Vous êtes sur la page 1sur 24

INTRODUCTION

Hegel « Ce n’est qu’au début du crépuscule que la chouette de minerve prend son envol » Préface
de philosophie du droit.

➢Qu’est-ce que la philosophie du droit ?

➢ Où la trouve-t-on ? D’où elle vient ? À quoi sert-elle ?

À Bordeaux, la philosophie du droit vient du travail de Jean-Marc Trigeaud (JMT) qui a fondé
« l’École de Philosophie du droit Bordeaux ».

C’est un grand professeur mais également un grand auteur d’un grand nombre d’ouvrages. C’est
une des grandes pensées de la philosophie et du monde contemporain.

L’œuvre de Jean-Marc Trigeaud est particulière car il a donné une immense impulsion à la
philosophie du droit à Bordeaux. Avec Jean-Marc Trigeaud on est dans une philosophie qui va
prendre le droit en quelque sorte comme marquage, comme manifestation d’une défense des
valeurs de l’humanisme d’une personne.
Il a fait ses études à Paris II, ses maitres et directeurs étaient Michel Villey, historien qui va fonder
le centre régional de philosophie du droit à Bordeaux en 1982 et l’association française de
philosophie du droit à Paris, son héritage est énorme car il est également connu et cité à l’étranger
en tant que représentant de la philosophie du droit en France, Henry Batiffol qui est un
internationaliste et philosophe, Jean Carbonnier grand civiliste du XX° siècle qui a surtout
l’étiquette de sociologue, François Terré directeur de thèse de Trigeaud et Gabriel Marcel.
Le danger de la philosophie du droit serait d’être savant en philosophie et savant en droit car il
faut être spécialiste. Seulement il ne faut pas être trop spécialiste non plus.

« L’homme d’une seule occupation ressemble beaucoup à l’homme d’un seul livre. Il ne saurait
vous entretenir d’autre chose. Le spécialiste a mauvais caractère. Entamez avec lui une conversation
banale, parlez-lui de ce qu'il sait mal ou médiocrement, il se tait, mais que le hasard ou le désir de
lui plaire, vous mette sur ce qu’il appelle sa spécialité, il sourit, il vous laisse dire. Tranquille.
Imperturbable. Il attend que vous ayez finit. Il se garderait de vous interrompre, car, de vos erreurs
accumulées se dégage pour lui une grande vérité : il sait. Il a en effet assez pratiqué sa science pour
rendre compte de ce qu’il a encore à apprendre, et éviter, en restant modeste, qu’on ne se moque de
lui. Mais voici qui est plus grave. La spécialité, qui rend le savant maussade, rend la science
stérile. »
Discours prononcé par H. Bergson, Professeur de Philosophie, au Lycée d’Agen, 1882
Bergson fait ici une analyse sur celui qui est devenu un spécialiste. Mais selon lui un spécialiste ne
saurait parler d’autre chose s’il est trop spécialisé. Le spécialiste reste dans son domaine et attend
que vous veniez lui parler et si vous dites une erreur, il ne vous écoute plus car il sait qu’il a la
bonne réponse. Lorsque la science devient trop spécialiste, qu’on ne regarde que la spécialité et
seulement cela, cela devient stérile et ennuyant.

La philosophie est un cours doublement spécialisé, c’est le cours d’un juriste et d’un philosophe. Il
faut accepter qu’on n’est pas des spécialistes et à partir de là on est libre de notre pensée, il faut

Page 1 sur 24
avoir le courage de se tromper. Au fond la philosophie c’est donc un savoir mais aussi un
échange méthodologique. Penser différemment permet de mieux penser, de progresser.

Le concept de philosophie du droit viendrait de Hegel et de son ouvrage Principes de la philosophie


du droit de 1820. Hegel précède Bergson, c'est le premier auteur à écrire les principes de la
philosophie du droit. La philosophie du droit c’est une philosophie qui ne porte pas sur les objets de
l’existence la mort, la souffrance, mais qui porte sur le droit.

➢Est-ce qu’avant Hegel des auteurs de philosophie se sont posés des questions sur qu’est-ce que le
droit?

Cette question est assez traditionnelle et est posée par toute la philosophie. En matière de
philosophie on va petit à petit revenir vers des auteurs dit classiques qui naissent dans l’Antiquité
grecque parce que la philosophie nait elle-même dans l’Antiquité grecque.

« La philosophie est, dans son être originel, de telle nature que c’est d’abord le monde grec et
seulement lui qu’elle a saisi elle-même en le réclament pour se déployer. La philosophie est grecque
dans son être même. »
Martin Heidegger
Toute l’histoire de la philosophie va naitre à l’intérieur d’un monde particulier où des auteurs
comme Pythagore qui vivent dans la pointe de l’Italie, des auteurs d’Athènes etc qui à travers les
moyens de communications vont se parler et créer des écoles. Ces discours entre les écoles vont
faire naitre une philosophie, une pensée. C’est ce que l’on appelle le miracle grec.

➢Au fond qu’est-ce que la philosophie du droit ?

« Quand on est jeune il ne faut pas remettre à philosopher, et quand on est vieux il ne faut pas se
lasser de philosopher. Car il n’est jamais trop tard pour travailler la santé de l’âme »
Épicure, Lettre à Ménécée (III° siècle av.)

Ce qui est intéressant c’est que son nom a donné naissance à une façon d’être « être épicurien ».
C’est l’idée que si on allait travailler la philosophie d’Épicure on serait surpris de voir qu’elle est
éloignée de ce que font les épicuriens maintenant. Il y a un héritage grec qui nous éclaire sur une
façon de vivre et ça c’est une première interrogation sur ce qu’est au fond la philosophie du droit.
Épicure est aussi connu car il a créé sa propre école : le Jardin. Sa philosophie se faisait dans un
jardin.

Dans cette citation il y a une forme d’injonction mais aussi la raison de pourquoi il faut cette
injonction. Le but de la philosophie c’est travailler la santé de l’âme.
Le but de la philosophie serait de trouver un apaisement intérieur qui procure une forme de
bonheur. La philosophie pour Épicure aurait cette vocation de parler à toute personne dans
l’existence c’est-à-dire que quand on est enfant on peut faire de la philosophie et quand on est vieux
il faut continuer.

