sûr !

BON À SAVOIR
La SGNC
Allons bon ! Encore un sigle à intégrer, allez-vous penser. Il s’agit là
d’un phénomène assez fréquent mais encore trop méconnu : la sensibilité
au gluten non cœliaque. Beaucoup d’entre vous vont peut-être se
reconnaître dans la description des signes cliniques. Il faut cependant
voir un médecin pour en être vraiment sûr. Aucun diagnostic ne peut être
établi à la légère, surtout si des évictions alimentaires sont en jeu. De
quoi parle-t-on ? Eh bien, cette sensibilité alimentaire particulière peut
entraîner des manifestations digestives comme une diarrhée, des
douleurs abdominales, des ballonnements et bien sûr, ces flatulences les
accompagnant, quelques heures après avoir mangé des aliments à base
de gluten. Les personnes atteintes peuvent aussi se plaindre de douleurs
articulaires ou musculaires, de fatigue intense, de difficultés de
concentration, de maux de tête, de dépression ou d’anémie. Tous ces
signes disparaissent lorsque l’on arrête le gluten et récidivent dès la
reprise. La sensibilité individuelle permet cependant de pouvoir moduler
son apport quotidien. Holà, je vous vois vous dire : « C’est ce que je
ressens ! » Mais je préfère vous conseiller de consulter, avant de vous
engager dans un régime inadapté. Il faut bien évidemment avoir éliminé
les autres causes, comme le colon irritable, l’allergie au blé, l’intolérance
au gluten appelée maladie cœliaque ou d’autres causes pouvant être à
l’origine des signes articulaires, musculaires, etc.

• Au lactose : question d’enzyme


Classiquement, le lactose (sucre contenu dans le lait) est rendu plus
assimilable par l’intestin grâce à une enzyme appelée lactase. Celle-ci
permet de le scinder en deux molécules : le glucose et le galactose, plus
digestibles. À ne surtout pas confondre avec l’allergie vraie au lait de vache,
ce phénomène d’intolérance correspond à un déficit enzymatique digestif en
lactase. Ce manque enzymatique entraîne alors l’apparition de diarrhées et
de ballonnements abdominaux dans les deux heures qui suivent l’ingestion
de lait. La baisse physiologique et classique de l’activité de la lactase est
programmée pour apparaître vers l’âge de
5 ans et sa fréquence varie selon les pays. En effet, l’intolérance au lactose
atteint près de 90 % de la population de certaines régions asiatiques et
africaines, pour près de 3 % dans les pays nordiques.

ASTUCES
Pour les intolérants au lactose
Il s’agit alors d’éviter des produits trop riches en lactose, donc moins
bien digérés, en s’orientant vers des aliments comme les laits pauvres en
lactose ou sans lactose, les yaourts riches en probiotiques, les rendant
ainsi plus digestibles, et la consommation de fromages affinés.
Une autre solution consiste à utiliser des préparations à base de lactase
d’origine bactérienne ou fongique, proposées dans les pharmacies sous
forme de capsules ou de comprimés à prendre 30 à 60 minutes avant le
repas.

• À l’histamine : attention à l’intoxication


L’histamine (eh oui, encore elle…) peut constituer, lorsqu’elle se retrouve
en quantité excessive dans certaines préparations industrielles, un véritable
poison. Cette concentration trop importante est la conséquence d’une
contamination microbienne (dans certaines conserves, par exemple) liée en
partie au non-respect de la chaîne du froid*. La consommation de ces
produits mal préparés peut être à l’origine d’un phénomène peu connu mais
considéré comme une toxi-infection alimentaire à déclaration obligatoire
auprès des instances sanitaires. En France, certains cas répertoriés
concernent des poissons, des viandes ou des fromages mal conditionnés. On
considère en général qu’une personne normale peut consommer sans
problème environ 25 à 50 mg d’histamine par repas.
* Le conditionnement des aliments répond, en effet, à des critères très
stricts définis par le règlement CE no 2073/2005, appliqué au niveau
européen.

Mais comment suspecter une intoxication à l’histamine ? Il s’agit, dans


l’heure qui suit la consommation d’un produit suspect, de l’apparition d’une
rougeur du visage avec la sensation de bouffées de chaleur, de picotements
de la peau, d’étourdissements, de maux de tête et une accélération du
rythme cardiaque. Rapidement, la personne ressent des nausées, peut vomir,
avoir mal à l’estomac et avoir une diarrhée. Il n’y a pas de fièvre, puisque
ce n’est pas une infection. Les manifestations peuvent durer de quelques
heures à plusieurs jours, si la personne est très sensible à l’histamine. Il faut
alors ne pas hésiter à consulter son médecin. En 2012, les médias relaient
une information émanant d’une grande chaîne de distribution. Il s’agit de
ramener dans les grandes surfaces, et contre un remboursement, des lots de
boîtes de sardines présentant un taux d’histamine trop important.

BON À SAVOIR
Dans les poissons, la teneur en histamine :
• < 50 mg/kg : pas de risque toxique ;
• entre 50 et 200 mg/kg : possible toxicité de l’aliment ;
• de 200 à 1 000 mg/kg : toxicité probable.
B – LES COUPABLES
1 – Au lait, aux laits
• La vache, de mal… en pis
Depuis l’arrêt de l’allaitement maternel, Julie, joli bébé de 3 mois, est
passée au lait maternisé. Si tout s’est bien déroulé dans les premiers jours,
son eczéma, minime jusqu’alors, flambe d’un seul coup. Sa peau se couvre
de plaques rouges et sèches. Elle dort mal, est très énervée. Les tests
allergologiques confirmeront une allergie aux protéines du lait de vache.
Un lait d’hydrolysat de protéines remplace désormais le lait maternisé. Sa
peau est redevenue normale. L’allergologue explique à la maman que
l’apparition ou la majoration d’un eczéma atopique lors d’une modification
des habitudes alimentaires implique la recherche d’une allergie
alimentaire. Chez le nourrisson, c’est le lait maternisé qui est le plus
souvent mis en cause. Il contient en général des protéines allergisantes
telles que les caséines et la bêta-lactoglobuline.
Ce petit bout de chou prénommé Titouan va sur ses 2 mois et sa mère
l’allaite avec bonheur. Un petit nuage cependant pointe à l’horizon. Quand
maman mange du fromage, eh bien, bébé trinque. Après avoir pris le sein et
bu le bon lait maternel, il se tortille dans tous les sens. Son ventre gonfle et
bing ! Une diarrhée. Cela commence à devenir inquiétant. La maman est
désespérée, elle qui pense que son lait devient un handicap pour son fils.
Une consultation chez l’allergologue aide à donner une explication
rationnelle à ce phénomène. Le bébé est en fait allergique aux protéines
contenues dans le lait ou les produits laitiers ingérés par la maman et qui
passent dans le lait maternel.
L’allergie aux protéines du lait de vache est responsable d’environ 12,6
% des allergies alimentaires chez l’enfant, mais rassurez-vous, cela ne
concerne, selon les études que 0,1 % à 7,5 % de la population générale. Les
réactions cliniques sont variables en fonction du mécanisme allergique
incriminé. Elles ont tendance à disparaître vers l’âge de 18 mois ou au
maximum vers 4 ans. On considère que plus de 90 % des individus atteints
guérissent vers l’âge de 15 ans.

BON À SAVOIR
Le mode de sensibilisation se fait souvent par l’ingestion directe du lait
en biberon ou dans des préparations en contenant. Il ne faut cependant
pas oublier que les protéines de lait de vache qu’ingère la mère dans son
alimentation quotidienne passent dans son lait. Pour l’enfant, la
rencontre avec l’allergène se produit donc quand sa mère lui donne le
sein.

Qu’est-ce que le lait ? Ce breuvage blanc si cher à nos cœurs, surtout au


petit déjeuner, sort du pis de la vache. C’est vrai qu’à force de ne le voir
qu’en briques ou en bouteilles, certains pourraient l’oublier… Sa définition
date d’août 1905 et vaut son pesant d’or. Je vous la livre telle qu’elle a été
publiée dans le décret du 25 mars 1924 : « Le mot lait, sans indication de
l’espèce, désigne en France, le lait de vache. Il est le produit intégral de la
traite totale et ininterrompue d’une femelle laitière bien portante, bien
nourrie et non surmenée. Il doit être recueilli proprement et ne pas contenir
de colostrum. Tout lait provenant d’une femelle laitière autre que la vache
doit être désigné par la dénomination « lait » suivie de l’indication de
l’espèce animale dont il provient. » Il est composé de lipides (34 g/l pour le
lait entier, 16 g/l pour le demi-écrémé et moins de 0,1 g/l pour l’écrémé), de
protéines potentiellement allergisantes (85 % de structures similaires entre
le lait de vache et de brebis ou de chèvre expliquent bien des allergies
croisées), de glucides à faible pouvoir sucrant (le lactose) et d’autres
éléments tels que des vitamines, des hormones, du calcium et parfois des
résidus d’antibiotiques consommés par l’animal trait. On le retrouve sous
différentes formes dans les grandes surfaces ou magasins d’alimentation. Il
peut être un lait stérilisé UHT (Ultra Haute Température), chauffé à 140 °C
pendant une à deux secondes pour détruire les micro-organismes ou
seulement pasteurisé entre 55 et 70 °C pendant 30 secondes.
Sous l’intitulé des produits laitiers, on entend : les yaourts, le fromage, les
crèmes et beurres mais aussi le lactosérum et la caséine utilisés dans
l’industrie alimentaire ou cosmétique.

Équivalences :
1 yaourt = 145 ml de lait.
Un quatre-quart confectionné avec 100 mg de beurre contient
l’équivalent de 13,89 ml de lait de vache.

Valeurs nutritionnelles moyennes des différents laits animaux pour


100 ml par comparaison au lait maternel et au lait 1er âge
Maternel er Vache Chèvre Brebis Jument
1 âge

Énergie (kcal) 70 70 68 72 96 49
Protéines (g) 1 1,6 3,5 3,9 5,3 2,3
Lipides (g) 3,5 3,4 3,5 3,7 6,5 2,3
Glucides (g) 7 7,7 4,6 4,4 4,3 5,6
Calcium (mg) 33 58 120 126 140 100
Fer (mg) 0,05 0,8 0,05 0,06 0,05 0,1

L’allergie immédiate, dite IgE dépendante, est à l’origine chez le


nourrisson ou l’enfant allergique de poussées d’urticaire et/ou d’un œdème
du visage, des lèvres ou de la langue, d’une rhinite ou d’une crise d’asthme
dans les quelques minutes à deux heures après la consommation du produit
laitier. Le choc anaphylactique, présent dans 9 % des cas, reste la
manifestation la plus spectaculaire. Les allergènes responsables sont
l’alpha-lactalbumine, la bêta-lactoglobuline, plusieurs caséines (non
détruites par la cuisson) et la sérumalbumine. Ce mécanisme immédiat met
en action des anticorps de l’allergie : les IgE, dirigées contre une ou
plusieurs de ces protéines.
Les poussées d’eczéma et les troubles digestifs tels que la diarrhée, la
constipation ou les douleurs abdominales et vomissements parfois associés
à une perte de poids, sont moins connus. Ils relèvent d’un mécanisme
allergique appelé « retardé », différent du précédent puisque sans anticorps
IgE et avec un délai d’apparition des symptômes digestifs ou cutanés
beaucoup plus long. Il n’y a alors pas de risque de choc anaphylactique
mais plutôt une cassure de la courbe de poids, bien visible sur les courbes
évolutives du carnet de santé. Les mères observent chez leur enfant un
inconfort digestif majeur ou des lésions cutanées persistantes. Souvent
sous-estimée dans sa fréquence et dans son diagnostic, cette allergie est
pourtant le motif de nombreuses consultations. Les mères se sentent
totalement désemparées et souvent étiquetées stressées, alors que l’allergie
est bien réelle.
TABLEAU RÉCAPITULATIF :
Ne pas confondre allergie et intolérance au lait
ALLERGIES AUX PROTÉINES INTOLÉRANCE
LAIT DE VACHE AU LACTOSE

IMMÉDIATE RETARDÉE PAS D’ALLERGIE MAIS


DÉFICIT
EN LACTASE
Quelques minutes à quelques Au fur et à mesure de la Apparition de troubles digestifs lors
heures après l’ingestion de consommation de lait, possibles de la consommation de produits
lait ou produits laitiers : poussées d’eczéma atopique et/ou de laitiers ou de lait, variables selon le
urticaire, œdème, crise douleurs abdominales, régurgitations, seuil individuel de tolérance au lait
d’asthme, choc diarrhée pouvant aboutir à une perte
anaphylactique de poids pour le bébé

Prick test et dosage sanguin Patch test et test d’éviction du lait Certaines personnes peuvent
des IgE spécifiques. Éviction avec remplacement par un lait consommer des petites quantités de
du lait avec remplacement d’hydrolysat (remboursé) ou de riz lait ou ont la possibilité de prendre des
par un lait d’hydrolysat (non remboursé) gélules de lactase avant un repas
(remboursé) ou de riz (non comportant un risque de présence de
remboursé) produits laitiers

BON À SAVOIR
Un individu allergique aux protéines du lait de vache peut l’être aussi :
au lait de chèvre, de brebis, de jument, d’ânesse, de chamelle ou à la
viande de bœuf. Certains fromages à base de lait de vache, de brebis ou
de chèvre sont riches en histamine : emmental, roquefort, gouda,
camembert, cheddar… Ils peuvent déclencher, par leur ingestion, un
œdème ou une urticaire. Seuls les tests allergologiques permettent la
distinction entre vraie et fausse allergie alimentaire.
Les explorations allergologiques en cas de suspicion d’allergie aux
protéines de lait de vache sont choisies en fonction des manifestations
cliniques et donc du mécanisme immunologique en cause. En cas
d’urticaire, d’œdème ou de choc anaphylactique, on utilise des prick tests.
Ils consistent en l’application dans le dos ou sur l’avant-bras du nourrisson
d’une goutte de lait. À l’aide d’un stylet, le médecin pique au travers de
celle-ci. Après une attente d’environ 15 minutes, une petite papule et une
rougeur périphérique apparaissent. Lorsque ce sont les troubles digestifs ou
l’eczéma qui gênent l’enfant, on s’oriente plus vers des patch tests dans le
dos. L’arrêt du lait incriminé avec la disparition des symptômes est un
argument majeur du diagnostic. Le Test de Provocation Orale (TPO)
représente le test de référence. Toujours réalisé en milieu hospitalier, il
permet d’affirmer avec certitude le diagnostic, d’évaluer la quantité que
l’allergique peut ingérer. Lorsque les tests cutanés ne peuvent être pratiqués,
le dosage sanguin des anticorps IgE dirigés contre les différentes protéines
du lait représente une aide précieuse, en complément du bilan cutané. Ils ne
doivent cependant pas être systématiques. Quant au Diallertest, devenu
indisponible, il était facile à appliquer sur le dos de l’enfant. Son
interprétation devait être confirmée par un œil médical averti. Sa fiabilité
était loin d’être de 100 %. Toute erreur de lecture pouvait entraîner
malencontreusement un régime d’éviction totalement inadapté.

BON À SAVOIR
Gants de boxe et allergie au lait ne font parfois pas bon ménage.
L’allergologie se rapproche souvent d’une véritable enquête policière
pour trouver le coupable à l’origine de la réaction. Ce cas en est une
excellente illustration.
Il faut avouer que c’est grâce à la parfaite connaissance de sa spécialité
et aux moyens biologiques mis à disposition que l’allergologue va
trouver une conclusion à cette histoire pour le moins inattendue.
Une jeune fille pratique régulièrement le kickboxing. Elle s’entraîne
comme à son habitude mais cette fois-ci avec une paire de gants neufs.
Un événement vient perturber sa séance. La sportive présente, en effet,
15 minutes après l’échauffement, des signes faisant penser à un choc
anaphylactique. Elle se sait allergique au lait et n’a rien mangé ou bu
depuis plusieurs heures, et encore moins des produits laitiers. Elle a
malencontreusement oublié sa seringue d’adrénaline, ce traitement
d’urgence qui peut lui sauver la vie. Elle perd connaissance.
Heureusement, les secours arrivent suffisamment vite pour pouvoir la
réanimer et la prendre en charge avant son hospitalisation.
Comme rien n’a été ingéré depuis longtemps, la recherche de l’élément
déclencheur passe par un interrogatoire minutieux, réalisé quelques jours
plus tard. Le seul facteur inhabituel ce jour-là est cette nouvelle paire de
gants. La présence de caoutchouc est signalé sur l’étiquette et le
fabriquant, interrogé, stipule qu’il n’y a pas de protéines de lait dans ces
gants. Le test sanguin de dosage d’anticorps IgE latex est négatif, trois
semaines après l’épisode, mais positif pour le lait de vache. Les
investigations se poursuivent. Il ne faut pas rester sans réponse quant à
l’origine du choc. L’enjeu est trop important. C’est alors qu’est décidé
un examen plus poussé et spécifique des protéines contenues dans le
gant. Il va donner des résultats assez étonnants et identifier la cause de
cette réaction allergique explosive. En effet, des protéines de lait de type
caséine sont isolées en quantité assez importante dans le rembourrage du
gant. Cette caséine est en fait utilisée comme stabilisant ou lubrifiant
naturel dans des produits en latex, et c’est la première fois qu’on en
découvre dans un gant de boxe.
La morale de cette histoire repose sur deux principes. D’une part, toutes
les informations doivent être recueillies pour aider à la découverte de
l’allergène responsable. D’autre part, le stylo d’adrénaline doit toujours
être à la portée de main d’un allergique ayant des antécédents de choc.
Source : Hamilton R. G., Scheer D. I., Gruchalla R., Adkinson N. F., Sampson H. A., « Casein-
related anaphylaxis after use of an Everlast kickboxing glove », Journal of Allergy and Clinical
Immunology, vol. 135, 2015, p.269-271.

• Biquettes et brebis
Mélanie, 19 ans, décide d’aller manger une pizza avec ses parents à la
pizzeria du coin. Elle n’a aucun problème particulier excepté quelques
démangeaisons et une éruption de boutons lorsqu’elle mange certains
fromages à base de lait de chèvre comme un picodon, du pélardon ou du
crottin de Chavignol. Des fromages au lait de vache comme le brie, le
chaource, le comté, le gruyère, la mimolette sont consommés sans
problèmes particuliers. Sur place au restaurant, elle commande une pizza
en spécifiant bien au serveur qu’elle est allergique au lait de chèvre. Après
avoir mangé la moitié de sa pizza, Mélanie ressent une sensation de grande
fatigue, de malaise avec des sueurs, un œdème des lèvres et une urticaire
sur une grande partie du corps. Sa sortie à la pizzeria se solde par une
hospitalisation pour un choc anaphylactique. Le bilan allergologique
réalisé un mois et demi plus tard confirme l’allergie au lait de chèvre, sans
allergie concomitante au lait de vache. En se renseignant auprès du
pizzaïolo, il reconnaît que des morceaux de fromage de chèvre s’étaient
glissés dans la pizza !
Le premier cas d’allergie au lait de chèvre et de brebis sans allergie croisée
au lait de vache a été décrit en 1995. Depuis cette date, de nombreuses
observations cliniques sont rapportées dans des articles médicaux (Bidat E.,
« L’allergie au lait de chèvre ou de brebis », Revue Française
d’Allergologie, vol. 50, avril 2010, p. 128-131, par exemple). L’allergie aux
protéines du lait de vache est associée par réaction croisée à une allergie au
lait de chèvre et de brebis dans 92 % des cas. On peut affirmer que l’inverse
n’est pas systématique. Ce sont essentiellement les protéines de la caséine
qui sont impliquées. Une très petite quantité d’allergènes suffit à déclencher
des réactions telles qu’urticaire, œdème laryngé, asthme, choc
anaphylactique ou troubles digestifs avec des douleurs abdominales et des
vomissements.
Si les manifestations cliniques sont les mêmes que pour l’allergie au lait
de bovin, le délai d’apparition est néanmoins plus court, les symptômes plus
violents et le risque de choc anaphylactique plus fréquent. Ces protéines
animales sont souvent cachées dans du fromage de vache contaminé sur la
chaîne de fabrication. Les fromages de chèvre et de brebis de type feta ou
roquefort sont faciles à identifier. Il n’en est pas de même pour les fromages
de vache sans AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) pouvant être
contaminés par des laits de chèvres ou de brebis. Attention aux pizzas,
tartiflettes, cordons bleus, quiches, des plats de lasagnes, raviolis, pâtes
carbonara, viandes au fromage, moussaka, etc.
La directive européenne 2003/89/CEE du 25 novembre 2003 signale que
le lait de vache et les produits qui en dérivent font partie des 14 allergènes à
déclaration obligatoire, dans la liste des ingrédients signalés sur l’emballage
des denrées alimentaires.

BON À SAVOIR
Les laits de chèvre et de brebis ne font pas encore partie de l’étiquetage
obligatoire. Il faut être extrêmement vigilant à la lecture des étiquettes,
en cas d’allergie avec un antécédent de choc anaphylactique.

• Comment gérer ?
Ne jamais substituer un lait de vache, de chèvre ou de brebis par :
– un autre lait animal (jument, chamelle, ânesse) ;
– un lait de soja. Les laits végétaux, dont il fait partie, ne contiennent pas de
vitamines D, B2 et B12, peu ou pas de calcium ou de fer. Il faut également
tenir compte de sa teneur en phyto-œstrogènes (moins importante dans les
préparations infantiles qu’industrielles). Ils sont déconseillés avant l’âge
de 6 mois. La forme enrichie en calcium trouve sa place dans
l’alimentation de l’enfant, à partir de 3 ans.
Pour le nourrisson, choisir le bon lait. À ne pas confondre avec les laits
de prévention dits hypoallergéniques, seuls les laits par hydrolysat sont
proposés en toute sécurité, en cas d’allergie aux protéines du lait. Ils ne
contiennent pas de protéines allergisantes. Ce sont :
– les hydrolysats de protéines du lactosérum (Alfaré, Pepti-Junior) ;
– les hydrolysats de caséine (Galliagène Progress, Nutramigen LGG,
Prégestimil) ;
– les laits à base de riz sont aussi proposés (attention, ces laits ne sont pas
remboursés) ;
– le Puramino et le Neocate sont des laits à base d’acides aminés prescrits
en cas d’allergie aux hydrolysats de protéines ou de réactions très
sévères aux protéines de lait de vache. La présentation varie en fonction
de l’âge.

BON À SAVOIR
Certains produits non comestibles peuvent contenir du lait : cosmétiques,
shampoings, probiotiques, certains tissus de sous-vêtements (la fibre de
lait réalisée à base de caséine).

• Buffala ou mozarrella : e pericoloso


Que c’est bon ! Un plat de tomates et mozzarella. Qui pourrait deviner que
ce plaisir présente un risque pour certaines personnes allergiques au lait de
bufflonne. Celui-ci est considéré comme la boisson lactée la plus
consommée dans le monde après le lait de vache. Il est très utilisé dans
l’alimentation de certains pays puisqu’il entre dans la composition de la
mozzarella dite Bufala Campana et certaines ricottas en Europe. En Asie, il
est particulièrement utilisé comme lait de table, dans la fabrication des
fromages et la préparation de certains laits infantiles en poudre.

BON À SAVOIR
La bufflonne, femelle du buffle d’eau d’Asie (Bubalus bubalis), est
retrouvée en Asie du Sud-Est et sur le continent indien.
En Europe, elle est présente dans des élevages, plutôt en Italie. Le buffle
d’Asie est d’un autre genre que celui d’Afrique. Ne les confondez pas,
ils pourraient se vexer.

Les réactions observées en cas d’allergie au lait de bufflonne sont


d’apparition très rapide après l’ingestion, dans les quelques minutes, avec
possibilité d’un œdème de Quincke, d’une urticaire géante, d’une crise
d’asthme ou même d’un choc anaphylactique. Plus riche en protéines que le
lait de vache, la composition allergénique de ces deux laits est cependant
très proche, pour les alpha-caséines et bêta-caséine, la bêta-lactoglobuline et
l’alpha-lactalbumine. Toutefois, une lactoglobuline spécifique au lait de
bufflonne a été mise en évidence.
BON À SAVOIR
Attention, danger. Ne pas confondre :
– la mozzarella traditionnelle, composée de lait de bufflonne (AOC) ;
– la mozzarella industrielle, fabriquée à partir de lait de bufflonne ou de
lait de vache.
Il peut exister une allergie au lait de bufflonne sans allergie aux protéines
du lait de vache. Il faut donc se renseigner sur le mode traditionnel ou
industriel de fabrication de la mozzarella. En effet, en cas d’allergie au
lait de bufflonne, la mozzarella préparée à base uniquement de lait de
vache peut être mangée après un bilan allergologique et l’avis du
médecin spécialiste.

2 – Va te faire cuire un œuf


C’est la troisième fois qu’Agathe, âgée d’1 an et demi, mange de
l’omelette. Elle l’adore à peine cuite. Mais cette fois-ci, rien ne se passe
comme d’habitude. Une heure après le repas, elle commence à vomir et son
corps se couvre de boutons. Le bilan allergologique montrera, quelques
semaines plus tard, un test à l’œuf très positif. Plus question de remanger
de l’œuf sous quelque forme que ce soit, jusqu’à la réalisation d’un test de
provocation orale en milieu hospitalier. Il permettra de fixer son seuil de
réactivité à l’œuf, et plus tard la possibilité ou non d’en remanger.
Il ne s’agit pas là de parler de l’œuf en tant que télécabine amenant les
skieurs en haut des pistes ou du bijou de Fabergé, mais bien de celui qui
sort du cul de la poule. Il représente un ingrédient essentiel pour de
nombreuses recettes de gâteaux ou de plats alimentaires, comme pour une
omelette rapide, baveuse ou bien cuite. Pour certains, il devient pendant
plusieurs années un véritable cauchemar culinaire.
• Mon tout-petit
L’allergie à l’œuf représente la principale cause d’allergies alimentaires
chez l’enfant de moins de 3 ans. Les allergènes, essentiellement contenus
dans le blanc (BO) qui constitue 60 % de l’œuf, s’appellent :
– ovomucoïde ou Gal d1 (11 % du BO), résistant à la chaleur ;
– ovalbumine ou Gal d2 (54 % du BO), sensible à la cuisson et à la
digestion ;
– ovotransferrine ou Gal d3 (12 % du BO) ;
– lysozyme ou Gal d4 (3,4 % du BO), appelé E1105, est utilisé comme
conservateur pour les fromages affinés.
Le fait que certaines protéines soient thermosensibles ou thermorésistantes
explique la tolérance à l’œuf cuit ou à l’œuf cru en cas d’allergie. Beaucoup
moins incriminé dans les allergies alimentaires, excepté dans l’allergie
croisée œuf et oiseau, l’allergène du jaune d’œuf est appelé Gal d5 et il est
classé dans les alphalivétines. Les signes cliniques sont identiques aux
autres allergies alimentaires mais les manifestations cutanées restent les
plus fréquentes : poussée d’eczéma atopique ou d’urticaire. L’œuf est
souvent ingéré sous sa forme native (omelette, œuf à la coque, mollet, sur le
plat) ou sous forme cachée (dans les pâtisseries, la mayonnaise, certains
plats préparés, etc.).

L’œuf et la pierre
Quelle ne fut pas ma surprise en lisant cet article de 2001.
Il relate le cas de cette jeune femme de 20 ans, asthmatique, allergique
aux pollens de graminées, à l’œuf et atteinte d’un eczéma atopique. Un
test montre qu’après avoir mangé 100 mg d’œuf, elle ressent une gêne
respiratoire. Un régime d’éviction de cet aliment est donc mis en place.
Quelques mois plus tard, elle présente très régulièrement des crises
d’asthme liées à l’inhalation de poussières de pierres provenant de
travaux de restauration de la cathédrale voisine. L’hypothèse la plus
probable est une réaction aux protéines d’œuf contenues dans la patine
des pierres anciennes constituant les murs de cette cathédrale. Les
revêtements muraux de ces lieux de culte étaient souvent protégés, dans
la Rome antique, par un enduit à base d’œuf. La confirmation est
apportée par l’étude de la poussière de pierres qui en contenait.
Source : Armentia A., Bartolomé B., Martín-Gil F.-J., et al, « Asthma Caused by a Cathedral
Wall », The New England Journal of Medicine, Massachusetts Medical Society, vol. 345, 2001,
p. 1068-1069.

Cette allergie à l’œuf guérit en général vers l’âge de 3 ou 4 ans. Dans


certains cas, elle persiste, souvent accompagnée d’un asthme ou d’autres
allergies alimentaires.
• Vaccination ou pas ? Telle est la question
Longtemps s’est posée la question de la vaccination ROR ou Priorix, chez
l’enfant allergique à l’œuf. Ces vaccins sont, en effet, cultivés sur un milieu
enrichi en protéines d’œuf, comme le vaccin contre la grippe et la fièvre
jaune. Depuis de nombreuses années, la peur d’une réaction généralisée
après une injection de vaccin contenant de ces protéines planait sur tous les
allergiques à l’œuf. Ce risque potentiel amenait les médecins à prendre des
précautions vis-à-vis de vaccins antiviraux tels que les vaccins contre la
rougeole, la rubéole, la grippe et la fièvre jaune. La vaccination devait alors
être effectuée en milieu hospitalier après des tests cutanés préalables aux
injections, parfois en cinq doses.
En 1998, des études cliniques permettent de fixer la concentration
d’ovalbumine à 1,2 mg par ml de vaccin. Ce taux permet de diminuer
significativement le risque de réaction chez les allergiques vrais à l’œuf et
d’envisager une injection en une dose. Actuellement, la plupart des vaccins
antigrippaux respectent cette mesure, allant même jusqu’à contenir une
quantité inférieure à cette valeur. En 2009, lors de l’épidémie de grippe
H1N1, cette crainte vis-à-vis de ces vaccins s’est accentuée. La Société
Française d’Allergologie diffuse, à la fin de cette année-là, un communiqué
de presse sur l’attitude la plus adéquate à envisager. L’AAAAI (The
American Academy of Allergy Asthma and Immunology) proposait, à cette
époque, cinq injections par vaccination chez les allergiques à l’œuf. La
donne a changé depuis et de nouvelles mesures rassurantes sont prônées par
les différentes instances médicales.

BON À SAVOIR
Bonne nouvelle : vaccins et allergie à l’œuf
En 2010, l’AAAAI autorise la vaccination en une ou deux injections
sans tests préalables, chez tous les sujets allergiques à l’œuf.
En août 2011, les recommandations actuelles aux États-Unis, éditées par
le National Institute of Allergy and Infectious Diseases, signalent que,
selon des études récentes, la vaccination antigrippale peut être délivrée
sans risque à toute personne ayant une allergie à l’œuf, même avec des
antécédents de choc anaphylactique. Et désormais, cette attitude est à
appliquer.

Il est vrai qu’actuellement, dans les mentions légales retenues dans le


Dictionnaire Vidal, persiste la mention d’allergie à l’œuf comme une
contre-indication à la vaccination. Suite aux nouvelles études publiées, il
faut espérer que cet intitulé disparaisse enfin… Une étude récente, qui porte
sur 105 allergiques à l’œuf ayant reçu un vaccin contre la grippe, confirme
la bonne tolérance de la vaccination. Pourtant, 22 % d’entre eux avaient des
antécédents de choc anaphylactique à l’œuf. Pour les sept patients dont le
prick test au vaccin non dilué se révélait positif ou douteux, le schéma
d’injection a été réalisé selon le protocole suivant : 10 % de la dose, puis 90
% de la dose restante, 30 minutes plus tard. Pour les autres, la vaccination a
pu être réalisée sans incident en une seule dose.
Source : Greenhawt, M. J., Chernin, A. S., Howe, L., Li, J. T., Sanders, G.,
« The safety of the H1N1 influenza A vaccine in egg allergic individuals »,
Annals of Allergy, Asthma and Immunology, vol. 105, 2010, p. 387-393.

ASTUCES
En cas d’une allergie avérée à l’œuf, il faut garder à l’esprit que cet
aliment peut être présent dans les plats, sous forme de liant, d’émulsifiant
ou de coagulant.
L’œuf peut être remplacé dans les recettes par différents ingrédients
classiques ou par des substituts vendus par des marques spécialisées.
BON À SAVOIR
Un boudoir correspond à environ 1 g d’œuf et donc, 250 mg d’œuf sont
contenus dans un quart de boudoir. Pour certains, ce calcul peut
ressembler à une vérité de La Palisse. Il peut cependant, avec d’autres
équivalences, servir dans le cadre de l’instauration d’une tolérance
alimentaire à l’œuf, toujours réalisée en milieu hospitalier, après le bilan
allergologique.

3 – Lara Chid
Lilou, 8 ans, attend sa part de galette des rois à la frangipane. Cette
année, c’est sûr, elle aura la fève. En réalité, c’est un gonflement du visage,
des paupières et de la langue qu’elle gagne, avec un petit séjour aux
urgences. Cette enfant est allergique à l’arachide. Lors de l’achat de la
galette des rois, il n’a pas été spécifié que la frangipane en contenait.
Thomas a 2 ans. Pour le réveillon du Nouvel An, ses parents ont invité la
famille pour fêter l’événement. À l’apéritif, des amuse-bouches avec des
cacahuètes soufflées sont servis. Pour le jeune enfant, sous cette forme, cela
ne devrait pas poser de problème. À son âge, les cacahuètes salées
normales sont dangereuses, sous peine de fausse route. Thomas en mange
donc une puis deux. Dans les minutes qui suivent, il commence à se gratter
et des plaques rouges apparaissent sur son corps. Sa lèvre supérieure est
légèrement gonflée. Le médecin de garde est appelé. Il donne un traitement
adéquat. Le bilan allergologique effectué quelques semaines plus tard
confirme l’allergie à l’arachide.
Si Angelina Jolie interprète avec brio l’aventurière Lara Croft, elle n’a
aucune chance de jouer le rôle de Lara Chid. Il est bien difficile de se
glisser dans une cacahuète. Cette légumineuse est plutôt blonde, sacrément
bien galbée, enfermée dans son habit doré, décoré de courbes et de reliefs.
Elle se fait dévorer lors d’apéritifs, accompagnant une boisson alcoolisée ou
pas. Les enfants peuvent la manger très tôt, soufflée, sans danger. J’avais
juste envie de lui donner un petit côté glamour, à cette mademoiselle Lara
Chid. Certes, les personnes qui y sont allergiques ne seront pas du même
avis. Elle peut entraîner des réactions rapides et parfois très violentes chez
certains d’entre eux.
Au hit-parade des allergies alimentaires, l’arachide se place en troisième
position des allergènes alimentaires avant l’âge de
3 ans, pour gagner la première position (en terme de fréquence) après 3 ans.
De la famille des papilionacées, du genre Arachis, seule l’espèce Arachis
hypogaea (arachide) est cultivée. On considère que 20 % des enfants
atteints vont guérir et qu’elle persistera souvent sous une forme plus sévère,
avec des crises d’asthme à l’âge adulte, dans 80 % des cas.

BON À SAVOIR
Arachide, plusieurs protéines allergisantes
Si auparavant on pouvait penser que l’arachide était en elle-même un
allergène unique, on peut désormais affirmer qu’on compte plusieurs
protéines allergisantes. Certaines sont résistantes à la chaleur et à la
digestion, entraînant des réactions allergiques sévères. La protéine la
plus agressive s’appelle Ara h2 et voit son caractère allergène tripler
lorsque la cacahuète est grillée. D’autres, plus sensibles à la chaleur,
expliquent les risques d’allergies croisées entre différents aliments et les
pollens de bouleau (Ara h8). Les signes cliniques sont alors plus
modérés et sans risque de choc.

Les symptômes liés à une allergie à l’arachide sont cutanéo-muqueux


(urticaire, œdème, poussée aiguë d’eczéma atopique), respiratoires (rhinite,
asthme), digestifs (douleurs abdominales, diarrhée) ou généraux, avec un
risque de choc anaphylactique majoré avec l’âge. Durant de nombreuses
années, les nourrissons se sont sensibilisés par l’intermédiaire de l’arachide
contenue dans les laits maternisés, et préparations à base de vitamine D.
Heureusement, ces sources allergéniques ont disparu de ces produits. Les
réactions liées à l’ingestion de cacahuètes soufflées proposées à l’apéritif
sont souvent des motifs de consultation pour le jeune enfant. En revanche,
le risque de réaction à l’huile d’arachide est quasi nul, le taux de protéines
allergisantes étant extrêmement faible, du fait de l’étape de raffinement.
Allergie à l’arachide et don d’organes
Depuis 1997, de plus en plus de publications relatent que, lors d’une
greffe d’organe ou de moelle osseuse, l’allergie peut être transmise par le
biais du greffon d’un donneur compatible allergique. Le greffé peut
ensuite, de retour à la vie normale, développer des réactions alimentaires
ou respiratoires. Celles-ci peuvent présenter un caractère transitoire, si ce
sont les anticorps IgE qui sont incriminés dans le mécanisme de
transmission de l’allergie. Exceptionnellement, lorsque les cellules
souches sont le vecteur de transmission, l’allergie devient définitive.

4 – Et si Adam était allergique aux pommes


Christiane mange des pommes. Elle suit le précepte des cinq fruits et
légumes par jour. Mais que se passe-t-il ? Alors que tout allait bien
jusqu’alors, elle commence à ressentir des démangeaisons dans la bouche
et sa lèvre se met à enfler en mordant ce fruit cru. Cela devient de plus en
plus insupportable et elle doit arrêter cette habitude quasi quotidienne.
Cette jeune femme ne comprend pas pourquoi une compote ou une tarte aux
pommes ne déclenchent chez elle aucun désagrément. L’allergologue
qu’elle consulte va lui donner l’explication. Elle présente une allergie
croisée très fréquente entre la pomme et le pollen de bouleau. Dans ce cas
précis, le fruit peut être mangé cuit sans problème.
Que seraient devenus certains contes pour enfants si les héroïnes avaient
été allergiques à la pomme ? Blanche-Neige et la Belle au bois dormant
n’auraient peut-être pas pu trouver leur prince charmant… Et si Adam
n’avait pas supporté les pommes, son couple avec Ève aurait-il tenu ? Ne
parlons pas de Guillaume Tell : imaginons une hypothétique aversion pour
la pomme. Quel fruit aurait-il pu choisir pour déposer sur la tête de son fils
lors de l’épreuve de l’arbalète ? La loi universelle de la gravitation n’aurait
peut-être pas vu le jour si Newton n’était pas passé sous un pommier, par
peur d’un contact avec le fruit… Un président a fait, il y a quelques années,
de la pomme son slogan de campagne. En cas d’allergies, aurait-il choisi un
autre fruit comme emblème ?
• Code secret PR10
La pomme, comme de nombreux autres fruits (abricot, amande, cerise,
coing, fraise, framboise, mûre, nèfle, pêche, poire, pomme, prune), fait
partie de la production de végétaux de la famille botanique des rosacées.
Moins médiatisées mais aussi gênantes que d’autres allergies alimentaires,
celles liées aux rosacées sont souvent un motif de consultation. Les patients
se plaignent surtout de ne plus pouvoir, à leur grand désespoir, manger ces
fruits crus. Quelques minutes après la première bouchée, apparaissent un
œdème de la lèvre ou une sensation de démangeaison au palais et à la
gorge. Ce phénomène qualifié d’allergie croisée est intimement lié à une
similitude de structure entre l’allergène du fruit et celui du pollen de
bouleau, dit de la famille des PR10 (cf. l’encadré sur le bouleau page 54).
Imaginez… C’est comme si en comparant deux colliers de nature
différente, on retrouvait un rang de perles identiques. Mais alors, pourquoi
ne pouvoir manger ces fruits que cuits ? Tout simplement parce que
l’allergène en cause, sensible à chaleur et présent dans la pulpe de la
pomme et d’autres rosacées, est détruit par la cuisson.
• Système de défense LTP
Cela paraît donc simple, mais comme l’allergologie est une science
passionnante, intéressons-nous aux personnes qui ne peuvent manger le
fruit ni cuit, ni cru avec la peau. Il existe chez les végétaux, une autre
famille allergénique : les LTP (Lipid Transfert Proteins). Avec elles, ce n’est
pas la même histoire. Ces protéines de défense servent de protection contre
les attaques de parasites, champignons et bactéries. Pour cette raison, elles
se trouvent plus volontiers dans la peau des fruits, des légumes et même sur
certains fruits à coque. Leur structure moléculaire leur confère la
particularité d’être résistantes aux phénomènes de digestion et à la chaleur.
Contrairement aux PR10, elles restent donc présentes dans les aliments
cuits. Ces caractéristiques rendent cette famille moléculaire potentiellement
plus dangereuse pour l’allergique, en particulier à cause du risque accru de
choc anaphylactique. Les tableaux cliniques qui en découlent, prennent
cependant un caractère différent selon la zone géographique concernée. Les
symptômes seront beaucoup plus rapides et beaucoup plus violents dans le
Sud de l’Europe, la concentration en LTP y étant plus importante. On
observe, en effet, dans les pays du pourtour méditerranéen que l’allergie à la
pêche déclenche fréquemment des chocs anaphylactiques sévères. Son
allergène, appelé Pru p3, accumulé dans les poils de la peau duveteuse du
fruit, constitue un mode de sensibilisation préalable par contact direct, en le
manipulant. Même si les LTP sont principalement présentes dans la peau
des fruits, elles peuvent, selon les espèces, varier en teneur tant dans la peau
que dans la pulpe. (Voir le tableau. Source : Barre A., Brulé C., Borges J.-P.,
Culerrier R., Rougé P., « Concentration des LTP dans la peau et la pulpe des
fruits », Revue Française d’Allergologie, vol. 49, avril 2009, p. 166-169.)
Fruit LTP/peau LTP/pulpe Rapport peau/pulpe *
(µg/g) (µg/g)
Granny Smith 17,3 0,5 34,6

Golden Delicious 12 0,9 13,3

Chanteclerc 12,4 1,2 10,3

Fuji 9 1,1 8,2

Pink Lady 7,9 1,1 7,1

Bertanne 2 0,6 3,3

Royal Gala 3,3 1,2 2,8

Pêche jaune, 8,4 3,4 2,5


avant lavage du fruit

Pêche jaune, 5,2 3,2 1,6


après lavage du fruit

Abricot 1,8 1,6 1,1

Prune jaune 1,5 1,7 0,9

Prune rouge 1,5 1,7 0,9

Valeurs moyennes mesurées sur trois lots de fruits différents.


* Si vous multipliez 34,6 par 0,5, cela donne 17,3. Cela veut dire qu’il y a 34,6 fois plus de LTP dans
la peau de la Granny Smith que dans sa pulpe.

• Que penser des produits bio ?


Les produits bio ont le vent en poupe. Ils sont censés être moins agressifs,
moins ceci, plus cela… Mais qu’en est-il en cas d’allergies ? La plante est
un être vivant particulier, enraciné dans le sol. Elle doit s’adapter aux
conditions climatiques, à l’environnement proche et à toutes sortes de
stress, comme les attaques de parasites microscopiques. Dans l’agriculture
biologique, l’utilisation des pesticides n’est pas de mise. En leur absence, la
plante doit plus se défendre contre les bactéries, virus et champignons,
produisant ainsi plus de LTP qu’un fruit non bio.
Attention, il n’est nullement question de faire l’apologie des pesticides et
de tirer à boulets rouges sur la culture bio, mes origines terriennes m’en
empêchent. Il est surtout question de mettre en garde les allergiques aux
LTP de la pomme et des autres rosacées contre le réflexe d’achat de fruits
bio, en pensant qu’ils seront moins allergisants.

BON À SAVOIR
Bonne nouvelle
Quelques équipes hospitalières commencent à proposer des protocoles
d’induction de tolérance alimentaire à la pomme. Elles permettent, après
un bilan, la réintroduction du fruit en petites quantités, progressivement
croissantes, sans l’apparition de symptômes. Cette méthode est encore
trop rarement réalisée pour les fruits, surtout chez l’adulte.

5 – Akènes, drupes et gousses


• Juste une mise au point
Les fruits à coque, on en parle beaucoup mais sait-on exactement ce que
ce terme inclut ? Ils sont, par définition, des fruits comportant une coque
solide, très imperméable. Reprenons un peu la signification exacte et les
aliments concernés. Les fruits indéhiscents, ou akènes, ne s’ouvrent pas à
maturité, comme la noisette ou la noix de cajou. Les drupes sont les
amandes et les noix. Les gousses incluent les fruits tels que les pistaches,
noix de pécan et noix de macadamia.

BON À SAVOIR
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les graines de sésame et de
tournesol ne sont absolument pas considérées comme des fruits à coque.
Il ne faut pas confondre l’arachide, qui est une légumineuse, avec les
fruits à coque tels que l’amande, la noisette, la noix, la noix de cajou, la
noix de pécan, la noix du Brésil, la pistache, la noix de macadamia et du
Queensland également à l’origine de réactions allergiques. Depuis
plusieurs années, est imposé aux industriels de signaler leur présence
dans la liste des 14 allergènes à étiquetage obligatoire. Attention : la noix
de coco et la châtaigne ne font pas partie de cette liste. Peut-être un
jour…

Selon les données du CICBAA (Cercle d’Investigations Cliniques et


Biologiques en Allergologie Alimentaire), l’allergie aux fruits à coque est
classée comme la quatrième cause d’allergies alimentaires, dans des
proportions variables selon l’âge : 2,7 % entre 0 et 1 an et 10,2 % entre 3 et
15 ans. À l’âge adulte, ce sont 15,7 % de sujets qui en sont atteints. Les
chocs anaphylactiques liés à ces fruits secs ont vu leur fréquence doubler en
presque 10 ans (données du Réseau d’AllergoVigilance) :
– 2002 : 14 % ;
– 2011 : 22,4 %, dont 10 % sont dus à la noix de cajou.
Croire que la répartition géographique des allergies aux différents fruits à
coque serait une gageure, cela serait trop facile… On considère qu’aux
États-Unis, la fréquence de ces allergies a triplé en 10 ans, avec une
prédominance de celles dues à la noix, la noix de cajou et l’amande. En ce
qui concerne le Nord de l’Europe, c’est plutôt la noisette qui est mise en
cause. Les réactions les plus graves sont observées par ordre décroissant de
fréquence, avec la noix de cajou puis la noisette, l’amande et la pistache.
Les allergènes des fruits à coque comportent trois familles protéiques, dont
deux sont résistantes à la chaleur et à la digestion. La dernière famille
protéique est composée de protéines fragilisées par le chauffage des
aliments et la digestion. L’allergie aux fruits à coque est en général isolée,
mais dans certains cas, on peut observer des réactions croisées par une
homologie d’identité structurale : par exemple, entre la noix de cajou et la
pistache ainsi que la noix et la noix de pécan.
• Et à la noix de cajou, au cas où…
Fruit de l’anacardier, et plus connu sous le nom de noix de cajou, il est
responsable d’allergies alimentaires de plus en plus fréquentes, et de plus en
plus graves. Faisant le bonheur d’un grand nombre d’entre nous lors
d’apéritifs, ce fruit sec est souvent retrouvé sous forme cachée dans les
sauces au pesto et le curry. Ses allergènes sont très résistants à la cuisson et
à la digestion. Des phénomènes d’allergies croisées avec la pistache
(contenue dans des glaces, la mortadelle ou certains yaourts) sont possibles.
Le pesto est une préparation culinaire originaire de la région de Gênes, en
Italie. Elle se compose de basilic frais, de pignons de pin, de gousses d’ail,
d’huile d’olive, de parmesan, de sel et de poivre. Elle peut accompagner des
gnocchis de pommes de terre, des soupes de légumes ou des pâtes. Dans
certaines recettes, les pignons de pin sont remplacés par de la noix de cajou,
beaucoup moins chère… Donc faites attention.
• Être à l’amande
L’amande est très utilisée en pâtisserie ou dans la composition de plats
sucrés/salés, comme les tajines. Elle est également contenue dans le sirop
d’orgeat.

BON À SAVOIR
La mise en contact directement sur la peau, souvent dès le plus jeune
âge, par l’application d’huile d’amande douce est source de
sensibilisation, étape préalable à une possible future allergie.

En fonction de l’allergène responsable, il peut y avoir des réactions très


violentes par l’intermédiaire des protéines dites LTP de stockage des
végétaux, mais également des réactions plus modérées par l’allergène
faisant partie de la famille des PR10.
• Casse-noisette
Pour ce fruit à coque, plusieurs allergènes sont mis en cause. Il est très
important de connaître la protéine responsable pour chaque allergie. Dans le
Nord de l’Europe, ce sont surtout des allergies alimentaires croisées avec
les PR10 des pollens de bouleau. Elles déclenchent des réactions locales
modérées comme des démangeaisons dans la bouche et/ou un gonflement
des lèvres, lors de la consommation de noisette crue. La noisette grillée
n’entraîne aucun symptôme chez ces patients, l’allergène responsable étant
détruit par la chaleur. Dans le Sud de l’Europe, par contre, la protéine LTP
de la noisette, appelée Cor a8, est responsable de réactions sévères, avec
souvent un risque d’allergie croisée avec la pêche.

Exemples de la quantité de noisette dans :


• un carré de chocolat Milka : 40 mg
• un Mikado chocolat aux éclats de noisettes : 100 mg
• un Schoko-Bons Kinder : 350 mg
• une cuillère à café de Nutella : 2 g
Source : Société Pédiatrique de Pneumologie & Allergologie, site internet Sp2a.fr.

