Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Traité ~~M~/M~~Aï~
sur l'aliénation mentale.
JA. Brosson
Paris 1809
Symbote applicable
pour tout, ou partie
des documents m!crofitmés
Or<gma< illisible
N F Z 43-120-10
TRAITÉ
MÉDICO-PHILOSOPHIQUE .1
SUR
1/ALIÉNATION MENTALE.
SECONDE ÉDITION.
1 TRAITÉ
MËDICO PHILOSOPHIQUE
SUR w
~ALIENATION MENTALE,
PAR ?H. PINEL,
Rot, membre
Médec!n consultant de sa Majesté tTEMPEnEU~ et
delà légion d'HonnearetderiQStitnt,ProfesseurUEcote
de l'hospice de
de Médecine de Paris, et Méctecmeochef
la Sa!p<!tr!ere.
SECONDE ÉDITION,
ENTIEREMENT REFONnUE ET
TRES-AUGMEN~
/'? ,)
A PARIS, ~L~
Chez J. A:<T. BROSSON, L;bra!re, rue Pierre.
Sarraz!n,n".9.
DE L'IMPRIMERIE DE FEUGUERAY.
PRÉFACE.
Jj A. première édition de cet Ouvrage a dû
nécessairement laisserplusieurs lacunes à rem-'
pHr~ puisque je n'avois eu alors à traiter que
les aliénés de Bicetre.et avec des moyens très-
bornés.Ce n'est qu'à la Salpêtrière que j'ai pu,
reprendre tes mêmes vues, étant puissamment
secondé par l'administration des hospices, qui
venoit d'y faire transférer le traitement des
aliénées. Le local étoit vaste, commodeet sus"
ceptible de plusieurssoudivisions; et comment
les abus introduits dans le service auroient-ils
pu échapper au zèle et à Fcell pénétrant du nou-
veau surveillant, M. Pussin, chargé alors de
maintenir!'ordredanscette partiede l'hospice?
L'usage gothique des chaînes de ier ( i ) fut abo- i
li, comme il l'avoiteté trois années avant à Bi- )~
cétre, et le traitement prit dès-lors une mar- i
¡
che régulière, suivant une nouvelle méthode. )
ZMMce~,
œuvre en les rapprochant d'un grand nombre
d'autres. Mais qu'il y a loin de ce reçue!! & un corpg
régulier de doctrine, à un traité général et appro-
fondi sur l'aliénation mentale
Je laisse a décider s! l'analyse des Jbuctions do
i'enteudementhumain a ajoutébeaucoupa nos con-
noissances sur l'égarement de la raison. Mais une
autre analyse qui s'y rapporte eacot'e ptusdireote-~
<tieùt, estcelledespassions,de leurs naaMccS) de leurs
degrés divers, de leur explosion violente ,de leurs
combinatsonsvariëeaenles considërantpar abstrac-
tion de toute ntoralité, et seulement contme des
phénomènes simples de la vie humaine. Cr!gbton
s'est attaché à développer les caractères et les effets
primitifsde ces causes moralesde ral)énatioQ,etHen
donne pour exemples lé chagrin, la terretu', la co"
j
1ère et surtout l'amour porté usqu'audélire
par les
contrariétésqu'on peut lui iaire éprouver (t). !1 eu
fait de même pout"ïe sentiment delà joie suscepti*
Ne de grandesvariétés. Le plaisir. qui eh est un des
premiersdegrés, peut naître dire6tementde la pos~
session d'un objet désiré, ou bien d'un simple sou-
venir qui nous le rend comme ~rë$ent$ car nous
rappelons avec intérêt ~es scènes de nos premières
années, les iolies de la jéuoessë,Ies émotions an"
ciennementéprouvées de la bienveillance, de l'ami-
SUR
L'ALIÉNATION MENTALE.
V.
35. II sera~oujqurs
·
'>
~nd, et enfin une sombre stupeur ou le plus vio-
lent détire.
digne d'éloge de ne point
démentir son caractère et de conserver une égalité
d'ame dans la prospérité comme dans les revers;.
mais ce conseilde la sagesse, si souvent emheiti des
charmes de la poésie, acquiertunnouveau poids par
l'idée des maux physiques, surtout de l'égarement
de la raison, quepeuteûtraïnerson oubli, et ce n'est
pas là le seul exemplede l'appui que la médecine
prête à la morale. Les mélancoliques sont surtout:
sujetsàporter à l'excès le sentimeut deleurs peiues.
Une dame de ce caractère, qui venoit de perdre son
père, se rouloit par terre, s'arrachoitles cheveux,
iaisoit entendre des imprécations contre la nature
entière, et auroit voulu dans son désespoir que la,
race humuiae fut anéantie. Ses vociférations et ses
cris n'annoHcoient-Hs potnt le plus haut degré de
détit'e?1
36. t'a raison peut quelquefois lutter avec plus
ou moins d'avantage contre
le malheur,et ne céder
qu'à des impressions profondes et répétées d'un
chaenn amer. Une jeune personne d'an caractère
foible, mais d'un esprit cultivé, est consternée par
la perte subite et inattendue de la fortune de sa fa-
mille et la mort de son père. Sa mère, livrée au dé-
sespoir, perd l'appétit etlesommeil et devient alié-
Déc. Pour subvenir aux frais d'une pension que cet
événement nécessite, la jeune fille renonce à un
capital de huit cents francs de rente, se trouve ré.
duite à vivre du travail de ses mains, et voit s'éva-
nouir l'espoir d'un prochain mariage. Ces désastres
accumulés(missentpar absorber toutes ses fonctions
intellectuelles,et amènent une sorte de stupeur mé-
lancolique dont elle n'a pu être guérie que par les
traitement de huit mois
soins les plus assidus et un
danslIiospicedeIaSalpetriere.
37. C'est un contraste perpétuel de vices et de
vertus qu'offre l'espèce humaine dans
l'intérieur
de la vie domestique, et si d'un côté on voit desT
familles prospérer une longue suite d'années, au
sein de l'ordre et de la concorde, combien d'au-
de la so-
tres, surtout dans les classes inférieures
ciété, afuigent les regards par le tableau repous-
sant de la débauche,des dissentions et
d'une détresse
honteuse! c'estia, suivantmesnotes de chaquejour,
la source la plus féconde, de i'aiiéoation
traiter
qu*on a
dans !cs hospices ( t). ïc!, c'est une femme ac-
tive qui voit dissiper les A'uits de son travail et de
son économie par un mari livré à toutes sortes
d'excès; là, c'est une autre femme uég~igente ou
avilie, qui eotrame Ïa ruine d'un homme Jaborieux
ai!]eurs Jes deux époux égalementdignes de mépris,
sont précipités dans une ruine commune, et l'alié-
nation de l'un d'eux suit de près le dénuement de
toute ressource. Je m'abstiens de reproduire au
graud jour des exemples de cette sorte, dont quel-
ques-uns honorent l'espèce humaine, mais dont
un grand nombre d'autres forment Je taMeau le
plus dégoûtant, et semblent être pour elle un
opprobre.
38. Ce sont quelquefois les évéaemens les plus
cruels qui mènent au désespoir et à l'aliénation,
et, parmi les exemples de cette sorte ,on peut citer
celui de la fiUe d'un cultivateur encore dans l'hos'
pice, qui, pendant ïa guerre de la Vendée, a vu
massacrer ses frères et ses parens et qui, frappée
de terreuret Ïatéte égarée, parvint à échapper au
carnage~ et finit parse trou ver abandonnéeet dénuée
de toute ressource.
V ï ï.
~<? COM~M~OM ?M'C~</Me,caM~~r~HCM~
écarts ~MJ
Val..e~M<?~ e~ /~eM les plus
f~M.
5o. Le reproche fait aux Angïa!s d'être sombres
et tnéIancoHques~a'est il pas un homtnage rendu
à !'energ!ejjeiearcaractère, puisque l'une de ces
qualités semble être une dépûndattee de Fautre, et
que les conjectures que fait naître la lecture de
leurs romaHS sont. changées en témoignages h'rc-
H-gah!cs par !curs recueils d'observadons en mé-
dcctue si féconds ea exemples de la plus sombra
et la. plus pro&tnde mélancolie ~i). Le méjecih
anglais dont j'ai déjà parlé ( ~M~~ c~~M~~ )~
en a publié plusieurs variétés très-remarquables.
Une femme dgëc de trente ans, dont parle cet
auteur, fat plongée, par la mcwt. d'une de sea
am!es, dans toutes les horreurs du désespo!r;eHe
passoit souvent les nuits et les jours sans pronon-
cer un seul mot, répandott alternativement un.
torrent de-larmesou poussoit les cris les plus aigus;.
son visage ctoitpâiectgonité,.8onair abattu, et
elle fRisoit à peme entendre quelques sons !nar"
ticulés. Une autre Anglaise, égarée par le fana-
~tisme étoit tombée dans l'indifférence la plus
apathique les présages les plus sinistres et des
frayeurs sans cesse renaissantes, avoieot amené la
plus grande confusion dans Jes idées, et l'existence
étoit devenue un poids insupportable. Quel lugubre
tableau, que celui que rappelle le même auteur,
d'un malheureux atrabilaire qu'on trouva dans un
VIII.
t~Mr cer~HMe-y causes pltysiques de /M/~
mentale.
~56.
Il seroit facile, mais superflu, de rapporter
des exemples particuliers de chacune des causes
physiques propres a produire l'aliénationmentale,
puisqu'on en trouve dans divers recueils d'obser-
vations, et que les établissemens publics ou parti-
culiers en fournissentdesemblablea.Ondoit mettre-
au nombre de ces causes accidentelles rhypochon-
drie produite par des excès de divers genres, 1 ha-
bitude de l'ivresse, la suppression brusque d'un
exutoire ou d'une hémorrhagie interne, les cou-
ches, l'âge critique des femmes, les suites de di*
verses fièvres, la goutte, la suppression Impru-
dente dés dartres ou de quelque autre aRectiun
cutanée, un coup violent porte sur la tête, peut-
être quelque conformation victeuae dn crane.
67. !1 importe cependant de rappeler quejque
exempte de J'extrême abus des p!ais!rs vénériens,
dëgënërc en habitude, puisqu'it peut en résulter
des leçons utiles dans !a inugue de l'âge. Un jeune
homme d'une forte constitution, et né d'un père
très-riche, avoit atteint son accroissementcomplet
vers la dix-huitième année de i'age, et ce. fut a
cette époque de l'extrême eRbrveseeuce de ses
sens, qu'il commença à se livrer à ses penchans
avec toute l'impétuosité d'un caractère ardent,
et les facilités que lui donnoit nn rassemblement
journalierde jeunesouvrièresdans une grande ma.
nufacture. Il prend alors l'habitudede s'abandonner
au plaisir sans frein et sans mesure, le plus sou-
vent a diverses heures du ;our et de la nuit; il
fait succéder, à I~ge de vingts ans, d'autres excès
oou moins destructeurs, ceux de l'intempéranca
et de la frequeatatKMX répétée des Iteux de dé-
bauche. Des maux va~érieas, tour à tour guéris et
de nouveau contractés, viennent se joindre à
l'épuisement et se compliquer avec d'autres affec~
1
tions cutanées. Des objets de commerce rendent
alors nëcessiaircs des voyages iréquens en chaise
de poste, Je jour, la nuit, et dans toutes les
saisons de l'année. Les traitemens au mercure sont
tour à tour commencés, suspendus, renouvelés
sans ordre et sans règle. Dès lors les symptômes
les plus marqués d'une hypochondrie profonde
Digestions laborieuses et très-tmpariaites, <latuo*
sttés'très-tucommodes, rapports acides, alterna-
tives de resserrement ou de relâchement des !u-
tcsuns, douleurs vives de colique devenues pério-
diques, frayeurs sans cause, pusil!animité extrémCt
dégoût de la vie et plusieurs tentativesde commettre
un suicide. Une çredu!!té aveugle et puérile dans
la vertu des médicamens, et une confiance en-
tière accordéeà toute espèce d'empyriques, se
joignent déjà, à vingt-cinq ans, à sa nullité entière
pour un plaisir dont il a abuse à l'excès, et à
une décadeu.cc ~e ~a raison qui ne iait que s'ac-
crqltrie.
58. C'est quel(~ej~s un excès opposa c'est-à-dire
des peachans vivement irrités et non satisfaits,f
qui peuvent aussi jeter dans un égarement complet
delaraison. ïjQemelaacolie tendra et. dos inqute-
tudes vagues, dont l'objet n'stpit ni méconnu, ni
dissimulé, distinguèrent vingt atM une personne
douée d'unç çqostitunqn ~~e<, d'une vive sepsi-
bilité tout couepuro~ a en~ammerspn imagina-
tion lecture a~idue<!es romans les plus galuns~
sorte de passion pour toutes les productions des arts
dans le genre érotique, fréquentation habituelle
des jeunes gens des deux sexes, dont les uns la
charment par des agrémens personnel et toute la
séduction de la galanterie, IcsautreE par des exem-
ples dangereux et des confidences indiscrètes. La
coquetteriela plus ralunée est érigée alors en prin-
cipes, et devient une occupation sérieuse; son or"
gueil flatté des moindres prévenances, les lui fait
regarder comme un triomphe assuré dont elle ne
cessait de s'entretenir ou de faire l'objet de ses
rêveries, jusque ce qu'une nouvelle aventure Et
oublier !a première. Une faute paroissoitinévitaMe,
ou du moins très à craindre,et les parens se hâtent
de conclure uu mariage fondé sur certaines con-
venances. L'époux choisi étoit d'un âge mûr et,
malgré les avantages de sa stature et d'une com-
plexion forte, peut-être moins propre à satis-
faire qu'à irriter ses désirs. La méïancoUe de la
jeune dame dégénère en une sombre jalousie, et
elle attribue à des inndélitës ce qui n'étoit que
FeRet de la débilité des organes. Une sorte de dé-
périssement succède, les traits s'altèrent, et il se
déclare un babil intarissable avec le plus grand dé-
sordre dans les idées, prélude ou plutôt signe
manifeste d'une manie déclarée.
5g. Mes notes journalières, ainsi que les Re-
cuei!s authentiqués d'observations, et des faits con.
&igncs dans les mémoires des corps savans les plus
ténèbres, attestent également la vartétë et la
tnu!t!p!!c!té des causes physiques, également pro'-
pre< à produire l'alténatton mentale. Une des
plus fréquentes, dans Icshosp!ccs d'aliénées, tient
à la suppression ou au dérangement de ï'écou!e.!Í1
ment périodique, avec le concours d'une autre
affection tnot'aïe très'vtve. J'aurai souvent occa<
sion, dans la suite de cet ouvrage, d'en rapporter des
exetnp!es parttculiers, et je me borne ici au su!-
vant. Une~ersonceâgée de trente ans, et d'une
constitution foible et délicate, étbit depuis long-
temps sujette à des attaques d'hystérie; elle céda
aux poursuites de son amant) devint enceinte, et
éleva son enfant avec !a plus grande tendresse. Des
événctnens malheureux se succèdent; son aman~
l'abandonne,son enfant meurt, et quelque temps
après on lui vole une somme d'argent qu'elle avoit
en réserve et qui étoit saseule ressource. Ë!!(i
tombe dans Je chagrin le plus profond, et son
écoulement menstruel jusqu'alors régulier, sé
supprime; son sommeil dévient fugace et troublé
par des rêves, son appétit nu!, et bientôt après
un accès de fureur se déclare avec t'egarcment:
entier de la raison c'est dans cet état qu'elle fut
conduite à l'hospice* (J'indiquerai dans un autre
article de cet ouvrage le traitement qui fut suivi
et le succès qui en fut obtenu.)
6o.Une autre causeencore plusjfréquente de lalié-
Dation, etdont on a sans cesse des exemples da us l'ho'
4
pice de la Salpetrière, tient u des suites de couches
qui peuvent donner lieu à la manie sous les formes
les plus variées. Il seroit superflu de multiplier les
exemples particuliersde cettesorte, etjemëbornera~
à remarquer eu général que dans presque toutes
les époques de la vie les femmes, par leur extrême
sensibilité et leur disposition physique et morale,
sont les plus exposées à des commotions nerveuses
et à un égarement plus ou moins complet de la
raison c'est du moins le résultat constant des ob-
servations que j'ai faites dans l'hospice des aliénées.
Que d'exemples j'ai notés d'idiotisme ou de dé-
mence produite durant l'âge tendre, soit lors de
l'allaitement soit aux époques de la première ou
de la seconde dentition, à la suite de convulsions
souvent pour des causes les plus légères L'époque
effervescentede la puberté, c'est-à-dire depuis la
quatorzième jusqu'à la vingt-deuxième année,
t
semble amener d'autres dangers et de nouvelles
causes d'une atteinte profonde portée aux fonc-
tions de l'entendement explosion vive d'un tem-
pérament ardent lecture des romans, contra-
riétés ou zèle indiscret de la part des parens,amour
malheureux. Le mariage, qui paroît un port assuré
contre ces peines d'esprit sans cesse renaissantes,
en substitue d'autres d'un autre genre accidens
durant !a grossesse ou les couches, chagrins do-
mestiques, revers Inattendus dissentions Inté-
rieures~ jalousie fondée sur des objets réels on
imaginaires (ï). Je jette un voile sur l'âge du rc.
tour, qu'on ne peut peindre que sous les traits
les plus tristes et les plus mélancoliques, si un ca-
ractère élevé ne remplace, par des jouissances
pures, le règne des plaisirs frivoles et les attraits
d*une vie dissipée. Une femme naturellement dis-
posée& la tristesse, ne voyoit approcher qn*avec
les plus vives alarmes ce qu~onappeUe époque cri.
tique. Des propos peu consolans de !a part de son mé-
decin ordinaire doué d'un caractère me!anco!!que,
et un appareil frivole de méd!camens, avoient porté
le découragement, jusqu'au désespoir: de là des
avec
suffisent pour les faire rentrer dans l'ordre. Quelle
la fureur maniaque de l'homme,
tjui s'cmpot'tc avec le sentiment profond de la su-
pét'iorité de ses forces, qui attaque ou résiste avec
auduce, ctqm, saus des moyens de répression bien
concertés, pourroit quelquefois donner les scènes
les plus tragiques t
SECONDE SECTION.
CC~C~ moraux de
nation. mentale.
L'iDEOLoetE n'a perdre Je
62. pu sans doute que
sa
taveurdansl'opinionpublique, parsa comparaison
suivent les
avec la marcheferme et rigoureuse que 8t elle
sciences physiques et mathématiques; mais
est loin de s'élcverau
premier rang pour l'exactitude
doit-on la mettre
et la stabUité de ses principes,
en oubli négliger
de la rendre plus expérimen-
tai, et méconnoître combien Fétude des fonctions
de reotendement humain est étroitement liée avec
d'approfondir, je
un autre objet qu'U importe tant
dire rhtstoire et les diverses terminaisons de
veux
l'aliénation mentale ?
63. Je puis mesurer, par la pensée,Fintervalle `
immense qui sépare Fanalyse prise dans le sens
des géomètres et rapplication,qu'on iait du même
terme à la médecine. Mais quel nom donner n
l'art de diviser un objet très.composé, etdecon- ~r
sidérer atteutivement chacune de ses parties
(Tune
ût L*entendetaeutc!el*hotnmesa!nesteogéneral
susceptibled'une ibnction très-active,celle de s'arré'
ter exclusivement sur un objet qui fait une impres.
Ston vive sur les organes des sens, ou dont la mé.
mo!re lui retrace rimage. CcHe attention peut être
continuée pendant un tempsdéterminë, suspendue
et rfnouvpiëe 9 plusieurs reprises; elle se déve-
loppe por la culture, rend les idées plus nettes, la
mémoire phts (:dè!e, et communiqueau jugement
plus de tôt ce et d'exactitude aussi devient elle
le fbndentcut le plus solide de nos connoissances
acquises et des productions du génie. Le concours
d'une forte passion, de l'amour, de Fambition
de la haine lui communiquent une nouvelleétter-
g<e, et c'est là le mobile de tous les grands evé-
nemens qui ngurcnt avec tant d'éclat daus l'bis-
toire de l'espèce humaine.
