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AøLøGøDøGøAøDøLøUø

Les Cathares

Vénérable Maître et vous tous mes Biens aimés Frères,


Mais pourquoi les Cathares me direz-vous. Ils n’ont rien de commun avec nous, et nous ne pouvons guère
revendiquer dans notre démarche initiatique quelques similitudes avec la leur, si ce n’est un engagement fort dans
une voie spirituelle, le partage de l’Évangile de Saint Jean, le pavé mosaïque, la fraternité, l’initiation, la pratique de la
vertu.
Mais ce ne sont pas les seuls, et on pourrait citer Les Manichéens1, les Pauliciens2, Les Bogomiles, les
« Tisserands », ou encore les « Vaudois3 ».
Rassurez-vous mes FF, mon objectif n’est pas de vouloir faire ici un exposé magistral sur ce qu’étaient les Cathares,
leurs doctrines, leurs origines, mais plutôt essayer de vous transmettre quelques généralités et informations que vous
pourrez ensuite tout à loisir creuser au travers d’une bibliographie aujourd’hui abondante, fruit d’un engouement
mystique de nos concitoyens, pas toujours de bon aloi, mais il existe quelques auteurs très sérieux et pas du tout
ennuyeux, qui pourront vous initier au catharisme, et tenter de montrer que 10 siècles auparavant, certains hommes
et femmes avaient une notion de la dignité, et notamment face à la mort, que nous ne retrouvons pas chez nos
contemporains. Et peut-être pourrions-nous également essayer de comprendre l’essence du message que nous a
légué cette communauté.
Étymologie
Commençons par leur nom de « Cathare ». Pour des raisons de commodité, c’est celui que je vais employer tout au
long de ce travail, mais sachez que ce mot reste cependant rare à leur époque, qu’on ne les appelait pas ainsi, qu’ils
ne se nommaient pas ainsi entre eux, et que l’inquisition n’employa pas ce nom. Ils sont apparus en Bulgarie où on
les appela « Bogomiles » dans la seconde moitié du 10ième siècle, puis chez des moines de Constantinople et en Asie
Mineure au début du 11ième siècle. Des mouvements comparables sont apparus en Occident peu après l’an Mil, que
l’on qualifia de « manichéens ».
Au mot cathare, on préféra plutôt celui « d’hérétiques » ou « albigeois », jusqu’au milieu du siècle dernier, d’où
l’expression « croisade des albigeois » (albigeois de par leur forte domination dans cette région). C’est un certain
Charles SCHMIDT qui en 1849 aurait employé l’expression « cathare Albigeois ».
À ce jour, aucune étymologie du mot cathare n’est communément admise par les spécialistes, même si la plus
probable serait une origine grecque (« kataros », c'est-à-dire, pur, parfait). Ce mot fut employé pour la première fois
en Allemagne au 12ième siècle4 et emprunté au latin médiéval « cathari », mais reste cependant rare, et on lui
préférera celui d’hérétique. Il faut dire que le mot cathare a surtout ensuite été employé par leurs opposants, et
notamment en Allemagne. On pense également que ce mot aurait pu être dérivé du latin « catus », qui signifie
« chat », et qui dans la tradition médiévale Allemande était l’animal symbolique du diable. Mais arrêtons là les
tentatives étymologiques sur lesquelles planent encore de sérieux doutes.

La situation géo-politique de l’époque :


Avant de s’intéresser à la religion Cathare proprement dite, il convient de restituer ce qu’était le Languedoc et le
comté de Toulouse qui vont être des lieux de prédilection de son épanouissement, même si dans d’autres places ils
connurent aussi un large développement comme en Allemagne, en Italie…. Nous sommes entre le 11 ième et le 12ième
siècle5. La civilisation Occitane s’étend sur le Sud de la France, le Nord de l’Espagne, et l’extrême nord-ouest de
l’Italie. Cette civilisation est prospère, raffinée, cultivée. On ne peut pas dissocier les exactions qui ont été commises à
leur encontre du contexte géographico-politico-économique de l’époque. Ce sud, florissant, très avancé dans sa
gestion, riche d’une culture que l’on pourrait qualifier de raffinée et avant-gardiste, bref, un endroit où il faisait bon
vivre, tranchait franchement d’avec le Nord, obscur, enfermé dans ses limites étriquées, son pouvoir restreint et son

1
Manès, né en 216 en Mésopotamie, et mort martyrisé en 277. Se dit prophète, successeur de Bouddah, de Zoroastre et de Jésus.
Il fait une synthèse de ces 3 religions qui conduit à un système dualiste : Le Bien et le Mal, Lumière et Ténèbres.
2
Leur nom vient peut-être de Paul de Somosate, contemporain de Manès, évêque d’Antioche en 260, protégé de Zénobie, Reine
de Palmyre en 272. Les Pauliciens nient la divinité du Christ, admettent l’existence de 2 principes : Le bien et le Mal.
Nombreux au 6ième siècle, de l’Arménie aux Balkans, traqués et dispersés jusqu’au 12ième siècle.
3
Vers 1160, Pierre de Vaux, riche marchand Lyonnais se fait traduire les évangiles en Français, et est frappé par la réponse d u
Christ à un homme qui lui demandait quel était le meilleur moyen de gagner le ciel. « Vendez votre bien et donnez tout aux
pauvres » lui répondit le Christ. C’est ce que fit Pierre de Vaux. Il attaqua ensuite violemment le clergé à cause de ses richesses
et déclara que tout Chrétien pouvait à son gré interpréter et prêcher les évangiles. Expulsé de Lyon vers 1180, il fonda une
église « les pauvres de Lyon », ou Vaudois. Anathémisés, ils se dispersent en Lombardien dans la vallée du Rhône, la Franche-
Comté, la Bourgogne et en Languedoc où ils furent inclus dans la répression de l’hérésie Albigeoise. Ils se réconcilièrent avec
Rome en 1207.
4
Par le moine ECKERT de SCHONAU
5
L’histoire Cathare se déroulera environ entre 1146 et 1321, soit 176 ans.

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mode de vie moins attirant. Rappelons que la Royaume de France à cette époque se limite aux contours (un peu
étendus vers le Sud) de l’Ile de France et que ses vassaux sont les comtes de Flandres, Vermandois, Champagne et
le Duc de Bourgogne.) Dans ce pays Occitan, le mélange des cultures du aux nombreuses occupations (Wisigoths,
Francs, Arabes, Ibères) a ouvert les esprits, et enrichi la pensée et les modes de réflexions, et contribua à
l’instauration d’un esprit Languedocien rebelle à tout ingérence et notamment celle des Francs Capétiens. Toulouse
en était la capitale, siège d’une véritable dynastie, celle des « Raymond», qui soucieuse de son indépendance, ne
cachant pas son inclination pour le roi d’Aragon dont il était un des vassaux, ainsi que du roi d’Angleterre, et même
vassal de l’empereur d’Allemagne, excitera la convoitise des rois de France sur ce comté de Toulouse et sur
l’ensemble du pays d’Oc.
Dans le comté de Toulouse, c’est le droit Romain qui s’applique, à la différence de la France. Les villes sont dirigées
par des consuls, élus par les nobles et les bourgeois de la cité. C’est là, un gage de grande autonomie, tout à fait
favorable à l’éclosion des arts et du commerce, qui fondera la prospérité de la région. On comprend mieux ainsi,
l’intérêt que cela pouvait susciter.
Donc, le pays est prospère, mais avec cependant une ombre au tableau. Le clergé est corrompu, et la foi catholique
peu vivace. Le peuple ne fréquente plus les églises comme le relate Saint Bernard dans une lettre adressée au pape
en 1145, dans laquelle il écrit entre autre « les basiliques sont sans fidèles, … les prêtres sans honneur…..les
hommes vivent dans le péché… on prive les enfants de la vie en Christ en leur refusant le baptême ».
Ce contexte va favoriser l’émergence d’un nouveau courant de pensée spirituelle, de comportement, une nouvelle
religion en fait. Alors, qui sont ces cathares, que le peuple nommait plutôt d’une façon générale « Bons Hommes » ou
« Bonnes Femmes », ou encore « Vrai Chrétien » ou « Ami de Dieu ». On parlera également de « revêtus ».

La doctrine Cathare
Je pense utile de signaler que le peu de textes doctrinaires6 sur le Catharisme a ouvert, chez de nombreux exégètes
les portes de l’imaginaire, et qu’il s’ensuit pour le néophyte que l’essence originelle du message cathare est souvent
difficile à retrouver dans les textes contemporains, car brouillés par le développement intellectuel de leurs auteurs.
C’est vers 1100 que l’on commence à rencontrer en Allemagne, en Italie, en Suisse, en Bosnie, et surtout dans le
Languedoc, des personnages vêtus de noir, cheminant toujours par deux. Ils participent à la vie du peuple, travaillent
et pratiquent une fraternité exemplaire. Ils sont très bien reçus par les populations, et commencent à réoccuper le
terrain spirituel perdu par le clergé catholique. Ils ne portaient pas de jugements sur la qualité spirituelle des gens qui
adhéraient à leurs idées, et exigeaient simplement de celui qui a la foi, d’aspirer à la vertu et d’écouter les
prédications des Parfaits.
Le catharisme se veut un retour à la pureté des premiers Chrétiens. La religion et la philosophie Cathare seraient
issues de certains courants du Christianisme primitif et influencée par les théories gnostiques et Manichéennes, et
non une déviation du Catholicisme. Un Christianisme spirituel, libre et novateur, non dogmatique, composé de pureté,
d’amour, de partage, de tolérance et de non-violence. L’amour et le respect de toute vie était essentielle pour eux. La
perfection était pour les Cathares un véritable objectif, un idéal. Le Christ n’avait-il pas lui-même affirmé cet idéal ?
« Soyez parfaits, comme votre Père Céleste est parfait » que l’on trouve dans l’évangile de Matthieu (chapitre V,
verset 48). Le fait de croire à la réincarnation, à une vision métaphysique dualiste, où un Dieu bon, un Dieu d'amour,
des bons esprits, s'opposent à un Dieu étranger, mauvais, où le démiurge, roi du monde, créateur de toutes choses
matérielles, induit un profond respect de toute vie.
En avançant ces doctrines, très proches du manichéisme, les Cathares ont été déclarés hérétiques par l'Église
Catholique. Ce qui aggravait encore plus leur cas, c'était le fait, que dans la société cathare, la femme trouvait respect
et égalité par rapport aux hommes, mais encore plus, une égalité spirituelle. La femme cathare, pouvait prendre la
voie du sacerdoce
Les origines orientales du catharisme sont nettement démontrées dans les principaux livres dont se servaient les
« Bons Hommes » ; les Évangiles, et particulièrement celui de Saint Jean, les épîtres de Paul, souvent cités par eux
les situent comme des Chrétiens, la Cène secrète, venue de Bulgarie à Carcassonne et qui donne une profonde
cosmologie où l’on retrouve les grandes périodes d’évolution du monde analogue à celle du Mazdéisme7 perse et du
Manichéisme8. Elle décrit le mythe de la chute et indique l’origine du dualisme qui se manifeste dans tous l’Univers.
Par ailleurs, on a retrouvé, dans la cité de Carcassonne, le souvenir des Albigeois, et retrouvé des traces et vestiges

6
1/ Le livre des deux principes (rédigé en latin vers 1250 par le docteur cathare Jean de Lugio et ses disciples de Bergame), 2/
Traité anonyme dit « de Bartholomé », écrit en Languedoc au début du 13 ième siècle, de 25 ans antérieur au livre des 2 principes
(dont l’auteur serait peut-être le Parfait Barthélémy de Carcassonne et 3/ quelques écrits apocryphes d’inspiration Chrétienne,
employés par les Cathares comme écrits canoniques, comme « la Vision d’Isaïe, la Cène secrète ou Interrogation de Saint Jean »
et enfin, l’évangile de Jean, utilisé par les Parfaits lors de l’administration du Consolamentum.[les Cathares considéraient
l’apôtre Jean comme le disciple privilégié, celui que le Maître avait initié aux mystères].
7
Dont le plus illustre Prophète fut Zoroastre qui vécut au 7 ième siècle avant l’ère Chrétienne. Cette doctrine repose sur l’incessant
combat qui oppose le Dieu de Lumière (Ormuzd) au Dieu du mal (Ahriman).Son livre sacré, l’Avesta dit qu’Ahriman
disparaîtra à la fin des temps lorsque plus personne ne voudra le suivre et que chaque homme doit toujours arbitrer en lui, ses
bonnes et mauvaises actions.
8
Le Manichéisme est une gnose dualiste Chrétienne s’inspirant du Mazdéisme.

