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Traité médico-philosophique

sur l'aliénation mentale , par


Ph. Pinel, [...] Seconde
édition, entièrement
refondue et [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque H. Ey. C.H. de Sainte-Anne


Pinel, Philippe (1745-1826). Auteur du texte. Traité médico-
philosophique sur l'aliénation mentale , par Ph. Pinel, [...]
Seconde édition, entièrement refondue et très-augmentée..
1809.

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Traité ~~M~/M~~Aï~
sur l'aliénation mentale.

JA. Brosson

Paris 1809
Symbote applicable
pour tout, ou partie
des documents m!crofitmés

Texte détënorë reHure défectueuse


NFZ 43-120-11
Symbole applicable
pour tout, ou partie
des documents microfilmés

Or<gma< illisible
N F Z 43-120-10
TRAITÉ
MÉDICO-PHILOSOPHIQUE .1

SUR
1/ALIÉNATION MENTALE.
SECONDE ÉDITION.
1 TRAITÉ
MËDICO PHILOSOPHIQUE

SUR w

~ALIENATION MENTALE,
PAR ?H. PINEL,
Rot, membre
Médec!n consultant de sa Majesté tTEMPEnEU~ et
delà légion d'HonnearetderiQStitnt,ProfesseurUEcote
de l'hospice de
de Médecine de Paris, et Méctecmeochef
la Sa!p<!tr!ere.

SECONDE ÉDITION,

ENTIEREMENT REFONnUE ET
TRES-AUGMEN~

/'? ,)

A PARIS, ~L~
Chez J. A:<T. BROSSON, L;bra!re, rue Pierre.
Sarraz!n,n".9.
DE L'IMPRIMERIE DE FEUGUERAY.
PRÉFACE.
Jj A. première édition de cet Ouvrage a dû
nécessairement laisserplusieurs lacunes à rem-'
pHr~ puisque je n'avois eu alors à traiter que
les aliénés de Bicetre.et avec des moyens très-
bornés.Ce n'est qu'à la Salpêtrière que j'ai pu,
reprendre tes mêmes vues, étant puissamment
secondé par l'administration des hospices, qui
venoit d'y faire transférer le traitement des
aliénées. Le local étoit vaste, commodeet sus"
ceptible de plusieurssoudivisions; et comment
les abus introduits dans le service auroient-ils
pu échapper au zèle et à Fcell pénétrant du nou-
veau surveillant, M. Pussin, chargé alors de
maintenir!'ordredanscette partiede l'hospice?
L'usage gothique des chaînes de ier ( i ) fut abo- i
li, comme il l'avoiteté trois années avant à Bi- )~
cétre, et le traitement prit dès-lors une mar- i
¡
che régulière, suivant une nouvelle méthode. )

(t) J'ai examiné avec un soin scruputeuxleseftctsqucpro-


duisoit sur les aliénés l'usage des chaînes de fer et ensuite les
résultats comparatifs de leur abolition, et je ne puis plus
formerdes doutes ea faveur d'une répressionplus sage et piu:}
modérée. les mêmes aliènes qui, réduitsaun ciia!nes pendant.
unetongne suited'annëes, étoient restésdansun état constant de
fureur, se promenoientensuite tranqmUemcnt avec un simpte
· A
C'est ce que je développe spécialement dans
cette deuxième édition consacrée à <air6 cou-
noitre l'accord harmonieux et'rate de \pus
les objets propres à concourir au rétablisse-
ment d'une raison égarée, avec la distinction
des cas qu'on regarde, autant en Angleterre
qu'en France, comme incurables. J'expose
également ies heureux résultats que donne,
depuis plusieurs années, un établissement
analogue (celui du docteur Esquirol.) formé
sur les mêmes principes, c'est-à-dire, ~bndé
sur l'observation et l'expérience.
On seroit étranger aux vraies notions de
l'aliénation si on ne remontoit à son origine
la plus ordinaire, les passions humaines de-
venues très- véhémentes ou aigries par des
contrariétés vives. ÏI a donc fallu d'abord
indiquer leurs caractères distinctifs et leur
passage gradué à un entier égarement de la
raison; ce qui ne pouvoit être rendu sensi-
Me que par des exemples multipliés. Que de

g!tct denrée et s'cntretenoient avec. tout le monde, tandis


qu'auparavanton ne pouvoit en approcher sans !e plus grand
danger plus de cris tumultueux, plus de voctMrattOM me-
naçantes leur ~(at d'offervescencecessa par degrés; ils solli-
ic!tn!ent eux-mêmes l'application du g!!at de force et tout
rentra dans t'ordre.
tomts/iecontact a, sous ce rapport, laméde'
l cine/ivec 1'ïiistoiie de l'espèce humaine
Bës mots d'aliénation, de manie, de me-
tancolie, de
démence, pourroient être enten-
dus dans le même sens que ceux de ibUe,
de déHre~ d'extravagance, d'égarement de la
raison etc., dont on use dans le commerce
de la vie civile. Pour éviter toute ëq~uvoque~
~at cru devoir déterminer les caractèresphy-
siques et moraux qui servent à distinguer les
premiers regardés comme maladies, avant
de passer à des considérations ultérieures.
Comment d'ailleurss'entendre, si à l'exemple
des Naturalistes, on ne désigne chaque objet
par des signes manifestes ( i ) aux sens et
propres a le distinguer de tout autre.?
L'aliénation mentale peut offrir des variés
tés innombrables mais plusieurs exemples
de ces variétés ont des conformités particu-
lières qui semblent les rapprocher entre eux,
et donner ainsi. lieu à des termes abstraits
(t ) J'ai toujours mis un grand pr!x& la Sém<!o!ogte,soit g<
jtérate so!t particulière, dee maladies,et j'ai vu avec plaisir qus!
M.Lanctrë-Beauvatsen faisoit un objet part!cu!!et'desesrecher*
ches. Je ne doute point que son yr~M des <y~&f des Ma-
ladie.t ( i vol. M-8". Paris, teog. Chez Brosson, lib. ) n'ait
tout te <ucc!'6 ~u'~adrottd'co attendre.
qui servent à les~ésigner spécialement~etquiL
)
sont cependant compris dans l'idée plus~ten"
i due d'aliénation mentale, ou plutôt qu~ en
t forment des espèces distinctes. C'est ainsi que
le terme de manie indique plus pardculière-
ment un délire général avec plus ou moins
d'agitation ou un état de fureur. De même
un délire exclusifsur un objet ou sur une
série
particulière d'objets, prend le nom de mé-
lancolie, quelles que soient ses autres variétés.
Je détermine de même par d'autres carac-
tères spécifiques les termes de démence et
d'Idiotisme.
Les maniaques sont particulièrement dis~
tingués par des divagations sans cesse rcnais-
santes, une irascibilité des plus vives, et un
état de perplexité et d'agitationqui semble de-
voir se perpétuer ou.ne pouvoir se calmer que
par degrés. Un centre unique d'autorité doit
être toujours présent à leur imagination pour
qu'ils apprennent à se réprimer eux-mêmes
et à dompter leur fougue impétueuse. Cet
objet une fois rempli, il ne s'agit que de
gagner leur confiance et de mériter leur es-
time pour les rendre entièrement à l'usage
-de la raison dans le déclin de. la maladie.
et la convalescence. Il faut donc pour ces
infirmes des.établissemens publics ou parti-
culiers soumis à des régies invariables do
police intérieure, et l'expérience de chaque
jour montre combien la plus légère Infrac-
tion à ces règles peut devenir nuisible ou
même dangereuse.
On peut accorder que dans des cas simples
le régime moral et physique peut opérer dans
un temps déterminé une guérison solide;
mais dans combien d'autres cas on doit faire
intervenir l'usage interne et externe de cer-
tains remèdes suivant l'fige, le sexe, la cause
déterminante ou bien les variétés de la cons-
titution individuelle que d'affections com-
pliquées peuvent provenir de la suppression
de l'écoulement périodique ou de sa cessation
naturelle, lorsqu'il en résulte un état d'alié-
nation ï Des spasmes, des convulsions géné<
rales un resserrement intestinal, un état
fébrile et toutes les suites d'une abstinence
volontaire, ne viennent-ils pas souvent se
joindre à l'égarement de la raison, et ne de-
mandent-ils point les secours les plus variés?
Je dois encore ajouter que, dans tout établis*
sement bien ordonné, il faut souvent remc-
dier aux effets bien plus graves d'un traite-
ment antérieur mal concerté ou téméraire s
et que la médecine a souvent à réparer des
maux qu'ont produits en son nom d'autres
mains inhabiles.
,L'homme instruit a mieux à faire que de
vanter ses cures; c'est d'être toujours pour
lui-même un juge sévère et le moyeu d'é-
viter l'erreurest simple, surtout s'il dirige un
grand établissement il iait des recensemens
des malades, mois par mois, année par an-
née, et il cherche après un temps détermine
quels sont les résultats d'une méthode sage,
mais qui lui inspire encore des doutes, c'est--
à-dire, qu'il examine dans quel rapport est
à la totalité des malades le nombre des gué-
risons obtenues; il est plus tranquille si ce
rapport est avantageux, et, pour éviter tout
relâchement de zèle, qui est si naturel à l'es-
pèce humaine, il fait des exaraens analogues
chaque année suivante c'est là la-marche que
j'ai suivie à l'égard des aliénées de !a Salpé-
trière, 'en leur appliquant le calcul des'pro-
babilités. Les médecins qui n'approuveront
point ma méthode ont la liberté de faire
la même application à celle qu'ils auront
adopta et une simple comparaison pourra
~aire/voir de quel coté est davantage.
RQS obstacles à la guérison de l'aliénation
peuvent être variés et tenir à la conformation
du cerveau ou du crâne, à une disposition
héréditaire à un état invétéré de la maladie,
ou. à l'infraction de certaines régies fonda-
mentales du traitement. La connoissance de
ces cas d'une incurabllité absolue ou relative
tient autant aux progrès de la science que celle
des moyens de guérir; car quel est l'objet
bu ne soient point marquées les bornes de la
puissance humaine ?
jLa plus difficile dé toutes les parties de
l'Histoire Naturelle est sans doute l'art de bien
observerles maladiesinternes et de les distin-
guer par leurs caractères propres~ Mais l'alié-
nationmej~le offre encore des di~Scultés nou<
velles, et des obstacles de divers genres à sur-
monter, soit par les gestes insolites et l'agita-
tion tumultueuse qu'elle produit, soit par une
sorte de babil sans ordre et sans suite, ou
l'extérieur repoussant d'une dureté agreste et
sauvage. Veut-on se rendre raison des phéno-
mènes observés, on a à craindre un autre
écueil celui de mêler des discussions méta-
1 physiques et certaines divagations de 1'ldéo-'
logisme à une science des faits. Les aUënés
sont d'ailleurs d'une finesse extrême y a moins
d'un égarement complet de la raison et il y
aurolt de la maladresse à marquerune Inten-
1 tion directe de les observer et de pénétrer le
secret de leurs pensées. Dans combien de cas
nous laisse-t-on ignorer d'ailleurs, lors de leur
j admission, la cause primitiveet la manifesta-
tion graduée de leur dë!!r~ ? C'est à travers
tous ces obstacles qu'iraiallu marcherpour
assurer aux faits que j'ai recueillis toute l'exac-
titude dont ils sont susceptibles, et pour en
former un ensemble régulier et méthodique.
1
La disposition intérieure et les avantages
du local sont des objets d'une si haute impor-
tance dans un hospice d'aliénés, qu'on doit
désirer de voir -un jour s'élever ~j~tablisse--
ment nouveau destiné à cet usage et digne
1\ d'une nation puissante et éclairée mais l'ar-
chitecte prendra-t-11 encore pour modèle de
ses constructionsles loges où on renferme des
animaux féroces ? et tin aliéné n'a-t-il pas
besoin aussi de respirer un airpur et salubre ?
INTRODUCTION
1 PREMIÈRE ÉDITION.
A LA
C~ seroit faireuo mauvaischoix que ~e prendre
J'aiiénationmentaïepour un objetparticulierde ses
recherches, en se livrant à des discussions vagues
la de ses
sur le siège de rentendement et nature plus
lésions diverses car nen nest plus obscur et
jmpéoétraMe. Mais si on se renferme dans. de sa.
:1'étude de ses ça.
ges limites, qu'on s'en Henné a
yac~res d!stmctifs manifestés par des stgoes~xté.
rieurs/et qu'on n'adopte pour principes du traite-
eda!rée,
ment que les résultats d'une expérience
qu'oo su:t en gc-
on rentre alors dans la marchel'histoire naturelle;
nét~ dans toutes les parties de
et, en procédant avec réserve dansles cas douteux,
on n'a plus à craindre de s'égarer.
L'aliénation mentale paroit réclamer vivement
raHention des vrais observateurs,par ~'espèce d'al-
linge Incohérent et contusqu'eUe présente: ce sont
d'un côté des méthodes empiriques, des opinions
contradictoires,ou une aveugle routine prise pour
règle, dans un trcs.grand nombre d'étabMssemens
publics ou particuliers consacrés aux aliénés. Dans
quelques autres étaMIssemens~ fondés enAngle-
terre et en France, on admire l'heureux résultat
des méthodes régulières déjà confirmées par rex.
périenceIaphsmulUpHée,les lumières qu'ont rc'
pandues certains faits consignésdansles recueilsdes
académiM tes plus célèbres en6n un accord
gé-
néral sur quelques principes fondamentaux
entre
les médecins anciens les plus éclairés eUest~o.
deraes(t). C'est surtout ~ans quelques hospices
d'aliénés qu'on a lieu de convaincre
se que la sur-
ve:tiance, l'ordre régulier du service,
une sorte
d'harmonie entre tous les objets de salubrité
et
rheureuse application des remèdes
moraux, cohs.
~tuent bien pÏuspropremehHe vrai savoir que
l'art recherche de iaire des iormutes ëlégantcs.
Mais lesdiincuhes nesemHent.eUespoiatredôuMcr,
dès rentrée de cette carrière
par l'étendue et la
vanëtc des cohndissaocës accessoires nécessaires à
acquérir? Le médecin peut ~.i! rester étranger à
rhtstoh'e des passions humaines les plus vives,
-puisque ce sont là les causes les plus fréquentes
de l'aliénation de l'esprit? et dès4brs ne dott.it point;
étudier les vies des hommôs les plus célèbres
par
l'ambition de lagloife, les découvertes dans'les
sciences, l'enthousiasme des beaux-arts, lesaus.

(t) Celse insiste principalement


sur le régime moral, et il
avertit de se diriger d'après l'espèce particu!i~e de manie
qu'on a à traitei'.CdiM AureUanus c'est
pas moins précis, 6tH
recommandede ne point augmenter la fureur des aliénés, soit
par trop de complaisance, soit par des contranctes dëp!acécs.
Ce dernier auteur avott.senma aëccsstte de les
faire diriger
par un chef propre. a leur mspirer un scatimcnt m<He de
cratQte et d'estime.
tét'ttés d'une vie solitaire, les écarts d~n amour
ma~eurcux? Pourra.t.il tracer toutes les altéra.
tiens ou les perversions des fonctions de l'entende*
ment humain, s'il n'a profondément médité les
ëents de Locke et de Condillac et a'i! -ne s'est
readti familière leur doëtrine ? Pourra t.il se
rendre un compte sévère des iatts sans nombre
qui se passeront sous ses yeux, s'i! Se traîne ser~î-
lement sur des routes battues, et s~ est également
dépourvu d'un jugement solide et d'un destrar-
dent de s*instru!t'e?L'b!stou'c de la manie n'est-
ellepoint liée avec tontes les erreurs e6 les illusions
d'une créduHteignorante, tes miracles, les pré-
tendues possessions du démon, la divination les
oracles, les sortiléges ? Rousseau, dans un accès
d'humeurcaustique, invoque la médecine, etlui dit
de venir sans le médecin; il eût bien mieux servi
l'humanité s'il eût fait tonner sa voix éloquente
contreTImpenUe présomptueuse, et eu appelant
le vrai talent à l'étude de la science qu'il Importe
le plus d'approfondir et de b!en connoître.
Un empirisme borné a fait adopter, dès !es pre-
miers temps, de prétendus spécifiques dont on a
exagéré les vertus et varié à l'infini les applications
dansla vue d'en assurer lesucoèsoud'en prévenir les
mconvémens.Faire prendre l'ellébore à l'intérieur
pour guérir la manie ou d'autres maladies chroni-
ques, savoir le choisir, le préparer, en diriger l'u-
sage c'étolt, dans l'ancienne Grèce, une sorte
de
secret mystérieuxqui ne paroissoit être connu que
d'un petit nombre d'adeptes. Quelques-uns de
ces
préceptes paroissent sagtss, d'autres minutieux,
frivoles, etilstiennent à despréjugéspopulairesouàf
des idées superstitieuses. Falloit-il préfererrellébore
du mont OEta, celui de Galatbie
ou de Sicile?
Autre grave sujet de discussion sur les alimens à
prendre la veille de son usage, sur l'état prélimi.
naire de vacuité ou de plénitude de l'estomac,
sur
Jes boissons propres a favoriser son action éméti-
que. L'embarras étoit souvent extrême par l'indo-
cilité ibugueuse des malades;
et que d'innocentes
fuses ou d'artifices étoient nécessaires pour degui~
ser le médicament, ou le, combiner avec des subs-
tances alimentaires! C'étoit encore pour les hom-
mes les plus habiles un point raniné de pratique,
que l'art de (<) corriger ou de modérer l'action
trop énergique ou plutôt délétère de ce végétal,
les précautions à prendre suivant les dispositions
individuelles. et les périodes de la maladie. Mais
quel triomphe pour l'Ingénieuse sagacité des tné<
decins de ce temps, que la découvertede certains
procédés qui devuient assurer le succès du remè-
de lotions répétées de la bouche, odeurs fortes.
variétés des positions du corps, n'ictionsdes extré-

(') On peut consulter sur ces détails !ea articles J~on*,


1
.E/~ë&o/w~M, que {'a! insérds dans t'~c~c~e~rc ~c~o-
~M par ordre de matH'res.
mités. Survenoit-il un danger de suffocation, uu
resserrement spasmodique du gosier, un violent
hoquet, des syncopes, le délire, toutes les fines-
ses de lelléborisme étoient alors déployées: balan-
cement dans des lits suspendus, fomentations
expédiens sans nombre
.usage des sternutatoires,
faire
pour favoriser les efforts de l'estomac et
cesser les symptômes.
L'ImmeNse carr'ère que s'ouvre Hippocrate ne
lui perm!t point de porter des vues part!cuHères
sur la maNie; mais il a donné l'exemple général
~e la méthode descriptive la.plus sévère; et des
hommes faits pour l'apprécier la prennent pour
modèle dans leurs premières ébauches sur rb!s-
toire et le traitement de raHëaatiou mentale. Rien
n'est plus judicieux que ce qu'Are!ee nous a
transmis sur les traits distinctifs de cette affection
nerveuse sa disposition aux rechutes, le degré
d'excitation physique et morale qu'elle produit,
quoiqu'il donne un peu trop d'extension à son in-
fluence sur la connoissance présumée des scien-
ces et des beaux-arts. Les préceptes que donne
Celse portent encore plus directement le caractère
d'une utiitté immédiate pour la guet !sou des alié-
nés, et d'une certaine habitude d'être spectateur
de leurs écarts: règles pour les diriger, ou pour
rectifier dans certains cas leurs fausses idées; indi-
cations des moyens de répression à mettre qucl-
ttueibts en usage, ou des voies de bienveillance et
de douceur M souvent propres 1i les désarmer; loi
expresse d'un exercice de corps soutenu et d'un
travail pénible telles sont les vues qu'il a donnéM
et dont l'expénence de tous les temps n'a cessé de
confirmer i'eftet salutaire. Pourquoi peut-on au-r
toriser de son nom des traitemens durs et des actes
de violence qu'il croit être quelquefois nécessaires
pour contribuer a la guérison de la manie? Cseltus
Aurelianus, si inférieur à Céïse pour l'élégance et
Ïa pureté du langage, sembleavoir amb!t!onné une
autre gloire daas son article surk man!e. Les cau~
ses occasionnelles de cette maladie, ses signes prc-'
curseurs, ses symptômes distinctifs sont notés avec
soin dans cette partie de son ouvrage. Il recom-
mande de ia!re éviter aux aiiéuëe des impressions
trop vives sur les organes des sens; il passe aux
mesures de surveillance propres à corriger leurs
erreurs,et il indique deux écueils à éviter par ceux
qui les dirigent une mduïgcuce !i!imitée et une
dureté repoussante. Le même auteur établit un
juste milieu h tenir entre ces deux extrêmes le
ta!ent heureux de prendre H propos avec les alié.
nés tous les dehors d'une gravité imposante,ou !e
ton simple d'une sensibilité vraie; de se concilier
leur respect et leur estime par une conduite fran-
che et ouverte; de s'eu faire constamment chérir
et craindre, habileté dont on a fait honneur à quel-
ques modernes, et dont j'indique ici la source.
On s'étonne que des principes aussi lumineux et
aussi féconds en applications utiles n'aient ob-
tenu pendant une longue suite de 'siècles aucun
développement ultérieur, surtout dans les climats
de la Grèce, de l'Italie, où l'aliénation est si fré-
quente <M se reproduit sous des formes aussi va-
riëet. Ma!s Galien, jaloux de se rendre célèbre par
de< systèmes nouveaux et l'application de la doc-
trine d'Aristote à la médecine, imprima une nou-
velle direction aux esprits c'est là aans doute un
des plus grands obstacles qu'ait éprouvés la partie
de la médecine~ relative à l'aliénation mentale (i).
Une lutte continuelle qu'il eut à soutenir contre
les différentes sectes de dogmatistes, de méthodis-
tes, d'empiriquea,d'éclectiques, l'ambitionne de-
venir l'émule d'Hippocratc lui-même et de régner

(t) L'histoire suivante fait regretter que Galien ne se soit


point appliquéspécialementà l'étude de l'aliénation mentale,
puisqu'elle porte le caractère d'une sagacité rare pour decou-
Vt'ir âne affection morale cachée.
U est appelé pour voir une dame qui éprouve, durant
toutes les nuits, des insomnies et une agitation cont!nne!!c;
il fait diverses questions pour remonter à l'origine du mal, et
loin de donner de réponse, la dame se ddtourne et se couvre
d'un voite comme pour sommeiiter.GaHense retire, et il con-
jecture que cet accablementtient à la mélancolie ou à quel-
que chagrin dont on fait un mvstt're; il renvoie au lendemain
un examen ultérieure mais lors de cette seconde visite l'M"
clave en fonction déclare que sa maîtresse n'est point visible.
se retire encore, reyieut une troisième fois, et
11 l'esclaveen
dans les écoles, le talent du pronostic porté jtM~
qu'au merve!Ueux,!a culture de l'anatomie ne lu!
laissent ni le temps ni la votonté de se livrer ex-
dusivement à une doctrine part!cu!!ere, et Fcm-
phe qu'U a exercédaM suite sur les esprits en
a écarté désormais tous ceux qui lui avoient voué
une sorte de culte superstitieux, c'est-a'dh'e pres.
que tous les hommes qui se sont occupés de mé-
decine en Europe, en Asie, en AR'Ique durant
Fespacede plus de seize stècies.
Les disputes élevées entre Je Ga~éa!sme et une
fausse chimie appliquée à la médecine, fit écjater
beaucoupd'a!greursanst'endretamarchede respnt
humain plus sage~et plus assurée, et l'aliénation
mentale ne donna lieu qu*à de fb!Mes compila-.
tions perdues, pour ainsi dire, dans des systèmes
généraux de médec!ne remplis de mots vides de

le congédiant encore, lui dit de ne point tourmenter de ré-


chef sa maîtresse, puisqu'à la seconde visite elle s'eto!t!eveo
pour se laver et prendre quelque nourriture. Le médecin se
garde d'insister;mais il revient encore le jour suivant, et dons
un entretien particulieravec l'esclave, il apprend que Faf-
feclion venoit d'un chagt'!a profond.Dans l'instant même qu'il
considéroit la dame, !cnont de l'histrion Pylade, propre par
une personne qui venoit du spectacle, 1 produisit un change-
ment dans la couleur et les traits du v!sage, le pouls parut
agité, ce qui n'eut point lieu n! cette fois ni tes suivantes
quand on prononça le nom de quelque autre danseur: l'objet
de la passion de la dame dcs.iors ne fut plus équivoque.
~G~z. &'f/'c des JP~o/~o~
tenset du langage stérile do l'éeote. Senuert, Ri-
vière, Plater, Heurnius, Horstius, etc., crurent
.avoir tout dit et tout approfondi en répétant &
l'envi les mots consacrés par l'usage, intempérie
du cerveau, <7/~MO~'C~ pronostic, ~CO~/0/M
à r~r, etc.; et ils profitèrent de leurs avauta-
ges à titre de professeurs pour propager leur doc-
trine sur ce point comme sur les autres, et se faire
admirer de leurs nombreux disciples, toujours ar-
deHS à les prôner et à partager leur gloire. Rien
ne sembloit plus facile, d'après leurs belles et doc-
tes explications, que de guérir l'aliénation.Sacause
étoit sans doute une indisposition ignée et ~<
ligne ~/<?~e~r/ ou une humeur qu'il falloit pré-
parer par des médtcamens préiitninaires pour l'ex-
pulser; c'etoit, suivant d'autres, une matière pec-
cante qu'il falloit dériver du cerveau et du cœur,
puis lui faire subir habilement une adoration et
t'éliminer en ligne directe commesuperMueou nui-
sible. La nature entière sembloit contribuera ces
savantes opérattons, en faisant naître sous la main
des médicamens sans nombre, les uns doués de
qualités froideset A~Mcc~w~f/wM/- délayer
fraZ'e~ autres f/c~~c~ leur ~Mcc~/er à
/r<3 ~W<<?~<y~~ plus oM moins actifs; et il est
~aci!e de juger que l'ellébore n'étoit point oublié.
On faisoit intervenir à titre d'auxitiaires, l'usage in-
terne de certaines substances propres à tbt-tiuer
le cœur et le cerveau, celui des poudres narcoti<
B
ques; à l'extérieur,des épithèmes appliqués sur là
tête, sur le coeur ou sur le ibie, comme dit Heur-
nius,~oMr récréer ce ~c~ Je passe sous silence
les spécinques mystérieux consacrés par une cré-
dulité aveugle, et s! dignes de ngurer à côté des
formules compHquées de la mëdecmc arabe.
Les trois écoles cétèbresqut s'élevèrent en Al-
lemagne durant la première moitié du d!x-hnï-
ttème aiècie, se boraereot à former, chacune en
particulier,des systèmesgénérauxde connoissances
méd!ca]es sous le rapport de l'enseignement. Mais
l'aliénation mentale, a!usi que chaque autre mata-
die, ne fut traitée qu'en sous'ordre et comme fai-
<ant seulement partie d'un vaste ensemble, c*est-a-
d!re sans aucun progrès marqué. Hoffmann ne fait
qu'introduire, dans!*histo!re générate de la manie,
-des théories vagues et le langage prolixe et re-
dondant de I'éco!e. Stahi y trausporte les sombres
lueurs de sa doctrine profonde et émgmadque.
Boerhaave, doué d'un esprit plus cultivé, semble
suivre une route opposée, et caractérise la manie
avec un style précis et laconique qu'il semble avoir
empruntéde Tacite Utplurimum, dit-il, /y?M7Myï-
sum robur ~M~CM/O/'M~M pervigiliumincredibile,
//ï~ algoris, //M~<Me~ hor-
r~
tolerantia
Mais comment a-t-il pu indiquer comme
un remèdefondamental, princeps rc/Me~M~ une
immersion brusque dans l'eau, qui n'est qn*une rë*
verie deVanheImont convertie en précepte?0n se
borna vers la même époque, à consigner quelques
histoires particulières de la manie dans des recueils
académiques ou dans des journaux, en y joignant
par intervalles des résultats de recherches sur les
lésions organiques du cerveau, autant pour inté.
resser les sa vans par quelque singularité piquante,
que pour concourir par quelque nouveauté aux
progrès de la médecine.
Les monographies ou traites particuliers qu'on
consacra à ra!iëoat;ion mentale en Angleterre (t),
durant la dernière moitié du dix'huitième siècle,
sembloient promettre des avantages plus réels, par
les soins qu'avoient eus leurs auteurs de concentrer
leur attention sur un objet particulier; mais uu
examensévère et impartialn'y fait découvrir qu'une
manière vague de disserter, des compilations répé-
tées, des formes scolastiques et quelques faits
épars qui servent de temps en temps de points de
rarement, sans offrir un corps régulier de doctrine
fondée sur les observations les plus multipliées.
Cette remarque s'applique encore bien plus direc-
tement aux écrits qui ont paru sur le même objet
en Allemagne (2), où l'art de compiler avec adresse

(t) Treatise o/< ~fao~cs~ LoacL 1758. ?%.


.B<ïMM~
~~to~j O~erc~b~~o/t~eM~M/'e~etc.,<~M~<M~.t~83.
Treatise on réal cause of Mjaw~. t ~89.
JPc/~e~ o~c/v~M~f OM M<Mï<M ~or~er~. t~p2.
(a) F<ï~~ M~M~MC~c~.Lc'psick, t~S.
jF~n~r~ ~M~i!<?a/ histories on~ r~e<?~. t ~92.
est si perfectionné. On doit cependant excepter le
docteur Gt eding, qui a fuit des recherches anato-
miques très-suivies sur les maladies les plus ordi-
naires des aliénés, et sur les lésions de structure
ou les vices de conformation qui semblent leur
être propres. C'est ainsi qu'il a publié ses remarques
sur les variétés du volume de la tête dans l'aliéna-
tion sur le degré de force, de foiblesse du crâne,
sur les méninges, lecerveau eagënérat,sesGavitës,
la glande pinéale, le cervelet, la glande pituitaire9
les irrégularitésde la base du crâne. Mais quoiqu'on
doive parler avec éloge de ses efforts pour répan"
dre de nouvelles lumières sur les affections orga-
niques des aliénés, peut-on établir quelque liaison
entre les apparences physiques maniiestéesaprès
la mort, et les lésions des fonctions intellectuelles
qu*oa a observées pendant la vie? Que de variétés
analogues ne retrouve-t-on point sur le crâne et le
cerveau des personnes qui n*ont jamaisoffert aucun
caractère d'égarement de la raison! et dès'iors
comment parvenir à fixer les limites qui séparent
ce qui est dans l'ordre naturel, de ce qui peut tenir
à un état de maladie ?
Le nombredes espèces de l'aliénation est limité
mais ses variétés peuveutsemuitipticrd'uncmanière

~r/~St von der ~~7/6M, etc. t ~83.– G/c< ~?/<


~j
Rtc t Z/~w<*rMa~M ~o/ï JD. ErRths, t~C3.
~<~ey.'Z'Lc!pstc!t, t7~5~
~e<c-'
îndéSuie. ÏI a donc été naturel de chercher a don-
ner une idée claire de plusieurs de ces variétés, en
publiant une longue suite d'observations détaillées et:
recueilliesdansun étabnssementquelconqued'alié-
nés, dirigé suivant des règles i!xe& et des principes
connus c'est ce qu'a fait en Angleterre le docteur
Pertect (i). U a exposé les causes et la marche par-
t!cu!!ère de plusieurs cas de mé!ancoi!e alliée quel-
quefbtsavec un penchant irrésistible au suicide; il a
de même caractér!së par des exemples particuliers
rhypochondne ptëthonque, une manie que l'or-
gucU a rendue tneumble, celle qui est compliquée
de préludes d'apoplexie, ceHequivientà la suite
des couches ou lors de la cessationde la menstrua-
tion la manie par des excès de fanatisme, celle qui
peut provenir de !a répercussion d'un exanthème,
Ja manie qui est une suite de l'habitude de l'ivresse,
celle qui est héréditaire. Cet ouvrage curieux con<
tient cent huit observations, etmét'he d'être distin-
gué de beaucoup d'autres,, autant par le ton de
modération et de candeur qui y règne, que par la
variété et la simplicité des moyens que l'auteur a
mis en usage, et qu'un succès obtenu dans un très-
grand nombre de cas semble avoir justinés. Ce sont
la sans doute des matériaux propres à être mis en

(t) ~/M~ of CO~M~ a T<S~ 0/'


c~cj <c~ j~ec/c~ of
A~M~ e~c. T~cjeco~c~M.Loadoo ,i8ot.. or
M </M~w'<y
M&*C~

ZMMce~,
œuvre en les rapprochant d'un grand nombre
d'autres. Mais qu'il y a loin de ce reçue!! & un corpg
régulier de doctrine, à un traité général et appro-
fondi sur l'aliénation mentale
Je laisse a décider s! l'analyse des Jbuctions do
i'enteudementhumain a ajoutébeaucoupa nos con-
noissances sur l'égarement de la raison. Mais une
autre analyse qui s'y rapporte eacot'e ptusdireote-~
<tieùt, estcelledespassions,de leurs naaMccS) de leurs
degrés divers, de leur explosion violente ,de leurs
combinatsonsvariëeaenles considërantpar abstrac-
tion de toute ntoralité, et seulement contme des
phénomènes simples de la vie humaine. Cr!gbton
s'est attaché à développer les caractères et les effets
primitifsde ces causes moralesde ral)énatioQ,etHen
donne pour exemples lé chagrin, la terretu', la co"
j
1ère et surtout l'amour porté usqu'audélire
par les
contrariétésqu'on peut lui iaire éprouver (t). !1 eu
fait de même pout"ïe sentiment delà joie suscepti*
Ne de grandesvariétés. Le plaisir. qui eh est un des
premiersdegrés, peut naître dire6tementde la pos~
session d'un objet désiré, ou bien d'un simple sou-
venir qui nous le rend comme ~rë$ent$ car nous
rappelons avec intérêt ~es scènes de nos premières
années, les iolies de la jéuoessë,Ies émotions an"
ciennementéprouvées de la bienveillance, de l'ami-

(t) M~M/y M/o ~6 TM/we dad ô~Mt a~~<&f


<~w~M~ e~c. London ~g{~
tié, de ï amour, de ladtntration< de ~esttmc. On
peut rapporte)* au même principe les jouissances
que Nous donnent les productions des beaux-arts,
la lecture des ouvrages de goût, les découvertea
faites dans les sciences, parce qu'il en résulte un
sentiment mixte, soit d'admiration pour !a supé-
riorité de l'auteur, soit de satisfaction ioténeure,
relative & un des besoins que notre éducation ou
notre mautcre de vivre a créés. Doit'on mettra
au nombredes seutimensdeJa joie ces rapides élaos
d'une humeur joviale, ces tressaillemensqui por-
tent à rire, ~chanter, à danser, et que provoquent
<~cs jeux de mots, des reparties vives et ~a~tteu-~ os

dues, des imitationsgrotesques, des traits satiriques,


comme par une sorte de réactioo du cerveau ~ur
le diaphragme et les organes de la respiration?
Quelle différenceimmense entre ce8sai!!iesib)~treat
d'une gaieté convulsive, et les affectionscalmes et
profondes que font naître l'exercice des vertus
domestiques, ïa culture des tatous, leur appli-
cation a quelque grand objet d~utiiiLé publique,
le spectacle imposant et majestueux des beautés
de la nature!
Peu d'objets en médecine sont aussi féconds que
la manie en points de contact nombreux, eu rap"
prochemens nccef!saires entre cette science, la
philosophie morale et l'histoire de l'entendement
humain. Il y en a bien moins encore sur lesquels
il y ait autant de préjuges à rectu~r et d'errew~
à détruire. L'aliénation de l'entendement est en
généra! regardée comme le produit d'une Jésioa
organique du cerveau, et par conséquent comm&
incurable; ce qui, dans un très-grand nombre de
cas, est contraire aux observations d'anatbmic. Les
asy!cs publics consacrés aux a!!énés ont été con-
sidérés comme des lieux de rec!us!on et d'isolement
pour des infirmes dan&crcnx et dignes d'être sé-
questrés de !asoc!ëtë, et dès-lors leurs gard!ens,
ïe plus souvent iuhuma!us et sans lumières, se
sont permis envers eux les actes les plus arbi-
traires de dureté et de violence, tandis que l'expé-
rience prouve sans cesse les heureux effets d'un
caractère conciliant et d'une fermeté douce et
compatissante/L'empirisme a souvent prouté de
ceUe coosidérattou pour iaire des étaNissemeas
favorables aux aiiénés: en est resu!té des cures
notnbï'cuses, mais sans qu'on ait concouru aux pro-
grès de la science par des écrits solides. D'uu autre
côté l'aveugle routme d'un grand nombre de mé-
decins a tourné sans cesse dans le cercle étroit des
saignées multipliées, des bains froids et des douches
fortes et répétées, sans douner presque aucune at-
tention au traitement moral. On a donc négligé
de part et d'autre ie point de vue purement phi-
losophique de l'aliénation de l'entendement, la
connaissance des causes physiques ou morales pro-
pres à la produire, ia distinction de ses diverses
espèces,l'histoire exacte des signes précurseurs,de
!a marche et de ia terminaison des accès lorsqu'elle
est intermittente, les règles de la poli(,,e intérieure
des hospices, et la détermination précise des cir-
constances qui rendent nécessaires certainsremède~
comme de celles 'qui les rendent supcritus; car,
dans cette maladie comme dans beaucoupd'autres,
rhabiteté du médecin consiste moins dans t'usa~e
répété des remèdes, que dans Fart profondément:
combiné d'en user à propos ou de s'en abstenir.
Fériar, auteur anglais dont j'ai déj~ parïé, s'est
proposéunautre objet dans ses travaux particuliers
sur la manie. Il aessayé tour-à'tour divers médica-
mens internesdont il a dit )gé ï'usage avec une sorte
d'eml)irisme,sansdistinguerles diverses espèces de
marne et les circonstancesqui doivent faire varier
leur choix et leur application, tt a suivi une mar-
che analogue à celle de Locher, tnédeotn allemand,
et toute la différence porte seulementsur le choix,
la nature et i'ordre de l'emploi de ces médicamcns.
Toujours suivre les routes battues, parier de la
folie en générât d'un ton dogmatique, considérer
ensuite la folie en particulier, et reveuir encore à
cet ancien ordre scolastique de causes, de dia-
~o~/c, de ~ro/to~c ~c~~<o/ï~ /eM~
c'est lâ ia tache
là la t&chc yu'a
qu'a remplie Chiarugi (t).
remplie Chiaru~i (c). L'esprit

(t) Delta ~~MM e/<~acre~8~ j~Mte~ yr~M~o


~Me<~M'o-~faa/tMco con M~<! c<Mn~ o~je/<7ZfûHt di
C~Mr~,Z). F~<~<or~t Med. et CA/Firenzc,
'794.
de recherches ne se montre guère dans son ouvrage~
que dans une centurie d'observations qu'il a pu-
bliées, encore même très-peu d'entre elles peuveub
donner lieu à des inductions concluantes.Les faits
épars dans lescoUecttOMacadémiques (ï)et: dangles
t'ecueik d'htstotres particu!tère<t de maladies, sur le
caractère et le traitement de l'aliénation on sur les
lestons organiques qui en sont l'effet on Ja causes
doivent être cités encore, non comme propres à t'e~
cu!eric$ iim!tes de Ja science médicale, mais seule-
ment à titre de matériaux qui, doivent être mis en
œuvre par une main haMe.et former uo ensomMe

très faits analogues.


solide par leur connexion entre eux ou avec d'au-'

L*AHemagne, rAngieterre, la France ont vu s*e-<


lever des hommes OtM, étrangers aux principes de
la médecine, et seulementguidés par un jugement
sain ou quelque tradition obscure, se sont consa-
crés au traitement des aHéués, et ont opéré ta
suérison d*un grand nombre, soit en temporisant,
soit en les assers issaut à un travait régulier, ou en
preoant à propos les voies de la douceur ou d'une

(a) Acad. des Scienc. t~oS.–Acad, des Scienc. de BerUn


#-
t-~64~ ï~CO.c/~oc~. F~/o~Zt~ <<M<?. Parts,
t~gt. dct. ~<7~M;MM, tom
Afo~. ~M~. ~HA Jïc//9r~ tom.
–Zc~. ~M~ J~M/
<&o/A an. t
1. j?~
ï, !î.–2?~
tom. IV.
t~85.–Gérard. Vaa'SwMtcaC~M<.
y85, etc.
répression énergique. On peut citer entre antres
Wt!tis en Angleterre (t), Fowleu en Écosse (~),
le Concierge de l'hospice des aliénés d'Amstcr~
dam (3), Poution directeur des aliènes de l'hos-
pice de Manosque (4), Has!am,apoth!c6!re de rtïô~
pital de Bethléem à~Loodres (5), et eo6n M. Pas-
sin, autrefois surveillant de l'hospice de Bi cotre, et
maintenant de celui de la Salpétrière (6), qui, par
son zèle et son habileté, s'est rendu peut-être snpc*
rieur a tous ceux dont je viensde parler. L'habitude
de vivre constammentau milieu des aliénés, celle
d'étudier leurs moeurs, leurs caractères divers,
les objets de leurs plaisirs ou de leurs répugnances;

(t)De~f~ ~r/a~/M~~e~~ ~oc~Hr ~Y/<?M~


/<z~Ken'~oK<t~M.BiM.Brit.
(a) Lettre dit <c~ Larive <& la ~t&
<HAX Re<~<ïo~.
.B/7'~M/~ ~WMOMfe~JE~/t'jjc/~e/~oar/J/TMOM d!M
~/M/<ej. Bibl..Brit. tom. 'VIII.
(5) Description de la Maison ~e~ybH~ <f~~M~~<~a~t~
par M. T~OMM. Dëca< Pb!!osoph. an 4..
(4) O~.M/'c<!MKMM ~M~ les //MC/MeJ~ par M. Mourre,
administrateltr <&< ~ar~me/« T~ Broch. de M
pages.
(5)O&~ca~M on insanity, t(~~r<M~c~ raM~r~,
on ~e <~je<Ma and an occof~t~ o~
morbid o~?c<tMt
o~ ~~e/tdw. By Johm Hastam.Lond. !?g4.
(6) 0&fcyv<~KW.f/<M~.f/M7' ~fMr ~/bH~
B<c~ An 4. (C'est un manuscritde neuf pages qm m'a été
<:on6ë. )
l'avantage de suivre ie cours de leurs égaremens
k jour, la nuit, les diversessaisons de Fanuée; l'art
de les diriger saas efforts et de leur épargner des
emportemcns et des murmures, le talent de prea-
dre à proposavec eux le ton de la bienveillance ou
un air imposant, et de les subjuguerpar ia force
lorsque les voies.de !a douceur ne peuvent suivre,i
enfin, le spectacle continuel de tousles phénomsues
de raliëoatton mentale, et les fonctions de ia sur-
veillance doivent nécessairement communiquer à
des hommes intelligelis et i!c!és des conootssnnces
muhipitces et des vues de détail qui manquent au
médec!n borné le plus souvent, à moins d'un goût
dominant, à des visites passagères. Les hommes
d'aiiteurs étrangers aux études de la médecine, et
dépourvus des connaissances préliminairesde l'his-
toire de i*entcndetnenthumaiu, peuvent.ilsmettre
derordre et de la précision dans leurs observations,,
ou s'élever même à un langage propre à rendre
leurs idées? Peu vent.iis distinguer une espèce d'a-
~ënation d'une autre, et. la bien caractériserpar le
rapprocbemeutde plusieurs &its observes? Devien-
<Jront-!Js jamais susceptibles de, lier. J'expérience
des siceics passés avecles phénomènes qui frappent
leurs yeux, de sereutermerdans les bornes d*ua
Joute pbitosophique dans les cas tncertaius,et d'a-
dopter une marcheferme et sûre pour diriger leurs
recherches, non moins que pour disposerune suitç
d'objets dans un ordre systématique ?
!1 importe en médecine, comme dans les autres
sciences, de compter pour beaucoup un jugement
sain, une sagacité naturelle, un esprit inven"
tif dépouillé de tout autre privilège. Il faut peut
s'informer si tel homme a fait certaines études d'u-
sage, ou rempli certaines formalités, mais seule-
ment s'il a approfondi quelque partie de la science
médicale, ou s'il a découvert quelque vérité utile.
L'exercice de !a médecine,durant près de deux an-
Nées dans l'hospice de Bicêtre, m'a fait vivement;
sentir la nécessité de réaliser ces vues pour faire
faire quelques progrès à !a doctrine de l'aliénatioo
mentale. Les écrits des auteurs anciens et modernes
sur cet objet, rapprochés de mes observations an-
térieures, ne pouvoient me faire sortir d'un certain
cercle circonscrit; et devois-je négliger ce que le
spectacle des aliénés, pendant un grand nombre
d'années, et l'habitude de réucchir et. d'observer,
avoient pu apprendre à un homme (M. Pussin)
doué d'un sens droit, très-appliqué à ses devoirs
et chargé de la surveillance des aliénés de l'hos-
pice ? Le ton dogmatique de docteur fut dès-lors
abandonné (des visites fréquentes "quëlquëïois
pendant plusieurs heures du }our, m'aidèrent à me t
familiariser avec les écarts, les vociférations et les
j

extravagances des maniaques les plus


violentés- J
lors j'eus des entretiens réitérés avec l'homme qui
connoissoit Je mieux leur état antérieur et leurs
idées délirantes attention extrême pour ménager
toutes les prétentions de i'amour-propre; questiont
variées et souvent reportées sur le même objet,
lorsque !cs réponses étoient obscures point d'op-
position de ma part à ce qu'il avancpit de douteux
ou de peu probable, mais renvoi tacite à un exa-
men uïtéricur pour l'éc!a!rc!r ou le rectifier; no-
tes jourualières tenues sur les faits ob~rvés, sans
d'autre sollicitude que de les multiplier et les ren-
dre exactes telle est la marche que j'ai suivie pen-
dant près de deux années pour enrichir la doc-
trine médicale de I*a!ieoat!on de toutes les ïum!e.
res acqu!ses par une sorte d'empirisme ou plutôt
pour compléter la première et ramener l'autre &
des principes généraux dont elle étoit dépourvue.
Une infirmerie isolée et desunée recevoir uu
certa!n nombre d'aliénés et d'épileptiques me &-
cilitoit d'ailleurs d'autres recherches sur les ef-
fets des médtcamens et l'influence puissante du rc'
gime varié suivant les indispositions individuelles
ou les malad!es incidentes.
C'est ainsi que l'hospice de Btcetre, confié à mes
soins à dire de médecin en chef durant les an.
nées 2 et 3 de Fère répuMica!ne, m'ouvrît un
champ libre pour poursuivredes recherches sur !a
man!e, commencéesàPar!s depuis quelquesanuées.
Quelle époque d'ailleurs plus favorable que les
orages d'une révolution, toujours propres à exal-
ter au plus haut degré les passions humaines, ou
plutôt à produire la manie sous toutes ses formes!
.La surveillance et la police intérieure des hospi-
ces des aliénés étoient d'aitleurs soumises à des
règles constantes, et dirigées avec autant de zèle que
d'intelligence par un des hommes les plus capa..
bles de me seconder. Mais plusieurs circonstances
réunies ne pouvoient que rendre très-incomplet
le traitement médical proprement dit. Les aliénés
avoientété déjà traités une ou plusieurs fois à FHo-
tel-Dieu suivant les méthodes usitées, et lis étoient
ensuite conduits à Bieétre pour opérer ou affermir
lo rétablissemententier de la raison, ce qui ne pou-
voit que mettre de l'incertitude dans mes résul-
tats. L'usage des chaînes de ier pour contenir un
grand nombre d'aliénés ëtoit encore dans toute sa
vigueur ( il ne fut aboli que trois années après );
et comment distinguer alors l'exaspération qui en
étoit la suite, des symptômes propres à la maladie?
Les vicesdu local, le défaut de divisions des aliénés
en sections séparées suivant leur degré d'agitation
ou de calme, une instabilité continuelle dans les
administrations, la privation de bains et de plu-
sieurs autres objets nécessaires, opposoient encore
de nouveaux obstacles. L'histoire proprement dite
des phénomènes singuliers de l'aliénation mentale a
donc été,dansl'bospice des aliénés de Bicétre, l'ob-
jet principal de mes recherches, et j'ai tâché de dé-
terminer les caractères distioctifs des diverses es-
pèces, les différences de lamauie continue ou in-
termittente, les vues a remptir dans le traitement
moral, les règles de survoiitance et de police !nté*
yieure d'un hospice semblable, et enfin certaines
bases d'un traitement médical établi uniquement
sur J'observatton jet l'expérience. Un ouvrage de
médecine,publié en Froace & la fin dudix-ha!nème
siècle,doit avoir un autre caractère que s*!iavo!tété
écrit à une époque antérieure, un certain essort
dans les idées, une liberté sage, et surtout l'esprit
d'ordre et de recherches qui règne dans toutes les
parties de l'Histoire Naturelle~ doivent le distinguer.
Ce ne sont plus des vues particulières ou les écarts
d'une imagination ardeute qui doivent l'avoir dicté:
c'est une pbiJactbropie franche et pure, ou plutôt
le desir sincère de concourir à Futilité publique. Je
laisse au lecteur éclaire à décider si j'ai rempli cette
tâche.
.1
TRAITÉ
.MÉDICO-PHILOSOPHIQUE

SUR
L'ALIÉNATION MENTALE.

PLAN GÉNÉRAL DE L'OUVRAGE.

ï.LA prévention la plus exagérée


en ~aveurde Ïa mé-'
decine ne sert pas plus à éclairer l'opinion publique,
que les sarcasmes oulesbons mots qu'onlui prodigue
tour à tour; car quel est l'objet qu'on ne puisse.
louer à l'excès ou dénigrer? Il est bien plus !mpor-
tant pour l'intérêtde l'hutnanité de rechercher s!,
dans l'état actuel des sciences physiques bo peut
approcher d'autant plus de la vérité en médecine,
qu'on y fait une heureuse application de leurs
principes et de leur marche qu'on s'est formé un
goût plus sûr par une étude profonde de là méde-
cine ancienne et moderne, et qu'on s'est borne pen~
dant une longue suite d'années a une observation
assidue et à une histoire sévère du cours et des
phénomènes des maladies. Je me propose d'M
donner un exemple particulier dans le Traité que
je publie sur l'aliénation mentale.
î
a. C'est à dessein que j'ai fait choix du sujet
le plus obscur, et peut-être le plus exposé à des
divagations éterneUes si on se livre a I*espr!t d'hy-
pothèse:etquel objet doitparo}tre plus merveH!cux
et p!us diilHcHc a concevoir que la nature des onc-
tions de l'entendement humain, leur développe-
ment progressif, leurs divers degrés d'énergie,
leurs chaugemeas par des impressions physiques,
et les aberrations qu'elles peuvent contracter? On
remonte.encore plus difficilement à l'origine des
diverses lésions isolées ou réunies que peuvent
éprouver la perception des objets extérieurs, la
mémoire, l'imagination, le jugement, le sentiment
de $a propre existence, et peut-on observer le
moindre rapport entre ces lésions diverses et la
structurede l'organe qui paro!t en être le siège? Ou
doit donc se proposer un but plus fixe, et suivre
.une marche plus sure c'est de s'en tenir stric-
tement à observer les iaits, et de s'étcver il une
histoiregénérale et bien caractériséede l'aliénation
mentale, ce qui ne peut résulter que du rappro-
chement d'un grand nombre d'observations par-
ticulières, tracées avec un grand soin durant le
cours et les diverses,périodes de la maladie, depuis
son début jusqu'à sa terimu:tlsou. pour que
ces exemples puissent devenir des matériaux pro-
pres à être mis eu oeuvre~ ne Ctut-i! pas que les
symptômes et les signes distiuctiis dont on veut
t-racer l'ordre et !a succession dans des cas particu-
hors aient été d'abord étudiés dans un grand ho8<
pice, et qu'une sévère critique ait appris à rejeter,
tousceuxqut sont équivoquesoudouteux, et àn'ad<
mettre que ceux qui sout man!fest.€8 aux sens,, qm
Me dounent.aucune
prtseàdes nusonnemensvagues,
et qu'on observe le plus constatumeot dans tes di-
verses sortes d'égarement de ïa raison? Le vrai fon-
dement ~e tout rédince est donc une étude pré*
]!tïMna!t'e et approfondie des d~verseslestoos de l'en-
tendement et de la volonté, maoiiestées audehors
pafdes.c~ngemens dans rhab'tude du corps, pac
des gestes et desparo!es propres~ faire connoître'
l'état inténeut', et par des dérangemens pbysi-
i

ques non équivoques (i).


3. Un autre avantage encore du simple rap-
prochement 'd'un grand nombre d'exemples d'aué-
pation mentale tracée depuis ses premiers déveïop-
pemens jusqu'à sa terminaison. Cette maladie, dana

(t) On voit qa'tt ~ut prendre pour gu!de en médecinela


methoae<;ti réussit cbustanamentdans toutes les parties de
l'histoirenaturelle c'est a*d!re qa'!t iaatcomnteMerpar voir
succcMtvement chaque objet avec anenHoo' et s~os autre
dessein que de rassemblerdes matérMUXpoar l'avenir; qu'on
doit chercher enfin a éviter toute illusion, toute prévention,
toute opinion adoptée sur parole. C'est !a ce que j'ai exacte-
ment fait pendant une longue suite d'anndes, par rapport &
ra!!ennt!ottnon-seuhmentdansdcsëtab!is<emenspart!cu!feM,
mais encore successivementdans les grands haspicea de B<-
nct)'e et de la Salpêtrière,
certains cas, a une origine commune et t!ent dès
son principe à un événement ou à un concours
d'événemens analoguesqu'on doit regarder comme
sa cause déterminante. H faut mettre de ce nombre
une disposition héréditaire certaines, affections
morales vives, un chagrin profond un amour
contrarié, une exaltationextrême des principes re-
ligieux, ou bien une immoralité profonde. Les
mêmes effets peuvent aussi être produits par des
causes physiques, une lésion de la tête, les suites
d'une autre maladie, la suppression brusque d'une
hémorrbagie, la répercussion d'une éruption cu-
tanée. Quelques -unes de ces causes sont rares,
d'autres fréquentes dans certains cas, elles sont
enveloppées d'obscurités par des raisons de famille,
des omissions involontaires ou des réticences étu-
diées mais en comparant entre elles de nombreuses
histoires d'aliénés, nationales ou étrangères, consi-
gnées dans des recueils d'observations, ou notées
dans des hospices et des établissemensparticuliers,
il ne peut rester aucune incertitude sur les résul-
tats généraux que nous venons d'indiquer.
L Ce n'est point une satire que j'entreprends,
c'est l'histoire d'une maladie réelle que je me pro-
pose de décrire tout ce qu'on entend donc dans la
société par ~e~ extravagance égarement,
folie, doit m'être étranger, ainsi que toute discus-
sion métaphysique, toute hypothèse sur la nature
des fonctions intellectuelles ou affectives, sur leur
génération, leur ordre, leur enchaînement: réci-
proque, leur succession (i). Je m'en tiens rigou-
reusement à Fobservatioa qui apprend ce qu'il eût
été même din!c!!e de soupçonner, savoir qu'il peut y
avoir une lésion exclusive dans les idées reçues par
des impressions externes, dans la mémoire, t'ima-
gination, le jugement, le sentiment de sa propre
existence, l'impulsion de la volonté, et que ces
lésions réunies en plus ou moins grand nombre et
avec divers degrés d'inten&Ité forment une infinité
de variétés. II importe d'autant plus de faire res-
sortir ces objets fondamentauxet d'en recomman-
der surtout l'étude spéciale, qu'on voudra pro-
céder avec plus d'ordre dans l'observation des
phénomènes de i'atiéuat!on, appliquer avec plus
de succès à cette maladie la méthode analytique,
et faire faire de nouveaux progrès à son histoire
générale.
5. Quel tableau. de confusion et de désordre,
qu'un grand rassemblementd'aliénés, livrés d'une
manière continue ou par intervalles à leurs écarts
divers et observés sans règle et sans méthode 1
Mais avec une attention suivie et une étude appro-
fondie des symptômes qui leur sont propres, on

(t) Je parle !c! en médecin et non en théo!og!en. On ne


peut donner aucune interprétationdéfavorable au silence que
je garde sur tout ce qui peut émanerd'une autorité Mpërieurc
a !a faisqo humame.
peut les classer d'une manière générale, et les dis.
iioguer entre eux par des lésions fondamentales de
l'entendement et de la volonté, en écartant d'ail-
leurs la considération de leurs variétés sans nom-
bre. Un délire plus ou moins marque sur presque
tous les objets s'allie, dans plusieurs aliénés, à un
état d'agitation et de fureur: ce qui constitue pro-
prement la manie, Le délire peut être exclusif et
borne à une sér!e particulière d'objets, avec uuo
sorte de stupeur et des affections vives et profondes:
c'est ce qu'on nomme mélancolie.Certaines fois une
débilité générale frappe les fonctions intellectuelles
et affectives, comme dans la vieillesse, etforme ce
qu'on appelle démence. Enfin une oblitération de
Ja raison avec des iustans rapides et automatiques
d'emportement, est désignée par la dénomination
d'idiotisme. Ce sont là les quatre espèces d'égare-
ment qu'indique d'une manière générale le titre
~'aliénation mentale.
6. ÏIestsi doux en général pour un malade d'être
au sein de sa famille et d'y recevoïr les soins et les
consolations d'une amitié tendre et compatissante,
que j'énonce avec peine une vérité triste, mais cons-
tatée par l'expérience la plus répétée, la nécessité
absolue~deconfier les atiénés à des mains étrangères,
et de les isoler de leurs parens. Les idées confuses
et tumultueuses qui les agitent et que fait uaître
tout ce qui les environne;leur irascibilité, sans cesse
mise en jeu par des objets imaginaires des cris, des
menaces, des scènes de désordre ou des actes d ex-
travagance l'usage judicieux
d'une répression éner.
glquc, une surveillance rigoureuse sur les gens de
service, dont on a également à craindre la grossiè-
reté et l'Impéritle, demandent un ensemble de me-
particulier de cette ma.
sures adaptées au caractère
ladie, qui ne peuvent être réunies que dans des,
naissent!
établissemens qui lui soient consacrés. De ta
des préceptes variés sur les dispositions locales, la
distribution des aliénés, le service intérieur, le ré~
gime moral et physique suivant le caractère et les
variétés de I'a!iénation, ses diverses périodes d'état
aigu, de déclin et de convalescence; ce qui sup-
profondes de sa marche,
pose des connoissances
et l'expérience la plus consommer
l'observation en médecine, ou
'?. Les résultats de
l'histoiredes maladies en général, donnent rarement
lieu à un partage d'opinions si on en fait une
étude approfondie mais que de vacillations et d'in.
certitudes offre enc.ore l'usage des remèdes souvent
superuus, plus souvent encore nuisibles, s'il n'est
dirigé avec uue prudence et une habileté rares! l'a-
liénation en otïre un exemple mémorable. Les an-
ciens avoient cru son siège dans les Intestins,<~ fal-
soient usage surtout de purgatif drastiques la plu.
part des modernes l'ont: attribuée a un afuux du
prescription de fortes
sang vers la tête, et de là la
douches et de saignées répétées; d'autres ont regardé
la maladie comme nerveuse et sj~j~dIqHe,ce qui
les a fait insister sur les caïmans et les sédatifs; Ie~
uns et les autres ont vanté lesévonemensfavorables
et ont passé sous silence les cas contraires, ce qui
n'a fait qu'augmenter les doutes et les perplexités.
8. On doit féliciter ceux quicroient pouvoir lire
à travers les ressorts si compliqués de notre orga-
nisation, et parvenir à deviner les moyens répara-
teurs qu'exige la nature de leur désordre. Moins
confiant et plus réservé qu'eux, je remarquai d'a-
nord, dans l'hospice de Bicétre, que la manie
lorsqu'elle étoit récente, pouvoit être guérie parles
seules forces de la nature, si on venoit à écarter les
~o]~stadesE)uiaihIes,et diriger avec sagesse le régime
moral et physique, ce qui a été d'abord l'objet de-
mes essais. Dans des cas rebelles, j'ai fait usage de
médicamens variés et adaptés aux circonstances.
La conduite que j'ai tenue doit-elle être adoptée, ou
faut-il en substituer une autre ? Le rapport très-
avantageux que j'ai obtenu entre le nombre des
guérisons et celui des admissions paroit rassurer.
Mais pour qu'il ne reste plus de doute, ne doit-on
pas provoquer de semblables recherches dans des
établissemens publics, en faisant des rejtevés annuels
des registres?On appliquera ensuite à ces résultats
le calcul des probabilités, et une simple com paraisoo
fera juger invariablement de quel coté sera l'avan"
tage; ce qui ouvre la voie à tous les progrès ulté~
rieurs dont cette partie de la médecine est suscep*
tiMe.
suit
Q. On ne doit point oublier que la nature
'desrèglesgénérales dansie cours des maladies avec
vraie doctrine
des variétés Individuelles, et que la
médicale consiste surtout dans l'histoire
ndeicd~
leurs symptômes, quel qu'en soit l'événement
a-
s'attendre que,
vorable ou contraire. O.t doit donc
dans la manie, certains cas sont
an-dessus des res.
sources de la médecine
.sok par des désordres p~
so~arraootennete
siques que constate l'anatomie,
dn'aliéaation,oa par des mesures imprudentes
déià mises en usage. J'ai donc cberchéà
déterminer,
réité-
d'après l'observation et rexpérience les plus
par leur na-
rées, les cas qui paroissentIncurables
service réel à rendre à la
ture car c'est encore un
des taton.
science et aux malades, que de prévenir
nemensdangereu~etdont le succès est équivoque
doit être infailliblement nul. U Importe d'ailleurs
ou dans les
de fixer les règles d'admission des aliénés
très~ndétercu.
hospices et leur sortie,règles encore
pénible.
nées et qui entrainent une indécision
ardens des théories subtiles de
10. Les sectateurs plus ré-
Darwin et de Brown, ou d'autres auteurs
j'ai fait une omis-
cens, trouveront sans doute que
dans leurs
sion grave, et que ~urois<m m'engager
à faire à
hautes spéculations. Je n'ai qu'une réponse
reproches c'est que je ne pourroisguère citer
ces
cesdoctrinesque comme des exemples d'égarement
conserver la paixs
de la raison et de délire; et pour
silence.
j'ai prisle parti sage de les passer sous
.0
PREMIÈRE SECTION.
Ca~M propres à ~er~Mer /?~~oy~
mentale.

n. LES notions qu'on donne au médecin sur


l'état, antérieur de l'aliéné, avant de le confier
à ses soins peuvent être précises, vraies et
clairement énoncées, ou bien imparfaites et équi-
voques, quelquefois même nulles. Les premières
seules méritent d'être comptées, et leur rap-
prochement donne des résultats d'autant plus
sûrs, qu'elles sont plus mu!tip!!ées, et sans cesse
conSrmées par de nouveaux faits, observés par soi-
même ou puisés dans des écrits les plus authenti-
<mes. C'est ainsi qu'on a appris que Forigine de i'a<
iiénation tient quelquefois à des lésions physiques
t)u à une disposition originaire, le plus souvent à
des affections morales très-vives et fortement con-
trariées. Parmi ces causes générales, les unes sont
û'équentes, les autres très-rares; mais les premières
sont très-importantes à connaître,autant pour l'his-
toire exacte de l'aliénation eu général et de ses di-
verses espèces, que pour le choix d'un traitement
< méthodique.
12. L'énergie d'une impressionphysiqueou d'une
affection morale tient autant à l'Intensité de la
cause déterminante qu'a la sensibilité individuclle,
qui admet d'ailleursde grandes variétés (ï), suivant
une disposition originaire, Fàge, le sexe, le cli-
mat, ]a manière de vivre, ou des matadies anté-
rieures. C'est même cette sensibilité qui, suivant
l'observation la plus réitérée, est extrême a cer-
taines époques de la vie des femmes, telles que

(t) On peut, dans les atabiisMmeasparticuttera, recueillir


des informationsplus précises sur ('état antérieur des aliénés,
que dans tes hospices où sont traites tes aliénés pris de la
clame du peuple. Or le docteur Esquh'o!, qui dirige un de
ces etahtissemens, s'énonça de la manière suivante ~Presque
M tous les aliénés confiés a mes soins, tlit-il avoient offert

n quelques irrégularités dans leurs fonctions, dans leurs fa-


cuttës intellectuelles, dans leurs affections avant d'être
» matade~, et souvent dès la première enfance. Les una
avoient été d'un orgueil excessif~ tes autres tres-colcres;
~) ceux.ci souvent tristes, ceux-là d'une gntté ridicule; quel-
ti qucs-uns d'une instabilitédésolante pour leur instruction,
quelques autres d'une applicationopin!âtre à ce qu'tts entre.
M prenoient, mais sans fixité; plusieurs vétilletix, m!nut!eux,
M craintifs, timides, irrésolus presque tous avoient eu une
M grande activité de facultés intellectuelles et morales qui
avoient redonhtë d'énergie quelque temps avant l'acccs; la
plupart avoient eu des maux de nerfs les femmes avoient
éprouvé des convulsions ou des spasmes hystériques~ les
M hommes avoient été sujets a des crampes, des palpitations,
des paralysies. Avec ces dispositions primitives ou
M acquises, il ne manque plus qu'une affection morale pour
» détet'ntiner l'explosion de la fureur ou l'accaHenicnt de la
M mélancolie)). ( JO~ P<M~o/<j coH~ecj cow/M~ cw~fe~ j
~w~jM~ etc., </c ~MM wc/e. ) J
Ja puberté la grossesse, les couches, et ce qu*on
appene Fdge critique. Quel trouble n'excitent point
alors les moindres émotions'et faut-il s'étonner s!,
a l'arrivée d'une aliénée dans l'hospice, les pre-
mières notions qu'on acquiert sur sou état anté-
rieur annoncent si souvent une semblable origine
tie la maladie ?
!3. L'a!iënat!on tire si souvent son origine des pas'
f sions vives fortement contrariées, qu'un
et auteur
angtois (Chrigton ), en annoncaot un ouvrage sur
l'égarementde ia raison, s~cst presque entièrement
borné à décrire les signes et les caractères propres
des passions humaines,leurs divers degrés d'inten-
sité et leurs effets plus ou moins violens sur l'orga-
nisation physique (i). La médecine étoit donc desti-
née à réaliser en partie les opinions desancienssages
qui, dans leurs spéculations subtiles sur les affec-
tions morales, les regardaient comme des maladies
de l'ame. QueUe que soit l'acception qu'ou donne
à ce terme, il est encore plus certain qu'elles sont
Jes causes les plus iréqueutcs des maïajics et l'a~

(t) On ne peut guère parler des passions huma!ncscomme


maladies de Famé, sans avoir aussitôt présentes a la pensée les
Tuscutanes de Cicdt'on et tes autres écrits que ce beau géoto
a consacrés à la morale dans la maturité de i'age et de t'expé-
rience. Quel moment propice pour des études philosophiques
que cetui des orages politiques et du conflit tumultueux des
passions qui entraincrent tant de mathcurs et finirent par
bouleverser t'anctenae Repubtique romaine!
liénation mentale ne m'en a-t elle point offert des
exemples sans nombre soit dans des établissetneos
publics ou particuliers qui lui sont consacres, soit
dans des mémoires à consulter, remplis de détails
authentiques?

dliénation originaire oit A~r~~o~rc.


i~. Il seroit difncile de ne point admettre une
transmission héréditaire de la manie, lorsqu'on re-
marque en tous ïieux et dans plusieurs générations
successives, quelques-unsdes membres de certainea
familles atteints de cette maladie; c'est ce qu'attes.
tent également une opinion populaire, des notes
prises régtiHèrement dans des établissemenspublics
ou particuliers, et des Recueils d'observations, pu-
Miës tant en Fe3wle qu'en Angleterre et en Alle-
magne.
15. L'aHenation héréditaire peut être continue ou
intermittente. Une aliénée, admise depuis peu à
l'hospice de la Salpétr!ère,et qui a perdu sa mère
dans un état de démence, éprouve eUe-méme une
manie continue et dont le traitement a été sans suc-
cès. Une autre femme, d'un village voisin de Paris,
passe depuis quelques années Fêté dans l'hospice
et l'hiver dans sa famille, sa manie étant intermit-
tente. L'invasion ou les retours alternatifs des atta-
ques d'une manie originaire se manifestentquel-
quefois brusquement; d'autresfois c'est parle con-
cours d'une cause excitante. C'est tantôt uoe v!va*
cité extrême d'imagination, qui peint tout en beau,
et se crée les tableaux les plus fantastiques; tantôt
un caractère ombrageux et livré à des frayeurs pu~
siltanimes, ou une jtbibJessenntureUed'eQtehde~
ment et une incohérence progressive d'idées Je
plus bizarrement assorties.
i6.Unedamc,dont ]a mère.une tante,une cousine
et une sœur avoient éprouvé en divers temps des
attaques plus ou moins prolongées de manie, avoit
été dans sa jeunesse d'une vivacité extrême, et
ne pouvoit supporter la moindre contrariété. A
vingt-un ans, époque de sou mariage, elle devint
tré8.ombMgeuse,et se livra aux plus noirs soup-
çons, mais sans agitation et sans la moindre lu-
cobérence dans les idées, pendant les cinq pre-
mières années d'une union très'heureuse. Vers la
sixième année, une maladie grave d~~e ses en-
fans la réduisit au désespoir. Des-ïors imagination
délirante, frayeurs fréquentes produites par des
objets chimériques, jalousie sans nul fondement ej:
d'autant plus violente et plus exagérée. La manie
se déclare bientôt après agitation des plus vives,
sentiment intérieurd'une chaleur brûlante, insom-
nie continuellegestes, propos extravagans. Après
une durée de quelques jours et uue intermission
d'un mois, l'aliénation s'est encore renouvelée.
J7. Un jeunehomme, dont jamère avoit été alié-
née, fut exposé, dés sou entrée dans le monder &
des coatranëtes vives et à des chagrins profonds.
!i devientombrageux et irascible à l'excès; ses soup-
çons augmentent, et il se croit en butte à des per-
sécutions de tout genre il va même jusqu'à croire
qu'on !e bafoue dans des pamphlets, des caricatu-
res, des pièces de théâtre. Sou imagination s'exalte
encore à un ptns haut degré, et il est convaincu
qu'après l'avoir déshonoré dans l'opinion publique,
on a formé le projet atroce de le faire pértr, et que
ses proches sont enveloppés dans la même proscrip-
tion. Il ne lui reste plus, suivant Jtn, qu'à tirer une
vengeance éclatante de ce qu'il appeUedes traîtres,
des monstres, et c'est dans cet état de fureur exal-
tée, qu'on l'a vu sortir daus la rue, provoquer les
passais, et que sa réclusion est devenue nécessaire
pour prévenir quelque événement funeste.
ï8. Lamanie originairepeutne sé développer que~
dans u n âge avancé,et son explosion tardive être dé-
terminée par d'autres circonstances de la vie. Un
homme, dont le frère étoit réduit à un état de dé-
mence, avoit rempli avec éloge, jusqu'à la cinquan-
tième année, des fonctions publiques, ît s'excitealors
une ardeur immodérée pour les plaisirs vénériens,
son regard est vif et animé; il iréqnente des lieux
de débauche, se livre à tous les excès, et revient
tour.à-tourdansla société de ses amis, leur peindre
les charmesd'un amour pur et sans taches. Son éga-
rement augmente par degrés, et on est obligé de le
tenir eotfermé. La solitude exalte encore son imagi.
nation fougueuse; il peint en traits de feu les p!a!*
sirs qu'il a goûtes avec ce qu'il appelle des beautés
célestes; il s'extasie en parlant de leurs graces et
de leurs vertus, veut faire construire un temple a
l'amour, et se croit lui-même élevé au rang des
dieux ce furent là les préludes d'une fureur vio-
lente avec délire.
ig. Le dë!iredes aliénésd'or!g!nepeutavo!r divers
degrés,et il peut, comme dans des cas de manie ac-
cidentelle, être marqué par une entière subversion
de la raison. Un de ces aliénés, dont j'avois à cens*
tater l'état moral et physique, ne sembloit recevoir
aucune idée par des impressionssur les organes des
seos, puisque toutes ses réponses furent étrangèrea
h mes questions, Il répétoit indistinctement et sans
suite les noms des personnes qu'il avoit antérieure-
ment -connues; il avoit une loquacité intarissable~1,
sans manifesteraucun sentimentintérieur ni de sa
propre existence, ni du lieu qu'il habitoit, ni enfin
de ses relationsau dehors.Nulle trace de jugement;
et tout dans sa mémoireoËroit le chaos le plus in..
forme.
H.
-~M~MeMce dune institution vicieuse sur ~~re-
ment de la raison.
20. L'éducationdes enfans peut être dirigée telle.
ment à contre sens, et ses effets se combiner si bien
avec une foiblesse originaire de l'entendement~ p
qu'il y ait du doute sur ce qu'on doit attribuer à
l'une de ces causes plutôt qu'a l'autre.
31. H seroitdifficile de citer un exemptedecegenre
plus frappant quecéiul de deux frères mineurs,
9
dont l'examènjuridique m'avoit été conné. Orphe.
lins dè~ l'âge le plus tendre, ils avoient été élevés,
par un contraste singulier, d'un côté dans la mol-
lesse la plus efféminée par leur gouvernante, et
de Fautre, avec une rudesse extrême par un ïns-
tituteur d'un caractère dur, emporté et morose.
Soit vice d'une institution pareille, soit disposition
primitive, l'entendement de ces en~ns resta sans
sedévetopper, et leur corps affoibli fut sujetà des
maux variés, qui ne laissèrent plus de doute, à l'é-
poque de la puberté sur le vrai caractère d'une
sorte de démence. t!sétoient Fun et l'autre de la sta-
ture ordinaire d'un jeune homme de vingt à vingt-
deux ans lors de t'examen que j'en ai fait; mais leur
entendement fbibie et détérioré sembloit les rappro*
cher de l'instinct d'un enfant de trois ou quatre ans,
mêmes gestes, mêmes propos, même goût pour les
jeux de Fenfance. Le langage de l'un et de l'autre:
plein de volubilité, ne Jaissoit entendre que les pre-
mières syllabes des mots, et devenoit souvent inin-
telligible. Ils avoient coutume, comme par une
sorte d'habitude automatique,de finir leur journée
par une scène attendrissante. Recueillis au coin de
leur chambre, ils rappelaient, avec une vive effu-
sion de coeur et au milieu des soupirs et des saa-
a
glots, la triste perte qu'ils avoient faite de leurs
parons dans un âge tendre, parloient avec rccon-
noissance des soins que leur gouvernante leur avoit
prodigués, mais ne prononçoicnt qu'avec un sen-
timent d'horreur et avec des Imprécations Je nom
odieux de leur instituteur.
22. Il y a, dit La Bruyère, d'étranges pères, et
dont toute la vie ne semble occupée qu'à préparer
à leurs enfans des raisons de se consoler de leur
mort. Les maisons publiques de correction et les
établissemens consacrésaux aliéues, neiburnissent-
ils point sans cesse des exemples propres à servir de
commentaire à ce texte? Je ne parle point des le-
çons ouvertes d'immoralité données dans un âge
tendre: car certaines monstruosités sont hors de la
règle, et il faut les couvrir d'un voile pour l'hon-
neur de l'espèce humaine. Mais combiende foisdes
reproches amers pour les fautes les plus légères,
des duretés exprimées avec le ton de l'emporte-
ment, ou même des menaces et des coups, exas-
pèrent une jeunesse fougueuse, rompent tous les
liens du sa~g, produisentdes penchans pervers, ou
précipitent dans une aliénation déclarée Une jeune
personne, toujours rebutée et toujours traitée avec
une dureté extrême au sein de sa amitié, avoit
sous ses yeux une autre sœur plus habile qu'elle
dans l'art de plaire, et devenue l'objet constant (le
la tendresse maternelle: humiliée sans cesse etacca-
l)!éc de chagrins, elle perdit le sommeil, tomba
dans un égarement complet: de Ja raison, et fut
conduite a la Saipétrière.Lors de son' entière con"
valescence,après un traitementde plusieurs mois~
et sur le point de rentrer dans sa famille, elle dé-
ploroit avec une sposibtiité touchante triste
destinée et sa crainte d'une rechute.
~3. Un caractère vicient et mélancolique peut
contracter, dès sa première jeunesse, une froide
réserve et une dissimulation étudiée, qu'on pour*
roit confondre avec une foiblesse d'entendement
si on s'en rapportoit aux apparences extérieures.
On m'a chargé depuis peu de faire un rapport juri-
dique sur un jeune homme de dix-sept ans, qui
avoit été dirigé dès 1'âge tendre par un institutcUt*
dévot, minutieux et très'acariâtre. H m*aborde avec
l'air de ïa dé6ance et du soupçon annoncé par un
regard en dessous et une contenance mat'assurée.
Sa mère lui fait en vain quelques questionsil se
balance sur son s~ége, ue répond que par quelques
propos décousus et sans suite, et parbit chercher
a s'échapper. Etoit-ce une foiblesse d'en~endemeot~
ou bien un silence préméditéetcontraint ? ÎJae pre-
mière entrevue a étéJoin de dissiper mes doutes et
mes incertitudes,et j'ai cru devoir encore ajourner
mon jugement.Des observationsultérieures sur son
état ont appris que ce jeune hommé étoit d'un esprit
pénétrant et artificieux, et qu'il attendoit avec Im-
patience que ïe temps de sa mmorité fut expire
pour jouir de sa fortune.
;2<~A-t on moins à craindre un autre extrême
opposé une tendresse peu éclairée de la part des
parens et une complaisancesans bornes? On avoit
eu pour principe de ne jamais contrarier une jeune
personne d'un caractère altieret d'une imagination
vive. Un époux de son choix est plein de soins et de
prévenances les premières années du mariage mais
cette ardeur, qu'elle croyoit éternelle, se ralentit
les soupçons et les tourmensde la jalousie succèdent
r etamènentennni'explosiondudélireleplus furieux.
L'habitudede la dissipation et des plaisirs, la lecture
assidue des romans, et une société remarquablepar
iadépravationdesmœursettouteslesséductionsde la
galanterie,ont souvent amené le même événement.
a5. Que d'analogie entre l'art de diriger les alié-
nés et celui d'élever les jeunes gens! C'est une grande
fermeté que l'un et l'autre exigent, et non des ma-
nières dures et repoussantes; c'est une condescen-
dance raisooaéeetafïectueuse,et-non unecomplai-
sance molle et asservie à tous les caprices. Par quelle
fatalité ce que la raison prescrit devient-il si rare
qu'on peut même le regardercomme un prodige?
ÏU.
Irrégularités e~KM dans la ~M/M~e de TW/~
~o~M ~o~e ~W~M~~M.
~~6. Une .suite de bizarreries d'écarts extrêmes
et
dans
prélude d'une aliénation déclarée ?.
la manière de vivre n'est-clle pas souvent le
27. Un jeune homme, distingué d'ailleurs paraea
talens et des connoissances profondes en chimie,
jméditoit depuis quelque temps une déoouverte~uï
devoit, suivant lui, le mener à une grande fortune.
Son imagination ~exalte il se détermine à rester
plusieurs yours renfermé dans son laboratoire, et
pour mieux s'exctterMUtravaU,éïo!gnerle sommeil
ets*c!ever à la hauteur du. projet ou'ti médtte, il
prépare des sttoluians de diverses sortesune jeune
chanteuse partage sa retraite; il fait un usage répété
de liqueurs fortes il naire tour<à.tour des subs-
tances odorantes et le muriate oxygéné de potasse;
il va même jusqu'à faire des arrosemens&'équens
dans son laboratoire avec ce qu'on appelle eaud~
Cologne. On imagine combien l'action combinéede
tous ces moyens, réunies la chaleur d'un fourneau
de réverbère.etoit propre à.portecau dernierdegré
d'excitation ses facultés physiques et morales, e~on
doit peu s'étonner si, vers le huitième jour, il sur-
vint un délire des plus furieux. (On peut voir le
reste de son histoire dans ma ~v<M<~7' A?~M~.)'
28. Un aut re jeune hommetrès'fbrtuné s'étoitsuc*
cessivementappliqué, pendant les diversesépoques
de son éducation, a !a physique,à la chimie et aux
beaux-arts. Une vauitéexagérée le domine, etiurfai!:
entrevoir dansl'avenirune carrièredes plus bridan-
tes rien ne lui paroît plus propre pour
l'assurer
qu'unlong voyage entreprispours'instruiredansdes
régions peu connues* L'histoine de ce voyngc, qun
servira à Faunonccr dans le monde,doit être remar-
quable par la nouveauté des faits, le luxe typogra-
phique et l'ëlégaace des dessins. Des artistes connus
J'accompagnentpar-tout, et pour mieux soutenir
les&tiguesdu jour et les veilles de la nuit, il fait
uo usage excessif du café. Il s'arrête quelquefois
dans ses savantes excursionspour mettre en ordre
~es collections ourcd)g€K,sesnotes, et il se livre ptu-
sieurs jours à une étude opiniâtre dans une chambre
fortement échauffée. Il craint encore que ses sens
ne soient pas assez exc!tés, et il y joint un usage
abondant des Jiqueurs atcooHsées.Bientôt après son
imagination ardente Je pousse dans un autre excès;
H veut éprouverjusqu'à quel point il peutsoutenif
~abstinence;il s*enlbnce, en chaise de poste et avec
quelques domestiques affidés, daosdes régions peu
habitées, ne s*arréte que pour des relais et ne prend
pour toute nourriture, pendant plusieurs jours, que
du caic et des liqueurs fortes dont il avoit fait une
provision abondante. Le repos succède brusque.
oent au mouvement: il reste un mois de suite cou-
che dans son lit, et ne se lève que pour prendre à
la hâte un repas très-frugal. Son goût pour les sin-
gularités le porte encore à tenter- une autre expé-
rience. JI choisit pour séjour une ville très-connue
par son insalubrité, et pour se garantir de toute
impression délétère. il prend chaque jour pendant
un mois de fortes doses de quinquina. Il revient de
nouveau dans son séjour habituel, et livré à ses
rêveries regarde le temps donné au sommeit
il
comme perdu sans retour, et, animé par les exem-
ples de plusieurs grands hommes, Use couche très-
tard et donne les ordres les plus précis pour être
éve!é de grand matin, et métne forcé de sortir de
son lit. Des chagrins survenus à cette époque et de
vives contrariétésdonnent de nouvellessecousses à
cette raison vaeiUaute, et enfin un déïire violent se
déclare.
29. On m'a demandé plusieurs fois des conseils
sur la mobHné extrême et la variabilité du carac-
tère d'une personne qui, dès Fâge le plus tendre,
avoit été sujette à des affections cutanées et à des
mouvemens fébriles irréguliers. Dès les premiers
dëvebppemens de la raison, elle avoit pris l'habi-
tude de ~!re des lectures sans ordre et sans choix;
elle s'occupo!t tour-à-tour de romans, de poésie,
d'histoire, de ptècesde théâtre, qu'eUeparcourott
alternativement,avec la rapiditéde l'ec!a!r, durant
des journées entières et unegrande partie des nuits;
ses périodes du mois furent précoces, et souvent
dérangées par des chagrins domestiques profouds
et des contrariétés renaissantes de !à une irascibi-
lité extrême, des emportemens, des cris violens,
quelquefois des mouvemens convulsifs irréguliers.
Le bonheur parut lui sourire par uu mariage bien
assorti; mais toujoursmême vacillation du caractère,
et dispositionirrésistible de passer*d'un extrême a
l'autre. Quelquefois, pendant plusieurs jours, agi-
tation continuelle, courses, fatigues portées jus-
qu'à l'épuisement; d'autres fois morosité sombre,
desir insurmontablede la retraite, engourdissement
apathique, nuJ!e règle dans l'heure des repas ni
dans le choix des alimens; certains jours se passent
sans qu'elleprenneaucune nourriture, d'autres sont
marqués par un appétit immodéré qu'on ne craint
point de satisfàire et qui entraîne souvent des dé-
sordres dans la digestion,et l'abus des liqueurs al-
coolisées. Souvent, dans le même jour, passage
brusque d'une froide apathie aux épaochemeosde
!a tendressé filiale, à l'enthousiasme de la poésie,
au fanatisme religieux; souvent aussi des objets im-
portans traités par manière de jeu, et des frivolités
traitées avec gravité et l'attention Ja plus sérieuse.
Des symptômesd'hyppchondrie et des maux phy-
siques variés donnent lieu à de vains projets de
traitement tour-a-tour suggérés par des médecins
habiles, des empyriques ou ~es bonnes femmes,
et qui sont tour'à*tour commencés,suspendus ou
repris sans ordre et sans suite. Enfin l'aliénation la
moins équivoque se déclare avec une singularité re-
marquable. Elle passe six mois de l'année à s'agiter,
à co&ar sans cesse, à enfanter des projets~us et
cbimëtHhes, et les six autres mois sont marqués
par
une ~M~~nrofbnde, uu sombre désespoir et
une impulsïj~MJJJ~prtespour le suicide.
IV.

J~o/M spasmodiques propres à


~3o.
l'aliénation.
~r
Les p assions en général sont des modifications
inconnues de la sensibilitéphysique et morale dont, )
assigner les~j
nous pouvons seulement démêler et
caractèresdistinctepar des signesextérieurs. Quel- ï
puissent paraître quelques-unes
qne opposéesque
d'entre elles, comme ia colère la frayeur, la doti-
leur la plus vive, une joie soudaine, elles sont
marquées surtout par des spasmes variés des muscles
de la face, etsedess!nentaPextérieurpardestra!ts
saillans dont les poètes, les sculpteurset les peintres
du premierrang ont fait l'étude la plus approfondie.
L'oeil exercé de l'anatomiste peut indiquer les mus.
des qui, par !eur action isolée, simultanéeou suc.
cessive, servent à l'expression des passions dont
je
parle, comme de toutes celles qui peuvent nous
ag!ter.
3i. La nature de I*ob{ct (lui excite la colère,
les idées accessoires qui viennent s'y joindre, le
passion, et le degré de
concours de quelque autre
sensibilité individuelle peuvent donner des expres-
sions très.dinerentes de cette passion. Mais
quand
elle est simple, les artistes et les vrais observateurs
s'accordent à lui attribuer les traits suivans: un
visage rouge et enuamnié, ou bien une pateurH-
vide, la prunetie égarée et étincelante, les sourcils
élevés, les rides du front, les ïèvrcs pressées l'une
contre l'autre, surtout vers leur milieu, une sorte
de rire d'indignation et de dedaiu, ïe serrement
des mâchoires, quehptefbis avec grincement des
dents, le gonucment des veines du Tcou et des
tempes.
3z. Les emportemens répètes de colère sont
toujours nuisibles au jugement ~oot ils empêchent
te Hbrcexerctce, et une irasc!bn!të extrême est qucl-
qneibis ic prélude de l'aliénation on dispose puis-
samment à la contracter; elle est à craindre pour les
femmes, surtout dans leurs périodes et & la suite des
couches,commele prouventdescxcmplesircquens
que j'ai notes dans l'hospicede la Saipetrièrc, si on
en contracte Fhabitude, elle peut unir pour les më-
!anconquespurun de!irc furieux ou un état de stu-
peur et de démence. Une iemme très'vive et rc.
commandabied'ailleurs par ses vertus domestiques,
M livroit depuis iong-temps sans frein et sans réserve
à Ja colère pour les motifs !es ptus !cgcrs, une
simple occasion, un léger retard dans l'exécution
de ses ordres, la moindrefaute des gens de service
ou de ses enfans, étoient suivis d'un emportement
violent et de quciquc scène tumultueuse.Ce mal-
heureux penchant a eu son terme, et il s~est dé-
c!aré un égarement complet de la raison.
33. Un sentiment d'horreur ou une frayeur vive
et le dernier degré de désespoir, quoiqu'on ne
puisse les regarder comme entièrement synonymes,
ont une grande. conformité dans les spasmes des
musclesde la face front ridé de haut en bas, abais-
sementdes-sourcils,prunelle contractée, étiucelante
et mobile, les narines grosses, ouvertes et élevées.
Le trouble peut être quelquefoissi profond que ia
raison en soit égarée. On a reçu dans l'hospice, à
des époques différentes et dans un court espacede
temps, trois jeunes filles devenues aliénées, l'une
par le spectacle d'un prétendu fantôme vêtu de
blanc, que des jeunes gens avoient offert pendant la
nuit à sa vue; l'autre par un coup violent de ton-
nerre à une certaine époque du mois; la troisième
par l'horreur que lui inspira un mauvais lieu oit
elle avoit été introduite par ruse.

V.

Des passions débilitantes OM o/v~e~Kt~.


34. Ces passions, comme le chagrin, la haine, la
crainte, les regrets, les remords Ja jalousie, l'en-
vie, qui sont le germe de tant de désordres et de
maux dans la vie sociale, ont aussi servi à enrichir
les beau&'arts, et semblent respirer dans quelques
chefs-d'œuvr~s de peintres ou de sculpteurs du
premier ordre. Elles sont susceptibles de divers
degrés de force et de nuances infinies, suivant le
concours de quelque autre p~sioo, la sensibilité
individuelle, les idées accessoires qui viennent s'y
joindre, ou la vivacité de la cause déterminante;
maiselles ne dégéaèreût en aliénation que parvénues.
f a un très-haut degré d'intensité, que par des pas-
sages brusques de l'une & l'autre ou des commotions
en sens contraire.Les caractèresextérieurs d'un clia-
grin profond sont en général un sentiment de lan-
gueur, une grande diminutiou des forces Muscu-
laires, la perte de l'appétit, la pâleur de la iace~
un sentiment de plénitude et d'oppression, une
respiration laborieuse et quelquefois entrecoupée
de sanglots, un assoupissement plus ou moins pro-

35. II sera~oujqurs
·
'>
~nd, et enfin une sombre stupeur ou le plus vio-
lent détire.
digne d'éloge de ne point
démentir son caractère et de conserver une égalité
d'ame dans la prospérité comme dans les revers;.
mais ce conseilde la sagesse, si souvent emheiti des
charmes de la poésie, acquiertunnouveau poids par
l'idée des maux physiques, surtout de l'égarement
de la raison, quepeuteûtraïnerson oubli, et ce n'est
pas là le seul exemplede l'appui que la médecine
prête à la morale. Les mélancoliques sont surtout:
sujetsàporter à l'excès le sentimeut deleurs peiues.
Une dame de ce caractère, qui venoit de perdre son
père, se rouloit par terre, s'arrachoitles cheveux,
iaisoit entendre des imprécations contre la nature
entière, et auroit voulu dans son désespoir que la,
race humuiae fut anéantie. Ses vociférations et ses
cris n'annoHcoient-Hs potnt le plus haut degré de
détit'e?1
36. t'a raison peut quelquefois lutter avec plus
ou moins d'avantage contre
le malheur,et ne céder
qu'à des impressions profondes et répétées d'un
chaenn amer. Une jeune personne d'an caractère
foible, mais d'un esprit cultivé, est consternée par
la perte subite et inattendue de la fortune de sa fa-
mille et la mort de son père. Sa mère, livrée au dé-
sespoir, perd l'appétit etlesommeil et devient alié-
Déc. Pour subvenir aux frais d'une pension que cet
événement nécessite, la jeune fille renonce à un
capital de huit cents francs de rente, se trouve ré.
duite à vivre du travail de ses mains, et voit s'éva-
nouir l'espoir d'un prochain mariage. Ces désastres
accumulés(missentpar absorber toutes ses fonctions
intellectuelles,et amènent une sorte de stupeur mé-
lancolique dont elle n'a pu être guérie que par les
traitement de huit mois
soins les plus assidus et un
danslIiospicedeIaSalpetriere.
37. C'est un contraste perpétuel de vices et de
vertus qu'offre l'espèce humaine dans
l'intérieur
de la vie domestique, et si d'un côté on voit desT
familles prospérer une longue suite d'années, au
sein de l'ordre et de la concorde, combien d'au-
de la so-
tres, surtout dans les classes inférieures
ciété, afuigent les regards par le tableau repous-
sant de la débauche,des dissentions et
d'une détresse
honteuse! c'estia, suivantmesnotes de chaquejour,
la source la plus féconde, de i'aiiéoation
traiter
qu*on a
dans !cs hospices ( t). ïc!, c'est une femme ac-
tive qui voit dissiper les A'uits de son travail et de
son économie par un mari livré à toutes sortes
d'excès; là, c'est une autre femme uég~igente ou
avilie, qui eotrame Ïa ruine d'un homme Jaborieux
ai!]eurs Jes deux époux égalementdignes de mépris,
sont précipités dans une ruine commune, et l'alié-
nation de l'un d'eux suit de près le dénuement de
toute ressource. Je m'abstiens de reproduire au
graud jour des exemples de cette sorte, dont quel-
ques-uns honorent l'espèce humaine, mais dont
un grand nombre d'autres forment Je taMeau le
plus dégoûtant, et semblent être pour elle un
opprobre.
38. Ce sont quelquefois les évéaemens les plus
cruels qui mènent au désespoir et à l'aliénation,
et, parmi les exemples de cette sorte ,on peut citer
celui de la fiUe d'un cultivateur encore dans l'hos'
pice, qui, pendant ïa guerre de la Vendée, a vu
massacrer ses frères et ses parens et qui, frappée
de terreuret Ïatéte égarée, parvint à échapper au
carnage~ et finit parse trou ver abandonnéeet dénuée
de toute ressource.

(t) C'est sor'tout avant ou pendant l'écoulement përio-


dique, ou bien à la smte d~ couches que les émotionsde
toute espèce sont dangereuses,et c'est ce concours qui rend
ra!iënation beaucoup ptos M~acntc parmi les femmes que
parmi les hommes.
3g. Certains principes qu'on s'est formés, ou des
idées en sens contraire qui s'emparent fortement
de l'imagination peuvent produire des combats
intérieurs et des émotions vives qui finissent par
amener I*ëgarement de la raison. Une jeune per-
sonne élevée dansles maximes d'une morale sévère,
reconnut, à sa vingtième année l'imprudence
d'avoir fait un vœu de chasteté à l'âge de quatorze
ans, et elle consentit au mariage après des forma-
lités du culte les plus propres à rassurer sa con-
science timorée; mais des lectures pieuses et des
méditations mé!aoco!iques ramènent chaque jour
des scrupules et des remords,et lui font rechercher
la solitude; on la trouve quelquefois fondant en
larmes, et répétant au milieu des soupirs et des
sanglots, qu'elle est une yMa~CM/M~~ et qu'elle
M'~M/'o~MM se ~Mner.' elle n'en étoit pas
moins une épouse tendre, et elle devintsuccessive-
ment mère de quatre cnfans. Des contrariétés sur-
venues durant l'allaitement du dernier aggravent
son état; ses scrupules et sa métancojie semblent
s'accroître chaque jour; il survient souventdespal*
pitations et des syncopes ennu un délire avec fu-
reur~se déclare.
'~o. Les fatigues de la guerre durant une ou plu-
sieurs campagnes, !a vie la plus dure et la piuspp-
nib!e, le chaud, le froid, <a faim, un sommeil pris
à la hâte, et quelquefois suivi de plusieurs nuits,de
veille, sont très propres à communiquer au corps
une mâle vigueur, et César lui-même 8'cn éto!t
servi pour corriger ou fortifier une constitution
foible et détériorée; mais !eur!ntet't'uption brus-
que, et le passage & un repos apathique débilitent
également le moral et le physique, font languir
toutes les fonctions de la vie, produisent une tr!s-
tesse involontaire une sorte de pusillanimité et
des craintes renaissantes dont on ne peut se dé-
tendre. Il en résulte, par degrés,unehypochondrie
qui peut être portée jusqu'à une manie déclarée,
~ï. Un militaire très-distingué, après cinquante
années d'uu service très-actif dans la cavalerie,étoit
passé, dans ses dernières années, à un état opposé'
et à toutes les jouissances d'une vie aisée et com-
mode dans une campagne agréabie. Les viscères de
Ïa respiration et de la digestion se ressentirent
bientôt de cette inactivité, étant d'ailleurs affbibiis
par le progrès de Page, et il en résulta une sécrétion
périodique et très-abondante de mucosités; il de-
vint sujet à diverses ai'~ections nerveuses, comme
des spasmes dans les membres, des sursauts durant
le sommeil, des songes effrayans, quelquefois une
chaleur erratique aux pieds et aux mains; le dé-
sordre s'est étendu bientôt jusqu'à l'état moral, il a
commencé par ressentir des émotions vives pour
les causes les plus légères, s'il entend parler, par
exemple, de quelque maladie, il croit aussitôt en
être attaqué. Parle-t-ondans la société intime de ses
amis d'un égarement de la raison, il. se croit aliéné,
t
~t il se retire dans sa chambre, plein de sombres
rêveries et d'inquiétudes tout devient pour lui un
sujet de crainte et d'alarme. Entre-t'U dans une
maison, il craint que le plancher ne s'écroule
et ne l'entraîne dans sa ruine. u ne pourroit sans
ïrayeur'passer sur un pont, à moins qu'il ne s'agît
de combattre, et que la voix de, l'honneur se Mt
entendre. N'est-cepoint là un état d'hypochondrie
prêt à devenir un état de manie?
~2t Unpassagerapide d'une vie trèsaetive~unétat
habituel d'oisiveté peut amener des symptômesva-
yiés,pbysique9oumoraux,suivantune foulede oir-
constances accessoires; mais le résultat estann!ogue.
Un Anglais, dit le Dr. Perfect ~M~ o/7/Ma-
n~y~ avoit acquis à cinqnante'buitans une.fortune
immense par le commerce; il résolut alors de se
retirer à la campagne et de jouir dans toute son
étendue de ce qu'on appelle o~w c~M dignitade.
Vers le'quatrième' mois de cet heureux change-
ment, U commence à ressentir de l'accablement
et une contraction spasmodique dans la région de
l'estomac plus d'appétit; les idées confuses, et les
battemens des carotides devenus irréguliers et tu-
~nultueux rabdomen paroît resserré et tendu; la
tête est douloureuse ainsi que l'hypochoudre
gauche dès lors, sentimentd'une chaleur fugace,
soif fébrile, digestions imparfaites, conduite, pro-
pos, actes bizarres et pleins d'extravagance, et vrai
délire mélancolique.
3
Des Passions gaies
VI.
Olt expansives cd~r~~
comme ~ro~rc~ égarer /<z raison.
43. Le$ peintreset les sculpteurs ont rendu avec
autant de mérite que d'energie, les caract.èresdis.
tinctifs de ces passions, marquées a~ dehors par une
sorte d'ëpanoutSsemeHtde la face et la cpcttractton
Mmultaoëede certains muscles. Je ne do!s parter ici
que de celles qui, par leur extrême iioteas(te, sont
propres à bouieversefTa~~oHTcMMaela pie,
;l'orgueil, l'amour, le ravissement extatique ou
radm!ratioa app~quée aux o~ets du cu!te. Les
affections, analogues,et qui sont renfermées dans
certa!nesboroes,8emMentcommumqueruneac~vtté
nouvelle à l'entendement, et rendre se8 ~nc~ops
plus vives et plus animées; mats, pprteeaauplus
haut degré ou aigries pardesob9!s,eUesn'of-
frent plus que des éjear~ VM~leDS< un, del'it'e passa-
ger., un état de stupeur ou uaeaïtë~Ctndjeolapee*
44.Une joie très-viveet un etat!!aatte~dude pros-
périté peuventéoraoler fortement des esppt~a<o!~les
et amener régafetaent de la raison; ~a~n'esjt-ce
point par des secousses ejo sens çp~a~e qm se suc-
cèdent, et que produisent des contrartietés: vives ou
des chagrins prends? J'at été mo~méj~e[ consulté
depuis peu sur l'éjtat d'un honnne doué d'un ca-
t'actère vif, d'uue grande sensible et aRoiMi par
l~tbus des plaisirs des excès d'études avoicnt. suc'
ccdé, et c'est d:ms cette circonstance que, devenu
trcs'riche pat'unhéritage, il crut être appctéàjouep
un grand rôle dansic monde, et pouvoir parvenir
à toute sorte d'honneurs et de dignités. Sun état de
dépense fut augmente il se livra 't des construc-
tions t'uraics, et de là une source féconde de
soucis et de contyat'tétést Son n'ascibi!!té dev!eut ex-
U éme, il ne pense qu'à ses domaines et u la surveil-
lance qu'ils ex!gunt son sommeil en est troublé et
il va même jusqu'à se lever de nuit pour se prome*
ner dans les champs, et jouir du spectacle emvtant
de ses nouvcUcs richesses. Ses symptômes s'aggra-
vent et son désordre au moral augmente. L'hiver
dernier ia ramené à la ville, la tète entièrement
bouleversée et dans l'état du plus furieux délire.
~5. L'espoir, qui n'est qu'une joie anticipée pro~
duite par l'idée d'un bien à venir, est propre à
donner un grand essor a l'Imagination et à pro-
duire la séduction la plus puissante, surtout lors*
qu'eUe se dirige sur des objets de vanité et d'or-
gueil il en résulte une haute estime de soi-même
et uue conviction.profondede mériter des places
.élevées, surtout dans la jeunesse ou la maturité de
l'âge. Ainsi des revers inattendus ou des événemeos
contraires fout éprouver de vives secousseset peu-
vent amenerune aliénationmanifeste. Ces exempter
sont loin d'être rares dans des étaHissemens parti-
cuHcrs consacrés au traitement;de cette maladie.
~6. Il est ordinaire de trouver l'aiiénationjoittK
avec un ton présomptueux et toute la
bouffissure
de l'orgueil, seulement durant l'accès, et comme
vice
un symptôme qui lui est propre. Ce même
porté dès la jeunesse à un très.hautdegré et comme
j Inhérent a la constitution, peut aussi prendre peu
à peu de l'accroissement, s'exalter etdevenir la
cause d'une manie réelle. Un homme d'un âge
~moyen et d'une haute stature se ta!soit remarquer
par la dureté de ses propos et de ses réponses, non
niomsqueparsesemportemeusviolens etsesmoeurs
austères. Sa contenance et les traits de son visage
portoient !'emprcintede la hauteur et de l'esprit le
plus ombrageux et !e plus morose c'ëtoientdes !n-
qu!étudesconttnue!les, des reproches amers faits
à tous ceux qui l'envirounoient ou même des invec-
tives. Sa sauvagemisanthropieaugmenta encorepar
des revers dans son commerce, et ce fut alors que
la manie se déclara. Il tira des lettres.de-ehangc
pour des sommes exorbitantes sur son banquier,
ainsi que sur d'autres maisons qui lui étoient étran-
gères, et bientôt après il fut renfermé pour cause
de folie. 11 conserva le même orgueil dans le lieu
de sa détention, et il donnoit des ordres avec toute
-l'arrogance d'un despote d'Asie il finit par se
croire chancelier d'Angleterre, duc de Batavia,
et un puissant monarque. ( Dr. Perfect, .~WM~
t~fC/ï~. )
~.Onadmetsouventdan8l'hospicedesaIIéaées,de
jeunes personnes de dix-huit à vingt-deuxans, tom-
bées dans l'égarement de la raison par des obstacles
survenus dans un mariage prêt a être conclu. C'cst
quelquefoisun délire violent et pbrënétique;d'au-
tres ibis c'est la plus sombre mélancolie, ïl c'est pas
rare de voir se déclarer un état de stupeur et une
sorte d'idiotisme; certaines fois aussi les intervalles
de manie sont périodiqueset séparés par des inter"
valleslucides: une extrême pureté desentimenspeut
caractériserles premiers é!ansde l'amour et donner
lieu à l'égarement de la raison. Une jeune ou"
vrière étoit devenue éperduement amoureuse d'un
homme qu'elle voyoit souvent passer devant sa te"
nêtre, et sans jamais lui avoir parlé; l'image seule
de l'objet aimé occupoit sa pensée durant son alié-
nation et elle marquoit une.tcUe antipathie pour
les autres hommes, qu'elle frappoit ses compa-
gnes d'infortune lorsqu'eUcs étoicnt robustes et
d'une apparence virile, les regardant comme des
hommes déguisés. Une autre jeune personne dont
le mariage étoit sur le point d'être conclu,se trouva
tres-ofiensée ou plutôt outragée pardespropositions
d'une faveur anticipée que lui fit son prétendu, et
el!e eu conçut un chagrin si profond, que sa raison
en fut égarée (i).