02. Dans le plus haut degré d'Intensité de la
manie, et lorsque l'entendement est assailli par
une succession rapide d'Idées les plus Incohérentes
et les plus tumultueuses, l'attention est entière-
ment détruite, de même que le jugement et le
sentiment intérieur de sa propre existence. L'a-
Uéné, incapable d'aucun retour sur lui-mème,
1
ignore toutes ses relations avec les objetsextérieurs.
On observe en lui par ses gestes et ses propos un
autre ordre d'idées que celles que pounoicnt ~aire
naître des impressions sur les organes des sens; et
ces idées sans ordre, sans liaison scmbtent naiu'c
d'une manière automatique, se montrer et dispa-
rostre à instant, et suivre comme un torrent leur
cours impétueux. Je pourrois citer pour un exem-
ple de cette sorte, un homme dont j*ai été requis
depuis peu de constater l'état moral. J'ai eu beau
lui ia!re différentes questions, ainsi que deux de
ses parens qu'il avoit autrefois chéris tendrement;
il prononça sans ordre et sans suite les mots arbre,
c~M ciel etc., en détournant ailleurs la
vue; il marmotta ensuite à voix basse des sons inar-
ticulés, puis élevant tout à coup la voix avec le
ton de la colère, et fixant sa vue vers le cieï, il
poussa des cris perçans, revint enfin calme peu
après, sans cesser de parler de la manière la plus
incohérente sur des objets imaginaires.
93. On peut citer sans doute plusieurs exem-
ples d'un trouble plus ou. moins grand dans les
fonctions de l'entendement,qui empêche les ma-
niaques d'arrêter leur attention sur aucun objet
déterminé; mais dans plusieurs cas aussi de manie,
quelques écarts de l'imagination n'empêchent point
les aUéncs de mettre de l'enchaînement dans !a
plupart de leurs idées, et de se concentrer avec
force sur quelques-unes d'entre elles ils rai-
sonnent, ils discutent leurs intérêts demanJenC
souventavec instanced'être rendus à leurs familles~i
et ils répliquent avec justesse aux objections qui
leur sont faites. Quelques uns même sont si
susceptibles de fixer leur attention au milieu de
leurs divagations chimét'!ques qu'ils peuvent
écrire à leurs parens ou aux autorités constituées
des lettres pleinesde sens et de raison (t\ J'enga-
geai un jour un d'entre eux, d'un esprit très-
cultivé, à m'écrire pour le lendemain et cette
lettre, écrite au moment où il tenoit les propos
les plus absurdes, fut pleine de sens et de raison.
Oh sait enfin qu'une des variétés de la manie qu'on
appelle dans les hospices folie y-~o/M~~e est
marquée surtout par la cohérence la plus extrême
dans les idées et la justesse du jugement; l'aliéné
peut alotsiire, écrire et rëuéchir comme s'il jouis..
soit d'une raison saine; et cependant il est souveut
.susceptible aussi des actes de la plus grande vio-
lence. J'en ai vu quelques-uns conserver J'ha-
IV.
Lésions de ~Z mémoire et principe de l'asso-
ciation des idées dans ~cf(OM.
g8. Une extrême vivacité de la mémoire comme
son état delangueur par différentes causesphysiques
ctmoraïesetdans diverses maladies, ne doivent point
€Btrer!cleucons!déraUoo.Je dois seulement remar-
quer que~des idées antérteurespeuvent être repro-
duites dans l'entendement de deux manières très.
différentes l'une, par une sorte de disposition in-
térieure, sans le concours de la voïonté, et quel-
quefois en dépit des efforts qu'on fait pour les
écarter; l'autre, qui est proprement active, est le
pouvoir qu'a l'entendementde rappeler certaines
idées antérieures, par leurs rapports divers ou
leur liaison avec d'autres objets connus et présens
à la mémoire, ce qui revient au principe de l'as-
sociation des idées, admis en général par tous les
auteurs qui se sont occupés des fonctions de l'en-
tendement humain (i).
sanguinaires.
l'écume dans la bouche et les penchaus les plus
VII.
~t) Je
me garderai d'ajouter de nouvelles obscurités a cottes
qui restent encoreh éc!atrc!ren mëdec!oë, et je dois ë)o!gaep
avec soin 4e mes oonsM~rations toutes les'théoriesd'i<ïëoïog!e
encore,contestées,sur la nature, reachatoemem et la géné-
ration successive des fonctions de l'entendementhumain. n
e&t p!us prudent de s'en tenir aux résultatsd'une observation
rigoureuse sur les lésions que ces diverses fonctions peuvent
éprouver, et d'apprendre a tes distinguer par des signes
sensibles.
présence actuelle; ce qui doune lieu souvent aux
jugemens les plus erronés et les plus bizarres.
Mt. Un aliéné calme depuis p!us!eurs mois est
tout à coup saisi d'uq accès de marne durant un
tour de promenade;s'es yeux deviennentétinceiaos
et comme hors des orbites; son visage, le haut du
cou etde la poitrinesont aussi rouges que Je pourpfe
tï croit voir,le soleU à quatre pas de. d~tanpe il dit
éprouver uobouUIojonemeat extrême dans sa tète
et il demande lui-même à être promptementrea-
jpermé daus sa loge, parce qu'il o'est plus le maître
de contenir sa fureur.Il continua pendantson accès
des'agiteravecviolence, de oroire vo~ir !e so!eii à ses,
côtes, de parler avec une volubijtte extrême, et de
ne montrer d'ailleurs que désordre et confusion.
dans ses idées.
112. Rien n'es~ plus ordinaire~ansrbospice que
les visions nocturnes ou diurnes qu'éprouvent cer-
taines femmesattaquées déjà me!anco~ieye!!g!euse.
Une d'entre elles crottvoir peadautla nuit la Sainte-
Vierge descendre dans sa loge sous la forme de
langues de feu. Elle demande qu'on y constrttise
un autel pour y recevoir dignement la souveraine
des cieux, qui vient pour s'entretenir avec ei!e et
la consolerdans sespeines.Une autre femme, d'un
esprit cultivé, et quedescvënemensdè!arévo!ut!on
ont~ëtée dans des chagrins profonds et un déhre~
maniaque,~constamment se promener dans lejar-
diu de l'hospice, s'avance gravement les yeux Hxës~
vers le cie! ,croi~ voir Jésus.Chrsit avec
toute la cour
céleste marcher en ordre de procession haut des
au
airs, et entoner des cantiques' accompagnésde
sons
mélodieux; elle s'avance elle-même d'un
pas grave
pour suivre le cortège; elle le montre, pleinement
convaincuede sa réalité, comme si l'objet lui-même
frappoit ses sens, et-elle se livre à des emportemens
violenscontre tous ceux qui veulent lu! persuader
ïc contraire. Ici ce n'est point une réminiscence,
c'est uneconnôtssaoce intuitiveune vraie fascination
Intérieure dont l'effet est analogue à celui qui
pourroit être excité par une impression vive
sur
l'organe de la vue.
123. On cite beaucoupl'exempte du fou du Pyrëe
d'Athènes, qui se réjouissoit en voyant
entrer dans ce
port des vaisseaux dont il se croyoit le possesseur.
Rien cependant n'est plus ordinaire
que cette sorte
d'illusionqui fait qu'on croit posséder des biens
ca;
chésoumêmedes trésors; et d'ailleursdansquel lieu
de la terre ne réve-t-on point honneurs, digoités,
richesses?Unefemme privée en grande partie de
ses
ressources par des événemens de la révolution,
perd entièrementla raison, et est envoyée à l'hos-
pice des aliénées elle se livre d'abord à
un babil
intarissable, etdansl'excèsde son délire, elle adresse
des proposdécousus aux objets les plus Inanimés,
et
pousse des cris et desvociférations les plus bruyantes;
elle croit être la petite-fille de Louis XIV, et ré-
clame ses droits au troue. Son imagination semble
bientôt réaliser ses desn's. C est elle qui dispose
eu idée des contributions et qui tient Farmée sa
solde. Un étranger vient- dans l'hospice, elle croit
que c'est en sou honneur, et c'est,dit-elle, par ses
ordres seuls qu'on a pu l'iutroduire. Ses compagnes
d'infortune dans l'hospice sont pour elle des mat''
quises et des duchesses qui marchent à sa suite, et
elle leur donne des ordres avec !e ton de l'autorité
suprême.
:.z~. Les accès de manie semblent quelquefois
porter l'imagination au plus haut degré de dévelop-
pement etde fécondité,et donnent Heu à un torrent
de paroles souvent bizarres et sans cohérence,et
d'autresfois àdesproposassujétisà unordrerégulier
et dirigés par le bon goût; les pensées tes plus sail-
lantes les rapprochemensïesptusIogéQieuxettes
plus piquans donnent à l'atiéûé i'air surnaturel de
l'inspiration et de l'enthousiasme. Le souvenir du
passé semble se dérouler devant lui avec facilité,
et ce qu'il avoit oublié dans ses intervalles de calme
se reproduit alors à son esprit avec les couleurs les
plus vives et lesplusanimées. Jem*arrétois autrefois,
étant médecin de l'hospice de Bicétre, devant la
loge d'uu homme instruit, qui, peudant son accès
discouroit sur lesévéuemens de la révolution avec
toute la ibt'ce, la dignité et la pureté du langage
qu'on auroit pu attendre de l'homme le plus pro-
ibndétncdt instruit et du jugement le plus sain.
Dans tout autre temps et ses longs intervalles de
calme c'ctoit un homme ordinaire. Cette exaltation,
torsqu'elle est associée à l'idée chimérique d'une
puissance suprême, ou d'une participation à la na-
ture divine porte la joie vive de l'insensé jus.
qu'aux jouissances les plus exquises, et jusqu'à une
sorte d'enchantement et d'ivresse du houheur. Un
aliéné renfermé dans une pension de Paris, et qm
durant ses accès se croyoit le prophète Mahomet,
prenoit alors l'attitudedu commandementet le ton
du Très-Haut, ses traits étoieut rayonuanset sa dé-
marche pleine de majesté. Un jour que le canon
tiroit à Paris pour desévénemensde la révolution,
il se persuade que c'est pour lui rendre hommage;
il fait faire silence autour de lui, il ne peut plus
contenir sa joie, et j'aurois été tenté, si je n'a vois
été retenu par d'autres considérations, de voir là.
l'image la plus vraie de l'Inspiration surnaturelle
des anciens prophètes.
125. Certains faits paroissent si extraordinaires,
qu'ils ont besoin d'être étayés de témoignages les
plus authentiques pour n'être point révoqués en
doute* Je parle de l'enthousiasmepoétique qu'on
dit avoir caractérisé certains accès de manie, lors
même que les vers récités ne pouvoïent être nul-
lement regardés comme une sorte de réminis-
cence. J'ai entendu moi-même un maniaque
déclamer avec grâce, et un discernement exquis
une suite plas ou moins longue de vers d'Horace
et de VirgUe depuis long.temps effacés de sa mé~
moire, puisqu après son éducation il avoit fait un
aéjourde vingt années dans les colonies de l'Amé-
rique, uniquement livré aux soins de sa tbrtune
et qne les revers seuls produits par la révolution
'l'avoieut jeté Jiuïs rëgat'emë)ttdeïara!soa. Mais
l'auteur aug!ttis que j'ai déjà cité atteste qu'une
jeune personne, d'une constituttou très-délicate et `
sujette à des aftecdons nerveuses, étoit devenue
aliénée, et que pendant son dëltre elle s'exprimoit
avec facilité en vers anglais très-harmonieux, quoi-
qu'elle n*cut montré antëricurement aucune sorte
de disposition pour la poésie. Van-Swietenrapporte
aussi un autre exemple d'une femme qui durant
ses accès de manie, montroitunciacintérare pour
Ja versification,quo!qu'e!te eût ëté antérieurement
occupée d'un travail manueÏ, et que son enten-
dement n'eût été jamais fécondé par la culture.
126. L'imagination, cette fonction de l'entende-
ment qu'il est sidtfncHe de contenirdans de justes
bornes, quelquetoismême pour l'homme doue de la
raison la plus saine, elle qui donne si souvent lieu,
dans la vie civile, a tant de scènes folles, ridi-
cules ou déplorables, pourroit-elle ne point de-
'ven!r la source !a plus ieconde des illusions, des
écarts et des opinions extravagantes que manifeste
Taliéoation'mentate? Ette rapproche ou confond
ïes diverses sensaLions incomplètes que rappelle
!a mémoire, en forme des tableaux plus ou moins
mcobcreus, vrais ou faux, gais ou tristes ~con-
~optncsaux objets cxistans, ou bizarres et fautas~
tiques, et présente quelquè<b!s l'ensemole le plus
monstrueux et !é plus mëIancoUque. Une femme
venant à entendre sonner le tocsin a Ja Suite de ses
couches, la première année de la rëvoludou, se
trouble, s'agite et tombe dansïe Jéï!re le plus
sombre; elle conço!t les itayeurs ies~iub vives, se
croit environnée d'un appareil de supplices, et
,pousse les cris Jes pins !umeutabiës. Etie demande
sans cesse à voir ses encans eu ses procLés, qu'eilé
assuret être livrés au fer des assassinsou réduitsaux
extrëmitës lés plusomettes; elies'ea rapporte &
peine sa vue, et ne peut les reconub~re quand
on les amèue en sa présence. Pchduut quelques
~oursde ce triste délire, son Imaginatioa i~emporte
sur le témoignageaUth~o)!que de ses sens, et les
impressionsÏes plus manifestes et lès plus répétées
~aitessursesorganea.''l'w ,<
t~.OQserot tenté de traiter de actions vaines
etde.fables, les idées iantast!ques dès Bypochon-
driaques, si eliM n'ëtoieht aHestéës'phr!ë rapport
uuanime de tous les observateurs anciens et mo*<
dernes, et si les exemples ne s'en reuouveto!ent
chaque jour avec la plus grande fréquence. Tout
ce qui les précèdeou les accompagne n*iadtque-t-ii
point que Je siège prunttifde cette maladie est dans
~es viscères de l'abdomen, d'où elle paroit se com-
muniquer, par une sorte d'irradiation, au système
nerveux, surtout au cerveau, quelque obscurité
8
profonde d'ailleurs qui couvre la nature de,ceHc
a~ecuonjpbystqucPPmsiem'sannées ayaut le pa&-
sagë de i'h~poc~ondrÏeà un état d'aliénation, dé-
sordres daps Ïa (MgesHon des a!!tneo9, coQtfact!ons
~pasmodiques des muscles-abdominaux, ilatùosttes
Mcomtnpdes, perceptions erronées,afïecHons mo-
raïes tes plus bizarres, que!que&!s convïcm)~n in-
time de h prësepce réelle d'un auiaaal vivant dans
rabdomen, ou d'une vraie possession du Démon
antres symptômesvariés suivant Jes progrès de ia
maladie, alternatives irreguÏtèresd'un sentiment de
froid et de chaleur, défaiHances,vertiges, état pas-
sager de surdité, tintemens d'oreille; et au moral,
abattemeat, anxiétés renaissantes, terreurs pusii.
Janimes~ attention minutieuse sur tout ce qu'on
éprouve~rintëneur, ou qu'on croit éprouver.
Les ua& pensent que leurs membresinférieurs sont
de verre oudecire,d'autressecroientprivësduc(BU~
.organe principal de ta circulation; certains sont
pleinemeot convaincus qu'Us ont cessé d'exister;
quelques-uns d'entre eux tmagment être changés
en bêtes iëroces ou en monstres (ï).
Je supprime
aux
~c
9
l'autre vie ébranle ~J~rtemëut'r!mag!nat{o!!d'u~
v~neroacrëdu!c,<)aecedernieï'crô!têtrëc9ndamn~
aux-bras!érs éternels, et qu'it
ne.1~mp~
ne peut
empêcher ~sa~
ianïH!edesub!r!eméme sort que parce quon
af>I)elJé'hapt~me
appelé de ~sâri ou lemQriir~iJ.ess~y~~
\f<3~ou le martyre<H essaye
d'a~~dë commettre ûh meurtre .su).' sa CBmme~
q~ parv!éti~ qu~avec !à ptus. ~andë p€!oe
t~hap~er de' ses ~ains; Mentit' âpres', ~sgn ~ras,
~rcënë'sepôrt'esur'deùx en{9n8~nbas~ge,et H~
~bartè'd'e~ës i~~oJer de'~d"rQ~~t'
ïëitr priocurer Ïa~iceternene. Ï! est. c~ë deYant-Je~~
tf~una~x, et dut'a~ rtbstrucHo~de son procès~
ë~drgë ëcteore tto~cr!m!nérqui ctb!t av~c iul dat~
iê~ëhot, tbo{6urs~aNS la vue ~e <a!re une oeuvre~
~p!atbh'e. SMn~aMen&t!o~ ëtaotcons~tM on le
condamne a ét~e renfermé, pour le reste ~o sa v!e,
d~hs les loges de~B!c6tre. L'Isolement<~unc lon~e~
deMhtioh, tonjbors propre à exaïteri lBQag!naHon~
l'idée d'avoir échappé à la mort ma!gré rarrét q~!l
s,uppose avoir été prononce par les juges, aggra-
vent son dét!re, et lui font penser qu'il est revêtu
(le là toute-pmssà~ee~ou, suivant sës'expresstoDS,
qu'u est !a ~M~r/~Me ~entOMMC de la T~MM~
que sa mission spéoate est de sauver. le monde.par
!e ba~)t~c de sà~, e~quë tous tes potentats de
ne saurOtënt attenter & vie. Son
là terré rëuuis sa
égarement est d*a!Ï!èurspart!eI'comme daus tous
les cas de tnétaoco~c,et il se borné a
tout qm
ce
se. rapporte à Ja reHg)pn; car ..sur ~pttt autre oh~et
Hparott jouu' de Ja ~'a:so~. Ja plus saî~e.~PJm de
~!x années s'e( c~ p"Mces .da;M utne;etroi~~cf~
Mon es app(u;~p~ ~ut~nt~ ~~n,ëta<~Jtne
en~aaquUtedctermhteret~à accordera Hh~
c(es futrpcs dans ïes
~ou~ de.rhp~;Mce avec
autres cpnvn!t~ <a~ ~s~nn~$4~-<
preuve semHoettL t'assit e~q~'onvi~t~t-
1
coup se rcprodu!re Si s td~s~~nguipa~~cpmn~e,
un 6h)ctde cuh~ ,<Bm)~ ~t~~e .~eJ, U ~t'nq~l
Jèprojt atroce <le ~urc uu.sacrtS~ cx;p!a~t~B~:
tout ce qu! (omberoit so.us .~a ~a~ se procurer
itn h'ancbet. de pordonuter, sa!s)t Je.mooïppt de.
ronde Ju surveUIam (M. Ï~ussttï,~~u~ porte uo.
<~Mp par-derrïèrc qu: g!!sse h~~rc~e~cnt. sor tea~
cô!es, coupe !a gorge à dcu~ 9!~aë~ qu: e~oiont a.
ses côtes et !t auro!t. atMt ppursmyt le cpMt'&de sep:
Lom!c!des, st on ue fut ;pro<n~~eutvetmppur
s'en renJre ~a{tfe etan'et~ Ie~,smtes fu~e~$,
dèsarngc'eCrenee.