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de leurs doctrines dans les principales écoles occultes, dites traditionnelles, comme dans les symboles de Jacob
Boehme9, et de Louis Claude de Saint Martin, mais sans la connaissance du passage de la tradition originelle par le
Manichéisme et le Catharisme.
La religion Cathare est dualiste10. Le Dieu suprême est unique ; il est source de bien et d’amour et ne peut en aucune
manière avoir créé le mal. Les deux principes « mal » et « bien » ne sont pas égaux. Dieu seul possède l’Être. En
opposition, se place le « non-être », le néant. Le mal apparaît et se développe dans le temps, se manifestant comme
négation du bien et de l’éternité. Il s’enracine dans le temps mais aussi dans la matière qui est donc une création du
mal pour y faire tomber l’Esprit. Le mal est seulement instabilité, dégradation, apparaissant dans le monde du
mélange avec le bien, la lumière et les ténèbres. Ainsi, le royaume de Dieu n’est pas de ce monde, dont il faut se
détacher.
Puisque nous sommes au 3ième, nous pouvons souligner l’importance que revêt la domination de l’esprit sur la
matière, et le chemin qu’il faut parcourir pour y parvenir, stimulant ainsi, dans son combat permanent, le bien sur le
mal.
L’homme est corps, âme et esprit. En se détachant de la matière, en se dé-créant, il permet à son esprit de croître et
de s’unir au Dieu-Esprit. Si l’âme peut succomber, l’esprit s’échappe. C’est donc en se détachant du monde
périssable et de la chair que l’homme deviendra capable d’accéder au spirituel, d’où la nécessité d’une ascèse
rigoureuse du corps et de l’âme. L’esprit assure la transformation du corps, l’âme se soumet à l’esprit pour être
transformée, l’esprit a besoin de l’âme pour s’élever.
Pour mémoire, en 869, le concile de Constantinople supprime l’Esprit en l’Homme et affirme qu’il faut désormais
enseigner que l’homme n’est constitué que d’un corps et d’une âme douée de qualités spirituelles. Cette grave
décision, va entrainer quelques dissidents gnostiques à propager la réalité de l’Esprit dans le monde, et notamment à
partir de la Bulgarie où l’on retrouve ainsi les Bogomiles (qui signifie ami de Dieu en Bulgare).
Le mal est une puissance chaotique opposée à Dieu, mais qui n’est pas son égal ni en valeur, ni en Être. Par lui-
même il n’est rien, et n’existe et se manifeste que par une confrontation de nous-mêmes. Pour les Cathares, l’homme
est donc corps, âme et Esprit. En se détachant de la matière, c'est-à-dire en se libérant de l’envie matérielle et
psychique, ainsi que des contraintes corporelles, il permet à son esprit (parcelle divine) de croître et s’unir à Dieu. Par
ailleurs, l’emprise du mal diminue quand l’Esprit s’approche de l’éternité. Il ne faut donc pas donner d’importance au
temps qui est un des outils du Mal.
Le Bien et le Mal procède de deux réalités opposées qui sont :
 D’une part les réalités spirituelles, invisibles et éternelles, domaine de Dieu vivant et vrai Dieu de justice et de
vérité, d’où émanent les âmes comme des rayons du soleil. C’est le monde de l’Amour et de la Charité,
 D’autre part, un monde visible, ensemble des réalités matérielles et temporelles, transitoire, corruptible et voué à
la destruction. C’est là que se développe le mal, que les corps de chairs souffrent, se dégradent et meurent. C’est
dans ce monde que vivent tous les maux de la terre. C’est un mode illusoire et de résistance où le mal se
développe dans le temps mais aussi dans la matière.
Pour les Cathares, le monde matériel est vain et n’a pas de sens. Ils le justifiaient en citant cette phrase de Saint Paul
« Sans la charité je ne suis rien », propos que les Catholiques comprennent comme une réflexion morale qui signifie
« aidez votre prochain » tandis que l’interprétation Cathare en était « sans la charité je ne suis que néant ».
Ce qui veut dire que : Si je n’ai pas en moi cette parcelle divine qu’est la charité, je ne suis qu’un corps de chair
corruptible et vain, et j’appartiens au néant. Réalisons-nous aujourd’hui, ce que ces propos peuvent avoir de
puissance pour nous Franc-maçon ?
On peut certainement dire, que cette profession de foi gnostique, leur aura permis de vaincre bien des peurs et des
souffrances tout au long de leur tragique destin terrestre, et qui leur aura donné la dignité face aux buchers.
L’idée de rédemption toujours associée à la notion de faute ou de péché dans les religions judéo-chrétienne disparaît
totalement chez les Cathares, puisqu’ils croyaient à la réincarnation et n’acceptaient pas le sacrifice rédempteur de
Jésus, qui n’était venu que pour proposer un modèle de vie. « Les âmes de Dieu passent de corps en corps et toutes
seront délivrées, à la fin, de la faute et de la pénitence » affirmaient les cathares. La réincarnation était donc pour eux
un processus évolutif et ascendant.
Les Cathares niaient la Trinité, faisant du Père une personne supérieure au Fils et au Saint-Esprit. Ce n’était pas pour
souffrir et mourir sur une croix, pour racheter le péché originel que le Christ avait été envoyé par son Père. Le Christ

9
Jacob Boehme est né en 1575, près de la ville de Görlitz, à la frontière actuelle de la Pologne et de l’Allemagne. C’est alors qu’il
se trouvait en apprentissage que Jacob Boehme reçut la visite mystérieuse d’un Étranger de qui il recevra son initiation. Jacob
Boehme est, sans aucun doute, l'un des plus grands Gnostiques Chrétiens. Ce terme lui est appliqué non pas dans le sens des
hérétiques tels qui existèrent aux premiers siècles de l'ère chrétienne, mais pour décrire une sagesse basée sur une révélation
directe et exprimée par des mythes et symboles plutôt que par des concepts
10
On parle de dualisme radical et de dualisme mitigé. Afin de ne pas rallonger, ni compliquer ce travail, j’ai préféré ne pas
m’étendre sur cette thèse qui à elle seule mériterait un travail à part entière.

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Les Cathares.

Sauveur, mais pas rédempteur, le Christ des « Bons Hommes » était le messager de la Bonne Nouvelle, l’éveilleur
d’âmes et l’insuffleur de l’Esprit Saint, libérateur11.

L’église Cathare :
La religion cathare, structurée en église, comptait des évêchés qui n’exerçaient aucun pouvoir temporel, ne
possédaient aucun bien foncier, ni aucune tutelle de quelque ordre que ce soit (économique ou social), pas plus
qu’elle n’a créé de couvents ou ordres monastiques. On comprend, que face aux turpitudes de l’église catholique du
moment, les cathares furent bien acceptés et même encouragés par les élites Languedociennes, en ce qu’ils gênaient
l’église catholique et la France, et préservaient leurs intérêts en ne s’y intéressant pas.
C’est pour toutes ces raisons, mais aussi parce que la Terre d’Oc avait été touchée par l’Arianisme12, que le dualisme
gnostique cathare qui innocente Dieu du Mal n’a pas été rejeté par la population comme ce fut le cas dans d’autres
pays.
Les cathares, ne se considéraient pas comme un courant de pensée voulant réformer l’Église de Rome, mais comme
une autre église, la Vraie selon leur croyance. C’est cette prétention qui explique entre autre, l’acharnement mis à
l’exterminer dès que sa diffusion prit des proportions inquiétantes. Cette hérésie, puisque c’est ainsi qu’elle fut
qualifiée, présente deux aspects fondamentaux : [1] une existence guidée strictement par les principes qui auraient
été énoncés par le Christ [2] une vie religieuse basée sur des sermons qui consistent à expliciter des textes sacrés et
sur un seul sacrement, comme dans l’église primitive.
L’église Cathare se compose d’abord de sympathisants, dans le milieu desquels se recrutent les vrais adeptes, c'est-
à-dire les croyants. Ces simples croyants, au contraire des Parfaits (qui étaient ceux qui avaient reçus le
« Consolamentum») pouvaient mener une vie normale, leur seul engagement était de recevoir le « Consolamentum »
s’ils se trouvaient en péril de mort. Il n’y avait aucun office obligatoire, ni de distinctions dans la vie religieuse comme
dans la vie profane.
Les Parfaits, eux, vivaient une ascèse stricte. Les obligations du « Consolamentum » ne laissaient pas de place à des
faiblesses morales. Aucune faute n’était permise et elles étaient sanctionnées par des jeûnes ou des carêmes
appelés « Endura ». Ceux-ci devaient rappeler au pénitent que le Christ avait enduré la même épreuve dans le
désert. Les obligations des Parfaits étaient de venir en aide à son prochain en toutes circonstances, de favoriser la
prise de conscience, de respecter toutes les vies, de ne jamais combattre ni par les armes, ni par la force, de
pratiquer le jeûne à intervalle régulier, de ne pas manger de produits venant des animaux et encore moins de viande,
de demeurer chaste et fidèle à l’Esprit en toute circonstances.
Les Cathares n’avaient pas peur de la mort et ne reniaient jamais leur serment d’allégeance à l’Esprit. Ils ne
combattaient donc pas, et acceptaient les sentences des tribunaux d’inquisition. Pour eux, tout s’accomplissait
ailleurs, et il était vain de vivre un parjure ici-bas.
Je vous ai parlé au début de ce travail du nom de « revêtu(e) ». Selon le chroniqueur Pierre des Vaux-de-Cernay, le
Parfait était revêtu par ses confrères d’un habit noir, qu’il portait encore au début de la guerre Albigeoise. De là
viendrait l’appellation « d’hérétique revêtu ». Mais c’était aussi une condition qui s’acquérait une fois que le candidat
avait reçu le « Consolamentum », et après qu’il ait suivi une longue période d’ascèse, au sein de communautés qui lui
enseignaient les quatre degrés de la loi d’Amour qui sont :
 La séparation ou la perte du Vieil Homme (Prise de conscience du bien fondé de sa démarche, mourir à l’homme
actuel),
 L’admission ou le Croyant (La plupart des Chrétiens Cathares en restaient à ce stade). Ils bénéficiaient d’une
fraternité active.
 La révélation ou la Connaissance mystique. C’est à ce stade que l’impétrant recevait le Consolamentum, et qu’il
obtenait le titre de Parfait.
 Le retour ou la vie dans La Vérité. Dieu est maintenant dans son cœur car le mariage mystique est consommé.
Le mal est vaincu, et seul domine dans la volonté, l’entendement du bien.
Il faut noter que le « Consolamentum » est le seul sacrement Cathare. Fixé par un rituel, et qui à travers le temps et
l’espace n’a subi aucune altération. C’est le baptême de l’Esprit. Il était donné par une assemblée de Revêtus en
présence des Croyants, en général dans une grotte et dans la pénombre, l’Évangile de Saint Jean posé sur un autel
que le néophyte devait saluer par trois fois, puis dire sa volonté d’assumer être un bon Chrétien. Après la lecture du
prologue de Saint Jean, il prenait son engagement, puis agenouillé devant l’officiant qui lui posait l’Évangile sur la
tête, recevait après une prière commune le baiser de paix.