BON À SAVOIR
La meilleure attitude
En cas d’allergie aux fruits à coque, l’attitude classique est plutôt de
conseiller une éviction, mais depuis quelques années, différentes équipes
hospitalières proposent une induction de tolérance pour certains
aliments. Il s’agit, pour la noisette en particulier, de débuter, après le
bilan allergologique en milieu hospitalier, une consommation de
chocolat aux noisettes Milka, des Mikado avec des éclats de noisettes,
des Schoko-Bons ou du Nutella, établie selon un protocole précis.
Attention ! Seules des équipes hospitalières spécialisées peuvent mettre
en route ces protocoles.

6 – Quand c’est le poisson qui s’y colle


« J’adore les sushis », affirme le héros du film Chouchou, interprété par
Gad Elmaleh. Que serait devenue cette scène culte si ce personnage avait
été allergique au poisson ? Elle n’aurait pas vu le jour, car Chouchou
aurait gonflé à la première bouchée de poisson cru. Cette pathologie
représente, en 2007, la 6e cause d’allergie alimentaire avant 15 ans et
occupe la 13e place après cet âge, avec un risque de choc anaphylactique
estimé à moins de 1 %.
De mer ou de rivière, ils sont nombreux à peupler les océans et nos cours
d’eau : environ 20 000 espèces répertoriées, rien que cela. Heureusement, il
n’y a pas autant d’allergies que de poissons, que nenni. La poiscaille au
menu, pour l’allergique, peut transformer un repas en véritable enfer.
Visualisons, vous êtes tranquillement attablé(e) avec vos amis ou de la
famille, prêts à savourer chaque plat proposé. Arrive une magnifique
préparation à base de poisson. Après quelques bouchées, votre voisin,
appelons-le Thibault, vous semble un peu bizarre. Il commence à rougir et
ses lèvres enflent à un tel point qu’il a du mal à parler. Dans un premier
temps, cela peut vous paraître amusant voire cocasse mais il est temps de
s’inquiéter et d’appeler le médecin. Si par hasard, il commence à tousser et
à siffler un peu des poumons, alors c’est carrément le 15 qu’il faut contacter
sans attendre. Une crise d’asthme pendant ou après un repas, c’est
l’annonce d’un choc anaphylactique imminent qui nécessite une injection
d’adrénaline. Si vous n’en avez pas en votre possession, surtout ne prenez
pas la voiture pour l’amener aux urgences, mettez-le en position latérale de
sécurité et attendez patiemment le SAMU, sans paniquer. Je sais, ce n’est
pas toujours facile mais rassurez-le, s’il est conscient. Comment en effet
feriez-vous, si par hasard, durant le trajet, dans votre véhicule personnel, il
perdait connaissance ? Au cas où le fameux Thibault se saurait allergique et
aurait sur lui son stylo auto-injectable d’adrénaline (Anapen, Emerade,
EpiPen ou Jext), faites-lui l’injection dans la face externe de la cuisse et
appelez les secours. Heureusement, ce scénario un peu catastrophe n’est pas
systématique, puisqu’on sait que l’allergie au poisson concerne environ 1 à
3 % de la population générale.
• À chacun son allergène
Les allergènes de poissons appartiennent principalement à la famille des
parvalbumines, présentes dans le tissu musculaire de la plupart d’entre eux.
Il s’agit de protéines dites à faible poids moléculaire. Leur nature et leur
concentration varient selon les espèces. Les bêta-parvalbumines sont les
allergènes majeurs des poissons et on observe un taux relativement plus
faible dans le thon et le cabillaud. Il existe en laboratoire la possibilité de
doser les anticorps IgE dirigés contre deux d’entre eux : Gad m1 et Cyp c1.
Les caractéristiques de ces protéines, résistantes à la chaleur et à la
digestion, expliquent ainsi l’absence d’influence de la cuisson sur le
caractère allergène et la possible diffusion dans l’air ambiant par les vapeurs
s’échappant de la cocotte, de la poêle ou de la casserole. L’alpha-
parvalbumine est en cause pour la famille des poissons cartilagineux,
comme le requin ou la raie. Depuis quelque temps, d’autres allergènes plus
rares sont aussi décrits, comme ceux de la gélatine de poisson, la bêta-
énolase et l’aldolase.

BON À SAVOIR
On peut considérer le thon comme un cas à part. En effet, nombreux sont
ceux qui peuvent être allergiques à certaines espèces de poissons et
tolérer la consommation de thon, surtout conditionné en boîte. Les
procédés de cuisson et de préparation préalables lui font perdre son
caractère allergénique, car les muscles de ce poisson contiennent une très
faible teneur en allergènes.

• Des tests adéquats


Pour affirmer le diagnostic, l’allergologue effectue les tests cutanés en
prick. Pour ce faire, il utilise le poisson en cause en extrait commercial
(tous ne sont pas disponibles), ou mieux encore, un morceau de poisson
frais et cru, amené par l’allergique. Depuis les années soixante-dix, le
cabillaud (morue) est le poisson le plus étudié : voilà pourquoi il reste à ce
jour le test de référence. Pour parfaire le bilan, il faut aussi réaliser des tests
cutanés au poisson cuit. Leur intérêt est qu’ils peuvent révéler d’autres
allergènes résistants à la cuisson et qui n’appartiennent pas à la famille des
parvalbumines. Ces tests peuvent être renforcés par un dosage sanguin des
anticorps IgE dirigés contre les protéines du poisson suspecté, ainsi qu’un
test de provocation orale en milieu hospitalier.

BON À SAVOIR
Allergies croisées
Le risque d’allergies croisées est observé entre les différents poissons
dans 50 % des cas. Qui pourrait croire qu’il peut y avoir un rapport entre
une grenouille, un poulet et un poisson ? Pour briller en société, je vous
donne la réponse : les parvalbumines… Elles sont présentes dans ces
trois espèces animales pouvant ainsi expliquer un risque d’allergies
croisées alimentaires. L’allergie est décidément très créative, puisqu’on
peut également observer une réaction avec un poisson mais pas avec
d’autres. C’est le cas, par exemple, des patients allergiques uniquement
aux salmonidés (saumon, truite).

• Allergie… À ne pas confondre avec…


… l’infection par consommation de poisson cru parasité par l’Anisakis
simplex. Lors d’un repas ou d’une dégustation, les parasites contenus sous
forme de larve dans le poisson cru sont ainsi ingérés en même temps. Ils
s’implantent ensuite sur la paroi digestive de la personne qui devient alors
un hôte accidentel de l’Anisakis simplex. Se déclenche en quelques heures
un cortège de symptômes très désagréables, comme une diarrhée souvent
accompagnée de vomissements et de douleurs abdominales. Il faut alors
consulter son médecin avec parfois un traitement antiparasitaire à la clé. Le
souvenir de cet épisode douloureux n’incite pas à recommencer
l’expérience… Les poissons les plus infestés sont pêchés en mer ou en
rivière. Les fermes piscicoles, du fait de la surveillance dont elles font
l’objet, sont censées ne pas être concernées. Comme le signale l’Anses
(Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de
l’environnement et du travail) dans une fiche explicative : « Parmi les
différentes préparations culinaires pouvant être à l’origine de
contaminations, citons les sushis (poisson cru), la boutargue ou poutarge
(préparation à base d’œufs de poisson séchés ou fumés), les rollmops
(harengs marinés dans du vin blanc ou du vinaigre), le hareng saur (poisson
fumé), le poisson à la tahitienne ou le ceviche (poisson mariné dans du
citron), les anchois marinés. » Bon je sais, vous allez penser que j’exagère,
mais avec l’allergie, on va de surprise en surprise… L’Anisakis simplex
contenu dans le poisson peut entraîner une allergie allant jusqu’au choc
anaphylactique. Alors, amateurs de poissons crus, choisissez bien votre
restaurant et votre poissonnier…

ASTUCE
Deux moyens de prévention de ce type d’infection : congeler pendant 24
heures à moins de 20 °C le poisson cru ou le cuire pendant 10 minutes à
65 °C.

La scromboïdose est liée à la consommation de poisson avarié, par


rupture de la chaîne du froid, entraînant une multiplication bactérienne.
Cela concerne spécialement le thon, le maquereau, les sardines, les bonites,
les thazards. L’intoxication, souvent de nature collective, entraîne en
premier lieu un goût métallique dans la bouche, suivi de bouffées de chaleur
avec des sueurs, des vertiges, des maux de tête, des troubles digestifs de
type diarrhée et vomissements mais également du prurit et de l’urticaire.
Ces symptômes apparaissent dans les quelques minutes à une heure après la
consommation et pourraient aisément être confondus avec une allergie. Il
s’agit en réalité, sous l’action des bactéries, d’une transformation de
l’histidine des muscles du poisson en histamine, qui se répand
soudainement et massivement dans l’organisme. La dose toxique
d’histamine varie en fonction des personnes, de 0,3 mg/kg jusqu’à 2,8
mg/kg.
La gratte : oui, vous avez bien lu. Ce n’est pas une erreur. Cette
pathologie, encore appelée la ciguatera, est surtout observée dans les
régions du Pacifique, les Antilles, les Caraïbes et l’océan Indien. Elle
touche chaque année environ 100 000 individus. Il s’agit d’une intoxication
alimentaire après la consommation de poissons des récifs ou de lagons
contaminés par une toxine (la ciguatoxine) produite par une algue marine
(Gambierdiscus spp). Cette dernière colonise habituellement les récifs
coralliens, souvent abîmés et dégradés. La chaîne alimentaire se charge
ensuite de concentrer la toxine dans différents poissons pour arriver à
l’homme. L’algue est mangée par des poissons brouteurs qui sont eux-
mêmes dévorés par plus grands qu’eux (barracuda, mérou, carangue, etc.).
Ces prédateurs arrivent ensuite dans des plats que l’humain consomme.
Quelques heures après le repas apparaissent : diarrhées, vomissements,
céphalées, fatigue et surtout des démangeaisons intenses pendant au moins
deux à trois mois. Ces manifestations peuvent s’accompagner de troubles
neurologiques avec des hallucinations mais aussi des vertiges et troubles
cardio-vasculaires… De quoi vous dégoûter du poisson jusqu’à la fin de
votre vie. La toxine, non détruite par la cuisson ou le froid, n’est pas
détectable dans le poisson dont le goût et la qualité ne sont pas altérés. Le
traitement est surtout symptomatique mais l’utilisation de certaines plantes
locales issues de la médecine traditionnelle peut être une aide dans la prise
en charge.

7 – Alerte chez les carnivores


Thomas, 3 ans, est allergique aux protéines de lait de vache. Il a donc un
régime adapté. Ses parents, séparés, partagent une garde alternée. Tout se
passe bien excepté sur un sujet. À chaque fois qu’il mange un steak haché,
il fait une crise d’asthme. L’un des deux parents a bien compris le
problème, l’autre, plus dubitatif, persiste à lui donner quelques morceaux
de viande. Il faudra beaucoup de patience, de communication et de petites
crises d’asthme pour que les parents s’accordent totalement. Depuis que
Thomas ne mange plus de bœuf, tout est rentré dans l’ordre.
Rares sont les allergies isolées aux viandes de mammifères ou de volatiles.
Elles représenteraient entre 0,5 et 8 % des allergies alimentaires et rentrent
plutôt dans le cadre d’allergies croisées. Plusieurs allergènes sont mis en
cause, en particulier l’albumine sérique dans la viande de bœuf, qui est
sensible à la chaleur. D’autres allergènes peuvent être impliqués, par
exemple dans la gélatine de bœuf et de porc. Un cas un peu à part : celui de
l’apha-gal, pour lequel la sensibilisation se ferait probablement en grande
partie après des morsures de tiques (Amblyomma americanum).
BON À SAVOIR
Et la tique dans tout ça ?
Manger un bon steak saignant ou à point, et se retrouver entre deux à six
heures plus tard gonflé et couvert de boutons qui démangent. Se délecter
d’un plat de rognons de porc et ressentir en quelques minutes une
sensation de malaise, allant même jusqu’au choc anaphylactique. Voilà
ce qui guette les amoureux de la bonne viande, surtout s’ils sont
préalablement piqués par une tique. Non seulement cette abominable
vilaine bébête vampirise ses hôtes humains pour parfaire son évolution
de larve vers l’âge adulte mais elle est capable de sensibiliser sa victime
à un nouvel allergène. Ce dernier, surprise, n’est pas comme d’habitude
une protéine. Il y a du nouveau. Il s’agit, dans ce cas, d’un glucide
(sucre) appelé « galactose-alpha-1,3-galactose-bêta-1,4-N-
acétylglucosamine ». C’est un peu long et compliqué à retenir alors
appelez-le juste alpha-gal, c’est plus simple. L’une des premières
descriptions de cette nouveauté date de 2009. On observe à cette époque
aux États-Unis un grand nombre d’allergies à la viande rouge dans des
régions infestées par des tiques. Cet alpha-gal est absent chez l’homme
et lui est transmis par la piqûre de tique. L’organisme humain fabrique
alors des anticorps IgE antialpha-gal qui réagiront ensuite avec les
viandes rouges et les rognons de porc gorgés de ce glucide.

Parce que l’allergologie nous réserve encore bien des surprises, certains
individus peuvent manger de la viande de bœuf cuite mais pas un bon steak
tartare cru. Une fois de plus, l’explication réside dans la thermoréactivité de
certains allergènes face au chauffage. La sérumalbumine et les immuno-
globulines G seraient sensibles au chauffage alors qu’un autre allergène tel
que la myoglobine, serait thermorésistant. Ces hypothèses demandent
cependant à être confirmées par de nouvelles études.

BON À SAVOIR
D’étranges allergies croisées
Le syndrome porc/chat : à première vue, un félin n’a rien à voir avec un
omnivore porcin (cf. page 38. On considère que tous les patients
allergiques à la viande de porc sont allergiques au chat mais la
réciproque n’est pas systématique. Dans ce syndrome, peuvent
également être inclues les réactions à l’ingestion de viande de sanglier.
Les allergies aux viandes de volailles (poulet, dinde, canard ou oie) sont
rares. Elles sont souvent incriminées dans le syndrome d’allergie croisée
œuf et oiseau.
La viande de grenouille croiserait éventuellement avec la chair de
certains poissons, celle du kangourou peut déclencher par sa
consommation des réactions anaphylactiques. D’exceptionnels cas
d’allergies à la viande de baleine et de morse ont été décrits dans des
pays où ces aliments sont souvent consommés.

Être allergique à une viande ne veut pas dire l’être à toutes. Il faut
tenir compte des allergènes responsables et de l’incidence de la cuisson.
C – LES PLAISIRS DU PALAIS
1 – Se désaltérer en toute tranquillité
• In vino veritas
« Le petit Jésus en culotte de velours » : cette expression familière reflète
la sensation agréable ressentie lors de la consommation d’un vin délicat.
Depuis 8 000 ans, cette boisson alcoolisée accompagne nos repas avec
plaisir, parfois jusqu’à l’ivresse. Dionysos chez les Grecs, Bacchus chez les
Romains, ils représentent les dieux de la vigne et des plaisirs. Vers 600
avant Jésus-Christ, les Grecs implantent les premières vignes dans le Sud
de la France. Les Gaulois s’en donnent à cœur joie : fêtes et ripailles sont
de mise. Le festin final de chaque album d’Astérix en est la fidèle
illustration. Ce nectar des dieux, consommé à l’époque sans modération,
est composé de moût, de sel, de gypse, de marbre, d’aromates, de résine ou
poix. Depuis, la France a gagné ses lettres de noblesse et représente une
référence dans le monde viticole, sous toutes les latitudes.
Une bonne cuite, c’est l’assurance d’un réveil difficile avec gueule de bois
en prime. Il n’est toutefois pas nécessaire de boire beaucoup pour être
malade. L’intolérance aux sulfites, et plus récemment, les allergies au vin
peuvent en être une cause. Lors de sa fabrication à partir du raisin, le vin
subit une fermentation par le biais de levures. Puis, la clarification permet
d’améliorer l’aspect visuel et la stabilité du vin. Elle est réalisée à l’aide de
colles œnologiques d’origine animale (blanc d’œuf, colle de poisson,
caséine) ou végétale (gluten, protéines de lupin et de pois). Les gélatines et
collagènes de poisson sont préférentiellement utilisés pour les vins blancs et
rosés. Les caséines de lait et protéines d’œuf améliorent la couleur et le
goût du vin. Bien que les cas d’allergies à ces colles œnologiques soient
encore rares, ce phénomène a toutefois attiré l’attention des législateurs. Ce
sont plutôt les allergiques au lait et à l’œuf qui risquent ce type de réaction
aux colles. Jusqu’au 31 décembre 2010, les vins collés étaient dispensés de
signaler la présence de produits à base de protéines animales sur l’étiquette.
BON À SAVOIR
Pour le bien et l’information des allergiques, depuis 2012, la clarification
d’un vin avec ajout de plus de 0,25 mg/l (caséine, ovalbumine,
lysozyme) est soumise à l’obligation d’étiquetage stipulant la présence
d’œuf ou de lait. Il faut cependant savoir que les polyphénols contenus
dans le vin peuvent en masquer une partie, les rendant invisibles au
contrôle.

Quant à l’adjonction au vin d’additifs tels que les sulfites (E220 à E228),
elle vise à limiter la prolifération bactérienne. Aussi appelés anhydrides
sulfureux (SO2) leur utilisation est quasi systématique depuis le début du
XIXe siècle. Ils peuvent être responsables, lors de leur consommation dans
des plats ou des boissons, de réactions déplaisantes pour 2 personnes sur 1
000 : maux de tête, nez bouché, gêne respiratoire, crampes intestinales,
rougeurs au visage. Pour cette raison, depuis 2005, une directive
européenne impose l’apposition obligatoire de la mention « contient des
sulfites » sur l’étiquette des bouteilles de vin, à partir d’une concentration
supérieure à 10 mg/l.

BON À SAVOIR
Attention : cette règlementation date de 2005. Tous les vins étiquetés
avant cette date ne portent pas la mention obligatoire concernant les
sulfites.
La concentration de ces additifs varie en fonction des vignobles et de la
couleur du vin. Pour certains blancs, la concentration peut varier de 30
mg/l à 160 mg/l. Pour les rouges, les taux peuvent avoisiner de 10 mg/l à
105 mg/l.

ASTUCE
Pour les intolérants aux sulfites, amoureux des bons vins, un guide peut
leur être très utile. Il s’agit du Guide des vins, édité par l’Association
belge des consommateurs. Y sont répertoriés de nombreux crus avec leur
concentration en sulfites.

Ces sulfites sont aussi présents dans d’autres aliments de consommation


classique : le vinaigre, la moutarde, certaines conserves, des sodas, certains
médicaments, etc.

BON À SAVOIR
Dans la grappe…
La véritable réaction allergique aux protéines du raisin est
exceptionnelle. Depuis quelques années, des médecins se sont cependant
penchés sur le sujet. Une équipe italienne décrit, en 2003, plusieurs cas
avec l’apparition soit d’asthme, d’œdème, d’urticaire, soit de
manifestations gastro-intestinales, après avoir bu du vin. Cette étude
permet d’identifier un allergène majeur du raisin, appelé endochitinase,
et d’une protéine LTP qui peut croiser avec l’allergène majeur de la
pêche. Une autre protéine expliquerait une allergie croisée avec la cerise.
Bref, encore une fois, l’illustration de ces fameux tiroirs secrets que nous
réserve la nature.

• Au fond de la chope
Quel plaisir de pouvoir boire une petite bière. Brune ou blonde, à chaque
amateur sa préférence. Cette boisson est généralement produite à base de
malt, d’orge obtenu par humidification et chauffage des grains, de houblon
lui amenant l’amertume, et d’eau. Les levures Saccharomyces cerevisiae et
Saccharomyces carlsbergensis rentrent dans le processus de fermentation.
Rapportée à sa grande consommation, les réactions allergiques (urticaire et
œdème) à la bière sont exceptionnelles. Il est cependant possible, comme
pour le vin, que certains cas ne soient pas répertoriés. Les personnes
concernées évitent d’elles-mêmes la boisson suspecte et ne viennent pas
forcément consulter. Cette allergie à la bière apparaît plus volontiers chez
des sujets sensibilisés au préalable à la farine de blé, d’orge, de maïs ou
d’avoine. Il s’agit alors d’une allergie croisée avec les allergènes de la
famille des LTP. De rares cas d’œdèmes ou de choc anaphylactique ont été
rapportés dans des articles spécialisés.

BON À SAVOIR
En 2012, un homme de 45 ans allergique déclenche régulièrement une
urticaire et une sensation de gêne respiratoire après avoir bu une bière.
Des tests cutanés sont effectués chez l’allergologue avec 36 bières
différentes. Ils sont positifs pour 30 d’entre elles. On fait alors boire sous
surveillance médicale et en milieu hospitalier une petite quantité de
chacune des six bières qui n’ont pas réagi. Bonne nouvelle, il les
supporte et donc peut les consommer (avec modération bien
évidemment) tout en évitant avec précaution toutes les autres. Il pourra
peut-être y devenir allergique mais en profiter en attendant. La
conclusion de l’étude ne dit pas si le médecin et le patient ont fêté la
bonne nouvelle en dégustant une chope ou un galopin…
Source : Zoccatelli G., et coll., « Allergy to beer in LTP-sensitized patients : beers are not all the
same », Allergy, vol. 67 (9), 2012, p. 1186-1189.

• Thé ou café ?
Les allergies au café et au thé sont plutôt d’origine professionnelle. Lors
de la manipulation de café vert, l’allergie peut prendre la forme d’une
rhinite, d’une conjonctivite, d’asthme ou d’eczéma de contact. Chez les
empaqueteurs de thé, ce sont plutôt des symptômes respiratoires qui
s’expriment. L’ingestion de café ou de certains thés (Oolong, thé noir ou thé
vert) peut déclencher de l’urticaire et aller jusqu’au choc anaphylactique.
En ce qui concerne les infusions, les réactions très sévères avec choc sont
décrites pour la consommation de tisane à la camomille, surtout chez des
allergiques à l’armoise ou aux graminées.
• Les boissons froides non alcoolisées
De rares observations d’urticaire généralisée après avoir bu des sodas
amers à base de quinine, de cola (caféine responsable), d’acérola (cerise de
la Barbade, dont l’allergène croise avec le latex) ou d’acide carminique
E120 (Campari) encore appelée cochenille, sont répertoriées. Il est difficile
d’évaluer la fréquence exacte de ces allergies car, mal connues du grand
public, elles peuvent être passées sous silence. La plupart du temps, par
réflexe, on retire ces boissons de la consommation familiale sans consulter
un allergologue, alors que ce devrait être systématique.

2 – Miel, pelote et gelée royale


Prendre soin de son corps naturellement est le credo de certains adeptes de
la nourriture bio. L’engouement pour ce type d’alimentation ne cesse
d’augmenter. Pour preuve, l’accroissement considérable de la
consommation toujours plus marquée de nourriture non traitée. Le miel et
les produits dérivés de la ruche en font partie. Ils sont choisis pour leurs
qualités gustatives mais également en médecine naturelle pour leurs
différentes vertus thérapeutiques. Le miel renforcerait le système de défense
immunitaire. Il aurait, selon la plante initiale butinée, des propriétés :
antiseptiques, sédatives, digestives, stimulantes, antitussives, antianémiques
ou diurétiques. En outre, le pouvoir sucrant du miel, du fait de sa
composition en glucides simples facilement assimilables, est supérieur à
celui du sucre blanc ou roux, avec un apport calorique plus modéré. Une
personne prenant régulièrement de la gelée royale verrait ses capacités
(intellectuelles, physiques et sexuelles) accrues avec une meilleure
résistance à la fatigue. Elle aurait également « des propriétés diminuant les
signes cutanés liés au vieillissement ». Ces bénéfices supposés ne doivent
pas faire ignorer les risques potentiels d’allergie à ces produits. Il est
cependant certain que, rapportés à la consommation annuelle, les cas décrits
sont peu fréquents.
• Douceur de miel
Dans l’Égypte ancienne, le miel utilisé pour soigner brûlures et plaies
ainsi que pour l’embaumement des corps, entre dans la composition de
certains cosmétiques de l’époque. Il se présente sous l’aspect d’une
substance pâteuse, sucrée et parfumée, selon la plante butinée. Celle-ci est
produite par les abeilles (Apis mellifera) à partir du nectar des plantes ou du
miellat excrété par les insectes suceurs (pucerons), après digestion de la
sève de la plante prélevée. Les abeilles butineuses fécondent les plantes
femelles en transportant sur leurs pattes les pollens. À cette occasion, elles
remplissent leur jabot d’environ 40 mg de nectar ou de miellat. Ainsi
transporté jusqu’à la ruche, le contenu du jabot est déposé dans des
alvéoles, où il perd une grande partie de son eau. On obtient alors une
concentration en sucre avoisinant les 70 à 80 % pour 14 à 25 % d’eau. Sont
aussi présents des acides, des protéines et aminoacides, des vitamines B, C
et PP, des enzymes, de nombreux minéraux, du calcium, du magnésium, du
potassium, du fer, du cuivre, des pigments, des substances antibiotiques et
du pollen en faible quantité.
Pour obtenir 10 kg de miel, il faut compter entre 800 000 et 4 millions de
voyages pour les abeilles. Souhaitons donc longue vie à ces courageuses
butineuses qui participent activement au cycle de la vie ! Mais rien n’est
moins sûr avec l’utilisation accrue des pesticides ! Le miel récolté puis
conditionné est destiné à la vente en tant que miel alimentaire ou miel à
destination industrielle. Son étiquetage est réglementé. Certaines références
obligatoires doivent apparaître : le poids en gramme ou en kilo, le nom et
l’adresse du producteur ou du conditionneur, l’indication du pays d’origine,
et les termes miel, miel de nectar ou miel de miellat, miel en rayon, miel
avec morceaux de rayon ou miel filtré. La DLUO (Date Limite d’Utilisation
Optimale) figure également sur l’étiquette. Elle varie entre 3 et 18 mois à
partir de la date de conditionnement du miel.
La première allergie au miel décrite date de 1984, chez un apiculteur
allergique aux pollens de composées. Depuis, des cas de choc
anaphylactique sont observés à plusieurs reprises, après l’ingestion de miels
de différentes provenances. À chaque fois, il existe des antécédents d’une
allergie aux pollens. D’autres symptômes sont signalés : urticaire, œdème,
troubles digestifs avec des douleurs abdominales et des diarrhées, voire des
crises d’asthme.

BON À SAVOIR
Les allergiques aux pollens, en particulier de composées (armoise,
ambroisie, pissenlit, chrysanthème, laitue, arnica, camomille), doivent se
méfier d’une possible allergie au miel. En effet, 10 mg de miel
contiennent entre 20 000 et 100 000 grains de pollens. Il est donc
impératif de ne porter aucun crédit aux publicités vantant le rôle du miel
dans le traitement des rhino-conjonctivites polliniques !

• Le repas de la reine
Consommée par les adeptes du bio, en capsules, en ampoules ou en flacon
pour fortifier l’organisme, la gelée royale est sécrétée par les abeilles
ouvrières entre le 5e et le 14e jour de leur vie. Sa production annuelle par
ruche est estimée à 300 mg et elle sert à l’alimentation des larves et de la
reine. Cette substance fluide de texture gélatineuse contient environ 14 %
de sucre, 70 % d’eau, des lipides, des protéines, des vitamines, des oligo-
éléments et des grains de pollen. Les manifestations allergiques
accompagnant sa consommation sont en général graves : une crise d’asthme
sévère, un œdème important, un choc anaphylactique pouvant entraîner le
décès en l’absence de traitement. Des éléments favorisent l’apparition de
cette allergie, en particulier le terrain atopique prédisposé et les allergies au
venin d’abeille.
• Ces pelotes de pollen
Ces pelotes, transportées par les pattes des abeilles butineuses jusqu’à la
ruche, sont récoltées, conditionnées et vendues en tant que compléments
alimentaires pour leurs vertus stimulantes, réparatrices, revitalisantes. Elles
sont à l’origine d’allergies alimentaires pour un nombre limité de personnes
et plus volontiers chez des allergiques aux pollens.
• La propolis
Cet ancien agriculteur de 70 ans s’occupe activement de quelques ruches.
Il consulte en raison de l’apparition, depuis quelques semaines, de lésions
sèches et fissurées au niveau du pouce, de l’index, du majeur (les trois
doigts étant appelés la pince de préhension), et un eczéma du dos des
mains. Sur le visage, des plaques rouges et sèches siègent au milieu du
front, sur les ailes du nez et autour de la bouche, jusqu’au menton. Au
début, il n’y prête pas attention. C’est surtout sa figure qui gratte
beaucoup, à tel point qu’il n’en dort plus la nuit. Son médecin traitant a
bien essayé la cortisone et les antihistaminiques et rien n’y fait. Cet
amoureux de la nature et des abeilles occupe son temps entre son jardin et
la récolte du miel. Il a pris l’habitude de se frotter plusieurs fois par jour le
visage avec sa main droite de haut en bas : le front, le nez, la bouche, pour
finir par le menton. Ce trajet suivant tout à fait la localisation des lésions.
L’esthétique, les cosmétiques, ça n’est pas pour lui. Il se lave le visage au
savon. Ce n’est pas le genre à passer trois heures dans la salle de bain le
matin. On peut donc, a priori, éliminer l’idée d’une allergie aux
cosmétiques. Des tests cutanés en patchs sont réalisés avec les produits
classiques, l’extrait de propolis et la cire d’abeille qu’il amène. Après deux
jours, trois tests sont positifs : le baume du Pérou, la propolis et la cire
d’abeille. Les lésions des mains sont secondaires à la manipulation de ces
produits, avec une extension des plaques d’eczéma au visage. Certaines
substances se retrouvant dans le baume du Pérou et la propolis, il y a la
possibilité d’une allergie concomitante. Ce patient, passionné, ne conçoit
pas d’arrêter son activité d’apiculteur amateur. Hormis un nouveau
traitement à base de crèmes à la cortisone, il lui est conseillé d’utiliser
désormais des gants de protection adaptés.
La propolis mélangée par les abeilles avec la cire sert à colmater les
interstices des ruches. Elle est utilisée depuis l’époque de Stradivarius
(1644-1737) dans la composition des vernis pour les instruments à cordes.
Le premier cas d’allergie est évoqué dans les années 1930 et contrairement
aux autres produits de la ruche, la propolis déclenche plutôt des
phénomènes d’eczémas de contact. Récoltée sur les bourgeons de certains
arbres par les abeilles, elle se compose de résine pour 50 %, de cire pour 30
à 40 %, d’huiles aromatiques pour 5 à 10 %, de pollens pour 5 % et d’autres
substances comme la vanilline ou l’aldéhyde cinnamique (également
contenue dans certaines essences de parfum). Commercialement, elle est
distribuée pour ses propriétés pharmacologiques en ORL, ou en
stomatologie sous forme de capsules, de comprimés, de gommes à mâcher,
d’antiseptiques buccaux et même de sirops mélangés à des plantes. En
cosmétologie, on la retrouve dans des dentifrices, des shampoings, des
rouges à lèvres, des savons, des crèmes solaires, etc. Il est admis qu’un
patch test positif à la propolis le sera également au baume du Pérou.

3 – Saveurs épicées et condiments


• Les épices
Synonymes de saveurs exotiques, les épices sont utilisées depuis
l’Antiquité. Considérées comme une denrée précieuse au Moyen Âge, elles
sont à l’origine de nombreux affrontements lors d’expéditions maritimes, le
long de la route éponyme. Des navigateurs explorateurs comme Marco
Polo, Christophe Colomb, Vasco de Gama ou Fernand de Magellan, ont, au
gré de leurs voyages, ramené de nombreuses épices en Europe : la vanille,
le piment, le girofle, la muscade, etc.
Les plantes aromatiques agrémentent un grand nombre de plats. Il suffit de
les voir dans de nombreuses émissions et les livres culinaires pour en être
convaincu. Elles peuvent titiller nos papilles de manière douce ou beaucoup
plus piquante, allant parfois jusqu’à nous faire exploser le palais, avoir
quelques vapeurs… Les réactions cliniques observées après leur ingestion
sont multiples et variées, immédiates ou retardées. Elles concernent environ
3,4 % des allergies alimentaires chez l’adulte et 0,70 % chez l’enfant… En
général, l’allergique présente le plus souvent, après l’ingestion d’épices, une
urticaire ou un œdème ainsi que des troubles du transit. Ces événements se
déroulent plus particulièrement chez des atopiques présentant une rhinite ou
un asthme pollinique aux bouleaux ou aux composées. Les épices le plus
souvent incriminées sont : le fenouil, le cumin, le carvi et la coriandre, l’ail,
l’oignon et l’échalote. Le bilan allergologique est, dans ce cas, un peu plus
ardu qu’à l’habitude. Une raison à cela : il est parfois difficile d’imputer
directement la réaction allergique aux épices, en raison de tests cutanés
moins fiables que pour d’autres allergènes. Seul le test de provocation orale
en milieu hospitalier, avec les épices suspectées, affirme avec certitude le
diagnostic.
Des épices au menu peuvent être sources d’aggravation d’un eczéma
atopique préexistant. Le repas est suivi de démangeaisons tenaces avec des
papules et vésicules sur les membres et les mains. Dans ces cas précis, les
tests épicutanés sont positifs au baume du Pérou ou aux mélanges de
parfums de la batterie standard européenne (voir les annexes). Je vous
imagine vous questionner sur la raison de ce phénomène. Là encore, une
explication très simple : différentes molécules allergisantes présentes dans
les parfums ou le baume sont également contenues dans les épices. Les
sensibilisations les plus courantes sont plus volontiers observées avec le
clou de girofle, le poivre de Jamaïque ou la cannelle, entrant dans la
composition de nombreux produits cosmétiques. La manipulation plus ou
moins directe d’épices expose aux allergies de contact les professionnels de
l’alimentation, les parfumeurs, les esthéticiennes (possible allergie croisée
avec les huiles essentielles, utilisées pendant un massage)… Attention aux
produits de nettoyage parfumés aux épices, récemment mis sur le marché.

BON À SAVOIR
Le curry, mélange d’une vingtaine à une cinquantaine d’épices,
accompagne les plats exotiques. Les principaux constituants, présents en
proportion variable selon les marques et les pays d’origine (Inde, Chine)
sont : le gingembre, l’ail, l’oignon, la coriandre, la cardamome, le cumin,
la cannelle, le curcuma, le piment, le poivre, le fenouil, le fenugrec, le
cubèbe, le sel, le clou de girofle, etc.

Quelques épices et leur famille botanique


Nom Nom latin Famille botanique

Ail Allium sativum Liliacées

Cardamome Amomum subulatum Zingiberacées

Coriandre Coriandrum sativum Apiacées

Cumin Cuminum cyminum Apiacées

Curcuma ou safran des Indes Curcuma longa Zingiberacées

Gingembre Zingiber officinale Zingiberacées

Girofle Eugenia caryophyllata Myrtacées

Moutarde Brassica nigra Brassicacées


Noix de muscade Myristica fragrans Myristicacées

Oignon Allium cepa Liliacées

Paprika ou piment doux Capsicum annuum Solanacées

Piment Capsicum annuum Solanacées

Poivre Piper nigrum Piperacées

• Le fenugrec, késako ?
Le fenugrec, dont les premiers cas d’allergies alimentaires ont été décrits
en 1997, est aussi connu sous le nom de Trigonella foenum-graecum ou
sénégrain. C’est une légumineuse de la famille des papilionacées, présente
en Afrique du Nord, en Inde, en Égypte, en Argentine, au Liban, dans le Sud
de la France. On lui confère des propriétés hypoglycémiantes, stimulantes,
antiparasitaires et antimycosiques. Il peut être pris en infusion, en capsules,
sous forme de teinture, en extrait fluide, en cataplasme, dans des produits
retrouvés en parapharmacie mais aussi dans la pharmacopée classique. De
nombreux mélanges d’épices en contiennent : le curry, le tandoori, le
massalé, le colombo, le ras-el-hanout…
Les cas d’allergies par ingestion ou application de produits en contenant
sont encore très occasionnels. Ils se présentent sous forme de rhinite,
d’asthme, d’œdème, d’urticaire pouvant aller même, là encore, jusqu’au
choc anaphylactique. L’engouement croissant pour les plats venus d’ailleurs
va-t-il être déterminant pour l’apparition de nouveaux cas ? Les relevés
d’allergovigilance nous le diront certainement au fil des ans.
• La moutarde me monte au nez
La moutarde est un cas à part. Elle est à la fois considérée comme
condiment et comme allergène masqué contenu dans des mélanges d’épices,
comme le curry. Appartenant à la famille des brassicacées, elle fait la
réputation de la région de Dijon depuis le XIIe siècle. Elle se mange ou est
utilisée pour ses vertus thérapeutiques. Comment ne pas évoquer les
sinapismes ou cataplasmes à la farine de moutarde que l’on colle sur la
poitrine en cas de toux ou d’infection ORL ! Humidifier très légèrement ce
carré enduit de moutarde, le laisser ensuite sur la peau pendant plusieurs
minutes, là est le mode d’emploi. Lorsqu’on retire ce cataplasme, la peau
est rouge avec des sensations de brûlures (souvenirs d’enfance !).
Décrite pour la première fois en 1980, l’hyperréactivité à la moutarde est
considérée comme la quatrième cause d’allergie alimentaire chez l’enfant
de moins de 3 ans, après l’œuf, l’arachide et le lait de vache. Cette
particularité est certainement due à la consommation de moutarde contenue
dans des plats industriels préparés pour les nourrissons et les enfants. Les
réactions observées sont, pour la plupart des individus : une poussée
d’eczéma, une urticaire et un œdème des lèvres ou du visage, une rhino-
conjonctivite. Plus rarement, c’est plutôt une gêne respiratoire. Il faut alors
être très vigilant et penser à un début de choc anaphylactique, qui apparaît
rapidement. Il ne faut pas tarder à appeler les urgences et injecter
rapidement de l’adrénaline. Chez l’adulte, les cas plus rares sont cependant
plus violents avec un risque majoré de choc anaphylactique.

Définitions du dictionnaire Le Littré :


Épice : « nom féminin, toute drogue aromatique ou piquante dont on se
sert pour l’assaisonnement. »
Condiment : « nom masculin, substance d’une saveur prononcée que
l’on mêle aux aliments. »
Les fines herbes sont un assaisonnement dans la salade.
Le sel est le plus précieux des condiments.

4 – Les additifs alimentaires, le petit plus de trop


Bonbons rouges, jaunes, verts, gâteaux agrémentés de décors colorés.
Camaïeux de teintes au pouvoir attractif, voilà une des nombreuses
propriétés attribuées aux additifs très présents dans l’alimentation.
Rapportés à la fréquence de leur utilisation courante dans les préparations
culinaires, ils entraînent rarement des réactions allergiques, dont le
diagnostic est difficile à réaliser.
La suspicion d’une allergie aux additifs alimentaires repose surtout sur des
arguments cliniques. Un premier test facile ? Des symptômes tels que
l’urticaire, une crise d’asthme ou un œdème apparaissent quand vous
mangez ce qu’il est convenu d’appeler « une préparation industrielle », et la
suspicion s’installe. Elle est renforcée lorsque le même plat, cuisiné maison,
n’entraîne aucune réaction. Il y a de fortes chances pour que l’ennemi soit
un additif alimentaire contenu dans la recette de la grande distribution.
Reste alors à l’identifier. La rédaction d’une enquête alimentaire est donc
cruciale : il suffit de répertorier dans un cahier les différents événements
observés ainsi que le délai d’apparition des symptômes et les ingrédients,
aliments et préparations ingérés dans les heures qui ont précédé les
symptômes. Ne parler que d’un type d’additifs serait trop facile et surtout
trop réducteur vu l’énorme quantité de ces ingrédients mis à la disposition
des amateurs de bonne cuisine et professionnels de la restauration.
Les colorants sont de véritables aimants visuels et, au même titre que les
arômes, améliorent les qualités gustatives de l’aliment. La fréquence des
manifestations cliniques observées avec ces additifs est très faible : entre
0,02 et 0,04 % des réactions allergiques. Il faut, en plus, faire la part des
choses entre l’allergie vraie et un phénomène d’intolérance. La tartrazine
(E102) peut entraîner des réactions allergiques exceptionnelles sous forme
d’eczéma, d’urticaire, de choc anaphylactique. Le rouge cochenille (E120)
est considéré comme plus allergisant. Il se présente également sous le nom
de rouge carmin et peut être à l’origine de violentes crises d’asthme ou de
chocs anaphylactiques.
Les conservateurs, comme les antioxydants, maintiennent la fraîcheur de
l’aliment en prévenant sa dégradation. Ils sont de plusieurs natures. Par
exemple, les antiseptiques, avec les benzoates, bloquent le développement
des moisissures et des levures. On les retrouve plus volontiers dans les
poissons salés, les poissons en conserve, les crevettes ou la moutarde et ils
peuvent être à l’origine d’urticaire chronique. Les conservateurs parabènes,
beaucoup moins utilisés en cosmétique qu’auparavant, peuvent être
administrés oralement, surtout avec les produits pharmaceutiques. Les
antioxydants comme les sulfites, nous l’avons vu dans le passage consacré
au vin, peuvent entraîner des intolérances, avec l’apparition d’une possible
gêne respiratoire d’une urticaire et d’une rhinite, lors de leur ingestion. Ils
font partie de la liste des 14 allergènes à étiquetage obligatoire.
Les épaississants, gélifiants et humectants représentent des produits
modifiant les caractéristiques des aliments.
Les exhausteurs de goût, comme les glutamates, peuvent déclencher des
réactions comme le « syndrome du restaurant chinois ». Il s’agit alors de
l’apparition, dans les heures qui suivent la consommation de produits en
contenant, de bouffées de chaleur, de maux de tête et de palpitations.
Dans les arômes, la vanille et autres aromates, comme le laurier, le thym
et la cannelle, peuvent entraîner l’apparition de poussées d’eczéma
atopique.
D – GÉRER L’ALLERGIE
ALIMENTAIRE
Lorsqu’une allergie alimentaire est suspectée, encore plus quand elle est
diagnostiquée et que les aliments coupables sont identifiés, le travail de
l’allergologue est loin d’être fini ! Il se doit d’accompagner l’allergique
dans son chemin de vie et lui donner la liste des conseils appropriés en
fonction de sa situation individuelle. Un radical changement s’opère dans le
quotidien de l’allergique. La liste des courses est modifiée, plus besoin de
passer des heures à lire les étiquettes. La meilleure attitude à adopter en cas
de repas hors de son cadre habituel est réexpliquée, encore et encore.

1 – Connaître les allergies croisées


Les allergies croisées sont liées à des analogies de structures sur des
protéines allergisantes d’origines différentes. Bon d’accord, c’est un peu
étrange et je vous vois écarquiller les yeux en vous demandant : « Mais
qu’est-ce qu’elle raconte ? » Tentons une approche moins scientifiquement
correcte. C’est comme si, sur deux puzzles différents, plusieurs pièces
étaient identiques. Pour cette raison, l’allergique fera parfois une réaction à
l’un et à l’autre, à cause de ces portions similaires. On peut donc voir des
allergies croisées entre plusieurs pollens d’arbres d’une même famille, par
exemple entre ceux du bouleau et du noisetier. Mais pour que ce soit encore
plus incroyable, cela peut se produire entre un allergène alimentaire
(trophallergène) et un allergène respiratoire (pneumallergène). Imaginez
qu’une personne qui réagit aux acariens pourra gonfler en mangeant des
crevettes… Eh oui.
Lors d’un bilan alimentaire ou respiratoire, l’allergologue recherchera
systématiquement ces allergies croisées. Ce n’est qu’après ce passage
obligé que le médecin spécialiste vous expliquera la conduite à tenir. Pour
plonger dans les ténèbres de la formulation absconse de l’allergologue
friand de sa discipline, quand elle atteint le niveau moléculaire : chaque
allergène a ses propres séquences protéiques moléculaires qui se conjuguent
avec celles des autres allergènes, ce qui peut donner des mélanges…
détonants. On comprend donc que leur connaissance pointue soit une aide
précieuse dans l’établissement d’un diagnostic, car dans les allergies
croisées, le lien est parfois difficile à établir, par exemple, entre les acariens
et les escargots ou plus banalement, le chou et la moutarde… Et pourtant !
Allergies croisées, pneumallergènes et aliments :
– bouleau, arachide et noisette, pomme, poire, pêche, cerise, abricot,
endive, pomme de terre, céleri, kiwi, carotte ;
– graminées et poivron, piment, paprika, aubergine, tomate, céréales ;
– armoise et céleri, carotte, mangue, pêche, épices (poivre, anis, cumin,
coriandre, fenouil, estragon) ;
– ambroisie et melon, banane, kiwi, litchi, pastèque, concombre ;
– acariens et escargots, crevettes, calamars ;
– latex et avocat, banane, kiwi, châtaigne, sarrasin, papaye, figue, pêche,
melon, cerise, raisin, etc.
Allergies croisées entre aliments :
– arachide et les autres légumineuses (petit pois, soja, fève, haricot,
lentille, lupin, pois chiche) et les fruits à coque (noisette, amande, noix,
pistache, noix de cajou, noix de macadamia, noix du Brésil) ;
– ail et oignon, ciboulette, poireau, asperge ;
– tomate et pomme de terre, poivron, paprika, aubergine ;
– moutarde et chou, radis, navet, raifort, rutabaga ;
– orange et clémentine, citron, pamplemousse ;
– lait de vache et lait de chèvre, de brebis, de jument, d’ânesse, viande de
bœuf ;
– œuf de poule, de caille, d’oie.
– viande de poulet et poissons

2 – Des conseils à respecter


• La diversification alimentaire
Pendant des décennies, la diversification alimentaire des enfants de
parents allergiques a suivi un protocole très spécifique. On introduisait les
aliments vers 6 mois sans poisson ni œufs avant l’âge d’1 an et pas
d’arachides avant 3 ans. Aujourd’hui, la tendance est à nettement assouplir
les recommandations. Que les enfants aient ou non des antécédents
familiaux atopiques, les préconisations sont les mêmes : quand bébé a entre
4 et 6 mois, on introduit les aliments les uns après les autres sans en
interdire aucun. D’abord, les fruits et légumes cuits puis crus, ensuite la
viande, le poisson et enfin l’œuf dur (entier).

BON À SAVOIR
Le risque atopique se définit ainsi, selon les travaux de Kjellman (1977)
:
– 12 % pour l’enfant si aucun des parents n’est allergique ;
– 20 % si l’un des parents est allergique ;
– 43 % si les deux parents sont allergiques ;
– 72 % si les deux parents ont les mêmes manifestations allergiques.

Diversification alimentaire chez l’enfant


avec des antécédents atopiques
À partir de 4 mois, sont introduits sous forme mixée des légumes
(carotte, courgette, blanc de poireau, haricot vert, épinard) dans une
proportion de deux tiers, le tiers restant étant constitué de féculents (riz,
pommes de terre). Les premiers fruits cuits, comme la pomme ou la
banane, sont donnés sous forme de compote.
Pour les protéines animales, dès 5 mois, on inclut dans le repas une
viande, un poisson ou un œuf qu’on mélange à la purée de légumes le
midi, le tout sous forme mixée.
On peut proposer également l’addition d’une cuillère à soupe de céréales
dans un biberon ou l’adjonction de deux cuillères à soupe de semoule, de
vermicelle ou de chapelure dans la purée de légumes.
À partir de l’âge de 8 mois, on peut proposer les fruits et légumes
écrasés, et à 12 mois, leur présentation sous forme de morceaux peut être
tentée.
Pour l’assaisonnement, les huiles de colza, de noix ou d’olive sont
recommandées pour les légumes. L’huile de tournesol est plutôt réservée
à la cuisson. Les poissons gras sont proposés deux fois par semaine
(maquereaux, sardines, ou saumons).

Quand un nourrisson présente une allergie alimentaire, il suffit d’évincer


l’aliment responsable. Pour le reste, continuez de lui faire découvrir les
goûts, les textures, les saveurs !
• Savoir décrypter l’étiquetage des aliments
Cette jeune fille allergique à la noix de cajou décide de se faire des pâtes
à la sauce pesto. Elle oublie un petit détail : étudier l’étiquette. Elle saura
très vite qu’elle aurait dû le faire. Dès les premières bouchées, apparaissent
une urticaire, des nausées, un œdème. C’est alors qu’elle s’intéresse à la
sauce en question. Elle découvre dans les ingrédients la présence de noix
de cajou. Elle finira sa soirée et sa nuit au service des urgences, avec une
hospitalisation de 24 heures.
Il y a quelques années, deux adolescentes ont payé de leur vie le manque
d’informations sur la composition de leur plat : l’une après l’ingestion
d’une pizza achetée en grande surface et l’autre après un repas composé de
pâtes et de sauce tomate. Elles étaient toutes les deux allergiques à
l’arachide, contenue dans ces plats sans qu’elles le sachent.
Quand on voit une cacahuète, qu’elle soit naturelle, salée ou grillée, on la
reconnaît sans difficulté. Mais qu’en est-il lorsque l’arachide se retrouve
sous forme cachée, dans des préparations destinées à la consommation
courante ? Ceci est aussi vrai pour beaucoup d’autres allergènes
alimentaires. Le risque de réaction sévère est beaucoup trop important pour
acheter à la légère des plats préparés, sans en étudier la composition. Ne pas
se soumettre à cet impératif conduit à des situations parfois périlleuses.
Faire la chasse aux allergènes est malheureusement le quotidien de ces
victimes de la multiplication des ingrédients dans les plats. Être toujours à
l’affût est un challenge.

