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L’intercession, c’est le

début de l’action
PAR JEAN PIERRE BESSE

Beaucoup de tragédies humaines se déroulent autour de


nous: épidémie de SIDA, massacres sous couvert
d’épuration ethnique, exploitation des pauvres par des
mafias sans scrupules, mauvaises récoltes dues à la
sécheresse, personnes assiégées par des angoisses,
familles en détresse, etc… Que faire? Nous sommes
alors tentés dans deux directions:

–d’une part, l’accablement nous envahit, augmenté par


toutes les informations que nous apportent la radio et la
T.V. (et c’est plus que nous n’en pouvons porter): il en
résulte un fort sentiment d’impuissance.

– d’autre part, la tentation de se précipiter tête baissée


pour répondre aux besoins et s’exciter dans toutes
sortes d'actions les plus souvent inefficaces et sans
grâce…

Alors que faire? Tournons-nous, dans le calme, vers


Dieu le Très Haut: sa Parole va nous donner la solution.
Prenez votre bible à l’évangile de Luc, ch.11 v. 5-13. Les
disciples avaient demandé à Jésus "enseigne-nous à
prier"; c’est ici une partie de sa réponse:

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Les trois amis

Supposez que l’un d’entre vous ait un ami et qu’il aille le


réveiller en pleine nuit pour lui dire: "mon ami, prête-moi
3 pains car un de mes amis qui est en voyage, vient
d’arriver chez moi et je n’ai rien à lui offrir". Supposons
que l’autre, de l’intérieur de sa maison, lui réponde:
"laisse-moi tranquille, ne me dérange pas, ma porte est
fermée, mes enfants et moi, nous sommes couchés et je
ne peux pas me lever pour te les donner". Je vous assure
que même s’il ne se lève pas pour lui donner ces pains
par amitié pour lui, il se lèvera parce que l’autre le
dérange et il lui donnera tout ce dont il a besoin! Ainsi
moi je vous dis: demandez et vous recevrez, cherchez et
vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira. Car
quiconque demande reçoit, qui cherche trouve et à celui
qui frappe, on ouvrira. Quel père parmi vous, si son fils
lui demande du pain, lui donnera une pierre… si donc,
vous qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses
à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste
donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent.

Entre "l’ami-de-la-main-gauche" qui arrive de nuit,


fatigué, affamé et sans ressources et "l’ami-de-la-main-
droite" qui a tout le nécessaire chez lui, que fait "l’ami-
du-milieu", dépourvu et impuissant (le chrétien, l’église)?
Il fait tout naturellement le pont entre ses 2 amis, il
s’entremet, il va chercher chez Celui qui a pour donner à
celui qui n’a pas et qui a besoin. C'est-à-dire qu’il
INTERCÈDE ! l’intercession, c’est cela et elle peut
devenir un style de vie.

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Il est vrai que la "pointe" de cette parabole n’est pas
directement l’intercession mais plutôt la persévérance
audacieuse, insistante et même "culottée" dans la
demande à Dieu. Cependant, c’est bien un intercesseur
ici: il obtient la solution même s’il doit y consacrer pas
mal d’efforts et de temps. Magnifique! Et pourtant, trop
souvent, l’intercession est le parent pauvre de nos
rencontres de groupes. Trop souvent, nous négligeons
ce glorieux privilège, ce service fondé sur une des plus
belles promesses du Seigneur.

Oser investir

Que le Père céleste ait tout à sa disposition pour


résoudre les problèmes, nous le croyons probablement
volontiers… et alors ?…. Mais cela cesse d’être
théorique le jour où nous obtenons la solution! Comme
cet homme qui ramène du pain à son ami. "Donnez-leur
vous-mêmes à manger" a dit Jésus à certaines
occasions à ses disciples devant la foule qui était venue
pour l’entendre (Marc 6.37). N’oublions pas que si la
réponse du Père a toujours quelque chose de miraculeux
(par ex. la multiplication), elle ne viendra pas sans un
engagement de foi de notre part. Dans l’épisode de la
multiplication des pains, Jésus a demandé aux disciples
ce qu’ils avaient à disposition et ceux-ci ont donné ce
qu’ils avaient. C’était peu, mais c’était leur subsistance
du jour. Remise entre les mains du Seigneur, cette part
est devenue une semence de foi qui a sorti d’affaire des
milliers de gens. Ne l’exigeons pas des autres… mais
investissons-la nous-mêmes en intercédant pour nos
proches auprès de Dieu.