(t) Je ne puis rappeler sans un sentiment trps-pcn!b!e


l'exemple d'une jeune personne t< ps*Lc)te, amenée a t'hospice
dans l'état le plus violent de délire, après avoir été s~umte
~8. Un jeunehomme ïa main d'une
ne peut obtenir
personne dont iFest éperdument amoureux, et il
voitscsoifrcsre)etéesavecdcdainpar!esparens;dc.
v!cnt taciturne,insensible atousïcs pbisirs, et ne se
nourrit que de soupçons et de présages sinistres; it
s'emporte pour les causes les plus légères, et re-
tombe tour à tonr dans le découragement et les
dernières perplexités, h< société de ses amis lui est
de plus en plus à charge, et il finit par un vrai
délire mé!anco!!qne.
~g. Ce sont quelquetois des agitatious concen.
trées sans cesse renouvelées, et une sorte de com-
bat intérieur entre les pencbans du cœur et des
scrupules religieux qui peuvent amener en délire
mélanco!!que eu maniaque. Une jeune fille de seize
ans,é!evec dans des principes sévères, est placée
chez un ouvrier pour y apprendre la broderie; elle
y reçoit d'abord les prévenances d'un jeune homme

et lâchement abandonnée par son amant le neuvièmemois do


il succéda
sa grossesse. Trois mois âpres sa fureur se calma et
une morne stupeur pt un penchnnt irrésistible an suicide. Un
matin elle passa adroitement un lacet autour de son cou et
e'entbcca dans son lit pour tromper la surveillance de la
garde. Elle étoit presque sM~oquëe, et ce ne fut que par des
soins assidus et pro!onges qu'on la rendit a !a vie à peine
revenue à, cHc'meme elle jeta un regard farouche sur ceux
qui lui avoient donoé des secours, et leur reprocha avec
menace l'odieux service d'avoir prolonge sa déplorable
existence.
du même âge, et se trouve exposée à toutes ses
neacer!es; dessenttmehs de p(été qu'elle doit à
force, et
son éducation se révet!!ent encore «vec
il s'ëtab!it une aorte de lutte tnténenreavectes af-
fections du cceur. ïja méiancoHe snccède avec
toutes ses craiates et ses perplexités; ptus d'appé-
Ut. plus de somme! et un délire furieux se ma-
nifeste. Condutte arhosp!ce, et livrée tour à tour à
des mouvemens convu!s!is et à tous les écarts de
la raison elle semb!e assaillie par les idées les plus
incohérentes, fait entendre souvent des sotï~inar-
t!cu!és ou des phrases entrecoupées parle de
Dieu <?~ de ~oyz/ et on ne parvient durant))
ie premier mois, qu'avec une peine extrême à lui
~aire prendre quoique nourriture.

V ï ï.
~<? COM~M~OM ?M'C~</Me,caM~~r~HCM~
écarts ~MJ
Val..e~M<?~ e~ /~eM les plus
f~M.
5o. Le reproche fait aux Angïa!s d'être sombres
et tnéIancoHques~a'est il pas un homtnage rendu
à !'energ!ejjeiearcaractère, puisque l'une de ces
qualités semble être une dépûndattee de Fautre, et
que les conjectures que fait naître la lecture de
leurs romaHS sont. changées en témoignages h'rc-
H-gah!cs par !curs recueils d'observadons en mé-
dcctue si féconds ea exemples de la plus sombra
et la. plus pro&tnde mélancolie ~i). Le méjecih
anglais dont j'ai déjà parlé ( ~M~~ c~~M~~ )~
en a publié plusieurs variétés très-remarquables.
Une femme dgëc de trente ans, dont parle cet
auteur, fat plongée, par la mcwt. d'une de sea
am!es, dans toutes les horreurs du désespo!r;eHe
passoit souvent les nuits et les jours sans pronon-
cer un seul mot, répandott alternativement un.
torrent de-larmesou poussoit les cris les plus aigus;.
son visage ctoitpâiectgonité,.8onair abattu, et
elle fRisoit à peme entendre quelques sons !nar"
ticulés. Une autre Anglaise, égarée par le fana-
~tisme étoit tombée dans l'indifférence la plus
apathique les présages les plus sinistres et des
frayeurs sans cesse renaissantes, avoieot amené la
plus grande confusion dans Jes idées, et l'existence
étoit devenue un poids insupportable. Quel lugubre
tableau, que celui que rappelle le même auteur,
d'un malheureux atrabilaire qu'on trouva dans un

(t) Une correspondance tres-étendue et des communica-


tions frcquentes de mémoires à consulter, m'ont rendu dé-
positaire de plusieurs faits analogues ~u'it seroit cga!emcnt
superflu et indiscret de rendre publics. De~xemptes frc-
qucos de mélancolie s'offrent aussi dans l'hospice et je ue
dois les rappeler qu'en mettant dans la suite
en opposition
avec ces tristes souvenirs, le récit desmoycasemployésavec
plus ou moins d'avantagepour faire cesser ceso<Tect!ons
mo-
rales, t[ni deviennent d'autant ptus rcbcttes qu'on cherche n
les appuyer par des motifs surnaturels.
lieu solitairebaigné dans son sang, avec une énorme
blessure qu'il s'étoit~aite lui-même au cou, la vue
égarée et prête à s'éteindre~
5r. Une piété trop exaltée, considérée sous un
rapport purement médical, peut agir avec- tant
d'énergie sur des esprits fbibles, que les fonctions
intellectuelles et les autres phénomènesde la vie
en soient troublés, et qu'il soit nécessaire de rc-
courir à des moyens physiqueset moraux pour les
rétablir dans un état sain c'est là un résultat im-
médiat des faits qu'on observe dans les hospicesou
les autres asiles consacrés au traitement de la
manie. C'est une source de maux de tout genre,
d'autant plus féconde que, suivant les variétés du
caractère, les idées accessoires dont ils sont sus-
ceptibles, la complication bu le choc des autres
passions il peut en naître les commotions les
plus vives et un égarement plus ou moins complet
de la raison. Les cultes des divers peuples de la
terre peuvent également en fournir des exem-
.ples.
5~. Il est peut-être prudent de prendre ailleurs
certains abus qu'on
que parmi nous, des exemples de
doit condamner, et je me borne à remarquerl'in-
fluence qu'exerce en Angleterre,sur des esprits foi-
bles, la secte fanatique des Méthodistes ou Puritains.
Rien n'égale le zèle de ces sectaires pour faire des
prosélites et pour propager dans l'ombre leur doc-
trine désolante et exclusive ils ne parlent que d'uu
dieu vengeur et terrible, toujours prêta punit',
par des tourmens éternê!s,!es ibiMesses humaines.
Un auteur déjà cité rapporte entre autres exemples,
celui d'un homme jadis très-gai et livré aux plaisirs
delà table qui fut )eté dans t'accaMementetia
mélancolie ia plus profonde par les entret!eas
fréquens qu'ileut avec un Méthodiste sombre etia-
natique. Desangoissesextrêmes ctun dépérissement
progresstfsutvipentde près;U devintonabt'ageuxet
pustHantme, perdit l'usage du sommeil et poussant
sans cesse des soupirs, il tomba dans une aliénation
dëctaree avec un penchant violent au suicide.
53. Le même auteur anglaisrapporte, parmid'au-
tres exemptes analogues, celui d'un homme doué
d'un naturel gai, d'une imagination vive et livré
toujours avec modération au plaisir. Quelques liai-
sons qu'il eut avec un Méthodiste sombre et mé-
lancolique changèrent entièrement ses idées il
renonça à tous les plaisirs les plus permis, se
plongea dans la solitude, et regardadésormais une
éternité de peines comme une destinée inévitable.
On lui représentoitsans cesse le~ouveraindes êtres
comme haineux, vindicatifet faisant ses délices de
tourmenter et de punir ses bibles créatures. Ces
idées sombres produisirent une sorte de désespoir
et un penchant marqué pour ie suicide il avoit
alors une coulenr p&!e et livide, dormoit très-peu
la nuit et ne cessoit de pousser de proibnds sou-
pirs. Quelques remèdes ëuet'giques mis eu usage
par le Dr. Perfëct, furent heureusement secon-
dés par des avis plus sages d'un directeur doué
d'une piété plus éclairée, et d'une doctrine plus
consolante; et un régime moral et physique ra-
mena, après deux mois de traitement, une entière
convalescence,
5~ Rien n'est pins ordinaire dans les hospices
produite par une
que des cas d'une aliénation
dévotion trop exaltée. des scrupules portés à un
excès destructeur ou des terreurs recenses. Mes
notes journalières contiennent une foule de défaits
de ce genre que je supprime. C'est quetquefbis
ie souvenir d'une ou de plusieurs confessions
un prêtre asserme&te, qui cause des
faites jadis à
remords ou des perplexités extrêmes, d'autres fois
républi-,
un mariage contracté suivant les formes
caines et dont on fait craindreles suites après ptu-
sieurs années. Des âmes très-timorées vont }usqua
se reprocher amèrement la lecture des romans,
dont eHes ont fait autrefois leurs délices. Aiilcurs
c'est un' penchant invincible à la paresse, avec
l'amour de !a dépense qui jette dans la détresse,
et fait chercher dans une dévotion exaltée un
heureux supplément aux Mens de la fortune.
Un orgueil extrême vient se combiner quelque-
fois avec nn grand zè!e ponr les pratiques du
culte teUc étoitia femme d'un tailleur, qui passoit
des
une partie de la journée dans tes églises avec
eu6<ns ~ico parcs, qui traito~ un mari très'com-
plaisant avec ïe plus grand dédain, et qui finit
par exiger de sa part de la servir à genoux et
de voir en elle une ame privilégiée et comblée
de graces surnaturelles. Une autre femme bien
cée, et dont lé mari jetoit tombé dans l'infortune,
crut trouver des consolationsassurées, d'abord dans
de longues méditations et des prièrestrès-ierveutes~
puis dans des ravissemens extatiques ou elle croyoit
s'élever jusqu'au sein de la divinité, et qui ne fu-
rent que le pré!ude d'une aliénation décidée.
55. Une piété douce et affectueuse et une ima-
gination vive avoient caractérisé la jeunesse de
Mademoiselle. et ce fut encore par de~ sen-
timens religieux très-profonds et la recherche de
la solitude qu'elle chercha à se consoler des
,malheurs et de la mort tragique de ses parens
arrivée dans les troubles de la révolution. Non-
vel!espet'p!exitésvers F~ge de vingt-deux ans, pardes
soins domestiques nmitipiiés et des détails sans nom-
bre qu*ex!geoit une grande fortune. Autres inquié-
tudes sans cesserenaissantes: desprocèsàpoursuivre;
la perspective affligeante d'une vie vouée auL céU-
bat,que des inurmités semblent rendre inévitable;
des idées analogues adroitement suggérées par ses
héritiers présomptifs; une sorte d'isolement dans le
moudeoùellene trouve que mcbinté et la plus
froide Indifférence. Un homme artificieux feint
de partager son goût pour le recueillement et la
retraite, et semble fixer ses incertitudes et, pour
exercer un ascendant plus puissant sur cet esprit
foible il l'associe mystérieusementà la secte des il.
luminés.et, a l'aide decertainesccrémoniesoccultes,
il finit par lui persuader qu'ils sont désormais unis
par les liens indissolubles du mariage, et qu'elle
peut jouir de tous les droits que ce titre donne.
Rumeurs soudâmes, réc!amnt)ons vives de la part
de ses. proches, qui se croient frustrés dans leur at-
tente. On imagine sans peine dans quelles per"
plexités se trouve plongée cette victime d'une
grande fortune, qui reçoit ainsi les impulsions les
plus fortes en sens contraire. Elle chet'che de nou-
velles consolationsdans une pieté a~ectucuse; pra-
tiques dè dévotion, jeûnes, macérations, retrai-
tes, prières ferventes son imagination s'exalte de
plus en plus, et la mauie se manifeste.

VIII.
t~Mr cer~HMe-y causes pltysiques de /M/~
mentale.
~56.
Il seroit facile, mais superflu, de rapporter
des exemples particuliers de chacune des causes
physiques propres a produire l'aliénationmentale,
puisqu'on en trouve dans divers recueils d'obser-
vations, et que les établissemens publics ou parti-
culiers en fournissentdesemblablea.Ondoit mettre-
au nombre de ces causes accidentelles rhypochon-
drie produite par des excès de divers genres, 1 ha-
bitude de l'ivresse, la suppression brusque d'un
exutoire ou d'une hémorrhagie interne, les cou-
ches, l'âge critique des femmes, les suites de di*
verses fièvres, la goutte, la suppression Impru-
dente dés dartres ou de quelque autre aRectiun
cutanée, un coup violent porte sur la tête, peut-
être quelque conformation victeuae dn crane.
67. !1 importe cependant de rappeler quejque
exempte de J'extrême abus des p!ais!rs vénériens,
dëgënërc en habitude, puisqu'it peut en résulter
des leçons utiles dans !a inugue de l'âge. Un jeune
homme d'une forte constitution, et né d'un père
très-riche, avoit atteint son accroissementcomplet
vers la dix-huitième année de i'age, et ce. fut a
cette époque de l'extrême eRbrveseeuce de ses
sens, qu'il commença à se livrer à ses penchans
avec toute l'impétuosité d'un caractère ardent,
et les facilités que lui donnoit nn rassemblement
journalierde jeunesouvrièresdans une grande ma.
nufacture. Il prend alors l'habitudede s'abandonner
au plaisir sans frein et sans mesure, le plus sou-
vent a diverses heures du ;our et de la nuit; il
fait succéder, à I~ge de vingts ans, d'autres excès
oou moins destructeurs, ceux de l'intempéranca
et de la frequeatatKMX répétée des Iteux de dé-
bauche. Des maux va~érieas, tour à tour guéris et
de nouveau contractés, viennent se joindre à
l'épuisement et se compliquer avec d'autres affec~
1
tions cutanées. Des objets de commerce rendent
alors nëcessiaircs des voyages iréquens en chaise
de poste, Je jour, la nuit, et dans toutes les
saisons de l'année. Les traitemens au mercure sont
tour à tour commencés, suspendus, renouvelés
sans ordre et sans règle. Dès lors les symptômes
les plus marqués d'une hypochondrie profonde
Digestions laborieuses et très-tmpariaites, <latuo*
sttés'très-tucommodes, rapports acides, alterna-
tives de resserrement ou de relâchement des !u-
tcsuns, douleurs vives de colique devenues pério-
diques, frayeurs sans cause, pusil!animité extrémCt
dégoût de la vie et plusieurs tentativesde commettre
un suicide. Une çredu!!té aveugle et puérile dans
la vertu des médicamens, et une confiance en-
tière accordéeà toute espèce d'empyriques, se
joignent déjà, à vingt-cinq ans, à sa nullité entière
pour un plaisir dont il a abuse à l'excès, et à
une décadeu.cc ~e ~a raison qui ne iait que s'ac-
crqltrie.
58. C'est quel(~ej~s un excès opposa c'est-à-dire
des peachans vivement irrités et non satisfaits,f
qui peuvent aussi jeter dans un égarement complet
delaraison. ïjQemelaacolie tendra et. dos inqute-
tudes vagues, dont l'objet n'stpit ni méconnu, ni
dissimulé, distinguèrent vingt atM une personne
douée d'unç çqostitunqn ~~e<, d'une vive sepsi-
bilité tout couepuro~ a en~ammerspn imagina-
tion lecture a~idue<!es romans les plus galuns~
sorte de passion pour toutes les productions des arts
dans le genre érotique, fréquentation habituelle
des jeunes gens des deux sexes, dont les uns la
charment par des agrémens personnel et toute la
séduction de la galanterie, IcsautreE par des exem-
ples dangereux et des confidences indiscrètes. La
coquetteriela plus ralunée est érigée alors en prin-
cipes, et devient une occupation sérieuse; son or"
gueil flatté des moindres prévenances, les lui fait
regarder comme un triomphe assuré dont elle ne
cessait de s'entretenir ou de faire l'objet de ses
rêveries, jusque ce qu'une nouvelle aventure Et
oublier !a première. Une faute paroissoitinévitaMe,
ou du moins très à craindre,et les parens se hâtent
de conclure uu mariage fondé sur certaines con-
venances. L'époux choisi étoit d'un âge mûr et,
malgré les avantages de sa stature et d'une com-
plexion forte, peut-être moins propre à satis-
faire qu'à irriter ses désirs. La méïancoUe de la
jeune dame dégénère en une sombre jalousie, et
elle attribue à des inndélitës ce qui n'étoit que
FeRet de la débilité des organes. Une sorte de dé-
périssement succède, les traits s'altèrent, et il se
déclare un babil intarissable avec le plus grand dé-
sordre dans les idées, prélude ou plutôt signe
manifeste d'une manie déclarée.
5g. Mes notes journalières, ainsi que les Re-
cuei!s authentiqués d'observations, et des faits con.
&igncs dans les mémoires des corps savans les plus
ténèbres, attestent également la vartétë et la
tnu!t!p!!c!té des causes physiques, également pro'-
pre< à produire l'alténatton mentale. Une des
plus fréquentes, dans Icshosp!ccs d'aliénées, tient
à la suppression ou au dérangement de ï'écou!e.!Í1
ment périodique, avec le concours d'une autre
affection tnot'aïe très'vtve. J'aurai souvent occa<
sion, dans la suite de cet ouvrage, d'en rapporter des
exetnp!es parttculiers, et je me borne ici au su!-
vant. Une~ersonceâgée de trente ans, et d'une
constitution foible et délicate, étbit depuis long-
temps sujette à des attaques d'hystérie; elle céda
aux poursuites de son amant) devint enceinte, et
éleva son enfant avec !a plus grande tendresse. Des
événctnens malheureux se succèdent; son aman~
l'abandonne,son enfant meurt, et quelque temps
après on lui vole une somme d'argent qu'elle avoit
en réserve et qui étoit saseule ressource. Ë!!(i
tombe dans Je chagrin le plus profond, et son
écoulement menstruel jusqu'alors régulier, sé
supprime; son sommeil dévient fugace et troublé
par des rêves, son appétit nu!, et bientôt après
un accès de fureur se déclare avec t'egarcment:
entier de la raison c'est dans cet état qu'elle fut
conduite à l'hospice* (J'indiquerai dans un autre
article de cet ouvrage le traitement qui fut suivi
et le succès qui en fut obtenu.)
6o.Une autre causeencore plusjfréquente de lalié-
Dation, etdont on a sans cesse des exemples da us l'ho'
4
pice de la Salpetrière, tient u des suites de couches
qui peuvent donner lieu à la manie sous les formes
les plus variées. Il seroit superflu de multiplier les
exemples particuliersde cettesorte, etjemëbornera~
à remarquer eu général que dans presque toutes
les époques de la vie les femmes, par leur extrême
sensibilité et leur disposition physique et morale,
sont les plus exposées à des commotions nerveuses
et à un égarement plus ou moins complet de la
raison c'est du moins le résultat constant des ob-
servations que j'ai faites dans l'hospice des aliénées.
Que d'exemples j'ai notés d'idiotisme ou de dé-
mence produite durant l'âge tendre, soit lors de
l'allaitement soit aux époques de la première ou
de la seconde dentition, à la suite de convulsions
souvent pour des causes les plus légères L'époque
effervescentede la puberté, c'est-à-dire depuis la
quatorzième jusqu'à la vingt-deuxième année,
t
semble amener d'autres dangers et de nouvelles
causes d'une atteinte profonde portée aux fonc-
tions de l'entendement explosion vive d'un tem-
pérament ardent lecture des romans, contra-
riétés ou zèle indiscret de la part des parens,amour
malheureux. Le mariage, qui paroît un port assuré
contre ces peines d'esprit sans cesse renaissantes,
en substitue d'autres d'un autre genre accidens
durant !a grossesse ou les couches, chagrins do-
mestiques, revers Inattendus dissentions Inté-
rieures~ jalousie fondée sur des objets réels on
imaginaires (ï). Je jette un voile sur l'âge du rc.
tour, qu'on ne peut peindre que sous les traits
les plus tristes et les plus mélancoliques, si un ca-
ractère élevé ne remplace, par des jouissances
pures, le règne des plaisirs frivoles et les attraits
d*une vie dissipée. Une femme naturellement dis-
posée& la tristesse, ne voyoit approcher qn*avec
les plus vives alarmes ce qu~onappeUe époque cri.
tique. Des propos peu consolans de !a part de son mé-
decin ordinaire doué d'un caractère me!anco!!que,
et un appareil frivole de méd!camens, avoient porté
le découragement, jusqu'au désespoir: de là des

(t) Un auteur anglais rapporte un singulier exemple de


l'influence physique de l'état de !a matrice sur la production
<Ie la manie. Une jeune dame, après s'être échauffée
par une
longue promenade, fit l'iMprudence de boire une grande
quautité d'eau froide et de rester assise en plein air sur un
terrein humide. Le lendemain, douleurs de la tête et du dos
t
ce qui fut accompagné de fr!ssons, d'anxiétés, et enfin d'une
chatcur intense. Bientôt après elle se plaignitd'une perte de
mémoire, de foiblesse et de lassitudes, et il succéda un état
de délire. La maladie ne parut pas céder aux remèdes qui fu-
rent mis en usage; car à l'époqueortlinairede ta menstruation
les symptômes fébriles se renouvelèrent et furent suivis d'un
babil intarissable de gestes tnsoUtcs, et d'un trouble dans
l'imaginationqui ne laissoit plus de doute sur un état déclaré
d'atienation. Ce ne fut qu'avec une grande d!n!cuttc qu'on
parvint à relâcher les vaisseaux utérins qui avoient été con-
tractés par l'action du froid. Le rétablissement de la mens-
truatton fut bientôt suivi de la gueri$on de !a manie.
anxiétés sans cesse renaissantes, des tnsommes e<
des alternatives d'un délire fugace; une toux sè~
che la maigreur et des contractionsspasmodiques
des muscles lui font craindre aussi que sa poi-
trine ne soit attaquée il survient des songes ei'-
frayans, un état de stupeur et un abattement ex-
treme. EUe suit les avis d'un médecin habile, qui
prend avec elle un ton rassurant, cherche à rele-
ver son courage lui prescrit un régime simple,
un exercice de corps varié et lui recommande
divers objets de ditraction. Le calme renaît, les
forces se relèvent sans aucun retour de délire;
mais les hémcrrbagies utérines qui se renouvellent
à diverses époques, font aussi naitrede nouvelles
craintes et des alternatives d'une raison égarée.
On n'observe plus ni règles ni plan de conduite
divers médecins, et même des empyriques, sont
tour à tour consultés, et plusieurs médicameus,
pris avec profusion, donnent lieu à de nouveaux
symptômes et augmententles perplexités (t). Une

(1) L'ouvrage anglais déjà cité (.~<~f <aM~)


renferme des exemptes analogues. L'observation XXXV
que l'auteur rapporte, a de grands traits de ressemblance
avec celle que je viens d'exposer; mais elle offre aussi dea
différences tnarqttccs par tes syotptùntesde pléthorequi eureat
lieu une toux scche, un sommeil trcs-agitë; il survint aussi
dans ce dernier cas une oputhatmie, des maux de tête,
un
grand abattement, et même un état de stupeur.
seule ~idée sembloit absorber toutes les facultés de
ï'entendement, celle d'une Sa prochaine', et c'est
à cette époque que l'aliénation s'est déclarée.
61. Les considérationsrelatives aux lésions phy-
siques qui peuvent produirel'u!!énat!on trouveront
ailleurs leur place, surtout pour déterminer les
principes d'un traitement, varié jj et il est d'autant
moins important d'insister sur des exemples parti-
culiers de cette sorte qu'il n'en peut résulter
que tes mêmes espèces d'aliénation,et des variétés
analogues à celles qu'on observe dans cette qui est
produite par des affections morales plus ou moins
vives. L'observation Ïa plus constante apprend
en effet que la manie, l'idiotisme, la mélancolie
la démence peuvent également résulter d'uu
coup sur la tête, de la suppression d'une hétnor-
rbagie, de la rétrocession de la goutte à l'inté-
rieur etc., comme d'un chagrin profond eL d'une
passion forte et vivement contrariée. Les varié-
tés de la mauie relatives aux diverses lésions de
l'entendement,aux degrés d'agitation ou de fu-
reur ou à l'objet du délire, paroisseot tenir à
l'intensité de la cause déterminante, ou à une
disposition individuelle. Les accès maniaques des
femmes consistent, en généra!, en alternatives
de taciturnité et d'un babil intarissable, en em-
portemens fugaces en cris, en vociférations,
en mouvemens variés souvent même un ton de
~oix. ferme de la part du turvei-Uaut~ nu coup d'ceH
menaçant ou l'applicationsimple du gilet de force,

avec
suffisent pour les faire rentrer dans l'ordre. Quelle
la fureur maniaque de l'homme,
tjui s'cmpot'tc avec le sentiment profond de la su-
pét'iorité de ses forces, qui attaque ou résiste avec
auduce, ctqm, saus des moyens de répression bien
concertés, pourroit quelquefois donner les scènes
les plus tragiques t
SECONDE SECTION.
CC~C~ moraux de
nation. mentale.
L'iDEOLoetE n'a perdre Je
62. pu sans doute que
sa
taveurdansl'opinionpublique, parsa comparaison
suivent les
avec la marcheferme et rigoureuse que 8t elle
sciences physiques et mathématiques; mais
est loin de s'élcverau
premier rang pour l'exactitude
doit-on la mettre
et la stabUité de ses principes,
en oubli négliger
de la rendre plus expérimen-
tai, et méconnoître combien Fétude des fonctions
de reotendement humain est étroitement liée avec
d'approfondir, je
un autre objet qu'U importe tant
dire rhtstoire et les diverses terminaisons de
veux
l'aliénation mentale ?
63. Je puis mesurer, par la pensée,Fintervalle `
immense qui sépare Fanalyse prise dans le sens
des géomètres et rapplication,qu'on iait du même
terme à la médecine. Mais quel nom donner n
l'art de diviser un objet très.composé, etdecon- ~r
sidérer atteutivement chacune de ses parties
(Tune

manière isolée? Les mots <M~~ ~MM/z et


~o~ ne sont- ils pas des termes
génériqnes et
abstraits qui comprennentsous eux différentesopé-
aber-
rations intellectuelles ou affectives, dont les
rations isolées on réunies forment les diverses es-
pèces d'aliénation, et dont il importe de déterminer
soigneusement les vrais caractères?2
C~. Peut.étre que les résuhats de mes observa-
tious sur les aliénés exerceront une heureuse in-
~ucaco sur. les principes de l'Idéologie, et lui fe.
ront prendre une autre direction. Toute d!scus-
sioa métaphys~ue sur la uature de la manie a été
écartée, et je ù'ai insisté que sur l'exposition his-
torique des diverses lésions de l'entendement et de
h volonté, sur les changemensphysiques qui leur
correspondent et qui se marquent au dehors par
des signes sensibles, des mouvemens du corps dé-
sordonnes, des incohérences ou absurditésdans les
propos, des gestes bizarres et insolites. L'histoire
de i'atiénaticu meutate rentre alors dans l'ordre
des sciences physiques et elle mérite d'autant
plusde faire l'objetd'uneétude sérieuse, que le trai~
temeot dépourvu de cette base se réduit, à des tJ~
~tonnemens dangereux ou à un aveugte empyrisme.
65. Que de témoignages nombreux je puis citer
du trouble et de la désolation que l'aHénation men'
t:)!e d'un des proches répand dans les familles-!
quel heureux concours de circonstances est né*
cessiure pour l'amener à une terminaison favorable
lors même qu'elte est susceptible d'être guérie!I
car Je pouvoir de la médecine, dans plusieurs cas,
a des bornes très'circonsct ites qu'il n'importe pas
moins de counoître que ses ressources, et qui peu<
veut également donner des leçons utiles.
66. Un grand rassemblement d'aliénéspeut seut
les onr!r sous tous les rapports de leurs égaremens Î
divers et sous toutes les ibrmes que peut prendre
la maladie, pour l'état antérieur a ses périodes, pour
la succession des saisons, et le sexe; mais un voile
plus ou moins diflicile à pénétrer couvre ces faits; i

et comment pouvoir b!eo les saisir, distinguer leur t

vrai caractère et les coordonner entre eux, si les


divers objets de ces recherchesnp sont point dé-
terminés, et si l'art de les observer est méconnu?
Pourra.t-on en faire des recensetnens annuels e6
en tirer des inductions générales,si on ne suit une
méthode régulière ? C'est pour assurer cette mar*
che et y répandre quelque lumière, que je joins
ici le résultat de mes observations sur les lésion?
diverses des fonctions iute!IectueHes ou affectives
propres à caractériser les diverses espèceset les
variétés de l'aliénation mentale. J'ai coMtdérë cea (
lésions d'une manière isolée pour apprendre à les
mieux apprécier, et à les distinguer par leurs ca-
ractères propres, lors même que plusieurs d'entre
elles sont réunies et comme confondues.
67. Le ministére d'un magistrat éclairé et doué
de n~œurs austères, est au'dessus des éloges qu'ott
peut lui donner, et mérite encore plus les ménage-
mens de la censure. On ne peut, en général, que
rendre hommage aux précautions prises pour éviter
l'erreur dans les examens juridiques des aliénés;
mais que de C~RcuItésà surmonter pour constater
le vrai caractère et les degrés divers de leurs éga-
remens J'ai vu des personnes, parvenues depuis
quelques mois à un état entier de convalescence,
s'irriter des ~rmalitésd'un pareil examen, aHecter
un ton et des propos qui leur éto!ent étrangers,
mettre metne à dessèin de rtacobérence daus les
propos, soit par dëp!t., soit par une ruse mal en.
tendue, et être déclarées,sans balancer, incurables.
Yeut,,on interroger les aHënés sur leur état, en gé-
Béral us éludent Jes questions qu'on leur fait, se
bornent souvent à des réticencesconcertées, ou ils
font des réponses et~seascoutraîre ce n'est qu'en
les étud!ant pendant plusieurs mbis dans leurs
propos et leur conduite, en~aguant leur confiance
et en les invitant:ainsi àdesépanchemeusdu coeur,
qu*oo peut parvenir, au décitu de léiur maladie, à
dévoiler leurs pensées les plus profondes. Veut-on
ensuite eu tracer l'histoire exacte comme médecin,t
!1 iaut se rendre familiers les différens objets qui
$ont iamatièrcde la section présente.

Zj~/o~ ~e la ~c/M~ ~Me dans


l'aliénation mentale.

68. C'est aller trop loin sans doute que de donner,


a !'exempte dti D~. C~rigton, le nom d'axiomes
à certains résultats d'observations sur l'irritabilité
et Iasensibi!ité physique,puisquece terme ne paroit
convenir qu'à des sciences d'une exactitude rigou-
de
reuse comme la géométrie. Mais les remarques
cet auteur sur les Impressions diverses que peu-
vent recevoir les nerfs des parties internes, comme
du cœur, des poumons, des intestins, des reins, de
la matrice, etc., n'en sont pas moins susceptibles
d'une application heureuse à l'état de santé comm~
à celui de maladie c'est ce sentimentqui nous
transmet l'idée d'une digestion facile, de la respi-
ration d'un air salubre, du bien-être, de la vigueur;
de la
comme celle d'un état opposé du malaise,
débilité, de la douleur modifiée d'une manière in-
dénnie dans les diverses maladies. Je me borne ici
à des considérationsrelatives à la manie.
69. L'invasion de la manie peut offr ir quelquefois
certaines variétésremarquables elle peut entratnep
des mouvemens convulsifs ou des secousses violen.
tes du corps et des membres, une sorte de décom-
position des traits de jaiace, avec une privation to*
talc de la parole ou bien une loquacité extrême, des
cris aigus, des emportemens et l'scume à la bouche.
L'extrême Intensité des symptômes pent aussi
quelquefois induire en erreur, et on peut comprend
drc sous le nom de manie une fièvre maligne ou
ataxique; car, outre que les mêmes causes peu-
vent également produire l'une ou l'autre de ces
maladies celles-ci peuvent avoir des carac-
tères communs de violentes agitations, un do"
!!re furieux, des alternatives de stupeur et d'ex~
citation nerveuse; quelquefois une accélération
marquée du pouls, la sécheresse de la langue
un visage pMe et défait, uu sommeil léger et in-
terrompu, et un MÏUB absolu de toute nourriture.
La distinction est alors difficile à faire dès le début,
et ce n'est Qu'en observant la maladie plusieurs
jours qu'on parvient à fixer ses incertitudes.
yo. On conçoit à peine le degré de chaleur in-
terne qui a coutume de se développer dans un
grand nombre d'accès de manie, quelquefoisdans
l'intérieur.de l'abdomen, d'autres fois dans la tête,
plus souvent dans toute l'habitude du corps aussi
dôit.on regarder.comme un supplice pour ces allé'
nés, de rester couchés sur un lit de plume ou
même sur de simples matelots, et on doit peu
s'étonner s'i!s préfèrent-de passer Ja nuit étendus
sur le parquet ou même sur la pierre comme pour
se rafraîchir, et s'ils montrent la plus grande ré-
pugnance a iaire le contraire. Dans un cas sem-
blable, on s'étoit: aveuglémentobstiné à faire tenir
~n maniaque violent dans son lit le jour et la nuit,
9U moyen d'un gilet de force et desang!e, et je
le voyois, l'œil en feu et le visage trés-enUammé
êe débattre contre ses liens. Je fis,craindre une at-
taque prochaine d'apoplexie si on ne le faisoit lever
toute la journée, et si on n'avoit soin de le. faire
promener au grand air. Je me rappelle toujours
avec un sentiment pénible l'état, de souf&'aucc
p&treme d'un malheureux aiiéné conné & mes soins,
durant les orages de la révolution, dans l'hospice
de Bicétre; il m'exprimoit avec l'accent d'une
douleur profonde le iëti dévorant qu'it éprouvoit
dans ses entrailles malgré les boissons ratraïchis-
eantes que je lui faisois prodiguer. J'étois alors
dépourvu des moyens propres au traitementdes
aliénés, et je ne pouvois pas même lui faire pren-
dre des bains tièdes réitérés que j'emploie mainte.;
nant a l'hospice des aliénées avec tant d'avantage.
yï. Une autre preuve non équivoque de cette
chaleur interne se prend encore de la constance et
de la facilité avec laquelle certains aliénés de t'un et
de l'autre sexe supportent le froid le plus rigou-
reux et le plus prolongé. Au mois de nivôse de
Jt'an 5, et durant certains jours où le thermomètrer
indiquoit 10, n et jusqu'à 16 degrés au dessous.
de la glace, un aliéné de l'hospice de Bicëtre ne
pouvoit garder sa couverture de laine, et il t'estoit
assis sur le parquet g!acé de sa loge. Le matin on
ouvroit à peine sa porte, qu'on Je voyoit courir
en chemise dans l'intérieur des cours, prendre la
glace ou la neige à poignées, t'appliquer sur sa
poitrine et la laisser fondre avec une sorte de dé-
lectation et comme on chercheroit à respirer l'air
fraisuurant la cauicule. Mais iiiaut segardcr d'établir
une proposition tropgénératc car beaucoupd'alié-
nés moinsagitésetmoins violeus, ou bien parvenus
au déclin de leurs accès, montrent la plus grande
sensibilité au froid, et se précipitent en hiver au-
tour des poëles, ou même sont exposés à la congéla-
t!on des pieds et des mainslorsque la saison est trop
rigoureuse.
~2. Un autre caractèreremarquablede l'excitation
nerveuse propre à plusieurs maniaques, est le dé<
faut de sommeil et un accroissementextrême de la
force musculaire, vérité anciennement connue,
mais trop généralement appliquée à toutes les es.
pèces d'aliénation et à toutes leurs périodes. J'ai
vu des exemples d'un développementde ces forces
qui tenoit du prodige, puisque les liens les plus
puissans cédoient aux efforts du maniaque avec
une facilité encore plus propre à étonner que le
degré de résistance vaincue. Combien ne devient-
il pas alors plus redoutable par son audace'et la
haute idée qu'il a de la supériorité de ses forces
que de dangers courent tous ceux qui l'approchent:
s'il vient à saisir quelque corps facile à manier, ou
quelquearmc meurtrière dont il puisse faire usage
De là viennent des expédionsvariés et une sorte de
tactique dont je parlerai dans la suite qui est
propre à rendre ses efforts impuissans et à éviter
des scènes tragiques. Mais cette énergie de la con-
traction musculaire ne peut avoir lieu ni au déclin
des symptômesde la manie, ni dans certains accès
périodiques,où il règne plutôt un état de stupeur
et une complicationavec des préludesde l'apoplexie.
~5. Les maniaques peuvent, its supporter à un
degré extrême la faim et la soif comme aussi un
froid rigoureux ? Cette question doit être encore
décidée par les faits; et. ne sait-on pas que la plu-
part des accès de manie sont marqués par uuc con-
tiauité des retours irréguiiers d'une voracité sin-
gulière, et qu'une sorte de défaillance suit de près
le défaut de nourriture? On a cité l'exemple d'un
hôpital étranger où une diète sévère et propre à
exténuer l'aliéné étoit un des fondemeus du trai-
tement. L'iaHuence d'un climat chaud et la ma-
nière de vivre des naturels du pays, peuvent avoir
donné lieu à ce précepte, si toutefois ses avantages
sont constatés par des observations exactes; mais
certainement rien ne seroit plus nuisible ni plus
destructeurdans nos contrées boréales. Une expé-
rience comparative, suite des événemens de ia
résolution, n~a-t-cUe pas constaté, dans l'hospice
des aliénés de Bicètre, que le défaut de nourriture
n'est propre qu'à exaspérer et à prolonger la
manie lorsqu'il n'est pas funeste (ï) ?

(t) Avant la revo!ut!on, la ration ordinaire du pain pour


chaque aliéné dans t'hosptccde Bicëtrc, étoit seulement d'une
livre et dcm!c la distribution en utoit faite le matin, on
plutôt e!!e <!toit dévorée a l'instant, <'t une partie du jour se
passoit dans une sorte de délire famélique. En t~ga, cette
ration fut portée à deux !~rca, ot la distribution en étoit faite
te matin, atnid:, et !o soir avec un potage préparé avec soin.
C'est satM doute la cause de la d!{tereMe de mortalité q!i'on
y~. L'appétit vorace des aliénés a aussi ses al~
ternatives d'une sorte de satiété ou de dégoût pour
tes alimens qu'ils refusent alors avec obstination t
jusqu'au réveil prochoin de rappëttt. Cette répu.-
gnauce peut être aussi fondée sur des soupçons
d'un poison imaginaire, sur une exaltation extrême
des prioc!pes religieux ou quelqu'une de ces an-'
tipathies fam!tières aux maniaques. Une observation
réitérée n'apprend pas moins que lors de l'invasion
primitive ou du retour de certains accès de manie,
f
lorsque l'aliéné est dans un égarement complet, et
qu'il n'a ni le sentiment de sa propre existence, ni
de ses besoins, ni du lieu qu'il habite, il ferme au-
tomatbiquement la bouche, serre fortement les
dents et rend quelquefois vains les efforts les
mieux concertés qu'on fait pour introduire quel'
que substance alimentaire, même sous forme li-
quide. Le mélancoliqueoppose aubsi dans certains-
cas une résistance extrême de la même nature ·,
c)Ie est d'autant plus difficile à vaincre, qu'elle
est fondée sur une idée exclusive qui semble
absorber toutes les fonctions de l'entendement et
être érigée en un principe invariable. Aussi ces

remarque en faisant un relevé exact des registres. Sar cent-dix


aliénés reçus dans l'hospice en t ~84, il en mourut cinquante-
sept, c'cst-à-dtre plus de ta moitié. Le rapport fut de g5 à~
t$t en t ~88. ~u contraire, durant t'an '& et L'an 3 dc Fere rë"
pttbHeaioe, il n'est mort que te huiHum&dunombre total.
amènes Ruissent-ils quelquefoispar tomber dans!e
jnnarasme et la consomption qui leur deviennent
bientôt funestes.
y5. Une femme active, industrieuse et d'un ça"
factère très-doux, cherchoit à réparer, par uu tra-
vail assidu et la conduite la plus irréprochable, les
désordres d'uu mari livré au jeu, à l'ivrognerie et
à la débauche la plus effrénée. Tous ses e~orta
furent vains après quelques années, elle finit
par tomber avec ses enfans dans la plus grande
détresse: de là un découragement extrême, les
chagrins les plus profonds, et de vaines lueurs d'es-
poir cherchées dans une dévotion douce et af-
fectueuse le sommeit se perd, la tête s'égare et le
refus absolu de toute nourriture indique le projet
constant de se détruire c'est dans cet état qu'elle
fut conduiteà la Salpêtrière,et qu'on reçut ensuite-
de la part de ses anciens voisins, des témoignages
multipliés d'intérêt et d'estime pour ses quatitéa
personnelles. Elle fut invariable dans son projet de
trouver la mortdaus uue abstinence absolue, et ce
ue fut qu'avec des peines extrêmes qu'on parvint
quelquefois à lui iairc prendre un peu de nourri-
ture liquide avec un biberon. «Jouis du fruit de ta
conduite~ dit-etle à son mari, qui vint !avoir
quatre jours avant sa mort; te voi!à au comble
de tes desirs, je vais mourir ~<
76. L'idiotisme est quelquefois si complet, et
rétat de stupeur et d'insensibilité si marqué, qu'uu
5
aliéné de cette sorte n'a pas même l'mstMCt des
animaux. Une jeune fille de sept ans parott in-
sensible aux menaces comme aux caresses, et ne
distingue pas même de toute autre la HUe de
service qui lui apporte ses alimens. Qu*oa lui
donne sa nourriture, elle ne témoigne aucua
plaisir; elle voit aussi avec indifférence qu'ou la
lui enlève, même pendant que le besoin se fait
sentir elle ne paroit reconnoitre une substance
pour aliment qu'autant qu'on la met dans sa
bouche.
77. Une autre jeune fille regarde son dîner avec
plaisir quand on le lui apporte, et le maoge avec
avidité; qu'on feigne de lui enlever ses alimens,
c!!e pousse un cri aigu et fait même des gestes me-
naçans mais sa faim est-eue assouvie, elle voit
enlever les restes de sa nourriture sans aucune
prévoyancepour l'avenir.Je puisciter enfin t'exem-
ple d'un instinct bien plus développe c'est celui
d'une jeune idiote qui peut exprimer par des
sons articulés, la nature de ses premiersbesoins,
et qui demande à boire et à manger; est-elle ras-
sasiée, elle garde Icsalimensqui lui restent, s'irrite
si on veut les lui enlever, sait même que l'argent
est un moyen de s'en procurer; elle en demande
aux étrangers qu'elle voit, et elle donne les se-
cours qu'elle a reçus, comme un tribut de recon-
noissance, à sa fille de service.
78. Faut-Ujeter un voile sur une passion effrénée,
non moins propre à former souvent un des carao*
tères distiactifs de faHéna~tion ? c'est dans l'un et
l'autre sexe une effervescence physique des or-
ganes gënérateurs, avec les gestes les ptus lascifs
et les propos les plus obscènes; elle tient d'autant
plus à une dispositton intérieure, qu'eue pe dure
qu'autant que la maladie. et que j'ai vu tes per~
sonnes les plus recommandâmes par ja pureté de,1
Jeursmcsurs, éprouver pendant un temps detter-
mïnéde leur état maniaque, ce rnpproche<nen<:
ma!oeureu~ avec des femmes de débauche, puis
revenir, lors de leur conyatesceoce, à !eur carac-
tère primitif de.réserve et d'une extre<ae décence.
J'a! vu cette affection se développer Jan$ des cas
extrêmesde iamanière suivante d'abord gaieté in.
aguiSaute, regard animé, recherche voluptueuse
dans la toilette, curiosité inquiète, <re!nbtem.ent:
des mains, douleurs sourdes à la tnatr!ce, chaieur
brûlante dans l'intérieurdesseins,mon! JIté exjLrême
des yeux, impatience; l'accès est ators~ so~t plus
hautdpgt'é~ babil rempli de mots sajes et de propos
obscènes, vociférations,gestes provocateurs et mou-
vemens du corps les plus lascifs, tous les etnpor-
temcas effrénés et les Hiusious d'un délire erptique.
Cette fougue impétueuse cède à une répression
rendue nécessaire, et il succède un morne repos
ou plutôt un état de lassitude la maigreur est alors
extrême, et cette fureur utérine amène )'épuise-
meut, la stupeur et la démence; t'embocppiutse
rétablit par degrés.La maladie devient quelqueibts
pér!o~ique,et la vie se passe dansune alternatived'uh
égarement érotique et de l'apathie la plus stupide.
79. Un grand hospice, comme celui de la Sal~
pêtrière, ne peut qu'offrir des exemples nom-
breux d'un vice qui n'est que trop fréquent dans
tous les rassemblemens des personnes du sexe je
parle de l'onanisme dont la malheureuse habitude
a été souvent contractée avant la puberté, mais
que de jeunes personnes les plus réservées et les plus
décentes peuvent aussi éprouver par une suite de
~.l'excttat!on nerveuse qui distingue l'état maniaque.
Ce vice alors peut n'être que passager et disparoître
entièrement à la convalescence,comme ~'en ai va
plusieurs exemples; mais il peut aussi se perpétuer
et devenir une sorte d'affection chronique, ou
plutôt se communiquer par une sorte de contagion
àd'autres aliénées~siuneextrémesurveulancen'em-
pêche le progrès du mal. Cet état devient quelque-
fois si Invétéré, qu'on voit des aliénées tomber
dans une sorte d'abrutissement stupide, ou dans
le dernier degré d'épuisement et une véritable
consomption. Veut on réprimer cette espèce de
fureur aveugle par le s;iieL de force, l'aliénée
s'irrite, s'emporte et trouve mille expëdiens pour
rendre nulles les précautions qu'on a pu prendre.
C'est durant l'hiver surtout qu'on voit les malheu-
reuses suites do ce penchant, puisque le scorbut
qui accompagne alors cet état de dépérissement
finit par être funeste.
80. On présume bien qu'un autre vice contre
nature, et qui demande le concours de deux per-
sonnes du sexe également débauchées, a lieu
aussi dans les hospices d'aliénées, et qu'o.t voit
Naître quelquefois ces liaisons étroites for-
mées par la dépravation des moeurs et vouées
sous les faux dehors d'une inclination natureUe et
amicale c'est au sur veillant à être toujours en
garde et à empêcher cette communication de vices
qui peuvent infecter de jeunes personnes récem-
ment entrées dans Fhospiceavec toute la simplicité
des mœurs et la candeur de l'innocence.
8 r. De pareils vices sont un des grands obsta- t
cles à la guérison de la manie, et lors même qu'on
est parvenu à dissiper ses symptômes les plus
violens il succède une débilite plus ou moins
marquée de la raison, ou plutôt un état de démence
qui, joint au dégoût du travail et à d'autres pen-
chans pervers rend les personnes incapables de
t'emplir lesdevoirs ordinairesde la société, et lescon-
fine pour jamais dans les hospices. Toute pudeur
est alors. éteinte le vice se montre à découvert,
et on voit ces malheureuses victimes de la débaa-
che tenir les propos les plus dégoûtans, et se jouer,
de tous les moyens de répression qu'on peut
prendre: aussi ne reste-t-U plus qu'à les confi-
ner dans dcsioges écartées,et à les laisser se ploNge~
f/~o~f
Il.
dans toutes tes Mtctës que ieurhnagïnatton abrutie
teur suggère, &ans infecter les autres par leur
exctnpie.
IL
perception des objets extérieure
dans l'aliénation.
82. L'invasion pr!tn!t! fe ou ïe retour des atta-
ques de manie peut offrir de grandes vanétés
mais c'est dans l'expression et les traits de la face
q~e ce changement est fot'ternent prononcé, et
que ra!!éné exprime au dehors son état tntér!ew
il tient quelquefois sa tête ievëè et ses regards
~xës vers le ciel; il parle à voix basse, se pro-
mène et s*artë<e tour à tour avec Fatr d*ua re.
çue!! tcmcnt profond ou d'une admiration ra!soo-
née. Dans certtnns cas son visage est rouge, ses
yeght'ds éhnreians, et il se livre à une loquacité.
t~arMsahte; trautrcs fois son visage est pale, ses
tt'ahs décompose' avec uu regardincertain et égaré,
comme dans i'tvresse produite par un excès do
boisson. Peu peu le spasme gagne tous les OMS.
cles de Ïa face et ini donne plus d*express!on;!e
regard devient fixe et menaçant, les paroles, le
ton de la voix, h's gestes portent le caractère do
l'emportement ou d'une fureur aveugte.
83. On fait le plus souvent de vains efforts pour
connaincre un mélancolique et Je détourjuer d'un
enchaînement exclusif d'idées qui l'obsèdent et le
dominent; il reste comme concentré dans lui-même,
et les nouvelles impressions reçues sur les organes
de la vue ou de l'ouïe, ne paroisscnt nullement
transmises an siège de l'entendement son regard
est sauvage, sa contenance morne et silencieuse,
et son visage est livide et décharné il ne se
nourrit pour l'avenir que de présages sinistres; il
recherche avec passion Ja solitude, et des soupirs
profonds sont des signes non équivoques de ses~
idées tristes et de ses angoisses extrêmes; il semble
donc étranger à tout ce qui l'environne, ne voit
rien, n'entend rien, reste conceott'édans les idées
particulières que lui retrace sa mémoire, et se livre.
à toutes les émotions qu'elles font naître.
8~. La démence et l'idiotismene sont pas toujours
marqués par une physionomie inanimée et sans ex.
pression. Je puis citer l'exemple d'un enfant de sept.
aas,rédu!tàunidiotismecomp!etetqui.ades couleurs
vermeilles, les cheveux et les. sourcils noirs, une.
c&treme vivacité dans les yeux et toutes les appa~
rences d'un entendement sain. J'ai remarqué auss~
quelquefois un regard vif et animé et un visage
riant, avec une absence presque totale d'idées. Une
autre jeune nlle est dans un cas contraire;
elle
avoit éprouvé à l'époque de la. deuxième dentition,
des mouvemens convulsifs répétés qui lui faisoient
perdreFusagede la parole et les fonctions de l'en-
tendement le regard est sans expression et la v~o.
~xe sans être dirigée exclusivement sur un objet
unique. existe quelqueC~is une sorte de discor.
dance entre la vue et le toucher, qui ne se dir!"
gent point ensemble sur un objet dont la nouveauté
semble d'ailleurs iixer l'attention. Un idiot que
je conçois regarde d'abord une image peinte ou
un corps solide qu'on lui offre; mais il y porte la
<na!nd'uoair gauche et comme si Faxode Ja vision
n'étoit nullement dirigé sur cet objet; sou regard
même reste alors errant ou se porte vaguement.
vers ]a parue de la chambre la plus édnirëe la
sensation qui en résulte ne peut qu'être trcs-obs-
cure ou nulle.
85. Les fonctions des organes des sens peuvent
être lésées suivant les diverses causes qui ont dé-
term!ué un état de manie, comme l'habitude do
Tmtempérance~ des excès d'application et d'étude,
un état d'hypochondrie dégénéré en manie, et
ces lésions peuvent être alors compliquées avec
des douleurs de tète, des étourdissemens et des
vertiges mais en général la vue et l'ouïe sont:
d'une susceptibilité extrême dans la~manie, et les
moindres impressions suffisent pour lés exciter:
aussi l'expérience apprend que dans l'état aigu de
cette maladie, les aliénés doivent rester isolés et
dans un endroit obscur et silencieux jusqu'au réta-
blissement du calme.
86. La sensibilité de l'ouïe en particulier paroit
obtuse Jansccrtainscas d'idiotisme,puisque i'altén~
ne peut être revetllé de sa stupeur que par des
sous propres à exciter en lui le sentiment de la
surprise ou de la crainte, ou qui se rapportent &
ses premiers besoins. Mais on remarque aussi quel-
quefois des variétés singulières, et j'ai vu une
mile de sept ans, dont l'organe de l'ouïe est très-
sensible à l'impression des sons et même au moin-
dre bruit; mais elle ne parpît point distinguer les
sons articulés ni les divers tons qu'on peut prendre
avec elle, celui ~par exemple, de l'emportement,
de la menace ou d'une bienveillance affectueuse.
87. Iï semble que tout se borne, dans plusieurs
cas d'idiotisme ou de démence, à une impression
physique sur l'organe, et qu'il n'en résulte point
pour l'entendement une vraie perception. Une
aliénée de cette sorte que )'ai sou vent observée, a
les yeux hagards et tourne sa tête avec rapidité
eu divers sens; elle ne répond rien aux questions
qu'on lui fait, ne parle point ou ne laisse échap-
per que quelques monosyllabesinsignifiantes elle
ne marque d'ailleurs, paraucun signe extérieur, ni
desirs,ni répugnance, ni colère, c'est-à-direqu'elle
paroîtsans passions commesansidëes ,et elle estcon-
tinueUemeot agitée sans motif et sans aucun but
direct. Une autre jeune fille parvenue à sa seizième
année, est comme dans un état d'enfance; ses
seins et ses organes sexuels ne sont nullement;
développés; elle reste constammentdans son lit,
les membres (ledits~ la tcte penchée surlapoi"
trine, et tout le corps dans un état continuel d a~-
tation elle répète d'une manière automatique le
nom de maman, sans attacher aucune idée à ce.
terme, et sans paroitre rieu comprendreaux ques-
tions qu'on lui fait sur sa mère. Que! sera le résul-
tat de cette enfance prolongée ?
88. La manie peut se marquer, non par une pri-
vatton totale d'affections moraïes et d'idées, maïs
parleursuccesstun rapideet!eurinstab!I!téextrême.
Une jeune fille de vingt-deux a~s, qu'un amour
malheureux a jetée dans l'égarement de la raison,
conserve encore toute la vivacité du regard et
passe avec la rapidité de reclair d'une !dée à une
autre tout-a-fait différente: ce sont quelquefois
des expressions tendres et pleines de décence
puis des propos obscènes et une provocation non
voilée aux plaisirs de l'amour, un instant après
c'est toute la bouffissure de la vanité et un ton de
hauteur et de commandement; bientôt eUe croit
être reine, sa démarche est fière et majestueuse
et elle regarde avec dédain ses compagnes d'in-
fortune avis, remontrances tout est inutile
e!!e ne paro!t rien entendre, et cédant aux de-
sirs fugaces du moment, elle court quelquefois
avec rapidité, chante, crie, danse, rit; frappe
ceux qui l'environnent, mais sans dessein et sans
malice, et s'abandonne a toutes ces petites ex-
travagances avec l'instinct d'une sorte d'enfau-'
~Uage.
Sg. Les idées des maniaques, quoique marquées
par ia bizarrerie, et quelquefoisune extrême insta-
bilité, prennent le caractère que donné la démence,
dis-
sans compter.d'ailleurs.leur8autres diftcrcoces
tinctives.Quelques uns de ces aliénés, dansleurétat
d'agitation, répètent saos cesse le même mot et
semblent se renfermer des mois entiers et même
des années dans cette sphère circonscrite. D'autres
fois l'aliène change chaque jour d'objet, et il
s'arrête te matin sur une idée pat't!cu!ière ou une
certaine série d'idées, qu'il répète sans cesse
durant la même journée avec des gestes et des
mouvemens correspondaos à l'idée dominante
dans ce cas, les sensations semblent se former à
une impression physique. Ou remarque alors une
sorte de contraste avec d'autres maniaques qui
parlent et répondent avec justesse, et qui sem-
blent concilier les deux extrêmes opposes, l'agita-
tion on la fureur avec l'encha!hcmentle plus im-
médiat. entre les idées. Une autre variété de la
manie assez fréquente est celle où l'aliéné, au.
milieu même de ses divagations et de sou délire,
est susceptible de fixer son attention sur un objet, et
d'écrire même deslettrespleinesdeseosetde raison.
Eunn dans d'autres variétés ou d'autres périodes de
la même aliénation, les propos les plus absurdes
et les idées les plus incohérentesse succèdent d'une
manière tumultueuse, et disparoisscnt à mesure
qu'elles sont produites, sans qu'il eu reste aucune
trace. Je fus requis Fsnûée dernière de constater
ï'état d'aliénatiou(Tun'bommeparvenuauretourde
Fage et dans un état inv~ér~de manie je le trouvai
dans un jardin spacieux o~n il avoit la liberté de
se promener, et montes les qj~estious que je pus
lui ia!re devinrent mûries; !1 smvutt. toujours les
idées dont son eotendc~ent étoit X~sa~It, comme
s'il n'eût reçu aucune sensation, 'jfamot il nïar-
motto!t à voix ~assc des sons inar~cuMs, d'autres
fois il fixoit sa vue sans but et sans dessem sur
un objet particulier, ou bien il poussoit des cris
perçans, sembloit repousser une attaque et faire
des menaces. On remarque en général qu'il devient
violent et emporté quand on le contrane mais u
pourvoit lui-même à ses besoins est d'ailteurs re-
cherché dans sa parure, et sa conduite est régulière.
oo. Les idées peuvent être vives, claires ou
confuses, suivant les diverses périodes de Ja
manie; souvent après les premiers temps, lors-
que cette maladie est encore dans toute sa force
et que Fanéné conserve le sentiment de son exis-
tence, les pensées les plus saillantes, les rappro-
chemens les plus ingénieux et les plus piquans,
t
distinguent ses propos; il se p!a!t à disputer et à
contredire les autres, et il relève avec finesse tout
ce qu*on lui dit d'inexact ou d'irrégulier; raconte-.
t-il quoique événement, il s'exprime avec feu e&
.il prend l'air surnaturel de l'inspiration et de l'en-
thousiasme. A mesure que I'ci~rvcsccnceseca!mc,
l'aliéné prend un ton plus rassis et ses idées se
succèdent et se renouvellent avec plus de calme
mais avec moins de vivacité et d'énergie ses
gestes sont moins expressifs, mais plus naturels
et plus vrais; il souffre plus patiemment les con-
tradictions il n'est plus aussi sujet à s'emporter~
s
et on voit la raison reprendre à
peu peu son em-
pire. Matssila manie est compliquée avec des pré-
ludes de l'apoplexie, ou si elle menace de dégé-
nérer eu démence, les idées paroissent être con-
~uses~ un objet est souvent pris pour un autre
très-diffërent, et quelquefois même le lieu qu'on
habite n'est point distingué d'un autre plus éloi"
gné; le moindre calcul numérique devientembar-
rassant ou très-sujet à erreur, et on ne peut ap-
précier la valeur de certaines pièces de monnaie
ou parvenir à les compter, que dans quelques cas
très-simples. On n'a pas des idées moins confuses
de diverges époques de sa vie, et on est sujet
à joindre les plus anciennes avec celles. qui sont
les plus récentes. Les moindres phrasesdeviennent
tronquées par des omissions involontaires, et on
est souvent à deviner quels sont les objets dont
l'aliéné nous entretient, ou quelle est la liaison qui
les rapproche.
ÏIÏ.
Z~.M<~ de la pensée dans l'aliénation.

ût L*entendetaeutc!el*hotnmesa!nesteogéneral
susceptibled'une ibnction très-active,celle de s'arré'
ter exclusivement sur un objet qui fait une impres.
Ston vive sur les organes des sens, ou dont la mé.
mo!re lui retrace rimage. CcHe attention peut être
continuée pendant un tempsdéterminë, suspendue
et rfnouvpiëe 9 plusieurs reprises; elle se déve-
loppe por la culture, rend les idées plus nettes, la
mémoire phts (:dè!e, et communiqueau jugement
plus de tôt ce et d'exactitude aussi devient elle
le fbndentcut le plus solide de nos connoissances
acquises et des productions du génie. Le concours
d'une forte passion, de l'amour, de Fambition
de la haine lui communiquent une nouvelleétter-
g<e, et c'est là le mobile de tous les grands evé-
nemens qui ngurcnt avec tant d'éclat daus l'bis-
toire de l'espèce humaine.
02. Dans le plus haut degré d'Intensité de la
manie, et lorsque l'entendement est assailli par
une succession rapide d'Idées les plus Incohérentes
et les plus tumultueuses, l'attention est entière-
ment détruite, de même que le jugement et le
sentiment intérieur de sa propre existence. L'a-
Uéné, incapable d'aucun retour sur lui-mème,
1
ignore toutes ses relations avec les objetsextérieurs.
On observe en lui par ses gestes et ses propos un
autre ordre d'idées que celles que pounoicnt ~aire
naître des impressions sur les organes des sens; et
ces idées sans ordre, sans liaison scmbtent naiu'c
d'une manière automatique, se montrer et dispa-
rostre à instant, et suivre comme un torrent leur
cours impétueux. Je pourrois citer pour un exem-
ple de cette sorte, un homme dont j*ai été requis
depuis peu de constater l'état moral. J'ai eu beau
lui ia!re différentes questions, ainsi que deux de
ses parens qu'il avoit autrefois chéris tendrement;
il prononça sans ordre et sans suite les mots arbre,
c~M ciel etc., en détournant ailleurs la
vue; il marmotta ensuite à voix basse des sons inar-
ticulés, puis élevant tout à coup la voix avec le
ton de la colère, et fixant sa vue vers le cieï, il
poussa des cris perçans, revint enfin calme peu
après, sans cesser de parler de la manière la plus
incohérente sur des objets imaginaires.
93. On peut citer sans doute plusieurs exem-
ples d'un trouble plus ou. moins grand dans les
fonctions de l'entendement,qui empêche les ma-
niaques d'arrêter leur attention sur aucun objet
déterminé; mais dans plusieurs cas aussi de manie,
quelques écarts de l'imagination n'empêchent point
les aUéncs de mettre de l'enchaînement dans !a
plupart de leurs idées, et de se concentrer avec
force sur quelques-unes d'entre elles ils rai-
sonnent, ils discutent leurs intérêts demanJenC
souventavec instanced'être rendus à leurs familles~i
et ils répliquent avec justesse aux objections qui
leur sont faites. Quelques uns même sont si
susceptibles de fixer leur attention au milieu de
leurs divagations chimét'!ques qu'ils peuvent
écrire à leurs parens ou aux autorités constituées
des lettres pleinesde sens et de raison (t\ J'enga-
geai un jour un d'entre eux, d'un esprit très-
cultivé, à m'écrire pour le lendemain et cette
lettre, écrite au moment où il tenoit les propos
les plus absurdes, fut pleine de sens et de raison.
Oh sait enfin qu'une des variétés de la manie qu'on
appelle dans les hospices folie y-~o/M~~e est
marquée surtout par la cohérence la plus extrême
dans les idées et la justesse du jugement; l'aliéné
peut alotsiire, écrire et rëuéchir comme s'il jouis..
soit d'une raison saine; et cependant il est souveut
.susceptible aussi des actes de la plus grande vio-
lence. J'en ai vu quelques-uns conserver J'ha-

(t) Un orfèvre qui avoit l'extravagance de croire qu'on


lui avoit change t~tc s'infatua en même temps de la chi-
mère du mouvement perpétue! on lui accorda t'usage de
ses om!!s que ses parens curent soin de !ui envoyer, et il se
livra au travail avec la plus grande ohstmatiou. On imagine
bien que la découverte projetée n'eut point !icn mais il
en
résulta des machines u-cs-ingënietMet, fruit nécessaire det
combinaisons tes plus profondes.
bitude de déchirer tout ce qui tombe snus leurs
mains, comme leurs vêtcmcns ou les couvertures
de leur lit, avec une sorte de fureur aveugle.
g~. Un autre excès à combattre ou plutôt un des
attributs particuliers de l'aliénation mentale, est!
t'auentiondesmétancoliques nxée nuit et jour sur
un objetcirconscr!t,~ansqu'on puisse la détourner
nilleurs, parce qu*eUe est toujours accompagnée
de quelque passion vive,t comme la colcre~ la
haine, un orgueil blessé, un désir de vengeance i
ou bien un chagrin profond, un dégo&t extrême
de Ja vie, ou même un penchant irrésistible an
suicide. Une pareille attention, qu'on ne peut ni
suspendre ni diriger à volonté, semble' être pure-'
ment passive, et elle peut être excitée par les
regrets d'un bien qu'on croit avoir perdu, d'uue
persécution directe dont on se croit la victime,
d'un état de détresse qui n'existe que dans l'enten-
dement, ou de toute autre idée fantastique. Sou-
vent aussi ce délire exctusif tient à des terreur~
religieuses à l'idée d'un Dieu vengeur et mexo~
râblé, et à celle d'une punition éterueUe qu'on
croit avoir méritée*De là vient la difficulté extrême
de dissiper ces sombres illusions et de gagner
par ses propos la coonancedu mé!anco!ique, tou-
jours disposé à mettre en opposition avec les vains
discoursdes hommesla volonté invariable de FÊtCe
suprême.
g5. L'homme qui est le.plus susceptible d'atten.
6
tion peut éprouverde grandes différencessuivant la
culture de sou entendement,et; de grandes variations
suivant les vicissitudes de la constitution atmosphé-
rique, des saisons, des climats, de la manière de
vivre, des affections morales et de la. plupart des
maladies. Mais un des caractères constans de la
démence et de l'idiotisme est~de rendre l'homme
absolument incapable de cette fonction active, et
de contribuer puissammentu l'état de nullité dont
il auroit à gémir s'il étoit capable de se conuoitre.
g6. Un jeune homme dont j'ai été requis de
constater l'état moral, est parvenu à sa quator-
zième année etporledepuis sa plus tendre jeunesse
Ja disposition la plus extrême a des distractions va-
riées. Les impressions faites sur les organes ont
lieu à l'ordinaire si on parvient à fixer son at-
tention mais il ne conserve qu'un instant ces itïf*
·
pressions et ce n'est que par leur répétition
iréquente produite par un objet, qu'on peut lui en
inculquer l'idée; tout ce qui lui paroit extraordi-
naire se grave mieux dans sa mémoire, et ce
n'est qu'avec une difnculté extrême qu'on est
parvenu à lui apprendre à lire et à écrire.
97. Certains maniaques très-rugueuxpeuvent
encore conserver toute )a liberté de la pensée, et
Ëxer leur attention sur un objet déterminé. Ceux
même qui sont très-agités et sujets à des divaqa-
itbns, peuvent considérerattentivement des objets
conformes à leurs goûts, et manifester d'une
ma-
tnèt'c passager tout ce qui distingue une raison
saine; mais en gênerai une mohitité extrême porte
ïe maniaque a passer avec rapidité d'un objet à
un autre, souvent très incohérent avec je pre<-
miet', et le dédin de ~a maladie s*aanonce par
une facilité plus marquée de rédécbir d'une ma-
nière suiviesur toutcequ' !u!importecïccoouoitre,
on de se livrer même à un travail soutenu et c'est
alors que la convalescence fait des progrès ra-
p!des u'a-t on pas dans ce cas tes mêmes principes à
suivre que clans l'éducation des enfans ? Quelque-
fois des cspnts e~celiens ne semblent nullement
susceptibles d'un développement heureux par la
maladresse de leurs instituteurs, la sécheresse de
leurs principesou leurs formes rebutantes. On ob-
serve dans les hospices que les aliénées qn! avoient
contracte dès leur jeunesse le goût de la couture,
reprennent facilement leur anoenne habttude au
déclin de leur maladie et sont susceptibles d'ap-
pliquer leur attention à ces travaux sédentaires
qui n'mspu'ent que du dégoût & d'autres iemtnes
de.la campagne accoutuméesà une vie ïaboneuse
et aux pénibles soins de ragricu~ture aussi ces
dernières restent-elles apathiques et inactives t
s'avancent à pas lents vers le terme dt'sirë (ïc la
"convatescence ou peuvent devenir .~ncuraMes.
Que d'obstacles on éprouve d'ailleurs au rétaîjtis-
sement de la raison des personnes riches, livrées
à des goûts frivoles dès leur jeunesse et iucapa'
Nés de s'appliquer à la culture des beaux-arts on
à Fétude des sciences physiques

IV.
Lésions de ~Z mémoire et principe de l'asso-
ciation des idées dans ~cf(OM.
g8. Une extrême vivacité de la mémoire comme
son état delangueur par différentes causesphysiques
ctmoraïesetdans diverses maladies, ne doivent point
€Btrer!cleucons!déraUoo.Je dois seulement remar-
quer que~des idées antérteurespeuvent être repro-
duites dans l'entendement de deux manières très.
différentes l'une, par une sorte de disposition in-
térieure, sans le concours de la voïonté, et quel-
quefois en dépit des efforts qu'on fait pour les
écarter; l'autre, qui est proprement active, est le
pouvoir qu'a l'entendementde rappeler certaines
idées antérieures, par leurs rapports divers ou
leur liaison avec d'autres objets connus et présens
à la mémoire, ce qui revient au principe de l'as-
sociation des idées, admis en général par tous les
auteurs qui se sont occupés des fonctions de l'en-
tendement humain (i).

(t) Des perceptions regues en même temps, et d'autres


qui leur succèdent dans un ordre régulier, peuvent former
une associationnatarelled'tdées, et sont souvent réunies en-
<t'mMe daas t'entcndcment mais nous avons aussi le pouvoir
go. II peut survenir dans l'aliénation des asso-
ciations d'idées singulières qui peuvent donner
lieu aux erreurs les plus graves, ou aux illusions
les plus puérites. L'objet exclusif du délire d'une
dame mélancolique est le Démon, quoique d*a!l-
leurs, sous tout autre rapport, son entendement
<ott très-sain; elle grondera ses domestiques pour
avoir assisté à un jeu de marionnettes, sous pré-
texte que le démon intervient dans cet amuse-
ment populaire. Elle avoit fait venir des meubles
par la Seine; mais arrivés dans son habitation elle
refusa de les recevoir, et foroa son mari de les
vendre comme ensorcelés, sous prétexte qu'ils
avoient passé sous le pont de Chatou, que le peu-
ple dit avoir été bâti par !e Diable. Une opinion
populaire a fait croire qu'il avoit existé autrefois
des sorciers à Louviers, etdèslors ia dame a interdit
à son mari toute espèce de négoce avec les habi-

de détacher une ou plusieurs perceptions on idées de celles


qui leur étoienta!)!ccs, et nous leur trouvons une autre p!ace
dans une nouvelle combinaison qui sera d'autant plus solide-
meut établie, que ce rapprochement sera tbode sur un grand
nombre de rapports c'est ce qu'on appelle austra!rc, et ce
qui est !e fondement des méthodes ~ar!ëes de classification
usitées en histoire naturelle et par conséquent en médecine.
ï<c mot <c~o/z~ dans ce cas, est loin (l'indiquer une opé-
ration primitive de l'entendement, comme des auteurs an.
glais et français l'ont imagine, puisque c'est une suite néces-
saire du principede l'associationdes idées.
tans de cette ville. Si dans une société où elle se
trouve on vient M prononcer Je nom du Diable
elle se troubleaussitôt, rougit et pâlit tour à tour,
et c'est pour elle uu signe du plus sinistre pré-
sage.
100. Une dame de soixante ans, à la suite d'une
contention d'esprit long-temps continuée, est
tombée dans une sorte de mélancolie singulière,
t
qui consiste a associer une Idée de sorcellerie à tout
ce qu'elle voit ou entend elle pense que tout l'or
et l'argent qu'elle possède, qu'elle reçoit ou qu'elle
donne, est faux et de nulle valeur, que tous les
aiimensqtl'eUe prend sont trop épicës, que tout
ïe monde s'entend pour la tromper, et que tout
ce qu'on lui promet ou qu'on !ui raconte e~t coh'.
traire à )a vérité, qu'en un mot tout n'est, dans
ce bas monde, que fausseté et mensonge.
toi. Toute cohérence, toute association d'idées
semblent détruites dans la plus haut degré de la
manie de plusieurs aliénés; ils passent avec rapi<
dité d'une idée à une autre t~ueiqueibis très-éloi-
gnée, et les propos qu'ils tiennent offrent sou-
vent des Contrastes inattendus et très-singuliers,
ou un assemble confus qui correspond pleine-
ment au désordre de iteurs idées. Uu maniaque
que j'observois sans qu'il s'aperçut d'aiUeurs de ma
présence, prononçoit tour-u-tour les mots épée,
soleil c/M~ï~ etc..rdpoudoit avec volubilité
et colère à uu interlocuteur qu'H croyoit voir dans
les airs, poussoit des cris perçans, parloit à vùlx
basse, s'emportoit,rioit, chantoit et montrbit en
tout la mobilité la plus versatile ~t la plus incohé-
rente c'est d'ailleurs !e partage de plusieurs alié-
nés qu'on voit chaque jour dans les hospices.
102. La mémoire, comme toutes les autres fonc-
tions de l'entendement, paroît suspendue durant
Ict v!o!cncc de certains accès de manie, et ce n'est
qu'à leur déc'iin qu'elle parot!. reprebdt'eson libre
exercice. Il ne reste plus à l'aliéné aucun souve-
nir de son délire ni de ses actes d'extravagance~
et il ne peut concevoir avoir resté aussi long-
temps à t'hospice que t'attestent, les registres.
Une jeuue fille avoit été élevée dans Ja maison
d'un de ses oncles qu'elle chérissoit, et qui lui
annonça un projet de mariage qui paroissoit réunir
toutes les convenances comme c'étoit l'époque de
son écoulementpériodique, elle en fut si troublée
€t elle éprouvaunes! forte commotion dans la tête,
qu'e!!e s'écria avec vivacité M~M je crois que
le </eMe~ ~o~. Elle tomba bientôt; par le cha-
grin dans Un état de stupeur et d'aliénation qui
là fit conduire à l'hospice des aliénées de la Sal-
pctrière elle sembloit avoir entièrement perdu.
l'usage de la parole, restoit accroupie une partie
du jour dans un coin de sa loge, sans paroïtre dis-
tinguer le lieu qu'ejle habitoit, et sans avoir aucun
sentiment intime de sa propre existence. lïe succès
du traitement devenoitdeplusenpiue douteux pen*
~ant ïe cours de l'année, lorsque sa raison corn"
mença à se rétablir par degrés, et cette aliénée avoit
alors tellement perdu !e souvenir de son ctatantë~
rieur, qu'elle soutenoit n'ctt'centrée dans l'hospice
que depuis six semaines, époquede la cessation de
son délit e (t).
io3. On ne doit point dissimuleraussi que quel.
quefois !es a!!cnés conservent la mentpu'e do
tout ce qui s'est passé durant leur agitation jtou*
gueuse; ils en témoignent les regrets les plus vifs
lors de leurs intervalles lucides ou de leur entière
guënson, et ils fuient h rencontre de ceux qui les
ont vus dans cet état, comme si on pouvoit se re.
prêcher les suites involontaires d'une maladie. Uue
jeune aliénée éprouve !e matin, comme par accès
un délire maniaque,de manièrea déchirer tout ce
qui tombe sous sa main, et à exercer des actes de
violence contre tous ceux qui l'approchent, au
point qu'on est obligé de la coutenir par le gilet de

(t) 11est de notoriété publique qu'une dame a éprouve


Btcme révolution au moral après vingt-sept anttëes de re"
clusion et de manie. Son délire et sa fureur ont été conti-
pués durant cet espace de temps, au ppint de déchirer
ees vêtemens, de rester nue, et de se
barbouiller de saletés
!es plus dégoûtantes.Au moment de la ceMationde son délire,
eHe a paru sortir comme d'un rêve profond et a demande des
pouvelles de deux enfans en bas âge qu'elle avo!t avant sou
aliénation et elle ne poo.yptt concevoir qu'ils fuMcnt mar~
depms plusieurss anoëe~.
jbrce ce moyen de répression calme aussitôt sa
fureur; mais elle conserve un soutenir si amer de
sesempoftemens passés, qu'elle en témoigne lo
plus grand repentir, et qu'elle croit avoir mérité
la pucition la plus sévère.
fo.}.. On ne peut d'ailleurs trop admirer la va-
riété des modifications dont la mémoire est suscep~
tibic dans un accès quelconque de manie, et tout
ce qu'elle peut alors acquérir ou perdre d'énergie,
Un jeune homme, tombé dans cet état par. des.
excès d'étude, sembloitcouservertoute sa sagacité,
et en faire l'usage le plus heureux pour appro-~
ibndir la source de ses illusions. Les idées anciennes
se renouveloient alors avec une extrême vivacité.
au point de rendre très-obscures les impressions des
objets présens; il sembloit habiter un monde dif-
férent de celui des autres hommes, et il ajoutait.
qu'il lu! seroit impossible de se faire entendre d'eux.
tant qu'il.resterait soumis par une suite de Mitna-
ladie à ce nouvel ordre de choses (t).Dans .des ca&
semblables, le souvenir du passé semble se repro-
duire avec force,et ce qu'on avoit oublié dans des in-~
tervaUes de calme se renouvelle avec les couleurs

(t) Un attëné, guéri par le B'. Wït!!s en Angtetarro; &


fait ainsi tu! m&mët'htst~redes accès qu'il avoit éprouva:
«J'attendois,dit-il toujours avec !mpatMMe faccpsd'agita-
~on, qui duroit dix ou douze ueures, ptusou ooias, parc&que
je jouissois pendant sa durée d'une sorte de béatitude. Tou~
me sembloit facile, ancua obstacle oc cï'arr&toït en th~or~
les plus vives et les-plus aDinoées, comme je m'ea
suis assure pïusîettt's ibis dans Ïes étaHissemens
puMfca on pafticuïtCM consaorés au traitement de
jt'aiienation tneataiC)
ro5. Une sorte d'aliénation et de délire qu!suc*
cêt!eauaeat(airjUed'apopiex!e, eatra{ne presque
toujouM une diminuttoo plus ou moins notable
ou une perte de la mémotre. Cette lésion peut
aussi se boftief aux termes qui servent à exprimer
Jëstdées. Unnûtau'e pour ~({ue! ~u détnàndamon
àv!6, avoit oaM!e, à la suite d'une attaque d'apo-
pÏexie~ son propre nom, celui de sa Icmme, de
ses eH~tuS, dé ses amis, quoique d'a!!ieurs sa ~aH-
gue jouï!: de tout~e sa tnobiiïtë il ne savo!t plus ni
lire M ecrirû~et cependant il paro!sso!tse ressou.
venir des objets qùtavoient autrefois &it.!mpr€s-
6!o~u)Mes sens etqu{ Soientre!at!&&sa profession
de aota!re. Otï~'a vu dëstgner avec les do!~ts des
de~!efsqu!re<t&:rmo!6ntdcs aetës ou contrats qu'ou
aepouvott ret~ouvep, et: !nd!~uer~ p«r d'autres
stgoes~ qu'ti~coi)SiBrv<M<.rahc!enae chaîne de ses
idées~ .)")t:
jo6. L1d!otMme'ofÏre encore une ëbitteratiun
ni ptêntB on rëa~t~ tn&< nt~hotre acqn~rQtt tout & coup une
pet'&ctMnsihgaHëi'ej {ëme reppé!<)isJë!oog9~Msag!Mde~
aute)M'Slatu!s: j'aïpemep<mrt'ordtna:r6àMttvet' dea rimes
dans t'oc<sMtoa,:et'j'~crtvosator8en vers ausa{ rapidement
qu'en p~osc. J'dtOts M<ë et m~nie ma!!n, tbrtite en expédient
d& to~Eeeorté. ( ~~t'o/Ac~/e ~/7/<M~~e. )
plus marquée de la memotre, et eu puis Citer
pour exemple un jeune homme âge de seixe ans,
dont les organes des sens reçoivent les inopree-
sions des, objets extérieurs, mais qui ne peut nu!-
lement en conserver les idées, eh sorte que l'ins-
tant d'après tout est mis en oubli rien ne paro!t
fixer son attention, que ce qui sé rapporte & ses
premiers besoins. Qu'on l'irrite, qu'on le menace,
il crie il s'éloigne en tremMant mais il revient
aussitôt, et il paroît avoir tout oublie, il répond
nux questions simples qu'on lui fait sur le même
ton qu'on a pris avec lui niais II ne peut com"
jparcr deux idées entre cHes à cause de son dé-
faut de mémoire car si dans le moment de sa
faim, on lui oitre à manger, il paro!t incapable
de choix, et il préfère ce qui est le plus a sa
portée.
V.-
Lésions du /M~KCKf des ~K~
107~ « Après l'esprit demonde
discernement, dit là
de plus rare,
Bruyère) ce qu'il y a au ce
sontlesdianmnsetles perles~. Cette triste~érité
dont.ou trouve chaque jour desapp!!cationsdahste~
evënemensdcla vie civile, n'est pas moins remai'*
quable dans l'empire des sciences et des lettres,
puisque leur source pure est si souvent Injectée par
un alliage plus ou moins bixan'c de nctious, de
saiMtespuér!!esd'imaginat!ou,dûjactance.defausses
tdées ou de prétentions les plus exagérées. Mais je
dois me borner ici è des considérations des lésions
du jugement relatives à un état de maladie.
tp8. Au début, ou même dausiecoursd'un état
maniaque, on observe souvent un sigrand désordre
ou une succession si disparate entre les gestes, les
idées, les paroles, les traits du visage et les affec-
tions morales, qu'on a l'image la plus complète du
bouleversement entier du jugement comme des
autres fonctions intellectuelles. Il se joint quelque-
fois à ce dernier degré de délire,surtout parmi les
femmes) des mouvemensconvulsifs des muscles de
la face, des grimaces, des emportemensfougueux,
ou même, par intervalles, des cris percans ou les
vociférationsles plus bruyantes:c'est là le spectacle
qu'ofn'ect souvent !esëtaMissemens publics ou par-
ticuliers consacrés aux aliénés.
ïOQ. La lésion du jugementpeutse trouver aussi
avec un état de calme et les apparences d'un raison-
nement très-suivi c'est a!ors un rapport inexact ou
même ridicule entre deux idées très'éioignées.Un
aliéné de cette sorte, dont je d!rigeois!e traitement,
et qui habitoit une maison en vue du dôme du Val.
de-Grace, prétendit qu'il falloit transporter cet
edince dans le jardin des Tuileries, et que deux
hommes suffiroient pour opérer ce déplacement.
li croyoit voir un rapport d*ëga!ité entre la force de
deux hommes et la résistance qu'oppose cette
masse énorme. On avoit beau lui rendre sensible
par des exemplesl'immensedisproportion de l'une
à l'autre, en évaluant les poids de chacune des
pierresde ce vaste édi nce d'une manièreapprochée,
il continua de juger que l'entreprise étoit possible,
et il proposoitmême de se charger de l'exécution. Il
succéda bientôt des extravagancesd'unautre genre
le même aliéné se crut propriétaire de toutes les
forêtsdc la France, et signoit, à ce titre, des mandats
de plusieurs centaines de millions à prendre sur le
trésor public. Ses idées s'exaltèrentencore davan-
tage, et il finit par se croire le plus grand potentat
de l'Europe.
i io. Les hospicesdes aliénés ne sont jamais san&
offrir quelque exemple d'une manie marquée par
des actes d'extravagance,oa même de fureur, avec
une sorte de jugement conservé dans toute son in-
tégrité, si on en juge par les propos l'aliéné fait
Jes réponses les plus justes et les plus précises aux
questions des curieux on n'aperçoit aucune in.
cohérence dansses idées; il fait deslectures, écrit
des lettres comme si son entendement étoit parfaite-
ment sain, et cependant,parun contraste singulier,
il met en pièces sesvêtemens,déchire quelquefois
ses couvertures ou la paille de sa
couche, et con-
trouve toujours quelque raison plausible pour jus-
tifier ses écarts et ses emportemens. Cette sorte de
manieestsipeurarequ'on lui donnelenom vulgaire
defolie raisonnante.
nï.semblent
i~)n(~e
forte application et unecombinaiaoo pro*
Une
être ie constant du mc!an<
partage
cotique,et assureroient à ses ugemensun caractère
rare de justesse et de stabiMtés'il n'éto!t sans cesse
cutraîné par quelque affection morah qui le do"
miné, qui le rend exclusif et toujours propre à fran.
chir certaines limites. Uu homme d'un esprit cu!tive
et doue d'une heureuse mémoire, a fait une étude
si assidue des oeuvres de Condillac et s'en est telle.
ment pénétré, qu'H croit y trouver le germe et le
précis de toutes les autres sciences, et qu'il prétend
qu*ii faut brûler comme iouttics tous les autres
tivt'essurt'histoirc, la physique, la chimie et même
les mathématiques.Son imaginations'est de plus en
plusexattée, et il s'est cru i'euvoyé du Très-Haut
pour propager cette doctrine et la rendre univer-
selle sur toute la terre. Il s'attend, comme tous les
grands hop)mes, a être persécuté et un jour qu'un
le menaçoit, de le faire transjterer dans uue maison
J'atiénés, it parut s*ep réjouir, et ce fut pour lui un
sujet de triomphe « Tant mieux dit-il en souriant,
voilà maintenant,que mes ennemis me craignent,
et qu'us redoublent leurs efforts de haine et de
vengeance à mesure que mes principes se pro"
pagent sur je g!obe terrestre
112. Ono~peutcoocevoifïanatured'unecertaine
aliénation, qui est çptnme un mélange de raison et
d'extravagance,de discernementet d'un vrai délire,
objets qui semblent s'exclure réciproquement. Uu
aliéné dont l'égarement date de sept ans, connoît
pleineoient son état, et il en juge lui.mcme aussi
sainement que s'il lui étoit étranger il voudroit
faire deseftbrts pour s'en délivrer, mais d'un autre
côté il est convaincu qu'il est incurable. Lui fait-on
remarquerr!ucohërencc qu'U met dans ses idées et
de bonue foi; mais il ré-
ses propos, il en convient
ptxtue que ce penchant le domine avec tant d'em-
pire qu'il ce peut s'y soustraire; il ajoute qu'il ne
garantit point la venté des jugemens qu'il forme,
mais qu'il n'est pas en son pouvoir de les rectifier.
Son entendement est encore bien plus altéré soua.
~un autre rapport il se
croit au-dessus des règles
determinoit ~sc
communes, et il pense'que s'il se
rapprocher des autres hommes par sa conduite, il
faudroit d'abord commencer par faire des choses
extraordinaires, et qu'il en résulteroitpour lui-
même de grands maux, ou même des atrocités. Il
croit, par exemple, que s'il venoit à se moucher, son
mouchoir, que s'il tentoit de
nez resteroit dans son
se raser, il ne
pourroit se dispenser de se couper
la gorge, qu'ennn~upremier effort pour
marcher
fracturées comme sieliesétoient;
ses jambes seroient
de verre. Il se réduit quelquefois plusieurs jours n
les
une abstinence rigoureuse, sous prétexte que
alimens qu'il prendroit ne manqueroient point de
l'étrangler. Que penser d'une aberration du juge-
ment aussi soutenue et aussi singulière ?
n5. La faculté de juger, a ditunementunauteur,
est la même dans l*al!éné que dans l'homme doué
d'un entendement sain. Il eu est de même dans ce
cas, que d'un musicien de rile de Nootka comparé
à un élève du Conservatoire la faculté qui rap-
procheles idées par lenrs points de conformitéréels
ou apparens est la même dans tous les deux mais
ilsont différentes perceptions, et leurs jugemens
sont différens. Qu'un a!)énë juge «ue ïc gouver-
nement du monde est entre ses mains, que les sai-
sons obéissent à sa voix, qu'il peut dessécher à son
gpé te ueuvc duGange,etc.; il juge de cette manière
parce que les perceptions qui sont présentes a sa
pensée le forcent à tirer de pareilles conclusions.
L~errenrs du jugement ne viennent que des ma-
tériaux sur lesquels cette ~cu!té s'exerce. Si les-
faits sont en nombreinsuHisaot, ou que leur examen
ait été trop précipité, il ea résulte un jugement
faux et incorrect: et que d'exempleson en observe
chaque jour dans la société civile L'homme doué
de l'entendement le plus sain n'est-il pas sujet à ces
vices du jugement, s'il parle de ce qu'il ne connoit
point assez, ou s'il donne son opinion sur un point
qui demande, pour être décidé, plus de faits qu'il
N*en possède? Les perceptions fausses elillusoiresdo-
minent quelquetbis l'entendement des aliénés avec
tant d'empire, qu'ils sontentraînés par une force ir-
résistible à porter un jugementconforme à ce qu'ils
sentent à l'intérieur et qui peut tenir d'ailleurs
à un changement violent survenu dans l'état pby-
sique. C'est quelquefois par une répression éner-
gique qu'on parvient à s'opposer aux écarts du ju-
gement. Une jeune fille qu'un excès de dévotion
avoit jetée dans la manie, est dans un état d'extra-
vagonce et de fureur extrême. Elle donue lés ordres
les plus Impérieux, et à la moindre résistance à ses
volontés, elle invoque Je feu du ciel pour punir
les coupables; agitation, menaces, Imprécations
les plus violentes, tout l'irrite et provoque ses cm-
portemens. On la conduit dans une lo~e, et on lui
applique le gilet de force pour la conteuir. Quelques
heures après, le directeur de l'hospice vient la vi-
siter, et il la plaisatite sur sa prétention de faire
tomber le feu du ciel, elle qui ne sauroit se Jcii-
vrerd'un vêtement qui !a gène. Des Je soir elle de-
vient beaucoup plus calme, et dès-lors son traite-
ment n'éprouve plus d'obstacle.
11~. Au déclin de la manie, 06 Iorsqu*ene me-
nace de se terminer par la démence, ou observe
une débilité de jugement qui tient à une oblitéra-
tion plus ou moins marquée de la mémoire, à un
oubti très-prompt des idées qu'on venoit d'avoir et
des propos qui servoientà !es exprimer. On vient
de recevoir la réponse à des questions qu'onafaites,
et on les renpuveUe encore à plusieurs reprises et
avec une sorte de satiété. C'est une suite sans fin de
tracas et d'inquiétudes dans la vie domestique si
l'aliënéeesttrop tôt rcnd~eà sa famille; les moindres
objets qu'elle tient en ses mains sont replacés sans
7
ordre, abandonnésou repris tour'a-tour sans con"
server aucune trace du lieu où ils ont été déposés.
Oa confond les époques, on n'a que des idées va-
gues des distances, on associe les choses éloignées
avec celles qu'on a sous lesyeux; des evéuemensan-
teneurs et même étrangersaux objets dout on s'oc-
cuppe, viennent s'offrir à l'entendement, quelque-
fois mutilés ou ontièï'cmentdéngurésetaccompagnés
d'afïecttonsgaies ou tristes. Les ternies qui servent
à les exprimer sont alors périodiquement répétés
avec des éclats de rire immodérésou des pleurs et
des sons plaintifs, jusqu'à ce que de nouvelles im-
pressions sur les organes des sens servent à re-
pousser ces idées parasites. Combien le jugement,t
au milieu de ce chaos est foible et vacillant com-
ment comparer les objets entre eux et bien saisir
leurs points de conformité? Cette ~biblesse de ju-
gement se manifeste encore par la disconveuance
des épitbètes qui sont associées aux noms propres
sans ordre et sans discernement et toujours avec
des expressions les plus exagérées.
ïi5. Il est quelquefois très'dif6c!!e de distinguer
dans la démence ou l'idiotisme les signes de ~exer-
cice d'un jugement foible, des effetsdu pouvoir de
l'Imitation. Je ne veux point renouveler Ici une dis-
cussion qui s'est élevée dans le temps au sujet du
prétendu Sauvage de l'Aveyron, puisque le zèle
qu'on a mis à cultiver ses facultés morales est tou-
jours digne du plus grand éloge, et à quelque dis-
tance qu'on doive le placer des sourds et muets, il
n'importoit pas moins de donner tous ses soins &
développer sou foible entendement; mais peutoa
mëconnoitre toute la latitude que peut comprendre
Ïe pouvoir de l'imitation dans les enfans les plus
bornés? Une jeune idiote que j'ai eue souvent sous
les yeux, a le penchant le plus marqué et le p)a~
!rresist!blc pour imiter tout ce qu'elle voit faire en
sa présence; eUetë~te automatiquement tout ce
qu'elle entend dire, et elle im!t€ les gestes et les
actions des autres avec ia plus grande fidélité
et sans s'embarrasser des convenances. Une autre
aliénée de la même sorte exécute servilement tout
ce qu'on lui ordonne, sans juger d'ailleurs si ses
actions sont raisonnables ou extra vagantes elle
saute, rit.ou pleure à volonté, et fait toutes t~s gri-
maces qu'on lui suggère, co obéissant avec autant
de facilité à un entant qu*a un homme fort et
robuste. Un enfant d'un entendement très-borué et
qui a erré quelque temps dans les bois ou les ha~
meaux, a pu d'abord, pressé par la faim, se nourrir
d*a!!tnens grossiers, et puis s'accoutumer par de-
grés à des mets plus recherchés, passer enfin pro-
gressivement de l'usage du gland et des pommes-
de-terre crues, a celui des châtaignes, des tégumes
cuits, ou même de la viande sans qu'on puisse
en tirer desinductions très'favorables pour son~n-
tendement et ses moeurs sociales.
.E~o~M
VI.
affections morales propres <aM~

n6. Celui a regardé la colère comme i0n~


fureur, ou manie passagère (~/«ro/'&re~j~),
a exprimé une pensée très-vraie, et dout on sent
d'autant plus la profondeur qu'on a été plus à
portée d'observer et de comparerentre eux un plus
grand nombre d'accès de manier puisqu'ils se mon-
trent, eo général, sous la forme d'un emportement
de colère plus ou moins fougueux. Ce sont bien
plus ces émotions d'un caractère h'ascible que le
trouble dans les idées ou les siugutarités bizarres
du jugementqui constituent ces accès; aussitrouve.
t-o~'Ie nom de manie comme synonyme de celui
de fureur, dans les écrtts d'Arétée et de Cœlius
Auréliaous, qui ont excellé dans l'art d'observer.
On doit seulement reprendre la trop grande exten-
sion qu'ils donnoient à ce terme, puisqu'on observe
quelquefois des accès sans fureur mais presque
jamais sans.une sorte d'altération ou de perversion
des qualités morales. Un homme devenu maniaque
par les événemens de la révolution repoùssoit:
avec rudesse, au moment de l'accès, un enfant
qu'il chérissoit tendrement en tout autre temps.
J'ai vu aussi un jeune homme plein d'attachement
pourson père, l'outrager, ou chercher même à le
frapper dans ses accès périodiques. Je pourrais citer
aussi plusieurs exemples d'aliénés de l'un et Fautrû
sexe, connus d'ailleurs par une probité sévère du-
rant leurs intervalles de calme, et remarquables
~ndant leurs accès par un penchaut irrésisuble~
voler et à faire des tours de Ëioutetie. Un autre
insensé, d'un naturel pacifique et doux sembloit
tospire par le détnon de la malice durant ses acçès~
il étoit alors sans cesse daps une activité mal&
santo; il enfermoit ses cotnpa~nons dans lealoges~
Ips proyoquoit,les. frappoit, et suscitoità.tous propos
des sujets de quere,Me,etde r<xe. U~ autr~e exemple..
de cette sorte mente encot'e,~trc .connu; ~c'es~
celui d'un homme atjtemtd'tUneïnante përiodique-
tres-mvetérëe:ses accès durent, ordinairementh~j
à dix jours par mois, et semblent of~'ir le contraste;
le plus parfait avec sou état, naturel Durant ses<
ïntervalies lucides, physionomie palme, air doux, et,
réservé, réponses timides et pleines de justesse anx =
questions qu'on lui fait, urbanité dans lesmanières,
probité sévère ou, desir même d'obliger les autres,,
et vœux ardens pour guérir~de, sa~maladie~ ma~
nu retour de raccès, marque surtout par, une c€:r-
taine rougeur de la face, une chaleur vive dans la.
tête et une soif ardente, sa marche est prgc~pitée,
son ton de voix. est mâle et arrogant,, son~rogard.
est plein d'audace ,et il éprouve le penchant 1~ ~u~
violent àprovoquerceuxqui l'appEachent, à les.
exciter età;jBp battre ~contre eux ~'ec outrance,;
ï!y. Les exemples d'une manie avec fureur~
mais sans délire et sans aucune Incohérence dans
les idées, sont Ïoin d'être rares parmi les femmes
comme parmi les hommes, et ils font voir combien
ïes tëston!! de ïa voio'ntë peuvent être dist!nctes d~
celles de l'entendement,quoique souvent aussi eHe&
soient réunies. On ne peut songer sans bot'reur
à i'eKrayante énergie que peuvent contracter ces
penchais invoiontaires. J'ai eu autrefois sous ics
yeux, dans l'hospice de Bicétre, un maniaque dout
3o~mptofne8pouvo!eatpa!'o<treunesorted*ëoigme
suîvanties notions que Locke et Condillac ont don-
nées des aHënës. Sa manie étoit périodique et ses
accès se renouveloient rëgunèrement après des in-
terva!!esde calmé de plusieurs mois. Leur ïnva-
sibo ~ahnonçoit par le seutiment d'une chateur
brûlante dans rintericur de l'abdomen, puis dans
ia poitrine, et ënnh à!n face alors rougeur des
~éués, regard ëtince!ant, forte distension des veines
ctrde~arteresdetatéte;en6n, fureur forcenée qui
le- portoït, avec un peocbant irresistiMe, à saisir
tth instrument oo une arme offeusive pour assotn-
ïQëf~ïe premier qui s'otïroit à sa vue sorte de
combat !ntërieur qu'il disoit sans cesse éprouver
eutrë~hnpMtsion féroce d'un instinct destructeur
et ~hoFrenr profonde que lui inspiroit l'idée d'un
fbt~aibNu!Ïe marqued'ëgarefnent dans la mémoire,
nmagination ou ic jugement. 11 me faisoit l'aveu
durant son étroite réctuston, que son penchant
pour commettreun meurtre étoit absolument force
et involontaire; que sa femme, malgré sa tendresse
pourelle, avoit été sur le point d'en être la victime,
et qu'il n'avoit eu que le temps de l'avertirde pren-
dre la fuite. Les intervalles lucides ramenoient les
mêmes réMexions mélancoliques,la même expres-
sion de ses remords, et il avoit conçu un tel dégoût
de la vie, qu'il avoit plusieurs fois cherché, par un
dernier attentat, à en terminer le cours. « Quelle
)) raison, disoit-il, aurois-je d'égorger le surveillant
» de l'hospice qui nous traite avec tant d'humanité?
Cependant, dans mes momensde iureur, je n'as-
pire qu*a me jeter sur lui comme sur les autres,
et à lui plonger un stilet dans le sein~ C'est ce
)) malheureux et irrésistible penchant qui me ré.
du!t au désespoir, et qui m*a fait chercher à at-
» tenter à ma propre vie ».
ï ïS. Les affections morales, comme les fonctions
de rentendement, semMeot entièrement suspen-
dues dans certains accès de manie, et cette sorte
de stupeurapathique porte tous les caractères d'ua
idiotisme passager: regard nxe et sans expression,
immobilité automatique,point de parole, point de
geste expressif, et indifférence absolue pour toute
sorted'alimens. Dansdautrescas, l'aliéné-conserve
quelquelueur d'une raison vacillante, avec un air
d'étonoement il porte une vue égaréeet inquiète
sur tout ce qui l'environne, laisse échapper par
mtervalle quelques sons ademi-articules, quetquea
p!aihtes, et il manifeste uneagitatiou intérieure tou-
jours prête a éclater par quoique acte de fureur.
Dans une antt'e variété des accès de manie, on re-
marque un Hux et renux continuel d'affections et
d'idées gnies on tristes, des gestes menaçans ou un.
air de b!envet!!ancc, et ators les traits du visage
peignent alternativement, comme dans un tableau
mobile, des passions fugaces, i'espoir, la terreur,
la haine, le desir de la vengeance, qui se décètent
par éc!a!rs et disparoissent aussitôt sans laisser
aucune trace de leur existence. Cette variété de. la,
manie, considérée dans toute sa latitude, comprend
aussi les cas d'un babil intarissable d'une vo)u-
bUité extrême, de paroles incohérentes, avec des
retours irrégutlers et inattendus d'émotions les
plus vives et les plus emportées; enfin, rieu n'est
plus hideux que ïe spectacle de certains aliénés
quisembtent dominés parunesortede rage aveugle,
et qui se répandent, en cris aigus, eu propos ou-
trageans ou obscènes eu juremens ou Impréca-
tions de toute sorte, avec uu regard ét)nce!ant,

sanguinaires.
l'écume dans la bouche et les penchaus les plus

ïio. On doit peut-être admirer la malheu-


reuse fécondité des Angtais eu expressions éner-
giques et propres à exprimer les perplexités ex-
trêmes l'abattement et le désespoir des mélanco-
liques, même dans leurs ouvrages de médecine,
et Indépendamment de leurs romans et de leur
poésie (î). Ce délire exclusif, toujours uni avec une
passion forte et concentrée et la recherche ardente
de la solitude, est fréquent dans l'hospice des
attéoées. Plusieurs de ces méïauçoHques se pro-
mèuenttristement dans les cours, plongées dans
une rêverie profonde certaines restent isolées et
accrouptes dansdes endroits t'et!t'es;d'autreséprou'
vent des combats tntërteurs entre les penchaas da
cœur et la terreut' des tourmens d'une autre vie;
queïque& unes ne soupirent qu'après une mort
prompte,parune abstinenceabsolue de toute nour-
riture ou par un événement tragique qui mène au
suicide. L'exempte suivant me paroit trés-remar-

(t) Le D*. Perrect, en parlant d'une dame dominée par


des idées fanatiques, s'exprime aiosi ~rM~a~/agoMer~
were co~~c~~o~t~, and <e~.M< ~r<~re~fMa~
H~&oM~/oH~M~ and lier /~s ~o ~M~Ae~~ooM ~ra< A<M<
Mo~~e~~re~M~~ j~
<coM/c~M< ~fecoM~t~ecf
jwc/~e. 0/t~/<ye<~M~~<fe/-a strongly a pale t'M~
and ~e/
we/<McAo~ ~fr ~e~ /oo~J<f<7~ ~H<M~
and ~r n~~j were H'<ï<<?A/r</and ~<M </<jccMr.fe~
o~re/~o~Mt a strange, ~'Moro~~ despondent<<coAc-
rent manner. 1~ même auteur dit, en parlant d'un autre
mëtaacoHque ~eM~Mo~ c/'ybr/M/~ ~<ï~Ha~ M~m-
~6~C~~ in ~~f K'cy
~M~CJJ <M~
O/B. ~eC<M~M JM</<&M/~
anxiety of MM<~
/0(f ~/7~<~
<f<~ <?f~ ~~?M~
occM/'y~ace was coajM~re~ ~Mt <M ~st object o/'M~e/Me
<roM~/g c~M~M~ tf~T ~j'~K'~Z'~/c!C~~Mr~
and efe~ body. and M slrort ~!M<3 ~M mind W<M
~M~ t~~ lowest <ï&~w o/*Me/<t/<c~o~aM~ ~ec~<oa.
quable. Une mère de famille chargée de cinq
cnfans et plongée dans !a misère, étoit allée, avec
une extrême répugnance, réclamer, pendant un
hiver rigoureux,des secours que le Gouvernement
taisoit distribuer dans les paroisses aux indigens.
Le prêtre chargé de ce soin la repousseavec dureté,
et lui fait un crime de s'être bornée, pendant la
révolution, au baptême civil de ses enfans et de
ne les avo~ point pmscotés à l'Eglise illaccable
de reproches, et dans son zèleiodiscretiui présage
les plus grands malheurs pour elle et sa famille..
€ette femme ed est consternée et réduite au déses-
poir. Elle rentre dans sa maison avec un air égaré
et annonce à son mari que tout est perdu, qu*on
va les emprisonner et leur faire subir le, dernier
suppïice, elle perd le sommeil, tombe dans une
sorte de stupeur, et refuse avec une répugnance
invmciHe toute espèce de nourriture c'est dans
cet état qu'elle fut conduite à la Saipétrière, et ce
D'est qu'après un traitement de quatre mois, qui
sera détaillé ailleurs, que sa raison s'est rétablie.

