Vous êtes sur la page 1sur 16

Le point sur…

Covid-19 : les défis de la communication de crise (mars


2020 – Mars 2021)
Michel Le Clainche
Dans Revue française d'administration publique 2021/2 (N° 178), pages 433 à 447
Éditions Institut national du service public
ISSN 0152-7401
DOI 10.3917/rfap.178.0177
© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)

© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)

Article disponible en ligne à l’adresse


https://www.cairn.info/revue-francaise-d-administration-publique-2021-2-page-433.htm

Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s’abonner...


Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info.

Distribution électronique Cairn.info pour Institut national du service public.


La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le
cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque
forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est
précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
Le point sur…

COVID-19 : LES DÉFIS DE LA COMMUNICATION DE


CRISE (MARS 2020 – MARS 2021)

Michel LE CLAINCHE
Ancien directeur des relations avec le public et de la communication des ministères
économique et financier, docteur en droit
© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)

© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)
Résumé
Dans le contexte très difficile de la crise sanitaire, la communication gouvernementale a, dans
l’ensemble, bien accompagné l’action publique. Mais, elle a souffert de quelques dérapages en
début de crise et, ultérieurement, d’une certaine incohérence des messages et d’une absence de
perspectives qui ont entraîné une dégradation de la confiance dans la parole publique.

Mots-clefs
Communication publique, crise sanitaire, Covid-19

Abstract
— Covid-19: Governmental communication in crisis (March 2020 – March 2021) – In the very
complicated context of the sanitary crisis, the government’s communication has, on the hole,
accompanied the State’s action quite well. However, it suffered from a few slips, at the start of the
crisis, and later on, due to lack of consistency in the messages and a lack of perspective which led
to a degradation of trust in the public statement.

Keywords
Public communication, sanitary crisis, Covid-19

Revue française d’administration publique no 178, 2021, p. 433-448


434 michel le clainche

La lutte contre la pandémie de Covid-19 met en évidence les enjeux et les difficultés
de la communication gouvernementale en temps de crise. La communication recouvre
l’ensemble des relations, des messages et des techniques utilisées par un acteur pour
s’adresser à différents publics en vue d’accompagner ses actions, c’est-à-dire les préparer,
les expliquer, renforcer leur efficacité, les évaluer (Zémor, 1995). La communication gou-
vernementale est celle, non du seul gouvernement, au sens organique, mais de l’ensemble
du pouvoir exécutif et de ses démembrements (Caron, 2020). La communication comprend
toujours un volet externe à destination de différents publics et un volet interne à l’intérieur
de l’organisation. On ne traitera ici que de la communication externe, bien que la commu-
nication interne au système sanitaire ait fait l’objet de diverses critiques, par exemple sur
l’envoi des instructions et les remontées d’information entre Paris et les professionnels de
santé ou sur le traitement des données au sein de la cellule de crise.
La communication gouvernementale a été très évolutive et multiforme au cours de la
période de mars 2020 à mars 2021 en raison de plusieurs facteurs : l’enchaînement rapide
et imprévisible des événements sanitaires (apparition du virus en janvier, première vague en
mars, accalmie en été, deuxième vague en septembre, découverte des variants du virus début
janvier, aggravation de la situation en mars 2021), la succession de politiques de protection
(confinement en mars 2020, déconfinement fin avril, couvre-feu puis confinement partiel
en septembre-octobre, mesures territorialisées de surveillance renforcée destinées à éviter
un reconfinement et mise en place de la stratégie de vaccination en début d’année 2021,
« confinement à l’air libre » du 18 mars 2021, généralisation des mesures renforcées le
30 mars), la multiplicité des acteurs (le Président de la République, les premiers ministres
© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)

© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)
successifs, les membres du gouvernement, les nombreuses autorités indépendantes ou
consultatives), l’incidence du calendrier (adaptations du dispositif pour les vacances d’été
et pour les fêtes de fin d’année).
La communication a été gérée au fur et à mesure de manière très pragmatique avec
des succès et des faiblesses, des hésitations et des corrections. Au cours de cette crise
d’une durée inédite, les responsables ont dû faire face à une multitude de choix successifs
qui ont été rarement explicités et commentés. Ils ont porté, par exemple, sur le style de
messages (rassurant ou dramatisant), sur la transparence à l’égard des données de l’action
publique (sur les masques, sur les tests, sur les vaccins), sur le choix des porte-parole, sur le
positionnement vis-à-vis des experts et des médias, sur le choix des mots (gestes-barrières,
distanciation sociale, confinement, commerces essentiels, couvre-feu, passe sanitaire,
vaccinodromes), sur la lutte contre les fausses informations, sur le ciblage des messages
en fonction des réactions de telle ou telle catégorie de publics, sur l’indication d’objectifs
chiffrés ou de calendriers prévisionnels.
La gestion de la première phase de la crise a fait l’objet de diverses évaluations indépen-
dantes et rendues publiques : deux rapports demandés par le Gouvernement (rapport sur la
qualité de la gestion de crise [Lizurey-Pucinelli, 2020] et rapport sur l’évaluation de la gestion
de la crise [Pittet, 2020]), et deux rapports parlementaires (rapport pour la mission d’évalua-
tion de l’Assemblée nationale [Ciotti, 2020] et rapport de la mission sénatoriale d’enquête
[Deroche, Jommier, Vermeillet, 2020]). Ce dernier est celui qui s’est le plus intéressé à la
communication des pouvoirs publics. Il est d’ailleurs difficile de porter une appréciation sur
la qualité de la communication, sa lisibilité, sa crédibilité, indépendamment de la pertinence
des mesures elles-mêmes. On s’efforcera cependant de distinguer les deux niveaux.
Le rapport du Sénat, du 8 décembre 2020, fait le constat « d’une communication
inadaptée ». Mais la communication gouvernementale, dans le contexte inédit et évolutif
de la crise du Covid-19, peut être regardée dans l’ensemble comme une réussite si l’on
considère que les Français ont adapté leur comportement sans trop de contestation.

Revue française d’administration publique no 178, 2021, p. 433-448


covid-19 : les défis de la communication de crise (mars 2020 – mars 2021) 435

La communication gouvernementale peut cependant être appréciée au regard de


deux impératifs capitaux de la communication de crise. Sur le fond, elle doit susciter la
confiance ; dans la méthode, elle doit être cohérente.

LE DÉFI DE LA CONFIANCE : UNE PENTE IMPOSSIBLE


À REMONTER

Dans la gestion d’une crise, la communication est toujours un enjeu majeur et, en
général, sous-estimé, ce qui nuit à la qualité et à l’efficacité des messages.