11
L’hérésie des « Bons Hommes » se rattache en fait à la lignée des grandes hérésies des premiers siècles en ce qu’elle porte
essentiellement sur la nature du Christ, et sur une voie de salut Chrétien, qui ignore le saint sacrifice de l’autel, l’eucharistie
12
Doctrine arrivée en Aquitaine par l’occupation des Wisigoths, (aidée par les Romains, au 5 ième siècle) qui contrairement à
l’église Romaine, suivaient l'ancien christianisme, qui disait que le Fils n'était pas l'égal du Père, mais lui était inférieur, qu'il
était divin mais qu'il n'était pas Dieu,

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Les Cathares.

Je soumets à votre sagacité mes frères les analogies que nous ne manquerons pas de trouver dans les quelques
phrases qui précèdent avec nos propres grades et rites.

Les croisades :
A l'aube du 13ième siècle, le catharisme s'est largement développé dans le Languedoc au vu et au su de l'ensemble de
la société. Une telle situation devenait chaque jour de plus en plus intolérable pour l'Église officielle et ne pouvait
laisser indifférent le pouvoir royal.
Si dans le pays de langue d'oïl13, le glaive écrasait largement les velléités contestataires, cette méthode semblait
moins efficace dès l'instant où une large part de la population dont la noblesse, embrassait l'hérésie. Certes, il y eut
çà et là quelques tentatives forcées de reconversion et quelques bûchers mais ils restèrent isolés au 12ième dans les
États du Comté de Toulouse.
Dès 1206, un prédicateur d'origine espagnole, Dominique de GUZMAN, le futur St Dominique, fondateur des
Dominicains, comprit vite que la persuasion viendrait de l'exemple. Il fallait concurrencer le clergé cathare sur des
propres terrains : ceux du prêche et du dépouillement. Les quelques succès de St Dominique, à FANJEAUX
notamment, ne furent pas suffisants pour calmer les ardeurs des autorités romaines.
Il faut reconnaître que pour l'Église catholique, la méthode de l'exemple tentée par St Dominique, si elle devait être
généralisée, représentait un bouleversement et un danger fondamental. Se transformer en une Église dépouillée
"apolitique " comme l'Église cathare représentait la fin de la puissance ecclésiastique. Pour des papes qui tentaient
d'imposer leur hégémonie pour " civiliser " la société féodale, cette tactique de dépouillement ne se concevait pas à
grande échelle.
Le débat entre les deux Églises ne pouvait, selon la logique de la papauté, être tranché que par l'écrasement du plus
faible.
Avec l'accession au trône de St Pierre du Pape Innocent III en 1198, la " politique " de l'Église allait être menée avec
plus de rigueur et de fermeté. Incontestablement, ce Pape avait des objectifs clairs en ce qui concerne la primauté de
l'Église et de la Papauté dans la société médiévale. Les Cathares étaient une épine dans le pied de l'Église
d'Occident. Ils étaient aussi l'occasion pour la papauté de s'immiscer dans les problèmes du Royaume de France14.
A l'instar des Croisades pour délivrer les Lieux saints du joug musulman15, il lança, après diverses tentatives
infructueuses en 1208 une mobilisation de la Chrétienté d'Occident pour chasser l'hérésie des terres chrétiennes du
Languedoc. Il venait en effet de subir un affront particulièrement vif par l'assassinat à la frontière des États du Comte
de Toulouse, de son représentant personnel le légat Pierre de CASTELNAU 16 dans des circonstances qui ne furent
pas élucidées mais dans lesquelles le nom du Comte de Toulouse ou de ses proches apparaissaient souvent.
Les trois croisades successives (1209-1218 : croisade dite de Simon de Montfort, 1226-1229 : Croisade royale de
Louis VIII Le lion, 1244 : dernière croisade contre Montségur) furent d’une grande sauvagerie.
On se rappellera lors du siège de Béziers, le 22 juillet 1209, Arnaud-Amaury, légat du pape et abbé de Citeaux, qui
donna l’ordre du premier massacre: « tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens » et les 20 000 habitants de la ville –
tous chrétiens – furent tués en une journée Ce massacre, marqua le début de la "Croisade des Albigeois"
L’inquisition quant à elle débuta en 1233 (pour n’être supprimée officiellement que le 15 juillet 1834) et augmenta le
nombre de victimes par la généralisation de la torture.
Mars 1244 marque la fin des croisades contre les Albigeois par la chute du mythique château de Montségur, haut lieu
du catharisme et les 220 Cathares qui se jetèrent dans le bucher établi au pied du « pog » en un lieu baptisé depuis
« champ des crémats », même si le dernier château (Quéribus) ne fut pris qu’en 1255.

13
Le nord. Une ligne "La Rochelle - Grenoble" scinde le territoire en deux. Au Nord de cette ligne, c'est la langue d'Oïl, au Sud,
la langue d'Oc.
14
Il est paradoxal de constater que la Papauté laissera subsister plus longtemps le catharisme dans ses propres États qu'en
royaume de France.
15
La situation de ces Lieux Saints n’était pas un motif de satisfaction pour Rome puisque Saladin avait repris Jérusalem en 1190
et que les 3ème et 4ème Croisades menées entre-temps pour le libérer n’avaient pas atteint leur but.
16
Le meurtre de Pierre de Castelnau, archidiacre de Maguelone (Montpellier) eut lieu, à Saint-Gilles près de Nîmes (rive droite du
Petit Rhône)

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Les Cathares.

Fin
L’église Cathare disparaitra en avril 1321 par la mort sur le bucher de Guilheim BELIBASTE (dont on dit qu’il aurait
été le dernier Parfait, malgré de nombreux errements par rapport à son engagement). On ne brulera plus ensuite que
de simple croyants :
 la dernière croyante connue étant Guillelme TOURNIER, en 1325 pour avoir dit un peu trop haut, du bien, dans
son cachot, des « Bons Hommes » disparus,
 et des derniers croyants : Adam BAUDET, de Conques sur Orbiel, Guilheim SERRE, de Carcassonne et Isarn
RAYNAUD, d’Albi, qui furent brulés en 132917).
Il subsistera en Bosnie une église Cathare dont les membres se convertiront à l’Islam au 15 ième siècle.
Comment rester insensible à cette foi qui dirigeait ses hommes et ses femmes, comment rester insensible au fait
qu’ils ont drainé autour de leurs thèses une intelligentsia locale, cultivée, instruite, raffinée.
Car s’il est vrai qu’aujourd’hui, les cathares nous ont légué des châteaux, dont l’appellation est d’ailleurs usurpée –
nous devrions dire des châteaux ayant hébergés des Cathares et ayant été remanié sous Philippe-Auguste pour
constituer une ligne de défense contre le Royaume d’Espagne – on comprend mal comment et pourquoi leur mode de
vie ascétique a pu se combiner avec cette culture épanouie. Sans doute faut-il mes Frères rechercher ailleurs que
dans l’apparence les fondements de cet intérêt, et se tourner vers le tréfonds de l’être, ce que finalement, nous
essayons de faire dans la pratique de notre rite, un tant soit peu différent du chemin proposé par d’autres.
C’était des hommes pétris de foi, de quête spirituelle, pour qui la terre avait été donnée au Diable, et qui ne
trouveraient leur salut que dans l’au-delà. À la vue de tous les événements passés et présents, on peut légitimement
se poser la question qu’eux se sont posée en ces temps reculés, sur notre capacité à sauver notre âme en cherchant
notre propre voie dans l’Esprit de l’Évangile. Fort heureusement, notre conviction d’amélioration encore possible de
l’homme ici-bas par le travail et la quête initiatique, nous laisse quelques espoirs pour le futur.
Le dualisme des Cathares se rapporte à ce Dieu caché qu’il faut rechercher en nous, un peu comme la proposition
qui est faite à l’impétrant lors de son initiation de rechercher la Lumière. Cependant, comme il n’est nullement exigé
de l’initié qu’il ait des dispositions spécifiques à la transcendance, seule sa recherche de la Connaissance devra lui
permettre de choisir entre la voie qui mène vers le Bien, ou celle qui enrichit le Mal en l’enchainant dans la matière.
Le mérite de l’initiation maçonnique est de révéler à la conscience suffisamment d’espace pour que le libre-arbitre
décide.
J'en ai terminé Vénérable Maître.

BIBLIOGRAPHIE :
 Cahier d’études Cathares. Déodat Roché. Le Catharisme (tome 1 & 2 )
 L’épopée Cathare – Michel ROQUEBERT – Éditions PRIVAT
 Montségur. Les cendres de la liberté – Michel ROQUEBERT – Éditions PRIVAT
 Le vrai visage du Catharisme – Anne BRENON – Éditions LOUBATIERES
 Les Cathares. Vie et mort d’une église Chrétienne – Anne BRENON – Jacques GRANCHER
 La voie parfaite. Le Catharisme vivant – Jean Claude GENEL – Les éditions des 3 monts
 Le bûcher de Montségur – Zoé Oldenbourg – FOLIO histoire
 Travaux de recherche sur Internet
 Encyclopédie Universalis
 Chronologie Cathare – Maurice Griffe - TSH

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Livre des sentences de l’Inquisition de Carcassonne.

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Il n’existe plus de cathares aujourd’hui, parce que le catharisme fut éliminé de l’Histoire avant la fin du Moyen-âge.
Parce que la religion cathare fut éradiquée, l’église cathare décapitée, et que nul catharisme idéal ne peut être
imaginé survivant à son église.
En Occitanie, lieu Européen de son implantation sociale la plus dynamique et la plus achevée, l’ordre de son église
fut brisé net dans le premier tiers du 14ième siècle. Les croyants, sans ministre de leur culte, ne pouvaient à eux seuls
maintenir l’église Cathare. Ce qui demeura probablement au fond des consciences fut le souvenir du catharisme et
des persécutions (expropriations, incendie des maisons, exhumations de cadavres,…), et fut probablement contre
l’église dominante, un large et profond anticléricalisme silencieux, capable d’alimenter la mémoire de plusieurs
générations méridionales, jusqu’à l’éclosion de la Réforme Protestante.
Depuis la fin du 19ième siècle, quelques sectes ont tenté de s’emparer, de réclamer l’héritage spirituel des « brûlés »,
dans une méconnaissance totale de ce qu’était réellement le catharisme, en s’efforçant de l’assimiler à leurs propres
fantasmes.
Si la religion cathare avait pu subsister grâce à quelques « Bons Hommes », cela se saurait. La catharisme n’était pas
une société initiatique vouée au nombrilisme de quelques élus, mais une église. Les cathares avait la volonté d’être
l’église du Christ, chargée du salut des âmes en ce monde. Sa vocation aurait été alors, de réapparaître au grand
jour, afin de reprendre sa mission universaliste. Quand le vent de la Réforme secoua le Languedoc, quand Pierre
Hunaud de Lanta, descendant de tant de « Bons Hommes » et « Bonnes Femmes » brulés au 13ième siècle, tint les
rues de Toulouse à la tête des Huguenots en 1562, nul Cathare n’émergea de l’ombre. Quand la Révolution
Française prononça la liberté des cultes religieux, nulle église Cathare ne se présenta pour reprendre une activité
publique.