L
.Vï!L-
.0/
~Tf~
C~/?~cw~<ccrac~c, ~Mo~w
;r
ï3 Une ng'!a<!on exhume,a!térat!ondea ir~it$;
de In(h<'c, !e désordre des t iées et des emportemens,
de i<ucur cot)tmuc!s on par lateryaites, s'ttssup-
TieMa<.nt subttemeutet pour la première &M~ sont
des signes maniocs Je Fattenntion, et ne laissent
aucun doute sur'~ date précise de son invasion,
enremontant~d'aiUeursaux causes ordinaires qm
peuvent !ùi donner naissance, mais, dans d'autres
cas,!esdévcïoppëtQGns<!e!:t maladie ont !!eu par
degrés, et peuvent mëtne échapper à un obser-
vateur exercé. à moins d'une attention sérieuse
et continuée pendant plusieurs jours. L'agitation
et Jes ~mportemens peuvent être attr!bMés à une
VAvac!té exaltée et & une exaspéra'!oo de caractère,
produites par des contranétës v!ves ou des cha"
gr!n8}:des écarts agaces de Iara!son peuvent être
t~pportes~à jïa ~<ne ot')gtne;ft u est d'autant plus
iac!ië de se méprendre, qu'on'a l'habitude de vivre
conHhueHt~ent auprès de iapepsonne, et de ne
point recpoho!tre des changemens Ïcgersqui peu-
vent ;aM~naen<er, pendant un tongintervaîie de
temp! et sans aucunetransitionbrusque et violente.
Un homme très éc!a!rë,'qui venoit prendre des-
éclaircissemenssm' rétat de sa femme tombée dans
ratiénation et traitée à l'hospice de Ja Sa!pétrière;
croyoit de bonoe JRM que t'égarement de sa raison
nedatott que d'environ su tNois,à j'ëpoque d'un
délire violent et ft<rieu%; il avouoit cependant que
la cause de cette maladie remontoit jusqu'aux temps
les plus orageux de la révolution; qu'il avoit fait
lui-même ia perte presque totale de sa fortune
pour iacUitera des étnigrés les moyens de s'cxpa.
trier que sa femme en a voit conçu les chagrins ica
plus profonds. Oo iuiRt a!ors plusieurs questions~
~t il fut reconnu que cette femme avoit éprouvé
alors un changement entier dans son caractère mo-
ral,: quesa douceur naturelle et sa modeste avoïent,
~aittpiadc & une d~neté écréme dans les propos et
les ntaotères, qu'on oer€conno!sso!tpiu6 sou an-
eïenae paFc!mon)e,et!quetout rargen~qu'eU~
Mcevd!t pour tes besoins;brdinairestde Ja vie étoif
dissipé en un instant; qu'elle fa!soit quelquefois
des absences de ptusiçurs joufsSocs aucune 'cauM
connue, tandisqu'aupacavaoteUeebitoi.te'&~amma
«o modèle d'attachement à sa iam!J!e~t d~une vie:
rettreBietjconcentpëë~Bes,rëponses ~ïrectes'~ des
questions anatdguës~rett<{conno~re~ue ia ma!adiû
~atoït depu!s p!us de Quinze ans ~eMë étoit: de-
venue habitueNe e~sans aucun espow de guérison~
On nepeutvo!r sansattendrMseoientcettejNa!hou-
reuse v!ct)me de !a révolution, livrée maintenant
presque sans cesse à tous les emportemensd'un
déKM iuNeux, et conservant & peine le sentiment
de sa propre existence. t
t32. L'habitude du vice comme celle de t'ivro-
gceMCtd'Mne gatantecle inimitée et sansichoix, ceUe
<~u~e eooduite désordonnéeou d'UNeinsouciance
apathiquepeuventdégraderpeu à~ peu la raMOn, et
aboutir à une aliénation déclarée, comme:leprou.
vent des exemples nombreux observés dans les
hospices; ces penchahs vicieux scmMent se forti-
6er par le progrès de l'ôge, et une iougueréclu<
s!on amène un régime plus régniieret un reta*
Missement plus ou moins durable, ou'bien une
nullité absolue et un état Incurable Je démence.
Mais on observe aussi dans tous les asiles consa-
cres aux aliènes, des personnesdeTunetr de Tautre
sexe, recommandables par une vie sobre et labo-
rieuse, les mœurs les plus irréprochables et une
extrême délicatessede senti mens, tomber par quel'
connue, dans un
que cause physique ou morale
égarement complet de la raison et contracteralors
des vices qui forment un contraste frappant avec
leur caractère primitif, durant le cours de leur
atiénauon, et revenir ennn, lors de leur guérison,
naturel.
aux douces impressions de leur heureux
Que d'hommes, très-sobres dans les intervalles
d'uue manie périodique, se livrent avec un peu-
channrrésistibie a l'ivrognerie au retour de leurs
accès! 1 Combien d'autres, dans les mêmes circons.
tances, ne peuvent s'empêcher de voler et de faire
des tours de filouterie, tandis que dans leurs mo-
mens lucides on les cite comme dM modèles d'une
probité austère Ne voit-on pas de même descarac<
tèrès doux et bienveinansse changer, par les suites
de l'aliénation, en esprits turbulens, querelleurs
et quelquefois entièrement insociables? J'ai Ctté
ailleurs des exemples de jeunes personnes éle-
vées dans les principes les plus sévères, et dignes
d'ailleurs de l'estime publique, tomber dans l'a-
liénation, et alarmer alors la pudeur par la sa-
let,é de leurs propos et l'indécence de leurs ges!c<.
I~ors de leur rétablissement, tout rentroit dan
Fordre, et c'éto!ent alors autant de modèles de
Moeurs tespiusptues et de toute la caodeaf do
l~unocence (ï)<
i33. Un oeH observateur peut suivre le déve-
loppement gradue ou plus ou moins lent des chao-
gemeos phys!ques ou moraux qui précèdent les
symptômes les plus vidleus,de la mame. Une per-
sonne de l'un ou de l'autre sexe, d*uu naturel ~at
tombe après une cause connue dans une morosité
sombre, devient sujette à de vaines frayeurs, parle
avec aigreur, est brusQuedansses manières, b!zarre
dans sa conduite, marque des seutimens protbnds
'dàT!s'îës' hospices.'=
~v !ês aïieuBS ~de Fu~ 'et de l'auto sè&e admis
¡!J
ï~3.' Il est iac!!ë oe recoh'nôttrë'que ïa d!vîs!on de
~!ënat!oBen ses diverses espècëa a été )usqù*ici
établie sur des rapprbcbemeQS arbitraires d'au
'très-pënt ~om~rë~lobservattods souvent ïnëom-
ptètës et inexactes', au îieu d*avoif~tfé"~detéë sur
d~s deùohibremcns de faits très'mult!pliës,recuë!!iis
avec méthode, pendant une longue su~tè d'années
dans' dcs~ étaHissemens puMics et ~Mirticuïiers cbn-
sacrésaux a)iëoésdëPùn et derautrësexe.L'ordre
ïc plus sévère et Je ptu's invariab!e dans' Ïe service,
et la direcuon de ces infirmes,doivent garantir que
la marche des symptômes n'a point
été troublée Ot
intervertie durant leurcouys~et~u'ônapusobserver
avec sotHftous les. passages gpadué8<dcnra!téhat!on,
depuis sdountëustté externe et son déct!~ jusqu'à
la convatescence. L'exposttton htsto~que detces
&!t8do!t avoir été asservie a une méthode sftre et:
coustante, e!. l'observateur a fdn~ msïster part!cu-
lièrement suries cat'actèresdistincHisde~aHénattOo,
pNS désdiverses tlësions de ~entendement et dctia
valonté ( sectf.~ïc i).U doit~ .~e ipravean que les
.varîëtés accessoires de cette ma]adie qui. tierinent
à'!a dtversKé des causes, a~'tatenMté!plus ou moins
grande des symptômes, à dt~rcoce desiobje~
du déitre, ou à ~a rature panUouHèpe'désaffections
morales, ne peuvent nuUémen&fburhu' des càrab-
'tèrësspëotSqoes,pu!sqne eeu~~iéme qa!semb!cnt
ïeptus opposes'peuvent exister sucflelméme altë~o
'aliéna~J~ta' a~f~
dans dtfierentes ctrconstanccs et a averses époques
de 1 'aI!ënaHon mentale c'est assez ~diquer ,1~8
!d:~ pr!n-
les ,pl'in-
c!ppsqne j'a! sn~v~jjans cette c~assi6catton pouria
rendre exacte et com~ete.
l, à JaSociëté de
ï~. J'avo!s.eo!Bmuo~uéautreC~tS,
de Medeciae le résultat de mes recherchesia!tes
8ui' ralténatbïi dans ua établissementparUc~ûlie~
~<t!s je sehtois trop rinsu fnsaacé de ces dbservattoris
m'ëïever à jetés cohs!derat)LQnsgénéréessdrsat
pour
L. ;<
dwtsion en espèces les mêmes vues furent repr!ses
avec plus de suite et des ressourcespins étendues~
Y
I'
a été indiquéepar le nom
sorte de stupidité plus ou moins pt'ononcée~un
cercle très-borné d'idées et une nullité decaMctèM
forme ce que j'appelle M?K)<M~M.
f
!62.A!rrcveureHac!turne,soupgonson!brageux,
recherche de la solitude tels sont les traits qui
servent à caractérisercertains hommes dans la so-
ciété, et rien n'est plus iudeux que cette image,
quand on y joint l'idée de l'abus du pouvoir, la
perversité des mœurs et un cœur sanguinaire
comme l'ont fait Tibère et Louis XI (i). L'histoire
physique de la machine.
chant au su!c!de qu'indique l'auteur de 1'
c'est l'cuet d'une maladie, elle tient a. l'état
L'espèce de pen-
l' yr~e
( <) Goitre et du C'WM/Ke, par F. E. FoJerc~
ancien Médecin des hôpitaux civils et militaires, Paris, an &.
ne savent point porter leurs alimens à la bouche ou
les nicher, et qu'on est oblige de les leur enibncer
dans le gosier. Dans l'adolescence, toujours marche
foible, lourde et chancelante, si on parvient à ~es
faire mouvoir, jamais un air riant, toujours une
opiniâtreté hét~tée, un caractère de contrariété et
de mutinerie que la tendresse maternelle peut seule
faire supporter, disproportion de la tête et sa peti-
tesse relativetnent au reste du corps, son aplatis-
sement an sommet et aux tempes, tubérosité de
l'occiput peu saillante; les yeux petits, quelquefois
enfoncés, d'autres fois protubérans; regard fixe
et stupéfait; poitrine déprimée les doigts minces
et alougés, avec des articulations peu prononcées;
la plante des pieds large et quelquefois recourbée,
le pied le plus souvent port.é en dehors ou en de
dans; puberté très-retardée, mais développement
énorme des organes de la génération; delà une lu-
bricité sale et le penchant le plus extrêmeà l'ona-
nisme. A cette époque seule le Grelin commence à
marcher, encore même sa locomotion est très'bor-
uée et seulement excitée parle desir de prendre sa
nourriture, de s'échaufÏër au coin du feu ou de
jouir des rayons du soleil. Son grabat est un autre
terme de ses longs et pénibles voyages, encore s'y
rend-il en chance!ant, les bras pendans et le tronc
mal assuré. En chemin il va droit au but; il ne sait
point éviter les obstacles ni Ïesdangers;it nesauroit
prendre une autre route que celle qui lui est ia-
<[uHeM. Arrive au ter<ne de son accroissementpar-
fait, qui est ordinairement <Ic treize à seize <Ieci-
Hêtres, la peau du Crétin devient brune, sa sensi-
Mlitecontiouc d'ctre obtusu; il est indi~rcut an
~oid,au chaud, ou memeau~ coupa et aux b!e8-
sures; ii est ordicatrementsourdetmuet, les odem's
les plus fortes et les plus rebutantes J'affectent à
peine. Je couHQls un Crcttt) qui mange avec avidité
des oignons crus, ou même du charbon, ce qui
indique combien l'organe du goût est grossier on
peu développé. Je ue parle point de la vue et du
tact, qui soat les organes du discernement et de l'in-
teU!geace,etdontle8&)ncLioM8doivent être très"
bornées on dans un état extrême de rudesse. Leurs
iacultc& affectives semblent encore plus nulles; sou-
vent aucun trait de reconnoissance pour les bons
ofHces qu'on ienrrenti~ ils tDootreBta peine quel-
que seasibinté a la vue de leurs parons, et ne té-
moigneutni peine ni plaisir pour tout ce qui se rap<
porte aux besoins de la vie. Tel ebt dit Foderë, la
vie physique et morale des Cretins jjendapt u~c
longue carrière; car, réduits à une sorte de végë-
tation et d'existence amomattique, ils parviennent
sans trouble a une extrêm'e vieillesse.
Remarques ~e/Mr~/<M sur les divers ~e.y
J~c/ï<<?/
i83. L'htstoiro !)ten connue de diverses espèces
~'aliénation répandsans doute de grandes Immcfe~
sur la manière d*en diriger le traitement: peut-être
qu'elle servira aussi à éclairer la jurisprudence
dans des cas douteux et renvoyés à la décision des
tribunaux; mais dans l'état actuel de nos connois-
sances, c'est la jurisprudence relative aux divers
égaremensde la raisonqui me paro!t !a moins avan-
cée. Que de lésions variées peuvent éprouver une
ou plusieurs fouettons de l'entendement,sacs que
Ïa personne en soit moins propre a iah'e des transac.
tions et à contracter des engagemens dans l'ordre
civil! Que peuvent penser les juges en eatepdant
ra!sonner avec justesse un homme atteint de ce
qu'on appelle dans les hospices manie raisonnante 9
etqui cependant déchire ses habits et met tout en
pièces? Un jeune homme qui avoit seulement ht
manie de porter des habitsde femme, a donnélieu
à un grand procès, et on a annulé le testament qu'il
avoit fait. La mélancolie dévote qui consiste à passer
une partie de son temps dans les églises, peut être
indifférentepourune personne riche, mais peut de-
venir intolérable dans la femme d'un ouvrier, sur
laquelle reposent tous les soins du ménage, et c'est
là une sorte d'égarement qui peut conduire par
degrés à une aliénation déclarée. Je connois des
personnes qui vivent au sein de la société et qui
éprouvent un penchant irrésistible au suicide, et
cependant c'est ce même penchant qui fait en-
fermer plusieurs personnes qui eu sont attaquées,
quoiqu'eltes nWrcnt point d'autres marques d'é-
garement. Combien de fois aussi des personcea
qui n'éprouveutqu'uncsimple débilité desfonctions
de l'entendement, finissent par tombe)' dans une
manie déc!arée lorsqu'on favorise adroitement leur
penchant àdélirerou à extravaguersurcertains ob-
jets et que d'inconvcniensn'eti doit' il pas résulter,
si les tribunaux accordent à un héritier présomptif
l'entière direction de la personne et la liberté de la
faire circonvenir par des gens afudés et qui agissent:
suivant ses vuesI
t84. Les divers genres d'aliénation qui viennent
d'être rapportes ne restent pas toujours Invaria-
blement lcs mêmes durant leur cours, c'est-à'dh'e
qu'une aliénation rapportée à un de ces genres
peut. éprouver une sorte de trans~rmation et venir
ensuite so classer dans un autre genre. C'est ainsi
qu'on voit des mélancoliques devenir maniaques,
certains maniaques tomber dans la démence ou
l'idiotisme, et quelquctcis même certains idiots,
par une cause accidentelle,retomber dans un accès
passager de manie, puis recouvrer entièrement
l'usage de ia raison. La manie enfin peut se com*
pliquer avec d'autres maladies nerveuses, rhysté-
rie, Fhypochondrie, l'épiiepsie, une disposition à
l'apoplexie, etc. Mais, pour éviter la confusion, ne
faut-il pas d'abord considérer les objets dans leur
simplicité primitive ?
QUATRIÈME SECTION
Police ~c~re et jR~/M
~/M 2~e/Me/zj co/~ac~ aux
l,
ï85. ijEs
voyageurs distingués, cut'ieux de visiter
l'hospice des atiëuées de la Satpétnère, et témoïas
de l'ordre et du calme qui y régnent en gênera!,
ont dit quelquefois avec surprise en parcourant
leur enceinte: « JMa~ où ~o~7M/?~ej ~? Ces
etraagers ignoroieut que c'étoit faire l'éloge le plus
encourageant de cet établissement, et que leur ques-
tion portoit sur une différence très notable qu'il
présente, compare avec d'autres hospices où les
malheureux atienës cotasses péïe mete et sans
choix, exaspérés par la brutale grossièretédes gens
de service,et soumis aux vains capricesouauxordres
arbitraires d'un chef inepte ou' insouciant, sont
<!ans une agitation continuelle et ne-~bot entendre
que des plaintes, des imprécations et des cris tu-
multueux.
186. Un hospice d'aliénés peut réunir les avan-
tages du site à ceux d'un vaste enclos et d'un local
spacieux et commode. Il manque d'un objet ibuda.
mental si, par sa disposition intérieure, H ne tient
les diverses sortes d'aliënésdaus une espèce d'isoie
i3
ment, s'il n'est propre à séquestrer Jea plus agités
ou les plus furieux d'avec ceux qui sout tranquiites,
si oo ne prévientleurs communicationsréciproques,
soit pour empêcherics rechutes et faciliter l'exécu-
tion de tous les rég!emens de police intérieure etde
surveillance, soit pour éviter les anomalies inatten-
dues dansla succession etl'ensemble des symptômes
que le médecindoit observer et décrire. importe
surtout que lesatiéuës soient dirigés par des prin-
cipes d'humanité et les résultats d'une expérience
ectairëe, que leurs écarts soient réprimés avec icr.
metë, mais que chacun y jouissedu degré de liberté
qui s'accorde avec sa sûreté personnelle et celle des
autres, qu'enun dans tous les cas qui en sont sus-
ceptibles, le directeur devienne le confident de ses
peines et de ses sollicitudes. Une distribution md-
thodique des aliénés de l'hospice en divers dé-
partemens, fait saisir d'un clin d'ceiUes mesures
respectives a prendre pour leur nourriture, leur
propreté, leur régime moral et physique. Les be-
soins de chacun d'eux sont alors calculés et prévus,
les diverses lésions de l'entendementsaisies par leurs
caractères distinctifs, les faits observés, comparés
et réunis avec d'autres faits analogues, ou plutôt
convertis en résultats solides de l'expérience c'est
dans la même source que le médecin observateur
peut puiser les règles fondamentates du traitement,
apprendre à discerner les .espèces d'aHénation qui
cèdeot plus ou moins promptement au temps et au
régime,celles qui opposent les plus grands obstacles
à Ja guérisou.ou qu'on peut regarder comme inou-
raMes, celles enfin qui réclament impérieusement
l'usage de certains médicameus, même pour tout
esprit judicieux et éc!airé qui ue veut ni s'exagérer
leurs efYets, ni se dissimulerleurs avantages. Les
détails que je vais communiquer sur i'orgauisatioa
intérieure et la tenue de l'hospice, iet outconooitre
jusqu'à quel point on est parvenu à réaliser le ptan
dent les bases fondamentales viennent d'être indi-
quées.
ï.
I.
<yM~ moyens c~
.11.
da tràva!i une raison encore vactHantë, et les pré-
parer à leur r~tree dans la société ctv!ie.
~r~t CM
~~ZtiO~r.'ji~i.:<
~Mg'e co/~e
:1
brusquerie et sans
ses opinions, il se retiroit aussitôt sans
murmures, en se bornant à un salut respectueux. L'idée ex-
elusive qui l'occupoiten général étoit cependant celle do sa
toute-puissance et s'il venait à éclater, il menaeoitalors de
tout !c pc!Js de son courroux, annonçant qu'il lui seroit facile
de faire tomber le feu.du ciel et de bouleverserla terre. Une
seule considération l'arrctoit; c'ëtoit !a crainte de faire yërir
l'armée de Condé, dont il étnit l'admirateur, et qui suivant
lui, etott destinée h remplir les desseins de t'Eternel. Diffi-
culté c&trcmed'agir sur t'imagination d'un pareil auené, soit
par les voies de la douceur, soU par des moyens encrgif~cs
de répression. Il falloil de sa part un écart qui le mit dans ses
torts et autorisât a le traiter avec rigueur c'est ce qui arriva
après environ six mois de son séjour dans l'hospice. Un jour
piaignoit à lui des saletés et des ordures
que le. surveillant se
qu'il avoit taissces dans sa loge l'aliéné s'emporta contre lui
avec violence, et menaça de
t'anéantir. C'étoit là une occasion
favorable de le punir, et de le convaincre que sa puissance
<;to!t chimérique;mnis comme les parens se proposoient de le
retirer de l'hospice dans peu de }om'S) on crut no devoir rien
tenter.
perd son père, et quelques mois après une mère
tendrement chérie dès'iors une tristesse profonde
et concentrée, ptus de sommeil, plus d'appétit, et
peu âpres explosion d'un état maniaque des plus
~loJeas. On le soumet an traitement usité tel que
saignées abondantes et répctëes, usage des bains et
des douches on y joint d'antres actes d'une ri-
gueur extrême tout cet ensemble de moyenscnra-
tifs échoue. On renouvelle une seconde fois, puis
encore une troisième fois le même traitement, et
toujours avec aussi peu de succès, ou même avec
une exaspération des symptômes. L'aliéné est cnuu.
transfère à BIcetre, et ou le désigne surtout
comme très emporte et très'dangcreux. Le sur-
veluant, loin de déiercr aveug!émeut à cet avis, le
iaisse, dèsie premier jour, libre dans sa loge, pour
étudier son caractère et la naturede ses égaremcns.