BON À SAVOIR
L’action de l’AFPRAL (Association Française pour la PRévention des
ALlergies) est déterminante dans l’avancée de l’étiquetage alimentaire.
En accord avec les autorités sanitaires, il est désormais acquis, depuis
2005, que la présence de 14 allergènes alimentaires est obligatoirement
signalée sur l’étiquetage des plats. C’est la liste ALBA :
– les céréales contenant du gluten (blé, seigle, épeautre, kamut ou leurs
souches) et les produits à base de ces céréales ;
– le lait et ses produits dérivés ;
– les crustacés et les produits à base de crustacé ;
– les œufs et les produits à base d’œuf ;
– le lupin ;
– le poisson et les produits à base de poisson ;
– l’arachide et les produits à base d’arachide ;
– le soja et les produits à base de soja ;
– les fruits à coque (à savoir : amande, noisette, noix, noix de cajou, noix
de pécan, noix du Brésil, pistache, noix de macadamia, noix du
Queensland) et produits à base de ces fruits ;
– le céleri et les produits dérivés du céleri ;
– la moutarde et les produits à base de moutarde ;
– les graines de sésame et les produits à base de sésame ;
– l’anhydride sulfureux et les sulfites en concentration de plus de 10
mg/kg ou mg/l, exprimés en SO2 ;
– les mollusques.

Voici par exemple quelques cas illustrant les difficultés rencontrées par les
allergiques, dans l’analyse des étiquettes. Source : Oasis Allergies.
Des bonbons, comme les marshmallows, à la gélatine de poisson ? Ce
n’est qu’un exemple qui illustre pourquoi il est indispensable de lire les
étiquettes. Le poisson fait partie de l’étiquetage
alimentaire obligatoire, excepté dans certaines utilisations, comme celle de
support pour des vitamines et des arômes ou comme agent de clarification
dans la bière, le cidre et le vin. Autres exemples :
– du poisson dans des beignets de crevettes ;
– de l’arachide dans du bouillon de poule ;
– des noix, des noisettes dans les sauces tomate ;
– de la noisette dans du jambon, des beignets au chocolat ou dans du pâté
au foie de canard ;
– des noix de cajou, des amandes ou des pignons de pin dans le pesto ;
– du lupin dans les gâteaux, les farines, les pains mais aussi dans des
mélanges de céréales et légumes secs de certaines marques ou dans des
crèmes applicables sur les seins des mères allaitant ;
– des protéines de lait dans une sauce provençale, dans des boissons type
limonade ou dans un paquet de crevettes d’élevage avec un
préemballage certifié AB (Agriculture Biologique) ;
– des protéines de lait ou de soja dans des matelas commercialisés pour les
bébés ;
– de la bêta-lactoglobuline, protéine allergisante du lait de vache, dans des
probiotiques (compléments alimentaires contenant des micro-organismes
vivants visant à renforcer ou réensemencer la flore intestinale :
lactobacilles, bifidus, etc.).

BON À SAVOIR
À la vue de tous ces exemples, il faut conforter les allergiques dans
l’étude systématique de toutes les étiquettes de denrées alimentaires en
grand ou petit conditionnement. Attention avec le commerce équitable :
les gâteaux ou paquets ramenés dans ses bagages ou achetés sur Internet
n’ont pas forcément la même législation qu’en France. L’absence
d’informations sur les allergènes ne signifie alors pas forcément leur
absence ! La personne présentant une allergie alimentaire sévère doit
rester très vigilante. Si elle présente des antécédents de choc
anaphylactique alimentaire, elle doit toujours avoir à disposition, dans
tous ses déplacements, le stylo auto-injectable d’adrénaline.

Il faut également faire très attention aux produits exotiques importés et


aux plats servis en restauration. Des progrès restent encore à faire : un
même produit en grand modèle ou en portion individuelle n’aura pas
forcément la même composition et celle-ci peut également changer au cours
d’une même année. Si cet étiquetage alimentaire spécifique constitue une
avancée non négligeable pour les allergiques, il doit encore évoluer.
Les modifications du règlement INCO, applicable depuis décembre 2014,
stipulent que l’allergène doit être indiqué dans la liste des ingrédients,
accompagné d’une référence claire au nom de la substance ou du produit
allergénique. Son mode d’impression sur l’étiquette doit permettre de le
distinguer clairement du reste de la liste des ingrédients, au moyen du corps
de caractère, du style de caractère ou de la couleur de fond. La taille
minimale du caractère utilisé doit être de 1,2 mm, et peut être réduite à 0,9
mm pour les petits emballages de moins de 80 cm2. Ce qui était vrai pour
les produits préemballés l’est aussi désormais pour ceux non préemballés.
Donc faites très attention sur les marchés, avec l’achat de produits en vrac,
comme les épices… Lors de leur transport dans les fourgons, certaines
peuvent se renverser ou se mélanger. La vigilance de la part de l’acheteur et
du commerçant peut éviter bien des catastrophes.

BON À SAVOIR
Restauration
Depuis juillet 2015, les restaurateurs ont l’obligation, suite au décret
d’avril 2015, de signaler la présence d’allergènes dans leurs
préparations. Dans les lieux de restauration, l’information sur la
composition des plats proposés doit être tenue à disposition du public,
sous forme écrite et de façon lisible. Normalement, chaque professionnel
doit tenir à jour son menu, avec les informations requises. Si certains
restaurateurs jouent le jeu, d’autres trouvent une parade en affichant
simplement la liste des 14 allergènes à étiquetage obligatoire dans leur
restaurant, ce qui n’est pas le but premier du décret. Il ne s’agit pas de
mettre la liste des allergènes à étiquetage obligatoire pour se donner
bonne conscience… mais de pouvoir renseigner l’allergique sur la
présence ou non de tel ou tel allergène dans un plat. Certains ont bien
compris la problématique et se plient volontiers à cette directive.
D’autres devront encore faire quelques progrès pour parvenir à
l’excellence… Ce qui est vrai pour les restaurateurs l’est aussi pour tous
métiers de bouche proposant des denrées en vrac non étiquetées !
En mai 2016, le site canadien LaPresse.ca relate la condamnation d’un
restaurateur du Nord de l’Angleterre à six ans de prison pour homicide
involontaire par négligence. Un de ses clients, connu allergique à
l’arachide, lui commande un poulet tikka masala, sans arachide. Ce plat
épicé lui a été livré et, malheureusement, contenait de la cacahuète. Un
autre épisode identique avec un autre consommateur s’était déroulé
quelques semaines plus tôt. En réalité, l’accusation signalait qu’il avait
remplacé, faute de moyens financiers, l’amande par de la cacahuète (ce
qui est souvent le cas), souvent appelée « l’amande du pauvre ».
En juin 2016, UFC-Que choisir fait un constat en demi-teinte sur le
respect de cette nouvelle directive par les métiers de bouche. Seules
certaines enseignes se sont pliées à la demande d’informations sur les
allergènes alimentaires dans leurs établissements : McDonald’s, Quick et
KFC. En ce qui concerne la grande distribution, ce n’est pas un sans
faute même si quelques-uns sortent leur épingle du jeu, comme
Monoprix, Carrefour et Intermarché. Quant aux petits commerces, la
conformité est loin d’être légion dans ce domaine de prévention. Chacun
doit s’atteler à respecter la demande et surtout améliorer l’accessibilité et
la lisibilité de l’étiquetage obligatoire.

• Le HACCP, c’est VITAL


Cette marque de plats préparés doit retirer de la vente une de ses
préparations. La recette habituelle ne comporte pas de céleri. Et là, un
incident sur la chaîne de fabrication a pour conséquence la présence
imprévue d’une certaine quantité de cet aliment. Attention, comme il ne fait
pas partie des ingrédients de base, il ne figure pas sur l’étiquetage et cela
peut être dangereux pour les allergiques à cette plante potagère.

BON À SAVOIR
En 2015, l’Anses lance une alerte sur le plan européen. Un mélange
d’épices à base de paprika est contaminé par la présence accidentelle
d’amande. Une demande de mise en place de gestion du risque
allergique est appliquée. Un extrait du rapport vous donne une idée de la
pertinence de ces mesures de protection : « Ainsi, pour les traces de
protéines d’amande dans le paprika, en se basant sur une recette pour
quatre personnes, incorporant trois cuillères à soupe de paprika, soit 20,4
g, la concentration maximale de protéines d’amande dans le paprika de
19 mg/kg peut être retenue. » Ce système complexe demande à être
encore affiné.
Source : note d’appui scientifique et technique relative à la présence
d’allergènes d’amande et d’arachide dans les épices, Agence nationale
de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail,
avril 2015.

Notre alimentation est composée d’un savant mélange de produits frais et


de production industrielle. Pour éviter les couacs et les retraits du marché de
certains plats cuisinés, la sécurité des préparations est extrêmement
règlementée par le système HACCP. Vos yeux s’arrondissent et
l’interrogation s’installe. Mais qu’est-ce que cela ? Attention, c’est du
lourd. Avant que vous puissiez mettre dans votre assiette un plat, celui-ci
suit un long cheminement préparatoire dont le HACCP (Hazard Analysis
Critical Control Point) peut faire partie, selon le bon vouloir de chaque
entreprise. Penchons-nous de plus près sur ces termes un peu barbares au
premier abord. Qualifié d’outil de travail pour l’industrie alimentaire, il
représente un moyen de gestion pour la sécurité des préparations culinaires.
Ses objectifs sont d’identifier les risques potentiels des différentes natures
biologiques, physiques ou chimiques, allergies comprises et de mettre en
place les moyens de contrôle les concernant. Ce principe s’applique, pour le
domaine qui nous intéresse, avec le système VITAL (Voluntary Incidental
Trace Allergen Labelling). Son implication réside dans la prévention du
risque de contamination indirecte de préparations industrielles par des
allergènes non prévus dans la recette initiale. Cet apport involontaire peut
être accidentel, s’intégrant de façon inopinée dans le processus de
fabrication. Une mauvaise manipulation au niveau des locaux de stockage
ou pendant le transport des ingrédients en containers en est le parfait
exemple. Sur le lieu de fabrication, les lignes de production mal
entretenues, insuffisamment nettoyées peuvent véhiculer et mélanger des
allergènes de nature différente. La vente de produits en vrac, peu propice à
un contrôle efficace sur site, représente un conditionnement trop risqué pour
les allergiques.

BON À SAVOIR
Lorsque les allergènes font partie de la composition et sont introduits
dans la recette classique, ils doivent donc être obligatoirement signalés
(liste ALBA des 14 allergènes). Par contre, qu’en est-il lors d’une
contamination ? La problématique est un peu plus compliquée. On parle
de « présence fortuite d’un Allergène à Déclaration Obligatoire (ADO),
lorsque cet ADO est présent dans un produit fini alors qu’il n’est pas un
composant apporté volontairement. La notion de présence fortuite est
équivalente à la notion de contamination ». (AFSSA, 2008)

Le VITAL 2.0 permet de simplifier la mise en évidence de cette


contamination allergénique involontaire. C’est sur le continent australien
que s’est développée, il y a quelques années, une première version, ensuite
adaptée à d’autres pays européens comme la France pour les 14 allergènes à
étiquetage obligatoire. Il permet de cibler le seuil de réactivité minimal à un
allergène spécifique. Celui-ci s’établit sur la base de données médicales
concernant la plus petite quantité de protéines allergisantes pouvant
entraîner une réaction allergique. On peut alors considérer qu’avec ces
seuils, 95 % des allergiques ne présenteront aucune réaction allergique.
Cette limite de réactivité est fixée selon plusieurs critères très spécifiques.
Ils sont le résultat d’une collaboration étroite entre les allergologues, les
instances sanitaires et les industriels de l’alimentation qui ne cessera de
s’améliorer au fil des ans.
Tout cela peut paraître dérisoire pour les non allergiques, mais ceux qui
sont directement concernés comprennent sans difficulté l’intérêt de ces
recherches. Il est temps de donner quelques exemples pour vous aider à
visualiser l’utilité de ces valeurs de mesure. Les doses correspondent donc à
la valeur à partir de laquelle l’étiquetage s’impose en cas de contamination
accidentelle. Ces valeurs peuvent être modifiées dans le temps.
Source : The Allergen Bureau, 2012.
Allergène avec contamination accidentelle Arachide Lait Œuf Noisette

Dose requise 0,2 ppm 0,1 ppm 0,03 ppm 0,1 ppm
pour un étiquetage obligatoire

(1 ppm = 1 mg/kg de protéines)

BON À SAVOIR
En résumé
Si l’un des 14 allergènes est compris dans la recette initiale,
l’étiquetage est obligatoire (liste ALBA). En cas de contamination
involontaire dans la recette par un allergène, c’est la mise en place du
système VITAL et l’étiquetage obligatoire ou retrait du produit en
fonction du seuil de réactivité fixé.

• Le PAI
Paloma est allergique au poisson. Elle ne peut en manger, sinon ses lèvres
gonflent et elle est gênée pour respirer. On craint à chaque fois un choc
anaphylactique. Elle rêve de pouvoir manger à la cantine avec ses copines
mais jusqu’alors, on le lui interdisait. Grâce à la mise en place d’un PAI,
elle s’y rend chaque jour avec son panier-repas, et peut rire et profiter de
ses amies autour de la table de la cantoche. La trousse d’urgence n’est pas
loin, au cas où…
Gérer son allergie alimentaire chez soi est toujours plus facile qu’à
l’extérieur. C’est spécialement vrai pour les enfants et les adolescents que
l’on confie à la cantine ou aux centres de vacances. Depuis 1999, le Projet
d’Accueil Individualisé (PAI) permet d’intégrer au mieux l’enfant
allergique à la vie en collectivité. Ce texte, au départ particulièrement
difficile à appliquer, réactualisé et remanié à plusieurs reprises, semble
aujourd’hui plus facilement respecté dans les établissements scolaires. Il
faut se souvenir que certains enfants allergiques subissaient la double peine
de la maladie et de l’exclusion de la cantine, voire même de l’école, avant
la mise en place de ce texte. Théoriquement établi à la demande des parents
auprès du chef d’établissement, le PAI, basé sur un diagnostic préalable
d’allergie alimentaire confirmé par des tests, permet de faire la part des
choses entre un éventuel dégoût alimentaire, un caprice et une véritable
allergie. Il comporte deux volets. Sur le premier sont précisées les
coordonnées des parents, du médecin traitant, du médecin allergologue, des
personnes à prévenir en cas de problème et la liste des allergènes à exclure.
Le second volet reprend les principales étapes à suivre en cas de réaction
allergique par ingestion accidentelle. Ce projet est toujours accompagné
d’une ordonnance du médecin, permettant une disponibilité des
médicaments au sein de l’établissement scolaire.
En ce qui concerne l’adrénaline, traitement d’urgence du choc
anaphylactique, quatre types de stylos auto-injecteurs sont désormais à
disposition : Anapen, Emerade, EpiPen ou Jext. Pendant de nombreuses
années, seul l’Anapen était disponible. Ce système a pris le relais de la
seringue Anahelp dont la manipulation semblait compliquée à faire accepter
au personnel encadrant. La visibilité de l’aiguille leur faisait peur. Ces
difficultés d’injection en urgence avec cette seringue représentent alors un
frein à la bonne application du PAI. Cet état de fait amène, en 2000, le
président de l’Ordre des médecins, le docteur Glorion, à confirmer la
possible utilisation en milieu scolaire de l’Anapen. Désormais, cette attitude
est de mieux en mieux acceptée au sein du milieu scolaire. Reste un bémol
de taille, la peur de ne pas faire l’injection quand il le faut. Pour cela la
Société Française d’Allergologie a établi un mode d’emploi, une sorte de
plan d’action pour chaque système auto-injecteur, avec les signes d’appel
amenant à l’utiliser :
– ma voix change ;
– j’ai du mal à parler ;
– je respire mal, je siffle, je tousse ;
– j’ai très mal au ventre, je vomis ;
– je me gratte les mains, les pieds, la tête ;
– je me sens mal ou bizarre, je fais un malaise.
Contrairement à ce que l’on a souvent pensé, il faut pratiquer l’injection
dans la face externe de la cuisse, même à travers un vêtement. Laissez le
dispositif en place en le maintenant fermement pendant 10 secondes.
L’appel au SAMU se fait par une personne de l’entourage, si possible en
même temps ou après l’injection. Attendre l’avis du médecin régulateur du
numéro d’urgence peut faire perdre de précieuses minutes. Les effets
secondaires de l’adrénaline seront toujours moins graves que la perte d’une
vie faute d’injection rapide.

BON À SAVOIR
Longueur des aiguilles :
Anapen 0,15 et Anapen 0,30 : 7,5 mm
Emerade 150 : 16 mm et Emerade 300 et 500 : 23 mm
EpiPen 150 : 12,5 mm et EpiPen 300 : 15,5 mm
Jext 150 : 15 mm et Jext 300 : 15,4 mm
Source : Pouessel G., Beaudouin E., Renaudin J.-M., Drumez E., Moneret-Vautrin D.-A.,
Deschildre A., « Pratiques et adhésion aux recommandations pour la prescription des dispositifs
auto-injectables d’adrénaline : enquête auprès des allergologues du réseau allergovigilance »,
Revue Française d’Allergologie, vol. 56, février 2016, p. 3-9

En ce qui concerne le régime à la cantine, plusieurs cas de figures se


présentent. Si l’éviction classique de l’aliment est possible dans le menu
proposé en restauration scolaire, l’enfant peut y manger sans problème. Il
n’en est pas de même lorsque l’allergène est plus difficile à isoler ou en cas
d’allergies multiples. Il s’agit alors de mettre en place le système de panier
repas préparé par la maman ou le papa, et amené en cuisine collective sous
certaines conditions.
La mise en place de ce système est parfois source de conflits internes entre
les parents et l’administration scolaire. Chaque situation est discutée au cas
par cas. Le PAI suit l’enfant dans tous ses déplacements scolaires et
extrascolaires, comme les voyages éducatifs en France ou à l’étranger, etc.
Dans ce cas, le PAI sera traduit le plus souvent en anglais. L’utilisation de la
langue locale peut être très utile, encore faut-il avoir un traducteur de
confiance à sa disposition. Chaque mot a son importance. Les encadrants du
périple à l’étranger doivent être parfaitement au courant de la
problématique de chaque enfant. En cas de séjour linguistique dans une
famille à l’étranger, celle-ci doit également être capable de gérer une
allergie alimentaire.

BON À SAVOIR
L’ordonnance de la conduite à tenir pour l’enfant, lors de ses
déplacements, signale le nom des médicaments sous la forme de leur
molécule générique (la DCI, Dénomination Commune Internationale) et
de la posologie.
Bilaska et Inorial : bilastine
Xyzall : lévocétirizine
Aerius : desloratadine
Kestin : ébastine
Ventoline : salbutamol
Bricanyl : terbutaline
Solupred : prednisolone

Exemple de PAI lors d’un voyage en Italie : jeune patiente allergique


à l’arachide et la pistache. (Un grand merci à la traductrice locale,
Florence Crimon)
Bisogni specifici della studentessa : Dieta alimentare specifica : lista di
evizione specifica degli arachidi, e del pistacchio, la ragazza non deve
mangiare nessuno di questi alimenti. Precauzioni di evizione totale di questi
alimenti durante i pasti del viaggio in Italia.
Kit di pronto soccorso :
• Nel caso di un’orticaria moderata (qualche macchia rossa sul corpo),
Desloratadine Compressa : 1 compressa.
• Nel caso di un’orticaria gigante (macchie rosse, su tutto il corpo, a volte
gonfiate o sotto forma di piccoli « brufoli rossi ») o di edema dare :
Prednisolone 20 mg orodispersibile : 2 cps ½.
• Nel caso di difficoltà respiratoria, di respirazione sibilante o di tosse :
Salbutamol spray.
• Nel caso di shock anafilattico, iniettare in intramuscolare una dose di
Jext e intervento di emergenza.
La desloratadine est un antihistaminique, et d’autres, bien sûr, peuvent être
aussi utilisés : ébastine, lévocétirizine. Il en est de même pour le Jext qui
peut être remplacé par l’Anapen, l’Emerade ou l’EpiPen.
• La tolérance alimentaire
Alexandre, 12 ans, était allergique à l’arachide, à la noix de cajou…
Après de nombreux mois de tolérance alimentaire à l’un, puis à l’autre, il
peut désormais en manger une certaine quantité sans danger. Il peut se
rendre à la cantine sans panier-repas et aller tranquillement chez des amis.
Manon, 8 ans, est allergique à la noisette et à la pistache. Elle bénéficie
d’une tolérance à la noisette, en prenant plusieurs fois par semaine une
pâte à tartiner en contenant, avec les quantités indiquées par
l’allergologue. Elle doit bientôt débuter une tolérance à la pistache et cela
va changer sa vie…
Gloria naît en 2010. Deux ans plus tard, elle devient toute rouge et ses
lèvres gonflent quelques minutes après avoir mangé deux gâteaux apéritifs.
L’allergologue confirme une allergie à l’arachide. Un test de provocation
est réalisé à l’hôpital et montre un seuil de réactivité fixé à 420 mg
d’arachide. À cette dose, la petite fille déclenche des réactions allergiques.
Il est alors décidé de débuter un protocole avec la consommation d’une
certaine quantité d’arachide à la maison. En 2014, le test de provocation
est répété à l’hôpital. Gloria peut désormais supporter une dose de 1 066
mg avant d’avoir des symptômes. La technique de tolérance est encore
poursuivie avec succès puisqu’en 2016 : l’enfant peut ingérer jusqu’à 11,7
g sans problème. Actuellement, elle continue à manger 3 à 5 g d’arachide,
deux à trois fois par semaine. Dans quelques mois, une nouvelle évaluation
de son seuil de réactivité permettra peut-être de stopper le protocole.
On parle très volontiers dans le traitement des allergies respiratoires de la
désensibilisation. Dans le domaine alimentaire, à part éviter les ingrédients
en cause, rien d’autre ne pouvait être proposé pendant des décennies.
Heureusement les allergologues sont des médecins tenaces. Ils essaient de
trouver des solutions à chaque problématique et l’une d’entre elles est
l’induction de tolérance alimentaire. Elle permet, après les tests et la mise
en place d’un protocole, de pouvoir manger un aliment interdit jusqu’alors,
en ingérant pendant de nombreux mois des petites doses progressivement
croissantes. Mais comment cela est-il possible ? C’est en étudiant comment
fonctionne le tube digestif que cette technique a vu le jour.
En effet, de nombreuses observations tendent à démontrer que la
muqueuse digestive, stérile à la naissance, est ensuite colonisée par une
flore bactérienne, dite physiologique, qui nous accompagne tout au long de
notre vie. La tolérance naturelle de cette muqueuse aux aliments repose sur
plusieurs mécanismes immunologiques dont trois sont les plus connus.
Durant très longtemps, la solution préconisée suite au diagnostic d’allergie
alimentaire était l’éviction totale et définitive de l’allergène concerné. Or,
des études effectuées ces dernières années tendent à prouver que cette
solution définitive très contraignante au quotidien peut entraîner des
carences nutritionnelles et surtout un risque élevé de symptômes plus
sévères en cas de réintroduction accidentelle.

Avec ou sans tolérance


De nombreuses publications illustrent parfaitement l’intérêt de cette
méthode de traitement. L’une des premières relate son impact sur une
population d’enfants allergiques à l’arachide et divisée en deux cohortes.
Les uns respectent une éviction stricte de l’allergène (groupe 1). Les
autres sont sous un protocole de tolérance alimentaire à l’allergène
concerné (groupe 2). Le diagnostic est apporté par les tests cutanés, le
dosage sanguin des anticorps IgE spécifiques et un test de provocation
orale afin d’évaluer le seuil de réactivité. Après six mois de surveillance,
on observe un pourcentage de guérison plus important dans le groupe 2.
La notion d’éviction totale devient alors plus que discutable et ne doit
plus systématiquement être appliquée.

Ce principe de tolérance repose sur le test de provocation orale évaluant le


seuil de réactivité clinique. Ce dernier se pratique toujours dans un milieu
hospitalier. Il fixe la dose de départ du protocole qui sera ensuite prise à
domicile. La prise quotidienne de l’allergène à dose progressivement
croissante à la maison est soumise à certaines conditions :
– stopper la prise de l’aliment en cas de fièvre ou d’infection des voies
respiratoires ou de gastro-entérite ;
– en cas d’interruption temporaire de l’ingestion entre trois et cinq jours,
prendre avis auprès de votre allergologue. Il vous orientera sans doute
vers l’hôpital pour reprendre la dose ;
– contrôler régulièrement la capacité respiratoire en cas d’asthme associé ;
– prendre la dose au cours du goûter ou du repas et ne pas pratiquer
d’effort dans les deux heures qui suivent ;
– une vigilance particulière est préconisée en période menstruelle chez les
filles ;
– l’enfant doit ensuite continuer à maintenir l’apport régulier de cet
aliment pendant de nombreuses années.
Quelques interrogations sur l’effet à long terme persistent. Après l’arrêt de
ce principe thérapeutique, on peut assurer une guérison. Celle-ci est-elle
définitive ? Alors même que persiste une sensibilisation ? Il convient de
rester prudents, d’avertir les patients des facteurs favorisant la récidive
comme les gastro-entérites, et surtout, l’exercice intensif couplé à
l’ingestion…
Cette proposition de prise en charge faite pour l’enfant allergique est une
véritable révolution qui change sans aucun doute sa vie au quotidien.
Pouvoir manger de nouveau tel ou tel aliment interdit jusqu’alors, redevenir
presque « normal » sans l’obligation de lire toutes les étiquettes… Pour les
parents, c’est un grand soulagement de voir leur enfant s’épanouir et
participer sans crainte aux fêtes et goûters. Très souvent, un travail en
amont est également réalisé auprès de l’allergique et de sa famille par le
biais de ce que l’on appelle l’éducation thérapeutique. Il s’agit d’enseigner
les clés pour une meilleure gestion des risques alimentaires. Des séances
individuelles ou collectives animées par des équipes composées de
diététiciens, de psychologues et d’allergologues sont proposées par des
centres médicaux. Malheureusement, ce précieux soutien est encore
insuffisamment proposé en France.
E – VOUS REPRENDREZ BIEN UN
PETIT VER ?
Les modes passent et ne se ressemblent pas. Il est question de savoir
combien de fois il faut manger de la viande, des fruits et légumes ou du
poisson. Faudra-t-il tenir compte, dans un futur plus ou moins proche, d’un
nouveau mode d’apport en protéines sous forme d’insectes et de vers en
tous genres ? La consommation humaine de ces étranges ingrédients fait
son apparition de façon festive et expérimentale dans certains foyers et de
façon plus restreinte dans les restaurants. On est cependant en droit de se
poser la question de son impact sur la santé des personnes allergiques, en
particulier aux acariens, aux crustacés et aux mollusques. Une raison à cela
: les risques d’allergies croisées liées à la tropomyosine présente dans ces
aliments et les insectes. L’implication de cette protéine allergisante des
larves des vers de farine, appelés Tenebrio molitor, est la plus connue. Elle
fut à l’origine d’asthme professionnel chez des employés d’usine fabriquant
des appâts de pêche en contenant. Le premier cas de choc anaphylactique
est décrit dès 1996. Cet asticot, dont la teneur en protéines est très élevée
(58,4 %), se retrouve dans certains plats cuisinés sucrés ou salés. Les
Mexicains peuvent, par exemple, l’insérer dans des recettes de tortillas.
Pour les amateurs, il est aussi proposé vivant et bien remuant à la
consommation.
Plusieurs types d’insectes sont consommés dans le monde. Selon les pays
et les habitudes alimentaires, il peut s’agir : de chenilles, d’abeilles, de
fourmis, de sauterelles, de grillons, de frelons, de criquets. En Chine,
plusieurs cas de choc anaphylactique lié à la consommation de pupes de ver
à soie rôties sont répertoriés. Un touriste français, en 2008, décède après
avoir voulu tenter cette expérience culinaire. En 2012, un homme tente, lors
d’un concours, de battre le record de celui qui mange le plus de cafards et
de vers. Il ne connaîtra jamais le résultat, puisque ce challenge lui sera fatal
dans les heures qui suivent. S’agissait-il d’une allergie ?
Pour l’instant, on peut globalement se poser la question d’une sous-
estimation des phénomènes allergiques liés à ce mode d’alimentation.
L’avenir se chargera d’infirmer ou confirmer cette hypothèse. La Direction
Générale de l’ALimentation (DGAL) signale dans sa note d’information
publiée le 18 février 2016 que « l’alimentation directe des animaux
d’élevage avec des insectes morts sans transformation préalable n’est pas
autorisée ». Les protéines transformées d’insectes sont actuellement
interdites dans l’alimentation des animaux de rente, c’est-à-dire destinés à
la consommation humaine. La DGCCRF (Direction Générale de la
Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) rappelle
dans une note d’information de 2014 qu’« étant donné l’absence
d’autorisation donnée à ce jour pour ces denrées, elles ne peuvent pas être
mises sur le marché en vue de la consommation humaine ». Si en France, la
loi considère que les humains ne doivent pas manger d’insectes, la Belgique
n’a pas tout à fait la même position.

En effet, sur le territoire belge, la consommation de dix insectes est


autorisée par l’Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire
(AFSCA, www.afsca.be). Il s’agit du grillon, du criquet migrateur africain,
du ver de farine géant, du ver de farine Tenebrio molitor, du ver buffalo, de
la chenille de la fausse teigne, du criquet pèlerin d’Amérique, du grillon à
ailes courtes, de la chenille de la petite fausse teigne et de la chenille du
bombyx… Bon appétit !

Le caviar mexicain
Avec ce titre, vous pourriez imaginer une histoire de délicieux œufs
d’esturgeons. Il n’en est rien. Il s’agit plutôt de la mésaventure d’un
homme de 52 ans en déplacement professionnel au pays des Aztèques.
Ce voyageur tente l’expérience de déguster ce fameux caviar mexicain à
base de nymphes de fourmis, encore dans leur cocon. Mal lui en prend,
puisqu’apparaissent une urticaire sur le corps, un gonflement des
articulations et des mains. Il est multiallergique : aux acariens, aux
blattes, aux écrevisses, aux crabes de Shanghaï et aux tourteaux. Le test
cutané avec le cocon de fourmi vide et bouilli est positif. La morale de
cette observation se résume par un conseil plus que judicieux : les
personnes ayant les mêmes antécédents que cet homme, en particulier
des réactions aux arthropodes, devraient éviter de tester de tels mélanges
d’insectes.
Source : Geny-Duthey S., Blay F. de, « Polysensibilisation et allergie au caviar mexicain »,
Revue Française d’Allergologie, Elsevier, vol. 56, n° 3, avril 2016, p. 279.
CHAPITRE III

ALLERGIE, AMOUR
ET CONSÉQUENCES

A – ALLERGIQUE À SES BAISERS


« Je chante un baiser. Je chante un baiser osé sur mes lèvres déposé
par une inconnue que j’ai croisée. » Ces paroles d’Alain Souchon nous
rappellent combien le baiser est source d’émoi entre deux êtres. Le
baiser est magnifiquement illustré par des œuvres telles que la
sculpture d’Auguste Rodin ou le tableau de Gustav Klimt. « Ô baiser,
mystérieux breuvage que les lèvres se versent comme des coupes
altérées » nous dit Alfred de Musset dans La Confession d’un enfant du
siècle. Pour Guy de Maupassant, « le baiser est la plus sûre façon de se
taire en disant tout ».

Preuve d’amour ou d’affection, le baiser peut être à l’origine de


manifestations allergiques dites par procuration. Il s’agit d’allergènes
(présents sur les lèvres d’une personne) déposés involontairement sur une
autre personne allergique à ceux-ci. Le premier cas d’allergie induite par le
baiser date de 1964. Il s’agit d’un eczéma de contact apparaissant sur la
joue d’un petit garçon de 5 ans, après un baiser donné par son grand-père.
Ce papy, à l’époque, est traité pour une angine par l’application de
Mercurochrome sur les amygdales. L’enfant, quelques mois auparavant,
avait présenté une réaction allergique à ce produit appliqué sur une plaie. Le
cas d’une jeune femme de 24 ans est décrit dans les années 1990. Il s’agit
d’une personne allergique à plusieurs fruits et légumes (pomme, carotte,
céleri…) et à certains pollens d’arbres et graminées. Ses lèvres gonflent
après avoir embrassé son petit ami, qui venait de manger une pomme.
Depuis, de nombreux cas sont observés. Ils doivent attirer notre attention
sur les circonstances de déclenchement et les conséquences qui en
découlent. Toutes les tranches d’âge sont concernées. L’intensité du baiser
n’est cependant pas identique pour l’enfant, l’adolescent ou l’adulte.
Distinguons le syndrome des allergies induites par le baiser d’amour «
lover’s kiss » de celui par baiser affectueux « good night kiss ». Le « lover’s
kiss », pratiqué à partir de l’adolescence, est appelé au XIXe siècle le baiser
florentin. On le connaît plus volontiers sous le terme de « french kiss ». Le
risque de contact direct de l’allergène avec la muqueuse buccale est
forcément majoré lorsque l’on s’embrasse à pleine bouche, goulûment et de
façon appliquée. Le cas de ce médecin allergique à l’arachide l’illustre
parfaitement. Après avoir fougueusement embrassé son amie, il présente un
gonflement… des lèvres. Il ressent alors des démangeaisons qui n’ont rien à
voir avec une quelconque excitation sexuelle. La demoiselle en question
avait grignoté des cacahuètes quelques heures auparavant.
Le « good night kiss » est représenté par le baiser tendre que l’on donne le
soir au coucher. Dans les cas décrits, il s’agit d’une urticaire ou d’un
gonflement de la joue, apparaissant rapidement après le baiser d’un proche.
Celui-ci a préalablement consommé un aliment (poisson, lait de vache, œuf,
arachide, pistache…) auquel l’embrassé est allergique. En cas de choc
anaphylactique ou de crise d’asthme, on appelle alors le baiser responsable :
« kiss of death ». Ces manifestations apparaissent plutôt chez des personnes
très allergiques. Ce baiser de la mort peut alors survenir avec une quantité
très infime d’aliments présents dans la salive du partenaire, homme ou
femme fatal(e).
C’est ce qui est arrivé dans ce cas décrit en 2003. Un homme souhaite une
bonne nuit à sa femme. Un détail lui a certainement échappé. Il a mangé des
crevettes une heure plus tôt et sa femme y est allergique. Le baiser qu’ils
échangent va se transformer en véritable poison. En une minute chrono, sa
compagne fait un choc anaphylactique et finit aux urgences. Elle est
défigurée par un gonflement des lèvres. Des plaques d’urticaire lui couvrent
le corps. Elle ressent des difficultés pour respirer. Ses poumons se mettent à
siffler. Sa tension est très basse. Un traitement en urgence avec de
l’adrénaline, la pose d’une perfusion, de la cortisone et la mise sous
oxygène in extremis lui sauveront la vie.
En 2005, une adolescente québécoise de 15 ans est morte d’un choc
anaphylactique violent, après un baiser qui se voulait innocent. Elle était
très allergique à l’arachide et son petit ami avait mangé une tartine au
beurre de cacahuète, quelques heures auparavant. Ce fut un rendez-vous
mortel. Tous les aliments peuvent être mis en cause. Les principaux restent
la pomme crue, le kiwi, l’arachide, l’amande, la noisette, le poisson, les
fruits exotiques, l’œuf, le lait de vache, etc. Si ce mode de déclenchement
paraît anecdotique, il semble concerner entre 1 et 10 % des personnes
atteintes ou suspectes d’allergie alimentaire. Cette fréquence est très
vraisemblablement sous-estimée. Certains médicaments (comme les
antibiotiques et la pénicilline), les anti-inflammatoires non stéroïdiens,
l’aspirine ou des cosmétiques peuvent aussi être incriminés. L’allergie par
procuration peut prêter à sourire. Elle doit être cependant absolument
évoquée et connue surtout chez les personnes très allergiques. Le baiser
n’en est qu’une facette. D’autres circonstances d’allergie par contact
indirect ne doivent pas être méconnues. Des traces de cacahuète déposées
sur un jeu de cartes ou sur les touches de clavier d’un ordinateur
déclenchent, à leur contact, pour quelques allergiques à l’arachide, des
réactions plus ou moins violentes. La sensibilisation par le biais d’un organe
greffé d’un donneur allergique est également décrite. Le diagnostic repose
toujours sur un interrogatoire très poussé (relatant les causes spécifiques de
déclenchement) et des tests cutanés adaptés aux circonstances. Le test de
provocation orale aide à évaluer le seuil minimal de réaction à l’allergène.
B – QUAND LE PRÉSERVATIF VOUS
GRATOUILLE
Morgane est très amoureuse. Elle vient de rencontrer le futur homme de sa
vie. Cette jeune femme en est sûre. Depuis quelque temps, les rendez-vous
s’intensifient. Ce soir-là, ils comptent bien passer la nuit ensemble. Un
câlin devient un gros câlin avec préservatif. Après les premiers émois de
l’étreinte, c’est la catastrophe. Morgane ne se sent pas très bien, des
plaques rouges apparaissent au niveau des parties intimes, puis sur tout le
corps. Elle ressent des démangeaisons non prévues au programme initial…
Cette soirée deviendra mémorable, pas par l’intensité du rapport mais pour
son départ aux urgences en catastrophe. Le verdict tombe quelques
semaines plus tard. Elle est définitivement allergique au latex et devra
prendre des précautions, en particulier avec l’utilisation de préservatifs à
base de polyuréthane ou Néoprène.
Le souci de la protection lors d’un rapport sexuel, tant au niveau
contraceptif qu’infectieux, ne date pas d’hier. Vers le xe siècle, on retrouve
la trace de préservatifs en Chine, sous la forme de papiers de soie huilé, ou
au Japon sous l’aspect d’accessoires réalisés à base d’écailles de tortue ou
de cuir. Le véritable premier préservatif est décrit dans un ouvrage rédigé
par Gabriel Fallope. Il s’agit d’un fourreau de lin adapté à la mesure du
gland, additionné d’une décoction d’herbes, a priori peu fiable vu la qualité
du matériel et son étanchéité discutable. Puis, le préservatif est fabriqué en
boyaux de mouton. Les premiers produits en caoutchouc voient le jour vers
1810. Ils sont commercialisés, selon leur forme, sous le nom de « rival
protecteur », de « voluptueux », de « crocodile », de « parfait ». Ils ont pour
particularité d’être lavables et donc réutilisables ! Au fur et à mesure des
années, ils sont modifiés pour aboutir à ceux proposés actuellement en
latex. Si leur utilisation est restée longtemps synonyme de libertinage, ils
doivent faire désormais partie intégrante des habitudes sexuelles. Que l’on
utilise, selon le pays, le terme « capote », « Condom », « peau divine », «
gant de dame », « calotte d’assurance, « chaussette », « chapeau de brousse
», « petite chemise » ou « parisienne », le préservatif reste le moyen de
prévention le plus efficace contre les infections sexuellement
transmissibles.
Dans les années quatre-vingt, les campagnes de prévention insistent sur
son utilité, en raison de la flambée de cas d’infections liées au VIH. Son
utilisation peut se conclure d’une façon assez désagréable lors de rapports
sexuels protégés. En général, la réaction apparaît chez des personnes ne se
sachant pas allergiques au latex. C’est d’ailleurs cette circonstance un peu
particulière qui amène à consulter. Le sujet est amené parfois avec gêne ou
avec le sourire par le patient. Considérée comme la plus fréquente des
allergies d’origine sexuelle, elle prend différents aspects cliniques parfois
déroutants. Il peut s’agir d’un œdème de la vulve ou du gland… Oh je vous
vois sourire… Celui-ci n’est pas lié au désir. On peut observer une urticaire
localisée ou généralisée, pouvant même aller jusqu’à la crise d’asthme ou à
un choc anaphylactique rapidement après le début du rapport sexuel. La
solution reste simple et pratique : l’utilisation de préservatifs sans
caoutchouc naturel.

BON À SAVOIR
Bien choisir son préservatif
Si, au départ, le nombre de marques proposées était plus que modeste,
désormais un grand choix est proposé aux utilisateurs allergiques : Max
Tolérance et Real Feeling de Durex, Protex Original 0.02 (attention le
Protex classique contient du latex), Manix Skyn, Manix Suprême. Un
peu moins connu, mais tout aussi efficace et sans latex, le préservatif
féminin Femidom peut être utilisé. Pour les rapports bucco-génitaux, il
existe des protections buccales en polyuréthane comme Terpan Dig Dam
Dom.

Le latex, ou caoutchouc naturel, est extrait de l’arbre Hevea brasiliensis,


très présent en Amazonie. Couramment utilisé dans la vie courante, et
surtout par les professions de santé, il est à l’origine d’allergies dites
immédiates, dont le premier cas est évoqué dès 1927. À l’époque, l’histoire
clinique décrit l’apparition d’un œdème de Quincke et d’une urticaire
chronique chez une personne ayant bénéficié de la pose d’un appareil
dentaire en contenant.

ASTUCES
Connaître les objets contenant du latex
Dans la vie quotidienne : certaines colles pour les enveloppes
autocollantes, ballons de baudruche, bouillottes, préservatifs,
diaphragmes féminins, élastiques, certaines éponges, gants de nettoyage,
jouets en caoutchouc, certains matériels de plongée (masque et lunettes),
bonnets de bain, rideaux de douche, tapis de bain, tétines de biberon ou «
tototte », « tututte », « boubou »… Le latex est aussi utilisé au cinéma
comme peau de synthèse pour des effets spéciaux ou pour certains
déguisements.
Les objets médicaux : les bas de contention, certains bandages élastiques,
les gants chirurgicaux, les brassards de tensiomètre, les doigtiers, les
pistons de certaines seringues, de nombreuses sondes, les bouillottes, etc.

L’exemple le plus classique de ce type d’allergie est illustré par


l’augmentation du volume des lèvres après avoir gonflé un ballon de
baudruche. Alors attention, si tel est le cas, il faut consulter un allergologue.
D’autres circonstances peuvent amener à pratiquer un bilan pour suspicion
d’allergie au latex, en particulier lors d’une intervention chirurgicale, de
période de réanimation ou lors d’un examen gynécologique ou de soins
dentaires, le contact avec le latex pouvant entraîner, chez l’allergique au
latex, un choc anaphylactique.
Certaines professions, en particulier les métiers de la santé, sont plus
exposées que d’autres. Ce phénomène semble concerner 1 % de la
population générale contre 16 % des professionnels de santé, souvent en
contact avec les allergènes de latex contenus dans les gants. Si auparavant,
on parlait de l’allergène de latex au singulier, on peut actuellement affirmer
qu’au moins 14 sont identifiés. Certains d’entre eux sont plus spécifiques
d’une population bien précise. En effet, les allergènes Hev b1 et Hev b3
caractérisent plus volontiers les personnes multiopérées. Quant à Hev b5,
Hev b6.01 et Hev b6.02, ils concernent préférentiellement les
professionnels de santé. Hev b11 est plutôt impliqué dans les réactions
croisées avec certains aliments tels que l’avocat ou la banane.
C – ALLERGIQUE À SON HOMME
Louise ne comprend pas. À chaque fois qu’elle a un rapport avec son ami,
elle se retrouve couverte de boutons. Ce n’est pas le préservatif, ils n’en
utilisent plus depuis un moment. Cela fait plusieurs années qu’ils sont
ensemble, mais là, rien ne va plus. Cela devient difficile. Elle entend parler
de l’allergie au sperme, thème abordé lors d’une émission de radio. C’est
ce qui l’amène à consulter. L’hypothèse va se confirmer.

BON À SAVOIR
Le liquide séminal représente une grande partie de la composition du
sperme humain. Son rôle consiste à nourrir les spermatozoïdes qu’il
transporte. Lors de l’éjaculation, ceux-ci sont expulsés avec le liquide
séminal et d’autres composantes. Il a été démontré en 2012, grâce à une
nouvelle technique d’imagerie, que tous les spermatozoïdes ne se
déplacent pas à la même vitesse. Pour 90 % d’entre eux, la mobilité
s’effectue autour d’un axe avec des petits mouvements latéraux. Ils se
tortillent ainsi à la vitesse de 140 µm/s. D’autres, dans une proportion de
4 à 5 %, effectuent des cercles stables autour d’un axe central donnant 3
à 20 mouvements hélicoïdaux par seconde, rendant leur vitesse plus
lente : 20 à 100 µm/s. Reste les quelques hyperactifs certainement
pressés d’arriver.
Source : Su T.W., Xue L., Ozcan A., « High-throughput Lensfree 3D Tracking of Human Sperms
Reveals Rare Statistics of Helical Trajectorie », Proceedings of the National Academy of
Sciences of the United States of America, vol. 109, 2012, p. 16018–16022

Extrêmement rare mais qui doit être signalée, l’allergie au liquide séminal
est observée pour la première fois en 1958. En 1967, est exposé le cas d’une
jeune mariée qui présente un choc anaphylactique immédiatement après le
premier rapport avec son conjoint. Depuis cette époque, plus de 80 cas sont
décrits. Cette allergie au liquide séminal du partenaire semble concerner des
femmes plutôt jeunes (entre 20 et 30 ans). Elles se plaignent après les
rapports, de rougeurs, de démangeaisons locales, d’un gonflement au
niveau vulvaire. Plus souvent, des réactions importantes sont signalées avec
un prurit généralisé, une poussée d’urticaire géante, des nausées, des
vomissements, des diarrhées pouvant aller même jusqu’au choc
anaphylactique à la fin du rapport sexuel. Elles s’observent aussi bien
pendant une grossesse que lors du premier rapport. Quel que soit le
partenaire, les symptômes apparaissent dès la fin du rapport ou plusieurs
heures après le coït. En cas de suspicion, les circonstances de
déclenchement sont recherchées avec l’interrogatoire. Le diagnostic est
confirmé par la pratique de tests cutanés en prick et en intradermoréaction
avec le sperme du partenaire. On peut également doser dans le sang de la
patiente, le taux d’anticorps IgE dirigés contre le liquide séminal.

ASTUCE
Si le diagnostic d’allergie est prouvé, la femme a plusieurs options :
l’abstinence (!), le coitus interruptus (pas toujours évident)… La solution
beaucoup plus sûre est l’utilisation d’un préservatif. En cas d’allergie au
latex associée, on peut exceptionnellement proposer une
désensibilisation spécifique avec des injections par voie sous-cutanée.
Ensuite, pour préserver la tolérance de la femme désensibilisée au liquide
séminal, des rapports sexuels deux à trois fois par semaine, avec le même
partenaire, sont obligatoires.

L’explication de ce phénomène réside, entre autres, en la présence dans le


sperme humain d’une protéine isolée en 2008 : la kallicréine. Celle-ci
possède une réaction croisée avec la kallicréine Can f5 présente chez le
chien. Ce phénomène expliquerait la possibilité de réaction dès le premier
rapport sexuel chez des femmes préalablement sensibilisées aux
pneumallergènes de chien. Les spermatozoïdes ne seraient pas incriminés.

