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Canadian Journal of Behavioural Science © 2009 Canadian Psychological Association

2009, Vol. 41, No. 1, 45–50 0008-400X/09/$12.00 DOI: 10.1037/a0013565

Validation de l’échelle d’évaluation des traits antisociaux


Caroline Deshaies, Jean Toupin et Michèle Déry
Université de Sherbrooke

Cette étude a pour objectif d’évaluer les propriétés psychométriques de la version française de l’
Antisocial Process Screening Device (Frick & Hare, 2001), soit l’Échelle d’Évaluation des Traits
Antisociaux de l’enfant (ÉÉTA). Les propriétés psychométriques des sous-échelles (impulsivité/ pro-
blèmes de conduite et insensibilité) ainsi que de l’échelle totale de l’instrument ont été examinées auprès
de 306 enfants, d’un âge moyen de 9,9 ans (É.T. ⫽ 1,8), recevant des services complémentaires en milieu
scolaire en raison de leurs difficultés de comportement. Les comparaisons avec les études ayant utilisé
la version anglaise originale montrent des résultats similaires sur plusieurs épreuves, tout en présentant
certaines spécificités. L’analyse des propriétés psychométriques révèle que les épreuves de fidélité
(stabilité temporelle, cohérence interne), l’analyse factorielle confirmatoire et la validité (prédictive,
convergente) de la version française de l’ÉÉTA sont acceptables. Cette étude permet donc de recom-
mander l’utilisation de l’ÉÉTA, mais suggère une certaine prudence vu l’absence d’échantillon en
provenance de la population générale dans le processus de validation de l’échelle en français. Des études
subséquentes utilisant cette échelle permettraient de mieux comprendre les facteurs qui influencent la
précocité et la stabilité des traits antisociaux chez les enfants.

Mots-clés : traits antisociaux, validation, enfant

Si l’évaluation des traits psychopathiques est bien établie chez Hart & Hare, 1997). Les psychopathes adultes sont aussi ceux qui
l’adulte (Fulero, 1995), elle est plutôt récente chez les enfants retirent le moins de bénéfices des traitements (Ogloff, Wong &
(Vincent & Hart, 2002). La présente étude a pour objectif d’établir Greenwood, 1990) et donc, qui sont les plus enclins à récidiver
les propriétés psychométriques de la version française d’un instru- (Hart & Hare, 1997; Hart, Kropp & Hare, 1988). Les psychopathes
ment d’évaluation de ces traits, soit la Psychopathy Screening adultes obtenant les plus hauts scores sur des mesures de psy-
Device (Frick, O’Brien, Wootton & McBurnett, 1994), renommée chopathie seraient ceux ayant débuté leurs conduites délictueuses
récemment Antisocial Process Screening Device (Frick & Hare, le plus précocement et qui seraient les plus enclins à persister dans
2001). Le terme antisocial a été substitué à celui de psychopathie ces conduites (Forth, Kosson & Hare, 2003; Hart & Hare, 1997).
puisque ce dernier possède une connotation négative due à la Prenant appui sur les travaux de Cleckley, Hare a créé un
sévérité des comportements associés (Frick & Hare, 2001). instrument de mesure évaluant les traits psychopathiques chez les
La définition de la psychopathie renvoie aux travaux de Cleckley adultes (Hare, 1980). Cet instrument est aujourd’hui connu sous le
(1976). Elle serait un désordre de la personnalité associé à un nom de Psychopathy Checklist-Revised (Hare, 1991). Le concep-
ensemble de traits affectifs, interpersonnels et comportementaux teur de l’instrument et ses collaborateurs ont constaté que les
caractérisée, entre autres, par un déficit des réponses socio- caractéristiques des psychopathes se regroupaient autour de deux
émotionnelles, dont le manque de remords, l’absence de relations facteurs (Harpur, Hare & Hakstian, 1989). Le premier représente
interpersonnelles significatives, l’égocentrisme, l’impulsivité, des traits de personnalité associés au détachement émotionnel (par
l’insensibilité vis-à-vis les sentiments, les droits et le bien-être
exemple, égocentricité, absence de remord) tandis que le second
d’autrui ainsi que des affects pauvres en général (Cleckley, 1976).
facteur représente des comportements antisociaux (par ex., impul-
Si les psychopathes adultes ne représentent qu’un faible
sivité, grande variété d’infractions). Plusieurs études empiriques
pourcentage des criminels incarcérés, ils commettent la plus
effectuées à l’aide de la Psychopathy Checklist –Revised montrent
grande proportion des crimes (Hart & Hare, 1997), la plus grande
que l’instrument possède une bonne fidélité (Kosson et al., 1990)
variété de crimes (Kosson, Smith & Newman, 1990; Hart & Hare,
et une bonne validité (Hare, Clark, Grann & Thornton, 2000).
1997) et les crimes les plus violents (Hare & McPherson, 1984;
Les travaux réalisés auprès d’adolescents suggèrent également
que les traits psychopathiques sont associés à un profil comporte-
mental distinct, à la continuation des conduites antisociales, ainsi
Caroline Deshaies, Jean Toupin et Michèle Déry, Groupe de recher- qu’à une réponse moins positive aux interventions. Les traits
che sur les inadaptations sociales, de l’enfance (GRISE), Université de psychopathiques sont associés à la présence de comportements
Sherbrooke. criminels à un plus jeune âge (Brandt, Kennedy, Patrick & Curtin,
Cette étude a bénéficié de l’appui financier du Fonds Québécois de
1997), de même qu’à des agressions plus violentes et à un plus
Recherche sur la Société et la Culture (FQRSC), du Conseil de Recherches
en Sciences Humaines du Canada et de l’Université de Sherbrooke. haut taux et une plus grande variété d’infractions (Campbell,
Toute correspondance doit être adressée à Jean Toupin, Département de Porter & Santor, 2004; Forth et al., 2003; Murdock Hicks, Rogers
psychoéducation, Université de Sherbrooke, 2500 blv université, Sher- & Cashel, 2000; Murrie, Cornell, Kaplan, McConville & Levy
brooke, J1K 2R1. Courriel : Jean.Toupin@USherbrooke.ca Elkon, 2004). Les résultats à l’échelle de psychopathie se sont