« On a grand tort de peindre la philosophie comme inaccessible aux enfants… Puisque la


philosophie est celle qui nous instruit à vivre, et que l’enfance à sa leçon, comme les autres âges,
pourquoi ne la lui communique-t-on pas ? »
Montaigne, Essais, I, 26
Page 2 sur 24
L’idée est qu’Épicure et Montaigne ont chacun leur façon de penser, elle peut être la même ou
se différencier. Pour Montaigne, la philosophie est ouverte aux enfants, tout comme pour Épicure.
« [Thalès] observait les astres et, comme il avait les yeux au ciel, il tomba dans un puits. Une
servante de Thrace, fine et spirituelle, le railla, dit-on, en disant qu’il s’évertuait à savoir ce qui se
passait dans le ciel, et qu’il ne prenait pas garde à ce qui était devant lui et à ses pieds. La même
plaisanterie s’applique à tous ceux qui passent leur vie à philosopher. Il est certain, en effet, qu’un
tel homme ne connait ni proche, ni voisin ; il ne sait pas ce qu’ils font, sait à peine si ce sont des
hommes ou des créatures d’une autre espèce ; mais qu’est-ce que peut être l’homme et qu’est-ce
qu’une telle nature doit faire ou supporter qui la distingue des autres êtres, voilà ce qu’il cherche et
prend peine à découvrir […]. Voilà donc, ami […] ce qu’est notre philosophie dans les rapports
privées et publics qu’il a avec ses semblables. Quand il est forcé de discuter dans un tribunal ou
quelque part ailleurs sur ce qui est à ses pieds et devant ses yeux, il prête à rire non seulement aux
servantes de Thrace, mais encore au reste de la foule, son inexpérience le faisant tomber dans les
puits et dans toute sorte de perplexités. Sa gaucherie le fait passer pour un imbécile. […].»
Platon, Théétète, 174 a-175 c, traduction Émile Chambry, Garnier-Flammarion, 1967, pp
109-111
Ce roman parle de Thalès, grande figure de la pensée grecque.
Thalès pour Platon est considéré comme un grand philosophe. Pour Platon tout le monde n’est pas
philosophe. Ça c’est le point de vue de Platon qui n’est pas celui de Montaigne ni d’Épicure.

Chez Platon il y a deux formes de richesses :

● Dans les mondes dans lequel nous vivons, il y a plus riche que la richesse matérielle :
Quelqu’un de riche, même s’il a tout, sait très peu de chose quand on réfléchit. Pour Platon, le
philosophe a une richesse philosophique qui n’est pas matérielle, il sait regarder le monde,
c’est ce qu’on appelle la qualité poétique chez les philosophes. Le cœur est riche de cette capacité
de s’abstraire du monde.

● La richesse d’être bien née : Pour Platon ces gens-là ont la vue basse et courte car ils ne
peuvent voir l’humanité dans son ensemble. Tout le monde dans ses ancêtres a de tout, des
gueux, des riches, des nobles.
C’est un discours magistral de Platon, il fait une forme d’élitisme, reconnaitre ça c’est aussi se
prendre pour une élite.

Idée à retenir : richesse spirituelle s’oppose à la richesse matérielle.


« La philosophie n’est véritablement qu’une occupation pour l’adulte, il n’est pas étonnant que des
difficultés se présentent lorsque l’on veut la conformer à l’aptitude moins exercée de la jeunesse.
L’étudiant qui sort de l’enseignement scolaire était habitué à apprendre. Il pense maintenant qu’il va
apprendre la Philosophie, ce qui est pourtant impossible car il doit désormais apprendre à
philosopher. »
Kant, Annonce de programme des leçons de M. E. Kant durant le semestre d’hiver,
(1765-1766), traduction de M. Fichant, Éd. Vrin, 1973, pp. 68-69

« Le philosophe moderne est souvent un fonctionnaire, toujours écrivain, et la liberté qui lui est
laissée dans ses livres admet une contrepartie : ce qu’il dit d’emblée entre dans un univers
académique où les options de la vie sont amorties ou les occasions de la pensée sont voilées. Or la
philosophie mise en livre a cessé d’interpeler les hommes. Pour retrouver la fonction entière du
philosophe, il faut se rappeler que même les philosophes auteurs que nous lisons et que nous
Page 3 sur 24
sommes n’ont jamais cessé de reconnaitre pour patron qu’un seul homme qui n’écrivait pas, qui
s’enseignait pas, il faut se rappeler de Socrate ».
M. Merleau-Ponty, Éloge de la philosophie, 1953

Merleau-Ponty, auteur du XX° siècle tient de la phénoménologie.

Cela correspond aux auteurs qui vont travailler des phénomènes qui sont des modes
d’apparition. Au fond ce qu’ils disent c’est que le monde réapparait différemment. Ce que dit
Merleau-Ponty c’est qu’il faut toujours requestionner le monde. Être capable de réinventer le Code
civil en fonction des évolutions c’est faire de la philosophie du droit.
Dans la philosophie moderne, les auteurs exercent leur philosophie en écrivant des livres mais
écrire un livre c’est sortir du vivant, c’est amortir des choses de la vie. Les occasions de la pensée
sont voilées. Merleau-Ponty nous dit au fond que la vraie philosophie serait de vivre dans
l’existence même d’un dialogue.

Elle serait la maïeutique, c’est-à-dire le nom que Socrate donne à sa façon de faire qui signifie
accoucher.
Socrate est l’héritier d’une façon de faire, il va mettre en place une méthode philosophique qui est
celle de la discussion et même plus loin de la dispute. Cette façon de faire va devenir un véritable
moteur du savoir philosophique. Ce sont ces grandes controverses qui font avancer le monde. La
philosophie au départ, c’est une connaissance socratique réelle qui questionne avec du cours, des
arguments, et qui fait qu’on n’avance pas tout seul.
Kant disait, « penser, c’est penser avec » autrement dit il n’y a pas de pensée d’un auteur seul, un
auteur ne peut pas penser seul, si c’est un grand auteur il le doit aussi aux autres.
Alberto Giacometti sculpteur italien dit « je donnerai toute mon œuvre pour une conversation ». La
philosophie c’est un héritage de tout ça, c’est à la fois l’héritage du passé, des nombreux auteurs
qui égrainent l’histoire de la philosophie, la mise en confrontation avec ces auteurs là, mais aussi un
dialogue avec ce qu’il se passe dans le monde contemporain, le réel, ce qu’il se passe en droit,
toutes les problématiques. Et la philosophie du droit c’est cette rencontre-là, un questionnement
présent qui est aussi universel car cela implique des questions de justice.

On peut entendre philosophie du droit de deux façons :


- soit c’est une philosophie qui porte sur le droit et de cette façon on serait d’abord philosophe et
ensuite on viendrait interroger l’objet du droit.
- soit c’est une philosophie qui est tiré du droit, ce qui veut dire qu’à partir de connaissances
juridiques on va se poser des questions philosophiques sur la matière.