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Une intercession passionnée et de plus en plus
orientée par l’Esprit

Il est juste de porter devant Dieu beaucoup des besoins


dont nous avons connaissance. Mais le Seigneur ne
nous appelle pas à répondre à tout ce qui se présente.
Après avoir brièvement prié pour ces nombreux besoins,
prenons le temps d’écouter le Seigneur pour ne retenir
que ce que le Saint-Esprit va faire subsister dans notre
conscience: Il va mettre dans nos cœurs tel sujet, telle
personne, tel pays peut-être, et va faire brûler un feu en
nous. Il va nous pousser à plaider la cause d’un groupe
opprimé, de personnes en danger de perdition, d’une
communauté qui manque de semences ou de bibles ou
encore qui est divisée, etc.

C’est ce qu’Abraham, le premier intercesseur, a fait pour


les villes de Sodome et Gomorrhe qui allaient être jugées
et détruites (Genèse 18:16-33). En quelque sorte, il
marchande avec Dieu qu’il connaît, la vie des justes qui
pouvaient se trouver dans ces villes. Il monte les
enchères de 50 à 10 justes. Et la merveille est que Dieu
est heureux de répondre à cette demande à cause de
ces justes et de l’intercession d’Abraham, l’ami de Dieu.
Ce n’est pas que Dieu ait besoin "de se faire tirer l’oreille"
par les hommes, mais en intercédant, Abraham est
conduit à mieux comprendre la pensée de son Seigneur.
Ce qu’il demande, en effet, est précisément inspiré par
l’Esprit:
"car nous ne savons pas ce qu’il convient de demander
dans nos prières; mais l’Esprit lui-même intercède par
des soupirs inexprimables, et Celui qui sonde les cœurs
connaît quelle est l’intention de l’Esprit: c’est selon Dieu

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qu’il intercède en faveur des saints" (Rom.8:26-27).

Remarquez que dans le cas de Sodome et Gomorrhe,


ces deux cités ont quand même été détruites à cause de
l’immensité de leur péché et pour nous servir d’exemple
(il n’y avait même pas 10 justes en leur sein). La prière
d’Abraham n’a-t-elle donc pas été exaucée? Si, tout de
même, car le Seigneur a pris soin de Lot, le neveu
d’Abraham, et de sa famille, en les sauvant du feu! Dieu
ne répond pas toujours selon nos désirs instinctifs. Nos
pensées et nos sentiments ne sont pas toujours les siens
et le Seigneur ne passe pas par-dessus la justice de sa
sainteté par sentimentalisme. Mais nous savons qu’en
Jésus-Christ crucifié, Dieu a accompli toute justice pour
ceux qui donnent raison à sa Parole plutôt qu’à eux-
mêmes et qui mettent en lui leur confiance. Donc, "si
Dieu n’a pas épargné son propre Fils, mais s’il l’a livré
pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi
tout avec Lui, par grâce"? (Rom.8: 32).

Intercéder, c’est donc être solidaires de deux côtés:


solidaires des intérêts de Dieu d’une part, car nous
aimons Dieu plus que n’importe quoi et n’importe qui;
mais solidaires aussi des intérêts des hommes, même
pécheurs, parce que si Dieu les a aimés, nous les
aimons aussi. Quand nous intercédons, c’est que Dieu
nous a déjà mis en mouvement! Mais – plus étonnant
encore – c’est aussi que nous mettons le bras de Dieu
en mouvement: comme si nous permettions au Seigneur
d’agir! Selon le principe: "sans Dieu, l’homme ne peut
pas… mais sans l’homme, Dieu ne veut pas". Si Moïse
n’avait pas intercédé pour l’armée d’Israël, avec Aaron
et Hour, en Exode 17, cette armée aurait perdu la

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bataille; mais la prière n’a pas remplacé non plus l’action
de Josué et des soldats qui se battaient sur le terrain
(attention, il s’agit aujourd’hui de guerre spirituelle!).