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46 DESHAIES, TOUPIN ET DÉRY

aussi avérés en lien avec la prédiction de la délinquance et des Méthodologie


comportements agressifs un an plus tard (Toupin, Mercier, Déry,
Côté & Hodgins, 1996). Les jeunes qui possèdent ces traits sont Participants
également plus susceptibles que les autres de s’évader de déten- La portion transversale de l’étude porte sur 306 enfants âgés
tion, de ne pas respecter les conditions de probation et de récidiver entre 5,7 et 13,5 ans (M ⫽ 9,9; É.T. ⫽ 1,8), qui, à l’entrée dans
plus rapidement (Corrado, Vincent, Hart & Cohen, 2004; Gretton, l’étude, recevaient tous des services complémentaires en cours
McBride, Hare, O’Shaughnessy & Kumka, 2001). d’année en milieu scolaire pour des difficultés de comportement.
Les études sur les traits antisociaux des enfants d’âge scolaire Ces enfants ont été recrutés dans des écoles primaires de l’Estrie et
primaire présentent certaines convergences avec les études réali- de la Montérégie (Déry, Toupin, Pauzé & Verlaan, 2004). Les
sées auprès des adolescents. Plus précisément, les traits antiso- participants ont été sélectionnés en raison de la présence de don-
ciaux des enfants sont associés au nombre de comportements nées à l’ÉÉTA en provenance du parent et de l’enseignant.
agressifs, à la variété, à la quantité et à la sévérité des problèmes L’échantillon est composé de 246 garçons (80,4 %) et de 60 filles
de conduite (Christian, Frick, Hill, Tyler & Frazer, 1997; Vincent, (19,6 %). Les résultats obtenus à l’ÉÉTA indiquent un score
2006; Wootton, Frick, Shelton & Silverthorn, 1997). Les enfants moyen de 11,9 à l’I/PC, de 7,2 à l’INS et de 24,7 pour le score
ayant des traits antisociaux ont aussi un nombre de contacts plus élevé total. Les analyses ne révèlent aucune différence significative sur
avec les policiers (Christian et al., 1997). De plus, ils montrent un les scores à l’ÉÉTA selon le sexe, I/PC : t(306) ⫽ 0,45, p ⫽ ,65;
taux plus élevé d’affiliation avec des pairs déviants (Kimonis, INS : t(306) ⫽ 0,00, p ⫽ ,99; total : t(306) ⫽ ⫺0,36, p ⫽ ,72. De
Frick & Barry, 2004). Ces traits chez les enfants sont aussi asso- plus, lorsque l’échantillon des participants est divisé en deux
ciés à certains traits psychologiques. C’est ainsi qu’ils ont plus de catégories d’âge (5 – 9 ans et 10 – 13 ans), il n’y a pas de
difficultés à reconnaı̂tre les expressions faciales et vocales de la différence significative sur l’ÉÉTA (I/PC : t(306) ⫽ 0,1, p ⫽ ,99;
tristesse et de la peur (Blair, Budhani, Colledge & Scott, 2005; INS : t(306) ⫽ ⫺0,56, p ⫽ ,58; total : t(306) ⫽ ⫺0,02, p ⫽ ,99).
Stevens, Charman & Blair, 2001) et réagissent moins aux stimuli En conséquence, l’échantillon a été étudié dans son ensemble.
représentant les situations de menace et de détresse (Blair, 1999). La portion longitudinale de l’étude a été effectuée auprès de
participants rencontrés deux années après l’évaluation initiale. Les
participants (n ⫽ 187) proviennent d’un sous-échantillon de 237
La mesure des traits psychopathiques au cours élèves qui ont été revus lors du suivi et ayant des données selon le
de l’enfance parent et l’enseignant. L’âge des participants lors de cette seconde
cueillette de données varie entre 7,8 et 15,6 ans et l’âge moyen est
La présente étude porte sur la version française de l’ Antisocial de 11,7 ans (É.T. ⫽ 1,8). L’échantillon est composé de 150