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QUELQUES ACTEURS ET TÉMOINS DU DRAME ALBIGEOIS.

La Royauté française
Louis VII – 1119-1180. Roi de France. Beau Frère de Raymond V qu’il aide contre Henri II. Perd l’Aquitaine par son divorce
avec Aliénor.
Philippe-Auguste 1165 - 1223. Fils de Louis VII. Refuse de prendre part au drame Albigeois. Reprend à Jean sans Terre ses fiefs
de France. Rival de Richard Cœur de Lion
Louis VIII le Lion 1187 - 1226. Élu roi d’Angleterre en 1216 par les barons Anglais, excommunié pour cette entreprise.
Croisade Albigeoise en 1219. Roi de France en 1223. Amaury de Montfort lui cède ses droits sur les domaines du Midi qu’il a du
abandonner en 1224. Meurt en Auvergne durant son retour de la 2ième croisade albigeoise en 1226.
Blanche de Castille 1185 - 1252. Femme de Louis VIII, puis régente de France. Renforça activement l’emprise de la royauté sur
le Midi.
Louis IX (Saint-Louis) 1214 - 1270. Écrase les coalitions féodales, renforce la royauté en Languedoc. Organise la 8ième et
dernière croisade et meurt à Tunis.
Philippe III le Hardi 1245 - 1 285. Poursuit la politique de son père Saint-Louis pour assurer le pouvoir Royal dans le Midi.
Alphonse de Poitiers 1220 – 1271. Frère de Saint-Louis. Reçoit le Comté de Toulouse par mariage avec Jeanne, fille de
Raymond VII. À sa mort, le comté revient à la France (1271).(il s’agira d’un mariage forcé, Jeanne de Toulouse ayant servi
d’otage lors du traité de Meaux en 1228).

Les Croisés
Eudes III duc de Bourgogne. Baron de la croisade de 1209
Hervé IV comte de Nevers. Baron de la croisade de 1209
Gaucher de Chatillon comte de Saint-Pol. Baron de la croisade de 1209
Simon IV de Montfort 1165 - 1218. Participe à la prise de Béziers et de Carcassonne. Seul baron restant en 1209. Vainqueur à
Muret (1213). Nommé comte de Toulouse au concile de Latran (1215) aux dépens de Raymond VI malgré l’avis défavorable
d’Innocent III.
Alix de Montmorency épouse de Simon IV qu’elle épaule énergiquement. Âme de la résistance du château Narbonnais au siège
de Toulouse en 1217.
Guy de Montfort 1220. 2ième fils de Simon IV Meurt au siège de Castelnaudary
Amaury IV de Montfort 1192 - 1241 Succède à son père Simon IV mais ne peut reprendre Toulouse. Cède à Louis VIII ses
droits sur le Midi.
Guy de Montfort 1228. Frère de Simon IV qu’il soutient activement militairement et diplomatiquement. Tué en comb
at à Varilhes.
Guy de Levis. Fidèle de Montfort qui lui octroie en fief le Mirepoix. Ses descendants sont toujours présents dans le midi.
Bouchard de Marly – Cousin d’Alix de Montmorency. Prisonnier de Pierre-Roger de Cabaret en 1209, libéré en 1211 pour
servir d’émissaire auprs de Simon de Montfort, lors de la reddition des Chateaux de Lastours.
Robert Mauvoisin Fidèle de Montfort. Distribue tous ses biens aux abbayes.
Alain de Roucy. Cadet des Comtes de Roucy, pairs de Champagne, reçoit en fief Termes et Montréal.

Les Papes
Grégoire VII 1015 - 1085. En conflit avec l’empereur Henri IV, obtient sa soumission à Canossa.
Urbain II. Prêche à Clermont la 1ière Croisade pour délivrer Jérusalem.
Calixte II 1060 - 1124. Initie et préside le Concile de Toulouse de 1119.
Innocent II 1143. Chassé de Rome et réfugié en France, Saint-Bernard le fait reconnaître comme Pape.
Célestin III. Frappe d’excommunication, d’anathème et d’interdit Raymond VI qui avait pillé Saint-Gilles.
Innocent III 1216. Lève la croisade des Albigeois et préside le Concile de Latran en 1215.
Honorius III. Successeur d’Innocent III. Institue l’Inquisition. Confirme la création de l’Ordre des Frères Prêcheurs.
Innocent IV. Casse la sentence d’excommunication de Raymond VII après sa réconciliation.

Les Religieux
Pierre le Vénérable 1092 - 1156. 1 Abbé de Cluny. Après un voyage dans le midi, écrit un traité sur les progrès de l’hérésie.
Arnaud de Brescia 1100 - 1155. Moine réformateur Italien soulève Rome contre les papes. Meurt tragiquement.
Nicetas. Évêque dualiste de Constantinople venu au Concile cathare de Saint Félix en Lauragais en 1167.
Saint - Bernard 1093 - 1151. Fondateur et 1ier abbé de Clairvaux. Innocent III l’envoit prêcher à Toulouse et Albi contre
l’hérésie.

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Arnaud- Amaury 1225. Ancien abbé de Citeaux, représentant d’Innocent III en Occitanie. Chef spirituel de la croisade.
Archevêque et Duc de Narbonne. Instigateur de la conférence de Montpellier en 1224 en vue d’une réconciliation.
Pierre De Castelnau. Légat d’Innocent III. Assassiné en 1208 près de Saint Gilles, sans doute à l’instigation de Raymond VI.
Raoul de Fontfroide. Légat d’Innocent III à Toulouse en 1203.
Saint-Dominique de Guzman 1170 – 1221. Fondateur de l’Ordre des Frères Prêcheurs transformé en Ordre mendiant en 1208.
Fonde à Prouilles le premier couvent de femmes.
Foulques (Folquet de Marseille). Ancien troubadour, abbé du Thoronet, évêque de Toulouse.
Pierre Valdès. Riche marchand de Lyon, fonde la secte des Vaudois.
Guy des Vaux-de-Cernay. Abbé de Citeaux, prêche la croisade dans le Nord de la France.
Pierre des Vaux-de-Cernay, Auteur de l’Hystoria Albigencis.
Maître Million Notaire apostolique et Maître Thédise, chanoine Gênois, adjoints à Arnaud-Amaury par Innocent III
Pierre de Bruys et Henri de Lausanne. Hérétiques, agitent la France de l’Ouest, le Dauphiné, la Provence et le Languedoc.
Guilhabert de Castres. Évêque Cathare.
Bertrand Marty Évêque Cathare brulé à Montségur.
Robert le Bougre. Inquisiteur
Bernard Délicieux. Moine franciscain, mêne à Carcassonne une campagne politique contre l’Inquisition.

Les Occitans
Rayniond IV de Saint-Gilles 1056 - 1105, et ses méridionaux participent avec gloire à la 1ière croisade en Palestine. Comte de
Tripoli, meurt durant le siège de cette ville.
Bertrand. Fils de Raymond IV, abandonne son comté de Toulouse pour celui de Tripoli. Meurt en Terre Sainte en 1109.
Alphonse Jourdain Frère de Bertrand, comte de Toulouse, se heurte aux comtes de Barcelone. Meurt en Terre Sainte
Raymond V -1194. Comte de Toulouse. Rivalité avec Henri II qu’il reconnaît comme son suzerain direct. Acquiert le comté de
Nîmes.
Raymond VI 1156 - 1222. Comte de Toulouse, 3 fois excommunié, déchu de ses droits au concile de Latran malgré l’avis
d’Innocent III. Vaincu à Muret en 1213. Reprend Toulouse en 1217.
Raymond VII 1197 - 1249. Comte de Toulouse. Libère le Languedoc des Français, mais le traité de Paris le déchoit. Sa fille
Jeanne, héritière du comte de Toulouse, est mariée (mariage forcé) à Alphonse de Poitiers.
Raymond Trencavel 1167. Vicomte de Béziers, Carcassonne, Albi et du Razès. En 1154 reconnaît la suzeraineté de Toulouse.
Roger II Trencavel Beau-frère de Raymond VI. Excommunié en 1179 pour ses sympathies hérétiques.
Raymond-Roger Trencavel 1209. Assiégé dans Carcassonne, se rend à Montfort et meurt en prison.
Raymond Trencavel. Fils du précédent, pupille de Raymond-Roger de Foix. Tente de reprendre ses possessions mais échoue.
Roger-Bernard 1er. Comte de Foix, allié de l’Aragon.
Raymond-Roger de Foix 1223. Tuteur de Raymond Trencavel, actif soutien militaire et politique de Raymond VI. Excommunié.
Absout à Latran en 1215. Meurt en 1223.
Roger-Bernard II. Fils du précédent, continue la politique de son père et prend part à de nombreux combats.
Pierre-Roger de Cabaret. Donne asile aux hérétiques. Soutient victorieusement avec son frère le siège de Simon de Monfort en
1209, mais préfère traiter avec lui en 1210.
Raymond de Termes assiégé dans son château en 1210, se rend. Prisonnier à Carcassonne, meurt en prison.
Olivier et Bernard de Termes. .Soumis et pardonnés en 1228, puis en 1241. Olivier part en croisade avec Saint Louis en
Palestine. A son retour, il permet la reddition de Quéribus, sans combat.
Guillaume de Minerve. Donne asile aux hérétiques. Assiégé par Montfort et ses alliés, est contraint de rendre la place.
Aymery de Montréal. 2 fois rallié à Montfort. A la prise de Lavaur qu’il défendait, est pendu avec 80 chevaliers « faidits »qui
avaient trahis Simon de Montfort.
Guiraude de Lavaur. Châtelaine de la ville lors du siège de 1211, jetée dans un puits après la prise de la place.
Aymery de Narbonne. Vassal de l’Aragon, se rallie à Montfort et participe au siège de Minerve.
Bernard IV, comte de Comminges. Allié aux hérétiques contre la croisade. Participe à la bataille de Castelnaudary, beau-père
de Guy de Montfort, fils de Simon.
Le vicomte de Turenne, les Seigneurs de Gourdon et de Cardaillac. Vassaux du comte de Toulouse
Giraud de Pépieux, Giraud de Niort, Guillaume Cat. Vassaux de Trencavel.
Pierre-Roger de Mirepoix. Cantonné à Montségur, conduit le massacre des inquisiteurs à Avignonet en 1242.
Raymond de Péreille. Seigneur de Montségur. Se rend, mais sa belle-mère, sa femme, sa fille Esclarmonde préfèrent le bûcher à
Montségur en 1244.