BON À SAVOIR
Bonne nouvelle
En cas de désir de grossesse, une solution a peut-être été trouvée par une
équipe médicale de Corée du Sud. Elle a en effet permis à une femme de
32 ans, qui souffrait d’une allergie prouvée au liquide séminal de son
conjoint, de mener une grossesse à terme. Une première tentative de
fécondation avec des spermatozoïdes lavés s’était soldée par l’apparition
d’une réaction allergique majeure chez la mère. Une désensibilisation
par voie intravaginale de sperme dilué est tentée avec succès. La dose
initiale est augmentée toutes les 45 minutes pendant la période
d’initialisation. Le couple doit ensuite avoir des rapports tous les deux
ou trois jours pendant un mois pour obtenir un phénomène de tolérance.
Cette attitude « thérapeutique » a permis la venue au monde d’un bébé.
D – LIAISON DANGEREUSE : SPERME
ET NOIX DU BRÉSIL
Les conséquences d’une éjaculation peuvent se révéler surprenantes en cas
d’allergie alimentaire. Qui l’eut cru ? C’est pourtant ce qui est arrivé en
2007 à cette jeune anglaise d’une vingtaine d’années. Elle mange sans
aucun problème des pistaches, des noisettes, des cacahuètes. Elle est, en
revanche, connue allergique à un fruit à coque : la noix du Brésil. Cela va
entraîner une drôle de réaction lors d’un rapport non protégé. Avec son ami,
la relation est stable depuis longtemps. L’utilisation du préservatif n’est plus
à l’ordre du jour et la demoiselle prend un contraceptif oral. Son
compagnon mange cinq noix du Brésil dans les deux à trois heures qui
précédent l’acte sexuel. Connaissant les risques de sa belle quant au contact
même indirect avec cet aliment, il prend la précaution de se brosser les
dents, de se rincer la bouche et se laver les ongles et les mains. Mais voilà,
quelques minutes après le coït sans préservatif, la jeune femme ressent des
démangeaisons vulvaires et présente un gonflement de la muqueuse
vaginale. Apparaissent alors une urticaire et un œdème. Elle se sent un peu
gênée au niveau respiratoire. La demoiselle prend un antihistaminique et se
sent mieux dans l’heure qui suit. Cela témoigne d’une réaction allergique et
la voie de contact supposée est sexuelle. L’explication viendra après les
tests allergologiques avec le sperme du jeune homme avant et deux heures
trente après l’ingestion de noix du Brésil. En effet, la jeune femme ne réagit
pas en test cutané au sperme seul mais au sperme contenant des allergènes
de ce fruit à coque. Les investigations complémentaires n’ont pu être
menées à terme, le couple s’étant séparé. L’allergie à la noix du Brésil
semble fréquente au Royaume-Uni. L’allergène majeur de ce fruit à coque
résiste à la digestion. Il peut ensuite via la circulation sanguine, passer dans
les organes reproducteurs.
Source : Bansal A. S., Chee R., Nagendran V., « Dangerous liaison :
sexually transmitted allergic reaction to Brazil nuts », Journal of
Investigational Allergology and Clinical Immunology, Esmon Publicidad,
vol. 17, no 3, 2007, p. 189-191.
E – ECZÉMA ATOPIQUE, FONCTION
ÉRECTILE ET FILMS humoristiques :
QUEL RAPPORT ?
Certaines études cliniques ont le don d’être étonnantes. Tel est le cas de
celle-ci, réalisée au Japon en 2008. L’histoire ne dit pas l’origine de cette
publication très scientifique. Le bon fonctionnement des muscles érectiles
dépend de nombreux facteurs qui les stimulent à plus ou moins long terme.
Je vous laisse aisément imaginer lesquels. D’autres, en revanche, ont
tendance à freiner leur action, comme une baisse du taux de testostérone ou
des phénomènes de stress, souvent retrouvés dans le cadre de la dermatite
atopique. Attention, je vous vois venir… Non, tous les atopiques n’ont pas
ce type de problème… Il est certain qu’une poussée aiguë d’eczéma
entraîne un aspect cutané moins propice à un contact peau contre peau, avec
une possible apparition d’un stress réactionnel. Les auteurs de cette étude
ont tenté de trouver une solution quelque peu cocasse mais qui semble
fonctionner, seulement à court terme. Il s’agit de visionner des films
humoristiques. 36 hommes présentant une dermatite atopique ont été, avec
leur amie ou conjointe en bonne santé, répartis en deux groupes. Le premier
groupe de couples a regardé des films d’humour trois jours consécutifs : un
épisode de Mr Bean, Les Temps modernes de Charlie Chaplin et Mary à
tout prix avec Cameron Diaz et Matt Dillon. 15 jours plus tard, ils
visionnent des films communs, sans humour. L’autre groupe fait l’inverse.
Des prises de sang avec dosage du taux de testostérone et d’œstradiol sont
réalisées à différentes étapes de cette expérience. Il est bien stipulé que,
pour ne pas biaiser le bon déroulement du test, aucun vibromasseur ou sex
toy n’a été utilisé. Il est prouvé que le visionnage de films humoristiques
augmente bien le taux de testostérone dans les 24 heures qui suivent et cela
pendant quatre jours, améliorant ainsi les performances érectiles, mais
également le désir sexuel et l’orgasme. Une étude unique ne peut constituer
à elle seule une règle générale. Il y aura-t-il d’autres scientifiques prêts à se
lancer dans cette aventure ? En tout cas, pas depuis 2009 semble-t-il…
Source : Kimata H., « Short-term improvement of erectile dysfunction by
viewing humorous films in patients with atopic dermatitis », The Journal of
Sexual Medicine, Elsevier, vol. 5, no 9, 2008, p. 2107-2110.
CHAPITRE IV

LA BEAUTÉ SOUS HAUTE


SURVEILLANCE
Depuis la nuit des temps, la femme veut être belle, attirante,
séduisante. Chaque pays, chaque culture possède ses canons de beauté.
Il y a plus de 7 000 ans, les premiers produits cosmétiques font leur
apparition. En Égypte, de nombreux accessoires de maquillage sont
retrouvés lors de fouilles archéologiques, tant à l’intérieur qu’à
l’extérieur des sarcophages. Les sculptures et peintures nous
permettent de découvrir des visages magnifiquement maquillés avec ce
trait de khôl noir caractéristique. Au fil des siècles, la cosmétologie,
réservée dans un premier temps à la haute société, se démocratise. Le
XXe siècle voit l’apparition de nouveaux produits, comme les colorants
pour cheveux et vers 1930, le vernis à ongles. Avec l’utilisation
quotidienne, pour l’hygiène corporelle, de savon, de gel douche ou de
crème hydratante par exemple, pas un jour ne se passe sans que nous
soyons en contact avec des produits cosmétiques. Pour garder une peau
belle et douce, combler rides et ridules, cacher ces quelques
imperfections, la femme et désormais certains hommes utilisent des
artifices faisant partie de différentes gammes cosmétiques.
A – COSMÉTIQUES : ALLERGIE ET
ESTHÉTIQUE
1 – Qu’est-ce qu’un cosmétique ?
Sa définition est établie selon la directive (76/768/CEE, 93/35/CEE) : « le
cosmétique est toute substance ou préparation destinée à être mise en
relation avec les diverses parties superficielles du corps humain, notamment
l’épiderme, les systèmes pileux et capillaire, les ongles, les lèvres et les
organes génitaux externes ou avec les dents et les muqueuses buccales, en
vue exclusivement ou principalement de les nettoyer, de les parfumer, d’en
modifier l’aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou de corriger
les odeurs corporelles. » Il ne doit absolument pas être considéré comme un
médicament qui, lui, a un rôle thérapeutique. Conditionnés sous différentes
formes (liquides, solides, en crème, pommade…), les produits cosmétiques
sont vendus sous emballage. La législation impose que, sur celui-ci, soient
obligatoirement indiqués les différents éléments définissant leur utilisation :
– les coordonnées du fabricant ou du responsable du produit ;
– la date de durabilité minimale pendant laquelle le produit peut être
utilisé ; – la mention « péremption après ouverture » obligatoire depuis
2005, avec parfois le dessin d’une petite boîte ouverte et le nombre de
mois correspondants ; – les précautions particulières d’emploi, comme «
éviter le contact avec les yeux », « rincer après utilisation », etc. ; – le
poids ou le volume du produit au moment du conditionnement ; – le
numéro du lot, pour pouvoir identifier les éléments le composant ; – la
fonction du produit (produit à laisser sur la peau ou produit à rincer) ; –
la liste des ingrédients par ordre de concentration décroissante au
moment de la fabrication. Certains produits en sont toutefois exclus, en
particulier les arômes, les impuretés, les substances utilisées dans la
préparation et absentes du produit fini. La nomenclature utilisée pour les
noms des produits est la nomenclature INCI (International Nomenclature
of Cosmetic Ingredients).
2 – Attention au résultat
La mise en valeur des cosmétiques passe souvent par le biais de la
publicité. De nombreuses stars de cinéma ou de la chanson sont les égéries
de différentes marques célèbres : en leur temps Marilyn Monroe, Liz
Taylor, Marlene Dietrich, Audrey Hepburn… Puis, Vanessa Paradis, Sharon
Stone, Jane Fonda, Nicole Kidman ou Charlize Theron vantent la beauté et
le glamour au travers de clips publicitaires, de photos dédiées à telle ou telle
gamme. Si les produits cosmétiques sont souvent bien tolérés, il arrive
quelques fois que l’effet recherché s’inverse. C’est alors que commence le
cauchemar lié à l’utilisation d’un cosmétique, ou plus exactement
d’ingrédients le composant. Plusieurs types de réactions peuvent apparaître
sur le visage ou sur le corps, en fonction du produit incriminé.
Une urticaire : Justine a dix ans. Elle doit partir en colo avec ses copines.
L’excitation du départ est à son comble. Tout est prêt dans la valise. Elle a
une peau sèche et fragile. Sa mère fait alors le choix d’une crème solaire
achetée en pharmacie. Pour plus de sureté, elle a choisi une gamme
hypoallergénique. Quelques jours plus tard, la directrice de la colo
contacte la maman. Justine est couverte de boutons rouges ressemblant à
des piqûres d’orties. Le médecin appelé sur place dit que c’est de
l’urticaire. À quoi ? Grand mystère. Il conseille d’éviter la crème solaire.
En réalité, l’urticaire augmente à chaque application de cet écran total. Le
tube est mis de côté. De toute façon, Justine, avec ses boutons, ne peut plus
aller au soleil. Un antihistaminique lui est donné et tout rentre dans l’ordre.
De retour chez elle, Justine bénéficie de tests allergologiques. Ils révèlent
une nette allergie au phénoxyéthanol contenu dans la crème solaire. Le
médecin lui explique, ainsi qu’à sa mère, les propriétés du phénoxyéthanol,
aussi connu sous le nom de phénoxythol. Il s’agit d’un conservateur de la
famille des éthers de glycol qui vise à limiter la prolifération bactérienne
dans de nombreux cosmétiques. Désormais, Justine et sa mère lisent
attentivement toutes les étiquettes avant d’acheter un produit cosmétique.
Une irritation : Mélanie vient de s’acheter une nouvelle crème hydratante
pour le visage. Horreur, malheur, après quelques jours d’application, la
peau rougit et la brûle. Elle ne peut plus rien mettre qui puisse la soulager.
Elle va consulter la dermatologue qui lui confirme que sa peau est irritée
par le parfum de cette crème et qu’il faut en changer pour une autre
marque et surtout une autre composition, sans fragrance.
Une dermite par irritation, sans mécanisme allergique, est parfois
observée. Contrairement à l’eczéma de contact qui démange, il s’agit plutôt
de sensations de picotements avec des tiraillements de la peau, des
impressions de brûlures. La peau est rouge et sèche, bien délimitée à
l’endroit de l’application du produit. Il s’agit alors d’un problème
d’inadaptation du produit à certains types de peau très fragiles.
Un eczéma de contact : Roméo est un si joli poupon. Il est joufflu, juste
un peu. À 6 mois, ses yeux bleus font craquer la gent féminine. Tout serait
pour le mieux dans le meilleur des mondes, s’il n’avait pas les fesses en feu.
Sa mère utilise des lingettes pour lui nettoyer le cucul. Seulement, elles
contiennent un conservateur qui peut déclencher un eczéma après de
nombreuses utilisations. Tout rentre dans l’ordre avec un changement
radical. Pour la toilette du popotin du bambin, un savon adapté et de l’eau
suffisent… sans oublier le traitement local prescrit par le médecin.
Le plus souvent, il s’agit d’un eczéma de contact qui apparaît dans les 48
heures qui suivent l’application d’un produit directement sur la peau.
N’oublions pas que la période préalable de sensibilisation sans réaction peut
durer plusieurs semaines à quelques années. La dermite peut aussi se
déclencher après la pulvérisation d’un déodorant ou d’un parfum donnant
un aspect particulier au visage. Apparaissent alors ces abominables plaques
rouges et sèches sur les joues et le front. Que dire lorsque la crème
parfumée appliquée sur le corps vous transforme en crocodile avec une
peau épaissie et infiltrée ? L’erreur à ne pas commettre dans ce cas est de
changer le produit pour une autre marque. Celui-ci peut également contenir
la molécule responsable. N’oublions pas l’allergie par procuration, lorsque
le produit déclenchant est porté par une autre personne. Ce phénomène peut
parfois donner des situations assez cocasses. Mme X présente un eczéma
uniquement lorsque son mari est absent. En réalité, madame est allergique
à la teinture utilisée par son amant, sur les cheveux et sa moustache ! Trois
solutions : changer d’amant, qu’il stoppe les teintures, ou être fidèle…

BON À SAVOIR
Attention, l’argument « hypoallergénique » ne veut absolument pas dire
« anallergique » (sans aucun risque allergique).

Faire la différence entre une allergie et une irritation


Irritation Allergie
Sensation de tiraillements Oui Non

Picotements Oui Non

Brûlures Oui Non

Démangeaisons et envie de se gratter Non Oui, très fortement

Rougeurs de la peau Oui Oui

Gonflement de l’endroit concerné Oui Oui

Présence de peau sèche qui s’effrite (desquamation) Oui Oui

Présence de petites cloques, Non Oui


de vésicules, de papules

Peau craquelée, fissurée Oui Non

En consultation, nous entendons souvent la même réflexion : « Pourtant ce


produit, je l’ai payé cher, c’est une bonne marque, il ne devrait pas donner
d’allergies. » En réalité, il ne s’agit pas d’une question de prix ou de
marque, mais plutôt de la composition exacte et de la nature des ingrédients
contenus et cités sur l’emballage. Lorsqu’une réaction allergique est
suspectée, suite à l’utilisation d’un cosmétique, un bilan allergologique est
nécessaire. L’interrogatoire préalable permet de lister les produits utilisés.
Ce sont eux qui permettront d’identifier le coupable.
Ne les jetez pas à la poubelle et amenez-les au médecin. Il peut ainsi étudier
l’étiquetage et les utiliser pour les tests cutanés. Il s’agit de patchs collés
dans le dos : la lecture se fait 48 à 72 heures plus tard. Les tests dits « semi-
ouverts » sont réservés aux substances irritantes telles que les laques à
cheveux, les mascaras, etc.
Site de Produits souvent responsables
l’eczéma
Visage Cosmétiques, crèmes, démaquillants, vernis
à ongles

Paupières Crèmes, mascaras, ombres à paupières, teintures, vernis à ongles, collyres

Bouche Sticks, dentifrices, aliments

Cou Parfums, shampoings, vernis à ongles, durcisseurs dʼongles, cosmétiques, bijoux fantaisie

Lobes d’oreilles Teintures, boucles dʼoreilles fantaisie en clip

Tête Teintures, pinces à cheveux, lotions capillaires, shampoings, colorations, permanentes

Creux axillaires Déodorants, antiperspirants, dépilatoires

Poignets Bijoux, bracelets de montre

Mains Gants, objets en nickel, agrumes, matières plastiques

Vulve Ovules, déodorants, préservatifs, spermicides protections féminines

Verge Préservatifs, rouge à lèvres

Anus Suppositoires, papier toilette parfumé

Membres Topiques, cicatrisants, cosmétiques, collants, bandes de contention, bottes


inférieurs

Pieds Chrome, colles des chaussures

3 – Qui sont les coupables ?


À l’intérieur de ces cosmétiques, les substances incriminées les plus
connues sont les parfums, certains conservateurs, des agents décolorants
comme les persulfates d’ammonium ou de potassium, certains arômes
(banane ou menthol), des protéines alimentaires de plus en plus utilisées en
cosmétologie comme le sésame ou les protéines de blé (sur l’emballage, on
peut voir les noms commerciaux tels que Tensine, Structurine,
Raffermine…). Pour l’anecdote, ces hydrolysats de protéine de blé peuvent
autant se retrouver dans des gammes cosmétiques pour cheveux ou la
douche que comme agent de texture dans certains jambons, viandes
blanches reconstituées ou pâtés en croûte industriels. Depuis quelques
années, les industries du vêtement proposent des tissus soignants.
Dernièrement, sont fabriqués des sous-vêtements féminins à base de
protéine de lait pour « hydrater la peau ». Vous le voyez venir, celui qui est
déjà sensible à l’ingestion de ces protéines risque de déclencher des
réactions urticariennes en utilisant des cosmétiques qui contiennent ces
substances.

BON À SAVOIR
Les protéines végétales ou animales présentes dans les cosmétiques :
– les végétaux : extrait d’arachide, d’avoine, d’orge, de blé, de seigle, de
riz, de soja, de curcuma ou de graines de tournesol, de lin, de lupin, de
sésame, de cumin, de kiwi, de pastèque, etc. ; – les protéines animales :
extrait de crevette, de poisson, de moule, de bovin, de porc, d’œuf, de
muscle, de placenta, de caséine, de lait de chèvre, de gélatine, d’huile de
poisson, de requin, de vison, etc.

• Mets de l’huile… Ou un corps gras L’élaboration d’un produit


cosmétique se base sur le principe d’un mélange entre une phase aqueuse
(50 à 75 %), des corps gras (10 à 30 %), des émulsionnants, des additifs et
un principe actif. Ce dernier, présent en très faible quantité (0,1 à 2 %),
confère différentes propriétés à la préparation selon qu’il est hydratant,
antivieillissement, dépigmentant ou antiperspirant… Son action est
conditionnée par la qualité de l’excipient qui l’accompagne. Celui-ci
régule les propriétés de rémanence du cosmétique lorsqu’il est appliqué
sur la peau. Les corps gras peuvent provenir de différentes sources : –
minérale, pour la plupart dérivés du pétrole, avec la cérésine,
l’isododécane, la paraffine, etc. ; – synthétique, surtout utilisés dans les
produits capillaires ou les crèmes ; – végétale, à base de noix, de céréales
ou graines (germe de blé, arachide, sésame…) mais aussi d’huile de
cameline, de macadamia, huile d’onagre, de pépins de courge, de
macassar, beurre de karité, d’huile d’avocat, de moringa, de pongamia,
huile de coprah, d’argan, de Luffa cylindrica…
Leur pouvoir allergisant est important et risque de sensibiliser des
personnes à peau fragile ou à tendance atopique. Les cosmétiques à base
d’allergènes alimentaires sont donc à bannir lorsque ces antécédents sont
présents.
• La valse des conservateurs Valentina, en centre de rééducation
fonctionnelle, bénéficie quotidiennement de massages thérapeutiques avec
une crème qualifiée de « neutre ». Ce soin semble bénéfique à un détail
près : l’apparition d’un eczéma sur la zone d’application. En étudiant de
près les ingrédients du produit utilisé, on découvre la présence de deux
familles d’allergènes fréquemment incriminés : les isothiazolinones et les
parfums. La notion de neutralité est parfois discutable…
Les conservateurs sont inclus dans les produits cosmétiques pour prévenir
la prolifération de micro-organismes (levures, bactéries, champignons). Les
plus utilisés actuellement sont les isothiazolinones. Ils remplacent les
parabènes (esters de l’acide parahydroxybenzoïque) connus comme étant
des perturbateurs endocriniens. Désormais absents de la composition d’un
cosmétique, l’argument publicitaire « sans parabène » est souvent utilisé.
Cette indication représente malheureusement plutôt un caractère
commercial de vente qu’une véritable information.

BON À SAVOIR
Si vous voyez sur une boîte d’emballage « sans parabène, sans silicone,
sans parfum », cela n’est pas du tout synonyme de « sans allergie ». De
nombreuses autres composantes réactogènes peuvent être présentes.

Récemment, une catégorie sort du lot de ces nouveaux conservateurs, la


MIT (méthylisothiazolinone). Elle est actuellement au cœur d’une
polémique, puisqu’à l’origine d’une véritable épidémie d’allergies de
contact. Durant de nombreuses années, elle rentrait à concentration moindre
dans la composition d’un ancien conservateur (mélange de
méthylchloroisothiazolinone et de méthylisothiazolinone) appelé Kathon
CG, jusqu’à ce qu’il soit retiré du commerce dans les années 1980. Il avait
été repéré comme une cause d’eczéma de contact à grande échelle. Ce
mélange fut ensuite remplacé par les parabènes, le formaldéhyde et le
méthyldibromodicyanoglutaronitrile. Ce dernier fut également interdit en
2008 en raison de son potentiel allergisant. La décision est prise en 2000
d’utiliser la MIT seule dans les préparations de fabrication industrielle. Il
semble que cette solution ne soit pas, non plus, sans conséquences. Les
premières circonstances de déclenchement d’allergies décrites furent
professionnelles, par contact avec des peintures aqueuses, des encres, des
colles, des vernis, des huiles de coupe, des liquides de refroidissement. Une
raison à cela : étonnamment la concentration maximale de MIT autorisée
dans ces produits à usage pro est de 100 ppm (0,01 %), soit quatre fois
supérieure à la quantité présente dans le mélange Kathon CG des
cosmétiques interdits depuis plus de 30 ans ! Cette valeur est même parfois
largement dépassée. Ce qui pourrait paraître étrange, c’est que l’étiquetage
pour les produits professionnels n’est obligatoire qu’à partir de 10 000 ppm
! Cherchez l’erreur. Historiquement, la MIT se retrouve ensuite dans les
cosmétiques (surtout sans rinçage) et certains produits ménagers. Seulement
voilà… Son omniprésence dans différentes gammes multiplie les occasions
de contact avec ce conservateur potentiellement allergisant. La
sensibilisation au MIT en 2010 concerne en France 1,5 % de la population
générale pour atteindre en 2012 la proportion de 5,6 %.

BON À SAVOIR
Hormis les dermites de contact, les isothiazolinones déclenchent, par
inhalation de liquides ménagers en contenant, un asthme professionnel.
Les techniciens de surface dans les établissements publics, les bureaux,
les locaux industriels, les aides à domicile en sont les principales
victimes.

En raison de l’augmentation massive de ces sensibilisations, le Comité


Scientifique européen pour la Sécurité des Consommateurs (CSSC)
recommande de ne plus utiliser la MIT dans les produits cosmétiques non
rincés, comme les lingettes. La concentration de 15 ppm (0,015 %) serait
conseillée depuis 2013 pour les produits rincés. Au niveau européen,
actuellement, la présence de la méthylisothiazolinone est toujours sujette à
discussion quant à son mode d’utilisation et sa concentration dans les
produits utilisés rincés et non rincés. Des alternatives au potentiel
remplacement de la MIT sont également à l’étude. Il faut espérer que les
nouvelles molécules qui pourraient être utilisées à l’avenir ne deviennent
pas elles-mêmes sensibilisantes. Actuellement, celles qui sont proposées ne
sont pas exemptes de toxicité pour les humains.
En février 2016, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, alimentation,
environnement, travail (Anses) a édité un rapport d’expertise collective
concernant la présence de méthyisothiazolinone dans les produits d’usage
courant et leur risque associé de sensibilisation cutanée et respiratoire.

À éviter en cas d’allergie aux isothiazolinones :


– agriculture : pesticides, insecticides ;
– métallurgie et mécanique : huile de coupe, liquide de refroidissement,
lubrifiant, kérosène ; – bois : peinture et vernis pour bois ; –
construction et BTP : peinture à l’eau, laque, émulsion de latex, colles
et adhésifs, eau de refroidissement ; – personnel de santé : savon et
désinfectant, détergent ; – cosmétiques : shampoing, lotion et gel pour
cheveux, lingettes dermo-nettoyantes ; – imprimerie : encres,
fabrication de papier avec de la pâte à papier ; – photographie et
radiologie : produits de développement.

D’autres conservateurs, moins connus, sont aussi à un degré variable


source d’eczéma de contact : – la chlorexidine des solutions antiseptiques ;
– le chlorure de benzalkonium de nombreux collyres ;
– le triclosan des mousses à raser ou déodorants, interdit depuis juillet
2015 ; – l’acide sorbique ;
– le formaldéhyde ou formol est utilisé uniquement à une concentration
inférieure à 0,2 % de la composition du produit. On le retrouve surtout
dans les shampoings, des solutions de rinçage ou les durcisseurs pour
ongles. Les substances dites libératrices de formol doivent être connues.
Il s’agit du quaternium 15, bactéricide et antifongique utilisé dans de
nombreux produits capillaires (shampoings, lotions, teintures…) et du
bronopol, retrouvé dans les fonds de teint.
• Senteurs exquises
Chacun apprécie différemment les parfums, pourtant tous associés à une
image de luxe, de raffinement. Mis à l’honneur dans les journaux, ils font
l’objet de nombreux films comme
Le Parfum, le magnifique film italien Parfum de femme ou encore Le
Parfum de la dame en noir. Ces fragrances ont pourtant, pendant de
nombreuses années, tenu la première place des allergènes les plus
fréquemment responsables d’eczéma ou d’urticaire de contact. Depuis peu,
ils passent au deuxième plan, derrière les isothiazolinones. La fréquence des
allergies au parfum atteint 0,5 à 5,8 % de la population, selon les études. La
localisation des manifestations cliniques est prédominante au niveau du
visage (paupières, zones rétro-auriculaires ou sur le cou, en taches
arrondies. Ces lésions sont parfois aggravées par une exposition solaire,
entraînant une photosensibilisation. Au niveau des aisselles, les
antiperspirants et les déodorants parfumés entraînaient auparavant des
eczémas de contact mais ce problème semble en passe d’être réduit. Sur le
corps, ainsi que sur les mains, ce sont plutôt les produits moussants
parfumés qui sont à mettre en cause.

BON À SAVOIR
Un parfum ne doit jamais être déposé sur la peau avant une exposition au
soleil.

Chaque parfum est composé de nombreuses molécules. Environ 5 000


composants d’entre elles contiennent des fractions allergisantes. Leur
concentration utilisée dans les cosmétiques varie en fonction de leur
utilisation : 0,1 % est celle réservée aux produits solaires ou ceux destinés
aux bébés. La dilution à 4 % est destinée aux lotions pour le corps. Si l’on
achète un parfum, on sait à quoi s’attendre quant à sa composition. Il n’en
est pas de même pour de nombreux produits cosmétiques, qui peuvent
contenir des substances parfumantes, alors que le but premier est d’hydrater
ou de nettoyer. Actuellement, seuls 26 allergènes de parfum sont reconnus
et identifiés officiellement comme allergisants. Ils peuvent être d’origine
naturelle ou synthétique. Leur présence sur l’étiquette des cosmétiques est
obligatoire, sous la rubrique « ingrédients » si la concentration est
supérieure à 0,1 % pour les produits rincés ou 0,01 % pour les produits
non rincés.
La lecture de l’étiquetage est subtile en ce qui les concerne. Vous achetez
une crème hydratante. Dans la liste de ses composants, vous lisez «
fragrances »… Il y a donc une présence de parfums mais qui ne font pas
partie des 26 molécules à étiquetage obligatoire. Vous investissez dans une
autre crème hydratante. Vous remarquez que non seulement le terme «
fragrances » est présent sur l’emballage mais que sont aussi signalés du
géraniol, isoeugénol et limonène. C’est tout à fait normal que ces
substances soient évoquées, puisqu’elles font partie de la liste des 26.
Les 26 substances à étiquetage obligatoire
Nom Type de substance

Alpha- Synthétique
Isomethylionone

Amyl cinnamal Synthétique

Amylcinnamyl Synthétique
alcohol

Anise alcohol Synthétique ou naturelle : huile essentielle d’anis, vanille de Tahiti

Benzyl alcohol Synthétique ou naturelle : baume du Pérou, baume de Tolu, huile essentielle de jasmin

Benzyl benzoate Synthétique ou naturelle : baume du Pérou, baume de Tolu, huile essentielle de jasmin,
ylang-ylang

Benzyl cinnamate Synthétique ou naturelle : baume du Pérou, baume de Tolu, copahu

Benzyl salicylate Synthétique ou naturelle : propolis

Butylphenyl Synthétique
methylpropional

Cinnamal Synthétique ou naturelle : cannelier, huiles essentielles de cannelle, jacinthe, patchouli

Cinnamyl alcohol Synthétique ou naturelle : cannelier, jacinthe

Citral Synthétique ou naturelle : huiles essentielles de citron, d’écorce d’orange, de mandarine,


d’eucalyptus

Citronellol Synthétique ou naturelle : huile essentielle de citronnelle de Ceylan

Coumarin Synthétique ou naturelle : aspérules, flouves, mélilot, angélique, berce

Eugenol Synthétique ou naturelle : huiles essentielles de giroflier, piment de la Jamaïque, bay


(myrcia acris), benoîte, de cannelier de Ceylan, laurier noble, ciste labdanifère, basilic,
sassafras, basilic de Java, cassie, acore, œillet, boldo, cascarille, galanga, feuilles de
laurier, muscade, rose pâle, ylang-ylang, marjolaine, calamus, camphrier, citronnelle,
patchouli

Farnesol Synthétique ou naturelle : huiles essentielles de rose, néroli, ylang-ylang, tilleul, baume
de Tolu
Geraniol Synthétique ou naturelle : huile essentielle de rose, orange, palmarosa, serpolet,
verveine, néroli, citronnelle, géranium, hysope, laurier noble, lavande, lavandin,
mandarine, mélisse, muscade, myrte

Hexyl cinnamal Synthétique

Hydroxycitronnellal Synthétique

Hydroxyisohexyl 3- Synthétique
cyclohexene
carboxaldehyde

Isoeugenol Synthétique ou naturelle : huiles essentielles de citronnelle de Ceylan, ylang-ylang

Limonene Synthétique ou naturelle : huiles essentielles de citronnier, aneth, genévrier commun,


orange, verveine, néroli, niaouli, melaleuca, mélisse, menthe poivrée, muscade, myrrhe,
angélique, aspic, badiane, bergamote, mandarine, bigaradier, carvi, céleri, lavande,
limette

Linalool Synthétique ou naturelle : huiles essentielles de thym, lavande officinale et lavandin, pin
sylvestre, laurier noble, bigaradier, marjolaine, menthe poivrée, citron, orange, serpolet,
ylang-ylang, verveine, myrte, néroli, coriandre, géranium, limette, mélisse, muscade,
lemongrass, basilic, bergamote, bois de rose

Methyl 2-octynoate Synthétique

Evernia prunastri Naturelle : extrait de mousse de chêne


(Oak moss)

Evernia furfuracea Naturelle : extrait de mousse d’arbre


(Tree Moss)

Source : Revue Française d’Allergologie, 2009.

Il est possible que la législation et l’information sur le nombre de


molécules prises en compte depuis 1999 évoluent. Dans ce contexte,
certaines marques (Chanel n°5, Shalimar et Miss Dior) sont sur la sellette
dès 2012. Ils utilisent des fragrances que la Commission européenne
désirerait retirer définitivement de la liste des ingrédients, mettant leur
formule initiale en danger. 12 autres molécules plus exactement seraient
limitées dans la concentration autorisée, comme les dérivés de rose ou de
citron. L’énumération des extraits les plus allergisants serait nettement
supérieure à 26, allant même jusqu’à 100. Ce ne sont que des projets qui
doivent encore faire l’objet de nombreuses discussions avant d’aboutir.
Le diagnostic d’une allergie au parfum se déroule en plusieurs étapes.
L’interrogatoire, indispensable source d’informations, est complété par des
tests en patch avec la batterie standard européenne (voir les annexes), en
particulier quatre plus spécifiques : 1. Le mélange fragrance 1 comportant
huit substances mélangées à la concentration de 1 % dans de la vaseline :
amyl cinnamal, cinnamal, cinnamyl alcohol, hydroxycitronellal, eugénol,
isoeugénol, géraniol, Evernia prunastri ou mousse de chêne ; 2. Fragrance
2 est l’association du Lyral, du citral, du citronellol, du farnésol, de la
coumarine et de l’aldéhyde cinnamique ; 3. Le baume du Pérou (Myroxylon
pereirae), marqueur d’allergie au parfum ; 4. La colophane (résine naturelle
extraite de la sève de certains pins), contenue par exemple dans des cires
dépilatoires.
Oui, je sais, faites le compte : il n’y a que 14 fragrances qui sont testées
avec les deux premiers mélanges. Cela s’améliorera certainement dans les
années à venir. En attendant, il faut également tester de façon systématique
les produits personnels parfumés pour arriver au bout du bilan. Pour le
plaisir je vous livre le vrai nom du Lyral… Vous êtes prêt(e)s ? Prenez une
grande inspiration et dites d’une seule traite : hydroxyisohexyl-3-
cyclohexene carboxaldehyde. Ce sera déjà beaucoup pour briller en société.
Ensuite, vous pourrez ajouter : « C’est un parfum de synthèse à l’odeur se
rapprochant du muguet. » On le retrouve très fréquemment dans les
déodorants corporels, les antitranspirants, les eaux de toilette et parfums, les
produits de rasage (baumes, lotions alcoolisées et crèmes après-rasage),
dʼhygiène et de soins parfumés (savons…) et aussi dans les produits
ménagers. Le tour est joué, on vous applaudira… Attention, cela n’est pas
tout… Quand vous annoncerez qu’il y en a aussi dans les médicaments,
comme les nettoyants pour lentilles de contact, pastilles à sucer, pommades
et même les suppositoires… Ne passez pas sous silence le monde du travail,
où il est aussi présent dans l’air conditionné parfumé des bureaux ou dans
les avions, les essences aromatiques utilisées en boulangerie-pâtisserie, la
graisse à traire, les huiles et graisses industrielles, les liquides et poudres
employés en dentisterie… Et bim, vous laisserez votre entourage sans voix
en annonçant aussi les bougies et encens, détergents, adoucissants de
surface, produits d’entretien et aérosols à usage ménager, lingettes, papiers
toilette…

ASTUCE
Certaines marques ont fait le choix de proposer des produits très limités
dans leur composition en conservateurs ou additifs parfumés. Elles
misent alors sur un emballage particulier, des flacons pompe ou des
flacons unidose. C’est le cas pour La Roche-Posay avec Tolériane ultra,
normal ou fluide ou pour Avène avec sa gamme Tolérance Extrême. Ces
marques sont à privilégier en cas d’allergie de contact aux cosmétiques.
Il faut cependant toujours faire attention à vérifier pour les autres
produits de ces gammes Avène et La Roche-Posay la présence ou
l’absence de parfum ou d’autres conservateurs allergisants. Il est
cependant certain que ces marques, tout comme Bioderma avec sa
gamme Atoderm Intensive, Uriage et son Xémose entre autres, ainsi que
Ducray, restent bien moins allergisantes que d’autres proposées dans le
commerce ou les grandes surfaces.

• Que penser de l’aromathérapie ?


Les huiles essentielles sont associées à une image de bienfait sur la santé,
renforcée par les publicités passant sur les ondes. Qu’en est-il en réalité ?
N’ont-elles aucun effet indésirable sur la santé ? Elles sont tout du moins
étudiées par le comité Plantes médicinales et huiles essentielles, créé par
l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de
santé) en 2013. Quelques années plus tôt en 2008, l’ancienne AFSSAPS
publiait les recommandations destinées aux industriels de la filière
cosmétique sur l’utilisation de ces ingrédients. Un des objectifs était, je cite,
« de rappeler que les huiles essentielles ne doivent pas être considérées
comme des ingrédients courants mais comme des substances particulières
non dénuées d’effets secondaires ».
Rappelons-en la définition : « substance odorante, généralement de
composition complexe, obtenue à partir d’une matière première
botaniquement définie, soit par entraînement à la vapeur d’eau, soit par
distillation sèche, soit par un procédé mécanique approprié sans chauffage.
Elle est le plus souvent séparée de la base aqueuse par un procédé physique
n’entraînant pas de changement significatif de sa composition. » Ses
composantes peuvent être divisées en trois groupes : les terpènes, les
composés aromatiques et les autres (acides, alcools, aldéhydes, esthers). Les
différentes familles botaniques dont elles sont extraites sont : – les
abiétacées (Pinus pinaster) ; – les cupressacées (cyprès, thuya) ;
– les lamiacées (lavande, basilic, menthe) ;
– les myrtacées (eucalyptus, niaouli) ;
– les lauracées (laurier, cannelle, bois de rose) ;
– les rutacées (orange, citron) ;
– les éricacées (lédon) ;
– les astéracées (camomille, estragon) ;
– les poacées (citronnelle) ;
– les rosacées (rose).
Hormis leurs qualités dites thérapeutiques, elles peuvent entraîner
l’apparition de phénomènes allergiques, surtout sur une peau déjà lésée,
mais aussi des effets secondaires toxiques ou irritants. Le journal Contact
Dermatitis, en 2010, publie une large étude réalisée pendant neuf ans sur 84
716 patients, dont 18,5 % ont une réaction à une huile essentielle. L’huile
ylang-ylang est la plus fréquemment mise en cause mais aussi celle de
jasmin, bois de santal et girofle. L’huile de l’arbre à thé, utilisée par les
aborigènes, n’est pas en reste. Elle a, en effet, été mise en cause dans de
nombreux cas d’eczéma de contact aux États-Unis.
• La douce lanoline, une illusion Ils rentrent dans la composition de bains
moussants, savons liquides, produits capillaires, déodorants. Ils ont pour
nom lanoline, cocamidopropylbétaine… Qui sont-ils ? Il s’agit des
excipients. Ceux-ci ont pour fonction de conditionner la forme, le
transport, la stabilité, l’efficacité d’un cosmétique. Extrait de la graisse de
laine de mouton, la lanoline (whool alcool) ou plus scientifiquement adeps
lanae, possède de nombreuses propriétés : antistatique, adoucissante et
protectrice pour la peau, émulsifiante, tensioactive avec une meilleure
répartition du produit dont elle est un composant excipient. En raison de
toutes ses qualités, elle est très souvent utilisée en cosmétologie et dans
l’industrie pharmaceutique. De nombreuses mamans allaitantes l’utilisent
pour soulager les crevasses des mamelons, secondaires au phénomène de
succions répétées de leur charmant rejeton. Elle peut être à l’origine
d’eczéma de contact à l’endroit de l’application et doit être évitée sur des
peaux fragilisées (ulcères variqueux, eczéma atopique). Ses dérivés sont
connus sous le nom d’amerchol L101, l’eucerin et l’alcool
cétylstéarylique.

BON À SAVOIR
Un autre excipient allergisant, la cocamidopropylbétaine (CAPB) n’est
pas en reste. Pourquoi ce nom très alambiqué ? Peut-être parce que c’est
un mélange d’huiles de coco et d’aminopropylbétaïne. Cet ingrédient est
très utilisé dans les produits rincés comme les shampoings, les gels pour
bain et douche, les produits d’hygiène intime et savons liquides. Sa
capacité allergénique est liée à la présence d’aminopropylbétaïne et de
deux contaminants de fabrication. La fréquence des allergies liées à son
utilisation est estimée entre 3 et 9 %. Les lésions se localisent
essentiellement au niveau de la tête et du cou et beaucoup plus rarement
sur les mains. Quelques cas d’atteintes des lèvres et de la muqueuse
buccale ont été observés avec des dentifrices en contenant.

• La saga du phénoxyéthanol
Souvent utilisé comme solvant pour d’autres ingrédients cosmétiques, ce
dérivé des éthers de glycol sert aussi de conservateur. Il inhibe ainsi le
développement de micro-organismes au sein du produit qui le contient. Son
caractère allergisant est reconnu et a créé la polémique. En 2012, le CSSC
(Comité Scientifique européen pour la Sécurité des Consommateurs) est
interpellé par l’ANSM quant à l’innocuité du phénoxyéthanol à la
concentration maximale d’1 % pour les enfants. Il est alors proposé de
passer ce taux à 0,4 % pour les produits utilisés chez les enfants de moins
de 3 ans, comme les lingettes destinées à la toilette des fesses. En attendant
la réponse du CSSC, aucune préparation n’est retirée du commerce. C’est
fin 2016 que la décision est prise de laisser à 1 % la présence de ce
conservateur et cela quel que soit l’âge de l’utilisateur.
• Teinter n’est pas jouer Mamie Juliette a les cheveux blancs. Coquette,
elle ne se voit pas sans cette jolie teinte brune qu’elle affectionne tant. Il
faut dire que lorsque les racines blanches se pointent, Juliette perd toute sa
joie de vivre. Elle va régulièrement chez sa coiffeuse pour une teinture qui
lui rend sa bonne humeur. Ce rituel dure depuis des années. En ce jour
fatidique du 3 mai, Juliette se rend comme d’habitude dans son salon de
coiffure préféré pour couvrir de couleur ses cheveux blancs. Quelques
heures plus tard, des rougeurs apparaissent sur son front, autour des
oreilles. Elle se gratte. Le 6 mai, elle se rend chez son médecin, le cuir
chevelu est rempli de plaies et de croûtes. Le verdict tombe, elle fait une
allergie à la teinture utilisée.
Dans les colorants capillaires, la paraphénylènediamine (PPD) est
certainement la plus connue. Elle est utilisée dans les teintures capillaires
foncées pouvant déclencher chez l’utilisateur des eczémas de contact au
niveau du cuir chevelu, du cou, des tempes et des paupières. Depuis
quelques années, on sait que la paraphénylènediamine ajoutée au henné est
à l’origine de réactions allergiques (cf. le passage sur le tatouage pas si
éphémère page 219). Hormis la PPD, d’autres produits dérivés de teinture
comme la PTD (paratoluènediamine), et l’O’PPD (O nitroP phénylène
diamine) peuvent entraîner des allergies croisées avec certains médicaments
tels que les antibiotiques sulfamides ou des anesthésiques locaux.

ASTUCE
Les produits de teinture capillaire sans PPD : – Marcapar ;
– Terre de couleur ;
– Logona.

Les persulfates alcalins contenus dans les produits de décoloration à base


dʼammoniaque et dʼeau oxygénée sont irritants mais peuvent être à lʼorigine
dʼeczéma de contact, d’urticaire, de rhinite ou d’asthme. Les produits de
permanentes à base dʼacide thioglycolique sont le plus souvent irritants. Ils
sont rarement incriminés, tout comme les laques et autres fixateurs de
coiffure. Rappelons encore que certains constituants des shampoings
comme la cocamidopropylbétaïne, les libérateurs de formol, les parfums,
entraînent l’apparition d’eczéma de contact. Il n’est jamais inutile de répéter
ce genre d’informations • Tu n’es pas verni
Mme Y est dans la salle d’attente du médecin. Il fait gris dehors mais elle
porte ses lunettes de soleil. Ce n’est pas une star de cinéma. Il lui arrive
une mésaventure qui la défigure. Juste installée dans le cabinet médical,
elle retire sa paire de binocles. Tout de suite, l’allergologue voit quel est le
problème : deux ronds rouges et secs entourent ses yeux. Les paupières sont
fissurées et elle se les frotte très souvent. « C’est simple, madame, retirez
votre vernis et tout rentrera dans l’ordre », lui dit-il en lui prescrivant un
traitement local. Quelques semaines plus tard, les tests cutanés
confirmeront le rôle joué par les résines contenues dans le vernis à ongles.
L’extrémité des doigts est souvent habillée de magnifiques couleurs. Les
adeptes du vernis à ongles sont légion. Les petites filles, dès qu’elles le
peuvent, imitent leur mère en l’appliquant avec plus ou moins de succès.
Mains et pieds deviennent attractifs. Du rouge vif au bleu en passant par le
marron, l’orange, le vert : toutes les teintes sont désormais déclinées. Il ne
faut pas oublier d’appliquer la base, le vernis et ensuite le top coat… Petit
clin d’œil à la #teamvernis qui se reconnaîtra. Comme de nombreux
produits, ils peuvent malheureusement déclencher des réactions allergiques,
même à distance des mains, en particulier sur le visage comme c’est le cas
pour Mme Y. L’eczéma de contact se déclenche en raison de la présence de
résines formaldéhydes. Là encore, pour le fun, je vous délivre leur véritable
nom : résine paratoluène sulfonamide formaldéhyde… Bon allez… Vous
pouvez aussi l’appeler résine paratertiaire butylphénolformaldéhyde. Pour
sa propriété adhésive, on la retrouve aussi comme composant des colles des
caoutchoucs, des cuirs (bracelets de montre, ceintures, chaussures) et des
plastiques.
Les prothésistes et stylistes ongulaires proposent non seulement la pose de
vernis mais également celle de faux ongles adhésifs. Ils ont à disposition un
grand panel de forfaits : french manucure, pose en gels UV, gels de couleur,
gelcrylique (système gel/résine), nail art… Là encore des risques existent et
doivent être connus, parce qu’à l’origine de lésions pouvant aller jusqu’à la
destruction des ongles. Elles sont dues aux résines acryliques cette fois-ci.
Le méthacrylate de méthyle utilisé pour les faux ongles modelés peut
déclencher un eczéma à distance sur les paupières ou autour des ongles. Ces
substances sont également utilisées pour la conception de prothèses
dentaires mais aussi dans le domaine de l’imprimerie, dans les peintures
acryliques ou les colles cyanoacrylates.

BON À SAVOIR
Si vous avez des réactions aux vernis, plusieurs options s’offrent à vous.
Ne plus en mettre est la première solution. L’autre est de tenter, après
avis auprès de votre allergologue, des marques comme La Roche-Posay
ou Eye Care.
B – LA COSMÉTOVIGILANCE
Un aspect un peu délaissé de la prise en charge devrait retenir l’attention
des professions de santé et des particuliers : la déclaration en
cosmétovigilance. Elle permet de faire répertorier les effets indésirables liés
à l’utilisation des produits cosmétiques. Il peut arriver qu’un produit soit, à
cette occasion, mis en observation ou retiré du commerce.
1. Un cosmétique peut être relié à un phénomène d’irritation cutanée
important ou cause d’une allergie avec un test allergologique positif. Il
faut, en premier lieu, faire une déclaration auprès de l’ANSM (rôle de
santé publique ayant la possibilité de légiférer). Celle-ci est rédigée sur
le formulaire adéquat par le personnel de santé (médecin, pharmacien,
dentiste, stomatologue, kiné, etc.) mais aussi, là est la nouveauté, par le
patient lui-même. Il suffit pour cela que la personne concernée se
connecte sur le site de l’ANSM et clique sur « Déclarer un effet
indésirable » et « produits cosmétiques ».
2. La déclaration de vigilance entre médecins est adressée au REVIDAL-
GERDA. Interactive, elle permet de répertorier des cas identiques auprès
de confrères et de déclencher si nécessaire un « signal de vigilance
activé », transmettant ainsi l’information aux membres inscrits. Un
contact est alors pris avec l’industriel du cosmétique en cause, pour lui
signaler les cas répertoriés. L’allergologue dispose de nombreux tests
individuels. Certains fabricants rendent possible l’obtention des
différents ingrédients pour réaliser le bilan au cabinet médical. Si
plusieurs marques jouent le jeu, d’autres restent encore réticentes (secret
de fabrication oblige ?).
Si les allergènes connus sont systématiquement testés au cabinet de
l’allergologue, d’autres demandent une exploration plus poussée et des
examens plus spécifiques. Voici quelques exemples glanés dans les résumés
d’un congrès annuel du GERDA (Groupe d’Études et de Recherches en
Dermato-Allergologie) : – mélange méthylchloroisothiazolinone et
méthylisothiazolinone (MCI/MI) présent sur des lingettes de toilette pour
bébé, ayant causé un eczéma de contact sur les mains d’adultes ; – eczéma
de contact dû à l’isononyl isononanoate (agent émollient et adoucissant) et
au trioléyl phosphate (agent plastifiant, occlusif et adoucissant) contenus
tous deux dans des produits cosmétiques ; – le décylglucoside de la famille
des alkylglucosides fut l’allergène vedette de 2006. Il se trouve dans
différents cosmétiques (produits solaires, shampoings, colorants capillaires,
savons, laits, lotions, gels antiseptiques…). Des sensibilisations
concomitantes entre différents glucosides avec le cétéarylglucoside, le
cocoglucoside, le laurylglucoside sont possibles.
Avez-vous remarqué combien ces noms sont faciles à prononcer ?! Le
dermato-allergologue ou l’allergologue peut prendre contact directement
avec le service de vigilance de la marque du cosmétique concerné pour une
déclaration « industrielle ». Il obtiendra dans le meilleur des cas un kit des
ingrédients permettant de tester son patient. Le nouveau règlement
européen impose à chaque firme d’assurer la surveillance de ses produits.

BON À SAVOIR
Début avril 2010, Le Quotidien du Médecin relate les inquiétudes du
laboratoire central de la préfecture de Police de Paris quant à la
composition de certains khôls vendus dans les boutiques de commerce «
ethnique ». Sur 18 khôls analysés, 14 contenaient du sulfure de plomb
(galène). La présence de ces produits toxiques ne répondait absolument
pas à la législation européenne actuelle des cosmétiques.

BON À SAVOIR
Les produits bio
La mise sur le marché des produits cosmétiques bio nécessite une
certification répondant aux demandes d’un organisme référentiel
différent du fabricant. Un cahier des charges appelé COSMOS
(COSMetic Organic Standard) doit être respecté depuis début 2015 par
les fabricants. Ces normes sont établies à l’échelle européenne par
plusieurs membres fondateurs dont Ecocert et Cosmebio, d’origine
française. Certaines conditions doivent être respectées, par exemple,
dans le référentiel, l’interdiction de la présence de différents
conservateurs pour les produits bio : phénoxyéthanol, parfums de
synthèse, colorants, silicone, polyéthylène glycol ou les OGM. Fin 2016,
l’ANSM enjoint une société proposant des huiles de massage et autres
cosmétiques à se mettre en conformité avec la loi quant à leurs dossiers
sur la sécurité des produits ainsi que sur l’étiquetage des emballages.
C – LE TATOUAGE… PAS SI
ÉPHÉMÈRE
Pour Carole et son ami, c’est un voyage prévu de longue date : des
vacances au soleil. La mer, la plage, bronzage au programme. Arrivés sur
place, tout paraît parfait : la piscine, le bungalow, les activités proposées.
Le premier jour, on prend ses repères. Il y a cette petite échoppe qui
propose des tatouages temporaires. « C’est indolore », confirme
l’animateur. « Alors pourquoi pas ? », c’est ce que se dit Carole. Alliant le
geste à la parole, elle choisit le motif du tatouage et l’endroit d’application
: au creux des reins. L’affaire est rapidement réglée. Elle est ravie du
résultat.
Il va bien avec son teint hâlé et cela lui donne un petit air coquin.
Cependant, deux jours plus tard, ce n’est plus le même refrain. Des
démangeaisons apparaissent. Le tatouage vire au rouge. Plus les jours
passent, plus les lésions sont visibles. Il y a des petites vésicules. À certains
endroits, elles suintent. L’application de quelques crèmes n’y fait rien. Le
séjour s’achève tant bien que mal. Carole est pressée de voir son médecin
traitant. Il lui explique qu’elle présente une allergie aux produits utilisés
pour les tatouages temporaires. L’hypothèse est ensuite confirmée par
l’allergologue. Les tests en patchs effectués quelques semaines plus tard
sont très positifs pour la paraphénylènediamine. Carole se souvient avoir
fait, plusieurs mois auparavant, une teinture capillaire. Elle s’était soldée
par des rougeurs sur le crâne et le cou. À l’époque, elle n’a pas consulté et
le regrette. L’allergologue lui explique que la PPD utilisée pour les
teintures capillaires est détournée de ce but premier pour servir de base aux
tatouages temporaires. Une personne avertie en vaut deux, fini le tatouage
pour Carole.
Un tatouage est un choix qui doit être mûrement réfléchi. Il a une
signification personnelle et traduit pour celui qui le porte un évènement,
une marque d’affection ou un sentiment d’appartenance à un groupe. Au
cinéma, Jean Gabin est
« le tatoué » le plus célèbre. Depuis quelques années, est apparue sur les
lieux de vacances ou les marchés, la pratique des tatouages temporaires,
indolores de par leur technique d’application. Cette mode est parfois à
l’origine de désagréments cutanés temporaires (eczéma de contact) ou qui
peuvent évoluer vers des cicatrices indélébiles et inesthétiques. Le henné
traditionnel « non trafiqué » est obtenu à partir de fleurs séchées : Lawsonia
alba. Sa dénomination sur l’étiquetage répond à la nomenclature INCI, avec
la mention : Lawsonia inermis. Habituellement mélangé à de l’huile, il
permet la réalisation sur la peau de dessins, certains de couleur orangée.
Cette teinte peut être renforcée par l’addition d’autres végétaux, de poudre
de café, de vinaigre ou de charbon. Le soi-disant henné noir proposé sur de
nombreux lieux touristiques résulte en réalité de l’adjonction au henné
traditionnel de la PPD, pour en renforcer la teinte foncée. L’eczéma de
contact apparaît le plus souvent dans les 48 à 72 heures après application
sur la peau de ce pseudo henné noir. Localisée, la dermatose peut ensuite se
généraliser, sur une période plus ou moins longue, sur tout le corps.
La portion colorante riche en PPD (plus caustique), extraite directement
du tube pour teinture capillaire du commerce, est aussi utilisée. Appliquée
pure, directement sur la peau, elle déclenche l’apparition de brûlures
accompagnées de sensations de cuisson. Après quelques jours, une
desquamation apparaît avec, dans certains cas, la persistante d’une cicatrice
définitive et infiltrée. La concentration en PPD, à l’intérieur de teintures
capillaires et de certains colorants textiles, doit être inférieure à 6 % selon
les normes européennes. Par contre, qu’en est-il de cette concentration pour
les tatouages éphémères, le plus souvent fabriqués par les artisans
ambulants ? La recrudescence d’eczéma de contact aux tatouages
temporaires amène l’AFSSAPS (Agence Française de la Sécurité SAnitaire
des Produits de Santé) à lancer de nombreuses campagnes de mises en
garde vis-à-vis des produits utilisés. Médecins et tatoueurs ont désormais
l’obligation de déclarer tout effet indésirable leur étant imputé, par le biais
du site de l’ANSM, Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des
produits de santé (http://ansm.sante.fr).