Il y a une forme dialectique là-dedans, on va retrouver ces deux façons d’entendre la philosophie
chez les enseignants en philosophie du droit.

On trouve deux types d’enseignants : les enseignants qui viennent de la philosophie et qui
s’intéressent ensuite au droit avec leurs bagages de philosophie et les enseignants au départ
formés comme juristes et qui à partir de leurs connaissances juridiques vont se poser des
questions philosophiques et vont s’ouvrir sur des questions de philosophie et de philosophie du
droit.
Dans ces deux sphères se trouvent des avantages et inconvénients.
L’avantage est qu’à chaque fois il s’agit de philosophie intéressante mais l’inconvénient est que
pour le premier type d’enseignant, ils ne maitrisent pas tout le langage du droit et le langage du
Page 4 sur 24
droit suppose une connaissance pratique particulière. Et pour ceux qui faisaient de la philosophie du
droit, ils ont une connaissance juridique mais il leur manque peut-être certaines maitrises ou
capacités philosophiques. Il faut donc être formé dans les deux domaines, il y a vraiment une
formation à la fois juridique et à la fois philosophique.

« La philosophie n’est véritablement qu’une occupation pour l’adulte, il n’est pas étonnant que des
difficultés se présentent lorsqu’on veut la conformer à l’aptitude moins exercée de la jeunesse.
L’étudiant qui sort de l’enseignement scolaire était habitué à apprendre. Il pense maintenant qu’il va
apprendre la Philosophie, ce qui est pourtant impossible car il droit désormais apprendre à
philosopher. »
Kant, Annonce du programme des leçons de M.E Kant durant le semestre d’hiver (1765-1766)

Selon Kant, on n’apprend pas la philosophie, on apprend à philosopher c’est différent, on apprend à
se détacher.
La philosophie est un cheminement, c’est un passage ? un voyage ? on chemine dans notre
intérieur, la pensée chemine dans notre intérieur pour être manifeste dans le présent.
Selon Saint Augustin, le temps d’hier n’existe plus et le temps futur n’existe pas vraiment. Mais le
présent à peine est-il prononcé s’enfui dans le passé. Même si le temps n’existe pas, il y a quelque
chose qui existe : c’est moi, ma pensée, mon cheminement, mon existence, ça existe, ça se
déroule, se déploie dans un concret, présent et aussi dans un cheminement, parce que notre pensée
est toujours présente.

Idée : un chemin, un mouvement dans la demeure de l’être. Est-ce qu’il y a un résultat dans ce
mouvement ? Il y a des mouvements centripètes et centrifuges.
En allant vers les autres on est dans un mouvement centripète, c’est un mouvement de notre être à
l’intérieur du monde dans lequel on chemine, notre corps se déplace et notre esprit aussi.
Au fond, la philosophie exige d’avoir conscience qu’on est nous, et qu’autour il y a du droit, des
choses et qu’on a des questions, des positions par rapport à ça.
Quand on va au crépuscule, on revient vers soi, vers un mouvement centrifuge.

« Questionner, c’est travailler à un chemin, le contraire. C’est pourquoi il est opportun de penser
avant tout au chemin et de ne pas s’attacher à des propositions ou appellations particulières. Le
chemin est un chemin de la pensée. Tous les chemins de la pensée conduisent, d’une façon plus ou
moins perceptible et par des passages inhabituels, à travers le langage. »
Heidegger
D’après Heidegger, analogie entre le chemin extérieur et le chemin de la pensée, quand on a le
courage de savoir, le chemin de la pensée est libre.

L’avantage du chemin de la pensée il est libre, intégral, il n’est pas tracé.


L’idée c’est qu’il va falloir cheminer la philosophie du droit, la philosophie s’autorise un
cheminement à travers des langages comme le langage du droit, de la philosophie, ce qui n’est pas
toujours évident.

➢ Est-ce qu’on peut imposer à quelqu’un d’être libre ?

➢ Prof : on n’impose personne d’être libre, on s’impose d’être libre à nous même.

Page 5 sur 24
Introduction de Chantale Del Sol, la vérité doit se risquer hors des cavernes où on voudrait la
préserver, il faut se décaverner, c’est à dire se faire violence.
« Une distinction de Kant - Dans ses « Principes métaphysiques de la Doctrine du droit », Kant
propose une distinction que reprendra plus tard Hegel. Il y a deux sortes de question à poser
concernant le droit. D’abord la question : quid juris? Quel est, dans tel ou tel procès, ou telle ou telle
espèce de procès, la solution de droit ? D’autre part la question : quid jus, qu’est-ce que le droit
même ? Or selon Kant, qui s’en explique dans « Conflits des Facultés », l’office de la science
juridique est de répondre au premier problème, quelle est la solution de droit ? (Ce qui signifie dans
son système : quelle est la solution conforme au texte de lois positives). Tandis que relève de la
« Faculté de philosophie », le second problème : qu’est le droit ? »
Michel Villey

Il y a autour du droit deux questions :


- quid juris (quelle est la solution de droit)
- quid jus (quel est le droit).
Ces deux capacités, selon Kant, vont donner naissance à deux facultés, deux formes de travail
autour du droit :
- Aux philosophes ➞ qu’est-ce que c’est le droit ?
- Aux juristes ➞ comment rendre le droit ?
Science du droit = comment rendre le droit.
Réflexion entre les philosophes et les juristes :
- Incidence à travers l’œuvre de Kant « La doctrine du droit » 1795 (influence d’un philosophe sur
notre conception)
- La science juridique d’aujourd’hui a été influencée par des pensées et notamment celle de
Kant
« Métaphysique des mœurs » première partie « doctrine du droit » référence photo table
des matières.
Qu’est-ce que la doctrine du droit ? Naturellement = recherches scientifiques faites sur
le droit par les docteurs en droit (le plus haut titre universitaire).
Kant a pensé à la capacité, la faculté mais aussi à la façon dont on est allé un jour
enseigner le droit.
Toutes les définitions majeures en droit descendent de KANT
(exemple : qu’est-ce que le droit et la partie le droit lié au pouvoir de contraindre)
➞ « Métaphysique des mœurs » première partie « doctrine du droit » :
- 1 section de droit privé : Droit est d’abord un droit des biens puis un droit de la famille (droit réel,
droit personnel)
- 1 section droit public :
‣ Droit politique : droit constitutionnel
‣ Droit cosmopolitique : droit constitutionnel étendu au droit international
Le père d’un droit politique qui fonctionnerait pour tout le monde c’est Kant.
➢ À quoi sert la philosophie du droit ?
C’est un savoir, un échange méthodologique.
En soi, la philosophie du droit ne sert à rien mais parfois c’est bien
- En soit ça sert à introduire des choses dans le droit
- Questionnement : c’est quoi la richesse ? C’est quoi un bien ?
Penser ? Ça sert à rien mais aussi à tout.
➢ La théorie du droit ?

