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Cafés-Philo en France 

: un malentendu et un échec ?

Cet ouvrage propose un récit personnel, et nécessairement partiel, des débuts de l’histoire des
cafés-philo, et, par conséquent, de et sur la pensée philosophique, la vie sociale et politique en
France, et n’entend nullement prétendre à pouvoir parler pour tout le monde, notamment pour les
animateurs de ces débats dans les cafés. Les moyens de communication n’étant pas ce qu’ils sont
devenus depuis, il n’était pas possible, depuis le milieu des années 90 jusqu’à aujourd’hui, de
constituer et de maintenir avec la majorité des animateurs des cafés-philo, un contact constant et
ainsi il va de soi qu’ils ont leur expérience de, et que, s’ils lisent ou entendent parler de ce livre, ils
pourront exprimer alors leur propre interprétation de leur expérience et de cette Histoire. C’est
ainsi quelque chose de précieux que les débats des « cafés-philo » ont pu permettre d’apprendre
aux uns et aux autres, c’est qu’il est très risqué de prétendre comprendre les autres en se mettant à
leur place, parce que, si l’empathie, la sensibilité, l’intelligence, y incitent et y invitent, il y a une
différence substantielle entre le faire et croire l’avoir fait. Si, se mettre à la place de, continue d’être
une loi humaine essentielle - avec «  l’empathie  »., il faut avoir à l’esprit qu’il y a une
présupposition que nous le fassions, qui se distingue d’une expérience singulière quand nous le
faisons vraiment. Mais prendre en compte des singularités n’implique pas que nous soyons
interdits de conclusions communes et générales : encore faut-il qu’elles soient fondées. C’est là un
écueil que tant de jeunes élèves de la classe de terminale de Philosophie énoncent fréquemment et
ne parviennent pas à dépasser, la relativité des perceptions et opinions (chacun pense…).
Ce sera un des objectifs de ce livre, une de ces ambitions, et l’auteur est toujours le plus mal placé
pour juger de la réalisation ou non, de cette intentionnalité. Le titre de ce livre est assez explicite :
de cette aventure des « cafés-philo », l’auteur que je suis considère qu’il peut établir, et c’est donc le
propos principal de ce livre, qu’il y a eu, malentendu, échec, échecs au pluriel, et qu’il s’agit d’en
comprendre les causes. Et, s’il y a eu échec, c’est donc que, au regard des capacités induites,
potentielles comme des intentionalités elles-mêmes, les résultats possibles, attendus, désirables, ne
sont pas advenus ou peu ou insuf samment. Et il va donc falloir s’en expliquer. Entre 1991 et 1994,
je suivais des études de Philosophie à l’UFR de Toulouse Le Mirail, après les avoir commencées à
Bordeaux. Avec un ami, lui-même engagé dans de telles études, Éric Coulon, nous avions entendu
parler de la démarche toute nouvelle de Marc Sautet à Paris, au Café des Phares, et également qu’il
était annoncé quelque temps plus tard à Toulouse. Nous lui avons écrit et quelques semaines plus
tard, nous recevions une réponse de sa part, dans laquelle il nous con rmait sa venue et nous
proposait de nous rencontrer à cette occasion. C’est ce qui eut lieu. La rencontre, prévue pour
durer de 30 minutes à une heure, dura toute une après-midi. Nous rencontrions, et c’était une
première pour nous, un intellectuel, qui n’associait pas pensée philosophique et «  Université  »,
comme si la pensée profonde était le fait, pratiquée par, réservée à, une petite élite, ce dont trop de
nos cours nous faisaient douter (à ce sujet, lire le développement consacré aux Universités, à la
pensée philosophique dans les Universités, à la n du second texte).

Extrait de «  Cafés-Philo en France : un malentendu & un échec ? Education Nationale et


Philosophie », de Jean-Christophe Grellety
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