Process Screening Device (Frick & Hare, 2001), soit l’Échelle garçons (80,2 %) et de 37 filles (19,8 %). Les scores moyens
d’évaluation des traits antisociaux (ÉÉTA). Ce choix se justifie par obtenus à l’ÉÉTA sont de 11,7 pour l’I/PC, de 7,0 pour l’INS et de
le contenu de l’instrument qui est fortement inspiré de la Psychop- 24,1 pour le score total. Selon les analyses, il n’y a pas de
athy Checklist-Revised. Tout comme cette mesure, l’ÉÉTA com- différence significative, sur les scores à l’ÉÉTA selon l’âge (I/PC :
porte 20 items répartis à l’intérieur de deux sous-échelles, soit t(187) ⫽ 0,08, p ⫽ ,94; INS : t(187) ⫽ 1,09, p ⫽ ,28; total :
l’impulsivité/ problèmes de conduite (I/PC) et l’insensibilité (INS; t(187) ⫽ 0,33, p ⫽ ,74) et le sexe (INS : t(187) ⫽ ⫺0,20, p ⫽ ,84;
Frick et al., 1994). Deuxièmement, selon plusieurs études, l’ÉÉTA total : t(187) ⫽ 1,07, p ⫽ ,29), sauf pour l’échelle (I/PC : t(187) ⫽
possède de bonnes propriétés psychométriques, soit la cohérence 2,03, p ⫽ ,04). Ce dernier résultat suggère une impulsivité légèr-
interne (Barry et al., 2000; Christian et al., 1997; Frick & Hare, ement supérieure chez les garçons (M ⫽ 11,9 contre M ⫽ 10,6).
2001; Frick, Lilienfeld, Ellis, Loney & Silverthorn, 1999; Loney, La comparaison entre les participants (n ⫽ 187) et les non-
Frick, Ellis & McCoy, 1998; Wootton et al., 1997), les corrélations participants (n ⫽ 119) lors de la portion longitudinale de l’étude
inter-échelles (Blair & Coles, 2000; Frick et al., 1994), la fidélité révèle une différence significative sur l’échelle I/PC, t(306) ⫽
interjuge entre les répondants parent et enseignant (Frick & Hare, 1,94, p ⫽ ,05 et une tendance pour l’échelle INS, t(306) ⫽ 1,78,
2001; Frick et al., 1999; Frick et al.,1994; Loney et al., 1998; p ⫽ ,08. De plus, une différence est constatée quant au score total,
Wootton et al., 1997) et le test-retest (étude de McBurnett, tel que t(306) ⫽ 2,03, p ⫽ ,04. Ces résultats suggèrent une perte plus
cité dans Frick & Hare, 2001). De plus, l’échelle est corrélée avec importante de participants ayant des trais antisociaux pour la
des mesures de troubles mentaux tels, le trouble des conduites et le portion longitudinale de l’étude (M ⫽ 25,55 contre M ⫽ 24,13).
trouble oppositionnel, ainsi que des mesures d’agression (Frick et L’évolution des difficultés de comportement lors du suivi pourrait
al., 1999; Frick et al., 1994). Finalement, elle a été utilisée auprès être affectée par les services reçus en milieu scolaire. Pour vérifier
d’enfants en milieu clinique et en population générale (Barry et al., cette hypothèse, la fréquence des services scolaires a été corrélée avec
2000; Blair & Coles, 2000; Christian et al., 1997; Frick & Hare, le changement dans le nombre de difficultés de comportement entre
2001; Frick et al., 1999; Frick et al., 1994; Loney et al., 1998; les deux temps de mesure. Aucune de ces corrélations ne s’est
Wootton et al., 1997). révélée significative. En conséquence, les services scolaires dis-
pensés ne semblent pas moduler l’évolution des difficultés plus
tard.
Objectif de l’étude
Déroulement
La présente étude a pour but d’établir la fidélité (cohérence
interne, interjuge, test-retest) et de confirmer la structure factori- Les données transversales et longitudinales de la présente étude
elle et la validité (prédictive et convergente) de l’ÉÉTA. sont tirées d’une recherche plus importante de Michèle Déry et de
ÉVALUATION DES TRAITS ANTISOCIAUX DE L’ENFANT 47