La taciturnité sombre deceta!!éné,son abattement,
son air pensif et concentré,quelques propos décou-
sus qui lui échappent sur ses malheurs, laissent
entrevoir, à travers l'Incohérence de ses idées, le
principe de sa manie. On le console on ht! parle
avec Intérêt de son sort, on parvient peu a peu à
dissiper sa dénancc ombrageuseet à lui lah'p espérer
le rétablissement de ses affaires. Une circonstance
encourageantesuit de près cette promesse, car ou
obtient de son curateur que!qucs légers secoure
par mois ~ourlu! rendre la vie plus commode. Les
premiers palemeus le retirent de sou ab~H-emen~
et lui font concevoir de nouvelles espérances sa
confiance et son estime pour le surveiUaut sont
sans bornes; on voit ses~orce~ renattre par degrés,
ainsi que tous les signes extérieurs de la santé,
en
même temps que sa raison reprend ses droits; et
celui qu'on avoit très-maltraité dans un autre hos-
pice, et qu'on avoit signalé comme l'aliéné le plus
violent et le plus redoutable, est devenu, par des
voies douces et conciliatrices, l'homme le plus do-
cile et le plus digne d'intéresser par une seasibuit~
touchante.
ïg6. Certaines variétés de caractère peuvent
rendre l'aliéné susceptiblede ne céder qu'après des
alternatives t'épëtces d'écarts plus ou moins fou-
gueux et de mënagemens d'une répression sage et
modérée. « Dans le traitement mora!, disent les ré-
)> dacteurs de iaBibUothèquebritannique(t), on ne
? considère pas les fous comme absolument privés
de raison, c'est-à-dire comme inaccessibles
aux motifs de crainte, d'espérance, de senti-
mens d'honneur. U faut les subj uguerd'abord~
les encourager ensuite Ces propositions gé-
nérales sont sans doute très-vraies et très-fécondes
eu applications utiles; mais, pour les sentir vive-
ment, il faut des exemples, et c'est sur ce point que
t V. a
Surveillance ~c~r/ïe//e
/?<7/o/ï et la J/o~ exercer ~OMr
des ~~ï<e/M.
/?r~-
(t) ronr donner une juste idée des sotnt paternels pr!~ par
le surveillant et sa femme, je remarquerai qu'on scrvolt alter-
nativement en gras et en maigre chaque jour de la scma!ne
et que les jours maigres les provisions fournies à l'hospice
étoient fixées de manière à donner une livre de beurre pour
eeize livres de riz, c'est-à-dire environ troig livres et demie
de beurre pour le potage cn maigre cl'environ deux cents atte-
nés; et comme l'odieuse spéculation des approvisionncmcns
se portoit encore sur cet objet, le plus souvent sur cette
quantité de heurre salé on faisoit entrer plus d'une !!vre de
se!. Que pouvoit être alors le potage, sinon une sorte d'eau
chaude et salée, puisqu'il n'y avoit que deux livres de beurre
sur quatre cents livres de bouillon-? Dans les dégustations que
étoit toujours prcparé dès le matin du jour de lit
distribution, et ou proportionnoit avec précision la
quantité du liquide aux besoins de l'hospice, Fébul-
ïitiou n'avoitlieu que pour enievcrcequ'on appeloit
l'écume du pot ou les parties les plus concrescibles
par la chaleur; on ôtoit alors le bois et on faisoit une
sorte de four artificiel avec des briques autour de
la marmite pour soumettre lit viande à une chaleur
constante et soutenue, un peu au-dessous du de-
gré de l'ébuHttion, pendantquatre heures et demie,
ce qui rcndolt la <ibrine pu!peuseet tendre la disso-
lution par degrés de la gëîaUne dans le liquide pro.
duisoit alors un potage restaurant et salubre. C'est
ainsi qu'on savottaUteria déférence et les égards dus
aux malheureuxavec la plus sage et Ja plus atten-
tive économie.
V I N
Jou~s.
N (le
«AMCOTS~
~MS~. R.z.Z.
t)!aue.
IlIl1ue, oude 04-
t.EXTtt.M!
a, a~r~r
0<CtgM<t)mM.
.~s
~o ans.
CcntXitMt.
75 ans.
Centithre'.
r~. ~o
So ans.
Centilitres.
85 ans.
CenKHtfet. Dtttgramtnet.
wra ar,w ~rar s,r~r wrr~ w~r
Décilitres. D<Mgr.uno)c<. D<MgrM)mct. D<H~<~n)me'. D~MgtMunM. Centilitres.
Dunanchej. 122 4 3U 5o a5 5 M
Lundi. ~2 t~ a~ M 5o 25 < )) 96
Mardt.Gw.. 72 t2 24 36 5o 25 6 5 96
))
Mercred: ~2 ta M 5o a5 t )s 96
Jeudi.}. ~x x a4 M 5o -z5 6 5 96
Vendredi. t~2 M 50 M 7 96
/Af<<:
Samed<J. ta M 50 1 3 M 5 96
0 J9 R TI ON S.
Tn~~t ~t Atiënces reçoivent le maHn, !e pain, le v!n !a viande, et ~8 centititres de houitbn.
Le soir, des légumes secs, ou des pruneaux et du fromage, ou du raisiné, avec 48 centilitres de bou!!toH.
Jours 7?~ tf Las Aliénées recotventaussi le matin, le pain, le vin, 15 centilitres de légumes secs, ou 55 grammes de riz avec
4S centitUrcs de bouillonma!grc.
Le soir, ï centitit. de légumes, secs ou 55 grammes de riz etdu ffomage ou du raisiné, avec ~8 centilit. de bouillon.
Dans ta sa!son, elles ont alternativementdes tégumes secs, des choux, de ta chou~-croute,des cp!nards, de l'osetite, du pottroa
1,
des pommes-de-terre.
Elles ont aussi alternativement de la sa!adc, dc$ cerises, des groseilles, des abricots, des prunes, des poires et du raisin en rempla-
cement de û-omage.
Page 235.
armons, fait faire des rayons fortes, moyennes, pe-
tites, pour que les filles de service dans leur dépar-
tement aient à les distribuer suivant l'exigence des
cas. De cette manière rien n'est: donné ni en
excès
ni en défaut, et sur l'ensemble !!y a toujours une
quantité surabondante qui est réservée pour des
cas imprévus ou qui est renvoyée à lu
paueterie:
aussi n'ai-je jamais entendu des plaintes de la part
des a!iéaées de h Sajpétrièrc surce pointfbndamen-
taL Le tableau ci-joint, indique les régies générales
et tes proportions qu'on y suit dans la distribution
des vivres.
207. Un établissementpublic d'amenés
qui fait
partie d'un grand hospice et qui n'a point une cui-
sine particulière, a Tinconvéuientd'être toujours
dans une sorte de dépendance de !'étab!!ssement
général, autant pour )e choix des alimens que pour
les heures de la distribution des repas, et on doit
convenir que cette distribution trop rapprochée et
trop multipliée dans la journée, u*est pas entière-
ment conforme aux règles de la diététique, qui de-
mande toujours un temps déterminé pour le travad
de la digestion, d'autant mieux que dans la matinée
plusieurs aliénés sont asserve à t'nsage de quelque
boisson. Une autre règle étoit observée autrefois a
Bicêtre lorsque j'étols médecin de cet hospice, et:
entiè-
que !a cuisine de la division des aliénés étoit
rement séparée de h cuisine générale de l'hospice:
les heures du repas étolcnt fixées d'une madère
plus commode !e déjeuner à sept heures du ma-
tin, consistant seulement en pain; le diner cntte
onze heures et midi avec potage et viande bouittic
pour les jours gras; pourle souper du pain et que!
ques légumes plantes ou raciuespotagères. Que! tes
que soient d'ailleurs les dispositionsgénérales, elles
ont besoin d'être modifiées dans l'exéculion, et on
imagme qu'une personne débite et sujette M une
sorte de diarrhée habitueHe, ne doit point avoir
~es mêmes alimens qu*une au~e aliénée fobuste
et sujette à la constipatiop (i), Le vin pur est loin
de convenir à une aliénée très*agitee ou curieuse,
€t il est propre à fortifier une femme ~geeet t'eduitu
à un état de démence sénile.
'n:b'J~
!<
~i{.)-t)j.f.
);
~~pt~seat~ ay~! ~t~B ~k~
n~u
e.n~$~s.~)pssa~~b! p?~ ~.t~
!w
les ont précités. Us .p'cst pa~ ~crain.dre,~ne ~o se)'~c<?
gt~sse, parct: qu'Hy<t presque autant d'infirmiers ~ac de
mnhttes, et qu'!)9 sont d!r!6M paf un hot~me (!c ser.yico
af~cté a chaque sa!!e. Cette pf&tïquè c~ondm!qHeetsut'tOH(r
tfcs'tnoMte, est emp!oy<!c dans tous tes hospices de Sot-
jande. Itenrësuhe que les paovrcs sont m!eux tra!tës,
que !es dëpenses de gens de service, tt'otï!c!ers, deta<s-ma-
Mrs, St notnbrcux et stchcMmentpayësparat!nd!!s,.soBt
prévue BuUes.
1. 1 n n
raneuatton des nobles, qui rpugtrotent du~ trava~
des màins, est presque toujours ~curable.
2ïo. C'est lors de la convalescence et aux pré'
mièref: lueurs du rétablissement que commencen!!
souvent à se renouveler les goûts primitifs de
rhomme et son amour pour les beaux .-arts, les
sciences ou !es lettres, s'il s*est )ad!s~!s~ngue daos
cette carnère. Cc premier réveil du taleot do!t~oa~
étresatst avec avidttë parIesurvctUant d~niosptce,
pour favoriser et accélérer ïe déyebppc'~eut. ~es
facultés morates, comme le manifeste,uu;exemp~e
rapporté dans la section H de cet ouvrage (<6~).
D'autres faits servent encore à conBrmer iamenïo
ver!té. J'avo!s peine; quelquefb!~ à sutvre~agarru-
lité mcoerctMe et une sorte de flux.de p~ro!es dis-
parâtes et incohérentesd*ua ancien littérateur, qu~
dans d'autres momens tomboit dans une tactturaité
sombre et sauvage. Une pièce de poésie, dont il
avoit fait autrefois ses déUces, venotKUe s'offrir. &
sa mémo!re, il devenoit susceptible d'une attention
suivie; son jugement seinbloit reprenctrë ses droits;
etti composottdesvers où régno!ehtnoQ'seu!ement
un esprit d'ordre et de justesse daas iesïdées, ma!s
encore un essor régulier de l'intaginatton et des
saillies très-heureuses. Je ne pouvois donner que
quelques heures fugtdves à cette sorte d'encoura-
gementet d'exercice moral; et quels heureux eiïets
n'eût point produit sur le convalescent une contt-
n.u!té de soins d!r!gés suivant mes pnncipcs Un
autre, musicien, tombé autsl dans la manie par des
evénemens de la révolution, tenoit les propos les
plus décousus, ne partoit souvent que par mono-
syllabes qu'il entrcmeloit de, sauts, de danses, de
gestes les plus insensés et les plus absurdes. Un sou-
venir confus, Jors de sa convalescence,lui rappela
son instrument favori, c'est-à-dire le violon, et
dès-lors j'engageai les parons à lui procurer cette
jouissance, si utile d'ailleurs ,pour son entier réta-
blissement. 11 parut reprendredans peu de jours son
ancienne supér!or!té, et il coutmna ainsi pendant
huit mois à s'exercer plusieurs heures chaque jour,
avec des progrès d'aiUeurs trè:! marqués pour le
calme et le rétablissementde la raison.Mais a cette
époque on reçut dans le même lieu de reclusion un.
autre aliéné plein de fougue et d'extravagance. La
ju*équeotationde cederaterqu'on laissoit errer li-
brement dans le jardin, bouleverse entièrement la
tête du musicien; le violon est m!s en pièces, son
exercice favori abandonné, et sou état de manie
est regardé maintenant comme incurable: exempte
affligeant et mémorable de l'influence qu'exerce le
spectacle des actes de manie sur les convalescens,
et qui prouve la nécessité deles isoler.
2 n. Le caractèreombrageux et irascible des atié'
nés, même dans leur convalescence, est connu.
i)oués pour la plupart d'une délicatesse extrême de
scnnmeat, ils s'indignent contre le moindre signe
d'oubli, de mépris ou d'indifférence, et ils abau-
donnent pour jama!s ce qu'ils avoient adopte avec
le plus dezète et de chaleur. Uu sculpteur,élève
du célèbre Lemoine, échoue dans ses projets et ses
efforts pour parvenir à FAcadémié et dès-lot's
mélancoHe profonde et r!xes coatinuellcs contre
eon frère, dont la parsnaonie, suivant lui, l~a arrêté
dans sa carnere. Ses écarts et ses actes de violeocc
sont 'suivis d'~n ordre a~bttt'airc pour sa recluston
comme aliéné. Il se Uvre u tous lès emportemeos
de !a fureur dnos sa loge; H met tout en pièces, et
reste plusieurs tïïols dans un état manta~uectes plus
v!o!ens. Le calme en~n succède, et on jui donne
la Ifberté dans r!tïtér!eur~el'hbsptce:son entende-
ment étoit encore fb!bie~ étn sûpportôttavec pe!nc
tout ie poîds d'une tR: !nact!ve. La pe!uture, qu'<
avoit ausst <:ûtdvée, parut sourire a sou !ttiag!nat)OH,
et il desira de ressayer (rabord cïaniS le genre des
porM'a!ts. On s'empressa de Jtë seconder dan% son
desse!n,et il {!t l'esquisse des portr~tts du surve!iIaQt:
et de sa femme. La ressemblance étoît ~ïen satsïë
ma!s encore pen sùscept!otc d*appt!caUôn, )! croyo~
voir uh uuage devant ses yeux, et i~ éto1t décourage
parie sentiment de son ipsufïisance,ou un reste dé
bon goût jadis puisé dans l'étude des meineurs
modèles. Le ta!cMt qu'tl avoit manifeste, et sur-
tout le desir de soutenir son activité naissante, et
de conserver à~a soctété un artiste uabile, enga-
gèrent l'économe de B~cetreà !ui demander Mn ta-
Meau, eo lui hissaot le choix da sujet pour lui
donner uu plus libre essor dans sacpmposthon.Le
convalesceut,encore mal rétabli, croit cette tâche
~U'dessus de ses forces, et il désire que le sujet soit'c
fixe, que xnéme oo lui en trace un dessin correct:
.et propre à être pris pour modèle. Sa demande est
~tudëe, et on laisse échapper la seule occasion de
~c rendre a la ya!son. I! se livre a des mouvemens
.d'In(ï!guat!ou,croit voir dans cette négttgeuce un
.témoignage de met en piècesses pinceaux,
sa paiette, ses esqnisses~ et déclare hautement qu'ïi
renonce pour jamais a la culture des beaux'arts;
ï'émoMou n)émecn est si profonde qu'il succèdeun
accès de fureur de plusieursmois. Le calme renaît
encore pour Ja seconde fois;mais il étoit alors rédmt
à un état de Jaogueur, et à une sorte de rêvasserie
qui se rapprocaoitde la démence. Je le t!s passer
aux infirmeries pour tenter Fusage combiné de
quelques remèdes simples et d'un régime tonique
des cntrctïens famitiers, des propos consolateurs,
quelques avis dictes paria prudence furent inutiles.
Son goût primitifpour ïe travail et pour les beaux-
arts parut perdu pour jamais. L'ennui, le dégoût:
de la vie, la m~aneo)ie la plus sombre et la plus.
apathique. firent des progrès rapides. Plus d'ap-
pctit, plus de sommeil, et un uux de ventre col.
liquauf mit le dernier Lerme à sa malheureuse
existence.
2ï2. I~a loi générale d'un travail mécanique n'es6
pas moins impérieuse pour I~s iJtots de run et d<~
l'autre sexe, qui abondent dans les hospices, et sur
cet objet on a repris à Ïa SaÏpétrièretes mêmes vues
et les mêmes principes que ceux dont j'avois vu
autrefois les heureux e~ets à JBicéh'e. On doit voir
avec peine daosuocinantion constanteoudausunc
sorte d'engourdissement stupide, plusieurs de ces
idiots qui pourrdent et te utilement employés &
quelque travail grossierdes mams,à une culture de
'végétaux sous les yeux d\m conducteurhabile. Ré-
duits à une sorte d'!m!tat!onscrvHeetmoutonmère,
il suffit de leur donner un exempte à suivre et de
mettre à leur tcte quelque homme actif et labo-
rieux ils se montent à l'instant au même ton et
sont susceptibles des efforts les plus soutenus,
comme je l'ai vu mo!.ntémc dans une circonstance
particutiere d'une plantation d'arbres qui fut faite
dans r!ntér!eur de rhosp!ce de Bicêtrc. L'homme
le plus exercé ne peut pas se livrer au travail avec
plus de constance et d'encrée; aussi l'adjonction
d'une sorte (le )ardtu ou promeno!r de trois arpens~
à la division desaMénées de ia Sa!pétrièrc, fit en.
irevoir tous tes avantages qu'on pouvoit en retirer,
soit pour le travail d'une pompe destinée u iburnir
l'eau nécessaire pour un réservoir qui est au milieu
de ce local, soit pour un autre genre de travail
adapté aux moeurs et aux usages des femmes de la
campagne, accoutumées à bêcher la terre et à
d'autres travaux rustiques. Mais une division de
pouvoirs et de volontés, intervenue parmi !es
préposés j) ehtrava.alorsrëxecutibn Je ces xnesures
sa!utaires, et on fut oM!gé de s'en tenir aux w
moyens généraux qui sont propres à entretenu*
une propreté constante dans l'hospice aussi. dans
te Joca! destiné aux aliécées qui sont au déclin
de leur maladie, et dont les habitations sont më-
ïées avec Ja classe des inabéc!Hes qui sont lom
d'être réduites au dernier degré d'idiotisme, on
voit une sorte de rivalité entre les unes et les autres
des'
pour balayer les cours, prendre de l'eau avec
seaux de bois dans diverses fontaines de l'hospice,
le tenir dans la plus
en arroser et en laver !epavé,
grande propreté, et conserver surtout une fraî-
cheur constante pendant la saison des chaleurs, ce
qui réunit plusieurs avantages on en obtient un
bien pius grand, relativement au calme et a la tran-
quij!ité qui règnent en général dans les cours,en fai-
sant ainsi une heureuse diversionaux quintes vio-
lentes et aux emportemeos fougueux pour des
causes les plus légères qu'éprouveut souvent ces
mêmes personnes, et qu'eUes sont incapables de
réprimer par !anu!!itéde leur caractère ou le très-
faible ascendantde leurs facultés !nte!icctueUes. )
2ï3. Mais l'heureuse organisation de t'hospice,
qu*a favorisëe *avec soin une administrationéclairée,
pré-
nous a ménagé une ressource encore plus
cieuse pour accélérer les progrès de la couvaÏM-
de
cence c'est un vaste atelier pour les travaux
ia couture qu! est adjoint aux dortoirs des conva-
lescentcs, et où ces dernières se rassemblentpouf,
y passer presque toute la journée en société, en-
couragées uar un gain Ïe~crqu'cUesretirent chaque
jour, et qui unit paf fournir celles qui soot les
pîus actives'une cer~np ressource an. sortir Je
l~hospice, en même temps qu'eUesypc~ reprendre
l'bat)uude du traYaii e~ rentrant Jaos leur tnë-,
nage. On ne peut assez exprimer l'heureuse in-
jHucnpe qu'exerce sur le i'e{9t:u* de la ra!sonce ras*
semblement reg~ïtep de plusieurs persounos qui
s'entrettenoeot avec itber~é sur les tutérets de leur
~tmlîe, qu'eiies. ~nt abandonnée depuis plusieurs
mois, et qu'elles ont 1 espoirde revoir bientôt après
une absence plus ou mol ns longue,mais nécessaire.