VII.

.B~M/Vou ~C<?~ <~ ~MKa~M~M~7M ~M-


don mentale.

ïzo. J'écarte la question relativeaurang que doit


occuper l'imagination dans l'ordre successif des
fonctions de rentendemeot(t), et jelà'considcre
comme le complément de toutes ïës autres, puis-t
qu~eite semble disposer a son gré dés perceptions
antérieures, de la mémo!re,du jugement et des a~
actions morales pour en composera son grë des
tttMeaux p!tts o~ më!nsréguÏ!ërs,dans !es romaas
~pmme daas~es ouvragesde morale, dans les beaux-
arts et les sciences. Je laissé au~ critiques le soin
de rélever les écarts de cette fonction~ni pëuvent-
être contraires aux princtpéssëvères du goût et les
corrompre mon but ne doit être que'de les faire
counoître sous le rapport de Fatiënation mentale,
et de les rendre sensibles par des exemples et des
résultats d'une observation réitérée. C'est par ces
prestiges que les objets préseos sontdéngnrésouem-
bellis, et qu'ils semblent même quelquefois chan-
ger entièrement de nature. Les objets absens sont
oussi représentés quelquefois avec des couleurs St
vives, qu'n en résulté une convictionintimede leur

~t) Je
me garderai d'ajouter de nouvelles obscurités a cottes
qui restent encoreh éc!atrc!ren mëdec!oë, et je dois ë)o!gaep
avec soin 4e mes oonsM~rations toutes les'théoriesd'i<ïëoïog!e
encore,contestées,sur la nature, reachatoemem et la géné-
ration successive des fonctions de l'entendementhumain. n
e&t p!us prudent de s'en tenir aux résultatsd'une observation
rigoureuse sur les lésions que ces diverses fonctions peuvent
éprouver, et d'apprendre a tes distinguer par des signes
sensibles.
présence actuelle; ce qui doune lieu souvent aux
jugemens les plus erronés et les plus bizarres.
Mt. Un aliéné calme depuis p!us!eurs mois est
tout à coup saisi d'uq accès de marne durant un
tour de promenade;s'es yeux deviennentétinceiaos
et comme hors des orbites; son visage, le haut du
cou etde la poitrinesont aussi rouges que Je pourpfe
tï croit voir,le soleU à quatre pas de. d~tanpe il dit
éprouver uobouUIojonemeat extrême dans sa tète
et il demande lui-même à être promptementrea-
jpermé daus sa loge, parce qu'il o'est plus le maître
de contenir sa fureur.Il continua pendantson accès
des'agiteravecviolence, de oroire vo~ir !e so!eii à ses,
côtes, de parler avec une volubijtte extrême, et de
ne montrer d'ailleurs que désordre et confusion.
dans ses idées.
112. Rien n'es~ plus ordinaire~ansrbospice que
les visions nocturnes ou diurnes qu'éprouvent cer-
taines femmesattaquées déjà me!anco~ieye!!g!euse.
Une d'entre elles crottvoir peadautla nuit la Sainte-
Vierge descendre dans sa loge sous la forme de
langues de feu. Elle demande qu'on y constrttise
un autel pour y recevoir dignement la souveraine
des cieux, qui vient pour s'entretenir avec ei!e et
la consolerdans sespeines.Une autre femme, d'un
esprit cultivé, et quedescvënemensdè!arévo!ut!on
ont~ëtée dans des chagrins profonds et un déhre~
maniaque,~constamment se promener dans lejar-
diu de l'hospice, s'avance gravement les yeux Hxës~
vers le cie! ,croi~ voir Jésus.Chrsit avec
toute la cour
céleste marcher en ordre de procession haut des
au
airs, et entoner des cantiques' accompagnésde
sons
mélodieux; elle s'avance elle-même d'un
pas grave
pour suivre le cortège; elle le montre, pleinement
convaincuede sa réalité, comme si l'objet lui-même
frappoit ses sens, et-elle se livre à des emportemens
violenscontre tous ceux qui veulent lu! persuader
ïc contraire. Ici ce n'est point une réminiscence,
c'est uneconnôtssaoce intuitiveune vraie fascination
Intérieure dont l'effet est analogue à celui qui
pourroit être excité par une impression vive
sur
l'organe de la vue.
123. On cite beaucoupl'exempte du fou du Pyrëe
d'Athènes, qui se réjouissoit en voyant
entrer dans ce
port des vaisseaux dont il se croyoit le possesseur.
Rien cependant n'est plus ordinaire
que cette sorte
d'illusionqui fait qu'on croit posséder des biens
ca;
chésoumêmedes trésors; et d'ailleursdansquel lieu
de la terre ne réve-t-on point honneurs, digoités,
richesses?Unefemme privée en grande partie de
ses
ressources par des événemens de la révolution,
perd entièrementla raison, et est envoyée à l'hos-
pice des aliénées elle se livre d'abord à
un babil
intarissable, etdansl'excèsde son délire, elle adresse
des proposdécousus aux objets les plus Inanimés,
et
pousse des cris et desvociférations les plus bruyantes;
elle croit être la petite-fille de Louis XIV, et ré-
clame ses droits au troue. Son imagination semble
bientôt réaliser ses desn's. C est elle qui dispose
eu idée des contributions et qui tient Farmée sa
solde. Un étranger vient- dans l'hospice, elle croit
que c'est en sou honneur, et c'est,dit-elle, par ses
ordres seuls qu'on a pu l'iutroduire. Ses compagnes
d'infortune dans l'hospice sont pour elle des mat''
quises et des duchesses qui marchent à sa suite, et
elle leur donne des ordres avec !e ton de l'autorité
suprême.
:.z~. Les accès de manie semblent quelquefois
porter l'imagination au plus haut degré de dévelop-
pement etde fécondité,et donnent Heu à un torrent
de paroles souvent bizarres et sans cohérence,et
d'autresfois àdesproposassujétisà unordrerégulier
et dirigés par le bon goût; les pensées tes plus sail-
lantes les rapprochemensïesptusIogéQieuxettes
plus piquans donnent à l'atiéûé i'air surnaturel de
l'inspiration et de l'enthousiasme. Le souvenir du
passé semble se dérouler devant lui avec facilité,
et ce qu'il avoit oublié dans ses intervalles de calme
se reproduit alors à son esprit avec les couleurs les
plus vives et lesplusanimées. Jem*arrétois autrefois,
étant médecin de l'hospice de Bicétre, devant la
loge d'uu homme instruit, qui, peudant son accès
discouroit sur lesévéuemens de la révolution avec
toute la ibt'ce, la dignité et la pureté du langage
qu'on auroit pu attendre de l'homme le plus pro-
ibndétncdt instruit et du jugement le plus sain.
Dans tout autre temps et ses longs intervalles de
calme c'ctoit un homme ordinaire. Cette exaltation,
torsqu'elle est associée à l'idée chimérique d'une
puissance suprême, ou d'une participation à la na-
ture divine porte la joie vive de l'insensé jus.
qu'aux jouissances les plus exquises, et jusqu'à une
sorte d'enchantement et d'ivresse du houheur. Un
aliéné renfermé dans une pension de Paris, et qm
durant ses accès se croyoit le prophète Mahomet,
prenoit alors l'attitudedu commandementet le ton
du Très-Haut, ses traits étoieut rayonuanset sa dé-
marche pleine de majesté. Un jour que le canon
tiroit à Paris pour desévénemensde la révolution,
il se persuade que c'est pour lui rendre hommage;
il fait faire silence autour de lui, il ne peut plus
contenir sa joie, et j'aurois été tenté, si je n'a vois
été retenu par d'autres considérations, de voir là.
l'image la plus vraie de l'Inspiration surnaturelle
des anciens prophètes.
125. Certains faits paroissent si extraordinaires,
qu'ils ont besoin d'être étayés de témoignages les
plus authentiques pour n'être point révoqués en
doute* Je parle de l'enthousiasmepoétique qu'on
dit avoir caractérisé certains accès de manie, lors
même que les vers récités ne pouvoïent être nul-
lement regardés comme une sorte de réminis-
cence. J'ai entendu moi-même un maniaque
déclamer avec grâce, et un discernement exquis
une suite plas ou moins longue de vers d'Horace
et de VirgUe depuis long.temps effacés de sa mé~
moire, puisqu après son éducation il avoit fait un
aéjourde vingt années dans les colonies de l'Amé-
rique, uniquement livré aux soins de sa tbrtune
et qne les revers seuls produits par la révolution
'l'avoieut jeté Jiuïs rëgat'emë)ttdeïara!soa. Mais
l'auteur aug!ttis que j'ai déjà cité atteste qu'une
jeune personne, d'une constituttou très-délicate et `
sujette à des aftecdons nerveuses, étoit devenue
aliénée, et que pendant son dëltre elle s'exprimoit
avec facilité en vers anglais très-harmonieux, quoi-
qu'elle n*cut montré antëricurement aucune sorte
de disposition pour la poésie. Van-Swietenrapporte
aussi un autre exemple d'une femme qui durant
ses accès de manie, montroitunciacintérare pour
Ja versification,quo!qu'e!te eût ëté antérieurement
occupée d'un travail manueÏ, et que son enten-
dement n'eût été jamais fécondé par la culture.
126. L'imagination, cette fonction de l'entende-
ment qu'il est sidtfncHe de contenirdans de justes
bornes, quelquetoismême pour l'homme doue de la
raison la plus saine, elle qui donne si souvent lieu,
dans la vie civile, a tant de scènes folles, ridi-
cules ou déplorables, pourroit-elle ne point de-
'ven!r la source !a plus ieconde des illusions, des
écarts et des opinions extravagantes que manifeste
Taliéoation'mentate? Ette rapproche ou confond
ïes diverses sensaLions incomplètes que rappelle
!a mémoire, en forme des tableaux plus ou moins
mcobcreus, vrais ou faux, gais ou tristes ~con-
~optncsaux objets cxistans, ou bizarres et fautas~
tiques, et présente quelquè<b!s l'ensemole le plus
monstrueux et !é plus mëIancoUque. Une femme
venant à entendre sonner le tocsin a Ja Suite de ses
couches, la première année de la rëvoludou, se
trouble, s'agite et tombe dansïe Jéï!re le plus
sombre; elle conço!t les itayeurs ies~iub vives, se
croit environnée d'un appareil de supplices, et
,pousse les cris Jes pins !umeutabiës. Etie demande
sans cesse à voir ses encans eu ses procLés, qu'eilé
assuret être livrés au fer des assassinsou réduitsaux
extrëmitës lés plusomettes; elies'ea rapporte &
peine sa vue, et ne peut les reconub~re quand
on les amèue en sa présence. Pchduut quelques
~oursde ce triste délire, son Imaginatioa i~emporte
sur le témoignageaUth~o)!que de ses sens, et les
impressionsÏes plus manifestes et lès plus répétées
~aitessursesorganea.''l'w ,<
t~.OQserot tenté de traiter de actions vaines
etde.fables, les idées iantast!ques dès Bypochon-
driaques, si eliM n'ëtoieht aHestéës'phr!ë rapport
uuanime de tous les observateurs anciens et mo*<
dernes, et si les exemples ne s'en reuouveto!ent
chaque jour avec la plus grande fréquence. Tout
ce qui les précèdeou les accompagne n*iadtque-t-ii
point que Je siège prunttifde cette maladie est dans
~es viscères de l'abdomen, d'où elle paroit se com-
muniquer, par une sorte d'irradiation, au système
nerveux, surtout au cerveau, quelque obscurité
8
profonde d'ailleurs qui couvre la nature de,ceHc
a~ecuonjpbystqucPPmsiem'sannées ayaut le pa&-
sagë de i'h~poc~ondrÏeà un état d'aliénation, dé-
sordres daps Ïa (MgesHon des a!!tneo9, coQtfact!ons
~pasmodiques des muscles-abdominaux, ilatùosttes
Mcomtnpdes, perceptions erronées,afïecHons mo-
raïes tes plus bizarres, que!que&!s convïcm)~n in-
time de h prësepce réelle d'un auiaaal vivant dans
rabdomen, ou d'une vraie possession du Démon
antres symptômesvariés suivant Jes progrès de ia
maladie, alternatives irreguÏtèresd'un sentiment de
froid et de chaleur, défaiHances,vertiges, état pas-
sager de surdité, tintemens d'oreille; et au moral,
abattemeat, anxiétés renaissantes, terreurs pusii.
Janimes~ attention minutieuse sur tout ce qu'on
éprouve~rintëneur, ou qu'on croit éprouver.
Les ua& pensent que leurs membresinférieurs sont
de verre oudecire,d'autressecroientprivësduc(BU~
.organe principal de ta circulation; certains sont
pleinemeot convaincus qu'Us ont cessé d'exister;
quelques-uns d'entre eux tmagment être changés
en bêtes iëroces ou en monstres (ï).
Je supprime

(t) On conçoit tres-difRcitementt'hypochondriemaniaque


connue sous le nom de îycanthrqpie, ou la conviction intime
d'être trans<brmë eh loup et te penchant irrësistiMe d'en
prendreles habitudes. On en trouve ptusicufs exemptés dans
-divers recueils d'observations, et un médecin de Nano~ vient
FMote de
d'en communiquer un nouveau .a la Société de.
dcsdétaiis ultérieurs surce8dëptorab!cstémo!gnages
des misères humaines, que je ne considère ici que
sous ïe rapport de l'aliénation mentale.
128. La më!ancolie peut temr a une disposition
natureUe qui se fortifie avec Fage, et que diverses
circonstances de !a vie humaine servent~exaspérer;
mais on voitaussides personnes d'un caractère g{d
et plein de vivacité tomber, par des chagrins réels,
dans une morosité sombre, rechercher Ja solitude
et finir par perdre rappët!t et )e sommeil; on devient
de plus en plus soupçonneux, et onnn!t par se
croire sans cesse circonvenu par dès pièges et des
trames ourdies avec la plus ncire perfidie. Que~

Médecine. Un maçon, vers t'automue de l'an ta, tombadans


une tristesse profonde et fa plus sombre misanthropie sans
aucune cause connue il éprouvoit la nuit des visions fao-
tastiquea, et des le oaUn il s'ëchappoit furHyementdans des
!!eux écartes. refusa toute nourriture le dixième jour de
ta matad!e mais deux jours nprcs se p)ëc!pitaavccune ex-
treme voracité surtesaHmens qui lui <!ff)ient ofterts; il poussa
des hurtemens à la manièredes loups, et entra plusieurs fois
dans une sorte de fureur, avec~d<Mirde mordre. Le qnator-
ziemejour, l'approche de !anu!t, il s'échappade nouveau
danajes champs où il poussa encore des hurtemens qui cé-
dèrent à des atTusionsrépétéesd'paufroide. Cette maladie s!u-
guU!'rc parut se terminer le d!x'hn!t!t'Me jour par un accès
violent dé fièvre qui dura près de vingt'quatrc heures; le ré.
tabtissement complet semble avoir ensuite été produit
par les
scutcs'ressourcesde !annture.
nues-uncs de ces mélancoliques de l'hospice ont
l'imagination si fortement irappée de l'idée d'une
persécution dirigée contre elles par des ennemis
invisibles, qu'elles éprouvent des anxiétés coatï-
nuelles, et que la nuit même elles croient entendre
des bruits sourds par des machinations secrètes,91
devemr les vic-
dout elles redoutent sans cesse de
ti mes. Une d'ent.re el les qui avoit enteudu parler au-
trefots d'étcctrtcitc, et qui avolt la quelques écrits
pensoit que ses en-
sur cette partie de la physique,
nemis acharnes a la perdre pouvoient exercer sur
elle des influences funestes à de grandes distances,
et elle croyoit voirdans Fair des couraus électriques
qui la menaçaient du plus grand danger. D'autres
femmesfont in tervenir des êtres surnaturelsqu'une
imagination foible semble réaliser en leur prêtant
les intentions les plus sinistres. Une femme d'en-
viron vingt-cinq ans, d'une constitution jbrté, et
uuie par le mariage à un homme fbibic et délicat,
tomba dans des affections hystériques très.violent~,
et fut sujette à des visions nocturnes les plus propres
à l'armer. Elle étoit pleinementconvaincue qu'un
mendiant qu'elteavoit un jour rebuté etqmFavoit
menacée d'un sortilège, avoit exécuté ce dessein fu<
neste. Eue
s'imaginoit être possédée duDëmon,
qui, suivant elle, prenoit des formesvariées et iaisoit
d'autres ibis des
entendre tantôt des chants d'oiseau,
lugubres,, quelquefois des cris percans qui la.
sons
ponen-ôicut <lc la plus vive Payeur. Elle resta plu-
sieurs mois dans son !!t, inaccessibleà tous les avis
qu'on pouvoit lui donner, et a toutes les consola-
tions de l'amitié. Le curé du lieu homme éclairé et
d'un caractère doux et persuasif,prit de l'ascendant
sur son esprit et parvint à la {aire sortir de sottKt~
à ]'engager a reprendre ses travaux domestiques
même à lui ~a!re bécherson jardin et à se livrerau.
dehors à d*autres exercices de corps tre~-sa!uta!res
ce qui fatsu!~dee effets les plus heureux et d'une
guet ison qui s'ëtott soutenue pendant trois années.
Mais & cette époque le bon cur& est venu à mour!~
et il a été remplacé par un ex-moine très-supersti-
tieux et d'un esprit très'bornë. Ce dernier ajoute
uoe cuttère croyanceaux visious de ja malade, ne
met nullement en doute qu'elle ne soit possédée du
Démon, continue de multiplier les exorcistnes et
de la tenir étroitement reniermée. On prévoit sans
peine les suites de ces préventionsabsurdes.
mo. On ne peut se dissimuler rextrémedtfBcuhé
de dissiper cette sorte de prestige qui tient à une
dévotion tr&s-exaïtée ou au. ~anastisme~ et sur ce
point mes observations depuis plusieurs années
font conformesà celles que ~'ai faites sur les aliènes~
de BIcetre,et aceuesqu'ona publiées en Angleterre.
Comment ramener à desidëessainesunaiiëaëboufE
d'orgueil,qui ne pense qu'à ses hautes destinées, qui
se croit un être privi!egid, un eavoyé du Très'Haut
un prophète, ou même une divinité? Quels proposw
peuvent contrebalancer l'effet des visions mystiques
et des rév~attons sur la vérité desquelles l'aliëuas
s'!ndigne qu'on puisse former le moindre doute?
L'un d'entre eux, dont {'études avec soin les égare"
mens dons 1"hospicede Bicêtre, croyoit voir par'tout
des diables sous diverses formes, et un pur qu'une
compagnie de curieux étoit venue visiter Fuospfce,
t
il se précipita avec fureur au milieu d'eux, comme
sur une légion de démons. Un autre, d'uu caractère
doux, !nvoquc sanscesse son bon ange gardien, ou
b!en quelques-uns des apôtres et. ne se pia!t que dans
les macérattoos, le jeûne, la prière; mais comme
il a besoin de vivre du travail de ses mains, com-
ment pourvoirainsiauxbesoiusdesa tam!Ue?J'aitnois
à converser quelquefois avec un aliéné par dévotion
qui, comme les antiquesdisciples de Zoroastre, ren'
doit un culte particulier au soieU sè prosternoit re.
ligieusemeutdevant cet astre à son tever, et lui
consacroit durant la journée ses actions, ses
plaisirs, ses peines. On peut !e mettre en oppo-
sition avec un autre maniaquebien plus dangereux,
qui est) ordinairementcalme pendan~ ie jour, mais
qui durant. la nuit se croit toujours entouré de t'e-
venans et de fantômes, qui s'entretient tour-à-tour
avec de bons ou de mauvais anges, et qui, suivant
te caractère de ses visions, est bienfaisant ou dan-
gereux, porté à des actes de douceur ou à des traits
y'une cruauté barbare. L'histoire su! vante fera
conudïtre à quels excès atroces une pareille aliéna-
tion peut conduire.
ï3o. Un missionnaire, par ses fougueusesdecla-
tnatioua et l'Imagé fHrayadte des tourméas de.

aux

~c
9
l'autre vie ébranle ~J~rtemëut'r!mag!nat{o!!d'u~
v~neroacrëdu!c,<)aecedernieï'crô!têtrëc9ndamn~
aux-bras!érs éternels, et qu'it
ne.1~mp~
ne peut
empêcher ~sa~
ianïH!edesub!r!eméme sort que parce quon
af>I)elJé'hapt~me
appelé de ~sâri ou lemQriir~iJ.ess~y~~
\f<3~ou le martyre<H essaye
d'a~~dë commettre ûh meurtre .su).' sa CBmme~
q~ parv!éti~ qu~avec !à ptus. ~andë p€!oe
t~hap~er de' ses ~ains; Mentit' âpres', ~sgn ~ras,
~rcënë'sepôrt'esur'deùx en{9n8~nbas~ge,et H~
~bartè'd'e~ës i~~oJer de'~d"rQ~~t'
ïëitr priocurer Ïa~iceternene. Ï! est. c~ë deYant-Je~~
tf~una~x, et dut'a~ rtbstrucHo~de son procès~
ë~drgë ëcteore tto~cr!m!nérqui ctb!t av~c iul dat~
iê~ëhot, tbo{6urs~aNS la vue ~e <a!re une oeuvre~
~p!atbh'e. SMn~aMen&t!o~ ëtaotcons~tM on le
condamne a ét~e renfermé, pour le reste ~o sa v!e,
d~hs les loges de~B!c6tre. L'Isolement<~unc lon~e~
deMhtioh, tonjbors propre à exaïteri lBQag!naHon~
l'idée d'avoir échappé à la mort ma!gré rarrét q~!l
s,uppose avoir été prononce par les juges, aggra-
vent son dét!re, et lui font penser qu'il est revêtu
(le là toute-pmssà~ee~ou, suivant sës'expresstoDS,
qu'u est !a ~M~r/~Me ~entOMMC de la T~MM~
que sa mission spéoate est de sauver. le monde.par
!e ba~)t~c de sà~, e~quë tous tes potentats de
ne saurOtënt attenter & vie. Son
là terré rëuuis sa
égarement est d*a!Ï!èurspart!eI'comme daus tous
les cas de tnétaoco~c,et il se borné a
tout qm
ce
se. rapporte à Ja reHg)pn; car ..sur ~pttt autre oh~et
Hparott jouu' de Ja ~'a:so~. Ja plus saî~e.~PJm de
~!x années s'e( c~ p"Mces .da;M utne;etroi~~cf~
Mon es app(u;~p~ ~ut~nt~ ~~n,ëta<~Jtne
en~aaquUtedctermhteret~à accordera Hh~
c(es futrpcs dans ïes
~ou~ de.rhp~;Mce avec
autres cpnvn!t~ <a~ ~s~nn~$4~-<
preuve semHoettL t'assit e~q~'onvi~t~t-
1
coup se rcprodu!re Si s td~s~~nguipa~~cpmn~e,
un 6h)ctde cuh~ ,<Bm)~ ~t~~e .~eJ, U ~t'nq~l
Jèprojt atroce <le ~urc uu.sacrtS~ cx;p!a~t~B~:
tout ce qu! (omberoit so.us .~a ~a~ se procurer
itn h'ancbet. de pordonuter, sa!s)t Je.mooïppt de.
ronde Ju surveUIam (M. Ï~ussttï,~~u~ porte uo.
<~Mp par-derrïèrc qu: g!!sse h~~rc~e~cnt. sor tea~
cô!es, coupe !a gorge à dcu~ 9!~aë~ qu: e~oiont a.
ses côtes et !t auro!t. atMt ppursmyt le cpMt'&de sep:
Lom!c!des, st on ue fut ;pro<n~~eutvetmppur
s'en renJre ~a{tfe etan'et~ Ie~,smtes fu~e~$,
dèsarngc'eCrenee.
L

.Vï!L-
.0/
~Tf~
C~/?~cw~<ccrac~c, ~Mo~w
;r
ï3 Une ng'!a<!on exhume,a!térat!ondea ir~it$;
de In(h<'c, !e désordre des t iées et des emportemens,
de i<ucur cot)tmuc!s on par lateryaites, s'ttssup-
TieMa<.nt subttemeutet pour la première &M~ sont
des signes maniocs Je Fattenntion, et ne laissent
aucun doute sur'~ date précise de son invasion,
enremontant~d'aiUeursaux causes ordinaires qm
peuvent !ùi donner naissance, mais, dans d'autres
cas,!esdévcïoppëtQGns<!e!:t maladie ont !!eu par
degrés, et peuvent mëtne échapper à un obser-
vateur exercé. à moins d'une attention sérieuse
et continuée pendant plusieurs jours. L'agitation
et Jes ~mportemens peuvent être attr!bMés à une
VAvac!té exaltée et & une exaspéra'!oo de caractère,
produites par des contranétës v!ves ou des cha"
gr!n8}:des écarts agaces de Iara!son peuvent être
t~pportes~à jïa ~<ne ot')gtne;ft u est d'autant plus
iac!ië de se méprendre, qu'on'a l'habitude de vivre
conHhueHt~ent auprès de iapepsonne, et de ne
point recpoho!tre des changemens Ïcgersqui peu-
vent ;aM~naen<er, pendant un tongintervaîie de
temp! et sans aucunetransitionbrusque et violente.
Un homme très éc!a!rë,'qui venoit prendre des-
éclaircissemenssm' rétat de sa femme tombée dans
ratiénation et traitée à l'hospice de Ja Sa!pétrière;
croyoit de bonoe JRM que t'égarement de sa raison
nedatott que d'environ su tNois,à j'ëpoque d'un
délire violent et ft<rieu%; il avouoit cependant que
la cause de cette maladie remontoit jusqu'aux temps
les plus orageux de la révolution; qu'il avoit fait
lui-même ia perte presque totale de sa fortune
pour iacUitera des étnigrés les moyens de s'cxpa.
trier que sa femme en a voit conçu les chagrins ica
plus profonds. Oo iuiRt a!ors plusieurs questions~
~t il fut reconnu que cette femme avoit éprouvé
alors un changement entier dans son caractère mo-
ral,: quesa douceur naturelle et sa modeste avoïent,
~aittpiadc & une d~neté écréme dans les propos et
les ntaotères, qu'on oer€conno!sso!tpiu6 sou an-
eïenae paFc!mon)e,et!quetout rargen~qu'eU~
Mcevd!t pour tes besoins;brdinairestde Ja vie étoif
dissipé en un instant; qu'elle fa!soit quelquefois
des absences de ptusiçurs joufsSocs aucune 'cauM
connue, tandisqu'aupacavaoteUeebitoi.te'&~amma
«o modèle d'attachement à sa iam!J!e~t d~une vie:
rettreBietjconcentpëë~Bes,rëponses ~ïrectes'~ des
questions anatdguës~rett<{conno~re~ue ia ma!adiû
~atoït depu!s p!us de Quinze ans ~eMë étoit: de-
venue habitueNe e~sans aucun espow de guérison~
On nepeutvo!r sansattendrMseoientcettejNa!hou-
reuse v!ct)me de !a révolution, livrée maintenant
presque sans cesse à tous les emportemensd'un
déKM iuNeux, et conservant & peine le sentiment
de sa propre existence. t
t32. L'habitude du vice comme celle de t'ivro-
gceMCtd'Mne gatantecle inimitée et sansichoix, ceUe
<~u~e eooduite désordonnéeou d'UNeinsouciance
apathiquepeuventdégraderpeu à~ peu la raMOn, et
aboutir à une aliénation déclarée, comme:leprou.
vent des exemples nombreux observés dans les
hospices; ces penchahs vicieux scmMent se forti-
6er par le progrès de l'ôge, et une iougueréclu<
s!on amène un régime plus régniieret un reta*
Missement plus ou moins durable, ou'bien une
nullité absolue et un état Incurable Je démence.
Mais on observe aussi dans tous les asiles consa-
cres aux aliènes, des personnesdeTunetr de Tautre
sexe, recommandables par une vie sobre et labo-
rieuse, les mœurs les plus irréprochables et une
extrême délicatessede senti mens, tomber par quel'
connue, dans un
que cause physique ou morale
égarement complet de la raison et contracteralors
des vices qui forment un contraste frappant avec
leur caractère primitif, durant le cours de leur
atiénauon, et revenir ennn, lors de leur guérison,
naturel.
aux douces impressions de leur heureux
Que d'hommes, très-sobres dans les intervalles
d'uue manie périodique, se livrent avec un peu-
channrrésistibie a l'ivrognerie au retour de leurs
accès! 1 Combien d'autres, dans les mêmes circons.
tances, ne peuvent s'empêcher de voler et de faire
des tours de filouterie, tandis que dans leurs mo-
mens lucides on les cite comme dM modèles d'une
probité austère Ne voit-on pas de même descarac<
tèrès doux et bienveinansse changer, par les suites
de l'aliénation, en esprits turbulens, querelleurs
et quelquefois entièrement insociables? J'ai Ctté
ailleurs des exemples de jeunes personnes éle-
vées dans les principes les plus sévères, et dignes
d'ailleurs de l'estime publique, tomber dans l'a-
liénation, et alarmer alors la pudeur par la sa-
let,é de leurs propos et l'indécence de leurs ges!c<.
I~ors de leur rétablissement, tout rentroit dan
Fordre, et c'éto!ent alors autant de modèles de
Moeurs tespiusptues et de toute la caodeaf do
l~unocence (ï)<
i33. Un oeH observateur peut suivre le déve-
loppement gradue ou plus ou moins lent des chao-
gemeos phys!ques ou moraux qui précèdent les
symptômes les plus vidleus,de la mame. Une per-
sonne de l'un ou de l'autre sexe, d*uu naturel ~at
tombe après une cause connue dans une morosité
sombre, devient sujette à de vaines frayeurs, parle
avec aigreur, est brusQuedansses manières, b!zarre
dans sa conduite, marque des seutimens protbnds

(!) On trouve un grand nombre d'exemptesanatoguesdans


le recueil d'observations puMiées en Angleterre par te docteur
-Perfect. Une Dame dont il parte, agce de vingt'quatreans,
pleine de vivacité, et douée de qualités rares, contracta des
attaques d'hystérie & la suite d'une menstrMtion {rrëguticre,
et <!o!t par tomber dans une manie dectarëe. Ses propos et ses
actions, qui ne t'cspiro!ent antérieurementque !a raison et ta
décence, furent marquéspar !a bizarrerie ) l'incohérence et
t'extravagance.Elle dtoitsujette à des anxiétés fréquentes et
extrêmes son appétit étoit si dépravé qu'c!!e portoit à la
bouche tout ce qui tomboitsous ses mains, et sa voracité étoit
tei!e qu'elle avaloit sas alimens sans tes macber. EUe se livroit
Souvent a des ëetats de rire immodérés, avec un passage
brusqueà des larmes involontaires,ou bien à des hurleatens,
des cris et à tous les excès d'undélire furieux.
diversion ou de haine contre des personnes qui lui
étoient inconnues ou qu'e)!eaffectionnoit,se livre
alternativementà des emportemens violens et re-
tombe dans un état de stupeur, perd le sommeit,
et éprouve une altération marquée dans les traits
dela iace.On doit concevoir de justes allarmes et
craindre une explosion prochaine des symptômes
les plus vioïens de la manie. L~e&travagauce ea
ci&tparoït bientôt à son comble agitation couti'
nueUe, menaces, juremcns,extrême volubilitédela
langue, cris aigus, propos sans ordre et sans suite,
actes répétés de fureur et d'audace; dans certains
cas sorte d'abattement et frayeurs pusillanimes re-
caissaotes, air rêveur et concentré, regard sau-
vage, taciturnité obstinée et interrompue,comme
par accès, par des emportemensd'une colère effré-
!tée. Les idées peuvent être claires et le jugement
sain au milieu de cette agitation effervesceute, et
le caractère moral peut être changé ou mis en op-
position avec t'état antérieur; le changementmême
.peut être tel que l'attrait puissant qui attache
rhooune à la vie soit entièrement détruit, ou plu-
tôt converti eu une sorte de rage aveugle qui porte
~u suicide, comme le prouvent des exemples saus
nombre.
~i5~. Une manie d'une date récente, quelque en.
tier que soit !e bouleversementde la raison, peut
avoir plus ou moins de durée suivant la nature de
la cause d~termman!cou les principes du traite-
ment adopte mais elle a en général une période
marquée par la plus grande inteusitédessymptômes,
et leur diminutiongraduée annonce son déclin cf
sont toujours lesmêmes écarts, tes mêmes peochans
pervers; à un degré beaucoup plus modéré, et ce
n'est qu'à l'époque d'une entière convalescence
que le calme est rétabli et que le caractère moral
est revenu à son état primitif; il ne reste plus alors
qu'à laisser consolider la raison pour éviter une
sortie prématurée de l'hospice et prévenir une re-
chute. Mais quelque discernement et quelque ha-
bitude qu'on ait pu acquérir pour indiquer ce mo-
ment,favorable, il peut rester de l'incertitude,
lorsqu'on n'a point acquis de connoissances pré-
cises sur le caractère de la personne antérieurement
à son état de manie. Une femme âgée de vingt-
quatreans etd'uue constitution très-forteétoit tom-
bée dans la manie à la suite des couches, et avoit été
amenée à l'hospice dans un état des plus violens;
elle mettoit en pièces tout ce qui tomboit sous ses
mains, et il fnHut joindre à l'applicationdu gilet de
force une réclusionétroite dans sa loge, pour évi-
ter les accidens. Plus do trois mois se passcreotdans
cette agitation extrême, avec quelques intervalles
de calme; elle n'étoit plus à craindre au déclin de
la maladie: mais toujours vivacité singutière dans
les mouvemens, pétulance, gaieté folâtre, sauts,
éclats de rire immodérés, ce qui continua pendant
une grande partie de la belle saison; I! succéda
une sorte de stupeur vers la ha d'octobre, et on eut
recours à quelques excitaas pris à l'intérieur. M
resto!t seulement pendant l'hiver une taciturnhé
sombre et un goût part)tcu!!er pour le recueille-
ment qui me ~soientcraindre quesa maladie ne iUt
point terminée. Mais je fus pleinement rassuré par
]es parens, en apprenant que c*éto!t là son état na-
turel et qu'elle avoit repris son caractère primitif
Sa sortie fut alors accordée.
TROISIÈME SECTÎON.

J9~c~o~ des ~fc/~M e~ce~ ~~7~


~a~y?.
t35. L'avantage de bien fixer un objet daus la
mémoire, et d'ett donner une idée exacte, ne tient-il
polutàrattenHou de le ctt'conserit'edanscet'taiues
limites, etd'év!(.erdescc)ts!dérauuns disparates ?
Commentdëtermmer ce qu'on doit proprement en-
tendre pat'aUëoattou mentale et éviter la confusion,
si on y comprend,comme Font fait quelques Noso-.
logistes, les lésions variées des fonctions des sens,
de la vue, de l'ouïe, du goût, du tact et de redorât,
qui tienuent à d'autres Ht.il.tdtes? L'bypochondne
peut, par ses progrèssucce~if:dégénérer en manie;
mais considérée eu eHe'tnëme elle en est très-dip<
tcreate, forme un genre très.ëtendu,et peut donucf
lieu à des erreurs de rimaginatiou très singuticres.
Ilen est de même de plusieurs affections nerveuses
primitives connues sous les noms de somnambu.<
lisme, de vertiges, de bizarrerie, d'antipathie,de
nostalgie, de frayeurs nocturnes, et des désirs ef-
frénés pour les plaisirs de l'amour qu'on nomme,
suivant le sexe, satyriase ou nymphomanie.
l36. L'heureuse innuence exercée dans ces der-
niers temps sur la mefiecine par l'étude des marcs
sciences, ne peu~ plus permettre aussi de Junner à
l'aliénation le nom générât de folie, qui peutavoip t

une latitude indéterminéeet s'étendre sur toutes


les erreurs et les travers dont l'espècehumaioe est (

susceptible, cëqui.gracea lafbiblesse de l'homme


et à sa dépravation,n'auroit plus de limites. Ne fau'
droit-il point alors comprendre dans cette division
toutes les idéesfausseset inexactesqu'on se forme des
objets, toutes ieserréHrssailiaates de l'itnag!natioo et
du jugement, tout ce qui irrite ou provoque des
desirs fantastiques? ce seroit aiors s'ériger en cen-
seur suprême de la vie privée et publique des
hommes, embrasser dans ses vues l'histoire; !a j 1
Morale, la politique et même les sciencesphysiques
dont le domaine a été si souveot in&cté par-des sut;-
tilités brUlantes et des rêveries.
~37. Un Nosologisteanglais (Cuilen) a fait
`~

remarques judicieuses sur le caractère distinctifdu


<déi!re maniaque qu'ilfàit consister dans des erreurs
du jugement, de fausses perceptionsdes objets ex-
térieurs, uoe associationinsolite d'Idées, et des ai-
jR:ctions mondes plus ou moins violentes et nou
provoquées; mais les explications vaines et les
théories gratuites qu'il donue ensuite des faits ob-
jMrvés, comme pour en dévoiler le mécanisme, ne
sont-elles point en opposition avec la marche grave
et circonspecteque doit s'Imposerun historienndèle
~es symptômes des maladies? Comment a-t-il pu
croire que quelquesvuessubtiles sur le mouvement
<lu sang dans le cerveau,et sur les différens degrés
9
d'an prétendu <'a?c<~e~ et d'un collapsus de
cet organe, suffiroient pour sonder le mystère pro.
fond dusïége de la pensée, et des dérangemens
dont elle est susceptible? Je suis loin de vouloir m'é'
sarer dans ces régions inconnues,et je me borne à
l'exposition simple des résultats de l'observation la
plus constante et la plus répétée.
!58. La dist!nct!on des trois espèces de manie
admises par Cul!eo, l'une mentale, l'autre corpo-
)rel!e,ïatro!stème obscure, est-elle fondée sur des
différences essentielles, et leurs signes exténeurs
sont-ils bien caractënsés ? Les symptômes de cha-
cune d'entre elles ont-ils des dissemblances mar-
quéea, ou bien ne differeot-ils que par leur !nten.
sité plus ou moins grande, leur durée ou d'autres
variétés accessoires ? On doit déplorer le sort de
l'espèce humaine, d'être souvent la victime des
études superficielles qu'on fait en médecine,et de la
négligence qu'on met à prendre pour guides les mé-
thodes dedivision adoptéespar les Naturalistes.Pour
établir ces distributions sur des fondemens solides,
ne faut'U poiot considérer d'abord avec la plus
grande attention les objets particuliers, rassem"
Mer ensuite un grand nombre de faits observés et
les distribuer en plusieurs Husceaux suivant leurs
points multipliés de conformité et des analogies
frappantes? C'est en suivant une route contraire
qu'on a établi en médecine un si grand nombre de
distributions arbitraires quS ont fiai par mettre les
médecins en contradiction les uns avec les autres,
et a laisser dans un état de uuctuation, pour leurs
principes, l'opinion pubiique.
t5q. Un autfeauteurde médecine devenu cé!èbre
en Angleterre, et fertile en idées ingénieuses, a
ibndé sur les principes les plus bizarresla classifi-
cation des maladies, et il ne considère la manie
.que sous le rapport des affections morales qu'elle
peut provoquer il distingue ceUe qui est jointe ù des
idées agréables, sans agitation ni développementdes
forces muscttlaires, cci!e qui porte l'alïénéàiaire
ies efforts les plus violens pour obtenir up objet
qu'U désire, ou pour éloigner ce qu'il déteste, U
admet enfin une autre sorte de, manie jointe un
état de torpeur et un penchant, irrésistible au t!ë-
eespoir. !i a été facile à cet auteur de recueillir dans
la société ou dans des ouvrages de médecine, (~i.
verses anecdotes piquantes sur le.détire excinstf
des mé!ancoHques(~),d'amuser amsi Ïe lecteur en
sacrifiant rexactitude à l'agrétnent, et de mettre en

(t) DarwtQ (~oowMW~ or~e /aH'y~ o~o~/Mtc Life.


Zo~oM 1~96.) désigne comme une espèce de manie ~~M-
~c~<ï<M amor, et il cite pour exemple un chirurgien très-
avare et trus-parsimonieuxqui après avoir hérité de
près de
cent mille livres de rente, tombadaus lamanieparlaCt'amte!ds
la pauvreté. Il gémissoit chaque jour sur l'état de miscre qui
t'exposait à atter mourirdans une prison ou dao~ uoe maisoa
publique d'tnd!getts.
ouNt les caractères fondamentaux de la manie et
sa vraie distinction en espèces. Il traite même d'a-
liénation des vices simples et des travers qu*oa
observe sans-cesse au sein de la société, l'amonr
sentimental, un excès d'amour-propre, la vanité
de la naissance, un grand desir d'acquérir de la cé-
lébrité, l'habitude de s'occuper de pensées tristes',
les vifs regrets des femmes sur la perte de leur
beauté, la crainte de. ïa mort, etc. N'est-ce pas là
convertir en Petites Maisons nos cités les plus
florissantes?
1~.0. Au milieu de celte fluctuation d~opinions
sur les caractères fondamentauxde l'aliénation, et
sa division en espèces,on trouve une conformitégé-
nérale qui est le résultat des observationsles plus
répétées sur les vraies notions deFaliénation, et la
distinction de la manie avec fureur, de la manie
tranquille et du délire mélancolique avec un abat-
tement extrême et un penchant au désespoir. Aussi
'le D*. Chrigton (i) a-t-il établi trois espèces de ma-
nie comprises dans le premier genre des vésanies;
mais il regarde comme un second genre de vésanies
les illusions (A~/MM/M:<ïo/~ ) qui consistent dans
de fausses perceptions des objets extérieurs, sans
autre dérangement des facultés mentales, comme
dans l'hypochondrie; il place sur le même rang la

(t) ~M t/MM/ w~o ~<* ~<~Mrc <M~ oy~M of mental


<~w/~<w! etc. ~Chrigton. London, tt~.
déoMDomanie ou ~convictiond'une communie~
tion immédiate avec des esprits mnH~'saus, jevcr~
tigeettesomaambuiisme;euHn~ibrmeun troisième~
geoFesous!e nom de démence (<7~M~~),et!Ïy
comprenddes lésions pat t!cuMére&de$.dtverses iboc-t
t!oos de l'entendement. Cet auteur s'est Je pïus r~p-,
proche dans ces derniers temps d'une d!vis!oa exacte.
des vësan!cs, mais il y fait entrerplusieurs Q~jetSr
disparates, et même des symptômes particuliers de
!a manie etde lamejancoiie, comme Jes vert~aet
]a croyance de comomoiquer avec leDemoat* J~
lésions particuMèrcsdesiacuItesmentaJes sont atjtas!.
des symptumes des diverses espèces' d~alieaattoo
considérées suivant leurs variétés et leurs: diverses
pjBriodes, et je les ai regardées (s~.Hc.) comoM
matant de caractères distinctifs~ qui serviront à les
jMre connoître et a tracer udèiement leor his~
foire. j
t~i. La diverstte de noms consacrespar tes jan-'
ciecs médecias grecs ponFo~pr~er tes Duancea
et les divers degrés du détire !JEëb?ne,at~st€T~tude
approiondie <qu*i!s avoieat jMte de cette aBeedon
cerébraïe mais peut-onlesappliquer avec le même
succèsaux diverses espèces d'aiiéaationet coonoit:-
on avec assez deprépisioa!eurs,s!gtti&~t!ousvayiees~
pour les &!? scrvtrauxprogresde ceUe partie de
la médecioe? QueHedéCaNce ne doivent pas inspi~
rer des méthodes vagues et iaceptaiaes appâtées &
la maaière d!ohserver les aliéués et la médecine ne
s'est-elle point ressentie j jusqu'ici du penctatit natu-
rel qu'on a de s'amuser de leurs coaceptions extra-
vagantes, et au lieu d'une étude sérieuse, d'en faire
unesorte de bouffonnerie? On s'est doncarrétésur<
tout à la bizarrerie de leurs propos et à leurs saillies
d'une humeur sombre ou joviale, pour en faire un
objet de plaisanterie, p!ut6tquede dir!gersuccessi'
veulent ses vuessur les écarts de leurs perceptions
)a MoMtté d~ëursidées les désordres de leur rë"
~itttKëehce, les faotomes de leur imagination éga-
rée~ ta ibugttc effrénée de leurs passions.Les a!iénés
c~aiHeurs, à moins d'un entier bouleversementde la
faisoB,chercbentià déjouer ceux qui veulent les
exanMoerde trop près. Ils sont doués d'une dissi-
NtUtatiën prûfonde ou d'une &ok!e réserve pour
Be~ pûiot se laisser pénétrer, et iï est souvent difu<-
citëdë se fortneruneidée exacte de leur vraie posi- «

tion et des caractères distinctifs de leur délire/C'est


a p!us!eurs reprises, et dans diverses entrevues me'
nagëes avec habileté, et surtout en prenant avec eux
ua aff de bonhomie et le ton d'une extt'éme fran-
chise, qu*bn peut pénétrer leurs' pëosées !es ptus
Secrètes.ëctatreir ses doutes,et faire dispàroitrë
par ~cie de comparatson,des contradictioas a~à-
rentes. Lèsprincïpesqu'on suit dans des etàMisse-
~ne~spuMicsoa particuliers ~our ~a manière dé tes
dhiger, peuvént aussi produtre en eux des idées
ou des émotions quUeur sont étrangères.Les traite-
t-on avec iTauteur et avec une
dûrëtë déptacée,
Ma deviennent emportes, ha!oeuxetpïe!nsde~o-
ïence. Ils ne peuvent être ramena leurs atÏec-~
tions propresquepardes mao!,erespouces ejtMeoveH*
ïantes, et ce n'estqu'aïors qu'on pe~t traqerl'h!sto!re'
Ëdële de leurs éearemeus considérés comme ma"
ladie. C'est eocore parla qu'o,n peut su!vreja n)M!&
et la méJancoï!e dans le~rs .diverses pcrJLO~es ré-
~uHeres comme dans leurs cha,Dgemens inatteodus~
seut moyende bien connoître leurs ~goescaractér!s-
tiques. Do:hoo donc s'étot~er jS~es o~servatioa~
faites sur les aHenes ~usqut'à ces ~eK~~er~ te<Btpso~t
été eo général ïncomptetes, etpeudtgnes deser.v!r
.de base ibnda~entaïe à une c!ass!6cattQn reguMere~
de raHeaattpnmen~e en ses d!vecses espèces ? `
1~2. Une réiotme général !otrpduite dans <~
etabl!sseroenspuMtcsoo parUconers consacrés au&
aHéues~ Ia.s!oopHctt& des moyens et rordre régu~ep
qu'on a étaM!daQs!enryég!me,dqQnentnta!ntenan6
Ja iacMtté d'embrasser par des e&empïes .npm-i
breux !e cours entier de ïa marne, de pouvonr la~!
contemplonsses trois penches suçcess~es d*m-~i
tensité extrênïe de ]~rs symptômes, de Ïeur déc!
et de la convalescence, sans que leur marcha sotC
~fouMéeoB tnter vertie; on ~atprs l'avantage de-
multiplier les pQtnts de contact et Ïes conformités
qu'ont entre ~eux des ~s anatpgues~.et on donne-
Meu par .te~r.rapprochement~ des~ée~ abstr~tes~
et à des termes géniaux propres à exprimer les-
diverses espèces d'aliéaattpo menta~e~Toutcthéon~-
vaine est d'ailleurs éloignée de ces !cas particnî!cf~,
<Bt: on n'ins!ste que sur des symptôïhës manifestes
aMxsèns pard~s signes extérieurs, teïsqùè~aparoië,
~ës restes insolites, rëxpressiou de certaines ëmo-
t~s Mxarrës et emportées, et dtvers! changement
pï'~u!ts dans l'ëtati'phy~que. Pourquoi doue ne
~o!nt transporter cette partie de la médecine,
'côtïitneâ'ses~utres parles, htnétBctdë us!tëe dan~
toùtësles branches de rMstdi~é~&<ure!Ié?Les traits
dtstt~dtiis ~e I'aI!ëoatidDmectaJè, à certa!nes variétés
'a~e~sô!res ~rës'ë sbnt'H~pasJesimemesdaiis toutes
tIe~ëBsërvattôMs'exactes recoeiUtes a dtversèsépo-
<}u6s? et nëdôtt'on polht
en conclure ~ue tous les
autrës~&its qu'on pourra recuèHIH~Vtend~ontse
~acëroatureHènteMi da~s les div~oas qu'on aura
~bp~ëes? (?est~ë~quëcoiaSnneot<ai!ieurs cHaque~

'dàT!s'îës' hospices.'=
~v !ês aïieuBS ~de Fu~ 'et de l'auto sè&e admis
¡!J
ï~3.' Il est iac!!ë oe recoh'nôttrë'que ïa d!vîs!on de
~!ënat!oBen ses diverses espècëa a été )usqù*ici
établie sur des rapprbcbemeQS arbitraires d'au
'très-pënt ~om~rë~lobservattods souvent ïnëom-
ptètës et inexactes', au îieu d*avoif~tfé"~detéë sur
d~s deùohibremcns de faits très'mult!pliës,recuë!!iis
avec méthode, pendant une longue su~tè d'années
dans' dcs~ étaHissemens puMics et ~Mirticuïiers cbn-
sacrésaux a)iëoésdëPùn et derautrësexe.L'ordre
ïc plus sévère et Je ptu's invariab!e dans' Ïe service,
et la direcuon de ces infirmes,doivent garantir que
la marche des symptômes n'a point
été troublée Ot
intervertie durant leurcouys~et~u'ônapusobserver
avec sotHftous les. passages gpadué8<dcnra!téhat!on,
depuis sdountëustté externe et son déct!~ jusqu'à
la convatescence. L'exposttton htsto~que detces
&!t8do!t avoir été asservie a une méthode sftre et:
coustante, e!. l'observateur a fdn~ msïster part!cu-
lièrement suries cat'actèresdistincHisde~aHénattOo,
pNS désdiverses tlësions de ~entendement et dctia
valonté ( sectf.~ïc i).U doit~ .~e ipravean que les
.varîëtés accessoires de cette ma]adie qui. tierinent
à'!a dtversKé des causes, a~'tatenMté!plus ou moins
grande des symptômes, à dt~rcoce desiobje~
du déitre, ou à ~a rature panUouHèpe'désaffections
morales, ne peuvent nuUémen&fburhu' des càrab-
'tèrësspëotSqoes,pu!sqne eeu~~iéme qa!semb!cnt
ïeptus opposes'peuvent exister sucflelméme altë~o

'aliéna~J~ta' a~f~
dans dtfierentes ctrconstanccs et a averses époques
de 1 'aI!ënaHon mentale c'est assez ~diquer ,1~8
!d:~ pr!n-
les ,pl'in-
c!ppsqne j'a! sn~v~jjans cette c~assi6catton pouria
rendre exacte et com~ete.
l, à JaSociëté de
ï~. J'avo!s.eo!Bmuo~uéautreC~tS,
de Medeciae le résultat de mes recherchesia!tes
8ui' ralténatbïi dans ua établissementparUc~ûlie~
~<t!s je sehtois trop rinsu fnsaacé de ces dbservattoris
m'ëïever à jetés cohs!derat)LQnsgénéréessdrsat
pour
L. ;<
dwtsion en espèces les mêmes vues furent repr!ses
avec plus de suite et des ressourcespins étendues~
Y

la prennère année de la révolution,pa~ maaonnna-


t!on a ia place de Médecin de- l'hospice de B!cêtM,1
eu j'avois continuellement sous mes yeux le spec-
,tacle,de p!usdedeax;ccnt8altenes congés âmes
'soios. Plusieurs années après je rédigeât ie rcsuttat
de mes observions très'Bcmmp!!ëes,e~€ crus pou-
vo!retabÏ)n' une division so!idederaHénahon en ses
diverses espèces, en rapprochant toutes !es histo~es
particuHeres qui m*éto!ent: propres de ceUes des
autpes auteur et en Jcs distribuant en coUecdons
réparées, suivant r~'dre de Ïeu~satiHnités(ï). C'est
'ainsi qu~un délire général plus ou moins marqué,
d'agitauon, d'ifàscibiMté oude
avec ptus oa moins
~nouant àïa fureur, a ëté designé sous le nom de
M~/e périodique ou continue. J'ai conscrvé:!e nom
de~co/~eacetuiquiet0ttdirtgé;exc!u-
sivement sur unob~ou une ser~e partioùMère d'cb'
jet~, avec abattement, moMsité~~et plus ou moins

(t) Un ra~~Me~entde près ~H~M't cents ati~o~M,sou-


comme incurabtes, que j'ai
~misMautraitementoti regardées
Mns cesse sous Mes yeux :t'ta
S~lrit-re, ont mis a d6 nou.
~eMesépreuvéa !a nt~<Mte de!~ta~06atio& que )'a: adoptée,
tett)&n'ai.va~deptus'!a pre~i&M!ëd:Uon,ttQtoon oavfagceur
< h~aaïe, aucan cas d'a!Mnat!o!i qm;ne p~t$se 6tre;tta~M!te-
.t~ppor~ à~ne~csMpeces qttejevteoaa'tcd:J'a:
manie sans lettre n'ëto!t point uoe
M<~Mu seutement qne laputsquecesaMnéM, dans !e moment
espct'e ma!sune vartëtd,
eu etLes raisonnent avec )astM$e,<Tonnent d'aatfcs marquer
d'ëgar&meBt danS'îeaM actions et offrent ~aotret carac~rc~
pyoprefsauxmanMqaM~
de penchant au désespoir, surtout lorsqu'il estporté
au point de devenir incompatible avec les devoirs
de la société. Une débitité pacticultère des ~péra~
tioos de Fentendementet des actes de la volonté,
qui prend tous tescaracteres d'unerévassene secHe,
de ~~enoe enfin nne

I'
a été indiquéepar le nom
sorte de stupidité plus ou moins pt'ononcée~un
cercle très-borné d'idées et une nullité decaMctèM
forme ce que j'appelle M?K)<M~M.
f

~~2VfB.~ OU D~m\KB &Vjé~H*


1"

Caractères ~c~MM <~ la ~~M<e.

ï~5. La maoie,. espèce d~ténation la p~s~é-


quente, se distingue par une excitation cervease,'t
queÏquefbia ~us-
ou ;une agitation extrême portée
~u'à la fureur, et par un délire générât ~us ou
moins marqué; quelquefois avec'les jugemëas tes
plus extravagans~ ou mêote b~ïeveraement
entier de toutes les opératioM ~e yentendement.
'EHeaaussisessignesprécuMen!'sq~iuisontpp6~res,
~on explosion brusque ou son dév~oppem'eatgra-
dué, et ses diverses périodes de ~io!enoe,dedéc!inet
de convalescence,lorsquesamarcb&B'estpomt m-
~rvertie elle peut avoir parconséquent les app~-
rences d'une maladie aigaë; mais elle peut ansst
se prolonger indé6nimentcommeuaenïa!adiechro-
cique~ et deveniraidrs continue ou pénodique.Tout
ce qui existe au moral comme au physique, et
même les vains produits de l'imagination, peuvent
devenir l'objet du délire qui lui est propre. H Im-
porte de rendre sensibles par quelques exemples
ses VM'!etés sans nombre, pour apprendre à bien
saisir ses caractèreaspéclËques.
146. L'exposition précédente (sect. t~) des
causes de ja manie indique qu'il n'y a point une
liaison immédiate entre sa marche ou l'intensité
de ses symptômes et son origine particulière, puis-
que les causes les plus différentespeuvent produire
dans certains cas les mêmes variétés, et que la
méme.cause pedt donner !ieu à des cas de manie
très-diRërens.La violence des accès est encore in"
~dépendante de<ïa même inStience ) et paroïL tenir à
~a coMUtution individueUe~ ou ptutôt aux divers
.degrés de sensibUité physique et morale indiqués
as<ezgenëfa!ement par la couleur des cheveux.
Lesaliénés de l'un et de l'autre sexe, à cheveux
HoBds, sontpiussujetsàtomber daMunerevassecie
.~t un état voism de la demen(:e~jquedans des
emportemens de fureur et c'est une remarque
qu'on a souvent occasion de répéter dans les hos-
pices de l'un e!<jde l'autre sexe ceuxfqui ont des
cheveux chatins conservent un. caractère général
de modération et de douceur dans leur manie, et
leurs affectionsmorales ne se développentqu'avec
mesure et retenue. Les hommesrobustes et a che-
veux noirs conservent au contraire dans leur éga-
rement l'Impétuosité de leurs penchans, et ils
semblent entrainés par une fureur irrésistible.
C'est assez dire que les personnes de l'un et de
j'autre sexe douées d'une imagination ardente et
d'une sensibilité profonde, celles qui sont suscep-
tibles des passions les plus fortes et les plus énergi-
ques, ont une disposition plus prochaineà la manie,
à moinsqu'une raison saine, active et pleine d'éner-
gie n'ait appris à contrebalancer cette fougué im-
pétueuse réûexioatriste, mais constamment vraie
et bien propre à intéresser en faveur des malheu-
reux aliènes.Je dois sans doute faire desexceptiona,
et reconnoitrequ'il existe quelquefois dans les hos-
pices de malheureuses victimesde la débauche, de
Tinconduiteet d'une extrême perversité de mœurs.
Mais je ne puis en généralque rendreun témoignage
-éclatant aux vertus pures et aux principessévères
que manifeste souvent la guérisoo. Nu!!e part, .ex-
ceptëdanslesromans,je n'ai vu desépoux plus dignes
d'être chéris, des pères ou mères plus tendres, des
amans plus passionnés,des personnes plus attachées
a leurs devoirs, que la plupart des aliénés heureu-
eement amenés à l'époque de la convalescence.
1~7. Les préludes de l'invasion et du retour des
attaques de manie peuvent être très-variés (sect.
t''e ), mais il semble en général que le siège primt-
tifde cette aliénation est dans !a région de l'esto-
.mac et des intestins, et que c'est de ce centre que
se propage, comme par une espèce d'irradiation,
Ïe trouble de renteudement(!). 4
148. H se manifeste fréquemment dans ces par-
ties un.sentiment de constriction, un appétit vo'-
race ou un dégoût marqué pour ïes alimens, une
.coDstipadonopiniâtre, des ardeurs intestinales qui
font recherche les boissons rafraîchissantes; 'il
survieatdes agitations,des inquiétudes vagues, des
terreurs paniques, un état constant d'insomnie:;
et bientôt après'J~e~ désordre et le trouble des
idées se marquent ao dehors par des gestes iuso-
lites, par des singularités dans la contenance et
~es mouvemeos du corps qui ne peuvent quef<ap.
per vivement un œii observateur. L'aHéné tient
quelquefoissa 'tête ëtevée et ses regards uxés vers
Je ciel il parle à voix basse on pousse des cris et
des vociférations sans aucune cause connue; i! se
promène et s'arrête tour.à-tour avec un air d'une
admiration réQëchie ou une sorte de recueillement
proibud. Dans quelques aliénés, ce sont de vaius

(t) L'eunmen attentif des signes précurseurs de la mauM


-donne des preuves bienfrappantea deremptre si étendu que
la C<~e et ~o/'d~~oot donné aux forces épigastriques,etqde
JSt~M a si bien peintes dans Mn Histotre naturelle.C'est mente
totte la région abdominalequi semble entrer dans ce MB-
~port sympathique.. i
excès d'une humeur joviale et des éclats de rire
immodérés. Quelquefoisaussi, comme si la nature
se plaisoit dans les contrastes, il de manifeste une
tacituroitésombre, une effusion de larmes Involon-
taires, ou même une tristesse concentrée et des
angoisses extrêmes. Dans certains cas, la rougeur
presque subite desyeux, une loquacité exubérente
font présager l'explosion prochaine de la tnanie
et la nécessité urgente d'une étroite réclusion. Un
aliéné, après de longs intervalles de catme, par-
loit d'abordavec volubilité;il poussoit de fréquens
éclats de rire, puis il versoit un torrentde ~rmes~~
et rexpérieace avoit appris ~a nécessité de le ren-
fermer aussitôt car ses accès étoient de la plus
grande violence. C'est par des visions extatiques
durant la nuit que préludent souvent les, accès
d'une dévotion maniaque c'est aussi quelqueibis
par des rêves enchanteurs et par une préten-
due apparition de l'objet aimé sous les traits
d'une beauté ravissante, que la manie par amour
éclate quelquefois avec fureur, qu'elle peut pren<'
dre le caractère d'une douce rêverie, ou Men ne
laisser voir que la confusion la plus extrême dan$
ies idées et une raison entièrementbouleversée.
x~.Q. Une vérité fondamentale
méconnue jus.
que dans ces derniers temps, et que l'observa-
tion la plus répétée pouvoit seule constater, es~
que la manie produite par une cause accidentelle
se rapproche par sa marche de celle des -autres
maladies aiguës, qu'elle a ses périodes successives
deviplence extrême, de déclin et de conva-
lescence .lorsque rien ne contrarie les efforts
salutaires de la nature, et qu'on les seconde par
des moyens simples et une grande surveillance.
de dois rappeler ici une des premières obser-
vations de cette sorte que j'ai faites il y a quel-
ques aonées pour édaircir ce point délicat de
pathologie interne observation qui a été répétée
sans cesse depuis cette époque avec succès sur
tous les cas récens de manie produite par un acci-
dent. ï~es circonstancesdéterminantes de cette ma-
ladie ont été indiquées dans la Sect. 1~, art. ay.
i5o.M«?r<s Période. 4" jour. Visage p&le,
les yeux fixes la voix forte idées *très con-
fuses, délire dont l'objet est une prétendue dé-
couvertefaite en chimie. Une seule idée dit-
doit remplacer ~OM~~ les <M~ Je suis
<f<CM je suis père de l'univers Visage eà-
ilammé, fureur peinte dans ses traits regard
étïncelant, torrens d'injures contre tous ceux
qui rapprochent, tnenaces de tout exterminer.
( Il est contenu par le gilet de fôrce, et il prend
en abondance des boissons CCM~M/ ou ~M~-
~MMec~.) Alternatives de vociférationset de jure-
mens ou d'un affaissement comateux, état analo-
gue les jours suivans. 12° jour. Une grande agita-
tion pendant la nuit, fausses perceptions; l'aliéné
<croitvoir autour de lui des chats, des chiens des
loups; par intervalles, sorte de tétanos passager
éruptions de boutons sur les régions dorsate
et cos-
<a!e. ~/<M~. Les boutons pleins d'un fluide dia-
phane-s'ouvrent le lendemain sommeil
pour la
première fois. Dès ce jour diminution des
mouve-
mens convulsifs du tétauos qui avoient eu lieu
auparavant. (~o~b/Myr~MCMfe~~.pycr~ sur la
~e~ qui est rasée et reste nue garde-robes
sollicitées par une boissonc~e~ee.) Le~c~~
quelques momens lucides; mais eu général, état de
délire, fausses perccptïons, sorte de fureur qui le
porte sans cesse à tout briser, à tout déchirer dans
son égarement. Il parle tour-à-tour de mystères,
decabale, de pierre philosophale; il trace desugures
hiéroglyphiquessur les
murs; faim dévorante, des.
sèchement de ses boutons.eco~~o~
35<oMr.Il demande avec intérêt des nouvet!es de
ses parensà un de ses cumpatriotes, il parie de ses
amis; mais bientôtaprès tneobérence dans les idées.
46o/oM/ Légère promenade dans le jardin, ainsi
que les jours suivans. 5ze jour. Obstiuation do
rester assis au soleil, ce qui lui est nuisible: alors
face rouge, les, yeux fixes
ou très-mobiles le
regard menaçant, spasmes dans les muscles des
membres, du tronc et de la face, sorte d'évanouis-
sement passager. Ces accidens se renouvellent en
exposant !a face aux rayons du soleil; ce qui de-
mande un surcroît de surveillance. Déjections plus
régulières et moins noires, retours
passagers de
~o
délire; mats les intervalles lucides plus prolongés.
~ye M~. ( Continuationdes &<ï~ e~e <~MC
jours l'un.) Déjections liquides, faim plus modérée,
mats toujours impulsion involontaire à briser tout
Promenade
ce qui tombe sous ses mains. y3c jour.
en voiture pendant quelques heures (convales.
<?CM<?< retour complet de la ra!son, desh' de re-
venir a ses auc~enoes habitudes quand l'entende-
ment sera bien rëtaM! ce qui suppose le sentiment
intérieur de son véritable état; contractionsspas'
modiques plus rares. 76° jour. SaUvadon qui de-
vient chaque jour plus abondante et se continue
pendant une quinzaine; desir du convalescent de
revoir son amante, qu'on avoit eu soin de tenir
éloignée, ooo jour. Fatigue par plusieurs visites
qu*oo a permises; les jours suivans, certaines idées
disparates par intervalles, besoin de quelques mé-
nagemens pendant quelque temps, volonté &rte"
mentprononcëedereveniràsesanctenneshabitudes
et de se marier; dès-lors liberté illimitée dé faire
des promenades au dehors. goe jour. H est rendu
à la société, et il s'est marié un mois et demi après
sa sortie; il a joui depuis cette époque de l'usage
entier de sa raison, ma!gré les chaleurs excessives
de l'été suivant, les inquiétudes inséparables d'un
mariage mal assorti, et des occupations très.mul-
tipliées.
ï 51. Ce fut seulement en l'an to que je sentis le
très'grandavantagedetracerlesh!stoiresparticulières
M8 DIVERSES ESPECES B ALÏENATtON. t~
de laman~e sur le plan de la précédente, et d'indi-
quer ses périodes successives pour bien connoitre sa
marche, non moins que pour s'élever aux vrais
principes du tracement, toujours incertain et va-
cillant si on ue reconnu! la direction salutaire de la
nature lorsqu'elle est heureusement, secondée.,
Ma!s l'opposition qm règne entre cette manière
simple et encourageante de considérer la manie,
et les méthodes violentes et perturbatrices que la
routine a consacrées,demandoient l'examen ieptu~
scrupuleux, et il étoit prudentde ne prendre un
parti décisif qu'après les résultats les plus répétés
de l'expérience dans un grand rassemblement d'a-
liénés. Pour rendre ces recherches plus régulières
et plus sures, et mettre le plus grandordre dans le
service, les aliénées de la Saipetriére furent distri-
buées dans trois sortes de départemens, séparés
suivant!e plus haut degré de la maladie, son déclin
ou la convalescence (ï). Je crus donc qu'il conve-
noit encore de suspendre son jugement, et je con-
tinuai de tracer des histoires particulièresde fa ma-
nie, non en Insistant avec légèreté et avec une sorte
de complaisance, comme le font la plupart des au-
teurs,surlessingu!aritéspiquaateseteouventrisiMes

(< ) M. Esquirol, un de mes anciens


élèves, a suivi la mctn~
méthode dans un etabtissementparticulier qu'it a formé pour
!c trahemeot des aliénés de l'on et l'autre sexe et dont j9
rendra! compte dans la suite de cet ouvrage.
qu'omît ent les maniaquesdans leur délire, mais en
faisant des remarques sur les lésions isolées ou réu-
nies de l'entendement, et en remontant par là aux
vrais caractères de la manie considérée dans ses
diverses périodes. On voit alors combien de cir"
constances peuvent compliquer cette espèce d'alié-
nation, et rendre difficile le traitement.
ï5&. La manie peut s'o~rir, même dans son état;
simple, sous les formes les plus variées, suivant ses
diverses périodes, la lésion d'une ou de plusieurs
opérations de l'entendementl'état d'agitation et la
violence plus on moins grande des afiecuons mo-
rales, gaies ou tristes, calmes ou emportées, les
retours périodiques de ses accès ou sa durée conti-
nue et c'est ce vaste tableau que montre un grand
rassemblement d'aliénés. D'autres variétés secon-
daires naissent de l'influence des saisons, de l'ordre
maintenu dans l'hospice, de la distribution judi-
cieuse des aliénés en divers départemcns, ou de
leur entassementconfus dans le même lieu, des ma-
nières dures et repoussantes des préposés, ou des
moyens de douceuretde bienveillance mis en usage.
Les apparences extérieures sont d'ailleurs très-
propres induire en erreur, et des cas de manie
qui out des contbrmités extérieures peuvent être
très-différens,suivantleur état récent ou Invétéré,
leurs causes physiques .ou morales, l'~e, ou les
mesures de traitement qui ont déjà précédé, et la
gucrison peut-être plus ou moiusdiRIcuea obtenir,
qnetque~bismême impossible.Des diHcrences d'une
autre nature peuvent tenir à des complications de
!a manie avec d'autres maladies, un dépérissement
gradué, une (ièvre aiguë ,!c scorbut:, la goutte, !'hy"
pocbondrie,Jasuppressiou d'unehémorrhagieactive,
la répercussion d'une affection cutanée, l'hystérie
ou d'autres accidens physiques très-variés~ On voit
donc combien il seroit superttu et d'uoe iongueur
iatermiuab!e de vouloir ici fonder sur des histoires
particulières l'histoire générale de la manie. J'ai
cru devoir prendre une méthode plus directe, et
simpIiSeebeaucoup. cet. objet en rapprochant les
caractères distinctifs de cette espèce dMiënatioa'
rapportés dans la deuxième section de cet ouvrage~
i53. La pfemière période de la maoie est iacue~
ment distinguéede toute autre espèced'aliénationet
de tout autre ~cnre de maladie, par diverses lésions.
de la sensibiHté~ portées à un degré plus ou moins
marqué, un développement queïquefois excessif de
chaleur interne (70) et une extrême facinté de sup-
porter ua froid rigoureux, tedéfautdesomuMtI~~
des alternatives d''une voracité extrême et de dé*'
goût pour les alimens, queîquc~is un projet iné~.
brantaMe de s'imposer une abstinence absolue et.
de se laisser mourir de faim (~5), une indifférence
ou des désirs iras~viotens d~ fHnion d~s sexes
(~8, yg)< La manie, lors de son invasion ou an retour-
de ses accès, est marquée pa~' des changeenenssin–
gutiers dans la codeur ou les traits de la iace~(~)~
quelquefois par une extrême sensibilité dans les or-
ganes des sens, surtout de la vue ou de l'ouïe (85)~
par une succession rapide et une grande instabilité
d'affections morales et d*idées. D'autres variétés se
prenneut de la facilité ou de l'impossibilité de fixer
son attention sur un objet détermine(gz). Une autre
variété très-remarquable de l'état des maniaques
consiste dans la continuation de Ja cohérence des
idées, combinée avec d'autresécarts mantfestes de
la raison (g~). l.a mémoire peut être simplement
suspendue durant les accès de manie (106) ou se
conserverdans toute son intégrité, ti en est de même
du jugement mais alors des passions fougueuses et
emportées, ainsi que d'autres dérangemeus phy-
siques ou moraux, ne laissent aucune incertitude
sur regarement(ï 10). En8n le plus grand trouble
dans ies idées, i'ohtitëration entière du jugement, et
~es émotions bizarres et disparates sans motifet sans
ordre, trahissent le bouleversement le plus complet
des acuités morales (t ï8)' La manie, a son déclin
et lorsque les symptômes diminuent par degrés
d'intensité et commencent à se dissiper, a aussi ses
caractères distinctifs (go), et les signes avant-cou.
~eurs d'un développement gradué de la raison
contiauenta se manifester ~usq~àune entière con-
valescence. Mais ce passage délicat et les préceptes
particuliers qui en dérivent, seront plus spécia-
lement indiqués dans l'exposition des règles de
surveillance qu'exige un hospice d'aliénés de la part
du directeur, ainsi que dans le tableau des de-~
voirs du médecin et de l'extrême réserve qu'
doit mettre dans ses attestations au moment oü le
convalescent est appelé à rentrer dans la société
civile.
ï5~ La manie peut être si Invétérée, ou dé-
pendre d*une cause physique ou morale telle, que
rien ne puisse empêcher son cours etiacontmua"
tion indéSate des symptômes au même degré; mats
leur diminution progressive peut être aussi l'effet
de quelque moyen heureusement employé, e!:
dépendre deradressequ*onmetà imprimer d'autres
Hées eu sens contraire de celles qui dominent. Une
personne de vingt-septans et d'un caractère très~
sensible, vient à éprouver des chagrins profonds~
et une suppression brusque de l'écoulementpër!o~
dique; les deux époques suivantes forent mar-*
quées par un légerdélire, mais au troisième mois
désordre extrémedansiBsidées~et.convictionintime
de l'aliénée que certains pencbans pervers qui Ia~
subjuguent ne peuvent être attribùés qu'à la sug-
gestion du Démon elle se croit dès.Iors possédée
se rend. successivementdans plusieurs maisons~
denaandëà grandscris d'être e.ro~c~~ etnecesse-
de répéter tes mois ~e ~Mï~/e~ ~.coreMM~~de~
~Mg~e~oca~etc.Sonvisageestrooge~
sa voix forte, ses yeux brillan~et égarés; elle
attribue un resserremenispasmodiquequelle sent~
à la gorge, aux efforts que fait. l'esprit malin pouc
l'étrangler. Des chapelets, des images mystique~
sont suspendus a son cou pour éloigner tous les
malheurs qui la menacent, et c'est dans cet état
qu'elle fut conduite à laSaIpétrière. Le directeur
de l'hospice, lors de l'admission de cette aliénée lui,
parle d'un ionienne et énergique. 11 l'assure que
jamais le Démon n'a osé entrer dans cet asile
qu'elle vient habiter; il la prend lui-même sous sa
protectionimmédiate et lui fait donner des habits,
qui, suivantlui, ont la vertu de dissipertouteespèce
de sortilège:ses chapelets ctses images sootsoigceu-
sement éloignés de sa vue, et on l'exhorte d'être
dans une pleine et entière sécurité. L'aliénée ne fait
aucune résistance se couche et dort d'un sommeil
tranquille. Le lendemain,dixième jour du délire
maniaque, il ne lui reste qu'une sorte d'étonne-
ment dans 19 tête elle ne conçoit plus comment
elle avoit pu croire être possédée, et reconno!t son
erreur. Le onzième jour, sommeil tranquille une
partie de la nuit, excrétions libres.Le quatorzième
jour, un peu d'insomnie, soif, sueur. L'usage des
bains tièdes seconda le retour de l'écoulementpé-
riodique,(lui eut lieu le vingt-huitièmejour. Depuis
cette époque, les idées tristes et-mélaucoliques,et
les retours irréguliers d'un délire fugace se dissi-
pèrent par degrés, et ce nefutque vers le troisième
mois que la raison fut entièrement rétablie. On
crut, pour une plus grande sûreté, nedevoir accor-
der sa sortie qu'après deux mois de convalescence.
Un ~cc~ de ~<ï/ï/6 ~~<o~M~ le type dune
Manie co~MMe ?

ï55. Un accès de manie périodique peut être re<


gardé comme le vrai typede la manie continue,si oa
fait abstraction de la durée, et on ne peut donner
une idée plus exacte de l'une, qu'en rappelant
toutes les circonstances de l'autre. Même caractère
pour les causes éloignées, les variétés des aptes
d'extravagance ou de fureur, les lésions d'une ou
de plusieurs fonctions de l'entendement, le nombre
prodigieux d'objets sur lesquels le délire s'exerce.
L'une et l'autre manie peuvent être le fruit de toat
ce que les passions ont de plus véhément et de plus
emporté, de tout ce que J'enthousiasme peut en-
ianter de plus exalté et de plus fougueux, de tout
ce que le fanatisme et l'amour du merveilleux
peuventsuggérer de romanesque et de chimérique.
C'est tantôt un délire gai et jovial qui s'exhale en
saillies vives et incohérentes,
en propos pleins de
pétulance et de déraison;tantôt la bouOissure d'un
orgueil gigantesque, qui ne se berce que de l'ap-
parci! pompeux des dignités et des grandeurs.
t56. J'ai vu certains aliénés divaguer à leur
aise sur une 'foule d'objets présens à leur imagina-
tion gesticuler .déclamer,vociférer sans cesse, et
ne paroitre rien voir, rien entendre de ce qui se
passoitautourd'eux.D'autres, Hvrés à une sorte de
prestige, voient les objets avec les formes et !M
couleurs que leur imagination leur prête, comme
de démons
cet aliéné qui prenoit pour une légion
qui
tout rassemblement de plusieurs personnes,et
cherchoit à sortir de sa loge pour aHerIes assommer.
Un aliéné mettoit tout en lambeaux, ses habits, et
même la paille de sa couche, qu'il croyoitétre un
dé!:reexi!}te
entassementde vipèrea entortillées. Le
quelquefbts avec un état de fureur pendant une
longue suite d'années, d'autres lois il est constant,
et les accès de fureur ne se renouvellent que par
périodes, ou par le concours de quelque cause ac-
cidenteUe. Les progrès de l'âge finissent par amener
ïe plus sou venu uo état de calme; maisquelque&is
aussi les accès de fureur deviennent plus fréquens,
ce qui est d'unfuneste présage.

~o ~M~ <?~c < peut


~~r~ ?
elle < MM~f

157. Un préjugé des plus funestes à l'humanité


etqui est peut-être la cause déplorable de rétatd'a.
bandou dans lequel on laisse presque par-tout les
aliénés est de regarderleur mal commeincurable,
etde le rapporter à une lésion organique dans !e cer-
de tête. Je puis
veau ou dans quelque autre partie la
assurer que dans le plus grand nombre
de faits
que
~ai rassembles sur la manie délirante devenue incu-
yable ou termmee par une autre pMiadie funeste~.
tous lesrésultatsdeFouverturedcs corps, comparer
aux symptômesqui se sont maoiiestés,prouvent que
cette aliénation a en général un caractère purement
cerveux, etqu'clle n*est le produit d'aucun vice orga.
nique de lasubstancedu cerveau, comme je le iemi
connoitre dans la cinquième section. Tout, au con-
traire, annonce dans ces aUénés une forte excitation
nerveuse, un nouveaudéveloppementd'énergie vi-
tale Icuragitation continuene,!eur8crisque!queibis
furibonds, leur pepchant à des actes de violence,
leurs veilles opiniâtres, le regard animé, l'ardeur
pour les plaisirs de l'amour,leur pétutance, leurs
reparties vives, je ne sais quel sentiment de supé-
riorité dans leurs propres forces, dans leurs fa
cultés morales} delà naissent un nouvel ordre d'i-
dées indépendantes des impressions des sens,denou'
velles émotions sans aucune cause réelle, toute
sorte d'illusions et de prestiges. On doit peu s'c-
tonner si la médecine expectante, c'cst-à'dire le
régime moral et physique, suffit quelquefois pour
produire une guérison complète, comme je l'ex-
poserai ailleurs en parlant du traitement.

f~ J!~z~ ~eM~c/~ c~cM~ M~ une lésion


/'cn~e/~<?~!e~~?

i58. On peut avoir une juste admirationpour les


écritsde Locke, et convenir cependant que les no-
tions qu'il donne sur la manie sont très-incomplètes
lorsqu'il la regarde comme inséparable du délue<
Je pensois mot-même comme cet auteur lorsque
je repris a Bicétre mes recherchessur cette maladie,
et je ne fus pas peu surpris de voir plusieursaliénés
qui n'ot'ffoient a aucune époque aucune lésion de
l'entendement, et qui étoient dominés par une
sorte d'instinctde fureur, comme si les facultésaf.
fectives seules avoientété lésées.

Exemple d'une sorte ~'e~o~e~ maniaque


~<?~ délire.

tSo. Une éducationnulle oumal d!r!géc, ou bien.


un naturel pervers et indisciplinable peut pro-
duire !esprem!ères nuancesde cette espèce d'a!!ëna-
tion, comme Fappreud l'histoire suivante. Un 6!s
tïniqae ëtevé sous les yeux d'une mèrefotHe et in-
du!geote, prend l'habitude de se livrer à tous ses
caprices, a tous les mouvemens d'un cœur fougueux
et désordonné r!mpétuos!té de ses penchons aug-
mente et se fortifie par le progrès de fage, et l'ar-
gent qu'on lui pMdigue semble lever tout obstacle
à ses volontés suprêmes. Veut-oo Itu. résister, son
humeurs'exaspère;il attaque avec audace,cherche
à régner par la force; il vit continuellement dans~
les querelleset les rixes. Qu'un animal quelconque,
un chien, un mouton, un cheval, lui donnent du
dépit, il Ïes met soudain à mort. Est'il de quelque
assemblée ou de quelque fête, il s'emporte, doooe
et reçoit des coups, et sort ecaaoglantë d'un autre
c~té plein de raisonlorsqu'il est calme et posses-
seur, dans rage adulte, d'an grand domaine, il le
régit avec un sens droit, remplit les autres devoirs
de la société, et se fait connottre mdme par dés
actes de bienfaisance envers les ioibrtuués. Des
blessures, des procès, des amendes pécuniaires,
avoient été le seul fruit de son malheureux pen-
chant aux rixes; mais un fait notoire met un terme
à sesactes de violence: ils'emporte un jour contre
une femme qui lui dit des invectives, et il la préci-
pite dans un puits. L'instruction du procès se pour.
suit devantles tribunaux, et sur la déposition d'une
foule de témoins qui rappellent ses écarts emportés,
il estcoodaomé à une réclusion dans l'hospice des
aliènes de BIcêtre.

La .~CTMe sans délire ~Mny.M~e par M~e ~~My


aveugle.

t6o. Je puis rendre sensible par un exemple lo


plus haut degré de développement de cette espèce
d'aHéoation. Un homme livré autrefois à uu art mé-
canique, et ensuite renfermé à Bicêtre, éprouve
par intervalles irréguliers des accès de fureur mar.
qués par les symptômes suivans d'abord, senti-
ment d'une ardeur brûlante dans les intestins,avec
une soif intense et une forte constipation cette
chaleur se propage par degrés à la poitrine, au cou,
a la face avec un coloris plus. animé; parvenue aux
tempes, elle de~ieht encore plus vive, et produit
des battemenstrè&'ibrtsettrès'~équensdanslesar*
tères de ces parties, comme si cites aUio!ent se rom-
pre enfin l'aReetion nerveusegagne le cerveau
et alors l'aliéné est dommé par un penchant saagm-
naire irrésistible; et's'il peut saisir un instrument
tranchant, il est porté à sacrifier avec une sorte de
tage la prènt!ère personne qui s'oRre & sa vue. H
jouit cependant & d'autres égards du Jtbre exercice
de sa raison, même durant ses accès il répond di-
rectement aux c~uesttohs qu'on tuî fait; et ne laisse
échapper aucune incohérence dans Jes idées, aucun
signe de déiire, il sent même profondément tonte
l'horreur de sa situauon; il estpëaëh'é de remords,
comme s'il avoit à se reprocher ce penchant ibr-
ceaë. Avant sa réclusion à Bicétre, cet accès de
fureur le saisit un jour dans sa maison} il en avertit
à l'instant sa femme qu'il chérissoit d'ailleurs, et il
n'eut que le temps de lui crier de prendre vite la
Jfuite pour se soustraire à une mort violente.. A Bi.
cétre,mJmesaccèsd'uuefureurpëriodique,mémes
penchans automatiquesa des actes d'atrocité diriges
que!queibis contre le surveiMaat, dont il ne cesse
de louer les soins compatissans et la douceur. Ce
combat intérieur que lui fait éprouver une raison
saine en opposition avec une cruauté sanguinaire,
le réduit quelquefois au désespoir, et il a cherché
souvent à terminer par la mort cette lutte insuppor-
table. Un jour il parvint à saisir le tranchct du cor-.
~onhier de l'hospice, et il se fit une profonde bles-
sure au coté droit de la poitrine et au bras; ce qm
fut suivi d'une violente hémorrhagie. Une réclusion
sévère et le gilet de force ont arrêté le cours de ses
projets suicides.

Autre exemple mémorable d'une Manie non


~~YM~.
ï6i. La manie sans délire (i) a donné Heu a une
scèoesingutière,auneépoque de la révolution qu'on
voudroitpuuvoir eSacer de notre histoire.Les bri-
gands, lors du massacre des prisons, s'introduisent
en forcenés dans l'hospice des aliénés de Bicétre
sous prétexte de délivrer certaines victimes
de l'an-
cienne tyrannie, qu*e!Ie cherchoità confondre avec
les aliénés. Ils vont en armes de loge en loge ils In-
terrogent les détonus, et ils passent outre si l'alié-
nation est manifeste. Mais un des reclusretenu dans
les chaînes fixe leur attention par des propos pleins
de sens et de raison, et par les plaintes les plus
amères. N'étoit-il pas odieux qu'on le retînt aux
fers et qu'on le confondit avec les autres aliénés Ï
tl dénoit qu'on pût lui reprocher le moindre acte
d'extravagance c'étoit, ajontoit'Il l'Injustice la
plus révoltante. Il conjure ces étrangers de faire

(t) J'ai cité dans la première Section sur la manie pé-


~!odique ( iv ) d'autres exemplesde la manie sans <M!!ce.
cesser une pareil oppression ct de devenir ses n"
bérateurs. Dès'iors il ~'excite dans cette troupe ar-
mée des murmures violens et des cris d'Impréca-
tion contre le surveillant de l'hospice on le force de
venir rendre compte de sa conduite et tous les sa-
bres sont dirigés contre sa poitrine. On l'accuse de
se prêter aux vexationsles plus criantes, et on
lui
impose d'abord silence quand il veut se justifier: il
réclame en vain sa propre expérience, en citant
d'autres exemples semblables d'aliénés nullement
dé!irans, mais très-redoutables par une fureur
aveugle; on réplique par des invectives, et sans le
courage de son épouse, quile couvre pour ainsi
dire de son corps, il seroit tombé plusieurs fois
percé de coups. On ordonne de délivrerl'aliéné, et
on Femmène en triomphe aux cris redoublésdevive
&! JR~M&~Me Le spectacle de tant d'hommesar-
mes leurs propos bruyans et confus, leurs iaces.
enluminées par les vapeurs du vin, raniment la fu-
reur de l'aliéné il saisit d'un bras vigoureux le sa-
bre d'un voisin, s'escrime à droite et à gauche,
fait couler le sang, et si on ne fût promptement
parvenu à s'en rendre maitre, il eût cette fois ven-
gé l'humanité outragée. Cette horde barbare le ra-
mène dans sa loge et semble céder en rugissant à
la voix de la justice et de l'expérience.
IÏ.
j~'t~ycorrE~ ou D~zrj!~ <E~c~y~7F.
Acception vulgaire <7M terme de Mélancolie.

!62.A!rrcveureHac!turne,soupgonson!brageux,
recherche de la solitude tels sont les traits qui
servent à caractérisercertains hommes dans la so-
ciété, et rien n'est plus iudeux que cette image,
quand on y joint l'idée de l'abus du pouvoir, la
perversité des mœurs et un cœur sanguinaire
comme l'ont fait Tibère et Louis XI (i). L'histoire

(!) Une taciturnité sombre, une gravité dure et repous-


sante, les après inégalités d'un caractère pte!a d'aigrenret
d'emportemens ta recherche de la solitude un regard
oblique t le timide embarras d'une ameartiucteuse,trab!ssent
des la jeunesse la disposition mé!anco!ique de Louis XI.
Trahs frappans de ressemblance entre ce prince et T!bere
ils ne se distinguent l'un et l'autre, dans l'art de la guerre,
que durant l'effervescence de l'âge, et le reste de leur vie se
passe en préparait~ imposans, mais sans effets, en détao étu-
diés, en projets illusoires d'expéditions militaires, en nego-
ciations remplies d'astuce et de per{!d!e. Avant de régner, ils
8'ex!tent fun et l'autre volontairement de la cour, et vont
passer plusieurs années dans l'oubli et tes langueurs d'une
vie pnvée, l'un dans Ftle de Rhodès, l'autre dans une sol!"
tude de !aBe!g!quc. Quelle dissimulationprofonde, qued'!n<
II
des hommes célèbres dans la politique, les sc!ence~
et les beaux-arts, a iu!t connoître des mélanco.
j!ques d'un caractère opposé, c'est-a.d!re, doués
d'un ardent enthousiasme pour les che&'d'cenvrc
de t'cspt'!t bumam, pour des coucepttons pro.
fondes, et pour tout ce qu' y a de grand et de
magnanime. Ce sontencoredestnélaucoittjuesd'uac
aphèrc moins élevée qui animent et charment,la so-
ciété par leurs affections vives et concentrées, et
par tous les mouvemens d'une ame forte et pas-
s'onnée ils ne sont aussi que trop habiles à iah e
leur propre tourment et celui de tout ce qui les ap<
proche, par leurs ombrages et leurs soupçons
chimériques (t)~

décision, que de réponses équivoques dans ta conduite de


Tiberg a la mort d'Auguste Louis XI n'a-t-it pas été, durant
toute M vie, le modèle de la politique la plus- perfide et ta
plus raftinée ? En proie & leurs noirs soupçons, à des pré&tgcs
les plus sinistres, à des terreurs sans cesse renaissantesvo's
le terme de la vie, ils vont cacher leur dégoûtante tyrannie,
fun dans le ct~teau de Ptessis-tes-Tours, l'autre dans t'ite dé
Capréc, séjour d'atrocités non moins que d'une débauetKï
impuissante et effrénée..Z~o~o~. tom.n.
(1) H n'est pas rare de trouver dans la société des nuances
les plus fortement prononcées d'une métancotto tombée dans
la -~ésanic. Une dame d'un esprit très-cultivé et douée de
qualités rares, cède aux convcunncea du rang et est mariée
avec un homme voisin d'un état de démence. Le désir de se
rendre agréable à sa propre ïanuUe, et un caractère u!c\é
La Mélancolieconsidérée commealiénation.

j[65. Les al!éocst!e cette espèce sont quctqueibts


'dom!aesparuae!dëeexctus!ve({'~israppeiietïtsaus
cessedansleurs propos, qui semble absot'ber toutes
leurs facultés; d'autres fois ils restent renfermés
dans un silcnce obsttné de plusieurs années, sans
laisser pénétrer !e secret de leurs pensées; certams

lui font supporter long-temps avec courage les ddgouts de


cette union; mais c'est chaque* {our quelque scène nouvctb
qui exige sa surveillance et qui l'attriste au dedansempor-
temens puériles de. son intbéeitte époux, menaces, actes de
v!o!ence contre les domestiques, conduite pleine d'Inconsé-
quences. Au dehors et dans le sciu des sociétés, ce sont les
propos les plus décousus et les plus !neohc)'cns,.<}nc!queit)!a
les étourderies de l'extravagance et de l'ineptie. L'!nst!tut!o!t
physique et morale de deux enfans qu'eHcchérit tendrement,
et les soins multipliés qu'elle leur donne, sèment seuls de
touissances les plus vtves sa triste et insipide existence, mais
n'empêchent pas les progrès de s< m~taneo!ic. Son imagina-
tion enfante chaque jour de nouveaux sujets de défiance et
de crainte quelques cvëncmens contraires arrivés certains
jours de la semaine,surtout le vendredi, lui persuadent que
c'est un jour mateneontreu& (/M~r~), et elle finit par
n'oser ce jour-là sortir de sa'chambre. Le mois commence't-H
par le vcudred!, c'est alors un sujet de terreurs h;8 ptu< pu-
si!tan!mes pour cette longue mite de jours, et par degrés
te jeudi mcme, comme veille du vendredi) lui inspire les
nelaissent entrevoir aucun airsombre, et semblent
douésdu jugementle plus sain, lorsqu'une circons-
tance imprévue iait éclater soudain jour délire. Un
commissaire vient un jour à Bicétre pour rendre
la liberté aux aliéués qu'on pouvoit croire guër!s
ïUnterrogeun ancien vigneron qui ne laisse ëcbap-
perdansscs réponses aucun écart, aucun proposin-
cohérent. On dresse le procès-verbal de son état,t
et,suivant la coutume, on le lui donne à signer
quelle est la surprise du magistrat, de voir que celui-
ci se donne le titre de CAr/j~ et se livre à toutes
les rêveries que cette idée lui suggère Un objet de
crainte ou de terreur peut produire une conster-
nation hab!tueÏ!e,et amener le dépérissementet la
mort. J'ai vu succomber ainsi dans les infirmeries

mêmes alarmes. Se montrc-t.ette dans anenssemMce et en-


tead'cite prononcerte nom d'un de ces ~ours, elle devient
yMe et blême, parle avec trouble et désordre, comme si
elle étoit menacéede l'événement le plus funeste. Ce fut que!'
ques mois avant la révolution qu'on me demanda mon av!s
sur cette espèce de vésanie më)anco!iquc et je mis en usage
quelques rentcdes simples, avec les moyens moraux que cet
état doit suggérer: mais les ëvcnemens de t~8g, et bientôt
après des revers de famille et remigration, ont soustrait la
suite de sa maladie a ma connoissance, et je conjecture qu'une
mouvelle chained'idées ) un changement de climat, et peut-
être un état d'imbrtune, ont dissipé les sombres vapeurs de
ta métancotie.
de Bicetre deux soldats autrichiens faits prisoooïers
de guerre, et profondément convaincus qu'ils de-
voientpérir par la guillotiné, Une certaine aigreur
de caractère., une misanthropie sauvage porte cer-
taius a!!encs à rester isolés au fond de leur toge,
et à s'emporter avec fureur contre ceux qui vieri..
nent trouMer !eur solitude. Un d'entre eux est-il
dominé par des idées ret!g!euses, et se persuade, t-il
qn'Uestappe!ëparJec!eia faire quelque oeuvre
cxptatotre, il peut commettre de sang froid les plus
grauds ct'<mes. Je puis joindre ici un exemplesem-
biaMe a celui que j'at donué dans un article precë-
deut. Uu;apcieu moiue, dout ïa ra!son avoitete
égarée parladevottoa,crut unc:certainenuit avoir
VU co songeÏa Vierge€otourée~d*unchœurd*espr!ts
.b!enheurenx, et avoir reçu l'ordre exprès de mettre
à mort un hoj~~e qu'il traitoit d'incrédule: ce pro.
jet hom!cidecût été exécuté si l'altëné nesef~t:
traht passes propos, et s'il n'eut été prévenu ;par
une réclusion sévère.

~D~M.'C /0/77M~ O~O~C~J que ~CM/ /~C/M~'C


~e wë/<aMCo~Me.
<
ï6~. Rien n'est plus inexplicable, et cependant
rien n'est mieux constaté que les deux ionnes oppo-
sées que peut prendre la mélancolie. C'est quelque-
fois une bouffissured'orgueil, et l'Idée chitnériquc
de posséder des richesses immenses ou un pou~o~
Mnsbornes; c'est d'autres fois l'abattementle plus
pusnïntume, uncconstcrnatton profonde, ou même
le désespor les hospices d'aliénés offrent souvent
des 'exemples de ces deux extrême! L'intendant
d'un grand se~ncurperd sa fortune a Fépoquede
Ja révolut!oo, passe plusieurs mois dans les pri-
sdoa, toujours livré nnx ft'nyeuM d'etTe c~ndutt au
snppitce; sa raison s~arc; il est transféré coùMnc
aiiëoéà B!cétre, et (!nit par se croh'eroi de France.
tJn jurisconsulte, désole de se voir entêter par un
événement un nts unique qu'U ~heir'sMtt. tendre-
sa~ve douleur perdflafafson, et
ment, cètJc à
bientôt après i! s~ crô!t h'anstbrmeeh ro! fïe Corse.
J'at garde IoMg-teM~~<ians!es !nnt'mer!esde Bicétr~
-un habitaatde Ver&a!JJcs, ru!aë par !a révoh~o~,
et bientôt après Hvre a t't!!us!on ~ntast!qtte d'être
!e souverain du monde. D'~aMireëÛtc, que
d'exemptes d'une tnstesse profondeet* coacentrëe
qui ne change po!nt d'objet, etqu! unît par amener
le délire! Un homme ïb!b!c et ttmxMeotquelques
propos mconstdërésdurant l'an acJcJaRépubttque;
Hest regardé comme roynlisle, et menace'de perdre
in vie; il entre dans des perplexités extrêmes,
perd !e somme! abandonne ses travaux ord!naires;
teH~ermé ensuite a Bicêtre comme a!!ené. Il est
reste si profondément pénètre de Hdéod'une mort
sinistre, qu'!l ne cesse de provoquée !'exécut!ondm
prétendudécret lancé contre lui, et qu'aucun des
mo~'cnsqn'ona tentés n'a pu le ramener à lui-même..
Ce n'est pas sans émotion que j'ai vu des aliénés,
victimes d'une ame sensible èt tendre, répète!* jour
et nuit le nom chéri d'une épouse ou d'un fils enle-
vés par une mort prématurée, et dont Fimagc leur
étoit toujours présente. Un jeune homme égnré par
un amour malheureux, étoit dominé par âne si
puissante illusion, que toute femme étrangère qui
venoit dans l'hospice ïui paroissoit être son ancienne
amante, qu'il la désignoit sous le nom deJ~~
.e/<?/~&, et ne cessoit de 4ui parler avoo~*a6cent
le plus passionné. <
~r
Z~eo/Mf-e~~ après ~MeAy~~<
en manie?

