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André Malraux

1 : La vie d’André Malraux


André Malraux semble avoir mené plusieurs vies : aventurier en Indochine, ministre des affaires
culturelles sous le général de Gaulle, combattant le colonialisme en 1927, le franquisme en 1936, le
nazisme en 1939, résistant en 1943, combattant toujours pour la dignité de l’Homme.
Dans le Paris des années 20, il s’intéresse aux langues orientales, aux livres rares ou érotiques. Il épouse
Clara Goldschmidt, et fréquente les milieux littéraires et avant-gardistes. Ses premières œuvres, Lunes
en papier (1921) et Le Royaume farfelu (1928), sont des rêveries extravagantes, d’inspiration
surréaliste. En 1923, il organise une expédition pour le Cambodge, car il s’intéresse à l’art khmer. Mais
il est condamné à une peine d’un an avec sursis, pour avoir emporté quelques statues d’un temple.
Pendant son séjour en Extrême-Orient, il observe activement les débuts du communisme en Chine et les
excès du colonialisme en Indochine.
De ces années passée en Asie, il tire plusieurs œuvres : La Tentation de l’Occident (1926) est un essai
fasciné sur l’univers mental et philosophique de l’Orient. Les Conquérants (1928) sont les héros qui
cherchent à libérer la Chine de l’impérialisme économique de l’Occident. La Voie royale (1930) évoque
les mésaventures d’un jeune archéologue à la recherche d’un temple khmer. La Condition humaine
poursuit l’aventure des conquérants et de la Révolution, et obtient le prix Goncourt en 1933.
Rentré en France dès 1927, il devient président du Comité Mondial Antifasciste, et exalte la dignité de
l’homme dans Le Temps du mépris (1935). Mais il ne renonce certes pas à l’aventure. Parti à la
recherche des ruines antiques du royaume mythique de Saba, il frôle la mort. En 1936, il s’engage
comme aviateur en Espagne pour combattre le fascisme de Franco. Blessé, il donne des conférences, et
écrit L’Espoir en 1937, et tourne le film l’année suivante. En 1939, il s’engage. Blessé, il est fait
prisonnier, réussit à s’évader, et, méditant sur l’histoire, écrit Les Noyers de l’Altenburg. En 1943, il
s’engage activement dans la Résistance.
Après la guerre, il devient ministre du général de Gaulle (1945-1946, 1959-1969), s’occupant de
l’information, puis des affaires culturelles. Son œuvre désormais s’oriente vers l’art. Il publie sa
Psychologie de l’art en trois volumes (1947-1949), Les Voix du silence (1951) et Le Musée imaginaire
de la sculpture mondiale (1952-1955). Dans ses Antimémoires (1976), il évoque enfin l’histoire, l’art et
la mort.
2 : La pensée d’André Malraux
Deux expériences fondamentales sont au cœur de la pensée de Malraux : l’homme et l’art.
La condition humaine, tel pourrait être le titre de toute sa production littéraire. « Le Moi, palais du
silence où chacun pénètre seul » est le lieu d’une inquiétude sans fin : « Que faire d’une âme, s’il n’y a
ni Dieu ni Christ ? » La conscience de la mort hante la pensée de Malraux. Et l’homme, dans ses
romans, est toujours confronté aux rigueurs d’un destin qui le dépasse et qui l’accable.
Mais il s’agit de faire face au désespoir et à la tragédie de notre condition humaine, car Malraux n’est
pas de ceux qui s’abîment dans la douleur et la complainte : « Une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut
une vie. » L’Histoire est désormais le vaste champ où se déploie l’existence humaine en lutte pour
conquérir sa liberté, et en tout cas, sa dignité. Solitaires, mais solidaires, les vrais héros de ses romans
sont des hommes de combat, de résistance ou de révolution. Ils rejoignent en cela les héros de l’antique,
qu’ils dépassent même par la conscience aiguë de leur propre finitude.
Pour combattre « l’absolue réalité de la mort », il n’y a en fait qu’une solution. Plus que l’aventure, le
combat ou l’engagement, c’est l’art : « L’art est un anti-destin ». En effet, l’art est ce par quoi l’homme
peut défier le temps, et accéder à l’éternité. L’art, sous toutes ses formes, de la préhistoire à nos jours,
est toujours, selon Malraux, l’angoisse de la mort vaincue par le désir d’embrasser le cosmos. C’est
pourquoi Malraux compose pour lui-même un « musée imaginaire », où il recueille l’héritage des
siècles passés et des civilisations disparues.
C’est dans cette perspective qu’il faut apprécier l’art d’André Malraux. Si l’on excepte ses premières et
frivoles fantaisies, toute son œuvre est à la fois la tragédie de l’homme, sa misère, mais aussi sa
grandeur. Son style sait être sec et âpre, elliptique et nerveux, lorsqu’il suit l’action en cours. Mais dans
les moments de réflexion ou de méditation, l’auteur donne à son œuvre le caractère lyrique*, oratoire,
pathétique, épique* ou philosophique, qui convient à son propos. Le courage de ses engagements, la
hauteur de ses vues, et la grandeur de ses écrits ont fait d’André Malraux une figure capitale de ce
siècle.

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