ses collaborateurs (2004, 2007) sur la persistance des difficultés suggérer une cohérence interne plus satisfaisante de l’échelle totale
comportementales d’âge scolaire primaire. Tous les parents des par rapport aux sous-échelles. Toutefois, une telle interprétation
enfants ont signé un formulaire de consentement pour participer à doit être nuancée vu la sensibilité de l’alpha de Cronbach au
l’étude. nombre d’items qui compose l’échelle (Laveault & Grégoire,
2002). En effet, une extrapolation de la cohérence interne des
Instruments sous-échelles grâce à la formule prophétique de Spearman Brown
révèle des coefficients respectifs de ,79 et ,85 pour les échelles
L’Échelle d’Évaluation des Traits Antisociaux de l’enfant I/PC et INS si ces échelles étaient composées de 20 items tout
(ÉÉTA), est une échelle de 20 items, sous forme de questionnaire comme l’échelle totale.
auto-complété par le parent et l’enseignant, qui permet l’évaluation Bien qu’acceptable, la cohérence interne des sous-échelles est
de la présence de traits antisociaux chez les enfants. Les répon- généralement plus faible que celle établie dans les études recen-
dants doivent se prononcer sur une échelle de type Likert en trois sées. En effet, sauf pour Barry et al. (2000) qui rapportent une
points ( pas du tout vrai, parfois vrai, définitivement vrai). Tel que cohérence interne de ,68 pour l’échelle INS, les autres études
recommandé par Frick et Hare (2001), le score retenu pour chacun (Christian et al., 1997; Frick et al., 1999; Loney et al., 1998;
des items est le score combiné, soit le score le plus élevé de l’un Wootton et al., 1997) observent des coefficients entre ,73 et ,78.
ou l’autre des répondants. Les deux facteurs contiennent respec- Quant à l’échelle I/PC, les résultats des autres études sont de ,83 et
tivement 10 items (dimension I/PC) et 6 items (dimension INS). La ,84 (Christian et al., 1997; Frick et al., 1999). Une seule l’étude de
somme des réponses à chacun des items permet l’obtention d’un Frick et Hare (2001) présente la cohérence interne du score total.
score total variant de 0 à 40. La traduction française de l’échelle a Elle est de ,90, ce qui est légèrement plus élevé que celle que nous
été réalisée par l’un des auteurs (J.T.) qui est familier avec les obtenons. Il importe cependant de noter que cette étude repose sur
versions anglaise et française des échelles d’évaluation de la un échantillon en provenance de la population générale de taille
psychopathie. La traduction a été vérifiée par un professionnel beaucoup plus importante.
indépendant. La corrélation entre les deux échelles de l’échantillon est de r ⫽
Le Diagnostic Interview Schedule for Children – 2 Revised,
,44, p ⬍ ,01, indiquant que les deux échelles sont significativement
version française a été conçu par Shaffer et al. (1993) dans le but
corrélées. Ce résultat est similaire à celui de Frick et al. (1994), r ⫽
d’évaluer la présence de certains troubles mentaux de l’axe I du
,50, p ⬍ ,001. Pour leur part, Blair et Coles (2000) obtiennent une
Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders III-R
corrélation plus élevée, r ⫽ ,79, p ⬍ 0,01. Soulignons toutefois
(APA, 1987) chez des jeunes de 6 à 17 ans. Lors d’entrevues
qu’il s’agit alors d’un échantillon tiré de la population générale
structurées avec le parent et l’enseignant, les questions permettent
ayant recours à un enseignant et un assistant enseignant de la
d’établir la présence chez l’enfant de différents troubles mentaux
même classe.
au cours de la dernière année, dont le trouble de l’attention/
La fidélité interjuge a été étudiée par la corrélation entre les
hyperactivité (TDA/H), le trouble oppositionnel avec provocation
scores selon le parent et l’enseignant. La corrélation est de r ⫽ ,27,
(TOP) et le trouble des conduites. Les scores utilisés réflètent la
p ⬍ ,01 pour l’I/PC, de r ⫽ ,18, p ⬍ ,01 pour l’INS et de r ⫽ ,28,
combinaison des deux répondants. La version française de ce
questionnaire a été développée par l’équipe de recherche de p ⬍ ,01 pour le score total. Selon les études recensées, l’accord
Rivière-des-Prairies (Breton, Bergeron, Valla, Berthiaume & interjuge sur l’I/PC varie passablement, soit entre r ⫽ ,28 (Frick et
St-Georges, 1998). La cohérence interne de la version française est al., 1999) et r ⫽ ,60 (Frick et al., 1994). Pour l’INS, la corrélation
généralement satisfaisante. La version administrée a été légère- se situe entre r ⫽ ,26 et r ⫽ ,40 selon la plupart des études. Pour
ment modifiée pour l’adapter aux critères du Diagnostic and l’échelle totale, seule l’étude de Frick et Hare (2001) présente ce
Statistical Manual of Mental Disorders IV (APA, 1994). résultat et il est de r ⫽ ,43. En général, la fidélité interjuge de notre
Les Direct and Indirect Aggression Scales de Bjorkqvist, échantillon s’avère donc légèrement plus faible que celle clas-
Lagerspetz et Osterman (1992) ont été utilisées auprès de siquement obtenue dans les études américaines. Une explication
l’enseignant et du parent afin d’évaluer les comportements agres- plausible est l’origine des échantillons. La plupart des études de
sifs chez les enfants. L’échelle est composée de 22 items répartis comparaison portent sur un échantillon clinique en provenance de
en trois dimensions, soit l’agression physique (frapper, mordre, cliniques de santé mentale en milieu universitaire. Or, les parti-
griffer, pincer), l’agression verbale (insulter, menacer) cipants de ces échantillons s’inscrivent dans une démarche volon-
et l’agression indirecte (médire, répandre de fausses rumeurs). taire de demande d’aide amorcée par les parents (par ex., Christian
L’échelle totale représente la somme des trois échelles précéden- et al., 1997; Frick et al., 1999). Cette situation diffère passablement
tes. L’échelle est de type Likert en 5 points et varie entre jamais et du recrutement de notre échantillon, où la demande de services
très souvent. Les scores utilisés reflètent la combinaison des deux scolaires provient des enseignants. En effet, la démarche volon-
répondants. Österman et al. (1999) établissent que la cohérence taire des parents en clinique pourrait entraı̂ner des contacts plus
interne des trois sous-échelles oscille entre,89 et ,96. fréquents entre les parents et les enseignants, ce qui est susceptible
de hausser la convergence des perceptions entre les répondants.
Par ailleurs, le niveau d’accord obtenu dans notre échantillon n’est
Résultats / Discussion
pas inhabituel puisque, selon une méta-analyse (Achenbach,
La fidélité de l’ÉÉTA, sa structure factorielle puis sa validité McConaughy & Howell, 1987), l’accord interjuge moyen entre les
sont successivement traitées. La cohérence interne des deux sous- parents et les enseignants sur les difficultés des enfants est
échelles ainsi que du score total de l’ÉÉTA sont de ,62 à I/PC, de d’environ r ⫽ ,27, p ⬍ ,001. D’autre part, notons que la corrélation
,65 à l’INS et de ,80 pour l’échelle totale. De tels résultats peuvent plus faible entre les répondants à l’INS par rapport à l’I/PC peut
48 DESHAIES, TOUPIN ET DÉRY