!65. La mélancolie reste souvent atattoanaÏrë"


pendant plusieurs années,snnsque !e délire exctnsif
<jui en est l'objet change de caractère, sans aucune
nitération au moral ou au physique. On observe
des atiéaés de cette espècerenfermés dans j'hospice
de Dic~re depuis douze, quinze, vingt, ou même
trente années, toujours livrés aux idées primitives
qui ont distingué leur égarement, toujours entraî-
nés par le mouvement lent d'une vie monotone
<pii consiste a manger, dormir, s'isoler du monde
entier, et n'habiter qu'avec leurs fantômes et leurs
chimères. Quelques uns, doués d'un caractère plus
mobile, passent à un état déclaré de manie, par la
seule habitude de voir ou d'entendre des aiiéucs.
furieux ou extravagans; d'autreséprouvent,aprea
plusieurs années, un<B sorte de révolution inté-
rieure par des causes inconnues, et leur délire
change d'objet, ou prend uue forme nouvelle. Un
aliéné de cette espèce, conno à mes soins depuis
douze années, et déj& avance en âge, n'adéhrë
pendant les huit premières, que sur ridée chimé-
rique d'un prétendu empoisonnement dont il se
croyoit menacé. Dans cet intervaUe de temps; nul
écartdans sa conduite, ~uUe autre marqu&d'atiéna-
tion it étoit même d'une réserve extrême dans ses
propos, persuadé que ses parens cherchoient à
le faire,interdire et à s'emparer de ses biens; r!déc
d'un prétendu poison le rendoit seulement très-
ombrageux, et il n'oso!t manger que les alimens
pris à la dérobée dans la cuisine de son pension-
pat. Vers la huitième année de la réctusion, sou
délire primitif a changé de caractère; il a cru d'a-
bord être devenu le plus grand des potentats, puis
l'égal du Créateur et le souverain du monde cette
idée fait encore sa félicité suprême. ·

T~T~e Ja.<MCO~ qui conduit au suicide.

i66< « Les Anglais, dit'Montesquieu,se tuent


sans qu'on puisse imaginer aucune raison qui
les y détermine; ils se tuent dans le sein msme
» du bonheur. Cette action, chez les Romains, ctoit
Tciïet de l'éducation, elle tenott à leur manière
de penser et à leurs coutumes; chez les Anglais

physique de la machine.
chant au su!c!de qu'indique l'auteur de 1'
c'est l'cuet d'une maladie, elle tient a. l'état
L'espèce de pen-

des lois, et qui est Indépendantdes motifs les plus


puissans de se donner la mort, cootme la perte de
l'honneur ou de la fortune, n'est point une mala-
die propre & rAngteterre, ou eu voit des exemples
nombreux en France dans les hospices. J'ai publié
autrefois des exemples de ce genre dans un ou-
vrage périodique (t),et je me borne à rapporter
en abrège un de ces faits.
i6y. Un jeune homme de vingt-deuxans est des-
tiné par ses paréos l'état ecclésiastique ( c'etoit
avant la révolution), et, sur son refus, abandonné à
lui -même. Des moyens précaires d'existence se suc-
cèdent tour'à-tour, it paroït~nBn jouir de la tran-
quillité et du calme dans une maisonoù il est cbért
c'est cependant alors que son imagination est as-
saillie par les idées les plus tristes et les plus mélan-
coliques dégoût de la vie et réilexions diverses sur
les moyens de se donner la mort. tl médite un jour
de se .précipiter du haut de la maison, mais le cou-
rage lui manque et le projet est ajourné. Quelques

(t) La ~<~<v//c éclairée par les jc~/M-cj


~MM.
jours après une arme à feu lui paroit plus propre
a le délivrer du fardeau de la vie; mais au mo-
ment de l'exécution,toujours craintespusiMauimes,
toujours perplexités renaissantes. Un de ses amis
qu'il instruit de ses projets sinistres vient un
jour me les communiquer, et se réunit à moi
pour prendre tous les moyens que '!a prudence
ponvoit suggérer: sollicitations, invitations pres-
santes, remontrances amicales, tout est vain; Ïc
destr de se détruire poursuit sans cesse le mal-
heureux ~eune homme, et il se dérobe à une fa-
mille où il est combléde témoignagesd'attachementt
et d'aminé. On ne pouvoit songer à un voyage loin-
tain et à un changement de climat que i'ftat de sa
ibrtunesemb!o!t lui interdire, il ~Uut: y supp!éer,
comme objet puissant de diversion, par un travait
pén!Me et soutenu. Le jeunemélancolique,pénétré
~*aiMcursde l'horreur de sa situation entre plei-
Bement dans mes vues, change d'habits, se rend
au Port.au-Bied, et mé!é avec les autres ouvriers,t-
ne sedistingue d'eux que par un p!us grand zèle à
mériter son salaire. ï~ ue peut soutenir <~ue deux
jours cet excès de fatigue, et il faHut.r~ourirà
un autre expédicot: on le fait entrer,~ titre de
mauœuvre, chez un maître maçon des cnvimus de
Paris, et il est. d'autant mieux accueilli qu'il se rend
utile par intervallesà l'éducation d'un fils unique.
Quct genre de vie p)us commode et plus sain pour
un mélancolique~ que l'alternative d'un travail.
des mains et de Fétude du cabinet Une nourriture
saine, un logement commode et tous les égards
dus au malheur, semblent aigrir au lieu de catmer
revient quinze jours âpres
ses funestes pencbans; il
expose, le': Jarmcsaux yeux,
vers son ancien ami, iui
les combats intérieurs qu'it éprouve et Podieux dé-
goût de la vie qui le porte d'une manière irresistiMe
lui fait le pénètrent
au suicide. Les reproches qu'on
de douleur, il se retire dans un état de consterna-
tion et de désespoir, et on ne peut douter qu'it ne
Seine, dernier terme d'une
se soit précipité dans la
existence devenue iosupportable.
i(i8. Le caractère mélancoliquepeut se soutenir
à un degré plus ou moins marqué sans devenir un~
maladie déclarée mais alors il ne peut qu'inspt-
invariable de se
rer des alarmes par la résolution
soustraire non-seulement auxdevoirs de la société,
mais encore par un penchant irrésistible à s'impo-
devenir funestes,
ser des privations qui peuvent
froid des crimes
ou à commettre même de sang
atroces, suivant les idées involontaires qui sont
suggérées. Le mélancoliquerefuse quelquefois avec
la plus grande obstination la nourriture quHu; est
nécessaire pour soutenir ses forces et son existence
(7~ '75); dans certainscas il tourne sans cesse sur un
enchantement excliisif d'Idées qui t'obsèdent et lé
dominent (83) quelquefois son attention cstuxée
nuit et jour sur uu objet circonscrit (9~.) sans qu'on
puisse !a détourner ailleurs; son imagination est si
vive, qu'elle lui fait voir du merveitieuxdonsïes ob'
jets les plus simples (99) et qui en sont le moins
susceptibles; de là vient une source féconde J'er<
reurs et d'Illusions (100) il est au contraire susccp-
ttbie d'une forte application; mais il est sujet au~
à saisir de faux rapports entre certains objets, à
cause de quelque aiïëction morale exclusive qui le
domine (m). Que d'émotions vives et emportées
jt'entrainent au-delà de certaines limites et lui font
voir certains objets tous des couleurs fausses et em-
pruntées, ou peuventmême Je pousser aux derniers
exceaet. aux crimesles plus atroces (i !8), cotûme
eHes le rendent susceptible de certaines actions les
plus généreuseset les plus magnanimes
ï6g. Une jeune demoiselle née de parens fortu-
aësètqu!avo!treou une éducation distinguée, se
trouva par leur mort dénuée de toute ressource et
se jeta toute entière dans une dévotion des p!us fer-
ventes, par l'espoir de se rendre ta Providence ta"
voraMe. Le,seul moyen qui sembloit lui être offert
étoit celui d'épouser un homme riche; et des-lors
prières, ]euues,macératioas, toub ~u~miseo usage
pour. obtenir cette faveur du ciel: l*exahation fit
des progrès rapides, et il succéda uu:vrat dél!re mé-
tancp!ique, au point de refuser avec obstination
toute nourriture.!J y avoit déjà cinq jours qu'eUe
gardoit une abstinence absolue a son entrée à Ïa
Satpétrière on eut recours a la douche comme
moyen de répressioa elle consentit à prendre
un peu de nourriture, mais ne voulut manger que
du pain, et peu & peu on parvint à lui faire prendre
une nourriture encore plus substantielle. Elle s'est
ensuite livrée au travail, et sa convalescence a été
complète vers le troisième mois de son séjour à la
Sajpétrière. En général on remarque une grada-
tion singulière dans les affections morales des jeunes
mélancoliques douées d'un tempérament ardent:,
eues donnent ordtuairemeotdans la plus haute piété,
adressent au cicl ïes prières les plus ferventes pour
combattre tespeuchausde Ja nature et sortir triom-
phantes de cette lutte pénible, le contraire arrive
très-souvent, et tesieux de FamoursemMentencore
se ranimer avec plus d'énergie. Une seule voie leur
est ouverte pour tout concilier, c'est l'espoir d'un
mariage heureux avec quelle ardente ferveur ne
sollicitent-elles pas ce nouveau bienfait de la Pro-
vidence que de prières, que de jeunes austères
mais le plus souvent l'imagination ne fait qucs*ei:aÏ-
ter plus en plus, le sommeil se perd, et il se
de
déclare un véritable état de mélancolie maniaque.
170. Les idées des mélaaco!Iqups en délire ont
souvent une telle ténacité et semblent gravées si
profondément dans leur mémoire,qu'eues leur sont
toujours présentes, et que tous les moyens qu'on
peut tenterdeviennent ineincaces. L'aliénée se livre
alors avec plaisir à des idées extravagantes qu'elle
regarde comme très-ion Jées, sans former aucun
doute sur leur véracité~ niais si on parvient a Fé-
branler par des raisonuemeus en sens contraire,
et qu'on vienne à gagner sa confiance, ou plutôt
si on parvient à lui inspirer déjà le desir de sortit
de son état, elle tombe d'abord dans des perplexités
extrêmes c'est un vrai chaos que ce choc tumul-
tueux d'idées, qui se combattent les unes les autres
dans un entendement fbible, et entre. lesquelleseu
est encore incapable de faire un choix; plus de re-
pos, plus de calme, plus de sommeil, et ce sont des
peines d'esprit sans cesse renaissantes. Ou avoit re-
proché à une jeune mélancolique ses liaisons avec
un homme qu'elle ne pouvoit espérer d'épouser,
qu'elle aimoit tendrement, et on lui faisoit inconsi-
dérément les reproches les plus amers de suivre
les penchaus (le son cceur. Ses inquiétudes et ses
agitations devinrentdes plus vicÏeates, et c'est alors
qu'elle cherchoit souvent u s'entretenir avec le di-
recteur de l'hospice, à lui conner ses tourmens et
ses peines, et quelle lui demandoit avec instance
de soutenir son courage. Le directeur étoit trop
habile pour ne pas voir dans ses confidences ua
déclin des symptômes et la possibilité de détruire
ses illusions tous les doutes se dissipèrent peu à
peu, et deux mois après la convalescence fut com-
plète.
III.
DÉMENCE, OU ~JBOZZr~O~DE F~JB*
/.M ~~z<~ les plus saillans de Démence o~er~c~
~MC/~MC/O~ dans la ~OC~C.

iyt. L'esprit de légèreté extrême et d'une ibHe


distraction, les inconvenances extravaganteset sans
cesse répétées, les étourderies bizarresqui forment
le caractère de Mcnaïque dans l'ouvrage de la
Bruyère (chap. UI)~ sont loin d'être un de ces ta-
bjeaux imaginaires qui n'existent que dans les ro-
mans. Le médecin observateur peut remarquer
quelquefois dansla suciété.ce prem!erdegt'c de dé-
mence dont on trouve des modèles complets dans
les hospices.Un homme nourri dans les préjugesde
I'anc!eane noblesse, et à peine à sa cinquantième
année, s'acheminoit à grands pas, avant la révolu"
tion, vers cette sorte de désorgan!sat;pn morale;
rien n'égalott sa mobilité et les abefrattons de son
effervescence puénie; il s'agitoit sans cesse dans
rintérîeut'dcsa ma!soa,bab!ilo!t, crioit, s'empor-
toit pour les causes les plus légères,tourmentantses
domestiques par ses ordres minutieux, ses proches
par des inconséquenceset des écarts brusques, dont
il ncconservo!t unmomentaprèsaucunsouvenir,au*
cunqtrace;tlparlo!ttour-à.touraveclupluscxtreme
versatilité de la cour, de sa perruque, de ses che-
naux de ses jardins sans attendre de réponse, et
sans donner presque le temps de suivre ses idées
mcohérentes et disparates. Une femme trcs-spiri-
tuelle .que des convenances du rang avoient associée
à sa destinée, tomba par cette union dans l'hypo-
chondrie la plus profonde et la plus désespérée.
ï ya. Est-il au pouvoirde la médecine de rétabtir
une raison égarée par l'épuisement et l'abus ex-
trême des plaisirs, et n'est-ce point uue sorte de
démence accélérée?

JM~ incohérentes entre e/ sans aucun


yY~o/~a~cles objets extérieurs.

ïyS.Une mobilité turbulente et incoercible, une


successionrapide et comme Instantanéed'idées qui
semblent naître et pu!Iu!cr dans l'entendement,
sans aucune impression faite sur les sens; un i!ux
et reuux continuel et ridicule d'objetschimériques
qui se choquent, s'alternent, se détruisent les uns
les autres sans aucune intermission et sans aucun
rapport entre eux; le même concours incohérent
mais calme d'affections morales, de sentimens de
<o!e, de tristesse, de colère, qui naissent fortuite-
ment etdisparoissent de même sans laisser aucune
trace, et sans avoir aucune correspondanceavec les
impressions des objets externes; tel est le caractère
fondamental de la démence dont je parler Un.
homme doué d'un patriotisme ardent, mais peu
éclaire, et qui étoit uu des plus zé!cs admirateurs
du fameux Danton, se trouve présenta la séance
de la Convention où fut prononcé le décret d'ac-
cusation contre ce députe; il se retire dans une sorte
de consternation et de désespoir, reste renfermé
chez lui plusieurs purs, livré aux idées les plus si-
nistres et les plus métaacotiques « Comment ?
Danton un traître! rcpète.t.U sans cesse; on uc
peut plus se fier à personne, et la République
est perdue »! Plus d'appétit, plus de sommeil
et bientôt l'aliénation la plus complète. Il subit le
traitement usité à l'Hôtel-Dieu, et il fat conduit
à Bicctre. Je l'ai gardé plusieurs mois aux infir-
meries de cet hospice, livré à une sorte de rêvas'
serie douce, à un bahil confus et non interrompu, à
des propos les plus disparates; il parloit tour-a-tour
de poignards, de sabres, de vaisseaux démâtés, de
vertes prairies, de sa femme, de son chapeau, etc.;
il ne songeoit à manger que lorsqu'on mettoit ses
alimens dans sa bouche, et il étoit absolument ré-
duit h une existence automatique.
1'?~. Les divers degrés de lésion de la mémoire,
quoique très-analogues peuvent avoir aussi des
différences très-marquées si on les examine avec
soin et qu'on les compare entre eues. Un jeune
homme, de quinze ans, qui a une époque orageuse
de la révolution fut.témoin de la mort violente de
ton père, en fut si frappe qu'il perdit l'usage de la
ï2
parole et presque entièrementles fonctions de l'en-
tendement. Il éprouve cependant des sensations
conformes aux objets qui les font naître; il paroit
même saisir quelque liaison entre des sensationsqui
ont un rapport direct à ses besoins, et il en con-
serve quelque temps ie souvenir. Il reconnoîtl'infir.
mier chargé de lui donner des soins et il lui de-
mande à manger en faisant certains gestes. A-t-11
reçu des bienfaits d'une personne, il lui fait des
prévenances, et il évite au contraire ceux qui l'ont
maltraité ou menacé. !i compare entre eux les objets
qu'on lui présente, et parmi deux morceaux de pain
qui lui sont offerts, il préfère et saisit sans balancer
celui qui a le plus de volume. Il distingue un adulte
d*un enfant, et il obéit à l'un tandis qu'il résiste à
l'autre mais son jugement semble nul pour le plus
grand nombre d'objets étrangers à ses besoins,
et il ne pat ott avoir aucune idée ai de propreté ni
de décence.

~ce~K/~e ~ro~re ~ï<~re M/Mt~a~~re/~ce


entre Démence et la .~MM.

i'y5. On ne sauroit mieux coanoîtrela démenco


qu'en la mettant en opposition avec la manie déli-
rante, pour bien saisir ieurs dissemblances. Dans
celle-ci la perception des objets, l'imagination, la
mémoire peuvent être lésées mais la faculté du ju-
gement subsiste souvent, c'est'à'dirc l'associationdes
idées. Le maniaque, par exemple, qui se croit Ma-
homet, et qui coordonne tout ce qu'il fait, tout ce
qu'il dit avec cette idée, porte en réalité un juge-
ment, mais il allie deux. idées sans aucun ibnde-
ment.c'est-à.dire, que sou jugement est faux; et
sous ce point de vue, que deviendroient la plupart
des hommes si leurs jugemens erronés ëtoientutt
titre de réclusion dans lesPeutes-Maisons? Au con<
traire, dans la démence, il o*ya point de jugement,
ni vrai ni faux; les Ldëes sont comme Isolées, et
naisscat les unes à la suite des autres; mais elles ne
bout uuUement associées, ou plutôt la acuité de Ja
pensée est. aboHe. J'en puis citer encore pour
exemple un aliéné que j'ai eu souvent sous mes
yeux. Jamais une image plus frappante du chaos
que ses mouvemens, ses idées, ses propos, les
élans confus et momentanés de ses affection;: mo-
rales. H s'approche de mol, me regarde, m'accable
d'une loquacitéexubéranteet saos suite.1J n moment
après, il se détourne et se dirige vers une autre per-
sonne qu'H assourditde sou babil éternel et décousu,
il fait briller ses regards et il semble menacer
mais comme II est autant incapable d'une colère em-
portée que d*uue certaine liaison dans les Idées, ses
émotions se bornent à des élans rapides d'une ef.
fervescence puérile qui se calme et disparoît d'uu
clin d'œU. Entre-t-il dans une chambre, il a bien*
tôt déplacé et bouleversé tous les meubles; il saisit
avec ses mains unc table, nue chaise, qu'il enlève,
qu'il secoue, qml transporte ailleurs, sans mant-
fester nt dessein, ni intention directe à peine a-t-on
tourné les yeux, il est déjà bien loin dans une pro-
menade adjacente, où s'exerce encore sa mobilité
versatile il balbutie quelques mois, remue dus
pierres, et arrache Je l'herbe qu'il jette bientôt au
loin pour en cueillir de nouvelle; il va, vient et re-
vient sur ses pas; il s'agite sans cesse sans conserver
le souvenir de son état antérieur,de ses amis, Je ses
proches, ne repose la nuit que quelques instans
ne s'arrête qu'a la vue de quelque aliment qu'il
dévore, et il semble être eotramé par un roulement
perpétuel d'idées et d'affectionsmorales décousues
qui disparoissent et tombent dans le néact aussitôt
qu'ctics sont produites,
iy6. Les laits qui viennent d'être rapportés
joints à d'autres traits distinctifsde la démence, pris
de !a section précédente, donnent ses vrais carac-
tèrcsspécinques,qui peuvent être énoncésde la ma-
nière suivante, lorsqu'elte est portée au plus haut
degré succession rapide, ou plutôlalteruativc non
interrompue d'Idées isolées et d'émotionslégères et
disparates, mouvemens désordonnés et actes suc-
cessits d'extravagance~ oubli complet de tout état
antérieur, abolition de la faculté d'apercevoir les
objets par des impressions faites sur les sens
oblitération du jugement, activité continuelle sans
but et sans dcsseiu, et nul sentiment intérieur de
son existence.
IV.
~y~y~~j~ ou c~/T~a~r/o~r DES f~c~f.TE~
~~T~E~.&EC'y~~i~Ej' ~T ~PFCCTfr7?J'.

La /<z~7/c~M~M.fc~M /'cZ'e ~o~/r e~~M/*


~e/.y ~e~r~.r d'aliénation.

177. L'auteur des Synonymes françaisa beau vou-


loir U'acer les nuances de ce qu'on appelle dans la
soc!cte~o/~ e.r~<ye~
cille, etc., il ne fait
(ju'tudiqncr
~o~e-
de
Jc dernier terme
rëcheHe de graduation de ia raison de la pru-
dence, de la pénétration, de Fesprit, etc.; mais ii est
loiu de s'etever à des notions exactes sur les divers.
genres d'aliénation. L'idiotisme, qu'il définit un dë-
iautdeconnoissance,n'est, a te considérer daus les.
hospices, qu'une abolition plus ou moins absolue
soit des fonctions de l'entendement, soit des afïec-
tions du ccenr: M peut tenir à dc~ causes variées,
i'ahus des plaisirs cnervans, Fusage des boissons
narcotiques,des coups violons reçus sur ]a téte~
une vive irayeur ou un chagrin proibnd et cocceu-
h'ë, des études forcées et dirigées sans principes,.
des tumeurs dans l'intérieurdu crâne, une ou plu-
sieurs attaques ~'apoplexie,l'abus excessif des sai"
gnees dans !e traitement des autres espèces de ma-
nie. La plupart des idiots ue parlent point ,,otL U&S&
bornent à marmotter que!(~~es sons inart!cu!es;
leur figure est inanimée, leurs sens hëbetës,)eurs
mouvemens automatiques; un étatbabttuel de stu-
peur, une sorte d'Inertie invincible forment leur
caractère. J'ai eu long.temps sous mes yeux, dans les
infirmeries de Bicètre, un jeune sculpteur âge de
v!ng huit ans, épu!së antér!eurcmentpardes excès
d'tntentpët-anceouIcspïa!sir8 de ramour: u restoit
presque tou jours immobi!e et taciturne, ou bien
intervalles, t
par il !aisso!~ échapper une sorte de
rire niais et stupide; nulle expression dans les traits
de saSgure, nui souvenir df son état antérieur; il
ne marquoit jamais d'appétit, et l'approche seule
des aiimens mettoit en jeu les organes de la mastt-
catiou; il t'estoit toujours conchë, et a nui
par tom-
ber dans une fièvre hectique qui est devenue mor.
tclle,
178. Les idiots forment une espèce très-nom.
hreuse dans les hospices, et leur état tient souvent
aux suites d'un traitement trop actif qu~s ont subi
ailleurs, Ceux qui te sont d'origine ont que!qucio!s
un vice de conformation dans ïe crâne, dont je par-
lerai dans la dernière section en faisant des
remar-
ques anatomiques sur ]a conformation du crâne.
179. Un des cas les plus s!ngn!!erset les plus ex-
traordinaires qui aient jamais été observes,est celui
d'une jeune idiotede onze aus dont j*ai fait
graver
Ja figure du crâne, et qui
par !a forme de sa tête,
ses goûts, sa manière de vivre, sembloit se rap.
prochcr de rinstihct d'une hreb)St Pend&nt deux
mois et detni Qu'eue à reste a i'bôspice de iaSa!-
pêMèrë, ë!!ëmarqub!tune répugnanceparticulier~
pour la viande, et mah~edit aveë avidité les sub-
stances vëgëMës, comme poirés, pômtnes~ satadc,
pain, ~u'e!!e semMo!t dëvôrct', mhs! qd'uhëgdëHe
pat'ticu!!èr'ëà son pnys que sa ïn~re lui pot'toit quel-
quefbts; eÏIe ne bhvoit que de Feau, et K:MQ!gao!<:
à sa tnanièfe uae recôhno!ssahce vive pour tou~ !e~
«o!nsqucjan!!e de serv!fë lui prod!gdo!t.;ee8 de:-
Tnon~trat!ohsdcsëns!bi!ite se b6rno!ëhtaprononcer
ces deux mots, ~ï~ ~a~c~ car éHë ne pouvot~
pfotere~ d'autres paroies, et paroissoitenuèremën<:
muette parlescut détaut d'idées, puisque d'ameui'~
sa langue scniMdtt conserver toute sa tnob!të; ëtïe
avoit aussi coutume d*ekercer dés mou~ëtnëus al-
ternatifs d'extensionet de Hëxinh dé la tête, en ap-
puyant à la manière des brebis, cet~e partie contre
le ventre de la même nt!c de service en témoignage
de sa gratitude. Ë!ié prènoit la même attitude Hahs
ses petites quereHésavec d~utres cnfans de son àge~
qu'elle cherctioit à frapper avec le sommet de sa
tête inctioëe. Livrée à un ihsnnd avéugte qui !a
t'npprochoit de cëtui dés animau~, é!!e ne poitvoi~
mettre uh frein à sesmouvemens de colère~et së~
emporicmens pour iës causes- les plus iégeres, e&
quelquefois sans cause, a!!o!ent jusqu'au~ convul-
sions. On n'a jatnais pu parvenir à la faire asseoie
sur une chaise pour prendre dd repos ou poutE
iaire ses repas, et elle dormoit le corps ronlé et
étendu sur la. terre à la manière des brebis. Tout
son dos, les lombes et les épaules étoient couverts
d'une sorte de poil flexible et noirâtre, long d'un
ponce et demi on deux pouces, et quise rapprochoit
de la laine par sa 6nessc; ce qui formoit un aspect
tt'ës-dësagréabie. Aussi des bateleurs qui avoient
eu connoissance de rétat de cette jeune idiote,
avoicnt proposé à la mère de leur permettre de la
montrer dans les foires et les marches voisias
comme un objet très-rare de curiosité; ce qui leur
~nt refusé quoique les parons fussent hès pauvres.
Cette )eune idiote, par leur é!oignemeut. finit par
tomber dans un état progressifde langueur, et suc-
comba aprèsdeux mois et. demi de séjourdans rhos*
pice de la Satpëtrière j'ai conserve soigneuse-
ment son crâne, qui est trcs-rcmarquaMe par ses
dimensions et sa forme.

<S'or<s ~M~of~M ~ro~M/< pardesaffections vives


et /M~~c~Me~.
~8o. Certaines personnes, douées d'une sensibi-
lité extrême, peuvent recevoir une commotion si
profonde par une affection vive et brusque, que
toutes les fonctions morates en sont comme suspen-
dues ou oblitérées: une joie excessive, comme une
forte frayeur peut produire ce phénomène si
inexplicable.Un artilleur, l'an deuxième de la Rc-
publique, pt opose au Comité de salut pubïic te pro-
jet d'un canon Je nouvelle invention, dont les
eftcts doivent être terribles; on en ordonne pour
Robespierre
un certain jour l'essai a Meudon, et
ecm à son inventeur une lettre si encourageante 9
(jnc celui-ci reste comme immobile à cette lecture,
et (jult est bientôt envoyé à Bicctre dans un état
complet d'idiotisme. A la mémeépoque, deuxjeunes
réquisitionnairespartent pour rat'mée, et dans une
action sanglante un d'entre eux est tué d'un coup
de feu à côté de son frère, l'autre reste immobile
et comme une statueà ce spectacle. Quelques jours
après on le fait ramener dans cet état à la maison
paterneHe; sonarrivéeiaitiamême impression sur
un troisième fils de la même famille; ;)a nouvelle
-de la mort d'un de ses frères, et l'aliénation de
Vautre, le jettent dans une teUeconsternationetune
telle stupeur, que rien neréalisoit mieux cette im-
mobititéglacée d'effroi qu'ont peintetantdepoètes
auciensoumodernes (ï ). J'ai eu toMg.tempssous mes
yeux ces deux ft'cresinibrtunés dans les innrmeries
de Bicétre; et ce qui étoit encore plus déchirant,
j'ai vu le père venir pleurer sur ces tristes restes de
son ancienne famine.

(<) Les affectionsvives et inattenduesproduisentaussi quel-


quefois sur de jeunes personnes du sexe un état d'idiotisme,
surtout !orsqu'ettcsont lieu à l'époque de l'écoulement pério-
dique, et qu'it eo r~suhc une suppressionbrusque.
Z~o~M~ espèce ~/tc~~o~c/6~~
les ~O~C< ~M<~ <yMC~MC/0~par un <K*C~
manie.
x8r. M est malheureux que l'espèce d'anénatiou
en gênera! !a plus incurable soit très fréquente
dans les hospices elle formoit autrefois à Dicétre le
quartdu nombre total des InsensëS) et peut-être que
la cause en éto~iac!Ie à !nd!qucr. Cet hospice éto!t:
regarde comme un lieu de retraite et de rétablisse-
ment pour ceux qu'on avoit soumis d'ailleurs à un
traitément très'acttfpar les saignées, les bains etles
douches. Un grand nombre arrivoit dans uu état de
fbibtesse, d'atonie et de stupeur, au point que plu.
sieurs succomboientquelques jours après leur arri-
~ée; certains reprenoient leurs facultés intellec-
tuelles par le rétablissementgradué des ibrces, d'au-
tres éprouvoient des rechutes dans ja saison des cha-
leurs; quelques-uns, surtout dans la jeunesse, nprcs
avoir resté plusieurs mois) ou même des années en-
tières, dans un idiotisme absolu, tomboientdans une
sorte d'accès de maniequiduroit vingt, vingt-cinq ou.
trente jours, et auquel succédoit le rétablissement
de la raison, par une sorte de réaction interne. J'ai
dé;à indique des faits semMab!cs sur la manie pé-
riodique; mais il importe d'en faire conno!tre un
autre dans tous ses détails. Un jeune militaire de
vingt.deu~ aos est frappé de terreur par le fracas
de l'artillerie, dans une action sanglanteoù il prën<ï
part ausshot après son arrivée à l'armée; sa raison
en est bouleversée,et on le south~ ailleurs ait trai-
tement par !a Methouï' orcunah-é des saignées, des
ha) ns et <)es douches. A la dernière saignée, la bande
s~ dë!ie,il perd une ~Mndc ~~htite de sang, et il
tombe daus u ne syncope U'ès-pt'olohgët'; oh ievënd
à la vie par dés tomques et dë~ ~taUratn~; nta)S il
rpstcdans un état de langueut'~uHa~tôUtcraindre,
et ses p~t'ens, pour ne point ië ~6~ pcrh' sous leurs
yeux, t'envoient û B~etre. Le per6, dans uné v!stte
<}u*il ïui renJ plus~urs jotn's après; !e i'egat'dé
cotnme désespérée et hu !à~se quelques secoure
èh argent potïr àme~ôret* son état. Au bout. d'uà
mc)< déjà s'annoncent !es s!~hès prëcù)'9eurs ~uA
accès de niable const!pat!bn, rougeur du 'visage,
voïub!l!té de Ja~ahgùe. n sort de son clatd'tnertte
et de stupeur, se protnène dans ~tntërieUr de l'hôs-
p!ce, se livre à mUIe extravagances ib!!es et gâtes.
Cet accès dure c!!x-hu!t jours ïe ca!mè rev!ënt avec
Je rétablissement gradue de Ja ra!sou, et ]e )eune
homme, après àvo!r encore passé ptus!eurs m~s
dans l'hospice pour assurer sa' convalescence a
été rendu plein de sens et de raison au sé!h de sa
fam!!Ie. Quelquefois de jeunes ~et'souncs du sexe
ont éprouvé aussi cette trausJEbt'manôa de ïa mala-
die, et j'en ai noté quelques exemples dans ~uos-
ptce delà Satpdtrière; ma!s, après là quarante Ou
quarante-c!oqu!ème année, H est trés-rat'ë d'é-
prouver celte sorte de réaction salutaire.
)
J~/M~MMa? traits du caractère ~~yj/~Me <?~
moral Cretins de la ~<.M~.

ïoa. La division la plusnombreusedes aliènes In*


curables est sans doute ce!!e des idiots, (ju!, com-
parés les uns aux autres, offrent divers degrés de
stup!d!tcsuivantqu~eUe est plus ou moins complète.
Cet état Je dégéncraUon et de nullité est porte en-
core bien plus loin dans les Cretins de ia Suisse:
ces derniers, annoncent déjà,, dè$ leur tendre en-~
&oce, ce qu'ils doivent être, quelquei<jis(!),des
lejurs premières années, goure de !a grosseur d'une
Doix; en général bouffissure du visage et volume
disproporupnoë des mains et dela tête, peu de sen*
s!b!iité aux diverses impressions de Fatmosphere,
9
état habituctde stupeur et d'engourdissement,dif-
<îcuhë de teter, comme par une foiblesse de Fins-
ttuct même relatif aux premiers besoins, développe-
meat très-lent et très-incompietdela facuité d'arti-
culer les sons, puisqu'ils n'apprennentqu'àpronon-
cer des voyelles sans consonnes. A mesure que leur
corps preud de l'accroissement,toujours lourdeur
et stupide gaucheriedans leurs mouvemens; même
défaut, même absence d'intelligence à j'agede dix
.à douze ans, puisque les petits Cretins de cet âge

l' yr~e
( <) Goitre et du C'WM/Ke, par F. E. FoJerc~
ancien Médecin des hôpitaux civils et militaires, Paris, an &.
ne savent point porter leurs alimens à la bouche ou
les nicher, et qu'on est oblige de les leur enibncer
dans le gosier. Dans l'adolescence, toujours marche
foible, lourde et chancelante, si on parvient à ~es
faire mouvoir, jamais un air riant, toujours une
opiniâtreté hét~tée, un caractère de contrariété et
de mutinerie que la tendresse maternelle peut seule
faire supporter, disproportion de la tête et sa peti-
tesse relativetnent au reste du corps, son aplatis-
sement an sommet et aux tempes, tubérosité de
l'occiput peu saillante; les yeux petits, quelquefois
enfoncés, d'autres fois protubérans; regard fixe
et stupéfait; poitrine déprimée les doigts minces
et alougés, avec des articulations peu prononcées;
la plante des pieds large et quelquefois recourbée,
le pied le plus souvent port.é en dehors ou en de
dans; puberté très-retardée, mais développement
énorme des organes de la génération; delà une lu-
bricité sale et le penchant le plus extrêmeà l'ona-
nisme. A cette époque seule le Grelin commence à
marcher, encore même sa locomotion est très'bor-
uée et seulement excitée parle desir de prendre sa
nourriture, de s'échaufÏër au coin du feu ou de
jouir des rayons du soleil. Son grabat est un autre
terme de ses longs et pénibles voyages, encore s'y
rend-il en chance!ant, les bras pendans et le tronc
mal assuré. En chemin il va droit au but; il ne sait
point éviter les obstacles ni Ïesdangers;it nesauroit
prendre une autre route que celle qui lui est ia-
<[uHeM. Arrive au ter<ne de son accroissementpar-
fait, qui est ordinairement <Ic treize à seize <Ieci-
Hêtres, la peau du Crétin devient brune, sa sensi-
Mlitecontiouc d'ctre obtusu; il est indi~rcut an
~oid,au chaud, ou memeau~ coupa et aux b!e8-
sures; ii est ordicatrementsourdetmuet, les odem's
les plus fortes et les plus rebutantes J'affectent à
peine. Je couHQls un Crcttt) qui mange avec avidité
des oignons crus, ou même du charbon, ce qui
indique combien l'organe du goût est grossier on
peu développé. Je ue parle point de la vue et du
tact, qui soat les organes du discernement et de l'in-
teU!geace,etdontle8&)ncLioM8doivent être très"
bornées on dans un état extrême de rudesse. Leurs
iacultc& affectives semblent encore plus nulles; sou-
vent aucun trait de reconnoissance pour les bons
ofHces qu'on ienrrenti~ ils tDootreBta peine quel-
que seasibinté a la vue de leurs parons, et ne té-
moigneutni peine ni plaisir pour tout ce qui se rap<
porte aux besoins de la vie. Tel ebt dit Foderë, la
vie physique et morale des Cretins jjendapt u~c
longue carrière; car, réduits à une sorte de végë-
tation et d'existence amomattique, ils parviennent
sans trouble a une extrêm'e vieillesse.
Remarques ~e/Mr~/<M sur les divers ~e.y
J~c/ï<<?/
i83. L'htstoiro !)ten connue de diverses espèces
~'aliénation répandsans doute de grandes Immcfe~
sur la manière d*en diriger le traitement: peut-être
qu'elle servira aussi à éclairer la jurisprudence
dans des cas douteux et renvoyés à la décision des
tribunaux; mais dans l'état actuel de nos connois-
sances, c'est la jurisprudence relative aux divers
égaremensde la raisonqui me paro!t !a moins avan-
cée. Que de lésions variées peuvent éprouver une
ou plusieurs fouettons de l'entendement,sacs que
Ïa personne en soit moins propre a iah'e des transac.
tions et à contracter des engagemens dans l'ordre
civil! Que peuvent penser les juges en eatepdant
ra!sonner avec justesse un homme atteint de ce
qu'on appelle dans les hospices manie raisonnante 9
etqui cependant déchire ses habits et met tout en
pièces? Un jeune homme qui avoit seulement ht
manie de porter des habitsde femme, a donnélieu
à un grand procès, et on a annulé le testament qu'il
avoit fait. La mélancolie dévote qui consiste à passer
une partie de son temps dans les églises, peut être
indifférentepourune personne riche, mais peut de-
venir intolérable dans la femme d'un ouvrier, sur
laquelle reposent tous les soins du ménage, et c'est
là une sorte d'égarement qui peut conduire par
degrés à une aliénation déclarée. Je connois des
personnes qui vivent au sein de la société et qui
éprouvent un penchant irrésistible au suicide, et
cependant c'est ce même penchant qui fait en-
fermer plusieurs personnes qui eu sont attaquées,
quoiqu'eltes nWrcnt point d'autres marques d'é-
garement. Combien de fois aussi des personcea
qui n'éprouveutqu'uncsimple débilité desfonctions
de l'entendement, finissent par tombe)' dans une
manie déc!arée lorsqu'on favorise adroitement leur
penchant àdélirerou à extravaguersurcertains ob-
jets et que d'inconvcniensn'eti doit' il pas résulter,
si les tribunaux accordent à un héritier présomptif
l'entière direction de la personne et la liberté de la
faire circonvenir par des gens afudés et qui agissent:
suivant ses vuesI
t84. Les divers genres d'aliénation qui viennent
d'être rapportes ne restent pas toujours Invaria-
blement lcs mêmes durant leur cours, c'est-à'dh'e
qu'une aliénation rapportée à un de ces genres
peut. éprouver une sorte de trans~rmation et venir
ensuite so classer dans un autre genre. C'est ainsi
qu'on voit des mélancoliques devenir maniaques,
certains maniaques tomber dans la démence ou
l'idiotisme, et quelquctcis même certains idiots,
par une cause accidentelle,retomber dans un accès
passager de manie, puis recouvrer entièrement
l'usage de ia raison. La manie enfin peut se com*
pliquer avec d'autres maladies nerveuses, rhysté-
rie, Fhypochondrie, l'épiiepsie, une disposition à
l'apoplexie, etc. Mais, pour éviter la confusion, ne
faut-il pas d'abord considérer les objets dans leur
simplicité primitive ?
QUATRIÈME SECTION
Police ~c~re et jR~/M
~/M 2~e/Me/zj co/~ac~ aux

l,
ï85. ijEs
voyageurs distingués, cut'ieux de visiter
l'hospice des atiëuées de la Satpétnère, et témoïas
de l'ordre et du calme qui y régnent en gênera!,
ont dit quelquefois avec surprise en parcourant
leur enceinte: « JMa~ où ~o~7M/?~ej ~? Ces
etraagers ignoroieut que c'étoit faire l'éloge le plus
encourageant de cet établissement, et que leur ques-
tion portoit sur une différence très notable qu'il
présente, compare avec d'autres hospices où les
malheureux atienës cotasses péïe mete et sans
choix, exaspérés par la brutale grossièretédes gens
de service,et soumis aux vains capricesouauxordres
arbitraires d'un chef inepte ou' insouciant, sont
<!ans une agitation continuelle et ne-~bot entendre
que des plaintes, des imprécations et des cris tu-
multueux.
186. Un hospice d'aliénés peut réunir les avan-
tages du site à ceux d'un vaste enclos et d'un local
spacieux et commode. Il manque d'un objet ibuda.
mental si, par sa disposition intérieure, H ne tient
les diverses sortes d'aliënésdaus une espèce d'isoie
i3
ment, s'il n'est propre à séquestrer Jea plus agités
ou les plus furieux d'avec ceux qui sout tranquiites,
si oo ne prévientleurs communicationsréciproques,
soit pour empêcherics rechutes et faciliter l'exécu-
tion de tous les rég!emens de police intérieure etde
surveillance, soit pour éviter les anomalies inatten-
dues dansla succession etl'ensemble des symptômes
que le médecindoit observer et décrire. importe
surtout que lesatiéuës soient dirigés par des prin-
cipes d'humanité et les résultats d'une expérience
ectairëe, que leurs écarts soient réprimés avec icr.
metë, mais que chacun y jouissedu degré de liberté
qui s'accorde avec sa sûreté personnelle et celle des
autres, qu'enun dans tous les cas qui en sont sus-
ceptibles, le directeur devienne le confident de ses
peines et de ses sollicitudes. Une distribution md-
thodique des aliénés de l'hospice en divers dé-
partemens, fait saisir d'un clin d'ceiUes mesures
respectives a prendre pour leur nourriture, leur
propreté, leur régime moral et physique. Les be-
soins de chacun d'eux sont alors calculés et prévus,
les diverses lésions de l'entendementsaisies par leurs
caractères distinctifs, les faits observés, comparés
et réunis avec d'autres faits analogues, ou plutôt
convertis en résultats solides de l'expérience c'est
dans la même source que le médecin observateur
peut puiser les règles fondamentates du traitement,
apprendre à discerner les .espèces d'aHénation qui
cèdeot plus ou moins promptement au temps et au
régime,celles qui opposent les plus grands obstacles
à Ja guérisou.ou qu'on peut regarder comme inou-
raMes, celles enfin qui réclament impérieusement
l'usage de certains médicameus, même pour tout
esprit judicieux et éc!airé qui ue veut ni s'exagérer
leurs efYets, ni se dissimulerleurs avantages. Les
détails que je vais communiquer sur i'orgauisatioa
intérieure et la tenue de l'hospice, iet outconooitre
jusqu'à quel point on est parvenu à réaliser le ptan
dent les bases fondamentales viennent d'être indi-
quées.
ï.
I.

Plan Distribution M~/cMre


~~o~M'6 des ~<e~.
187* ïl est facile de donner une Idée sommaire de
t'ecsemble et des localités de l'hospice de la Saipe-
tËière, qui ont donné lieu à une distribution judi-
cieuse des aliénées. Au centre est une cour carrée
avec une fontaine au milieu et un double rang de
tilleuls sur chacun des côtés, qui est d'environ
quarante-six mètres de longueur, et formé au-de-
là par une rangée de petites loges environuantM
qui s'ouvrent sur cette cour, et c'est daus ce local
agréable que sont disposées les femmes môJanco-
liques, chacune dans une loge séparée. !i en est de
même de deux autres cours oblongues d'environ
six mètres de iargcur, formées par de doubtes rangs
de loges adossées, parallèles au coté de la cour
centrale, et répondant au couchant on peut en dire
autant d'une autre cour parallèle au côté méridio*
Haï de la cour centrale. On remarque au levant
trois autres cours grillées, formées aussi par de
doubles rangs de loges adossées c'est dans ces trois
cours oblongues et grillées que sont disposées les
aliénéesles plus propres à répandrelé désordredans
l'Intérieur de l'hospice. Dans l'une d'elles sont des
idiotes qui sont portéës à entrer indistinctement
dans tontes les loges et à s'enoparer de tout ce qui
tombe sous leurs mains, ainsi que d'autres aliénées
qui ont un penchant irrésisttbie à faire des vols
adroits.oudespersonnesturbulentcspropresàsemer
par.tout !a discorde. La deuxième est destinée à des
aliénées plus ou moins agitées ou furieuses, mais
dont t'état est invétéré et regardé comme incurable.
Dans la troisième sont renferméesles furieusesd'une
date récente ou celles d'une manie plus ou moins
ancienne, mais avec un espoir plus ou moins fondé
de succès de traitement. Dans ce dernier cas une
étroite reclusion dans leur loge est rarement néces-
saire, et à moins d'une forte impulsion à des actes
de violence, on leur permet d'errer librementdans
cette- cour et de se livrer à tous les actes innocens
d'extravagance que leur suggère leur pétulance
naturelle (t).

(t) I! cfttPtc a désirer que l'architecte eût un peu modi-


Hc son plan; et qu'au t!cn de cours de six mètres de t~rgcur
i88. C'est autour de cet cusemb!e régulier-de
longues suites de loges et des cours, que règne, au.
midt et au levant, une allée plantée d'un rang de
tilleuls qui l'ombragent pendaut l'été et où se pro-
mèneatHbremcatIesaliences U'anquIUeset dont la.
mame a Jégëuérc dans une sorte de démence, c'est
dans la partie orientale de, cette allée qu'est placée
une salle destinée aux femmes âgées réduites à un.
état de démence sénUe, pouryétreso!gnëespa!*
une fille de service, qui veille à leurs besoins
et a leur propreté. L'autre partie méridionale de:
l'ailée est adjacente à une sorte de jardin ou de
promenoir d'environ trois arpens,, ptanté de )eune&
arbres pour l'ombrager, avec un bassin d'eau an~
milieu. L'hospice csttermmé :t sa partie occidentale

terminées latéralement par des loges nu rcz-de-chaussee, il.


leur eut donné d!x à douze mètres de largeur et qu'il e~t
formé, de côtd et d'autre, des toges au ro~dc-chaussëe avec
un premier étage, qu'ent!n He~t donne la facitHë
d'ëtaM!r
parattctement une double rangée de tillenls pour ombrager
ces endroits qu'un soleil ardent rend que!quefo!s trM-!o6a-
lubre; les malheureuses aliénées n'ont que trop. de penchant
h faire tout ce qui leur est contraire et a s'exposer avec int-
prudence aux rayons du soleil; d'aillours, durant t'été et ïe
printemps, !a chateur aevient excessive entre ce double rang
Je loges; ce qui nuit beaucoup au traitementdes aliénées qui
tonttrcs.agUceset dans un état de fureur. On aurait eu d'ait-
leurs par ce moyen davantage de ménagerl'espace pour rëm~
placement des loges.
par une sorte d'avant'cum* oblongue sur laquelle
aboutissent les portes d'une longue suite de loges
au côté parallèle est un long promenoir couvert,
où iesaliéuées tranquilleset au déclin de la maladie
peuvent se promencï'àl'abr!par un temps pluvieux.
Enfin celles qui sont ea pleineconvalescenceet dont
l'usage de la raison est enttèt'ement rétabli, sont
conduites dans des dortoirs spacteux qui terminent
ï'hosptce au nord, et où elles sont couchées dans
des iits tenus avec une extréaie propreté, après
avoir passé une grande partie du jour dans l'atelier
commuu de la couture. C'est à rextrémttéde l'un
de ces dortoirs et dans une grande salle séparée,
qu'est placée une innrtnerie où sont transféréesles
atiéoées attaquées de matadies incidentes de toute
espèce qui peuvent avoir lieu, suivant les saisons
ou d'antres circonstancesparticulières. Enfin lors-
que l'hospice des anéoées a ~tc restauré il y a en-
viron trente ans, on a conservé encore au-dessous
du niveau du reste de l'hospice un double rang de
loges adossées, et d'antres loges paraUètcs destinées
a isoler les personnes tombées dans l'idiotisme ou
d'autres aliénées parvenues à une sorte de dégra-
dation par la débauche la plus sale et un entier ou-
Mi de toutes les règles de la pudeur et de la décRnce:
ce qui demandoit un lieu isolé et propre à arrêter
la contagion de l'exemple.
too. Cette distribution générale des aliénées sui-
vant In nature du local, les conformités générâtes
de goûta et d'incliuations et leur état de calme et
d'effervescence, fait connoitre d'abord sur quelles
bases reposel'ordregénérai qui règne dansl'hospice~
et la facilité qu'on a d'éloigner toutes les semences.
de disseution et de- trouble. Les mélaacol!quess&
tiennent u volonté renfermées dans leurs loges, ou.
elles etreatUbt'ctnent sous des voûtes de verdure~
<ju!ont le double avantage de récréer leur vue et
de tempérer les ardeurs du soleil. La fontaine qui
est au milieu de ieur cour leur fournit en abon~
dauce l'eau qui peut servir à leurs besoins et à ra<
iraîch!r leurs demeures solitaires. t~s femmes en
démence, ou celles qm sont au décJm de la marna
et dont le moindre objet peut exaspérer le carac-
tère, rouissent de toute leur Hberté soit dans les
cours et les allées qui leur sont destinées, soit dans
le jardin adjacent couvert de gazon et déjà om-
bragé par de jeuues tilleuls (lui prenuent chaque
jour de l'accroissement.Nulle gêne superd.ue.tnu!
contrainte n'est en général to'se ea usage, et sou-
vent des aliénées arrivées dcpu!s peu dans un état
d'agttatton extrême ou de fureur, reprennent quel.
ques jours après leur trauqu!Hitépar les disposition&
générales de l'hospice. Pourroit'oD~ dans un ras~
semblemcnt de~ plusieurs eeotames d'aHénée~ n~
pas trouver les plus rares modèles de petites !ntrl-'
gués, de ïburbenestesplus raffinées,.des macb!na~
tions infernales que l'esprit de discorde peut en&n."
.ter? et quel bou~eveMement si tous ces &rtnen&.
de trouble et de désordre pou votent se déve!oppcr
en jiberté, et s'Hs n'étoient concentrés dans une
eu deux cours grillées etisojéea! H eh estdememe
désavouées plus ou moins emportées et qui pour-'
yb!enttourner contre elles et tout ce qui tes envi"'
ronne, !euraveug!e fureur. Les convalescentes,'
qub!que placées dans un extrême opposé, n'en'
ddivent pas moins être l'objet de !a surveHIance là
plus act!ve, pour empêcher toute commuuicattoh
avec ïës autres a!!énees, raiïërm!r par I*hàbitude

<yM~ moyens c~
.11.
da tràva!i une raison encore vactHantë, et les pré-
parer à leur r~tree dans la société ctv!ie.

~r~t CM
~~ZtiO~r.'ji~i.:<
~Mg'e co/~e
:1

ï~o. C'est une admtraHe inventionque l'usage


Don interrompu des chaînes pour~erpétaerlafu"
rcu~'des maniaques avec leur état de détention,
pour Suppléer audëiaut de zèle d'un survetUant
peu ëcï~ire, pour entretenir dans ïe coeMP des alié-
nés une exaspération constaote avec un desir cou*
centré de se venger, et ponr fomenter dans ies hos-
pices !e vacarme et le tumutte. Ces Inconvéniens
avoient été pour moi un ob~etde sollicitude boudant
rexerctce de mes fonctions à titre de médecin de
Btcétre durantlespremièresaonées de !a révolution~
ce ne fut pas sans un regret extrême que je ne
pus voir le terme heureux de cette coutume bar.
bare et routinière; mais j'étoisd'un autre côté tran-
quille, et je me reposois sur l'habileté du surveillant
de cet hospice ( M, Pussin ), qui n'avoit pas moins
à cœur de iairë cesser cet oubli des vraisprincipes.
Il y parvint heureusement deux années après
pràirial an 6J et jamais aucune mesure ne fut
mieux concertée et suivie d'un succès plus marqué.
Quarante malheureux aliénés qui. gémissoient sous
le poids des fers depuis une suite plus. ou moins
longue (Tancées,i~rent mis en liberté matgré toutes
les craintes manifestées par !e Bureau central, et
on~our permit d'errer librement dans les coursf
en contenant seulement les mouvemens de leurs
braspar legi!etde force !a nuitils étoient Hbresdans
leur ioge. On doit remarquer que ce fub là le terme
jies~ccidensmaïheurèux arrivés aux gens de sër~
~icë, souvent A'appës.ou meurtris d'une mamère
imprévue par !es aiiënés retenus aux chaines et
.toujours dans un état de fureur concentrée. Un dé
ces~JHénésavbit resté trente-six ans dans ce triste
~tat~ ,uh autre quarante-cinq ans, et cependant
ils. conservoient encore tous deux ia liberté des
mouvemens,et ils se promenoient à pas lents dans
jtintérieur de l'hospice. On conserve encore la mé-
moire d'un de ces aïiénés qui étoit resté dix-huit
ans enchaîné au fond d'une loge obscure, et qui
au premier moment où il put contempler le soleil
dans tout l'éclat de sa lumière rayonnante, s'écria
dans une sorte de ravissemeotextatique« ~«~
a long-temps~Me je M~ci -UM M~M belle cA<Me
ïQît Les aHénés,ïoict d'être des coupables qu'il
faut punir, ~ont des malades dont rétat pénible
) mérite tous les. égards dus & l'humanité souffrante,
et dont on doit rechercher parles moyens les plus
\stmp!es à rétab!ir!a raison ëgarée~Hs peuvent être
rëdut~aun~~oSÏëvêrseMBt~ complet de toutes les
fonctions intellectuelles,et n'obéir qu'à une impuL
sion aveugle qui les porte au désordtectàtoute
sorte de vioiences; n!ors nul avis à donner, et on
doit~euiementpourvoir à la sûreté pcrsonneHe de
i'atiéoé ainsi qu'à celle des nntres, et le retenir sim-
plement dans sa toge est-il d'une violence ex-
trême, une camisoleétroite et d'une,toileforte doit
contenir iesmuuvemens de ses piedsetde ses mains,
et le fixer sur son lit par de forts liens qui tiennent
à la partie postérieure de ce vêtement et qu'il ne
puisse aperce voir..Jetais cet état de contrainte ex-
trême doit être passagerpour éviter les elïetsd*uoe
colère concentrée contre ceux qui l'environnent,
cequi ne fait d'ailleurs qu'aggraver son délire. Cer-
taines circonstauces graves et urgentes peuvent
exiger encore une répression ptus énergique mais
de moindre durée c'est ce qu'on ne peut rendre
aeasiMe que par des exemples. Une jeune fille que
de vives contrariétés et un chagrin profond avoient
< jetée dans un état de stupeur et une sorte d'idio~
tisme, avoit été guérie et avoit acquis même de
l'embonpoint; mais durant sa convalescence eue se
refnsoit au travail avec obstination: Ïesurveihant,
pour la punir, !ant conduire un jour dans les cours
du basau mitieudes idiotes-; mais ei)c parMt se
jouer de cette sorte de répression, ne fit que sauter,
danser et tourner tout en ridicule. On lui appliqua
alors un corset à sangtes, en exerçant cependant
une rétraction modérée des épaules en an'ièrc.La
jeuoe personne parut se roidir et soutint cette
épreuve pendant un jour entier; mais la contrainte
qu'elle éprouvoit lui 6t demander grace et ette ue
s'est plus refusëé au travail de la couture. Si ëHe
veuoit à se re!ac!ter, on tut rappeioit en r!ont !e
~7~ ~<p/<?M/\f~ et elle deve'hoit aussitôt docile.
Une autre tcmme, âgée de Quarante ans, étoit si
furieuse et si indomptée, qu'eue frapppit toutes les
filles de service, et qu'eue avait été sur lej~oint'
d'en assommer une dans sa !ogé au moment qu'eUe
lui donnoit à m:U)ger; uu àu~tre jour cne lui jeta
à la tête «n pot de terre et lui fit une blessure'
grave. Ou !dt app!iqna aussitôt une camisole à
santés en serrant fortement et en produisant une
vive rétraction des épaules en arrière; elle ne put
soutenir cet état de contrainte au-dda d'une heure;
eUe demanda grâce, et depuis cette époque .eïje
u'ap)us frappé personne, quoiqu'elle ait encore
continué long-tempsd'être en déiire.~St ene vient à
tenir des propos injurieux, il sunit de lui parler de
Ja camisole,et eUc rentre aussitôt dans l'ordre et de..
vient tranquille. C~tte sorte de répression ne paroît
pouvoir être soutenue que pendant un temps très-
limité elle est en effet suivie d'abord d'un malaise
et d'une grande gène de la respiration, à cause de la~
forte d!stens!on des causcics de la pottrine, puis v!eo.
neutdes fadeurs d'estomac.etdesanx!étés!nsuppor'
tables, en soïte que l'aliéné est obitgé dedemandcï'
grâce, et qu'tt eu conserve un long souvenu'. Mais.
jamais une pareuie répression ni toute autre ne sont
connées aux gens de service c'est au chef à en fau'c
rappUcationet uo objet particulier desurveiUance.~
ïQ2. Les
douches, considéréesjcomme moyen de
répression, suinsent souvent (i) pour soumettre
la loi génerate d'un travaildes mains une aliénée qui
en est susceptible, pour vaincre un refus obstiné de
nourriture et dompter les aliénées entraînée~ pa~
une sorte d'humeur turbulente et raisonnée. Qn
profite alors de la circonstancedu bain, on t:appçHe
la faute commise ou l'omissiond'un devoir impor-
tant, et à l'aide d'un robinet on lâche brusquement;
un courant d'eau froide sur la tête, ce qui décon-
certe souvent l'aliénée ou écarte une Idée prédomi-
nante, par une impression forte et ~attendue:
veut-elle s'obstiner, on réitère la douche, mais en

(t) Je constdërct-a! les ba!ns et les douches sous,le rapport?


du traitement médicaldans une autre section.
évitant avec soin un ton de dureté et des termes
choquans propres & révoïter; ou lui fait entendre,
au contraire,que c'est pour sou propre avantage et
avec regret qu'on a recours à ces mesures violentes,
et on y mêle quelquefois la plaisanterie, en ayant `
soin de ne pas la porter trop Io!n7!j obstinationvient-
elle à cesser, aussitôt cette répression est suspen-
due, et on fait succéder Je ton d'une bienveillance
affectueuse. On peut juger de l'eHIcadté de ce
moyen, qui est très-usité dans l'hospice, par l'obser-
vation suivante. Une aliénée d'une forte constitu-
tion, exposée depuis plus de dix ans li un retour pé-
riodique et irrégulierde la manie, n*avo!t pu être
contenue par les moyens les plus énergiques et les
plus violens, qui u'àvolent fait au contraire que
l'exaspérer.Vêtemens, linges du lit, couvertures,
elle mettoit tout en pièces et étolt réduite à coucher
sur la paille, frappant les gens de service et se jouant
tellement de tous les moyens de répression, que les
parens la retirèrent d*un autre hospice, et qu'ils
se déterminèrent essayer ta méthode suivie à la
Salpétnère. Cette Infortunée, à son arrivée étoit
d'une malgreurextrémequoique très-vorace,et rien
n'éga!o!t ses emportemens fougueux. On chercha
à remédier d'abord au délabrement de sa santé par
une nourriture succ~ente, et sa première habitude
de tout déchirer étant portée au ptus haut point, on
lui donna une douche un peu ~brte, et on !u! appli.
qna la camisole avec des ÏIcns dans la partie posté-
rieure pour la retenir fixée sur son lit en attendant
qu'elle demandât grâce. Au premier acte de sou-
mission, la liberté des muuvemens lui fut
accor-
dée une récidive nt renouveler les mêmes
moyens8
de répression, qui ramenèrent plus de calme et de
retenue. Mais le directeur fut malade pendant
douze jours, et l'aliénée, délivrée d'une surveillance
sévère parut oublier les tcçons qu'on lui avoit
dcanées; elle avoit repris son ancienne habitude de
frapper les filles de service, de tout déchirer et de
se livrer sans cesse à des emportemeuseffrénés, Le
directeur reprend ses fonctions et la menace de la
punir elle ne paroit point en tenir compte. Elle est
alors conduiteaubain, tbrtementdouchéeavec j'eau
froide et retenue dans un état d'irumobilité avec la
camisole cette fois elle t~aroît humiliée et conster-
cëc~et ïe directeur,pour lui imprimeruo sentiment
de terreur, lai parle avec la fermeté la plus éner-
gique, mais saos colère, et lui annonce qu*eiïe sera
désormais traitée avec la plus grande sévérité. Sou
repentir s'annonce par un torrent de Jarmes qu'clle
verse pendant près de deux.heures. Le lendemain
et les jours suivans furent catmes; les autres sym-
ptômes ont diminué progressivement,et une conva-
lescence entière de quelques mois n'ayant plus laissé
d'équivoque sur son état, elle a été rendue à sa
jtamiue.
ig3. Un autre exemple dont j'ai été autreibis té-
moin a Bicctre, fera voir l'avantage d'ébranler quel-
quetbis fortement l'imagination d'un aliéné et de
lui imprimer un sentiment de terreur. Un jeune
homme, & l'époque dela révolution, fut consterné
du renversement du culte catholique en France,
et dominé pardes sentimens religieux, il devint ma.
niaque, et fut transféré à Bicétre après le traite-
ment usité alors a i'HoteI.Dten. Rien n'égale sa
sombre misanthropie; il ne parle que des tourmens
de l'autre vie, et il pense que, pour s'y soustraire,
il doit imiter les abstinences et les macérations des
anciens aoachot'ettes il s'interdit dès-!ors toute
nourriture, ctvers le quatrième jour de cette réso-
lution inébranlable, son état de Jangueur fait crain-
dre pour sa vie. Remontrancesamicaïes,invitations
pressantes, tout est vain; ii repousse avec dureté
un potage qu'on lui sert, et il affecte d'écar:er la
paille de sa couche pour reposer sur les planche!
Le cours irrésistible de ses idées sinistres pouvoit-
il être autrement contre balancé que par l'im-
pression d'une crainte vive et pro&nde? C'est dans
cette vue que le directeur ( M. Pussin ) se présente
]e soir à la porte de sa loge avec un appareil propre
à l'effrayer, l'oeil en feu, un ton de voix foudroyant,
un groupe de gens de service pressés autour de lui
et armés de fortes chaînes qu'ils agitent avec fracas.
On met un potage auprès de l'aliéné et on Jui intime
l'ordre !e plus précis de le prendre durant Ja nuit,
s'il ne veut pas encourir les traitcmens les plus
cruels. On se retire et ou laisse l'a!iéuc dans l'état;
le plus pénible de uuctuation entre l'idée de la
punition dont il est menacé et la perspective ef-
frayante des tourmens de l'autre vie. Après un
combat intérieur de plusieurs heures, la première
idéeremportcet il se détermine a prendre sa nour-
riture. On le soumet ensuite à uu régime propre à le
restaurer; le sommeil et les forces reviennent par
degrés ainsi que l*usage de la raison, et il échappe
de cette manière à une mort certaine. C*est durant
sa convalescence qu'il m'a fait souvent l'aveu de ses
agitations crueUes et de ses perplexités extrêmes
durant cette nuit d'épreuve.
ig~ Les aliénés les plus difficiles à contenir dans
les hospices, les plus remarquables par une activité
turbulente, et les plus sujets à des explosions sou-
daines d'une fureur maniaque, portent en géné-
ral tous les caractères du tempérament nerveux,
dont j'ai déjà parlé dans l'article de ia manie. On
imagine combien sont dangereux des aliénés doués
de ce tempérament et dont l'état actuel double la
force et l'audace.Un grand secret de les maîtriser,
sans donner ni recevoir de blessures dans des cir-
constances imprévues, c'est de faire avancer en
masse les gens de service pour leur imprimer une
sorte de crainte par un appareil imposant, ou pour
rendre vaine toute résistance par des mesures
adroitement combinées. Qu'un aliéué de cette sorte
soit tout à coup saisi de son délire frénétique dans
ses intervalles de calme, et qu'il ait entre ses mains
une orme offensive, un couteau, un bâton, une
pierre, le directeur, toujours fidèle à ses maximes
de maintenir l'ordre en évitant des actes de vio-
lence, s'avance lui-même d'un air intrépide, mais
Ïentçment et par degrés, vers l'aliéné, et pour évi-
ter de l'exaspérer, il ne porte avec lui aucune sorte
d'arme; il lui parle, en s'avançant, d'un ton ferme
etmenaçant, et par des sommations réitérées il con-
tinue de uxer toute son attention pour lui derobef
la vue de ce qui se passe à ses côtés ordre précis
et impérieux d'obéir et de se rendre. L'aliéné, un
peu déconcerté par cette contenance Scre du di-
recteur, perd tout autre objet de vue, et à un cer-
tain signal, il se trouve tout à coup investi par les
gens de service qui s'é!o!eut avancés à pas lents c{:
comme à son iosçu. Chacun d'eu~ saisit un memjbt'e
du furieux, l'un un bras, Fautrc une cuisse .ou
une jambe. On Fenlève aius! et on l'emporte dans
sa loge en rendant tous ses efforts inutiles, et ce qui
menaçoit d'une scène tragique nnit par nn événe-
ment ordinaire. I! en est des désordres qui arrivent
parmi les aliénés, comme de ceux qui ont Jieu dans
la société civile; pour les réprimer et ramener !c
calme, il iaut des mesures pt oibndémentcombinées
surJ'expérience et la connoissance des hommes, et
joindre à ces avantages celui d'une exécution éner-
gique et prompte. On connoît !e penchant extrême
des aliénés, même durant leur temps de calme et de
convalescence, à s'emporter pour des causes les
i4
plus légères. Une rixe survenue entre certains d'en-
tre eux, des dehorsspécieuxd'uneinjustice commise
par un préposé, le spectacle de l'invasion d'une at-
taque de munie, tout objet vrai ou chimérique de
mécontentementet de murmure, peuvent devenir
un &)yer alarmant de trouble et de désordre, et se
communiquer d'un bout de l'hospice a l'autre,
comme par un choc électrique. On s'attroupe, on
e~agite, on forme des partis comme dans les émeutes
populaires; et quelles suites funestes peuvent avoir
ces scènes orageuses si ou ne les arrête dans leur
principe? C'est dans ces circonstances que j'ai vu
souvent le directeur braver avec une sorte d'au-
dace cette eUcrvescence tumultueuse,se faire jour
a droite et à gauche saisir les plus mutins, les con-
duire dans leurs loges, et ramener aussitôt la tran-
qu!I!ité et le calme.
ï 1 1.

2Vec<?~~ ~e~re~~Mr un o/Y/~ constant dans


les ~o~c~y des ~J/ïc.f, c~ ~~c~e~cr les va-
rte~y~ ~e~rc~r~c~c.
ïQ5.0a doit peu s'étonner de t'importance ex-
trême que je mets au maintien du calme et de l'ordre
dans un hospice d'aliénés, et aux qualités physiques
et morales qu'exigé une pareille surveillance,puis-
que c'est là une des bases fondamentales du traite-
ment de !a manie, et que sans elle on n'obtient ni
observationsexactes, ni une guérisoa permanente,
de quelque manière qu'on Insiste d'ailleurs sur les
médicamensles plus vantés. Que! malheur pour!es
infortunés maoi~qnesd'être dirigés j)dr une aveugle
routine, d'être abandonnésàrtasoHoacoed'unchef
eansmora)!te et sans principes, ou, ce qui rcvîcnt
au meme,d'etre livres aux dm~es rustiques et aux
traitemeos meurh'icrs des autres préposés en sous-
ordre Sagacité,zèiëardent, attention conttnueUeet
infatigable,qua!ités nécessaires pour épier soigneu."
semcntiesdemarchesdecbaqueahenH,saisirla tour-
nure bizarre de ses idces et le caractère particulier
de sondë!!rp; car quelles variétés ne doivent point
produire l~ge, la constitution, tes habitudes coa-
tractées, la complicationde la manie avec d'autres
maux, Je degré de lésion des facuÏtes morales Dans
certains cas très-difncttes,plusieursmois d'uue pa-
reule étude suffisent à peine pour se décider, et
pour fixer avec justesse rcspèce d'épreuve qu*on
peut tenter (ï). Jetais dans le plus grand nombre de

(t) Un homme attaché autrefois par ses places à la maison


d'un prince, et conduit a !amaaie, autant par le boulever-
sement de ses anciennes idées que par celui de sa fortune
ne inanifestoit son délire sur sa grandeur chimérique que
!oMqu'onlui parloit de révolution ou dans certatns momens
d'effervescence. H conservoit d'ailleurs dans l'hospice ces
formes extérieures de politesse et de bienséance dont il avoit
pris autrefois l'habitudo; et si on vcnoU à le contrarier (!aos
cas, surtout dans- la man!caccidentelle qui tient a
Jeschagnnsprofonds, ~expérience de chaque jour
atteste les succès qu'on obtient par des propos con-
sotans, par l'heureux ort!Mce de ia!re renaître l'es-
potr de l'aliéné et de s'emparer de sa conHance:
mettre alors en usage les mauvais trattemens ou des
voies de répression trop dures, c'est exaspérer le
mal et le rendre souvent tacurabic. Un jeune
homme, a la suite d'autres événemens malheureux,

brusquerie et sans
ses opinions, il se retiroit aussitôt sans
murmures, en se bornant à un salut respectueux. L'idée ex-
elusive qui l'occupoiten général étoit cependant celle do sa
toute-puissance et s'il venait à éclater, il menaeoitalors de
tout !c pc!Js de son courroux, annonçant qu'il lui seroit facile
de faire tomber le feu.du ciel et de bouleverserla terre. Une
seule considération l'arrctoit; c'ëtoit !a crainte de faire yërir
l'armée de Condé, dont il étnit l'admirateur, et qui suivant
lui, etott destinée h remplir les desseins de t'Eternel. Diffi-
culté c&trcmed'agir sur t'imagination d'un pareil auené, soit
par les voies de la douceur, soU par des moyens encrgif~cs
de répression. Il falloil de sa part un écart qui le mit dans ses
torts et autorisât a le traiter avec rigueur c'est ce qui arriva
après environ six mois de son séjour dans l'hospice. Un jour
piaignoit à lui des saletés et des ordures
que le. surveillant se
qu'il avoit taissces dans sa loge l'aliéné s'emporta contre lui
avec violence, et menaça de
t'anéantir. C'étoit là une occasion
favorable de le punir, et de le convaincre que sa puissance
<;to!t chimérique;mnis comme les parens se proposoient de le
retirer de l'hospice dans peu de }om'S) on crut no devoir rien
tenter.
perd son père, et quelques mois après une mère
tendrement chérie dès'iors une tristesse profonde
et concentrée, ptus de sommeil, plus d'appétit, et
peu âpres explosion d'un état maniaque des plus
~loJeas. On le soumet an traitement usité tel que
saignées abondantes et répctëes, usage des bains et
des douches on y joint d'antres actes d'une ri-
gueur extrême tout cet ensemble de moyenscnra-
tifs échoue. On renouvelle une seconde fois, puis
encore une troisième fois le même traitement, et
toujours avec aussi peu de succès, ou même avec
une exaspération des symptômes. L'aliéné est cnuu.
transfère à BIcetre, et ou le désigne surtout
comme très emporte et très'dangcreux. Le sur-
veluant, loin de déiercr aveug!émeut à cet avis, le
iaisse, dèsie premier jour, libre dans sa loge, pour
étudier son caractère et la naturede ses égaremcns.
La taciturnité sombre deceta!!éné,son abattement,
son air pensif et concentré,quelques propos décou-
sus qui lui échappent sur ses malheurs, laissent
entrevoir, à travers l'Incohérence de ses idées, le
principe de sa manie. On le console on ht! parle
avec Intérêt de son sort, on parvient peu a peu à
dissiper sa dénancc ombrageuseet à lui lah'p espérer
le rétablissement de ses affaires. Une circonstance
encourageantesuit de près cette promesse, car ou
obtient de son curateur que!qucs légers secoure
par mois ~ourlu! rendre la vie plus commode. Les
premiers palemeus le retirent de sou ab~H-emen~
et lui font concevoir de nouvelles espérances sa
confiance et son estime pour le surveiUaut sont
sans bornes; on voit ses~orce~ renattre par degrés,
ainsi que tous les signes extérieurs de la santé,
en
même temps que sa raison reprend ses droits; et
celui qu'on avoit très-maltraité dans un autre hos-
pice, et qu'on avoit signalé comme l'aliéné le plus
violent et le plus redoutable, est devenu, par des
voies douces et conciliatrices, l'homme le plus do-
cile et le plus digne d'intéresser par une seasibuit~
touchante.
ïg6. Certaines variétés de caractère peuvent
rendre l'aliéné susceptiblede ne céder qu'après des
alternatives t'épëtces d'écarts plus ou moins fou-
gueux et de mënagemens d'une répression sage et
modérée. « Dans le traitement mora!, disent les ré-
)> dacteurs de iaBibUothèquebritannique(t), on ne
? considère pas les fous comme absolument privés
de raison, c'est-à-dire comme inaccessibles
aux motifs de crainte, d'espérance, de senti-
mens d'honneur. U faut les subj uguerd'abord~
les encourager ensuite Ces propositions gé-
nérales sont sans doute très-vraies et très-fécondes
eu applications utiles; mais, pour les sentir vive-
ment, il faut des exemples, et c'est sur ce point que

(t) no/«'e/ ~a~/M~cy~ ~cwr


t!*Kr KM ~MerMOM e~~
parle docteur D. VoLVRL
les Anglais gardent Je silence. Encore une histoire
Je cette nature à ajouter au& précédentes, et on
plus que ce
aura lieu de se convaincre de plus en
secret est connu en France. Uu père de famille,
H'cs.recommaudable. perd sa ibrtune et presque
toutes ses ressources par des évéaemens de la rcvo.
lution, et une tristesse profonde le conduit bientôt
à un état maniaque. Traitement routinier et ordi-
uaire de la manie par les bains, les douches, les
saignées répétées, et les moyens de répression les
plus inhumains. Les symptômes, lom de céder,
onpirent~et on le transfëre à Bicêtre comme in-
curable. Le surveillant, sans s'arrêter aux avis
qu'on lui donne en désignant cet aliéné comme
ires-dangereux, le livre un peu à lui-même pour
étudicr son caractère. Jamais aliéné n'a donné un
plus libre cours il ses actes d'extravagance: il se
redresse sur hu-mcme tout bouffi d'orgueil, croit
être le prophète Mahomet, frappe à droite et à
saucne tous ceux qui se rencontrent sur son pas-
sage, et leur ordonne
de se prosterner et de lui
rendre hommage. Toute la journée se passe à pro-
de proscription et de
noncer de prétendus arrêts
inort; ce ne sont que menaces, propos outrageans
contre les gens de service; l'autoritédu
surveillant
est dédaignée et méconnue. Un jour
même que sa
femme éplorée vint le voir, il s'emporte contre cUe.
et Fuu roit peut-être assommée si l'on n'eût accouru.
à son secours. Que pouvoieut produire les voies
d&
douceur et les remontrances les plus modérées
contre un aliéné qui regardoitles autres hommes
comme des atomes de poussière? On lui intime
t'ordre de se tenir tranquUle, et sur son refus d'o-
béir, on le punit du giletde &rce et d'une réclusion
d'une heure pour lui faire sentir sa dépendance.
Le surveillant le retire bientôt de sa loge, lui parle
d'un ton amical enJui reprochant sa désobéissance,
et lui exprime ses regrets d'avoirété ibrcéà prendre
envers lui des mesures de rigueur. Retour de ses
écarts Insensés le lendemain, et mêmes moyens do
répression; mêmes promesses illusoires d'être plus
tranquille à l'avenir. Nouvelle et troisième rechute
suivie, par voie depunition,d'un~ourentier de dé-
tention et d'un calme pl us marqué les jours suivans.
Une explosion, pour Ja quatrième fois, de son hu--
meur hautaine et turbulente, Et sentir au surveil"
ïant ïa nécessité de produire sur cet aliéné une im-
pression profonde et durable. U l'interpelle avec
véhémence, cherche a lui faire perdre tout espoir
de réconciliation, et le fait enfermer brusquement,
en déclarant qu'H sera désormais inexorable.Deux
jours se passent, et durant sa ronde, le surveillant
ue répond que par un ris moqueur aux instances
réitérées qui lui sont faites; mais, par un accord
concerté entre le surveillant et sa femme, celle-ci
rend la liberté au détenu vers la fin du troisième
jour, lui recommande expressément de contenir ses
emportemeas fougueux, et de ne point l'exposer
elle-même a des reproches pour avoir usé de h'op-
d'indutgcnce. L'aliéné pr.ro~t calme pendant pla-
sieurs jours dans les momens eu il peut il peine
contenir ses écarts délirans, un seul regard de la
6urvei!!nnte suffit pour !e ramener h l'ordre, et il
court aussitôt s'enfoncer dans sa loge, de peur
d'être trouvé encore en faute. Ces combats inté-
rieurs, souvent répètes, entre le retour involon-
taire des écarts maniaqueset la crainte d'une déten-
tion indéfinie, l'habituoient de plus en plus à domp-
volonté et à maîtriser lui-même; il se sen- `
ter sa se
toit d'ailleurs pénétré d'attachement et d'estime
d'égards et
pour ceux qui le dirigeoient avec tant
de condescendance et c'est ainsi que toutes
les ancienocs traces de sa manie se sont peu à
sufn pour
peu dissipées; six mois d'épreuve ont
rendre sa guérison complète, et ce respectable père
de famille s'est occupé ensuite, avec une activité
ic~tigable, à réparer le délabrement de sa ibr-

197. L'habitude de vivre au


milieu des aliénés
et d'étudier leurs goûts et leur caractère particulier,
peut suggérer dans certains cas quelque moyen de
seconder nue répression énergique et de préparer
le rétablissement d'une raison égarée. Un militaire
avoir subi
encore dans un état d'aliénation, après
autrefois le traitement de FHôtel.Dieu, est tout à
départ pour
coup dominé par l'idée exclusive de son
rarmee, et après avoir tenté en vain toutes les voies
de Ja douceur on a recours à la force pour Je faire
entrer !e soir dans sa loge. H met tout. eu pièces du-
rant la nuit, et il est si furieux, qu'on a recours
aux liens les plus forts. On lui jaissè exhaler les
jours suivans sa fougue Impétueuse toujours des
ecnportemcnsextrêmes, toujours des accès de fu-
reur ce n'est que par des invectives qu'il répond
au chef, dont il affecte de méconno!tre l'autorité.
Uutt jours se passent dans cet état violent,et il paroït
enua entrevoir qu'il n'est pas le maître de suivre
ses caprices. Le maliu, duraut la ronde du chef, il
prend le ton le plus soumis et lui baisant la ma!n,
« Tu ma promis, lui d!t-de me rendre la hberté
dans Jintéricur de l'hospice si j'étots tranquitie,
eh b!cn je te somme de tenir ta paro!c ». Le
directeur lui exprime éa souriant le p!ais!r qu'il
éprouve de cet heureux retoursur hu-méuic;il lui
parle avec douceur, et daus l'instant il fait cesser
toute contrainte, qui aurait étédesormaissuperuue
ou nuisibic~ la raison etjecahne se rétahJissent par
degrés; mais comme ia maladie avoit été iuvcfëree
et qu'il étoit itnportaut de prévenir toute rechute,
la convalescence fut prolongée, et après sept mois
de séjour dans l'hospice, ce militaire fut rendu à sa
fum il le et
par ]a suite à la défense de la patrie.
tf)8. L'art de chercher à donner une autre di-
rection à ia volonté exclusive des aliénés, de rai-
sonner avec eux et de Jeur faire sentir leur dépen-
dance, suppose qu'ils ne sont point dans un égare"
ment complet de la raison car si quelqu'un d'eux
est dominé par une fougue aveugle et eotramc
ordre
pnr un concours tumultueux d'idées sans
et sans suite, on ne peut Je maîtriser que par l'u-
sage du siiet de ibrce ou
d'unerecinsion étroite.
Mais si l'exercice du jugement subsiste encore
de
un autre secret non moins recommandable
terminer des rixes entre des aliénés, de vaincre
leur résistance et de maintenir l'ordre, est de ne
point paroitre s'apercevoir de leurs écarts, de ne
laisser échapper aucnu mot qui secte ce reproche,
d'entrer même en apparencedans leurs vues, et de
leur communiquer adroitementune impulsion qu'ils
croient ue devoir qu*à eux-mêmes. C'est sous ce
rapportqueIasurvciU.ante,madamePus8tu,m'aparu
réunir des qualités rar<'s..Je l'ai vue avec étoune-
ment, à Bicêtre, approcher des maniaques les plus
furieux, les ca~[ner par ses propos cousolans, et
!euriahe accepter une nourritur e qu'ils refusoient
aliéné, réduit
avec dureté de toute autre main. Un
à un danger extrême par une abstinence opiniâtre,
s'cmnotteunjourcoutrceUe,et, en repoussant les
alimens qu'elle lui sert lui prodigue les termes les
plus outrageaus. Cette temme habile se met un mo.
ment à l'unisson de ses propos déUrans; elle saute et
dause devant l'aliéné, réplique par quelques saillies,
parvient à le faire sourire, et, profitant de cemoment
i'uvorabie p'jurie faire manger, elle lui conserve
ainsi la vie. Combien de fois ne l'ai je point vu(?
arrêter, par une heureuse su porcherie,des iixes
dont les suites auroient pu être funestes! Trois
anénës,qu! se croyoient autant de souverains, et
qui prenoient chacun Je titre de Louis XV!, se
disputent un jour les droits à !a royauté, et les
font valoir avec des ibrmes un peu trop énergiques.
La surveillante s'approche de l'un d'eux, et le ti-
rant un,peu a l'écart: « Pourquo!, lui dit'eHcd'un
air sérieux, entrez-vous en dispute avec ces gens-
!à, qui sont visiblement fous? ne sait-on pas que
vous seul devez être reconnu pour Louis XVI ~?
Ce dernier, flatté dé cet hommage, se retire aussi.
tôt en regardantles autres avec une hauteur dëdai.
gneuse. Le même artifice réussit avec un second;
et c'est ainsi que dans un instant il ne resta plus
aucune trace de dispute. Une circonstance bien plus
orageuse me ut connoïtre un jour, dans toute sou
étendue, cette heureuse fécondité de moyens daus
l'art de maîtriser les aliénés. Un jeune homme,
calme depuis plusieurs mois, et libre dans rintc-'
ricut' de J'hospice,est tout à coup saisi de son ac<-
CM; il se glisse dans la cuisine, s'empare d'un cou-
peret propre à hache.' les herbes, et ne Mt qu'en-
trer dans une plus grande fureur par les efforts du
cuisinier et des gens de service pour ic désarmer.
Il saute sur la table pour se mettre eu dëiensb, et
menace de couper la tête au premier qui osera s'a*
saucer. La surveillante, sans s'cfft'aycr, prend une
tournure adroite; che improuvc hautementl'aU~
que dirigée contre l'aliéné: «Pourquoi empêcher,
dit-elle, cet homme fort et robuste de travailler
avec moi ~? Elle lui parle avec douceur. l'engage
à s'approcherd'elle avec rinstrument qu'il a saisi
elle lui montre même !aman!cre dont il doit s'en
servir pour hacher des herbes, elle feint de se iëH-
Ctter d'avô!r un aide pareil. L~!éné, trompé par
cette innocente ruse, ne ~'occupe que de son tra-
va! et à un signal donné il est investi par les gens
de service, qui ren!cvent sans aucun danger, et
remportentdanssaloge pendant que l'instrument
reste entre les mains de la surveillante. On pour-
yo!<. deGcr rhomme le plus habile et le plus versé
dans la connotssaace des maniaques, de saisir avec
plus de finesse et de promptitude ie parti le plus
gùr à prendre dans une conjoncture alarmante.

t V. a

7~o~?Mce et <~cM/c~r~ d'établir un


o~c co~-Ka~ dalls le service des ~/ce/zc~.
Ygg. C'est un petit gouvernement que la direction
d'un hosptce d*a!!énës, et on y voit aussi quelque-
fois les petites vanités et l'ambition de dominer
s'agiter en divers sens, se heurter, donner lieu à
des conuits tumultueux d'autorité et devenir des
foyers continuer de trouble et de discorde. Ces
inconvénieos, attachés à tous les établissemcns pu-
Mes, deviennent bien plus graves dans un hospice
d'aliénés, par une sorte de division des pouvoirs
qui peut paralyserdes mesures répressives urgentes.
exalter une pétulance naturelle, et rendre plus
éloigné et plus équivoque le rétablissement de la
raison, surtout si on a proscrit toute réclusion ar-
bitraire tout appareilde terreur, et qu'on n'exerce
que le degré précis de contraintequ'exige la sûreté
personnelle.
200. Un principe fondamental pour préparer Ja
guérison de la manie dans un ~rand nombrede cas,
est de recourir d'abord a une répression énergique,
de faire succéder ensuite des voies de bienveillance
pour gagner la coanancc de l'aliéné, et le bien
convaincrequ'oo ne dcsire qucsou avantage propre.
C'est le chef de la police !ntér!cure qui doit se
montrer sous ces deux aspects differens, maîtriser
lesgens de service pour les faire concourir à son
but; et que devient alors ce pian si sagement com-
biné, si une autre autorité intervient avec mal.
adresse, et donne des impressions en sens contraire?
Une veuve conduite à l'hospice de la Salpétricre
paroissoit douée d'un jugement sain, et ne déliroit
que sur de prétenduespersécutions dont elle croyoit
être l'objet et qu'on excrçoit, disoit-elle, par le
moyen de l'électricité ou de certains sortilèges. Il
lui arrivoit souvent la nuit d'ouvrir ses ienëtres,
de prêter l'oreille à certains sons mcnaçans qu'elle
croyoit entendre dans le lointain, et à des trames per-
fides ourdies contre elle par des mains invisibles 0,
et elle entroit alors dans des agitations violentes et
pouvoitmême devenir dangereuse. Elle étoit d'ail-
leurs caime dans le jour en parlant de ses craintes,
eti'atsoanoit avec justesse sur tout autre objet. C*é<
toit une injustice criante, diso!t-eJ!e~ de la retenir
parmi les msensëes, et elle sollicitoit sans cessedema
part une attestation favorable pour obteuirsa sortie.
Le chef de la police inténeure cherchoit à dissiper
ses illustous chimériques par des entretiens iami<
Hers, à prendre de l'ascendant sur elle, et à gagner
sa conuance; mais à cette époque, il !atervtnt une
autre autorité avec une assurance de protection,
pour concourtr à la sortie de l'aiténéë. Dès-lors,
des confidences et des entretiens répétés en sens
contraire de ceux du chef de la police intérieure.
Les plus grandes entraves furent alors mises au
traitement, le délire, exclusif est devenu invëtét-é,
et tout annonce maintenant que la maladie est in-
curable.
aot. Uscroitsupernu et peut-être aM!geant,de
rappeler tous les obstacles que j'ai éprouvés autre-
fois, à diverses époques du traitement, par ces
sortes de rivalités envenimées, d'un côté par uue
résistance juste, mais un peu violente et empor-
tée, et d'un autre côtu par un cnracterecaustique,
uue morosité sombre, et Fapre !nto!érance d'une
âme dévote sous le prétexte spécieux de protéger
Tiunoceuce opprimée. Là c'étoieut de jeunes~onva-
lescentcs avilies et tes plus corrompues qui, pour
se soustraire à une répression méritée) savoieot
larmoyerà propos, et intéresser en leur faveur une
autre autorité. Ici c'ëtoit un modèle de l'humeur la
plus acandtre et la plus discordante, qui parvcnoit
atout bt cuiller, à obtenir des ordres contradic-
toires, et à paralyser toutes les ressources du trai-
tement moral et physique; ailleurs c'étoient des
plaintes et des réclamations amères, que quelques
couva!escentes faisoiententendreavec intérêt, sous
prétexte de certaines persécutions exercées pouf
s'être livrées à des lectures pieuses. On mécounois-
soit rinduencc nuisible (le ces lectures, l'exaltation
intérieure et !e prolongementde la maladie qui eu
étoient la suite. Cette !ntte pénibte, inconvénient:
attaché à un hospice d~atiénës qui fait partie d'un
grand hospice est toujours évitée par un chef
judicieux, prêta toutsacrifier au maintien de l'ordre
dans -un établissement public, et je n'ai plus à me
p!aindre de ces malheureux conflits de jurisdictiott
survenus autrefois, et dont plusieurs de mes notes
anciennes attestent les effets déplorables.
202. Il u*est pa~ facile de résoudre la question
générale relative à la concentration de l'autorité
pour le maintien de Fordre dans un hospice d'alié-
nés, puisqu~on doit prendre surtout en considéra-
tion le zèle et la capacité respective du médecin et
du chef deln policeintérieure ils peuvent être dans
les mêmes principes, vivre dans la plus grande
jbaMnon!e, et alors le médecin qui a des vues élevées
se repose entièrement, pour tous les
objets Je direc-
tion et de police, sur le surveillant généra!. Il peut
aussi y avoir une extrême différence entre un sur-
veillant trcs-babileetun médecin insouciant et très-
borné dans ses vues, et dans ce cas le premier ne
manque pas d'envahir toute l'autorité, comme un
hospice très connu en a donné long temps un
exemple remarquable. Comment, donc établir des
règ!cs générâtes qui puissent convenir à dés cas
aussi opposés?Il n'est pas moins vrai que, quetsqne
soient les principes de l'administration générale
d'un hospice, quelques modifications qu'Us reçois
vent des temps, des lieux et des termes du gouver-
nement, le médecin, parla nature de ses études,
l'étendue de ses lumières et l'intérêt, puissant
qui le lie au succès du traitement, doit être instruit
et devenir le juge naturel de tout ce qui se passe
dans un hospice d'aliénés, qu'il doit sans doute lais-
ser l'exécution des mesures répressives au surveil-
lant, sans jamais lui donner aucun; signe d'improba-
Uonen présence des aliénés ou deagens de service,
mais qu'il ne doit pas moins approfondir les causes
des ëvéuemens tumultueux qui peuvent survenir,
et en faire en particulier l'objet d'une communi-
cation franche et bienveillante.
203. La destination donuée depuis long-tempsà
la division des aliénées de la Salpêtricre, d'être un
lieu de convalescence, après le traitement usité à
i5
FHutel Dieu, avoit donné lieu à des abus sans
nombre, et toute l'autorité avoit été dévolue aux
filles'de service, par la foiblesse et l'incapacitéde
-la directrice. Une entière réforme devenoit donc
nécessa!re vers l'an ïo~, à l'époque d'un nouvel
ordre de choses; mais cette réforme, pour être so-
]!de, devoit être faite avec une sage réserve. Oa
poussa d'abord les hauts cris, on rédama contre
l'innovation et l'injustice, et il est facile d'imaginer
3a résistance et les sourdes menées de plus de qua-
rante filles de service, dépouillées de leurs pré-
tendusdroitsdetraUcr les amenées avecune extrême
dureté, et réduites désorma!s à une obéissance pas.
sive. Eï!es s'agito!ent en divers sens, m'adressoicnt
des plaintes et des réclamations; mais renfermé
dans les fonctions de ma place, et plein de confiance
dans la droiture et l'habileté du chef de la police
mténeure ( M. Puss:u), je lui laissai le libre exercice
du pouvoir qu'il avoit a déployer, et toutes les
difncultés furent surmontées. La plupart des filles
de service demandèrent leur retraite, et furent.
heureusement remplacées peu. à peu par des con-
valescentes connues par leur intelligence et leur
xè!e, et propres à adopter les voies de douceur dont
on leur faisoit une loi inviolable.
ao~. Les filles de service, pour conserver une
sorte d'égalité entre elles dans le système d'op-
pression tyrannique qu'eUes avoient établi autrefois
sm' les aliénées, s'étoient partagé d'une manière
~mïbrme les plus turbulentes et les plus tran-
quilles, pour éviter toute prcierence. Au moindre
signe d'effervescence ou d'agitation, l'usage Illimité
des chaînes de ibr ou une réclusion étroite dispen-
sait. d'une assiduité incommode, mais perpétuoit
dans toutes les parties de l'hospiceles vociférations,
le tumulte et un obstacle permanent à uûeguerisoa
solide. Une bien plus sage disposition a été adoptée
par l'isolement des femmes furieuses ou les plus
agitées dans une cour grillée, par la liberté qu'ont:
les aliénées de toute sorte, qui sout tranquilles ou
au déclin de leur maladie, d'errer librement dans
l'intérieur, et par la communicationréciproque des
convalescentes dans letu' atelier ou leurs vastes
dortoirs, Les filles de service, en moindre nombre,
ont pu subvenir à tous les besoins de l'emploi, en
leur adjoignantaÏors d'autresconvalescentes calmes
et les jeunes idiotes susceptibles d'un travail méca-
nique, pour le nettoiement des cours et les autres
soins multiplies de la propreté. Survicut'il quelque
tumulte par la fureur imprévue ou des actes de vio-
lence d'une aliénée, toutes (t) les aliénées se ras-

(t) Dans i'ëtabtisscmeot particulier, si connu et si digne


da l'être, du docteurEsqmrot, chaque atiëné a un domestique
exclusivement attaché à son service, qui couche toujours a
cAtë de lui, et mente dans sa chambre lorsqu'on le juge né-
cessaire. Tous ces domesliques sont prêts à se réunir pour
'Q.tinndcf un atienë par un appareU de terreur~ 6'U vient a
scmbleut au premier signal, pour concourir avec
Je chef à rétablir l'ordre. Mais en général toutes
les peines et les dangers semblent accumulés sur
~a tête de la fille de service chargée de la cour des
furieuses, exposée souvent à recevoir des coups
et des blessures, surv€lée avec soin sur l'objet des
reclusions arbitraires, et rédmte, sans aucun autre
encouragement, à recevoir la même rétribution
pécuniaire que les autres filles de service aussi
cette place devient-eHe très-souvent vacante, etH
est tres"dtfnciie d'en faire bien remplir les devoirs.
Je dois rappeler ici qu'une fille de la campagne,
d'une constitution très-ibrtc et d'un caractère très-
doux, s'etoit vouée à remplir cette t~chepén!b!e
durant sa convalescence, et qu'après l'avoir rem-
plie pendant six mois avec éloge, elle acheta du
fruit de ses épargnes une robe neuve, qui au pre-
mier jour de fèle lui fut déchirée par une aliénée
eu fureur. Elle fut dès-lors endèremetit dégoûter
de sa place et demanda sa sortie de l'hospice.

éprouver qnc!que excitation momentanée qui le porte à


ta violence, Les aliénés ne restent jamais dans leur cham-
bre ils se promeHent dans un jardin spacieux et om-
bragf!, ou se reposent dans ce qu'on appelle un saton de
compagnie; les furieux ont b liberté de se pt-omener en
<:amis<'te dans la cour, qui est en partie ombragée par un
bo<!n«pt agreabte. Plusieurs convatescens vont se promener
hors de la maison, chacun accompaguë de son domestique
..M.
V.

Surveillance ~c~r/ïe//e
/?<7/o/ï et la J/o~ exercer ~OMr
des ~~ï<e/M.
/?r~-

2o5. L'agitation continuelle des aliénés, leurs


mouvemens muscu!a!res non inten'ompus durant
leurs actes d'extravagance ou de furent', leur cha.
leur animale exaltée, et la v~ueur dont. ils jouissent,
expliquent naturellement une sorte de voracité
qui jpur est propre, et qui quelquefois est si ex-
tréme, que certains d*entfe eux vont jusqu'à cou-
sommer par intervalles environ deux Miogrammes
de pain par jour. Un des premicrs objets ou p!utct
un des devoirs les plus sacrés de ma place, a titre
de médecin en chef de B!cëtre(ran2~et3edela
République), étoit saus doute d'inspectersoigneu-
sement le service de la cuisine des ntiënes, etd'cu~
trer dans tous tes détails économiques, par compa-
raison avec le reste de l'hospice,où je n'avois trouve
qu'iosouciauce, maladresse, oubli des premiers
principes dans la préparation et la distribution des
alimens. Je reconnus au contraire qu'il aurott été
difficile de ics préparer avec plus de discernement
et une plus sage ëcouomie que dans la division des
aliénés. C'est un témotgnage honorable de plus à
ajouter ucc que )'aidéjà dit (scct. Hc) sur le sur-
veillant des aliénés de DiceLre. Attention constante
d'avoir toujours en réserve des alimcns dcia vcinea
pour réparer les vicissitudesou les néghgenccs de
l'approvisionnementet pouvoir jfburttiraux besoins
urgens ou imprévus des aliénés;précautions de ré-
server et défaire cuire, dans la belle saison, des
plantes potagères, et de les conserver dans des pots
de grès pour l'hiver, a titre de nourrituresupplé-
mentaire provisions des jours gras en viande, en
graisse, en substance médullaire des os, réparties (J)
pour les jours maigres, afin de rendre Ïc potage
heaucoup plus nourrissant; méthode pleined'intel-
ligence suivie dans la coction de.la viande pour le
potage, c*est'à-dire proscription de la routine or-
dinaire des cuisines des hospices,qui consiste u sou-
mettre la viande à une ébullition iorte et soutenue,
à rendre dure et coriace Ja partie tibrineusc, et à
empêcher le dégagementde la gélatme. Le houiltou

(t) ronr donner une juste idée des sotnt paternels pr!~ par
le surveillant et sa femme, je remarquerai qu'on scrvolt alter-
nativement en gras et en maigre chaque jour de la scma!ne
et que les jours maigres les provisions fournies à l'hospice
étoient fixées de manière à donner une livre de beurre pour
eeize livres de riz, c'est-à-dire environ troig livres et demie
de beurre pour le potage cn maigre cl'environ deux cents atte-
nés; et comme l'odieuse spéculation des approvisionncmcns
se portoit encore sur cet objet, le plus souvent sur cette
quantité de heurre salé on faisoit entrer plus d'une !!vre de
se!. Que pouvoit être alors le potage, sinon une sorte d'eau
chaude et salée, puisqu'il n'y avoit que deux livres de beurre
sur quatre cents livres de bouillon-? Dans les dégustations que
étoit toujours prcparé dès le matin du jour de lit
distribution, et ou proportionnoit avec précision la
quantité du liquide aux besoins de l'hospice, Fébul-
ïitiou n'avoitlieu que pour enievcrcequ'on appeloit
l'écume du pot ou les parties les plus concrescibles
par la chaleur; on ôtoit alors le bois et on faisoit une
sorte de four artificiel avec des briques autour de
la marmite pour soumettre lit viande à une chaleur
constante et soutenue, un peu au-dessous du de-
gré de l'ébuHttion, pendantquatre heures et demie,
ce qui rcndolt la <ibrine pu!peuseet tendre la disso-
lution par degrés de la gëîaUne dans le liquide pro.
duisoit alors un potage restaurant et salubre. C'est
ainsi qu'on savottaUteria déférence et les égards dus
aux malheureuxavec la plus sage et Ja plus atten-
tive économie.

je iaiso!s, j'étois frappé d'étonnement de trourcr encore un


bouillon d'une honne quatite. J'appris bientôt les ressources
que le surveillantsavoit senaenagct', soit par la réserve d'un
peu de viande et de plantes potagères de la veille, soit cnt
mettant à profit les os réservés qu'on rejetoit aUteurs~ ou
dont on faisoit un objet de lucre, c'est-à-dire en tes écrasant:
et en les dépendant de la gë)at!nc qu'ils contiennent en abon-
dance. I~a manière de préparer le potage au riz n'étoit pas
moins judicieuse~au lieu de l'inonder d'eau, on n'en mettoit
qu'une petite quantité, et on attencloit <}u'c!!e fût entièrement
absorbée pour en mettre de nouvelle qu'on iaisoit chauffer
dans un vase sépare, et c'est ainsi que, par des atïusioas suc-
cessives, la cuisson cto!tcomp!etce.
VI.
tSM/~y~e~.f <~ ~e~e gui eut lieu, l'an
dans les jHb~/ce~ des ~/<~M~.

206. Je laisse à la politique éclairée par le sou-


venir du passé et par les résultats d'une longue
expérience, le soiu de déterminer si les biens-~
H)nds des hôpitaux et des hospices leur doivent
çh'e conservés comme propriété inaliéuaHe, sous
la régie d~une adouoistratioa sage, ou si ou doit
recourir à uu autre moyen d'assurer les fonds né-
cessaires pour fournir aux besoins des indigens
malades ou infirmes, en les associant à toutes les
vicissitudes de la fortune publique. H suiEt de rap-
peler ici aux amis de l'ordre quelques faits dont
j'ai été témoin oculaire, et dont le souvçuir ne
peut être que douloureux pour rbomme le moins
tcnsiHe. C'est en calculant sagement !cs besoins des
aUénés que la ration journalière du pain de ceux
de Bicêtre fut portée à un kiiogt'am<ne sous rAs"
semblée constituante (5o), et j'avois vu pendant
deux anuécs les avantages de cette disposition salu-
taire. Je cessai d'être médecin de cet hospice; mais
dans une de ces visites de bienveillance que jeren-
dois de temps en tempsauxaliénés (~brumairean ~),
j'appris que la ration du pain avoit ctc réduite & sept
hectogrammes et demi, et je vis plusieurs des an.
cienscouvalcsccns retombés dans un étatdeiurcur
maniaque, en s'écnant qu'on les faisoit mourir de
faim.Les progrès dé!étèrcs dé la disette furent en-
core bien plus marqués daus la suite, puisque
la
ration du pain fut successivementréduite à environ
cinq, quatre, trois, et même dcc~ !t~c!ogt'n!Utnt!
en y ajoutant un léger supplément lie biscuit, sou'
vent très-défectueux. L'effet fut tel qu'ondevoitrat-
iendre pour les suites, et il a été constaté que pen<
dant deux mois seu!etnent ( ptuviôse et veptôse
des
an 4.) le nombre total des morts dans l'hospice
<aMén8s a été de vingt'ceuf, tandis que celui de
l'an a en entier n'avoit été que de vingt.sept. Ré-
<uUat analogue mais encore plus prompt et plus
dépIoraMe pour les aliénées delà Sa!pctrièrepuis-
que dans le cours de brumaire de l'an
(i), la
mortalité fut de cinquante-six par la fréquenceex-

(t) Je fus charge à cette époque, par l'administration de


rechercher les causes de cette mortalité, d'après une obser-
vation exacte des maladies régnantes, et voici quelle fut la
conchtsion de mon rnpport.
« Je pense qu'on doit nttnhucr principalement cntte mor-
iatin! a la disette qui a rcgnd pendant le printemps et rctf
dernier dans là section des aliénés. En effet, avant le f~
germinat, chaque aliéné avdit une livre et demie de pain
par jour, et on en Dccordoit cent tivres
pourb soupe de tout
rHosnice.Au t~germinat les cent livres furent supprim~M,
et ln ration du pain pour chaque ntienc fut
réduite a une
livre {usqu'au t'!(1u même mois. Depuis le !5 jusqu'au 3~
1a ration ae fut que de douze onces. La Hhmnutionfut portco
tr<hne des flux de ventre colliquatils et des dysen-
teries. Auroit-on à gémir sur ces événemensfunestes
si les ressources des hospices avoicnt été fixcs et
iuvariaMes?Onsait, par l'histoire du temps, à quelle
époqae cet heureux changement a eu lieu dans les
hospices; mais quelques mesures sages qu'ait prises
une administration éclairée, on sait l'influence
qu'exerce sur elles leur exécution et combien elle
y apporte de modifications remnrquables. Avec la
même quantité de pain, un prépose négligent et
peu actif donnera lieu à des besoins non satisfaits,f
et un autre bien plus habile et p~sxélë aura l'art de
satisfaire à tout, et de se ménager même un sur-
croît: de subsistance pour des cas imprévus d'une
grande voracité de certains aliénés qui ont besoin
-d'une portion double ou triple. C'est ainsi qu'à la
division des aliénées de la Sa!petr!cre M. Pussin, qu!
préside toujours au partage ou à ]a distribution des

encore plus loin les huit premiers jours de ftorca!, puisque


cette ration du pain n'étoit que de huit oncca. A cette époquo
on accorda du biscuit de mer pour la soupe, mais on retran-
cha sur tout l'hospice deux cents livres de pain, ce qm ré-
duisit !a ration ordinaire à six onces. Lorsque !c b!scn!t fut
supprimé, le ter thermidor, on !'cv!nt à la ration de douze
onces de pain. On connoit la voracité des aliénés de t'nn et
l'autre sexe. La disette a donc porte pr!ncipatemcnt sur l'hos-
pice des aliénés, et les suites ont été des flux de ventre sé-
reux et des dysenteries funestes
Bieetre, 21 brumaire an
r-
RÉGIME DES ALIÉNÉES DE LA SALPÈTRIÈRE.

V I N

Jou~s.
N (le
«AMCOTS~
~MS~. R.z.Z.
t)!aue.
IlIl1ue, oude 04-
t.EXTtt.M!

a, a~r~r
0<CtgM<t)mM.
.~s
~o ans.

CcntXitMt.
75 ans.

Centithre'.
r~. ~o
So ans.

Centilitres.
85 ans.

CenKHtfet. Dtttgramtnet.
wra ar,w ~rar s,r~r wrr~ w~r
Décilitres. D<Mgr.uno)c<. D<MgrM)mct. D<H~<~n)me'. D~MgtMunM. Centilitres.
Dunanchej. 122 4 3U 5o a5 5 M
Lundi. ~2 t~ a~ M 5o 25 < )) 96
Mardt.Gw.. 72 t2 24 36 5o 25 6 5 96
))
Mercred: ~2 ta M 5o a5 t )s 96
Jeudi.}. ~x x a4 M 5o -z5 6 5 96
Vendredi. t~2 M 50 M 7 96
/Af<<:
Samed<J. ta M 50 1 3 M 5 96

0 J9 R TI ON S.
Tn~~t ~t Atiënces reçoivent le maHn, !e pain, le v!n !a viande, et ~8 centititres de houitbn.
Le soir, des légumes secs, ou des pruneaux et du fromage, ou du raisiné, avec 48 centilitres de bou!!toH.

Jours 7?~ tf Las Aliénées recotventaussi le matin, le pain, le vin, 15 centilitres de légumes secs, ou 55 grammes de riz avec
4S centitUrcs de bouillonma!grc.
Le soir, ï centitit. de légumes, secs ou 55 grammes de riz etdu ffomage ou du raisiné, avec ~8 centilit. de bouillon.
Dans ta sa!son, elles ont alternativementdes tégumes secs, des choux, de ta chou~-croute,des cp!nards, de l'osetite, du pottroa
1,
des pommes-de-terre.
Elles ont aussi alternativement de la sa!adc, dc$ cerises, des groseilles, des abricots, des prunes, des poires et du raisin en rempla-
cement de û-omage.
Page 235.
armons, fait faire des rayons fortes, moyennes, pe-
tites, pour que les filles de service dans leur dépar-
tement aient à les distribuer suivant l'exigence des
cas. De cette manière rien n'est: donné ni en
excès
ni en défaut, et sur l'ensemble !!y a toujours une
quantité surabondante qui est réservée pour des
cas imprévus ou qui est renvoyée à lu
paueterie:
aussi n'ai-je jamais entendu des plaintes de la part
des a!iéaées de h Sajpétrièrc surce pointfbndamen-
taL Le tableau ci-joint, indique les régies générales
et tes proportions qu'on y suit dans la distribution
des vivres.
207. Un établissementpublic d'amenés
qui fait
partie d'un grand hospice et qui n'a point une cui-
sine particulière, a Tinconvéuientd'être toujours
dans une sorte de dépendance de !'étab!!ssement
général, autant pour )e choix des alimens que pour
les heures de la distribution des repas, et on doit
convenir que cette distribution trop rapprochée et
trop multipliée dans la journée, u*est pas entière-
ment conforme aux règles de la diététique, qui de-
mande toujours un temps déterminé pour le travad
de la digestion, d'autant mieux que dans la matinée
plusieurs aliénés sont asserve à t'nsage de quelque
boisson. Une autre règle étoit observée autrefois a
Bicêtre lorsque j'étols médecin de cet hospice, et:
entiè-
que !a cuisine de la division des aliénés étoit
rement séparée de h cuisine générale de l'hospice:
les heures du repas étolcnt fixées d'une madère
plus commode !e déjeuner à sept heures du ma-
tin, consistant seulement en pain; le diner cntte
onze heures et midi avec potage et viande bouittic
pour les jours gras; pourle souper du pain et que!
ques légumes plantes ou raciuespotagères. Que! tes
que soient d'ailleurs les dispositionsgénérales, elles
ont besoin d'être modifiées dans l'exéculion, et on
imagme qu'une personne débite et sujette M une
sorte de diarrhée habitueHe, ne doit point avoir
~es mêmes alimens qu*une au~e aliénée fobuste
et sujette à la constipatiop (i), Le vin pur est loin
de convenir à une aliénée très*agitee ou curieuse,
€t il est propre à fortifier une femme ~geeet t'eduitu
à un état de démence sénile.