Page 6 sur 24
« L’objet de la théorie du droit est le droit positif : ce qu’on appelle simplement la loi au sens strict,
c'est-à-dire la loi instituée par ceux qui sont politiquement supérieurs à destination de ceux qui sont
politiquement inférieurs. Mais on confond souvent le droit positif (ce qu’on appelle simplement la
loi au sens strict) avec ce qui s’y apparente par ressemblance et par analogie, c'est-à-dire tout ce qui
est également signifié proprement et improprement, par l’expression vague de la loi au sens large. »
John Austin (1790-1859) Délimitation du domaine de la théorie du droit, 1832
A l’époque ce qui est important pour les juristes ça va être de se distinguer des philosophes, et de
créer une science qui soit propre, une théorie du droit qui ne sera pas une philosophie du droit
parce que c’est pas la même chose.
L’objet de la théorie du droit est le droit positif, et ce droit ça serait au fond la loi, la loi créée par le
législateur, ou les pouvoirs institués à ces effets.
Le droit positif = la loi qui a été créée par le législateur. L’auteur se place sur le terrain du débat
entre droit positif et droit naturel.
- Les tenants du droit naturel philosophes
- Les tenants du droit positif positivistes ou des scientifiques du droit qui considèrent que le
droit est dans la loi et dans le droit positif.
Le droit n’est pas dans la nature mais dans les lois. S’il y a une science du droit, elle relèverait
plutôt du droit positif, d’un droit tiré de ce qui est posé plutôt que du droit naturel. Le droit positif
est un droit de ce qui est posé, c’est un droit qu’on peut constater notamment à travers une étude. Il
peut y avoir un droit dur et un droit souple. Droit naturel : droit qui serait tiré de la nature.
Deux significations de nature :
- Droit tiré de la nature extérieure
- Droit tiré de la nature des choses : de l’homme ➞ droit tiré de la nature de l’homme
Des juristes vont dire qu’ils ne sont pas naturalistes, je veux que le droit devienne une science.
Parmi ces auteurs Auguste Comte, qui est le fondateur du positivisme, polytechnicien.
Auguste Comte, Cour de la philosophie positive, 1830.
3 types d’état :
- État théologique ou fictif = état des connaissances dans lequel dieu intervient (fictif= pas réel)
- État métaphysique = abstrait, ça peut être de la science mais abstraite
- État scientifique ou positif
Explication : Pour parler du droit, il faut faire du droit positif. Tout ce qui relève de la morale et de
la philosophie ne relève pas du droit pour lui.
Dans l’état théologique quand il nous arrive quelque chose on attribue les conséquences de cette
chose a des actions surnaturelles
Dans l’état métaphysique on trouve des raisons, mais abstraites
Dans l’état scientifique, l’esprit humain reconnait qu’il ne faut pas se référer à l’abstrait ou au
divin il faut comprendre les causes et les maitriser.
Aujourd’hui nous sommes les héritiers de Kant, d’Auguste Compte, d’auteurs qui définissent le
droit comme une science et non de la philosophie.
Hans Kelsen va définir après Comte une théorie pure du droit en 1934 :
Théorie de la hiérarchie des normes ➞ envisager le droit comme un ensemble de normes, les
valoriser en fonction de leur origine et installer une logique mathématique à l’intérieur.

Page 7 sur 24
Texte de Kelsen : pour lui il y aurait des normes, et la théorie du droit positif implique une
interprétation, il faut savoir interpréter les normes, article 1240 qui date de 1804 on l’interprète
toujours avec les changements au fil des années, sur la faute, la causalité, l’interprétation change.
Selon Kelsen les normes sont des théories qui sont soumises à interprétation. Kelsen dit qu’il n’est
pas philosophe, un philosophe se serait quelqu’un qui dirait voilà comment le droit doit être moi je
dis voilà comment il est, comment on peut l’interpréter. Il va se concentrer sur le phénomène
normatif.
Théorie du droit : un juriste dit comment le droit est et comment il peut être interprété et non,
comme en philosophie, comment il devrait être (vision plus politique).
Pour le prof, la justice n’est pas en dehors de toute expérience mais quelle est fondée dans
l’expérience, pour le prof c’est une méconnaissance de la théorie de Platon, c’est une mauvaise
expérience, mauvaise interprétation de la part de Kelsen.
Kelsen : idée de Platon serait une idée en dehors de moi alors que non, elle constitue l’essence
même de moi.
Les héritiers de Kelsen vont considérer que la justice est une idée rationnelle.
Théorie du droit = science plus proche du droit positif que de la philosophie. Il y a une mise à
l’écart de la philosophie. Cette mise à l’écart de la philosophie est liée à la JUSTICE.
« Je voudrais maintenant commenter la seconde partie du second principe, qui doit être comprise
comme le principe libéral de la juste égalité des chances. »
John Rawls, Theory of Justice, 1971
Explication : une philosophie peut être une philosophie de la justice mais pas une théorie car la
théorie se base sur l’équité essentiellement et sur le fait de rendre compte de ce processus d’équité à
l’intérieur de l’État.
Jean Marc Trigeaud, Introduction à la philosophie du droit : la théorie renvoie au droit dans la
science interne.
Fonctionnement : la théorie ne pense pas le droit mais le conçoit. Le droit n’est pas pensé mais
connu = la théorie va former le concept de droit. (Il renvoie au texte de Kelsen d’une certaine
façon).
2 choses :
- le concept théorique du droit
- le concept théorique du juste (la rationalité pour l’atteindre n’est pas si évidente que ça mais elle
est tout de même réelle.
Exemple : amour ➞ ce n’est pas parce que je ne peux pas réellement définir l’amour
scientifiquement, que l’amour n’existe pas et que ça ne relève pas de la connaissance humaine.)
2 ères dans la théorie du droit :
- Une théorie qui n’est pas appliquée à un système donné particulier, qui n’est pas localisée : une
théorie de réflexion du droit
- Une théorie plus interne, plus en contact avec la pratique judiciaire : la théorie qui nous est
enseignée (des concepts, des notions et les articuler).
Remarque :
- à l’origine, la doctrine = exégèse
- grâce aux concepts je peux expliquer le droit
A partir des théories, des concepts vont être crée, soit je m’attache à la loi et j’interprète soit j’ai des
concepts mais on reste dans des sources du droit.
Par rapport à ça la philosophie du droit c’est s’autoriser à aller au-delà des sources traditionnelles du
droit, on fait de la métathéorie, on va au-delà de la loi, c’est par exemple se poser la question de la
justice.