s’expliquer parce que les traits de personnalité sont plus difficile- d’agression, r ⫽ ,29, p ⬍ ,01 à r ⫽ ,44, p ⬍ ,01. Les corrélations
ment observables que les comportements. entre ces dernières échelles et l’I/PC sont en général plus élevées,
Afin d’estimer la correspondance de la structure factorielle r ⫽ ,26, p ⬍ ,01 à r ⫽ ,67, p ⬍ ,01, de même que les corrélations
proposée dans l’étude originale en langue anglaise (Frick et al., effectuées avec le score total de l’ÉÉTA, r ⫽ ,36, p ⬍ ,01 à r ⫽
1994), nous avons eu recours à l’analyse factorielle confirmatoire. ,67, p ⬍ ,01. Plus spécifiquement les corrélations de l’I/PC et de
Les indices proposés par Dillon et Goldstein (1984) sont retenus l’échelle INS diffèrent significativement en lien avec le trouble
pour évaluer la qualité de l’ajustement d’une solution à deux oppositionnel avec provocation, t(306) ⫽ 3,08, p ⬍ ,01, le trouble
facteurs en comparaison avec une solution à un seul facteur. des conduites, t(306) ⫽ 1,97, p ⬍ ,05, l’agression physique di-
L’analyse confirmatoire à un facteur suggère un ajustement médi- recte, t(306) ⫽ 2,79, p ⬍ ,01, l’agression directe verbale, t(306) ⫽
ocre, ␹2(133, N ⫽ 306) ⫽ 404,92, p ⬍ ,001, GFI ⫽ ,88, RMR ⫽ 5,48, p ⬍ ,01, l’agression indirecte, t(306) ⫽ 4,17, p ⬍ ,01, et
,029. En comparaison, l’ajustement d’une solution à deux facteurs l’agression totale, t(306) ⫽ 5,41, p ⬍ ,01. Les résultats sont
offre de meilleurs indices (GFI ⫽ ,91, RMR ⫽ ,029), indiquant un cohérents avec les construits des échelles à l’étude. En effet,
ajustement acceptable en dépit d’un khi carré significatif, ␹2(103, l’échelle I/PC évalue essentiellement des dimensions comporte-
N ⫽ 306) ⫽ 231,23, p ⬍ ,001. Comme la différence dans la valeur mentales, tandis que l’échelle INS s’attarde principalement aux
des khis carrés est significative, ␹2(30, N ⫽ 306) ⫽ 173,69, p ⬍ traits de personnalité. Nos résultats sont similaires à ceux de
,001, le modèle à deux facteurs permet un meilleur ajustement l’étude de Frick et al. (1994). Ces derniers obtiennent, en effet, des
(Dillon & Goldstein, 1984). Notons de surcroı̂t que l’indice GFI corrélations plus élevées lorsque l’I/PC est croisé avec les mesures
dépasse le seuil recommandé de ,9 (Roussel, Durrien, Compoy & des troubles des conduites/opposition, r ⫽ 0,68, p ⬍ 0,00, et avec
Akremi, 2002). Selon ces indices, la solution à deux facteurs est la mesure d’agression, r ⫽ 0,67, p ⬍ ,00, que lorsque c’est l’INS
préférable. qui est croisé avec ces mesures (respectivement, r ⫽ ,40, p ⬍ ,00;
Les résultats au plan de la stabilité temporelle de la mesure et r ⫽ ,36, p ⬍ ,01).
montrent des corrélations substantielles dans la présente étude. En Le Tableau 2 présente les corrélations entre l’ÉÉTA et le nom-
effet, deux ans après la première passation, les résultats indiquent bre de symptômes de troubles mentaux (TDA/H, TOP, trouble des
des corrélations significatives pour l’I/PC, r ⫽ ,42, p ⬍ ,01, pour conduites) et des mesures d’agression (physique, verbale, indirecte
l’INS, r ⫽ ,37, p ⬍ ,01, et pour le score total, r ⫽ ,44, p ⬍ ,01. Ces et totale) deux ans plus tard. L’I/PC et le score total sont signifi-
résultats sont satisfaisants compte tenu de l’important laps de cativement corrélés avec tous les symptômes des troubles mentaux
temps écoulé entre les passations. La stabilité temporelle n’a été et d’agression (I/PC : r ⫽ ,16, p ⬍ ,05 à r ⫽ ,37 p ⬍ ,01; total :