BON À SAVOIR
Selon plusieurs études, il y a un risque d’allergie croisée dans 5 à 20 %
des cas entre la PPD et des molécules appartenant au même groupe : la
paratoluènediamine (PTD), l’O’NPPD, la para-aminodiphénylamine
(PADPA), les colorants azoïques des textiles, l’hydroquinone, les
anesthésiques (benzocaïne), les sulfamides (antibiotiques ou
hypoglycémiants) et les diurétiques.

La pratique des tatouages par effraction cutanée est désormais mieux


réglementée au même titre que le piercing. La nature des encres utilisées
reste elle aussi dans certains cas assez mystérieuse, mais rapportée au
nombre de tatouages définitifs faits dans le monde, les allergies ne sont pas
légion. Des phénomènes infectieux ou liés directement avec la nature
initiale de la peau sont possibles si certaines précautions d’asepsie et de
réalisation ne sont pas respectées.
D – LE PIERCING ET LES BIJOUX
FANTAISIE
1 – Le piercing
Très en vogue chez les jeunes, le piercing a ses adeptes mais également
ses détracteurs. Qu’il soit unique ou multiple, le piercing est un bijou qui a
de plus en plus de succès. On peut le voir classiquement au niveau du
nombril, du nez, du cartilage de l’oreille, des lèvres, de la langue, de la
joue, du mamelon ou au niveau génital. La pratique du perçage cutané était
auparavant « sauvage ». De nombreux étals de marchés proposaient la pose
du piercing sur un coin de table.
La directive 2004/96/CE de la Commission européenne du 27 septembre
2004 modifie la directive 76/769/CEE concernant la limitation de la mise
sur le marché et l’emploi du nickel dans les parures de piercing. Elle fait
état « d’un taux de libération du nickel inférieur à 0,2 mg/cm2 et par
semaine pour tout assemblage de tige introduite à titre temporaire ou non
dans les oreilles ou les autres parties du corps humain percées ». Un arrêté
du 4 août 2005, paru au Journal officiel le 2 septembre 2005, reprend cette
notion avec la demande de son application par les directeurs généraux de la
DGCCRF, des entreprises concernées, des douanes et des droits indirects.
Un avis aux fabricants, importateurs et distributeurs de produits contenant
du nickel, paru au Journal officiel du 18 mars 2009, reprend les références
des normes françaises à appliquer. Il s’agit de la norme EN1811, annulée en
2015, correspondant à la méthode d’essai de référence pour la libération du
nickel par les produits qui sont destinés à venir en contact direct et prolongé
avec la peau et de la norme EN12472 relative à la méthode de simulation de
l’usure et de la corrosion pour la détermination du nickel libéré par les
objets revêtus.
D’autres matériaux sont désormais disponibles. La législation actuelle a,
depuis 2008, inséré dans le Code de la santé publique une réglementation
sur les techniques de tatouage par effraction cutanée et de perçage corporel
(décret no 2008-149 du 19 février 2008). S’ensuivent des articles tels que
l’article R1311-3 du Code de la santé publique. Ils concernent la formation
des personnes faisant des tatouages et piercings. Depuis mars 2009, s’y
ajoute la mise en place des bonnes pratiques de l’hygiène pour ces
différentes techniques.
En 2006, le Réseau d’Allergo-Vigilance effectue par le biais de ses
membres allergologues une enquête nationale consacrée aux tatouages
temporaires et à la pratique des piercings. Les réactions observées avec les
piercings étaient : un cas d’eczéma de contact, trois cas de rhinite, deux cas
d’urticaire. Il semble que ces phénomènes soient liés à une sensibilisation
préalable au nickel. Le nombre de perçage de la peau pourrait augmenter ce
phénomène. D’autres effets secondaires liés au piercing sont observés en
consultation de dermatologie : les infections, les cicatrices chéloïdes, etc.

2 – La pacotille
Dès la plus tendre enfance, les petites filles, pour ressembler à leur mère
mettent des bijoux fantaisie. À l’adolescence et à l’âge adulte, cette
habitude est loin de disparaître. Accessoires de mode très prisés, les bijoux
peuvent contenir, suivant leur provenance, du nickel, du palladium, de l’or,
du platine. Ces métaux sont, à des degrés différents, responsables
d’allergies de contact. Le nickel reste cependant la cause la plus fréquente
de réactions aux bijoux fantaisie. Comment ne pas citer l’eczéma lié aux
boucles d’oreilles en clip fantaisie, donnant l’aspect inesthétique «
d’oreilles en chou fleur » ?
Tous les bijoux de pacotille contiennent du nickel ainsi que ceux en argent
et en plaqué or, où sa concentration est plus ou moins importante. La
règlementation européenne tente d’obtenir des taux d’exposition au nickel
inférieurs à celui pouvant déclencher une sensibilisation. Mais qu’en est-il
de tous ces bijoux achetés en dehors du territoire européen ? Une allergie
aux bijoux fantaisie est synonyme pour le conjoint d’un coup de canif
supplémentaire dans le budget : le prix de bijoux en or, pour faire plaisir à
sa belle.
ASTUCE
Pour détecter la présence du nickel dans des objets, il faut utiliser le
Chemo Nickel Spot Test disponible sur le site du laboratoire Destaing. Il
s’agit de frotter un coton imbibé de réactif sur la surface de l’élément
suspect. Le test est considéré positif si la teinte vire au rose.
CHAPITRE V

HORIZONS LOINTAINS
Partir en vacances, prendre l’air, tout le monde en a besoin. Voyager,
découvrir d’autres contrées, d’autres us et coutumes, tout cela est bien
séduisant. Le changement d’environnement, habituellement maîtrisé
chez soi, contraint l’allergique à plus de vigilance. Les habitudes
alimentaires de certains pays représentent un danger. L’allergène peut
se trouver sous forme cachée dans des plats locaux, les fameux méloko
de l’humoriste Gustave Parking dans son sketch Les vacances : « Les
plats du coin, un met local… des mets locaux. »
Les acariens, présents dans le monde entier, subissent des
modifications de concentration en fonction de l’altitude et du climat. La
floraison des pollens varie d’un pays à l’autre. Certains insectes sont
plus dangereux que d’autres. Se déplacer, changer de latitude est
parfois synonyme de déstabilisation d’un asthme jusqu’alors bien
traité. Le risque de choc anaphylactique en cas d’ingestion accidentelle
est majoré. L’allergique doit se munir alors d’une trousse d’urgence et
d’ordonnances adaptées à chaque situation. Pour passer de bonnes
vacances, l’allergique hors de son contexte environnemental habituel
doit posséder certaines notions sur les allergènes.
A – LES POLLENS SOUS TOUTES LES
LATITUDES
Si l’on s’intéresse en France aux saisons polliniques variables entre le
Nord et le Sud du pays, à l’étranger, qu’en est-il ? Le bouleau, très
allergisant, est plus répandu dans le Nord de l’Europe mais aussi des États-
Unis et surtout au Canada. Les graminées composent environ 20 % de la
végétation mondiale (plus de 10 000 espèces répertoriées). Différentes des
graminées rencontrées en Europe et en Amérique du Nord, les graminées
tropicales appartiennent à d’autres sous-familles. On considère qu’un
allergique aux pollens en France ne le sera pas forcément aux graminées
tropicales.

Principales répartitions des pollens de graminées


1. Bassin méditerranéen et Amérique du Nord : graminées de la sous-
famille des pooideae (Dactylis glomerata, Phleum pratense).
2. Amérique du Sud : graminées Lolium multiflorum.
3. Afrique et Inde : graminées de la famille des chloridoideae et des
panicoideae.

Dans le pourtour méditerranéen, on note également une variabilité des


dates, de la durée et de l’intensité de la pollinisation, selon les facteurs
météorologiques rencontrés dans chaque pays. Hormis les graminées, ce
sont les allergies à la pariétaire, à l’olivier et au cyprès qui prédominent.
L’olivier, de la famille des oléacées au même titre que le frêne et le
troène, est cultivé pour 90 % dans le bassin méditerranéen (Espagne, Italie,
Grèce). Il est aussi présent dans d’autres endroits comme l’Argentine, la
Californie, l’Afrique du Sud et l’Australie. Dix allergènes de pollens
d’olivier sont identifiés. Le plus souvent, la floraison de l’olivier se
superpose à la période des graminées dans le Sud de la France. Elle s’étale
en général d’avril à juin selon les pays. Dans les pays producteurs d’olives,
on observe une aggravation de l’asthme durant cette période.
Le cyprès fait partie des cupressacées, dont certaines espèces sont
communes au Sud de la France, à l’Espagne et à l’Italie. La pollinisation est
très particulière. L’arbre fleurit en général en période hivernale entre
octobre et décembre pour le Juniperus oxycedrus (genévrier), en janvier
pour le thuya oriental et en mars ou avril pour le Chamaecyparis obtusa
(cyprès du Japon). C’est en étudiant l’incidence de la pollution sur la
pollinose au cyprès qu’une équipe japonaise a démontré l’effet délétère du
diesel sur les pollens. Celui-ci accentuerait les pouvoirs allergisants de
pollens, tout en facilitant leur pénétration dans les voies respiratoires.
La pariétaire, dont la floraison s’étend de mars à octobre avec deux pics
d’avril à juin et d’août à septembre, pousse plus volontiers sur les collines
et les montagnes. C’est la première cause de pollinose à Naples.
L’ambroisie, véritable problème de santé publique dans la vallée du
Rhône et le bassin méditerranéen en raison de son agressivité potentielle,
s’étend dans d’autres pays comme au Nord de l’Italie, l’Est de l’Autriche, la
Hongrie, le pourtour de la mer Noire. On la retrouve également en Chine,
en Corée, en Nouvelle-Zélande et surtout au Canada et dans presque tous
les États-Unis.
L’armoise, de la famille des astéracées, est encore appelée couronne de
Saint-Jean ou tabac de Saint-Pierre. Son lieu de prédilection est constitué de
terrains en friche. Sa pollinisation s’étend d’août à octobre. Elle est à
l’origine de rhino-conjonctivite mais aussi de possibles réactions cutanées
liées à la présence de lactones sesquiterpéniques (risque d’eczéma de
contact).
Très exotiques, la canne à sucre de l’île de La Réunion et le cèdre du
Japon sont également à l’origine d’allergies respiratoires dans leur pays
respectif.

Connaître les calendriers allergo-polliniques


de différents pays
En France : www.pollens.fr
En Amérique du Nord : www. pollen.com
En Espagne : www.uco.es/rea
En Europe : www.polleninfo.org
En Italie : www.ilpolline.it/bollettino-pollinico/
En Suisse : www.meteosuisse.ch
B – LES ANACARDIACÉES, CES
DRÔLES DE VÉGÉTAUX
La grande famille des anacardiacées comprend environ 600 espèces. La
plupart d’entre elles sont la cause de dermites de contact par allergie ou
irritation. Elles poussent le plus souvent dans les régions tropicales mais
sont aussi présentes en Europe dans les jardins botaniques et chez certains
particuliers. La sensibilisation peut se faire par contact direct avec le
végétal ou indirectement par le biais de bijoux fabriqués à partir de bois
exotiques ayant des allergènes communs. Leur principal allergène appelé
urushiol est localisé dans le suc des plantes.
Les principales anacardiacées
Nom Pays Symptômes

Anacardier Inde, Afrique, Amérique • Par contact direct ou objets en coquille de noix
occidental centrale, Antilles (bijoux, jouets) : apparition d’une dermite
Anacardier d’Orient Inde, Malaisie • Avec l’encre utilisée pour marquer les vêtements :
dermite du dos
• L’application locale de préparations médicinales :
dermite du visage et des mains
Manguier Hawaï, Inde, Amérique • Avec les fruits : eczéma, asthme urticaire
centrale, Afrique, États-Unis
(Floride, Californie) • Feuilles, tiges : possibles réactions sur la peau

Sumac radicant ou Côte atlantique des États- • Lorsque l’on touche les feuilles, attention au risque de
Rhus toxicodendron Unis (60 % de la population réactions très violentes et bulleuses sur la peau
ou poison ivy sensibilisée)
Sumac vénéneux États-Unis (Californie, les • Contact avec l’arbuste à l’état sauvage : dermite avec
ou Rhus diversiloba Rocheuses, Nevada), dépigmentation locale
ou poison oak Colombie britannique
Sumac à laque ou Japon, Chine, Thaïlande, • Utilisé comme laque pour des objets de fabrication
Rhus verniciflua Vietnam locale : attention aux réactions cutanées
Sumac à vernis Côte atlantique des États- • Cet arbuste est en zone marécageuse ou tourbeuse et
ou Rhus vernix Unis donne des réactions cutanées bulleuses
Arbre à laque Afrique du Sud • Arbre de 6 m de haut présent dans les jardins locaux,
provoque des réactions sur la peau comme des
brûlures avec un aspect de bulles
Litrhrea molloides Amérique du Sud • Localisé dans les forêts, à côté des ruisseaux et sur les
ou arbre à mastic collines : quand on le touche, risque de réactions
bulleuses et de fièvre
Source : Ducombs G., « Végétaux et voyages: du poison ivy à l’arbre à laque », Progrès en Dermato-
Allergologie, John Libbey Eurotext, 2004, p. 1-21.

Des allergies croisées sont possibles avec le fruit du Ginkgo biloba (ordre
des ginkgoacées), certaines protéacées (comme le silver Oak ou silk oak ou
Grevillea robusta appelé en français chêne soyeux ou argenté) ou des
aracées telles que les philodendrons (plantes grimpantes d’origine tropicale
utilisées en décoration d’intérieure comme antipolluant).
Les fruits de certaines anacardiacées sont à l’origine d’allergies
alimentaires :
1. La mangue est le fruit du manguier (Mangifera indica). Ce fruit sucré
jaune foncé rentre dans la composition de nombreux jus de fruits et plats
exotiques. La première allergie déclenchée par son ingestion date de 1965.
Depuis, quelques cas sont publiés. Un œdème du larynx, des réactions
généralisées pouvant aller jusqu’au choc anaphylactique constituent les
principaux symptômes cliniques observés. De nombreuses protéines
allergisantes sont identifiées. Certaines expliquent des allergies croisées
possibles avec les pollens de bouleau et d’armoise ainsi qu’avec le latex.
Attention, le caractère allergène persiste malgré le broyage, le chauffage ou
la pasteurisation du fruit. Crus ou cuits, ces fruits sont allergisants.
2. La pistache produite par le pistachier vrai et la noix de cajou (fruit de
l’anacardier) sont à l’origine d’allergies alimentaires d’expression clinique
violente. Ils font partie des fruits à coque croisant avec l’arachide.
C – LES SALES BÊTES
1 – Ça vole, ça pique, ça mord
• Les hyménoptères
Bizzz, bizzz bizzz. Vous êtes tranquillement attablés en famille pour le petit
déjeuner. Il fait un temps magnifique. Une seule ombre au menu, la danse
de quelques invitées indésirables à rayures jaunes et noires qui viennent
piquer dans le pot de confiture. « Surtout, surtout ne bouge pas, tu as une
guêpe à côté de toi. » C’est alors que débute une étrange danse pouvant
évoquer la tecktonik. Les bras s’agitent dans tous les sens. Vous vous mettez
à crier, tant pis pour vous. Elle vous a pris(e) pour cible et enfonce son
dard dans votre avant-bras qui, en quelques minutes, se met à gonfler,
gonfler, gonfler. C’est la troisième fois que cela vous arrive et les réactions
sont de plus en plus importantes à chaque piqûre.
À l’origine de réactions toxiques lorsqu’il y a au moins 50 piqûres
concomitantes, ou de manifestations allergiques, les hyménoptères sont
présents dans le monde entier. Certains d’entre eux ont été importés de leur
pays d’origine vers les États-Unis. C’est le cas de l’abeille domestique, de
l’abeille africanisée ou abeille tueuse (mariage d’une espèce européenne et
africaine) très agressive, et du frelon. Les guêpes Vespula vulgaris
prédominent en Grande-Bretagne, en Europe et au Nord des États-Unis,
tandis que les guêpes Polistes dominula sont plutôt sur le pourtour
méditerranéen et le Sud des États-Unis.
Lors d’une piqûre d’hyménoptère, différents types de réaction sont
possibles. Il y a la banale papule de 2 cm de diamètre qui gratte et persiste
quelques heures. À partir de l’instant où elle dure plus de 24 heures et
s’étend sur environ 10 cm, il s’agit d’un phénomène allergique. Les signes
cliniques apparaissant très rapidement, comme une urticaire géante, un
œdème de Quincke avec une gêne respiratoire ou un choc anaphylactique.
Cela nécessite systématiquement un bilan allergologique et selon les cas
une désensibilisation spécifique débutée en milieu hospitalier. Elle est
efficace dans 95 % des cas pour la guêpe et 80 % pour l’abeille. L’issue
fatale peut être évitée par l’injection d’adrénaline. On estime à environ 200
le nombre annuel de décès par piqûres d’hyménoptères en Europe. Certains
facteurs influencent l’importance des manifestations cliniques :
– le risque de réaction sévère est plus important chez l’adulte ;
– un homme est plus candidat aux piqûres ;
– une réaction précédente déjà importante ;
– des effets plus graves si l’atteinte se situe sur le visage, surtout dans la
bouche ;
– les pathologies cardio-vasculaires et les traitements en cours comme la
prise de bêta-bloquants ou d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion de
l’angiotensine (IEC).
En cas de piqûre et de réaction locale, un Aspivenin est utile. Le dard peut
être préalablement retiré avec précaution, sans serrer le sac à venin qui
laisserait s’échapper une dose supplémentaire dans l’organisme. Chauffer
sans se brûler la peau avec un bout de cigarette incandescent ou un allume-
cigare réduit l’effet du venin. Certains diront que faire pipi sur la piqûre
peut être utile… Cela dépend de l’endroit, de l’impact et si l’on a envie
d’uriner. Aucune étude ne permet d’infirmer ou confirmer son efficacité.
Attention par contre à ne pas déposer de glaçon à l’endroit de la piqûre car
il favorise la persistance du venin sur place. Parallèlement, la personne peut
prendre un antihistaminique associé à un corticoïde. Le mieux est de
consulter son médecin dans les plus brefs délais. Il est bien certain qu’en
cas de choc anaphylactique, c’est l’adrénaline qu’il faut injecter en
intramusculaire, rapidement suivie d’une hospitalisation pour surveillance.
On ne le répétera jamais assez.

BON À SAVOIR
Toute personne allergique aux hyménoptères doit bénéficier d’un bilan
allergologique et d’une éventuelle désensibilisation. Lors de
déplacements en France ou hors du territoire français, elle doit être en
possession d’un stylo d’adrénaline si nécessaire, et d’une trousse
d’urgence adaptée.
• Mosquito
No me moleste mosquito, chanson des mythiques The Doors a été reprise
par un chanteur français. Lequel ? La réponse à la fin de ce paragraphe.
On se repose et d’un seul coup… un petit gratouillis. On jette un œil et on
voit madame moustique se délecter de notre sang. Et bim, on se met une
gifle et elle s’en va, parce que ça ne se laisse pas faire comme ça. Oui, oui,
ce sont les femelles qui piquent. Parfois, on se retrouve le matin avec
d’incroyables cernes parce qu’une bataille s’est livrée toute la nuit avec cet
affreux arthropode.
Les insectes hématophages aiment par définition le sang. Ils inoculent
certaines substances allergisantes et toxiques en piquant l’homme ou les
mammifères. Dans de nombreuses contrées exotiques, ils transmettent des
parasites à l’origine du paludisme, d’onchocercose, etc. Ils s’appellent
moustique, simulie, taon, puce, punaise, poux. Seuls certains d’entre eux,
comme les moustiques dans de rares cas, entraînent des réactions
allergiques voire un choc anaphylactique. Le voyageur doit plutôt porter des
vêtements longs le soir, se protéger à l’aide d’une moustiquaire en bon état,
emporter insecticide et antimoustique vendus en pharmacie, en imprégner
les toiles de tente et les vêtements. En cas de piqûre, le traitement consiste à
la désinfection des lésions par un antiseptique puis l’application d’un
corticoïde local (en dehors de toute lésion infectée) et prendre si nécessaire
un antihistaminique.

Repousser les moustiques


Les moustiques peuvent être à l’origine de réactions cutanées plus ou
moins importantes. On peut s’en protéger en portant des vêtements
couvrants et amples, en évitant les couleurs jaune, orange, rouge et
violette qui les attirent.
Les produits à appliquer
1. Utiliser des répulsifs corporels pour imprégner les zones de peau
exposées :
– pour l’enfant avant 3 ans : Mousticologne peaux sensibles, Prébutix
gel roll-on ;
– pour l’enfant entre 3 et 12 ans : Insect Ecran Enfant, Mosi-guard
spray ou stick ;
– chez l’enfant de plus de 12 ans et l’adulte : Insect Ecran Adulte en
spray ou gel contenant du DEET (diéthyltoluamide) à 50 %.
Attention, les produits à base d’éthylhexanediol, le citriodiol et DEET
sont contre-indiqués pendant la grossesse, contrairement aux produits
contenant du R35/35 comme Mousticologne peaux sensibles qui, lui, est
autorisé.
2. Imprégner les vêtements avec de la perméthrine, répulsif qui
éloigne moustiques et hyménoptères. Ce produit ne peut être utilisé chez
l’enfant âgé de moins de 3 ans. Il persiste sur le vêtement pendant deux
mois, même après plusieurs lavages à 60 °C. De nombreux produits
existent : Insect Ecran pour les vêtements et tissus, Insect Ecran pour les
moustiquaires, Mousticologne en spray pour les tissus, Mousticologne
pour les moustiquaires, moustiquaire imprégnée Pharmavoyage.

BON À SAVOIR
Malgré toutes les précautions prises, le moustique peut réussir à vous
piquer. La réaction locale modérée est calmée par la prise d’un
antihistaminique. Si les démangeaisons sont importantes, une
surinfection apparaît par grattage et il est utile de consulter son médecin
traitant afin de prendre un traitement médical adéquat : des
antibiotiques… L’étape suivante peut aller jusqu’à la lymphangite avec
l’apparition de ganglions et de fièvre nécessitant parfois une
hospitalisation.

N’oublions pas la réponse à la question… Il s’agit de


Joe Dassin.
• Fourmiz et arachnides
La nuit, vous êtes couché(e) tranquillement après une journée bien
remplie. Vous parcourez d’un regard embrumé le plafond et d’un seul coup,
vous hurlez. Une espèce de machin noir avec de longues pattes très fines a
décidé de passer sa nuit avec vous. Si vous l’écrasez, ça va faire une belle
tache sur la peinture que vous avez posée quelques mois plus tôt. Tant pis,
votre décision est prise, avec une chaussure, enfin ce qui vous tombe sous la
main, vous vous levez d’un bond voulant la surprendre. Eh bien non, cette
fois encore, elle vous nargue et s’enfuit on ne sait où. Donc tant pis, vous
décidez d’éteindre, en espérant que ce croque-mitaine ne viendra pas vous
manger les pieds. En réalité, elle vous laisse le lendemain matin une
marque de son immense affection. Un joli placard rouge qui démange
horriblement sur la cuisse.
Les araignées provoquent, par leur morsure, des réactions inflammatoires,
locales la plupart du temps. Cependant, la veuve noire, présente dans les
Alpes du Sud et en Corse, déclenche par sa morsure, des réactions toxiques
beaucoup plus importantes avec contractures douloureuses abdominales,
vomissements, douleurs musculaires et fièvre. Un petit clin d’œil
cinématographique à ce film superbe de 1987 du même nom, avec Debra
Winger, Theresa Russell, le sublime Sami Frey et Dennis Hopper.
Les fourmis, loin d’être aussi sympathiques que celles du film de 1998
Fourmiz, peuvent entraîner chez des sujets sensibilisés une gêne respiratoire
de type asthme. C’est le cas de la fourmi samsum (Pachycondyla
sennaarensis) présente en Afrique intertropicale et en péninsule arabique.
La fourmi de feu (Solenopsis invicta), très présente dans le Sud-Est des
États-Unis et le pourtour du golfe du Mexique, est responsable de
phénomènes infectieux, neurologiques ou anaphylactiques. En Australie,
c’est la fourmi sauteuse (Myrmecia pilosula) qui est le plus souvent
incriminée.
• La vilaine Asian ladybug
Il y a la petite coccinelle, personnage de BD du regretté Gotlib. Il y a
Choupette, la sympathique petite voiture allemande, vedette de plusieurs
films produits par Walt Disney Pictures. Mais il y en a une bien plus
méchante. Elle se reconnaît par sa teinte jaune-orangée, tachetée de noir.
Une certaine espèce de coccinelle asiatique, répondant au doux nom
d’Harmonia axyridis, encore appelée asian ladybug ou multicolored
ladybug est importée vers l’Europe. Son utilité réside dans sa capacité de
lutte biologique contre différents insectes présents au sein des cultures
agricoles et des jardins potagers. Plus grandes que les coccinelles
autochtones européennes et de couleur différente, elles sont aussi plus
voraces. Elles mangent non seulement les insectes indésirables mais aussi
les larves de nos gentilles bêtes à bon dieu locales. Elles passent en général
la saison hivernale dans les maisons. Se déplaçant en essaims de plusieurs
centaines de milliers, elles sont capables de libérer lors de leur vol des
substances se présentant sous la forme d’un dépôt orangé nauséabond et
allergisant. Il peut y avoir alors apparition chez les sujets sensibilisés d’une
rhino-conjonctivite, une urticaire, une gêne respiratoire avec toux et crise
d’asthme ou même un choc anaphylactique. On peut retrouver une allergie
croisée avec la blatte. Les moyens de lutte contre les coccinelles sont, d’une
part, l’arrêt d’importation de ces insectes, et d’autre part, l’utilisation de
répulsifs à base de camphre ou de menthol. Il ne faut pas écraser ces
coccinelles sous peine de voir se libérer cette substance orange allergisante.

2 – Habitants des océans et rivières


De nombreux animaux aquatiques peuvent déclencher à leur contact des
réactions urticariennes. C’est le cas des méduses, des physalies, des
anémones de mer. Les premiers cas sont décrits en Floride. Le nageur
ressent des démangeaisons intenses lorsqu’il nage. Apparaissent ensuite des
papules, des pustules ou des vésicules aux plis de flexion (coudes et
genoux) ou sur les zones recouvertes du maillot de bain. L’évolution est
favorable en deux semaines. Cette dermatose est liée à la présence dans
l’eau de larves de cnidaires, en particulier une petite méduse en dé à coudre
appelée Linuche unguiculata (thimble jellyfish ou kea kea aux îles
Tuamotu) ou d’anémones de mer comme Edwardsiella lineata.
La dermite cercarienne ou « dermite des nageurs » survient plutôt en eau
douce (lacs et rivières). Les éruptions sont secondaires à l’infestation
humaine par les furcocercaires de la bilharziose des oiseaux aquatiques
(canard, héron). Les larves de ces parasites, excrétées par les mollusques
aquatiques contaminés par les déjections de ces oiseaux, traversent la peau
lors de la baignade. Cette dermite se présente sous la forme de plaques
rouges nombreuses qui persistent une dizaine de jours sur les zones non
couvertes par le maillot. La prévention la plus efficace réside dans la
baignade en eau suffisamment profonde. Prendre ensuite une douche et se
sécher le corps avec une serviette permettent de diminuer le nombre de
larves présentes sur la peau.
Marcher sur une plage pieds nus, c’est aussi le risque d’être en contact
avec l’aiguillon de la vive. Sa piqûre est très douloureuse et peut
occasionner un malaise. Le venin étant thermolabile, approcher le bout
incandescent d’une cigarette ou faire pipi sur la piqûre (si la localisation le
permet) limite la diffusion et donc l’inflammation. Désinfecter ensuite la
plaie et consulter si la douleur est trop importante.
D – 1, 2, 3, SOLEIL
« Vacances, j’oublie tout jusqu’à rien faire du tout… » : paroles d’une
célèbre chanson des années quatre-vingt ! Chaque année, l’époque des
congés est souvent synonyme de bronzage avec une exposition solaire
parfois trop intense. Le désir de rentrer chez soi avec une bonne mine se
solde dans certaines circonstances par des éruptions cutanées. Ce peut être
un coup de soleil pouvant aller jusqu’à la brûlure, une lucite ou une
photodermatose.
Selon le phototype de peau, la réaction au soleil est variable. Le risque de
coup de soleil est toujours plus important pour les peaux très blanches ou
claires. Une exposition solaire entraîne alors l’apparition de rougeurs, qui,
selon le temps et l’intensité d’exposition, s’accompagnent de vésicules ou
bulles, évoluant ensuite vers la desquamation. Pour palier ce problème,
l’utilisation de crèmes protectrices efficaces avec des indices allant jusqu’à
50 ou 50 + est conseillée. L’application est à renouveler toutes les trois à
quatre heures, et plus souvent en cas de baignade. Ces produits, contenant
des filtres solaires, peuvent être à l’origine de réactions comme un eczéma
de contact. Dans ce cas précis, des tests allergologiques sont à prévoir. Une
autre gamme solaire est ensuite conseillée par l’allergologue. Les allergènes
des filtres solaires incriminés varient au fil des ans. Les dibenzoylméthanes
sont mis en cause dans les années 1990. Depuis de nombreuses années,
c’est l’octocrylène qui est de plus en plus utilisé et dont il faut également se
méfier.

1 – Les lucites
Ce jeune couple vient de se marier. Le voyage de noces programmé depuis
quelques mois se déroule sous le soleil de la Martinique. Madame est ravie
d’étrenner ses petits maillots de bain sur la plage. Elle rêverait d’être
accompagnée de son mari. Seulement voilà, celui-ci fait une lucite estivale.
À chaque fois qu’il s’expose au soleil, apparaissent de grosses plaques
rouges sur les zones découvertes. Heureusement, le visage reste intact. Pour
résumer, ce séjour n’a pas été aussi idyllique que prévu. Monsieur a été
obligé de rester pendant quinze jours à l’ombre, puisque même les
excursions déclenchaient des crises. Depuis ce voyage mémorable, il
prévoit avant chaque séjour où le soleil est présent, un traitement par
antipaludéen de synthèse, prescrit par son médecin.
La lucite estivale bénigne est surtout décrite chez les jeunes femmes. Elle
se localise sur les zones découvertes (décolleté, avant-bras, face antérieure
des cuisses). Le visage est le plus souvent épargné. Ces lésions rouges et
prurigineuses réapparaissent tous les ans à chaque exposition au soleil. De
nombreuses solutions sont proposées pour en diminuer le risque : la
photothérapie chez le dermatologue avant le départ en vacances, la prise
d’un antipaludéen de synthèse, le bêta-carotène (quelle efficacité ?), les
cures de Photoderm en comprimés avant et pendant les vacances.
La lucite polymorphe survient plutôt pour des expositions moins intenses
dès les premiers rayons du soleil au printemps.
L’urticaire solaire, affection rare, est à distinguer de la lucite estivale
bénigne, bien qu’elle atteigne également la femme entre 20 et 40 ans. La
réaction au soleil est quasi immédiate (en moins de 15 minutes). Les lésions
d’urticaire prurigineuse se déclenchent pour des expositions très brèves
quelle que soit la saison. Elles sont associées à des manifestations générales
comme des maux de tête, vertiges ou sensations de malaise.

2 – Les photodermatoses
Les phénomènes de photodermatoses cutanées sont liés à l’association
d’une exposition solaire couplée à l’utilisation de
certains médicaments ou produits d’application locale photo-sensibilisants.
En découle une réaction dite phototoxique s’exprimant sous la forme d’une
brûlure du 1er ou 2e degré, plutôt due aux UVA. Elle survient chez de
nombreuses personnes prenant un traitement antibiotique comme les
cyclines ou fluoroquinolones, certains anti-inflammatoires comme le
kétoprofène, des diurétiques ou des antiarythmiques cardiaques telle
l’amiodarone.
Les phytophotodermatoses rentrent également dans ce cadre. La plus
représentative est la dermite des prés. Elle s’observe après un contact entre
la peau et l’herbe fraîche (lors de la tonte de la pelouse ou de siestes à
même le sol) couplé à une exposition solaire. Les lésions cutanées, très
prurigineuses, vésiculeuses ou bulleuses épousent la forme des feuilles. Une
pigmentation résiduelle peut persister ensuite pendant plusieurs mois ou
plusieurs années.
La dermite en breloque se développe en cas d’application de parfum ou
eau de Cologne avant de s’exposer au soleil. Le résultat est inesthétique et
indélébile. Il s’agit en effet d’une coloration brunâtre, persistante, prenant la
forme de la coulée de parfum déposée sur la peau.
La réaction photoallergique, quant à elle, se présente sous l’aspect d’un
eczéma ou d’une urticaire de contact. Si le produit sensibilisant est pris par
voie buccale, les lésions cutanées au soleil se localisent sur les parties
découvertes : le visage, les bras, les cuisses (l’été, c’est plutôt le short, le
bermuda ou la jupe qui sont portés). Quand le produit responsable est
déposé sur la peau, la réaction eczémateuse se limite alors aux zones
d’application. De telles réactions, en particulier avec le gel de kétoprofène
anti-inflammatoire, d’application locale, ont amené les autorités sanitaires à
les retirer du commerce depuis début 2010.
E – UN ASTHME QUI BASCULE
On considère qu’un asthmatique bien stabilisé par la prise régulière de son
traitement peut voyager quasiment partout. Certaines précautions doivent
cependant être respectées en cas de long trajet, de décalage horaire et en
fonction de la destination.
1. Il faut au préalable se renseigner sur les possibles facteurs déclenchant
des crises sur le lieu de villégiature (présence d’acariens, d’animaux,
altitude élevée, météo instable…).
2. Le spray bronchodilatateur prévu en cas de crise aiguë doit être à portée
de main, quel que soit le moyen de transport : aérien, ferroviaire, routier,
maritime.
3. Éviter la visite de villes fortement polluées comme Mexico, Athènes,
Pékin, etc.
4. Choisir une station de sports d’hiver en basse ou moyenne altitude est
préférable. Au-delà de 2 500 mètres, la baisse d’oxygène retentit
négativement sur l’état respiratoire.
5. Certaines activités sportives proposées dans les clubs de vacances sont
choisies en fonction des allergies connues. Pour exemple, on déconseille
l’équitation à un allergique au cheval ou une balade en traîneau pour un
allergique au chien.
6. La plongée sous-marine avec bouteille, pour l’asthmatique, est autorisée
au cas par cas. Avant d’envisager cette activité, il faut se rapprocher d’un
médecin du sport affilié FFESSM (Fédération Française d’Études et de
Sports Sous-Marins : www.ffessm.fr). La consultation permet d’évaluer
les possibles contre-indications et d’aboutir à la délivrance d’un
certificat d’aptitude.
F – AU BORD DE L’EAU
Les sports aquatiques, la natation, le ski nautique, etc. trouvent tout à fait
leur place durant les loisirs ou les vacances. Activité plutôt agréable, le
contact avec l’eau peut, dans certaines circonstances, devenir cause de
pathologies cutanées plus ou moins graves.

1 – L’urticaire au froid
Cette personne que nous appellerons Maurice décide de passer ses
vacances en Espagne. Le soleil, la plage, le repos, quel programme
séduisant ! Ce séjour tant désiré va se transformer en cauchemar. Il fait au
moins 40 °C dehors et la température de l’eau est à 28 °C. Maurice
commence à nager mais d’un seul coup,
il ne se sent pas trop bien. Il a du mal à regagner la terre ferme et sa femme
doit l’aider à marcher. Il est couvert de boutons et a failli tomber dans les
pommes. La différence de température entre l’eau et la chaleur extérieure a
déclenché chez lui une urticaire au froid avec un début de choc.
Lors d’immersion en eau de piscine ou eau de mer, apparaît rapidement
une urticaire. Ces lésions persistent quelques minutes à plusieurs heures
après la sortie de l’eau. Souvent confondue avec une hydrocution, cette
urticaire au froid peut s’accompagner de manifestations générales mettant
en jeu la vie. Pour cette raison, toute apparition d’urticaire ou de sensation
de malaise dans une piscine ou sur la plage implique une sortie rapide de
l’eau. Certaines circonstances préalables peuvent mettre la puce à l’oreille :
– un œdème des lèvres ou de la langue, des troubles de transit et douleurs
abdominales lors de l’ingestion de boissons fraîches ou d’aliments
glacés ;
– l’apparition d’urticaire ou d’œdème du visage et des mains en cas
d’exposition à un vent froid, à la pluie ou à la neige.
Dans de nombreux cas, aucune origine exacte n’est retrouvée. La
baignade, les sports d’hiver (ski, patin à glace, luge, etc.) sont déconseillés.
Cette urticaire physique peut durer plusieurs années et ensuite disparaître
sans séquelles. Un bilan allergologique est conseillé afin de confirmer le
diagnostic et d’en rechercher la cause (familiale, virale, etc.). Il repose sur
un bilan sanguin et la réalisation du test au glaçon. Il consiste à laisser sur la
peau durant quinze minutes un sachet contenant un glaçon mais il ne doit
jamais être fait chez soi. Le test est positif lorsqu’une urticaire de la forme
du glaçon apparaît.

2 – Autres dermatoses
Le prurit aquagénique est très caractéristique. On le reconnaît à
l’apparition de démangeaisons, sans lésion cutanée associée, lors d’un
contact avec de l’eau de mer ou de l’eau douce, et cela quelle que soit la
température.
D’autres dermatoses sont liées plutôt à l’utilisation d’additifs chlorés
dans l’eau de piscine dont le plus connu, la chloramine-T, est aussi
responsable de symptômes respiratoires. Cette substance, utilisée depuis
1916 comme désinfectant des piscines, libère environ 25 % de chlore actif
pour 1 mg dilué dans 400 mg d’eau. Les réactions respiratoires qu’elle
engendre sont, depuis 2003, reconnues en tant que maladie professionnelle
(du tableau 66 du régime général de la Sécurité sociale). L’ancienne
l’AFSSET (l’Agence Française de Sécurité Sanitaire de l’Environnement et
du Travail) a rendu, il y a quelques années, un rapport sur l’expertise des
risques sanitaires liés à la fréquentation des piscines publiques en France
(environ 16 000). Il en ressort que l’addition des produits de désinfection et
de la matière organique des nageurs entraîne la formation de produits
irritants et allergisants qui favorisent l’apparition de dermatites et de gênes
respiratoires. Le ministère de la Santé et des Sports invite alors les nageurs
à respecter certaines recommandations qui tombent sous le sens :
1. Ne pas fréquenter les piscines publiques en cas de plaie, de surinfection
de la peau ou de maladie transmissible.
2. Porter un maillot et un bonnet de bain propres.
3. Respecter les zones pieds chaussés/pieds nus et utiliser les pédiluves
(encore faut-il que ceux-ci soient propres !).
4. Passer aux toilettes avant d’accéder aux bassins et prendre une douche
avant et après le bain. On peut ajouter qu’il ne faut pas porter de
pansement qui va se décoller lors du séjour dans l’eau (il suffit de voir
ceux qui flottent dans certaines piscines), ne pas faire pipi ou se moucher
dans l’eau, etc. Ceux qui fréquentent les piscines savent de quoi je
parle…
L’AFSSET demande à l’époque également le classement des piscines
couvertes dans la catégorie « des bâtiments à pollution spécifique » et de
réglementer de façon plus précise les modalités de nettoyage et d’entretien.
Source : « Pollution chimique. Des risques sanitaires dans les piscines
publiques », Le Quotidien du Médecin, no 8789, p. 9

BON À SAVOIR
L’AFSSET fusionne en juillet 2010 avec l’AFSSA (lʼAgence Française
de Sécurité Sanitaire des Aliments) pour former l’ANSES (lʼAgence
nationale de sécurité sanitaire de lʼalimentation, de lʼenvironnement et du
travail).
G – LES ALLERGIES ALIMENTAIRES
EN VOYAGE
Gérer son allergie alimentaire chez soi n’est pas toujours aisé. Qu’en est-il
lors de déplacements hors du domicile ou à l’étranger ? L’allergique
voyageur ne peut alors pas totalement maîtriser son alimentation. Le risque
d’absorber un allergène sous forme masquée (le plus souvent l’arachide) est
quasi permanent.
L’étiquetage des denrées alimentaires pour 14 allergènes alimentaires les
plus fréquents est obligatoire en France. Mais rappelons que ce n’est pas le
cas dans tous les pays. Il faut alors se renseigner sur les habitudes
alimentaires du pays visité, avoir en sa possession une trousse d’urgence
avec, si nécessaire, un stylo d’adrénaline. La traduction de certains termes
médicaux dans la langue du pays visité ou en anglais est conseillée. En cas
d’urgence, ces références linguistiques peuvent être très utiles pour se faire
comprendre, trouver un médecin, un hôpital proche. Le système de SAMU
est loin d’exister dans tous les pays. L’allergique ne doit pas oublier, lors de
sa réservation, de prendre une assurance rapatriement.
Traduction de termes concernant les allergies alimentaires
Français Anglais Espagnol

Allergie alimentaire Food allergy Alergia alimentaria

Choc anaphylactique Anaphylactic shock Shock anafiláctico

Asthme Asthma Asma

Œdème laryngé Laryngeal œdema Edema de la laringe

Urticaire Urticaria Urticaria

Adrénaline Adrenaline, epinephrine Adrenalina

Arachide (cacahuète) Peanut Mani

Blé Wheat Trigo

Crustacés Crustaceans Crustáceo

Épices Spices Especias


Lait Milk Leche

Légumineuse Legumes Leguminosas

Moutarde Mustard Mostaza

Noisette Hazelnut Avellana

Fruits à coque Tree nuts Nuez

Noix de cajou Cashew Anacardos

Œuf Egg Huevo

Pistache Pistachio Pistachio

Poisson Fish Pescado, pez

Pomme Apple Manzana

Sulfites Sulfites Sulfitos

Source : Moneret-Vautrin D.A., Kanny G., Morisset M., Les allergies alimentaires de l’enfant et de
l’adulte, éditions Elsevier Masson, 2006.

En cas d’allergie à l’arachide, il faut prendre en compte la possibilité de


réaction allergique à bord des avions commerciaux. L’exposition
accidentelle à l’arachide est liée à la distribution, par le personnel
naviguant, de sachets de cacahuètes. Les allergènes se diffusent alors en
vase clos. En 2008, une étude concernant 471 passagers allergiques est
publiée. 41 d’entre eux sont confrontés à une réaction par ingestion ou
inhalation durant le vol. Dans 73 % des cas, c’est l’arachide qui est en
cause, suivie de près par les fruits à coque, le sésame et la noix. Seules
certaines compagnies informent les voyageurs sur la possible présence
d’allergènes lors du trajet. Ce risque peut également exister dans les
wagons-restaurants et toute zone collective où l’inhalation d’allergènes
d’arachide est possible.
L’avion constitue un espace hermétiquement clos où les systèmes de
pressurisation et de ventilation jouent un rôle important dans la diffusion
des particules allergisantes. Les réactions allergiques observées lors de vols
aériens sont essentiellement secondaires à l’ingestion de l’aliment lors du
vol ou à l’inhalation des allergènes présents dans l’air ambiant. Une étude
du Réseau d’Allergo-Vigilance français en 2014 met en avant les aliments
les plus souvent mis en cause. Du plus fréquent au plus rare, sont cités :
l’arachide, les fruits à coque, le sésame, l’œuf, le poisson et le lait de vache.
Dans les observations de cette étude, sont évoqués :
– le problème de la formation du personnel de bord sur les risques
inhérents aux allergies alimentaires et l’attitude à avoir en cas d’urgence
lors d’un choc anaphylactique ;
– la possibilité que l’allergique oublie de prévenir les hôtesses et stewards
de ses antécédents allergiques.
• Conseils pratiques
Pour tenter au maximum d’éviter des accidents graves liés à une allergie
alimentaire dans l’avion, il est recommandé :
– d’informer la compagnie aérienne de ses allergies alimentaires et des
risques potentiels qui en découlent ;
– d’être en possession d’un certificat médical bilingue avec le nom
commercial et le nom de la molécule des médicaments ainsi que
l’original de la prescription médicale, donnant la conduite à tenir en cas
de réaction grave.
L’allergique devra également être en possession d’une trousse d’urgence
avec la seringue auto-injectable d’adrénaline, un bronchodilatateur, un
corticoïde en comprimé ou en sirop, en fonction de l’âge. Cette trousse
devra être accessible à tout moment, à portée de main de l’allergique, en
cabine et non pas dans les bagages en soute. Il est également nécessaire de
vérifier avec le personnel de bord les ingrédients des plateaux servis lors du
vol. Quelques compagnies aériennes sont plus sensibilisées que d’autres
aux problèmes des allergies alimentaires. Une attention supplémentaire est
apportée lorsque la personne allergique est un enfant non accompagné.
Pour le personnel de bord, il serait idéalement nécessaire qu’il dispose du
plan d’action proposé par la World Allergy Organization (WAO) qui résume
la conduite à tenir en cas de choc anaphylactique. La nécessité d’un
déroutage de l’avion, pour une réaction allergique majeure avec un risque
vital, est de la responsabilité d’un commandant de bord. La pharmacie, à
bord de l’avion, devrait principalement contenir de l’adrénaline auto-
injectable, un antihistaminique, un bronchodilatateur, de la cortisone et un
tensiomètre. Les allergiques n’ont parfois pas à disposition leur trousse
d’urgence. Pour cette raison, le stylo d’adrénaline doit absolument être à
portée de main et pas dans la soute ou au fond d’une valise.
À l’étranger, il faut toujours être vigilant quant à la conservation et la
cuisson du poisson. Une mauvaise préparation de cet aliment porteur du
parasite appelé Anisakis simplex peut entraîner une réaction allergique
confondue parfois avec l’allergie au poisson qui le contient. Elle se traduit
par une urticaire, un œdème avec des douleurs abdominales et parfois un
choc. En réalité, la congélation et la cuisson enlèvent le potentiel infectieux
de l’Anisakis simplex, sans en retirer son caractère allergisant. Des troubles
intestinaux, neurologiques avec risque cardiaque et respiratoire dans les 12
heures suivant l’ingestion de poisson des récifs coralliens sont dus à la
présence d’une algue toxique : Gambierdiscus toxicus. En cas d’allergie
avérée à l’œuf, il faut garder à l’esprit que cet aliment peut être présent dans
les plats sous forme de liant, d’émulsifiant ou de coagulant. Chez les sujets
sensibilisés, le vaccin contre la fièvre jaune, cultivé sur un milieu enrichi en
œuf, est effectué avec précaution, si nécessaire en milieu hospitalier avant
le départ.
H – LA TROUSSE À PHARMACIE À
EMPORTER
Avant tout départ en vacances, en France ou à l’étranger, il est important
de consulter son médecin traitant ou l’allergologue pour plusieurs raisons :
1. Faire le point sur la stabilité de la maladie allergique ou asthmatique.
2. Obtenir une ordonnance sur le traitement habituel et une ordonnance à
utiliser en cas d’urgence. Elles doivent comporter avec précision le mode
d’administration, la posologie quotidienne, le nom des médicaments
avec impérativement le nom de la molécule qui les compose sous la DCI
(Dénomination Commune Internationale). Chaque pays peut avoir les
mêmes médicaments commercialisés sous des noms différents.
3. Le traitement doit être, si nécessaire, renforcé durant le séjour. Il faut
toujours tenir compte du décalage horaire pour les prises
médicamenteuses.
4. En ce qui concerne la désensibilisation, mieux vaut éviter d’emmener
ses injections à l’étranger. Il est plus raisonnable d’effectuer les
injections avant le départ et au retour. Dans le cadre du traitement de
fond de la désensibilisation, deux injections peuvent être espacées
d’environ cinq à six semaines. Pour la désensibilisation sublinguale, le
problème ne se pose pas. Le patient dispose de ses flacons et peut les
garder dans le réfrigérateur de l’hôtel ou du lieu de vacances.
5. Partir en toute tranquillité, c’est aussi avoir en sa possession les
numéros d’urgence préprogrammés sur son portable en France ou à
l’étranger, posséder des renseignements sur l’hôpital le plus proche et le
formulaire E111 ou la Carte Européenne d’Assurance Maladie (CEAM).
Ce système permet, à l’étranger, tout du moins en Europe, de bénéficier
de la prise en charge des soins médicaux. Renseignez-vous auprès de la
caisse primaire d’Assurance maladie ou par le biais du site
www.ameli.fr.
6. Pour les médicaments, mieux vaut privilégier les comprimés ou les
gélules aux sachets ou aux sirops en flacon. En emporter une quantité
suffisante est une précaution supplémentaire. Certains événements
imprévisibles peuvent prolonger le séjour, comme cela a été le cas en
avril 2010. Le trafic aérien totalement paralysé, le calcul trop juste du
nombre de comprimés emportés, ont mis certains dans l’embarras.
Hormis son traitement habituel et les médicaments classiques, quelques
indispensables à prendre dans ses bagages : paracétamol, antispasmodiques,
digestifs, antivomitifs, anti-diarrhéiques, pansements gastriques,
antibiotiques, cortisone en crème, anxiolytiques légers. Une personne
allergique doit inclure dans la trousse à pharmacie un antihistaminique et de
la cortisone en comprimés. Ils existent désormais en prise sublinguale. Le
stylo auto-injectable d’adrénaline et un spray bronchodilatateur sont
transportés à portée de main. Plus question maintenant d’emmener ciseaux,
pince à épiler, etc. Dans certains pays, ils peuvent vous être confisqués à la
douane. Pour les petits bobos, pansements, sparadraps et compresses
doivent faire partie du voyage ainsi que les crèmes solaires et les soins
après-soleil. Il n’y a plus ensuite qu’à souhaiter bonnes vacances et en cas
de « plus si affinités », ne pas oublier le préservatif, avec ou sans latex (cf.
paragraphe concerné).
CHAPITRE VI

LOISIRS ET ALLERGIES
Cinq fruits et légumes par jour, couplés à une activité physique trois
fois par semaine garantissent une bonne qualité de vie. Le sport
pratiqué en milieu scolaire est ensuite souvent abandonné en fac à
cause des études ou de l’engagement dans la vie professionnelle.
Cependant, la sédentarité est l’ennemie contre laquelle il faut lutter,
certes avec plus ou moins de volonté. Le sport, c’est combattre le stress,
la surcharge pondérale, l’hypertension artérielle et les problèmes
cardiovasculaires. C’est aussi améliorer sa capacité respiratoire,
surtout chez les allergiques et les asthmatiques. Il n’est aucunement
question chez eux de contre-indiquer l’activité physique, au contraire.
Parfois, des aménagements sont cependant à apporter : ne pas faire de
cheval lorsqu’on est allergique à cet animal, avoir un entraînement
progressif laissant au corps le temps de s’adapter à l’effort. Si ces
précautions semblent tomber sous le sens, il est toujours bon de les
rappeler. Certains ne sont pas aussi raisonnables que l’on pourrait le
penser ! L’allergie peut toutefois, dans certaines circonstances, être un
écueil à la pratique de certains sports.
A – ANAPHYLAXIE INDUITE PAR
L’EFFORT
L’allergie alimentaire à l’effort est une manifestation encore trop
méconnue. La réaction fait suite à une activité physique (constituant le
facteur déclenchant) précédée de l’ingestion d’un aliment au maximum
quatre heures plus tôt. Ce phénomène cependant n’est pas systématique
chez les personnes présentant une allergie alimentaire.