Les enjeux : il ne suffit pas de prendre les bonnes décisions, il faut les faire partager

Les crises suscitent des réactions de la population et créent un contexte peu favorable
à la communication officielle.
Face à un événement dramatique et collectif, l’obsession – justifiée – des pouvoirs
publics est d’éviter que se créent des phénomènes de panique. Par le passé, cette question
était réglée par le secret et par le contrôle de l’information. Mais, aujourd’hui à l’ère du
journalisme d’investigation, des chaînes d’information en continu, de l’internet accessible via
les téléphones, des réseaux sociaux et de la pénalisation de l’action publique, le secret n’est
© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)

© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)
plus tenable dans aucun domaine. Une communication forte des pouvoirs publics répondant
à des objectifs d’intérêt public est donc indispensable. Elle doit évidemment être maîtrisée.
Autre motif puissant incitant les responsables à porter une attention particulière à la
communication : la gestion des crises suppose une adhésion du public aux mesures mises
en place de manière à ce que les comportements recherchés soient largement adoptés. Cette
« coproduction » a été inégale. Le succès du respect du confinement en mars-avril et du port
du masque en septembre contraste avec quelques mouvements de fronde localisés ou secto-
riels : vives réactions des élus et des professionnels après la décision de fermer les cafés et
restaurants à Marseille fin septembre, échec de l’application (contestée) StopCovid qui n’a
bénéficié d’aucun appui en communication contrairement à l’application TousAntiCovid
qui l’a remplacée (Chevallier, 2020), rébellion soudaine du petit commerce « non essentiel »
relayée par des élus locaux et nationaux après la décision de reconfinement fin octobre,
fronde et « résistance » des milieux culturels, lobbying de nombreuses professions. 1 La
question de l’acceptabilité des mesures successives est devenue essentielle au moment de
l’accélération de la deuxième vague de l’épidémie. Les pouvoirs publics ont alors adopté
tardivement une posture un peu moins « descendante », par exemple lorsque le Président
de la République a annoncé le 24 novembre une consultation du Parlement et la création
d’un comité citoyen sur la stratégie d’isolement et de vaccination. Ce message a été relayé
par le Premier ministre dans sa communication à l’Assemblée nationale sur la stratégie
vaccinale du 16 décembre qui fait mention des valeurs de transparence et de confiance et
promet, une nouvelle fois, d’installer un comité citoyen.

1. Le Monde du 29 décembre 2020 cite, à propos du champ d’intervention du fonds de solidarité, les


sollicitations « des agences de mannequin, des galeries d’art, des guides – conférenciers et… des héliculteurs
(éleveurs d’escargots) ».

Revue française d’administration publique no 178, 2021, p. 433-448


436 michel le clainche

À plus ou moins moyen terme, une crise mal gérée peut dégénérer en contestation plus
générale et difficile à maîtriser. Le cas des révoltes fiscales, qui servent de déclencheurs à
des revendications plus larges, est bien documenté, dans l’histoire et dans la période récente
avec les « bonnets rouges » (Le Clainche, 2019) et les « gilets jaunes » (Noiriel 2018). Le
risque de « gilet-jaunisation » de la situation a été évoqué explicitement début novembre par
le politologue Pascal Perrrineau dans un entretien au journal Le Monde du 4 novembre 2020.
La parole officielle, par comparaison avec celle des médias, dispose de quelques atouts
et se trouve pénalisée par quelques handicaps : elle est supposée neutre à l’égard des intérêts
privés, elle se fonde sur une expertise qualifiée, mais elle émane d’institutions politiques
ou proches du pouvoir et elle est souvent mise en œuvre par les administrations. Or, depuis
plusieurs années, la confiance dans les institutions publiques est particulièrement faible en
France (Cevipof). 35 % des Français font confiance au gouvernement ; 80 % pensent que
les responsables politiques ne pensent pas comme eux ; 65 % estiment que les élus et les
responsables politiques sont corrompus (baromètre de la confiance politique du Cevipof,
février 2021). Quant à l’administration, elle fait l’objet de nombreux clichés dévalorisants
qui sont réapparus pendant la crise, dont certains ont été suscités par ses propres errements
tels que les défauts de coordination, la méfiance à l’égard de partenaires éventuels (Bergeron
et al., 2020) et le formalisme des attestations de déplacements dérogatoires.
La communication publique est un terrain de compétition. Celui qui parle le premier,
ou de la manière la plus conforme à ce qui est attendu du public, a le plus de chance de
convaincre l’opinion. Il faut viser vite et juste. La communication est donc un élément
essentiel de la gestion de la crise.
© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)

© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)
Au début de la crise du Covid-19, la communication a été hésitante jusqu’aux inter-
ventions du Président de la République des 12 mars (« Quoiqu’il en coûte ») et 16 mars
(« Nous sommes en guerre »). En revanche, la communication sur le vaccin dès novembre
a été précoce et a pris de court les tendances hostiles, mais elle s’est rapidement heurtée
à des opinions contradictoires : prématurée pour ceux qui étaient méfiants à l’égard des
vaccins non encore homologués ; pas assez incitative pour ceux qui demandaient une
vaccination massive et obligatoire.
Contrairement à une opinion largement répandue chez les décideurs, la communication
ne peut pas être seulement une mesure d’accompagnement des décisions qui interviendrait
a posteriori pour les justifier. Elle est un des paramètres essentiels du contenu de ces déci-
sions qui doivent être prises « communication comprise » 2. Cela ne veut pas dire que la
pertinence des choix publics est exclusivement subordonnée à leur impact en matière de
communication, mais que cette dimension doit être prise en compte le plus tôt possible.
La notion d’acceptabilité ne semble avoir été intégrée par le gouvernement que tardive-
ment, en novembre, et ce retard a peut-être entraîné, par réaction, un excès de précautions
dans l’énoncé de la stratégie vaccinale en décembre et dans les décisions d’évitement du
confinement à partir de janvier.
Or, on attend beaucoup de la parole officielle. Ce qui n’exclut pas d’éviter les sim-
plismes, de gérer des adaptations, de reconnaître des erreurs, mais il faut le faire très expli-
citement : La différence entre les déclarations d’Emmanuel Macron du 25 mars 2021, après
le relatif échec de sa stratégie du « tout sauf le reconfinement » : « Je n’ai aucun mea culpa
à faire, aucun remords, aucun constat d’échec » contrastent avec celles d’Angela Merkel
du 24 mars à propos de l’idée de « Pâques au repos » : « Cette erreur est la mienne et j’en
assume l’entière responsabilité ».

2. L’expression est de Pierre Zémor, ancien président de l’association « Communication publique ».

Revue française d’administration publique no 178, 2021, p. 433-448


covid-19 : les défis de la communication de crise (mars 2020 – mars 2021) 437

C’est dire si une grande attention doit être portée aux contenus de la communication
officielle.

Les messages : la communication ne doit être ni lénifiante ni anxiogène

Les critiques a posteriori de la communication gouvernementale n’ont pas manqué.