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Les Aragonais
Raymond-Bérenger IV le Vieux. Comte de Barcelone, roi d’Aragon, devient comte de Provence par mariage.
Alphonse II 1162 - 1196. Roi d’Aragon, Comte de Provence. Conquiert le Roussillon et le Béarn.
Pierre II 1174 - 1213. Roi d’Aragon. Victorieux des Maures à Las Navas de Tolosa (1212). Envisage un grand royaume catalan
et languedocien à cheval sur les Pyrénées. Allié à Raymond VI contre Simon de Montfort, il est tué à la bataille de Murent en
1213.
Jacques 1er le Conquérant 1208-1276. Remis enfant par son père Pierre II à Simon de Montfort en 1211. Rendu à l’Aragon
après Muret. Conquiert les Baléares, Valence et Murcie.

Les Anglais (par leur présence en Guyenne, Gascogne, Agenais et Périgord, les rois Anglais intervinrent souvent dans le
drame Albigeois, suivant leurs intérêts).
Henri II 1133 - 1189. Roi d’Angleterre. Marié à Aliénior d’Aquitaine après son divorce avec le Roi de France, reçoit ses vastes
domaines du Sud-ouest.
Alienor d’Aquitaine 1122-1204. Fille de Guillaume X duc d’Aquitaine, Reine de France puis d’Angleterre.
Richard 1er Cœur de Lion 1157 – 1199. 3ième fils d’Henri II. Grand rival politique et militaire de Philippe-Auguste.
Jean sans Terre 1167 - 1216. 5ième fils d’Henri II et d’Aliénor. Ses territoires en France furent confisqué par Philippe Auguste.
Intervient en Agenais pour soutenir Raymond VI de Toulouse.
Henri III 1207 - 1272. Tente en vain de reprendre ses possessions françaises perdues. Signe avec Saint-Louis le traité de Paris
en 1259.

Les Allemand (les conflits des empereurs avec les papes détournèrent souvent ceux-ci du problème Albigeois).
Henri IV Empereur romain-germanique, opposé à Grégoire VII au sujet de l’investiture des évêques allemands. Se soumet à
Canossa.
Frédéric 1ier Barberousse. Empereur romain-germanique, lutte contre les hérétiques en Allemagne et en Italie (Arnaud de
Brescia). Il persécute le pape Alexandre III qui doit se réfugier en France.
Frédéric II de Hohenstaufen. Rencontre en Italie Raymond VII qui voudrait bien récupérer le marquisat de Provence confisqué
en 1241 quand Raymond avait pris le parti du pape. Frédéric, alors, n’avait pas hésité à capturer en mer les prélats qui se
rendaient à Rome.
Beaucoup de croisés Allemands participèrent à la croisade contre les Albigeois.

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CHRONOLOGIE SUCCINTE

1119 - Etienne Harding, troisième abbé de Cîteaux, complète la règle de St Benoît en y ajoutant "la charte de charité" complément
à la constitution fondamentale d'un Ordre qui comptait déjà 343 abbayes en 1200 et 694 en 1300.
1119 - Le concile de Toulouse condamne d'excommunication les cathares et demande au bras séculier (le pouvoir civil)
d'incarcérer les coupables et de confisquer leurs biens.
1148 - Le concile de Reims menace de nommer anathème = rejeté de l'Église, quiconque osera héberger ou protéger des
hérétiques. Toujours à Reims, mais neuf ans plus tard le concile condamne les chefs de la secte à l'emprisonnement perpétuel,
tandis que les disciples seront marqués au fer rouge sur le front ou dans le visage. Pour ceux qui bénéficieraient du doute, le
concile leur laisse la possibilité de prouver leur innocence en subissant les ordalies (épreuves) au fer rouge. Ces mesures ont été
immédiatement appliquées dans le nord de la France, malgré l'absence de confirmation du St Siège.
1163 - Le pape Alexandre III vient en personne présider le congrès de Tours, ce qui atteste de la gravité de la situation en
France. A l'interdiction de protéger les hérétiques, s'ajoute celle de commercer avec eux. Cette ordonnance vise surtout à ruiner
le commerce des cathares qui pour la plupart étaient des artisans. L'Eglise espérait ainsi les réduire à la misère et les voir mourir
de faim. Mais lorsqu'on connaît les longues périodes de jeûnes que s'imposaient les Cathares, cette dernière mesure fut vraiment
peine perdue. Alexandre renforça le rôle des évêques qui devaient enquêter sur les réunions secrètes et surtout les interdire pour
empêcher le recrutement de nouveaux adeptes dans la secte.
1165 - Un colloque réunit à Lombers (près d'Albi) divers prélats de l'Eglise officielle et les principaux chefs de la secte. Etaient
présents les évêques d'Albi, d'Agde, de Lodève, de Tours et l'Archevêque de Narbonne, ainsi que Raymond Trencavel (vicomte de
Carcassonne, d'Albi et de Béziers), la princesse Constance, soeur du Roi Louis VII et femme du comte de Toulouse, Sicard
vicomte de Lautrec et beaucoup d'autres nobles du sud...
L'évêque de Lodève conduisait l'interrogatoire qui portait essentiellement sur la valeur des sacrements que rejetaient les "Bons
Hommes" et sur leur soumission à l'autorité de leurs juges. Aucun accord n'étant possible, les condamnations des "Bons Hommes
ou bougres," furent donc confirmées par les évêques. Mais contrairement à la foule des provinces du Nord, celle du sud laissa
partir librement les membres de la secte, qui en souvenir de ce fameux débat contradictoire furent encore surnommés "les
albigeois."
1167 - Pendant qu'on exécutait à Vézelay dans l'Yonne des cathares bourguignons, se tint à Saint Félix de Lauragais (près de
Toulouse) le plus important concile cathare de l'Histoire sous la présidence du Patriarche byzantin Nicétas venu de
Constantinople et chef de l'Eglise cathare de Dragovitchia. Nicetas confirma les deux évêques de Toulouse et Carcassonne et
en consacra deux nouveaux, puis il acheva la cérémonie en donnant le Consolamentum à tous les évêques présents.
Devant l'énorme retentissement de ce concile, Raymond V comte de Toulouse, affolé par le grand nombre de sympathisants et de
conversions à la religion cathare, écrivit au roi de France Louis VII qui lui envoya deux missionnaires : Pierre de Pavie - Cardinal
légat de France et l'abbé de Clairvaux qui obtinrent une soumission apparente des toulousains et l'abjuration du chef cathare
toulousain : Pierre Maurand.
Ce vieux seigneur fut flagellé publiquement dans la cathédrale avant de passer trois années de pénitence en Terre Sainte, pendant
que les légats partageaient ses biens et rasaient son fief.
1179 - Le Concile de Latran incite les chrétiens à se rassembler pour lutter contre les albigeois, (cathares) accusés de s'unir aux
voleurs (!) pour piller les églises et les monastères. Ce concile accordait à tous participants de l'expédition punitive : une
indulgence de deux ans.
1180 - Philippe II Auguste, à l'âge de quinze ans, monte pour 43 ans sur le trône de France
1181 - Alexandre III confie à Henri de Marsiac - abbé (Père supérieur) de Clairvaux, récemment promu Cardinal d'Albano le
commandement d'une expédition de croisés levés par le précédent concile.
Henri s'attaque immédiatement au vicomte de Trencavel (protecteur déclaré des hérétiques du sud) et met le siège devant la
forteresse de Lavaur. Après quelques escarmouches la vicomtesse Adélaïde livre aux assiégeants Bernard Raymond, évêque-
cathare de Toulouse et Raymond de Baimac son coadjuteur. A peine prisonniers, ils se déclarèrent prêts à abjurer leur secte e t à se
convertir. En récompense Bernard Raymond devint chanoine à St Etienne et Raymond de Baimac devint chanoine à l'abbaye de St
Sernin, tandis que le vicomte Roger de Trencavel faisait semblant de se soumettre...
1184 - Le nouveau pape Lucius III promulgue une bulle intitulée les décrets de Vérone, qui soustrayait les hérétiques cathares et
vaudois aux exécutions sommaires de la foule des gens du Nord pour les remettre entre les mains de la juridiction des évêques
locaux.
1198 - Élection d' INNOCENT III, fils du comte de Segni, dont la famille est la rival héréditaire des Bobone dont est issu le
précédent pape Célestin III qui depuis 1191 a été pape durant : 6 ans et 9 mois. A peine élu Innocent III ordonne à Foulques de
Neuilly et à son légat Pierre Capuano de prêcher la quatrième croisade d'Orient qui aboutira en réalité au sac de Constantinople en
1204 !
1199 - Le nouveau pape INNOCENT III proclame une bulle qui instaure une procédure contre les hérétiques de France qui sera
sévèrement appliquée dans le Nord, mais avec mollesse dans les régions du Sud.
1199 - En Bosnie le prince Kouline proclame le catharisme comme religion officielle.
1199 - Le pape Innocent III envoie en Languedoc deux moines cisterciens Rainier et Fuy qui n'obtinrent pas plus de succès que
leur prédécesseur le cardinal de Saint Prisque.
1200 - Création dans chaque paroisse d'une commission dont le rôle est de rechercher et de dénoncer les hérétiques.
1203 - Le pape donne le titre de "chef suprême de tous les légats à Arnaud Amaury (abbé de Cîteaux)" et désigne sous sa
tutelle deux moines de l'abbaye de Fontfroide (Corbières) : Pierre de Castelnau et Raoul de Fontfroide.

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Amaury commence d'abord par punir les chefs du clergé local : l'évêque de Béziers - Guillaume de Roquessels est suspendu pour
insoumission ! Celui de Toulouse - Raymond de Rabatens est déposé pour simonie (trafic d'objets sacrés), suivent l'évêque
Béranger de Narbonne et de nombreux chanoines et prévôts ... Sur sa lancée, le père Abbé de Cîteaux visite les seigneurs du s ud
pour les inciter à punir plus sévèrement les hérétiques, hélas beaucoup d'entre eux protègent des hérétiques ou sont eux-mêmes de
tendance hérétique.

1. La mission apostolique de Saint Dominique


1205 - Après un voyage au Danemark, Don Diègue, le vieil évêque d'Osma (en Castille) arrive à Rome en compagnie d'un
chanoine sous-prieur de sa cathédrale : DOMINIQUE de GUZMAN. Le futur saint Dominique issu d'une riche famille
espagnole de Burgos a tout quitté pour vivre dans un esprit de pauvreté, il n'a que trente trois ans lorsqu'il vient solliciter du pape
l'autorisation d'aller évangéliser des tribus païennes campées aux frontières de la Hongrie. Le pape les enverra tous deux pr êcher
dans le sud de la France pour convertir les hérétiques cathares, insoumis au Saint Siège.
1206 Après un court séjour à l'abbaye de Cîteaux où les légats tenaient leur assemblée, Dominique les incite à ne pas perdre
courage et les assure de son soutien apostolique. A peine arrivé près de Toulouse, Dominique fonde immédiatement un monastère
féminin à Prouille. En véritable prêcheur pendant deux années Dominique va sillonner les routes du midi, cherchant à persuader
par de longs débats oraux les cathares d'abjurer leur croyance et de venir dans le giron de l'Eglise romaine.
1207 Un débat de quinze jours oppose Dominique aux principaux chefs de la secte cathare venus nombreux pour entendre le
débat. On affirme que Dominique qui avait écrit ses réponses sur des papiers furent soumis par les juges à l'épreuve du feu, ils
sortir miraculeusement intacts des flammes et cent cinquante Cathares se convertirent !