(!) Dans l'établissementdu dont. Esquh'ol, !a nourr!tMre est


en général abondante, propre a fort!t!er et prise des a~mens
les plus sa!ns appr&tds tt'aitteHrsMnsëpices. Lct!o}ë(mcfest
distribué aneuf heures, etvar!c8u!want i'état et !es<Hspopitions
particutieres de i'ajicne on a besoin quelquefois de faite ser-
Tir un second dëjc&ncr à plusieurs d'entre eux. On dinc a
quatre heures; les convatcsccus, les aticnestran~utticS)on
ceux qui ne sont agites que par !nterpa!tes sont adnusata
i.tabtc de M. Esquirol les autres, a moins qu'Us ne soient dan-
gcreax, dinént dans une~saMe commune, chacun !t une tab!c
particutière et servi par son domestique; les autres en petit
nombre mangent dans ïear chambre. Tout ce qu! leur est
servi sort de la tahtc commune, ou les portions soat faites en
indiquant.leurdestination.Chaque malade boit de Fcau rougie:
h discrétion. Le souper se compose de tpgum.cs et de û'mt&.
VIL

Exercices de corps ~<ï/ ou <C<7~0/! M/Z


travail mécanique, ~/b/M~077!C/Ï~/e de tout
~0~?Ïce<f~M~.
208. Ce n'est plus un problème à résoudre,
c'est le résultat le p!uscoastantcUe plus unanime
de l'expérience, que daus tous Iesasytespub!ics,
comme les prisons et les hospices, le plus sur et
peut-être l'unique garant du maintien de la santé,
des bonnes moeurs et de l'ordre, est la loi d'un tra-
vail mécanique rigoureusement executée.CeUe ve-
rite est surtout applicable aux hospices des a!icuës~
et je suis h es ibrtement convaincuqu*ua établisse-
ment de ce genre, pour être durable et d'une utilité
soutenue, doit porter sur cette base fondamentale.
Très-peu d'aiiëncs, même dans leur état de fu~
rcur, doivent être éloignes de toute occupation ac-
tive, comme je m'en suis spécialement assuré; et
quel spectacleaffligeant, que de voir daus tous nos
établissemens nationaux, les aliénés de toute espèce
ou dans une mobilité continuelle et vaine, s'agitant
sans aucun but, ou bien tristement plongés dans
l'inertie et la stupeur quel moyen plus propre
d'entretenir en eux l'effervescence de l'imagina-
tion, l'habitude des emportemens fougueux, et
tous les écarts d'une exaltation détirante Un tra-
vail constant change au contraire la chaîne vicieuse
des idées, fixe les facultés de l'entendement en leur
donnant deTcxcrcice, entretient seul l'ordre dans
un rassemblement quelconque d'aliénés, et dis-
pense d'une foule de règles minutieuses et souvent
vaines pour maintenir la police Intérieure. Le re-
tourdes aliénés convalescens à leurs goûtsprun!t!fs,
à l'exercice de leur profession, leur zèle et leur
persévérance, ont été toujours pour moi le sujet
d'un bon augure et de l'espoir le plus fondé d'une
guérison solide. Mais nous avons encore à envier
à uue nation voisine de la nôtre un exemple qu'on
ne sauroit trop faire conno!tre cet exemple,ce n'est
point l'Ang!eten'e ni l'Allemagne qui le donnent,
c'est l'Espagne. Dans une de ses villes (Saragosse)
existe un asyle ouvert aux malades, et surtout aux
aliénés de tous les pays, de tous les gouveruemens,
<le tous les cultes, avec cette Inscripuon simple
ZTr&M et <3y~. Un travait mécanique n'a point écé
seul l'objet de la sollicitude des fondateurs de cet
établissement;ils ont voulu retrouver une-sorte de
contre-poidsaux égaremens de l'espri t, .par l'attrait
et le charmequ'Inspire la culture des champs, par
l'instinct naturel qui porte l'homme à féconder la
terre et à pourv oir ainsi à ses besoins par les fruits
de son industrie. Dés le matin on les voit, les uns
remplir les offices serviles de la maison, certains se
rendre dans leurs ateliers respectifs, le plus grand
nombre se diviser en diverses baadcs, sous la cou"
duite de quelquessurvenlans mteilfgenset ecla<res,
6e répandre avec gaieté dans les diverses parties
d'un vaste enclos dépendant de l'hospice, se par-
tager avec une sorte d'émulation les travaux relatifs
aux maisons, cultiver le froment, les légumes, tes
plantes potagères, s'occuper tour.à-tonr de la
moisson, du tretHage, des vendanges, de la cueil-
lette des olives, et retrouver ie soir dans leur a$)'!e
solitaireJe calme et un sommeil tranquille. L'expé-
rience !a plus constante a appris dans cet hospice
que c'est, là Je moyen le plus sûr et ïc plus efïicace
d'être rendu a la raison; et que les nobles, qui re-
poussent avec mépris et hauteur toute idée d'un
travail mécanique, ont aussi le triste avantage de
perpétuer !eurs écarts insensés et leur délire.
~09. « La parcsse, l'indolence et l'oisiveté, vices
si naturels aux en&ns, dit la Bruyère, disparoissent
dans les jeux, où ifs sont vifs, appliqués, exacts,
amoureuxdes règles et de la symétrie N'en est.iL
pas de même des aliénés en convalescence,lorsque
dans les langueurs d'une vie inactive,on o~re un
aliment à leur penchant naturel pour !é mouve~
ment du corps et l'exercice ? Aussi nul principe
sur lequel la médecine ancienne et moderne soient
d'un accord plus unanime. Un mouvementrécréa-
tif ou un travail pénible arrête les divagations
insensées des aliénés prévient les conge-suons~
vers la tête, rend la circulation plus uniforme
et prépare à un sommeil ïranq~ic. J*ëtoi& UH.
jour assourdi par les cris tumultueux et les actes
d'extravagance d'un aliéné ou lui procura un tra-
vail champêtre conforme à ses goûts, et dès-lors je
m'entretinsavec lui sans observer aucun trouble p
aucune confusion daus ses idées. Rien n'étoitplus
digne de remarque que le calme et la tranquillité
qui rëgooient autrefoisparmi les aliénés de BicêtrC)
lorsque des marchands de Paris fournissoient au
plus grand nombre un travail manuel qui fixoit leur
attention et les attachait par l'appas d'un léger
lucre. C'est pour perpétuer ces avantages et pour
améliorer Je sort des aliénés, que je u~ai cessé de
iaire, vers cette époque, les instances les plus rëitë-
t'ées pour obtenir de l'administrationuu terrein ad.
jacent pour le faire cultiveraux aliènes eonvalescens,
et accélérer leur rétablissement.Les orages de la
révolution (an 2C et 3c) ont empêché toujours
l'exécution de ce projet, et j'ai été borné aux moyens
subsidiaires qu'employoit le surveillant toujours at-
tentif à choisir les gens de service parmi les conva.
lescens (07). Ces principes sont encore ceux du
concierge de la maison des fous d'Amsterdam (i).

(t) Il est remarquabtc, dit M.Thouin qu'une maison qui


renferme tant de monde ait si peu de gens de service à ses
gages. Je n'en vis que quatre a cinq de ~enuaoens; tous!es
autres sont pris parmi les convalescens qui excités par
l'exemple et tc& discours du concierge, se prêtent avec em-
pressement a servir ceux qui ont besoin de secours, et ils
€ë Mt'dîtrcimpMt'~objet aa~s toute son ëtenjue qu~c
d'adjotud~6 t'ôt)[t'bd)S{Mce~d'a!!é~esu~
va~c enclos,
~httôt aele
bÜph1l()t
bit cdnVert!r ~q.lu-liè:sPI't~
~eleÍëdtiv¿l;th.~ uhesprte 'de:de ~rcoe,
terme,
e
~Ib'nt îë~a~QMX champêtres serotent a !a charge
des a~e~es'cohvaiescens, bu Jes produtts de
et
ëutcur6 stt~otëntà !eur~oQSommat:!onctà leut's
9ëpëOMB~ë~ d~eursrEsp~~ao. ào,n:n*c
~t~ bël~xetnpieasuivre~an$ ua e ses.pnnci-'
~t~îtô~pî~es. Lc$ a!!éues p.~dpï'es au.travqîl spat
~H~is~s ràuroreen diverses bander séparée~ ~u~
~ume ~~âlatëte de chacune p6~r je~r tÏepart!r
~î~et'ctù'~aY~~ Ïes~!r!gët'e!. les 8]n~ve!He~~a
~r~ës~~së~atjs'ùne acHv!.te contî~jL~e ou.
sëMëMï~~M~r~ompûe parles 'mtepyaïlesjde re-
M![!be,'ëÏ~~t&u'~t'amenje'pour' ïn nu!t. le somme!!
~0 c~f~e~~ie~n'est plus ont!oa!re quejtesguç.
.)!. ')~<j '<i.
,i:jb.i' 'f
~ëjoë ''o~ï~es pat' ceUe vie àcttve, peof!ant que

'n:b'J~
!<
~i{.)-t)j.f.
);
~~pt~seat~ ay~! ~t~B ~k~
n~u
e.n~$~s.~)pssa~~b! p?~ ~.t~
!w
les ont précités. Us .p'cst pa~ ~crain.dre,~ne ~o se)'~c<?
gt~sse, parct: qu'Hy<t presque autant d'infirmiers ~ac de
mnhttes, et qu'!)9 sont d!r!6M paf un hot~me (!c ser.yico
af~cté a chaque sa!!e. Cette pf&tïquè c~ondm!qHeetsut'tOH(r
tfcs'tnoMte, est emp!oy<!c dans tous tes hospices de Sot-
jande. Itenrësuhe que les paovrcs sont m!eux tra!tës,
que !es dëpenses de gens de service, tt'otï!c!ers, deta<s-ma-
Mrs, St notnbrcux et stchcMmentpayësparat!nd!!s,.soBt
prévue BuUes.
1. 1 n n
raneuatton des nobles, qui rpugtrotent du~ trava~
des màins, est presque toujours ~curable.
2ïo. C'est lors de la convalescence et aux pré'
mièref: lueurs du rétablissement que commencen!!
souvent à se renouveler les goûts primitifs de
rhomme et son amour pour les beaux .-arts, les
sciences ou !es lettres, s'il s*est )ad!s~!s~ngue daos
cette carnère. Cc premier réveil du taleot do!t~oa~
étresatst avec avidttë parIesurvctUant d~niosptce,
pour favoriser et accélérer ïe déyebppc'~eut. ~es
facultés morates, comme le manifeste,uu;exemp~e
rapporté dans la section H de cet ouvrage (<6~).
D'autres faits servent encore à conBrmer iamenïo
ver!té. J'avo!s peine; quelquefb!~ à sutvre~agarru-
lité mcoerctMe et une sorte de flux.de p~ro!es dis-
parâtes et incohérentesd*ua ancien littérateur, qu~
dans d'autres momens tomboit dans une tactturaité
sombre et sauvage. Une pièce de poésie, dont il
avoit fait autrefois ses déUces, venotKUe s'offrir. &
sa mémo!re, il devenoit susceptible d'une attention
suivie; son jugement seinbloit reprenctrë ses droits;
etti composottdesvers où régno!ehtnoQ'seu!ement
un esprit d'ordre et de justesse daas iesïdées, ma!s
encore un essor régulier de l'intaginatton et des
saillies très-heureuses. Je ne pouvois donner que
quelques heures fugtdves à cette sorte d'encoura-
gementet d'exercice moral; et quels heureux eiïets
n'eût point produit sur le convalescent une contt-
n.u!té de soins d!r!gés suivant mes pnncipcs Un
autre, musicien, tombé autsl dans la manie par des
evénemens de la révolution, tenoit les propos les
plus décousus, ne partoit souvent que par mono-
syllabes qu'il entrcmeloit de, sauts, de danses, de
gestes les plus insensés et les plus absurdes. Un sou-
venir confus, Jors de sa convalescence,lui rappela
son instrument favori, c'est-à-dire le violon, et
dès-lors j'engageai les parons à lui procurer cette
jouissance, si utile d'ailleurs ,pour son entier réta-
blissement. 11 parut reprendredans peu de jours son
ancienne supér!or!té, et il coutmna ainsi pendant
huit mois à s'exercer plusieurs heures chaque jour,
avec des progrès d'aiUeurs trè:! marqués pour le
calme et le rétablissementde la raison.Mais a cette
époque on reçut dans le même lieu de reclusion un.
autre aliéné plein de fougue et d'extravagance. La
ju*équeotationde cederaterqu'on laissoit errer li-
brement dans le jardin, bouleverse entièrement la
tête du musicien; le violon est m!s en pièces, son
exercice favori abandonné, et sou état de manie
est regardé maintenant comme incurable: exempte
affligeant et mémorable de l'influence qu'exerce le
spectacle des actes de manie sur les convalescens,
et qui prouve la nécessité deles isoler.
2 n. Le caractèreombrageux et irascible des atié'
nés, même dans leur convalescence, est connu.
i)oués pour la plupart d'une délicatesse extrême de
scnnmeat, ils s'indignent contre le moindre signe
d'oubli, de mépris ou d'indifférence, et ils abau-
donnent pour jama!s ce qu'ils avoient adopte avec
le plus dezète et de chaleur. Uu sculpteur,élève
du célèbre Lemoine, échoue dans ses projets et ses
efforts pour parvenir à FAcadémié et dès-lot's
mélancoHe profonde et r!xes coatinuellcs contre
eon frère, dont la parsnaonie, suivant lui, l~a arrêté
dans sa carnere. Ses écarts et ses actes de violeocc
sont 'suivis d'~n ordre a~bttt'airc pour sa recluston
comme aliéné. Il se Uvre u tous lès emportemeos
de !a fureur dnos sa loge; H met tout en pièces, et
reste plusieurs tïïols dans un état manta~uectes plus
v!o!ens. Le calme en~n succède, et on jui donne
la Ifberté dans r!tïtér!eur~el'hbsptce:son entende-
ment étoit encore fb!bie~ étn sûpportôttavec pe!nc
tout ie poîds d'une tR: !nact!ve. La pe!uture, qu'<
avoit ausst <:ûtdvée, parut sourire a sou !ttiag!nat)OH,
et il desira de ressayer (rabord cïaniS le genre des
porM'a!ts. On s'empressa de Jtë seconder dan% son
desse!n,et il {!t l'esquisse des portr~tts du surve!iIaQt:
et de sa femme. La ressemblance étoît ~ïen satsïë
ma!s encore pen sùscept!otc d*appt!caUôn, )! croyo~
voir uh uuage devant ses yeux, et i~ éto1t décourage
parie sentiment de son ipsufïisance,ou un reste dé
bon goût jadis puisé dans l'étude des meineurs
modèles. Le ta!cMt qu'tl avoit manifeste, et sur-
tout le desir de soutenir son activité naissante, et
de conserver à~a soctété un artiste uabile, enga-
gèrent l'économe de B~cetreà !ui demander Mn ta-
Meau, eo lui hissaot le choix da sujet pour lui
donner uu plus libre essor dans sacpmposthon.Le
convalesceut,encore mal rétabli, croit cette tâche
~U'dessus de ses forces, et il désire que le sujet soit'c
fixe, que xnéme oo lui en trace un dessin correct:
.et propre à être pris pour modèle. Sa demande est
~tudëe, et on laisse échapper la seule occasion de
~c rendre a la ya!son. I! se livre a des mouvemens
.d'In(ï!guat!ou,croit voir dans cette négttgeuce un
.témoignage de met en piècesses pinceaux,
sa paiette, ses esqnisses~ et déclare hautement qu'ïi
renonce pour jamais a la culture des beaux'arts;
ï'émoMou n)émecn est si profonde qu'il succèdeun
accès de fureur de plusieursmois. Le calme renaît
encore pour Ja seconde fois;mais il étoit alors rédmt
à un état de Jaogueur, et à une sorte de rêvasserie
qui se rapprocaoitde la démence. Je le t!s passer
aux infirmeries pour tenter Fusage combiné de
quelques remèdes simples et d'un régime tonique
des cntrctïens famitiers, des propos consolateurs,
quelques avis dictes paria prudence furent inutiles.
Son goût primitifpour ïe travail et pour les beaux-
arts parut perdu pour jamais. L'ennui, le dégoût:
de la vie, la m~aneo)ie la plus sombre et la plus.
apathique. firent des progrès rapides. Plus d'ap-
pctit, plus de sommeil, et un uux de ventre col.
liquauf mit le dernier Lerme à sa malheureuse
existence.
2ï2. I~a loi générale d'un travail mécanique n'es6
pas moins impérieuse pour I~s iJtots de run et d<~
l'autre sexe, qui abondent dans les hospices, et sur
cet objet on a repris à Ïa SaÏpétrièretes mêmes vues
et les mêmes principes que ceux dont j'avois vu
autrefois les heureux e~ets à JBicéh'e. On doit voir
avec peine daosuocinantion constanteoudausunc
sorte d'engourdissement stupide, plusieurs de ces
idiots qui pourrdent et te utilement employés &
quelque travail grossierdes mams,à une culture de
'végétaux sous les yeux d\m conducteurhabile. Ré-
duits à une sorte d'!m!tat!onscrvHeetmoutonmère,
il suffit de leur donner un exempte à suivre et de
mettre à leur tcte quelque homme actif et labo-
rieux ils se montent à l'instant au même ton et
sont susceptibles des efforts les plus soutenus,
comme je l'ai vu mo!.ntémc dans une circonstance
particutiere d'une plantation d'arbres qui fut faite
dans r!ntér!eur de rhosp!ce de Bicêtrc. L'homme
le plus exercé ne peut pas se livrer au travail avec
plus de constance et d'encrée; aussi l'adjonction
d'une sorte (le )ardtu ou promeno!r de trois arpens~
à la division desaMénées de ia Sa!pétrièrc, fit en.
irevoir tous tes avantages qu'on pouvoit en retirer,
soit pour le travail d'une pompe destinée u iburnir
l'eau nécessaire pour un réservoir qui est au milieu
de ce local, soit pour un autre genre de travail
adapté aux moeurs et aux usages des femmes de la
campagne, accoutumées à bêcher la terre et à
d'autres travaux rustiques. Mais une division de
pouvoirs et de volontés, intervenue parmi !es
préposés j) ehtrava.alorsrëxecutibn Je ces xnesures
sa!utaires, et on fut oM!gé de s'en tenir aux w
moyens généraux qui sont propres à entretenu*
une propreté constante dans l'hospice aussi. dans
te Joca! destiné aux aliécées qui sont au déclin
de leur maladie, et dont les habitations sont më-
ïées avec Ja classe des inabéc!Hes qui sont lom
d'être réduites au dernier degré d'idiotisme, on
voit une sorte de rivalité entre les unes et les autres
des'
pour balayer les cours, prendre de l'eau avec
seaux de bois dans diverses fontaines de l'hospice,
le tenir dans la plus
en arroser et en laver !epavé,
grande propreté, et conserver surtout une fraî-
cheur constante pendant la saison des chaleurs, ce
qui réunit plusieurs avantages on en obtient un
bien pius grand, relativement au calme et a la tran-
quij!ité qui règnent en général dans les cours,en fai-
sant ainsi une heureuse diversionaux quintes vio-
lentes et aux emportemeos fougueux pour des
causes les plus légères qu'éprouveut souvent ces
mêmes personnes, et qu'eUes sont incapables de
réprimer par !anu!!itéde leur caractère ou le très-
faible ascendantde leurs facultés !nte!icctueUes. )
2ï3. Mais l'heureuse organisation de t'hospice,
qu*a favorisëe *avec soin une administrationéclairée,
pré-
nous a ménagé une ressource encore plus
cieuse pour accélérer les progrès de la couvaÏM-
de
cence c'est un vaste atelier pour les travaux
ia couture qu! est adjoint aux dortoirs des conva-
lescentcs, et où ces dernières se rassemblentpouf,
y passer presque toute la journée en société, en-
couragées uar un gain Ïe~crqu'cUesretirent chaque
jour, et qui unit paf fournir celles qui soot les
pîus actives'une cer~np ressource an. sortir Je
l~hospice, en même temps qu'eUesypc~ reprendre
l'bat)uude du traYaii e~ rentrant Jaos leur tnë-,
nage. On ne peut assez exprimer l'heureuse in-
jHucnpe qu'exerce sur le i'e{9t:u* de la ra!sonce ras*
semblement reg~ïtep de plusieurs persounos qui
s'entrettenoeot avec itber~é sur les tutérets de leur
~tmlîe, qu'eiies. ~nt abandonnée depuis plusieurs
mois, et qu'elles ont 1 espoirde revoir bientôt après
une absence plus ou mol ns longue,mais nécessaire.
Les j~out'jMesscnasscntainsi avec rapidité et dans
une communication réciproque de leurs craintes eb
de leurs peines. Le survci!tapt les visite souvent,
soit pour ôtre témoin de leur industrieuse activité
so~ppurdissiper encore quelques restes de l'éga-
rement de la raMoo, soit enun; pour remarquer
coHes qui se portent au travait avec une. espèce de
nonchalance, et pour coonottre le ~ugenieut qu'on
doit en former pour l'avenir; ce qui. peut donner
lieu à dos notes paruculièresiprs de l'attestation
i que }e suis oM'g9 de jMrc au moment ou eMes.
rentrent dans !a société. C'est encore dans ce ras.
scmn!emcnt que, par des entretiensfamincrs et des
exhortations bienveillantes, on parvient à dissi-
per certaines idées tristes, et mélancoliques, en
comparant les femmes qui D'en sont point encore
exemptes avec celles qui en sont heureusement
délivrées, et que pour un objet d'émulation on
fait déjà prendre pour modèles. Il est bien rare de

dtve..
voir des personnes qui se sont montrées constnm-
mcBt laborieuses éprouver dans la suite une réct-

s i~. Le penchant naturel des aliénés à des cm'


<
f

portemens de colère,jteurfacilité à donner aux evé'


nemens les interprétattons les plus sinistres, et a
éclater en murmures, font sentir la nëcessité ex-
tteme d'un ordre invar!a!)Ic de service pour ne
point aigrir leur état; de là les mesures que ai vues
BMses rigoureusement eo cxëcut!on dans l'hospice
de Btcctre. L'heure de l'ouverture des loges nxée
pu!vantles varlattoas de la saison, c'est-à-dire,, à
cinq heures du matin en été, a sept beures et demie
en h!ver ) et toujoursdans la même proportion avec
][a durée du jour dans les saisons mtermédiatres
attention e~trecne de ïa;rc ctoigner aussitôt les or'
dures de la nuit) e.b de pourvoir à la propreté des
loges, ainsi qu'à ceHc des cours visite générale du
surveUtant dans la matinée pour s'assurer que
r<eu n'a été omis ni négligé; distribution du déjeu-
ner peu après l'heure du lever; le dîner à onze
heures précises, c'est-a-dirc, service du potage,et du
tiers de la ratlop journalière du pain attention nou-
velle de pourvoir encore à la propreté des logc~
après le re.pas~ troisième distribution du reste du
pain et de quelques mets gras ou maigres à quatre
on cinq heures du soir, suivant la saison clôture
des loges al'entréede Ja nuit, au son d'une cloche;
un premier veilleur mis en activité de aervice jus-
qu'à tutnult, avec ordre de faire des rondes dans tout
l'hospice, de demi-heure en demi.heure, pour don-
ner des secours aux malades, empêcherla dégrada.
tion des loges parles plus furieux et prévenir tout
evënements!û!stre;reprised'unautreveiUeurdepu!s
minuit jusqu'au matin pour remplirla même tâche,
9
et indiquer les aliénés tombés dans quelque maladie
accidentelle.Dès Ïe matin, rentrée en ionctions des
gens de service pour pourvoit' aux objets de pro-
preté et remplir leurs autres devoirs; Jeur assiduité
et leur présence à toute heure du jour !mpér!eu.
setnent ex!gée pour maintenir l'ordre en cas de
tt'ouMe, pouragir en masse s'H sur vient une rixe
entre quelques aïiénës, ou lors de l'explosion subite
et inattendue d'un accès de manie; défense expresse
h ces mêmes gens de service de porter une main
violente sur les aliénés, !ors même qu'on les pro-
voque ou qu'on les frappe; sorte de tactique ensei-
gnée, ou plutôt indication de certaines manœuvres
adroites pour rendre vains et impuissans les efforts
et l'audace téméraire de quetques maniaques en
fureur; en un mot, Ïa direction générale de l'hos-
pice assimi!ée àcéUed'une grande famille composée
d'é!r€sturbu!eoset fougueux qu'il faut répritaer,
mais non exaspérer,contenir plutôt par des sentï.
mens de respect et d'estime, que par une crainte
servile, lorsqu'ils en sont susceptibles, et conduire ¡:

!e pins souvent avec douceur, mais toujours avec


t'ne fermeté inflexible.
VIH.
J~c~ï~KMc suivre dans le Traitement
moral.
2ï5. Un des points capitaux de tout hospice bien
ordonné, est d'avoir un centre général d'autorîté
~ui décide sans-appel, soit,pour maintenir l'ordre
parmi les gens de' service, soit pour exercer une
juste répression contre les aliénés turbulens ou très-
agités, soit pour déterminer si unaHéoé est suscep-
tible d'une entrevue demandée par un de ses amis
ou de ses proches: ce juge suprême doit être le sur-
veillant de la police Intérieure, et tout est dans!a
confusion si le médecin on tout autre préposé a la
foiblesse de céder à des réclamations qui lui sont
adressées, et à mettre sa volonté et ses ordres en
opposition avec ceux du même chef. Une jeune fille
qui étoit tombée dans une méiancoHe profonde, et
qui avoit été réduite ptusteurs jours à un état de
stupeur et d'insensibUité~ commençait à se rétablir
et à prendre régulièrement de la nourriture; Une
falloit plus qu'attendresa pleine convalescence; et
comme on devoit craindre seulement le danger
d'une visite prématurée, j'étois convenu avec ïc
&nrveumot.dela temr encore séquestrée. Jene sa~
par quel astuce on obtint d'aiMpuMun biltetd'eo-
~e et 1~ permission d'avoir une entrevue avec
elle, sous divers prétextes. L*cgarctnentdela raison
se renouvela le même )our; il survint un état de
taciturnité sombre et le refus pendant deux jours
de toute nourriture it a faHn plus d'un mois d'assi.
<~nttë e~ de ~d!ns pout' rëpstrer une parei!!e ~ute~
et pour que l'habitude d~ travail fut de nouveau
contractée. M est bien plus a(n!geaut de voir quel-
quefois des personnes grossières se permettre de
borner sans motif la conduite du surveillant
lu! tenir des propos désoMigeàns, et chercher ainsi
à diminuer I~esUme et la confiance qu'il mérite
taut de titres c'est ce qui est arrivé à la parente
d'une autre fille mélancolique qui improuvoithau-
tement qu'on eût donné le nom de baptcmc à la
douche de répression, et qui en prit occasionde
faire une vive sortie contre Ja méthode de traite-
ment uittlée dans cet hospice. Une autre faute plus
grave a été d'accorder a cette mé!anco!iquc la H.
berté de se promener dans tes autres cours de
l'hospice, et de se soustraire à la Ïoi commune du
travail qui est si salutaire pour affermir ïa conva-
lescence. L'aUénëc fut ainsi soustraite a la jur!-
idic~O!) du surveiUaat, l'usage des bains suspendu
augmenta les entraves du traitement médical, c!: 1~
perspune en est restée !ncurab!c~
.StG. L'espoir très fondé de rendre à la sociéts-
des hommes qui semblent perdus pour eue, doit
éxciter la surveillance la ptus assMùeëtia ~!us
ihÏat~nMe sur ia c!asse Nombreuse des aIMnës
6oava!esce!M ou de ceux qui sont da~s tëMM itttc~
vaUcs lucides; classe qu'on doit iso)eï' avec soin
dans un iocaj pa~euKcfde l'hospice, pou)' ë~ïtef
toutes les causes occasfonnenésde rechutes, et ie~
sdumeUfeà une sorte d'institution morale propret
développer ëtàfbrMer!es facultés (!e reutende-'
nïcnl:;ma!s quede<nrcohspeotTbn, dé!um!èrcset
de sagesse pour dinger des hommes en gcndi'a!
très péttëtraus~ ~ics-ombrageu&et d'ùh ~nràctèt'ë
h'es-îrascih!e Coiùfncnt les soumettre a HA ordre
,constant et in~aHable, si on n'exerce suveaxim
ascendant Ma~reï par les qua~ !tës physiqueset 1[~0"
raies tes pins rares? Ce soat îà des max!mcs 'tbnda~
eachtatës qae je n6 cesse d'incutquêr par des exeh{-
pics, et je Me couËrtne de ptùs en plus dans ces
~rinc!pes en !es reti'ouvanten ~tgueUr dans MTi des
liôsplces(l'a!!énéstes ~)Ius connus de l'Europe, <~tns
ccÏm de Bé~!ce~. « C'est un 6b}et n'es-impor~ant,
d!t~Ïa~am ~),~e' gagner cbnnànee de c~s'in-
» nr~nes, etd'e~dterëneti~dessebhOtensdërcs-
pect~t d'obëtssaocë, ce qui ne peut être que le
fruit delà supcnôrttëdu dtsd6f'nemeHt, d*(the
;1".

(t) O~~f~O~f OM ~M~~ tf/~ /?r<ïC~!C~M~/a~'C~ 0/ï


~~Mc<M<cto.J'7o~~<M~LoadonT~98.
éducation distinguée et de lu dignité dans le ton
et les manières. La sottise, l'ignorance ct le dé-
faut de principes, soutenus par une dureté ty-
rannique, peuvent exciter ia crainte, mais ils
Inspireront toujours le mépris. Le surveiHaot
d'un hospice d*a!icnés, qui a acquis de l'ascen-
dant sur eux, dirige et règte leur conduite à son
gré; il doit être doué d'un caractère ferme, et
déployer dans l'occasion un appareil inposant de
puissauce; ii doit peu menacer mais exécuter, et
s' est désobéi, ja punition doit suivre aussitôt,9
? c'est-à-dire une réclusion étroite. Lorsque Fatiénc
est robuste et plein de force, le surveillant a be-
soin de se faire seconder par plusieurs hommes
pour inspirer la crainte, et obtenir sans peine et
» sans danger une prompte obéissance Le même
auteur n'eu proscrit pas molus tout acte de violence,
toute punition corporelte; car si l'atiéné est privé
des fonctions de l'entendement, il est iaseusible a
la punition, et c'est alors une cruauté absurde s'il
counoît sa faute, il conçoit un ressentimentprofond
des coups qu'il a reçus, et son délire se renouvelle
ou s'exaspère par le desir de la vengeance.
217. Un homme dans la vigueur de l'age, ren-
fermé aBicétre,croit être roi, et s'exprime toujours
avec le ton du commandement et de l'autorité su-
-prème. Il avoit subi le traitement ordinaire à l'Hô-
tel-Dieu, où les coups et les actes de violence de
part des gens de service n'avoicni fait qne le rendre
plus emporté et plus dangereux.Quet parti prendre
pour le diriger? Un appareil imposant de con-
trainte pouvoitencore l'aigrir, et la condescendance
FaiMeroHt' dans ses prétentionschimériques.Il iaHut;
jonc attendre une circonstance favorantepour avoir
prise sur un caractère aussi difnciie, et voici ceUe
jour cet aHéné écrivoit
<jue ïe hasard Ht Battre. Un
a sa femme- une lettre p!e!ned'emportemens, et
raccusott avec amertumede proïouger sa détention
pour jomr d'une iiberté eutiere:H!aïnenaçoit
d'ailleurs de tout Je poids de
sa vengeance. Avant
d'envoyer cette lettre, en fait. lecture à un autre
aliëné convalescent qui !mprouveGes:etnpor-
temens fbugaeux, et lui reproche, avec te ton
de rami~ë, de chercher à réduire sa femme ait
desespph'. Ce conseil sage est écoute et accueilli; la
iet~re n'est point envoyée, et eMe est remplacée par
une autre pleine de modération et d'égards. Le
survctMantdel'hospice, instruit de cette docilité a
des remontrances amicales, y vott déjà tes signes
manifestes d'un changement favorable qui se pré-
paré il se hâte d'en profiter, se rend dans la loge
de l'aliéné pour entretenir avec lui, et il ie ra.
mène par degré atr princtpal objet de son dc!ire.
Si vous êtes souverain, lui dit-il, comment ce
» faites-vous pas cesser votre détention, et pour-
» quoi restez-vous confondu avec Jes atiénés de
toute espèce ?? il revient Je.s {ours suivans s'en-
tretenir ainsi avec Jui, en prenne le ton de la hieu'
e~ra))!é, bie*ntôt

M pmsMncc t!e
a
veillance et de l'amitté il lui iMt;voir p3U a pcu!e
ridicule de ses prétentions exagérées, lu! montre
un autre aliéné convaincu aussi depuis long~enms
qu~'ilétoit revêtu du pouvoir suprême, et devenu
un objet de dérision. Le maniaque se sen d~oQrd
bientôt ilII ciet en doute son titre de sdu~
veram, eana il parvient à rcconnôMre ses 'scar~s
ch!.mpt'!qnes. Ce fut daps une qumzame déjoua
t~ue s~opët'a cette rëy6ïut!on morale st tnatt~nWue,

et après queïques mois jd'eprcuve ce père Msne's~


taMe a ëté rendu à sa ~amuie.

ifl.~ cu!!èrement contre lesll;"


moUes C~est
".f't'~
l, n

218. « H est vraisecaMaMe, d!t Mpnta!goe~ que


ïe pnnc!pa! créd{tdesvistous, dësencbaatemeas
et de tels c~e!s ext!'aord)D~!res~ 'viept ~a
Ï~magihattôn~ agissant pl~s par~
,`~
âmes du vulgaire; pÏua
surtout aux nJus!oas iantàs-
Jt>

M
(t~Uiës, aux soupçons ombrageux/aux cra!ates pu.
sillauimes d~stnélaacojtqués, qu'on peut pardcu-
J!èrementappt!qnei'cette rémarqué judicieuse, et
rien aussi n'est. p!us dticc!Ie que de ~€s rec!~er ou
dè ies dëtruhe. Commcat eu ë~tet détromper des
espnts souvent bordes, et qui jprenaeot les objets
chimériques de leurs Idées .pour des t'ëa!Hës? t~'un
ne vo!t autour de lui que des pièges et des .em-
bàcbcs, et s'offense même des bons offices qu'on
veut lui rendre; l'autre, transforme enpotentat,s'm.
digue qu'on lui donae le moindre avis ou qu'on re-
sisteàsesvolontés suprêmes~ certains passentlanult
dansiacontemplation, parIcuten!Mpirés,préparent
des actes expiatoires au nom du Très.Hant;, ou se
vouent a une abstinence qui les exténue. Quelques'
unsse croirontcondamnésa ta mort sousdiverspré*
textes, et -chercheront u la provoquer par le refus
le plus invincible de toute nourritut'e, à moins que
qne!queheurenxexpédient netriomphedeleurobs~
tinatiou.Unaliéné de l'hospice du Bicêtt'e,qm n'avott:
d'autre délireque celui de secrott'eune victime de la
Mvoïut!on,repétott~ouretnutten l'an 3, qu'il étoit
prêta sub!rsbn sort:, refnso!t de se coucherdaus son
lit, etTestoit étendu sur un pavé humide qui pouvoit
lerendre pcrcittsde tous ses membres. Lesurveiiiant:
emploie en vaincs refnoatraaceset les voies de ia
douceur, il est obligé de recourir à la contrainte.
L'aliéné est Sxé sur son lit avec des liens; mais il
cherche à se venger en refusant toute sorte d'ali"
mens avec l'obstination la plus invincible. Exhor-
tations, promesses,menaces, tout; est vain: quatre
jours se sont déjà écoulés dans l'abstinence la plus
absolue, Il s'excite alors nnc soif très-vive,et l'alié'-
né boit en abondance de l'eau froide d'heure en
heure; mais il repousse avec dureté le bouillon
même qu'on lui offre ou toute autre nourriture
liquide ou solide. Son amaigrissement: devient ex..
treme; il ne conserve ptus qu'une apparence de
squelette vers le dixième jour de ce jeune effrayant,
et il répand autour de lui une odeur des plus fé-
tides son obstination n'en est pas moins inébran-
lable, et il se borne à sa boisson ordinaire. On ne
pouvoit plus que désespérer de son état vers le dou-
xième pur c*cst à cette époque que le surveillant
lui annonce qu'il va désormais le priver desa boisson
d*eau froide, puisqu'il se moutre si indocile et il
y substitue un bouillon gras. L'aiioné reste alors
flottant entre deux impulsions~contraires; l'une est
ceï!e d*unc soif dévorante qui le porte à avaler un
liquide quelconque,l'autre est une résolution ferme
et immuable d'accélérer le terme de sa vie la
première enun remporte; il prend avec avidité le
bouillon, et aussitôt il obtient, à titre de récom-
pense, l'usage libre de l'eau jn'oide. Son estomac un
peu restauré lui fait éprouver un~entimentagréa'
ble, et il consente prendre le soir même une nou-
velle dose de bouillon. Les jours suivans il passe par
degrésà l'usage du riz, du potage, des autres all-
mens solides, et reprend ainsi peu à peu tous
les
attributs d'une santé ferme et robuste.
210. Une connoissanceprofonde de la nature de
l'homme et du caractère général des mélancoliques,
a toujours fait vivement sentir la nécessité de leur
communiquer des ébranlemens profonds, de faire
une diversion puissante à leurs idées sinistres, et
d'agir par des impressions énergiques et long temps
continuées sur tous leurs sens externes. De sages
institutions de ce genre ont fait une partie de
la gloire des anciens prêtres d'Egypte. Jamais peut-
c:t'e on n'a déployé pour un but plus louable toutes
)e8 ressources industrieuse «es arts, les objets de
pompe et de magniuccnce, les plaisirs variés des
seus,asccndantp<t!ss!)ntettesprestiges du cuïtc(t).
Ces antiques étahlissemens, si dignes d'être ad.
mirés, mais si propres u contraster avec nos moeurs
modernes et l'état de nos hospices, ne montrent
pas moins le but qu'on doit se proposer dans tous
les rassemblemens publics ou particuliersde meÏan.
coliques:patience, fermeté, seatimens d'humanité
dans !a inaniére de les diriger, assiduité constante
dans !e service pour prëvcn!r les emportemens et
l'exaspération des esprits, occupations agréables et
assortiesà!ad!f!erencedes goûts, exercicesdu corps
variés, habitation spacieuse et p!antée d'arbres,
tontes les jouissanceset ie calme des moeurs cham-~

(t)Acxdcutcxtretu!tésdet'anc!enuREgypte,quictoitato<'s
très peuplée et tr~s-Hérissante il y avoit des temples dé-
dies à Saturne, 0~ tes mctaueoHquesMrendoicnt en foule,
et où des pr&trcs, proCtant de leur crédulité conHante, se-
condoient leur gu<?r!son prétendue miraculeuse, par tous les
moyens naturels que t'hygicoe peut suggérer jeux, exercices
récréatifs de toute cspccc institues dans ces tempes, pein-
turM voluptueuses, images séciuisantes exposées de toutes
parts aux yeux des malades; les chants les plus agréables, ïes
teursoreii!es; ils
sons tesp!usn)ë!o()ieux chartuoient souvent
se promenaient dans des {ardins fleuris, dans des bosquets
orndsavcc un art recherché; tantôt on leur faisoit respirer
dans des bateaux décorés
un air frais et salubre sur te Nil
et au milieu de concerts champêtres; tantôt on les condui-
soit dans des Ues t-Mntcs, où, <ou<! le symbole de quetque
pêtres, et par iotcrvaUes une musique douce et
harmouieuse, d'autant plus facile à obteuir.qu'ity
a presque toujours dans ces établissemeus quelque
artiste distingué de cegeare~dontles taleus lau-
guissent faute d'exercice et de cnÏturc.
220. Les evénemeus de la vie peuvent être si
mathenreux et si souvent répètes, ils peuveut por-
ter un tel caractère de gravité et de désespoir, atta-
quer si directement rhonncur, la vie ou tout ce
qu'on a de plus cher au monde, qu'il s'ensuive un
sentiment extrême d'oppression et d'anxiété, un
dégoût insurmontablede la vie, et le desir d'en voir
prontptcmentle terme. Cette marche estencore plus
rapide lorsqu'on joint une sensibilité très-vive
une imagination ardente, et qu'on est habile à

divinité protectrice, on leur procuroit des spectacles nou-


veaux et HtgëMteuscnMnt méttnges et des sociétés choisies.
Tous les momens étoient enfin consacres à quelque sc!*ne
€om!quc, h des danses grotesques, h un système d'amuse-
mens d!vers!(!es et soutenus pur des idées religieuses. Un
fégimc assorti et scruputeusctùt'ntobserve, le voyage në-
cessaire pour se rendre dans ces sa!nt& lieux, les fêtes conti-
nuelles instituées il dessein le long de !a route, l'espoir for-
tifië par la superstition, l'habileté des pr&tres à produire une
diversion iavomMe et à écarter des idées tristes et mélanco-
liques, pouvoifnt-its manquer de suspendre le sentiment de
ïa douleur, de cntntcr les inquiétudes et d'opérer souvent des
chanaempnssalutaires, qu'on avoit soin de faire valoir pour
inspiffr la conHauccet établit- le créditdesdivinités tutétaircs?
2Vbj< /~M. Tom. IH, page 9~, 3'. édition.
s'exagcrersonétat, ou p!utot à ne Je voir qu'à travers
Je prisme iugnbrc de ia mëJancoJie. « Mon sang
coule en flots et en torrens de désespoir ydisoit:
» un malheureux dont Chrigton t'apporte l'his-
» toire; ce morceau de pan) que j'arrose de mes
» !armcs est tout ce qui me reste pour moi et pour
ma fam!i<e.e! je vis encore.J'a! une femme et
un entant qui me reproubcat !enr existence.
Le devo!r de tout homme est de conformer sa
» condmtpà sa situadott; lit raison Je commande e6
la religion ne peutque l'approuver Cet homme,
doue d'aii~urs de bonnes moeurs et d'un esprit
ec!airé, pt'onta un jour de l'absence de sa femme
pour termiaersa vie. Un état itabttuel de maladie,
la iésion grave d'un ou de plusieurs viscères, un
dépérissementprogressifpeuvent encore aggraver
le sentiment péaiMe de l'existence et faire hâtée
une mort volontaire. Mais uquo! peut tenir le de-
sir hrestst~bJedu suicide,qui ne dérive ni des peines
d'esprit réelles ni des Jouteurs physiques.« Je suis
M- daus un état prospère, mn disoitunjourunde

ces mélancoliquesdont j'ai publiéautrefois l'his-


toiredans un jjourual (i); j'o! une femme et un
enfant qui font mon bonheur; ma santé n'est
point sensiblementaltérée, et cependant je me
sens entraîne par un penchant hornbte à ajlef

(<) La A?ë<~cM~ éclairée par les J'cM/M'M <M~M~,


~3~
me précipiter dans la Seine L'événement n'a
que trop conurmé cette disposition funeste. J'ai été
consulté pour un jeune homme de vingt-quatre
ans, plein de vigueur et de force, dont ce dégoût
de la vie tait aussi le tourment comme par accès
périodiques, qui menace alors d'aller se noyer ou
de se tuer avec une arme à feu, mais que la vue
du danger jette dans l'effroi sans le faire cependant
renoncerpour un autre temps à ce dessein funeste,
toujours résolu et toujours ajourné de nouveau.
C'est dans'des cas semblablesque doitctre appliqué
avec intelligence et avec zèle !e traitement morat,9
suivant le caractère particulier et les Idées de ralié-
né qu'on a à convaincre.
~21. Tenir dans un état habituel de réclusion et
de contrainteles aliénés extravagans, les livrer sans
dépense à la brutalité des geus de service, sous pré-
texte des dangers qu'ils font courir; les conduire,
eu un mot, avec une verge de fer, comme pour
accélérer le terme d'une existence qu'on croit dé-
plorable, c'est là sans doute une méthode de sur-
veillance très-commode, mais aussi très-digne des
siècles d'ignorance et de barbarie elle n'est pas
moins contraire aux résultats de l'expérience, qui
prouve que cet état de manie peut être guéri,
dans un grand nombre de cas, en accordant a
l'aliéné une liberté limitée dans l'intérieur de
l'hospice, eu le livrant à tous les mouvcmcnsd'une
effervescence non dangereuse, ou du moins en bor-
nant !a répression au g!!ctde ~rcp,sans omettre !ca
autres règtes du traitement moral dont. son état est
susceptiMe.Rien n'est plus constaté que i'inuueuce
puissante qu'exercele chef d'un hospice d'anéués
lorsqu'il porte dans sa place le sentiment de sa di-
gnité et les principes de la ph!!aatropie la plus pure
etla plus éclairée. Je puis citer ici pour exemple
Wt!!is, Fowleu, Hasïam, en Angleterre Dicque-
mare,Pout!oo,Puss!n, en France; et en Hollande
)e concierge de la Maison des fous (t) d'Amsterdam.
L'iiomme grossier et d'un entendement borné ne
\o!njue desprovocationsmalignes et raisonnées dans
lesvociférations,les proposoutrageanseties actes de
violence du maniaque;de là la dureté extrême, les
coups et les traitemenslespius barbares que se per-
mettentlesgensde service, à moins qu'ils ne soient
d'un bon choix etcontenuspar une disciptiue sévère.

(t) Un fou, dans la vigueur de, ngo et d'une force trcs-


grande, qui avo!t été amené lié et garot~ sur un chariot par
sa famille, effrayoit tous cem qui ~a?o!eat
conduit, et por-
sonoc n'osoit le délier pour le conduire dans sa loge; le con.
cierge fit écarter tout le monde, causa quelque temps avec
matade, gagna sa confiance et âpres t'avoir dutie, le dé-
to mina à se laisser conduire dans ta nouvelle demeure qui
lui avoit ëtc préparée. Cttanue jour il (ït des progrès sur son
o~ptit, se rendit Maître de sa confiance et te ramena a la
.)!fon. Cet homme est retourné au sein de sa famille dont H
.iL le bonheur. (Z?~(?7-onde la Maison. ~e~w ~M"
j7~r<Y.7/M. Décad. Phil. an )
L'homme sage et éclairé ne voit au contraire dana
ces explosions de la manie qu'une impulsion au-
tomatique, ou plutôt FejHet nécessaire d'une exci-
tation nerveuse coutre laquelle 00 ne doit pas plus
6*indigoer que contre ~e choc d'une pierre entrainée
par sa gravité spécinque. M accorde ~ccs aliénés
toute l'étendue (i) des mouvemens qui peut se
concilier avec leur sûreté et celle des autres, leur
cache adroitement les moyens de contrainte qu'il
emploie, comme s'ils n'avoient à obéir qu'aux loia
de Ïa nécessite, leur cède avec indulgence; mais il
sait aussi résister avec force ou éluder avec adresse
leurs instances inconsidérëcs.Lctemnsorageux de&
accès de manie se consume ainsi en méuagemcns
étudie. et les intervalles de calme sont mis & profit
pour rendre par degrés ce& mêmes accès moins in-
tenseset moins duraMes.
(< ) H m'aété facile de juger, autrefois de l'avao-*
tage d'éviter une reclusion trop étroite pour !c8 insensé
Pendant que tes ptus extravaganset les plus fur!eu& de Fhos-
pice de B!cètfe ëtoient tenus a la chaîne dans teurs toges, !!&
étoient conUnMeMement agités jour et nuit ce n'étoit que vo-~
dferations, vacarme et tumulte; mais après qu'on eut ëtabU
l'usage du gilet de fofceoucam!so!e, et qaeceaatiénëseurent
obtenu la liberté d'errer dans les cours, !eufeffervescenc&
s'cxuaMt en efforts continuelsdurant la journée; ils s'ac!;<
toient et se tourmento!cntsans danger, ce qui les disposer
pour !a ~uH.à uo état ptus catme et plus trannutUe.
IX.
Précautions que ~o~~z/ro prendre ~;M'M
~e des opinions religieuses.

229. Les opinions religieuses, dans un hôpital


d'aliénés, ne doivent être considérées que sous un
rapportpurement médical, c'est-à-dire, qu'on doit .~`

écarter toute autre considération de culte public et


de politique qu'il tant seulement rechercher s'il
et
importe de s'opposer à J'exaltation,des idées et des
sentimens qui peuvent naître de cette source, pour
concourir efficacement à la guérison de certains
aÏiénds. On doit examiner en metnc temps quelles
sont les précautions à prendre pour empêcher le
progrès du mal, et pour prévenir ses effets si sou-
vent nuisibles et quelquefois très-dangereux sur un
entendement débile ou une raison égarée. Les
exemples peuvent en être pris autant (53,5~.) dans
des ouvrages anglais authentiques que dans le re"
cucU de mes notes journalières. L'aliénationqui pro-
vient de cette origine mérite d'autant plus d'être
connue, qu'eUe conduit le plus souvent au deses-
poir et au suicide.
225. Une jeune fille tombe dans la manie la plus
furieuse à la suite de scrupulesie!!g!eux extrêmes,
et à la moindre opposition qu'on met à ses volontés.
elle invoque Je ~cu du ciel pour consumer Jes cou-
yaMes. A son entrée à l'hospice, cHc s'agite, elle-,
menace et. frappe: on conduit dans une loge et
on Jni applique Je gitet de ibrce pour la coutenir.
JLe surveillant vient la voir quelques heures après,
et Ja plaisante sur son impuissancede faire tomber
le feu du ciel puisqu'elle n'avoit pas mêmele pou-
voir de se débarrasser de son corset. Elle deviut
plus calme dès Je troisième jour, et ou lui a rendu
!a Mbet'té de se promcuer dans la cour durant le
!'Mte du traitement.
~2~. Ce sont surtout les dédains et la bouffissure
de Ja hauteuretde l'orgueliqu'on doit réprimerdans
Ja mame, surtout s'ils sont Inspirés par uue dévotion
mal entendue. Une jeu.t)ea!iénëes~expnmeà son en-
t< ée dans l'hospice avec une extrême arrogance
pj!c s'emporte avec violence contre 1e survenant
parce qu'il se présente devant eHc son chapeau
su r Ja tète. Ce dernier la regarde avec fierté et prend

avec elle son ton ordinaire de cuNamandémeot; il


tonne, il menace si elle ose se montrer rebelle a
ses ordres suprêmes.Cette jeuneH!!e, intimidée, se
reth'e aussitôt eu siteuce au fond de sa !oge, passe
une nuit tranquille, et dèsie Jendema!ne!!e devient
caime et se soutient dans cet état durant !e reste de
son traitement. Mais il faut convenir que ce moyen
de maîtriserune aliénée par dévotion, et de dompter
son caractère, ne peut être applique que dans
quelques cas particuliers, et que plusieurs autres
rcsistentavec une énergieinnex!!)!eà ious~esmoyen~
dcréprcssiou, sous prétexte qu'il vaut mieux déso-*
béir aux hommes qu'Hêtre suprême, dont elles
pensent recevoir des inspirations immédiates.
zsS. Quelquefois la mélancolie dévote est con-
duite par des scrupules sans cesse rcnaissnns,un dé"
conragement extrême, par la seule idée toujours
présente d'avoir commis des crimes irrémissibles,
et d'avoir mérité une punition éternelle. Comment
préveniralorsun état de desespoir, que par des pro-
pos consoinns et une grande habileté a gagner !à
confiance de l'a!!ët)ë?Uneanc!eancreligieuse,livrée
autrefois à l'instruction de la jeunesse, avoit été
conduite à Fhosptee dans un état de méiancoMe la
plus profonde; on'eut en vamrecours,pendantp!us
de six mois, à divers moyens physiques et moraux
sesidëcsctses acntimens étoient toujours les mêmes,
et eUe ne cessoit de repëterausurvcutantqu'il avoit
tort de ne point la traiter comme la femme la plus
criminelle, et de ne poiut exercer contre eUe les
punitions les ptns rigoureuses. Un jour qu'elle !é
ï eocontradans t'interienr de l'hospice, et qa'e!!e lui
renouveloit tes mêmes propos, elle en reçut une
réponse brusque et la déclaration expresse qu'il ne
vou!oitp!usl*enteadrepuisqu'eUe conservoit tou-
jours les mêtnes idées, et qu'elle ne !ui témoignoit
retira eu
aucune confiance.Cette mélancolique se
silence dans son dortoir, réfléchit profondément sur
ccttcscène humiliante,et rendit justiceàla droiture
it'réprochaDte du surveinant et à son désir sincère
de concourir au rétablissement des malheureuses
aliénées; tout ce qu'elle venoit d'entendre de sa
part n'étoit.ii pas dicté par les principes les plus
humains? Elle éprouva donc cette nuit de grandes
perplexités, et une sorte de combat !utér!eur entM
ridée de ses prétendus crimes et tes remontrances
antica)esd'uubcnMnes!ë!o!~néd'ng}rpar des vues
personnelles. Cette vacillation et ce contlit tumul-
tucux (J'tdécs en sens contraire, ainsi protonges et
discutés de sao{; iroid, prodnisu'ent en elle les chaa'
gcmens les plus iavorabtes, et elle nn!t par être
jp!e!ne!0ent conv:t)t!cuc que ses scrupules étoient
cbtménqucs; elle ne demanda plus t~n'à travailler
avec ardeur à son rétablissement par l'usage de
quelques autres moyens physiques.
2~6. Faut-iJ condescendreaux demandesreitérëes
que font souvent les mélancoliqucs par dévotion,
de conserver auprès d'elles des livres de piété, de
pouvoir cil faire à teurgre une Ïcctnre assidue,ou.
de chercher de nouvelles consolations auprès de
~urcottfc&seMfordinaire? La question ne peut être
Décidée parle raisonnementsimple, et on ne peu6
fepoud'e que par Jcs résultats de l'expérience or
e~e apprend que c'est le mnyen le plussur de per~
pet-ner i'a!iéuation,on même de la rendremeurab!e,
et plus ou accorde, moins on parvient à calmer les
~oqu!ctudes et les scrupules. QncHe source féconde
d'ajtënauon pour les consciences timorées, que les
~malheureuses d!ssentions qui existent entre les
pr~res assermeatës et non assermeut-cs Un. des
prélats qui accompagnèrenttePapedans son dernier
voyage en France, voulut bien déférer aux vœux
d'une ancienne religieuse ,ct se rendre sur ma de-
mande à l'hospice de la S:dpetr!ere; mais il ne re-
su!ta de cet entretien que de nouvcUes perplexités.
Une autre auénée demandoità grands cris d'être
v!s!tée par son confcMeur ordinaire; ma!f; a son ar-
rivée eUe refusa de lui faire l'aveu de ses Cttttes, et
dédat'a ne vouloir se confesser qu'à Jésus Chnst:
même en personne.
227. Une a!iënée calme depuis quelque temps,
et transféréeà ï'!nnrmer!c poury être traitée d'une
maladie incidente voit prahqucr une cérémonie
religieuse à l'occasion (rune agonisante. 8on imagi-
nation est aussitôt frappée du souvenirde sa grand'"
mère morte depuis long-temps; eUe s'approche du
prêtre Je secoue, lui saisit rétoteet lui demande à
grands cris de lui rendre sa grand'mère, en sorte
qu'il fallut s'Interposer avec force pour fah'e cesser
cette scène bruyante mais il n'en t'ést.!ta pus moins
une sorte de rechu te pour elle, et un retourdu déHre
qn! la portoit à fouiller par-tout la terre pour y
chercher la tombe de sa grand'mère. Après son
rétabnssement, un livre de pieté qu'on lui prêta
lui rappela que chaque personne avoit son ange
gardien dès la nuit suivante elle se crut entourée
d'un cœur d'anges, prétendit avoir entendu une
musique céleste et avoir eu des révélations. On lui
cn!eva son livre qui fut brute mais H n'y eut pas
moins une seconde rechute, et. !c traitement n'en
devint que plus long et p~s équivoque. Pour éviter
de sombjabies mconvcnlens,on a soin de Hure sor-
tir de l'innrmct'ie certaines mëinncoïiques dévotes
toutes les fois qu'il faut y pratiquer quejquc céré-
monie retigleuse.
228. On uc cesse enAn~ctcrrc, daus tous les ou'·
vt'agespub!iéssm'Icsattéaés,Jcfaire des remarques
sur i'âpre !uto!éraucc de la secte des Méthodistes,
et les effets souvent funestes deleur doctrine déso.
lante, toujours remplie de menacesde la vengeance
céleste et des tourmens de l'enfer. Les femmes
douées d'une imagination mobile et d'un entende"
ment foible n'ont pas moins à craindre en France
les sermons, les confessionset les ouvrages de piété
où respirent une teinte uoire de më!ancone et la
sombre exaltation d'une morale fougueuse, propre
a réduire au désespoir la ibtbiesse humaine. Mes
notes jourHaUères prises lotsde l'admission des a!ié-
cëesdaus l'hospice,peuvent servir à indiquer les
quartiers de Paris ou prëdomiue cette dévotion
atrabilaire,taudis que dans d'autres une pieté corn-
pâtissante et éclairée a suspeudu quelquefois la
développement d'une aliénationprête il se déclarer
et renouvelée ensuite par d'autres causes dëtermi-
jeu.
Nantes. Une fille de service douée, dès sa tendre
uesse ,d'un caractère vif et emporté, sentit se dëve- J
j
topper à treute ans toute l'cftci vcscccce d'un tem.
péramentardeot, quoique d'a:Uenrs très-sage et
u'cs-p)eusc,ctit s'cxc!ia alors une sorte de lutte pé-
!)!Ne entre les penchans du cœur et les p!'iuc!pes
sévèrcsde conduttedontcUeavottdepuisiong-tehips
cootractë Fhabttude. Ces combats intérieurs et les
ttiarmes d'une conscience timorée !a p!ongeoieat:
quelquefois dans Je désespoir, et lui faisoient cher-
cher les moyens de se dëtru!re, comme de s'empoi-
sonner ou de se précipiter du haut d'une fenêtre.
Ej!e avoit recours dans ses perplexités extrêmes à
tin confesseur compat!ssaot;et.ec!a!re,qui cherchait
à relever son courage, et (lui, lui répëto!t souvent
avec douceur qu'eUedevo!t.s'attacherà Dieu pour
retrouver la pa!x du cœur. « Ma!s je me sens, ré-
pliquoit cette HUe avec naïveté, plutôt portée
vers les créaturesque vers le créateur, et c'est
!â préctsément ce qui fait mon supp!!ce~. Le bon
prêtre persévéroit, lui tenoitdes propos consolans,
et rengageo!t à attendre avec résignation le
~r/o~~<? de la ~r~c<? l'exemple de plusieurs
saints et même d'un grand ~Jfye. C'est ainsi que,
loin d'inspirer des craintes sur !'aven!r, il cher-
clioit à ramener lecalmedanscette ame agtt.ée, et à
lui opposer le meilleur remède aux grandes pas-
sions, la patience et le temps; mais les inquiétudes
et les veilles pro!ongécs finirent parproduh'eune
aliénation qui fut traitée a ia Salpêtrière <!u!vaat
les mêmes principes moraux, et qui fut de peu de
·
durée.
X.
.Rcjf~c~b~ ca?~Ke mettre dans les coM7n~<
cations des
~<?~.
~f/avec les ~on~M ~c".

azg. C'est'un grand soulagement dans presque


toutes les htËt'mi~ humaines, que de recevoit, des
soins compatissans et les bons offices de ses amis et
de ses proches; et combien ces attendons touchantes
ont eucore plus de pnxdausieshospices où l'infirme
se trouve séquestre <Ïe sa famille, et i!vrë sou vent
à des gens de service qui ne l'approchent qu'avec
une dureté repoussante!!Ponrqnoi ~ut-!i &h'e uue
exception aflligeante pour ralténé, et le condamner
à une sorte d'isolementjusqu'à ce que sa raisou soit
rétablie ? Une expérience a appris que les a!!é-
nés oe peuvent presque jamais êtreguérisauscin de
leurfamiUe (58 e~M~.). WiH!s,dansrétab!issement
QU'iiavuitformcenAng~eterte~mettoitdesrestrIc-'
tions extrêmes aux entrevuesdes aliénés avec leurs
anciennes relations; il ne les accordoit que très-rare-
ment, et seulement dans certains cas à titre d'encou-
tagemcDt et de récompense. On remarque même
que les étrangers dont l'isolement est le p!uscom-
pïet guérissent le plus facilement. Dans l'hôpital
de Bëthtéem, un billet d'entrée est indispensable-
tncnt nécessaire pour les étrangers; et lors de Fad'
mission (Tun aliéné, on accorde à la famille une
autorisation pour lui rendre seulement deux visites
par semaine. En France, on a senti aussi la nécessite
defaire cesser rentrée indenmcdpsétrangersctdes
curieux dans les hospices d'aliénés, et pourpre in-
troduit dans celui de la Salpêtrière, il faut une
permission expresse. Pourquoi ces mesures Je pru"
dence ont-ellesété toujours mises en ouhli autre-
fois daus l'hospicede Bicêtre, où rien !imitoit les
ne
visites à rendre aux aliénés? Combien on cto!t:a~
i!!gc de voir ces infortunésservir de spectacle et
d'amusement à des personnes indiscrètes qui sou.
vent se faisoient un jeu crue! de les aigrir et de les
harceterij'atvuuoefbtsuoatténë, au déclin de
son accès, se porter au plus baut degré de fureur
et de violence contre uu mauvais plaisant qu! le
provoquoit par la fenêtre de sa loge. II retombadans
son premier état, et cetterechute a dure plus d'une
année. Je puis citer encore un exemple plus dëptd-'
rable de ces visites tucoosidërées. Un négociant:
étranger, tombé dans l'aliénation par des chagrins
profondset la perte de sa fortune, avoit été transfère
à Bicetre après le traitement ordinaire de l'Hotel-
Dieu. Le tétubtissemect de sa raison par le trai.
tement moral faisait des progrès rapides, et j'eua
avec lui des entretiens suivis, sans apercevoir
de trouble ou d'Incohérence dans les idées. Mais
tout change dans quelques jours rH apprend que
ses associés s'étpient emparés d'un certaiti mo-
Muer qui lui restoit, et une femme a même ritn"
prudence de le venir voir avec des ajuste'ncnsqu'il
ne pouvoit méconnoitce pour lui avoir appartenu
il jette un profond soupir, et tombe dans une mé-
lancolie de consternation qui l'a mené par degrés
& une démence complète, et qui est devenue incu-
rable.
z3o. J'aime a trouver la plus grande conformité
entre les résultats des observations faites en Angle- 1
terre et en France sur Ja nécessitéde rassembler les
aliénésdans des asyles publics et particuliers pour
rendre, lorsqu'il est possible, leur guérison solide
et durable. L'aliéné, dit Haslam, dans l'ouvrage
anglais dé}à cité, doit être éloigné du sein de sa fa-
mille, au milieu de laquelle il vit toujours agité, et
on doit le renfermer dans un lieu de détention aus-
sitôt que sa maladie est déclarée; l'interruption de
toute communication avec sesproches,la privation
des personnes accoutumées à lui obéir, et l'idée
d'être sous la dépendance d'un étranger, et de ne
pouvoir se livrer librement à ses caprices, don-
neront sans cesse de l'exercice à sa pensée, s'il ca
est susceptible. L'expérience apprend que les alié-
nés ne guérissentpresque jamais sous la direction
immédiate de leurs amis ou de leurs proches. Leà
visites même de leurs amis, lorsqu'ils sont dans leur
dél!re,augmentent toujours leur agitation et leur ça'
yactère tndisctpfinaMe. C'est un fait très connu
qu'ils sont alors beaucoupmoins disposés à mal ac-
cueillir les étrangers, que ceux qui ont été l'objet
d'une liaison intime. Tres'souveat des aliénés qui
étoicntfurieux et intraitables au sein de leur ia-
mine, deviennent dociles et calmes lors de Jour
admission dans un hospice, de même que certains
d'entre eux qui paroissentrétabiisetmeoerunecon*
duiterégultére pendant Jeurdétentioo, reprennent
leur effervescencebouillante et leur délire en ren-
trant prématurément au sein de leur famille, Ce-
pendant, dans les progrès de leur convalescence
t
quelques visites par. intervalles de la part de leurs
amis semblent avoir la plus heureuse )tai!uettce,
elles les consolent et leur ouvrentpour l'avenir une
uouvelle perspective d'espoir et de bonheur.
a3ï. L'isolement des a!iéaesëLantuQemax!tne
générale du traitement quels eRcts nuisibles ne
doit poiot avoir, dans un ëtabiissemeut public ou
particulier, une entrevue avec des personnes dont
on a à se plaindre, ou dont la présence seule peut
réveiller des souvenirs désagréables, même au dé-
clin de tacQa!adie,ou!orsquc ïa.convalescence n'est
pointencorebien confirmée! Les ptécautionsmême
les mieux concertées de la part des chefs ne sont-
ellespas quelquefoisendéiaut? Une veuve, après Je
traitement, étoit déjà convalescente,etonlui avoit
permis de recevoirles visites de deux de ses filles
qui étoient très-laborieuses et très-réservéesdaas
leur conduite; elle avoit au contraire beaucoup à
se plaindre, des dérégtcmeus et des écarts d'uae
autre de ses filles qui voulut aussi lui rendre visite:
« Ab! malheureuse, s'écria Ja mère en la voyant,
» que de peines et de soucis tu causes à ta amitié!
Je crains bien que tu ne me réduises au déscs-
poir ». Elle se retira aussitôt dans sa loge, passa
la nuit dans les chagrinset les pleura dès ie lende-
mainelle fut très'agiiéeet retomba dans son état ma-
niaque primi tif, quipersévérapendant environ cinq
mois, et qui a été remplacépar une sorte dedémeuce
qu'on peut presque regarder comme incurable.
282. !1 est difficile de fixer avec précision, dans
certains cas, l'époquede la convalescence où la vi-
site des parens peut être permise sans danger, puis-
que cette décision ou du moins ses suites sont sub-
ordonnées à plusieurs circonstances accessoires, la
sensibilité plus ou moins vive de la personne, le
degré d'intérêt ou d'aversion qu'Inspire celui qui
rend la visite, divers intérêts de famille. Une jeune
fille très-altière, et pleine d'arrogance durant son
état maniaque, étoit revenue depuis près de deux
mois à son caractère primitif de modestie et de ré-
serve elle ra!sonooitavec la plus grandejustesse et
demandoit avec instance d'être ramenée au sein de
sa famille. On crut pouvoir permettre à sa sœur
d'avoir une entrevue avec elle pour mieux con-
certer l'époque de sa sortie; mais dès le lendemain
de sa visite, sorte d'agitation des plus vives, babil
incohérent, emportemens répétés, rechute mani-
feste qui a duré plusieurs mois, et qui a demandé
que les moyens ordinaires du traitement fussent de
nouveau mis en usage.
s33.Jepourrois multiplier lesexemplesdestnstes
suites produites par des visites prématuréesdes pa-
r.ensou d'autres personnesquiavoienteuprëcedem"
ment des relations particulières avec l'aliénée. Je
pourrois encore rapporter un plus grand nombre
d'exemptes d'un refus absolu d'une pareille entre-
vue,lorsqu'on a obtenu des avis particuliers ou des
renseignemens précieux qui doiventlafairecraindre.
Je crois cependant ne point devon' omettre un cas
rare, quoiqu'il soit une sorte de monstruosité en
morale. Une jeune fille de dix huit aos, douée
de mœurs les plus pures, et qu'un père digne de
rexécratioa publique avoit cherché à prixd'argeab
n prostituer dans un mauvais!!eu:,étoit parvenue à
se soustraire à cette infamie, et avoit été pénétrée
d'une si grande horreur, qu'il s'étoit d'abord mam"
festé une marne des plus violentes. EUefut traasfë<
rëedansIenMmeétat,aprèsdeuxmoisde traitement
dans l'hospice des aliénées, et le père eut à peine
appris sa convalescence, qu'il eut l'impudeurde
solliciter.vivement,mêmeauprès des autoritéscons.
tituées, la permission de voir sa fille, ce qui devint
pour elle un objet de la plus grande ~'ayeur. On
imagine avec que!!e énergie l'idée seule de cette
entrevue a été repoussée~ Une de ses tantes l'a prise
heureusementen affection, et Fa soustraite la
destinée malheureuse que lui préparoit un tel: père*
a3~. On ne doit point oublier que, même duranb
la convalescence~ l'empire de la. raison est encoi.
ibiMc, et que dans les visites qui sont permises aux
pareus, aux amis,ils doivent être d'une circonspec-
tion extrême~ pour ne pointexciter des émotions
vives et ramener des rechutes. Une jeune convales-
cente que sa mère devoit retirer de l'hospiceà une
époquedéterminée, cr~ quecette mère ëto! t très-ma*
lade ou marne morte, parce qu'elle lui avoit manqué
de parole, et il s'ensuit une sorte de désespoir et
d'égarement qui dura plusieurs jours. Parmi d'autres
exemples jepuisaussiciter uneautreTnë!anco!ique
amenée à l'hospice, avec le penchant le plus trré.
sistible au suicide, et qui étant guérie depuis plus
de trois mois,esttooibée,parles suitesd'uue même
imprudence, dans une sorte de démence qu'on
peut maintenant regarder comme incurable. Un
prêtre vint un jour avec une dame visiter l'hospice
comme un objet de curiosité, et ses regards s'étant
arrêtés sur une convalescente qu'il fit remarquer
d'une manière plus particulière, celle-ci s'Imagina
qu'on la signaloit comme une criminelle, d'autant
plus que l'objet de son délire avoit été autrefois
d'être poursuitepar des prêtres; elle éprouva dès'
tors une vive indignation, et dès ce jour un véri-
table retour de son délire, quelque soin qu'on prit*t
de dissiper ses craintes et ses inquiétudes.
235. Il est si ordinaire aux mères tendres de con-
server encore ces sentimens profonds de la nature
dans toutes les périodesde leur égarement:, qu'on
doit leur épargner avec le plus grand soin le spec-
tacledes en fans qui leur sont étrangers, et qu'on a
quelquefois l'imprudence d'ameneravec soi en ren-
dant visite à quelque convalescente.C'est ce qui a
excité quelquefois les scènesles plus orageuses. Une
aliénée très'ag!téeayant vu un enfant qu'une étran-
gère tenoit par la main et qu'elle crut être le sien
propre, se précipite aussitôt pour le lui arracher,
fait les efforts les plus v!o!ens, pousse des cris, et !a
véritable mère effrayée tombe dans un évanouisse-
ment qui <ut de plus d'une heure de durée. Une
autre délirante qui étoit au déclin de sa maladie
et qui avoit la liberté de sauter, de gambader, de
babiller, de faire mille innocentes csp!ég!er!es, et
d'errer librement dansles cours, s'échappe un jour
par la porte d'entrée, trouve par imsard un enfant
de Ja portière, dont elle s'empare, en sorte qu'il
fallut iaire de vioiens efforts pour le lui nrracher.
Elle entra dès-lors en fureur, blessa plusieurs nUes
de service, et ce ne fut qu'avec la plus grande peine
qu'on parvintà Ja renfermerdans sa toge. Le délire
furieux qui en est réau!té a été ensuite de plusieurs
mois de durée.
XI.
~Me~r~ de surveillance ~M~e~ï~ certains
caractères pervers CM fr~*e~o/f.
236. La manie marquée par un délire furieux
(t56) ou par une fureur aveugle sans délire (160),
peutsubsister pendant un temps ptus ou moins long,
ou revenir par accès périodiques avecdesintervalles
Incidjes (t55), et alors l'aliéné peut avoir sa raison
entièrement égarée, sans qu'il soit susceptible de
recevoir aucun avis, aucune remontrance bienveil-
lante. Il ne reste alors, s'H est dangereux, (}u'aÏe te-
nir renfermé, ou b!eu i le fixer sur son lit à l'aide,
d'un gilet. de force et de sangles, pour qu'il ne
tourne point contre lui son nveugte rage; mais un
surveillant habile et exerce saisit quelquefois des
moyens heureux pour s'en rendre maitre, même
des les premiers pnrs, par des voies de douceur, et
&!f cesser eu mcooe temps la fureur et Je délire,
comme j'en ai donné un exemple frappant (i5~).
Un autre exemple de ce ~cnrc n'est pas moins re-
marquable. Unr jeune nUe de campagne, recom.
maudabie par la pureté de, ses mœurs, est grossiè-
rctncnt Insultée au moment de ses règles par une
autre femme et tombe daus un délire furieux. A
peine neuf ntles de service, en réunissantleurs ep.
~orts, etplent parvenues à la renfermer lors de so~
an-t yee. Troisjou ~s s'çtoieu ta pei nepassés~lorsque lë~
surveillant l'examine avec soin, lui parle avec don-
ceur, et parvient à gagner sa confiance; elle devient
calme et tranquille dès le même jour, et dès le len..
demain elle a cté déjà susceptible de passer audor"
toir des ccnvaleseentes.
.a3;7. Doit.on rapporter a la manie sans délire
quelques rares moAe!es d'un caractère turbulent et
~carl&n'e qui ne maBii~tentd~lleurs aucune
trac.~
d'égarement de la raison, et qu'on a mieux aimé
séquestrer dans des hospicesd'aliénés, que de les
confondre avec des coupables dans des maisons de
détention? Une ancienne reii~ieu~e m'en a fait voir
un exemple frappant à !aSaipctrtere. -Une aHe de
service en approchoit-elle pour hu être utile,'elle
l'accabloit d'outrages et d'éphucte!! tes ptns enve-
n!mëes les autres aliénéesles plus palmes n'étoient
point traitées avec plus d'égards et c'étoit sans cesse
des cris menacans, des emportemcns de colère, et
des efforts pour frapper tout ce qui pouvoit reQvI'
ronner. Lui servoit'onses atimensàrheuredesre'-
.pas, el!e les ;etoit avec indignation bu les caqhoit
avec adressepour pouvoir se ptaindre qu~on chcr-
choit,à la faire. mourir de faim. C'étoit une délecta-
tion pour eMequede mettre en lambeaux ses véte<
mens, et de crier qn'on lalaissoit manquer de tout et
.dans un état de nudité. Elle n'osoitbraver rautorité
du chef quand II étoit présent; mais il devenoit en
secret l'objet éternel de ses sarcasmes. Un pareil
.foyer de trouble et de discorde devenoit dangereux
pour les autres anénées, et il a fallu la séquestrer
dans une loge solitaire, où l'exaspération de ce
caractère pervers et farouche est resté désormais
concentrée.
~38. Je détourne les yeux. du souvenir amigeant
que pourroient offrir des détaUs historiques sur
cette méchanceté discordante et dégénérée en ha."
lmu.de de quelques autres femmes digues rivales
de la précédente et qui ngurent de temps en temps
dans l'hospice; suint de &irecoano!trecomment,
dans un établissement d'aliénés ie mieux ordonné,
ta surveillance la plus active devient nécessaire,
lorsqu'on écarte avec soin des mesures répressives
arbitraires, et qu'on veut prévenir toutes les sources
de désordre et le cours de certaines tramesourdies
dans le s!ience. Une de ces femmes qui, incapables
de figurer avec éclat sur un grand théâtre, portent
par-tout l'esprit de faction et de trouble qui les
ag!te, avait ibrmé, dans l'hospice des anënées, ie
projet concerté d'une évasion secrète, et en avoit
préparé tous les moyens avec la plus grande astuce*
Elle avoit profité de la liberté qu'on lui accordoit
dans rîntër!eur et de l'ascendant d'un nom très-
connu, pour se ménager des intelligences avec
d'autres personnes propres ù entrer dans ses vues
c'étoit sans cesse un étalage pompeux des biens im-
menses qui devoient lui échoir en partage et des
richesses dont elle auroit désormais à disposer. Elle
avoit promis aux unes un asyle assuré pour leur
vieillesse, à d'autres des récompenses pécuniaires;
certaines filles de service avoient été gagnées par
l'espoir de se livrer & toute sorte de voluptés dans
des lieuxde plaisir etd'enchantement. Le survelHant
étoit désigné comme le seul obstacle à vaincre et
robjet particulier de ses vengeances; il avoit été
décidé qu'on s'en débarrasscroits'ilvenottà parditre,
en lui plongeantun couteau dans le sein au moment
du soulèvement. Ce complot fut si adroitement
concerté, que les murs de l'enclos avaient été dé)&
franchis et l'évasion exécutée en partie, lorsque
les soldats de la garde appelés temps en arrê-
tèrent les suites. On imagine bien que des me-
sures de police intervenues, ont délivré l'hospice
des aliénées de cette femme dangereuse, qui n'a-
voit d'autre égarement de la raison que les rêveries
d'une immoralité profonde.
a3g. Il *importe de distinguer une sorte de mé-
chanceté réCécMe qui s'allie avec le libre usage de
la raison, comme dans les cas précédons, d'avec
celle qui tient à un état de maladie et qui doit être
soumise à un traitement régulier, quoique l'aliéné
raisonne avec justesse, qu'il connoisse son état et le s
penchant irrésistible qui le porte au désordre ou. J
méméTTdes actions les plus coupables. Avant que
rusage des chaînes, comme moyen de répression,
fût aboli àBicétre(i9o), un aliéné dont les accès
de iureur avoient coutume de'se renouveler pé-
riodiquement pendant six mois de l'année, sentoit
lui-même le déclin des symptômes vers la fin
<tes accès, et l'époque précise où on pouvoit sans
~langer lui rendre la liberté dans l'intérieur de
l'hospice il demandoit lui-même qu'on ajournât
sa délivrance s'il sentoit ne pouvoir dominerencore
l'aveugle impulsion qui le portoit à des actes de
la plus grande violence. Après que le directeur
fut parvenu à gagner sa confiance par son carac-
tèrc compatissant et sa douceur,i!avoua dans ses
!ntervaUes de calme que, durant ses accès, iî lui
ctoit impossible de réprimer sa fureur, qu'alors s!
quelqu'un se présentoit devant Ïtii ,1! croyoit voir
coûter 'le sang dans ses veines, avec Un désir irré~
s!sttbledcsucersonsang,etdedccbit'eràbeHesdents
ses membres pour rendrecette succion plus 6<ci!e.~
2~0. J'a! expose ailleurs' ( fgo et suiv.) les moyens
de répression que les progrès des lumières ebdé~
sentimens d'humanité semblentthaintenantexiger
de mettre en usager et qui sont établis dans Fhospice
de :la Sa~pétrière~ et dans la maison de santë'du
doct.Esquiro~ dirigée suivant les mêmes principes.
Ladiificuhë de faire adopter aijieurs ces mesures
tient à ceile d'aHicr deux objets qui semblent in-
compatibles, la répression d'un a!iéné~en résistait
avec énergie à ses volontés insensées, et l'heureux
don de gagner sa confiance en parvenant à !b
convaincre qu'on n'a ainsi agi avec sévérité que
,pom' ses intérêts, et pour concourir à sa guërisoa
d'une manière ptus surf, ce qui suppose un grande
xèÏe et une habiïcte particulière. Une jeune pe~
spnn)ede di x-sept ans, élevée dans là maison pater-
.DeHeavec soin, mais avec une extrême indulgence,
tombedans un délire gai 'et folâtre sans qu'on puisM
en déterminer la cause; conduite à l'hospice'des
aliénées dans un état singulier d'agitation,elle santé,
elle danse, et se livre à mille mouvemens irrégu~
11ers. On prélude par quelques boissons Iaxativese&
quelques bains, et le directeur avec sa femme la
traite d'ailleurs avec la plus grande douceur et
tous les égards propres à leur faire obtenir sa con-
fiance mais elle conserve toujours son caractère
altier, et ne parle de ses parens qu'avec aigreur,
en leur reprochant de Favo'r connnée dans un
hôpital.Le surveilla nt, pour dompter ce caractère
inflexible,saisit ]e moment du bain, et s'exprime
avec force contre certaines personnes dénaturées
qui osent s'élever contre les ordres de leurs parens
et méconnoitt'e leur autorité. Il la prévient qu'ei!e
sera désormais traitée avec toute !a sévérité qu'elle
mérite, pu!squ*e!!es'opposeelie-mémeàsaguér!sou,
et qu'elle dissimule avec une obstination iasurmoa"
table la cause primitivé de sa maladie. La jeune per'
sonne en reste profondément émue, et éprouve les
nuitssuivantesune sorte de combat intérieur entre
lessentimensd'orgueil qui laduminent,etlesouvenir
des marques debienveillancequ'on lui a témoignées
pour ia guérir et la rendre promptement à sa fa-
mille. Elle finit par convenir de ses torts, et fait un
aveu ingénu d'être tombée dans l'égarement de la
raison à la suite d'un penchant du cœur contrarié,>
en nommant celui qui en avoit été l'objet. Dès-iora
il s'est opéré un changement des plus favorables;
elle rappelé toutes les perplexités qu'eUe a éprou-
vées par des senumens contraires avoue qu'elle
est désormais soulagée, et ne peut assez exprimer sa
reconnoissance envers le surveillant qui a fait ces-
ser ses agitations conhnuelies,et a ramené dans son
coeur. la tranquillité et le calme. La convalescence
s'est dès-ïors annoncée et a continué de faire des
progrès rapides.
2~.ï. Le souvenir des moyens énergiques de ré-
pression mis en usage par le surveillant, inspire à
certains aliénés un ressentimentprofond ou même
une haine conceutrcc, et ce n'est que lorsque leur
raison est entièrementrétablie qu'ils Ën!ssentparim
rendre une justice ec!atante, et lui témoignernon-
seulement de la reconnoissance maisdes sentïmens
d'un véritaHeattachcment.Une~euae~emme,ob~et
continuel de la complaisance saiis bornes de ses parens
depuis sa tendre jeuue&se, vient a éprouver dans sa
iamitie un déÏire 6i furieux, que six hommes des plus
&)rts avoient peine à la contenu'.Envoyée à l'hospice
des aliénées dans cet état violent, l'usage des bo!s*
sons acidulées et de quelque taxattf lui fit rendre
pendant plusieurs jours une matière noirâtre, et
les symptômes étoient déjà diminués; mais les
moyens éaerg!ques de répression dont on usoit,
iesDaius, les douches, la camisole (igzetsutv.)
lui devenoient msupportabïes, et lui It)sp!roien<:
une sorte de haine concentrée contre le surveillant
de l'hospice, qui d'ailleursétoit invité par des lettres
continuellesdes parens à persévérer, et à ne rien
fe!âcher de ses efibrts pour dompter ce caractère
violent et inflexible, puisque la guérisonne pouvoit
être obtenue par aucune autre voie. L'exaspération
qui en résultoit pour la jeune aliénée uuisoit d'un
autre côté au traitement, et la convalescenceavan-
çoit à pas lents. Les parens, à un jour indiqué, se
rendent dans l'hospice, et ils convîenncnt eux-
mêmes être la cause primitive de la sévérité des me-
sures répressives qu'on avoit mises en usage, en
avouant qu'ils l'avoient continuellement soU!c!tée.
Des-Iors Ï'attéuëe croit voir tomber une sorte de
voile qui lui cachot la vér!té elle sent tout le prix
des soins assidus qti*on lui a prodigués, revient
calme, prend un air riant et la convalescence
fait des progrès rapides.
2~2. La diversité des temperamecs, des goûts,
dosages, du sexe, etc., ne peut qu'introduire de
grandesvariétésdansia manière de diriger les alié-
Bés au moral, et dans le choix des moyens propres
à gagner leur confiance et à maintenir un ordre
coMStaot dans rhospice. C'est le fruit de l'habileté et
de l'expérience qui suggère dans des cas particu.
liers des tournuresadroites pour maîtriserua aliéné
et arrêter le cours de sa pétulance mais pour réus-
sir il faut de la part du surveillant la réunion de
qualités rares (216), un attachement m~ariable~
remplir ses devoirs, un air de franchise et de can-
deur qui soit naturel et non contrefait, et qui
porte l'aliéné a demanderdes conseilsdans les per-
plexités qu'il éprouve. Quelquefois il faut savoir
prendre à propos le ton de l'autoritéet du comman-
dement pour arrêter un accès de pétulance ou des
prétendons exagérées. L'ancienne cuisinière d'une
personneconstituée en dignité avoit été transférée
& l'hospice des aMénécs avec tous les signes d'une
maniesansdélire; quctque temps après, elle s'agite,
s'impatiente verse tour à tour des pleurs, et se
~tatte de recouvrer bientôt sa place elle se croit
d'aiueurs privUegice, devient tres'indocUe, et tient
peu compte des ordres qu'on lui donne; elle en
vient même jusqu'à frapper uneHHe de service qui
Je matin l'a voit évc!ilee trop brusquement~ elle
réptique aussi avec hauteur au surveillant qui lui
reproche ses écarts il fallut alors recourir à la
ibrce~pour rétablir j'ordre, et quelques heures de
ï'éc!u:.ion suffirent pour lui faire sentir sa dépen-
dance, et la rendre désormais calme et docile.
2~3. Une femme parvenue au déclin de son état
maniaque, conservoit encore par mtervaUes des
emportemens fougueux qu'eue ne pouvoit maitri~
ser. Elle parvient uu jour à se saisir d'un couteau et
menace d'égorger tous ceux qui s'opposeront à ses
volontés.LesurveiUantavert!,ia!theureusementtn-
tervenirlesfillesdeservice,qui se rendent maîtresses
de l'aliénée sans aucun accident, et la fait con-
il
duire au bain. Comme elle avoit déjà repris l'usage
de sa raisou, il lui représenta combien ses écarts
étoient dangereux, et il lui fit donner une forte
douche sur la tête; ce qui iut répété encore le len-
demain. Il Ïui montroit eu même temps d'autres
personnes qui prenoient des bains autour d'eUe,e
mais auxquelles on ne donuoit point de douches,
parce qu'elles étoient trauquillés et qu'elles n'a-
voient jamais cherché à blesser personne avec une
arme dangereuse. Après le troisième jour de cette
répression énergique et raisonnée, la crainte de la
douche toujours présente à l'imagination a produit
l'effet d'un calmant par son influence morale, et:
après trois mois d'épreuve et de traitement, cette )
femme a été rendue à sa famille. Une autre alténée
par dévotion étoit devenue moins délirante mais
insociable; elle s'emportoit sans cesse pour les ob-
jets les plus frivoles; c~étoit un crime que d'oser
chanter, ou de parler à ses côtés, et au moindre
mouvement qu'ou osoit se permettre, c'étoient les
plaintes les plus vives et des sujets de querelle. Le
surveillant la fit de même conduireau bain lui re-
présenta combien sa preseocc'mettoit par-tout Je
trouble et le désordre, et lui expliqua d'une ma-
uière tt'cs-préciseles motifs qui ledëteuminoientàïut
faire donner une forte douche pour réprimer ses
emportemens, taudis qu'il s'en abstenoit pour d'au-
tres personnes qui étoient également au bain. Trois
séances pareilles, dans le cours d'une semaioo ont
suffi pour inspirer des rénexions sérieuses à cette
convalescente sur t'exaspération extrême de son
caractère; ei!e est devenue calme et modérée, et
s'est désormais livrée à un travail assidu dans l'ate-
lier de la couture (213). En général c'est un point
convenu et rigoureusementstatué entre le médecin
et le directeur, que la nécessité de la justice la plus
sévère et la plus impartiale dans les mesures ré-
pressives prises contre les aliénées, et l'importance
de leur en faire c~nnoitrc les motifs quand elles en
sont susceptibles, pour mériter de plus en plus
leur estime et leur confiance,et ramenerdans leur
esprit Ip calme si nécessaire pour obtenir une gué-
rispc solide et durable.
Ma~ ne ~aut-U point des mœurs pures pour
t
obtenir ce retour de reconnoissance et ses effets
salutaires? doit-on lesattendre de certaines femmes
indociles ou perM&s, et amenées à l'aliénation par
des y!ces honteux.la débauche, l'ivrognerie ou les
plus viles intrigues? Une jeune personne très disso-
lue n'a pas craint ~e prodiguep les invectives les
plus outrageantes à ses parens pour l'avoir conduite
à l'hospice. Toutes les voies de douceur, tous
lesménqgemens ont été superNus; elle a resté tou-
jours in~exible et constante dans ses demandes
d'une prompte sortie ce qui est devenu un obstacle
iosurmontaMe au succès du traitement, et a fait
même empirer son état en amenant sur plusieurs
objets un véritable délire. Une autre jeune per-
sonne très'dissolue n'a fait entendre que des mur-
mures durant son séjour dansl'hospice, et a semblé
avoir voué une haine implacable à tous ceux qui
veulent la contrarier.Tous les moyens adoptes pour
son traitement ont été inutiles, et des faits graves
dont elle s'étoit rendue coupable auparavant.font
fait conduire au dépôt de Saint-Denis il en a été
de même de plusieurs femmes amenées à différentes
époques et pt u sieurs reprises it la Salpétrière par
des excès de débuche et d'ivroguerie.
2~5. Que de soins continuels et de surve!ance
pour veiller à la distribution généra!e des attendes
endiversdépartemens (189), Ïesïaire passer alterna-
tivementde I*ua dans l'autre suivant leurs change-
mensfavoraMesoucontrah'es, encourager toujours,
quejqueibis répr!aier, tuspecter ea détail tous les
objets du service intérieur et du régime, faire évi-
ter jacontagion des mauvaises moeut's (t), entre-
tenir par-tout Je calme et écartertousies objets de
trouble et de discorde! !U seroit sans doute très-
commode d'abandonner un aliéné quelconque au
fond de sa loge comme un être indomptable, de
J'accabler même de chaînes et de le traiter avec une
extrême dureté, comme si l'on n'étoit chargé que

(t) ï/e~përMnce indique chaque jour combien il seroit né.


ce~saired'avoir,dansunendroit écarté de l'hospice, sept huit
a
toges où on p~t tenir dans un état plus ou moins prolongé
(rMoiement et de t'ec!Ms!on, certaines aticuees qui
ne sont
point <unens<M, mais tr~s-turbuteuteset tr!'s-indon)ptabtes.
On peut mettre de ce nombre, f. celles qui ne peuvent être )\
pliées à la loi générale du travail, et qui toujours dans une
ae~Hé maHatsanto, se plaisent a harceler les autres aHéoees~
a les provoquer et à exciter sans cesse des sujets de diacorde,
sans que les moyens ordina!rM de répression puissent cxc!ter
M~tcs h moindre réibrntc.x". Des dëvotes qui <e croient
d'en dcHvrer pourjama!s la société, et d'attendre la
terminaison naturelle d'une si cruelle existence.
Ma!s l'expér!ennc la plus réttérée ne porte-t-eUe
point à rédamer contre cette opinion qui n'est que
tropgéoérate, et à la ranger an nombre des préju-
gés les plus nuisibles ? Une toi inviolable dans la di-
rection de tout étabÏtssemeut public ou part!cutier
d'a!!énës, ne doit-elle pas être d'accorder au mania-
que toute la latitude de l!berté que peut permettre
sa sûreté personnelle ou celle des autres,de propor-
tionner sa répression à la gravité plus ou moins
grande ou au danger de. ses écarts, de pré venir
avec rigueur la dureté grossière et les actes de vio
!encc des gens de service, de recueillir tous les faits
qui peuvent servir à éclairer le médec!tt dans le
traitement d'étudier avec soin les vartétes parttcu-
lières des moeurset des tempéramens,et de déployer
enfin à propos la douceurou la fermeté, des formes

insptrées, qui cherchent sans cesse a faire d'autres prosélites,


et qui se fontua plaisir perfide d'cxcUet' !esaHdnëcsaïa dcso-
bétssance, sous prétexte qu'il vaut mieux obéir à Dieuqu'aux
hommes: la douceur, les menaces, les mesures répressives,
échoaeBt égatement sur ces caractèrestoujours prêts à agir
en sens inverse des impressions qu'il faut communiqueraux
aliénés pour les guérir. 5~. Des femmes qui ont Jurant tours
accès de manie une propension !rrësi<tibte dérober tout ce
qui tombe sous taurs mains, qui s'introduisentdans les loges
des autres aliénées, emportent tout ce qu'cttes trouvent,et
uonnent !!c« à des dispute:! et a des mes iatCt'HMmtbtes.
conciliatrices ou tcton imposant de l'autorité et
d'unesévëntdinuexibie? 1

XII.

cc~Me~.
/c~/p~ suivre direction des ~cA~'
y

2~6. C'est sous tin tout autre aspect, et presque


sous des formes opposées au dé!!t'G man!aque)que
s'offrele délire mé!haco!!que (168), et autant il y
a d'exaction et de pétulance dans le prem!e! au-
tant il règne dans !e second un découyagement
profond,ou mémeunctat de stupeur et une succes-
sion cont!cuel!e dé soupçons ou de craintes sans
cesse renaissantes, sur les ibnJemeus les plus fn-
voles. La direction des atienes, dans ce dernier cas,
ne demande pas moins d'hahileté et d<e zèle que
dansFautre, pour détruire des préventions exclu-
sives et relever le courage. Un homme très-riche et
dans la consistance de l'âge, reste sëdentah'ependant
plusieursmois, devient morose et sujet aux craintes
les plus pusillanimes. Une grande voracité succède
à ïa perte de l'appétit et le force de prendre de la
nourriture a toute heure du jour et de la nuit, sans
aucune règle. A peine ce mélancolique peut-il goû-
ter quelques momens de sommeil; il se couche à
quatre ou cinq heures du matin, passe ta nuit dans
des frayeurscontinuelles,croit entendre des paroles
à voix basse, ferme avec soio sa porte, craint quel-
ques instans après ne l'avoir point assez fertnée et;
revient sans cesse pour reconno~tre son erreur. Une
autre idée vient à l'occuper encore; il se reïcve du
lit pour examiner ses papiers; il les écarte tour-à-
tour, il les rassemble ~crolt avoir oublié quctque
objet, craint jusqu'à ia poussière de ses meubles
éprouve la plus grande instabilité dans ses idées et
dans ses volontés, veut et ne veut pas, toujours
tourmenté par des soupçons et des ombrages; il se
plaint (TatHeurs souvent de spasmes et de ce qu'il
appeï!e des claacemeos nerveux dans l'abdomen
craint de respirer l'air.du dehors et se tient toujou rs
renfermé, connoît le travers qu*!l a de se tenir mal
propre, en convient de bonne fQi, mois avoue qu'il
ne peut changer sa manière d'être. La fermeté, i'u-
sage continué de légers laxatifs et l'équitat!on ont
fait cesser cette mélancolie.
2~. Une jeune personne tombe, sans aucune
cause connue, dans une morostté somore, et soup-
çonne tous ceux qui l'environnentde vouloir reta-
polsonner Ïa même crainte la poursuit après avoir
quitte la maison paternelle et s'être réfugiée au-
près d'une de ses tantes. Ses soupçons sont portés
si loin, qu'elle refuse toute sorte de nourriture
et alors elle est transférée dans une pension où on
n'obtient pas plus de succès, quelques tentatives
qu'on puisse faire. Elle fut enfin conduite à l'hospice
de la Sa~pétrIèretet comme elle étolt tranqul!!e ou
!a plaça au dortoir des convalescentes.Le bruit €~
le tumulte qu'eHë fit pendant la nuit forcèrent la
déplacer, et elle fut conunce dans une loge où elle
exerça encore son humeur ombrageuse et tracas-
sière. Une visite inconsidérée qui lui fut faite par
un étranger ne. fit qu'exaspérer sa mélancolie, et
dès ce jour même elle refusa avec obstiaatioo toute
sorte de nourriture. Le gilet de force fut appl!qué
inutilement pour la contraindre à manger on fut
obligé d'en venir à la douche de rëpresMon elle
promit tout dans le moment, mais au soi't!r de la
baignoire elle renouvela les mêmes refus. Le len-
demain on fit porter des aî!meM au moment qu'elle
étoit dans le bain avec injonction de les prëudre s! elle
veut éviter d'avoir la tête inondée d'eau froide: elle
obéit cette fbia sans répugnance. Des inarques d'in-
térêtqu'on lui a témoignées et des propos consolans
et doux ont fini par gagner sa confiance; elle s'est
livrée a un travail assidu, et peu à peu ses illusions
et ses craintes chimériques se sont évanouies.
248. Les motifs qui portent les mélancoliquesà
refuser toute nourriture sont très-variés, comme
l'attestent des observations nombreuses fuites dans
les hospices des aliénés. Dans un de cescas, l'aliénée
croyoitavoir des cfapaudadansson estomac, et pour
les fairepérh' de faim, elle crbyoit devoir s'interdire
toute espèce dé nourriture.Uneautre mélancolique
étoit persuadée qu'on en vouait à sa vie, et qu'on
mdoit toujours quelque substance délétère à ses
alimcns pour lui donner la mot t~ etdelàvenoit
uoe sorte de répugnance invincible à tes prendre.
Une mère connue par son attachement extrême
'pour sa famille, et que des chagrins domestiques
avoient tétée dans la melancolie la plus protonde,
regardoit les a!imcns qu'on lui ofiroit comme une
portion destinée à ses enfans, les repoussoit avec
indignation, et il &Hut recourir p!usieurslois à t'ex-
pédient de ïa douche pour l'empêcherde périr de
consomption. Une jeune personneà qui on avoiteu
la duretéde reprocher pnbliquementdans l'hospice
qu'elle avoltdéjà mis au jour un enfant, irnitd*<m
amour illégitime, eu fut si consternée, que ce ne
fut que par des exhortations les plus pressantes
qu'on parvint à la faire manger et à soutenir ainsi
sa maïbenreuse existence (i). Danscertainscastous
les expédiens échouent et la mélancolique suc-
combe.

r~rrr.
(t) On !mag!ne a peine les soins tnu!t!p!!cs et !a pcrsd-
vdMnec qu'il &tt~ avoir dans uo t!tabtisscmcnt bien otd<'nnd
et dirigé avec zèle pour va!ncre ce refus absolu d'at!mc)M.
On a d'abord recours sades moyens doux, à (les invitations
pressantes pour faire ouvrir la bouche, qui ,est tenue
optoi&trcmeot fermée. Si la résistance persevfre Ct que
l'atienc ne veuille point mâcher la nourrituresolide qu'on lui
donne, on essaie de lui faire prendre des bossons nourris-
santes, un potage avec du riz, du vermicet on du lait, qu'on
introduit dans la bouche avec une cuiller de Icf pour pou-
voir écarter les dents que l'aliéné ttcntfbrtcmentserrées. Si
ce moyco est iasujMsant, et que la boisson eUc-mcme soit re-
a~.<).Ce'seroit un Conds inépuisablede faits cu-
rieux et d'anecdotes piquantes, pottr nn mauvais
plaisant, que le recueil de mes notes jouraatières
sur lescausesmultipliées, les variétés et tes prestiges
séduisans de la mélancolie dévoue qui afflue dans
les hospices,ebqui y devient même contagieuse sans
la vigilance la'plus active. C'est ici une jeune per-
sonne terrifiée pour s'être livrée avec trop de coni-
plaisance à la lecture des t'omans là ce sont des
penchans du cœur contre tesqucis un prêtre a
tonné avec force, et qu'ti a fait regarder comme
dignes des flammes étcrneHes; ailleurs ce sont. des
perplexités ex.tt'êmes d'une ame~tbie et timorée
qu! a commis un grand crime, celui de se coniesser
u un prêtre assermenté; dans certains cas, ou a me-

jetée on se sert, suivant la mët!tadc M. Puss!n, d'un b!-


(!<*

beron on ferme alorstes narines, et ~aHené étant obUgé d'ou-


vrir la bouche pour respirer, on saisit ce moment pour faire
avater quctque t!quide suhstantiel, et on réitère ce procédé
a plusieurs reprises le n)6mejour et ptusicurs~jours de suite.
Djns un cas oit tous les moyens que je viens de citer avoient
ëchouë, je ~sacbeter une sonde ëtastfqnequ'on introduisit
dans une des narines, et h rnidc de laquelle on fit passer un
peu de substance liquide dans t'estomac, et on soutint ainsi
les forces, en attendantque l'aliéné se déterminât à prendre
volontairement de la nourriture.Enfin il y a eu des cas où des
princip,esreligieux malentendus ont fait opposer une resis-*
tance invincible, et amené, par abstinence, une mortntusou
moins tardive.
nacé d'une réprobationéternelle uoe union légitime
sanctionnée par les lois civiles et non par les mi~
nistres du culte; dans d'autres on est remonté jus"
qu'aux époques orageuses de la révolution, et on
a fait le grave reproche à une femme sensible d'a-
voir omis plusieursannées les pratiques extérieures
du culte; ailleurs ce sont des associations mysté-
rieuses à des conCréries priviiégiées, qui ont exalté
avec art ïà piété et Font portée jusqu'aux ravisse*
mens et aux extases; quelquefois aussi ce sont des
mères de fàmille crédules et peu laborieusesqui ont
mieux aimé couru' les sermons et Jesëgnses, que
de se livrer à l'exercice si recommandable des ver/-
tus domestiques. Je serai donc discret et retenu, et
je me garderai de mettre au jour des exemp!espar<
ticuliers de cette sorte, qu'une fausse piété peut
seule faire admirer comme autant de modeÏes à
suivre. Mais puisse voir chaque jour sans un sen-
timent pénib!eetdoubureux;taotdomauicurëuses
tictimes entassées daas Fhospicë et désormais In.
curables, pour avoir repoussé avec obstinattou les
bons avis qu'on ïeur doncoit, sous prétexte qu~it
vaut mieux obéir a Dieu qu'aux hommes.?, CeUes
qu'on a pu guérir étoient douées d'un jugement
sam, qui leur a permis de balancer d'abord tesopi.
nions, de s'e!cv6r ensuite à des doutèset à desïncer.
titudes, puis de provoquer de nouvelles luthières
par des questions judicieuses. On est entré alors
dans les vraies notions de la moraleuniverselle de
tous les temps et de tous les lieux en ajournantà
l'époquede leur guét'ison les pratiques du culte, et
c'est ainsi qu'on en a retirequelques-unes de l'aMtOte
où elles courdient se précipiter; mais l'orgueii,
l'ignorance et la prévention, peut-être aussi un état
trop invétéré de la maladie, en ont rendu un cer-
tain nombre inaccessibleà toutes les remontranceset
aux marquesd'intérêtqu'on leur prvdiguoit; on n'a
pu gagner leur confiance, et elles sont tombéespeu
à peu dans une sorte de rêvasserie ou de démence
d'habitude~qui les exclut pour jamais de la société
et les réduit à une nullité absolue.
a5o. La surveillancela plus active suffit à peine,
non-seulement pour empêcher la cotamunioatioB
des dévotes convalescentes avec les mélancoliques
au plus haut degré, mais encore pour enlever avec
soin tous les signes extérieurs de piété, comme
livres de dévotion, images, crôix~, M!Iques,pu!sque
l'expérience la plus réitérée démontre qu'il en ré-
sulte souvent des rechutes et toujours un obstacle
très-grave au succès du traitement. On avoit tenté
ailleurs de guérir une mélancolique en lui laissant
conserver toujours un Christen boissur la poitrine
la maladie n'avoit iait que s'accroîtreen augmentai
ses perplexités et son désespoir, au point qu'un
)OUf elle saisit des ciseaux pour se donner la mort.
Transférée à 14hospice, une des premières atten-
tions qu'on eut, ce fut de lui enlevér ce qu'elle
appeloit le signe du saluts et pieu à peu ses anciennes
impressions s efmceren~au point que !c traitement
n'éprouva ptus d'obstacle. Une de ces mélancoliques
devenue plus tranqu!e, avoit ététransportéeà l'in.
firmerie pour uneindispositiontégèt'e, et quelques
jours après on pratiqua certaines cérémonies du
culte à Fegard d'une agonisante qui étoit dans un
lit voisin l'autre se Jève aussitôt, se retrace le son.
venir de la mort de sa grand*mére morte depuis
quelque tetnps, secoue le prêtre, ïe prend par
Fétole et le surplis en lui demandant à grands cris
sagrand'mère, en. sorte qu*H en résulta une scène
très-bruyante et une véritab!e rechute (i). Au*
irefois oa pratiquoit,Ie jeudi-saint,certaines céré-
monies du culte daas le dortoir des femmes très-
âgées et tombées en démeNce; mais des itïconvéniens

(t) Durant la convalescencede cette m~mc mélancolique,


une autre femme lui procure turtivetueot un livre de, dévo-
tion qu'elle lit à la dJrohee et avec la plus grande attentton.
Le m~mc M. PttMtn !a trouve toute éplorée, poussant des
soupirs et répétant sans cesse qu'elle saTo!tb!en que ses enfans
étoient morts, qu'Ht avoient été mis en p!ecea, et que la vie
ïu!ctoiHnsupportab!e.Hcto!t naturel d'attribuercet effet à
quelque rêve; mais on soupçonnaaussi quetquctecturcpieuse,
et on la surprit en cOet, dans un endroitdétourné, avec un
livre de dévotion sur l'Ange Gardien, les révélations, les
YMions extat!qucs; on !e lui cntèvc et on le déchire en sa pré-
sence, ce qui la jette d'abord dans une sorte de consternation;
mais quelques jours après cette impression fut effacée et la
convalescencent ensuite des progrès rapides.
attachés à cette pratique l'ont fait supprimer, et
elles n'est plus en usage que dans l'inurmerie,
encore a-t-oo soin de faire sortir les mélancoliques
dévotes dont l'état ponrroit être aggravé par ce
spectacle.
z5ï. Un autre objet est encore bien plus à craindre
dans l'hospice des aliénées et demande une surveil-
lance plus exacte; c'est le penchant irrésistible au
suicide qui accompagnesouvent la mélancolie, et
dont on avertit lors de l'admission de l'aliénée. Les
moyens les plus variés peuvent être mis en usage
pour exécuter ce funeste projet. Quelques mélan-
coliques avoient cherché à se précipiterpar une des
fenêtres du dortoir des convalescentes, et on a été
obligé de les griller; d'autres ont tenté de s'appli-
quer un lacet autour du cou pour s'étrangler cer-
taines ont avalé les objets les plus dégoutans pouf
s'empoisonner;il y eu a qui ont été jusqu'à avaler
des épingles. Une femme d'un caractère très-doux
tomber
et tendremeat chérie de son mari, vient à
dans cet état atrabilaire à la suite de ses couches,
tentativesréi-
et met sa famille au désespoir par ses
térées de se donner la mort elle ne peut assez
exprimer, les premiers jours de son admission,
l'extrême dégoût qu'elle a pour la vie, ni déguiser
ses efïbrts
répétés pour s'en délivrer. C'est tantôt
du ver t-de-gris qu'elle cherche à se procurer pow
s'empoisonner; tantôt elle trouve un moyen plus
à
prompt; elle saisit une pierre, et s'en frappe
coups redoubléssur la poitrine,sans qu'il en résulte
d'autre effet qu'une forte contusion; une autre fois
eHo se retire à l'écart, et cherche à s'étrangler avec
un lacet; mais ses efforts sont rendus vains. C'ëtoit
de temps en temps quelque autre teutative dont on
preveuoit les tristes suites, et dont on parvint euHu
à la désabuser par des voies de douceur, l'u<
sage rdttét'é des bains tempérés, des boissons dé-
layaptes et d'un travail assidu. Une autre jeune
tnëtanco!!que s'était tellement serré le cou avec un'
lacet, pour s'étrangler, que son visage en étoit
livide qu'elle avoit déjà perdu connoissancc, et
que ce ne fut que par de prompts secours qu'on
parvint à la sauver; mais à peine fut-elle rendue
à elle-même, qu'elle fixa avec indignation et cher-
cha même a frapper la fille de service dont elle
recevoit des soins, et qu'elle lui reprocha amere-
ment son retour à une existence qui lui étoit deve-
nue insupportable. (C'ëtoit une fille qui avoit été
séduite, et ensuite lâchement abandonnée par son
amant à l'époque de ses couches. )
zSa. C'est bien ïoin d'être une petite tache à
remplir, que le choix des moyens et des tons tt
prendre pour combattre les idées bizarres de tant
de mélancoliques,au milieu des variétés singulières
des caractères et des préjugesqui les dominent.Les
unes sont éclairées, bienveillantes, quelquefois
très-sensibles, très-timides, et douées de. mœurs
très'simples; d'autres sont fourbes, dissimulées~
r
pleines d'orgueil et de prévention, et deviennent
entièrement incurables si on leur montre une in-
dulgence déplacée. Une dame bien née, et tombée
dans le malheur et la mélanco!!e dévote, étoit si
sensible, que pour lui avoir dit simplement qu'elle
recevroit des visites aussitôt qu'it c'y aurolt plus de
danger ni pour elle u! pour les autres, elle répli.
qua avec une sorte d'ind!gnattonconcentrée: «Mais
est-ce qu'on me croit enragées? et il fallut ptu"
sieurs jours pour la caïmer pleinement et réparer
ce~te inconvenance.Une autre, au contraire, très-
impérieuse et accoutumée à se faire obéir aveuglé-
ment par un mari plus que docile, rcstoit au lit une
partie de la matinée exigeoit ensuite qu'il vînt
genoux lui préseoter à boire, et dans les extases
de son orgueil finit par se croire la vierge Marie.
Seroit-on parvenu à la guérir et a dompter ce ca-
ractère altier en paroissant approuverses rêveries
emphatiques? P~a-t-11 pas fallu agir de même à
régard de la domestique d'un vieillard très-complai-
sant, qu'elle regardoit comme le dépositaire de sa
fortune propre, et qui, dès qu'eUe apprenoit 1~
mort de quelque personne très-riche, faisoit des
démarches auprès des autorités pour obtenir leur
succession comme un droit incontestable ? Veut*
on marquer de la condescendancepour les mélan*
coliques atrabilaires, ils n'en deviennent que plua
entêtés et plus impérieux, et on finit par rendre
leur égarement incurable. C'est ainsi que le sur-
veillant des aliénés, qui vit sans cesse au m!eu
d'eux, étudie avec soin et à toutes les heures
du jour l'objet particulier de leur délire exclusif,
sonde les singularités de leur caractère, et prépare,
ou plutôt opère un changementmoral si propre à
seconder les heureux résultats du traitementphy-
sique.
s53. Dansie systcmegénéraladopté dans l'hospice
des aliénées, d'uue grande Indulgence et d'une sé-
vérité raisonnéc,quels résultatspourroit'on obtenir
si on ne tenoit dans une extrême dépendance les
gens de service, et si ou leur permettoit, comme
dans tant J'ctabtissemenspublics ou particuliers, de
ne parler aux malheureux mélancoliques, comme
aux autres maniaques,qu'avec une dureté sauvage
et de les régu'avec un sceptre de fer ? aussi la sur-
veillance la plus active s'exerce-t-elle sur lés filles
de service comme sur les autres aliénées, et on a
l'attention la plus scrupuleuse d'exclure celles (Jui
sont connues par un caractère dur et. grossier, de
n'admettre que des convalescentes dociles et labo-
rieuses (~o3), et d'être dans tous les cas en garde
contre leurs petites animositéset leurs antipathies;
à plus forte raison ne leur est!! point permis, dans
aucun cas ni sous aucun prétexte, de frapper ou
d'exercer des actes de violence, mais on les force de
se prêter des secours réciproques dans des momeus
périlleux et d'opposer leurs efforts combinésaux
ressentimensfougueux de certaines aHëuées et aux
explosions de leur aveugle colère. Une convales-
cente, devenue fille de service dans le cours du trai-
tement, fut tout-a-coup saisie par une aliénée (lui
la tenoit par les cheveux renversée à terre, avec
des efforts ponr l'étrangler. Cette fille, pour se dé-
fendre et faire I&cher prl&e, avoit saisi avec les
ongles ]a cuisse de l'aliénée, et lui avoit fait une
blessure semblable à celle d'une morsure (20~. ). De
là une~rande rumeur et de vifs débats, le reproche
grave d'une blessure faite par une fille de ser-
vice, lesréclamationsdecettefille surl'impossibUItc
0
d'éviter un pareil acte de violence dans la position
où elleavoit été réduite. On entend les parties ad-
verses, on reçoit les dépositions des personnes pré-
sentes, et après une mure délibération, on regarde
l'accusation comme dépourvue de fondement,et la
fille de service est maintenue dans sa place, comme
s'étant bornée à une défense légitime pour sauver
sa vie. Cette attention constante d'exercer une jus-
tice rigoureuse et de prévenir toute vexation dans
un établissement consacre aux aliénés, n'est -elle
pas le plus sûr gar<m): du calme intérieur et du bon
ordre, par la grande confiance accordée au chef
de la police Intérieure, et par l'ascendant que
donne nécessairementl'habileté jointe à la droiture
la plus invariable ?
~5~. Mais que devient un établissementconsacré
aux aliénés, si l'autorité du chef de la police vient a
être méconnue ou partagée,et qu'on puisse faire a p-
pel dtesjugemcns sévèresqu'il a portes? Lesmélaa*
coliques les plus difficiles et les plus remuans cher-
clieronttoujours un protecteur,sousprétexted'une
oppression exercée contre eux; Us le flatteront
pour s'en faire un appui et ils se livreront encore
avec plus d'acharnement à leurs chimères. Aussi
ai-je soin de m'interdire toutes sortesde mesures re'
latives au détail du service intérieur ou de la policé
de ré pression, et je n'écoute ni plaintes ni réclama"
tions, toutours en garde contre les moyens artifi-
cieux qu'on peut. mettre en usage pour se sous*
traire aux règles de la police intérieure, et, ce qui
est bien pire encore, pour éterniser l'égarement, de
Ja raison ou l'aggraver.
a55. Je ne veux point renouveler des souvenirs
amers; mais je ne puis que déptorer encore les
tristes suites des luttescontinuelles de pouvoir éle-
vées autrefois entre un ancien agent de surveil-
lance générale et le chef particulier de la police in.
térieure des aliénées, luttes qui, dans certains cas,
ont fait échouerle traitement médical,comme l'ai*
testent plusieurs de mes notes journalières. Les
mélancoliques, toujours occupées de leurs idées
exclusives,se sout alors agitées et n'ont rêvé qu'à de
nouveaux expédions pour défendre leur cause; un
temps précieux s'est perdu en discussions stériles~
et leur maladie a fini par devenirchronique et incu-
rable. L'inconvénientauroit été nul, si le préposé
superieuc, qui vouloit exercer la plénitude de see
droits, avoit sacridc ses animosités an désir du bien
public, et qu'il eut bien voutu descendre de sa
haute sphère jusqu'à prendre des informations
exacts et des voies conciHatrices;mQ!s c'étoient
souvent des scènes pleines d'emportementet d'ai-
greur, qui se passoient même eu présence des
aliénées,comme pour les révolter contrele chef de
ia police Intérieure et lui iaire perdre ia confiance
qui lui est si Mecessa!re pour concourir u leur rëta-
biissemen!. JeHe considère ici les objets que sous
Jour simple rapport avec le traitement: médical et
je laisse à l'administrationle soin de graduer d'ail-
Jeurs les pouvoirs pour le maintien de l'ordre et
la régularitédu service. Mais quelsrésultats favora-
Jb!espourrois-jemoi.mémeobtea!r,siiechef de sur-
veillance n'étoit regardé à i'intérteur comme investi
d'une autorité absolue pour l'exécutîou prompte
et sans appel de toutes les mesures répressives ?
CINQUIÈME SECTION.
Résultats de ~eay~~cc ancienne et mo-
derne ~~r le traitement médical des

256. <J E
ne sais si aucune partie des sciences physi-
ques semble d'abord préseoterplus d'obscurités im-
péuetrables, et inspirer à ua auteur une plus sage
méBance de ses forces, que l'expositionhistorique
des rès!es à suivre dans le traitement des aliénés.
t
1/anatomie la plus scrupuleuse n'a pu presque rien
dëvoi!er sur le vrai siège et le caractère de l'aué-
Dation mentale. Comment connoître et apprendre
à rectifier les diverses lésions ou écarts de Feutcn-
demcut, puisque ses fonctions,dans l'état de santé,
sont si diiuciicsà apprécier et à bien distinguer les
unes des autres (~, 3 et suiv.)? Quelques idées po-
pulaires, des procédés purement empiriques, ou
certains faits isotës, ont fbrtné jusqu'à ces der-
niers temps la base du traitement des aliénés; et
comment compter sur une expérience aussi bornée
et aussi vacillante?
s~y. Un sejourde plusieurs annéesdansles hospi-
ces des aliénés de l'un et l'autre sexe m'a ouvert une
source féconde d'instruction,peut-être la plus so-
lide et ta moins sujette à erreur. Avant de me for-
mer aucun principe sur les nn'ycus à prendre je
me suis borné aux plus simples, et j'ai livré, dans
un grand nombre de cas, la maladie a son cours
presque nature!, pour reconnoitre tout ce que la
nature pouvoit développer de ressources salutai-
t'es lorsqu'elle n'est point contrariée par des obs-
tacles étrangers. Il étoit nécessaire, pour obtenir
cet avantage, d'établir et de maintenir un ordre
invariable, et la plus heureuse organisation dans
ces hospices, et c'est sous ce rapport que j'ai été
pleinement secondé (sectionIV ), à la Saipetrière,
par un des hommes les plus recommandables par
des qualités rares, M. Pussin, chef de la police in-
térieure des aliénées j'ai pu alors étudier avec le
plus grand soin non-seulement les caractères des
diverses espèces d'atiéoatton mentale et leurs varié-
tés principales, mais encore leur marche particu-
lière dans les différentes périodes. C'est ainsi que
rien n'a été mis au hasard, et que j'ai pu parvenir
à distinguer les moyens super tlus ou nuisibles de
ceux qui ont une utilité directe et non contestée.
I.