Mais le réglage était difficile dans un contexte complexe et évolutif.
La communication de crise crée durablement la confiance ou la défiance. La confiance
peut être difficile à gagner ; mais, si elle est perdue, la défiance est durable comme l’indiquent
deux spécialistes de la communication publique : « On ne peut bâtir la confiance ni dans
le mensonge, ni dans le mépris », écrit le publicitaire Stéphane Fouks dans un livre sur la
pandémie (Fouks, 2020). Bernard Sananès, président de l’institut de sondage Elabe, estime
quant à lui que : « Cette crise montre que la parole publique est l’autre victime du coro-
navirus » (Les Échos, 28 décembre 2020). Il n’est donc pas étonnant que les doutes et les
procès d’intentions, alimentés en mars 2020 au moment des controverses sur les masques
et les tests, aient ressurgi en janvier 2021 à propos la stratégie vaccinale.
Les principales critiques de fond ont porté sur les messages erronés ou contradictoires
du début de crise, sur la verticalité et le centralisme de la communication, sur le caractère
« infantile » et déresponsabilisant des messages et sur le manque de transparence.
Ainsi, selon le rapport Pittet sur l’évaluation de la gestion de la crise en France :
« La communication gagnerait à être améliorée. La confiance a été ébranlée au début de
la crise par les polémiques sur les masques puis, dans une moindre mesure, sur les tests.
© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)

© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)
Les changements du discours officiel sur leur emploi ont conduit à ce qu’il soit perçu
comme contradictoire par une partie de la population. À ces éléments se sont ajoutés un
manque de pédagogie sur la pertinence des mesures mises en œuvre, un appel réduit à la
responsabilité des citoyens et une communication insuffisamment tournée vers les jeunes ».
Stéphane Fouks dénonce le caractère « trop vertical, centralisé et focalisé sur l’écrit » de la
communication officielle (Fouks, 2020). Matthieu Laine critique « ce centralisme aveuglant,
fruit d’une dynamique de défiance et d’infantilisation au bénéfice d’un État papa, maman
et chef de service » (Laine, 2020). Une étude de l’Université de Colombie britannique sur
la communication sur la Covid dans neuf États ou régions fait ressortir cinq principes de
communication : incitative, porteuse de sens, citoyenne, professionnelle, démocratique…
assez éloignés des caractéristiques françaises (Tworek, Beacock, Esohoe, 2020). Une
critique plus générale d’opacité a été régulièrement formulée. La transparence, si souvent
revendiquée, aussi bien par les pouvoirs publics que par ses détracteurs, suppose qu’on
diffuse une information précise, honnête, complète et non biaisée.
Il convient toutefois de constater que ces critiques ne sont qu’en partie fondées. Il est
vrai que certaines déclarations de février-mars 2020 paraissent aujourd’hui très décalées 3 :
le Covid n’était pas une « grippette » ; l’Italie n’était pas un cas « à part » ; les masques étaient
utiles dès mars ; la rentrée de septembre a bien vu arriver une deuxième vague. Le message
du type « rassurez-vous » est d’autant plus inquiétant que le contre-message « on nous cache
quelque chose » est accueilli toujours avec intérêt. L’aveu de méconnaissance est honnête
et sage, mais n’est acceptable que pendant un certain temps et dans une certaine mesure.

3. On sait depuis le naufrage de l’Amocco Cadiz en 1974 et l’accident nucléaire de Tchernobyl en 1986
que les fermes proclamations sur l’absence de danger sont imprudentes et peu crédibles. Les phrases : « La
pollution n’atteindra pas la côte » et « Le nuage radioactif n’a pas survolé la France » sont restées gravées dans
la mémoire collective.

Revue française d’administration publique no 178, 2021, p. 433-448


438 michel le clainche

Même si de telles maladresses étaient difficilement évitables en l’état des connaissances


de l’époque, ces messages ont nui à la crédibilité de la parole de l’État pour longtemps.
Sur la tonalité des messages, celle-ci ne fait que refléter les caractères de la politique
suivie et du système de décision centralisé propre au Président Emmanuel Macron (Revault
d’Allonnes, 2021). Par ailleurs, dans le feu de l’action, entre la complexité des situations,
la méconnaissance involontaire de certains éléments objectifs et la tentation de gagner du
temps, la « vérité » officielle est difficile à calibrer et à délivrer. Sur le fond, la ligne de partage
entre des positions prescriptives et des attitudes pédagogiques, entre la responsabilisation
et l’infantilisation, était délicate à définir : les Français ont été félicités pour leur civisme,
mais, en même temps, les rassemblements sans respect des gestes-barrières n’ont pas cessé.
En outre, les pouvoirs publics ne sont pas les seuls émetteurs et la presse, sous la pression
des organes d’information instantanée, diffuse des informations partielles, voire partiales,
telles que les multiples opinions de scientifiques ou cette étude de l’Institut Pasteur dont
les résultats étaient biaisés de l’aveu même de ses auteurs 4 ou encore ces sondages mal
interprétés sur les intentions de vaccination (Le Monde du 12 janvier 2021). Les rapporteurs
du Sénat (Deroche, Jommier, Vermeillet, 2020, p. 330) relèvent que « la communication
institutionnelle a échoué à contenir un flux massif et ininterrompu d’informations contra-
dictoires à la légitimité scientifique discutable, voire de fausses informations ».
Enfin, la transparence n’implique pas de tout dire, tout le temps et à tout le monde.
C’est une illusion ou un mythe (Chevallier, 1988). Il est indispensable de vérifier les infor-
mations, de les évaluer avant de les diffuser. Dans une situation incertaine et mouvante,
certaines données provisoires ne doivent pas être présentées comme définitives, ce qu’ont
© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)

© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)
fait trop souvent les pouvoirs publics comme les organes de presse, par exemple à propos
des vaccins.
Sur certains points critiques, la communication a été réorientée à la fin de l’année 2020.
Ainsi, les pouvoirs publics se sont efforcés de donner des perspectives sur le calendrier
d’allègement des mesures restrictives et sur les prévisions de vaccinations. La politique
d’ouverture des données a été plus volontariste à partir de mars 2021. Autre inflexion
qui constitue une véritable innovation de la communication publique, le Président de la
République, le porte-parole du Gouvernement et même le Premier ministre se sont adressés
aux jeunes à travers les réseaux sociaux : messages sur Twitter, vidéo sur Tiktok, entretien
sur Brut, défi lancé sur YouTube, dialogues sur Twitch (Le Monde, 4 décembre 2020). Après
divers épisodes qui ont été source de tensions dans les relations entre le gouvernement
et les élus (Dolez, Donier, 2020), la concertation avec les représentants des territoires a
été améliorée et le binôme maire-préfet est devenu opérationnel à l’occasion des mesures
territorialisées de février 2021. Enfin, l’idée d’une concertation directe de citoyens a été
tardivement évoquée pour resserrer les liens des décideurs avec les Français. Le Sénat
a en effet constaté que : « Le renforcement du lien avec la société civile constitue… le
meilleur moyen de contourner l’écueil d’une communication infantilisante » et a proposé,
pour l’avenir, de créer un comité de liaison citoyen garantissant des échanges permanents
entre l’instance nationale d’expertise scientifique et la société civile (proposition no 27).