2. L'excommunication de Raymond VI de Toulouse


1207 - La conférence de Montréal étant achevée, le légat du pape Pierre de Castelnau alla se présenter chez le comte Raymond
VI de Toulouse, Duc de Narbonne, Marquis de Provence et cousin du roi de France Philippe Auguste, pour lui demander de
prendre la tête de la ligue de la paix, jurée par les Seigneurs provençaux pour organiser la chasse contre ses sujets cathares.
Raymond n'avait nullement l'intention de combattre ses sujets mis au ban de l'Eglise et en tous cas, ne voulait surtout pas faire la
paix avec ses vassaux les seigneurs de Provence qui ne cessaient pas de lui causer des troubles sur ses terres.
Le comte ayant refusé, le légat s'empressa de l'excommunier et d'en avertir aussitôt le pape Innocent qui le menaça de lui retirer
son pouvoir sur ses terres. Sur ce le 17 novembre 1207 Innocent III en appela au roi de France Philippe Auguste et à de nombreux
grands du royaume afin qu'ils se mobilisent contre les hérétiques du sud de la France. Vaine tentative, car le roi ne voyait pas d'un
très bon oeil l'ingérence de l'Eglise dans les affaires temporelles et la politique du royaume. Ce pouvoir était réservé aux princes et
au roi.
D'ailleurs Philippe Auguste était en guerre contre l'Angleterre et n'avait nullement l'intention de s'engager financièrement su r un
nouveau front. Par l'intermédiaire de l'évêque de Paris le roi fit parvenir au pape une lettre dans laquelle il exigeait une trêve de
deux ans dans le conflit anglais et un engagement écrit du clergé dans lequel il devrait avancer la moitié des frais de l'exp édition,
excepté une contribution de cinquante livres par jour, payable par le roi de France, le solde étant pris en charge par les barons !
Cette fois, c'est le pape qui refusa l'offre du roi !
14 Janvier 1208 - Le légat du pape Pierre de Castelnau et sa suite s'apprêtaient à franchir le Rhône aux environs de St Gilles en
Camargue, lorsque soudain un cavalier surgit de la brume matinale et lance au poing, fonce sur le légat apostolique et lui porta un
coup mortel avant de disparaître aussi rapidement qu'il était venu.
Personne ne saura jamais qui était ce mystérieux assassin, mais on accusa aussitôt le Comte de Toulouse d'a voir ordonné ce crime,
car la veille du drame le comte était venu à St Gilles pour chercher un compromis avec le légat qui avait menacé le comte des
pires châtiments s'il ne se repentait pas promptement.
Au comble de la colère le comte s'écria "Partout où vous irez, sur terre ou sur mer, prenez garde ! J'aurai l'oeil sur vous."
Bien entendu le comte n'aurait pas dû proférer cette menace que les autorités ecclésiastiques jugèrent accablante. Mais en y
réfléchissant de plus près il n'était pas dans l'intérêt du comte déjà excommunié, menacé d'être envahi par ses rivaux et dépouillé
de ses biens, d'ordonner cet acte qui allait à coup sûr enclencher la croisade des gens du Nord et de terribles représailles... C'est
également l'avis de l'historien Michel Roquebert (dans son livre l'épopée Cathare, Tome I - Editions Privat) qui démontre que le
crime profita en premier lieu : à ARNAUD AMAURY - l'abbé de Cîteaux qui brûlait du désir de déposséder le comte Raymond
de ses terres et surtout de s'emparer de son titre de Duc de Narbonne.
C'est donc Arnaud Amaury qui averti le premier le pape de l'affreux attentat contre la vie de son légat.
Le 10 mars 1208, Innocent III lançait à travers toutes les provinces de France son célèbre appel à la croisade contre les
hérétiques du Sud français. Le roi de France s'étant abstenu, il n'empêcha pas ses grands vassaux de prendre la défense de la
Croix.
Atterré par cette terrible accusation, le comte de Toulouse avait immédiatement ordonné la recherche de ce cavalier inconnu q ue
ses accusateurs ne semblaient pas pressé de retrouver. Mais toutes les recherches entreprises furent vaines, le comte Raymond
proposa alors au jeune vicomte de Béziers-Carcassone Raymond, Roger Trencavel de s'unir à lui pour mieux organiser la défense
de leurs terres. Mais le neveu de Raymond qui ne voulut pas être accusé de complicité déclina toute participation à cette
proposition.
Ne pouvant prouver son innocence, le comte alla voir Arnaud Amaury et le supplia d'intercéder en sa faveur auprès du pape.
Mais le chef des légats se montra si dur et si injuste envers lui que Raymond décida d'envoyer une ambassade à Rome pour
plaider sa cause et avoir le temps de prouver son innocence auprès du Saint Siège. Le comte promettait de se soumettre aux
volontés de l'Eglise, mais ne voulait plus avoir de rapports avec Amaury. Le pape fit semblant d'accepter et confia cette affaire à

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Les Cathares.

Milon son secrétaire et à Maître Thédise, chanoine de Gênes. Mais ces deux hommes étant soumis à l'autorité d'Amaury, rien
n'allait réellement changer !
En vertu de l'accord passé avec la papauté, le comte céda aux deux légats apostoliques sept de ses châteaux de Provence. Puis il
fut décidé que la cérémonie de réconciliation aurait lieu en public dans la cathédrale de Saint Gilles de Toulouse, berceau de la
dynastie.
Le 18 Juin 1209, devant tout le peuple et le haut clergé réunis, Raymond VI se présenta torse et pieds nus pour être flagellé par
Milon. Après avoir prêté serment sur les évangiles, il fut absout et pour ultime pénitence, dû passer une dernière fois devant le
cercueil de Pierre de Castelnau amené pour la circonstance.

3. La première croisade contre les cathares


Le 24 Juin 1209, à la tête d'une armée d'environ 300.000 hommes, Arnaud Amaury, Prieur général de l'Ordre de Cîteaux,
galopait en direction des terres du sud, derrière lui venait l'armée des archevêques, évêques, abbés, prêtres et moines, suivie des
princes et barons dans leurs étincelantes armures, enfin derrière eux un amas indescriptibles de citadins, de paysans, de roulottes
de vivres avec des femmes de toutes moralités, ainsi que de nombreuses bandes de brigands et de détenus en haillons libérés sur la
promesse d'indulgence liée à la croisade, selon laquelle tous seraient blanchis de leurs fautes !
Informé par l'arrivée imminente de cette croisade contre ses terres, le Vicomte Raymond Roger de Trencavel s'empressa de
galoper jusqu'à Montpellier pour présenter sa soumission aux chefs des croisés. Hélas sa demande fut rejetée, alors il regagn a en
toute hâte la ville de Béziers pour lui ordonner de se mettre en état de défense et poursuivant son chemin il fila vers son fief de
Carcassonne.
Raymond VI qui ne participait pas aux combats avait rejoint les croisés pour leur indiquer le chemin, il était persuadé que s a
soumission exemplaire trouverait sa récompense par la sauvegarde de ses terres. Mais il ignorait encore le sort réservé à deux de
ses châteaux : Casseneuil et Villemur situés sur ses terres.

4. Le sac de Béziers
Le 21 Juillet 1209 l'armée croisée arriva devant Béziers et y planta son campement. Renaud de Montpeyroux, l'évêque de la Cité,
sorti pour essayer de négocier avant l'affrontement. Mais Amaury le chargea de porter un véritable ultimatum aux catholiques
assiégés, qui devaient immédiatement livrer les 222 hérétiques cathares ou vaudois inscrits sur une liste (écrite par l'évêque lui-
même) ou bien quitter la ville en y abandonnant les hérétiques, sinon le père général des Cisterciens menaçait tous les chrétiens
de subir le même sort qu'eux !
L'évêque et quelques catholiques sortirent, mais beaucoup de prêtres préférèrent rester avec leur paroissiens. Le lendemain fête de
Sainte Marie Madeleine, des biterrois sortirent pour lancer quelques flèches sur les assiégeants entrain d'installer leur tentes, mais
la riposte fut foudroyante : par une porte restée ouverte des chevaliers croisés pénétrèrent dans la ville et ce fut le début d'un
immense carnage.
Insensibles aux exhortations des prêtres les croisés se ruèrent dans les rues, dévalisant tout ce qu'il pouvaient emporter, tuant tout
ce qui bougeait : enfants, femmes, vieillards qui essayaient de s'enfuir pendant que les hommes essayaient d'endiguer la maré e de
sauvages sans foi, ni lois.
On dit que mille personnes essayèrent de trouver asile dans l'Eglise de Ste Marie Madeleine. Piétinant le sacré Droit d'asile, tous y
compris les prêtres catholiques furent massacrés, égorgés, éventrés.
Puis le feu qu'on avait allumé dans les ruelles étroites se propagea aux palais, aux églises et même à la cathédrale.
Pendant qu'Amauric rendait grâce à Dieu pour une victoire si facile, les barons se reposèrent trois jours, tandis que des milliers de
cadavres s'entassaient devant les ruines des églises. Vingt cinq mille personnes moururent en une journée tandis que de rares
survivants agonisèrent des journées entières privés d'eau et de soins. Selon le témoignage d'un moine allemand, (Césaire
d'Heisterbach) Arnaud Amaury avait hurlé avant le massacre : Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens !

5. La deuxième armée de croisés - dite du Quercy


Avant même l'arrivée de la première armée des croisés du Nord devant Béziers, une deuxième armée s'était formée autour de
l'archevêque de Bordeaux. A Casseneuil près de Villeneuve sur Lot, on avait déjà érigé le premier bûcher de l a croisade et brûlé
vivants de nombreux hérétiques avec leur famille. Sous la conduite de l'évêque du Puy, une troisième armée vint de l'Ardèche et
se joignit à celle de Bordeaux lors du siège de Casseneuil. Ensembles ces deux armées avaient détruit Gontaud, pillé Tonneins,
rançonné St Antonin et Caussade... La terreur régnait dans tout le pays et les communautés de parfaits et les habitants fuyai ent
avant de mettre le feu à leurs villes.

6. La mort de Raymond Trencavel


En six jours les croisés occupèrent près de cent châteaux et atteignirent rapidement Carcassonne puisque tous les habitants
fuyaient avant leur arrivée ou envoyaient leurs prélats et nobles pour prêter serment aux envahisseurs. Les premiers faubourgs
tombèrent le 3 Août et les croisés eurent même la possibilité de couper l'eau en plein été au reste de la population. Le 4 Août le
roi d'Aragon entra dans le camp des croisés et essaya de plaider la cause du jeune Raymond Vicomte de Trencavel, âgé de
vingt quatre ans seulement.
Le sinistre Amaury l'autorisa à partir mais seulement avec onze chevaliers et à la condition d'abandonner derrière lui tous ses
biens aux croisés. Le courageux vicomte refusa l'offre et le roi Pierre II retourna très attristé à Saragosse.

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Les Cathares.

Les faubourgs de Carcassonne étaient tous tombés, le bétail mourait de soif et de terribles épidémies faisaient des ravages dans la
population. Un soir un chevalier que l'on disait parent du vicomte lui proposa de le suivre pour parlementer avec les barons, c'est
(avait-il dit) pour éviter que Carcassonne subisse le même sort que Béziers ! Raymond de Trencavel le suivit et à peine arrivé au
camp des croisés il fut jeté en prison.
Les habitants du centre ville de Carcassonne eurent la vie sauve, ils purent quitter la ville en abandonnant tous leurs biens aux
pillards qui attendaient pour écumer la ville. Quant au vicomte il fut transféré dans une oubliette de son château où il serait mort
assassiné sur l'ordre de Simon de Montfort qui était devenu entre-temps avec l'aide d'Amaury : le nouveau vicomte de Béziers
et Carcassonne.