Page 8 sur 24
Le prof s’autorise à aller au-delà des sources traditionnelles du droit et donc de se poser des
questions au-delà (fait du « méta-droit »).

→ La justice :
La justice est une notion ➞ 4 sciences/territoires de la pensée s’y intéressent :
- l’éthique (la théologie Philosophie morale)
- la politique
- la science économique
- le droit (le droit défend des droits fondamentaux)
Ces 4 sciences sont devenues de vrais pouvoirs.
Aujourd’hui, par exemple, l’économie n’est pas qu’une discipline mais un pouvoir : pas de
mondialisation sans économie.
Système néo économique = un système de destruction mécanique et massif de la nature et de
l’environnement dont on est complice car l’économie impose un comportement dans l’éthique et la
morale sur nous.
➢ Si l’économie, l’éthique et la politique s’intéressent à la justice, pourquoi devrions-nous en
tant que juristes s’en priver ?
Le droit défend son encrage, sa culture, son histoire ➞ le plus important : système à
vocation universelle qui défend le plus petit.
Selon Trigeaud le droit a une finalité aux vues du politique, de l’éthique et cette cause est la
protection de la personne humaine, la cause du droit ce n’est pas le politique c’est les droits
fondamentaux à défendre.
« Plaisante justice qu’une rivière borne ! Vérité au deçà des Pyrénées, erreur au-delà, 1670 »
Blaise Pascal
« Exiger que la justice soit juste est une idée d’anarchiste »
Anatole France
« La droiture et la justice, si l’homme en connaissait qui eût corps et véritable essence, il ne
l’attacherait pas à la condition des coutumes de cette contrée ou de celle-là ; ce ne serait pas de la
fantaisie des Perses ou des Indes que la vertu prendrait sa forme. Il n’est rien sujet à plus continuelle
agitation que les lois. […] Que nous dira donc en cette nécessité la philosophie ? Que nous suivons
les lois de notre pays ? C’est-à-dire cette mer flottante des opinions d’un peuple, ou d’un prince, qui
me peindront la justice d’autant de couleurs, et la reformeront en autant de visages qu’il y aura en
eux de changements de passion ? Je ne puis pas avoir le jugement si flexible. Quelle bonté est-ce,
que je vouais hier en crédit, et demain ne l’être plus, et que le trajet d’une rivière fait crime ? Quelle
vérité est-ce que ces montagnes bornent, qui est mensonge au monde qui se tient au-delà ? »
Montaigne, Essais, 1595, II,12
La question de la justice c’est pas tout et n’importe quoi.
Il y a 3 façons de concevoir la justice :
- la justice est une idée
- la justice est une réalité
- la justice est relative, c’est une convention de langage, on peut y mettre tout ce qu’on veut
derrière.
Aujourd’hui, beaucoup de choses relèvent d’un cadre fixé par les philosophes grecs. Sans le savoir
nous sommes cadrés par des rapports au concept nés des philosophes grecs.
Un effort philosophique va être, pour les savants, de se détacher du mythe. Dans toutes les cultures
on vit dans le mythe à l’époque. Ils vont s’écarter du mythe pour dire que le monde fonctionne
selon la raison etc.

Page 9 sur 24
5ème siècle commence par une révolte des cités grecque contre les perses.
Conflit important.
Toutes les villes repoussent l’armée perse, c’est cela qui va former les cités grecques.
Première identité de la Grèce : se retrouver ensemble dans une culture contre une autre forme de
culture. Siècle de fierté de la Grèce.
En prenant de plus en plus de pouvoir et de force, Athènes va rendre jalouses d’autres villes.
Deuxième guerre entre Sparte et Athènes.
A la fin de la guerre Périclès meurt et Sparte prend le dessus.
C’est là que va naitre l’Ecole d’Athènes.
Dans un dessin/fresque de Raphaël, L’Ecole d’Athènes, on voit deux personnages au centre.
C’est Platon (lève le doigt vers le ciel : univers des idées) et Aristote (univers de la réalité).
Troisième auteur à gauche en vert : Socrate.
Socrate meurt en 399 car il est condamné à mort par la Boulè.
Platon c’est l’élève de Socrate. Platon souffre parce que la mort de Socrate est la plus grande
injustice qu’il n’a jamais vécu.
Une cité qui ne sait pas rendre une bonne justice est une cité qui est vouée au déclin.
Pour Platon, la justice est un sentiment.
Platon crée son école et quelques années plus tard Aristote arrive.
Il sera un métèque (étranger), il aura toujours ce statut.
Il développera lui aussi sa propre école. Il enseignera une justice différente de celle de Platon.
Véritable filiation entre ces auteurs. C’est vers eux qu’il faut revenir sans arrêt.
On a une appétence pour un auteur plutôt qu’un autre.
Celui dont le prof se sent le plus proche c’est Aristote, celui qui est le plus explicatif c’est Aristote.
« Pour retrouver la fonction entière de la philosophie, il faut se rappeler Socrate »
Merleau-Ponty
Les profs de philosophie questionnent. Quelqu’un qui ne se questionne pas s’en fou, il ne
philosophe pas. Celui qui se questionne, il cherche à aller plus loin.
➢ Qu’est-ce qu’apporte Socrate ?
Il croit en une méthode qu’il va donner à Platon, c’est la maïeutique : c’est l’art d’accoucher les
esprits.
Maya = accoucher (en grec)
La mère de Socrate était sage-femme.
Socrate a cette intuition qu’on peut construire tout en faisant accoucher les choses mais dans un
sens spirituel.
Lorsqu’on dialogue avec quelqu’un on a une position sur la justice. En se confrontant, on finit
dans une sorte de dialogue, on finit par déboucher sur quelque chose auquel on n’avait pas pensé
avant.
Socrate était moche, petit et gros : fait parti de la philosophie de Platon.
Pour Platon il est beau car la vie est en mouvement permanent et ce qui est important n’est pas ce
qui est visible mais ce qui est invisible. Il y a plus de réalité dans l’invisible que dans le visible.
Platon aime Socrate parce que Socrate est un homme juste.
C’est quelque chose qui ne se voit pas, mais ce n’est pas pour ça que ce n’est pas réel.
Cicéron considère que Socrate est le père de la philosophie.
Nietzsche a un talent : il fait voir les hoses de manière complètement différente.
Il renverse tout en disant que Socrate est le criminel type.
LA JUSTICE EN TANT QU’IDEE
La question de la justice dans l’œuvre de Platon on la trouve dans 5 ouvrages.
L’apologie de Socrate : récit du procès de Socrate
Page 10 sur 24
Phédon : met en scène Socrate dans l’exécution de la peine, dans la mise à mort de Socrate.
Protagoras : Prométhée donne la qualité technique à l’homme
La République : Ouvrage fondamental qui aurait pu se traduire par « traité sur la justice », on traite
de la justice, c’est un manuel, la justice c’est une chose commune.
Res Publica = République.