4. Par exemple : Étude Comcor sur les lieux de contamination réalisée par l’Institut Pasteur en partenariat
avec l’Institut Ipsos, Santé publique France et la Caisse nationale d’assurance maladie, publiée le 17 décembre 2020.
Ses auteurs indiquaient pour la première vague publiée le 17 décembre 2020 : « Ces résultats sont à considérer avec
beaucoup de prudence… Ils peuvent être entachés de biais importants » et pour la seconde vague du 9 mars 2021 :
« Attention, tous ces résultats pourraient être remis en question par l’arrivée des variants anglais, sud-africain et
brésilien sur le territoire français ». Voir Le Monde du 26 mars 2021 qui évoque les chiffres « faux » de l’Institut
Pasteur relayés par le Premier ministre.

Revue française d’administration publique no 178, 2021, p. 433-448


covid-19 : les défis de la communication de crise (mars 2020 – mars 2021) 439

Lors de sa conférence de presse du 18 mars, annonçant une nouvelle phase de mesures


restrictives différenciées et territorialisées, le Premier ministre, Jean Castex, a utilisé un ton
assez nouveau : « La règle est claire, de bon sens, c’est de la confiance, pas de l’infantili-
sation », formule malheureusement démentie le lendemain par la diffusion des nouveaux
modèles d’autorisation de déplacements dérogatoires, chef d’œuvres bureaucratiques. Le
30 mars 2021, le ton du président de la République, annonçant un reconfinement de fait,
était soigneusement équilibré entre l’alarme et la motivation, l’humilité et la décision, les
prescriptions et l’appel à la responsabilité, les efforts présents et les perspectives de « fin
du tunnel ».
Ces inflexions ont été tardives et plus ou moins bien mises en œuvre. Le handicap de la
défiance a été aggravé par une autre faiblesse typique de la communication de crise (Libaert,
2020, p. 74) : le manque de cohérence à certains moments décisifs.

LE DÉFI DE LA COHÉRENCE : LA DIFFICILE ADAPTATION AUX


CIRCONSTANCES

Les ouvrages sur la communication de crise ne manquent pas (Ogrizek, Guillery,


1997 ; Gabay, 2005 ; Libaert, 2020) et exposent les principes à mettre en œuvre, parfois
oubliés sous la pression de l’action et faute d’organisation, de formation ou d’entraînement.
© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)

© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)
Dans le feu d’une action, face à une situation évolutive et peu prévisible, les risques de
contradictions entre les messages et d’incohérence dans la présentation des décisions ne
peuvent pas toujours être évités.

La cohérence entre les messages

Une concentration de la fonction de communication dès le début de la crise sur


des porte-parole identifiés, crédibles et, si possible, bien distingués des décideurs est
recommandée. Après une période de flottement (la ministre de la santé, la porte-parole du
Gouvernement…), le rôle du directeur général de la santé a été très bien identifié en mars-
avril de même que celui du ministre de la santé en septembre et du Premier ministre à partir
de janvier 2021. L’importance des sept interventions télévisées du chef de l’État a bien été
comprise. En revanche, ni le statut de la parole du président du Conseil scientifique, ni celui
des interventions – nombreuses, mais intermittentes – du ministre de l’éducation nationale
et du porte-parole du gouvernement n’étaient clairs. Le discours scientifique et médical
a manqué lui aussi d’un statut bien identifié, comme le souligne le rapport d’évaluation
de l’Assemblée nationale : « Les multiplications des prises de parole ont pu aussi […]
contribuer à une certaine décrédibilisation de celle-ci, alors qu’ont émergé, en parallèle, et
en nombre considérable, des figures médicales médiatiques. Comme l’a indiqué l’ancien
Premier ministre Édouard Philippe lors de son audition, “nous ne sommes pas parvenus,
dans cette crise sanitaire, à avoir un débat public ordonné sur les questions médicales et
scientifiques” » (Ciotti, 2020, p. 97).
Les décideurs doivent concentrer leurs interventions sur l’essentiel, ne pas trop s’exposer
et préserver la sérénité du dispositif de gestion de crise. Si la mise en avant de porte-parole
et d’experts peut être très utile, de même qu’une hiérarchisation des rôles, une cohérence
absolue entre les différents émetteurs officiels est la condition de la confiance. Le rapport

Revue française d’administration publique no 178, 2021, p. 433-448


440 michel le clainche

du Sénat critique à cet égard « une communication institutionnelle protéiforme, qui n’a pas
su résister aux polémiques. À la multiplication des instances ad hoc d’expertise scientifique
concurrençant celle produite par les agences sanitaires, s’est ajoutée une organisation peu
lisible et peu efficiente de la communication de crise des pouvoirs publics. Le Gouvernement,
essentiellement par la voix du ministère des solidarités et de la santé, n’est pas toujours
parvenu à imposer des messages clairs et cohérents à destination tant des professionnels de
santé que du grand public, dans un climat marqué par des désaccords publics parfois vifs
au sein de la communauté scientifique, largement relayés par les médias et sur les réseaux
sociaux » (Deroche, Jommier, Vermeillet, 2020, p. 330). Par ailleurs, les différences de
tonalité entre la communication du Président de la République et celle du gouvernement,
à plusieurs reprises, ont nui à la crédibilité de la parole publique. Certes, il est possible que
les acteurs se répartissent les rôles en hiérarchisant les thèmes de communication, mais en
ne se contredisant pas les uns les autres ou, du moins, en ne donnant pas cette impression.
La communication du 14 octobre a été exemplaire à cet égard : l’annonce du couvre-feu
par Le Président de la République a été précédée d’une préparation psychologique par le
Gouvernement et suivie d’une conférence de presse du Premier ministre sur les détails
d’application. Ce dispositif a été reconduit pour l’annonce du reconfinement les 28 et
29 octobre. Mais les divergences entre membres du gouvernement sur la question de la
fermeture du petit commerce ont filtré. Quant aux hésitations, cacophonies et volte-face
sur la stratégie de vaccination et sur l’éventualité d’un troisième confinement en janvier et
février 2021, avec des interventions divergentes entre l’Élysée, Matignon, les ministres de la
santé et de l’économie et le porte-parole du gouvernement, elles ont ravivé les inquiétudes
© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)

© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)
nées des épisodes précédents sur les masques et sur les tests (Le Monde du 28 janvier 2021
évoque les « tensions au sommet de l’État »). Enfin, le choix d’éviter un nouveau confine-
ment fin janvier 2021 a été perçu comme une stratégie du « ballon d’essai » ou du « pari »
très risquée en période anxiogène. (Le Monde du 3 février 2021 : « Le quinquennat à pile
ou face » ; Le Monde du 21-22 mars 2021 : « Covid : Macron accusé d’avoir perdu son
pari »). De même, l’extension de la surveillance renforcée le 30 mars a été présentée par
toute la presse comme « un nouveau confinement » bien que le Président de la République
ait soigneusement évité d’employer ce mot.
Les « éléments de langage » repris par différents acteurs n’ont pas suffi à aligner
les communications officielles. En outre, ces « éléments de langage » ont été eux-mêmes
très variables. Ont été tenus, à certains moments, des discours très dramatisants (« nous
sommes en guerre » le 16 mars, le « couvre-feu » du 14 octobre) qui ont laissé une trace
durable alors qu’à d’autres périodes, les « mots qui fâchent » ont été évités (ex. confinement,
reconfinement, deuxième ou troisième vague). À l’inverse, la publicité à la radio et dans la
presse, portée par des inventions plus ou moins pertinentes (les « gestes-barrières » étaient
plus pédagogiques que la « distanciation sociale »), a été sobre et constante… mais parfois
en léger décalage avec l’actualité à propos de la disponibilité des tests ou des vaccins.
Une nouvelle campagne présentée le 23 mars 2021, « Dedans avec les miens, dehors en
citoyens », a éveillé un certain scepticisme. Les professionnels savent bien que « trop de
com’ tue la com’ », mais résistent difficilement.
La cohérence dans le temps était encore plus difficile à assurer puisque les décisions
ont évolué en fonction des connaissances et des circonstances sanitaires et de leur effet sur
l’économie. Ces évolutions étaient, sans aucun doute, justifiées ; mais, dans ces conditions,
elles auraient pu être davantage assumées et expliquées, car la presse et l’opinion sont
naturellement très sensibles aux variations de la doctrine officielle (v. par exemple les
titres du Monde des 3 mars, 4 avril, 17 septembre, 3 novembre 2020 et 8 janvier 2021). Le
gouvernement a pu donner l’impression de changer de stratégie sans raison et de piloter à

Revue française d’administration publique no 178, 2021, p. 433-448


covid-19 : les défis de la communication de crise (mars 2020 – mars 2021) 441

courte vue. Il a essayé d’être plus pédagogue lors des annonces du 29 janvier (couvre-feu
pour éviter le confinement) et du 18 mars (renforcement sélectif des mesures) : il s’est
efforcé de présenter les mesures arrêtées comme une simple adaptation aux circonstances,
alors qu’elles ont été généralement interprétées comme un revirement de doctrine.
Cette impression d’improvisation a été accentuée à l’automne lors de l’accélération
de la deuxième vague où la politique, parfois qualifiée de stop and go, a suscité beaucoup
d’incompréhension. La communication relative au déconfinement progressif en novembre-
décembre a en revanche permis d’avoir davantage de visibilité, d’autant plus que les
étapes étaient datées et clairement conditionnées par des indicateurs quantitatifs et que,
de manière très responsable, le Premier ministre a tiré les conséquences de la non-atteinte
des objectifs pour moduler les étapes du 15 décembre et de janvier. Mais un nouveau
changement de stratégie est intervenu début janvier à propos du rythme de vaccination qui
a suscité de nouvelles interrogations et des déclarations contradictoires. D’abord assumée
par le ministre, la communication sur la stratégie de vaccination par publics prioritaires
et étalée sur plusieurs mois a très rapidement laissé place à une mise en scène de l’accé-
lération puis à une reconnaissance des inévitables délais dus à la disponibilité insuffisante
des vaccins et à la logistique complexe à mettre en œuvre. En février-mars 2021, compte
tenu du sentiment de lassitude de la population rapportée par les médias, le Président de la
République, le Premier ministre, le ministre de la santé, les ministres chargés de l’économie
et de la culture ont essayé, dans un bel ensemble, de « donner un horizon » en esquissant
des perspectives chiffrées de progression de la vaccination et des échéances probables
de levée des contraintes. Malheureusement, ces quasi-promesses d’évolution positive
© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)

© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)
n’ont pu être suivies d’effet rapidement compte tenu des critères sanitaires. Des articles
de presse ont fait le rapprochement avec l’attente de l’inversion de la courbe du chômage
sous François Hollande (Le Monde du 10 mars 2021). Le Président de la République et le
Premier ministre ont essayé de présenter la séquence du début de l’année 2021 (29 janvier :
couvre-feu pour éviter le confinement ; 18 mars : renforcement sélectif et territorialisé
des mesures ; 30 mars : généralisation des mesures de surveillance renforcée équivalant à
un troisième confinement) comme une simple adaptation aux circonstances. Malgré ces
efforts de storytelling, le revirement de doctrine causé par le succès relatif de la stratégie
de non-confinement est apparu assez clairement. D’autres contradictions ont été perçues
par l’opinion.

La cohérence dans la présentation des décisions

En communication de crise, l’idéal est d’avoir des objectifs clairs. Or, dans la réalité,
ceux-ci sont inévitablement multiples. Le Gouvernement a poursuivi deux objectifs sani-
taires assez distincts et un large objectif économique : freiner l’expansion de l’épidémie,
éviter le débordement du système hospitalier, éviter l’effondrement de l’économie. Les
priorités ont évolué : lors du premier confinement, elles étaient d’abord d’ordre sanitaire et
ensuite seulement d’ordre économique ; plus tard, ces priorités ont été inversées, notamment
au moment des efforts pour éviter un troisième confinement à partir du 29 janvier 2021
(Le Monde, 31 janvier et 1er février 2021). Cette concurrence des objectifs et l’évaluation
variable des priorités en fonction des leçons tirées de l’expérience du premier confinement
ont donné une forte impression d’incohérence qui aurait pu être atténuée si ces adaptations
tactiques avaient été mieux explicitées et publiquement débattues.
Il faut tenir compte des objectifs secondaires de nature politique et financière. La
préoccupation politique est souvent restée implicite, mais a parfois émergé, par exemple,

Revue française d’administration publique no 178, 2021, p. 433-448


442 michel le clainche

lorsqu’on a prêté au Président de la République le choix de faire un pari sur la possibilité de


ne pas reconfiner à la veille des vacances de février (Le Monde du 3 février 2021 titre : « Le
quinquennat à pile ou face ») ou lorsque des candidats à la future élection présidentielle sont
intervenus dans le débat pour prendre date en mars. L’objectif de protection des finances
publiques a, quant à lui, rapidement été éliminé par la doctrine du « quoiqu’il en coûte 5 ».
La communication, ce n’est pas seulement ce qui se dit (qui n’est pas toujours
entendu ni compris), mais aussi ce qui se fait. Lorsque les actes sont en contradiction avec
la communication explicite ou s’ils font apparaître des incohérences, le décalage ruine
définitivement la crédibilité de la parole officielle. Or, les décisions, comportements, faits
et attitudes venant contredire les messages officiels ont été fréquents. La tenue du premier
tour des municipales le 15 mars au lendemain des discours alarmistes du Président de la
République et du Premier ministre était un « contre-message » absolu de même que le
maintien de certains rassemblements (Puy du Fou, Roland Garros, théâtres…) pendant que
d’autres étaient interdits. Le changement non expliqué d’indicateurs et de cartographie après
l’été ou la publicité pour inciter le public à fréquenter à nouveau les festivals, les théâtres
et les cinémas en octobre au moment où on fermait les cafés dans les agglomérations ont
ainsi pu été mal compris.
Les mesures ciblées ou territorialisées, qui avaient pour but de ralentir la circulation du
virus sans paralyser l’économie comme lors du premier confinement, ont semblé créer des
différences de traitement injustifiées et se sont heurtées à de nombreuses incompréhensions,
pas toujours désintéressées il est vrai. Le couvre-feu dans les agglomérations, le reconfine-
ment partiel d’octobre, la distinction faite entre les commerces essentiels et les autres dont
© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)

© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)
les libraires, le déconfinement partiel du 15 décembre et le report des mesures d’assouplisse-
ment en janvier ont fait apparaître de nombreuses contradictions ou distinctions difficilement
compréhensibles : fermeture de certains rayons dans les supermarchés ; dérogation pour la
vente de sapin de Noël en extérieur, mais sans décoration ; autorisation de vendre des pyjamas
pour enfants de 18 mois dans les supermarchés et interdiction pour les enfants de 24 mois 6 ;
fermeture des petits commerces et pas des universités ou des écoles (ou l’inverse) ; ferme-
ture des lieux culturels et pas des grands magasins de bricolage ; bref, des cas typiques de la
difficulté à faire accepter des règles générales tout en ménageant des exceptions…
Le retard de la mise en place du comité citoyen sur la stratégie vaccinale, au moment
même où les suites tirées de la Convention citoyenne sur le climat étaient controversées,
a également pu contribuer au sentiment d’incohérence : le comité a été annoncé par le
Président de la République le 24 novembre. En janvier, lors de la controverse sur le rythme
des vaccinations, il était toujours attendu. Avant même d’être créé, il était complètement
décrédibilisé (Le Monde du 6 janvier 2021). Un collectif citoyen de 35 personnes tirées au
sort a finalement été discrètement installé par le Conseil économique, social et environ-
nemental le 16 janvier et ses premières recommandations étaient attendues pour le mois
d’avril, quatre mois après les débuts chaotiques de la campagne de vaccination…
Au contraire, des gestes bien pensés peuvent jouer positivement en ayant valeur de
symbole. Ainsi, les précautions prises pour les coureurs du Tour de France en septembre ont
pu avoir un effet d’exemplarité de même que l’inflexibilité à propos de la fermeture des
remontées mécaniques. À cet égard, le fait que le Président de la République ait contracté la
maladie quelques jours avant les fêtes de Noël et sa vidéo, diffusée sur les réseaux sociaux

5. Pour une première analyse, cf. les actes du colloque « Quoiqu’il en coûte » organisé le 12 février 2021
par l’Université d’Aix-Marseille, à paraître dans le no 2021-3 de Gestion & Finances publiques.
6. Anecdote racontée par le président de Carrefour dans Les Échos week-end, supplément au numéro des
Échos des 18 et 19 décembre 2020.

Revue française d’administration publique no 178, 2021, p. 433-448


covid-19 : les défis de la communication de crise (mars 2020 – mars 2021) 443

le 18 décembre, auraient pu constituer un remarquable « coup de com’ » pour rappeler


le caractère impératif des règles de protection. Cette communication était d’autant plus
réussie qu’elle était partiellement spontanée, mais, en raison des fêtes de fin d’année, où
les contraintes ont été relativement relâchées, elle n’a pas imprimé les esprits.
En février-mars 2021, la stratégie de territorialisation des mesures de freinage de la
propagation de l’épidémie et, simultanément, la stratégie progressive et ciblée de vaccina-
tion ont pu heurter le sentiment d’égalité et exacerbé les tendances à la fragmentation de
l’opinion (jeunes contre vieux ; partisans du stop-and-go contre ceux du confinement très
rigoureux, mais provisoire ; Marseillais, Niçois et Dunkerquois contre Franciliens, etc.).
Un élément essentiel de la communication de crise est la lutte contre les contre-vérités
et rumeurs, et ce de préférence en s’appuyant sur des preuves plutôt que du mépris. À cet
égard, les prises de position en faveur des thèses du professeur de médecine Didier Raoult
ont été assez bien contenues, mais elles ont eu des effets très négatifs sur l’opinion. Le
combat contre les fausses informations est difficile : il exige des modes de communication
adaptés à notre temps, s’adressant notamment aux jeunes et utilisant massivement les réseaux
sociaux qui en sont les principaux vecteurs. Il est possible que la vague de complotisme
ait été sous-estimée (Fondation Jean Jaurès, 2019).
La communication sur la stratégie vaccinale, qui a pourtant été bien anticipée, s’est
ainsi heurtée à une incompréhension inattendue et contradictoire : de la part, d’abord, des
attentistes, sceptiques quant à l’efficacité des premiers vaccins, puis des partisans d’une
vaccination massive et rapide et, enfin, des personnes considérées comme informées sur
les mérites et les limites des différents vaccins. Les pouvoirs publics ont d’abord choisi
© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)

© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)
une attitude prudente de montée en charge très progressive, peut-être insuffisante pour
convaincre les sceptiques, mais ménageant l’avenir ; puis ils ont dû changer d’attitude à
la demande expresse du Président de la République dans son allocution du 31 décembre.
Dans un troisième temps, ils ont été soumis au principe de réalité imposé par les contraintes
de production, de livraison et d’administration des vaccins et ont dû gérer le problème des
défauts attribués au vaccin anglo-suédois Astra-Zeneca qui a donné lieu à des déclarations
contradictoires au plus haut niveau.
La stratégie du « freiner sans enfermer » annoncée le 18 mars, qui a tiré la leçon des
limites de la stratégie du 29 janvier (« tout sauf reconfiner »), a été organisée pour donner
l’impression d’une simple adaptation : les annonces ont été faites par le Premier ministre et
le mot de « confinement » a soigneusement été évité. Mais cette mise en scène n’a pas trompé
l’opinion (Le Monde a titré le 20 mars « Macron reconfine 21 millions de Français ») et la
complexité des détails d’application (attestations et listes de magasins essentiels), pourtant
déjà largement expérimentée, ont nui à la crédibilité de ces mesures 7. L’intervention du
Président de la République le 30 mars, soigneusement calibrée dans la forme comme dans
le fond, et suivie d’un débat au Parlement, s’est efforcée de redresser la situation.

*
* *
En définitive, dans une situation exceptionnellement difficile et d’une durée inédite,
la communication gouvernementale a eu une efficacité certaine, mais elle s’est trouvée
confrontée à des défis multiples qui ont nui à sa lisibilité et à sa cohérence et qui touchent

7. L’éditorialiste du Monde estimait le 20 mars que « La crédibilité de la parole publique est mise à l’épreuve,
au moment où la nouvelle stratégie qui consiste à “freiner sans interdire” requiert au contraire l’adhésion de
toute la population pour réussir ».