Donc pour certains allergiques :


– l’aliment ingéré seul = pas de danger ;
– l’aliment ingéré suivi d’un effort = réaction allergique garantie.

La première description de cette pathologie est publiée en 1979. La réaction


survient en général 15 à 30 minutes après le début de l’effort mais certains
symptômes peuvent attirer l’attention dans un délai plus court. Il s’agit de
démangeaisons des paumes de mains et des plantes de pieds, de douleurs
abdominales associées à des rougeurs et une urticaire suivant l’évolution.
L’arrêt de l’effort entraîne la régression de ces signes. Par contre, si l’effort
se poursuit, les signes s’aggravent pour aboutir à une urticaire généralisée,
un œdème, une gêne respiratoire pouvant même aller jusqu’à l’arrêt cardio-
respiratoire et le décès. Certains éléments extérieurs peuvent rendre cet
épisode encore plus rapide. Il s’agit de médicaments comme l’aspirine, les
bêta-bloquants, l’ingestion concomitante de boissons alcoolisées ou une
chaleur ambiante excessive.
Les aliments en cause sont variés (blé, crustacés…). Dans les cas décrits, on
note toutefois la prédominance de l’ingestion de céréales, comme le blé
avant l’effort. Il peut s’agir de la consommation de pain, de pâtes
alimentaires mais également de céleri, de fruits de mer, de tomate, de
lentilles, de certains fruits, de lait, d’œuf, de châtaigne, de cacahuètes. La
prise de certains médicaments avant l’effort peut déclencher le même type
de réaction. Les sports incriminés sont souvent pratiqués de façon intensive
comme le jogging, le tennis, le squash, l’aérobic, la danse, le foot ou le
rugby, le vélo…
Le diagnostic allergologique repose, dans un premier temps sur un
interrogatoire minutieux relevant la chronologie des événements, leur
fréquence et l’existence d’un aliment déclencheur. Des tests allergologiques
sont ensuite réalisés avec l’aliment suspecté. S’ils se révèlent négatifs, seul
le test d’épreuve d’effort en milieu hospitalier est décisif. Ne jamais faire un
test de provocation, de quelque nature que ce soit, de façon individuelle,
chez soi, sans surveillance médicale.

Pour éviter les rechutes :


– attendre au moins trois heures entre un repas et un effort ;
– ne pas pratiquer de sport pendant les fortes chaleurs ;
– éviter les alcools, les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les
traitements antihypertenseurs de type inhibiteurs de l’enzyme de
conversion et bêta-bloquants qui favorisent les allergies ;
– choisir son alimentation avant le sport ;
– faire attention à l’étiquetage alimentaire pour éviter toute présence
masquée de l’allergène responsable dans l’alimentation ;
– avoir avec soi une trousse d’urgence avec de l’Anapen et en connaître
le mode d’utilisation ;
– ne jamais partir seul(e) faire un jogging ;
– avoir avec soi son portable avec le numéro d’urgence 112
préprogrammé.
B – ASTHME ET ACTIVITÉS
PHYSIQUES
Penser qu’allergie et asthme ne riment pas avec sport serait une grave
erreur. Gardons toujours en mémoire les performances d’un célèbre
asthmatique : le nageur Mark Spitz. Il a accompli lors des Jeux olympiques
de 1972 l’exploit d’obtenir sept médailles d’or. La pratique régulière d’un
sport est toujours bénéfique pour l’organisme. Il suffit de prendre quelques
précautions pour en profiter pleinement. Faire cependant la distinction entre
l’asthme induit par l’exercice et un asthme préexistant déstabilisé par la
pratique d’un sport est impératif.

1 – Chez les athlètes


L’asthme induit par l’exercice se rencontre plus volontiers chez les sportifs
de haut niveau de renommée nationale ou internationale. On estime que lors
des Jeux olympiques de 1984 à Los Angeles, la fréquence de l’asthme chez
les athlètes était de 11 %, aux JO d’Atlanta en 1996 elle s’élevait à 16,7 %.
Les premiers cas sont observés chez des skieurs de fond, d’autres sports ont
ensuite été mis en cause comme le cyclisme, la natation, les sports collectifs
d’extérieurs ou l’endurance. On remarque qu’en général, cet asthme est
favorisé par les activités privilégiant vitesse et puissance et se déroulant
plutôt dans une atmosphère sèche et froide. Toutefois, l’humidité et la
présence d’irritants comme les substances chlorées des piscines sont
également incriminées.
À l’origine de ce phénomène, deux hypothèses physiopathologiques sont
posées.
1. L’hypothèse thermique relie l’hypercontraction des bronches à un
phénomène de refroidissement de l’arbre pulmonaire à une
hyperventilation en milieu froid.
2. L’hypothèse osmotique considère que l’hyperventilation due à l’effort
en milieu sec entraîne une déshydratation de la muqueuse des bronches,
entraînant une inflammation locale et un bronchospasme. Ces deux
hypothèses peuvent vraisemblablement être intriquées.
Les symptômes débutent en général durant l’effort ou une dizaine de
minutes après son arrêt. Il s’agit d’un essoufflement, de sifflements
pulmonaires ou d’une sensation d’oppression thoracique avec une toux. Il
s’agit d’une phase précoce persistant environ une heure et cédant
spontanément. Après une période réfractaire sans symptômes, ces crises
peuvent réapparaître après l’exercice. Le diagnostic repose sur une batterie
d’examens dont le test à l’effort fait partie. Ils sont souvent effectués dans
des centres spécialisés pour sportifs de haut niveau.

2 – Un effort chez l’asthmatique


L’asthmatique mal équilibré par un traitement de fond inadapté, peut, lors
d’efforts modérés ou de la pratique sportive, déclencher une crise. C’est
souvent le cas des enfants porteurs d’un asthme modéré, parfois méconnu,
qui déclenche une gêne respiratoire lors de la course d’endurance en milieu
scolaire. Ces séances sont malheureusement souvent effectuées en période
automno-hivernale, entre septembre et décembre. À cette époque de
l’année, le climat n’est pas toujours propice à ce genre d’activité mal
préparée par un échauffement préalable.

3 – Et l’équitation ?
L’allergène majeur du cheval Equ c1 est très agressif. Par contact direct
avec l’animal ou indirect par le biais des vêtements portés par le cavalier, il
est à l’origine de symptômes oculaires ou respiratoires. L’asthme en est un
des risques majeurs. Cette allergie touche les cavaliers amateurs et à plus
forte raison les professions équestres : palefreniers, lads, jockeys. Au club
d’équitation, il faut faire la part des choses entre l’allergie au foin ou aux
moisissures présentes dans le box et les réactions liées au cheval. Seule la
consultation allergologique peut, par les tests, établir le diagnostic avec
certitude. En cas d’allergie avérée, l’équitation est contre-indiquée ainsi que
le contact avec tout objet ayant un lien direct avec le cheval ou le poney.
Rappelons que le bashkir curly, cheval frisé importé des USA, pourrait être
monté par certains asthmatiques. Cela demande à être validé par le monde
allergologique (cf. passage sur le cheval page 50).
4 – La plongée sous-marine
Chez l’asthmatique, les conditions de pratique de la plongée avec bouteille
en activité loisirs ou club licencié sont réglementées et citées sur le site de
la Commission médicale et de prévention de la FFESSM (Fédération
Française d’Études et de Sports Sous-Marins) : http://medical.ffessm.fr. Y
sont répertoriés : les exclusions totales, le bilan pneumologique en cas
d’asthme léger, le répertoire des médecins fédéraux par région.
Critères d’évaluation après la visite du pneumologue et les EFR
(Explorations Fonctionnelles Respiratoires) avant 2014.

En 2014, les recommandations sont quelque peu modifiées.


Il s’agit désormais pour pouvoir rédiger un certificat de non contre-
indication à la plongée sous-marine chez l’asthmatique, de respecter ces
trois conditions :
1. Un asthme bénin, ou parfaitement contrôlé sous traitement, et sans
antécédents de crises modérées à graves et/ou brusques, spontanément ou
sous l’influence d’un facteur déclenchant tel que l’effort ou le froid,
incluant les conditions de plongée.
2. Une spirométrie normale, avec les critères suivants mesurés en état
stable, reste le seul examen systématique exigible. La courbe débit volume,
doit montrer des résultats normaux (100 % des valeurs théoriques avec plus
ou moins deux déviations standard) . En pratique, il s’agit d’exiger un
VEMS et une CVF > 80 % des valeurs théoriques, VEMS/CVF > 75 %,
DEM 25-75 > 70 % rapportés aux valeurs théoriques.
3. Renoncer à la plongée en période d’instabilité symptomatique de
l’asthme, et attendre au moins 48 heures, et jusqu’à 7 jours si nécessaire,
après une crise d’intensité modérée.
Source : http://medical.ffessm.fr/wp-content/uploads/argumentaire-asthme-2014.pdf

VEMS : Volume Expiratoire Maximum Seconde


CVF : Capacité Vitale Forcée
DEM 25-75 : Débit Expiratoire Maximum qui permet de détecter une
obstruction distale des bronches
Les valeurs théoriques sont basées sur le poids, la taille de l’individu et
d’autres critères comme le tabagisme.

BON À SAVOIR
Principes de base à respecter
La pratique du sport doit toujours être précédée d’un examen clinique
préalable validé par un certificat médical. L’asthmatique peut pratiquer
une activité sportive à condition d’avoir un traitement équilibré. La prise
d’un bronchodilatateur dans les minutes qui précèdent le sport est une
solution facile à exécuter et très efficace.
Tout athlète asthmatique ou non, qui participe à des compétitions
soumises à la réglementation sur le dopage doit respecter la législation.
Les bronchodilatateurs, dans différentes circonstances, sont considérés
comme des substances dopantes. Seuls sont autorisés certains
médicaments dont la liste est connue du médecin du sport. D’autres sont
interdits en compétition. Pour en savoir plus, se connecter sur les sites
suivants :
– Ministère de la santé, de la jeunesse et des sports :
www.santesport.gouv.fr ;
– l’Agence française de lutte contre le dopage : www.afld.fr
Parfois, les substances interdites sont cependant autorisées après la mise
en place d’une procédure particulière d’Autorisation d’Usage à fin
Thérapeutique (AUT), obtenue selon des critères stricts auprès d’un
médecin référent.
Source : https://sportifs.afld.fr/wp-content/uploads/sites/3/2015/11/Formulaire-AUT.pdf
C – LE SPORT DANS LA PEAU
1 – L’urticaire cholinergique
Benjamin, 16 ans, a une passion : le football américain. Il le pratique
depuis quelques années. Allergique connu et désensibilisé aux acariens, il
va bien jusqu’au jour où débutent de nouveaux ennuis de peau. À chaque
entraînement, il se couvre de boutons d’urticaire qui l’empêchent d’aller
jusqu’au bout de la séance. Dès l’arrêt de l’activité, l’éruption disparaît en
trois quarts d’heure. C’est une urticaire cholinergique. De nombreux
antihistaminiques à prendre avant la séance ont été testés sans succès. Un
seul d’entre eux a permis à Benjamin de continuer le sport sans toutefois
faire disparaître totalement l’éruption.
Il ne se gratte plus et l’urticaire beaucoup plus modérée ne le dérange plus.
Ce n’est pas le même schéma pour toutes les personnes concernées.
L’effort, comme la chaleur ou le stress, peut déclencher une poussée
d’urticaire appelée cholinergique. Croire que l’urticaire n’a qu’une origine
est une erreur. Il y a les urticaires médicamenteuses, alimentaires, par
piqûre d’insecte, infectieuses, aux animaux, génétiques, immunitaires, de
contact… L’urticaire cholinergique, pour sa part, fait partie des urticaires
physiques au même titre que l’urticaire au froid, l’exceptionnelle forme
retardée à la pression, l’urticaire solaire ou le dermographisme.
L’urticaire cholinergique se localise le plus souvent sur la partie supérieure
du corps, sous la forme de petites papules rouges très prurigineuses. Elles
apparaissent très rapidement après le début de l’effort et régressent environ
une heure après son arrêt. Exceptionnellement, elles s’accompagnent de
douleurs abdominales, de troubles du transit ou de gêne respiratoire.
L’urticaire cholinergique serait plutôt déclenchée par l’exercice physique
favorisant la sudation ou par un bain très chaud. Les démangeaisons
déclenchées peuvent être un handicap pour la pratique du sport. La prise
d’antihistaminiques avant l’effort est une solution proposée en prévention.
À un degré moindre, ce type d’urticaire se rencontre chez les jeunes
femmes « timides ou sensibles ». On l’appelle alors l’érythème pudique
puisqu’il se localise uniquement sur le décolleté et le cou.
2 – L’eczéma
• Aggravation de l’eczéma atopique
La pratique du sport chez un sujet porteur d’un eczéma atopique peut
l’aggraver. La sudation et la natation dans des eaux chlorées constituent des
facteurs irritants. Elles peuvent déclencher de nouvelles poussées aiguës ou
rendre la peau beaucoup plus sèche. Pour palier ce type de problèmes, une
douche avec un savon surgras suivie de l’application d’une crème
émolliente sont indispensables après le sport.
• L’eczéma de contact

BON À SAVOIR
Voir apparaître un eczéma de contact dans le cadre de loisirs sportifs, à
chaque séance, implique une consultation allergologique. Des tests
seront effectués avec une batterie standard et les éléments utilisés lors de
cette activité.

Les accessoires de sport sont parfois à l’origine d’allergies de contact


provoquées par certains composants. Ce sont souvent des réactions au
caoutchouc et à ses additifs qui sont responsables. On peut voir apparaître
des allergies de contact aux lunettes de natation, au matériel de plongée
(masque, tuba ou combinaison en néoprène), au pince-nez, aux bouchons de
protection pour les oreilles, au bonnet de bain, aux élastiques de maillot de
bain, aux wishbones des planches à voile. La résine para-tertiary
butylphénol formaldéhyde (PTBP) contenue dans les colles utilisées pour
colmater les déchirures des combinaisons est aussi mise en cause.
Le formaldéhyde et ses dérivés sont eux aussi contenus dans les protège-
tibias, les genouillères, les bandages adhésifs. Certaines résines entrent dans
la composition des casques dont le port est obligatoire pour différents sports
(cyclisme, hockey, ski, etc.). Sans oublier les possibles réactions de contact
aux baumes décontracturants, anti-inflammatoires ou analgésiques de
contact utilisés avant ou après le sport.
La main du pêcheur
Ce jeune homme est un fervent adepte de la pêche. Il prépare lui-même
ses appâts en plaçant ses vers de différentes couleurs sur l’hameçon.
Depuis deux ans, il se plaint d’avoir l’extrémité des doigts, en contact
avec l’appât, qui gonfle après la pêche. Ses doigts deviennent ensuite
très secs et fissurés faisant évoquer ce que l’on appelle une pulpite.
Lorsqu’il ne pêche pas, l’hiver, ses doigts redeviennent normaux. De
nombreux tests allergologiques sont réalisés et confirment une dermite
de contact aux protéines d’asticots.
Source : Brault F., Poreaux C., Waton J., Schmutz J.-L., Barbaud A., « Dermite de contact aux
protéines d’asticot chez un pêcheur », Annales de Dermatologie et de Vénéréologie, vol. 143,
décembre 2016, p. S218.
D – ALLERGIES ET NOUVELLES
TECHNOLOGIES
Chaque jour, nous sommes en contact avec des objets faisant partie de ce
que l’on appelle les nouvelles technologies. Hormis d’éventuels problèmes
fonctionnels liés à l’utilisation, de nombreux phénomènes allergiques ont
été mis en évidence, liés le plus souvent à la présence de métaux dans ces
objets.

1 – L’ordinateur
Des manifestations cutanées liées à l’utilisation prolongée et régulière de
la souris d’ordinateur sont observées sur la pulpe des doigts ou sur la paume
de la main qui touche le clavier. L’apparition des lésions est favorisée par la
transpiration, la friction répétitive de la peau sur les matériaux d’ordinateur.
L’apparition d’un épaississement un peu jaunâtre de la face interne du
poignet est observée chez 50 % des utilisateurs. Il peut donc s’agir d’une
irritation mais aussi de phénomènes allergiques, surtout sur la paume de la
main par contact avec la souris ou le caoutchouc du tapis de souris où
repose le poignet.
La « dermite du travailleur nomade » ou « dermite a calore » est liée
principalement à l’utilisation d’un ordinateur portable. Elle est encore
appelée dermite des chaufferettes, dont l’origine est liée à des coutumes
ancestrales, chinoises ou tibétaines. Certaines habitudes, comme prendre ses
repas sur des plateformes en briques chauffées, entraînaient des réactions
cutanées. La dermite du travailleur nomade est produite par la source de
chaleur liée à l’utilisation prolongée et répétée d’un ordinateur portable
posé sur les cuisses. Apparaît dans un premier temps une simple rougeur
qui, progressivement avec l’utilisation, va être remplacée par des plaques
brunâtres (apparition entre deux semaines et un an, en fonction de la
fréquence d’utilisation), asymétriques majorées du côté du ventilateur de
l’ordinateur. Le traitement consiste à s’isoler de la source de chaleur en ne
posant plus l’ordinateur portable sur les genoux, mais en utilisant un
coussin de support stabilisateur et surtout, thermoprotecteur. Cette dermite
des chaufferettes est également observée lors d’utilisation de bouillottes, de
briques chaudes, de couettes chauffantes ou pack chauffant, de bains trop
chaud, de chauffage d’appoint.

2 – Le téléphone portable
L’utilisation du téléphone mobile de façon quotidienne entraîne des
pathologies dites mécaniques mais également des phénomènes allergiques.
L’hypersollicitation du pouce lors de la rédaction de SMS ou d’autres
messages privés ou publics sur les réseaux sociaux peut, plus ou moins à
long terme, entraîner l’apparition de tendinites. L’utilisateur ressent alors
une douleur des pouces et des poignets. Peuvent également être observées
des douleurs cervicales ou dorsales, liées à la position courbée du cou lors
de la rédaction de textos. Sur le plan cutané, une hyperkératose peut
également être observée avec l’épaississement de la peau aux zones de
contact avec les touches du smartphone.
L’apparition d’un eczéma de la joue ou des mains en contact avec le
téléphone peut faire suspecter une allergie au nickel. Si le smartphone est
positionné sans coque de protection dans la poche du pantalon, les lésions
peuvent également apparaître sur les cuisses, le nickel traversant le tissu. Le
taux de nickel peut varier d’un téléphone portable à l’autre. Jusqu’à
maintenant, la législation européenne n’autorisait que des produits
contenant moins de 0,5 µg/cm2 de nickel. À un détail près, les téléphones
portables ne font pas partie de la liste concernée. À partir de 2009, cette
législation a été modifiée interdisant ainsi la vente de smartphones libérant
du nickel. Un autre métal peut être incriminé dans l’apparition de ces
lésions d’eczéma de contact, il s’agit du chrome.
Un phénomène plus exceptionnel est publié par une équipe japonaise en
2002. L’étude démontre l’accentuation de la positivité des tests cutanés
après l’utilisation d’un téléphone portable pendant une heure et donc une
exposition aux ondes de téléphonie mobile. Les deux hypothèses posées
lors de cette expérience sont d’une part l’induction d’un stress plus élevé,
lié à la longueur de la conversation téléphonique chez les atopiques, ou par
l’action directe des ondes de radiofréquence. D’autres publications sont
nécessaires pour trancher.
3 – La cigarette électronique
Depuis quelques années, la cigarette électronique a fait son apparition.
Elle est considérée comme une solution à l’arrêt du tabac. Il faut cependant
pouvoir se pencher sur les phénomènes irritants ou allergisants de ce
système de substitution. En raison de la présence de métaux sur le
mécanisme, le risque d’eczéma de contact à la cigarette électronique est
évoqué. Un premier cas a été décrit chez une vapoteuse ayant des
antécédents d’allergies de contact aux bijoux fantaisie. Elle a vu apparaître
au niveau du pouce et de l’index droit, un eczéma rouge et sec, envisagé
comme une allergie au nickel de la cigarette. L’utilisation fréquente de
l’objet a favorisé sa corrosion et, par voie de conséquence, la libération du
nickel. D’ailleurs, la recherche de nickel est ensuite effectuée sur différents
modèles de cigarettes électroniques avec quasiment systématiquement la
présence de ce métal.
La « vapoteuse » permet normalement de délivrer de la nicotine sous
forme de vapeur et donc sans fumée. Il faut cependant évoquer, hormis la
nicotine, la présence d’autres substances dans le liquide délivré par la
cigarette électronique. Il s’agit de propylène glycol, de glycérol dans 75 %,
d’eau et d’arômes. Le propylène glycol est un produit utilisé dans le liquide
de refroidissement des voitures comme antigel et paradoxalement comme
excipient dans les médicaments. Étant évoqué comme une substance à
l’origine d’eczéma de contact, on peut se poser la question de son innocuité
sous forme inhalée chez des personnes sensibles, asthmatiques ou
présentant une bronchite chronique. D’infimes particules de métaux tels que
le nickel, le kalium provenant de la combustion des joints de la vapoteuse
sont libérés.

4 – Casques et bracelets connectés


Le port du casque audio déclenche, rarement mais sûrement, chez certains
utilisateurs, un eczéma localisé sur les oreilles, comme ce cas décrit en 2011
avec une allergie au caoutchouc des écouteurs. De plus en plus de montres
connectées voient le jour. Qu’en sera-t-il des risques de réactions sur le
poignet ? L’avenir nous le dira.
CHAPITRE VII

ALLERGIES AU TRAVAIL
« Le travail c’est la santé, rien faire c’est la conserver », chante Henri
Salvador. Ces paroles prennent tout leur sens en cas d’allergie
professionnelle. Il ne faut, en effet, pas oublier que le lieu de travail et
les matériaux utilisés sont grands pourvoyeurs d’eczéma et d’asthme.
En raison des enjeux économiques pour le salarié concerné, les critères
de diagnostic très rigoureux sont soumis à une législation stricte.
L’employé, selon les cas, peut être licencié, changer de poste ou voir
celui-ci adapté à son handicap.
A – L’ECZÉMA DE CONTACT
PROFESSIONNEL
Marcel est maçon depuis plusieurs décennies. Il affronte sans broncher les
intempéries et les conditions parfois difficiles de son travail. Mais là, c’en
est trop. Ses mains se fissurent, deviennent très sèches et parfois suintent. Il
lui est même difficile de plier les doigts tellement elles sont abîmées et
gonflées. Au début, la cortisone prescrite par le médecin en crème le
soulage. Il y a une semaine, on a dû le mettre en arrêt. Il exerce un métier
manuel. Ses mains qui sont son principal outil de travail n’en peuvent plus
et lui non plus. Le bilan confirmera le caractère professionnel de son
allergie liée à la manipulation du ciment.
La fréquence des dermatoses liées à l’emploi est estimée à 20 % des
déclarations de maladies professionnelles. Leur aspect et localisation
peuvent varier en fonction des allergènes responsables et du métier exercé.
La difficulté du diagnostic réside dans la preuve dʼimputabilité des produits
manipulés sur le lieu de travail. Lʼapparition des lésions cutanées rythmée
par l’activité, le délai de prise en charge et le résultat des tests épicutanés
constituent les éléments essentiels de la déclaration de maladie
professionnelle, étape essentielle du reclassement.

1 – Aéroporté, manuporté ou par contact direct


De mécanisme retardé, lʼeczéma professionnel apparaît directement sur les
zones de contact avec lʼallergène. Le plus souvent localisées sur la face
dorsale des mains, les lésions peuvent être transposées à distance sur le
corps ou le visage par leur intermédiaire. Lʼatteinte par voie aéroportée des
zones découvertes est liée à la présence dʼallergènes volatils. Lʼeczéma de
contact des surfaces couvertes est, lui, favorisé par la manipulation
dʼallergènes dits « particulaires ». Les colles cyanoacrylates, les poussières
de bois ou de métaux et la fumée de soudure en représentent les principaux
responsables.

2 – Des aspects cliniques variés


Les phases évolutives de lʼeczéma de contact professionnel
(érythémateuse, vésiculeuse, suintante et desquamative) peuvent se
succéder ou se superposer les unes aux autres. En cas de contact
allergénique régulier et prolongé, on observe un épaississement de la peau.
Dʼautres aspects particuliers sont
à connaître :
1. La forme hyperkératosique concerne essentiellement la paume des
mains en cas dʼallergie à lʼisopropyl phényl paraphénylènediamine
(IPPD), antioxydant du caoutchouc des pneus. Lʼatteinte de la pulpe des
doigts sʼassocie souvent à un épaississement de la peau sous les ongles
chez les artisans utilisant les résines époxy, chez les horticulteurs
manipulant des plantes contenant des lactones sesquiterpéniques, chez
les dentistes travaillant avec des résines métacrylates contenues, par
exemple, dans les prothèses dentaires.
2. La forme lichénoïde, observée dans les cas dʼallergie aux révélateurs
photographiques ou aux additifs de caoutchouc, simule une maladie
dermatologique auto-immune, appelée lichen plan. Le dermatologue
apporte avec certitude le diagnostic par différents examens mis à sa
disposition, en particulier une biopsie de peau.
3. La forme dite lymphomatoïde est rencontrée lors de la manipulation de
végétaux ou de colorants azoïques. Elle se définit par des lésions rouges
et épaissies.
4. Lʼeczéma de contact aux protéines alimentaires (viandes, poissons,
légumes) se développe dans les minutes qui suivent leur manipulation.
Les métiers de lʼalimentation et
de la restauration représentent les professions à risque.
5. La forme dyshidrosique atteint préférentiellement la paume des mains
des masseurs kinésithérapeutes manipulant, par exemple, des pommades
anti-inflammatoires. Elle est reconnaissable par l’apparition de petites
vésicules qui grattent énormément sur la paume des mains et entre les
doigts.

3 – Des facteurs favorisants


Le facteur dʼirritation est la cause d’environ 50 à 80 % des dermites
professionnelles. Leur fréquence varie en fonction du métier concerné. Sur
une peau irritée, la barrière cutanée hydrolipidique est détruite. La
disparition de cette protection représente un terrain propice à lʼapparition
dʼun eczéma de contact en facilitant la pénétration des allergènes. C’est le
cas de la classique « dermite des ménagères » au contact de produits
irritants et détersifs. Les apprenti(e)s coiffeurs et coiffeuses, en raison de
contacts fréquents avec les shampoings et lʼeau à différentes températures
sont aussi victimes de ce phénomène, à ne pas confondre avec une vraie
allergie. Contrairement à lʼeczéma de contact dʼatteinte individuelle, la
dermite irritative touche plusieurs personnes dʼune même entreprise. Les
dermites dʼusure induites par des micro-traumatismes répétés chez les
travailleurs manuels sont également impliquées.

4 – Comment le prouver ?
Lʼinterrogatoire constitue une étape primordiale dʼorientation dans le
diagnostic dʼeczéma professionnel. Il permet de préciser la nature des
produits utilisés (matériaux solides ou volatils), les gestes exécutés sur le
lieu de travail, la localisation initiale des lésions (sur la main prédominante
par exemple, préférentiellement à droite chez un patient droitier).
Lʼévolution des lésions cutanées, rythmée par le travail, est un argument
supplémentaire qui permet dʼétayer le diagnostic. Il faut cependant ne pas
oublier de faire préciser au patient la nature de ses loisirs durant les congés,
ou les week-ends. Ceux-ci (bricolage, jardinage, etc.) peuvent interférer
dans la pérennisation des lésions. Les tests en patch sʼeffectuent avec la
batterie standard européenne ICDRG et des batteries complémentaires
choisies en fonction de la profession. Certains produits utilisés par le patient
dans le cadre professionnel peuvent être également testés, tout en prenant
les précautions de rigueur quant à leur nature irritative, toxique, etc. Les
fiches techniques fournies par le médecin du travail sont une aide précieuse
pour obtenir ces renseignements.

BON À SAVOIR
Il arrive parfois que des futur(e)s apprenti(e)s coiffeurs ou coiffeuses
viennent consulter en demandant un certificat les autorisant à pratiquer
dans le futur cette profession. Ce papier leur est demandé par certains
établissements comme garantie pour leur dossier d’inscription. Il n’y a
aucune obligation d’accéder à cette exigence administrative.

5 – Les principaux coupables


• Les métaux
Le nickel et ses sels interviennent dans la galvanisation des pièces
inoxydables, dans la composition de certains colorants et sont présents sous
forme de souillures dans les huiles de coupe. Plus connus pour provoquer
des eczémas de contact avec les bijoux fantaisie, ils sont à lʼorigine
dʼeczéma professionnel chez les coiffeurs (ciseaux), les bouchers (gants en
mailles métalliques), etc.
Pour notre Marcel, qui a bien des soucis avec ses mains, il s’agit d’une
allergie au chrome due aux sels de chrome hexavalent et trivalent ; et non
au chrome métal qui, lui, est non sensibilisant. Cette allergie de contact
atteint préférentiellement les ouvriers du bâtiment car ces métaux sont
présents dans le ciment, au même titre que le cobalt. Manipulé par de
nombreuses professions, ce matériau de construction doit être utilisé avec
une truelle et non à mains nues, comme c’est souvent le cas. Son caractère
caustique n’est plus à démontrer. Il engendre chez certains de véritables
brûlures lorsqu’il est manipulé sans gants. Employé comme siccatif de
peintures, le dichromate de potassium est aussi à lʼorigine de dermatites
chez les peintres et les imprimeurs ainsi que chez les tanneurs de cuir.

Pas de chance au jeu de grattage


Pour le moins inattendue, voici l’histoire de cette personne préposée à la
préparation de commande des jeux de grattage. Elle a également pour
mission d’invalider les tickets en grattant la pellicule argentée portant la
mention « nul si découvert ». Elle présente, à chaque fois qu’elle
travaille, un eczéma du visage. Il s’agit en réalité d’une allergie
aéroportée au nickel contenu dans les résidus de poudre qui résultent du
grattage de la pellicule métallisée.
Le mercure et ses dérivés concernent les professions médicales, dentaires
et phytosanitaires, les peintres, les imprimeurs, etc.
• Autour du caoutchouc
Accélérateurs de vulcanisation, le mercaptobenzothiazole (MBT) et le
thiuram ou les antioxydants tels que lʼIPPD sont le plus souvent à lʼorigine
dʼeczémas de contact dans lʼindustrie du caoutchouc, chez les mécaniciens
automobiles, le personnel portant des gants de protection en caoutchouc.

BON À SAVOIR
Le dresseur dʼotaries
Dans ce zoo, le dresseur d’otaries s’occupe quotidiennement des otaries.
Pour cela, il utilise régulièrement une combinaison de plongée, soit en
spandex, soit en néoprène. Au fil des jours, il voit apparaître un eczéma
de contact (plaques rouges et sèches) qui s’étend sur tout le corps. Il
consulte et les tests effectués par patchs montrent qu’il réagit à un additif
du caoutchouc appelé le diéthylthiourea. Si le néoprène, caoutchouc
synthétique, contient ce type d’additif, il n’en est normalement pas de
même pour le spandex (Lycra). L’analyse affinée de ces types de
combinaisons fait ressortir que même la combinaison en spandex, dans
ce cas précis, en contient. Cela prouve que l’interrogatoire initial prend
toute son importance. Il ne faut jamais, en allergologie, avoir d’idées
préconçues. De véritables surprises peuvent se retrouver dans la
composition de nombreux produits ou vêtements. Il est important de
signaler que la combinaison en néoprène, utilisée en eau froide, compte
trois couches de polyester ou de nylon, isolant le plongeur de ce
caoutchouc synthétique. Ces mesures de protection n’empêchent
toutefois pas les allergisants du néoprène de les traverser. Ainsi mis
directement en contact avec la peau de l’utilisateur, ils peuvent
engendrer un eczéma.
Source : Poreaux C., Penven E., Langlois E., Paris C., Barbaud A., « Eczéma de contact
professionnel au zoo », Revue Française d’Allergologie, vol. 54, n° 3, avril 2014, p. 244
• Les résines
Les résines époxydiques, acryliques, métacryliques et les durcisseurs,
constituants principaux des matières plastiques, induisent des dermites de
contact dans différents secteurs professionnels tels que la construction
aéronautique et navale, la peinture et le vernissage, les professions du
bâtiment…
• Les protéines alimentaires
Les poussières dʼaliments pour animaux peuvent, par la présence de
vitamine B12, déclencher chez lʼéleveur des lésions eczémateuses des
mains, des avant-bras et des jambes. Dʼautres produits présents dans
lʼalimentation des porcs ou des volailles sont cités dans quelques
observations : lʼéthoxyquine, lʼolaquindox, la tylosine ou le monensin
sodium.
• Les bois exotiques
Asiatiques, africains ou dʼAmérique du Sud, les bois exotiques provoquent
des eczémas par contact direct ou aéroporté, les particules sʼinfiltrant sous
les vêtements. Lʼatteinte dermatologique est souvent associée à une rhinite
ou un asthme. Ces réactions cutanées touchent préférentiellement les
travailleurs du bois et les menuisiers ou ébénistes.
• Au salon de coiffure
Hormis le nickel, dʼautres produits utilisés dans les salons de coiffure sont
à lʼorigine dʼeczémas professionnels : la paraphénylènediamine (PPD) des
teintures capillaires, le monothioglycolate de glycérol des liquides de
permanentes, le persulfate dʼammonium des produits de décoloration.
Lʼapparition des lésions, localisées essentiellement sur les mains, est
favorisée lors de lʼapprentissage par la pratique pluri-quotidienne de
shampoings.
B – QU’EST-CE QU’UN ASTHME
PROFESSIONNEL ?
Raphaël est carrossier peintre. Chaque jour, il enfile son vêtement de
travail, des gants et utilise un masque de protection. Cela fait une quinzaine
d’années qu’il exerce cette profession sans aucun problème. Cependant,
depuis quelques mois apparaissent, une heure après le début de son travail,
une urticaire qui s’étend de plus en plus sur tout le corps et une gêne
respiratoire. Le week-end, les lésions s’estompent pour récidiver dès le
lundi matin. Ce phénomène s’accompagne d’œdèmes des lèvres et des
paupières, qui deviennent invalidants. Un arrêt de travail d’une quinzaine
de jours et tous les symptômes disparaissent. À la reprise de l’activité
professionnelle, les lésions reprennent de plus belle. De véritables crises
d’asthme se déclenchent sur le lieu de travail. Le bilan allergologique est
loin d’être facile à réaliser. En effet, ces derniers temps Raphaël a de
l’urticaire même le week-end. Il remarque toutefois qu’elle est favorisée par
l’utilisation de sa tenue de travail, lorsqu’il bricole chez lui. Il faudra près
de 18 mois pour porter le diagnostic avec certitude. Il s’agit en réalité
d’une urticaire de contact et d’un asthme aux isocyanates contenus dans les
peintures de carrosserie utilisées par le patient. Comme lui expliquent le
médecin du travail et l’allergologue, ces substances plus volontiers
responsables d’asthme professionnel, peuvent dans de rares cas déclencher
des lésions cutanées. Très volatiles, elles se déposent sur les vêtements.
Raphaël ne peut plus exercer son métier, il a bénéficié d’un reclassement
professionnel mais il faut avouer que cela ne s’est pas fait sans tracas
administratif et incidence sur son moral.
Lʼasthme professionnel atteint 5 à 10 % de la population active. Il se
définit par l’obstruction des bronches, secondaire à lʼinhalation de produits
utilisés sur le lieu de travail. La relation entre asthme et profession est
indispensable en vue de lʼapplication de mesures de prévention et la
rédaction de la déclaration de maladie professionnelle.

1 – Comment le reconnaître ?
Souvent précédé d’une rhinite, l’asthme professionnel peut apparaître
après quelques semaines ou plusieurs années d’activité. La crise d’asthme
est immédiate sur le lieu de travail ou retardée, le soir après lʼarrêt du
contact. Ce délai varie selon la nature des produits professionnels inhalés ou
manipulés.

2 – Faire le diagnostic
Le déclenchement des symptômes chez un sujet sain après la date
d’embauche, l’aggravation dʼun asthme préexistant, lʼamélioration de lʼétat
respiratoire en lʼabsence dʼexposition aux produits responsables sur le lieu
de travail, la preuve dʼune diminution des débits périphériques par des tests
d’exploration fonctionnelle respiratoire et la mesure du débit de pointe sur
le lieu de travail représentent les critères principaux de reconnaissance d’un
asthme professionnel.
Ces critères sont confortés par la réalisation d’un test de provocation
réaliste effectué en fonction de lʼimportance des signes respiratoires et de la
nature du produit suspecté. Cela relève plutôt de la théorie car peu de
centres hospitaliers sont dotés d’appareils performants pour ces
provocations. Pour avoir cependant une idée de l’état respiratoire de
l’employé sur le lieu d’activité, une surveillance de son débit de pointe peut
être organisée très facilement. La collaboration étroite entre le patient, le
médecin du travail et l’allergologue est indispensable.

3 – Quels sont les produits incriminés ?


Les salariés tardent souvent à signaler leurs problèmes respiratoires en
raison du contexte actuel et l’asthme professionel est souvent sous-
diagnostiqué. De nombreux secteurs d’activités sont touchés puisque l’on
répertorie environ 250 matières responsables :
1. Les substances à haut poids moléculaire utilisées dans différents
secteurs : alimentaire (les farines, les céréales, les aliments), médical (le
latex). Elles sont identifiées par la pratique de prick tests. Elles touchent
préférentiellement des sujets atopiques, avec un terrain prédisposé à
l’allergie.
2. Les éléments de bas poids moléculaire sont présents dans les industries
automobile et aéronautique (les peintures isocyanates), plastiques (les
résines époxy, les acrylates), dans les salons de coiffure (les persulfates)
et dans les ébénisteries (la poussière de bois).

Madame Tulipe
Voici, publié en 2016, le cas très rare de cette fleuriste qui se met à
tousser, s’essouffle et éternue lorsqu’elle réalise l’effeuillage des tulipes.
Le contexte très particulier amène les médecins à pratiquer des tests
cutanés avec le pistil, la feuille, l’étamine, la sève de cette fleur de la
famille des liliacées. Ils sont positifs ainsi que le test de provocation
bronchique. Un changement de poste va régler définitivement le
problème puisqu’elle n’aura plus de contact avec cette fleur,
anciennement qualifiée d’emblème des sultans. À ce jour, seuls quatre
autres cas du même type sont décrits.
Source : Merault, C., Tetart, F., Kuntz, A., Gehanno, J.-F., Joly, P., Gislard, A., « Asthme
professionnel allergique aux liliacées : à propos d’un cas », Revue Française d’Allergologie, vol.
56, avril 2016, p. 298.

• L’asthme du boulanger
Poupette, on l’appelle comme cela depuis qu’elle a commencé sa
formation en boulangerie-pâtisserie. Cette jeune femme est parfois au
pétrin puisqu’elle est en apprentissage trois semaines sur quatre. Depuis
quelque temps, elle éternue lorsqu’elle manipule de la farine et commence
à tousser. Les parents sont inquiets, elle aussi. Va-t-elle pouvoir continuer
de réaliser son rêve, travailler en boulangerie ?
Aimable Castanier, personnage du célèbre film de Marcel Pagnol, La
Femme du boulanger, se languit du départ de sa jeune femme. La maladie
d’amour peut atteindre tout le monde, jeunes et moins jeunes. L’asthme du
boulanger apparaît dans un contexte tellement différent, même si le résultat
est le même, parfois jusqu’à ne plus pouvoir faire de pain. On considère que
cette pathologie respiratoire liée au travail est l’une des plus fréquentes dans
cette catégorie professionnelle. Le terrain atopique génétiquement
prédisposé serait d’ailleurs un des facteurs favorisant son apparition. Cette
pathologie respiratoire peut être liée au contact avec différents allergènes
que sont la farine de blé et de seigle ou celles d’autres végétaux comme le
sarrasin, le lupin. Les enzymes utilisés pour améliorer le caractère élastique
et la fermentation de la pâte représentent la deuxième catégorie incriminée,
comme l’alpha-amylase par exemple. Pour les travailleurs des silos et
céréaliers, ce sont plutôt les acariens de stockage, les moisissures ou les
mites qui sont les coupables.
• Au salon de coiffure
Sophia est coiffeuse depuis bien longtemps. Aucun problème,
habituellement, elle fait de longues journées mais il y a six mois, les ennuis
ont débuté. À chaque fois qu’elle prépare les produits de décoloration, elle
éternue. Son nez se bouche et quelques sifflements pulmonaires rythment sa
respiration. Quand elle est en congé, elle va très bien. Le salon n’est pas
très aéré. Aucune possibilité d’ouvrir la porte d’entrée au risque de voir les
clients se plaindre, eux qui viennent pour un moment de détente.
La coiffure est le troisième secteur d’activité le plus touché par l’asthme
professionnel. En fonction des pays, sa fréquence varie selon les études
entre 0,8 et 17,4 %. Les agents les plus souvent responsables sont les sels et
persulfates contenus dans les produits de décoloration. Leur préparation
sous forme de poudre ensuite diluée s’effectue souvent dans un petit local
peu ventilé. La fameuse et devenue célèbre PPD (paraphénylènediamine)
des teintures capillaires, les sels de thioglycolates des produits de
permanentes, le latex, la poudre de henné sont aussi mentionnés dans les
différentes publications comme responsables de gêne respiratoire ou de
rhinite chez les apprenti(e)s ou plus souvent chez les coiffeurs et coiffeuses.
Là encore, la disparition des symptômes lors de période de vacances et leur
réactivation à la reprise du travail est très en faveur d’une origine
professionnelle. En rédigeant ce sujet sur la coiffure, je ne peux
m’empêcher de penser à l’excellent film de Patrice Leconte avec Jean
Rochefort et la sublime Anna Galiena : Le Mari de la coiffeuse. Rien à voir
avec une allergie, mais une magnifique histoire d’amour… et un petit
espace de respiration romantique dans ce livre.
C – LA DÉCLARATION DE MALADIE
PROFESSIONNELLE
Après la suspicion d’allergie professionnelle, le patient passe par la case
diagnostic, à la demande de son médecin traitant ou du médecin du travail.
Il subit une batterie d’examens adaptés en fonction de la symptomatologie
et des substances allergisantes utilisées dans l’exercice du métier. Ne sera
reconnue en maladie professionnelle qu’une pathologie directement reliée à
l’activité. La déclaration dépend alors de la rédaction d’un certificat
incluant certains critères, en particulier le tableau dont la substance
responsable ou la profession dépend. Par exemple, l’allergie au latex
dépend du tableau no 95. Il faut également distinguer le régime général du
régime agricole. La liste de ces tableaux est disponible sur le site de l’INRS.
Suite à cette déclaration, des décisions concernant l’employé sont prises :
inaptitude temporaire ou définitive au poste, changement de poste,
adaptation du lieu de travail… Le reclassement professionnel est parfois la
seule solution. Une collaboration étroite entre le médecin généraliste, le
médecin de l’entreprise, l’employeur et le patient est nécessaire mais
utopique en fonction des entreprises. La conjoncture actuelle avec les
difficultés de reclassement entraîne souvent un retard dans la prise en
charge. Certains employés tentent de composer avec leurs troubles de santé
par peur de perdre leur travail, surtout si le changement de poste dans
l’entreprise est impossible. Un salarié attend parfois longtemps avant de
signaler ses problèmes. Si les médicaments peuvent être une solution
d’attente, ils ne permettent pas de résoudre définitivement la pathologie,
surtout si le contact est constant. Les maladies professionnelles représentent
un domaine très particulier de la médecine avec ses codes administratifs.
Les subtilités de l’accord de la déclaration restent parfois une énigme. Un
site peut vous aider : https://www.service-
public.fr/particuliers/vosdroits/F176
CHAPITRE VIII

ALLERGIES :
CHEZ LES ANIMAUX AUSSI
C’est en découvrant dans la Revue Française d’Allergologie, un article
dédié à l’asthme chez le chat que je me suis intéressée de plus près au
sujet. En contactant lʼécole vétérinaire dʼAlfort, j’ai appris que le chien
peut avoir une dermatite atopique, que les allergies alimentaires sont
décrites chez nos amis à quatre pattes. Ainsi, les animaux de compagnie
sont qualifiés au sens large de sentinelles de la santé humaine,
partageant le même environnement et les mêmes bases alimentaires
que lʼhomme. Ce sujet a suffisamment attiré mon attention pour
l’aborder dans ce chapitre.
A – CHAT QUI TOUSSE
1 – Les symptômes
L’asthme, cette affection bronchique alliant crises de toux, sifflements à
l’expiration et essoufflements, est fréquent chez le chat. Il peut même
aboutir à une insuffisance respiratoire du fait dʼune bronchoconstriction. Le
chat, couché sur le ventre, respire difficilement la gueule ouverte. La cause
première la plus souvent avancée est l’inhalation de pneumallergènes avec
une prédominance pour les acariens (encore eux !), comme le
Dermatophagoides farinae ou l’Acarus siro.

2 – Les tests cutanés


L’animal couché sur le flanc, les tests cutanés se déroulent sur quelques
centimètres carrés de peau rasée, sous anesthésie générale ou sédation d’une
vingtaine de minutes. Il s’agit d’intradermoréactions (IDR) dont la lecture
après 20 minutes évalue le diamètre des papules obtenues et leur
concordance avec les symptômes. Les parasitoses fréquentes chez les
carnivores domestiques expliqueraient la présence d’une fausse réaction
positive aux IDR chez un tiers des chats normaux. Ces tests sont plutôt
destinés au choix de l’allergène à utiliser pour la désensibilisation que pour
le diagnostic proprement dit. Celui-ci repose essentiellement sur les
caractéristiques symptomatiques révélées chez l’animal, les autres causes
étant éliminées.