Les lois : Platon était un aristocrate, c’était un fils de famille, entrainé au combat etc pour devenir
ceux qui vont aller à la guerre et gouverner la cité.
Il trouve que ce système n’est pas juste. Est-ce que ça vise le bien commun une cité dirigée par les
guerriers ?
Aujourd’hui l’ENA apprend à gouverner, on est spécialiste d’une administration mais pas du bien
commun.
Platon a un rêve, créer une cité juste. Il part à plusieurs reprises pour essayer de créer cette fameuse
cité.
Socrate est accusé par 3 personnages :
Mélétos (poète), Anytos (homme politique), Lycon (rhéteur, quelqu’un qui sait parler)
Il y a déjà un système d’accusation
Un des accusateurs est un poète, son rôle est d’être contemplatif, il n’a rien à faire ici.
« Moi, Mélétos, fils de Mélétos, j’accuse sous serment Socrate, fils de Sophonisque. Socrate est
coupable du crime de ne pas reconnaître les dieux reconnus par la Cité et d’introduire de nouvelles
divinités, il est coupable de corrompre la jeunesse.
Châtiment demandé : la mort »
Socrate disait à ses élèves d’écouter leur voie intérieure car elle fait progresser.
Il est condamné avec peu de voies.
Les magistrats lui demandent combien vaut sa vie pour se racheter et il répond (1€), car aux yeux
des accusateurs il sait qu’il ne vaut pas beaucoup.
Donc, suite à ça, il est condamné à mort avec une majorité plus forte.
Dans Phédon on apprend que l’incarnation de la justice peut se faire autour d’un homme.
A cette époque-là lorsqu’un homme mourrait il était important qu’il n’ait pas de dette. S’ils avaient
des dettes, les enfants devaient récupérer ces dettes et d’après Socrate c’est immoral.
Sa dernière phrase est « Criton, nous devons un coq à Asclépios, payez-le, ne l’oubliez pas ».
Idée de Platon c’est de développer la justice en tant qu’idée. Il met en œuvre des personnages qui
ont des positions sur la justice.
Discussion qui se passe dans le port du Pirée entre Céphale, Polémarque, Glaucon, Socrate et
Thrasymaque.
Pour Céphale la justice c’est « rendre à chacun ce qui lui est dû » (justice distributive)
Pour Polémarque « Faire du bien a ses amis, du mal à ses ennemis » (devient le droit pénal
aujourd’hui)
Pour Glaucon « La justice n’est qu’un masque utile » (la justice est un instrument)
Pour Thrasymaque « Ce qui profite au plus fort » (l’Etat est le plus fort)
Il faut se dire qu’ils ont peut-être tous raison, on peut avoir des positions différentes dans une
même communauté tout en étant une même communauté.
Pour Socrate « Dès lors, ce que la justice nous est apparue être dans la cité, transférons-le à
l’individu, et si cela est reconnue être la justice, tout ira bien ».
Pour lui, il y a une justice pour les individus et une justice pour la société.
Il y a toujours un passage entre le privé et le public.
Platon va introduire l’allégorie de la caverne dans le Livre VII de La République.
Une allégorie est un récit qui permet de concevoir quelque chose d’abstrait.
Page 11 sur 24
Cela se passe entre des individus dans une caverne.
Platon parle à tout le monde, pas qu’aux grecs.
Sortir de la caverne est un exercice difficile. Il faut le montrer à quelqu’un mais pas le forcer.
Socrate dit que si on fait cet exercice dans la caverne, on se rend compte en en sortant que ce qui
éclaire notre monde c’est le soleil, qu’il est fondamental pour voir. Mais dans la caverne qui sait que
c’est grâce au soleil que tout existe ?
Quand on a un mot, je me représente des choses. Mais est ce que ces représentations sont
suffisantes
pour me dire ce qu’elles sont véritablement ?
L’ignorance génère la peur et la peur génère la destruction.
Le soleil il faut l’associer à l’idée du bien et à l’idée du juste.
Est-ce que mon action est commandée par le bien ?
Réalité intelligible = monde extérieur
Réalité sensible = caverne
L’homme fait le lien entre les deux.
Capacité spirituelle, contemplative.
Être capable de distinguer ce qui est bon et ce qui ne l’est pas.
Derrière le droit, est ce qu’il y aurait pas une forme de justice ?
Justice = passage entre l’âme et l’esprit.
C’est le sentiment d’injustice qui est fondateur de la justice.
Platon travaille sur l’âme, il distingue dans notre âme trois étapes :
- Âme spirituelle : noos, raison/esprit
- Âme sensitive : thumos, sensation
- Âme appétitive : epithumia, volonté/ appétit
La justice est une idée qui vient donner une harmonie dans cette âme.
Il y a trois niveaux de répartition dans la société :
- les gouvernants/ les penseurs
- les gardiens
- les producteurs/artisans, ceux qui font vivre la société
Analogie entre les ordres (les trois niveaux de répartition dans la société et les trois étapes de
l’âme).
« L'être est » de Parménide
« On ne se baigne jamais 2 fois dans le même fleuve » Héraclite

Héraclite nous dit qu'il y a un mouvement des choses.


La grande problématique de la philosophie a été qu'on est dans un monde où tout bouge. Et en
même temps, si tout bougeait tout le temps il n'y aurait pas de connaissance possible.
Héraclite et Parménide ont tous les deux raison.
Il faut articuler leur deux pensées, la 1ère réponse apportée étant celle de Platon avec la théorie de
la caverne.
Le beau, le bien et la justice sont les choses qui ne bougent pas.
En tant que juristes, on a besoin d'une théorie de la connaissance qui permet de comprendre ce
qu'est la justice.
LA JUSTICE EN TANT QUE REALITE (SOCIALE)
Aristote est né en 324 en Macédoine (son père était médecin, ce qui n'est pas négligeable).
Il est élevé avec Philippe, le fils du roi de Macédoine, ce qui va aussi avoir son importance.
Le père d'Aristote meurt quand il a 10 ans, puis ce dernier arrive à Athènes vers 20 ans.