Sur l'usage de frapper les coyM7Me un


moyen de les guérir.
258.0ndéplore !e sortdel'espëcehumaine,quand
on songe à ia fréquence, aux causes multipliées de
lu inanie,et aux circonstancessans nombre qui peu-
vent être contraires à ceux qui l'éprouvent, mcme
dans les institutions le plus heureusement organi-
sées. Veut-on que chaque aliéné soit gardé dans
une étroite réclusion au soin de safamille,une expé-
rience constantefait voir que c'est opposer un obs-
tacle insurmontable au rétablissementdo sa raison.
Consacre-t-on des asiles publics à des rassemble-
mens nombreux d'aliénés, ctréunit-on tous Ïes avan-
tages du site, de l'étendue et de la distribution du
local, que de qualités rares, quel zèle, que! discer-
nement, quel heureux méiange d'une fermeté im-
posante et d'un cœur compatissant et sensible ne
:Eaut-i!poiatavotrpour diriger des êtres intraitables,
soumis à tous les travers, tons les caprices les
plus bizarres, et quelquefois à tous les empor-
temens d'une fureur aveugle, sans qu'on ait d'au-
tre droit que celui de les plaindre Peut-on, au-
1rement que par une expérience éctairéc et par une
attention constante, pressentir rapproche des ac-
cès pour prévenir les accidens de leur explosion
contenir sévèrement les brutalités des gens de ser-
vice, et punir leur négligence, écarter les causes
occasionnelles des accès, et, pendant leur durée,
tout ce qui peut aigrir le délire, remédier promp<
tement, lors de leur terminaison, à un état de dé-
bilité et d'atonie qui peut devenir funeste, prou-
ter enfin de tous les avantages que donnent les in-
tervalles de calme pour accélérer la guérison aveo
les moyens les plus avoués par une expérience
éclairée? Mais que devient encore un hospice avec
!e tneluenF choix d'un chef de police mtéricure, si
le médecin Ini.mome, rempti- de préjuges borne
dans ses vues, et doué d'une confiance exclusive
dans ses lumières, se montre moins jatoux de con-
courir au bien public, que de se faire valoir, et
d'exercer avec hauteur unesuprématte exclusive1
zSg. J'ai fa:tcoanoitre (sect.lV ) te caraetère et
les heureux effets desvoies de douceur et.dausqnel-
ct'a!nte,d'HncoppostHon
ques cas, d'un appareit de
ferme et invariable aux idées dominantes et à i'obs-
t!nat!on Int!exibte de certains amènes ~d'uue déter~
mmatton courageuse et imposante, mais exclusive
de tout outrage exempte de tout sentiment d'ai-
greur ou de colère, et conforme aux droits sacrés
de l'humanité c'est assez indiquer combien cette
conduite diffère de la dureté grossière, des coups,
des blessures, j'ose dire des traitemens atroces et
qae!quefbi8 meurtriers, qui peuvent se commettre
dans des hospices d'aliénés où les gens de service
ne sont pas contenus par la surveillance la
plu~
active et la plus sévère. Pourquoi retrouveront
dans les écrits des anciens, et surtout dans ceux de
Celse, une sorte de méthode Intermédiaire (t),
fondé sur des pu.
un système de moyens curatita
nitions sévères, par la faim, les coups, les chaînes,
pour réprimer l'atiéné, lorsque les avis elles
voies

(t) C~yW<~ <~MM/~M& ~CK', .tC ~MCM~

lis, plagit <'oc/'ce/ est. Cels, Ub. HI, cap. XYïU.


de douceur deviennent inutiles? Pourquoi des éta"
Missemcns publics ou particuliers ont-ils été dt-
rigés par des principes anatogues? Un fermier du
nord de l'Écosse qui avoit une stature d'Hercule,
s'étott yendu fameux pour la guérison dé ia mnnie
au rapport du docteur Grégory. Sa méthode cou-
sistoit a livrer les aitëues aux travaux !cs plus pc-
nibles de la culture, à variér leurs fonctions, à les
employer, les uns a titre de bêtes de somme, les
autres comme domestiques à les réduire enfin à
robéissauce par une volée de coups
au moindre
acte de révolte. C'est sur des principes analogues
~u'a été dirigée une sorte d'établissement
monas-
tique trés-rcuommë, dans une des parties mer!-
diouales de la France uu des préposes faisoit cha-
que jour la ronde dans les loges, et quand uu
aliéné extravaguoit faisoit du vacarme, refusoit
ïa nuit de se coucher, repoussoit toute nourri-
ture, etc., il lui intimoit l'ordre précis de chan-
ger, et le prëvenoit que son obstination dans ses
écarts seroit punie le lendemain de dix
coups de
nerf de bœuL L'exécution de rarret étoit toutours
pouctueUe, et s'it étoit nécessaire, oniarenouve-
loit même à plusieurs reprises. On n'étoit
pas
moins exact à récompenser qu'à punir; et si i'aiiëne
se montroit soumis et docile, on lui faisoit pren-
dre ses repas au réfectoire, à côté de l'instituteur,
comme pour l'éprouver. S'oublioitil à table et
commettoit-il la moindre faute, il en étoit àrins-
tant averti par un coup de baguette frappé dure-
ment sur ses doigts, et puis on ajoutoit avec une
gravité calme qu'il avoit mal fait (i) et qu'il de-
voit, s'observer avec plus de réserve. Mais dans
tous-les cas que je vicnsdc citer, n'a-t-on point.ou-
trepassé les bornes légitimes) et doit-on les autori-
ser, si on peut parvenir, par des moyens plus sim-
ples et p]us humains, à obtenir des résultats encore
plus sûrs et plus généralement(avorab!es?N'enest-Il
point ici commèrerëducattou de la jeunesse, où on
avoit autrefois consacréet commeérigé en principes
les coupset une pédanterierepoussante, qu'un siècle
plus éclairé a fait proscrire? Les Turcs trouvent-
ils rien de plus admirable que le despotisme ab-
surde qu'ils exercent sur les Grecs modernes, et
eu rend-on moins hommage aux Idées libérales et
au caractère magnanime des anciens peuples de ces
contrées ?1
260. Ce seroit peut-être tomber dans le vague, que
de traiter d'une manière généraleet uniforme pour
tous les peuples la question de l'institutionmorale
des. aliénés par des coups et des châtimcns corpo-
rels car, comment assurer que les Nègres qui vi-

(t) Le docteur Willis n'a-t-)t pas autrefois un peu trop


aux. usages repus en permettant aux gardiens qui con-
<<<!fcré

du!soient les aliénés à la promenade dans les champs, de ren-


dre les coups pour les coups, ce qui donnoit à leur brutalité
une latitude indépendante et dangereuse?
vent dans la servitude à la JatnaYque, ou tes es-
c!avesdc i'tnde, façonnés à un système
oppresseur
pendant toute leur vie ne doivent point être sou~
mis, dans le cas d'ntiénation, aux mêmes lois d'un
joug dur et despotique? Mais queïqnes efïcts favo-
rables qu'on puisse attendre,
en général, de la
crainte appÏ:quéeàïaguer!son do ïamnnie,!asens:-
b!I!!é vive du Françats
et sa réaction violente con-
tre tout abus révohant du pouvoir, tant qu'il con-
serve one lueur de raison ne doivent. cUes point
déterminer en sa faveur les formes de répression
les plus douces et les plus conformes à
son carac-
tère ? tous lesfaitsobservësnev:ennent-i!s pasd'a!ï.
îeurs à l'appui de ces principes? Quels
mouve-
mens fougueux, ou pjutut quels accès de rage et
d'indignationn'ai-je point ëctater autrefoisparmi
vu
certains ahënés, lorsque de mauvais plaisans, qui
~eNoientvisttcrrhospicede Bicêtre, se faisoient un
jêa barbare de les harceler de les provoquer
ou
Dans l'infirmerie même des anénës, qui étoit iso-
lée de l'hospice et hors ~e ta surveillancedu chef
ordinaire, combien de fois est-il arrive
de sottes railleries des innrmiers
que, par
ou leurs grossière-
tés brutales, des aliène calmes et
en voie de leur
guérison, retomboient dans des accès de fureur
après des cootrariétés déplacées
ou des actes de
violence Au contran-e des aliénés transfères
d'ailleurs, et désigoés à leur arnvée
comme très~
~mnortës et très-dangereux, parce qu'ils avoieu~
été exaspérés par des coups et des mauvais irai-
temens, semblent tout-a-coup prendre un na-
turc! opposé lorsqu'on leur parle avec douceur,
qu'on compatit à leurs maux et qu'on leur
donne Fespotr consolant d'un sort plus heureux.
La convalesceuce fait ensuite des progrès rapt-
des sans aucun autre artifice. Enfin, l'expérience
Ja plus constante n'apprend-ellepoint que, pour
rendre durables et solides les effets delà cramte,
t
ce sentiment doit s'alacr avec celui de l'estime a
mesure que la raison reprend ses droits? ce qui
suppose que la répression n*a point porté ïc carac-
tère de rcmportement ou d'une rigueurarbitraire,
qu'on n'a cmptoyé pour vaincre !a pétulance in-
docile de l'aliéné qu'une force proportionnée au.
degré de résistance, qu'on n'a été dirigé que par
le desir sincère de le ramener a tui-mêtne~ comme
le prouve immédiatement après son repentir, une
explication franche et amicale. Ce sont la les prin-
cipes que j'ai développés et confirmés par des exem-
ples nombreux (sect. tV), et qu! senties résultatsde
ï'expériencelaplusréitéféc. On est sans doute très.
loin d'avoir les avantages du site, de la position
du local, de son étendue, de sa distribution Inté-
rieure, comme les possède le docteur Fowlen dans
son établissementen Ecosse; mais je puis attester,
d'après une observation assidue de plusieursannécs
consécutives, que les mêmes maximes de la plus
pure philanthropie président à la direction des alic*
nés de cet hospice; que !cs nttes Je service, sous
aucun prétexte quelconque, ne portent une muin
violente sur elles, même parreprésaiUes;que les
gilets de force et la réclusion pour un temps très-
limité sont les seules peines inttigées et qu* an dé-
faut du succès par les voies de la douceur ou un
appareil imposant de répression, un sh'atngcnic
adroit produit quelquefois des cures iaespët'ees.
.26t.Daos!atuante recentc,co!nme dans les autres
maladies aiguës~ tres'souvcnt c'est bien moins la `
violence des symptômes qu'une apparence trom-
peuse de calme qui doit faire craindre des suites
graves, et l'expérience n'a-t-euc point appris que
les accès marqués par les écarts les pl us empor-
tés et les plus tumultueux, diminuent, eu gëné-
yat d'intensité par degrés, et finissent par s'étein-
dre, s'ils sont peu anctcus et traités d'une manicre
judicieuse? Qu'un maniaque, maîtrisé par une
fureur aveugle, se, livre sans retache à des cris
perça ns et à des menaces, qu'it ne cesse de s'a"
giter et de faire du fracas sans prendre un seul
moment de repos, même pendant plusieurs mois,t
quu déchire tout et mette eu pièce jusqu'à la paille
de sa couche, une dose plus ou moins forte d'anti*
spasmodiques peut quelquefois calmer,faire même
cesser la violence de ces symptômes; mais l'obser-
vation apprend aussi que dans un grand nombre
,de cas, ou peut obtenir une guérison sûre et per-
manente par des moyens doux et modérés aban-
donner l'aliéné a son effervescence tumultueuse,
n'user que du de~ré de répression qu'exige sa sû-
reté personnelle et celle des autres ce qui se pra-
tique le plus souvent par le gilet de force ou ca-
misole se garder de l'exaspérer par une dureté
déplacée ou des propos outrageans, lui sauver tout
sujet réel de mécontentement ou de colère, soit
dans le service, soit dans la nourtiture éviter tout
refus nettement exprimé, toute t'épouse brusque
lorsqu'il sollicite a contre'temps d'être mis en
liberté; mais différer sous des prétextes plausi-
bles entretenir enfin la police la plus sévère dans
l'intérieur de l'hospice, et surtout profiterdes in-
tervalles de calme pour livrer les aliénés à des occu'
patioDs sérieuses ou à des travaux pénibles. On se
familiarise d'autant plus avec ces principes simples
et avoués par l'expérience, que certains aliénés
tombés dans une sorte d'imbéciUité ou d'idiotisme
par l'abus extrême des saignées, sont guéris lors-
qu'il vient à s'exciter une sorte de détire de quinze
ou vingt {ours, ou ptutut. une manie aiguë et cri-
tique. Un jeune militaire fut conduit de l'armée de
la Vendée à Paris dans nu état de fureur, et sou-
mis au traitement usité alors à l'Hôtel-Dieu
saignées du pied répétées, et après la dernière, il
y eut une effusion excessive de sang par le dé.
placement de la bande ce qui fut suivi d'un état
protongé de syncope. Il fut transféré à Bicétrc
dans le dernier degré de débilité et de langueur:
déjections involontaires, visage pale,poiut de pa<
role, oblitération totale des fonctions de renten"
dément. Son père qui lui rend visite est consterné
de son état, et laisse quelque argent pour âme"
liorer son sort. Une nourriture saine et aug-
mentée par degrés, ranime peu à peu les forces
et la vigueur. Les préliminaires de l'accès se dé-
clarent rougeur du visage, éclat brillant des yeux,
mouvement fébrile, agitation extrême, enuu dé<
lire marqué. Cet aliéné court à pas précipités dans
riatérieur de rhospice il provoque, il insulte, il
tourne en dérision tous ceux qu'il rencontre mais
comme il s~abstieot de tout acte de violence, om
Je laisse errer lihremeut avec les convalcscens.
Vingt jours se passent dans cet état dé!irant le
calme renaît, et sa raison, d'abord fbible, s'est en.
suite complètement rétablie, au moyen d'un tra-
vail régulier et de l'exercice. Son séjour fut encore
prolongé six mois dans l'hospice, pour rendre sa
guérison ptus soMde, et il fut rendu a sa famille
vers le déclin de l'automne, précaution nécessaire
pour éviter toute rechute.
II.
.Z/M.M~<? ~/?~yMen~clasaignéedansl'aliénation
est.ellefondée sur une expérience éclairée ?
263. Une jeune ntle de quinze ans, éloignée de sa
famille, tombe dansun chagrin profond,et peu après
? raison s'égare. Un chirurgien de
campagne qu*on
appcHe, fixe Faiiénéc, et déclare ~Mc~ la w~
~~o~ un y~cory~M <yMe e~/o~ ~J/v-
table ~<?,
répondoit de
<7M'a//o~ ~of~ ~'rf~
/c~o~.
H p)-at.!(juc donc la sut.
e~
gnee, mais la fureur la plus violente se dectare ina"
mcd!atetnent âpres, et l'aliénée est conduite à la
Satpctrtère. Le rcfre!ndu chirurgien pour la saignée
n'es~ti pas répété chaque }ourd'nuboutdci'cmp!re
à t'aùtre, aadébuL ou dans le cours de tout Mare-
ment de la raison ? des hommes même très !nstru!ts
ne se laissent-ils pas enn'a!ner par Je torrent, sans
constater quels sont les vrais résultats d'une expé.
ricnce réttérée ?
aG3. J'ai été toujours en garde contre une pra*
t!que qui n'étoit Coudée que sur des apparences ex<
térieures, et celle detasa!gnéedans!ecasdclamanie
ne porte te!le pas uniquement sur la rougeur du \d.
sage, Iesyeuxbri!!ans, ra!t'antmé,etd'autressignes
équivoques d'une surabondance du sang et de sou
impulsion vioUjntc vers !u )cte?Hn jugcmc'nt solide
se refuse à de vaines conjectures et à dc~ raisonne-'
mens vagues, qni pour être spécieux, n'en sont que
plus su jets à erreur, et dans l'incertitude de ne point
agir ou d'agir d'une mantèrc téméraire, c'est. le pré.
mter parti qu'i! embrasse; il met d'auteurs il prout
tous les faits qui peuvent servir à l'éclairer. Lors de
l'admission des aliénées dans l'hospice, on a tou-
jours sotu d'tutcrroger leurs pareus sur rarticie de
la saignée, et on demande, si elle a été pratiquée,
quel en a été le résultat. Les réponses le plus cons-
tamment faites attestent que l'état de l'aliénée a
toujours empiré immédiatementaprès. Je crois ne
devoirpoitttomettreunihit curieux arrivé en l'ani3.
Deux jeunes personnes du même âge et (l'an tem-
pérament analogue, arrivent le même jour une
d'entre elles n'avoitpoint été saignée et sa guérison
fut opérée en deux mois; unesa!gnée copieuse ayant:
été faite à l'autre, elle avoit été rédutte à une sorte
d'idiotisme, et elle ne parvint à recouvrer l'usage
de la parole que vers le cinquième mois son ré-
tablissement plein et eatter n'a été opéré qu'n la
fin du neuvtcme. On vit, quelque temps après,
l'exemple singulier d'un mélancolique qui avoit
été saigné cinq iois du pied et trois fois à la jugu-
laire, et qui étoit tombé ensuite dans un tel état
de débilité et de stupeur, qn'il passu plusieursjours
sans pouvoir prendre aucune nourriture.
~G~ Ce n'est point par le dcsir de contredire,
c'est pour m*ëclMtt'ct' mo! même, que je cherche de
toutes parts des faits concluant en faveur de l'cfUca-
ctté directe de la saignée contre la manie, et je ne
trouve que de nouveaux motifs de doute. Parmi
les aliénées reçues à la Salpétrièrc, celles qui n'ont
éprouvé aucun traitement antérieur sont pt'édsé-
ïDentcelIcsqn'onapIxsdefacilitéaguét'ir.J'ai par-
couru avec avidité un recueil d'observationschoisies,
publiées en Angleterre,sur la manie, et quoiqu'on
y soit plus retenusur l'article de la saignée, Jes cas
même ou c!le a été pratiquéeavec le plus de motifs
apparens, me portent'à laa'egardercomme ayant été
nu!s!Neouau moins superBue.Jeconcois que, duris
un décès cas, uue jeune .personnede dix-huit -aos,
d'une &t't€ complexion et avec des signes d'une
congestion vers la tête, a pu être saignée impuné"
ment; mais on a remarqué, même dans ce cas, fqu*a"
près avoir ëvacué'seutemeQtquatce onces de sang,
le nombre des puÏsations de l'artère fut réduit de
quatre-vingtsàsoixante~ qu'U survint Nne syncope~
et qu'on fut obligé deiermër la vel~e. On a iait en-
suite plusieurs autres remèdes actifs,~ à queUe
cause peut-on attribuer alors ~aoguërison qut s~r-
yint plusieurs mois après? Daus un ~u~tre cas d.~ ?-
garement de la raison survenu à rage critic~ une
toux sèche, des nuits très-agitées, des rêves ef-
frayaus, l'~tammation des yeux, la dou~ur de
tête, ont &it recoure .h queues .petites saignées,
et on avoue que raf&issemeat extrême at la. débilité
qmsucçcdèreatcntirent cesser Fusaget Entin, dans
un troisième cas d'un délire maniaque aggpay~
pouraYoirlaisséMiëBëïoog'tetBpsexpQsëau~~ues~
tions indiscrèteset aux sottes plaisanteriesd*~Qj$ pp-
pulacc ]gooi'ante,pourquoi ae ~etre pas b~rnjB ~u y
simple isolement età un traitement dpux~ saos~. 1
courir à une saigoée~ Je~M/~M~iquiestundes
moyenslesplushasardés eticsplustémërau.'csqu'on J
puisse se permettre ?
s65. C'est un événement très-rare et qui fait
époque dans l'hospice des amenées, qu'une saignéct
depuis que je dirige le traitementmais il faut éviter
aussi toute exagération dans les idées, et jamais on
n'a été peut-être déterminé par un motifplus puis*
sant, que dans le cas suivant d'un fille de trente-six
ans, tombée dans un dé!ire maniaqueà la suite d'une
vive frayeur, et qui poussoit des cris continuels;
l'écouïement périodique étoit supprimé, la face
étoit très-rouge et très-animée,les yeux brillans et
les vaisseauxde la conjonctive comme injectés. Une
saignée modérée du pied fut faite; mais bientôt
aprèsl'aliénée passa à un état complet d'idiotisme;
au poiat qu'elle étoit continuellement a marcher en
ba!ançantsesbras eten laissant échapper sans cesse,
d'une voix plaintive, cesmots: la pierre sans eau.
Ap~ès avoir resté plus de deux années dans cet état,
elle est revenue enfin à elle-même comme d'un
.long rêve; elle a repus l'habitude du- travail dé la
couture, et elle est sortié de l'hospice le mois
suivant dans un état de guérison non équivoque.
Je veux admettre que la saignée n'ait point produit
cet état prolongé d'idiotisme, mais a-t-elte pu le préf
Tenir? Je suis loin de vouloir prononcer une exclu-
sion généra!,e de la saignée pour les aliénés; mais
je crois que les cas de son usage'judicieux sont ex-
<:essivement;:rares.
HL
~r~WMÛ~KOM
yroM/e~
~M~~e~
h~w~c ~J" ~o~c/~ de
COM/M6 M~
rison.
a66.VanheImont,dont l'!maginattoa désordonnée
semble avoir épuisé toutes les rêveries qu'on pou-
voit former au dt&'septtèmesiècle sur les fonctions
de reoteodement, a voulu transporter au traite-
ment de la manie un procédé poputaire et barbare i
déjà employé contre l'hydrophobie; je veux dire
une submersion complète qu'il fait regarder comme
un remède très-simple. On doit gémir de voir un 1

moyen aussi hasardé et aussi dangereux propose


avec une sorte de confiance parle célèbre commeo
.tateur de Boerhaave, et transmis ainsi comme un
point de doctrine dans les écoles du siècle dernier.
.Des expériences post~ncurasfaites sur les animaux
et souvent réitérées ont détruit ce frêle édifice, et
on sait maintenant que la submersion peut devenir
paorteUe dans quetques minutes. On montre un peu
plus de releuue duns certains établissemens consa-
crés aux aliénés, et on se borne à une Immersion
brusque de l'aliéné dans l'eau froide, en le retirant
aussitôt et en le plongeantà plusieurs reprises dans
le même liquide. On ne fait plus usage de l'an-
cienne méthode, mais dés-Iors la nouvelle n'est e!Ic
poiut entièrement superHue? car ridée bizarre de
Vanhelmont étoit de détruire jusqu'aux traces pri-
mitives des idées extravagantes des aliénés, ce qui,
suivant lui, ne pouvoit avoir lieu qu'en oblitérant
pour ainsi dire ces idéeapar un état voisin de la
mort ~~ctrooM~~we~M~er~re~M~tMM~Mo~
po~e~cccM~re~ necare, A)~e aut obliterarc
~r<B/o~w ~&z7?< ~~CM~ ~na~~c~ Ma!sondoit
rougir d'insister sur ce délire médical, peat-~trc
pire encore que celui de l'aliéné dont on veut réta.
b!ir la raison égarée, et je me borne à quelques
considérations sur l'immersion brusque et réitérée
de l'aliéné dans l'eau froide.
a6'y. L'usage du bain froid par immersion n*a
po!nt été omis parmi les préceptes du traitement que
donne le docteur Cul!en, et il recommandede pion*
ger l'aUéné dans l'eau froide ,par surprise, de l'yre*
Êenirpendantquelquetemps,et deverser fréquem-
ment de l'eau sur sa tête pendant que le reste du
corps est plongé dons le bain, toujours dansrinten*
tion directe d'exciter un léger frisson et un effet
rafraîchissant.Mais peut-on se dissimuler-lesincon-
véaiens sans nombre attachés à cette pratique ? A-
t-onsoindecalculer les effets combinésque peuvent
produire sur un caractèretrès-irascible, une impres'
sion forte du froid sur toute la surfacedu corps,les
moyens v iolensemployéspour opérer cette immer..
sion, !a déglutition forcée d'une certaine quantité
de liquide, la crainte d'une suffocation imminente
dont Faltëué ne peut se défendre, ses effbrtsempor-
tés et tumultueux pour échapper à un danger pres-
sant, sa colère concentrée contre les gens de service
qui exécutent des mesures aussi oppressives? Que
d'autres abus sont Inévitables et propres à porter au
comble l'exaspération de l'aliéné, la dérision et la
dureté grossière des mêmes gens de service, qui se
font une sortedejeurécréatif de sa situation pénible,
les dédains et les propos insultans qu'ils opposent à
ses cris et à ses plaintes amères, enfin un remède
qu'on ne devroit administrer qu'avec un sentiment 1

pénible,converti en une sorte d'amusementgrossic~


et barbare ÎJ'ai interrogé quelquefois des aliénées
traitées ailleurs par cette méthode,et ensuite trans-
férées a la Salpétrière, et elles ne pouvoient
assez m'exprimer i'Indtgnaiton qu'excitoit en elles
le seul souvenir de ces vexations odieuses. Une
d'entre elles qui avoit été traitée pendant dix-huit
mois dans un hospice très-connu, et souvent sou-
mise à cette terrihte épreuve, n'en parloit qu'avec
exécration et assuroit qu'après ce bain elle éto!&
toujours plus emportée et plus furieuse.
s68. Un jeune homme de vingt'deux ans, d'une-
constitution robuste, avoit éprouvé des revers par
des éveuemens de la révolution; il s'exagère tes
tfaux de l'avenir, tombe .dans une tristesse pro-
fonde, perd Je sommeil et est saisi tout-à-coup d'une
fureur maniaque des plus violentes. On Ïe scumcë
au traitement de la manie aiguë dans une ville de
sou département, et on prodigue suttout les baies.
froids dans lesquels on avoit coutume de le plonger
brusquement en lui liant les membres. Son déiire
étoit de se croire général autrichien il precoltsans
cesse !e ton du commandement, et sa fureur re-
doubloit an moment du bain, parce qu'H n'y voyoit
qu'un oubli coupable des égards dus à son rang et à
ses dignités.Un pareil traitement ne ih!sott qu'emp!-
rer son état, et ses parens se déterm!nèrentà Fen-
'voyerà Paris dans une pension, pour le confier à
mes soius. II parut très-emporté et très-vto!ent lors
de ma première visite, et je sentis la nécessitéde me
prêter à son illusion pour gagner sa connance. Tou-
jours témotgnagesde déférence et de respect, tou-
jours apparences d'être disposé plutôt a recevoir
des ordres de lui qu*à lui en donner. Je ne parlai
plus de bains; il fut traité avec douceur, et réduit à
l'usage des délayans, avec la liberté de se promener
à toute heure dans un jardin agréabïe. Ces objets
de diversion, l'exercice du corps~ et quc!quesentre*
tiens familiers que j'avois avec lui de distance en
distance, ramenèrent peu à peu le calme,et vers la
fin du mois il ne me marqua plus ni hauteur ni
défiance. Le rétablissementde la raison s'opéra len-
tement au bout de trois mois, je n'aperçus plus
de traces de son ancien dé!ire;ma!sver8 t'antomne
et !e printemps suivant, aux premières approches
d'une sorte d'excitation nerveuse, manifestée par
un regard plus animé, un peu plus de loquacité et
de pétùtaoce, je lui fis prendre pendant une quia-
zaine de jours du petit-lait rendu purgatif par inter"
vai!es, et puis quelques bains tiedee à titre de pro-
preté, pour ne point réve!Her son ancienne répu<
gnance. L'explosion des accès fut ainsi prévenue,
et !e séjour dans !e mêmepensionnat encore prolongé
pendant une année, comme moyen d'épreuve.A sa
sortie, ij s'est rendu dans une'campagne où i! se
partage depuis dix. ans eBtre l'étude du cabinet et
les soins de la culture, sans avoir manifesté le moin-
dre signe de son primitif délire. M'
~69. L'usage du bain froid, dit un auteur anglais
déjà ci~é, a été presque toujours combiné avec
d'autres remèdes, et il est difficile de déterminer
jusqu'à quel point, pris exclusivement,il peut être
utile contre la manie. Son usage isolé de tout autre
traitement a été trop peu répété pour qu'on puisse
encore en tirer des inductions concluantes. « Je puis
cependant assurer, ajoute !e même auteur, que
dans plusieurs cas, le' bain froid a produit en peu-
d'heures des affections paralytiques,surtout lors-
que l'aliéné se trouvoit dans un état de fureur~
» et doué d'une constitutionpléthorique Fériar~
autre auteur anglais, paro!t moius Indécis ii se dé~.
termine en faveur des bains froids pour la méianco.
lie, et en faveur des bains chauds pour la manie,
sans citer d'autre exemple que celui d'un maniaque
réduit à un état très-équivoque par Fusage de ces
derniers bains, puis traité tout'à-coup par les to-
uiques, t'usage modéré de l'opium, du. campbrc~,
des purgatifs, et euan guéri promptementpar rn*
sage de l'électricité. N'est-ce point prolonger plutôt
rinccrtitude et le doute, que les.dissiper, lorsqu'on
s'étaye surunepareiile complicationde moyens? Je
vais, pour décider la question, rapporter ici les fruits
de ma propre expérience sur les bains en général.
270. On doit toujours se défier des raisonnemens,
même ies plus spécieux,en faveur de l'actiondirecte
d'un remède quelconque on lui ajoute un nouveau
poids si on peut citera l'appuil'autoritédes hommes
~es plus célébras en médecine et le plus faits pour
penser par eux-mêmes mais c est toujours à une
expérience constante et bien discutée a lever toute
incertitude. Je laisse appréciera sa juste valeur tout
ce qu'on peut aHcgner en faveur dcs'baina tempé-
rés, Jes avantages de relâcher la. peau, de faciliter la
transpiration, de rendre ht circulationplus uniforme,
de prévenir Hmpuïsion spécialedu sang vers la tête,
de procurerun sommeil tranquille, etc.pourprou-
ver leur efficacité contre Ja mélancolie et la manie.
Mais ou ne peut nier que d'exceUens observateurs
tels que Cœliu$ Aurelianus~Alexandre de Traites,
Arétée, Ga!ien, Prosper Alpin, etc., ne les aient
recommandés dans ces cas d'une manière spéciale.
Les orages de la révolutionen l'an 2 et 3, me
privèrentà BItetre de plusieurs objets nécessaires à
leur usage, mais toutes tescommoditésse trouvèrent
réunies en l'an 10 à l'hospice de laSaIpetrière, pour
en renouveler les tentativesdans les différentes pé-
ï'iodesde <;es maladies, et depuis près de huit an-
nées ces baias sont devenus la base fondamentale
du traitement des maniaqueset des mélancoliques,
à mesure que leur efncaeité s'est de plus en plus
macifestee, qu'on a varié leur usage et qu'on les a
secondés par d'autres moyens accessoires. Uonze v
baignoires sont en activité pendantune grande par-
t!e de la journée. On y admet en généra? les aliénées
dans toutes les pértodes de la maladie, et on fait
continuer plus ou moins les bains ou on les fait
suspendre suivant Intensité plus ou moins grande
des symptômes. Nu!ïe répugnance en général, nul
objet de frayeur, tout se passeaveccalmeetla plus
grande décence, puisque les baignoires sont recou-
vertes on surveille, on encourage les aliénées; les
plus indociles sont ramenées a l'ordre; on examine
les circonstances qui peuvent demander des modt.
iications particulières, sans que d'ailleurs rien dé-
range la mRt'cbe générale et l'ensemble de cette
méthode simple de traitement.
271., Une heureuse combinaison de la douche
avec le bain ajoute encore beaucoup à son efncacité
et prévient jusqu'aux moindres inconvéniens qui
pourroient en Doitre. A chaque baignoire et direc-
tement sur la tête de l'aliénée, répond un tuyan
susceptible, à l'aide d'un robinet, de faire tomber a
trois pieds de hauteur (ï) un filet d'eau iroide pro-

(<) On se propose de remplir un autre but dansta t!nuc!t&


portionné an but qu'on se propose et qu~on gradue
suivant les symptômes, mais en généra! très petit et
borne à un simple arrosemént. Ce n'est que vers-la
fin du bain et pendant quelques minutes que la
douche est administrée, lorsque !ac!rcuîat!on du
sang aété favorisée vers la surfaceducorps,et qu'on
veut par le refroidi~ement en diminuer t'énergie
vers ia tête. On omet même souvent la douche soit
au déclin de la manie, soit durant la convalescence,
torsqu'on a encore recours au bain par intervalles;
mais on y revient ou aux approches d'nn accès
maniaque, ou bien lorsque a déjà éclate. Dans tous
les cas on proscrit dans l'hospice ces douches vio-
lentes qu'on administre ailleurs saus aucun ména-
gement, en faisant tomber de sept à huit pieds
de hauteur un courant d'eau de plusieurs lignes
de diamètre sur la tête de l'aliéné, pendant un
temps plus ou moins long et au gré des gens deser-
vice, qui portent dans cet objet, comme dans bèau-
coup d'autres, leurs. préventions bornées ou leur
dure et inepte grossièreté. Jamais la douche n'est
administrée à la Salpêtrière que par !e survei!!ant
Jul'méme, qui la dirige avec intelligence et avec
tous les méuagemens que commandent les circons-
tances. K'y a.t-it que des marques d'une excitation
médiocre vers les orgaues de la tête, on se borne à

-de répression dont j'ai parlé ailleurs( tg%), et alors on Inonda


~cut-h-coup la tête de !'a!iënécpour ïa ramener a l'ordre.
~u'e tomber goutte goutte Fcnu froide sur la tôte
de l'aliénée, pour y déterminer une douce fraîcheur
autant par l'impression de ce liquide que par l'éva-
poration constante qui en résulte; ce qui est peut-
être plus avantageuxpour les effets que l'application
qu*on fait, en Angleterre, de la neige sur le sommet
de la tête.
expressions, a
272. Quelle confusion dans les
moins qu'on ne fixe avec précision dans quel sens
de prescrire
on doit les entendre! 11 ne suffit pas
vaguement la douche,si on ne détermine avec soin
toutes les circonstances de son application, si on ne
fixe tous les préludes de son usage et les précautions
à prendre,si on n'a soin d'indiquerles partiessur les-
quelles doit être dirigé successivement ou alternati-
vement le filet d'eau, si on ne prononce sur les ex-
ceptions qui doivent ]a ta!fe interdire, ou limiter sa
durée et son intensité; sans cela c'est produire !a
double 'sensation d'un froid vif et d'une impul-
sion violente sur Ja tête, avec un état singuuerde
souffrancedans cette partie. H en résulte aussi d'au-
tres effets sympathiques sur la région de l'estomac,
lefoieetles poumons, comme t'ontprouvé des expé-
riences directes (i).Que!ïe exaspération, quels ac

(t ) Le docteurEi.qnn'ot a fait sur!u!-mÈme des expériences


relativesaux effets de !a douche, dont il publiera sans doute
(!:ms!a suite les détails curieux et les r~uitaM.Lc r<!Mrvoif
cens de désespoirs doit point d'aIHeursarracher ce
concours tumultueux d'Impressions !es plus déch~
rantes Le mot de douche, à la Saïpétnère, doit ré-
veiller des idées tout opposées; jamais elle n'est con-
tée aux nlles de service qui pourroient en faire un
jeu cruel ou un moyen de vengeancesecrète; on a
soin d'en écarter tout objet de terreur, et de iamilia-
riser même les aliénées avec ce procédé, en t'appe"
Jaoten riant la menace d'un petit arrosementsur
tête à celles dont la raison n'est point cnttèrement
égarée et qui se livrent à que~ue écart. Lesurve!î-
iaotim'méme,en parcourant l'atelier de la couture
où sont rassemblées les convalescentes, en fait ausM
queiquefbts un objet de plaisanterie.D'ailleurs, il ne
donne jamais la douche que vers la fin d'un bai n tem-
père de 23 ~2~ degrés au thermomètre de Réau..
mur, et jamais elle n'est proloogée au-de!a d'une
ou deux minutes, en la réduisant à uu très-petit
filetd'eau froide qu'on fait tomber successivement
sur diverses parties de Ïa tête. En hiver, raiicuée est

Ju liquide étoit élevé de dix pieds au-dessus de sa tête; l'eau


étoit à dix degrés au-dessous de la températore atmosphë-
ri~oe; ta colonne d'eau avoit quatre tignssde diamètre et tom.
bo!t directementsur M tcte; it!u! sembloit à chaqueinstant
qu'une colonne de glace venoit se briser s~r cette partie la
douleur étoit t~s-aiguë lorsque la chute de reau avoit !ieu
sur lasuture fronto-pariétale;et!e<~toitp!us supportable lors-
qu'e!!e étoit dirigée sur t'occipitaL fja tcte resta comme
en-
gourdie plus d'une heure après la douche.
pÏacée Immédiatement après dans un des l!ts d'une
petite salle adjacente à celle des bains, et eu été,
à
ou la ramène dans son propre Ht. VIent.eUe se
plaindre, on la console on l'encourage, et on lui
rappelle que si on l'a fait un peu souffrir, ce n'é-
toit que pour la rendre plus promptement a la
sauté. C'est, en général, un faux système que d'à"
gir toujours avec un appareil de terreur, de cher-
cher à contrarier l'aliéné sans motif, et de pro-
irascibilité naturelle, qu'il
voquer san~ cesse son
faut; au contraire, s'efforcer de calmer comme
Salpé.
un point fondamental du traitement. A la
trière, on ne déploie de la rigueur et de la fer-
meté que pour dompter l'aliénée, la ramener à
t'ordre, et la rendre docile. Aussitôt qu'elle est sou.
mise et résignée, que sa raison commence a re.-
prendre son empire et a In faire convenir de ses
torts, tout est changé pour elle, et eUen'a plus que
des manières doucës et bienveiUantesà attendre.

tV.
Traitement à suivre durant la première
` période de la ~z~'e.
373. Un établissement consacré aux aliénés peut:
réunir les avantages du site à ceux d'un vaste en-
clos et d'un local spacieux et commode. Il manque
d'un objet fondamental si, par sa disposition in-
térieure, il ne peut isoIeL' les mauiaqucs suivant
leurs périodes d'extrême intensité des symptômes,
de leur déclin très marque et de leur convales-
cence et s'il n'est propre à empêcher leur com.
munication réciproque, autant pour prévenir !es
rechutes et faciliter l'exécution de tous les régle-
mens de police Intérieure, que pour éviter les
changemens inattendus qui ne tienueat nullement
à la marche régulière de la maladie mais qui eo
entravent le cours, et peuvent même quelquefois
faire naltre des obstacles insurmontables. Une dis-
tribution méthodique des aliénés suivant les trois
périodes déjà indiquées, fait saisir avec une grande
facilité les mesures respectives à prendre pour
leur nourriture leur propreté, la manière de les
diriger au moral, les progrès successifs qu'ils font
vers leur rétablissemeut ou leur état stationnaire.
C'est là une sorte d'école permanente propre à
faire coanoitre les iësions diverses de l'entendement
et Jeurs nuances variées d'après des caractères sen-
sibles. Le médecin observateur peut-il apprendre
ailleurs et appliquer avec justesse les règles fon-
damentales du traitement, se iamijiariser avec les
divers degrés d'égarement de la raison, parvenir
à connoître celles qui cèdent plus ou moins promp-
tement au temps et au. régiaie, celles qui oppo-
sent les plus grands obstacles à leur guérison par
un état invétéré, celles conu qui réclamentimpé-
rieusement l'usage de certains médicamens, même
pour tout esprit judicieux et éclairé qui ne veut
ïMs*exagérer leurs effets, ni se dissimuler leurs
avantages?
274.. La manie accidentellerëoeoiepeut, dans les
preoniers temps, prendre diiïerentes&rmes (i5a )
mais l'observation la plus constante apprend que
lorsque nen ne contrarie sa marche~ et qu'on
la seconde heureusement par :Je régime (t5o),
les symptume~tne conserveut toute leur inten-
sité que pendant un temps p~s ou moins pro-
Jongé, et que ta,méthode de porter !a débilite à
un degré extrême parlessaignees et une abstinence
rigoureuse, ne fait que troubler son cours, la ren-
dre ptùslougueetqueique&ispëriod!que,oMméme
produire un,.ëtat: de stupeur, et une sorte d'idio-
tisme. On ne doit se proposer, si l'aliéné est très-
violent, que de rompre sa. fougue impétueuse et
de rendre vains ses enbrts, enmaîtrisant les mou.
verneus de. ses membres supérieurs et inférieurs,
à J'aide d'une camisole ~ëe au bois du lit par
des sangles (i), ce qui ne doit durer que quel-
ques jours' en général et on- fait ensuite succéder

(t)Les aliénées tr~s-vto!ctttes.qn'~ amené sont ordinai-


remeoLcontcnuM, chez d!es, pat':dcs hommes forts et ro-
bustes qui tes ttennent fbrtemunt~~M, sm' leur propre lit,
avec des mouchoirsautour de leurs jmahM, et alors
rattënce
proBtedesmoiudres momens de retâobe pour faire de nou-
veaux effortset vaiucre ln résistance qu'on lui oppose, ce qui
la tient dans un état permannat d'exaspération;au contraire,i
dans l'hospice tous les tHouyCtncus sont contenus en m&tno
le gilet de force, qutoontjent seulement les bras,
et n'empêche point d'errer librement durant lecours
du traitement. N'existe-t-ii qu'un état maniaque
ibJAtrc et sans danger, on permet également: toute
la journée la Hbertë des mouvcmens pour laisser
évaporer, pour ainsi dire, âne mobilité tropef.
fcrvescente, et surtout calmér l'iMscibiiité ex-
trême qui tient a ratiëaaHoc, et qui Ne fait que
s'aigrir par Ja reduston et la coatramtc.
276. Un médecin observateur ne peut pas con-
fondre !a manie avec ce qu'on appèHè Hevre ma-
ligne ou atavique,qui est très'dangereuse, comme
on en volt queiqueibis des exemples dans rintït~
merie des aliènes. Il ne faut point s'arrêter ainsi
aux apparences fébriles que manifestent souvent
les aliénés dans les premiers temps, comme la pa-
leurde la face ou sa rougeur, la fréquence du pouis,
et une odeurtres-iëtidc, puisque cet état cède bien-
tôt a l'usage des déiayans et des boissons acidulées;
c'est d'aiUeurs très-souvent l'effet d'une abstinence
rigoureuse qu'on a imposée d'abord aux aKénés,

temps par la camisole dont lea liens lui sont caches, puïsqd'tta
e'attachcntparderricrerMidnéealors a beau se débattre dans
les premiers temps, tous ses efforts sont impuiMaus,et c!tc
n'en voit point la cause ~us<! elle 6h!t souvent par se résigner
et devenir tranquille,et son irascibilité s'appaisc par degrés:
aussi voit~-on souvent des aliénées, qu'on Jëc!<!re être trfs-fu-
rieuses lors de leur admission, qui quelques jours après
deviennent trnnqnUtes.
et qu'on les force de garder pendant long-temps
tandis que l'observation la plus constante apprend
qu'ils sont, en général, très-voracès aussi en <(on-
tractent-Ha souvent un délire famélique qui vient
se joindre à l'autre et ajouter à sa violence. Ut~
des premiers objets à remplir lors de leur arrivée
Jansî'hospice, estde!eur~urn!r une nouurituro
abondante et, par Je seul point du régime, on-
vQit s'opérer souvent, dans la quinzaine, ie chan-
gement le ptus favorable. Un de& exemples les plus
~appans de ces abus est celui d'une: dame qui-
a voit été saignée plusieurs fois, et condamnée chez
elle pendant plus d'un mois, par ordre du méde-
cin, à une dicte si rigoureuse, qu'on ne lui per-
mettoit pas même de prendre du bouiïïon gras dans
les tourmeos de sa faim dévorante; elle avoit élc
u<qu'à mâcher et avaler même p! usieurs mou-
choirs, et elle étoitdans un état de langueurextrême
lorsqu'elle fut transférée à l'hospice. On com''
menca par lui donner des alimens dont eHeparois-
soit insatiable, et on lui fit faire des repas modé-
rés, mais fréquenSt Son délire, qui avoit été des
plus furieux au sein de sa famiïtë, puisque quatre
hommes des p!us forts sufnso!ent àpeine pourja
contenir dans son lit, diminua d'une manière très<
marquée, au point que, vers te huitième jour, on
lui permit d'errer librement dans l'infirmerie seu.
lement avec le gilet de force. On continua de lui
fournir des alimens les plus substantiels laitage,
chocolat au déjeuner, des potages gras, de la
viaode, du poisson au d!ner, avec quelques plats
de végétaux, et )e soir des fruits cuits ou des con-
fitures. Vers le quinzième jour, on lui rendit la
liberté des mouvemens, et elle fut en état de se
promener dans les cours en redingotte simple,
comme les convalescentes.
276. C'est du concours et de reasetnMe de plu.
sieurs moyens physiqueset moraux que téBuÏte te
traitemeot des aliénés dans la première période de
la maladie leur isolement !a manière de les con~
tenir adaptée à leur état particulier, l'attention de
les nourrir et de débarrasser TestotCMs'il paro~
surcharge; le soin de faire cesser~eur reclusion
aussitôt qu'H est possible, et deieup &ire respirer
Fair du dehors pendant toute !a journée, la H-
berté entière ou limitée des mouvëmens qu'onteuf
accorde, s'ils ne sont point dangereux les boissons
aoidu!ées qu'on oppose à leur soifetateurardeuf
intét'ieure~ i'art de saisir leurs premiers moment
lucides pour les encourager et les catmer; l'étude
particulière qu'on fait de leur caractèreindividuet
et de leurs idées fantastiques; enfin une extrême
surveillancepour écartertoutce qui peuties exaspë-
rer, mais en opposant en même ten~s àïeurs écarts
une fermeté inuexible. Ce n'est point, en gênerait
leur agitation, quelque violente qu'eHe soi~ qui
peut déconcerter, puisqu'elle tient à la nature de
la madadie, et que tous les moyens de !a comprimer
son! prévus~ Un cherche par des ïnédtca&tens dôu~:
et d'un eftet lent, à produire Hoc détente ~ë-
raïe, a d!m!ouer i'ëaergie v!ta!e par l'usagé d6sbb!s.
sons mucî!ag!deusës, cmu!sidnnées ou actduiëes,
<tt entreméiaot par interval~s l'Usage des !aT:aH&
pour prévenir les ei'fc~ d'une constipatiott qui
lëm' est hab!t<ld!e on de quelque léger cuï-
inaut pour faire cesser l'insomdie. On joint à
ces moyens internes l'usage de~ bains t~mpéifés )
pris les jours a!tefnat!& (zoS), qM!qûefbi8 avec
tine jtëgèfe douche vers la fin du bain. Où Me
brusque, ou ne précipite rien; ôa~a~pehJ
temps en temps tout ïAédtcaniëat pendadt p!u*
6!eurs jours pour laisser à la nature les tnoyéMs de
développer ses efforts coaservateufs, et on fev!ef<t
ensuite aïteraat!vemeat à ceux qui peuvent Ja se-
conder. On diminué amst pea à peu rïïùpùïs}oti
des Hutdes ~ers tête, eh avaûbant lentement
vers le terme proposé, sattSfiéM thet~e au hasard.
L'excèsd'agtMttio~ ettesdt~agatïoïïs sëûaltïtè~t aidsi
par degrés~ les ntoifMnS iudtdes Se t~tt!t!p!!entda-
vantage, et raliénëe, eh de~eMaht susùepHMe ~e
passer de.!& première d!vis!û~ dahs la seconde, est
préparée & recevoir encore dés aoiëliot'attotis u!te'
rteures.
277. Exposer Ïesrègtesgénérates dtl traitetnënt~
c'est être loin d'exclure les modificationsdont elles
sont susceptibles, et !eségards qu'ondo!tavoir,dans
des cas particuliers, à une foule de c!rconstaucaa
:~<
accessoires.Une jeune personne pléthoriqueet su-
jette à des hénaorrhagies, sera-t-elle dirigée sans
restriction de la même manièrequ'unealiénée ibible,
exténuée ou sujette à des affections spasmodiques?
et une évacuation sanguine utile à l'une d'elles ne
pourra-t-elle point être déplacée et nuisible à
l'autre ? Le plus grand nombre d'aliénés de
l'un et l'autre sexe reçoivent les soulagemens les
plus marques de l'usage des bains tempérésquel-
bains froids.
ques-uns ne peuvent supporter que des
Suivra-t-on strictement les mêmes moyens contre
un égarement produit par une frayeur sur une
jeune personne, et contre celui que peut amener
ce qu'on appelle époque critique? N'aura-t-oo
point égard, dans Je choix des tDoyens,à la ma,
nie 'qui vient de la rétropulsion d'une dartre
d'unérysipèleoudetout autre exanthème? Des
excès opposés peuvent également jeter dans !e dé~.
lire maniaque une vie tr&s laborieuse ou un état
apathique~ une continence forcée pu un abus sans
frein des plaisirs une sobriété portée jusqu'au
dernier degré d'abstiueuce ou l'abus toujours
croissant des liqueurs alcoolisées. A travers toutes
ces modiucations dont est susceptible la méthode
générale, et qui peuvent exiger tour-à-tpur l'u-
sage des antispasmodiques (i), des évacuans, des

(t) C'est Mes doute ouvrir la voie a une foule de petits


moyens dont on fait si souvent un usage arbttrairc en méde-
toniques on de quelque cxutoire, on croit voir
toujours un principe fondamental autour duquel
tout vient se ralliér. C'est clue, dans cette maladie
comme dans beaucoup d'autres, la nature tend it
guérir et à rétablir dans leur régularité les fonc-
tions de l'entendement (200), hors les cas incura-
bles dont je parlerai dans la suite. Il s'agit seule-
ment d*étre ndeleaux lois générales de l'hygiène,
de seconder les efforts conservateurs, et deleur don-
ner le temps de se développer. C'est ainsi, par
exempte, que dans la manie produite à la suite des
couches, la sécrétion du lait étant trouMéeou de'
tournée sur l'origine des nerfs, on a soupçonné
Ja nécessité d'un vésicatoire appliqué a la nuque
et l'expérience la plus réitérée confirme chaque
jour l'efficacité de cette pratique.
.278. « Les livres de médecine, s'écrie Montes-
M quieu, ces monumensde la
fragitité de la natureet
de lapuissancedel'art, qui fonttremblerquandils
traitent'des maladiesmême les plus légères, tant
ils nous rendentla mort présente, mais qui nous
mettent dans une sécuritéentière quand ils par-
lent de la vertu des remèdes, comme si nous
étions immortels~! Ce trait d'une fiue critique,s
si digne d'être appliqué'à une foule immense d'é-

jugement soin
cine en y attachant un graa.dpnx; mais un
fait obtenir des effets plus s&rs par des moyens plus graude.
qu'accc6soir<w.
sans négliger ceux qui ue sont
cr!tssur la jtnédec!oe, qui ornent ou surchargent
nos Hbï!othèques, pom'i! ne ~wtot ac retracer à la
mémoire, lorsque eote~dsaps casse répéter dans
)e8 ouvrages sur !a man!e les termes vains d*M-
~~<~r/e <~cer<~M de préparation des AM-
yn~MM avant leur ~p<~M~<o~ du
~e~ ~cc<ï~~
r~M~M
de sa ~r~e ~a
.M'~ <~ la y?M*
eH:. ? Ces Menées reUexioas phtiosa'
OM

ph}q~~ ne Mnt'eUes pas jusuSees par un long


recensetneut; des pon~r~ ,des extrais, des )uleps,
d~Q~ct-ua~es, d~pot!o~,des ép!thè<nes~ etc.,
desttpés à tnompher de ra!ieoat!on mentaie? Et
que doit-on pe~er de Ja loi si religieusement ob-
sct'vee jusqu'à np$ )Pur6 des satgpeesrépétées sans
distinction des causes émettantes des var!étés du.
sexe et de la constttu~oo ïpd!w!due!!e, des espèces
diverses d'aUéoat!on et deepér<odesde la maladie?
~a!s faut-il confondre les réau!tats vrais de l'ob.
serva~on avec les écarta d'une doctr!ne qui ttent
aux pré)ugés, a Fespr~ d'hypothèse, au règne du
pedanUtime et de r~aoranoe, quelquefois à l'au-
tortté des noms <?ëièhr€S ?
a7<). Un déluge d'écrits faattdteux et de compila-.
ttoasv~toesje !augager!d!cn!e derëcoïcetla fureur
de tont expliquer, sont des aberrations communes
àpresquetoutes les sc!ences;etqu')mporteà la phy'
stque modernel'ancienne doctrined'Aristoteet des
tourbillons de Descartes ? La medec!ne même, au
jugcmentderho!]omedegpHt!ep!nssëvcr~, n'a t-
elle point donné l'exemple, dès son berceau, de la
marche la plus sage et la plus circonspecte, d'une
logique saine et rigoureuse ? et qui peut refuser ceS
qualités à Hippocrate? Ce qu'ontécritsur la maniû
quelques auteurs anciens, comme Arétée~Celse, t
Ccelius Aurélianus, ne porte-t-il point le caractère
le plus épure de l'esprit d'observation? Dépouil-
lez certains auteurs, comme Forestus, Horstius
Plater, Vateriola, etc., de leurs explicationsscien-
tifiques et de la surcharge extrême de leur po!~
pharmacie,que-de faits précieux ils nous oottraDS"
mis sur cette-maladie On en trouve encore d'au-
Acadé-
tres plus précis dans les collections des
mies, les ouvrages périodiques et les recueils par-
ticuliers d'observations. Fériar, Ïe docteur Per-
fect en Angleterre, et Laughter en A!!emngne,ont
fait des essais de quelques remèdes simples, et ils
montrent assez qu'on est déjà sur la véritable voie
des recherches.La marche que je suis étend encore
plus loin le domaine de la science, et fait voir dans
quelles bornes doit être renferme la prescrip.
tion des médicamens, puisque souvent une mé-
thode expectante, secondée par !e régime moral
dans d'autres
ou physique, peut suffire, et que
les ressources.
cas le mal est au dessus de toutes
Telle est donc la tâche que je me suis proposé de
remplir dans l'état actuel de nos connoissances
donner la plus grande importance a l'histoire da
laliéMtion mentale, et faire une distinction se-
vère de ses diverses espèces pour ne point tenter
inutilementou diriger au hasard le traitement rap-
peler à des règles précises la direction et la police
ïntérieure des maisons de santé ou deshospices d'alié-
nés, puisqu'il est comme impossible de les traiter
avec succès au sein de leurs familles faire sentir
vivement la nécessité des dispositions locales pro-
pres à la distribution mëthod~ue de ces infirmes
suivant les p~rIoUes de la matadie placer dans le
.premier rang les soins éclairés d'une surveillance
assidue, et le maintien le plus sévère de l'ordre
de service; indiquer ~es remèdes simples que Fex-
yerience semble ratiner, les précautions, l'époque
de la maladie, 1 espèce d'aliénation qui peuvent
en assurer le saccè&, apprendre en6n à réserver
pour des cas extrêmeset regardés jusqu'ici comme
incurables, l'emploi de certains remèdes actifs,
que d'autres circonstances pourroient rendre su-
perflus, nuisibles ou téméraires.
28o< Ce seroit un ibnds inëpuisaMe; d'historiettes
plus ou moins piquantes, que le rapprochement
des observations particulières rapportées par les
médecins, sur.les.lésions de !'imagina<.iondes mé-
ïancohques, sur les inusions qui les dominent, et
sur(ï) les expédionsplus ou moinsingénieuxqu'on

(t) Parmi !csmë!anco!iqn<'s, les uns ont cru avo!r!atctc


remplie d'une matière pesante, d'antres se sont !n!ag!ncl'avoir
vide oa desséchée. Un d'cm croyoit avoir eu M tête amputa
a tentés pour les guénr. On
regarderott même
ces
faits comme des coutes frivoles, si les hospices ne
fourmiiloientde pareils exemples, d'autant plus
saillans, qu'ils sont souvent recueil de tous les
C'est dans
moyens que peut employer la médecine.
l'extrême intensité d'une idée exclusive et propre
à absorber toutes les. facultés de l'entendement,
que consiste la më!ancol!e, et c'est ce
qui fait la
difficulté de la détruire. Fcint.on d'être du même
avis que le mélancolique, il se complaît dans sou
<dée; veut-on le contrarier, il s'emporte. Son état
tient-il à un certain dérangement physique~il peut
céder quelquefois aux évacuans mais très-sou-
vent la débilité qui en est la suite l'augmente et

PhUodotus, pour lui


par ordre d'un despote. Son médecin,
persuader le contra:rc, fit faire un bonnet de plomb qu'il
luiordonna de porter, et dont lapesanteur extrême servit a le
convaincre que sa t&te étoit encore surses épaules.Unhomme
mordu depuis quelques jours par un chien inconnu, se per-
suade qu'il est enrage et assure m~mo un jour son frère qu'i!
estdominé par le desir de le mordre;ce dernier feint d'entrer
dans ses vues~ mais il lui reperd' qu'à l'aide de certaines
prièresou formules, le curé peut parvenir facilementa le gué-
rir. Le prêtre le seconde dans cette heureuse supercherie, et
le.mélancolique crédule ne doute plus de sa gucrison: ces
moyens moraux sont secondes par l'usage
d'une boisson pré-
tendue anti-hydrophobique. D'après l'expérience la plus
constatée, l'illusion se dissipe, et il ne reste plus rien de l'jdée
exclusive et dominante de la rage.
t'exaspère. Ce n'est mêmequ'en combinant Tasaga
du quinquina. avec l'opium qu'on remédiée la me*
Jancolie marquée par l'atonie et un abattement ex-
trême, comme j'en pourrois citer plusieurs esem"
ples. La suppressiond'une éruption cutauée ou d'un
exutoire lui donne- t-elle lieu, un séton ou ua
cautère devient nécessaire.Fériar, consulté par lea
amis d'un jeune homme tombé dans la plus pro-
fonde mélancolie, fait diverses questions relatives a
ses causes. I! apprend que, depu!s plusieurs an-
nées, ie malade étot sujet, au printemps, à una~
ërupt!oa' herpéttque qui occupoit une partie du
dos en s'étendant jusqu'à répaute, et que iadéM-
tescence de cette éruption avoit été I'èpoque de
l'invasion de la maïadte !I prescrit un sétou à la
nuque. Du troisième au quatrième pur, iï s'étahjtt
un écoulement d'une matière très- fétide. Dès-lors
l'état moral change et s'améHore successivement;
un rétablissement complet devient ensuite le fr uit
d'un exercice de corps souteuu de Fusage du bain
de mer et d'un régime tonique.
28i.Ledé!iremé!ancoï!queojHreencore bien plus.
d'obstacles à la guérison, puisqu'on n'a rien à at-
tendre des efforts spontanés de la nature, et que
le traitement moral a besoin de seconderpuissam-
ment les moyens physiques. II règne alors un cer-
tain ordre d'Jdées qui sourient à l'Imagination,
et qui se lient à une passion dominante.C'est une
sorte d'enchantementqui ne permet ni consens M
remontrances, et qui est souvent um avec une tras-
cibilité extrême. L'un ne rêve qu'honneurs et di-
gnités, l'autre s'égare dans des notions mystérieu-
obsti-
ses du culte; quelques-uns refusent avec
nation toute nourriture.Un objet encore bien plus
lugubre en occupe d'autres c'est le penchant le
plus irrésistible au suicide. Quelles que soient les
idées exclusives quis'emparentdel'espritdu mélan-
colique, bizarres ou raisonnables, il y tient souvent
avec une obstination que rien ne peut vaincre, et
quilni fait repousseravec indignation tout ce qu'on
peut lui suggérer de contraire,tandis qu'a toutautre
égard son jugement'est sain. C'est bien pire encore
lorsque l'orgueil le plus emphatique'et !es préten-
tious les plus exagérées viennent aggraver cette
humeur sombre et atrabilaire. Une hauteur froide
et dédaigneuse qui laissoit à peine échapper quel-
ques mots par intervalles, distinguoitparticulière-
ment un jeune homme con6é à mes soins, et je pré-
vis, dès le premier temps, soniocurabtUtéabsolue,
çe que l'expérience et le temps n'ont,fait que con-
urmer. Un extrême oppose, une humilité plus que
chrétienne n'oppose pas moins de diiHcuïté à la
guérison, à moins qu'on ne parvienne par degrés
à prendre de l'ascendant sur l'esprit du mélanco-
lique et à gagner entièrement sa confiance. Une
ancienne religieuse,d'un caractère iolble et timoré,.
avoit pris l'habitude de se reprocher les omissions
les plus légères, et de se croire la femme la plus
criminelle. Pourquoi, disoit-eUe, ne pas lui impo-
ser les plus grandes privations ou les punitions les
plus rigoureuses? Tel étoit le sujet continuel de
ses réclamations et de ses plaintes dans l'hospice des
,aliénées; ce quiïui attira un jour une brusquerie
de la part du surveiuant pour ia faire rentrer en
eUe-înéme(t).E!!c commença dès-lors à éprouver
des doutes et des incertitudes sur son état, puis-
qu'un homme plein de droiture n'en teuoit aucun
compte. Elle se défia d'elle-même demanda des
conseils ëc!ai!'es, et son rétablissement fit ensuite
des progrès rapides.
a8a. C'est souvent bien tnoins par les mëd!ca-
mens que par des moyens moraux, et surtout par
une occupation active, qu'on peut faire une lieu.
reuse diversion aux idées tristes des mélancoliques,
ou même changer leur enchaînementvicieux; mais
que de diincuïtes pour prévenir leurs rechutes!
z83. Uo ouvrier, durant une des époques les

(< ) Je n'ai pas besoin de rappeler les autres moyens phy-


siques propres a combattre la mëtaocotie, puisqu'ils se rap-
portent en tr!'s-grande partie a ceux que demande la manie.
L'hcUcbore d'Antycire a de cetcbre à cet égard dans l'onti-
quitc, et on sait toutes les précautionsdont on avoit coutume
d'user pour le rendre moinsdangereux. On ne doit pas perdre
de vue ces résultats d'une longue expérience, mais la matière
médicate permet aujourd'hui de lui substituer d'autres pur-
gatifs plus ou moins acti&, et plus propres à produire,avec
moins d'incon véniecs,des effets analogues.
plus effervescentesde la révolution, laisse un jour
échapper en public quelques réflexions sur te ju-
gement et la condamnation de Louis XVÏ son pa-
triotismedevient dès-lors suspect dans son quartier,
et sur quelques indices vagues et quelques propos
menacaos dont il s'exagèrele danger, il se retire un
jour chez lui tout tremblant et dans une sombre
consternation plus de sommet), plus d'appétit,
dégoût pour le travail, frayeurs continuelles; il fi-
nit par se croire une victime dévouée a la mort, es6
designé comme,tombé dans l'égarement et trans-
féré à Bicêtre, après le traitement ordinaire fait
alors àl'HôteI-Dieu.L'idée d'être condamné à périr
par la guillotinel'absorbe tout entier nuit et jour;
il ne cesse de répéter qu'il est prêt à subir son
sort, puisque rien ne peut Fy.soustraire. Un tra"
vail assidu et l'exercice de sa profession (il étoit
tailleur d'habits)parurentjtes plùspropres échan-
ger la direction vicieuse de ses idées on engagea
l'Administration à luiaccorder un léger salaire pour
réparer les vétemens des autres aliénés de l'hospice.
Rien n'égale son zèle et son ardeur pour se rendre
utile, nul instantdéla journée n'est perdu, et après
environ deux mois d'une occupation sérieuse) on
le,croit entièrement changé; nulles plaintes, nuls
propos ne rappe~ent sa prétenduecondamnation à
mort; il parle même avec un tendre intérêt d'un
enfant de six ans qu'il paroissoit avoir oublié, et il
témoigne un désir carême de l'avoir auprès deltu.
Ce réveil de sa sensibilité me parott du plus heu<
reuxaugure;ou lui procure encore cette jouissance.
Rien ne semble alors manquer & ses deairs; il se
Jivre au travail toujours avec un nouveau p!a!str,
et ii ne cesse de répéter que son enfant, qu'U avoit
toujours auprès de lui, fait Je bonheur de sa vie.
28~. L'expériencea constaté l'effet de quelques
remèdes simples pour prévenir le retour des accès
mé!ancoHques qui conduisentau suioide; mais sou-
veut aussi elle a montré leur insuffisance, et en
même temps l'avantage d'une émotion vive 'et pro-
tonde pour. produire un changement solide et du-
rable.
a85. Un ouvrier 3!vrë à un travail sédentaire,
vint me consulter vers la fin d'octobre j~83, sur
une perte d'appétit, une tristesse excessive et sans
cause connue, enfin un penchant insurmontable
pouraller se précipiteronsla Seine.Dessignes non
équivoquesd'une affectiongastrique font prescrire
Fusage de quelques boissons retenantes, et pen<
dant quelques jours celui du petit-lait. Le ventre
devient beaucoup plus libre, et le méÏancoJique, ·

très-peu tourmenté de ses idées de destruction


pendant rhiver eu est exemptpendant la belle sai-
son, et on regarde sa guérison comme ~compiète,
mais vers ïe déclin de l'automne, nouveau retour
des accès) voile sombre et rembruni répandu sur
toute la nature, Itnpntsion irrésistible vers la Seine
pour y terminer sa vie; il dit être seulement re-
tenu par l'idée d'abandonner à eux'mémes un en-
iant et une épouse qu'il chérit avec tendresse. Ce
combat intérieur entre les sentimens de la nature
et le délire frénétique qui l'arme contre sa propre
existence, fut cette fois de peu de durée; on eut
bientôt la, preuve ta plus authentique qu'il avoit
exécute son projet funeste et suivi son aveugle
désespoir.
z86. Un homme de lettres sujet à des excès de
table, et guéri depuis peu d'uue fièvre tiercet
éprouve vers l'automnetoutes les horreurs du pen-
chant au suicide et souvent il balance avec un
calme effrayant le choix de divers moyens propres
à se donner JamcMtUn voyage qu'il fait a Londres
semble développer avec un nouveau degré d'éoer*
giesa mélancolie profonde, et Ja résolution iné<
branlabled'abréger le terme de sa vie. ïl choisit une
heure tre~avancce de la nuit, et se rend sur un
des'ponts de cette capitale pour se précipiterdans
la Tamise; mais au moment de son arrivée~ des
voleurs FaHaqueot pour lui enlever toutes ses res.
sources, qui étotent très-modiques ou presque
nulles il s'indigne,il fait des efforts extrêmes pour
s'arracher de leurs mains, non sans éprouver la
frayeur la plus vive et le plus grand trouble. Le
combat cesse, et il se produit à l'Instant une sorte
derévoluttpn dans l'esprit du mélancolique; il ou-
blie le but primitif de sa course, revient chez lui
dansle même état de détresse qu'auparavant, mais
entièrement exempt de ses projets sinistres de sut~
cide. Sa guérison a été si complète, que résidant à
Paris depuis dix ans~ et souvent réduit à des moyens
précaires d'existence, il n'a plus éprouve ïe moin-
dre dégoût, de la vie (.). C'est une vésanie mélan'
colique qui a cède a l'impression de terreur pro-
duite par une attaque imprévue.
a8y. Une croyance aveugle dans la démonomanie
ou les prestiges du démon, doit peu étonner dans
les écrits de Wierus (2), publiés vers le milieu du

(t) Je pourrois joindre ici un autre exemple d'une guér!-


6onana!oguedctamétanco)ie avec penchant irrésistible an
suicide: c'est cetu! d'un liorloger tourmente deputs ï<)ng-
temps par des idées de destruction, et entraîne comme ma!-t
gré tui-nîpmeu une maison de campagnepour ne point ëprou"
ver d'ob-stacte. It s'arme un jour d'un pistolet, s'enfonce <!ana
un petit bois, mais il dirige mal le coup, et parvient seule-
ment à se fracasset' la joue; i! s'excite une hémorrhagie trcs-
~io]pnt< pendant laquelle il est reconnu par un berger et
transporte dans sa propre maison pour y être soigne. La guc-
risonde la blessure fut opérée lentement; mais un changement
d'une autrenatureeut lieu dans ses dispositionsmora!es soit
la commotion produite par l'événement) soit la quanti)~
énorme de sang qui s'écouta, soit toute autre cause inconnue
it n'est plus resté depuis aucune trace de l'ancien desir de
se
donner la mort. Cet exemplen'est certainement pas digned'e-
ire imité,maisil n'en montre pas moinsqu'une frayeur subite
ou une affection trcs-v!ve et tres-protbndeneiltauetquefbis
changer la disposition funeste qui porte l'hommc'au suicide;

tCUo..
(t) Joa/MM ~~e~~ ~erc o~/M~~ M.AM~/o~~M'.
dt~-septième siècle, et dignes d'être'autant yappor*
tes à la théologie qu'à la médecine; c'étoient ta des
erreurs du temps qu'il tant pardonnerà un aiiteur
si soigneux de décrire les ~brmn!eA des exorcismes
il
le don de prédire l'avenu' accordé au Démon, les
tours perfides et malins qu'il a joués en prenant la
forme humaine, les traits des personnages céichres
qu'il a empruntes en divers lieux pour se montrer
sur la terre. «Qu'un homme,dit le judicieux Méad,
» déchire ses vctomeos et marche nu, qu'il frappe
de terreur tout ce qu'il rencontre, qu'il se fasse
? à iui-même de profondes blessures, qu'il soit si
furieux qu'il rompe les chatncsïcs plus fortes,
qu'its'entbnce dans les lieux les plus solitaires-.
M et qu'i! erre sur les tombeaux, qu'il
crie enfin
» qu'il est possédé du Démon, ce ne sont que des
M actes de folic, et c'est ia, ajoute't-il, à quoi se ré-

)) duittoutcequ'on nousracontedesdénooniaques~~<
H ne faut d'ailleurs qu'entrer dans les hospices d'in-
sensés pour réduire à leur juste valeur toutes ces
prétendues possessions. ou plutôt ces idées vision-
naires des méiancoHques ou des maniaques. Une
convalescente employée à titre de ntte de service
fut effrayée des menaces d'uueaUënée, et une des
nuits suivanteselle est frappéede l'idée que le Diable
lui avoit donné quatre sou Mets elle croit même le
voir dans un coin de sa loge, uu-dessous du drap
de lit et de la couverture qui se trouvoient roulés à
terre par une suite de ses mouvemeus désordonnés
et de son agitation extrême. Elle étoit transie de
frayeur et poussoit de fëmps en temps les cris les
plus vifs, se trouvant dans une obscurité pro~nde
et livrée à toutes les illusions de son imagination
égarée. Le survenant fait ouvrit* !a porte, ordonne
qu'on apporte une chandelleallumée, déroute lui-
même Je Jinge entassé, pour faire voir que le Diable
n*étoit nullement caché au-dessous; il parle avec
force à cette visionnaire, lui rappelle les témoi-
gnages de confiance qu'elle lui a donnés en tout
temps, et l'exhorte à être tranquille. Il étoit pru-
dent de oe point la laisser en proie aux écarts de son
imagination dans un lieu où tout pouvoit lui en re-
tracer un triste souvenir; elle fut transportéedans
une autre loge, dont on lui lit examiner toutes les
parties pour la bien rassurer contre la présence du
prétendu Démon; quelques nains et l'usage des
boissons délayantes ont calmé peu à peu ce délire
mélancotique, et cette jeune personne est revenue
à ses fonctions ordinaires.
388. On sait (luautrefois, à Besançon, la iete da
Saint-Suaire étoit célèbre par le concours nombreux
d'aliénés sous le titre de démoniaques,qu'on ame-
noit de très-loin pour être guéris,daus l'idée que la
Démon ne pouvoit manquerd'être chassé du. corps
des possédés par cette cérémonie religieuse. Une
foule immensedespectateursplacésenamphithéâtre
autour d'un lieu élevé, quelques prétendusdémo-
niaques contenus par des soldats, et ag~és par de<
mouvemens de fureur avec des contorsions ef.
frayantes; des prêtres en habits de cérémonie pro.
cédant gravement aux exorcismcs dans l'inténeuf
de l'église et hors de la vue du vulgaire, les accena
métodicux d'une musique guerrière à un signal
douné une sorte d'étendard élevé dans les airs, ou
plutôt un drap ensanglanté sous le nom de Saint-
Suaire, qu'on montroit à trois reprises difïërentes
au bruit du canon de la citadelle; la commotion
profonde communiquée au peuple rassemblé, qui
s'écrioit daus un excès d'enthoosiasoM, miraclel
miracle tel étoit le spectacle pompeux et solemne~
qu'on donnoit chaque année comme les effets d'une
puissance surnaturelle pour la guërison des démo-
niaques. II' est permis d'écarter tout ce qui peut
tenir au merveilleuxdans cette ancienne coutume,
s'il y a eu quelques guérisons, et de ne voir là que
le résultat combiné de plusieurs impressionsfortes
propres à produire sur quelquesaliénés une révo-
lutionprofonde,et àfaire dissiperles illusions une
imagination égarée.
Y.
Sur l'usage de cer~/yM r~Mé~M plus pu 7~0~
acti fs et propres à seconder les 7Me<fMre~ du
traitement général.
jz8g. C'étoit un point de doctrinetrès-unpoï'tant:
parmi les anciens que l'usage de l'ellébore contre
la vésanie~ le choix, la préparation, l'administra'
tion de ce végétal, les remèdes préiimmaires, !e~
précautions propres à seconder son action et &
faire éviter ses effets pernicieux car l'expérience
avoit prouvé que ce drasuquc pt'oduisoit quelque-
fois des supo'purgntions violentes, des vomisse-
mens opiniâtres, des convulsions, des inuamma-
tions des intestins et la mort même. Je renvoie,
pour la connoissnuce de ces détails, aux articles
~o/'e, Elléborisme, que j'a< insérés dans
'.FEncycIopédie méthodique par ordre de matiè-
res. La désuétude dans laquelle est tombé ce re-
mède doit exciter sans doute peu de regrets
soit qu~oa considère que son administration se ré-
duisoit à un aveugle empirisme, soit qu'eue fut'·
dépourvue de tout fondement solide, c*est~n'd!re
de la connoissance historique des symptômes et
des diverses espèces de Faliénation mentale. La
médecine maintenant éclairée par les progrès de
la chimie et de la botanique, est bien plus ncn-
reuse dans le choix des purgatifs et des émétiques,
pnisqu'cUe enpossejedctt'cs.simp!es,etqneleur
antmn peut être déterminée avec précision, sans
être suivie d'aucun danger mais on doit toujours
regarder les méd!camens comme des moyens acces-
soires, dont on fait un usage d'autant moins in-
discret, qu'on on a des vuesptus étendues et des
ressources ptns assurées dans FensemMe des autres
moyens moraux et physiques. J'ai fait remarquer
en parlant des accès de la manie périodique, qu'ils
sont pour la p!upart précèdesd une sorte de coos~
tipation et d'une scnsibi!itécxtréme du conduit in-
testinul; en sorte que si on donne à temps une
boisson abondante d'une décoction de chicorée
avec quelque sel pm'~atif, on ramène la liberté.
du ventre et on fait disparoîtt'e tous les avant-
eourcurs d'une explosion prochaine de l'accès.
C'est uue véritë si connue dans les hospices et
fondée sur un si grand nombre de faits qu'un'
aliéné attaqué de ces affections intestinales est
à peine conduit à l'infirmerie qu'on le soumet
a l'usage de cette boisson laxative, et que le-
plus souvent l'accès prochain est prévenu, surtout
lorsque. la manie est sujette des périodes in'é-
gulièt'es et correspondantes aux variations des sai*
sons. J'ai aussi très-souvent remarqué qu'une diar-
rhée spontanée qui survient dans le cours ou le
déclin d'uu accès de manie, a tous les carac-
tères d'une évacuation critique, et peut faire pré-
sager une guérison prochaine en dirigeant ensuite
l'anéné avec prudence; et sur ce point mes obser-
valions sont conformes à celles qu'on a iaites en
Angleterre.
2()o. L'esprit généralqui règne maintenant dans<
toutes les sciences physiques doit rendre de plus en-
plus sobre sur l'explication des phénomènes en<
médecine, mais on n'en doit pas moins reconnoïtre,
en écartant tout raisonnement arbitraire, les rap-
ports constats qui paroissent exister entre certaines
afïectioos qu'on croit éloïguéesetquisont dans une
sorte d'enobaînementréciproque telles sont celles
de l'estomac et de l'abdomen,qui correspondent aux
écarts de l'entendement et aux emportemens fou-
gueuxde la volonté.Le cerveau paro~t sans doutele
siège des fausses sensations et des illusions du juge-
mect; mais l'estomac,les intestins exercent quelque'
fois une influence très -active sur ces déraogemens,
etdescbangemensgradués produits sur les fonctions
de ces derniers ont visiblement des effets très-ma.
nifestes sur les autres. On ne peut méconnoïtresur
ce point une conformité générale entre les méde-
cins anciens eties meilleurs observateursd'entreles
modernes, français, anglais ou allemands. Le.doc'
teur Perfect, qui a publié eu Angleterre un recueil
judicieux d'observations sur les aliénés, combine
en général quelquefois l'usage des émétiques et
souvent celui des purgatifs, avec les autres moyens
du traitement, et rcconnoîtavoir souvent à remé-
dier à une constipation opiniâtre, qui est uu effet
de la maladie, et qui la fomente à son tour. C'est
ainsi qu'il f~it prendre alternativement avec le
bain chaud, le tartrite de soude ou le tartrite de
potasse soit seul dans une décoction d'orge, soit
allié avec une substance douce et sucrée, comme
la manne. Il fait user de ces boissons pendantdeux
ou trois jours, et il lessuspend ensuite pendant une
ou deux semaines pour y revenir encore de la
mêmemanière. Quelquefois ii les fait prendre daa$
circonstances
une émulsion d'amandes, suivant les
de l'âge ,dusexe ou de ia sensibilité individuelle.Il
parle d'ailleurs en termes modères de ces moyens
subsidiaires,et il les fait regarder comme une sorte
d'Mppendice aux autres moyens généraux du traî-
tement. Les boissons bab!me!tet. qu'ttprescr!tJaas
les mêmes cas sont suggérées par des vues analo-
vineux,
gues. Ce sont tantôt du petit-lait simple ou
de la Jécocdou d'orge avec la gomme arabique et
le sucre, et une légère limonade ou orangeade~
tantôt Vautresboissons semblables, mucilagineuses,
sucrées et acidulées.
zg t. Peut-on révoqueren
doute quel'observation
ait conduit eu France: aux mêmes résultats, et que
dans l'hospice des atiénécs, comme dans rétabhs-
sement du docteur Esquirol, tous deux formés de-
puis près <!e dix ans, ou fasse aussi un usage ha-
Mtuet des mêmes boissons douces et des bains, en
entremêlant de temps eu temps quelque laxatif,
ou un cathartique plus ou moins actif, suivant les
circonstances? H y a seulement cette différencedaus
Je second de ces étabiisscmeus, que les personnes
soumises au traitement tiennent, en générât, a des
familles riches et qu*on peut y donner avec pro-
~'r
fusion des boissons agréaMes, Feau sucrée, la li-
`;S
monade, rorangende, les décoctions d'orge avec
difierenssirops, les émulsions d'amandes,le petit-
lait nitré, ou associé avec quelque substance saline
et purgative, etc.; ce qui ne peut point avoir
lieu dans un établissement national, où doivent
présider l'ordre et une économie sévère. Sous d'au-
très rapports on a eu France les mêmes regrets à
former qu'eu Ang!etcr)'e,puisqucdans l'uneet l'au-
tre contres les aliénés ne sont souvent soumis a un
traitement régulier et combiné qu'après avoir passé
Carlos dures épreuves d'uue polypharmacie coa~
fuse et dirigée d~une mamure empirique. C'est ainsi,
par exemple, que le médecin anglais dit qu'un
a!)éué, avant d'avo!r ëtë couMé à ses soins, avoit
été saigné qnatrc fois en trois mois; qne les vést~
catoires avoient été appHqué'! à l'occiput, au do~
et aux {ambes qu'on avoit déjà pratique nu sétoa
à la nuque qu'on avoit fait succéder les viotens
cathartiques ttux Jé~ers laxatifs que les gommes
fétides et autres antibystériques avoieut été sans
elict, de même que les vomitifs, les ventouses
scarifiées, les bains froids, et qu'en dernier résul-
tat, ces divers moyens prodigués ainsi au hasard,
au lieu de diminuer l'égarement de la raison, n*a-
voient fait due l'augmenter. Il seroit&cile de citer
plusieurs exemples aualoguespris duméme auteur,
et de les rapprocher de ce qui se passe en France
avant l'admission dans l'hospice desaKénées; ce
qui forme autant d'obstacles aux heureux effèrs
d'un trnitemeut régulier. Je passe les uns et les
autres sous silence, puisqu'ou les imagine sans
peine, et qu'ils dérivent tous de la même cause, de
~'ignorance, eu général, des vrais principes du
traitement de FaUëuatiou mentale. Mais il importe
de faire counoître un dévotement symptomatique
très -douloureux, et avec le sentiment d'une cha-
leur brûlante qui se manifeste quelquefois durant
Jes accès maniaques ou vers leur déclin en automne.
J'ai eu souvent occasion d'observer cette affection
parmi les aliénés de Bicetre (i), et elle étoit por-
tée quelquefois à uue si grande viotence, que )'eu
ai vu quelques-uns se rouler à terre avec les signes
des angoisses les plus extrêmes, et mourir quel-
ques jours après, saus que les caimaus ni les mu-

(t) H faut distinguer cette diarrhée symptomatique do


celle qui est bénigne, sans douleur, provoquée ou naturelle.
Fdr!ar(A~~c<~A/.tfo~.f,etc.) rapporte t'eMtnpte d'une
aliénation guérie en gronde partie par une boisson ëfncUsea
qui a agi pendant <pt<*)ques {ours à titre de purgatif. Uoe
femme robuste,&gée de vingt-cinq ans, maniaque depuis peu
d'aanëes,ëtoittombt!o dans un état de fureur; elle prit du tar-
tre <!mdtiqne (~/?/t'/Ho/~J</<QM~<!) à petites dosea,
et pour cutrctentrst'utementun état constant ue nausëes;on
appliqua aussi un v<is!eato!rc sur la tôtC) ce (lui, continué
pendant sept à huit jours, fut suivid'un soulagement marqué.
Mais le rétablissementparoissoit encore éloigné; alors l'émé-
tique fut donné dans du petit")ait pendant quinze jours, et
on favorisala libertédu ventre à l'aide d'un peu de magnésie;
dans la suite à ce traitement une préparationd'o-
on ajouta
pium donnée le soir à l'heure du coucher, et on noit par un
purgatif drastique.Le rétablissement s'opéra par degrés, et
après un mois d'épreuve, elle fut renvoyée guérie de l'hôpi-
tal de Manchester,quatre mois après son admission.
ctlagmeux, donnés en abondance, pussent arrêter
les progrès funestes de cette grave ajf&ctioudes in-
testins. Ou remarquoit eo même temps une grande
aridité de la peau; etcomme l'hospice des atiénés de
Bicétre étoit privé de l'avantage de leur faire
pren.
dredes bains, je o'avoisdansie premier temps, soit
pour prévenir, soit pour guéru' cette affection,que
des boissons iotcrncs qui étotent insuilisantes. Un
Leureux hasard,ou piututune cu'cons!ancepart!cu*
Jierc me Ct rccom'h-iaux fëuiUesde la
ronce ordinaire
( rubus ~w~o/'M//z L. ) qu'on ËLt prendre en
'décoction, et les premiersessais qu'on tit eurent
eu
UQ résultat si favoraMe, qu'on chargea des gens
de service d'aller dans Ja campagne oueutir une
certaine Provision de ces feuilles pour ne jamais en
manquer au besoin ,ct pour remédier au mal aussi.
tôt qu'il se decJaro!t, en faisant prendre une ou
même deux pintes par jour de cette décoction. Je
dois sans doute attribuer u l'usage itéquent
que
font les a!!énëes des bains dans toutes Jes pério-
des de Jeur ïna!a(!!e, la rareté de ces flux
sym-
ptomatiques, ou la iaciiité d'enat'rëter le cours
quand ils viennent à se déclarer; mais dans quel-
ques cas rebei)cs< surtout lorsque des aliénées
arrivées récemment dans l'hospice sont attaquées
de cette nncct!on intc!;t!n:ue à la suite d'une dicte
rigoureuse ou d'un rc~us opiniâtre de toute
nour-
riture, on a Ia!t l'usage Je plus heureux de ce me.
dicamcnt simple. Une dame tombée dans la
ma-
nie la suite deacouches,avoitété soumise, dans
ea famille, à une dicte rigoureuse de plus d'un
tno!s, et elle en avoit contracté un dévotementcolli"
quattf qui faisoit tout craindre pour ses jours lors
de son arrivée dans l'hospice, et qui l'avoit dé;~
réduite au dernier degré d'exténuation et de dé-
bilité. On lui fit commencer, quelques jours après
9
l'usage de la décoction des feuilles de ronce dont
elle. prenoit près d'une pinte par jour, et on re-
œarqua,huit jours après, une diminution si ma-
nifeste, que la diarrhée ne reprcnoit plus que pen-
dant la nuit, et qu'elle fut bientôt terminée.
2Q2. La marche qu'a suivie le docteur Locher,
médecin d'un hospice d'aliénés de Vienne en Au-
triche, mérite d'être connue, à cause des essais
~u'i! a faits de certains remèdes, quoique les résul-
tats en aient été incertains. Il semble ne comp-
ter pour rien les règles de police intérieure de
l'hospice, l'étude historique des symptômes de
l'aliénation, la division de celle ci en espèces dis-
tinctes, celle des aliènes en départemcns isolés, les
recherches d'anutomie pathologique;il n'admetque
la distinction générale du délire maniaque et më-
Ïancolique, sans mettre même de différence dans
le traitement; et jetant un coup d'oeil rapide sur
3es moyens généraux emptoyés contre cette mala-
die, il passe très-succinctement en revue l'usage
des émétiques, des boissonsdélayantes et acidulées,
des saignées, des vésicatoires,et enfin celui des nar-
cotinues ou préparations d'opimn (pt'it donnent !e
soir pour iairc éviter l'insomnie. Si la Maladie~
a)outc-t-i)~résiste, H faut passer prompt enaent à
traitement plus etïteacn, de crainte qu*cl!c ne de-
un s
vienne ctn'omque c'est dans cette vue qu'il a tente
rusu~e des uutispnsmodiques. Le niusc a été d'a-
hord nus a i'eprcuvc sur six maniaques (.il ne dit
rien sur le caractère de la marne ), et il a été adou-
nistré depuis j5 crains ( t3 déctgt'atnmes) jusqu~à
Mn scrupule ( y déci~t'utmncs), sous ibrme de bol,
avec le sirop de ket'tncs; ou secoudoit ensuite la
sueur par d'antres moyens subsidiaires continua-
tion de ce rc-tnede pendaot trois mois, sans obtenir
cependant d'autre résultat: que celui d'ioprë~neif
tout. l'hospice d'une odeur très-forte et tres-dësa"
grëaMe. L'usage de cet antispasnioJiqne a ct~ en-
suite rcmplacé par celui du. camphre, dont refu-
<'ac!tc, suivant. Locher, teucitàsa combinaisonavec
FaciJe d)-t vinaigre sous torme de mixture. Il a été
conduit des.iors a essayer l'usage du vinaigre dis-
tillé qu'il a iait 'rendre J'après-dtnëe, la dose d'une
once et demie cua~uc jour par cuillerées, à ua
quart d'ueure d'mtcrvane neuf aliénés ont été
~uet Is dans respace d'un, de deux, ou tout au plus
trois mois. Mais on voit combien ces essais sont
incomplets, et contribuent peu aux progrès de la
médecine, par le deiaui. de détermination du ca"
ractët'c spécifique de la maladie.
~)~. Une oppositionapparente daus les rësuhat&
de l'expérience sur la vertu du camphre, rend sen-
sible la nécessité de ne point se itorner aux carac-
tères génériques des maiadics, et. de remonter tou-
jours à ceux de l'espèce.Kenneir rapporte, dans
tcsTransactious Philosophiques~)~ quatre exetn-
p!es de guérison de la maute opët'ëe par i'adtn!-
mstratton du camphre. l''criar, autre mëdeciu an-
glais, dit l'avoir CMployc a toute sorte de doses
contre cette maladie, sans en obtenir du succès.
Locher, médecin de Vienne, est aussi du même
avis, d'après sa propre expënence.Qu'Indiqueune
pareille dissemblance d'opinions, sinon que les uns
ontemptoyë le camphre contreccrtaiuescspùcesde
manic,etd*nutt'cs contre des espècesou des varlëtës
très-difiët'entes; mais parmi 'les médecins angiais,
celui qui a fait l'usage le plus constaut et le plusrë-
pété du camphre sous difterentea formes, est io
docteur Pet'iëct ( ~/M~ o~ ~a/); il l'a pres-
crit le plus souvent combiné avec le sucre et le
vinaigre de la manière suivante
Pr. Camphre, ~og)'a!ns;
Sucre, 6 a 8
onces;
Vtnaigt'e chaud, 12 onces.
On en forme une mixture qu'on donne par cu!ctdea
de distance en distance, surtout !e soir et !n nuit.
20~. Mais comme l'usage de ce remcJc a ëtë

(t) ~~r~e~c~ 2~<c~.jP~o~.MJ< CZ~/wy.