Revue française d’administration publique no 178, 2021, p. 433-448


444 michel le clainche

en particulier la relations au public : montée des incertitudes, limites de la science, diffé-


rentiation des réactions, perception oscillante (Libaert 2020).
Le baromètre de la confiance politique du Cevipof, dans sa « vague no 12 » de février 2021,
fait ressortir, sur la crise sanitaire, que seulement 36 % des personnes interrogées estiment que
le Gouvernement a bien géré la crise (39 % en avril 2020) contre 56 % en Allemagne (74 %
en avril) et 48 % en Grande-Bretagne (69 % en avril). Du point de vue de l’information, la
« vague no 11b » du baromètre en avril 2020 indiquait que 39 % des personnes interrogées
faisaient confiance à l’information gouvernementale (mais seulement 35 % faisaient confiance
aux médias et 16 % aux réseaux sociaux alors que 89 % faisaient confiance aux médecins).
Commentant ces résultats, Le Monde du 19-20 avril 2020 titrait : « La bataille de la confiance
est peut-être perdue ». Cette méfiance a perduré comme l’ont montré des sondages ultérieurs. 8
Les points forts de la communication gouvernementale méritent cependant d’être
soulignés : l’abondance et la régularité de l’information, l’identification de personnes en
charge de porter la parole officielle, la création du conseil scientifique, l’engagement au
plus haut niveau de l’exécutif, les rapports d’évaluation sur la gestion de la crise…
Mais ils n’ont pu surmonter les handicaps dus à quelques points faibles et au contexte :
les messages lénifiants et les maladresses du début, les décalages dans le ton de la commu-
nication entre différents émetteurs, le statut imprécis de la parole des experts, les change-
ments de stratégie insuffisamment expliqués, la concertation avec les élus et les citoyens
qui aurait dû être plus précoce, plus ouverte et plus constante…
En généralisant, cette brève analyse fait ressortir la nécessité d’organiser la commu-
nication de crise dès le début des opérations, d’intégrer la communication dans la stratégie
© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)

© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)
le plus en amont possible, d’assurer une cohérence totale dans les messages officiels, de
publier régulièrement des scénarios de référence établis par une autorité indépendante
(comme l’a fait le conseil scientifique, une seule fois, en juin 9), de combattre résolument
les « fausses informations », notamment par une utilisation adaptée des réseaux sociaux, de
développer de « vraies » concertations avec les pouvoirs intermédiaires, des relais d’opinion
et des comités de citoyens et les entretenir jusqu’à la fin de la crise.

Références bibliographiques

Ouvrages et articles de référence


Bergeron Henri, Borraz Olivier, Castel Philippe, Dedieu François (2020), Covid 19, Une crise orga-
nisationnelle, Presses de Sciences Po.
Caron, Matthieu (2020), Le droit gouvernemental, LGDJ.
Chevallier, Jacques (1988), Le mythe de la transparence administrative, Information et transparence
administrative, p. 239, PUF.
Chevallier, Jacques (2020), Un nouvel outil numérique : StopCovid, Revue française d’administration
publique, no 174, p. 519.

8. À la question « Faites-vous confiance au gouvernement pour faire face efficacement au coronavirus ? »


dans un sondage auprès d’un échantillon de 1000 personnes pour le Journal du dimanche, l’IFOP enregistre 44 %
d’opinions positives en mai à la fin du confinement, 35 % en octobre à la veille du reconfinement et 42 % fin
novembre, 34 % en mars 2021, juste avant les annonces du 18 mars.
9. https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/avis_conseil_scientifique_2_juin_2020.pdf Avis no 7 du
2 juin 2020.

Revue française d’administration publique no 178, 2021, p. 433-448


covid-19 : les défis de la communication de crise (mars 2020 – mars 2021) 445

Dolez, Bernard et Donier, Virginie (2020), Gérer localement la crise du Covid-19, RFAP no 176.
Fouks, Stéphane (2020), Pandémie médiatique, Plon.
Gabay, Michèle (2005), Communiquer dans un monde en crise : Images, représentations et
médias, L’Harmattan.
Laine, Matthieu (2020), Infantilisation, Cet État nounou qui vous veut du bien, Les Presses de la
Cité, 2020.
Le Clainche, Michel (2019), L’écotaxe poids lourds en France (2007-2017), l’échec d’une innovation
fiscale, Gestion & Finances publiques, no 2019-2, p. 98.
Le Clainche, Michel (2011), L’administration consultative, élément constitutif ou substitut de la
démocratie administrative ?, RFAP no 137-138, 2011, p. 39-48.
Libaert, Thierry (2020), Communication de crise, 5e édition, Dunod.
Noiriel, Gérard (2018), Les gilets jaunes replacent la question sociale au centre du jeu politique,
Le Monde, 28 novembre 2018.
Ogrizek, Michel et Guillery, Jean-Michel (1997), La communication de crise (coll. « Que sais-je ? »), PUF.
Revault d’Allonnes, Myriam (2021), L’Esprit du macronisme. Ou l’art de dévoyer les concepts, Le Seuil.
Sfez, Lucien (2010) La communication, PUF, coll. « Que-sais-je », PUF.
Tworek Heidi, Beacock Ian, and Ojo Eseohe, “Democratic Health Communications during Covid-
19: A RAPID Response,” (Vancouver : UBC Centre for the Study of Democratic Institutions,
September 2020). https://democracy2017.sites.olt.ubc.ca/files/2020/09/Democratic-Health-
Communication-during-Covid_FINAL.pdf
© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)

© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)
Zémor, Pierre (1995), La communication publique, coll. « Que sais-je ? », PUF.

Rapports
Lizurey, Richard et Puccinelli, Amélie (2020), Rapport de la mission relative au contrôle qualité de
la gestion de crise sanitaire Juin 2020 – 277475.pdf [vie-publique.fr]
Pittet, Didier (2020), Rapport d’étape de la Mission indépendante nationale sur l’évaluation de la
gestion de la crise Covid-19 et sur l’anticipation des risques pandémiques présidée par Didier
Pittet du 13 octobre 2020 276679.pdf [vie-publique.fr]
Ciotti, Eric (2020), Rapport de la mission d’information de l’Assemblée nationale sur l’impact, la
gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l’épidémie de Coronavirus-Covid 19,
no 1399 du 2 décembre 2020, Microsoft Word – i3633.docx (assemblee-nationale.fr) ;
Deroche, Catherine, Jommier Bernard, Vermeillet Sylvie (2020), Rapport no 199, du 8 décembre 2020,
au nom de la commission d’enquête du Sénat pour l’évaluation des politiques publiques face
aux grandes pandémies à la lumière de la crise sanitaire de la Covid-19 et de sa gestion,
20201210_rapport_CE_Covid__tome_1__conf-presse.pdf (senat.fr)

Articles d’actualité dans la presse


Le Monde du 28 février 2020, titre en première page : « Coronavirus : les autorités tentent de rassurer ».
Le Monde du 3 mars 2020, titre en première page : « Coronavirus : en France, la nouvelle stratégie
du Gouvernement ».
Le Monde du 4 avril 2020, titre en première page : « Déconfinement : les ajustements de l’exécutif ».
Le Monde du 19-20 avril 2020, p. 9, titre sur cinq colonnes, « La bataille de la confiance est peut-être
perdue », Matthieu Goar.