Page 12 sur 24
De 17 ans à 37 ans, Aristote va être l'élève de Platon. Il va être celui qui a tout compris chez
Platon.
Aristote va chercher cette idée du juste dans les formes pures.
C'est une philosophie qui va dire que la justice existe dans la matière humaine et sociale, et elle
n'est pas seulement une idée.
On est sur de la métaphysique où il y a des enquêtes sur la question de la morale et sur ce que
peut-être le droit comme morale sociale.
Deux de ses ouvrages vont s’intéresser à la question de la justice : Le Politique et l’Ethique à
Nicomaque.
Nicomaque est le prénom à la fois le nom du père d'Aristote et le nom du fils d'Aristote.
Ce 2ème ouvrage est soit adressé à l'un, soit adressé à l'autre, soit aux deux, voire même à plus de
monde.
À l'époque, chez les grecs, l'éthique est la même chose que la morale. C'est une réflexion sur les
règles qui gouvernent nos actions.
Aristote va faire une analyse sur les règles que la société me donne en vue d'un certain bien.
Dans la vie, il vaut mieux poursuivre le bien pour arriver au bonheur plutôt que l'inverse ; on tend
vers le bien à travers des actions.
L'éthique est une règle qui peut être sociale mais aussi individuelle tandis que le politique c'est la
cité. Ainsi, selon la réflexion d'Aristote, le politique est le général tandis que l'éthique est une
spécificité dans le politique.
Ce qu'il y a de commun, c'est la recherche du bien.
La différence est que le politique est un bien de la communauté donc un bien commun, tandis que
l’éthique est un bien individuel donc un bien propre.
Aristote va dire que la justice n'est pas une idée mais une réalité collective, publique et politique.
Il va dire qu'il y a 2 types de justice : la justice générale (dikaiosunè) et la justice particulière (to
dikaion).
La justice générale vise ce qui relève d'un bien commun. Ce qui la caractérise, c'est que c'est une
justice légale fondée sur la loi.
La justice particulière aspire quant à elle à autre chose. Elle aspire un rapport d'égalité.
Aristote nous dit que c'est ce qui caractérise la justice humaine. Il se rend compte que la nature
fonctionne selon des systèmes hiérarchiques, et que l'homme peut renverser cette nature parce qu’il
a cette capacité à rendre les hommes égaux. Il introduit donc de l'égalité là où il n'y a que de la
différence.
La justice particulière, c'est au fond pour partie la justice judiciaire avec le magistrat qui vise un
rapport d'égalité entre deux particuliers.
Aristote va distinguer 3 modes de fonctionnement dans cette justice : la justice distributive, la
justice corrective et la justice commutative.
La justice distributive serait de distribuer des biens.
La justice commutative serait la justice du synallagmatique, donc la justice du contrat.
La justice corrective serait la justice qui corrige ce à quoi je n'ai pas droit.
Ces 3 principes ne sont pas une idée mais correspondent au fonctionnement qui permet de garantir
l'ordre social.
LA JUSTICE EN TANT QUE NOM (CONVENTION)
Guillaume d'Ockham, un moine franciscain où la communauté vit selon la règle de St-François
qui est le vœu de pauvreté, est connu pour la fameuse querelle des universaux.
Il va s'attaquer à la vision de Platon sur le monde des idées.
[À l'époque, Aristote est considéré comme un philosophe païen et n'est pas connu. C'est Thomas
d'Aquin qui va introduire sa philosophie.]
Page 13 sur 24
Ockham critique la notion d'humanité en parlant d'un décalage entre le réel des idées et le réel
lui-même.
En ce temps, le Pape demande à ce que l'impôt soit prélevé à l'Église pour le redistribuer à la
justice. Ockham va venir et dire que, comme sa communauté est pauvre, cette dernière ne devrait
pas payer puisque le domaine ne leur appartient pas mais est à Dieu. Les fruits qui y sont ne servent
qu'à vivre mais pas à faire de l'argent.
Ockham va donc dire que la notion de justice elle-même demandée par le Pape est relative car elle
ne s'applique pas à sa communauté.
➢ Est-ce-que c'est juste que le pauvre paye autant que le riche ?

Aujourd'hui, à travers cette idée d'Ockham, on pourrait dire qu'au fond la justice n'est qu'une
convention de langage.

Conclusions entre ces auteurs

Le mot justice s'introduit entre plusieurs éléments. On a aussi vu que la justice pouvait être publique
ou privée, ainsi que morale et ethnique. La seule chose qu'on aurait pu aussi voir est que la justice
peut être économique.
Aujourd'hui, on a un mot et des disciplines qui s'intéressent à la justice. Il y a aujourd'hui 4
disciplines : le droit, le politique, l'économique et l'éthique. Le droit n'est pas simplement une
discipline mais aussi une autorité. Il n'est pas seulement un instrument mais a une autonomie à
travers la question de la justice.

PARTIE 1 : Philosophie du droit et de l'État

Au fond, la philosophie du droit est une philosophie de la justice. D'un côté, il y a une philosophie
du droit qui s'intéresse à la philosophie générale et donc à l'État. De l'autre, il y a une philosophie
du droit qui s'intéresse à une philosophie plus particulière et donc aux particuliers.
« Je propose de dire que la guerre est le thème lancinant de la philosophie politique, et la paix celui
de la philosophie du droit »
Paul Ricoeur
Il distingue la philosophie politique de la philosophie du droit.
La philosophie politique serait la philosophie qui s'intéresse à la façon de faire du politique.
La philosophie du droit serait la philosophie du particulier.
La philosophie politique a un thème fondateur qui est la guerre alors que la philosophie du droit a
pour thème fondateur la paix.
Aujourd'hui, la philosophie politique est une philosophie de l'État. Quand on regarde le monde, ça
passe souvent par la philosophie de l'État ; on associe la source du droit à l'État. L'État est partout et
nulle part à la fois, c'est une réalité abstraite.
Pourquoi la question de l’Etat est-elle devenue une question fondamentale autour de la notion de
justice ?
Quand on regarde le monde, on regarde en fonction de l’Etat, c’est une vision moderne, ce qui
n’était pas le cas pour Aristote ou encore Ockham.
Dès qu’on définit le droit, qu’on trouve une source de droit, on l’associé à l’Etat. Ce dernier est la
première figure de qui construit le droit, qui élabore le droit, c’est la source.