évaluée qu’à l’intérieur d’une seule autre étude, soit celle de r ⫽ ,18, p ⬍ ,05 à r ⫽ ,35 p ⬍ ,01). L’INS est corrélée avec le
McBurnett (tel que citée dans Frick & Hare, 2001, et dans Wootton et trouble des conduites, r ⫽ ,21, p ⬍ ,01, l’agression verbale, r ⫽
al., 1997). Les résultats obtenus pour un intervalle d’une semaine sont ,21 p ⬍ ,01, ainsi que l’agression totale, r ⫽ ,17 p ⬍ ,05.
de r ⫽ ,87 (seuil de signification non spécifié), pour l’I/PC et de r ⫽ Toutefois, elle n’est pas significativement corrélée au nombre de
,73, p ⬍ ,001 pour l’INS. Toutefois, l’échantillon de cette étude symptômes de TDA/H et de TOP, ni à l’agression physique et
diffère du nôtre car il provient de la population générale. indirecte. Bien que significatives, des corrélations plus faibles sont
Le Tableau 1 présente les résultats de l’examen de la validité de observées pour l’échelle INS par rapport à l’échelle I/PC pour
convergence de l’ÉÉTA. Elle est étudiée en examinant la corréla- prédire le nombre de symptômes de trouble des conduites,
tion avec des mesures validées de divers troubles mentaux soit : le t(187) ⫽ 1,91, p ⬍ ,05, l’agression verbale, t(187) ⫽ 2,09, p ⬍ ,05,
nombre de symptômes du TDA/H, du TOP et du trouble des et l’agression totale, t(187) ⫽ 3,53, p ⬍ ,01.
conduites. Des corrélations avec les échelles d’agression directe,
verbale, indirecte, ainsi que le total de l’échelle d’agression ont Conclusion
aussi été effectuées. L’INS est la dimension qui obtient des cor-
rélations les plus faibles avec les échelles des troubles mentaux et L’objectif de la présente étude était d’évaluer les propriétés
psychométriques de la version française de l’Échelle d’Évaluation
des Traits Antisociaux de l’enfant. Les comparaisons avec les
Tableau 1 études ayant utilisé la version anglaise auprès d’enfants montrent
Validité convergente de l’ÉÉTA avec des mesures des troubles que la plupart des résultats des épreuves de fidélité et de validité de
mentaux et d’agression l’ÉÉTA sont convergents. Les résultats montrent que la cohérence
interne de l’instrument est acceptable et que la corrélation entre les
Mesures I/PC INS Total
échelles est au niveau attendu. De plus, les résultats montrent une
TDA/H 0,26ⴱⴱ 0,29ⴱⴱ 0,36ⴱⴱ fidélité test-retest significative deux ans plus tard, ce qui suggère
TOP 0,52ⴱⴱ 0,36ⴱⴱ 0,53ⴱⴱ une bonne stabilité temporelle. L’analyse factorielle confirmatoire
Trouble des conduites 0,54ⴱⴱ 0,44ⴱⴱ 0,61ⴱⴱ révèle qu’une solution à deux facteurs est acceptable selon les
Agression directe physique 0,47ⴱⴱ 0,32ⴱⴱ 0,47ⴱⴱ indices d’ajustement du modèle. Quant à la validité convergente,
Agression directe verbale 0,67ⴱⴱ 0,42ⴱⴱ 0,66ⴱⴱ
Agression indirecte 0,51ⴱⴱ 0,29ⴱⴱ 0,52ⴱⴱ les résultats montrent qu’en général, l’échelle liée au comporte-
Agression totale 0,66ⴱⴱ 0,41ⴱⴱ 0,67ⴱⴱ ment, soit l’I/PC est plus fortement corrélée aux mesures du
trouble des conduites, du TOP, du TDA/H et des différentes
Note. TDA/H ⫽ trouble de l’attention/ hyperactivité; TOP ⫽ trouble formes d’agression, que ne l’est la dimension INS de l’ÉÉTA. En
oppositionnel avec provocation; I/PC ⫽ impulsivité/Problèmes de con-
duite; INS ⫽ insensibilité. Les scores utilisés sont combinés (parent et
ce qui a trait à la prédiction du trouble des conduites, du TOP, du
enseignant). TDA/H et des différentes formes d’agression deux ans plus tard,
ⴱⴱ
p ⬍ ,01. les analyses montrent également des résultats significatifs, princi-
ÉVALUATION DES TRAITS ANTISOCIAUX DE L’ENFANT 49