7. L'avènement de Simon IV de Montfort


Les Montfort contrôlaient dès le Xè Siècle la route de Paris à Dreux, l'un d'eux devint évêque de Paris tandis que sa soeur
Bertrade déjà mariée au comte Foulques d'Anjou devenait la maîtresse du roi Philippe 1er.
Amaury III de Montfort, le grand-père de Simon, lutta alternativement contre le roi de France et le Duc de Normandie. Son père
SIMON-III avait épousé la comtesse de Leicester. Mais Simon IV ayant opté pour le parti français en épousant une fille des
Montmorency (premiers barons du royaume de France) Jean sans Terre lui confisqua ses domaines. Il vint alors s'établir dans s on
comté situé dans la partie occidentale de l'Ile de France, où la vie devint plus tranquille à partir du moment où Philippe Auguste
avait annexé la Normandie.

Simon IV aurait refusé de participer à la quatrième croisade de 1204 qui devait aboutir au sac de Constantinople et il préféra
partir avec quelques fidèles compagnons pour la Terre Sainte où son énergie l'aurait couvert de gloires (?) ce qui fut très apprécié
par l'abbé de Cîteaux qui s'en rappela lors de la mobilisation contre les hérétiques où il n'eut à intervenir réellement que pour la
prise des faubourgs de Carcassonne.
Après avoir distribué quelques châteaux à ses chevaliers, Simon voyait déjà une de ses filles épouser le fils du Comte de Toulouse
âgé de douze ans et devenir le maître de la région. Pour l'instant Raymond VI ne protesta pas à l'idée de ce mariage, qui s'i l s'était
réalisé, aurait dérangé les plans de l'abbé de Cîteaux.
La plupart des croisés s'en retournèrent chez eux, tandis qu'on laissa sur place une petite armée d'environ 5 000 hommes char gés
de poursuivre les hérétiques qui s'étaient enfuis de Fanjeaux et de Montréal pour se retrancher maintenant dans la citadelle de
Montségur, un pic fortifié au sommet d'une montagne.
Comme la ville de Castres offrait à Simon sa soumission, il s'y rendit immédiatement. Arrivé au Château on lui présenta un
parfait et son novice. Le parfait n'abjura point mais le jeune homme se montra prêt à abjurer la secte. Simon ordonna de les brûler
tous deux en disant que si Dieu le voulait les flammes épargneraient le plus jeune. On les attacha au même poteau, les flammes
consumèrent le parfait mais ne brûlèrent que les liens du jeune homme et le bout de ses doigts. 0n cria au miracle, mais il
n'empêche que Simon avait soumis au bûcher un converti, ce que l'Eglise interdit formellement.
Après un échec devant les fortifications de Cabaret, les bourguignons quittèrent Simon qui resta seul avec une trentaine de
chevaliers et une bande de routiers d'environ deux mille hommes.
C'est ce moment que choisit le comte Raymond Roger de Foix pour casser son accord avec les croisés et reprendre Preixan et
punir les bourgeois de Pamiers qu'il fit emprisonner dans son donjon de Foix.
Simon fit détruire plusieurs châteaux appartenant à Guiraud de Pépieux qui s'était soulevé contre lui, alors Guiraud fit crever les
yeux, arracher les oreilles, le nez et la lèvre supérieure à deux chevaliers de Simon qu'il avait fait prisonnier et les abandonna en
pleine campagne. L'un mourut de froid, le second fut amené chez Simon à Carcassonne par un paysan ! La résistance s'organisait,
la population s'était révoltée dans de nombreuses places et en quelques mois Simon venait de perdre six de ses meilleurs
chevaliers ...

8. La nouvelle condamnation du comte Raymond VI de Toulouse


Amaury avait décidé de reprendre les choses en mains et avec l'accord de Simon envoya une délégation au comte de Toulouse
pour le sommer de remettre aux mains de l'Eglise l'ensemble des hérétiques qui s'étaient enfuis de son comté. Le comte et les
consuls de Toulouse refusèrent d'obéir prétextant qu'il n'y avait plus un seul hérétique à Toulouse. Arnaud Amaury excommunia
immédiatement les consuls et jeta l'interdit sur la ville, ce dont il informa les membres du concile qui se tenait alors à Avignon.
Le légat Milon avertit également Innocent III que le comte avait transgressé les quinze articles de sa soumission et qu'il avait dû le
re-excommunier.
Très outré Raymond VI se rendit avec les consuls au Vatican afin de protester de sa bonne foi devant le pape. Malgré la
promesse du comte de faire tout ce qui est en son pouvoir pour respecter les engagements prononcés en la cathédrale de St Gilles,
le pape lui promit que l'occasion de se justifier devant un concile lui serait laissée.
Février 1210, Innocent III écrivit à son légat Amaury qu'il fallait absoudre les consuls et lever l'interdit jeté sur Toulouse, mais
si des accusateurs arrivaient à reconnaître la culpabilité du comte dans l'affaire de l'assassinat de Pierre de Castelnau, le concile
avait le droit de condamner une seconde fois le comte de Toulouse.
En ce début d'année une ligue intitulée "la confrérie blanche" s'était constituée à Toulouse sous le haut patronage de Foulques
l'évêque de la ville, ces miliciens de la foi portaient une grande croix cousue sur leurs vêtements et pourchassaient les hér étiques
et les usuriers en les faisant comparaître devant le tribunal de l'évêque qui les condamnait à de lourdes amendes. Ceux qui
refusaient de payer risquaient de voir leur maisons saccagées et pillées.
Par opposition les amis du comte formèrent une autre confrérie qui prit le nom de "confrérie noire", et il n'était pas rare de voir
des combats entre les deux clans à toute heure du jour ou de la nuit.

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Les Cathares.

Au mois de Juin, Simon décida de s'attaquer aux fiefs imprenables du catharisme. Il mit le siège devant Minerve et après avoir
emporté la place immola cent quarante Parfaits sur le bûcher. Pendant ce temps le comte de Toulouse était excommunié pour
la troisième fois par une délégation de légats guidée par Amaury.
En février 1211, TOUS les légats de France, réunis à Montpellier décidèrent d'obliger Raymond de Toulouse à respecter une
charte dont les conditions étaient impossibles à remplir :
tous juifs et hérétiques du comté devaient être remis à l'Eglise dans un délai maximum d'un an. Le comte et ses chevaliers ne
devaient plus se revêtir que de la cape brune des pénitents, puis ils avaient obligation de détruire leurs châteaux et de partir
pour la Terre Sainte aussi longtemps qu'il plairait aux légats !...
Arnaud Amaury apporta cet acte en personne au comte qui attendait dehors dans le froid de l'hiver en compagnie du roi d'Aragon.
Indigné le comte retourna immédiatement à Toulouse et ordonna de faire publier l'acte honteux à travers tout le comté. Dès qu 'ils
furent informés que leur acte avait été rendu publique, les légats offusqués prononcèrent la quatrième excommunication du
comte, accompagnée des mesures jetant " l'Interdit " sur ses terres ...
La guerre était désormais inévitable ! De toute urgence le comte demanda l'aide de ses vassaux de l'albigeois, du Béarn ainsi que
celle des comtés de Comminges et de Foix et du sénéchal d'Agen : Hugues d'Alfaro, son gendre. Tous répondirent à l'appel.
Raymond VI avait également un frère nommé Baudouin de Toulouse, que sa mère Constance, soeur du roi, avait emmené avec
elle à la cour de son frère Louis VI, pour se soustraire aux mauvais traitements de son époux le comte : Raymond V. Revenu à
vingt ans au pays, Raymond et Baudouin ne s'aimaient guère, toutefois Raymond confia à son jeune frère Baudouin, le
commandement d'un avant-poste (Montferrand) afin de mieux protéger Toulouse contre les attaques des croisés.

9. Les batailles de Toulouse et de Muret


De son côté Simon de Montfort ayant reçu les renforts attendus de son comté avait décidé d'intensifier la répression :
1211 - Le 3 mai, le château de Lavaur (près de Castres) tombait ! On y alluma le plus grand bûcher de la croisade : 400
Vauréens / cathares y furent brûlés-vifs tandis que le croisé Simon de Montfort, grand défenseur de la Sainte Eglise offrait au
bon plaisir de ses rustres soldats la malheureuse châtelaine qui fut ensuite jetée vivante au fond d'un puits qu'on recouvra de
pierres...
Pendant ce temps le comte de Foix massacrait un groupe d'allemands et de frisons envoyés par leur évêque afin de renforcer les
effectifs du siège de Lavaur.
A Cassès ce furent soixante hérétiques qui furent immolés sans opposer de résistance, seuls les chevaliers de Toulouse eurent la
vie sauve, mais Castelnaudary vidée de ses habitants fut incendiée.
Simon arriva enfin à Montferrand où il mit le siège. Mais le nouveau vicomte Baudouin de Toulouse s'empressa de devenir son
allié en embrassant le parti de la croisade jusqu'à sa mort. Son frère ne lui pardonnera jamais cette trahison, puisqu'il fut capturé
près de Cahors et condamné à être pendu à Montauban par un tribunal présidé par son Frère.
A Toulouse les renforts alliés de Raymond VI se hâtèrent de venir apporter leur soutien, tandis que le comte chassait l'évêqu e
Foulques hors de la ville. Simon mit le siège et après bien des assauts dût reconnaître son échec, par contre il eut sa revanche
contre la coalition Occitane dans la bataille de Castelnaudary de 1212.
1212 - Le roi d'Aragon Pierre II s'allie au roi de Castille et vainquit les almohades à la célèbre bataille de (las) Navas de
Tolosa.
1213 - Le 30 Août les alliés du comte de Toulouse reçoivent à Muret le renfort de l'armée de Pierre II d'Aragon qui venait de
remporter pour la chrétienté une éclatante victoire sur les maures !
Malgré l'écrasante supériorité, les espagnols commettent des erreurs tactiques qui permettent aux croisés de tuer le roi d'Aragon.
Il s'en suivit une indescriptible panique dans le camp occitan dont les croisés profitèrent en massacrant et noyant plus de 15 000
ennemis.
Innocent III toujours soucieux de ses intérêts personnels nomma un nouveau cardinal-légat : Pierre de Bénévent, chargé de
contrôler la situation en Languedoc. Ainsi le nouveau cardinal-légat soumit à l'Eglise les comtes de Foix, de Commingues, de
Roussillon et le vicomte de Narbonne. Même Raymond VI accepta de se soumettre et abdiqua en faveur de son fils Raymond
VII âgé de seize ans.
1214 - (Le futur Saint) Dominique reçoit à Toulouse une maison pour ses frères qu'il soumet à la règle de St Augustin. Cette
même année l'évêque Foulques de Toulouse l'emmènera à Rome où Innocent III émettra quelques réticences pour officialiser le
nouvel Ordre. Un an plus tard c'est Honorius III qui approuvera le nouvel ORDRE et en fera l'école des inquisiteurs et
l'instrument par excellence de lutte contre les hérétiques. Dominique mourut à Bologne en 1221 et fut canonisé en 1235.