Les j~out'jMesscnasscntainsi avec rapidité et dans
une communication réciproque de leurs craintes eb
de leurs peines. Le survci!tapt les visite souvent,
soit pour ôtre témoin de leur industrieuse activité
so~ppurdissiper encore quelques restes de l'éga-
rement de la raMoo, soit enun; pour remarquer
coHes qui se portent au travait avec une. espèce de
nonchalance, et pour coonottre le ~ugenieut qu'on
doit en former pour l'avenir; ce qui. peut donner
lieu à dos notes paruculièresiprs de l'attestation
i que }e suis oM'g9 de jMrc au moment ou eMes.
rentrent dans !a société. C'est encore dans ce ras.
scmn!emcnt que, par des entretiensfamincrs et des
exhortations bienveillantes, on parvient à dissi-
per certaines idées tristes, et mélancoliques, en
comparant les femmes qui D'en sont point encore
exemptes avec celles qui en sont heureusement
délivrées, et que pour un objet d'émulation on
fait déjà prendre pour modèles. Il est bien rare de
dtve..
voir des personnes qui se sont montrées constnm-
mcBt laborieuses éprouver dans la suite une réct-
M pmsMncc t!e
a
veillance et de l'amitté il lui iMt;voir p3U a pcu!e
ridicule de ses prétentions exagérées, lu! montre
un autre aliéné convaincu aussi depuis long~enms
qu~'ilétoit revêtu du pouvoir suprême, et devenu
un objet de dérision. Le maniaque se sen d~oQrd
bientôt ilII ciet en doute son titre de sdu~
veram, eana il parvient à rcconnôMre ses 'scar~s
ch!.mpt'!qnes. Ce fut daps une qumzame déjoua
t~ue s~opët'a cette rëy6ïut!on morale st tnatt~nWue,
M
(t~Uiës, aux soupçons ombrageux/aux cra!ates pu.
sillauimes d~stnélaacojtqués, qu'on peut pardcu-
J!èrementappt!qnei'cette rémarqué judicieuse, et
rien aussi n'est. p!us dticc!Ie que de ~€s rec!~er ou
dè ies dëtruhe. Commcat eu ë~tet détromper des
espnts souvent bordes, et qui jprenaeot les objets
chimériques de leurs Idées .pour des t'ëa!Hës? t~'un
ne vo!t autour de lui que des pièges et des .em-
bàcbcs, et s'offense même des bons offices qu'on
veut lui rendre; l'autre, transforme enpotentat,s'm.
digue qu'on lui donae le moindre avis ou qu'on re-
sisteàsesvolontés suprêmes~ certains passentlanult
dansiacontemplation, parIcuten!Mpirés,préparent
des actes expiatoires au nom du Très.Hant;, ou se
vouent a une abstinence qui les exténue. Quelques'
unsse croirontcondamnésa ta mort sousdiverspré*
textes, et -chercheront u la provoquer par le refus
le plus invincible de toute nourritut'e, à moins que
qne!queheurenxexpédient netriomphedeleurobs~
tinatiou.Unaliéné de l'hospice du Bicêtt'e,qm n'avott:
d'autre délireque celui de secrott'eune victime de la
Mvoïut!on,repétott~ouretnutten l'an 3, qu'il étoit
prêta sub!rsbn sort:, refnso!t de se coucherdaus son
lit, etTestoit étendu sur un pavé humide qui pouvoit
lerendre pcrcittsde tous ses membres. Lesurveiiiant:
emploie en vaincs refnoatraaceset les voies de ia
douceur, il est obligé de recourir à la contrainte.
L'aliéné est Sxé sur son lit avec des liens; mais il
cherche à se venger en refusant toute sorte d'ali"
mens avec l'obstination la plus invincible. Exhor-
tations, promesses,menaces, tout; est vain: quatre
jours se sont déjà écoulés dans l'abstinence la plus
absolue, Il s'excite alors nnc soif très-vive,et l'alié'-
né boit en abondance de l'eau froide d'heure en
heure; mais il repousse avec dureté le bouillon
même qu'on lui offre ou toute autre nourriture
liquide ou solide. Son amaigrissement: devient ex..
treme; il ne conserve ptus qu'une apparence de
squelette vers le dixième jour de ce jeune effrayant,
et il répand autour de lui une odeur des plus fé-
tides son obstination n'en est pas moins inébran-
lable, et il se borne à sa boisson ordinaire. On ne
pouvoit plus que désespérer de son état vers le dou-
xième pur c*cst à cette époque que le surveillant
lui annonce qu'il va désormais le priver desa boisson
d*eau froide, puisqu'il se moutre si indocile et il
y substitue un bouillon gras. L'aiioné reste alors
flottant entre deux impulsions~contraires; l'une est
ceï!e d*unc soif dévorante qui le porte à avaler un
liquide quelconque,l'autre est une résolution ferme
et immuable d'accélérer le terme de sa vie la
première enun remporte; il prend avec avidité le
bouillon, et aussitôt il obtient, à titre de récom-
pense, l'usage libre de l'eau jn'oide. Son estomac un
peu restauré lui fait éprouver un~entimentagréa'
ble, et il consente prendre le soir même une nou-
velle dose de bouillon. Les jours suivans il passe par
degrésà l'usage du riz, du potage, des autres all-
mens solides, et reprend ainsi peu à peu tous
les
attributs d'une santé ferme et robuste.
210. Une connoissanceprofonde de la nature de
l'homme et du caractère général des mélancoliques,
a toujours fait vivement sentir la nécessité de leur
communiquer des ébranlemens profonds, de faire
une diversion puissante à leurs idées sinistres, et
d'agir par des impressions énergiques et long temps
continuées sur tous leurs sens externes. De sages
institutions de ce genre ont fait une partie de
la gloire des anciens prêtres d'Egypte. Jamais peut-
c:t'e on n'a déployé pour un but plus louable toutes
)e8 ressources industrieuse «es arts, les objets de
pompe et de magniuccnce, les plaisirs variés des
seus,asccndantp<t!ss!)ntettesprestiges du cuïtc(t).
Ces antiques étahlissemens, si dignes d'être ad.
mirés, mais si propres u contraster avec nos moeurs
modernes et l'état de nos hospices, ne montrent
pas moins le but qu'on doit se proposer dans tous
les rassemblemens publics ou particuliersde meÏan.
coliques:patience, fermeté, seatimens d'humanité
dans !a inaniére de les diriger, assiduité constante
dans !e service pour prëvcn!r les emportemens et
l'exaspération des esprits, occupations agréables et
assortiesà!ad!f!erencedes goûts, exercicesdu corps
variés, habitation spacieuse et p!antée d'arbres,
tontes les jouissanceset ie calme des moeurs cham-~
(t)Acxdcutcxtretu!tésdet'anc!enuREgypte,quictoitato<'s
très peuplée et tr~s-Hérissante il y avoit des temples dé-
dies à Saturne, 0~ tes mctaueoHquesMrendoicnt en foule,
et où des pr&trcs, proCtant de leur crédulité conHante, se-
condoient leur gu<?r!son prétendue miraculeuse, par tous les
moyens naturels que t'hygicoe peut suggérer jeux, exercices
récréatifs de toute cspccc institues dans ces tempes, pein-
turM voluptueuses, images séciuisantes exposées de toutes
parts aux yeux des malades; les chants les plus agréables, ïes
teursoreii!es; ils
sons tesp!usn)ë!o()ieux chartuoient souvent
se promenaient dans des {ardins fleuris, dans des bosquets
orndsavcc un art recherché; tantôt on leur faisoit respirer
dans des bateaux décorés
un air frais et salubre sur te Nil
et au milieu de concerts champêtres; tantôt on les condui-
soit dans des Ues t-Mntcs, où, <ou<! le symbole de quetque
pêtres, et par iotcrvaUes une musique douce et
harmouieuse, d'autant plus facile à obteuir.qu'ity
a presque toujours dans ces établissemeus quelque
artiste distingué de cegeare~dontles taleus lau-
guissent faute d'exercice et de cnÏturc.
220. Les evénemeus de la vie peuvent être si
mathenreux et si souvent répètes, ils peuveut por-
ter un tel caractère de gravité et de désespoir, atta-
quer si directement rhonncur, la vie ou tout ce
qu'on a de plus cher au monde, qu'il s'ensuive un
sentiment extrême d'oppression et d'anxiété, un
dégoût insurmontablede la vie, et le desir d'en voir
prontptcmentle terme. Cette marche estencore plus
rapide lorsqu'on joint une sensibilité très-vive
une imagination ardente, et qu'on est habile à
XII.
cc~Me~.
/c~/p~ suivre direction des ~cA~'
y
r~rrr.
(t) On !mag!ne a peine les soins tnu!t!p!!cs et !a pcrsd-
vdMnec qu'il &tt~ avoir dans uo t!tabtisscmcnt bien otd<'nnd
et dirigé avec zèle pour va!ncre ce refus absolu d'at!mc)M.
On a d'abord recours sades moyens doux, à (les invitations
pressantes pour faire ouvrir la bouche, qui ,est tenue
optoi&trcmeot fermée. Si la résistance persevfre Ct que
l'atienc ne veuille point mâcher la nourrituresolide qu'on lui
donne, on essaie de lui faire prendre des bossons nourris-
santes, un potage avec du riz, du vermicet on du lait, qu'on
introduit dans la bouche avec une cuiller de Icf pour pou-
voir écarter les dents que l'aliéné ttcntfbrtcmentserrées. Si
ce moyco est iasujMsant, et que la boisson eUc-mcme soit re-
a~.<).Ce'seroit un Conds inépuisablede faits cu-
rieux et d'anecdotes piquantes, pottr nn mauvais
plaisant, que le recueil de mes notes jouraatières
sur lescausesmultipliées, les variétés et tes prestiges
séduisans de la mélancolie dévoue qui afflue dans
les hospices,ebqui y devient même contagieuse sans
la vigilance la'plus active. C'est ici une jeune per-
sonne terrifiée pour s'être livrée avec trop de coni-
plaisance à la lecture des t'omans là ce sont des
penchans du cœur contre tesqucis un prêtre a
tonné avec force, et qu'ti a fait regarder comme
dignes des flammes étcrneHes; ailleurs ce sont. des
perplexités ex.tt'êmes d'une ame~tbie et timorée
qu! a commis un grand crime, celui de se coniesser
u un prêtre assermenté; dans certains cas, ou a me-
256. <J E
ne sais si aucune partie des sciences physi-
ques semble d'abord préseoterplus d'obscurités im-
péuetrables, et inspirer à ua auteur une plus sage
méBance de ses forces, que l'expositionhistorique
des rès!es à suivre dans le traitement des aliénés.
t
1/anatomie la plus scrupuleuse n'a pu presque rien
dëvoi!er sur le vrai siège et le caractère de l'aué-
Dation mentale. Comment connoître et apprendre
à rectifier les diverses lésions ou écarts de Feutcn-
demcut, puisque ses fonctions,dans l'état de santé,
sont si diiuciicsà apprécier et à bien distinguer les
unes des autres (~, 3 et suiv.)? Quelques idées po-
pulaires, des procédés purement empiriques, ou
certains faits isotës, ont fbrtné jusqu'à ces der-
niers temps la base du traitement des aliénés; et
comment compter sur une expérience aussi bornée
et aussi vacillante?
s~y. Un sejourde plusieurs annéesdansles hospi-
ces des aliénés de l'un et l'autre sexe m'a ouvert une
source féconde d'instruction,peut-être la plus so-
lide et ta moins sujette à erreur. Avant de me for-
mer aucun principe sur les nn'ycus à prendre je
me suis borné aux plus simples, et j'ai livré, dans
un grand nombre de cas, la maladie a son cours
presque nature!, pour reconnoitre tout ce que la
nature pouvoit développer de ressources salutai-
t'es lorsqu'elle n'est point contrariée par des obs-
tacles étrangers. Il étoit nécessaire, pour obtenir
cet avantage, d'établir et de maintenir un ordre
invariable, et la plus heureuse organisation dans
ces hospices, et c'est sous ce rapport que j'ai été
pleinement secondé (sectionIV ), à la Saipetrière,
par un des hommes les plus recommandables par
des qualités rares, M. Pussin, chef de la police in-
térieure des aliénées j'ai pu alors étudier avec le
plus grand soin non-seulement les caractères des
diverses espèces d'atiéoatton mentale et leurs varié-
tés principales, mais encore leur marche particu-
lière dans les différentes périodes. C'est ainsi que
rien n'a été mis au hasard, et que j'ai pu parvenir
à distinguer les moyens super tlus ou nuisibles de
ceux qui ont une utilité directe et non contestée.
I.
tV.
Traitement à suivre durant la première
` période de la ~z~'e.
373. Un établissement consacré aux aliénés peut:
réunir les avantages du site à ceux d'un vaste en-
clos et d'un local spacieux et commode. Il manque
d'un objet fondamental si, par sa disposition in-
térieure, il ne peut isoIeL' les mauiaqucs suivant
leurs périodes d'extrême intensité des symptômes,
de leur déclin très marque et de leur convales-
cence et s'il n'est propre à empêcher leur com.
munication réciproque, autant pour prévenir !es
rechutes et faciliter l'exécution de tous les régle-
mens de police Intérieure, que pour éviter les
changemens inattendus qui ne tienueat nullement
à la marche régulière de la maladie mais qui eo
entravent le cours, et peuvent même quelquefois
faire naltre des obstacles insurmontables. Une dis-
tribution méthodique des aliénés suivant les trois
périodes déjà indiquées, fait saisir avec une grande
facilité les mesures respectives à prendre pour
leur nourriture leur propreté, la manière de les
diriger au moral, les progrès successifs qu'ils font
vers leur rétablissemeut ou leur état stationnaire.
C'est là une sorte d'école permanente propre à
faire coanoitre les iësions diverses de l'entendement
et Jeurs nuances variées d'après des caractères sen-
sibles. Le médecin observateur peut-il apprendre
ailleurs et appliquer avec justesse les règles fon-
damentales du traitement, se iamijiariser avec les
divers degrés d'égarement de la raison, parvenir
à connoître celles qui cèdent plus ou moins promp-
tement au temps et au. régiaie, celles qui oppo-
sent les plus grands obstacles à leur guérison par
un état invétéré, celles conu qui réclamentimpé-
rieusement l'usage de certains médicamens, même
pour tout esprit judicieux et éclairé qui ne veut
ïMs*exagérer leurs effets, ni se dissimuler leurs
avantages?
274.. La manie accidentellerëoeoiepeut, dans les
preoniers temps, prendre diiïerentes&rmes (i5a )
mais l'observation la plus constante apprend que
lorsque nen ne contrarie sa marche~ et qu'on
la seconde heureusement par :Je régime (t5o),
les symptume~tne conserveut toute leur inten-
sité que pendant un temps p~s ou moins pro-
Jongé, et que ta,méthode de porter !a débilite à
un degré extrême parlessaignees et une abstinence
rigoureuse, ne fait que troubler son cours, la ren-
dre ptùslougueetqueique&ispëriod!que,oMméme
produire un,.ëtat: de stupeur, et une sorte d'idio-
tisme. On ne doit se proposer, si l'aliéné est très-
violent, que de rompre sa. fougue impétueuse et
de rendre vains ses enbrts, enmaîtrisant les mou.
verneus de. ses membres supérieurs et inférieurs,
à J'aide d'une camisole ~ëe au bois du lit par
des sangles (i), ce qui ne doit durer que quel-
ques jours' en général et on- fait ensuite succéder
temps par la camisole dont lea liens lui sont caches, puïsqd'tta
e'attachcntparderricrerMidnéealors a beau se débattre dans
les premiers temps, tous ses efforts sont impuiMaus,et c!tc
n'en voit point la cause ~us<! elle 6h!t souvent par se résigner
et devenir tranquille,et son irascibilité s'appaisc par degrés:
aussi voit~-on souvent des aliénées, qu'on Jëc!<!re être trfs-fu-
rieuses lors de leur admission, qui quelques jours après
deviennent trnnqnUtes.
et qu'on les force de garder pendant long-temps
tandis que l'observation la plus constante apprend
qu'ils sont, en général, très-voracès aussi en <(on-
tractent-Ha souvent un délire famélique qui vient
se joindre à l'autre et ajouter à sa violence. Ut~
des premiers objets à remplir lors de leur arrivée
Jansî'hospice, estde!eur~urn!r une nouurituro
abondante et, par Je seul point du régime, on-
vQit s'opérer souvent, dans la quinzaine, ie chan-
gement le ptus favorable. Un de& exemples les plus
~appans de ces abus est celui d'une: dame qui-
a voit été saignée plusieurs fois, et condamnée chez
elle pendant plus d'un mois, par ordre du méde-
cin, à une dicte si rigoureuse, qu'on ne lui per-
mettoit pas même de prendre du bouiïïon gras dans
les tourmeos de sa faim dévorante; elle avoit élc
u<qu'à mâcher et avaler même p! usieurs mou-
choirs, et elle étoitdans un état de langueurextrême
lorsqu'elle fut transférée à l'hospice. On com''
menca par lui donner des alimens dont eHeparois-
soit insatiable, et on lui fit faire des repas modé-
rés, mais fréquenSt Son délire, qui avoit été des
plus furieux au sein de sa famiïtë, puisque quatre
hommes des p!us forts sufnso!ent àpeine pourja
contenir dans son lit, diminua d'une manière très<
marquée, au point que, vers te huitième jour, on
lui permit d'errer librement dans l'infirmerie seu.
lement avec le gilet de force. On continua de lui
fournir des alimens les plus substantiels laitage,
chocolat au déjeuner, des potages gras, de la
viaode, du poisson au d!ner, avec quelques plats
de végétaux, et )e soir des fruits cuits ou des con-
fitures. Vers le quinzième jour, on lui rendit la
liberté des mouvemens, et elle fut en état de se
promener dans les cours en redingotte simple,
comme les convalescentes.
276. C'est du concours et de reasetnMe de plu.
sieurs moyens physiqueset moraux que téBuÏte te
traitemeot des aliénés dans la première période de
la maladie leur isolement !a manière de les con~
tenir adaptée à leur état particulier, l'attention de
les nourrir et de débarrasser TestotCMs'il paro~
surcharge; le soin de faire cesser~eur reclusion
aussitôt qu'H est possible, et deieup &ire respirer
Fair du dehors pendant toute !a journée, la H-
berté entière ou limitée des mouvëmens qu'onteuf
accorde, s'ils ne sont point dangereux les boissons
aoidu!ées qu'on oppose à leur soifetateurardeuf
intét'ieure~ i'art de saisir leurs premiers moment
lucides pour les encourager et les catmer; l'étude
particulière qu'on fait de leur caractèreindividuet
et de leurs idées fantastiques; enfin une extrême
surveillancepour écartertoutce qui peuties exaspë-
rer, mais en opposant en même ten~s àïeurs écarts
une fermeté inuexible. Ce n'est point, en gênerait
leur agitation, quelque violente qu'eHe soi~ qui
peut déconcerter, puisqu'elle tient à la nature de
la madadie, et que tous les moyens de !a comprimer
son! prévus~ Un cherche par des ïnédtca&tens dôu~:
et d'un eftet lent, à produire Hoc détente ~ë-
raïe, a d!m!ouer i'ëaergie v!ta!e par l'usagé d6sbb!s.
sons mucî!ag!deusës, cmu!sidnnées ou actduiëes,
<tt entreméiaot par interval~s l'Usage des !aT:aH&
pour prévenir les ei'fc~ d'une constipatiott qui
lëm' est hab!t<ld!e on de quelque léger cuï-
inaut pour faire cesser l'insomdie. On joint à
ces moyens internes l'usage de~ bains t~mpéifés )
pris les jours a!tefnat!& (zoS), qM!qûefbi8 avec
tine jtëgèfe douche vers la fin du bain. Où Me
brusque, ou ne précipite rien; ôa~a~pehJ
temps en temps tout ïAédtcaniëat pendadt p!u*
6!eurs jours pour laisser à la nature les tnoyéMs de
développer ses efforts coaservateufs, et on fev!ef<t
ensuite aïteraat!vemeat à ceux qui peuvent Ja se-
conder. On diminué amst pea à peu rïïùpùïs}oti
des Hutdes ~ers tête, eh avaûbant lentement
vers le terme proposé, sattSfiéM thet~e au hasard.