BON À SAVOIR
Les tests cutanés sont plus fiables chez le chien que chez le chat. En
Europe, l’implication des pollens est rare chez le chat et exceptionnelle
chez le chien.

3 – Comment traiter ?
La prise en charge repose sur l’administration au long cours de corticoïdes
inhalés et de bronchodilatateur en spray en cas de crise. Des chambres
d’inhalation avec masque adaptable, comme AeroKat, permettent une prise
efficace des médicaments. Le chat ne sait pas respirer comme les humains
sur commande ! L’éviction des allergènes, si elle est possible, doit
parallèlement être mise en œuvre. Une désensibilisation spécifique avec des
injections par voie sous-cutanée permet d’améliorer les symptômes
cliniques dans près de 80 % des cas. Elle est en général pratiquée par le
propriétaire, sous la surveillance étroite et bienveillante du vétérinaire
prescripteur. Après une augmentation progressive des concentrations, la
dose seuil d’entretien est injectée toutes les six à huit semaines pendant de
nombreuses années. Elle est adaptée en fonction de la tolérance clinique de
l’animal et de l’apparition ou non d’effets indésirables.
B – MON CADOR… ÇA TE DÉMANGE
Si la dermatite atopique atteint de nombreuses espèces de mammifères
comme le chat, le cheval ou les primates, la forme développée chez le chien
présente de nombreuses particularités. Les premières observations datent
des années 1960. Depuis, le recueil de nombreux cas a permis de mettre en
avant certaines caractéristiques.

1 – Le facteur dʼhérédité
La dermatite semble atteindre environ 10 % des chiens avec une forte
prédisposition génétique pour le labrador, le westie, le sharpeï, le
bouledogue français, le boxer, le bull terrier et le golden retriever. Elle est
essentiellement liée à une consanguinité élevée dans certaines lignées. Son
incidence sur les chiens de races croisées, les pinschers, les pointers ou le
braque semble plus modérée. À lʼopposé, chez le chat, le facteur héréditaire
est négligeable. Chez cette espèce dominée par le chat de gouttière, encore
appelé chat européen, le choix du partenaire n’est pas dicté par l’homme,
excepté pour certains éleveurs.

2 – Il se gratte
Le prurit est le motif majeur de consultation pour cette affection cutanée
qui apparaît typiquement chez le jeune adulte entre l’âge de 6 mois (âge de
la puberté chez le chien) et 3 ans. L’animal se gratte, se lèche, se frotte de
façon répétée et chronique. Si à l’origine le prurit est isolé, hormis les
rougeurs, des lésions secondaires apparaissent rapidement
(hyperpigmentation, pelage terne ou gras, perte de poils due au grattage,
croûtes…). Les zones atteintes sont localisées à des endroits bien précis, là
où le poil est moins dense : les paupières et le museau, la face interne du
pavillon des oreilles ainsi que les conduits auditifs externes, l’abdomen, les
aisselles, les aines et les parties distales des pattes. Des complications
peuvent se greffer aux lésions cutanées préexistantes : une otite externe, une
surinfection bactérienne ou à malassezia (levure ou champignon colonisant
facilement la peau des chiens atopiques) pouvant aboutir dans 40 % des cas
à une généralisation de la dermatite du chien. Le diagnostic ne peut reposer
uniquement sur les critères d’un prurit chronique. En 1986, le vétérinaire
dermatologue T. Willemse et son équipe modifient les critères majeurs et
mineurs d’Hanifin, anciennement utilisés pour l’eczéma atopique chez
lʼhomme pour les appliquer au cas du chien.

Critères de diagnostic selon T. Willemse


Au moins trois des critères majeurs suivants :

Prurit
Morphologie et distribution des lésions typiques : atteinte de la face et/ou des membres ou lichénification
(épaississement) du pli du jarret et/ou de la face crâniale du carpe
Dermatite chronique ou récidivante
Race prédisposée ou antécédents familiaux

Et au moins trois des critères mineurs suivants :

Début des symptômes entre 1 et 3 ans


Érythème (rougeur) facial et chéilite
Conjonctivites bactériennes bilatérales récidivantes
Pyodermites (surinfection) récidivantes superficielles à staphylocoques
Infections à malassezia récidivantes
Otites externes bilatérales récidivantes
Hyperhidrose
Tests d’intradermoréactions positifs
Taux sanguin élevé d’immunoglobulines E et d’immunoglobulines G spécifiques

Prurit = démangeaison
Chéilite : inflammation des lèvres qui deviennent sèches et fissurées sur les côtés
Hyperhidrose : transpiration excessive possible, par exemple, sous les aisselles du chien

Cette classification (même si elle reste parfois utilisée) a été réévaluée. Ce


sont désormais les critères majeurs de Favrot validés par les groupes de
dermatologie vétérinaire qui servent de référence. L’association de cinq de
ces items est nécessaire pour porter le diagnostic :
- premiers signes cliniques avant 3 ans ;
- atteint les animaux vivant à l’intérieur ;
- présence d’un prurit (mais sans lésions au départ) ;
- atteinte des doigts des pattes antérieures ;
- atteinte des pavillons auriculaires (les marges de l’oreille sont respectées)
;
- absence de lésions cutanées sur le dos.

3 – Les IDR
Les tests allergologiques en intradermoréactions (IDR) aux aéroallergènes
trouvent leur place dans l’indication de la désensibilisation spécifique,
traitement de choix de la dermatite atopique chez le chien. Le résultat de
ces examens sera toujours confronté aux symptômes cliniques présentés par
l’animal. La plupart des chiens sont sensibilisés aux acariens domestiques
Dermatophagoides farinae et à degré moindre Dermatophagoides
pteronyssinus ou à ceux de stockage comme l’Acarus siro. Pour leur part,
les pollens ne représentent environ que 15 % des sensibilisations et moins
de 5 % des prescriptions. Certains médicaments prescrits chez l’animal
pourront avoir une incidence sur la lecture des tests. Nombre d’entre eux
devront être stoppés avant la consultation chez le vétérinaire.

BON À SAVOIR
La certitude du diagnostic de dermatite atopique chez le chien nécessite
l’élimination des autres causes de prurit chronique constituées
essentiellement des parasitoses et des allergies aux piqûres de puces ou
aux aliments.

4 – Améliorer l’état de l’animal


Le traitement de cette affection repose sur trois axes :
1. La désensibilisation par voie injectable sous-cutanée. Prescrites par
le vétérinaire, les injections sont effectuées par le propriétaire selon un
protocole fourni par le praticien. Des consultations de contrôle sont à
prévoir tout au long du traitement.
2. Un traitement des surinfections par Malassezia pachydermatis et
Staphylococcus intermedius, par voie locale (shampoings, lotions) ou
générale.
3. Un traitement symptomatique avec l’utilisation de shampoings ou de
lotions émollientes. De nombreuses gammes sont disponibles en médecine
vétérinaire.
L’utilisation d’immunosuppresseurs est préconisée en deuxième intention,
en cas d’inefficacité des traitements classiques. Cette classe thérapeutique
est onéreuse et non dénuée d’effets secondaires importants. Il faut être
vigilant quant au risque d’apparition d’infection ou de tumeur. Tous ces
facteurs sont à prendre en considération dans le choix du traitement.
C – L’ALLERGIE ALIMENTAIRE DU
CHAT ET DU CHIEN
1 – Pour le matou
Chez le chat, l’allergie alimentaire prend l’aspect d’une éruption cutanée
prurigineuse, liée à l’ingestion de certaines substances. Beaucoup moins
documenté qu’en allergologie humaine, ce type de pathologie n’entraîne
chez l’animal aucun risque de choc anaphylactique. Les infections
intestinales par bactéries, virus, parasites ou toxines, ainsi que les vaccins à
virus vivant seraient des facteurs favorisants. Dans 60 % des cas, les
symptômes débuteraient avant l’âge de 3 ans. Ils se manifestent souvent
sous la forme d’un prurit de la face, des oreilles et du cou avec l’apparition
secondaire de croûtes, de papules, de petites écorchures liées au grattage et
de perte de poils. Des griffes acérées sur une peau abîmée peuvent entraîner
des lésions très impressionnantes. Le chat se gratte si violemment qu’il se
blesse. Pour preuves, les ulcérations et les saignements qu’il s’inflige. Cette
localisation spécifique de la face et du cou nʼest pas la seule. Le léchage
intensif provoqué par le prurit se développe en plaques qui fusionnent entre
elles et deviennent suintantes, préférentiellement situées sur les zones
inguinales et les flancs. Les ulcères dits indolents, localisés sous la truffe,
au niveau des lèvres supérieures, sont spectaculaires mais semblent
cependant indolores pour le chat. La gingivite, l’otite externe, les atteintes
digestives avec diarrhées et vomissements, la conjonctivite ou les
éternuements sont d’autres expressions cliniques moins fréquentes dans les
allergies alimentaires chez cet animal.

2 – Chez le toutou
Chez le chien, contrairement à la dermatite atopique, il n’existe aucune
prédisposition de race ou de sexe. Dans la majorité des cas, les symptômes
apparaissent avant l’âge de 3 ans, sous la forme d’un prurit chronique
variable dans son intensité, en fonction de l’alimentation donnée au chien.
Comme pour le chat, les manifestations à base d’otites, de troubles digestifs
ou oculaires sont observées.

3 – Un régime adapté
Le diagnostic est fondé sur l’amélioration significative des symptômes
pendant un régime adapté et le constat d’une rechute dans les jours suivants
la réintroduction de l’alimentation habituelle. Ce régime test est basé sur
des plats faits maison, dont les ingrédients n’entrent pas dans la
composition de la nourriture régulière du chien ou du chat. L’apport en
huile végétale doit être systématique. Il sʼagit en effet de carnivores et non
dʼomnivores ! Mais les préparations industrielles rendent la vie plus facile
aux propriétaires. Pour cette raison, les vétérinaires utilisent plus volontiers
des aliments industriels développés spécifiquement par les fabricants pour
cette affection. Il s’agit de croquettes composées d’ingrédients en nombre
limité, bien identifiés sur lʼétiquette (une source protéique, une source de
féculent) ou de préparations à base de protéines hydrolysées. Ces
innovations sont très utiles pour le traitement longue durée de cette
pathologie.
Toutes ces pathologies ne représentent qu’une partie de l’allergologie
vétérinaire. Il existe également l’asthme ou la dermatite atopique chez le
cheval, les primates, etc. Si le sujet vous intéresse, renseignez-vous auprès
d’un vétérinaire. Ce sont surtout les dermatologues vétérinaires qui sont
confrontés à lʼallergologie et la pratiquent, comme le docteur Geneviève
Martignac, de lʼécole vétérinaire dʼAlfort.
D – LA POUSSE DU CHEVAL
1 – Il s’essouffle
L’asthme du cheval, encore appelé « pousse » ou RAO (Recurrent Airway
Obstruction) est la plus courante des pathologies respiratoires chez certains
équidés. Il se développe plus à l’âge adulte, surtout en présence de
prédisposition familiale. La « pousse » est liée, la plupart du temps, à
l’action d’agents allergisants présents dans l’écurie, souvent mal ventilée, le
foin de mauvaise qualité et des irritants comme les vapeurs d’ammoniac
libérées par l’urine. Les symptômes varient en fonction du stade de sévérité.
Au repos, l’animal se met à tousser. Rapidement essoufflé, il peut refuser de
courir. Sa respiration difficile est parfois sifflante. À plus ou moins long
terme, on observe l’apparition d’une hypertrophie des muscles abdominaux,
appelés ligne de pousse. Les nasaux dilatés laissent échapper des sécrétions.
Le diagnostic passe, dans un premier temps, par l’élimination d’une cause
infectieuse, bactérienne, virale ou parasitaire. La fibroscopie bronchique
avec lavage broncho-alvéolaire permet la mise en évidence de
l’inflammation bronchique.

2 – Comment faire ?
Pour améliorer l’état de l’animal, des mesures draconiennes doivent être
prises. Il faut privilégier la journée au pré plutôt qu’au box, évitant ainsi le
contact permanent avec les allergènes du box. Le mode d’administration du
foin sec et de bonne qualité doit se faire au sol et pas au râtelier. Il est plus
raisonnable de le remplacer par de la luzerne ou des granulés, ou quand cela
est possible de l’herbe fraîche. La litière doit préférentiellement être avec
des copeaux de bois dépoussiérés, du papier journal ou de la paille de très
bonne qualité, changée en dehors de la présence du cheval. Ces mesures
permettent une amélioration en quatre à six semaines. Toutes ces
précautions sont renforcées par la mise en place d’un traitement
médicamenteux. Pendant les crises, l’animal bénéficie d’un
bronchodilatateur par inhalation avec un AeroMask ou sous forme de sirop,
complété si nécessaire par une oxygénothérapie endonasale. Le traitement
de fond à base de corticoïdes est administré par voie veineuse ou buccale
sur une courte durée, ou par inhalateur.
CHAPITRE IX

L’ALLERGIE
FAIT SON CINÉMA
De nombreux moyens de diffusion d’informations médicales sont mis
à la disposition du grand public. Les allergiques peuvent se renseigner
auprès des médecins (lors de consultations), d’associations de patients
et sur le Net… Les journaux télévisés et la presse écrite relayent les
taux de pollens dans l’atmosphère chaque année à compter du mois de
mars. Des émissions médicales ou généralistes incluent des reportages
consacrés au thème de l’allergie dans sa gestion quotidienne et son
caractère habituel ou parfois sous son aspect plus spectaculaire. Les
scénaristes ne sont pas en reste, incluant de plus en plus dans leurs
récits des scènes parfois surréalistes de choc anaphylactique ou
d’œdème causé par une allergie alimentaire.
A – SUR LE WEB
Sur un moteur de recherche, lorsque le mot « allergie » est inscrit au
singulier, on obtient au moins 16 300 000 sites. Un minimum de 73 200 000
adresses s’affiche lorsque l’on tape « allergies » au pluriel. Ces chiffres ne
cessent d’augmenter au fil des mois : de quoi aller à la pêche avec plus ou
moins de succès. En effet, tous les sites répertoriés sont de qualité variable,
voire discutable pour certains. Quant aux forums de discussion, souvent non
validés par un œil allergologique avisé, on y trouve parfois des solutions
adéquates et raisonnables, ou parfois des conseils farfelus voire dangereux !
Que dire par exemple de la gemmothérapie qui propose des produits
antiallergiques à base de baume du Pérou pour la peau sèche, de camomille,
d’huiles essentielles, de bourgeon de sapin, etc. Ils contiennent des éléments
pouvant, bien sûr, chez certaines personnes, déclencher des réactions
d’eczéma de contact. Que dire de cette prise antiacariens qui, soi-disant,
détruit l’appareil génital des acariens ? Mieux vaut se cantonner à des sites
connus
et reconnus.
Pour naviguer en sécurité, voici quelques sites sur lesquels vous êtes
sûr(e)s de retrouver des informations sensées et adaptées. Ils sont validés
par des équipes médicales d’allergologues, par des sociétés rompues au
monde de l’allergologie et des associations reconnues au niveau national :
– asthme-allergies.org : l’association Asthme & Allergies. Cette
association très active s’occupe d’organiser chaque année la Journée de
l’asthme, permettant de réunir patients et médecins. Elle participe à la
Journée nationale de l’allergique. Sur son site, on peut retrouver la liste
des écoles de l’asthme répertoriées partout dans l’Hexagone.
– allergies.afpral.fr : l’AFPRAL (Association Française pour la
PRévention des ALlergies). Ce groupement très dynamique travaille en
étroite collaboration avec l’association-mère, basée en Belgique. Très
efficace, elle a permis, entre autres, la réalisation et l’application de
l’étiquetage alimentaire actuellement obligatoire de la liste des 14
allergènes. Ses adhérents bénéficient d’un accès à leur journal appelé
Oasis, bourré d’idées, d’informations et de recettes très utiles pour les
allergiques, leur famille ou toute personne intéressée par l’allergie.
– cicbaa.org : le CICBAA (Cercle d’Investigations Cliniques et
Biologiques en Allergologie Alimentaire) créé à l’initiative du
professeur Moneret-Vautrin, regroupe de nombreux allergologues et
professionnels de santé intéressés par les allergies. Par l’intermédiaire du
Réseau d’Allergo-Vigilance (http://www.allergyvigilance.org), composé
d’un grand nombre de ses membres, il répertorie les cas de réactions
anaphylactiques aux aliments et aux médicaments afin d’établir une
carte épidémiologique française des maladies allergiques. Son site,
ouvert au grand public, est une source de renseignements avec des fiches
pratiques, des régimes d’éviction, des adresses utiles, etc.
– syfal.fr : le SYFAL (SYndicat Français des ALlergologues) possède un
site très dynamique reprenant les principales informations concernant la
profession, avec en particulier l’annuaire de ses membres mis à jour
régulièrement.
– lesallergies.fr : vous trouverez sur ce site les principales instances
allergologiques et les dossiers qu’ils proposent.
– natama.eu/fr : cette société, Natâma, propose de nombreux menus
adaptés à chaque allergie alimentaire. La société Clarélia prépare des
plats cuisinés individuels à partir d’ingrédients sélectionnés et vérifiés.
Ils sont sans gluten, sans adjuvant alimentaire (de type additif,
conservateur, colorant, etc.) et adaptés à chaque allergie alimentaire.
– valpiform.com/nos-produits : ValpiForm est, dans un premier temps,
destiné uniquement aux personnes atteintes d’intolérance au gluten.
Cette société étend ensuite ses compétences aux allergies alimentaires.
Elle met à disposition des produits adaptés à chaque cas.
– inrs.fr/mp : l’Institut national de recherche et de sécurité pour la
prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles. Une
rubrique entière et très complète est dédiée aux allergies en milieu
professionnel.
– allergique.org est créé à l’initiative d’allergologues libéraux. Il intéresse
autant les médecins que le grand public, avec de nombreuses
informations, des forums, des adresses. Pour les abonnés, les résumés de
congrès nationaux et internationaux sont mis en ligne. Malheureusement,
ce site a stoppé son activité fin 2016. Les articles sont encore disponibles
mais pour combien de temps ? Je tenais à rendre hommage à mes
confrères, les docteurs Philippe Auriol et Hervé Masson qui, durant tant
d’années, ont su l’alimenter avec régularité, ténacité, dynamisme et
beaucoup d’intérêt.
– parallerg.com propose de nombreux produits destinés à la
consommation quotidienne des allergiques.
– arcaa.info : Association de Recherche Clinique en Allergologie et
Asthmologie. Cette instance très active, composée de médecins experts
allergologues, répond à de nombreuses questions des allergiques. Elle
permet la validation de certains produits de consommation courante avec
ses labels AC (Allergènes Contrôlés) et AIC (Air Intérieur Contrôlé) et
permet de ce fait l’amélioration de la qualité de vie des personnes
concernées.
– eassafe.com est également tenu par une équipe d’allergologues. Ce site
reprend les principaux symptômes des allergies respiratoires ou
alimentaires et donne de nombreux conseils pour les allergiques et les
asthmatiques.
– lecrat.fr : extrêmement utile pour les patients et les médecins, ce site
permet de donner les renseignements sur les médicaments autorisés ou
non en cas de grossesse.
Tous ces sites possèdent des liens amenant des uns vers les autres. Ils
peuvent donc être visités sans aucun doute sur la véracité des éléments qui
les constituent. D’autres adresses Web sont distillées tout au long du livre et
ont toutes aussi leur place dans cette liste : le RNSA pour les pollens,
différentes adresses pour les housses antiacariens, les laboratoires proposant
des produits dermatologiques… Hormis celles-ci, quelques adresses Web
supplémentaires peuvent aussi vous intéresser :
– ansm.sante.fr : l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament
et des produits de santé) a remplacé en 2012 l’AFSSA (Agence
Française de Sécurité Sanitaire des Aliments). Sur ce site, vous pouvez
trouver une multitude de renseignements sur les actualités dans le
domaine de la santé et une rubrique est dédiée à la déclaration, par
l’internaute, d’effets indésirables liés aux médicaments, aux
cosmétiques, aux tatouages, etc.
– inpes.santepubliquefrance.fr : l’INPES (Institut National de
Prévention et d’Éducation pour la Santé).
– invs.santepubliquefrance.fr : l’INVS (INstitut de Veille Sanitaire).
– economie.gouv.fr/dgccrf : la DGCCRF, Direction Générale de la
Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes.
Facebook et YouTube ne sont pas en reste. Sur l’un, de nombreuses
adresses sont dédiées aux allergies, mais attention il y en a des bonnes et
des moins bonnes. Sur l’autre, il suffit de taper le mot « allergies » pour
voir défiler des reportages français ou étrangers sur ce sujet.
B – LA PUB
Les arguments publicitaires sont ce que l’on pourrait appeler des « petits
arrangements avec la réalité ». Il y a tellement d’allergiques, de clients
potentiels. Pour améliorer leur vie quotidienne, ils sont prêts à beaucoup de
choses, même parfois à des sacrifices financiers. Ils peuvent alors devenir
victimes des appâts, répondant aux sirènes, aux mirages de « l’allergie zéro
». Il faut se rendre à l’évidence, qu’à moins de vivre sur la banquise ou dans
le désert (et encore !) le risque zéro allergie n’existe pas. Comme nous
l’avons vu, certains sites internet sont reconnus pour leur fiabilité. Ils
dépendent d’associations, de laboratoires, d’allergologues maîtrisant à bon
escient la spécialité. Par contre, les solutions proposées par certaines
sociétés prêtent à sourire. Les allergologues ne peuvent que mettre en garde
leurs patients vis-à-vis de ces produits douteux. Le critère hypoallergénique
prend tout son sens pour certaines sociétés spécialisées dans l’allergologie
mais pour d’autres, il n’est qu’une accroche. Tout au long de la journée, sur
les radios ou dans les journaux, la télévision, on peut lire ou entendre cet
argument parfois fallacieux. Certes, si un produit qui convient à une
personne entraîne une intolérance chez une autre, ce n’est pas
systématiquement synonyme de mauvais produit. Il faut être vigilant. Le
meilleur exemple de publicité parfois exagérée concerne les éléments de la
literie antiacariens. Lorsque que l’on sait qu’un produit antiacariens, validé
pour son efficacité, couplé à une aspiration efficace, agit uniquement
pendant trois mois, comment peut-on imaginer des matelas traités «
antiacariens » efficaces pendant des années ?!

BON À SAVOIR
Petit rappel
Une housse antiacariens doit obligatoirement être constituée de trames,
de fibres très serrées en polyuréthane et coton. Elle entoure totalement le
matelas, étant fermée par une fermeture éclair. Les housses antiacariens
vendues en grande surface ou par correspondance ne répondant pas à ces
critères n’ont aucune efficacité. Par exemple, les housses ressemblant
étrangement à des alèses de matelas se révéleront systématiquement
insuffisantes.
C – SUR LE PETIT ET LE GRAND
ÉCRAN
Cinéphile, téléphage, j’avoue, je suis. C’est donc en spectatrice, mais avec
mon œil d’allergologue que je regarde certains films. Dans de nombreuses
séries du petit écran comme Urgences, Dr House, Grey’s Anatomy,
l’allergie a fait l’objet d’au moins un épisode (allergie au latex ou à
l’arachide). Le lieutenant Columbo a dû résoudre le meurtre d’une personne
allergique aux guêpes (du venin avait été déposé sur son verre de cocktail
lors d’une réception !).
• À la télé, manger, n’est pas jouer
Pour les allergies alimentaires, c’est celle liée à l’arachide qui est illustrée
dans différentes scènes, le plus souvent sous sa forme spectaculaire de choc
anaphylactique. On voit alors l’acteur devant son assiette, se prendre la
gorge, tousser, étouffer. Mais où est sa seringue d’adrénaline ?
Heureusement, les secours arrivent toujours à temps. Le personnage est
sauvé et tout rentre dans l’ordre. En 2007, dans le film Nancy Drew, une
infortunée jeune fille embrasse sur les lèvres un jeune homme trop
gourmand de cacahuètes. Au bout du baiser, un choc anaphylactique. Un
meurtre particulier par choc anaphylactique se déroule dans la saison 4,
épisode 11 de Les Experts, intitulé « Onze hommes en colère ». La victime,
un homme appelé Gibbons, est allergique à l’arachide. La première
hypothèse de l’équipe d’enquêteurs et du médecin légiste s’oriente vers un
meurtre par ingestion de beurre de cacahuète dilué dans une préparation de
chili con carne. Mais, après une longue et âpre discussion, ils concluent que
ce n’est pas l’arachide la cause principale. Si la spécialiste que je suis est
d’accord sur le diagnostic de choc anaphylactique, le faire reposer sur une
recherche de taux d’immunoglobuline E est parfaitement…
cinématographique. Dans la vraie vie, le médecin se basera sur le dosage de
la tryptase sanguine mais là, ils sont en plein brouillard, les experts…
D’autre part, la traduction française est incorrecte puisque subsiste
l’américanisme d’IEG alors que c’est le terme IgE qui doit être utilisé. Je
me tiens à la disposition de tout scénariste ou traducteur pour fournir les
bonnes indications en cas de scénario comportant des allergies au
programme. Pour que l’épisode se prolonge dans le suspense, il faut donc
trouver un autre coupable. C’est en réalité une piqûre d’hyménoptère, plus
exactement une abeille appelée Apis mellifera, qui est la responsable. En
effet, grâce à une pince à épiler, un des experts extrait le dard du cou de la
victime. L’abeille sera ensuite retrouvée morte sur le sol.
La série policière française avec Alice Nevers, Le juge est une femme,
relate dans l’épisode de la saison 11 intitulé « Trop mortel », un cas
particulier de meurtre par allergie. Dans cet épisode, Alice Nevers, incarnée
par Marine Delterme, doit résoudre le meurtre d’un blogueur allergique à
l’arachide. Il perd la vie pendant sa chronique sur le Web devant des
milliers d’internautes médusés. L’hypothèse d’un assassinat est la plus
probable, son kit d’urgence d’adrénaline ayant été trafiqué. Préméditation
indiscutable…
Début 2010, un épisode pilote, de la série Victoire Bonnot sur M6 met en
scène une conseillère d’éducation dans un lycée, interprétée par Valérie
Damidot. Elle est confrontée à de nombreux adolescents dont l’un est
allergique à l’arachide. On peut discuter de la présence d’huile d’arachide
dans son assiette à la cantine, motif d’un choc anaphylactique alors que l’on
sait que l’huile d’arachide trop raffinée ne peut être mise en cause.
« Grandeur et décadence » est le titre de l’un des épisodes de Major
Crimes (épisode 9, saison 2, réalisé en 2013 et diffusé en France en 2015).
Ici encore, l’arme du crime est l’allergie alimentaire. Un jeune agent des
services des douanes meurt dans sa cuisine. La porte du four ouverte à côté
de lui fait d’abord pencher la balance vers un suicide. Les enquêteurs
s’orientent dans un deuxième temps vers un meurtre, la victime ayant
succombé à une importante réaction allergique de type anaphylactique.
Mais à quoi ? Alors là…
La saison inédite de The Blacklist, diffusée en juillet 2016, met en place
une intrigue comme seuls leurs scénaristes savent nous les concocter. Il
s’agit là d’intégrer dans l’un des épisodes un suicide à la lessive bio
contenant du soja. Le « méchant » terroriste est retenu prisonnier dans un
garage. Ses gardiens le retrouvent suffocant sur le sol, un bidon de nettoyant
à côté de lui. Il est connu, grâce à l’étude de son dossier et de
renseignements recueillis sur lui, qu’il est allergique au soja, or le détergent
en contient. Ni une ni deux, quelqu’un court chez un voisin dont le fils
(pour le bon déroulement de l’intrigue) est allergique. Course contre la
montre : emprunter le stylo d’épinéphrine, le planter dans la cuisse du
terroriste qui gît inconscient sur le sol. Ouf, juste à temps ! Après quelques
secondes, il reprend conscience dans un râle spectaculaire et l’histoire se
poursuit…
Dans l’excellente série policière danoise The Bridge (2013, saison 2),
visible sur Canal+ en juillet et août 2016, l’allergie alimentaire a, là aussi,
une place prépondérante dans le déroulement de l’intrigue. Rasmus, un des
enquêteurs, doit retrouver la trace d’une terroriste. Il prend l’initiative
d’aller seul chez elle sans ses collègues, en « oubliant » de les prévenir.
Devant la porte, une complice de la terroriste lui lance sur le visage une
giclée de gaz lacrymogène. Les yeux brûlés par le produit, pour cacher sa
mésaventure aux autres policiers, il ne se rend pas aux urgences mais se les
rince tant bien que mal. Arrivé au poste, ses collègues s’inquiètent de son
absence.
Il raconte qu’il est allé à l’hôpital parce qu’il est allergique aux noix.
Quelques épisodes plus tard, l’intrigue amène les collègues, en particulier
Martin et Saga, à douter de cette version de l’allergie aux noix. Ils ont en
effet interrogé un voisin de la terroriste qui a été tuée entre-temps. La
description de la personne agressée à l’époque correspond à celle de
Rasmus et les policiers veillent à en avoir le cœur net. Lors d’un goûter au
poste de police (épisode 8), ils lui font manger une brioche contenant des
noix, sans le prévenir. Rien ne se passe. Il ne présente aucun symptôme
d’allergie alimentaire. Rasmus, alors démasqué par ses partenaires de
travail, sera rétrogradé et muté.
Dans la série télévisée Ugly Betty, le neveu de l’héroïne veut se venger
d’un rival. Il glisse dans un sandwich des noix auxquelles l’autre
personnage est allergique. Une série avec Michel Jonasz et Clémentine
Célarié, Lebowitz contre Lebowitz, fait son apparition début 2016 sur une
chaîne publique. Elle se base sur la vie de quelques avocats au sein d’un
cabinet de groupe. L’intrigue du dernier épisode repose sur la suspicion
d’un meurtre par choc anaphylactique grade 4, perpétré par le personnage
joué par Danièle Lebrun, tante d’une des avocates. Le terme utilisé, grade 4,
est très scientifique mais le médicament mis en cause l’est moins… Une
autre molécule aurait pu être fiable d’un point de vue allergologique bien
évidemment. Là encore, n’oublions pas que c’est une fiction…
Au cinéma, on ne rigole pas avec les plats
Deux femmes de caractère s’affrontent dans le film Sa mère ou moi ! en
2005. La guerre des nerfs entre la mère jouée par Jane Fonda et la future
belle-fille Charlotte, dite Charlie, incarnée par Jennifer Lopez, donne lieu à
une scène laissant supposer une allergie. Lors d’un repas, la future belle-
mère prépare une sauce spéciale remplie d’amandes, auxquelles Charlie est
allergique. Elle exprime son désir de vengeance avec ces phrases : « Elle va
enfler un petit peu. […] Elle va enfler comme une pastèque… […] Tant
mieux. » La belle-mère ne veut pas lâcher son fils comme ça… Résultat, un
magnifique œdème des lèvres défigure le visage de la sublime Jennifer…
Élie Chouraqui, en 2008, réalise un film intitulé Celle que j’aime avec
Marc Lavoine et Barbara Schulz. Il y a cette scène immanquable où, lors
d’un repas, une dispute éclate entre les deux personnages. Il s’agit de savoir
si lui l’a trompée puisqu’elle a retrouvé des préservatifs goût fraise. Et lui
d’affirmer qu’il est allergique à la fraise. En femme bafouée, elle n’y croit
pas et lui demande d’en manger. Autour de la table, les amis éclatent tous
de rire. Il parle de la conduite à tenir, de l’appel au SMUR, ses amis
continuent de rire. Il en mange une et en quelques minutes, l’urticaire
apparaît avec une toux et une gêne respiratoire. La panique gagne
l’entourage. Ils appellent les secours, et bien sûr tout se finit bien. Le décor
est planté mais avec cependant deux petits bémols. Ils auraient dû choisir un
autre fruit, comme la banane ou le kiwi car l’allergie aux fraises n’en est
pas une. La réaction est souvent non allergique. Le traitement du choc, c’est
plutôt l’adrénaline que le Soludécadron… Par contre, l’ambiance durant le
repas où les amis ne croient pas à l’allergie alimentaire est tout à fait
plausible, malheureusement, dans la vraie vie…
Dans ce long métrage de 2012, The Expatriate, Aaron Eckhart incarne le
personnage de Ben Logan, ancien membre de la CIA. Il décide de renouer
le contact avec sa fille adolescente, Amy. Pour se rapprocher d’elle, il
accepte un travail d’expert en sécurité en Belgique. Un agent a pour mission
de les tuer, ils doivent alors prendre la fuite. Lors d’une séquence de ce film
d’action, Ben offre des gâteaux à sa fille. Dès les premières bouchées, elle
ressent une gêne et informe son père qu’il y a de la cacahuète dans le
gâteau. Ils arrivent rapidement à l’hôpital où ils restent plusieurs heures
pour qu’Amy puisse recevoir un traitement d’urgence. C’est alors qu’elle
informe son père qu’elle est allergique à l’arachide. Oui, je vous imagine
penser que lui n’était pas au courant, non ? Ok agent secret, mais il se serait
occupé de sa fille correctement, eh bien, les scénaristes auraient été bien
embêtés…
Ça gonfle sur la toile
L’œdème de Quincke a aussi ses adeptes chez les scénaristes, semble-t-il.
Il faut dire que visuellement, les maquilleurs peuvent s’en donner à cœur
joie. En 1981, le duo Pierre Richard et Gérard Depardieu parcourt le
Mexique pour retrouver une jeune fille kidnappée, dans le film La Chèvre.
L’étourdi Perrin (Pierre Richard) est allergique aux guêpes. Lors d’un vol
dans un petit coucou, il se fait piquer… Extrait du dialogue : « Si elle me
pique, je meurs. Puisque je vous le dis. En vacances, jʼai été piqué. Une
semaine dʼhôpital, failli crevé. Je gonfle puis je me mets à étouffer. » À
l’atterrissage, Perrin sort de l’avion, le corps a doublé de volume. Mon œil
averti d’allergologue clignote : alerte, alerte. Il manque le gonflement du
visage, qui aurait fait encore plus réaliste pour annoncer un énorme œdème
de Quincke.
Comment oublier les lèvres, les yeux et le visage de Coluche qui
augmentent de volume dans Banzaï ? Dans ce film de Claude Zidi, sorti en
1983, l’acteur campe le rôle d’un employé de compagnie d’assurances
spécialisée dans la gestion des problèmes de voyageurs à l’étranger.
Inexpérimenté, il doit sortir de son train-train quotidien et quitter la France
pour des missions, en particulier à Hong Kong. De nombreuses
mésaventures émaillent son périple, comme cette piqûre de moustique qui
le défigure littéralement, faisant apparaître un œdème énorme du côté droit
du visage. Il faut avouer que les effets spéciaux utilisés sont énormes. Les
maquilleurs n’y sont pas allés mollo sur l’effet visuel. Cinéma oblige. Cette
image a marqué bon nombre de patients. Lorsqu’ils viennent consulter pour
l’apparition d’un œdème, ils donnent comme référence : « Vous savez,
comme Coluche. »
Will Smith, en 2005, dans la comédie Hitch, lors d’un rendez-vous avec
Eva Mendez, goûte une préparation à base d’une feuille d’endive remplie
d’assaisonnements. Au début, il trouve cela bon et puis, rapidement,
commence à se gratter le cou et se racler la gorge. Une personne de son
entourage lui fait remarquer la possibilité d’une allergie alimentaire. En
quelques minutes, son oreille droite gonfle. Ils se rendent rapidement au
rayon pharmaceutique d’une grande surface. Cela laisse le temps au visage
de Will Smith de se métamorphoser, d’enfler à vue d’œil. Il n’évalue
visiblement pas ce qu’il lui arrive. Ce n’est qu’en se regardant dans une
glace de surveillance qu’il est effrayé par l’étendue des dégâts. Il se
précipite sur un flacon d’antihistaminique et boit au goulot. La suite est
beaucoup plus simple que dans la vie réelle, où la prise d’un corticoïde et
un petit passage à l’hôpital auraient tout réglé. Il finit en fait gai comme un
pinson, un peu sonné par les effets secondaires de l’antihistaminique. Ce
qui arrive de moins en moins dans la vraie vie, puisque les nouvelles
molécules disponibles n’ont pas ou très peu d’effets sédatifs.
Le choc et le stylo pour le 7e art et les séries télévisées
La Famille Bélier, film sensible et magnifique, retrace une tranche de vie
d’une jeune fille chanteuse, dans une attachante famille de sourds-muets.
Dans cette famille, il y a aussi le fils, Quentin. Il tombe amoureux de la
meilleure copine de sa sœur. Une scène nous fait partager ses premiers
émois et en particulier la mise du préservatif en latex qui entraîne chez lui
une urticaire et un malaise. Cette réaction serait classée en consultation
comme un stade très sévère de choc anaphylactique, nécessitant une
injection d’adrénaline et une hospitalisation pour surveillance, mais nous
sommes au cinéma. Alors, il se réveille chez lui et tout rentre dans l’ordre,
en restant à la maison… C’est une fiction et rappelons que normalement,
dans la réalité, on appelle le 15…
Jennifer Lopez est l’héroïne d’Un voisin trop parfait, réalisé en 2015. Elle
y joue le rôle d’une mère dont le fils est allergique. La nature de ses
allergies n’est signalée dans aucune des séquences mais on sait qu’il est
porteur d’un stylo d’adrénaline EpiPen. J-Lo, alias Claire Peterson, tombe
amoureuse de son jeune voisin, qui se révèle en fait être un dangereux
psychopathe possessif et jaloux. Dans la dernière partie du film, celui-ci
prend le fils Kevin et l’ex-mari de l’héroïne en otage dans une grange. Une
bagarre entre elle et le jeune homme violent s’engage. La grange prend feu.
Pour se défendre, elle utilise le stylo d’adrénaline de son fils, qu’elle porte
dans sa poche. Arrêt sur image sur la longue, très longue aiguille qu’elle fait
sortir du stylo comme une lame de cran d’arrêt, qu’elle enfonce violemment
dans l’œil de son agresseur. On pourrait croire que cela suffit… Que nenni,
ils continuent encore et encore la bagarre et ce n’est qu’après de longues
minutes qu’il s’écroule enfin… Scène intense qui tend le spectateur, au
détail près que ça ne se passe pas comme ça dans la vraie vie : l’aiguille,
bien plus courte heureusement, ne sort du stylo que dans la cuisse de
l’allergique, après une pression !
Dans Renaissances, film de science-fiction de 2015 avec Ryan Reynolds
et Ben Kingsley, le personnage incarné par Ben Kingsley, un richissime
homme d’affaires, est allergique à l’arachide. Cancéreux en fin de vie, il
passe un accord avec une société spécialisée, qui propose de changer de
corps. Pour effectuer ce « transfert cérébral » dans un autre organisme, la
société organise dans un premier temps une fausse mort, en simulant un
choc anaphylactique devant un de ses amis. Celui-ci se précipite pour
chercher l’EpiPen que tout allergique doit avoir sur soi. Ben Kingsley ne l’a
pas. Franchement, heureusement, sinon vlan, plus d’histoire ! Il sera donc
emmené en ambulance vers ce centre de recherche en état, soi-disant, de
mort apparente.
Sur un air de musique des années soixante, un homme en voiture se fait
piquer par un insecte. Il se sent mal, sort de son véhicule et s’effondre.
Avant de perdre connaissance, il se plante l’aiguille d’un stylo auto-
injecteur d’adrénaline dans la cuisse droite. Débute ensuite le générique de
la nouvelle série de France 2 intitulée Zone Blanche diffusée en avril 2017.
L’homme dont il est question est le nouveau procureur de la région.
« Vous êtes allergique aux abeilles, demande une policière
– Je suis allergique au soleil, aux pollens, aux acariens, dit-il.
– Ah oui, ça pimente la vie
– J’aurais pu y laisser la vie ».
En mai 2017, dans l’épisode « Ultime recours » de la série Munch, mon
attention est attirée par la description d’une allergie violente. L’avocate,
jouée par Isabelle Nanty, tente de faire libérer une prévenue. Elle veut
prouver que sa cliente n’a pas pu déposer l’arme du crime au fond d’un
puits. Celui-ci est entouré de plantes d’ambroisie à laquelle la prévenue
serait allergique.
L’assistant de Munch manipule sous le nez de l’accusée un bouquet
d’ambroisie. Tout de suite, celle-ci présente une gêne respiratoire, elle
semble très essoufflée, cherche sa respiration et ce phénomène est qualifié
de choc anaphylactique.
Heureusement, l’avocate a prévu le coup et un secouriste arrive avec un
stylo auto-injecteur d’adrénaline qu’il plante dans la cuisse gauche de
l’accusée. Quelques minutes plus tard, celle-ci va beaucoup mieux et la
séance reprend.
L’injection d’adrénaline pour un choc anaphylactique est le traitement
d’urgence adéquat. Il reste cependant un doute sur la qualité de choc
anaphylactique déclenché par du pollen d’ambroisie. Bon d’accord,
l’allergie à ce pollen donne plutôt des problèmes respiratoires ou de nez
mais n’oublions pas que c’est une fiction… Le choc, réaction très sévère,
implique impérativement, après l’injection d’adrénaline, une hospitalisation
en urgence d’au moins six heures pour surveillance. Heureusement la série
Munch reste une fiction donc nous pouvons imaginer que les auteurs aient
pris quelques arrangements avec la réalité.
Respiration
Des longs métrages, en particulier les films d’action, incluent souvent une
scène critique où l’asthmatique ne peut pas atteindre son spray pour calmer
sa crise. Après de longues minutes d’angoisse insoutenable (il y a toujours
un méchant, des coups de feu dans le voisinage, une musique stressante), il
arrive à prendre son médicament. L’œil averti de l’allergologue ne peut
s’empêcher de remarquer la mauvaise technique d’inhalation de « pschitt,
pschitt », et hop, ça marche. Il est vrai que la méthode conseillée consiste à
souffler, puis mettre l’embout du pulvérisateur dans la bouche (dans le bon
sens, s’il vous plaît), d’appuyer, d’aspirer en même temps et de garder
ensuite sa respiration pendant dix secondes. C’est trop long et ça casserait le
rythme de l’intrigue ! Les allergies respiratoires sont moins fréquentes au
cinéma, peut-être parce que moins spectaculaires. Dans ce film de 2008, Un
mariage de rêve, Jessica Biel est allergique aux pollens pour le plus grand
plaisir de son acariâtre belle-mère, incarnée par Kristin Scott Thomas.
Comme arme, contre sa bru, elle utilise des pollens de fleurs, déposées ça et
là, dans la grande demeure familiale. Un épisode de Modern Family, série
humoristique américaine diffusée en 2009, montre un risque d’allergie au
chien, prénommé Stella, pour l’un des protagonistes.

Le tabac au cinéma
La cigarette a souvent accompagné les personnages de films policiers,
d’action ou d’espionnage. Comment imaginer Humphrey Bogart sans sa
cigarette ? Elle peut accompagner des gestes de séduction comme dans
cette scène culte avec Lauren Bacall, tapotant la cigarette sur le dos de sa
main, dans Le Port de l’angoisse ou Audrey Hepburn avec son long
porte-cigarettes, dans Diamants sur canapé. Cette même cigarette a
toutefois disparu dans les derniers James Bond (cf. paragraphe). Lucky
Luke a troqué sa cigarette pour un brin de paille, depuis bien longtemps.
Des organisations professionnelles du milieu du cinéma se sont émues
d’une implication trop exigeante et rigide de la loi Évin. Elle peut
paraître discutable, même abusive ! Comme une atteinte créative à une
œuvre de retirer la pipe de Jacques Tati, la cigarette de la main d’Audrey
Tautou sur l’affiche de Coco avant Chanel ou lors de longs métrages
mettant en scène des fumeurs invétérés comme Gainsbourg, vie héroïque
ou Sherlock Holmes. Certes, l’industrie du tabac a beaucoup utilisé le
cinéma comme support publicitaire détourné, comme dans Superman II
en 1980, où le super-héros volant traverse un mur où est inscrit le nom
d’une célèbre marque de cigarettes. Est-ce une raison pour gommer ce
qui peut paraître comme un détail dans le déroulement de l’intrigue d’un
film ? Et puis, dans un western, comment allumer la mèche d’un bâton
de dynamite sans le bout incandescent d’une cigarette ?
D – JOURNAUX ET RADIOS
Que ce soient des mensuels, hebdomadaires ou quotidiens, les sujets
concernant les allergies respiratoires ou alimentaires prennent de plus en
plus de place dans le sommaire. Ils relayent les relevés polliniques, les
différentes informations diffusées au niveau national concernant certains
produits à retirer du marché, etc. Les articles sont rédigés après des
entretiens avec des allergologues libéraux ou hospitaliers. Ceci apporte une
caution supplémentaire aux articles proposés.
Les radios locales, chaque année, contactent les allergologues pour parler
des pollinoses. On peut donc se rendre compte que les allergies gagnent du
terrain et que les médias, tous supports confondus, ont pris conscience de ce
phénomène. Ils aident la plupart du temps à transmettre des informations
fiables le plus souvent validées par les médecins allergologues. Des
émissions telles que 100 % mag, Les Maternelles, Combien ça coûte ? ont
consacré des rubriques dévolues à ces sujets. Les chaînes généralistes ou de
la TNT sont de plus en plus sensibilisées aux maladies allergiques. Les
médias permettent également de donner la parole aux patients qui, se
sentant moins seuls, peuvent échanger leur expérience et leur ressenti. Il
faut surtout signaler trois émissions excellentes : le reportage Tous
allergiques, C’est pas sorcier en 2014 et On n’est pas que des cobayes sur
le thème des allergies. Il faut avouer que France 5 diffuse des reportages sur
les allergies de façon assez régulière. Les autres chaînes ne sont pas en reste
mais le sujet est alors dilué dans une émission à vocation scientifique. Arte,
en mars 2016, dans son émission Futuremag, a fait un très bon résumé de
l’allergie à l’arachide. N’oublions pas lors d’une émission de Laurent
Ruquier, On a tout essayé, la performance de Florence Foresti. Elle se
présente sous les traits de la bimbo Brigitte, jupe courte, brune au décolleté
plongeant, qui énumère avec beaucoup d’humour certaines allergies.
E – LES CÉLÉBRITÉS NE SONT PAS
ÉPARGNÉES…
Tous ces moyens de communication permettent une diffusion plus ou
moins experte d’informations sur les allergies. Ils relayent également les
soucis allergiques de certaines de nos stars. On peut retrouver sur le Web la
trace d’une interview de Mireille Dumas sur le divan de Gérard Miller en
2008. Elle signale à cette occasion être allergique aux chats. En 2009,
l’agent de David Beckham indique que le sportif est asthmatique depuis son
plus jeune âge. Cette précision fait suite à la diffusion d’une photo du
footballeur avec un spray inhalateur à la main, lors d’une finale américaine.
Une autre sportive serait concernée par l’allergie à l’arachide : il s’agit de la
joueuse de tennis Serena Williams. Plusieurs journaux, en 2011, font état
d’une hospitalisation de Justin Bieber. Celle-ci semble liée à une gêne
respiratoire d’origine allergique, à la fin d’un tournage de la série Les
Experts où il fait une apparition. Le chanteur Liam Gallagher, en 2013,
présente une réaction faisant évoquer un œdème de Quincke, après
l’ingestion d’une friandise contenant de la cacahuète.
C’est en octobre 2013, lors de la nouvelle émission d’Alessandra Sublet
sur France 5, Fais-moi une place, que Carole Bouquet signale présenter une
allergie alimentaire. Elle refuse, avec raison, de manger un plat surprise à
base de pâtes et d’oursins. Elle dit alors avec humour : « Je suis allergique,
je fais un œdème de Quincke, je gonfle, je gonfle, c’est amusant pour la
caméra, c’est distrayant mais c’est très dangereux. » En 2014, elle est
d’ailleurs hospitalisée pendant un repas au Festival de Cannes, suite à une
réaction après l’ingestion de plats comportant du poisson. Pierre Sang,
finaliste de Top Chef en 2011, témoigne lors de la campagne « Allergie,
j’agis » de l’association Asthme & Allergies en 2014. Il explique qu’il a
présenté un œdème de Quincke lors de son mariage et que la cause en était
l’ingestion de noix du Brésil. Cette allergie a été mise en évidence après un
diagnostic allergologique poussé.
L’actrice Pauley Perrette (Abby dans la série NCIS) fait paraître courant
2014 sur Twitter une photo d’elle le visage boursouflé, après une réaction
allergique suite à l’application d’une teinture capillaire à base de
paraphénylènediamine. Elle met d’ailleurs ses followers en garde contre ce
type de réaction.
De nombreux journaux retranscrivent dans leur hebdo en 2016 l’aventure
vécue par une célèbre blogueuse américaine, Chemese Armstrong.
Allergique connue à la paraphénylènediamine (PPD), elle a utilisé, sur les
conseils de son dermatologue, semble-t-il, une coloration au henné. Et oui
mais voilà… Celui qu’elle a utilisé n’était pas naturel mais additionné de
PPD. Le résultat ne se fait pas attendre : un magnifique œdème du visage
devenu bouffi, dans les heures qui ont suivi l’application. Chemese poste
alors sur son compte Instagram des photos d’elle totalement défigurée et
réalise un clip expliquant sa mésaventure, diffusé sur YouTube. Il est
important à cette occasion de rappeler que la dose d’essai ne doit pas être
réalisée dans la demi-heure qui précède mais quelques jours avant
l’application sur les cheveux… Des marques de teintures sans PPD sont
proposées dans le commerce (passage sur la PPD) et la touche d’essai est
toujours de mise avant l’utilisation…
ANNEXES

A – QU’EST-CE QU’UN ALLERGOLOGUE ?