Parts '~Ut.
souvent combiné avec des boissons purgattves,co!n<
ment peut-on évalueravec précisiou sou ef!lcac!té?
C'est ainsi, par exemple que dans un de ces cas, ce
médecin avoit fait appliquer un séton entre les
épaules et dans la direction de I'ép!ne, ce qui pro.
duisoit un écouJement considérable il fit prendre
en même temps, de trois cntt'o!s {ouraetpeadaut six
semaines successives, une émulsion d'amandes dans
laquelle on iaisoit dissoudre de la manne et du tar-
trite de potasse, et on y joignoiencore une boisson
formée par une décoction d'orge et une solution
de manne. On iaisoit prendre le matin des jours In-
termediah'esun verre, à différentes reprises, de la
mixture précédente dans laquelle on avoit ajouté
encore quelques gouttes d'un mehnge d'alcali vo*
latil et de teinture de lavande composée. On doit
être étonné que dans uu siècle où la chimie a ré-
pandu tant de lumières sur Ja matière médicale, et
où l'élude de l'histoire naturelle a du commuât*
queraux médecin!; un vrai talent observateur, ou
puisse se permettre l'usage d'un remède uussi com-
pliqué t~t dont il est si dïfncite d'assigner Jes effets
directs. Le même médecin a fait remarquer que dans
l'espace de dix jours cette a!icuéeétoitde venue plus
calme et plus raisonnable et qu'eDe avoit obtenu
pour la nuit un repos plus propre à son rétablisse-
ment ce qui pent~ être vrai; mais commentaJors
établir Mne relation eun'eÏ'cftetetuaecauseaussnm-
péuétrabïe?En écartant toute cette polypharmacie
monstrueuse et en sea tenant :t des principes
c!airs, il est reconnu, que le camphre possède une
qualité sédative, et que les acides ont cette pro-
priété plus ou moins marquée, qu'cnjm le sucre
n'entre que comme un intermède pour iacU!ter
solution du camphre dans Je vinaigre. J'emploie
donc la mixture précédente dans les cas d*une
grande excitation maniaque, et j'en fais prendre
alors quelques cuillerées le soir po~ur calmer les
symptômes, ce qui donne toujours des résultats
favorables; mais comme on doit se prêter aux cir-
constances, et qu'on ne peut vaincre que!qucfb!sla
répugnance que certains maniaques témoigne 06
pour ce remède qui est désagréable, je fais substi-
tuerune émulsion d'amandessucree ou m!ei!éc dans
laqueHe on &tt dissoudre un denn'gpnin ou un gratu
d'extrait aqueux d'opium, ce qui produit encore
des effets plus surs et moins variahtcs. Ce n'est
qu'en employant des remèdes simples ou tout au
plus combinés deux à deux~ lorsque leurs pro-
priétés auront été constatées séparément, qu'on
pourra parvenirà des résu!tat~<éterm!nés,enuxaut
d'au!eursl'espèce particulière ou la variété remar-
quable de Ianaan!e qu'on cherche n gucrh'.C'esb
sousce rapport que j'approuveI'assoc!ation du quin-
quina avec l'opium proposée par le docteur Fériar
contre la mélancolie:avec une sorte d'atonie et uu
abattement extrcmc.aius! que dans l'idiotisme acci"
dentel qui succède au traitement trop actif de 1~
manie.C,emédecin parle d'un jeune honunede seïze
ans qui avoit une sorte de délire taciturne avec les
tra!tsa!téré8,tapeau}auneetunpouls foible et lan-
guissant il lui prescrivit deux gros d'un électuaire
de quinquina avec deux grains d'opium,à prendre
matin et soir: le changement fut peu sensible pen-
dant quelques jours; mais dans Ja quinzaine sui-
vante les progrès vers le rétablissementfurent très-
marqués et la guérison fut complète. Un reste de
maladie, manifesté par l'enllure des jambes, céda à
des frictions avec la farinc de moutarde.
S()5. Le reproche fait )ustemeut aux médecins
de leur connance aveugle dans un appareil ias-
tueuxJemcdicamens et dans la foiblesse de leurs
moyens souvent iUusoires, ne peut atteindre
l'homme (jui est au contraire tres'sobre dans leur
usage,(pti ~ctcvcanx vrais principe:, de ta science,
et qui puise ses ptiuripuics ressources dans l'en-
semble de toutes les impressions physiques et mo-
Kdes propres à produire un changement favorahic,
après avoir d'ailleurs bien approtbndi l'histoirede
la marche et des diverses périodes des maladies.
J'espère que la iecturc de cet ouvrage tera voir que
ces idées fécondes ne me sont point ëtrahgèrcs.Les
medicamensentreut dans ce p)an gënëtat comme
moyens secondaires, et ce n'est encore que lors-
qu'ils sont placés à propos,ce qui 'est un phénomène
assez rare. Il sera iacile desentir !a justesse de cette
remarque en considérant ultérieurement ie traite-
ment de ra!!ënat!on mentale sous les dtvers rap-
ports~ soit de l'Age du sexe, des périodes succès-
Stves de cette ma!adïe, de son état récent ou invé-
téré, soit cfRn'dë sa compticationfréquente avec
rhypochondrie ou d'autres maladies.

vj.
Coyt<o~ relatives au traitement ~Mc<&c~;
~n~ ~CM~/ne ~o~éMe~~o~e~
TM~M~' i:f
296. Un exemple part!cuHer rapporté dans;tpns
ses détaiis (z5o), a reodu sensiblesla marche géttë~
rale de la man!eet ses diverses périodes. J'a! mdtqué
ensuite (tSy~ia d!strtbm!on iméneure de l'hospice
des aliénées, et comment elles av'oieut été dtvtséea)
en trois départemeasdifiereas,suivant teplus haut
degré de la manie (i), sondécHnouIaconvales-

(t) L'etabtiMetnent part!cuUerdu ~octem' Es<ju!rol en &~


veur des aliénés est situé entre les Boulevardset le Jardin des,
PiaptM consent dans son enceinte une sorte de verger:
rempli d'àt'brisscauxou d'arbres, ce qm te fait participer,
soit par ses dépendances, soit par son vo!s!nage, aux b!cn-
faits d'une immensevegetatton; il est heureusement distribua
pour séparer les aliénés tes uns des autres, pour Mo!er tes
personnes du sexe, et les convatescens de ceux qui,. sont
en traitement. Chaque aliéné a un domestique exdusivemcnt.
attaché a son service, qui couche toujours près de sa cham-
bre, ou même dedans, si cette mestu'c est jugée nécessaire.
cence. C'est dans tout le cours de la quatrième
section qu'ont été exposées tes rè~esde police inté-
rieure relativessoit aux diverses périodes de la ma-
nie, soit au~ ~divers genres de Faïiénation menta!e.
Enfin je viens de soumettreà un examen impartiat
les divers moyens mis en usage pour remédiera Ja
maoie considérée dans sa première période, et les
résultats d'une cxpér'!ence éclairée. Je passe main-
tenant au même traitement médical relatif à la
deuxième et troisième période de la même ma-
ladie.
297. Le local aSecté à ia deuxième division des
femmes aliénées (ï8§), c'est-à-dire de celles qui.
sonban déctio de leur délire, renferme.en génépal
les avantagea qu'on peut en attendre. ti ne sù~t
point pour qu'eHes y soient transférées qu'on
remarque par intervallesquelquesmomens jtucides

Toutes les formes extérieures propres a attrister en sont


prôscrttes, comme barres de fer aux croisées, gros TcrroHK
aux portes, cordes pour garotter les malades. Les croisées
sont garanties par des persienne qui s'ouvrent facileMent
torsqu'on ne craint aucune tentative dangereuse de la part
de t'a!iëNe pour se précipiter. Les furieux sont toges an
ro~-dc.ctaussee, et !ëurs chambres sont en p!anches; ÏM
portes sont en face des croisées~ les persiennes s'ouvrent et
serraient eA dehors~ !ës !atnes en sont' mobiles, en sorte
qu'en les inctinanteHës jfbrment une sorte de volet. C'est aidsi
que tout concourt au même but et est heureusement disposa
pour le traitementd'une raison égarée.
et des retours de calme on exige encore un chan-
gement plus .{avorabie, le sentiment de sa propre
€x!s.teace, une cessation de l'effervescence antë"
rieure, en renouveHement des anciecacs baMtudës,
ett~état précèdent d'agitationou de fureur recaplace
par quelquesabsencesmocaehtaùëe~ c'e~atts~t par'
fois une inquiétude vagué qui s'exbatë en mouvc-
mens !rrëgal!ers,encourseereatûuvelées saaf~ aucun
but particulier, en promenades sans ordre et sans
sutte.Danscetétatiotert<tëd!airë, ou piatôt dans cette
marche progressive versterëtabt!sséMeatcD~i6rde
la raison, ces ioSftnes d'entendement restent dans
leurs loges, tour a tour debout ou assises; mais sans
contrainte,et avec toute ttbet'té des mouvemens,
à moins de quelque agitatiou passagère par une
cause acc!denteHc elles se protnehent sons les
arbres ou dans un enclos spacieux adjacent, et
quelques-unes, en se rapprochant davantage de
Fêtât de convalescence, partagent les travaux des
Ëiies de service~ s'occupent à puiser de réàu, &
enlever les saletés des loges, à laver Ïe pave et &
remplir d'autres iohct!oas plus Ou mo!ns actives et
pcmbïes.Vtcnt'oo à apercevoir dans queiques~ùncs
de ces femmes un retour des symptôtïtes d'e~c!ta-
tion, ou des apparences d'une rechute propres à
répandre lé tumulte et le désordre autour d'eHe~,
on y remcdtè ausSitôt par des bains ou des boissons
délayantes, et si cet état vient à persévérer, on les
fait passer de nouveau dans la cour du traitement j
s! FaméHoratioo au contraire se soutient, et que le
rétablissement de la raison se confirme de plus en
plus le temps d'épreuve est abrégé et on augure
dès-lorsun passage prochain audortoirdeaeonvales-
centeSt Une expérienceconstante a appris combien,
dans cet état de foiblesse de l'entendement, une
simple tmprudence, une visite prématurée d'un pa-
rent, d'un ami, ou bien quelque nouveMe afutgeaute,
peuvent produire que!qucjb!suoeétnotion des plus
vives, et ramener l'nnctcn égarement-dela raison.
Une femme qui étoit calme et raisoaDaMe depuis
plus d'un mois, reçoit furtivementdans un paquet
de Hnge une leUre d'un de ses parens qui l'attriste
vivement dés-lors le sommeil se perd, l'agitation
augmentepar degrés un délire furieux se déclare,
et il s'est passé près de six mois daas la cour du trai-
tement avant qu'on ait pu remarquer un change-
ment favorable. Le retour progressif du calme et
de la raison s'est ensuite opéré lentement, et cette
femme a été rendue à sa famille après une longue
convalescence.
zgS.UndeschangemenslesplusfavoraHesopërés
par l'administration dans l'hospice des aliénées, est
d'avoiradjointde vastes dortoirsisoléspourrecevoir
les convalescentes et assurer l'enUer rétablissement
de la raison avant leur rentrée dans la société c'est
là le local destiné a la troisième division des aliénées.
Ces dortoirs, où règne la plus grande propreté etqui
sontd'atllcursbicnaérés,conticnncntenviron quatre'
vingts Ïits, et sontsous-divisésen quatrcdépartemens
qui pernïMtentune lihre communicationentiletlux,
et qui ont l'avantage d'étaMir un passage gradué a
une convalescence confirmée. Le plus grand calme
règne dans cet asyÏë, et, pour mieux l'assurer, on
engage les convalescentes à travailler dans un vaste
atelier au tricot et a la couture (188), et on excite
leur émulationpar un léger salaire. Un des pr in-
cipes fondamentaux est d'écarter de ce lieu tout
sujet de mécontentement et d'aigreur,tout motif de
chagrin et d'inquiétude: choix attentif des nUes de
serviceles plus douces et les plusactives, exactitude
extrême dans l'heure des repas, alimens préparés
avec soin, surveillanceassidue pour éviter tout su-
jet de dissention et de trouble, attention constante'
de ramener dans !a deuxième division les femmes
d'un caractère indompté et acariâtre, ou celles qui
sont sur le point de faire une rechute; il faut aussi
être toujours en garde contre les sorties prématu-
rées. Une expérience constante apprend combien
ces divers objets doivent être surveiités avec soin.
Une jeune convalescente éprouve tout à coup une
vive effervescence pendant la nmt: elle sort de son
lit, parle avec volubilité, pousse de temps en temps
des cris aigus, et communiqueune sorte de frayeur
à ses voisines. Dès cette nuit trois autres convales.
centes retombent dans un accès passager d'égare-
ment ce qui obligea de ramener ces dernières à ïa
deuxièmedivision, et la jeune personne dans la pre-
mière pour y être de nouveau soumiee au traite-
méat. 11 est sans doute très-doux dans c~ état de
convatescencede revoir ses proches, de renouer
ses anciennes liaisons, de s'occuper de certains inté-
rêts de ~m!He, et de préluder ains! a ucetentree
prochaine dans la societc mais il est utile aussi de
~aire connoître les inconvéniens attachésquelque-
fo.is à ces entrevues. Une jeune victitoe d'un amour
~alheurcu~ ayo~ repris depnis peu rc~~er usage
~e sa rais<M?.Ses proches la croyant e~ieFementgué-
rie, sollicitentvivement sa sortte ,et loin deso rendre
aux avis qu'on leur, donne de différer encore
quelque temps, ils viennent en nombre pour ~a faire
so.rth' par artitice; mais elle fut reconnue à !a porte
et ramenée dans l'hospice, ce qui produise en elle
une grande contrariété et une rechute.
2gg. Je reviens encore à l'établissementparticu-
lier dont je viens de par!er,etqut est dingé suivant
des principes analogues. C'est dm'apt des visites fa-
nuMères ou la prom~u~de, que le dooteur Esqujt'ot
appnque avec hahUeté !e traitetneut mpratau déclin
de la manie ou durant la convalescence. Il console
l'ua, encourageFautrc,s'entretientavec uo më!ao'
colique et cherche à dissiper ses Musions chimé-
riques, il étudie la suite de leurs idées; ilchercbe
u dénier les aHectionsInvolontaires qui entretien-
nent l'égarement de la raison; tantôt il combat leur
fausses préventions; tantôt il semble se rapprocher
de leurs opinions c~agcrëes, ou memeseprêtet'à
jours frivoles caprices pour obtenir leur bienveil-
Jauee et préparer ainsi l'heureuxeffet des avis les
plus salutaires.Aussitotque l'aliénédonne des signes
non équivoques de convalescence, il est admis à la
table coïntMane avec le médecin, et âpres quelques
jours de cette épreuve il passe dans la partie de l'é-
tablissement destinée aux convalescena, ou il sé-
journe plus ou moins de temps pour connrmer son
entière guérison. Là les logemens réunissent~ sans
aucun objet de luxe, une grande propreté et tout
ce qui peut être agréable aux malades, avec la fa-
cilité des promenades dans un jardin adjacent. La
jibertéest alors entière, l'influencedesdomestiques
cesse,etle médecin vit familièrementavec ses conva*
lescens; on se réunit pour déjeuner, pour jouer au
billard, pour se livrer à certains jeux une partie
des soh'ées se passe dans un vaste salon pour jouir
dela musique, et lorsqu'on ne prévoit point d'in-
convénient, on donne la liberté au convalescent
d'aller se promener avec son domestique au Jardin v

des Plantes, ou bien en voiture dans la campagne.


3oo. C'est un signe de mauvais augure que Je pas-
raison saine,
sage brusque d'un état de délire à une
puisque c'est là le caractère ordinaire d'une manie
périodique et le plus souvent incurable. Un état in-
termédiaire et un changement favorablequi s'opéra
solide des
par degrés, annoncent un rétablissement
facultés morales, pourvu que r!en ne trouble cette
tendance naturelle, et c'est lu le moitf des precau.
1
tions sans nombre qu'on prend dansla division des
convalescentes,et de la snrve!i!ance sévère qu'on
exerce pour saisir aussitôt les moindres caractères
d'une rechute qui se déclare, et pour appliquer les
moyens d'enarreter le développementultérieur.
Aussi a-t-on soin dès que ces signes sont connus
(scct. M), de faire prendre des bains tièdes ou quel-
'que douche légère, de prescrire des boissons mnci-
Jagineusesouacidu!ées,de recourir à de !éget's ëva.
cuans, soit une eau émëtisëe, soit une solution d'un
sel purgatif, etc., pour remédier à la constipation
qui est alors ordinaire. Certaines circonstances
peuveot aussi demander l'application des sangsues
ou d'un épispastique, quelquefois aussi d'un léger
calmant, lorsque l'excitation ncrveuseesttrès.maf-
quée. C'est en général par des propos doux et con-
solans qu'on doit soutenir l'espoir, relever le cou-
rase faire entrevoirla sortie
prochaine de l'hospice,
écarter enfin tout sujet réel de mécontentement et
de discorde.Touteestdans l'ordresi, aprèsune !égè:'e
effervescence, les traits de la tace conservent. leur
accord harmonieux et que le goût pour le travail
se conserve. Mais si le convalescentreste inactif et
silencieux,ou si ses traits s'animent et que rien ne
nxe son inconstante mobilité, on a tout a craindre
pour l'avenir, surtout s'il se livre, pour des objets
les plus légers, auxcmportemens les plus fougueux
et a toute l'exaspérationde son caractère. Alors le
traitement doit de nouveau recommencer avec
toutes les modifications dont il est susceptible.
30 J. Une des préventions les p!usgénéra!escontre
Je traitement de la manie, ou plutôt une opinion
devenue populaire, est que cette maladie est tou-
jours sujette à des recitutcset que la guérison n'es~
qu'apparente; c'est par conséquent un des.points
sut' lesquels il a été important de s'en tenir
au ré-
sultat d'une longue suite de faits appréctés avec
impartialité et constatés avec soin; c'est ce qu'on
trouvera dans la section suivante. Ii suffit deremar*
quer,enattendant, que ces rechules sont unesuite,
soit de~ sorties prématurëca de l'hospice solli-
citëes par les parens, soit d'un état de détresse
postérieur et de mauvais traitemens reçus au sein
de ia famille, soit enfin parce que la maladie est de-
venue déjà périodique depuis plusieurs aanées et
-qu'ondoit la regarder comme i ucurabi e. Un exemple
fera voir à quelles dures extrémités peuvent être
.réduites des convalescentesà ïeur sortie, et s'I! n'est
pas même alors douteux que la maladie a été pro-
duite une deuxième fois par une cause physique ou
morale. Une jeune fille traitée dans l'hospice, après
un état complet de délire de plusieurs mois, étoit
si bien rétablie qu'elle fut encore employée
au ser-
vice des atiéaëes pendaut plus de trois mois, saas
<tonner!emoindt'e signe d'égarement;eUcsort!taIor8
de l'hospiceetserenditdansuuemaison où elleavoit
été précédemment au service; mais rebutée par ses
anciens ma!tres sous prétexte que la folie pourroit
<ucoreserenouve!er,elle cherche envain d'autres>9
ressources et tombe dans la plus grande détresse.
Comme elle étoit Juive d'origine, elle espère trouver
d'autres moyens de subsister à Strasbourg parmi les
JuMs,eteUeentrepreadcevqyage,exposëeàtoutes
les vicissitudes d'un état entier de dénuement. Elle
ne trouve par-tout que refus, abandon et mépris,Ip
etelle nnit par être ramenée dans l'hospice, réduite
à un abattementextrême et tombée dans une sorte
de stupeur mélancolique.Soc regard est celui de la
consternation, et elle s'imagine être condamn&e à
périr surl'écnaiaud,ce qui lui fait souvent pousser
des soupirs profonds et demander grâce. Pendant
les deux premiers mois elle mange peu, reste ac-
croupie au fond de sa loge et refuseavec obstination
d'en sortir; peu à peu elle paroït sortir de cet état
de stupeur, et elle maoiteste par intervalles quel-
ques lueurs passagères de raison qui deviennent de
plus en plus durables. On cherche à dissiper ses
craintes, et on lui fait entendre qu'elle ne sera plus
réduite à sortir dernospice. E!Je reprend son cou-
rage en se rappelant les bons soins qu'ou lui a jadis
prodigues, et peu de temps après e!ie reprend s«
gaieté, sou goût pour le travail et I*état Je plus cont-
plet de convalescence. On ne peut que s'attendrir
sur le sort de plusieurs aliénées,si souvent les vic-
times, même après leur guérison, des préventions
qu'on a contre eties et de l'ignorancedu peuple.
vu.
T~r~MM~o~ cr~yM~ ~0 l'aliénation qui ~o~n?
yM~M<?/0~par des ~~<WM ~OM~ZM~~

3o2. II y a un grand accord sur la manière d'en-


visager la médecine parmi les bons esprits et cette
confbt'm!té, comme on l'imagine, ne consiste point
à multiplier les formules des médicamens, mais à
combinerhabilement les ressources du régime mo-
ra! et physique, pour produire, surtout dans tes ma.
ladies chroniques, un changementlent et durable,
ou pour provoquerla nature à quelques-unsde ces
eSbrts conservateurs qui lui sont pr9pres et qui
aboutissent à uneguérisoninattendue.Les médecins
anciens et modernes ont reconnu que l'aliénation
se termine quelquefois par des varices, un écoule-
ment hemorrhotda],la dysenterie,une hémorrhagie
spontanée, une fièvre intermittente.Mais ces termi-
naisons favovables, soit lentes et graduées,soit par
une sorte d'explosion soudaine et inattendue., sont
ioin d'être le fruit d'une vie sédentaireet apathique,
d'un morne etsi!encieuxabattement,elles résultent:
d'uue méthode sagement adaptée au caractère et à
la constitution. de Fiant'me, à l'espèce particulière
de l'aliénation et à sa période p!as ou moins avancée ç
de~à.riniluence puissante de l'exercice du corps,
de la musique, de la lecture, d'un changement de
séjour, des voyages (i). Presque tous les faits rap-
portés dans ce Traité attestent que les aiténauons
produites par une cause morale cèdent le plus sou-
vent aux efforts salutaires de la nature quand elle
~cst point contrariée deux exemptes feront voir
quelles sont ses ressources, même lorsque la cause
de l'aÏténat~on est matérielle ou physique.
3o3. Un jeune homme attache a Ja véuerîe sous
I*anc!eu gouveruement,est chargé de faire des Me-
tions à des chiens gâteux avec de ronguent mercll-
Mel~ il contracte par là une sorte de. ga!e dont les
boutons sont très-pents, se frotte lui-métneavec
ronguent citrin on sulfuré, et paroît guënc!e cette
affection cutanée; mais !tsc manifeste b!eotôtapres

(t) Je puis en rapporter un exempte pris des écrits de Val-


tet'!o!a(0~<?/f.A~< j!~), et digne d'&trcc!tc,parrM<
prit de sagacité qu! y règne, en élaguant toutefois les ifbr-
tMu!es (les mëJtcamens dont il est hcr!sse.
.Un jeune homme perd !a raison à !a suite d'un amour v!o-
lent et contrarié, et, ses paremau désespoir conjurent te mé-
decin d'emptoyer tout ce que la prudenceet le savoirpeuvent
offrir de ressources.L'dtoignementdu jeune n!)cn<! des lieux
propres u lui rappeler t'ohjet aimé est d'abord jugé néces-
Mo'c; on le trans~t'e dans une maison de campagne agréable
et d'ttn aspect riant; rien ne manque àcesejourdedëtices;
jardins ilégans, pare immense, belles prairies, bassins, con-
rans d'eau pur< i'air est embaume du parfum des roses, des
myrtes, des ~!cm's du citronnier et d'autres plantes arotna-
tiques ce qui rendoit !a promettade très-divers! uee. La société
dos signes d'une aliénation complète:tantôt Uihit
des actes d'extravaganoe,.etse Hvreà une loquacité
exubérante et décousue, sans aucune cohérence
dans les idées tantôt ii reste plonge, dans une tact-
turnité sombre. Le traitement ordinaire, de FHo-
tel-DIeu, quoique continué deux mois, échoue
et ne produit aucun changement. Il fut transporte',
dans une pension du faubourg Saiut'Antoioe du-
rant l'hiver de 1788, où j'eus occasion de l'obser-
ver. On eut d'abord recoursaux moyens ordinaires,
auxboissonsreiachautesetpargativesavec quelques
caïmans le sp~r, et il iut pius tranquille. Au prin-'
temps il nt un ust)ge ~ong-tempseoutinuë des sucs

ord!o~re du MoMe est nombreuse et cdtupMéo d'émis `


choisis~ ce n'est qu'un cnchaïooncnt'presque continuel'
Jejeui, d'amusetnens,de concerts dcmus!quc. Le dët!re
ëfotique paroit céder un peu à tant d'objets de diversion
!ua!sd'ane!cns souvcnu'syep)oagco!cnt par intervaUesle nMt-.
peureux jeune homme dans ses premiers ëgarcmens. On cr<)!t
(!cvdîr l'éloigner encore davantage de son premiersëjoup~ et
it est' transféré dans un bourg agrcab!e, ou t'on s'empresse
de ven!r seconder tes bo~ofHces du ntëdec!n; mats le malade
étoit' a!or& mine par une nëvre ïente et une sorte de cohsonip-
t<onhect!que.On' eut alors recours aux calmans et a un ré-
gime restaurant et ton!quo; on y joignoit souvent despëd!"
tttvcs, des totiops. d'eau tiède, des douches sur la tête~ cer-,
tains jours, des concerts de musique pendant qu'it étoit dans.
le bain, ou bien des lectures et des entretiensa"rcab!e& Lc<
accès de délire diminuent par degré tes forceset l'embonpoint
se reHbUMcnt,et la raison finit par rcpreodre
son chtpire.
dépurés domptantes et des bains tièdes.etcoiut
après cette époque qu'une affection inflammatoire
erratique se porta dans différentesparties de la peau.
On recoarquoit quelqueibis une tumeur rouge à la
partie moyenne du tibia; on appliquoitdes topiques
émollicns mais cette tumeur, au lieu d'abcéder,
Snissoit dans quatre ou cinq jours par JisparoÏtre.
Jl senaaui~stoitsuccessivementauxbras, aux cuisses,
aux jambes, de grosses pustules quise desséchoient
après un léger suintement. La poitrine étoit aussi
successivement, affectée, avec oppression, difficulté
de respirer et des apparences d'une sorte d'asthme,
ce qui sembloit dégager la tête, puisqu'alors oure-'
marquoit des intervaHesde caimc.Huitmois se pas.
sèrent dans ces alternatives sans un changement
durable et bien marque dans l'exercice des fonctions
intellectuclles. Le malade étoit un jour a prendre un
bain tiède; lorsqu'on aperçut un gonnemeat dads Ïa
parotide droite; ic lendemain !a tumeur étoit très-
dure et tf es rouge: application des cmduieDS signes
de fluctuation aa septièmejour, et, issue, pur ta lan-
cette, d'une matière purulente suppuration abon
dante pendant une vingtaine d~jours~ et fbrmaubn
de la cicatrice. La marche de la hatot'e n'a point été
ici équivoque ~puisque la termin~isoh de l'abcès a
été l'époque de J'eutiër rétablissementdp la ràfsoh,
que le maladeest soi'ti du pensionnât pariaitethent
sain d'entendement, et que je l'ai vu quatre années
âpres sans que sa gncnson se lût démentie.
3o4* J'ai aussi été témoin d'un exemple de la ter-
minaison de la mélancolie par une jaunisse. Un
joaillier éprouve un accès de maoie sans aucune
cause connue, et est trausporto dans une pension
du faubourg Saint-Antoioe où j'étois souvent ap-
pélé (c*etoit en 1786); il étoit dans un sorte de délire
doux et. tranou!He, se promenoit presque toujou~
dansle jardin ou dans sa chambre, en parlant à vois
basse et avec un léger sourire;'il repondoit~ avec
justesse aux questions qui lui ëtotent proposées,
mangeoit à l'ordinaire et étoit tres'tranqaHie du-
rant la nuit. Des aceèsd'unemélancolie profonde se
xnanifestoieut durant le printemps et l'auton~ne:
alors, pendant un mois et demi ou deux mois,'tac~
turnité sombre, refus de répondre quand on, î'in-
tetTogcoit, tfaitsdu visage altères etsortedecouleur
iuride. A chacune des deux saisons~ usage de bois-
aoDS purgatives, des bains
froids. aveo des douches 9
et enfin. des sucs dépurer des p~autes. Ces femèdcs
He paroissoient produire qu'uu
soulagement passas
ger; Us furent continuescinq anneessans uof progrès
sensible et durable pour l'état nMra!~ Un ictère
d*oetobrë~e
se decbretoutàcoup vers ïe milieu
cannée ï 791 < sans aucune cause connue et comme
par un eQbrt salutaire de Ja nature. Ou se
borna à
l'usage des boissons délayantes ou acidulées avec le
degrés après
suc de citron, et Fictère se dissipa par
deux mois de durée c'est depuis cette -époque
que la raisons est rétablie sans aucune
rechute.
VIÏï.
D~7CM~ etimportunce de ~c~<?r ~/M cer~~
cas, M f~~M~O/! ~CMf~'e ~M~ jEa?C7M~
~j'-r~/M~~Z'/e. t.
3o5. La posstb!tité de guém'ra!tenatbn mentale.
dans un cas détermmé est une des questions dont
la solution peut'tenir autant à Je grands intcréts,
qu'être difficile et compuquée. L'expéneuce a sans
doute fait vo!r, soit en Angleterre, so!t en France,
qu'i! est tres-ord!aa!t'e de voirse prolonger pendant
toutlecoursdela Vtejamélancojte rei!gteuse,iamanie
com pliquée avec l'épilepsie,l'idiotisme, la démence,
la maniepénodique rëgulière.Maisiaprudeoceper.
met~cUede prononcersm'leur iacurabiiitë atMoiue?
Dans les cas même d'une manie périodique irréau-
!ière qui oiïre tact de chances favorabtes a la gué~-
son(3g),que de circonstances q~i la font échouer!
,C'est cependant au jugement des médecins qu'on
en appelle d'abord, et il s'agit ensuite d'une inter-
diction juridique à faire prononcer, d'une dissolu-
tion de l'union conjugale, d'un patrimoine ou d'une
fortune considérable (i) à faire passer dans d'autres

(t) Un cultivateur prive par !a' réquisition d'un de


Ms fils, en t'an 5,. tombe dans un cbagrin profond,
perd le sommeti,et manifeste bientôt tous les égaremens de
Ja.raison. Un aMtre fils qui lui reste t'nniëtme dans
uno
chantbrc s'empare de ses biens, le truite avec la dcrnn.'ro
<pa!ns, quelque~ d'une couronne. Que de con"
Mo!ssance9 ;et'cadues~ que de dtscernentent pour
saisir le vrai caractèrede FaUcoatbn et prononcer
sur t'avecM'Me!!entot'aï)tëà toute épreuve est:
nécessaire pour ne point: obéu' à une impulsion
etraugère!; Je jVa!s donner quelques exemples ou j
l~déc~tooétQiti plus Simple et plus ~ac!!e.
3o6. Uu )af(~n!ep, mat'!ë dcputs quelques années,
commença ~~pf ou ver tea tourmens de la jalousie,
spupçenoantsa .~umme d'eutreten!r un commerce
!H!cjt€av<!e un prêtre. !i chercha a &!re divers!on

<!ufeté,'ct pwt~ ajos! !a fureurde son ma!hcurcuxpereou.


dcrn!er<!p~rd;<!d Ytotencc.L'!mposs!b!t!té de le traiter dans sa
propre ma~ondtant bien reconnue, l'ordre de le transférera
B!cetre est obtenu et émeute. Ses accès de mante continuent
d'être t~ès~-vtotëasdurant !a saison-des chatears; mais le calme
soceede'veMiedëëïiadet'automneetsemainHentpendant rhi-
TB!'t;A~pr!n!ejnp8 quelquesboissons taxât! vos, donnéesdes iëa
premiers indices d'une excitation nerveuse, prëTiennent ràc-
cës smvant, ctdcs-tors ]C )Ugo vers t'automue qu'it peut être
rendu a sa iamitte. Une lettre que j'écris a son fils rcste'sans'
réponse; je n'eus pas.ptus Je succfs auprès de !a municipalité-
du lieu a 1aqué!tcj'avois eu soin d'écrire deux fois par la pos~c.
Ua~personnequi s'intcressoit vivement au sort de l'infortune
curateur, se chargea d'une troisième lettre, ou je dectarois
!a. guéridon da ce dernier et l'urgence de to faire rentrer
dans;Ïa possession de ses biens, ce qui fut aussitôt exécuté,~
ma~ré~nducncequelc.ntsexcrcoitauftMontciers muni-
cipaux. Ce fut avec aUendrissementquête vis, l'année sui-
vante, ce,hon cultivateur venir, avec une corbe!Uede&'uHa
cuci!tu dacs'son cnctos, me témoigner sa gratitude.
à son chagrin par des excès de boisson, tomba dans
un état maniaque des plus violons,etfat conduite
Bicétre après le traitement usité autrefois à l'Hôtel.
Dieu. H éprouvaencore des accès de plusiearsmois;
mais dans ses intervalles de calme, il jouissoit plei-
nement de sa raison, et on lui fit partager les onc-
tions du service intérieur. L~habitudë de se livrer &
la boisson lui devint alors pius facile et dans tous
ses excès il sentoit renaitre toutes ïestureurs et tes
ombrages de sa jalousie primitive.Le divorce étoit
demandé par sa femme, et=il mie fallut prononcer
s'il restoit encore quoique espoir de guérison.L'oc-
caston prochaine de nouveaux accès qu*aUroit eue~
l'aliéné dans sa propre maison, son penchant a con*
irdcterrivresse, et les actes de fureuretde violence
dont il étoit alors capable, ne me permirent pas de
balancer, et je fus d'avis que sa réclusion devoit
être continuée, pour ne point compromettre la s&
reté de sa. famille. w
3oy. Un ancien marchand que de fausses
com-
binaisons avoient jeté dans Finfortune, avoitnm
par devenir aliéné; mais il ne déitroit que sur un
point, celui de ~c~r~ar/ecommerce Je.
lards et la moindre oppositionà cette Idée le ren-
doit furieux. Le libre, exercice de la raison qu'H
mani~estoit sur tout autre objet, etqui ëtoit'insufB.
saut pour obtenir de ma part une attestation favo.
rable donnoitsans cesse lieu à des réclamatione,,
à des pétitions aux corps administrati&, des pla~
eets aux ministres, sous prétexte qu'il étoit victime
de sa. femme, contre laquelle il se répandoit sans
cesse en imprécations et en menaces. Des entretiens
eonvent répétés mem'entconnoîtreson délire par-
ticulier, ses dispositions haineuses et violentes c6
l'histoire en fut communiquéeaux autorités const!<
tuées, avec le motifde mes craintes, ce qo! fit cesser
toutes les suités d*uneioH'!gue d'hospice. Une sorte
de démence sénilecommençoitasejoindreàson
égarement primitif, puisque cet aliéné avoitpiua
de soixante-dix ans, et je fis sentir dans mon
Mp-
pM'tJa nécessité d'une rectusioniodénnie.
3o8. C'est toujours une grande affaire que de do-
termiaer si un chef de iamiHe, si le possesseur
d'une grande fortune doit être déclaré auéne et si
son état est incurable; mais une pareiUecaase, trai-
tée juridiquement, devient d'un bien autre intérê!:
s'il s'agit d'un souverain, puisquela solution de cettit
question peut; entraînerun changement dans le gou-
vernement et qu'e!!e peut influer sur ie malheur
on la prospëritéd'unenation entière. TeMë fut!a
circonstanceoù se' trouva l'Angleterre en, 1789
d'un coté les craintes du ministère et de ceux.qoi
.teQoicntau gouvernement actuel, de l'autre tesin*
trigues et;i'ambitio!t de ceux qui aspiroient à unt
conseil de régence,sembloient mettre en agitatioa
tous les esprits, et donnèrent lieu dans le parlement;
britannique aux discussions les plus graves. On fait
~ho~ d'un petit nombre de médecinsec!a!ré< pour
diriger le traitement du roi, ou plutôt
pour agir
d'une manière secondaire avec le docteur Wtllîs
chargé spécialement de toutes les parles du rég!me1
moral et physique, ainsi que de la prescription des
Temèdes: de là un nouveau surcroît: de jalousie
et
d'intrigue de la part des médecinsles plus accrëuitej!
contre ce qu'on a coutume d'appeler avec dédain
~n empirique. Oa avo:t déjà fait un rapport )ur;.
d:quedepu:s quinze jours, et le parlement sol.
en
licitoit un nouveau juger si les symptômes
pour
€prouvo!ent une diminutionprogressive.Un comité
formé dans son sein est chargé de recueillir sépare-
'aenHesavisdes médecins, et d'en tirer.un yësultat
propre à, éclairer l'opinion publique. C'est ua
morceau (t) très-cuneux et très'digne de figurer
t'laos l'histoire philosophique delamëdec!ae,que
ce rapport où respirent à la fois une reserve art!-
~Cteuse, un dessein prémédité de se contrarier, et
des préventïoos le plus adroitement suggërëes< Le
prem!er qu'on questionne, M. Pepys, déclare
d'abord que l'état de sa Majesté ne lui permet ni
de paraître au parlement, ni de se. livrer
aux
affaires, qu'on ne pouvoit former aucune conjec-
ture probable sur la durée de sa maladie, qu'on
apercevoït seulement plus de calme dans
son es.
(t) Report y~ow ~a coMt~~a <~o< to

<
0jE<MM~M

Lon< ~Sj).
~C P~tC~TM tf~O
~McAMj
<M~6~<&~ ~f ~<~?~
~~s ~e~~ Ae~
prit qua une époque antérieure qu'on pouvoit
maintenant parler avec plus d'assurance sur son
prochain rétablissement, WiU!s .prend un ton
pÏus déctdé, et u assure que si tout autre doses
malades étoit dans les mêmes dispositions, il ne
formeroit aucun doute sur sa prochaine gnértsocy
I! ajoute néanmoins qu'il ne peut en fixer l'époque:
sa Majesté, suivant lui, ne pouvoit, quinze jours
avant, lire une seule ligne d'un Hvre quelconque,
au lieu qu'eHe étoit maintenant en état d'en !!re
plusieurs pages et de faire même de très-bonaea
remarques sur Jes objets de ses lectures. H déclare
que s'il a refusé une ou deux fois de signer le bui-
letin du jour, c'est qu'il y remarquoit quelque
rétMence concertée, en donnant à entendre l'in-
fluence ~MM ~on~o~M<~e. Le docteur
Wa. se présente ensuite, et déclare nettement
qu'il ne voit aucun signe de convalescence,ni au-
cune rémission dans les symptômes; qu'on n'avoit
remarqué depuis quelques jours qu'un intervalle
lucide de quelques heures, mais que cet espoir
avoïtëté loin de se soutenir; qu'en un mot, rien ne
tendoit à réaliser les assurances qu'on avoient doa<
nées au prince de Galles. Le docteur Wa. fait
d'ailleurs des réclamations contre les Jettres et les
rapports de Willis, comme peu conformes à la vé-
rité. Il s'agit ensuite de diverses chicanes sur les
formes et les expressionsdes bulletins l'un d'eux
étoit conçu en ces termes: <&?~y~~ a ~<M~
/e jour précédent avec tranquillité, elle a~M M~~
bonne ~M~~ elle c~co/Mece~<ï~(ï).WiHia
e'étoitélevé contre ce rapport comme insufSsant,
et n'indiquantnullement une diminution des sym-
ptômes et l'espoir d'une guérison procha!oe. Autre
gt'ave sujet de dissention: un certKia bulletin finis-
eo't par cette phrase /t ~M ~!or~<~ as Ac was
Ua des médec!osréclame, et veut qu'on
substitue continues to ~M~e?~ comme plus expres-
s!f; un troisième opine pour une autre variante
~M morning in a comfortableM'~y. Cependanton
proteste de part et d'autre de ne recevoir aucune
sorte d'ioMueoce. Le docteur Ba. est interpellé
à son tour, et il déclaren'apercevoiraucun signe
de convalescence; il est d'avis qu'à une époque pa-
yei!ie de l'âge ou ne guérit point.de cette maladie;
sa Majesté lui pnroit toujours dans le même état,
et il se récrie qu'on indique comme une bonne nuit
celle où le sommeil a été de trois ou quatre heures.
Le docteur Rey. semhle vouloir ménager tous
les partis il dit que sa Majesté est plus calme et
plus docile, qu'elle est dans un meilleur état de
santé générale, qu'il la trouve dans des circons-
tances favorables et propres à la conduire à un
ûM~e~~<?~ mais qu'il ne voyoit encore aucun
changement dans la maladie principale. H étoitna-

(r) His majest.y p~ssed ~·estardny~uietly, A<M lrad a


luts ~<7<~
(t)
~e/ygoo~ M c~M
T~M w<ï/c~ ~a.M~ ~e.f~r</<!y ~M~
Mo'r/<wg.
'turjBlque,dtahscettevacillation d optmonsy le Gou-
vernement se décidât pour cellequi lui étoit la plus
iavoraNe, et que le succès de Willis parvint à j us-
iner. Science vaine et conjecturale, se seroit écrié
Monta!goe~ que ce!!e qui ~a!t na~re des avis si op-
posés; ib!bleMe~ d!rat'}e, condescendance versante
de tout homme en place qui. entraîne dans letour-
hiÏ!on de riatr!gue, perd ce ton de franchiseet cette
vigueur de caractère qui s'allient si bien avec les i

talens et les lumières.


Vïïl.
~~Mr~ ~e ~rM~/MB prendre pour le yewM
des ~/t~/z~ convalescens.
3og. Une sensibHkc extrême, et par conséquent
une disposition prochaine aux rechutes, caractérise
en.général les aliénés en convalescence, à moins
que celle-ci ne soit bien confirmée. Une vive frayeur,

un emportement de colère, un chagrin profond,


Ja saison des chaleurs,quelqueexcèsd'intempérance
9
ou même le passage brusque d'un état de détenttoa
et decontrainteàune liberté indépendante,peuvent;
produire en eux une commotion dont on ne seroit
point susceptible dans d'autres circonstances, et
renouveler des accès de manie lorsque l'habitude
n'en a point été long-temps suspendue c'est ainsi
que des aliénés conva!escens réclamés trop tôt par
lenr famille, retombent de nouveau etsont ramen és
a plusieurs reprises dans les hospices. Un grenadier
nux gardes-françaises qui étoït monte Modes preh
miers à l'assaut lors de la prise de la Bastille. se
Hvre àtouterexa!tatioad'une ambition saoB ~bornes,
et
est déchu de ses brillantes espérances, tombe
daos le dé!ire maniaque le plus viotent.H reste en-
core quatremois dans cet état de fureur et d'égare-
ment après son arrivée à Bicétre; le cahneiSHCcède,
et sa mère se hâte de le retirer avant que sa raison
soit bien t'établie de un retour des accès au, sein
de sa famille et la nécessite de !e ramener daos
l'hospice. La tnëme imprudence est renouvelée
encore deux fois avec Ïe même résultat. La mère
alors, instruite par {'expérience, ne sollicite plus a
contre,temps la Itbertd du convalescent; il passe
deux années tranquille et sans accès, sortie t'bos-
p!ce a t'entrëe de l'hiver et approuve plus daus
la suite de rechute.
310. La saison des chaleurs, que] queMsïe retour
duft'oid,quoinue beaucoup p!us t'at'emcnt(t8),
peuvent ramener les accès de manie in'é~ujière il
est donc prudent d*user vers ces époques de quel-
ques préservatifspour les convatcscens sortis des
hospices, et de les faire recourir à queÏqus relâ-
chantsottà l'intérieur, soit à l'extérieur. Un culti-
va~eur trcs-!aboneux, tombé dans la manie par
l'impressiond'un soleil ardent durant les chaleurs
de la moisson, est guéri après environ une année de
séjour à Dicëtre, et renvoyé dans sa famille, avec
une recommandationexpresse de prendre chaque
année, vers !e prmtemps,des boissonsdélayantcset
laxatives avec quelques bains. Ces précautions le
préservent de tout accès les dteux années suivantes;
mais il ~esnëg~ige !a troisième année, et il éprouve
une rechute c'est alors qu'U fut ramené pour !a
seconde fois à Bicétre, après le traitement usité
autrefois à FHoteI.DIcu. Sa manie fut encore très-
violente pendant cinq mô!s, et après un t'établisse-
meatieot, il fut de nouveau rendu à sa famille.
L'exemple du passé lut avoit donné une Iccou assez
forte, et il devint peu nécessaire Je lui recomman-
der l'usage des moyens propres à le préserver d'uuo
rechute.
3i i. Un desavantagesprécieux des hospices bien
ordonnes,est d'imprimer vivement aux aliénés qui
en sont susceptibles, la couvict!onqu*i!ssontsou-
mis à une tbrce~upérieuredestinée à les maîtriser
et à faire plier leurs volontés et leurs caprices(i).
-Cette idée, qui doit leur être rendue sans cesse pré-
sente, excite les fonctions de t'entendement, arrête
leurs-divagations insensées, et les habitue parde-

(t) la ndcc<!$!të d'imposer aux a!!énëa un régime de sévé-


r!K!etdccontrainteest encorcprouvëepar une anectodettfëe
des Mémoires de Duc!os. R!en ne peint mieux, dit cet histo-
rien, l'impression que la personne du roi ( Louis XtV) faisoit
dans les esprits, que ce qui arriva a Henry-Jutea de Bourbon,
fils du grand Condé. I! étoit sujet à des vapeurs que dans
tout autre que dans un prince, on anroit appelées fo!i< 11
s'itaoginoitquctfjwibiscUetransÏbrtuu en chien et aboyoit
grès a se contraindre, ce qui est un des premier~

pas vers le rétabUssement. Leur renvoi est-il pré.


maturë et sont~-ils rendus trop tôt au sein de, leur
iamUIe, le sentiment de leur indépendance et la
jiberté de se livreraleurs caprices, les emporte quel*
quefois au-delà des bornes, ce qui donne lieu à des
écartsde régime ou à des affectionsvives propres à
ramener leur égarement primitif. On me pressoit
jun jour d'autoriser le renvoi d'un aliéné convales-
cent vers !e printemps, et voici les motifs de refus
que je donnai dans mon rapport. « J'ai examiné
avec soin le nommé. détenu dans l'hospice,
)) et quoique dans le moment actuel il paroisse
)) avoir Je libre usage de sa raison, je pense qu'il
)> seroit imprudent de lui
accorder sa sortie; il a
été en effet pendant les trois premiers mois de sa
reclusion dans un délire j~ur!eux, et il n'a paru
calme qu'à l'approche de l'hiver dernier; il lui
reste encore à subir l'épreuve de la saison des
chaleurs pour qu'on puisse bien juger de son
rétablissement: il y a lieu de présumer que s'il

alors de toutesses forces. Il fut un jour saisi d'un de ces accès


dans lachantbtc du roi: la présence du monarque en imposa
.&afolie sans la détruire. Le
malade sc retire vers !a {cnôlre,
et mettant la t~te dehors, étouffe sa voix le plus qu'!l pent en
disant les grimacesd&t'aboicmont.S'!t avoit toujours été
sous tes yeux de Louis XtV, a'e~t'H pas été guéri (te sa manie-
par t'habitajede se ma!tr!ser et de se contratMdre? ~J/o<
~C~~J~ les /VJM~ Louis ~~<~ Louis <
? rentroit maintenant dans ses possessions, la joie
de recouvrer sa liberté et de revoir ses parens et
ses amis seroit trop vive, surtoutpour une rai-
)) son mat affermie, et pourroit donner lieu à une
rechute, je pense donc que sa sortie de l'hospice
doit être retardée jusque vers le déclin de l'au-
tomne. Bicétre., i5~er7Mt~a/<?M2.
3:2. C'est un point capital pour ne point com-
promettre la sûreté publique, que de mettre la plus
grande réserve dans les attestationsde guérison de
la manie; c'est ce qui m'engage d'en joindre ici
deux exemples que je recueille dans mes notes.
Je certifie que J.R., âgé de vingt-deux ans, et
détenu a titre d'aliéné à Bicétre, peut être regardé
comme guéri de la manie, puisque, depuis envi-
ron une année, il n'a plus donné aucune marque
d'égarement de la raison, même durant la saison
des chaleurs. F/e~ro io ~'Kc~o~'
c~ &.
3t3. « Je certifie que T. D., âgé de vingt-ua an,
M et détenu a Bicétre à titred'aliéné, donne depuis
environ quatre mois toutes les marques du réta-
M btissement de la raison. Ouest d'autantplus fondé

à le croire guéri ,que son aliénationavoitsuccédé


à une maladie aiguë, qu'il est arrivé dans l'hos.
pice réduit à un état de dépérissement, et que sa
raison s'est rétablie par des progrès insensibles
» ainsi que sa santé j5/cc~, xo~~c~oran n.
3t4. L'époque précisede la sortie d'une aliénée
1.
après le traitement ordinaire est ce qu'i! yadeplua
difficile à déterminer, et sans jentrer ici dans des
détaUsuItérteurs,Jesnotesque j'airecueilliesàFhos-
pice de la Salpêtrière donnent lieu
aux remarquea
emvaates
3ï5. ï". L*observaUoo la plus répétée apprend
quelorsquelesparensde l'aHénée s'empressentdela
retirer avant que la convalescence soit coNËrmëe,
malgré les bons avis qu'on leur donne, il arrive Je
plus souvent une récidive qui, loin de pouvoirnous
=
être imputée, confirme au contraire la méthode
que nous suivons, et qui est relative à chacune des
périodes de Ja nMtad!e.Les parcns, rendus plus
prudens par ces mathenreuses épreuves, sont
ob!!gés de renvoyer la personne après
une re-
chute ils la laissent alors
un plus long espace de
temps pour que l'état de convalescence ne soit plus
équivoque, et dans ces cas oo.n*a plus à craindre
le même événement.
3:6.2°. Certaines maniesdeviennent périodiques,
et se soutiennent ainsi avec des intervalles de calme
etdes retours nxes ouindéierm!nesdepuisp!usieuM
années; alors tout ce qu'on peut attendre du traite-
ment ordinaire, c'est de diminuerla violence et la
durée de l'accès; mais quand l'habitude de la
re-
chute est une fois invétérée, onne peut plus espérer
de la rompre, et l'aliénation dure
en général toute
la vie, avec des intermittences plus
ou moinslongues
<t plus ou moins régulières. !1 y a donc des aliénées
qui reviennent touratour.aprèsdesépoqucsdéter-
minées et un séjour plus ou mo!us prolongé sein
au
de leur famille. Dans des cas semblables, traite.
un
méat dirige ayee soin et avec discernement
peut
exercer une heureuse influence sur les accès qu'on
a lieu d'attendre, et:it peut les modiuer d'une ma-
Qtèretrès-remarqùabie.
3~. 3°. Durantle traitement ordinaire et pendant
!a deuxième ou troisième période de la manie, il
règne encore une effervescencepassagère qui .peut
prendrele vrai caractère d'une rechute, soit par des
influences déjà saison, soit par d'autres causes phy.
siques' ou morales; et alors dès l'approche d'un
semblable accès, on a recours à l'usage alternatïf
de quelques boissons relâchantes et des bains tem-
pères, ce qui finit par amenerun calme permanent
et prévenir d'autres égaremens de la raison. Quel-
quefois aussi ces accidens passagers sont produite
par des imprudences que comméttent les parens,
soit par des lettres parvenues aux aliénées, soit pat~
deavisites prématurées;il en résulte alors un retard
dans le succès du traitement, et un séjour non'seu-
tement de plusieurs mois dans l'hospice, mais ~n-
coce.de quelques années, danscertains cas, pour
obtenir une guérison consolidée.Cet état peut aussi
quelquefois devenir incurable. Une aliénée étoit
déjà convalescente,et on lui permeHoit de s'entre-
tenir réguilèremen!: avec deux de sesul!es qui ve-
noientlui rendre visite, ce qui paroissoit d'aitleut~
lui être très-agréable et contribuer a a<Mélét'er
sa convalescence. Cette femme fut visitée a!orspar
une autre de ses filles dont les moeurs dépravées
et la.conduité très'repréhensibleavoientdonne de
violens chagrins a toute la famille « Ah te voilà,
malheureuse lui dit la mère avec une émotion
profonde, et dès ce jour elle tomba dans un état de
stupeur et d'insensibilité qui dure depuis pitt~ de
six mois, quelques moyens que j'aie puemptoyer~
et je présume cet état mcurable.
3i8< ~.Pour parvenir à l'heureuse réforme qui,
s'est opérée dansl'hospice, etintrôduireua système
invariable de modération et de douceur dans le ser~
~!ce, on y a admis les convalescentes quipar leur
caractère une forte constitution et l'amour du tra-
vail, pouvoient d'ailleurs se rendre utiles aux alié";
nées. Il est singulier de les voir remplir leur tâcbë
quelquefois avec une raison vacillante 1 prendre)
peu a peu plus de confinnce en elles-mêmes après,
les premiersessais, etavancer ainsi à grands pas vers
une convalescence conurmée. Des personnes de
tout âge soutiennent impunément cette épreuve
depuis plusieurs années ce qui répond parles faits
les plus avérés à la prévention contraire, qui fait
regarder les rechutes comme inévitables.
3tg. S". Certainesfemmes de la classe du peuple
ne deviennentaliénées qu'après des excès de bois-
son tournés en habitude, et un séjour de quelque
temps dans l'hospice leur rend facilement le cahne
~l'entier usage de la raison; mais en leur rendant
leur liberté, elles reviennentà leur penchantiavori
et-ane rechute suit de près l'attestation que je
donne alors & leur sortie levait prévoir, et corn-"
ment peut.on le faire éviter?
-3ao. 6~ Un résultat constant de l'expérience
est que rien n'influe autant sur le rétablissement' de'
la ra!son que ta donSance <~i'on parvient à ïnsp!rer
à ;ratiénë'dès qu'il <Bn est suscept!b!ë. Il devientt'
a!ors doctie'ee sbamM ~ii discerne avec justesse tout:
JezèJe qu*on met a son retab!issem6nt, et sesiacul-
tes moraïea ainsi exercëe~sedéveloppentabrs avec
un avantage toujours croissant. Auss! le mëdec!~
et !e survenant de rhosp!ce des al!énes ont'con~
couru constamment d*ua commun accord à rctn-
pnr~cec objet fondamental,et je laisse & de~tber s!~
c'est par un air de hauteur et la rudesse des ma~
nières (i). Ma!s quelques tënio!gnoges de bienven-
lance qu'on donne aux aliénés après qu'ils sdntf
domptés. comment prendre de l'ascendant sur cer.
tains caractèresintraitables qu~un orgueil sdmbrë
et farouche domine; et <~ui ne voient rien au-dessus
de leurs rêveries exclusives? H est rare d'en voir un
exemple aussifrappant que oehu qu'en reporte ut~
1 `

f
(t) Je note cet accorA invariable pour Mea comme Mne
<ingtt!arhc rare daus les hospices d'a)!cnca, et H c~t bien
po~ibte que JaM Qae~"es $iccics ce phënom~ne se t'euon*
reHe Mecrc.
auteur anglais dé{a cité. Un homtne d'un âge moyen
avoit été d'abord,remarquable par la dureté descs:
propos et un air sombre et ombrageux: toujou~
inquiet, quereUeur.et prêt à s'emporter < son ca~o~
tère s'aigritencore parquelques revers de fortune,
et ~devint jaloux ,m!santhropeau jp!us haut.degrë
et insupportabjeà sa propre famillé. Ce fut alors
que son dëjit'eccjata. U tira,des Jetjtres-de~change'
pour des sommescoormes, même sur dès banquiers
avec. lesquels iin'avott aucune rcïauoo. Relégua.
enfin dans une maison d'aHénës, il y déploya toute
~arrogance d'un despote d'Onent; il se crut chan-'
çcHer, duode Batavia, et iJ exigea des hommages
qu'on ne rend qu'aux sou veraips. Cette boufnsaure.
d'orgueil, contre laquelle tous Jes moyens qu'on
put prendre furent ~ains, dégénéra peu à peu en
uu état de stupeur et d'idiotisme incurable.
32t. On ne peut attendre dans uo traite gé-
aéral sur l'aliénation, une ~bule de détaUs retatiis à
~a cause, à FAge, au sexe, à la complexion et autres
variétésaccessoires,etqui ne peuvent être consignés
que .dans des recueils particuliers d'observations~
il sufÏit,ici de s'élever aux vrais principes, et d'iodi"
quer l'extrême différence qu~oit exister entre les
résultats d'une instruction solide sur l'aliénation
mentale et certaines pratiques populaires ou des
essais purement empiriques.
322.8*\ La marche quêtai suivie dans i'ëtudc
historique des symptômes de ra!iéoation, et dans la
manière d'en diriger le traitement, a été toujours
subordonnée à une observationrigoureuse des ia!n
cousidërës avec une sage réserve, et je crois avoir
été en garde contre la séduction des nouveautés
dont ou peut quelquefois s'exagérer involontaire-
ment les avantages. Je ne doute point qu'il n'y ait
unjourunesortedcrëactionenfaveurderanctenne
méthode par des saignées copieuses, des actes de
science, les bains de surprise et des chaînes de fer
bien cimeutees. Peut-être même que cette réaction
s'opererapardesëcritsp!e!nsdchile etd'amertumc;
tandis qu'il existe un moyen de s'entendre & l'abn
de toute erreur: c'est celui de faire de part et
d'autre des recensemcnsexacts des aliénés soumis à
on traitementrégulier, et de voir dans que! rapport
prëdscst au nombre total !a quantité des personnes
bien guéries. Un pareil calcul,dont je donne l'exem-
pje dans la section suivante, peut par de simples
comparaisons sauver beaucoupde dbcusstont- su-
perflues et. faire voir clairement ÏaqueUe des
~eux méthodesmérite la préférence.
SIXIÈME SECTION.
JÏ~M~~ ~o&yen~ew~~ co~Mc~o~
des tables pour servir G e~7~/zer
degré de probabilité de la guérison des
~/M~z~y. '1
333. n est difficile de s'entendre en mëdec!nesî
on n'attache un sens précis au mot c~e/vc/!C<~
puisque chacun vante les ï'ësultnts de la a!cnnc
propre, et cite plus ou moins de faits en sa fa-
veur. Une expérience, pour être authentique et*
concluante, et servir de fondcment solide à une
méthode quelconque de traitement, doit être faite'
sur un grand nombre de malades asservis à des
règles générales et dirigés suivant un ordre deter-~
miné. Elle doit être aussi établie sur une succession
régulière d'observations constatées avec tin soin
extrême et répétées pendant un certain nombre
d'années avec une sorte de conibt'mité, en~n e!!ë
doit rapporter également tes événemens (ï) favo-

(t) La mëdectoe renferme deux parties très-distinctes:


l'une, purement descriptive,a pour objet l'histoire exacte des
phénomènesdes maladies elle est déjà très-avancée et son
enseignement fait chaque jour de nouveaux progrès en pre-
nant pour guide la marche suivie dans toutes tes autres bran-
ches de l'histoire naturelle. L'autre partie de la médecine p
rables comme ceux qui sont contraires, assigner
leur nombre respectif, et instruire autant par les
uns que par les autres. C'est assez d!re qu'eUe doit
~tre fondée sur la théorie dexprpbabitités, dë)tt si
heureusement app!!quée à plusieurs objets de !a vie
f
civile, et sur laquelle doivent désormais porter tes
méthodes detra!tement des maladies, si on veut les
établir sur un ibndctncntsolide. Ce fut là !e but que
je me proposa! en!*an ï0,re!ntivetnentnl'alienation
tneutaïe, torsqne ib trnitcmentdes a!)éncesfut cou-
~éa mes soins et traustet'ë a !a Sa!p~tricre.
32~ L'histoire exacte de t'atiénation et la déter.
mination de ses caractcres distinctifs, nvoient été
l'objet fondntttental du tra!të ~he je publiai en l'an 0
sur cette matadie;mais quelques observations
isolées sur une manièreeincace de dit'igcr le traite-
Méat,neme paroissoientdonner encorequ'un résut'
tatdouteux, ettt restoit à acquérir une expérience
authentique de plusieurs années ~our servir ù la
solution de!a question suivante: Quels doivent

encorechancëtantc surseshascs, soui: le nom de ~e/'<H/?y/


né contient que des pt'ëceptes vagues dont rappticanon est
peut-être ptus difficile et plus incertaine qu'un défaut total de
pareilles connoissances. Dans tes traités particuliers des ma-
ladies, on ne parte que de quelquessucc!'5 obtenos, et on )<*tte
un voile sur les cas où on a échoue.Dcs-!ors un av<'ug!t* cm-
p!r!snte se trouve au niveau du vrai savoir, et la mRdfcinc,
sous ce rapport, ne peut prendre !e caractère d'une vraie
science que par l'application du calcul des probabilités.
être, dans un hospice d'aliénés, IcsmoyeMinté'
rieurs à prendre, l'ordre constant a y maintenir et
les principes du. traitement médical à adopter,
pour obtenir le rapport le plus tayocable entre le
nombre des guérisons.et la totalité des admissions?
Je crus pouvoircommeacerune e&pérlencede cet te
sorte au mois de germinal de l'an ï.o ~l'hospicede
la Saipetrière. Le local étoit vaste et susceptiblede
toutes les distributions nécessaires.J'ctois vivement
secondé par le conseil d'administration des hospices,
et il ne manquoit rien au zcte et a rhahitetede
l'homme chargé de mp seconder pour ie maintien
de l'ordre et la surveillance d~ service. L'étabïisse-
ment prit donc une marche rëguMère dès les pré"
miers temps, et toujours eo garde contre une
prévention exclusive et Ferreur, )*eus soinde iaire
de six en six mois des t'elev~$ des registres pour.
connoîtrele nombre respectif des: guérisons par
comparaison à celui qu'on obtient aiUeurs, et ppur
soumettre à un examen égatement attentif lestas
où le traitement avoit été heureux, et ceux ou it.
avoit été sans succès. C'est après un travait sembla-
h!e, continue de suite pendant quatreannées moins
trois mois, c'est'a.dire, depuis le mois de germinal
an io jusqu'auïe~ janvier 1806, qu'a été construite
!a table gënéj'ate que je soumis au jugement de !a
classe des sciences mathématiques et physiquesde
l'Institut national de France, le g février 1807.
325. Lespréjngcsetianégligenceont fait comme
TABLE GÉNÉRALE
DES ALIÉNÉES DE LA SALPËTRIËRE,

DURANT QUATRE ANNÉES MOINS TR.OÏS MOIS.


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GEsnK; Nfoubre Eutr~ ~ALShs


itaitce~ MonïKs Hci.x.'ci
de Ann.M.
m,bdl".
n]aMf!tM.
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F,i~. I~m.uM. V<uv~.
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~ruvllillcrsous, la
de <]n<:)<~u'nn
qu;I<ci.t.. un
iquilcS5urvcillr:.
t ertger en phnctpe, dans !e plus grand npmbre
d'hospices, l'incurabitité absolue dctousicsaliëoés,
et pour in produire on y prend des moyens infail-
libles, une réclusion étroite, des actes de dureté et
dévioîeucce). l'usage descbatnes.On convient, dans
un très-petit nombre d'hospices tenus avec régula-
nte, qu'on peut guér ir cette maladie, et, ce qu'il ya
de tn!eux, on !e prouvepar une expér!eacerépëtée.
Mais les relevés des registres faits tant en France
qu'ailleurs, apprennentqu'onneparvientpartoutes
les méthodes connues qu'à en guénr un plus ou
moins grand nombre, et que ~out ce qu'on peut se
proposer désormais se rédu!t seulement à obtenir
un rapport plus ou moins avantageux entre le
nombre des guérïsons opérées et la totaitté des ad-
missions or, cette totalité équivaut à la somme des
guënsons et des non-guénsons. Il s'ensuit qu'on
tombe alors dans le calcul des probabilités et dans
l'usage d'un de ses principes élémentaires, savoir,
t
que la probabilité d'un événement se mesure par
une fraction dont le numérateur est le nombre des
cas favorables, et le dénominateur le nombre de
tous les cas possibles, favorables ou contraires. Il a
donc fallu tenir des registres exacts des diverses
espèces d'aliénées et de leur nombre respectif, dé-
·
termineravecsoin le vrai caractère des faitsobservés
pour les rapporter à leur place dans les tables, et
ne point dissimulermême ceux qui peuvent laisser
encore du doute et de l'incertitude. On a du surtouc
éviter d'entier gratuitement le nombre .des owëne-
ïncos favorables en déguisant ceux qui sont inoer-
tams ou coutrnires, car, comme le remarque Fon-
tcnelle au sujet de l'ouvrage de Daniel Bernouilli
(De ~~<? cû/yee~~J~~ ta dtSIcuké est qu'il uoua
échappe des cas où i'evëuement peut arr!veï' ou ne
pas a~nver, et plus il y a de ces cas mconnus, plus
la connoissance du parti il prendre est mcertatoe.
3~6. Deux méthodessont en usage dans le traite-
meotdeiaItëMaUoa: l'uoe, très
ancienne, consiste
à brusquer la maladie dans soo cours par des sa!gnées
répétées~ des douches fortes, des bains froids ou
memedesbaïus de surpnse, une réclusion étroite.
L'autre, qui est adoptée à JaSaipêtr!ere, fait regat'-
der l'aliénation comme une maladie aiguë qui a ses
penodcs successtves d'ultcnstte, de déclin et de con-
valescence, dont l'ordre ne doit point étre iuter-
vcrt!, mais dont il faut calmer les symptômes par
des moyens. doux, des bains t!edcs ,des Loissous re-
Ï~chantes, quelquefoisdes caïmans ou des douches
très-légères, dans certains, cas une répresston euer-
gique, mais courte, et. toujours des mameresbieu-
veil!aotes ou l'urt heureux de gagut:r la couuaucu
de raHenéc, à moms que sa ra!son ne soit cMttcrc'
°
ment. bou!cvcrsee. Qun!!c est cc!le des deux mé.
thodcs qu'on doit prë~ter ? Un simple relevé des
registres, des tables construites avec soht, mois par
mois, année par année, dans divers. hospices, et la
tbëorIcdesprobabUitCit,suinrout pour rcsoudreccHc
question,et on pourra reconnottre par une simple
comparaison de quel côté est constamment Davan-
tage. Je commence par publier les résultats de h
méthode de traitement que )'at suivie. Rien c'est
ptus obscur que h nature des fonctions cérébrales
ou intellectuelles; et comment apprendre à remé-
(!!ct' n ieur~ Jcrangemens divers, si ce n'est par des
resuttatscomparatiisdei'observauonîou, eu d'autres
termes, lé succès du traitement ne doit-il point être
assimilé à un événement composé suivant une io!
donnée d'évëoemens simples? et pour chercher sa
probabilité, ne faut il point répéter un grand
nombre de fois l'expérience qui peut amener l'évé-
.Dement, et examiner combien de fois il est arrivé?
Ï.
Règles suivies à ~o~/cc ~.y ~M
de la
t&a~rs pour la oe~j~ des registres et /«
construction des tables.

327. Lesaliénéessont envoyées a !a Sa!pêtrïèresoi6


de l'intérieur de Paris, soit des autres département
voisins, d'après un ordrede police ou du bureau gé-
néral d'admission, et après que l'aliénation a été
constatée. A !eHf entrée dans l'hospice on inscrit
dans,un registre déposé au bureau, leurs noms,
leur âge, le lieu de leur naiMance etla datede leur
réception.On y ajoute des notesmarginstes sur leur
état antérieur et ta cause de la, maladie, lorsque les
parées peuvent fournir des ïnfbrmatîons exactes';
carie procès- verbal derinvasiondetama!adi<:
reste déposé ailleurs et.ne nous est point communt-
qué. Cent soixante-seixe a!iénëcs furent admises
au
traitement, depuis le mois de germinat an <o jt!s~-
qu'à la ~t! de fructidor de la même anuëe~ deux
cent huit en l'an ïi, deux centsoixante.deuxen
i'an ta cent Quatre en l'an !3, et deux ceot
cioquaote-deuxpour les neuf derniers mois de
l'année i8o5. Ces sommesréuniesdonnent
une to-
ta!ite de miHe deux atiénëes reçues dans l'espace de
quatre années motus trois mois, que comprennent
restantes.
828. L'aJienatton n'est qu'une dénomination gé<
t)éra!e propre à exprimer une lésion des fonctions
cérébrales ou iotcj!ectue!!es; mais il importe d'indi-
quer les nombres respectifs dos quatre diverses es-
pëccs d'amenées que robservation !a plus constante
a fait distinguer. On peut voir dans ïa taMe gé-
nérale celui des aliénées affectées de la manie
reçues dans l'hospiceannée par année. Leur totalité,
pour les quatre années nioins trois mois, a été de
six~ent quatre. On observe,quoiqu'avec moins de
fréquence que la précédente, une autre espèce
d'aliénation marquée par un état de stupeur,
une
.morosité sombre avec un déiireexcJusif surcer*
tains objets, et le libre usage de la raison sur tous
ies autres c'est ce qu'on appelle mélancolie. Le
nombre des personnes qui out été reçues dans cet
ctat a vané d'année en anoée, comme l'mdiquc la
simple inspection de la table générale. Leur totalité,
pendant ces quatre années moins trois mois, a été
de. deux cent trente, parmi lesquelles trente'buit
ctoieot dommëespar un penchant violent au suicide.
Le genre de mort que les femmes ont cherché à se
-donner a été de s'étrangler avec un mouchoir ou
un lacet, surtout lanuit, eu se cachant dans leur lit.
Aussi, pour les surveilleravec plus de soin, a-t-on
coutume de faire des rondes pendant la nuit, ou
de placer les plus suspectes dans un dortoir en face
d'un réverbère.
3zg. La démence marquéepar l'incohérence des
id~es et la débilitédes fonctions cérébra!cs sans agita.
tiooetsans fureur, estsouventFeffetd'un 4ge avancé
et peut être aussi produite par d'autres causes acci-
dentcUe~J'enat compté cent ciuquante~deux dans
l'espace de temps Indiqué, et soixante-quatresur ce
nombre avoient été réduites à cet état par un âge
avancé.Enuuladernièreespeced'aUénatiou dont )'a!
à parler, et qu'on nomme idiotiçrne, consiste dans
uneaboittion plus ou moins complète desaffections
<du cœuretune absence d'idées. Cet état est presque
toujours ortginatre et vient de naissance,et la totalité
désaltënfesdecettecspèceaëtéde trente six pendant
les quatreannéesmoins trois mois. C'est la distinction
~eces différentesespècesd'aliénations qui a servi de
ibndementà laconstruction desdiversestables dont
je publie le résumédans la table gencrale. Elle m'a
été aussi tres-utue pour recueillir mes notes jour-
ttalières et pour leur donner plus de précision et
d'exactitude. Elle a enfin beaucoup servi àsimpti-
ner le traitement, et à éviter des erreurs qui au-
rolentpu être commises dans un rassemblement
nombreux d'aliénées.
33o. L'avantage de pouvoir suivre et observer
Jes aliénées de toutes les espèces, dans leurs pér!odes
successives d'état aigu, de déclin et de convales-
cence, les !ncohvëoteas attaches à une communi-
cat!on libre et réciproque des aliënëesquï sont dans
ces divers degrés, enfin l'ordre et la <acil!tcduser.
vice ont rendu nécessaire une sorte de distribution
des aliénées eu trois grandes divisions, de quelque
espèce qu'elles soient, sans compter les incurables
confinées dans uu local particulier, et celles qu!
ont des maladies incidentes et qui ont. aussi leur
infirmerie. Ilais comme OM les fait passer. souvent
d'une division daus une autre, suivant les chaoge-
mens qu'elles éprouvent, ou qu'ou les ramèoe,daoa
le cas d'une rechute, à leurancieunediv!sion, il est
nécessaire, pour retrouver chacune de cesaliéuëes
lorsqu'on la, demande ou au moment de la visite
d'indiquer cesdëplacemeus successifbu aherBatiis
dans un registre particulier, avec des cartes mobiles
qui peuvent être transportées d'une feuille dans
une autre, et qui contiennent également lesdeM-
gnations des aliénées avec des notes sur leur état
autërieur, et un chiffre de renvot à la page du re-
gistre premier déposé dans le bureau. Le nombre
respectif des aliénées contenues dans ces divisions
est sans doute variable; mais ces variations sont
renfermées dans certaines limites c'est ainsi que,
dans un recensement fait le 28 frimaire an ï3, ~y
je reconnus que, dans la première division, celle
des aliénées agitées on plus ou moins furieuses,
soumises autraitement,oneneotnptoitvingt.quatre~
dans la deuxième division celle des aliénées au dé-
cHu de leur matadic,ou qui n'éprouv oient que quel-
ques retours périodiques d'effervescence, on en
comptoit cent quatre-vingt-seize. Le dortoir enfin
destiné à rentière convalescence rcnfermoit cin-
quante-neufpersonnes, dont la raison n'avoitbe-
soin que d'être pleinement raffermie pour qu'elles
pussent être rendues la société; c'est ce qu'on
obtient surtout par le moyen d'un travail manuel
aussi uu atelier de couture est-il adjacent à cette
division. On doit peu s'étonner de trouver ai petit
le nombre des aliénées de la première division
souventen effet on amène à l'hospice des personnes
très-délirantes ou furieuses qui, paf des voies de
douceur, sont promptement ramenées et en état de
passer a la deuxième ou troisième division. Le se-
cret d'un hospice bien ordonné est de réduire au
~~MMW le nombre des aliénées qui ont besoin
d'une étroite réclusion dans un local déterminé. Sur
les vingt-quatre Ip~esdestinées auxaliénées les plus
agitées, on n'en tt uuvc souvent que six ou huit qui
soient occupées, queiqueibtS tro!sou quatre, etïea
antres a!!oocesdc cette division conservent unesorte
de liberté dans leur local part!cutter,c'est-à-d!t'&
que celles qui sont étroitement recluses forment à
peine les o,oa du nombre total des aHëoëes au tra!-
tcmeat, par ie système général de douceur et de
!!berté adopté dans Fhosptce.

n.
.(~M <M~M~.f au traitement sans aucun
~M<?~7M~My!f.M~ /eMr c~~a~r, ou bien
~z€~ ~'a~eej~eMrj avant leur c~ow
dans ~A<?~c~.

33t. Les aliénées sont souvent admises par une


mesure de s&retegëncra!c ou de toute autre ma-
ntère, et les procès-verbauxqui constatent la cause
de ïa ma!ad!eou d'autres ëvénemens arrivés depuis
cotte époque nous t'estent inconnus; ce qui prive
tie {)!us!eurscounOMsances utiles pour diriger le
ttaItemeoi.La quatrième cotonne verticale de la
table géaéraïe a été consacréeà cette sorte de recèn-
sement: ainsi par exempte, sur- cent dix-sept per-
sonnes attaquéesde manie, quarante-deux ont été
ndmisesau traitement en Fan io,sans qu*on eûtete
informé de l'état antér!eur; trente-huit sur cent
viogt-quatrc ea rami r; quatre-vingts sur cent cm-
quantectogen ran 12, etc. Onpeut&tredesre-
marques analogues sur les autres espèces d'aliéna-
tion, en sorte que pendant l'espace de temps, que
comprennent mes tables, trois cent quatre-vingt..
nnea!iénées sont Jaus ce cas, c'est-à-dire~'0,38
de la totalité. Or ce défaut d'informationsexactes
rend souvent incertaines les mesures à prendre
pour diriger le, traitement. H nuit encore à Fap-
piicauoo qu'on pourra iairedans la suite du caï"
cul des probabilités car, pour remplirce but, M
faut pou voir comparer le nombre des cas où on peut
espérer la gUjBt'itba aveccetui des cas contraires, et
comment y parvenir eans des reuseignemens précis
sur l'état antérieur des. aliénés lorsqu'ils arrivent
dans les hospices?1
33z. L'expérieneeiaplus constante a appris qub
iafaciti~dejaguérïson des aliénés et !e degré des
probabilitéde l'obtenir, sont toujours r~tàtiis à l'état
récent de lamaladie etaux avantagesd'un prcnuer
traitemenb: aussi,dans certainshôpitaux étrangers,
on n'admet pointées aliénés déjà traités aUleurs et
retombés.e~Muite~ L'admission dés aliénées à la Sal.
pétrièrc:sao& aucune restriptiba me donne un désa-
vantage marqué, car c'estietucorc beaucoupque; do
n'avoir a répondre que. de sériantes.J'ai noté tou-
jours cette circonstance lotsqu'elle m'a été connue,
et t'ai eu soin d'inscrire dans ia cinquième colonne
verticale de la tabïe général, le nombre des aÏié-
Dées reçues après un ou plusieurs traitemjeMssttbis
aiiieurs.C'estainsi que, dans le dcrmcr semestre de
Fao io, sur cent dix-septmaniaques reçues, cin*
quante-huit avoicnt été tra!técs ailleurs par d'autres
méthodes,cinquante'cinqsur CRutvingt'quatrc en
l'an tï, trente-sept sur cent cinquante-sept en
i'anï2~ etc.Je me dispense de rapporter lesrësuiKtts
analogues que donnent. !a mélancolie, la démence
~t l'idiotisme puisqu'on peut s'en apurer par Ja
simple' inspectionde la table.En gëuërat, sur mille
deux a!!éoecs trois cent quatre vingt dix- huit:
avoicnt été traitées ailleurs ou renvoyées d'un
autre hospice, ce qui donne 0,89 de la totalité.

-111.
d
~~<M~'<?/ <i7~/<cw~oM pr&M~ /~<$e~
~e/<fc~MarM~eoM~e<
'1J
333. Une table particulière insërëe dans mon
Traité de la ~M/c publie en Fan ï i, atteste que
cette maladie se déparesurtout depuis ï*époque de
la puberté jusqu'à la qunraote'cinquième ou cin-
quantième année de l'âge, et qu'en recueillant ce
qui arrive dans un grand rassemblement ti'aliénés,
q
elle se trouve plus fréquente parmi les hommes
entre la vingtième et la quarantième année. Le
simple reïevé des registres a donné des résultats
analogues pour les femmes, et c'est ainsi qu'en
t'at! o il est arrivé seize maniaques entre !n dix-hu!-
tièmect!a vingtième année, trenté-neuf entre la
vingt-cinquième et la trentième, vingt-cinq euLrc
!« trente-ciaqmèmeetiaquarant!cme,etvingt ctune
ottre la quarante"cinquicmeet la cinquantième.
Cette même loi d'accroissement progressif et.ensuite
dé décroissemeut,a eu lieu de même pour les an-
nées i r et î2. L*ao ï3 a offert sous ce rapport'
~ne exception qui a pu dépendre de quelque causo:
accidentelle.Mais je ne dois point omettre une ré-
rnarque qui na!t de la simple comparn!sbudes notes
que }'at tenues à Bicêtre et à la Saïpctrièt'e c~est
que!a man!e,parmneshommes, n'avoitpo!nt paru
se. déciarer à une époque antérieure à la
puberté. `
et qu'au cootra!re,dans l'hospice des aliénées de !a.'
Salpetr!ère~ cettemaladie; en l'an n, a été observée
neuf fois avant Fépoque de Ja puberté, et onze fb!s
en i'aa ï2. 5eroit-u donc vrai que le développe-
ment de la raison, comme ses égaremeas, est plus
précoce pour la fémme que pour rhomme?
33~. La mélancolie a. été aussi plus iréquecte
dans Fage adulte~c'est'à.dire entre la vingtième~6
la quaranuème année de ï'~ge; mais e!Ie ne s'est
point déclarée comme Jamaaie avant l'époqae de
la puberté. Il en a été de méme~eia démence ac-
cidenteUe. Mais la démence séni te) comme l'indique
!e tenne iui~ïnéme, a lieu à des époques de Ja vie
très-dMÏërentes ainsi en i'anïo cette aliénation a
eu Heu deux fois à la soixantième année, six fois
entre la soixantième et iasoixante'dixième, et une
ibisà ïaquatre'viogt-dixiètne.EnJ'anii,trp!s cas de
démence ont eu également lieu vers la soixantième
année., dix entre la soixantième et la soixante-
dixième, et cinq entre la soixante'dixième et la qua-
tre-vingtième:résultats analogues pour les années
su! vantes.En gênera!,les personnes en démence se-
nne qui ont été conduitesà l'hospice durantquatre
an'Técs moins trois mois, ont formé une totalité de
soixante-quatre elles ont été amenées a cet état,
les unes par cndttCtte, d'autres par des chagrins
profonds, quelques autres par l'abus des liqueurs
alcoolisées. 0;.
3~5.Letatdumar!aged!spose-t.ilautantqueceIui
du cénbat. ou du veuvage à l'aliénation mentale?
C'est, pour répandre quelques lumières sur cette
question que j'ai fait des relevés exacts des registres~
et que j'ai consacre trois colonnes verticales de la
table gëuera!f a des recensemen~decette sorte ce
qui a été d'autant plus faci!c, qu'on note avec-soin.
dans les hospices ces divers états desaHënés,etqu'il
y-a-sur ce point très'peu d'excepHons. Mais comme
d'un autre côte certaines tables de mortalité, celles,
par exemple f,<)e M. Dcparcieux en France,et~ de
M. Vargcntinien $uèJë ont appris que les-femmes
mariées vivent eu général plus queles'celibataires,
et que le nombre des premièress'est trouve quel-
queCois double des autres, on ne peut tirer dans les
hospices aucune induction du rapport numérique
observé entre ces deux états, en faveur d'une dis-
position plus ou moius grande à contracter la mn-
me oula mélancolie.Je ne puis non plua proposât'
que comme douteuses les conclusions qu'on peut.
tirer du nombre prépondérantdes femmes non ma-
riées tombées dans !a démence, quoique ce nombre,
suivant le relevé des registres, soit toujours plus
que double et quelquefois quadruple, de celui
des femmes mariées. J'exposerai enfin comme uo.
fait constaté, sans en rien conclure, que le nom-
bre des filles tombées dans l'idiotisme fut, en l'an i t
et en !'ah ï3, sept fois plus grand que celui des
femmes mariées dans le même état, et onze ~is
plus grand eu l'an ï3. On peut donc présumer
seulement que le mariage pour les femmes est une
sorte de préservatif contre les deux espèces d'aHë- y

nation les plus Invétérées et le plus souventiocura*


Mes.
!V.
de l'Aliénation
~r~M~Me/~M.y<w~o/r~K&3

suipant ses causes.

356. Un pareil titre indique des objets qui ne pou-


voieutetre bicn'développesquedans cette deuxième
édition de mon Traité sur la ~ï~e, puisqu'ils
tiennentà des recherchesanatomiques et à d'autres
détails sur les causes déterminantes de l'aliénation.
En me renfermant donc dans les bornes que je
me suis prescrites, je ferai remarquer que le dé-
faut de reoseigacoMns précis sur l'état aatérIeMfd~
plusieurs aliénées peut nuire à certains égards aux
progrès de.la science, mais qu'il ne peut nullement
rendre douteuse l'originela plus ordinaire de l'alié"
nation mentale, puisque, d'après les laibrmattpns
les plus exactes et les plus répétéesprises dans d'au-
tres cas, on apprend qu'elle se reproduit chaquean'
cée ou mêmechaque mois, avec peu de variété et
une sorte d'uniformitéconstante.En général même,
lors de l'arrivée d'une aliénée dans l'hospice, qn
peut annoncer d'avance et avec une très'grande
probabilité, que son état a été déterminé par telle
cause physique ou morale.
1: 35'7. La simple inspection de la table générale

(ïqe ïo~coL vert.) peut d'abord convaincre que


et
les mêmes causes qui déterminent la mélancolie et
lamanie peuvent aussi, suivant leur intensité oula
sensibilité individuelle,produ!reladémence,etpeut'
être même l'idiotisme, car ce dernier objet est dou-
teux. Les causes physiques les plus ordinaires ont
été une disposition originaire, la suppression ou la
cessation de l'écoulement périodique, un accident
pendant les couches, l'abus des liqueurs alcooliques,
des coups sur la tête. Les causes que l'on peut ap.
peler T~or~~ont été une frayeurvive, un amour
contrarié,des revers de ~rtunc, des chagrins do.
xnestiques ou. une dévotion trop exaltée (t).

~t) Dans quelquescasj'a! fa!tdcmfo!sment!on Jehmëme


a i!~o<!e !oKqu'uce cause
morale a concouru avec une cause
338. Il est cuneux de voir, d'après le simple re.
levé des registres, une aorte de rapportconstanton
h'ès-pem variable entre le nombre des causes morales
de la manie des femmes et la sbmtnc totale descitu.
ses soit morales,soit physiques, les premières con-
servant toujours leur prépondérance.Ce rapport a
été de 0,6 eu l'an <o, de 0,6~ en l'an t x, o,5S en
l'an ïa, o,5y en l'au i3, et o,5~ les neuf der-
niers mois de Fatioée ï8o5. Une simple comparai-
son suffit pour couvaincre.qaele nombre des cau-
ses morales est encore plus prepoudérant dans la,
métaocoiieque dans la manie il a formé 0,80 da 1
nombre total de l'an 11, et o,83en ran 12. Les'
anneessuivantesontdonué des résultats analogues.
Ilsemble aussi qu'Hy ait une dii'ierence marquée
relativement à la répétition plus ou moins ~'e-
quente de certaines causes suivant les diverses es.
pèces d'atiéuatiou, et que si les chagrinsdomesti-
ques produisent le plus souvent la manie, une dé-
votion très. exaltée détermine plus souvent la tné<

physique o'Mt ainsi qu'un emportfment violent ou un cha-


grin profond ont été réunit souvent avec la circonstance des
couc!t9s ou d'uue 8t.ppros-.ioo de l'écoulement pëfiodique.
C'est ce qui sert à résoudre uoe sorte de cot)trad!cttonqu'on
pourroit trouver entre le défaut dont je me p!a!ns de ren-
seignemens acquis sur t'ëtat antérieur d'un grand nombre
d'atiéoécs, et la somme totale des nombres indiquée dans les
neuvième et dixième colonnes de la table générale.
lancolie. Un amour contrarié et malheureux sem.
Me être d'ail!eurs une source ëgalemeut féconde de cC

ces deux espèces d'aliénation. M semble enfin que


des causes acctdeutcilesi~ntvarier les rësattats de
diverses années. C'est ainsi qu'au dernier semestre
de l'ati ïo, le nombre des mdiaoco!!ques par des
scrupules ou des terreurs religieuses, ega!a les o,5o
du nombre total des causes déterminantes, qu'il
fut réduit à o,33 en l'an it, et à 0~8 en l'an ï2.
339. Le défautfréquent de renscigoemens précis
sur les personnesen démence,empêchede tirer au-
cune induction sur la fréquence respective de cer-
taines causes; mais pour l'idiotisme, la simple
inspection de la table'générale n'indique que des
causes physiques, c'est-à-dire un vice originaire,
pour la plupart des cas sur lesquels on a pu recueil.
lir des informations exactes.

v.
'Méthode de /r<3~~e/~ des ~M~ .K~<
~o~
par la nature ~e.t causes déterminantes ef
confinnée par le calculdes

540. Rien n'est plus obscurquela nature desJEboc-


ttocs cét'ébrates ou intellectuelles; et le mécanisme
de leurs déraagemens divers ne doit-il pas être
également ttupéuétrable? La méthode à suivre dans
) le traitement ne peut doncêtre connue c~or~et
ne peut se déduire que d'une expenence répétée f
etdh'igée avec la plus sage réserve, Il est permis
sans doute de se déner du traitement consacré par
un.usage immémorial, et qui fait consister raliéna-
tion dans une impulsion trop forte du sang vers la
tête, !orsqu*oo voit dans les hospicesplusieurs cen-
tainesd'aliénestraitésautrefoissuivant ces principes
et devenus incurables la maladie n'ayant été sou-
vent suspendue que pour uu certain temps, pu)S
étant devenue hahttueHe, et sujette à des retours
périodiques quH n'a plus été possible de prévenir.
J'ai donc pensé qm'H Qtpit plus sage de laisser en
général la maladie parcourir ses diverses périodes
d'état'aigu, dédain et de convalescence, sans
troptrotihler ni Intervertit' ia marche de la nature,
varier. les moyens curatifs secondaires suivant les
diverses espèces d'aliénationou le caractère parti-
culier des causes déterminantes, mais compter sur-
tout sur les ressources puissantes de l'hygiène, en
établissant,dans l'hospice un ordre invariable et
dont toutes les parties soient combinées de la ma-
nière la plus favorable (i) au rétablissement lent et j

(t) La police intérieure d'un hosptcc d'amenés doit chc


loin de se borner à une simple surveillance comme dans les
autres <Stabt!ssemct)spnhtiM consacrésauxinfirmes; elle exige
une élude part!cu!ierndu
uncëtodo parliculièro du caractcrR
caractère dec!)acnn
de chacun dc$ a!!ent!s, 'l
des nliél1f:s,
pour rëpr!mcr avec sagcMG tpMt's écarts, ëvtter tout ce qu!
peut les exaspérer} ne iamais perdre leur con~ance, ou sayo!c
gradué de la raison. Cette n~tboJe a été t!eve!op.
pëe dans les deux séchons précédentes, et je me
borne ici à la soumettre à réprouve des principes
du calcul des probabilités en recueillant les résut*

années~
tats d'une e~périeace authentique de pfè~ de quatre

S~ï. Ùae méthodede traitementasservie d'abord


à des règ!es fbndamctittdcs dans rintérteupdel'hos-
pice, et variée suivant les dificreutesespèces d'a-
liénationsou même leurs diverses pet iodes, ne peut
résulter que d'UD grand ensemble de moyens heu-
reu~etMont combiuës, et propres a concourir au
ïn<!me but, ler~tablissetneat.de Ja raison. Elle forme,
un objet compliqué et dont les divers elémeM n'ont
pu être déduits que de l'examen attentif des sym-
ptômes~ et des résultats plus ou moins favorables
d'une expérience éclairée mais se~ avantages ne
peuvent être bien constatés que par de simples re-
levés des registres faits avec régularité de six en six
mois et loug temps ainsi continués, eu rectInaMt~
successivement ou en amëlioraut tout ce qui peut
eu paroître susceptible. Une confirmation ultérieure'
résulte de la cousu'uctiou des tables dressées après

toujours la regagnec~et contenir avecsëvdt'héle~geasdeser'


vice. Cette t~ebe &! diMcite est rca)pUe à la SalpôtricM avec
autant ~c zèle que tt'hahHctc par M. Pussin, qui contribue
si puissatUtuent & ta guëi'isou des a!iéaec$ par cette sorte de:
traitement morat~
quelques années pour reconnoître avec exacti-
tude le nombre respectif des aHéoes guéris. On
avance ainsi d'une manière Jente, mais sure, vers
uu certain terme, peut-être encore éloigne, et
qu*on oe doit JamaiN perdre de vue, et on se dirige
parune comparaison conttuueHe de rapports obte-
Dus entre le nomt~re des guërison~ et celui- des ad-
xnisstoas, soit avec les rapports obtenus antérieure-
ment dans Je même tien, soit avec ceux des autres'
hospices tenus avec régularité (ï)~ Mais cette com-~
paraison, pour être concluante, suppose une sur-
veillance extrétne dans Ia~ tenue des registres dî-
vers, une grande exactitude dans la construction
des taMes ydes notes regutieres sur l'origine ja plus~

(ï) On a rendu publics dés résultatsobtenusdans q~etques-


h6p!tam, soit nationaux, soit étrangera, teout avec réguta-
rité, et c'est aiMtque.dausun c<aapte publie qu'onareodo de
ï'hûpitat de BetMccm en Angleterre ( 0~~<o/~o~ MM-
yï~~ ~y<M~M), rc apport a été o,S4. On a publié en,
dèraier î!èu que danst'hôpita! dés attënesdeBeri!n lé-rapport,
en l'ahnëe i8o3 ,a.ëte ~7 4'3t ou o,z6. Daas!'b6pitatd&
St)!nt-LMc,o~onQ'admetqucteacas tespiM farorables, ceux
d!unedate récente, le rapport,daast'Mpaaede cinquanteans, &
~téaStï 6458, c'eat-a-dire0,43.. Mais pocrcontnboer aut.
progrès de la-science ,.it<qut prendre un temps beaucoup ptu&
lunttë, supposer un ordre Cxe dans t'hospice et Une méthode.
de traitement dont lés parties ëiemeotaircapuissentêtre Mctt?
Je~cnninëM, et alors on peut you' une correspondancemac–
~ae entre rejBtët et ta.c<u<e.'
ordinaîrederaliënation, un examen trcs'attcnti?
de l'état des personnes sorties comme guéries Je
l'hospice, une détermination précise du nombre.
respectifdes guérisons et des rechutes, enfin, l'in- «
dication des cas qu'on doit encore regarder comme
douteux et équivoques, et du nombre des cas con-
traires où le traitement a échoué, c'est-à dire qu'il
est nécessaired'y appliquer les notions ëïémentaires
du calcul des probabilités; ce qui n'a étéfait encore
que pour l'hospicede la Salpetrière.
3~2. Le défaut de reaseignemeos sur plusieurs
aliénées (~e colonne verticale de Ja tab!e) qui
entrent chaque année dans rbospiçe-, ne d'à point
empêché de déterminer !e; nombre précis des
diverses espèces d'aHéxations, puisque chacune
d'elles s'est ensuite manifestée par des symptômes
qui lui sont propres. J'ai donc tenu dès le com-
Mencemcntdes notes exactes sur la manie, comme
sur les autres espèces d'aliénations, pour connoître
ïe nombre effectif des guénsons, et c'est ainsi que
je me reudois, de six en six mois, un compte sévère
des résultats obtenus. Cent dix-sept personnesatta-
<juëes de manie avoient été reçues dans l'hospice
durant le dernier semestre de l'an 10, et sur ce
nombre soixante-quatreavoient ëté guéries;ce qui;
réduit en décimales, donne o,5~. Le rapport fut
encore plus avantageux en l'an 12, puisqu'il ft)!:
de o,58. Use soutint ensuite avec Je légères varia.
tiens les années suivantes, et en prenant le résultat
de quatre années moins trois mois, j'ai compté trois,
ceotdi~ terminaisons favorables sur si~ cent, quatre
exemples de ~apie, rapport qui revient a celut~
de o~t, en y comprenantindistinctementles cas de
manie Invétérée et. d'une date recette.
543. La simpïe.mspectiondcla table généra~ein.
dique:que Ïesrésultats furent encore plus epcoura-
gcans dqns Ïes cas de mélancolie, puisque pendant
le,dernier semestre de Fan ïo,sur vingt quau-e.tne-
ianco!!qucs, quatorze avoient été guéries, trente~
six snr quarante-deux eo l'an n et en prenant ïe
résultat généra! de quatre années moins trois mois,
le rapport a été de cent quatorze à cent quatre-
vingt deux, c'est -a dire 0,62. Mais ici, comme
dans un grand nombre de cas de manie, Ïe succès
dépend souvent non-seu!emeat du traitement mé-
dicaï, mais encore du zèle du directeur de rhospice.
qui vit sans cesse au milieu des aliénés, combat avec
habileté leurs irions en cherchant toujours à ga.
gncr leur couuance, et lqs ramène par
la loi d'un
travail manuel à une nouveï~e çbamè de sentimons
et 4')dées. J'aî ecu. devoir ausst considérer sépare-
ment une autre variété de la mélancolie, caraçtéri-
&ée par un penchant violent au suicide sans aucune
certaines
cause connue: ei!e paroît plus fréquente
années que d'autres, puisque je notai six metanco-
liques de cette sorte durant le dernier semc&hc de
Fan ï0, deux seulement dans tout Je corn s de
Fan n, neuf durau~Fan cinqcnFau ï3,ct
M)ze pendant les Mufderniers moisde ï8o5. Outre
les tentatives que fbotcertaiaesmélancoliquespour
s'étrangler avec uo mouchoir ou Utt lacet, d'autres
refusent toute nourriture pour mourir de ~tim~
On ne peut imaginer Jes soins as<tdus et les moyens
divers dont il faut uset' alors pour les soustraire à~
une mort tnévttaHe.Cette~ar!cte de ï& mëlaocot!e'
paro~pïuN r~eHeautrattementquerautre: troï&
sur six furent guéries durant le dernier semestre-
dé Fan ro, quatre sur neuf en Faa !2,etneufsur
seize penda!~ les neuf dermers mois de i6o5. Eït
prenanterësuttatgénérât de quatreannées mouM
trois mois, on trouve le rapport de ao a 38, c*est-a"
d!re 0,62. C'est aussUbrsqa'eOeest récente qu'eHe
est d'une guérison
plus facile.
5~4. La démence est un titre d'ëxclusibn pour-
certaîns hôpitaux d*Angtëterre destinés au traite-
ment dcsaiiënés, et, en effet, eue cstsouventea par-
tieïe projet d\tQ âge avancé. On ne doit donc potn~
s'étonner dit rapport peu favorable que donne, à.
cet égard, le retevé des registres de la Saipétnère~
putsqu'en prenautïe resoltatobtean pendant quatre*
aunées moins trois mots, sur'cent cruquante-deu~
anénees en démence, il n'en estsortt que vingt-neuf
dànsuoétatde guér!80o,c'est'à'd!reo, tg. L'idiot!sme'
a doonë~ttcore un rapport bien plusddcourageaut~
puisque, sur trente-six aliénées dansât état, au.
eone n'a pu être ramenée à la raison, ec que~
ehangement ~vorabio peHt'co espérer dM~ nj~
pareil état souvent originaire, puisque, sur la tota-
lité des idiotes, dix-neuf sur l'état antérieur des-
quelles on a pu prendre des informationsexactes
l'ëtoient d'origine; ce qui entraîne toujours rio-
curaMité?
345. Ce n'est donc, en geDéra!, que sur quel-
ques cas rares de démence accideut.eMe et d'itHoHsme y
non~ngtoatreque le traitement de rulténatiou pent
être app~qué avec succès a'est surtout la ma*
Dte et la metancotic qui peuvent éprouver eette
sorte de dëgepératbn, et son résultat devient
d'autant plus douteux, qu.e ces dernières ont été'
traitëcs ailleurs etsontin~etërees.Sioo comprend
<~nsïe même calcul tes quatre espèces d'aliéna-
t!oD dont je viens de parler sans y mettre aucune
restriction~ il. est manifeste que te rapport que j'ai
obtenu entre le nombre des guérisons et la tota-
Uté des admissions est celui de ~3 :iooz c'est
dire de 0,~7~ SI on veut, au contraire. exclura
des termes de ce rapport les cas de démence et
d'idiotisme peu susceptibles de traitement,.et qui
ne sont point admis dans les hôpitaux anglais, le
rapport sera celui de~. Cï~ c'est-à-dire de o,54,
en y comprenant, sans distinction, la manie
et la
mélancolie considérées dans leur état récent et
invétéré, ou après un ou plusieurs traitemens an-
térieurs or ces derniers cas laissent peu d'espoiy
de goenson..
VI.
Z)M~ du traitement propre ~~rj~~K~~
rechutés.

3~6. Uneop!n!ongéoéralementreçuefaitre8ar(lei,
Ja manie et. lamélancoïie comme peu susceptibles
d'une guérison so}:dc, et comme sujettes sans cë~e
t à de< retours cette opinion même ne paro!t que
trop conRtmee par l'exempie de presque tous~es
hosp~es de la F~nce dirigés sans méthode etd&'
les aïténés sout détenus en généra! toute ieur ~te.
I~a!Jicurs, le tra!tcmenti ordtn~repar des sa!~ne@s
répétées, suivi. $! souvent d'une !nterm!ss!on ~a~
sàgère:des symptômes, et: st propre à rendre Ï'a-
!!Jnat!ou penodique, autorisé aussi à'!a regarder
comme tncurahic..Un des objets fondamentaux~
qu'on s'est proposés à la Sa!petnère a été de~!re
éviter cet iacohvëntent, et de produ!re une gué-
r!son;soitdeet- duraMe c'est dans cette vue
que les
moyens curatïis et ïà pol!ce mténeuresdat d!rigés
dans cet hosp!ec, et qu'on y distribue les a!!énés en
trb!sgrandcsd!v!$tous~ comme~craî déjà tndtqué,
t
cequi dounela iad!!té de considérer sëparémcntïcs~
diverses pér!odesde l'aliénation, d'adapter à cha-
cune la vraie méthode du traitement, et. de trans.
ferer alternativement les ahénces d'une division
d~ns une auh'c, s'il se mauifeste une rechute, ou
sor !e simple signe de sou approche < on parvient
par là & déterminer avec beaucoup plus de préci.
sion l'époque du rétablissement entier de !a raison~s
et du retour de l'aliénée au sein de sa Emilie
c'est ce qui m'a conduit à faire des recherches sur
la durée que doit avoir le traitement pour éviter
les rechutes après !a sortie de l'hospice~
3~7. Le simple rdevedes registres indique des va.
r!étesretnarquab!esdaascette durée, imeine lorsque
la manie est d'une date récente* Dix-huit guérisons
curent lieu en I*an ïi au deuxième mois du trai-
tement, et neuf en J'au 12. Dans quelques cas
moins graves d'aliénation survenue par des cha~
grins domestiques, un amour contrarié ou uu~
suite des couches, le premier mois a suM quelque*
fois mais le plus souvent le traitement a duré
trois et même quatre mois et, en ei&t~ huit per
sonnes ont été guéries au troisième mois en l'an to,
cinq au même temps dans l'an 12, et onze en t8o5.
Mais lorsque la manie est d'une ancienne date,
qu'elle a été troublée ailleurs dans sa marche
par des traitemens mal concertés ou infructueux,
le traitement n'a été suivi du succès qu'après te
huitième, dixième, douzième mois c). dans quel*
ques cas même, après les deux années pour bien
consolider le rétablissement lorsqu'il a été possible
car la plupart de ces aliénées deviennent incura-
hies. La manie produite par une vive frayeur,
ceUc qui a été déjà marquée par des rechutes anto-
Deures ou qui survient à i époque critique des
femmes, est aussi d'une guérison plus difficile.
C'est ainsi qu'au dernier semestre de Fan ïo, huit
aliénées n'ont été guéries qu'après une année de
traitement, quatre après une année et dénué ea
l'an n, meut n'ont été guéries qa'après rannée
révolue, et trois après une année et demie d'un
traitement tour à tour repris et suspendu; car c'est
souvent un grand art que de donner à la nature
ïe temps de développer ses ressources et ses effors
salutaires.
3~8. Le délireexclusif des mélancoliques sur cer.
tains objets et leur caractère ombrageux cèdent
difficilement au traitement, et il est rare qu'on
obtienne un succès marqué au premier ou au
deuxième mo!s,àmoinsqu'on ne parvienneàgagner
leur conBaoce,et a rompre par là la chaîne vicieuse
desidëes, en dissipant leurs illusionsiantastiques.En
l'an ti, dix'.kuit mélaucotiques ont obtenu leur
guét'ison entre le cinquième et le huitième mois,
t
quatre au dixième mois, trois ~prés une année, et
quatre après une année et demie. Eu l'an ï2, dix-
huit ont été guéries entre le troisième et le sixième
mois, et douze entre le sixième et le neuvième. La
nature de la cause déterminante exerce aussi une
grande influence sur la facilité ou la ~nteur de
taguérison.Lamélancolie produite par des chagrins
domestiques ou un penchant violent qu'on a con-
trarié, peut céder saus peine dans l'espace de quel-
.que temps, par l'isolement et quelques autres
moyens simples mais elle résiste bien plus si eUe
vient d'une frayeur, d'une suite de couches, oa
d'une jaïooste purement imagioairp et sans motit.
L'obstacle est encore plus dtCicHe & vaincre si
elle tient à une exaltation extrême des principes
Mli~eux,ou à des scrupulessanscesse renaissans;
et comment faire entendre la voix de la raison à
des personnes qui n'obéissent qu'à des inspirations
surnaturelles,qui regardent comme profanes ou
persécuteurs ceux qui cherchent à les guérir, et
qui, suivant l'expression d'une de ces aliénées,
ont fait de leur chambre une sorte de. Thé-
baïde(i) ?
549. Yl est curieuxdecomparerentre eliesia manie
et la mélancolie pour la durée la plus ordinaire du
traitement et de voir, à cet égard, la diiïercuce de
ces deux sortes d'aliénation.En l'an o,
sur soixante-
quatre maniaques guéries, cinquante-sixl'ont été

(t) Les tUusione invétérées des mélancoliquesne peuvent


être le plus souvent (lissipécs qu'en 8ais!ssaat h propos une
circonstance favorabte. Uae d'etitre elles prëtendoitavoir eu
une v~tooqut lui annonçoit sa mort comme !nevhabtedansto
success!vemcat
cours de l'année. Tous tes moyens qu'on prit
pour la dissuader furent vaine,etce ce fut qu'après que raBnée
entière fut expirée, qu'cHe n'osa plus rien répliquer; bientôt
après son illusion s'Mt entièrement dtMipëe, et M sortie de
~'<Mp!ce a ëté pfempte.
dans le cours de la première, ou tout au plus de la
seconde année; soixaMe'douze sur soixante-treize
en l'anti, quatre-Vingt deux Sûr quatre-vingt-
sept eh l'an M, et ainsi de suite. Les guériadns
plus arriérées ont été tt'és-rares,et on ne peut
guère tes attribuer qu'à quelque événement for-
tuit, ou bien à une sorte de révolution par le.
progrès de ï~ge. Des exemples pat e!is semblent
avoir moins lieu dans les cas de mëIaacoKe, puis-
qu'en l'ati to on n'en petit compter que deux de
cette dernière sorte, ainsi qu'en l'an 12, et aucun
en l'an 11. U paroît que lorsque la mëïancoHe no
cèdepo!nt à une certaine époque du traitement:,
l'aliéné conserve toujours la même suite d'idées
et son caractère ombrageux saasespou'de rëta-
blissement.
3 5o.J'uiduêtre natureUementcondUtt, d'après les
recherches précédentes, à déterminer, suivant les
procèdes ordinaires du calcul, la durée moyenne
du traitement, et c'est dans cette vue que je l'ai
fixée d'abord pour chaqueannée, et que j'ai ob-
tenu pour la totalitéde ces années, dans les cas de
manie, cinq mois et demi, et pour la mélancolie six
mois ou environ, en y comprenant, soit les aliénées
deFune et de l'autre sorte qui ont été envoyées à
l'hospice dans les premiers temps de l'invasion de
la maladie, soit celles qui ont subi un ou plusieurs
traitemens dans d'autres hospices, toujours très-
duticilcs à guérir et souvent incurables. La du-
rée du traitement seroit à peu près deux fois moin.
dre si on n'envoyoit à l'hospice que des personnes
qui n'ont point été tracées ailleurs.
55t. ïl est constaté en effet, parie simple relevé
des registres, que !a plupart des guérisons opëfees
chaque année n'ont eu lieu que dans les cas de
la prccntère, seconde, ou tout au plus troistème
attaque de la manie ou de !a mélancolie or, ce
sont précisément ces cas qui sont susceptibles de
gnér!son en grande partie au premier, deuxième,
troisième, ou tout au plus au quatrième mois du
traitement.
vn.
/Ï<?C/f .M~C~M~ après la guérison et la
sortie de /'A<?~K'e.