10. L'avènement du pape Honorius III (1216) et de Louis VIII (1223)


1215 - Un an avant la mort d'Innocent III débuta le 11 novembre le 4ème concile de Latran, ouvert dans la résidence vaticane. Il
réunissait 410 évêques, environ 800 abbés et 3 000 clercs, ainsi que les nouveaux Patriarches (catholiques) de Constantinople et
de Jérusalem. Ce concile prononça la déchéance de Raymond VI et officialisa la passation au comte Simon de Montfort de tous
les domaines conquis par les croisés. Les autres domaines non conquis furent confiés à quelques nobles capables d'y défendre la
paix en attendant que le fils du comte de Toulouse prouve ses compétences.
en 1216 Simon de Montfort reçut enfin des mains de Philippe Auguste l'investiture solennelle sur le comté de Toulouse.
Le 24 Août 1216 , après treize semaines de siège, Simon de Montfort dut abandonner Beaucaire à Raymond VII. Rentré
d'Espagne le vieux comte soutenu par les comtes de Foix et de Compiègne fit une entrée triomphale dans Toulouse pendant
qu'Alix de Montfort, épouse de Simon se retrancha au coeur de la citadelle en appelant son époux à l'aide.

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Les Cathares.

Le 22 Septembre 1217 , les croisés mirent le siège devant les remparts de Toulouse, le siège fut très long et il coûta la vie à
Simon de Montfort qui en portant secours à son frère Guy, reçut un boulet de pierre qui le tua sur le coup. Son fils AMAURY de
MONTFORT lui succéda.
L'épouse de Simon et l'évêque Foulques persuadèrent Philippe Auguste d'intervenir au Sud de la France. Le roi missionna son fils,
le dauphin Louis de conduire cette croisade royale commencée fin mai et qui mit le siège de 17 Juin 1219 devant Toulouse !
Après plusieurs assauts repoussés, le futur roi de France leva le siège le 1er Août. Devant ce triomphe inattendu les toulousains se
vengèrent en assassinant une partie de la garnison française de Lavaur et tuèrent Alain de Roucy qui avait porté le coup mortel au
roi d'Aragon.
1222 - En Août s'éteint paisiblement le comte Raymond VI âgé de soixante-six ans.
1224 - Après la mort de son père le jeune roi Louis VIII accepte les terres d'Amaury de Montfort pour les joindre à ceux de la
couronne. Aussitôt il écrit à Honorius III pour lui demander son aide financière afin de soulever une armée devant libérer les
comtés de Béziers et de Toulouse encore aux mains des insurgés et des hérétiques.
1225 - Honorius III envoie le 30 novembre à Paris le jeune et ambitieux cardinal de Saint-Ange qui sitôt arrivé réunit à Bourges
un concile qui prononce l'excommunication du comte Raymond VII et le destitue de tous ses biens.
1226 - Le 30 Juin Louis VIII marche vers le Languedoc à la tête de 50 000 cavaliers et 60 000 fantassins. Tous les seigneurs à
l'exception du comte de Toulouse et du fils du comte de Foix (qui a succédé à son père) et du fils du malheureux Raymond de
Trencavel font leur soumission au jeune roi de France qui prendra Avignon et ordonnera le massacre de toute la population de
Marmande sans distinction d'âge, ni de sexe. Sur le chemin du retour le 3 novembre 1226, le roi fut atteint d'une grave
dysenterie, le 8 novembre 1226, le roi de France Louis VIII mourrait à Montpensier. (Puy de Dôme)

11. Le prétendu traité de Meaux (Seine et Marne)


Immédiatement la régente Blanche de Castille dû faire face à la révolte des Grands féodaux menée par Thibaud IV comte de
Champagne qui déposa les armes l'année suivante et présenta sa soumission à la régente. La régente donna alors les pleins
pouvoirs au Sénéchal Humbert de Beaujeu pour ramener l'ordre dans le sud de la France. Celui-ci assiège immédiatement le
château de Labécède, le prend et y fait brûler tous les hérétiques.
En 1228 les armées royales s'approchent des faubourgs de Toulouse pour y détruire toutes les maisons et les récoltes. Le jeune
Raymond VII accepte de signer le prétendu Traité de Meaux inspiré par le Cardinal de St Ange.

Les conditions de ce traité étaient à nouveau inacceptables :


 abandon des domaines de Trencavel, Razès, Carcassonne, et Albi,
 abandon de neuf forteresses,
 restitution des biens pris aux croisés,
 démantèlement de trente places fortifiées,
 remettre en otage à la régente, Jeanne de Toulouse, fille du comte Raymond VII désignée comme unique héritière et devant
servir de caution contre toute tentative de rébellion avant son mariage forcé avec Alphonse II de France, comte de Poitiers et
frère de Louis IX.
A la mort de Jeanne en 1243 Alphonse hérita donc du comté de Toulouse et l'annexa à la couronne de France..
Pire qu'un piège, le comte était tombé dans un véritable guet-apens car la pieuse souveraine avait simultanément convoqué un
concile ou plutôt un tribunal ecclésiastique ainsi qu'un tribunal laïque chargé de contraindre le comte à accepter toutes les volontés
de la reine et de l'Église ainsi que sa propre mise en captivité provisoire, liée au traité.
Le jeune comte signa donc ce traité qui livrait non seulement toutes ses terres à la France, mais l'obligeaient à demander en plus le
pardon de l'Église. C'est donc en la grande cathédrale de Notre Dame de Paris (presque achevée) que le 12 Avril 1229 devant la
Régente Blanche, le jeune roi, les princes, les nombreux évêques et abbés des couvents de France réunis, que le pauvre Raymon d
subit la même humiliation que son père en la cathédrale Saint Gilles de Toulouse.
Après avoir été flagellé torse nu, il dut implorer le pardon de l'Église que consentait à lui donner le cardinal de Saint-Ange et
pendant qu'on garda enfermé Raymond VII durant six mois dans une tour du Louvre, les émissaires de la Régente prenaient
possession de leurs nouveaux domaines et faisaient abattre toutes les murailles de Toulouse en chassant sans ménagement de leur
château l'épouse et la belle-mère du comte (toutes deux infantes d'Aragon !)
La petite princesse Jeanne fut emmenée à Paris, pendant que les plus grands seigneurs du sud de la France durent prêter serment
de fidélité au roi de France et rendre hommage à la régente. Désormais l'Église avait tous pouvoirs pour poursuivre et brûler
les hérétiques qui ne se plieraient pas à ses volontés.

12 La fin de l'épopée cathare


1233 Le 13 Avril le pape Grégoire IX (Ugolin de Segni, appartenant à la même famille que son prédécesseur Innocent III)
officialisait définitivement l'Inquisition dont les juges furent choisis selon la bulle de 1232 de Grégoire IX parmi l'Ordre des
frères Prêcheurs (les fils spirituels de Saint Dominique.)
1235 - Écœurés par les méthodes des inquisiteurs dominicains qui torturaient, brûlaient et n'hésitaient pas à déterrer les
morts pour les juger devant leur tribunal, la foule de Toulouse, Raymond VII et les conseillers de la ville décidèrent de chasser
hors de la ville ces moines fanatiques, cruels et sans scrupules.

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Deux ans plus tard ils étaient de retour et sans tenir compte des recommandations de modération du pape agissaient avec un zèle
accru contre tous les malheureux soupçonnés de sympathie avec une secte.
1240 - On note en Avril un essai de résistance de Raymond Trencavel pour reconquérir ses terres. Malgré la prise de plusieurs
châteaux et le siège de la cité de Carcassonne dont les habitants lui avaient ouverts les portes de la ville avec enthousiasme,
Raymond devra se réfugier à Montréal avant de pouvoir repartir librement avec les siens, grâce à l'intervention diplomatique des
comtes de Toulouse et de Foix.
Le jeune (St) Louis IX qui a entamé son règne en 1234 ordonnera à son Chambellan de punir les villes qui se sont soulevées et de
faire " brûler le bourg de Carcassonne ".
1241 - Après 14 ans de règne Grégoire IX meurt le 22 Août, son successeur le lombard Célestin IV élu le 25 Octobre décédera
seize jours après sa nomination : le 10 novembre 1241.
Innocent IV le prochain pape ne sera élu que le : 25 Juin 1243.
1242 - C'est donc dans cette période sans pape qu'à lieu le 28 mai le fameux massacre de onze inquisiteurs au château
d'Avignonet dans le Lauragais, sur les terres du comte de Toulouse. En conséquence le comte Raymond VII sera excommunié
par le frère Ferrier, un dominicain.
Restaient les deux dernières places fortes des Cathares qui étaient - le château de Quéribus près de Perpignan dans le
Fenouillèdes, - et Montségur une forteresse imprenable perché comme un nid d'aigles à 1208 mètres d'altitude sur un haut pic
pyrénéen.
1243 - Se tient en Avril à Béziers un concile demandé par le comte de Toulouse qui d'une part veut rétablir la justice sur ses
terres (après son excommunication) et d'autre part veut redonner à ses évêques l'autorité transmise aux dominicains par le pape. Il
y sera décidé de poursuivre la lutte contre les hérétiques rebelles et surtout d'envahir Montségur : le quartier général des cathares.
C'est donc un mois plus tard, que Hugues des Arcis, nouveau Sénéchal de Carcassonne et Pierre Amiel, archevêque de Narbonne,
mettaient le siège autour du pic réputé imprenable, qui allait durer dix longs mois, les assiégeants espérant toujours l'aide du
comte de Toulouse qui par l'envoi de messages secrets faisait semblant de les soutenir.
Enfin le 1er mars 1244, les assiégés obtenaient une trêve de quinze jours et en cas de reddition, les insurgés obtenaient la grâce
royale de Louis IX concernant les auteurs du massacre d'Avignonet ainsi que la liberté à tous les cathares qui abjureraient l eur foi.
Les assiégés avaient insisté pour obtenir cette trêve afin de pouvoir célébrer la Pâque une dernière fois et administrer le
consolamentum à dix sept croyants qui aspiraient à devenir " parfaits ".
Le 16 mars au matin, Montségur se rendait aux envahisseurs commandés par les deux inquisiteurs dominicains Ferrier et
Duranti, qui essayèrent en vain de convertir : deux cent parfaits et parfaites qui attendaient la mort en chantant des psaumes.
Quelques heures après deux cent cinq torches vivantes rassemblées autour de leur évêque Bertrand Marty n'étaient plus qu'un
amas de cendres dégageant une épouvantable odeur de viandes carbonisées.
1244 est aussi l'année où le Roi LOUIS IX tomba si gravement malade qu'il fit le vœu de partir en croisade s'il obtenait sa
guérison !
En 1248, pendant que Saint-Louis partait en croisade pour l'Égypte, Raymond VII décédait. Le Languedoc fut réunit à la couronne
de France.
En 1252, décès de la reine Blanche de Castille, cette même année le pape INNOCENT IV autorise aux inquisiteurs : l'usage de
la torture...
En 1255, le célèbre château de Quéribus, tant aimé par Alphonse Daudet, le poète de la Provence) qui est devenu un des ultimes
refuges du catharisme tombera par la trahison d'un de ses membres et coûtera la vie à son châtelain : Chabert de Barbaira. Fin de
l'épopée Cathare.
En 1257, le pape Alexandre IV étend l'INQUISITION à toute la France

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La France en 1209

© Marcel GRIFFE – Les Cathares – Chronologie de 1022 à 1321

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© Marcel GRIFFE – Les Cathares – Chronologie de 1022 à 1321

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Les Cathares.

© Marcel GRIFFE – Les Cathares – Chronologie de 1022 à 1321

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