Un allergologue est un médecin qui effectue deux années d’études
supplémentaires dédiées uniquement aux maladies allergiques. On estime
à environ 1 200 le nombre d’allergologues recensés en France. Ces
médecins peuvent être issus de la médecine générale ou spécialisée, en
particulier des pneumologues, dermatologues pédiatres ou ORL. Hormis
les cours dispensés dans certaines universités, la formation est validée par
des stages et la rédaction d’un mémoire en fin
de cursus.
Lors de leur exercice professionnel, ces médecins continuent leur
formation par le biais de congrès, de réunions régionales ou
départementales. L’ANAFORCAL (Association NAtionale de FORmation
Continue en ALlergologie) représente un organe actif de l’enseignement
post-universitaire. De nombreuses associations locales d’allergologues lui
sont affiliées. La société savante représentée par la Société Française
d’Allergologie possède son propre organe de diffusion : la Revue
Française d’Allergologie. Le SYFAL (SYndicat Français d’ALlergologie)
créé il y a plusieurs années, résulte de l’union de deux syndicats plus
anciens : le SNAF et l’ANAICE.
Ces trois instances sont les clés de voûte de l’évolution de la profession
d’allergologue. Elles constituent en particulier la commission tripartite qui
a établi les recommandations des bonnes pratiques de la désensibilisation,
ou encore permis l’organisation de la grande messe annuelle des
allergologues : le CFA (Congrès Francophone d’Allergologie). Il a lieu
tous les ans à Paris courant avril. Sur leurs épaules reposent aussi l’avenir
de la profession avec en particulier la reconnaissance de l’allergologie
comme une spécialité à part entière. Il suffit de voir le nombre de journées
de formation prévues chaque année pour affirmer que les allergologues
savent évoluer avec leur temps et malgré leur activité professionnelle, se
tenir au courant de toutes les nouveautés diagnostiques et thérapeutiques.

BON À SAVOIR
En décembre 2016, l’allergologie devient enfin une spécialité à part
entière.
B – LA PREMIÈRE CONSULTATION
Selon les dernières dispositions prises par le gouvernement, la
consultation chez l’allergologue peut être directe si le patient a moins de
16 ans. Passé cet âge, il est adressé par son médecin traitant avec qui il a
signé son contrat de suivi médical. La première prise de contact entre le
patient et l’allergologue débute par un interrogatoire minutieux, quasi
policier. Il comporte la recherche des antécédents personnels et familiaux
atopiques, le suivi thérapeutique antérieur, l’histoire clinique du ou des
épisodes allergiques motivant la venue. La recherche d’indices pouvant
orienter l’allergologue est effectuée à l’aide de questions : depuis quand ?
Comment ? Avec quoi ? Quel repas ? Combien de temps après le contact
les signes sont-ils apparus ? Celles-ci permettent au médecin de se faire
une première idée sur les investigations à effectuer. Après un examen
clinique ciblé plus particulièrement sur le problème du patient, des tests
adaptés à chaque situation sont programmés. Selon les circonstances,
ils peuvent être effectués lors de la première consultation ou différés en
raison de la présence d’une poussée aiguë, d’une contre-indication relative
ou d’une prise médicamenteuse pouvant gêner la lecture et donc
l’interprétation de ces tests.
Tout détail pouvant paraître insignifiant pour le patient ne l’est pas
forcément pour l’allergologue. Quelques réflexes peuvent donner de
précieuses informations dès la première consultation : 1. Lorsqu’une
éruption d’urticaire ou d’autre nature apparaît : prendre une photo. C’est
désormais très facile par le biais d’un appareil numérique, de son
téléphone portable, etc. Noter également son délai d’apparition par rapport
à une prise médicamenteuse ou un repas dont la composition doit être
connue. Garder l’étiquette des plats préparés.
2. En cas d’eczéma de contact, surtout ne jetez pas les produits utilisés et
suspectés, gardez-les. Ils pourront toujours servir à faire des tests.
C – LES DIFFERENTS TESTS À
DISPOSITION
1 – Les prick tests
Ces tests cutanés explorent les phénomènes liés à l’allergie immédiate
respiratoire ou alimentaire. Ils se pratiquent à l’aide d’extraits
commerciaux distribués par des laboratoires spécialisés (ALK-Abelló et
Stallergenes). Depuis 2009, de nombreux allergènes ont été retirés du
marché à la demande de l’AFSSAPS. Certains d’entre eux pourront, peut-
être, après une nouvelle évaluation être remis en circulation.
La technique est simple, indolore et rapide. On dépose sur l’avant-bras
pour les adultes, dans le dos pour les enfants, des petites gouttes d’extraits
commerciaux de chaque allergène suspecté. Une quantité minime pénètre
légèrement sous la peau, par le biais d’une petite pointe traversant la
goutte. Après une attente d’environ un quart d’heure, apparaît ou non une
réaction positive. Elle se présente sous la forme d’une papule et d’une
rougeur qui démange. L’allergologue, à l’aide d’une règle, mesure leur
diamètre et les compare à un témoin positif (histamine) et un témoin
négatif (sérum physiologique). La réactivité cutanée varie d’un individu à
l’autre, ces tests de référence sont donc indispensables.
La cause la plus fréquente de faux positifs est représentée par le
dermographisme (forme particulière d’urticaire physique). Un simple
frottement déclenche l’apparition d’un œdème local et d’un prurit, alors
une petite piqûre et c’est la papule assurée. La peau est alors trop
susceptible ! Concernant les fausses réactions négatives, elles peuvent être
dues à la prise d’antihistaminiques ou à la présence d’un eczéma atopique
trop marqué, diminuant artificiellement la réactivité cutanée. La lecture
des tests, ensuite reliée à l’histoire clinique, permet ainsi de poser le
diagnostic.
La gradation des réactions

Sensibilisation = tests cutanés positifs sans symptôme clinique. (Pas


de traitement nécessaire, simple surveillance avec, si nécessaire, des
mesures de prévention dite primaire pour éviter que l’allergie
apparaisse. À ce stade, pour les pneumallergènes : pas de
désensibilisation. Pour les aliments : pas de régime d’éviction.)
Allergie déclarée = tests cutanés positifs avec une histoire clinique
concordante. (Traitement nécessaire, mise en place de mesures de
prévention secondaire pour éviter que des crises d’allergie se
déclenchent ou que l’allergie s’aggrave. Pour les pneumallergènes :
désensibilisation. Pour les aliments : régime d’éviction adapté.)

Dans le cadre du diagnostic d’allergie alimentaire, l’allergologue est


parfois amené à faire des tests en prick avec des aliments frais. Par
exemple, les extraits commerciaux en flacon du lait de vache ne sont plus
disponibles depuis l’apparition de la maladie de la vache folle. C’est donc
un petit morceau d’aliment frais (lait, blanc d’œuf, crevette, etc.) qui est
traversé par la petite pointe. Ne soyez pas étonné(e)s si votre allergologue
vous demande de venir avec votre petit panier rempli d’aliments, un seul
élément de chacun des ingrédients suffit ! Le principe de lecture reste le
même.

BON À SAVOIR
Contrairement à certaines idées reçues, ces tests en prick peuvent être
effectués très tôt, même chez le nourrisson de moins de 3 mois.

Certaines thérapies interagissent avec la réactivité cutanée en la


diminuant, entraînant une gêne dans la lecture.
Médicaments à stopper avant les tests
Si possible Deroxat, les antidépresseurs

48 heures Anxiolytiques, la codéine, les corticoïdes,


avant les somnifères

4 jours avant Clarityne, Kestin, Mizollen, Xyzall, Primalan, Réactine, Telfast, Virlix, Zyrtec, Cétirizine
générique, Wystamm

7 jours avant Aerius, Atarax, Célestamine, Célestène, Polaramine


3 semaines Zaditen
avant

2 – Les intradermoréactions (IDR)


Le cas des tests d’allergie aux médicaments et aux hyménoptères est un
peu différent. Pour certains, ils s’effectuent uniquement en milieu
hospitalier (curares, produits de contraste iodés, etc.). Les tests cutanés
classiques sont complétés d’une intradermoréaction à différentes dilutions
des allergènes suspectés. Ces IDR sont plus douloureuses que les prick
tests mais sont très utilisées pour fixer la concentration à laquelle le patient
réagit. Le risque de réaction générale plus important explique leur
réalisation plutôt dans un service hospitalier spécialisé. Après chaque
injection, l’attente pour la lecture est de 15 à 20 minutes. Comme
différentes dilutions sont testées, il faut donc compter plusieurs heures
pour clore le bilan.
Liste des principaux centres français effectuant
des tests médicamenteux par département
Hôpital Saint-Roch, Hôpital Pasteur 06000 NICE

Centre Hospitalier 14033 CAEN CEDEX

CHRU Hôpital général 21003 DIJON

CHU Saint-Jacques 25030 BESANÇON CEDEX

Hôpital de Rangueil 31403 TOULOUSE CEDEX

Groupe hospitalier Pellegrin-Tripode 33076 BORDEAUX CEDEX

Centre François Magendie 33604 PESSAC CEDEX

Hôpital Pontchaillou 35033 RENNES CEDEX

Hôpital Bretonneau 37044 TOURS CEDEX

CHRU de Grenoble 38043 GRENOBLE CEDEX 9

CHU Hôpital Nord 42100 SAINT-ETIENNE

Hôpital Hôtel-Dieu 44035 NANTES CEDEX

Centre hospitalier universitaire 49033 ANGERS CEDEX

CHRU 59037 LILLE CEDEX

Pavillon Laënnec 67091 STRASBOURG


Hôpitaux civils 68024 COLMAR CEDEX

Hôpital Edouard Herriot 69437 LYON CEDEX 03

Hôpital de la Pitié Salpêtrière 75651 PARIS CEDEX 13

Hôpital Broussais 75674 PARIS CEDEX

Fondation Hôpital Saint Joseph 75674 PARIS CEDEX

Hôpital Necker-Enfants malades 75743 PARIS CEDEX 15

CHU Bichat-Claude Bernard 75877 PARIS CEDEX

Hôpital Tenon 75970 PARIS CEDEX 20

CHU Amiens site Sud 80000 AMIENS

Clinique de la Providence 86035 POITIERS

CHU Dupuytren 87042 LIMOGES CEDEX

Centre hospitalier général 88204 REMIREMONT CEDEX

3 – Les patch tests ou tests épicutanés


Cette technique représente l’examen de référence pour le diagnostic
d’eczéma de contact et l’identification de la substance responsable. Les
allergènes, dilués dans de la vaseline ou présentés sous forme liquide, sont
déposés dans des cupules. Celles-ci sont en général réunies par dix sur un
sparadrap hypoallergénique apposé et laissé durant 48 à 72 heures sur la
partie supérieure du dos, de chaque côté du rachis.
Pour que l’adhérence soit parfaite, il faut éviter, jusqu’à la lecture des
tests, de se doucher, de prendre un bain, de faire du sport ou toute activité
pouvant les faire bouger. Ces tests sont composés d’une batterie standard
européenne reprenant les 26 à 28 allergènes les plus souvent cités ainsi que
des tests spécifiques tels que pour les conservateurs, teintures capillaires,
adaptés à chaque cas de figure. Les patients sont souvent amenés à fournir
les produits qu’ils ont utilisés lors des poussées. La lecture s’effectue
classiquement 48 heures après la pose. Elle peut être rallongée à 72 ou 96
heures si un doute persiste. Pour affirmer une positivité des tests, une grille
d’interprétation connue par tous les allergologues est utilisée. Une rougeur
locale ne suffit pas à affirmer le diagnostic, il faut l’apparition d’un
eczéma plus ou moins prononcé au lieu d’application du test.
0 ou − : peau saine, pas de réaction locale + : réaction positive faible ++ :
forte réaction positive (rougeurs, papules, vésicules) +++ : réaction
positive violente (rougeur intense, infiltration, vésicules en grappe) IR :
réaction dʼirritation NT : non testé
?+ : réaction douteuse, légère rougeur seulement Certains produits
irritants, caustiques ou de composition inconnue ne peuvent être appliqués
aussi longtemps sur la peau. On a alors recours à d’autres tests, tels que les
tests semi-ouverts ou les tests d’application répétée, dont l’allergologue ne
manquera de vous expliquer les modalités. Pour ces tests cutanés, une
seule consultation suffit rarement à apporter le diagnostic définitif.

Batterie standard européenne pratiquée chez l’adulte : –


dichromate de potassium ; – sulphate de néomycine ; – thiuram
mix ;
– fragrance mix II ;
– chlorure de cobalt ; – paraphénylènediamine ; – benzocaïne ;
– formaldéhyde ;
– colophane ;
– clioquinol ;
– baume du Pérou ;
– N-isopropyl-N’-phenyl-paraphénylènediamine ; – lanoline ;
– résine époxy ;
– mercapto mix ;
– budésonide ;
– parabens mix ;
– paratertiarybutyl Phenol Formaldehyde Resin ; – fragrances mix I ;
– quaternium-15 ;
– sulfate de nickel ;
– 5-Chloro-2-methyl-4-isothiazolin-3-one + 2-methyl-
4-isothiazolin-3-one ;
– mercaptobenzothiazole ; – lactones sesquiterpéniques mix ; – pivalate
de tixocortol ; – dibromodicyanobutane ; –
hydroxymethylpentylcyclohéxènecarboxaldéhyde ; – primine.
4 – Les épreuves fonctionnelles respiratoires
Cet examen permet de diagnostiquer et évaluer la gravité et l’évolution
d’une maladie asthmatique. Celle-ci se définit par un syndrome obstructif
lié par inflammation à un épaississement de la muqueuse bronchique.
Assez facile à réaliser, ce test nécessite cependant une coopération active
du patient. Il doit savoir inspirer et expirer à différentes intensités sur
commande, ce qui exclut les enfants en très bas âge, pour lesquels la
procédure est un peu différente. L’utilisation d’un pince-nez permet
d’obtenir une expiration maximale sans fuite nasale. Avant l’âge de 5 ans,
l’enfant est endormi pour la réalisation du test et les techniques de mesure
sont un peu différentes. En cas de suspicion d’hyperréactivité bronchique
modérée sans asthme déclaré, l’EFR peut être complétée par un test à la
métacholine. L’inhalation de cette substance à différentes concentrations
permet de trouver le seuil toléré. Celui-ci se pratique en milieu hospitalier
et n’est pas systématique. Les explorations fonctionnelles respiratoires ont
d’autres indications, comme la surveillance de la bronchite chronique, etc.
Le débit de pointe ou peak flow permet une surveillance ambulatoire de
l’asthme, son utilisation est expliquée par le médecin. La technique
d’expiration est, là encore, importante pour l’interprétation des résultats.

5 – Le test de provocation par voie orale


Le TPO est considéré comme l’examen « étalon d’or » du diagnostic de
l’allergie alimentaire. Durant de nombreuses années, on a considéré que le
diamètre de la papule et le taux d’anticorps spécifiques concernant le lait,
l’œuf et l’arachide, pouvaient, s’ils atteignaient des valeurs préétablies,
éviter le test de provocation orale. Depuis l’utilisation du dosage des
allergènes recombinants (voir plus bas le paragraphe consacré), la donne
n’est plus la même. En effet, le dosage des allergènes majeurs et mineurs
permet de faire la part des choses entre une sensibilisation croisée et une
allergie vraie.
Ce test de provocation s’effectue toujours dans un service hospitalier
spécialisé, apte à pratiquer les gestes d’urgence en cas de réaction sévère.
Il consiste en l’ingestion à doses progressivement croissantes de l’aliment
suspecté dans le but d’obtenir des symptômes allergiques, même minimes.
Il est précédé le plus souvent d’un test de provocation labiale, où
l’allergène est déposé sur le coin des lèvres. Hormis l’objectif de
diagnostic, le TPO a deux autres buts : rechercher la dose seuil
déclenchant les symptômes, afin d’envisager, dans un deuxième temps,
une tolérance alimentaire (cas de l’arachide) et de pouvoir alléger ou
adapter un régime d’éviction. Les allergies à l’œuf ou au lait guérissent
avec l’âge. Seul le test de réintroduction orale en milieu hospitalier prouve
l’absence de symptômes et autorise la reprise d’une alimentation normale.
Une histoire clinique évocatrice avec des tests cutanés négatifs représente
une circonstance exceptionnelle. Là encore, le TPO trouve sa place dans la
démarche de diagnostic. Cet examen est aussi applicable aux allergies
médicamenteuses. Il présente cependant des contre-indications telles
qu’une maladie chronique en poussée, certains traitements comme la prise
de bêta-bloquants ou d’immunosuppresseurs, des antécédents de choc
anaphylactique, un asthme non contrôlé… Suite à cet examen, une
consultation complémentaire avec un diététicien spécialisé en allergies
alimentaires est souvent programmée.
D – LES EXAMENS SANGUINS
1 – Les IgE spécifiques classiques
Le bilan sanguin permet d’effectuer des tests de dépistage de l’allergie
respiratoire (Phadiatop) ou alimentaire (Trophatop). Leur réponse par «
positif » ou « négatif » ne présume pas de la nature exacte de l’allergène
responsable. Des examens complémentaires cutanés sont nécessaires pour
apporter la preuve tangible d’une allergie. Le dosage des anticorps IgE
spécifiques de chaque allergène est destiné à appuyer le résultat des tests
cutanés ou de les remplacer quand ceux-ci sont irréalisables : grossesse en
cours, prise de bêta-bloquants, peau aréactive ou trop réactive
(dermographisme), poussées aiguës trop fréquentes, etc.
Un taux d’IgE totales augmenté n’est pas un synonyme d’allergie car de
nombreuses autres causes peuvent être évoquées : une parasitose, une
surinfection, etc. Une personne peut donc être allergique et avoir un taux
d’IgE totales normal ou avoir un taux d’IgE totales élevé et ne pas être
allergique. Il en est de même pour les polynucléaires éosinophiles. Ce
dosage sanguin n’a pas classiquement sa place dans un bilan biologique
d’allergie.

BON À SAVOIR
Mise en garde
La Société Française d’Allergologie, sur son site, pointe du doigt le
problème du dosage sanguin des IgG antialiments. Ces examens au tarif
parfois prohibitif ne sont pas remboursés et totalement inutiles. Ils
peuvent souvent être mal interprétés et aboutir à des régimes d’éviction
totalement infondés.
Source : http://sfa.lesallergies.fr/sfa/mise-en-garde-contre-le-dosage-
des-igg-antialiments
2 – L’allergologie moléculaire
Depuis quelque temps, de nouvelles données sont mises à la disposition
des allergologues. Ce sont les allergènes recombinés. On sait qu’un
allergène naturel est en réalité un mélange de protéines allergisantes.
Certaines qualifiées « d’allergène majeur » se définissent par une
sensibilisation chez plus de 50 % des personnes allergiques à l’allergène
dans sa globalité. Une présence chez moins de 50 % des allergiques,
spécifique des « allergènes mineurs », signifie une sensibilisation faible.
Obtenus par manipulation génétique et utilisés pour des tests sanguins,
les allergènes recombinés retranscrivent exactement et de façon
standardisée chaque protéine allergisante individuellement. Pour l’instant,
ils ne sont disponibles que pour le dosage des IgE spécifiques, pour
chacun d’entre eux. Leur présence permet d’évaluer, surtout pour les
allergènes alimentaires, les risques de choc anaphylactique ou d’allergies
croisées entre différents aliments ou entre pneumallergènes et aliments. Le
diagnostic est plus précis. Ces examens ne doivent pas être demandés à la
légère et nécessitent une interprétation adaptée à la situation. Les
allergologues sont les mieux rompus et formés à cet exercice.

BON À SAVOIR
La prescription des dosages d’IgE spécifiques pour des allergènes
normaux ou pour les recombinants est réglementée. Ne sont
remboursées que les demandes concomitantes de cinq pneumallergènes
et cinq trophallergènes, plus ou moins cinq hyménoptères et le latex.
E – COMPRIMÉS, GOUTTES ET
SPRAYS : LE TRAITEMENT,
CE VRAI SOULAGEMENT
Quoi de plus logique que d’éviter le contact avec les substances
allergisantes responsables de ses ennuis quotidiens ? Cela reste souvent
insuffisant quand les coupables font partie intégrante de l’environnement.
Il faut alors compter sur l’aide des médicaments pour traiter efficacement
les symptômes et sur la désensibilisation (pour les allergies respiratoires).

1 – Fini, le nez rouge qui coule


Serait-on tenté de faire la comparaison avec le personnage Atchoum du
dessin animé de Walt Disney ? Rien ne prouve cependant qu’il ait été
allergique. Si cela avait été le cas, il y aurait eu des éternuements, un nez
qui gratte, coule et se bouche en se promenant dans la forêt ou en faisant le
ménage. Son budget mouchoirs aurait indéniablement explosé. Qu’en
auraient pensé les autres nains de la troupe et Blanche-Neige ?
L’allergique, lui, rêve de ne pas parler comme un canard, d’éviter de
ressembler à une fontaine ambulante et de pouvoir respirer la bouche
fermée. La solution : prendre un traitement, l’antiallergique par excellence
en comprimé qu’est l’antihistaminique (anti h1). Sa prescription est régie
par un consensus médical, appelé le protocole ARIA (Allergic Rhinitis and
its Impact on Asthma). Il s’agit en fait de l’administration de l’un d’entre
eux, souvent associé, en fonction de l’intensité des symptômes, à un spray
nasal de cortisone très faiblement dosé. Le choix s’oriente plutôt vers ceux
dits de deuxième génération, dont l’effet sédatif est souvent moindre. Leur
action est plus ciblée sur l’écoulement nasal, les démangeaisons et les
éternuements. Le montélukast est, lui, réservé aux rhinites allergiques
associées à un asthme persistant léger à modéré « insuffisamment contrôlé
par les corticoïdes inhalés ».

BON À SAVOIR
Attention, miroir aux alouettes Les corticoïdes injectables, a fortiori
à effet retard, n’ont absolument pas leur place dans le traitement
de la rhinite allergique. Ils peuvent, après plusieurs injections,
déclencher des effets secondaires graves (hypertension artérielle,
insuffisance surrénalienne…). La forme en comprimés, comme la
prednisolone, est réservée à certaines indications, en cure très
courte de quatre jours environ. Quant aux vasoconstricteurs
locaux, ils ne possèdent aucune autorisation de mise sur le marché,
dans l’indication de la rhinite allergique. Ils sont rapidement
efficaces sur la sensation de nez bouché mais leur utilisation ne doit
pas dépasser une semaine. Les effets indésirables pervers, en cas
d’utilisation prolongée, sont loin d’être négligeables : hypertension
artérielle et/ou rhinite médicamenteuse. Les antidégranulants
mastocytaires, tels que le cromoglycate disodique, seraient moins
efficaces que les anti h1.

2 – Être essoufflé(e) n’est pas jouer


Si vous entendez une personne étouffée, qui toussote, siffle des poumons
vous dire avec difficultés, « ne vous inquiétez pas, j’ai ma bombe », pas de
panique. Elle veut, en fait, simplement vous expliquer qu’elle est en
possession de son spray bronchodilatateur de la famille des bêta-2-
mimétiques. En prendre quelques bouffées en cas de crise d’asthme
constitue le traitement adéquat. Encore faut-il l’avoir tout le temps avec
soi ! Bien évidemment, si la fameuse « bombe » ne donne pas, en quelques
minutes, l’effet escompté et que l’état s’aggrave, l’appel au SAMU
s’impose.
Il faut savoir que, depuis la cigarette à l’eucalyptus que mon grand-père
asthmatique fumait en prévention, les traitements ont beaucoup évolué.
Pour comprendre l’utilité des thérapeutiques proposées dans la prise en
charge de cette pathologie respiratoire, reprenons le principe de base. Il
s’agit d’une maladie obstructive pulmonaire liée à l’inflammation de la
muqueuse bronchique. Certains facteurs (pollution, allergènes,
infection…) peuvent déclencher ou augmenter une poussée, engendrant
une gêne respiratoire plus ou moins invalidante. Plusieurs cas de figures
peuvent se présenter et le consensus GINA est là pour en donner les bases.
Il ne s’agit aucunement de penser à l’actrice Gina Lollobrigida mais plutôt
au Global INitiative for Asthma. Celui-ci repose sur le principe de
contrôle de l’asthme, permettant ainsi une vie normale avec un traitement
adapté, évitant les rechutes et les éventuelles hospitalisations. Différents
grades de sévérité sont définis en fonction de la prise occasionnelle ou non
de bêta-2-mimétiques de courte durée d’action (Ventoline, Airomir,
Bricanyl…) et d’autres critères plus spécifiques. Selon le niveau de
gravité, est administré quotidiennement un corticoïde inhalé, seul ou
associé à un bronchodilatateur de longue durée d’action et/ou un
antileucotriène (montélukast). Ils diminuent très significativement
l’inflammation bronchique. Pour les formes les plus sévères, deux options
sont proposées : – la cortisone en comprimés à faible posologie (attention
aux effets secondaires à long terme) ; – l’administration par injection et
sous certaines conditions d’anticorps anti-IgE (Xolair).
Le mode d’administration de chaque médicament, surtout en aérosol, doit
être bien expliqué au patient afin d’optimiser leur efficacité. L’apport de
séances d’éducation thérapeutique dans des « écoles de l’asthme »
représente un apport non négligeable. Malheureusement, ces structures ne
sont pas disponibles partout en France. La liste est disponible sur le site :
https://asthme-allergies.org/liste-officielle-ecoles-de-lasthme-france/.

BON À SAVOIR
Attention
Il n’y a aucune preuve scientifique de l’efficacité des œufs de caille,
soi-disant bénéfiques, sur la maladie asthmatique n’a été apportée. Ils
ont plutôt leur place dans une assiette (si vous n’êtes pas allergique à
l’œuf), plutôt que dans l’armoire à pharmacie !
Les soi-disant traitements miracle à base d’écailles de tortue proposés
durant des années étaient en réalité plutôt des « corticoïdes retard »
cachés sous une appellation exotique. Des effets secondaires liés aux
molécules contenues ont été répertoriés.
3 – La désensibilisation
La désensibilisation, ou immunothérapie spécifique, représente le
troisième volet de la prise en charge des allergies respiratoires (éviter le
contact, traiter, désensibiliser). Pour certains, elle représente le mot
magique, la solution ultime à leurs problèmes. Pour d’autres, elle n’a pas
lieu d’être et c’est bien dommage. Quasiment centenaire, cette méthode de
traitement a su évoluer et s’adapter avec le temps. Elle peut s’administrer
de différentes façons, sous la forme injectable ou sublinguale en gouttes.
La forme en comprimés à faire fondre sous la langue est réservée pour
l’instant à l’allergie aux pollens de graminées.
Pour les acariens, la désensibilisation se prend tout au long de l’année,
quotidiennement par voie sublinguale ou de façon hebdomadaire puis
mensuelle, par injection sous-cutanée (toujours au cabinet du médecin)
durant quatre ans. En l’absence d’amélioration des symptômes, son
indication est réévaluée surtout si le patient est multiallergique. La forme
en comprimés (Grazax, Oralair) réservée aux allergies aux graminées est
prescrite sur ordonnance, le produit étant disponible en officine de ville.
Une obligation : le premier comprimé doit toujours être administré au
cabinet de l’allergologue avec une surveillance de 30 minutes. Ce
traitement doit être débuté en février de l’année pollinique en cours et
stoppé dès que la pollinisation est finie.
Il est stipulé sur les protocoles de désensibilisation par voie sublinguale
en gouttes qu’il n’est plus nécessaire d’être à jeun. Il faut cependant ne pas
boire ou manger dans les cinq à dix minutes qui suivent. La notion de
garder le produit sous la langue durant deux minutes est importante.
Certains extraits allergéniques (animaux par exemple) sont moins
performants que d’autres (acariens, pollens) et il faut également en tenir
compte. En cas d’asthme avéré, la désensibilisation est indiquée
uniquement s’il est stabilisé et avec un volume expiratoire maximum
seconde supérieur à 70 ou 80 % de la théorique contrôlée par les EFR. La
méthode d’immunothérapie consacrée aux venins d’hyménoptères est
toujours débutée en milieu hospitalier avec un protocole dit accéléré. La
progression des doses et concentrations est réalisée rapidement, sous
surveillance dans un service spécialisé.

4 – Vade retro, eczéma


L’eczéma atopique est une maladie chronique de la peau, émaillée de
poussées aiguës. Celles-ci sont déclenchées par le stress, le chaud, le froid,
le contact de facteurs irritants, un allergène respiratoire ou alimentaire.
Hormis le traitement médical visant à soigner les poussées aiguës
(cortisone associée à une antibiothérapie locale ou en comprimés), et lutter
contre les démangeaisons (antihistaminiques), des soins de peau sont
conseillés : 1. La toilette quotidienne, sous la douche avec une eau peu
chaude est préférée au bain. Celui-ci est proposé une fois par semaine à
une température entre 33 et 36 °C, si possible additionné de produits
émollients distribués par des laboratoires spécialisés. Les gels douches,
irritants car souvent parfumés, sont trop décapants pour une peau sèche et
fragilisée. Ils sont remplacés par des savons surgras en pain, sous forme
liquide ou par des savons « syndets ». Le séchage de la peau est effectué
en tamponnant avec une serviette douce sans frotter. Ensuite, le film
hydrolipidique de protection cutanée est renforcé par l’application d’une
crème hydratante sans protéine allergisante surajoutée dans sa composition
(amande douce, arachide, huiles essentielles, etc.). Attention, les crèmes
contenant de l’urée peuvent déclencher une sensation de brûlures par
irritation.
2. Le visage ne doit pas subir l’agression d’un savon. Lui sont préférées
des solutions hypoallergéniques disponibles en pharmacie (Tolériane
Dermo-Nettoyant La Roche-Posay, Tolérance Extrême Avène, Créaline
H2O Sans parfum Bioderma) ou l’eau micronisée en bombe.
3. Les crèmes émollientes proposées dans la prévention de l’eczéma
atopique doivent être peu irritantes et exemptes d’un maximum de
substances potentiellement allergisantes. Plusieurs laboratoires
dermatologiques proposent des produits performants. Là encore, un
produit qui convient sur un eczéma atopique ne l’est pas forcément
pour une autre personne. Les laboratoires les plus connus sont Avène,
Bioderma, Ducray, La Roche-Posay, Uriage.
Laboratoire Nom du Pour Sous forme de crème Présence
produit la toilette, en hydratante de parfums
solution lavante ou émolliente

Avène XéraCalm Oui Oui Non


TriXéra

Bioderma Atoderm Oui Oui Non


Intensive
Attention, les autres Atoderm sont
parfumés

Ducray Sensinol Oui Oui Non

La Roche- Lipikar Oui Oui Non pour la forme syndet Oui,


Posay pour l’huile lavante

Uriage Xémose Oui Oui Non

Certaines crèmes, pommades ou lotions dermatologiques à base de


sulfate de zinc et/ou de cuivre peuvent avoir une action bénéfique sur la
peau sèche de l’atopique. La réactivité cutanée n’étant pas la même d’une
personne à l’autre, leur tolérance est variable. Certains laboratoires
proposent des présentations en tube (Cicabio, Bariéderm Cica, Cicalfate,
Cicaplast) qui sont très utiles sur des poussées très modérées d’eczéma.
La réglementation des préparations magistrales et officinales rend
certaines d’entre elles non remboursables. C’est le cas des préparations
hydratantes ou émollientes pour la sécheresse de la peau ou les maladies
bénignes ainsi que celles accompagnées de dilutions de corticoïdes.
Restent remboursables les préparations rendues nécessaires pour
l’adaptation de posologie, dans le cadre des traitements destinés à la
pédiatrie ou à la gériatrie, dans les cas où il n’existe pas de dosage adapté
sous forme de spécialité, en l’absence d’alternative thérapeutique
disponible. « Peuvent être, semble-t-il, remboursées des préparations
dermatologiques prescrites à des patients atteints de maladie spécifique
comme la dermatite atopique généralisée, la dermatite atopique de
l’adulte, l’ichtyose, etc… ». Dans ces cas précis, il y a une prise en charge
exceptionnelle de certains principes actifs tels que l’urée, le cérat de
Galien, la Cold Cream, la glycérine, la vaseline, etc. Cette réglementation
rappelle également les modalités de facturation établies en fonction de la
rédaction de l’ordonnance par le médecin prescripteur.

Ne pas oublier…
Hormis le « graissage de la peau » et le choix adéquat de produits
d’hygiène corporelle, certains irritants sont à éviter : 1. Il s’agit des
adoucissants textiles contenus dans les lessives. Celles-ci sont choisies
sans parfum ou sans formule 2 en 1 où l’adoucissant est inclus.
2. Le port d’un vêtement neuf est toujours précédé d’un lavage, pour
éviter l’effet irritatif des apprêts dont il est souvent imprégné.
3. Les T-shirts et les sous-vêtements sont de préférence en coton, la
matière synthétique favorisant le frottement et l’irritation.
4. Les étiquettes des vêtements sont retirées puisqu’elles sont à
l’origine de démangeaisons et de sensations d’inconfort
supplémentaires.
5. Les pulls en laine à même la peau sont fortement déconseillés,
puisque la laine est irritante.
6. Une pommade s’applique sur les lésions cutanées sèches

Pour les hommes, une peau du visage sensible et irritable est loin d’être
améliorée par le rasage. Certains conseils sont à appliquer, comme ne pas
se raser quotidiennement, préférer un savon hypoallergénique à une
mousse à raser classique… L’utilisation du rasoir électrique est discutable
d’un sujet à l’autre. Surtout, ne pas appliquer de lotion après-rasage qui
pourra augmenter le « feu du rasoir » et augmenter le risque d’eczéma de
contact surajouté. La peau de l’atopique est plus ou moins sensible à
différentes infections, en particulier au staphylocoque doré, à l’origine de
poussées aiguës. Le dermatologue est amené à vous proposer des séances
de puvathérapie. Reste la prescription, dans certaines indications bien
précises, de crèmes immunosuppressives telles que le tacrolimus, sur
ordonnance uniquement du dermatologue ou du pédiatre. Pour les
shampoings, beaucoup d’entre eux sont parfumés. Il faut plutôt s’orienter
vers ceux qui contiennent des parfums hypoallergéniques (Kerium,
Nodé…). Leur gamme est suffisamment large pour que chacun y trouve
son bonheur. La marque Ducray propose un shampoing sans parfum dans
ses produits Sensinol.

5 – Ça me gratouille, ça me chatouille
« Tous les jours, je prends un antihistaminique pour mon urticaire. »
Cette famille thérapeutique utilisée depuis 1937 voit le nombre de ses
molécules disponibles augmenter. Parallèlement, les effets secondaires
anticholinergiques (sécheresse de bouche, troubles urinaires, etc.) et
sédatifs sont moins présents. On distingue, en effet, les antihistaminiques
de première génération, dont la somnolence est souvent un effet
indésirable, et ceux de deuxième génération, beaucoup plus récents et
mieux tolérés : Aerius, Bilaska, Inorial, Wystamm, Xyzall… Leurs
indications sont multiples : l’urticaire aiguë ou chronique en fait partie.
Les posologies peuvent parfois être triplées ou quadruplées selon la
prescription médicale. La cortisone n’a aucune indication, normalement,
dans le traitement de l’urticaire. En dehors des antihistaminiques, la prise
en charge de l’urticaire repose sur l’éviction du facteur déclenchant
(allergique, stress, histamino-libération non spécifique, etc.).
CONCLUSION
Pour conclure cet ouvrage, je voudrais vous faire part de ma certitude
absolue de ne pas m’être trompée de voie en choisissant l’allergologie.
Heureusement, d’ailleurs car les études médicales sont un peu longues !
Pourquoi cette orientation ? Peut-être parce que j’adore les romans
policiers et trouver le coupable est un challenge si intéressant. Est-ce parce
que dans ma famille, je suis la seule à ne pas être allergique ; une façon
supplémentaire d’être proche d’eux ? Est-ce tout simplement parce
qu’améliorer la vie des patients est aussi très gratifiant médicalement et
humainement ? Toujours est-il que, si j’ai été tentée par d’autres
spécialités, c’est vers celle-ci que je me suis tournée. Il me manquait
cependant un petit quelque chose. La possibilité de transmettre ce que je
sais au plus grand nombre, parce qu’à plusieurs, on arrive à mieux juguler
ce fléau que sont les allergies. Le diplôme de journalisme médical en
poche m’a offert cette ouverture vers mes confrères et le grand public,
pour mon plus grand plaisir. J’entends trop de « on m’a dit que… »
pendant les consultations, avec des affirmations souvent erronées, glanées
sur des forums, dans la famille ou chez des amis qui se veulent à la base
bienveillants. Alors, transmettre les bons codes qui aident à la
compréhension des allergies devient indispensable. Il est vrai que, lorsque
l’on explique un phénomène allergique, de nombreux éléments rentrent en
compte, la chronologie, les facteurs déclenchants, le terrain prédisposé…
Mais justement, c’est cela qui rend très vivante et intéressante l’activité
que j’ai choisie. Il suffit parfois de presque rien pour améliorer la vie de
l’allergique. Nous rentrons dans l’intimité de sa vie quotidienne. Le patient
ne peut être qu’un des principaux acteurs de sa propre guérison ou
amélioration clinique. À nous de lui en donner les clés et les moyens, de
l’accompagner. La désensibilisation, plus que centenaire, a encore de
beaux jours devant elle. Elle sait rester jeune, dynamique et bénéfique sous
ses différentes formes disponibles, sublinguale ou injectable.
Pendant de nombreuses années, il a fallu expliquer pourquoi il y avait si
peu d’allergologues en France, alors que la fréquence des allergies ne
cesse de croître. Je me comparais alors à un dinosaure en voie de
disparition. Un événement très important a eu lieu en décembre 2016. Un
grand pas en effet : l’allergologie a été enfin reconnue comme une
spécialité. Une chance inouïe, un grand merci au SYFAL, à la FFAL
(Fédération Française d’Allergologie) et aux instances qui se sont battues
pour ce résultat positif, attendu depuis si longtemps. Il y aura encore des
allergologues dans les années à venir et ce n’est pas rien. Les méthodes de
diagnostic et thérapeutiques ne cessent de progresser pour le bien-être des
patients. N’oublions pas que celui-ci passe aussi par une collaboration
étroite avec d’autres spécialistes d’organes et les médecins de terrain que
sont les généralistes. Ce livre, je l’ai voulu un peu différent, pour
démontrer la richesse de cette spécialité, pas uniquement par le biais d’une
prise en charge très didactique. Je pourrais presque dire « l’allergologie,
c’est la vie » : cela peut paraître présomptueux mais combien de personnes
voient leur quotidien amélioré après un bilan et des mesures adaptées à
leur pathologie. Imaginez,
il y a une quinzaine d’années, rendre tolérants à certains aliments des
enfants qui auparavant y réagissaient, n’était pas concevable pour le
médecin libéral que j’étais. L’avancée de l’étiquetage grâce à l’AFPRAL,
l’allergologie moléculaire, l’action de l’assocation asthme & allergies,
quel dynamisme ces dernières années ! Nous avons intérêt à mener cette
guerre sans merci aux côtés des allergiques. Dans quelques décennies, 50
% d’entre nous le seront. Alors, haro sur les allergènes.
Je tiens à remercier ma première lectrice et par là même, correctrice
Christiane Capus. Elle a dû parfois me remettre dans le droit chemin du
langage moins médicalisé et me poser des questions judicieuses sur
certains sujets. Sophie Crimon, plus rompue au vocabulaire médical du
fait de sa profession, a complété la relecture. Je suis vraiment ravie
qu’Anaïs Fabre, vue entre autres dans la série Vestiaires diffusée sur
France 2 et dans le film Lola Pater (août 2017), ait accepté de préfacer cet
ouvrage. J’ai eu énormément de plaisir à écrire ce livre et j’espère vous
l’avoir fait partager. J’ai une pensée toute particulière pour mes maîtres,
les Pr F. Leynadier et Pr D.-A. Moneret-Vautrin. Pour finir, je voudrais
saluer tous les patients qui sont à l’origine des cas décrits tout au long des
chapitres. Je précise que les prénoms ont été modifiés. Un clin d’œil à la
mère d’une de mes jeunes patientes qui, un jour, m’a fait sourire en
consultation. Pour protéger sa fille du tabagisme passif, elle fume sa
cigarette le visage dans la cheminée. À chaque fois que nous nous voyons,
je l’imagine telle une mère Noël, la tête dans le conduit d’évacuation de la
fumée et nous en rions, toutes les trois. Je vous rassure depuis elle a
arrêté… pas la cigarette, mais la cheminée.
INDEX

A
Acariens 22, 24, 25, 26, 27, 28, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 82, 89, 90,
156, 157, 177, 179, 227, 244, 263, 281, 285, 289, 296, 333, 334
Acné 14, 242
Additifs alimentaires 154
Alcool 74, 75, 80, 213
Animaux de ferme 74
Animaux domestiques 74, 75, 80, 213
Animaux mparins 50, 237
Arachide 54, 120, 121, 122, 127, 153, 157, 160, 161, 162, 165, 166, 173,
174, 175, 181, 182, 183, 200, 201, 232, 248, 249, 250, 301, 302, 303,
306, 309, 313, 326, 335
Arbres et plantes 54, 120, 121, 122, 127, 153, 157, 160, 161, 162, 165,
166, 173, 174, 175, 181, 182, 183, 200, 201, 232, 248, 249, 250, 301,
302, 303, 306, 309, 313, 326, 335
Aromathérapie 54, 83, 120, 121, 122, 127, 153, 157, 160, 161, 162, 165,
166, 173, 174, 175, 181, 182, 183, 200, 201, 211, 232, 248, 249, 250,
301, 302, 303, 306, 309, 313, 326, 335
Asthme 16, 18, 21, 24, 27, 33, 36, 38, 41, 46, 47, 48, 49, 50, 54, 55, 56,
57, 63, 64, 66, 67, 78, 80, 85, 86, 87, 94, 95, 103, 105, 109, 112, 114,
115, 120, 121, 122, 127, 131, 136, 142, 144, 146, 147, 150, 152, 153,
154, 155, 157, 160, 161, 162, 165, 166, 173, 174, 175, 176, 177, 181,
182, 183, 184, 200, 201, 203, 216, 227, 229, 231, 232, 238, 239, 248,
249, 250, 258, 259, 260, 270, 277, 278, 279, 280, 281, 282, 284, 292,
296, 301, 302, 303, 306, 309, 313, 325, 326, 327, 330, 331, 334, 335

B
Bière 54, 93, 120, 121, 122, 127, 142, 143, 153, 157, 160, 161, 162, 165,
166, 173, 174, 175, 181, 182, 183, 200, 201, 232, 248, 249, 250, 301,
302, 303, 306, 309, 313, 326, 335
Bijoux 54, 120, 121, 122, 127, 153, 157, 160, 161, 162, 165, 166, 173,
174, 175, 181, 182, 183, 199, 200, 201, 225, 226, 230, 231, 232, 248,
249, 250, 268, 274, 301, 302, 303, 306, 309, 313, 326, 335
Bio 54, 120, 121, 122, 125, 126, 127, 144, 147, 153, 157, 160, 161, 162,
165, 166, 173, 174, 175, 181, 182, 183, 200, 201, 220, 221, 232, 248,
249, 250, 301, 302, 303, 306, 309, 313, 326, 335
Bouffées de chaleur 54, 99, 120, 121, 122, 127, 135, 153, 155, 157, 160,
161, 162, 165, 166, 173, 174, 175, 181, 182, 183, 200, 201, 232, 248,
249, 250, 301, 302, 303, 306, 309, 313, 326, 335
Brûlures 240, 242

C
Café 130, 143, 144, 222
Cannabis 58, 76, 77, 78, 79
champignons 55, 61, 124, 126, 202
Charcuterie 36
Choc anaphylactique 18, 35, 36, 48, 49, 50, 78, 79, 94, 95, 103, 104, 105,
106, 107, 108, 109, 110, 112, 116, 121, 124, 131, 134, 137, 143, 144,
146, 147, 152, 153, 155, 163, 169, 170, 177, 178, 182, 185, 186, 188,
227, 232, 233, 234, 235, 239, 250, 251, 290, 295, 302, 303, 305, 308,
309, 327, 328
Cigarette 70, 71, 72, 73, 75, 234, 240, 268, 269, 311, 312, 331, 342
Cigarette électronique 75, 268, 269
Composés organiques volatils 15, 72, 83, 86
Conjonctivite 18, 27, 38, 48, 55, 56, 60, 78, 85, 144, 153, 230, 239, 291
Conservateurs 155, 199, 201, 202, 205, 211, 221, 323
Cosmétiques 15, 16, 17, 18, 111, 145, 148, 150, 182, 193, 194, 195, 196,
199, 200, 201, 202, 203, 204, 206, 211, 214, 218, 219, 220, 221, 299

D
Démangeaisons 94, 108, 122, 129, 136, 150, 181, 183, 188, 190, 221,
237, 239, 246, 256, 264, 330, 334, 337
Diarrhée 18, 95, 97, 99, 101, 104, 105, 121, 134, 135

E
Eczéma 15, 16, 18, 27, 38, 47, 48, 79, 82, 84, 100, 101, 104, 105, 106,
114, 121, 144, 147, 148, 150, 153, 155, 181, 191, 196, 197, 199, 201,
202, 205, 213, 216, 217, 219, 222, 223, 225, 226, 230, 231, 241, 243,
264, 267, 268, 269, 270, 273, 275, 276, 287, 296, 318, 319, 323, 334,
335, 336, 338
Encens 83, 210
Épices 93, 149, 150, 151, 152, 157, 164, 166

F
Farine 24, 35, 36, 143, 152, 177, 179, 281
Formol 80, 205, 216
Fruits 54, 55, 64, 122, 123, 124, 125, 126, 127, 128, 130, 157, 158, 159,
161, 177, 181, 182, 231, 232, 249, 250, 255, 256
Fruits à coque 124, 126, 127, 128, 130, 157, 161, 232, 249, 250
G
Gluten 96, 97, 140, 161, 297, 298
Gonflement 78, 94, 120, 129, 179, 181, 182, 188, 190, 307

H
Histamine 33, 34, 76, 82, 92, 95, 99, 100, 105, 135, 150, 211, 212, 296,
319, 335
Huiles essentielles 33, 34, 76, 82, 150, 211, 212, 296, 335

I
Insectes 263
Intolérances alimentaires 95

L
Latex 18, 78, 85, 107, 144, 157, 183, 184, 185, 186, 188, 204, 232, 253,
280, 282, 283, 301, 308, 329
Légumineuse 249

M
Maux de tête 97, 99, 135, 141, 155, 242
Médicaments 18, 21, 79, 90, 142, 170, 172, 182, 210, 215, 242, 250, 252,
253, 256, 257, 262, 269, 283, 285, 289, 297, 299, 321, 329
Métaux 72, 226, 266, 268, 269, 271, 274
Miel 144, 145, 146, 148
Moisissures 23, 24, 34, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 80, 85, 89, 155, 260, 281
Moutarde 142, 152, 153, 155, 157, 158, 161

N
Nausées 99, 160, 188
Nouvelles technologies 264, 265, 266, 267

O
Œdème 248
Œuf 168, 249
Oiseau 49, 114, 138

P
Pécaris 52
Peinture 83, 204, 237, 276
Piercings 225
Poacées 56, 212
Poils 24, 37, 38, 39, 42, 44, 45, 46, 47, 49, 51, 124, 287, 291
Poisson 49, 92, 130, 131, 132, 133, 134, 135, 136, 140, 158, 159, 161,
162, 169, 177, 181, 182, 200, 250, 251, 314
Pollen 52, 56, 123, 145, 147, 230
Pollution 21, 27, 28, 79, 82, 84, 89, 229, 247, 331
Produits laitiers 103
Produits ménagers 203
R
Rhinite 18, 21, 22, 27, 33, 38, 47, 48, 49, 55, 63, 85, 103, 121, 144, 150,
152, 155, 216, 225, 277, 279, 282, 330, 331
Rongeurs 37, 46

S
Soja 93, 110, 157, 161, 162, 200, 303
Soleil 23, 26, 59, 196, 206, 216, 221, 240, 241, 242, 243, 245, 253
Sperme 187, 188, 189, 190
Sport 244, 255, 257, 258, 262, 263, 264, 265, 323
Stupéfiants 77, 78, 149

T
Tabac 70, 71, 73, 74, 75, 76, 77, 78, 80, 83, 229, 268, 311, 312
Tatouage temporaire 219, 220, 223
Thé 78, 143, 144, 213
Toux 17, 61, 62, 87, 95, 153, 239, 259, 284, 305

U
Urticaire 35, 36, 38, 44, 48, 50, 78, 92, 94, 95, 103, 105, 106, 108, 109,
112, 114, 121, 135, 142, 143, 144, 146, 150, 152, 153, 154, 155, 160,
179, 181, 182, 184, 185, 188, 190, 195, 196, 205, 216, 225, 231, 233,
239, 242, 243, 245, 246, 248, 251, 256, 263, 264, 278, 305, 308, 318,
319, 338
V
Vaccin 115, 116, 117, 120, 251
Viande 43, 105, 120, 137, 138, 139, 158, 159, 177
Vin 78, 120, 134, 140, 141, 142, 155, 162
[Achevé]
ISBN numérique : 978 2 36075 544 8
Dépôt légal : à parution

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