L'excèsd'agtMttio~ ettesdt~agatïoïïs sëûaltïtè~t aidsi
par degrés~ les ntoifMnS iudtdes Se t~tt!t!p!!entda-
vantage, et raliénëe, eh de~eMaht susùepHMe ~e
passer de.!& première d!vis!û~ dahs la seconde, est
préparée & recevoir encore dés aoiëliot'attotis u!te'
rteures.
277. Exposer Ïesrègtesgénérates dtl traitetnënt~
c'est être loin d'exclure les modificationsdont elles
sont susceptibles, et !eségards qu'ondo!tavoir,dans
des cas particuliers, à une foule de c!rconstaucaa
:~<
accessoires.Une jeune personne pléthoriqueet su-
jette à des hénaorrhagies, sera-t-elle dirigée sans
restriction de la même manièrequ'unealiénée ibible,
exténuée ou sujette à des affections spasmodiques?
et une évacuation sanguine utile à l'une d'elles ne
pourra-t-elle point être déplacée et nuisible à
l'autre ? Le plus grand nombre d'aliénés de
l'un et l'autre sexe reçoivent les soulagemens les
plus marques de l'usage des bains tempérésquel-
bains froids.
ques-uns ne peuvent supporter que des
Suivra-t-on strictement les mêmes moyens contre
un égarement produit par une frayeur sur une
jeune personne, et contre celui que peut amener
ce qu'on appelle époque critique? N'aura-t-oo
point égard, dans Je choix des tDoyens,à la ma,
nie 'qui vient de la rétropulsion d'une dartre
d'unérysipèleoudetout autre exanthème? Des
excès opposés peuvent également jeter dans !e dé~.
lire maniaque une vie tr&s laborieuse ou un état
apathique~ une continence forcée pu un abus sans
frein des plaisirs une sobriété portée jusqu'au
dernier degré d'abstiueuce ou l'abus toujours
croissant des liqueurs alcoolisées. A travers toutes
ces modiucations dont est susceptible la méthode
générale, et qui peuvent exiger tour-à-tpur l'u-
sage des antispasmodiques (i), des évacuans, des
jugement soin
cine en y attachant un graa.dpnx; mais un
fait obtenir des effets plus s&rs par des moyens plus graude.
qu'accc6soir<w.
sans négliger ceux qui ue sont
cr!tssur la jtnédec!oe, qui ornent ou surchargent
nos Hbï!othèques, pom'i! ne ~wtot ac retracer à la
mémoire, lorsque eote~dsaps casse répéter dans
)e8 ouvrages sur !a man!e les termes vains d*M-
~~<~r/e <~cer<~M de préparation des AM-
yn~MM avant leur ~p<~M~<o~ du
~e~ ~cc<ï~~
r~M~M
de sa ~r~e ~a
.M'~ <~ la y?M*
eH:. ? Ces Menées reUexioas phtiosa'
OM
tCUo..
(t) Joa/MM ~~e~~ ~erc o~/M~~ M.AM~/o~~M'.
dt~-septième siècle, et dignes d'être'autant yappor*
tes à la théologie qu'à la médecine; c'étoient ta des
erreurs du temps qu'il tant pardonnerà un aiiteur
si soigneux de décrire les ~brmn!eA des exorcismes
il
le don de prédire l'avenu' accordé au Démon, les
tours perfides et malins qu'il a joués en prenant la
forme humaine, les traits des personnages céichres
qu'il a empruntes en divers lieux pour se montrer
sur la terre. «Qu'un homme,dit le judicieux Méad,
» déchire ses vctomeos et marche nu, qu'il frappe
de terreur tout ce qu'il rencontre, qu'il se fasse
? à iui-même de profondes blessures, qu'il soit si
furieux qu'il rompe les chatncsïcs plus fortes,
qu'its'entbnce dans les lieux les plus solitaires-.
M et qu'i! erre sur les tombeaux, qu'il
crie enfin
» qu'il est possédé du Démon, ce ne sont que des
M actes de folic, et c'est ia, ajoute't-il, à quoi se ré-
)) duittoutcequ'on nousracontedesdénooniaques~~<
H ne faut d'ailleurs qu'entrer dans les hospices d'in-
sensés pour réduire à leur juste valeur toutes ces
prétendues possessions. ou plutôt ces idées vision-
naires des méiancoHques ou des maniaques. Une
convalescente employée à titre de ntte de service
fut effrayée des menaces d'uueaUënée, et une des
nuits suivanteselle est frappéede l'idée que le Diable
lui avoit donné quatre sou Mets elle croit même le
voir dans un coin de sa loge, uu-dessous du drap
de lit et de la couverture qui se trouvoient roulés à
terre par une suite de ses mouvemeus désordonnés
et de son agitation extrême. Elle étoit transie de
frayeur et poussoit de fëmps en temps les cris les
plus vifs, se trouvant dans une obscurité pro~nde
et livrée à toutes les illusions de son imagination
égarée. Le survenant fait ouvrit* !a porte, ordonne
qu'on apporte une chandelleallumée, déroute lui-
même Je Jinge entassé, pour faire voir que le Diable
n*étoit nullement caché au-dessous; il parle avec
force à cette visionnaire, lui rappelle les témoi-
gnages de confiance qu'elle lui a donnés en tout
temps, et l'exhorte à être tranquille. Il étoit pru-
dent de oe point la laisser en proie aux écarts de son
imagination dans un lieu où tout pouvoit lui en re-
tracer un triste souvenir; elle fut transportéedans
une autre loge, dont on lui lit examiner toutes les
parties pour la bien rassurer contre la présence du
prétendu Démon; quelques nains et l'usage des
boissons délayantes ont calmé peu à peu ce délire
mélancotique, et cette jeune personne est revenue
à ses fonctions ordinaires.
388. On sait (luautrefois, à Besançon, la iete da
Saint-Suaire étoit célèbre par le concours nombreux
d'aliénés sous le titre de démoniaques,qu'on ame-
noit de très-loin pour être guéris,daus l'idée que la
Démon ne pouvoit manquerd'être chassé du. corps
des possédés par cette cérémonie religieuse. Une
foule immensedespectateursplacésenamphithéâtre
autour d'un lieu élevé, quelques prétendusdémo-
niaques contenus par des soldats, et ag~és par de<
mouvemens de fureur avec des contorsions ef.
frayantes; des prêtres en habits de cérémonie pro.
cédant gravement aux exorcismcs dans l'inténeuf
de l'église et hors de la vue du vulgaire, les accena
métodicux d'une musique guerrière à un signal
douné une sorte d'étendard élevé dans les airs, ou
plutôt un drap ensanglanté sous le nom de Saint-
Suaire, qu'on montroit à trois reprises difïërentes
au bruit du canon de la citadelle; la commotion
profonde communiquée au peuple rassemblé, qui
s'écrioit daus un excès d'enthoosiasoM, miraclel
miracle tel étoit le spectacle pompeux et solemne~
qu'on donnoit chaque année comme les effets d'une
puissance surnaturelle pour la guërison des démo-
niaques. II' est permis d'écarter tout ce qui peut
tenir au merveilleuxdans cette ancienne coutume,
s'il y a eu quelques guérisons, et de ne voir là que
le résultat combiné de plusieurs impressionsfortes
propres à produire sur quelquesaliénés une révo-
lutionprofonde,et àfaire dissiperles illusions une
imagination égarée.
Y.
Sur l'usage de cer~/yM r~Mé~M plus pu 7~0~
acti fs et propres à seconder les 7Me<fMre~ du
traitement général.
jz8g. C'étoit un point de doctrinetrès-unpoï'tant:
parmi les anciens que l'usage de l'ellébore contre
la vésanie~ le choix, la préparation, l'administra'
tion de ce végétal, les remèdes préiimmaires, !e~
précautions propres à seconder son action et &
faire éviter ses effets pernicieux car l'expérience
avoit prouvé que ce drasuquc pt'oduisoit quelque-
fois des supo'purgntions violentes, des vomisse-
mens opiniâtres, des convulsions, des inuamma-
tions des intestins et la mort même. Je renvoie,
pour la connoissnuce de ces détails, aux articles
~o/'e, Elléborisme, que j'a< insérés dans
'.FEncycIopédie méthodique par ordre de matiè-
res. La désuétude dans laquelle est tombé ce re-
mède doit exciter sans doute peu de regrets
soit qu~oa considère que son administration se ré-
duisoit à un aveugle empirisme, soit qu'eue fut'·
dépourvue de tout fondement solide, c*est~n'd!re
de la connoissance historique des symptômes et
des diverses espèces de Faliénation mentale. La
médecine maintenant éclairée par les progrès de
la chimie et de la botanique, est bien plus ncn-
reuse dans le choix des purgatifs et des émétiques,
pnisqu'cUe enpossejedctt'cs.simp!es,etqneleur
antmn peut être déterminée avec précision, sans
être suivie d'aucun danger mais on doit toujours
regarder les méd!camens comme des moyens acces-
soires, dont on fait un usage d'autant moins in-
discret, qu'on on a des vuesptus étendues et des
ressources ptns assurées dans FensemMe des autres
moyens moraux et physiques. J'ai fait remarquer
en parlant des accès de la manie périodique, qu'ils
sont pour la p!upart précèdesd une sorte de coos~
tipation et d'une scnsibi!itécxtréme du conduit in-
testinul; en sorte que si on donne à temps une
boisson abondante d'une décoction de chicorée
avec quelque sel pm'~atif, on ramène la liberté.
du ventre et on fait disparoîtt'e tous les avant-
eourcurs d'une explosion prochaine de l'accès.
C'est uue véritë si connue dans les hospices et
fondée sur un si grand nombre de faits qu'un'
aliéné attaqué de ces affections intestinales est
à peine conduit à l'infirmerie qu'on le soumet
a l'usage de cette boisson laxative, et que le-
plus souvent l'accès prochain est prévenu, surtout
lorsque. la manie est sujette des périodes in'é-
gulièt'es et correspondantes aux variations des sai*
sons. J'ai aussi très-souvent remarqué qu'une diar-
rhée spontanée qui survient dans le cours ou le
déclin d'uu accès de manie, a tous les carac-
tères d'une évacuation critique, et peut faire pré-
sager une guérison prochaine en dirigeant ensuite
l'anéné avec prudence; et sur ce point mes obser-
valions sont conformes à celles qu'on a iaites en
Angleterre.
2()o. L'esprit généralqui règne maintenant dans<
toutes les sciences physiques doit rendre de plus en-
plus sobre sur l'explication des phénomènes en<
médecine, mais on n'en doit pas moins reconnoïtre,
en écartant tout raisonnement arbitraire, les rap-
ports constats qui paroissent exister entre certaines
afïectioos qu'on croit éloïguéesetquisont dans une
sorte d'enobaînementréciproque telles sont celles
de l'estomac et de l'abdomen,qui correspondent aux
écarts de l'entendement et aux emportemens fou-
gueuxde la volonté.Le cerveau paro~t sans doutele
siège des fausses sensations et des illusions du juge-
mect; mais l'estomac,les intestins exercent quelque'
fois une influence très -active sur ces déraogemens,
etdescbangemensgradués produits sur les fonctions
de ces derniers ont visiblement des effets très-ma.
nifestes sur les autres. On ne peut méconnoïtresur
ce point une conformité générale entre les méde-
cins anciens eties meilleurs observateursd'entreles
modernes, français, anglais ou allemands. Le.doc'
teur Perfect, qui a publié eu Angleterre un recueil
judicieux d'observations sur les aliénés, combine
en général quelquefois l'usage des émétiques et
souvent celui des purgatifs, avec les autres moyens
du traitement, et rcconnoîtavoir souvent à remé-
dier à une constipation opiniâtre, qui est uu effet
de la maladie, et qui la fomente à son tour. C'est
ainsi qu'il f~it prendre alternativement avec le
bain chaud, le tartrite de soude ou le tartrite de
potasse soit seul dans une décoction d'orge, soit
allié avec une substance douce et sucrée, comme
la manne. Il fait user de ces boissons pendantdeux
ou trois jours, et il lessuspend ensuite pendant une
ou deux semaines pour y revenir encore de la
mêmemanière. Quelquefois ii les fait prendre daa$
circonstances
une émulsion d'amandes, suivant les
de l'âge ,dusexe ou de ia sensibilité individuelle.Il
parle d'ailleurs en termes modères de ces moyens
subsidiaires,et il les fait regarder comme une sorte
d'Mppendice aux autres moyens généraux du traî-
tement. Les boissons bab!me!tet. qu'ttprescr!tJaas
les mêmes cas sont suggérées par des vues analo-
vineux,
gues. Ce sont tantôt du petit-lait simple ou
de la Jécocdou d'orge avec la gomme arabique et
le sucre, et une légère limonade ou orangeade~
tantôt Vautresboissons semblables, mucilagineuses,
sucrées et acidulées.
zg t. Peut-on révoqueren
doute quel'observation
ait conduit eu France: aux mêmes résultats, et que
dans l'hospice des atiénécs, comme dans rétabhs-
sement du docteur Esquirol, tous deux formés de-
puis près <!e dix ans, ou fasse aussi un usage ha-
Mtuet des mêmes boissons douces et des bains, en
entremêlant de temps eu temps quelque laxatif,
ou un cathartique plus ou moins actif, suivant les
circonstances? H y a seulement cette différencedaus
Je second de ces étabiisscmeus, que les personnes
soumises au traitement tiennent, en générât, a des
familles riches et qu*on peut y donner avec pro-
~'r
fusion des boissons agréaMes, Feau sucrée, la li-
`;S
monade, rorangende, les décoctions d'orge avec
difierenssirops, les émulsions d'amandes,le petit-
lait nitré, ou associé avec quelque substance saline
et purgative, etc.; ce qui ne peut point avoir
lieu dans un établissement national, où doivent
présider l'ordre et une économie sévère. Sous d'au-
très rapports on a eu France les mêmes regrets à
former qu'eu Ang!etcr)'e,puisqucdans l'uneet l'au-
tre contres les aliénés ne sont souvent soumis a un
traitement régulier et combiné qu'après avoir passé
Carlos dures épreuves d'uue polypharmacie coa~
fuse et dirigée d~une mamure empirique. C'est ainsi,
par exemple, que le médecin anglais dit qu'un
a!)éué, avant d'avo!r ëtë couMé à ses soins, avoit
été saigné qnatrc fois en trois mois; qne les vést~
catoires avoient été appHqué'! à l'occiput, au do~
et aux {ambes qu'on avoit déjà pratique nu sétoa
à la nuque qu'on avoit fait succéder les viotens
cathartiques ttux Jé~ers laxatifs que les gommes
fétides et autres antibystériques avoieut été sans
elict, de même que les vomitifs, les ventouses
scarifiées, les bains froids, et qu'en dernier résul-
tat, ces divers moyens prodigués ainsi au hasard,
au lieu de diminuer l'égarement de la raison, n*a-
voient fait due l'augmenter. Il seroit&cile de citer
plusieurs exemples aualoguespris duméme auteur,
et de les rapprocher de ce qui se passe en France
avant l'admission dans l'hospice desaKénées; ce
qui forme autant d'obstacles aux heureux effèrs
d'un trnitemeut régulier. Je passe les uns et les
autres sous silence, puisqu'ou les imagine sans
peine, et qu'ils dérivent tous de la même cause, de
~'ignorance, eu général, des vrais principes du
traitement de FaUëuatiou mentale. Mais il importe
de faire counoître un dévotement symptomatique
très -douloureux, et avec le sentiment d'une cha-
leur brûlante qui se manifeste quelquefois durant
Jes accès maniaques ou vers leur déclin en automne.
J'ai eu souvent occasion d'observer cette affection
parmi les aliénés de Bicetre (i), et elle étoit por-
tée quelquefois à uue si grande viotence, que )'eu
ai vu quelques-uns se rouler à terre avec les signes
des angoisses les plus extrêmes, et mourir quel-
ques jours après, saus que les caimaus ni les mu-
vj.
Coyt<o~ relatives au traitement ~Mc<&c~;
~n~ ~CM~/ne ~o~éMe~~o~e~
TM~M~' i:f
296. Un exemple part!cuHer rapporté dans;tpns
ses détaiis (z5o), a reodu sensiblesla marche géttë~
rale de la man!eet ses diverses périodes. J'a! mdtqué
ensuite (tSy~ia d!strtbm!on iméneure de l'hospice
des aliénées, et comment elles av'oieut été dtvtséea)
en trois départemeasdifiereas,suivant teplus haut
degré de la manie (i), sondécHnouIaconvales-
<
0jE<MM~M
Lon< ~Sj).
~C P~tC~TM tf~O
~McAMj
<M~6~<&~ ~f ~<~?~
~~s ~e~~ Ae~
prit qua une époque antérieure qu'on pouvoit
maintenant parler avec plus d'assurance sur son
prochain rétablissement, WiU!s .prend un ton
pÏus déctdé, et u assure que si tout autre doses
malades étoit dans les mêmes dispositions, il ne
formeroit aucun doute sur sa prochaine gnértsocy
I! ajoute néanmoins qu'il ne peut en fixer l'époque:
sa Majesté, suivant lui, ne pouvoit, quinze jours
avant, lire une seule ligne d'un Hvre quelconque,
au lieu qu'eHe étoit maintenant en état d'en !!re
plusieurs pages et de faire même de très-bonaea
remarques sur Jes objets de ses lectures. H déclare
que s'il a refusé une ou deux fois de signer le bui-
letin du jour, c'est qu'il y remarquoit quelque
rétMence concertée, en donnant à entendre l'in-
fluence ~MM ~on~o~M<~e. Le docteur
Wa. se présente ensuite, et déclare nettement
qu'il ne voit aucun signe de convalescence,ni au-
cune rémission dans les symptômes; qu'on n'avoit
remarqué depuis quelques jours qu'un intervalle
lucide de quelques heures, mais que cet espoir
avoïtëté loin de se soutenir; qu'en un mot, rien ne
tendoit à réaliser les assurances qu'on avoient doa<
nées au prince de Galles. Le docteur Wa. fait
d'ailleurs des réclamations contre les Jettres et les
rapports de Willis, comme peu conformes à la vé-
rité. Il s'agit ensuite de diverses chicanes sur les
formes et les expressionsdes bulletins l'un d'eux
étoit conçu en ces termes: <&?~y~~ a ~<M~
/e jour précédent avec tranquillité, elle a~M M~~
bonne ~M~~ elle c~co/Mece~<ï~(ï).WiHia
e'étoitélevé contre ce rapport comme insufSsant,
et n'indiquantnullement une diminution des sym-
ptômes et l'espoir d'une guérison procha!oe. Autre
gt'ave sujet de dissention: un certKia bulletin finis-
eo't par cette phrase /t ~M ~!or~<~ as Ac was
Ua des médec!osréclame, et veut qu'on
substitue continues to ~M~e?~ comme plus expres-
s!f; un troisième opine pour une autre variante
~M morning in a comfortableM'~y. Cependanton
proteste de part et d'autre de ne recevoir aucune
sorte d'ioMueoce. Le docteur Ba. est interpellé
à son tour, et il déclaren'apercevoiraucun signe
de convalescence; il est d'avis qu'à une époque pa-
yei!ie de l'âge ou ne guérit point.de cette maladie;
sa Majesté lui pnroit toujours dans le même état,
et il se récrie qu'on indique comme une bonne nuit
celle où le sommeil a été de trois ou quatre heures.