Tableau 2 développementale normale des enfants et adolescents. De tels


Validité prédictive de l’ÉÉTA deux ans plus tard efforts de recherche pourraient générer des programmes de pré-
vention précoce. Un investissement dans ces programmes de pré-
Mesures I/PC INS Total vention est justifié en regard des coûts financiers et psychosociaux
TDA/H au T2 0,16ⴱ
0,13 0,18ⴱ importants pour la société (Lösel, 1998; Lynam, 1998).
TOP au T2 0,26ⴱⴱ 0,13 0,22ⴱⴱ
Trouble des conduites au T2 0,32ⴱⴱ 0,21ⴱⴱ 0,33ⴱⴱ
Agression physique au T2 0,24ⴱⴱ 0,14 0,24ⴱⴱ Abstract
Agression verbale au T2 0,33ⴱⴱ 0,21ⴱⴱ 0,33ⴱⴱ
Agression indirecte au T2 0,33ⴱⴱ 0,11 0,3ⴱⴱ This study is testing the psychometric properties of the French
Agression totale au T2 0,37ⴱⴱ 0,17ⴱ 0,35ⴱⴱ version of the Antisocial Process Screening Device (APSD, Frick
& Hare, 2001). Reliability and validity of the scales (impulsivity/
Note. TDA/H ⫽ trouble de l’attention/ hyperactivité; TOP ⫽ trouble conduct problems, callous/unemotional), as well as the total scale
oppositionnel avec provocation; I/PC ⫽ impulsivité/Problèmes de con-
duite; INS ⫽ insensibilité. Les scores utilisés sont combinés (parent et are tested on a sample of 306 children (mean age: 9.9 years)
enseignant). T1 ⫽ premier temps de mesure; T2 ⫽ deuxième temps de receiving special education services because of behaviour prob-
mesure. lems. Results indicate psychometric properties consistent with the