Comme chrétiens et comme cellules de maisons, c’est


notre privilège d’intercéder: pour les membres de notre
famille, pour nos voisins, nos collègues de travail (même
ceux que nous ne sommes pas portés à aimer… en
intercédant, nous les aimerons!), pour notre église, notre
pays et ses autorités, pour telle nation que l’Esprit nous
mettra à cœur, etc. Par contre il peut arriver que le
Seigneur lui-même nous demande de ne plus intercéder
pour un sujet (Jér.7:6; 11:14; 14:11; 1Sam.16:1).

Pour bien intercéder

Concernant les fléaux sociaux d’envergure comme la


famine due à l’exploitation humaine ou comme les
guerres, il faut se rappeler qu’ils ne disparaîtront pas
juste à la suite de quelques prières. L’exaucement
dépendra en effet de la proportion de chrétiens réels qui
se trouveront être véritablement le sel de la terre et donc
capables d’engendrer des changements notables dans
le cours des événements. Donc, prier pour la disparition
de tels fléaux revient à prier d’abord pour l’évangélisation
du monde et pour le plus grand nombre de conversions
possible à Jésus-Christ. Et cela revient aussi à prier "que
ton Règne vienne, que ta volonté soit faite sur la
terre comme au ciel!".

D’autre part, quand nous prions pour la conversion de


quelqu’un, nous pouvons être assurés que le Père met

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cette personne sous l’influence de son Esprit pour la
conduire à la foi et au retournement intérieur, mais nous
devons aussi nous souvenir que Dieu ne violera pas une
personne qui opte pour résister à tout prix à sa volonté.
L’exaucement, dans ce cas est donc limité par la liberté
de choix que Dieu a donné à l’être humain.

Nous pouvons compter sur la fidélité de Dieu, prouvée


dans l’Histoire biblique, quant à l’exaucement de nos
prières faites en accord avec sa volonté et dans la foi en
Jésus (1 Jean 5:14-15; 3:22-23). C’est pourquoi
assurons-nous:

– de persévérer dans la prière jusqu’à ce que nous ayons


pu déposer réellement le "fardeau" dans la foi (Marc 11:
24) ou en raison d’une réponse de Dieu différente (2 Cor.
12:8)

– de toujours demander sur la seule base du don gratuit


de Dieu en Jésus-Christ, et non sur la base de nos
mérites ou d’autres choses (Jean 14:13-14; 15.16;
16.23-24)

– de confesser les péchés conscients qui pourraient


demeurer en nous comme le ressentiment, l’esprit
condamnateur, le refus de pardonner, la convoitise, la
jalousie, au lieu de la compassion, etc. (Esaïe 59:1-2)

– de ne pas demander "dans le but de satisfaire nos


passions" au sens égoïste (Jacq. 4:3)

– de veiller, lorsque nous prions en groupe, d’être un seul


cœur et une seule âme (Mat.18:19; Actes 4:24, 32)

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– de résister au diable quand il le faut (1 Pierre 5:8-9).

Et puis, le Seigneur nous amène souvent à affiner notre


prière en devenant plus dociles au Saint-Esprit. Souvent,
le Seigneur couvre de sa grâce certains défauts de nos
prières. Mais plus nous aurons reçu de lumière, plus il
nous faudra apprendre, comme quand on monte la barre
pour un champion de saut en hauteur.

Alors n’oublions pas les 3 amis de la parabole.


Intercéder, c’est participer à l’histoire sainte, c’est
prendre part à la conquête de la Terre Promise, c’est le
commencement de toute action à portée d’éternité, c’est
une des plus grande joies que l’on puisse vivre.

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