Le docteur Rey. semhle vouloir ménager tous
les partis il dit que sa Majesté est plus calme et
plus docile, qu'elle est dans un meilleur état de
santé générale, qu'il la trouve dans des circons-
tances favorables et propres à la conduire à un
ûM~e~~<?~ mais qu'il ne voyoit encore aucun
changement dans la maladie principale. H étoitna-
f
(t) Je note cet accorA invariable pour Mea comme Mne
<ingtt!arhc rare daus les hospices d'a)!cnca, et H c~t bien
po~ibte que JaM Qae~"es $iccics ce phënom~ne se t'euon*
reHe Mecrc.
auteur anglais dé{a cité. Un homtne d'un âge moyen
avoit été d'abord,remarquable par la dureté descs:
propos et un air sombre et ombrageux: toujou~
inquiet, quereUeur.et prêt à s'emporter < son ca~o~
tère s'aigritencore parquelques revers de fortune,
et ~devint jaloux ,m!santhropeau jp!us haut.degrë
et insupportabjeà sa propre famillé. Ce fut alors
que son dëjit'eccjata. U tira,des Jetjtres-de~change'
pour des sommescoormes, même sur dès banquiers
avec. lesquels iin'avott aucune rcïauoo. Relégua.
enfin dans une maison d'aHénës, il y déploya toute
~arrogance d'un despote d'Onent; il se crut chan-'
çcHer, duode Batavia, et iJ exigea des hommages
qu'on ne rend qu'aux sou veraips. Cette boufnsaure.
d'orgueil, contre laquelle tous Jes moyens qu'on
put prendre furent ~ains, dégénéra peu à peu en
uu état de stupeur et d'idiotisme incurable.
32t. On ne peut attendre dans uo traite gé-
aéral sur l'aliénation, une ~bule de détaUs retatiis à
~a cause, à FAge, au sexe, à la complexion et autres
variétésaccessoires,etqui ne peuvent être consignés
que .dans des recueils particuliers d'observations~
il sufÏit,ici de s'élever aux vrais principes, et d'iodi"
quer l'extrême différence qu~oit exister entre les
résultats d'une instruction solide sur l'aliénation
mentale et certaines pratiques populaires ou des
essais purement empiriques.
322.8*\ La marche quêtai suivie dans i'ëtudc
historique des symptômes de ra!iéoation, et dans la
manière d'en diriger le traitement, a été toujours
subordonnée à une observationrigoureuse des ia!n
cousidërës avec une sage réserve, et je crois avoir
été en garde contre la séduction des nouveautés
dont ou peut quelquefois s'exagérer involontaire-
ment les avantages. Je ne doute point qu'il n'y ait
unjourunesortedcrëactionenfaveurderanctenne
méthode par des saignées copieuses, des actes de
science, les bains de surprise et des chaînes de fer
bien cimeutees. Peut-être même que cette réaction
s'opererapardesëcritsp!e!nsdchile etd'amertumc;
tandis qu'il existe un moyen de s'entendre & l'abn
de toute erreur: c'est celui de faire de part et
d'autre des recensemcnsexacts des aliénés soumis à
on traitementrégulier, et de voir dans que! rapport
prëdscst au nombre total !a quantité des personnes
bien guéries. Un pareil calcul,dont je donne l'exem-
pje dans la section suivante, peut par de simples
comparaisons sauver beaucoupde dbcusstont- su-
perflues et. faire voir clairement ÏaqueUe des
~eux méthodesmérite la préférence.
SIXIÈME SECTION.
JÏ~M~~ ~o¥~ew~~ co~Mc~o~
des tables pour servir G e~7~/zer
degré de probabilité de la guérison des
~/M~z~y. '1
333. n est difficile de s'entendre en mëdec!nesî
on n'attache un sens précis au mot c~e/vc/!C<~
puisque chacun vante les ï'ësultnts de la a!cnnc
propre, et cite plus ou moins de faits en sa fa-
veur. Une expérience, pour être authentique et*
concluante, et servir de fondcment solide à une
méthode quelconque de traitement, doit être faite'
sur un grand nombre de malades asservis à des
règles générales et dirigés suivant un ordre deter-~
miné. Elle doit être aussi établie sur une succession
régulière d'observations constatées avec tin soin
extrême et répétées pendant un certain nombre
d'années avec une sorte de conibt'mité, en~n e!!ë
doit rapporter également tes événemens (ï) favo-
(
<
p,
L.ucr~.
l,
En~i;cM.'),,cut:b!c..)'hMpicc
OMËHVATto.
r
1
!)c~
X. "1 41 58 <7
47 '-< 1
M
58 '2
J',) “) ,s r'
C( '3 )ô 9, IV
LEtf..ttcn)cntt!e<
lr;tilelli"lit des
'!tA.c
IA'.41t avec
d~irc.
( c are:
XL
XtH.
ta;
5G
38
Go
!7
55
5?
,{<)
57
~g
t
~j
5<. 7;
33
't~
-,3
~3
o? 9j
~f
~i
6j
¡
.3
23
s 'cettc
at.co~tut commence
~<t'«'"<i'qMi
''c'~ttentps..v.,itc<c
I
tSo5.
,805. f~
152 M
58
ao tn a) (,3 ~t¡ 7 :10
M ~.trdt'cotttntCttxdc-
t"~<t'H!!<;n~-sincuM-
46 ~8 &{ <, ''S 17 G: 8o Il t~ f.<c~<~t.itc-
mct)!;it))rt)t;tttcux(cntKS
:'rii~t<i))<'tt,<'))con-
ICII"il!J"17.
De ce
nom-
j X.
t et
24 7y 1 ,g
85 5g 4< ~eitcnfam<t)stta:)c
:1 21 (; 4 4t 5:1.,iui d~lIlnoicnlquel-
Mfjuidonnoictttquc)-
14
Maneo!ieaT(c
ddtirc tur um XI1,
XtL
XL
G~
54
t6
t3
13
!t
37
ï')
at
21
t,
a4
$
<<!<54
7') 2. 3 t
<iOeMpoir(!egucn!!on,
fjui furent rcuniM
q"'on cn-
MUiobtCt.'
seulobjet. o ta
12 o~ 4 4 wy<t<)'ineMrsp<.ur
,92
IXIU,
XIII. 14 5 9a ''tretraitcM.CeUM.c:
g 3
:1 1i < 3 'o 2 ne .ontroint ponces
t)!o5.
t805, 38 4 '9
19 ao
20 tt
Il 5 .3
13 dMsicpresenttaMcau
'9 f 1 3 tS coMmettppartcoantaux
n~a3 ~J~
anat'~ameneurM.
814
X. 6 3 4 1 J
4448<"McB,pnneco)n-
M<tanc''Meavec/
t
tXI.
XI, a
:a t1 1 1
tt-'i
i
l'
ne~qM'onpentn-~nicr
pfendpcinttSpctMn-
etit
t
t<')h's,tn:'iiim)t
3
ne3 quun
comme
m:&is
(lui
pencHMM(XIL 4 t a 7 Il :1
9 sMtinHnncsotttoibtes
.~icide.
s\aicide. 3g 5 3 a !d'c,n<)c,ne..td~i'Agc
g 2 :& » f ,tC)t(hc,<;tqmontctu
'~5..Gt6 voit
T.8,4
1805, 1i
346
5 6
3,6
-1
8
34. 0 ..9
9 4
4~
1
9
(¡'I.
direction
fi' tOC) 2°1
~ruvllillcrsous, la
de <]n<:)<~u'nn
qu;I<ci.t.. un
iquilcS5urvcillr:.
t ertger en phnctpe, dans !e plus grand npmbre
d'hospices, l'incurabitité absolue dctousicsaliëoés,
et pour in produire on y prend des moyens infail-
libles, une réclusion étroite, des actes de dureté et
dévioîeucce). l'usage descbatnes.On convient, dans
un très-petit nombre d'hospices tenus avec régula-
nte, qu'on peut guér ir cette maladie, et, ce qu'il ya
de tn!eux, on !e prouvepar une expér!eacerépëtée.
Mais les relevés des registres faits tant en France
qu'ailleurs, apprennentqu'onneparvientpartoutes
les méthodes connues qu'à en guénr un plus ou
moins grand nombre, et que ~out ce qu'on peut se
proposer désormais se rédu!t seulement à obtenir
un rapport plus ou moins avantageux entre le
nombre des guérïsons opérées et la totaitté des ad-
missions or, cette totalité équivaut à la somme des
guënsons et des non-guénsons. Il s'ensuit qu'on
tombe alors dans le calcul des probabilités et dans
l'usage d'un de ses principes élémentaires, savoir,
t
que la probabilité d'un événement se mesure par
une fraction dont le numérateur est le nombre des
cas favorables, et le dénominateur le nombre de
tous les cas possibles, favorables ou contraires. Il a
donc fallu tenir des registres exacts des diverses
espèces d'aliénées et de leur nombre respectif, dé-
·
termineravecsoin le vrai caractère des faitsobservés
pour les rapporter à leur place dans les tables, et
ne point dissimulermême ceux qui peuvent laisser
encore du doute et de l'incertitude. On a du surtouc
éviter d'entier gratuitement le nombre .des owëne-
ïncos favorables en déguisant ceux qui sont inoer-
tams ou coutrnires, car, comme le remarque Fon-
tcnelle au sujet de l'ouvrage de Daniel Bernouilli
(De ~~<? cû/yee~~J~~ ta dtSIcuké est qu'il uoua
échappe des cas où i'evëuement peut arr!veï' ou ne
pas a~nver, et plus il y a de ces cas mconnus, plus
la connoissance du parti il prendre est mcertatoe.
3~6. Deux méthodessont en usage dans le traite-
meotdeiaItëMaUoa: l'uoe, très
ancienne, consiste
à brusquer la maladie dans soo cours par des sa!gnées
répétées~ des douches fortes, des bains froids ou
memedesbaïus de surpnse, une réclusion étroite.
L'autre, qui est adoptée à JaSaipêtr!ere, fait regat'-
der l'aliénation comme une maladie aiguë qui a ses
penodcs successtves d'ultcnstte, de déclin et de con-
valescence, dont l'ordre ne doit point étre iuter-
vcrt!, mais dont il faut calmer les symptômes par
des moyens. doux, des bains t!edcs ,des Loissous re-
Ï~chantes, quelquefoisdes caïmans ou des douches
très-légères, dans certains, cas une répresston euer-
gique, mais courte, et. toujours des mameresbieu-
veil!aotes ou l'urt heureux de gagut:r la couuaucu
de raHenéc, à moms que sa ra!son ne soit cMttcrc'
°
ment. bou!cvcrsee. Qun!!c est cc!le des deux mé.
thodcs qu'on doit prë~ter ? Un simple relevé des
registres, des tables construites avec soht, mois par
mois, année par année, dans divers. hospices, et la
tbëorIcdesprobabUitCit,suinrout pour rcsoudreccHc
question,et on pourra reconnottre par une simple
comparaison de quel côté est constamment Davan-
tage. Je commence par publier les résultats de h
méthode de traitement que )'at suivie. Rien c'est
ptus obscur que h nature des fonctions cérébrales
ou intellectuelles; et comment apprendre à remé-
(!!ct' n ieur~ Jcrangemens divers, si ce n'est par des
resuttatscomparatiisdei'observauonîou, eu d'autres
termes, lé succès du traitement ne doit-il point être
assimilé à un événement composé suivant une io!
donnée d'évëoemens simples? et pour chercher sa
probabilité, ne faut il point répéter un grand
nombre de fois l'expérience qui peut amener l'évé-
.Dement, et examiner combien de fois il est arrivé?
Ï.
Règles suivies à ~o~/cc ~.y ~M
de la
t&a~rs pour la oe~j~ des registres et /«
construction des tables.
n.
.(~M <M~M~.f au traitement sans aucun
~M<?~7M~My!f.M~ /eMr c~~a~r, ou bien
~z€~ ~'a~eej~eMrj avant leur c~ow
dans ~A<?~c~.
-111.
d
~~<M~'<?/ <i7~/<cw~oM pr&M~ /~<$e~
~e/<fc~MarM~eoM~e<
'1J
333. Une table particulière insërëe dans mon
Traité de la ~M/c publie en Fan ï i, atteste que
cette maladie se déparesurtout depuis ï*époque de
la puberté jusqu'à la qunraote'cinquième ou cin-
quantième année de l'âge, et qu'en recueillant ce
qui arrive dans un grand rassemblement ti'aliénés,
q
elle se trouve plus fréquente parmi les hommes
entre la vingtième et la quarantième année. Le
simple reïevé des registres a donné des résultats
analogues pour les femmes, et c'est ainsi qu'en
t'at! o il est arrivé seize maniaques entre !n dix-hu!-
tièmect!a vingtième année, trenté-neuf entre la
vingt-cinquième et la trentième, vingt-cinq euLrc
!« trente-ciaqmèmeetiaquarant!cme,etvingt ctune
ottre la quarante"cinquicmeet la cinquantième.
Cette même loi d'accroissement progressif et.ensuite
dé décroissemeut,a eu lieu de même pour les an-
nées i r et î2. L*ao ï3 a offert sous ce rapport'
~ne exception qui a pu dépendre de quelque causo:
accidentelle.Mais je ne dois point omettre une ré-
rnarque qui na!t de la simple comparn!sbudes notes
que }'at tenues à Bicêtre et à la Saïpctrièt'e c~est
que!a man!e,parmneshommes, n'avoitpo!nt paru
se. déciarer à une époque antérieure à la
puberté. `
et qu'au cootra!re,dans l'hospice des aliénées de !a.'
Salpetr!ère~ cettemaladie; en l'an n, a été observée
neuf fois avant Fépoque de Ja puberté, et onze fb!s
en i'aa ï2. 5eroit-u donc vrai que le développe-
ment de la raison, comme ses égaremeas, est plus
précoce pour la fémme que pour rhomme?
33~. La mélancolie a. été aussi plus iréquecte
dans Fage adulte~c'est'à.dire entre la vingtième~6
la quaranuème année de ï'~ge; mais e!Ie ne s'est
point déclarée comme Jamaaie avant l'époqae de
la puberté. Il en a été de méme~eia démence ac-
cidenteUe. Mais la démence séni te) comme l'indique
!e tenne iui~ïnéme, a lieu à des époques de Ja vie
très-dMÏërentes ainsi en i'anïo cette aliénation a
eu Heu deux fois à la soixantième année, six fois
entre la soixantième et iasoixante'dixième, et une
ibisà ïaquatre'viogt-dixiètne.EnJ'anii,trp!s cas de
démence ont eu également lieu vers la soixantième
année., dix entre la soixantième et la soixante-
dixième, et cinq entre la soixante'dixième et la qua-
tre-vingtième:résultats analogues pour les années
su! vantes.En gênera!,les personnes en démence se-
nne qui ont été conduitesà l'hospice durantquatre
an'Técs moins trois mois, ont formé une totalité de
soixante-quatre elles ont été amenées a cet état,
les unes par cndttCtte, d'autres par des chagrins
profonds, quelques autres par l'abus des liqueurs
alcoolisées. 0;.
3~5.Letatdumar!aged!spose-t.ilautantqueceIui
du cénbat. ou du veuvage à l'aliénation mentale?
C'est, pour répandre quelques lumières sur cette
question que j'ai fait des relevés exacts des registres~
et que j'ai consacre trois colonnes verticales de la
table gëuera!f a des recensemen~decette sorte ce
qui a été d'autant plus faci!c, qu'on note avec-soin.
dans les hospices ces divers états desaHënés,etqu'il
y-a-sur ce point très'peu d'excepHons. Mais comme
d'un autre côte certaines tables de mortalité, celles,
par exemple f,<)e M. Dcparcieux en France,et~ de
M. Vargcntinien $uèJë ont appris que les-femmes
mariées vivent eu général plus queles'celibataires,
et que le nombre des premièress'est trouve quel-
queCois double des autres, on ne peut tirer dans les
hospices aucune induction du rapport numérique
observé entre ces deux états, en faveur d'une dis-
position plus ou moius grande à contracter la mn-
me oula mélancolie.Je ne puis non plua proposât'
que comme douteuses les conclusions qu'on peut.
tirer du nombre prépondérantdes femmes non ma-
riées tombées dans !a démence, quoique ce nombre,
suivant le relevé des registres, soit toujours plus
que double et quelquefois quadruple, de celui
des femmes mariées. J'exposerai enfin comme uo.
fait constaté, sans en rien conclure, que le nom-
bre des filles tombées dans l'idiotisme fut, en l'an i t
et en !'ah ï3, sept fois plus grand que celui des
femmes mariées dans le même état, et onze ~is
plus grand eu l'an ï3. On peut donc présumer
seulement que le mariage pour les femmes est une
sorte de préservatif contre les deux espèces d'aHë- y
v.
'Méthode de /r<3~~e/~ des ~M~ .K~<
~o~
par la nature ~e.t causes déterminantes ef
confinnée par le calculdes
années~
tats d'une e~périeace authentique de pfè~ de quatre
3~6. Uneop!n!ongéoéralementreçuefaitre8ar(lei,
Ja manie et. lamélancoïie comme peu susceptibles
d'une guérison so}:dc, et comme sujettes sans cë~e
t à de< retours cette opinion même ne paro!t que
trop conRtmee par l'exempie de presque tous~es
hosp~es de la F~nce dirigés sans méthode etd&'
les aïténés sout détenus en généra! toute ieur ~te.
I~a!Jicurs, le tra!tcmenti ordtn~repar des sa!~ne@s
répétées, suivi. $! souvent d'une !nterm!ss!on ~a~
sàgère:des symptômes, et: st propre à rendre Ï'a-
!!Jnat!ou penodique, autorisé aussi à'!a regarder
comme tncurahic..Un des objets fondamentaux~
qu'on s'est proposés à la Sa!petnère a été de~!re
éviter cet iacohvëntent, et de produ!re une gué-
r!son;soitdeet- duraMe c'est dans cette vue
que les
moyens curatïis et ïà pol!ce mténeuresdat d!rigés
dans cet hosp!ec, et qu'on y distribue les a!!énés en
trb!sgrandcsd!v!$tous~ comme~craî déjà tndtqué,
t
cequi dounela iad!!té de considérer sëparémcntïcs~
diverses pér!odesde l'aliénation, d'adapter à cha-
cune la vraie méthode du traitement, et. de trans.
ferer alternativement les ahénces d'une division
d~ns une auh'c, s'il se mauifeste une rechute, ou
sor !e simple signe de sou approche < on parvient
par là & déterminer avec beaucoup plus de préci.
sion l'époque du rétablissement entier de !a raison~s
et du retour de l'aliénée au sein de sa Emilie
c'est ce qui m'a conduit à faire des recherches sur
la durée que doit avoir le traitement pour éviter
les rechutes après !a sortie de l'hospice~
3~7. Le simple rdevedes registres indique des va.
r!étesretnarquab!esdaascette durée, imeine lorsque
la manie est d'une date récente* Dix-huit guérisons
curent lieu en I*an ïi au deuxième mois du trai-
tement, et neuf en J'au 12. Dans quelques cas
moins graves d'aliénation survenue par des cha~
grins domestiques, un amour contrarié ou uu~
suite des couches, le premier mois a suM quelque*
fois mais le plus souvent le traitement a duré
trois et même quatre mois et, en ei&t~ huit per
sonnes ont été guéries au troisième mois en l'an to,
cinq au même temps dans l'an 12, et onze en t8o5.