p ⬍ ,05; ⴱⴱ p ⬍ ,01. English version (Frick, O’Brien, Wooton & McBurnett, 1994), as
well as some differences. Test–retest reliability, internal consis-
tency, confirmatory factor analysis, and validity (convergent, pre-
palement pour l’échelle I/PC et l’échelle totale. Ces résultats ont dictive) are acceptable. Further use of the French version of the
été obtenus auprès d’un échantillon de taille importante. Ils ap- APSD is warranted for research purposes but interpretation must
puient donc l’utilisation de la traduction française auprès des remain cautious in the absence of a population based sample used
élèves du primaire. Néanmoins, cette utilisation devra prendre en in the validation process. Studies on the factors associated with the
considération les limites des propriétés psychométriques observées precocity and the stability of antisocial traits are recommended.
et des épreuves de validation conduites. Si l’analyse factorielle
confirmatoire justifie une solution à deux facteurs, on constate Keywords: antisocial traits, validation, child
malgré tout une cohérence interne modeste des sous-échelles. De
plus, les épreuves de validité de convergence et prédictive tendent
Références
à favoriser le recours à l’échelle totale plutôt qu’aux sous-échelles.
L’étude actuelle comporte certaines limites. La plupart des Achenbach, T. M., McConaughy, S. H. & Howell, C. T. (1987). Child/
participants de l’étude recevaient des services en milieu scolaire adolescent behavioural and emotional problems: Implications of cross-
pour des problèmes de comportement. Bien qu’aucune corrélation informant correlations for situational specificity. Psychological Bulletin,
significative n’ait été observée avec l’évolution des difficultés, il 101, 213–232.
est impossible de savoir avec certitude si les interventions profes- American Psychiatric Association. (1987). Diagnostic and Statistical
Manual: Mental disorders (3rd ed., Revised DSM–III–R), Washing-
sionnelles ont influé sur les résultats. Notons également que les
ton, DC : Author.
résultats s’appuient principalement sur un échantillon masculin. American Psychiatric Association. (1994). Diagnostic and statistical man-
Bien qu’une seule association avec le sexe ait été décelée dans la ual of mental disorders (4th ed.). Washington, DC : Author.
portion longitudinale, la taille de l’échantillon féminin ne permet Barry, C. T., Frick, P. J., DeShavo, T. M., McCoy, M. G., Ellis, M. &
de disposer que d’une faible puissance statistique. Des analyses Loney, B. R. (2000). The importance of Callous-Unemotional traits for
effectuées auprès d’un plus grand échantillon féminin pourraient extending the concept of psychopathy to children. Journal of Abnormal
mettre en lumière des différences. Une autre limite est que les Psychology, 109, 335–340.
participants ayant collaboré à la portion longitudinale de l’étude Bjorkqvist, K., Lagerspetz, K. M. J. & Österman, K. (1992). The Direct &
ont obtenu un score total moyen légèrement plus élevé. L’échan- Indirect Aggression Scales. Vasa, Finland : Abo Akademi University.
tillon suivi pourrait donc sous représenter légèrement la prévalence Blair, R. J. (1999). Responsiveness to distress cues in the child with
psychopathic tendencies. Personality and Individual Differences, 27,
des traits antisociaux chez des enfants de cet âge. Enfin, cette étude
135–145.
ne permet pas de connaı̂tre les propriétés psychométriques de Blair, R. J., Budhani, S., Colledge, E. & Scott, S. (2005). Deafness to fear
l’ÉÉTA en population générale, en conséquence une certaine pru- in boys with psychopathic tendencies. Journal of Child Psychology and
dence s’impose dans son utilisation. Psychiatry, 46, 327–336.
Frick et Hare (2001) recommandent d’étudier la stabilité du Blair, R. J. R. & Coles, M. (2000). Expression recognition and behavioural
construit mesuré par l’ÉÉTA afin d’évaluer si les scores obtenus à problems in early adolescence. Cognitive Development, 15, 421– 434.
l’ÉÉTA peuvent être prédicteurs de la psychopathie à l’âge adulte. Brandt, R. B., Kennedy, W. A., Patrick, C. J. & Curtin, J. J. (1997).
Il serait donc pertinent de suivre sur une plus longue période cet Assessment of psychopathy in a population of incarcerated adolescent
échantillon. À l’instar de Frick et Hare (2001), il serait pertinent offenders. Psychological Assessment, 9, 429 – 435.
d’évaluer la contribution de l’ÉÉTA à la prédiction des compor- Breton, J-J., Bergeron, L., Valla, J-P., Berthiaume, C. & St-Georges, M.
(1998). Diagnostic interview schedule for children (DISC-2.25) in Que-
tements violents et la réponse au traitement. De plus, il serait
bec: Reliability findings in light of the MECA study. Journal of the
intéressant d’étudier les caractéristiques familiales et sociales de American Academy of Child & Adolescent Psychiatry, 37, 1167–1174.
ces jeunes ayant des traits psychopathiques plus élevés. Ces tra- Campbell, M. A., Porter, S. & Santor, S. (2004). Psychopathic traits in
vaux pourraient aider à comprendre les facteurs qui influencent la adolescent offenders: An evaluation of criminal history, clinical, and
stabilité des traits psychopathiques et à mieux cibler les visées psychosocial correlates, Behavioral Sciences & the Law, 22, 23– 47.
d’intervention et les facteurs de risque pouvant altérer la trajectoire Christian, R. E., Frick, P. J., Hill, N. L., Tyler, L. & Frazer, D. R. (1997).
50 DESHAIES, TOUPIN ET DÉRY

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