Revue française d’administration publique no 178, 2021, p. 433-448


446 michel le clainche

Le Monde du 17 septembre 2020, cinq colonnes à la une : « Covid-19 : Pourquoi Macron a changé


de stratégie ».
Le Monde du 3 novembre 2020, titre sur cinq colonnes en p. 9 : « L’exécutif face au défi de
l’imprévisibilité ».
Le Monde du 4 novembre 2020, p. 6, « Entretien avec Pascal Perrineau ».
Le Monde du 5 novembre 2020, p. 16 en titre : « L’exécutif empêtré dans le reconfinement. Alors que ce
deuxième confinement est moins respecté, le gouvernement peine à envoyer un message clair ».
Les Échos du 5-6 novembre 2020, dans l’article de Cécile Cornudet, « Covid ou la poussée de fièvre
américaine » : « Et peut-être, les Français oublieront-ils que l’exécutif a “raté sa communication
sur le reconfinement” comme le confie un conseiller ».
Le Monde du 4 décembre 2020, « Interview sur Brut d’Emmanuel Macron : l’exécutif cherche le
bon canal pour parler à la jeunesse », Alexandre Lemarié et Olivier Faye.
Les Échos week-end, supplément au numéro des Échos des 18 et 19 décembre 2020, « Entretien avec
Alexandre Bompart, PDG de Carrefour ».
Les Échos du 28 décembre 2020, « Les conséquences politiques de la crise sanitaire n’ont pas encore
été tirées, entretien avec Bernard Sananes ».
Le Monde du 29 décembre 2020, « “Quoiqu’il en coûte”, une doctrine de crise au sommet de l’État »,
Olivier Faye et Claire Gatinois.
Le Monde du 6 janvier 2021, p. 11 « À peine né, le collectif citoyen se retrouve au cœur des critiques »,
Sarah Beloezzane, Alexande Lemari, Pascale Santi.
© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)

© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)
Le Monde du 8 janvier 2021, titre sur cinq colonnes p. 6 : « Campagne vaccinale : l’exécutif revoit
sa copie ».
Le Monde du 12 janvier 2021, p. 27, « Considérer qu’une majorité de Français est opposée au vaccin
est une illusion », Anne Hommet et Sacha Mandel.
Le Monde du 28 janvier 2021, p. 10-11, « Reconfinement : tensions au sommet de l’État », Olivier
Faye et Alexandre Lemarié.
Le Monde des 31 janvier et 1er février, p. 29, « L’inversion des priorités », Éloi Laurent.
Le Monde du 3 février 2021, p. 34, « Le quinquennat à pile ou face », Françoise Fressoz.
Le magazine M du Monde, 13 février 2021, « Prades, en deçà des Pyrénées, au-delà de la vérité ».
Le Monde du 5 mars 2021, p. 9, « La gestion de l’épidémie au centre de la bataille Hidalgo-Macron »,
Denis Cosnard, Alexandre Lemarié.
Le Monde du 10 mars 2021, p. 12, « Covid-19 : les promesses risquées de Macron », Alexandre Lemarié.
Le Monde, 20 mars 2021, p. 6, « Macron reconfine 21 millions de Français », Olivier Faye.
Le Monde, 20 mars 2021, p. 30, « Confinement : un douloureux retour au réel », éditorial.
Le Monde, 21-22 mars 2021, p. 9, « Covid : Macron accusé d’avoir “perdu son pari” », Alexandre
Lemarié.
Le Monde, 26 mars 2021, p. 10, « Le patronat de plus en plus irrité par les injonctions du gouverne-
ment », Raphaëlle Besse-Desmoulières et Bertrand Bissuel.
Le Monde, 27 mars 2021, p. 9, « Critiqué sur sa stratégie sanitaire, Emmanuel Macron assume ses
choix », Alexandre Lemarié.
Le Monde, 2 avril 2021, p. 2, « Macron contraint à un troisième confinement national », Olivier
Faye, Alexandre Lemarié.
Les Échos, 2-3-4 avril 2021, titre à la une : « Les défis du troisième confinement ».

Revue française d’administration publique no 178, 2021, p. 433-448


covid-19 : les défis de la communication de crise (mars 2020 – mars 2021) 447

Étude COMCOR de l’Institut Pasteur sur les lieux de contamination

Réalisée par l’Institut Pasteur en partenariat avec l’Institut Ipsos, Santé publique France et la Caisse
nationale d’assurance maladie.
Première vague publiée le 17 décembre 2020 : « Étude ComCor sur les lieux de contamination au
SARS-CoV-2 : où les Français s’infectent-ils ? », https://www.pasteur.fr/fr/espace-presse/
documents-presse/etude-comcor-lieux-contamination-au-sars-cov-2-ou-francais-s-infectent-ils
Seconde vague du 9 mars 2021 : « ComCor : Étude des facteurs sociodémographiques, comportements
et pratiques associés à l’infection par le SARS-CoV-2 », https://www.pasteur.fr/fr/espace-presse/
documents-presse/comcor-etude-facteurs-sociodemographiques-comportements-pratiques-
associes-infection-sars-cov-2

Sondages d’opinion

Baromètre de la confiance politique du Cevipof, vague 11b, avril 2020. Lien URL : https://www.
sciencespo.fr/cevipof/sites/sciencespo.fr.cevipof/files/Barome%CC%80tre_vague11b%20.pdf
Baromètre de la confiance politique du Cevipof, vague 12, février 2021. Lien URL : https://
www.sciencespo.fr/cevipof/sites/sciencespo.fr.cevipof/files/Round%2012%20-%20
Barome%cc%80tre%20de%20la%20confiance%20en%20politique%20-%20vague12-1.pdf
Baromètre de la confiance politique du Cevipof, étude 2 009-2019 : la crise de la confiance politique,
lien URL : https://www.sciencespo.fr/cevipof/sites/sciencespo.fr.cevipof/files/CEVIPOF_
© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)

© Institut national du service public | Téléchargé le 08/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 78.196.74.223)
confiance_10ans_CHEURFA_CHANVRIL_2019.pdf
IFOP pour le Journal du dimanche, novembre 2020, mars 2021, Les Français et le Covid-19 : confiance
dans le gouvernement et intention de se faire vacciner (ifop.com). Lien URL : https://www.
ifop.com/wp-content/uploads/2020/11/117764-R%C3%A9sultats.pdf
Fondation Jean-Jaurès 2019, Enquête réalisée avec Conspiracy Watch : https://jean-jaures.org/
nos-productions/enquete-complotisme-2019-les-grands-enseignements

Revue française d’administration publique no 178, 2021, p. 433-448

Vous aimerez peut-être aussi