Mais lorsque la manie est d'une ancienne date,
qu'elle a été troublée ailleurs dans sa marche
par des traitemens mal concertés ou infructueux,
le traitement n'a été suivi du succès qu'après te
huitième, dixième, douzième mois c). dans quel*
ques cas même, après les deux années pour bien
consolider le rétablissement lorsqu'il a été possible
car la plupart de ces aliénées deviennent incura-
hies. La manie produite par une vive frayeur,
ceUc qui a été déjà marquée par des rechutes anto-
Deures ou qui survient à i époque critique des
femmes, est aussi d'une guérison plus difficile.
C'est ainsi qu'au dernier semestre de Fan ïo, huit
aliénées n'ont été guéries qu'après une année de
traitement, quatre après une année et dénué ea
l'an n, meut n'ont été guéries qa'après rannée
révolue, et trois après une année et demie d'un
traitement tour à tour repris et suspendu; car c'est
souvent un grand art que de donner à la nature
ïe temps de développer ses ressources et ses effors
salutaires.
3~8. Le délireexclusif des mélancoliques sur cer.
tains objets et leur caractère ombrageux cèdent
difficilement au traitement, et il est rare qu'on
obtienne un succès marqué au premier ou au
deuxième mo!s,àmoinsqu'on ne parvienneàgagner
leur conBaoce,et a rompre par là la chaîne vicieuse
desidëes, en dissipant leurs illusionsiantastiques.En
l'an ti, dix'.kuit mélaucotiques ont obtenu leur
guét'ison entre le cinquième et le huitième mois,
t
quatre au dixième mois, trois ~prés une année, et
quatre après une année et demie. Eu l'an ï2, dix-
huit ont été guéries entre le troisième et le sixième
mois, et douze entre le sixième et le neuvième. La
nature de la cause déterminante exerce aussi une
grande influence sur la facilité ou la ~nteur de
taguérison.Lamélancolie produite par des chagrins
domestiques ou un penchant violent qu'on a con-
trarié, peut céder saus peine dans l'espace de quel-
.que temps, par l'isolement et quelques autres
moyens simples mais elle résiste bien plus si eUe
vient d'une frayeur, d'une suite de couches, oa
d'une jaïooste purement imagioairp et sans motit.
L'obstacle est encore plus dtCicHe & vaincre si
elle tient à une exaltation extrême des principes
Mli~eux,ou à des scrupulessanscesse renaissans;
et comment faire entendre la voix de la raison à
des personnes qui n'obéissent qu'à des inspirations
surnaturelles,qui regardent comme profanes ou
persécuteurs ceux qui cherchent à les guérir, et
qui, suivant l'expression d'une de ces aliénées,
ont fait de leur chambre une sorte de. Thé-
baïde(i) ?
549. Yl est curieuxdecomparerentre eliesia manie
et la mélancolie pour la durée la plus ordinaire du
traitement et de voir, à cet égard, la diiïercuce de
ces deux sortes d'aliénation.En l'an o,
sur soixante-
quatre maniaques guéries, cinquante-sixl'ont été
~e~e~
I.X.
.wee 1806.
36 r. Les plus grandes dttncuhés à vaincre sont
toujours venues,commcdausiesauuéespi'écédentcs~
des rcaseigoemensimparfaitsqu'on obtient sur l'état
antérieur d'un grand nombre d'aliénées~ qu'elles
soient envoyéespar ordre de police, ou par le bureau
central d'admission. Ou ne peut d'aiUeurs s'entendre
sur Je succès ou non-succès du traitement, si on ne
part d'une base fondamentate donnée par l'obser-
v ation ]a plus constante et la plus réitérée. H est re-
connu en effet, autant en Angleterre qu'en France~
général
que Motisme et la démence sont ed
incurables, en sorte que dans l'hôpital SaInt-Luo
à Londres, on n'admet nullement au traitement:
des aliéoatioas semblables. &< On regarde ausst,
dans le même hôpital, comme incurables, la manie
déjà traitée ailleurs sans succès, celle qui n'est
point récente dont l'origine remonte au-delà de
et
trois mois, celle enfin qui est compliquée d'un état
de paralysie.Ces observations doivent trouver leur
entière application à la Salpêtrière mais dans
de latttudc
cet hospice on donne encore plus
pourra durée de la manie, et on demande set~e-
ori-
men~pour le succès du traitement, que son
gine ne remonte point au-delà d'uue année, et
qu'elle ne soit point communiquéepar une trans-
mission héréditaire.
362. Le nombre des aliénées soumises au traite-
celles quii
ment durant l'année 1806, se compose de
année et
ont été envoyées à l'hospice durant cette
de celles qui restoient à la fin de l'année i8o5 ce
qui forme une somme totale de deux cent trente-
deux en excluant de part et d'autres les personnes
réduites un état d'idiotisme et de démence à qui
mais-qui ne sont nullement sus-
on donue un asyle,
ceptibles de traitement, quoique je l'aie tenté sur
quelques-unes par les moyens les plus actifs. Mais
de ce nombre il faut encore retrancher quarante-
trois aliénées traitées sans succès, et qui, d'après le
relevé des registres, devoient être mises au nombre
des aliénations invétérées et réputées incnraMes*
Eu effet, dans plusieurs de ces cas, l'état. mamaque
ou mélancoliquedatoit de quatre années, souvent
de six ou même de dix; ilt'emontoit tncmcqucJt-
quetois jusqu'à qu!nxc ou vingt années. H est
r~-
counu aussi, d'après des notes consignées dans les
yegisn'ps,que certaines a!iénëes avoient été traitées
aiUeut's sans succès pat' les méthodes lés plus acti-
ves, et que pat' conséquent on n'avoit eu aucun
succès du traiterne'tt qu'on avoit cru cependant de"
voir tenter, d'en il suit que le nombre des
per-
sonnes traitées avec un espoir iondë de gttérisou
pendant cette année, s'est réduit à ceut quatre-
vingt-neuf, sur lequel ce~t soixante ont. été ren-
dues a la société d'après le relevé le plus exact des
registres; ce qui donne le rapport 0,8~ On
ne doit
pas d'ailleurs oublier les chances peu favorables
qu'à produites iedéfaut de renscignemens précissur
la cause primitive de ra~!énaHon, qui mis
ce a sou-
veut de l'incertitudedans le choix des moyens de la
traiter d'une tnauicre directe.
363. Lesobjections tirées du nombre des rëcid!ves
sont maintenant nulles, puisque ces dernières ne
doivent être attribuées qu'à rimprudcnce qu*out
eue qu; Jque~'is les parens de retirer les conva!es-
centes avant leur entier rétablissement, et malgré
les avis réitérés qu'on leur a donnés. L'expérience
qu'on a acquise dans l'hospice iait connoitrc i'c.
poquc précise où le calme est pleinementrétabli, et
les foncions de l'entendement ramenéesà leur état
nature!, et où l'on n'a plus à craindre un retour
de l'égarement de la raison en rentrant daas la
société. On n'a qu'à consulter les attestations que
je donne au moment de la sortie et qui sont dépo-
sées au bureau d'entrée, pour se convaincre que
tous les cas douteux ou équivoques ont été indiqués,
et qu'il n'y a point eu de rechute qui u'ait été pré-
vue.
36~. La plus grande mortalité des aliénées, dans
l'hospice porte en généra! sur les femmes en dé-
mence sénile, d'un à~e très-avancé, réduites à
.un état de langueur, donl les hôpitaux étoient
surchargés, ou qui ont passé mUcurs par fous Jes
degrés de l'épuisement et de J'indigence. IJ en a
péri trente.trois de ce nombre dans i'hosptce du-
rant l'année !oo6, ainsi que six personnes réduites
à un état d'idiotisme. Parmi les mélancoliques de
l'hospice, on n'en a perdu que neuf dans la même
année, et la cause de ia mort a été manitcste, puis*
qu'eue a été due u une répugnance invincible pour
prendre de la nourriture, quelques moyens qu'on
ait pu metttc en usage, et ces moyens sont très-
variés (212). La manie est en générât jointe a
un état de vigueur et de santé, et il est très-rare
que les aliénées de cette sorte deviennent malades
dans l'hospice, surtout par les soins qu'on prend
de leur accorder tout le degré de liberté qui est
~M/zcc t8o~.
368. 1
est difficile de remonter à l'origine du
L
jugement porte sans restriction sur les aliénés par
les anciens jurisconsultes ~e/Me//Mr/o~M~ ~e~r
pr~~M~M~yM~oj'Mj'(t).Est-ce une sttQpte opinion
fbudëe sur des prëvendonspopulaires, on bien un
yësu!tab de faits recueillis dans des asyles publics
on les aUënés ëtoieot séquestres de la société et
regardes comme incurables? Zaceliias, dans ses
questions médico-légales, met de grandes limites
a cette proposition générale, et parmi les divers
cas qui donnent peu d'espoir de guérison, il in-
dique surtout ceux d'une lésion de structure orga-
nique du crâne ou du cerveau. Il importe d'exa-
miner les lumières qu'ont pu produire snr cet
oh)et les progrès ultérieurs de l'anntomie, et la
j)_
HccusaMtC~tre.
n a
a
3~
.s" 4"
40
5o
50
5o
So
fin
70
Tota).
-en
Il
(.en 5 53
3()
5t a{
~5
,,f,~
5
(
j~
).<-n ~6 )
.t'n 788
).<'<)
~7
g
3tI
3f)
~uU
4,
M
1
5~Jt
~(j
,s
7
,5,!
!cn~8g G
;<-nt-yoo 6
M 3~ 33
,03!
1
j.cnt~t
ent~ f)
x8
TiC
34
5~
tf,
t(Jt
<)
5 q3!
9~)en 1792 6
Ô 26
2C 33
55 t8
18 t~
12 5 ~8,'
mois~'aat".
mois t'an 1er,
dc..J t
1 ,5
15 .5
15 7n 4 a3 'j
40
.enl'an~.
l' 0 5 M t5r: t5r: g 6
r.
3y t. La disposition plus particuMerequ'on a pour
FaHëuation de l'entendement, dans certaines pé-
nodes de la vie plus exposées que les autres à des
passions orageuses, se concilie tacitement avec le
résultat des faits observes dans les hospices. Dans ïe
recensemeut des aticnés que )e fis à Bicctre l'an 3
de la république, je reconnus que les causes déter-
minantes de cette sont le plus souvent des
affections morales très. vives, comme une ambitton
exaltée et trompée dans son attente, le ihnai)smc
religieux, des chagrins profonds, un amour mal-
Iteureux. Sur cent treize aliénés sur lesquels j'ai
pn obtenir des informations exactes, trente-quatre
avoieut été réduits à cet état par des ch~rins do-
mestiques, vingt-quatre par des obstacles mis à un
mariage fortementdésire, trente par des ëvcncmens
de la révolution, vingt.cinq parunxeie fanatiqneou
des terreurs de Fautrevip: aussi certaines profes-
sions disposcnt'cHesplus qned~utrcsa !a manie, et
ce soutsurtoutceUesoù une imaginationviveetsans
n'est point
cesse dans une sorte d'effervesceuce,
contrehalancée par la culture desibnctionsde rcn.
tendement, ou est fatiguée par des études arides.
En composant en effet les registres de l'hospice des
aliénés de Dicêtre, on trouve inscrits beaucoup de
prêtres et de moines, ainsi que des gens de la cam-
de ravenir;
pagne égares par un tableau effrayant
plusieurs artistes, pt'intre.s, scu!pteurs ou musi-
ciens; quelques versiticatcurs extasies de leurs pro-
ductions, un asscx grand nombre d'avocats ou Je
procureurs mais on n'y remarque aucun des~
hommes qui exercent habituellement leurs facultés
intellectuelles; point de naturaliste, po!ut de phy-
sicien ïtabUe, pointde chimiste, à plus forte raison
point de géomètre.
372. Ces notions prél!m!naires indiquent d'avance
combieu doivent être rares les lésions ou diffor-
mités du crâne parmi les aliénés~ puisque dansi~ge
adulte l'ossification des os de la tête est complète,
et que des affectionsmorales ne peuvent l'altérer.
H rcstoitseutement à constater cette véritcpap des
ouvertures des corps très-muhiptices, et des re-
cherches exactes. Grëding, auteur a!!emand(!),
qui s'est livré particuhcrementà ce genre de tra-
vai!, dit que sur cent aliénés il a trouvé trois
têtes volumineuses et deux. très-petites. Il parte
aussi de certains crânes remarquables par leur épais.
6eur, de !a forme particulière de l'os frontal, qui
lui a paru quelquefoispetit et contracté, de la com-
pression des tempes, de la sphéricité de certaines
tctes, tandis que d'autres sont oblongues. Mais on
voit combien ces observations sont vagues et indé-
terminées, puisque l'auteur n'a employé aucune
Iï.
/~7r/c~M des ~/MM~o~~ </e la tête etc~o~ des
objets <z ~7e~<e/
386.Tousies autresdctausuïtér!eurssur!esforaies
trrdguiïères de cette tête et les var!at!onsdu volume
de celles des aliénés, tous les .calculs compara!!is
qui serviront de base à cette déterm!nat!on, cti
regardant J'ensemble des os du CtAne comme un
demt-eUtpsotde seront exposes dans un Mémoire
que je me propose de Itt'e à l'Inst!tut dans une
de nos séances parttc~tères.
ni.
Cas d'incurabilité <~s/<e/M~<M~r~<M~M
accidentelles.
(!)C'<!tottenï';85.
sées. Dans l'ombre de la nuit, il se, croît assailli,
tantôt par des espions, tantôt par des vo!curset des
assassins, et une fois il répandl'alarme dansie quar-
tier, en ouvrant brusquement les croisées~ et en
criant de toutes ses forces qu'on en vouloitasavie.
Un de ses parens se détermine à lui faire subir le
traitement de lamanieàl'Hotel-Dieu, et il le fait
partir vingt jours après, avec un compagnon de
voyage, pour se rendre dans une petite ville voisine
des Pyrénées. Également affoibli an moral et au
physique, toujours danslesal~ernadvesde quelques
écarts du dét!re le plus extravagantet des accès de sa
noire et profonde bypocbondne, il se condamne
à un isolement entier dans la maison paternelle
ennui, dégoût insurmontablede la vie, refus de
toute nourriture, brusqueries contre tout ce qui
l'avoisine. It trompe enfin ïa surveillance de sa
garde, fuit en chemise dans un bois voisin, s'égare,
expire de foiblesse et d'Inanition~ et deux jours
après on le trouve mort, tenant daus sa main ic fa-
meux dialogue de Platon sur l'immortalitéde l'âme.
3g3. Quelle différence avec le maniaque ordi-
naire qui, emporté par sa fougue aveugle ou plein
de l'idée emphatique de sa supériorité, tonne, me-
nace et prend toujours un ton dominateur, et
qui peut se porter à des actes de la plus grande
violence si on n'arrête sa fureur, ou si on ne lui
montre un appareil imposant de forces qu'il ne
puisse espérer de surmouter ( ioï, 192 ) Son iilu-
sion magiqueet son effervescence ne deviendront-
elles point habituelles, si on ne cherche aies rompre
par des moyens dirigés avec autant d'énerg!e que
d'adresse?Tout fart consiste donc à dompterà pro-
pos l'aliéné et à le convaincre que toute résistance
de sa part seroit vaine il ne s'agit plus ensuite que
de gagner sa -confiance par des manières bienveil-
Jantes et les témoignages non équivoques de s'inté-
resser vivement à son bonheur. A-t-on obtenu ce
premier avantage, il faut un temps déterminé pour
catmer entièrementson agitation antérieure etforti-
Her sa 'raison encore foible et chancelante. C'est
ce qu'on ue peut obtenir que dans desctaMissemens
publics ou particuliers bien organisés. Faut-il donc
envier à l'homme très.r!che devenu aliéné, la triste
distinction de se faire traiter daus sa propre maison,
servi par ses domestiques et souvent environné de
ses proches ? et doit.on s'étonner si le traitement
manque alorsde succès, comme me l'a démontré
une expérience répétée ?
3g4. La haute opinion qu'on a de soi-même peut
être si exagérée, et l'habitude de commauder aux
autres tellement affermie 9 que l'aliéné ne soit plus
susceptible d'être ramené a l'ordre par aucune
sorte de répression, c'est-à.dire que sa manie de-
vienne incurable. Les exemples des aliénés qui se
croient des têtes couronnées ne sont point rares
dans les hospices de l'un et de l'autre sexe; et
comment détruire une illusion qui devient si puis-
saute et si chère?M. Vierus ( Prcestigiis de-
TKOMM~ ) necite't-il point un aliéné si infatué de
son pouvoirsuprême,qu'il se disoit le souverain des
rois 7! 7'd~MM: t~O~M~M~ ~O~M/MM~M~~ ~M-
FIN.
TABLE DES ARTICLES.
JjOËFACË.
JP~~t
ÏNTRODUCTIOtf. tX
Pt,~M oëN~RAI. DE t-'OuTHAOB. W
4~
Vif. Une constitution mf!!ancoliqac, caaseircquente deN
écarts les plus extrêmes et des tdëes les pîus exagérées. 3g)
VIII. Sar certaines catMes physiques de l'atiéNation mentale,
n~
conhnuc?
nient? y
type d'une Man!e
sans
5.:)*
délire.
,5û
~X~
t5~
ÏÏ..Mët.ANCOUEOao~~nBJEXC~StP.
Acception vntgaire~ terme de Mdtanco!!c. ,6f
La Mëtancotte con~d<!r<!e commea!MnaHon.
.Ueux formes opposes i5';
que peut prendre le délire mc!ao-
conque.
I·ér~t; manie? J 61
'Von<!td de Mdancottcqui conduit
au smctdo.
ni.Dët;E~CB~OM~BOf.!TtOKnEt<APBt<SKB.
I;estrnits!cs~ussamaasdcDémence obscrvds quelquefois t~
dans lit 8()(1uhé.
Idées M)cohe.e.!tesentre eUes, et sans IGid.
!cs o!~ets extérieurs. aucno rapport avec
ExoMpic propre à rendre sénsible la différence
DcmottcecUa Manie. cntre la
ti8
IV. INOT)SMB,OU OBUTÉRATtON
nES FACULTÉS, INTEt.t.CC.
'H)ËLÏ.M8~TAFFMT)VE8.
w
La !anguc française peu riche pour
tendues..
exprimer les dtvers de.
grés d nuennUon.
Sorte d'idiotisme produit par des ancctions vive~ 77In-~1
et
ï/!diot)~e.cspeced'a~:enaHoh
fréquente dans les !)osp:<~s
dcfabutsse.
guë)-) quctqucfbis p:tr un accès de mante.
Prittcjpaux traits ducaract~'ept'ysiquectMoraïdcs
Crctins
Remarques générales sur les divers genres d'aliénation.
t8(Jt
ïoo
SECT. IV. Poticn intérieure, et Rcf:!es à suivre dans tes
ht:tb!)S;emct)S consacrés
aux atones. -,Qg
I. P!an générât et Distribution :ntdr:eure de l'Hospice des
Ahcnces.
U. Sur tes moyens de répression en usage contre les A!:cn<~
200
III. Ncuess!tcd'cntretpnh'unordrcconstant(Ions tes hosnicM
dcsauenés,ctd'étudierlMvariétcsdo leur caractère.
ÏV. Importance et
~to
difïicuttés cxtr&mes d'étabHt un ordre
constant dans le service des .Uiénés. a~tr
V. Survei~ance patcrncttpa exercer pour la préparation ot
la distribution des attMeus. 990
VI. Suites funestes de la disette; qui eut lieu l'an dans tes
Hospices des Aliénés. aSa
VU. Exe!'c!c€s de corps ~arMa~ oa apptteatton h un travatt
mécanique, loi fondamentale de tout hospice d'At!ënea.
~7
VÏH. Pfëccptcs généraux a.6mvredans!eTra!temont!norat.
aSt
IX. Précautions que doit faire. prendre l'exaltation extrême
des opinionsrcttgieuses. a65
X. Rcstrict!on extrême à mettre dans les communications
393
des Aliénésavec les personnesdu dehors.
Manie..
III. Sur l'immersion brusque de t'AUend dans l'eau fcoide,
regardée comme un moyen de guérison.
IV. Traitement à suivre durant la premiére période de la
3~5'