552. Un des objets qui fixent le plus rattention, en


suivant la méthode adoptée à ïaSa!pctrière,est,
comme je viens de le dire, d'éviter les récidives
mais a-t -on été assez heureux pour atteindre ce
but, ou bieu les récidives survenues après la sor-
tie tieunent-eUes à des accfdens qui n'ont pu être
prévenus, quelques mesures de prudence qu'on
ait pr ises ? On n'a ici d'autre autorité à invoquer
que les résultats de l'expérience; c'est-à-dire qu'il
a fallu noter avec soin le
nombre des récidiver
survenues et les circonstancesqui ont pu les pré-
céder OUL les déterminer. Ce nombre M peut é~
1.
que trcs~approchaut. du vrai dans un hospice o&
sont surtout reçues les femmes des classes mie"
rieures de !a société, qui deviennent entièrement à
charge à leur famille si elles retombent, et qm
sous sont rameuécs} tes cas <Ta!!)eur~ que }e vais
iadiquet' serviront a éciait'er sur i~ongtue la plus
orJttluire des rechutes.
353. Le relevé exact des registres atteste âne dans
3c cours des quatre annéesmoins trois mois que com-
y)rend !a table générale, et sur la totalité de quatre
cent quarante-quatre aliénées guéries, soixantc-
onxe sont retombées après un intervalle plus on
moins grand or, je dois fitire t'cmat'qucrque, sur
ce dernier nombre, vingt avoicntéprouvé déjà une
ou plusieurs attaques traitées amours antét'iem'c-
meut à leur entrée dans l'hospice, et que dans l'at-
testation donnée pour la sortie, j'avois ajouté une
restriction et fait craindre une nouvelle rechute, a
moins de grands ménagemens pour l'éviter. Seixe
autres personnes étoient retombées,parce que leur
première sortie fortement réclamée par les parens,
avoit été prématurée, et qu'on les a voit avertis de
ce danger. Je dois d'ailleurs remarquer que sur ce
~dernier nombre, dix ont été de nouveau traitées et
guéries sans retour. y n eu donc sur la totalité
trentè-stx rechutes qu'on ne petit attribuer, à pro-
prement par!cr,au traitement subi à la Salpêtrière.
Sur les autres trente-cinq aiténées, des renseigne~
meos précis ont appris que quatorze d'entre cUes
avoient été précipitées dans la misère et dans des
chagrins pro{oi)ds par leur aversion pour !e travail
ou l'Inconduiicde leurs maris, causes trcs'ordinaires
de l'atiënanon. Six autres soatretombëes dans leurs
excès antérieurs de boisson; ce qui est encore une
autre cause fréquente de Fegarement de la raison.
Eunn le retour de la métancoile par des scrupules
.religieux extrethes a égard de nouveau buit.uer-
sonues, et les six autres ont. étë entramées dans un
état d'anouation par les transports aveugles de h
jalousie ou d'un amour contrane, eu laissant: toute-
fois douter, comme dans les autres cas, ~i c'étoit
une récidive de l'ancienne maladie ou l'invasion
d'une nouvelle. Quetqueinterprëtationqu'on puisse
donner aux rechMtfS qui sont survenues, eUes Io-
diqueut dans quelles justes limites est circonscrit
leur nombre respectif et les causes les plus ordi-
naires qui ont pu les provoquer. M est même dUa-
cile de croire que daus les progrès ultérieurs que
peut faire la science, on parvienne jamais à les pré-*
venir, puisqu*eUes dérivent de l'empue puissant
que prennent sur le coeur de l'homme les habitudes
depujs long temps contractées. Mata seroit-ce un
.mouf pour ne point regarder comme autantd'éve-
nctnens iavot~bles des guérisons suivies de. ces
rechutes, dans Jes applications qui peuvent leur
être faites du calcul des probabilités ?
vin. v

Du nombre respectif des JMCC~ 0~ ~J7ÏO/<<


succès du traitementdes Aliénées.

354'Le principe fondamental du calcul despro<


habilités sera toujours d'une application facile et
simple, lorsqu'on aura acquis une connoissance
distincte du nombre respectif des événemens favo.-
t'abies et aontraires, et c'est aiasi que dans tout
hospice où on aura déterminele vrai caractère de
ce qui rend l'aliénation curable ou incurable il na
s'agira plus que d'un simple recensement des cas
de l'un et l'autre genre pour connoître leur nom-
bre respectif. Mais le déiautde reoseiguemens pré-
cis sur l'état antérieur de plusieurs aliénées ( qua-*
trième colonne verticale de la table ) a empêché
souvent, à la Sa!pétrière,dc connoitre les c!rcons*
tances de ces deux états, etd*en faire des recense-
mens exacts~ il a falludouc trouver un supplément
à cette manièrede procéder. Ce supplément a con-
sisté à faire un dénombrement de toutes les alié-
nées qui restoient dans l'hospice à l'expiration dei
quatre années moins trois mois, et qui avoient été
traitées sans succès dans cet espace de temps or
ce nombre total, qui s'est éievé a deux cent douze,
sompreuoit cent quatorze personnes affectées de la
man!e, dix mélancoliqueset quarante-cinqaliénées
tombées d$iasla démenceou ridiot!stne,c'est-dire
cent quatre-vingts personnes sur lesquelles on avoit
reçu des informations exactes et qui avoient sub~
ailleurs un ou plusieurstraitemens.Parmi les autres
trente-deux, on pouvoit en compter dix-sept qui.
étoient dans un état douteux, et continuoient d'e'
«
tt'e trattees~vec uu espoir plus ou moins fondé de
guénsoc i!y en avott di x sur lesquelles on n'avoit pu
recevoir aucun renseignement; et les cinq autres,
quotqnebtcn reconnuespour être entréesdansrhos-
p!ce à une époque très-peu éloignée del'invasionde
):) matadie~n'avoientpunonplusetreguertes.Ils'en-
8u!t donc que!es.al!enëcs traitées aitieurssanssuccM
~b~'fno~ent la~rtis'grandc majortté des incurables
restées daMThospice,c'cst.à'dipe que leur rapport
eto!t de o,85 tandis que celui des aliénées d'une
~atc récente non guéries ne formoient plus que
0,07 en iaisantmeme entrer dans le calcul dix
aliénées sur rétat antérieur desquelles on n'avoit
pue recevoir aucune information précise. Il ya donc
une sorte de probabilité, celle dp o,g3 que le trai-
tement: adopté àIaSaIpétrièreserasuividusuccès
si J'aliénatiou est récente et non traitée ailleurs, et
je. dois faire remarquer que les rechutes n'ont eu
lieu sur cciles'ia que~Jorsque leur sortie avoit été
prétnaturéc par les réclamationsdes parens,et qu'on 1
n'avoit point attendu que leur raison fut pleincmcat.
rétablie.
355. On pourroit objecter que la mortatttë dcsf
femmes 6o<un<au traitement. ayant ctë d6 cin-
qnnnte-six pourrespacedetentpsquecomprëudma'
Êab1~, tes ahënëcsqu'onta!tpasser pour être sor(!e~
con~me guënes peuvent avoir succombe à d'autres
maladies tnctdentes, et qu'alors!! reste du doute su~
Je Nombre respecut'~s a!!ë)tt!p9 d'tthe
date récente
~ehJnes la sodëtë nta!s je puis mettre an rang~
des faits les p!us constutés, que tes maJMd!e& et ta
niorta!!të sont presque toujours dans l'hospice !c
paringe des personnes épuisées par des traitemens
antériem's~ts! af(b!b!!es à leur arrivée, qu'on est
bM!~ë de !es ia!rè passer le plus souvent dans
une
infirmerie. part!cu!!ère, presque toujd.urs temp!!e
d'ai!énëes de cette sorte ou d'incut'aMes. Les re-
cëhstimcnsmuhtpHësqui ont été ïai~ desmalades
de ces tnnrmenes, attestent d'a!eurs que,jcs ma-
ladies qui y &ont Ïe plus souvent mortelles sont
ou des fièvres ataxiques ou adynam!<jnes, soit sim-
p!ës,sott compHquëes de catarrhes putmona!res,
bu nne fièvre ïeutc et hecttque, qnetqucfbts jointe
auncphtbisieputmonatrc, ouenno undévoiement
coHtquatif; ce ~tn <a!t voir que ces altënccsont été
prëcëdemment soumises aux causes les phts débi-
'Htantcs. Il est rësuttë d~an recensement: fait dans
un des derniers semestres* que sur soixante-
douxc aliénées mortes aux innrmenes, so!tresar-
dëes comme ihcuraHes, soit soumises au tratte-
ment, sotxantc'dcnx avoient succombe ad!vers€5
matadiesdcJangucur (t), q"e !n méthode suivie à
la Satpetiiere fait en gëncrat éviter pour les per-
sonnes qm y sont exclusivement traitées.

~e~e~
I.X.

t~/c~-f /7oM/~M.T ~r~e/ïf ~7~~ ccr~/ï~


cas <7'«*/M//oyï par le J~M~ cc7<i~~<?~

35G. La marche suivie dans toutes tes parties de


l'histoire natmcitc, et t'attcution constante qu'on
a de déterminer les objets par des
signes dibtinct)~,
peuvent beaucoup cctnirer la méthode à suivre eu
médecine, et ceHe-ci peut se rapprocher plus ou
moins de ces modèles dans certaines mah'dics
mais ette est ~i< St'f quelques autres, d'atteindre
un certain de~re de précision et d'exactitude. J'at
cherche en vain à distinguer tous les cas d'a!iéua-
tion, et à les comprendre par d<;s signes sensibtes
ett deux grandes chsses, I<*s ~ns susceptibtes de
gncrisou, les autres incurables. Des symptômes,
(}uc)quciois tt'cs-vioJens, peuvent appartenir cgn.-
Jcmenta une aMéttation qu'on pent guérir ou ne
pas guérir. Son ëtaUuvetër~, quoique en gcnërat
d'un mauvais augure, doune qufîqueïbis lieu~ des

(t) D!x.snpt aliénces ont été v!ct'mcs Je H!'vres ajyoa-


m!qncsottatnxiq«fs, vingt-cinq ont për! d'une H~vre Icntc
ntthectique, et v'ngt d'unie de ifeutrc co~K~utit'.
exceptions inattendues (i). Un cas d'a!iénation)uge
d'après toutes les analogies comme susceptible de
guérison, peut éprouver, dans le cours du traite-
ment des obstacles imprëvus, soit dn côté du ser-
vice ou de la police intérieure dont on entrave la
marche, soit par quelque incident que toute la
prudence humaine n'a pu prévoir, soit enfin par
quelque faute dansl'applicationdesmo~'eos curatifs
peu adaptés au caractère de Ja maladie, ou à des
variétés parttcuiieres de !'Age,de la saison ou du
tempérament, car, quand on se juge avec sévé-
tité, combien ou se trouve souvent éloigné d'un

(t) Une femme Hvree h la plus profonde mélancoliedepuis


quatre années, éprouvoitun penchantviolent pour le suicide,
et avotteté traitée en vain dans un autre hospice. Son cgare-
nient, qui étoit atroce, cons!stoit~vouto!r donner la mortn uno
autre personne, pour être livrée aux rigueurs de la justice,
puisqu'on t'empcchott de se tuer. Ettcavoituntel f!egout pour
iav!c,
la vie, (juc,Tuatgrcsonhoncut'acomm<;ttrcuncritNC, elle s'y
(lue, malgré so.n hon'CtU'il comU)t~lIrcun crÍll1c,cHc s'y
portoit pour échapper, diso!t-et!e, au plus crue! des tour-
mens, celui <!e vivre. Tous les moyens moraux et physique;!
employa pendant prpsdedcuxansa!aSa!pctri<'reavoientctc
inutiles, et ce n'a été qu'âpres ce terme que sa raison a paru
se rétablir. Dix mois de tranquillité et d'une absence tota!e
de son délire ont à peine suffi pour me rassurer et me faire
conscnth' à sa sortie; mais enrin sa gucriscn a pnru si consot).
d<!c qu'on a accédé a sa demande, et qu'ct!c est rentrée dans !a
xocictë. Contbipn de fuis, dans tes deux premières années,
n'avo!t-c)!c p:n ctc a$shu!!cc aux autres !ncurab!es
certain terme qu'on entrevoit et qu'on ne peut
atteindre!
35y.Le recensement fait à la fin de l'espace de
temps que comprend ma table, adonne des exem-·
ples de ces cas douteuxou équivoques. Huitperson-
ncsétoientdaasunëtat invétéré de manie; mais des
changemenslentsetprogressifssembtoient annoncer
pour l'aveuir le rctourentierde la ï'a!son.Ctnqmë-
laucoliques étoient aussi dans une positon équivo-
que, et leurs illusions étoient en partie d!ss<pëes,
deman!ère a prévotr également pour l'avenh' une
issae favorable ou contraire. U ne restoit dé ratiéna*
doa dansdeuxant.resenetnp!esq~*uncaversionmv!u'
.cible pour le travail qui cependant éiott nëccssah'e
pour la subsistance. On ne pouvoit enfin rien pro-
noncer sur une foiblessc d'entendement qu*ëprou-
voient deux autres personnes, et dont la conva-
lescence paroissoit équivoque. Ces dix-sept cas
d'aliénation pou voient ctre regardés comme égale-
ment susceptiblesd'une issue heureuse ou malheu*
reuse du traitement; ce qui est toujours un obstacle
aune juste application des probabilités, obstacle
que des progrès ultérieurs de la science appren-
dront sans doute à vaincre.
358. Ce sont surtout les cas douteux qui ren-
dent difficiles les attestations de guérison pour que
chaque personne, après le traitement, puisse être
rendue à In société; caries autorités constituées
demandent de 1a part du médecin cette sorte de
garantie. Ces attestations doivent otïrir des nunn.
ces variées, être exprimées sans restriction lorsque
l'aliénation accidcuteije est d'une époque récente,
et que ia convalescence a été amenée par degrés.
On doit pronoucer avec réserve si l'admission dans
l'hospice a ëté précédée d'une ou de deux attaques,
quoiqu'il ne paroisse rien manquer nu rétahnssc-
ment. Les craintes d'une recuut.e pour l'avenir,
doivent augmenter sir<)!icnec a éprouvé autë-
ricm'cment des «Uaques r~ttët'ees, ou qu'cIJe ait
suh! aiticurs piusieurs trait~mens infructueux.
.11 y a hit'u plus de mouis de craindre si la con-

valescence estitnpariaite, et <(ue la sortie &rtc-'


tnent sollicitée par les parens soit: prématurée.
C'est par une expérience réitérée et quelquefois
.même après avoir commis des erreurs, qu'où ap-
preud à se rectifier, et à ue poiut compromettre
la sûreté publique.
35n. L'exposition simp~ dcs succès et des non.
sncccs du traitement desa!iénées de ia S~dpctriere,
et ia détermination des rapports numcriqucs qui
en ont résntté, indiquent assez combien la mé-
dccine expcrimentate est susceptible de prendre
t!nc marche terme et invariable par i'apptication
du calcul des pronabi!!tés, avantage qu'on lui con-
testera totqours avec raison, si elle ne s'attache
dans ses essais qu'aux événemeus favorables.
Quelle que soit la divergence des opinions sur le
traitement des aliénées, on ne pourra nier uu
rëstutat. authentique et constaté par le rc!evé !c
plus exact des registres, d'après une expérience
de près de'quatre années, et on ne peut conteste!*
q«e, pendant'~ue l'hospice sera dn'igé suivant les
mêmes principes, il y aura le même degré de pro-
babilité en faveur de la guërison d'unn atit~née
queteonque qui y sera admise, Jegre de prohab!"
lité dva!ne par le-rapport Je o,g3, si !'a!!éna- ;"¡
tion, soit mnn!e, soit mëianco!!e est d'une date i;
yccentc et non traitée aiUenfs. La (It'termtna"' ¡.
t.io~ de ce rapport aurott été ~en plus simple et
plus ~!recie si. ou avoit toujours pu se? procuret*
~os rhospicQ des renseignemensp~eds sm'rétat:
aoterieurdes aHénccs, qu'ou eut pu iaire uao
distinction du uomiM'e des cas favorables et. des cas
cojntra!rcs,et qu'il n'eAt pas été nécessaire de recou'
rir a d'autres voies détournée~. Je n'ai pas moins
donne un exemple authentique de h méthode qui
doit être suivie. Des journaux~exacts d'aliénation
tenus désormnisdans d'autres hospices-, et des tables
gcuéra!cs construites avec soin pourt'out ior-
mer autant, de termes de comparaison pour recti-
fier ou perfectionner Jcs méthodes de traitement,
et serviront dans !a suite de ibndement soHde pour
dcsrechcrchesultérieuresducatcuï des prohabiutés,
appliqué à un des plus grands objets d'utiiité pu-
Mtquc.
X..
J?C.tM~ du Traitement,6~<<A3
/M<s'<A3 'S'~<~rtJr~ an.,
nées 1806 ef 1807.
36o. Les grands établissemensconsacrés auxané.
nés sont exposés, comme toutes les institutionshu-
tnaines, & dégénérer, et peut-être même ptus que
tout autre. QueJte surveillanceacnve et conttnueHë'
ne doit point être exercée sur toutes les parties d~
service de la part des préposés le ntédcc!n hii-~
même n'est-H poiat sujet à se re!Acher de Ja sévérité
de ses devoirs? et quel autre moyen d'apercevoïf
les e~sts de tous les abus, que par la comparaison
des résultats des diverses années et par une diminu-
tion respective du nombre des guérisons? C'est en
core le calcul des probab!I!tésquidonoe cet avantage.

.wee 1806.
36 r. Les plus grandes dttncuhés à vaincre sont
toujours venues,commcdausiesauuéespi'écédentcs~
des rcaseigoemensimparfaitsqu'on obtient sur l'état
antérieur d'un grand nombre d'aliénées~ qu'elles
soient envoyéespar ordre de police, ou par le bureau
central d'admission. Ou ne peut d'aiUeurs s'entendre
sur Je succès ou non-succès du traitement, si on ne
part d'une base fondamentate donnée par l'obser-
v ation ]a plus constante et la plus réitérée. H est re-
connu en effet, autant en Angleterre qu'en France~
général
que Motisme et la démence sont ed
incurables, en sorte que dans l'hôpital SaInt-Luo
à Londres, on n'admet nullement au traitement:
des aliéoatioas semblables. &< On regarde ausst,
dans le même hôpital, comme incurables, la manie
déjà traitée ailleurs sans succès, celle qui n'est
point récente dont l'origine remonte au-delà de
et
trois mois, celle enfin qui est compliquée d'un état
de paralysie.Ces observations doivent trouver leur
entière application à la Salpêtrière mais dans
de latttudc
cet hospice on donne encore plus
pourra durée de la manie, et on demande set~e-
ori-
men~pour le succès du traitement, que son
gine ne remonte point au-delà d'uue année, et
qu'elle ne soit point communiquéepar une trans-
mission héréditaire.
362. Le nombre des aliénées soumises au traite-
celles quii
ment durant l'année 1806, se compose de
année et
ont été envoyées à l'hospice durant cette
de celles qui restoient à la fin de l'année i8o5 ce
qui forme une somme totale de deux cent trente-
deux en excluant de part et d'autres les personnes
réduites un état d'idiotisme et de démence à qui
mais-qui ne sont nullement sus-
on donue un asyle,
ceptibles de traitement, quoique je l'aie tenté sur
quelques-unes par les moyens les plus actifs. Mais
de ce nombre il faut encore retrancher quarante-
trois aliénées traitées sans succès, et qui, d'après le
relevé des registres, devoient être mises au nombre
des aliénations invétérées et réputées incnraMes*
Eu effet, dans plusieurs de ces cas, l'état. mamaque
ou mélancoliquedatoit de quatre années, souvent
de six ou même de dix; ilt'emontoit tncmcqucJt-
quetois jusqu'à qu!nxc ou vingt années. H est
r~-
counu aussi, d'après des notes consignées dans les
yegisn'ps,que certaines a!iénëes avoient été traitées
aiUeut's sans succès pat' les méthodes lés plus acti-
ves, et que pat' conséquent on n'avoit eu aucun
succès du traiterne'tt qu'on avoit cru cependant de"
voir tenter, d'en il suit que le nombre des
per-
sonnes traitées avec un espoir iondë de gttérisou
pendant cette année, s'est réduit à ceut quatre-
vingt-neuf, sur lequel ce~t soixante ont. été ren-
dues a la société d'après le relevé le plus exact des
registres; ce qui donne le rapport 0,8~ On
ne doit
pas d'ailleurs oublier les chances peu favorables
qu'à produites iedéfaut de renscignemens précissur
la cause primitive de ra~!énaHon, qui mis
ce a sou-
veut de l'incertitudedans le choix des moyens de la
traiter d'une tnauicre directe.
363. Lesobjections tirées du nombre des rëcid!ves
sont maintenant nulles, puisque ces dernières ne
doivent être attribuées qu'à rimprudcnce qu*out
eue qu; Jque~'is les parens de retirer les conva!es-
centes avant leur entier rétablissement, et malgré
les avis réitérés qu'on leur a donnés. L'expérience
qu'on a acquise dans l'hospice iait connoitrc i'c.
poquc précise où le calme est pleinementrétabli, et
les foncions de l'entendement ramenéesà leur état
nature!, et où l'on n'a plus à craindre un retour
de l'égarement de la raison en rentrant daas la
société. On n'a qu'à consulter les attestations que
je donne au moment de la sortie et qui sont dépo-
sées au bureau d'entrée, pour se convaincre que
tous les cas douteux ou équivoques ont été indiqués,
et qu'il n'y a point eu de rechute qui u'ait été pré-
vue.
36~. La plus grande mortalité des aliénées, dans
l'hospice porte en généra! sur les femmes en dé-
mence sénile, d'un à~e très-avancé, réduites à
.un état de langueur, donl les hôpitaux étoient
surchargés, ou qui ont passé mUcurs par fous Jes
degrés de l'épuisement et de J'indigence. IJ en a
péri trente.trois de ce nombre dans i'hosptce du-
rant l'année !oo6, ainsi que six personnes réduites
à un état d'idiotisme. Parmi les mélancoliques de
l'hospice, on n'en a perdu que neuf dans la même
année, et la cause de ia mort a été manitcste, puis*
qu'eue a été due u une répugnance invincible pour
prendre de la nourriture, quelques moyens qu'on
ait pu metttc en usage, et ces moyens sont très-
variés (212). La manie est en générât jointe a
un état de vigueur et de santé, et il est très-rare
que les aliénées de cette sorte deviennent malades
dans l'hospice, surtout par les soins qu'on prend
de leur accorder tout le degré de liberté qui est

~compatible avec leur état, de leur laisser satisfaire


leur appétit et de leur faire respirer un air salubre
mais les tentatives mal entenduesqu'on fait ailleurs
oudaosicur iamitle, pour les guérir d'abord, l'abs-
tinence à laqm'Me on les condamne en généra!, ou
les dusses apparences d'une nêvre aiguë et frénc-
ttquc qui peut simuler la manie, réduisent cer-
taines de ces aliénées à l'état le plus déplorable,
et c'est quelque temps après leur admission qu'on
en voit succomber quelques-unes. On a aussi, dans
certains cas, confondu une i!èvre atax!que avec un
état de manie, et alors la malade est venue périr
dans l'hospice.C'est ainsi qu'on a compté seize morts
parmi les maniaques durant l'année dont je parle.

~M/zcc t8o~.

365. Le nombre d'uHénéessoum!ses au traitement


en 1807, se compose de celles qui restoientà la nu
de l'année précédente et de celles qui ont été en-
voyées à l'hospice dans le cours de la mente année,
cequt&rme une totalité dedeux-cent quatre-vingt-
d!x-neu<. Pour obtenir un rapport exact entre le
nombre des guénsous et celui des admissions, on
doit d'abord retrancher du nombre total, 1°. trois
épileptiquesqui ont été ramenées dans leur divi-
sion après avoir recouvré la raison 2". trente-deux
aliénées parvenues à l'hospice dans un état de
démence sénilc; 3<\ dix-huit paralytiques, puis-
que l'observation la plus constaute apprend que
h complication de la paralysie avec !'aHénat!on est
incurable 4°. quato~c personnes tombées dans
l'idiotisme,soit originaire soit accidente! vingt
personnes afïectées d'une manie béréditaire, ou
devenue babitueï!e depuis au moins neuf années et
au-dessus; 6"' neuf métancouquesdans un étatm-
Yétéré. Le nombre total des aliénces dont je viens
de pnr!ers'éteve à qunu'c-'v!n~-setxc cju'on doit re-
garder comme non susceptibles Jetrn!tcmeut,ct
renvoyées aux !ncm'ab!cs après avoir iait des ten-
tatives infructueuses sur certaines d'entre cHes. Ce
nombre retranchéde la totalitédcaadmissions donne
pour reste deux cent trois.
366. Ce dernier nombre doit être encore dimi-
Buë d'âpres des renseignemenspostérieurs qu'on a
acquis sur plusieurs aliénées durant le cours des
armées suivantes, à mesure que les parens pou voient
les fournir, Ï! a été en effet constate que, parmi les
deux cent trois restanteset présumées susceptibles
de guérison, quatorze maniaques étoient dans cet
état depuis sept ans etau.dessus,neufmcJancoliques
€t:oieut d'une ancienne date ;euun on a compté dix
casdcdémence et treize d'ilotisme.Ces divers nom-
bres réunis formentencore une tota!itc de quarante'
six incurables, et le non succès du traitement ne
doit être nullement attribué au défaut de Ja mé-
thode qui a été suivie. Eu retranchant: ce nombre
de deux cent trois, il reste cent cinquante sept
aMénées susceptibles d'uu traitement régulier. D'un
autre côté le nombre des guérisons, qui a été re-
connu être de cent vingt six, doit être augmente de
dix aliénées rendues a la soctété postérieurement à
l'année 1008; (Fou it résulte quele rapport entre
le nombre des guérisons et celui des admissions est
celui de cent trente-six à cent cinquante-sept,c'est*
à-dire o,3'y.
8Gy. C'est surtout dans uu rapport médicatqu'ott
doit exposer les variations de mortalité d'un ët.a-
blissement public pour en déterminer et, s'il est
possible, en diminuer Jcs causes; le simple recen-
sement des maladies qui ont eu !ieu dans Fhospice
en 1807, et des circonstances qui les ont accom-
pagnées, fera juger facilement combien Je méde-
cin s'est trouvé à cet égard dans des chances mal-
heureuses et même étrangères à l'état d'aliénation.
Vingt.deux aHënëestrès-agëes étoientréduites à un
état de démence sénile, après avoir éprouvé une
grande détresse; dix-huit étoient tombées dans un
état de paralysie avec égarement de la raison par
un abus antérieur des remèdes, et elles ont fini par
succomber. Huit mélancoliques ont été victimes
d'une abstinence voltaire, quelque expédient
qu'on ait pu prendre pour les engager à se nour-
rir troisse sont éteintes dans un état absolu d'idto-
tisme.Six femmes trcs-agées et envoyées del'HôtcI<
Dieu, sont arrivées dans une débilite extrême, par
un séjour trcs.prolongé dau~ leur lit. Sept mania.
ques ont péri de ce qu'on nomme Sèvres ~o'/<j/~
ou <T/<y~c.t.Six autres atiéncesont succombé an
scorbut, M la phtbisie on hicn a de~s attaques d'apo-
ptexie. Ces divers nombres réunis ibrmcnt une
sommetotale de soixante-Jk ce qui donne un résul-
tat peu encourageant si on n'avoit dans l'fSpttL les
remarques précédentes. est taoiede voir que les
résultats obtenus en t8o6 et en 1807, sont l'un
de 0,8~. et Fautre de 0,87, tandis qu'il avoit été
pour les années précédentes de o,93, toujours eti
compat-ant. Je nombre des guérisons possibles avec
Ja tota!!téJes admissions. La cause principalede ce
désavantage me paroît tenu' au défaut total de reu-
seignemens précis sur les causes déterminantes de
Ï'a!!énattonetsur!csremèdesdéjà mis en usagcavant.
radmtSSton des aliénées dans l'hospice, ce qui, dans
uo grand nombre de cas, a mis une grande insta-
bilité dans le traitement de ces dernières années;
car d'ailleurs ces atiénées sont dirigées suivant les
mêmes méthodes. Il me paroît donc que les forma-
Ittésderadmissionont besoin d'être perfectionnées.
Mais ne dois je pas rechercher .s'il y a d'autres ob-
jets de réforme, et porter toujours sur mot-même
un jugement sévère ?
1 SEPTIÈME
SECTION.
Cas ~CM~&/M d'aliénation par des vices
de co~r~a~o/ï 0~ d'autres causes.

368. 1
est difficile de remonter à l'origine du
L
jugement porte sans restriction sur les aliénés par
les anciens jurisconsultes ~e/Me//Mr/o~M~ ~e~r
pr~~M~M~yM~oj'Mj'(t).Est-ce une sttQpte opinion
fbudëe sur des prëvendonspopulaires, on bien un
yësu!tab de faits recueillis dans des asyles publics
on les aUënés ëtoieot séquestres de la société et
regardes comme incurables? Zaceliias, dans ses
questions médico-légales, met de grandes limites
a cette proposition générale, et parmi les divers
cas qui donnent peu d'espoir de guérison, il in-
dique surtout ceux d'une lésion de structure orga-
nique du crâne ou du cerveau. Il importe d'exa-
miner les lumières qu'ont pu produire snr cet
oh)et les progrès ultérieurs de l'anntomie, et la

(t) La moUcurc meUM~e de répondre aux préventions


<!c8 jurisconsultes, est de leur mettre sous tes
yeux ce qui a
été dit dans la section précédente sur le calcul des urobah!-
lités applique au traitement des aHcnees,suivant les principes
qui ont été suivis a l'hotptce de la Sa!pctrn;t'c. C'est par des
résultats de faits bien discutés qu'H faut se diriger cnmedc-
cine comme dans toutes les sciences physiques.
direction particulière que j'ai suivie dans les rc-
chercHes qui me sont propres.
36g. Morgagni a pu s'clevcr à une Induction
trop générale sur la densité et la consistance du
cerveau des aliénés, comme l'ont attesté des obser-
vations postérieures beaucoup plus multipliées;
mais la marche sévère qu'il a suivie dans ses dissec-
tions anatomiques et dans l'exposition historique des
ihits observes, sera toujours ~n modèle de sagacité
et d'exactitude nou moins que d'une saine critique.
On a eu souvent occasion de remarquer comme
lui des épaachemens lymphatiques,dans les ven-
tricules du cerveau, des cngorgemens des vais-
seaux sanguins, des changcmens survenus dans les
p!exMs choroïdes ou le cdvps caHeux, de petites
concrétionscalculeuses dans la g!aude pinéale, etc.
'foutes ces observations se confirment chaque jour
par des recherches analogues. Il iaut convenir~1
cependant (jjue dans d'autres cerveaux d'aliénést
on ne trouve aucune de ces lésions physiques jÎ
aucune attëï'ation dans Ja structure orgaulque de
ces parties et, ce qui est encore plus décisif,
c'est qu'on les remarque quelquefois dans d'autres
cas différens, et a la suite de certaines maladies en-
tièrementétrangères à l'aliénation mentale, comme
l'épilepsie rapop!exie,tesconvuls!ons, lesnèvres
ataxiqucs. Quelles lumières, d'ailleurs, pourroient
résulter d'une longue énuraératiou de tous les
changemejos survenus dans la substaoce du cer<
veau on des méninges, si on les isole d'âne cxpo~
sition instoljquc et dctaiUée des circonstances anté-
rieures qui ont eu lieu dans ces cas particuliers,
si on omet la cause physique ou morale de l'a!ié.
nation, son caractère pt'ccis, sa marche, le tt'ai-
tement qu'on a suivi, les maladies incidentes qui
ont eu lieu durant son cours et tout ce qui l'a
partit'uHcrcmentd!stinguëc?Qne!queibismême les
iesicos organiques, au lieu d'avoir lenr Stcgc dans
le cerveau ou ses enveloppes, se trouvent dans les
viscères de Fubdomeu, et consistent surtout dans
des changemens mot'binqucs remarqués dans la
substance du foie, de l'estomac ou les intestins; ce
qui augmente encore les difncuttës, et doit tou-
jours tenir ea garde contre la précipitation du
jugement. C'est sur ce plan qu'ont été rédigés les
journaux d'observations que j'ai tenus dans l'aos-
pice de la SaÏpctriere, et dont je publierai les his-
toires particulières en leur joignant celles que je
pourrai ~airc encore, comme je t'ai déjà annon-'
cé (32o) il ne s'agira plus quand elles seront assez.
multipliées, que d'en tirer des corollaires généraux
avec k's exceptions et les modificationsdont ils sont
susceptibles. Je me borne ici aux irrégularités et
aux vices de cootbrmation que peut offrir dans
quelques cas dauénatioot la structure du crâne,
t
en faisant précéder quelques remarques propres à
montrer combien ces derniers cas sont rares.
L

Pdriodes de la vie les /ropre~ ~/<Ttrc coM-


tracter la ~z~/e yf~ do causes morales.

Syo. Un simple résultat de calcul numérique


sur les périodes de la vie qui ouvrent le plus de
chances a l'aliénation fait voir CQ geoéral com-
bien doivent cn'e rares les vices de conformation
du cerveau ou du crâne. J'ai tenu un compte exact
du nombre des Insensés transférés à Bicétre durant
l'an a et Fan 3 de la république, et j'ai ~otô
soigneusement leurs ~ge~ respecdts. Pour mettre
plus d'ordre dans les résultats du calcul, j'eus soin,
à la Hn de chaque année, de dresser une table dans
Inquelle les périodes de l'âge étoiet~ divisées en
dixaines d'années, depuis la première jusqu'à la
soixantième, pour pouvoir y comprendre les âges
des divers aliénés. Je remarquai que dans le nom-
bre total de soixante et onze, qui fureut reçus à Bi-
cétre durant l'an 2 de la république, trois seule-
ment étoient compris entre la quinzièmeet la ving-
tième année de l'âge, mais pas un seul avantce pre-
mierterme,c'cst'a-direl'époquedela puberté ;vingt-
trois autres aliénés étoientiutermédiairesalaving'
tième et à la trentième année, quinze à la trentième
et quarantième, et autant entre quarante et cin-
quante neuf entre cinquante et soixante six
seulement depuis cette dernière ~usqu~à soixante-
dix, et aucun au-delà de ce donner terme, J'obtins
encore un résultat analoguepour l'an 3 de la rëpubH-
qne, en sorte que t'uge d'aucun aï!ëne ne s'est t) ou vé
antérieur à l'époque de !a puberté; que les deux
dixaines d'années compnses depuis vingt jusqu'à
trente,et Jepu!s trente jusqu'à quarante, ontetcies
plus fécondes en aliénés; il y en a tmnombrcmoiudre
dansJadtxainecompr!seentrequaranteetc!nquaute~
etp!uspctitencoredepn)sc:nqnante)usqu'àsoixante.
Un relevé exact des rcg!sh'cs de l'hosp!ce de B:ceH'e,
pendantdix années consécutives, sert à connrmerles
mêmes vérités, comme j'indique la tabJc suivante
TABLE.
ALIÉNÉS QHS.
A G

j)_
HccusaMtC~tre.
n a
a
3~
.s" 4"
40
5o
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2C 33
55 t8
18 t~
12 5 ~8,'
mois~'aat".
mois t'an 1er,
dc..J t
1 ,5
15 .5
15 7n 4 a3 'j
40

.enl'an~.
l' 0 5 M t5r: t5r: g 6
r.
3y t. La disposition plus particuMerequ'on a pour
FaHëuation de l'entendement, dans certaines pé-
nodes de la vie plus exposées que les autres à des
passions orageuses, se concilie tacitement avec le
résultat des faits observes dans les hospices. Dans ïe
recensemeut des aticnés que )e fis à Bicctre l'an 3
de la république, je reconnus que les causes déter-
minantes de cette sont le plus souvent des
affections morales très. vives, comme une ambitton
exaltée et trompée dans son attente, le ihnai)smc
religieux, des chagrins profonds, un amour mal-
Iteureux. Sur cent treize aliénés sur lesquels j'ai
pn obtenir des informations exactes, trente-quatre
avoieut été réduits à cet état par des ch~rins do-
mestiques, vingt-quatre par des obstacles mis à un
mariage fortementdésire, trente par des ëvcncmens
de la révolution, vingt.cinq parunxeie fanatiqneou
des terreurs de Fautrevip: aussi certaines profes-
sions disposcnt'cHesplus qned~utrcsa !a manie, et
ce soutsurtoutceUesoù une imaginationviveetsans
n'est point
cesse dans une sorte d'effervesceuce,
contrehalancée par la culture desibnctionsde rcn.
tendement, ou est fatiguée par des études arides.
En composant en effet les registres de l'hospice des
aliénés de Dicêtre, on trouve inscrits beaucoup de
prêtres et de moines, ainsi que des gens de la cam-
de ravenir;
pagne égares par un tableau effrayant
plusieurs artistes, pt'intre.s, scu!pteurs ou musi-
ciens; quelques versiticatcurs extasies de leurs pro-
ductions, un asscx grand nombre d'avocats ou Je
procureurs mais on n'y remarque aucun des~
hommes qui exercent habituellement leurs facultés
intellectuelles; point de naturaliste, po!ut de phy-
sicien ïtabUe, pointde chimiste, à plus forte raison
point de géomètre.
372. Ces notions prél!m!naires indiquent d'avance
combieu doivent être rares les lésions ou diffor-
mités du crâne parmi les aliénés~ puisque dansi~ge
adulte l'ossification des os de la tête est complète,
et que des affectionsmorales ne peuvent l'altérer.
H rcstoitseutement à constater cette véritcpap des
ouvertures des corps très-muhiptices, et des re-
cherches exactes. Grëding, auteur a!!emand(!),
qui s'est livré particuhcrementà ce genre de tra-
vai!, dit que sur cent aliénés il a trouvé trois
têtes volumineuses et deux. très-petites. Il parte
aussi de certains crânes remarquables par leur épais.
6eur, de !a forme particulière de l'os frontal, qui
lui a paru quelquefoispetit et contracté, de la com-
pression des tempes, de la sphéricité de certaines
tctes, tandis que d'autres sont oblongues. Mais on
voit combien ces observations sont vagues et indé-
terminées, puisque l'auteur n'a employé aucune

(<) Je connois son ouvrage par la traduction anglaise et


t'extrait (jn'cnadonnéCtichton~ous le titre suivant: Medi-
</tM/ ~AorMW <w ~M~~co/y <M~ otliers diseases eo~-
~t;C~ (f~A tf.
méthode précise pour évaluer les dimensions de
ces crânes, qu'il n'a pu par conséquent compa-
les
rer entreeux d'une manière exacte. tt y a d'ailleurs
des variétés de crâne (jui sont communes à tontes
sortes de personnes, même hors le cas d'a!iénatiou
il faut par conséquent en faire abstraction dans les
recherches sur les a)!cnés, pour éviter de fi'nx rai-
sonnemens, et ne point prendre pour cause doter-,
minante ce qui n'est qu'une forme accidentelle et'
coïncidente avec la manie. C'est assez indiquer que
j'ai suivi une méthode J!f~rentcdansJcs recherches
anatomiquesque j'ai faites dans les hospices.
373. Une opinion assex générale fnitattribucraux
vices du cerveau, et surtout aux irrégularités et
aux disproportions du crâne, ra!!énaUon mentale.
Ce seroit sans doute nn ~t'and o!tjet de docu-inc u
développer que de faire voir les heJJcs proportions
de la tète comme le signe extérieur de i'cxcc!)cncc
des acuités de leotendetnent, de pouvoir d'abord
prendre pour type le chef-d'œuvre de la scu!pture
antique (i) la tcte de l'Apollon Pythien, de pou.

(t) «De toutes tes productions de l'art qm ont trompé la


~fureur du temps, dit Winkdman, la statue <t'Apo!)on
L'artiste a conçu cet
» est sons contredit la plus étonnante.
)) ouvrage d'après un
modete idea), et n'a emptoycdematière
exécuter sa pensée et ta
que ce qui lui étoit nécessaire pour
rendre sensible. Sa hauteur s'ctcvc au-dessus du nam-
» rel, et son attitude est pleine
JotM.'jc~c. A la vue de ce
voir placer en seconde ligne les têtes des hommes
les plus heureusement organiséspour les beaux'art~
et les sciences, de descendre ensuite par tous les
degrés successifs de disproportion de la tête et de la
capacité intellectuelle jusque Utommc tombé daus
la démence ou ridtousme mais l'observation est
loin de conurmer ces conjectures spécieuses, puis"
qu'on trouve quelquefoisles formes les phs be!tes
de Ja tête jointes avec le discernement le plus borné,
ou même avec la manie Ja plus comptète, et qu'on
voit d'ailleurs des variétés singulières de conforma-
tion exister avec tous les attributs du tatentct du
génie. Cependant il n'est pas moins curieux et
utile pour les progrès de la science, d'établir cer-
tains J~aits bien constatés comme un résultat, nou-
veau de recherches, d'examiner les variétés de

prodige j'oublie l'univers entier; {c prends moi-même une


)) attitude plus noble pour le contempler avec <~gn!te de
l'admiration je tombe dans l'extase M. Je ne suis pas moins
admirfttenr passionné tjuc Winkcttnan de rApoUon devenu
le fruit de nos conquêtes, et placé maintcnaotauMuséumde
Pat'is; mais je le considpt'û ici avec tout !c sang-froid de !a rai-
son et cotume reuntMant dans sa tète tes plus belles propor-
tions et tes formes tes plus harmonieuses qu'on ait pu observer
parmi tes hommes. C'est en effet sous l'heureux climat de !a
Grcce, c'est par tes beaux devc!opncnMnst}ue fnisoient prca-
dre au corps les exercices gymniques~ qu'on a pu s'élever à
cette connoissance et la transtuettre dans les chef-J'oeuvrca
de la sculpture.
con~brmatiou qui semblent indinurcntes pour le
libre exercice des ibnctions dcl'cntcudetnent.dc
noter surtout les difïbrmitcsdu crauc qui sont si-
niuhanëcs avec des lestons mauitcstcsdc ces mêmes
fonctions, d'Indiquer cn(iu ~s espèces d'atiénation
mentale qui dépendent plus pm'ticulièt'etnent,soit
du défaut de symétrie et de capacité des parties
osseuses du crâne, soit de la petitesse de ses di-
mensions par comparaison avec la stature entière.
3~. Camper, dans ses recherches sur la diffé-
rence des traits du visage, a dit porter toute son
attention sur ce qu'il appelle la !!gne faciate, pouc
bien saisir les traits caractéristiques et constaus de
la face des divers peuples de ia terre. La considé'
ration ibndamentatedont je m'occupe se rappor-
tant à la conformation et aux dimensions de !a ca-
vité du ctâuc, j'ai dû diriger autrement mes
re-
cherches, c'est-à-dire examiner le rapport de la
hauteur desdiverscstctes avec !cnrproj[bndeur dans
la direction du grand axe du crâne, et avec leur lar-
geur a la partie antérieure et postérieure de ce
même assemblage osseux, recotittuitrc les défauts
de symétrie dans les parties correspondantes, et
comparer dans le sujet vivant le volume de la tête
ou plutôt sa hauteur perpcndicuïairc avec la sta-
ture entière~ Pour mettre p!us d'exactitude dans
la déterminationde ces rapports, il cto~ucccssr)ire
d'avoir un type primiuf ou un terme tixc de com-
paraison, ctpouvois-jc mieux choisir qu'en rcmon.
tant aux proportions si {uste<ncnt adtnh'ëes de !a
tête de l'Apottou, d'après les dimensions prises par
Gérard Audran ( i ) ?

(t) Je vais me borner a noter les proportions de !a statue


d'Apotton Pythien, qui se rapportent le plus directement à
l'objet que je me propose.
I<a tète sert de base à ces proportions.
On divise la hauteur de !a tête en quatre parties égales
savoir
Z~ ~r<w'<~e partie depuis le sommet de la tête {usqu 'à
la racine des cheveux, en imaginant des plans paraHUes et
horiMntauxqui passent par ces parties.
J~ deuxième partie depuis le haut du front jusqu'à la
naissance du nez à la hauteur de la paupière supérieure.
La ~'OM«~«: ~d//M, depuis la naissance du nez jusqu'au
dessous du nez.
La y/<r/W/M6~~M depuis le dessous du nez jusqu'au-
ttcssus du menton.
Chaque œUvu de face à une partie de largeur; il y a entre
les deux yeux un espace !argc'de partie, et!a largeur de la
tête en cet endroit, qui est celui des tempes, est de *a parties
La largeur de la t<'te, à l'endroit des pommettes, est de
& parties ? la largeur de la tête a la même hauteur, mai9
au-dessusdes oreilles à rcodroit le plus large, est de par <
t!es ou à peu près.
La plus grande profondeur de la tête, depuis le point le pins
sait!ant du front entre les sourcil jusqu'au point le plus sait-
lant de l'occiput, dans le plus grand diamètre horizontal,est
à peu près de 3 parties
La statue entière a de hauteur <ept fois celle de la t~te,
3~5. Mais je ne dois point d!ss!tnu!cr!es obstacles
qu'on éprouve quand on veut. apptiqucr à ces re-
cherches les principes des sciences mathématiques.
Rien ne paroît moins susceptible d'une évaluation
précise, que la capacité formée par l'assemblage
des os du crâne. D'abord à la hase, ce sont divers
enfoncemens et des éminences h'réguncres on ne
voit a la partie supérieure que la grossière appa-
rence d'un demi-ctiipsoïde, dont la convexité an-
térieure est dii'fcreutc de la postérieure~ les parties
latérales aplaties. H résulte de Jn que la section
ducr&ne,para!!e!emcntàsa base, n'a qu'une rcs-
semltlauce éloignée avec une cUtpse, et ne peut
donner prise à aucune espèce de calcul. Je me suis
donc borné à des moyens mécaniques pour évaluer
les dimensions du crâne de la manmre la plus
approchée. Pour déterminer d'abon] une position
constante pour toutes les tètes j'at mis, comme le
fait Camper (t),
un support au-dessous du trou
occipital et d'une hauteur tcl!c que re\tré~D!té de
rapophysc nasa!c et Je rebord supérieur du con-
duit auditif externe, fussent dans une ligne parât-
!è!e au plan honxontaL J'ai fait ensuite construire
uaparaUéiipipcdcte!,quelesdeux plans verticaux

plus 5 ~arucs !a tctc compr!sc c'est-a-dh'e que !a tctc a un


peu ptus que Jf: !a statue entière.
(t)~)~J<<C~J7'y~<? .<W~.T ~<!MC<f~CO/'J-
~M~/c<f ~<t~ </MT~~e~ etc. Utrecht, ~91.
et qui se coupent à angles droits, sont uxës d'une
manièrestable sur le plan horixontal, tandis que les
deux autres pians verticaux peu vent glisser
en con-
servant leur parallélisme respectif avec les deux
premiers, et s'adapter ainsi aux divers volumes des
tCtes ic plan supérieur et disposé
sur le sommet
de Jatëte est libre et prend une position horizon-
ta!e à t'aide d\m niveau par cette disposition, jcs
distances respectives des plans parallèles donnent
les idées les plus précises qu'on puisse se former
des trois dimensions de !a tête, en faisant atten-
tion d'aiUenrs que ~c p!uu antérieur ne descende
pas au-dessousde l'apophyse du corona!, pour his-
ser avancer les os de ta iacc~ Quand le su~et est
vivant, je me sers d'un compas courbe pourdéter.
miner les dimensions respectives de la tête et du.
crâne. On a par là un objet de comparaison pour
les crânes de diverses formes et de divers volumes.

Iï.
/~7r/c~M des ~/MM~o~~ </e la tête etc~o~ des
objets <z ~7e~<e/

876. Une source continuelle d'erreurs dans les


rechcrehesd*anatomiepatho!og!que faites
par Gré.
ding, a été de rapporter comme cause d'aliénation
certaines variétés de conformation du crâne qui
pcnvcut être sunuhanées avec cette tnatadic, mais
qu'on peut aussi reu'ouvcrà la mort des personnes
qui n'pnt jamais été aliénées. Pour éviter ces juge-
mens erronés, j'ai examiné et mesuré un grand
nombre de têtes prises soit dansles collections du
Muséum d'Histoire naturelle, soit dans tes cabinets
de FKcoie de Médecine ou ailleurs. J'ai pris aussi,
il l'aide d'uu compas courbé, les dimensions des
têtes de diverses personnes de t'un et rautre sexe
qui ont été ou qui sont encore dans un état d'aUë"
nation, et j'ai remarqué qu'en général les deux
variétés Ie& plus irappautes,soit du crâne àtongë,
soit dit crâne court ou approchant d'un sphéroïde,
se trouvent indistinctement: et sans aucune con-
nexion avec l'exercice plus ou moins libre des J~uc-
tions de l'entendement, mais qu'il y a cerCatos
vices de conformation du crâne ués avec un~état:
d'aliéaation, surtout avec ia~ démence ou l'idio"
tisme originaire. Pour rendre ces vérités plus sail-
lantes, j'ai cru devoir faire dessiner quelques'têtes
qui, par leur opposition ouleurrapprochcmaat,
établissentces limites, et semblent JEbnder uic sorte
de correspondaoceentre certains vices déstructure
du crâne et l'état des fonctions de;l'enteudemeut.
J'ai fait d'abord tracer la formé de la téted'uue
fbile morte à l'âge de quaraote~ueuf ans (pi. i~
fig..1~~), forme alongée, puisque la hauteur de la
tête est moindre que sa longueur, et je l'ai mise eu
opposition avec les os du crâne d'une personne saine
d'entendement~ et morte à l'âge de vingt ans, qui
est différente d'ailleurs de 4a précédente (pi. Ï~~
lig. ~)' par ce qu'on appelle rondeur ou sphét'1-
<:Ité de la tête. J'ai réservé, pour la fin de la même
planche, le dessin d'une tête très'irrégullèred'une
teuac personne morte à l'âge de onze aos(pL 1~
6g. 5 et 6) dans un étatcomptet d'idiotisme. Au
coïBmencementdeÏadeuxtèmeptaoche~e transmets
]a tête & crâoealongéd'un maotaqueôgédequarante-
deux ans, et complètementguéridepuis environsept
ans (pi. Hc, gg. i re). Je mets en oppositionavec~eette
forme, la tête H ès'arrondie d'un jeune homme mor&
à vingt-deux ans, et que je puis attester avoir cté
doué du jugement le plus sain (p!. lIe, fig. a). Je
finis par le dessin de la tête d'un jeune homme de
vIngC-un ans réduit à un état completd'Idiotisme, `

remarquable par la, disproportion la plus extrême


de la forme et des dimensions du crâne ( pl. II",
fig. 5 et 6. Les deux têtes qui terminent ainsi les
planches doivent être le principal objet de mes con-
sidérations anatomiques.
3'7y. L'examen anatomique des têtes de deux
femmes maniaques l'une morte a FAge de qua-
rante-neuf ans (pl. Ire, ng. Y eta ) ) et l'attire à cin-
quante-quatre(pl. Ire, ng. 3 et ~)/a conBrïnc en-
core ce que falsoientprésumerles considérations que
j'ai faites sur les causeslesplusordloa!resde!amanie,
qui sont des affections morales profondes,et sur les
périodes de l'âge qni donneutleplus de chances pour
la contracter, c'est-a-due qu'It ne s'est point maol-'
teste (Je contb~nation particulièret~ont on ue pm~b
Couver des exemples des crâne<s pris iudis~tCf
sur
ment~ t~a ~éte de l'une se rapproche amplement de
? ~c a!ojc)gée., et celle de la; deu~me revtent &
Ja ibt'tne des tcte$
courtes. ~p!at:ssement. dm
porunaî derune,'qu: semble &pjN<er pïanit~U..
un
ue, et 1'ëi~ati.on perpeadtcuïatre d~'9utr<$pï~
,des vanëtesqu'on observe
so~yetH s~s qn'pn p~:sse
.ep tirer une !nduçdon~yoraMe Gt~j cootra!re aux
<acuhës de rentendement; )[!)a;s H Qppst aMtKet~~t
ducr~ne dont je,supprime ictiledesstp,tet: que }~t
conserve sotgn~usemeu~ala mpr~ d'hoa mte.d~~tx.-
M'eufana.qm ëtott dansun étatd'idioeisme de nais-
sance. La longueur de ceU~.tete estia même q~
celle des deux autres mamaques,a!aissahauteur estc
d'u~n centimètre au-dessus de la deuxième,
es de
~u~x centimètres au.dessus de ~a preonère,
pen-
dant que sa largeur est moindre ce qui douneà cette
tête un degré d:8propprt!onnëd'ëlëYa.t;ptietun apla-
~ssement latérat assez crd!na!re a r~!ot!sme de nais-
sance j'aidu moins remarquérun et rautresurdeux
jeunes idiotes encore existantes, et on l'attribue a
presque tous les cretius du. pays de Vaud.
378. J'ai cherché à considérer encore crâne
ce
sous un autre point de vue; je Fat noisen opposi-
tion avec un autre crâne bien oqntbrmé, et j'ai fait
~ire a l'un et à l'autre une section correspondante,
c'est.à.dire,qui passe par la partie la plus saillante
des bosses frontales, et par le quart supérieur de
)a suturelamMotde. J'ai établi par là un moyen Je
comparaison entre îësdeux eiïipses IrréguMèrcsquï
résultent de ces séchons, et j'ai remarque que dans
Ja tête bien coa6)rmée les deux-demi-ellipses sont
disposées d'une manièresymétriqueautour de l'axe
principal, en sorte que les axes conjugués tirés de
!a partie antérieure droite à là partie postérieure
gauche, et ceux de ï~partte antérieure gauche à
ht partie poster!eure droite sont sensiblemént
égaux. Au contt'a!re t'dans le cràTie affecté d'un vice
de conibrmatton,'Iës deux,d6nd-eH!pses ne sdnt
po!at pïaceesdans un ~drdre symétrique aux deux
cotes de l'axe, ma!s ce!Ie qui est à droite prend
une courbure plus prononcée à la partie antérieure y
tandis que c'est le contraire à la partie postérieure à,
Jà demi-ellipse a gauche est: disposée à contresens
delà première. e'est-.a-dire~uec'ëstfàïaparUe
postérieure qu'jityà ptus de courbure et nabins àÏM
partie aaténeare. ~Cette diffërenëe, qui est sen~
cIMeà la vue simple, est encore bien plus mao!-
feste en mesurantles axes conjugués, puisque ceux
qui sont dirigés de droite à gauche ont vingt-deux
centimètres, et: que ceux qui vont de gauche à
droite n'ont que dix-sept centimètres. J'ai trouvé
la même singularitéde structure sur la tête d~unt
enfant. de dix-huit mois, et ~différence désaxes
conjuguésestmémed'un centimètre et demi. Cetca"
iant étou-il destiné à ~Ivrc dans un état d'idiotisme?
c'est ce qu'il étoit impossible de déterminer par 1e'
peu de développement qu'avoient pris encore ses
facultés morales.
3yc). Je ne dois point omettre un autre vice de
conformation dans la tête que je décria c'est celle
Je l'épaisseur des parois du crâne, qui en tout sens
est double del'état ordinaire, puisqu'elle e<ten gê-
néral d'un centimètrc.etméme un peu pl us, à sa par-
tie antérieure, ce qui diminute doutant le grand
et je petit axe de l'ellipse interne. Il seroit facile
deca!cuiercombieo,papcctteaugmeatat!ond'épais-
seur, ia capacité intérieure du crâne est diminuée,
si les os qui Je composent fbrmoieut un eHipsoYje
réguiier, puisqu'U ne s'agiroit que de déterminer le
sonde ibrmépar la révoÏ ution d' un espace eH iptique,
dont le grand et ie petit axe seroient connus;
mais rirrégujanté de la forme du crâne en général
m'interditune semblableapplication du calcul, et je
me borne à remarquer que,puisque lessolides sem-
MaMes sont entre eux comme les cubes de leurs di-
mensionshomotogues.l'onen doittoujoursconclure,
quelle que soit d'ailleurs rirrëguïarité des formes,
que l'~ugmentatton d'épaisseur diminue d'une ina-
uière remarquablela capacité intérieure du crâne.
38o. Les vices de conformationque je viens de
faire remarquer sur le crâne d'uue personnemorte
dans l'idiotisme, l'aplatissement des parties ]até-
ra!es,le défaut de symétrie entre la partie droite
et ïa gauche, enfin son épaisseur, qui est double de
ce qu'on observe dans les casordinaires.'ncsem-
blent-ils point indiquer que tout a concoura à
rendre bien moindre la cavité intérieure où étoit
reçu le cerveau? Mais je dois être aussi ea garde
contre les inductions trop précipitées, et je me
borneà des détails historiques, sans prononcerez
core qu'il y ait une connexion Immédiate et néces.
saire entre l'état d'idiotisme et les vices de confor-
mation que j'ai dëcr!ts. La jeune personne étoit
dans l'état le plus complet de stupiJtté depuis son
enfance; elle prononçoit par intervalles quetques
son8!narticntes,nedonno!t aucune -marque d'm-
teÏ!igence m d*af~cttoomot aie quelconque; elle
tnangt:o!tquand on approchok les al!oacnsde sa bou-
che, ne paroissott ayo!r aucun somment de son
e~tence, et étoit rédtute à une vie purement au-
toH~ttque; eMe a péri du scorbut l'année passée:
ce qui avoit donné H~n à des épanchemens sangui*
uoJensà la base du cf due,.et paro!sso!t avoir telle''
ment altéré la substance du cerveau, que je n'aî
pu rien conclure ni sur sa mollesse ni sur sa gravité
spécinque.
38i. Au premier aspect de cet aliéné idiot rien
~e frappe autant que rextcenie disproportion de
l'étendue de la face comparée avec la petitesse du
crâne'; mais ricn d'animé dans les traits de sa phy-
eiohomie, rien qui ne retrace Ttmagc de la stupidité
la plus absolue disproportion extrême entre la
hauteur de la tète et la stature entière, forme
aplatle~ae son crâne au sommet, et aux tempes
regard hébété,bouche béante, toute la <phè)'e de
ses connoissances bornée à trois (ï) ou quatre
idées coniuses, encore mal e~nmées par autant
de sons à demi-articu!ës, à peine assez d'intelligence
pour diriger ses alimens vers sa bouche; insensihi*
Jité portée jusqu'àlâcher~ sans s'en apercevoir,son
urioe et ses déjections; marche foible, lourde et
chancelante inertie extrême ou éloignement apa"
tb!qHo pour toute sorte de nMUvemeos; extinc-
tion totale de l'attrait si naturel qui porte l'homme
à sa reproduction, attrait si puissant daos le cretin
Jui-mcme, et qui lui donne du moins un sentiment
quelconquede son existence. Cet être équivoque qui
semble placé par la nature aux derniers confins de
la race humaine pour les qualités physiques et mo"
raies, étoit fils d'un fermier,etavoitetc conduitdans
l'hospicedes aliénés de Bicetredepuis environ deux
années il paroît avoir été frappé depuis sa tendre
enfance du même caractère de nullité et d'idiotisme.
382. La disproportion extrême entre la hauteur
de la tête de l'aliéné idiot (p!. Iï, ng.5et6)et: sasta-

(t) !) avait <M tt'ansMrd à Paris par un gendarme, et de


!f~à Hic~trc. H paroit que durantson voyoge, on le conduisoit
attaché par le cou. Les idées qui l'ontie plusprotondeoten~
frappé sont celles dont il rappelle sane.ceMe tes termes, c'es.t-
n-d!re~o/< jP~r~ eoM; àoestnotstfps-grossierementar'.
ticulés, !1 ajoute qm:!f]në{b!sce~!dc/~w~;il paro!tt)'avoir
conservé aucun souvenir de ses parcos, et il c'a donod aucua
bt~ne d'~nectiontnot'atc.
ture entière, étoit facile à saisir au premieraspect
mais pour la nxer avec précision, il étoit nécessaire
de mesurer tes dimensions de la tête avec un com-
pas courbe, de rapporter sa hauteur à celle de
la stature entière, et de comparer ensuite ce rap-
port avec celui que donnentles statures tes mieux
proportionnées:j'ai donc procédé à ces opérations
en me servant des nouvelles mesures, et j'ai recon-
nu que la taille de cet aliène idiot étoit de dix-huit
décimètres; la hauteur seule de sa tête de dix-huit
centimètres. Le rapport donc de la stature entière
à la hauteur de ta tête est 180: ï8, c'est-à-dire
que ta tête n'est que te de la totalité de la stature.
L'aliéné au contraire dont j'ai fait graver ta tête
(p!. Il., ng.i), et qui n'a eu autrefois que des
accès périodiques de manie, a une proportionbeau.
coup plus avantageusepour la tète comparée avec
la totalitéde la taille; celle-ci, en effet, e&L Je dix-
sept décimètres, et la tête de vingt trois centi-
mètres, c'est-à-dire que l'une est par rapport à
l'autre 170 z3, ou 7.4 ï. Dans ce cas-ci la
stature totale cstà-pcu'prèsseptfbis et demie la hau*
teurde la tête, ccqniserapprochebeaucoupplusdu
rapport qu'onre l'Apollon,puisque dans ce deru!r
cas la stature entière est sept fois la hauteurde la tête
p!us 3 parties;, d'après Gérard Audran. Quelle
petitesse excessive par rapport à la stature entière
n'a donc point ta tète de l'aliéné idiot, puisqu'elle
n'est que le dixièmede la stature entière, ce qui su p.
poseunvice deconibrmntion très-notable, et tel que
je n'cn ai pas trouvé de semblable dans les nom-
breuses têtes dout jai observé les dimensionsRien
n'estplus commun au contraire que de trouverdans
ïasociétédestêtes daus des proportions trop avanta-
geuses, c'est-à-dire telles, que pour qu'elles fassent
dans un juste rapport avec toute l'habitude du
corps, la taiUe détroit ctre plus grande; mais cette
-conformation ne donne qu'une présomption de
p!useu&veurdesfacu!tésmtei!cctuelles; et comme
d'ailleurson a d'autres moyens'de juger l'homme,
par ses propos et ses actions, on la néglige.
383. Les anciens artistes doués du tact le plus
délicat et d'une fiuesse rare d'observation, n'ont pn
manquer de porter leurs vues sur les vraies pro-
portions qui concourent nia beauté de la tête, et
c'est sans doute ce qui a iait diviser celle de l'Apol-
lon en quatre parties, par des plans horizontaux
égale distance ( n6 ). Uue de ces parties commence
à la naissance des cheveux au front et s'étend au
sommet,et ja forme de!atotedet'aliéné(pl.ïï~g.i),
non plus que celle des hommes
bieacoaibrmés,
ne s'éteigne guère de ce rapport fixe, puisque Ja
hauteur totale de sa tête est de vingt-trois centimè-
tres, et que celle de la face est de dix-sept centi-
mètres; en retranchant, l'une de l'autre on trouve
six centimètres de difÏctence qui, compares a la
hauteur totale,donnent un rapport trcs-rapproche
de celui de ï qu'on trouve dans la tctede i'Apo!-
ion. Au contraire, !a hauteur de la tête de l'amené
idiot est de dix.huit centimètres, la hauteur de
et
la face est de quinze centimètres; la soustraction
donne pour différence trois centimètres,
ce qu!
n'est quele sixième de ta hauteur, et ce qui montre
combien la voûte du crâne est dépïimée et par `
conséquent sa capacité diminuée.
1.
384. Cette diminution est
encore bien plus mar-
quée sous un autre point de vue. On
remarque en
effet que dans les têtes bien contbrmées,
une sec.
l'on horizontale iait~au crâne et dirigée
par le
tiers supérieur des tempes, donne
une cl!ipse irré-
gulière, et teUe que la double ordonnée qui
passe
par le tiers antérieur est toujours bien moindreque
celle du tiers postérieur. La tête de l'aliéné (pi. !ï,
~g. ï ) se rapproche sous point de
ce vue des têtes
bien conformées, car la double ordonnée posté-
rieure est plus longue de deux centimètres
que
l'antérieure;;au contraire ces deux lignes sont
sen"
siblement égatcs dans la tête de l'atiéné idiot pl. U,
<ig. 5 et 6) comme je m'en suis assuré
avec un corn*
pas courbe, en sorte que la section du crâne dont
j'ai parlé douneroit une sorte d'ellipse très-rappro~
chéc de la régulière. On voit par là combien les lobes
postérieurs du cerveaudoivent étrediminuésde
vo-
lume par cette conformation singulière,
sans qu'on
puisse cependant prononcer que
ce défaut de ça- 1
pacité est la cause unique et exclusive du
pou de
<jcv<'loppcmeutdes iacuhés morales.
385.Unc des tctcs les pl ns rema rquables par sa con-
formation et !a petitessede ses dimensions, me pa-
roit. être celle que j'ai fait rcprésenter(p!. Ire, ~g. 5
et 6 ) et que j'ai conservée à la mort de la jeune
idiote dont le caractcte singulier a cté décrit ci-des-
6us(ï7g). Je suppnme td les considérations anato-
miques que l'examea de cette tête fait naître, et qui
peuvent acheminer a trouver une sorte de corres-
pondaace entre certaines lestons physiques du cer-
veatt et: queïqueschattgemens notables opérés dans
les fonctions de l'entendement. Je me bornerai à
donner une idée de la petitesse excessive de cette
tête, comparant son votumeà celuid'un enfant de
sept ans doué d'aiMearsd'une tnteH!gence rare.

J3/<M~MM~M<~ ~e ~MO .DwM~M<MM Ja~~c ~f~e


e/~M< .My~ arts, ~'p~e <& onze <M.f.
Longueur, déc!m.8cent. Longueur, t!ëc!m.5ccnt.
Largeur, dëc!m.5ccot. Largeur, o t~om.Qcent.
Hauteur~ ï dccim. 6 cent' Ha~te~ t <ïec!m. 5 cent.

386.Tousies autresdctausuïtér!eurssur!esforaies
trrdguiïères de cette tête et les var!at!onsdu volume
de celles des aliénés, tous les .calculs compara!!is
qui serviront de base à cette déterm!nat!on, cti
regardant J'ensemble des os du CtAne comme un
demt-eUtpsotde seront exposes dans un Mémoire
que je me propose de Itt'e à l'Inst!tut dans une
de nos séances parttc~tères.
ni.
Cas d'incurabilité <~s/<e/M~<M~r~<M~M
accidentelles.

38~. M y a des vérités simples en médecine que


Ïes bons esprits rapellent
sans cesse depuis la plus
haute antiquité, et que l'habitudede médicamen-
ter sans ordre et sans choix fait toujours retomber
dans Foubn. La meilleure méthode de remédier
aux maladies, dit Hoffmann(i), tient aux efforts
salutaires de ta Nature et ~ueHe heureuse app!i-
cation ne fait-on point de.cette maxime généra!e a
rn!ieuation mentale, eu éloignant !es obstacles qui
\peuvents'oppospràcette tendance favorable! N'a-t-
on point au contraire suivi une marche rétrograde
en s'étayant de certaines opinions hypothétiques
pour diriger le traitement? La manie, a-t-on dit,
est en ~r~ ~CMr<a~/ pour la traiter donc
avec ~/cccy ~tM~ la transformer eM~c~c~
on ~<7~/e~~<xco but, ajoute-t-on, ~ar~ saignées
<?o/?/eM~qui affoiblissentle ~M~e~ l'exposent
à recevoir les principes contagieux de l'air des
7~~M.T. D'autres n'ont vu dans la manie qu'une
j{brte impulsion du sang vers la tête, et ont mutti-

(< ) La diMertat!onde ce médecin a pour titre Optima


M«'<<' MMr~~ Mtt~M~t~.
y!ie sans En les saignées, les applications de glace
~ur ja tête pour combattre directement les e~tbrts
contraires de la nature. On peut venir voir sur un
trcs'grand nombre d'incurablesdeshospicesqueHes
ont été les tristes suitesde ces vaines théories mises
en pratique.
368. J'ai souvent sous mes yeux dans mes visites9
le spectacle afuigeant de plusieurs aUénées deve-
pues incurables par des imprudences, par des vi-
sites om sorties prématurées avant que Fêtât de
convalescence fut confirmé, ou par l'Intervention
d'une autorité propre a balancer celle du surveil*
lant daus l'exercice do ia police intérieure. Une mé-
lancolique Cfoyoit voir par-tout des machinations
de ses canetnis dirigéescontre elle, et etie étoit con*
vaincue qu'on pouvoit agir sur elle à de grandes
distances et yar des moyens invisibles, comme par
le nulde électrique. Son jugement paroissoit d'ail-
leurs saiu a tout autre égard; mais elle restoitagime
une partie des nuits et livrée aux inquiétudes les
plus vives. Elle murmure contre le surveillant: au
moment où il cherche à dissiper ses musions,
prétend qu~eue n~estpoïnt: ibiie et que c'est une
injustice criante de la retenir plus long-temps;
elle porte ses plaintes à d'autres agensde l'hospice
qui prennent plaisir a s'entretenir avec elle et qui
paroissent être de son avis. Dcs-Iors toute confiance
dans le surveillant et le médecin a été perdue~ et
sa maladie se perpétue aiusi depuis quelques année&
sans aucun espoir de guérison. Une autre, veuve
d'un ancien capitaine, livrée par intervalles a un lé-
ger délire, a cr<r être spécialement protégée, est
devenue fière et hautaine, et à la moindre con-
tradiction a souvent menacé d'écrire aux autorités
supérieures. Sa vanité lui a fait croire qu'elle étoit
destinée à épouser un prince, et dès-tors eUe n'a
voulu rien écouter, ou pimôt on n'a pu ni gagner
sa confiance par des manières bienveillantes (i)
ni dompter son caractère par aucun moyen de ré-
pression ~et son état est devenu incurable.
38g. Une maniaque par dévotion, également in-
accessible à tous les moyens de douceur ou de ré-
pressionqu'on avoit pu employer, trouve une jeune
convalescenteà qui on venoit d'adresser les propos
les plus encourageans. Elle la conduit à l'écart,
lui parle d'un ton inspiré, Ïùi dit avec énergie
~M~/a//o/f<ïfa'~ tout sauver son ame, nc~o/M~

(t) Ua ton derudcMoau des propos offensans tenus & une


-personne très-sensible peuvent produire des effets opposés
aussi dangereux. Un des agens de t'hospices'intéressoitvive-
ment en faveur d'une ancienne religieuse,et à t'époqtte de sa
convalescence il fit prendre des reDseigncmenssur sa con?*
duite. Il apprit alors une c!rcot)Stance de sa vie qu'elle auroit.
voutu cacher au pr!x de tout ce qu'ette avoit de plus cher et
qui lui fut reprochée publiquement. Elle fut si consternée de
ce propos indiscret qu'e)!e en contracta une mélancolie pro-
fonde, se condamna presque h une abstinence absolue, et
qu'il en résulta un état funeste de consomptionet de langueur.
~<?OM~r les ~07~M~
~o~~Mr~. Elle
qui <~0/C~ ~OM~ ~M/
ajoute à ces propos des
génuflexions et des simagrées propres a ébraoler
fortement ~imagination de la jeune personne et
la &!t retomber. Les rechutes se sont encore mul-
tipliées, tantôt eu lisant certainslivres de dévotion,
d'autres fois par la simple vue d'un prêtre ou par
de secrets entretiens avec d'autres fanatiques, ce
qui a amené une sorte de manie chronique e6
présumée incurable. Le délire dévot semble se J
communiquer comme par contagion; et quelle sur.
yeiMancene demande-t-il point daus les hospices
bien ordonnés Une ancienne religieuse qui avoit
cru autreibisêtre possédée du démon, étoit délivrée
de ses visions cet entrée en convalescence. Elle
se trouve fortuitement rapprochée d'une ancienne
~éyote dont les scrupules renaissans avoient éto
portés jusqu'au délire, et qui étoit égatement en
voie du rétabÏïsseincat de la raison. Elles se réu-
nissent pourfaïre leurs prières, s'atteadtisseat sur
leur sort et s'inspirentréciproquement de nouvelles
craiatcs. L'une et l'autre sont ainsi retombées dans
uue sorte de démence tranquille qui n'a plus laissé
aucun espoir de guérison.
3go. Que de jeunes personnes deviennent incu-
yaMëspour ne pouvoir cire asservies à là loi d'un
travail journalier pur les suites d'une paresse na-
turelle ou contractée par l'habitude C'est ce qui
a J~it a~oiadre des ateliers de couture aux dor-
toirs dès convalescentes (209, 2t2, 2:3 ). Mais
pttMMurs femmes élevées à la campagne ou celles
qui sont accoutumées à un trafic de denrées daus
!esvi!les,ne peuventse plier ~cesoccupations séden-
taires,etil a ialiu encberclierd'autres plus assorties
à ïeuM goûts et à leur genre de vie habituel. On
crut donc, pour remplir ces vues devoir adjoin-
dre H I~hospicc des aliénées un vaste enclos de trois
arpens qui leur serviroitde promenoir, et dont une
partie seroit desdnée à une culture variée de plan-
tes ou d'arbrisseaux. On y fit construire même une
pompe pour t!rerde!*eauetla conduire aa
moyen'
d~un tuyau souterrain dans un vaste réservoir. IFfU!:
convenu qu'on forceroit les convalescentes dis~b-
sces à la paresse & travailler tour-à-tour a la pom-
pe, à porter de l'eau, à cultiver les pÏantes à/
beues0eurs,a ôter les pierres, eafin & mettre en
valeur une partie de cet enclos, et à passer une
partie de la journée dans une constante activité.
Mais à cette époque, des jalousies, des rivalités
entre les préposés, ce qui n'est que trop ordinaire
dans les grands ëtabUssemens, nrent échouer ces
dispositions salutaires; on fut même. sous prétexté
d'une survelUaacegénéraie sur la propreté, jus-
qu'à dire aux aliénées que ce n'étolt pointa elles à
travailler, que cette tâche dcvoitêtre réservée aux
~e~ ~c ~M~e destinés aux travaux grossiers de
l'hospice. Le surveillant,eut t ave alors dans ses pro-
jets, se dégoûta et se borna a faire cultiver quelques
yecoms de l'endos, ce qui récrée encore la vue par
le spectacle d'une belle vëgëtat!on. Le plan géné-
ra! fut donc manque, et c*est a cette époque qu'une
petite aventunèrequ!cto!t devenue aliéuée, et qu'on
se proposoit de ramener à la raison par la loi du
havau, contracta des liaisonsd'oisiveté avec d'au-
tres convalescentes disposéesà la paresse. Les pur-
nées se passèt'entà errer, à rapporter des contes et
des aventures a dctm-deUrantes, et dans un recen-
sement <~ue je fis une des années suçantes ( en fë-
vr!er ï8o7), j'en déclarai plusteurs incurables (i).
38o. C'est presque toujoursa Fhabttude constante
derinactton et à la facilité de se Kvrer & ces visions
et à ces rêvenes, qu*on do!t rapporter rincura-
bilité du délire maniaque ou mélancolique dans
les classes élevées de la société. Une dame au.
trefois riche, agëe de quarante-cinqans, et tombée
dans l'infortune et la manie par les suites de la ré-
volution, a fini par une mélancolie chronique d'un
caractèrestngulier elle ue voit autour d'elle que

(t) Une de ces jeunesfï!tes, que je pt'<~nmb!sincurable, fut


heureMementisolée de ses autrescompagnes, et on la menaça
de la faire conduire au dëp&t de Saint-Denis si el!c refusoit
ptus !oag-tempsde travailler cette crainte lui fut Ucs-tavo-
raMe ellé se livra au tricot ou à la couture pendant cinq
mois avec une activité singulière, et elle se' trouva des-lors
caërte.On ne manqua pas de relever avec matign!té l'eapeeo
de contradiction danstaque!tc )'cto!< tombé à son égard) mais
eeUc excepttonm~me ne con~rme-t'cUe pas la fcg!c générale?
les effets d'un art magiquedestiné à la tourmen-
ter, et tous ceux qui Favoisinent 1m paroissent
voués à cet art Imposteur. Depuis quelque temps
une nôuveHc !usion s'est jointe a la première: elle
croît être sans cesse poursuivie par un esprit qui
l'observe, pénètre a volonté toutes les parties de
son corps, lui parle et partage souvent son lit
avec elle. A'peine est-elle couchée qu'elle croit
voir une vive !um!ère se précipiter sur elle et là
maîtriser avec un empire absolu. Elle dit éprouver
en même temps une chaleur brutantc, et parfois
une sorte d'cngourdtssemeot. Cet.esprit devient
qtie!que~bîs emreprenaut, et lui fait éprouver les
apparencesdé l'union sexuelle; le plus souvent le
sent!mentqu!euresu!t€paro!L!esoun!ec!'undoux
zëphîr. Ellé converse librement avec lui, et elle
prétend en avoir entendu d'une man!ère tres'dts.
tincte ces.paroles <M as ~eaM~a~~ /c~ tiens
en
ma ~M~<ï/ïcc. Cette mélancolique, au milieu de
toutes ces scènes dedélire, reste taotôtimmoMeet
tremblante, tantôt ses cheveux semblentse dresser
sur sa tête elle pousse des cris d'indiguation, et ses
voisines l'entendent conjurer d'une voix forte et
passionnée les puissances qui l'agitent; d'autresibis
troublée par des terreurs pusillanimes elle se lève
et, le visage prosterné contre terre,elle se livre.aux
pricrcsics plus ferventes. Oucombinoitdëjàies
moyeus du traitementphysiqueet moral, lorsqu'un
jour par mégardel'élève charge de suivre his-
son
totre appuya sa main sur son lit, et dès'iors e!ïe le
mit au nombre des magiciens acharnes à la
tour-
menter. Sa défiance fut portée u l'extrême, et tout
traitement est devenu impossible.
390. L'idiotisme peut tenir à vice de conforma-
un
tiondetatete(375),etiiseroitaJorssnpernu de cher-
cher à le guérir mais l'abus des saignées durant
traitementantérieurde la manie,
un
uoe vive it'ayeur,
une suppression brusque ou des retards de l'écou-
lement sexuel peuventaussi le produire, rendre
et
possiblé la guërisod de quelques
cas rares, par l'u-
sage combiné des stimulans internes et externes. Oa
les a vainement employés sur
une jeune idiote qui
avoit éprouvé une vive frayeur a une certaine épo-
que, et qui est encore dans l'infirmerie c'est tou-
jours une sorte de statue inanimée. Le succès été
a
très-marquésur une autre jeune personneantërieu-
rement maniaque, et que ïa fréquence des saignées
avoit jetée dans l'idiotisme.
3gi. La démence senile n'est pas moins hors des
ressources de la nature et de l'art, et très-rarement
aussi peut.on guérir celle qui tient à
une cause acci.
dentelle, surtout si elle est compliquée de certains
préludes d'apoplcxieoudeparaiysie.Maislesiésioas
de l'entendement peuvent devenir très.marquëes
sans outrepasser cependant certaines limites. Une
dame d'un mérite rare, mais très-irascibtc
pour les
causes les plus légèressavoit fini, après dix.huit an-
nées de mariage, par tomber dans
un état non équi.
voque de démence. Un isolement de cinq mois et
l'usage réitéré d'un vésicatoire à la nuque, tui ont
rendu en partie ses anciennes habitudes.et son ca-
ractère affectueux.Elle est soigneuse de sa parure,
etsuscRptiMe de certaines occupationssédentaires;
mais c'est toujours une grande foiblesse d'entende-
ment et une sphère très'bornée d'idées; les plus
&!mpte8 rapports des objets lui. échappent, et elle
distingue à peine dans sa maison si eUe doit com-
inander ou obéir; elle D'à qu'une imagecoofuse des
lieux qu'elle a toujours habités, et souventelle sait à
peine si elle est à la ville ou à sa campagne ses
moindres mouvemens sont Jents et pénibles, ses
mains tremblantes et elle ne conserve nende sou
ancienne dextérité. C'est moins qu'une enfance pro-
longée, mais qui inspire un intérêt tendre par le
souvenir des vertus domestiques qui ont précédé.
5g2. La compHcation de ]a manie avec quelque
autre c~adie spasmodique, comme l'hystérie,l'épt'
lepsie ou rhypochondrie, peuvent faire na!tre dea
obstadcsinattendusau succès dutraitement, et laren*
drc d'une longue durée ou même incurable. Cette
vérité est depuistong'temps reconnue; mais, pour !a
rendre plus frappante, je croisdevoirrapporter. un
exemplede cette sorte qui me sera toujours présent,
et qui peut d'ailleursoffrir une leçon utile à ceux
qui, dans l'effervescence de la jeunesse, se livrent à
l'étude de quelque science avec plus de zèle et d'ar-
deur que de discernement et de prudence. Un jeune
homme âgé de vingt.quatre ans et Joue d'une ima-
gination ardente, vint à Paris quelques anodes avant
la révolution pour y faire ses cours de droit, et il
se crut destiné par la nature a jouer dans la suite le
yole le plus brillant dans te barreau. Rien n'égale
le desir ardent qu'il a de s'instruire: app~cation
continuelle, vie passée dans la retraite, sobriété ex-
tréme pour donner plus d*cssor a ses iacuïtés mo-
rales, régime pytbagorique adopté dans toute la
rigueurdu terme. Quelques mois après, nugraines~
violentes, saignemensfréquens du nez, resserre-
mens spasmodiques de ]a poitrine, douleurs vagues
des intestins, flatuosités incommodes, seusibiUté
moraie très-exaltée. Quelquefois il m'aborde avec
un air rayonnant de joie, et il ne peut exprimer la
ië!!cité suprême qu'il dit éprouver en lui-même
d'autres fois je le trouve plongé dans les horreurs
de !a consternation et du désespoir, et il me fait les
instances les plus vives de mettre tin à ses soufh'an-
ces. Les caractères de l'hypochondric !a plus pro-
ibnde étoient aisés à reconnoître~ je lui en retrace
les dangers pour la suite, et je le contre souvent
de changer sa manière de vivre; mais il poursuit
toujours son plan avec l'obstination la plus inucxî
Me augmentation des symptômes nerveux de la
tête, du bas-ventre, de la poitrine, aheroatives
plus fréquentes d'un abattement extrême et d'une
joie couvulsive;terreurs pusiUauitnes,surtout dans
les ombres de la nuit; angoisses inexprimables. Il
venoit quelquefoisme trouver, fondanten larmes,
et me conjurant de l'arracher des bras de la mort.
Je l'eutramolsalors dans la campagne, et quelques
tours de promenade, avec des propos consolans,
sembloient lui rendre une nouvelle vie; mais a son
retour dans sa chambre, nouvelles perplexités,
terreurs pusillanimes renaissantes. Il trouve un sur-
croît de désolation et de désespoir dans la confusion
croissante de ses idées, l'impossibilité de se livrer
désormais à l'étude, et la conviction accablante de
voir ~évanouir pour l'avenir la perspectivede cé!e-
brité et de gloire dont son imagination avoit été ber-
cée l'aliénation la plus complète suit de près. Un
jour qu'il se rend au spectacle pour se distraire, on
joue la pièce du .?%</<Mû~c j<?/ le .MMW., et dès-
ïors le voilà assaiHi de soupçons les plus noirs et les
plus ombrageux; il est profondément persuadé
qu'on a joué ses ridicules; il m'accused'avoir fouro!
moi-même les matériauxde la pièce, et dès le len"
demain matin, il vient me faire les reproches les
plus sérieux et les plus amers d'avoir trahi les
droits de l'amitié, et de l'avoir exposé à la dérision
publique. Son délire n'a plus de bornes; il croit
voir dans les promenades pudiques des comédiens
travestis en moines et en prêtres (i), pour étudier
tous ses gestes, et surprendrele secret de ses pen"

(!)C'<!tottenï';85.
sées. Dans l'ombre de la nuit, il se, croît assailli,
tantôt par des espions, tantôt par des vo!curset des
assassins, et une fois il répandl'alarme dansie quar-
tier, en ouvrant brusquement les croisées~ et en
criant de toutes ses forces qu'on en vouloitasavie.
Un de ses parens se détermine à lui faire subir le
traitement de lamanieàl'Hotel-Dieu, et il le fait
partir vingt jours après, avec un compagnon de
voyage, pour se rendre dans une petite ville voisine
des Pyrénées. Également affoibli an moral et au
physique, toujours danslesal~ernadvesde quelques
écarts du dét!re le plus extravagantet des accès de sa
noire et profonde bypocbondne, il se condamne
à un isolement entier dans la maison paternelle
ennui, dégoût insurmontablede la vie, refus de
toute nourriture, brusqueries contre tout ce qui
l'avoisine. It trompe enfin ïa surveillance de sa
garde, fuit en chemise dans un bois voisin, s'égare,
expire de foiblesse et d'Inanition~ et deux jours
après on le trouve mort, tenant daus sa main ic fa-
meux dialogue de Platon sur l'immortalitéde l'âme.
3g3. Quelle différence avec le maniaque ordi-
naire qui, emporté par sa fougue aveugle ou plein
de l'idée emphatique de sa supériorité, tonne, me-
nace et prend toujours un ton dominateur, et
qui peut se porter à des actes de la plus grande
violence si on n'arrête sa fureur, ou si on ne lui
montre un appareil imposant de forces qu'il ne
puisse espérer de surmouter ( ioï, 192 ) Son iilu-
sion magiqueet son effervescence ne deviendront-
elles point habituelles, si on ne cherche aies rompre
par des moyens dirigés avec autant d'énerg!e que
d'adresse?Tout fart consiste donc à dompterà pro-
pos l'aliéné et à le convaincre que toute résistance
de sa part seroit vaine il ne s'agit plus ensuite que
de gagner sa -confiance par des manières bienveil-
Jantes et les témoignages non équivoques de s'inté-
resser vivement à son bonheur. A-t-on obtenu ce
premier avantage, il faut un temps déterminé pour
catmer entièrementson agitation antérieure etforti-
Her sa 'raison encore foible et chancelante. C'est
ce qu'on ue peut obtenir que dans desctaMissemens
publics ou particuliers bien organisés. Faut-il donc
envier à l'homme très.r!che devenu aliéné, la triste
distinction de se faire traiter daus sa propre maison,
servi par ses domestiques et souvent environné de
ses proches ? et doit.on s'étonner si le traitement
manque alorsde succès, comme me l'a démontré
une expérience répétée ?
3g4. La haute opinion qu'on a de soi-même peut
être si exagérée, et l'habitude de commauder aux
autres tellement affermie 9 que l'aliéné ne soit plus
susceptible d'être ramené a l'ordre par aucune
sorte de répression, c'est-à.dire que sa manie de-
vienne incurable. Les exemples des aliénés qui se
croient des têtes couronnées ne sont point rares
dans les hospices de l'un et de l'autre sexe; et
comment détruire une illusion qui devient si puis-
saute et si chère?M. Vierus ( Prcestigiis de-
TKOMM~ ) necite't-il point un aliéné si infatué de
son pouvoirsuprême,qu'il se disoit le souverain des
rois 7! 7'd~MM: t~O~M~M~ ~O~M/MM~M~~ ~M-

7?~rc~ ~MM~. Une jeune fille pleine de hauteur,


et passionnée autrefois pour la lecture des romans,
a fini par tomber dans une manie tt'ès-vto!cote
dont elle paroît avoir été guéne après plusieurs
mois de traitement à l'hospice de'la Salpétnere;
mais l'Idée tr!ste<t'avo!r eu la raison égarée btcsse
tellement son orgueil, qu'elle a une répugnance
invincible de reparoitre dans son pays natal, et que
tout fait craindre des rechutes nouvelles.
3g5. L'obstacle est encore plus dtMe à vaincre
lorsque la vantté la plus indomptée vient sejoiodre
de
aux projets les mieux concertés, et à une sorte
fureur de semer par-tout le trouble et le désordre:
c'est l'exemple qu'a donné uue des alténées de la
Salpétrière, avec toutes les combinaisons d'un es.
prit profondément réHéchi. Plusieurs de ses com-
pagnes ont eté d'abord entraînées dans le projet
d'une évasionourdie et tramée avec perfidie dans le
silence d'autres fois elle a dicté des lettres pleines
d'invectivescontre ie surveillant, et elle avoitmême
~M'mé le plan atroce de lui faire donner la mort au
milieu d'une petite émeute adroitement suggérée;
tantôt des querelles les plus vives ont été excitées
entre les aliénéesles plus tranquilles tantôt le pen.
chant au suicide a été provoqué avec astuce, ou
Tante même comme une action louable et pleine
de courage, ce qui est trcs'dangereux
pour cer-
taines mélancoliques qui ne sont que trop portées
à cet acte de désespoir. A-t-on
pu s'empêcher d'op-
poser à cette sorte de rage turbulente l'isolement
le plus abso!u et le plus ïnv!oïaMc ?
S~C.TousIesexccsmonst.rueuxduvice, la torpeur
apathique de l'indolence,l'habitude de l'ivresse,
un
abandou effréné aux plaisirs vénériens, sont aussi
propres n produire r:uicnaHon mentale qu'à la
ibmenter et te médecin le plus éclairé pourra.t-it
détruire les effets des pcnchans les plus impérieux,
qui semblent avoir absorbé ou anéanti toutes les
facultés morales?J'ai sans cesse àopposer
au spec-
tacle touchant que présente, dans FateUerde cou.
ture, un grand rassemblementde convatescentes
Ïabortéuses et tranquilles, celui de quelques autres
femmes agitées et errantesdans l'intérieur de l'hos'
pice, saus que nul avis sage, nul genre de rëpres<
sionaientpu les porter au travail, et (lui, par leurs
divagatious I~abitue~~es sont toujours restées
au dé-
clin de Ïa maladie sans pouvoir parvenir à une
convalescence confirmée.La société entière n'offre-
t.cUe pas sans cesse le même contraste de vices et
de vertus? et peut-on espérer de guérir l'aliénation
qui nait: du vice converti en habitude invétérée?
ï ï i. Le traitementmoral d'un aHcué ne devient"
il point aussi d'une difBcuIté extrême s'il a pos-
u <édé autrefMS de grandes richesses
ou occupé des
p laces ëminentes? et pourra-t-tl oublier, même aa
milieu de !a confusion et du trouble de ses 'dées,
ï'cclat. des dignités dontilaétë revêtu? J'ai observé
dans ces cas que l'Itommc se retrace vaguement
toutes ces jouissances de la vanité, qu'il parle sou"
vent. des millions dont il peut disposer, des récom-
penses qu'il réserve à ceux qu'i! protège, de tous
les titres fastueux dont son imaginationest bercée;
il prend uue attitude Imposante; il veut toujours
donner des ordrcs; et s'il obéit à une force su-
périeure, c'est presque toujours en conservant sa
hauteur naturelle et l'inHexibilité de son caractère;
il est d'ailleurs dissimulé,plein d'une réserve astu-
cieuse dans les alternatives de ses saillies de pétu-
lance, et il joint au mépris général des hommes
l'art de leur tout cacher. Comment alors celui qui i
le dirige pourra-t.II acquérir de l'ascendant sur J
son espritet obtenir sa connauce? ce qui est ccpcn-
dant nécessaire pour ramener par degrés l'entier
usage de sa raison. On pourvoit tout au plus ex-
cepter quelque homme rare et d'un caractère etevé,
plein d'une moralité profonde et raisonnée, et qui
n'a toujours vu daas les places et les dignités que
le noble avantage de concourir au bonheur do
t'espccc humaine.
~n'y. Je n'ai point de satire à ianc je me livre
seulement à des considérations médicales sur l'ori-
gine la plus ordinaire et le traitement des maladies
de l'esprit, et je ne puis m'empêcher de (aire une
remarque générale c'est que la pratique de la mo*
rale unïverseUe des peuples ne forme pas le goût
dominant du siècle, tandis que toutes les
autres
sciences ont tait de grands progrès. Faudra-t-il faire
revivre les écoles et les diverses sectes de ph!!oso-
pMc quî illustrèrent ranclennc Grèce?
ou bien
devra-t-onconsacrer les dernières années de l'édu-
cation de la jeunesse à une étude sérieuse et
appro-
fondie des vies des grands hommes
par Plutarque?
Quelque solution qu'on donne a
ces graves ques-
tions, on ne peut refuser a la médecine l'avantage
de concourir puissamment
au retour d*une saine
morale, en faisant l'histoire des maux qui résultent
de son oubli, surtout en publiant une série de faits
particuliers, sous le titre d'~ï~M de ~~n~
~0/! mentale.

FIN.
TABLE DES ARTICLES.
JjOËFACË.
JP~~t
ÏNTRODUCTIOtf. tX
Pt,~M oëN~RAI. DE t-'OuTHAOB. W

SECT. I~.CatMes propresdéterminerl'al!éMt!on mentale.


t0
ï. Aliénation optginaire ou héréditaire. t5
H. In~uence d'une inst!tut!oovicieuse sur l'égarement de !a
yaison. t6
UI. !rrëgutat'!t~s cxtr&meaJaas la maDt~ro de vivre propres
à produ!re t*aliénat!on. so
ÏV. Passions apMmodiqueapropres a déterminerMIecatioo.
a5
V. Des Passons dëbHitaniM Oti oppressives. 3~
VI. Des Passions gaies ou expaos!vescoasiddreeacommepro-
pres h égarer la raison. 5~

4~
Vif. Une constitution mf!!ancoliqac, caaseircquente deN
écarts les plus extrêmes et des tdëes les pîus exagérées. 3g)
VIII. Sar certaines catMes physiques de l'atiéNation mentale,

SECT. 1!. Caractères physiques et moraux do raHëaatioaf


t.
mentale.
de ta
LéaiOM
5~
scnsibiutc physiquedans l'alienattoo mentale.
oS
ÏI. Lestons de la perception des objetsextëfiettrsdansTaUc-
nation.
ni. Lésions de !a pensée dans l'a!!énation. ~8
j[V. JLesions de la mémoire et du principe de l'association des
idées dans l'aliénation. 84.
V. pesions du tugement des atiénds. gt
VI. Emotiooset atïectionsmorales propres aux aliènes, ïoo
VII. Errcnrs ou écarts do l'imagination dans l'aliénation men-
tale. t o6
VIÏI. Chabgement du caractèremoral dans l'aUénatioa. ïao
3ECT. III. Distinction des diversescsp!'eMd'aucnaUon. 128
I. MjH«ROUDHt.tHEGEKM.At..tSg
CaractCt'csspéciuqucsde la Manie. 7~M<.
Un accès de Manie périodique est-it !e

n~
conhnuc?

nient? y
type d'une Man!e

Exemple d'uoe sorte d'emportement maniaque


La Manie sans délire marque par uoe fureur
aveugle.
ActrceMmpiom~ot.aMod'uneManienon délirante.
o~~g ~4
La Manie avec délire peut.e!!ectresou~t{!uer!e~ ,rx
P~t~cMc exister sans uactësiondc l'entende~

sans
5.:)*
délire.
,5û

~X~
t5~
ÏÏ..Mët.ANCOUEOao~~nBJEXC~StP.
Acception vntgaire~ terme de Mdtanco!!c. ,6f
La Mëtancotte con~d<!r<!e commea!MnaHon.
.Ueux formes opposes i5';
que peut prendre le délire mc!ao-
conque.
I·ér~t; manie? J 61
'Von<!td de Mdancottcqui conduit
au smctdo.
ni.Dët;E~CB~OM~BOf.!TtOKnEt<APBt<SKB.
I;estrnits!cs~ussamaasdcDémence obscrvds quelquefois t~
dans lit 8()(1uhé.
Idées M)cohe.e.!tesentre eUes, et sans IGid.
!cs o!~ets extérieurs. aucno rapport avec
ExoMpic propre à rendre sénsible la différence
DcmottcecUa Manie. cntre la
ti8
IV. INOT)SMB,OU OBUTÉRATtON
nES FACULTÉS, INTEt.t.CC.
'H)ËLÏ.M8~TAFFMT)VE8.
w
La !anguc française peu riche pour

tendues..
exprimer les dtvers de.
grés d nuennUon.
Sorte d'idiotisme produit par des ancctions vive~ 77In-~1
et
ï/!diot)~e.cspeced'a~:enaHoh
fréquente dans les !)osp:<~s

dcfabutsse.
guë)-) quctqucfbis p:tr un accès de mante.
Prittcjpaux traits ducaract~'ept'ysiquectMoraïdcs
Crctins
Remarques générales sur les divers genres d'aliénation.
t8(Jt

ïoo
SECT. IV. Poticn intérieure, et Rcf:!es à suivre dans tes
ht:tb!)S;emct)S consacrés
aux atones. -,Qg
I. P!an générât et Distribution :ntdr:eure de l'Hospice des
Ahcnces.
U. Sur tes moyens de répression en usage contre les A!:cn<~
200
III. Ncuess!tcd'cntretpnh'unordrcconstant(Ions tes hosnicM
dcsauenés,ctd'étudierlMvariétcsdo leur caractère.
ÏV. Importance et
~to
difïicuttés cxtr&mes d'étabHt un ordre
constant dans le service des .Uiénés. a~tr
V. Survei~ance patcrncttpa exercer pour la préparation ot
la distribution des attMeus. 990
VI. Suites funestes de la disette; qui eut lieu l'an dans tes
Hospices des Aliénés. aSa
VU. Exe!'c!c€s de corps ~arMa~ oa apptteatton h un travatt
mécanique, loi fondamentale de tout hospice d'At!ënea.
~7
VÏH. Pfëccptcs généraux a.6mvredans!eTra!temont!norat.
aSt
IX. Précautions que doit faire. prendre l'exaltation extrême
des opinionsrcttgieuses. a65
X. Rcstrict!on extrême à mettre dans les communications

393
des Aliénésavec les personnesdu dehors.

sur le traitement médical des Alidnés,


2Tt
XL Mesures de snrvctttancequ'exigent certains caractères
pervers ou très-emporté.

I. Snr Fusage de frapper les Atiënes, comme un moyen de


3~0
XH. Préceptes a. suivre dans ta direction des Mélancoliques.
SECT. V. Résultats de !'cxpcr!onco ancienne et moderne
5o8
les guérir. 5og
II. JL'uMgosi fréquent de la saignée dans l'aliénation cst-ii
fondé sur une expérience ectairee ? 518

Manie..
III. Sur l'immersion brusque de t'AUend dans l'eau fcoide,
regardée comme un moyen de guérison.
IV. Traitement à suivre durant la premiére période de la
3~5'

V. Sur l'usage de certains remèdes plus ou moins actifs, et


355

propres a seconder les mesures du traitement gcncrat. 555


VI. Considérationsrelatives au traitement médical dans la
deuxième et troisième période du délire maniaque. 369
VU. Terminaisoncritiquede l'aliénation qui s'opère quelque-
fois par des éruptions spontanées. 3~g
VHI. Difficultéet importance de décider, dans certains cas,
si l'aliénation peut être guérie. Exemple trcs-rcmarquabtc.
` 3~.
IX. Mesures de prudenceà prendre pour le renyo tdesAtié-
nés convalcscens. 3~
SECT. VI. Résu!tats d'observations, et construction des
taMes pour servir à dëtermtner !o degré do. probabilité Je
la guenson des Aliénés. jp~~
I. Rpgîcs fu:v:cs l, rhosp:cc dea A!:coec9 do la Sa!pctri{.re
P~cone des registres et la construction des tables, 407
II. Attendes admises au traitementsans
aucun renseignement
sm-tom-ëtatantenoup, ou bien AHén<!M trahées OtHenya
avant leur admission dans l'hospice, /1
111. Dispositionsù rAliëcattonprMcsde l'dge
mariage ou de célibat, et det'ëtatda
ÏV. Fréquence plus ou moins grande de rAtMoat:on8u!vant
ses causes.
.V.Mc~ode de traitement des A~:t!ndessuggerdepar !a Mi
ture des CMMM Jdterm:M<iHcs, et confirmée par !e ca!cut
des probabilités.
VÏ. Duréedu traitement propre à faire prévenir les rechutes.
VII. Rechutes survenues après la gudt':Mn la sortie428
de
UtospicR.. et
/3g
'Vm. Du nombre respecta des succès ou des non-succesdn
trattemcutdca Attendes. ~(.
ÏX. SuccôsdoMteuxdu traitement dans certains d'Atiena-
cas
tion par le défaut de caractères sensibles. /5~
X. Résultat général du Trattemeotdes AUonëes de l'hospice
de la Sa!petnerc, durant les aundes t8o6
et t8o~.
SECT.VII. Cas incurablesd'aliénation par des vices de
formation ou par d'autres causes. con-
J. Mripdcs dettt vie les ptas propres à faire
Mfnte qui vtcnt de causes morales. contracter !a
li. VariCtea des dimcnsions de ta tête, et choix des oh{cts ~5
dcsstNer. à.
ÏH. Cas d'mcuraMttcde rAl:caat:on
par des causes acciuet)-
4~
t'tK DE LA TABLE.

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