Page 14 sur 24
« L’Etat est le module de base », est la structure. On ne peut pas penser sans la fonction de l’Etat car
c’est la structure fondamentale. Cette structure qu’est l’Etat est extrêmement récente, elle n’a pas
toujours existé.
§1. La structure de l’Etat
L'État est une structure historique, politique, juridique et territoriale. Ce dernier remonte à la Grèce
antique.
ORIGINES DE L'ÉTAT
Le système de la Grèce antique est un système de Cités-États. La philosophie politique de l'époque
a permis de retrouver cette structure dans l'État.
Une cité grecque est un système autarcique, c'est-à-dire un système délimité par des frontières.
À l'intérieur de cette cité, on a une population avec, par exemple la cité d'Athènes, une acropole où
l'on prend les décisions, où l’on rend le droit.
3 éléments dans la définition de l’Etat : une population, un territoire et un gouvernement. C’est
presque la même chose que la cité, il y a bien un territoire, une population et un gouvernement mais
en plus il y a l’Acropole, l’importance du religieux qui aurait quitté la définition moderne, mais
peut-être pas pour tous les Etats (exemple USA).
La logique grecque est une logique commerciale. Les villes venant du Péloponnèse vont s’exporter
par les cités de manière commerciale. L’empire romain est différent, on passe à une autre forme de
colonisation qui est impérialiste et pas commerciale. Le monde d’aujourd’hui se constitue sur
ces deux paradigmes.
La logique de l'État moderne apparaît avec les traités de Westphalie.
La paix de Westphalie va réunir plusieurs royaumes européens où l'on avait d'un côté des royaumes
sous influence protestante et de l'autre des royaumes sous l'influence catholique.
Cette paix va être l'expression d'un rapport de puissance et de guerre. C'est une paix qui a une
dimension martiale (relatif à la guerre, à l’armée) où on a l'affirmation que les royaumes vont se
reconnaître les uns les autres et que cette reconnaissance va se faire sur le principe d'un territoire.
Ce qui caractérise la modernité est l'équilibre des puissances.
Europe naissante du XVIIème siècle : Espagne, Portugal, R-U…
L’Italie n’est pas l’Italie d’aujourd’hui.
Pourtant cette structure est symbolique, car c’est comme si on avait une fonction territoriale,
juridique qui se déploierait à partir de là, dans le monde entier, c’est ce qu’on appelle la
mondialisation aujourd’hui. C’est ce découpage-là qui va exister dans le monde. Et ce découpage
repose sur une forme d’équilibre juridique des puissances. C’est ce qui caractérise la modernité.
RAPPEL HISTORIQUE DE LA SOUVERAINETÉ
Au XIIIème siècle, on est dans un système de droit médiéval où la notion de souveraineté existe
mais ce n'est pas la souveraineté d'aujourd'hui. Elle est pensée comme une forme de hiérarchie
mais il y a un souverain au-dessus.
Au XVIème siècle, Jean Bodin dit « la souveraineté est la puissance absolue et perpétuelle d'une
République ».
Il vient nous dire ce que c'est que la souveraineté, et nous explique pourquoi elle est importante à
définir, chose qu'aucun philosophe n'avait fait jusqu'à présent. Pour lui, la souveraineté est une
puissance de commander.
DÉCOUVERTE DU SUJET DE LA PHILOSOPHIE POLITIQUE
C’est cela qui constitue la modernité de la justice générale, ou la façon dont on va concevoir le droit
moderne.
Ce dernier nait avec la découverte du sujet. On est dans des époques semblables.
Descartes découvre le sujet, mais en le découvrant, il cherche que chaque sujet soit maitre et
possesseur dans l’espace où il se trouve. Le sujet sera donc un être libre. Le but de la personne
Page 15 sur 24
est d'être libre ce qui révèle une certaine forme de puissance.
L'organisation politique de la modernité va se créer autour de cette même structure que l’on
retrouve chez Platon et Aristote, mais avec une logique de droit et non plus une logique d’éthique.
Ce qui caractérise la modernité politique, c'est ce paradigme de la puissance absolue que l'on va
retrouver dans le sujet, dans les droits du sujet mais aussi dans la collectivité.
➔ En d’autres termes, ce qui caractérise la modernité c’est cet absolutisme de la puissance
individuelle qui va être limité par la puissance de la collectivité.
Il va falloir quelques siècles pour que se réalise cette idée.
Ce processus historique va être commencé par les philosophes et suivi par les juristes.
Les philosophes politiques à la suite de Bodin et Descartes, vont devoir reconstruire ces espaces
politiques et y intégrer la souveraineté. Ils vont imaginer des systèmes…
Ils vont ensuite laisser la main aux juristes qui vont tenter de transférer toutes les notions portées
par les philosophes à l’intérieur d’un système juridique.
Mais, quand est-ce que la question de la souveraineté va véritablement s’exposer sur un plan
juridique ?
On atterrit fin 19ème, début 20ème avec Léon Duguit et Maurice Hauriou.
Les philosophes vont débattre au 16ème, 17ème, 18ème, et 19ème et les juristes vont s’affiner en disant
que la souveraineté ce n’est pas du droit par exemple.
Ces auteurs vont assurer le passage entre l’individu que l’on reconnait comme libre et la
naissance de l’Etat, et ces auteurs sont les contractualistes.
LES PHILOSOPHES
Ce sont les contractualistes (Hobbes, Locke, Rousseau, Kant) qui vont permettre ce passage à
l'État.
Ils ont pour point commun d'imaginer ou de construire philosophiquement le passage d'un état
dit de nature à un État civil en passant pas un contrat. Le contrat c’est de la justice commutative.
Un individu va rencontrer d’autres individus et va avoir recours à la justice commutative.
On passe d'une société de devoir à une société de droit.
Avant, le sujet était un sujet du roi tandis qu'après il est un sujet de droit.
Hobbes est connu pour la souveraineté, sa philosophie de l’Etat moderne.
Il y a deux ouvrages de Hobbes qui sont des ouvrages majeurs :
- De cive (= du citoyen)
- Léviathan (monstre biblique, figure de la souveraineté ou du pouvoir absolu. Ce Léviathan c’est
l’Etat. Le Léviathan est constitué de l’ensemble des citoyens).
« Dans une cité parfaite, il faut qu’une personne qui possède une puissance suprême, la plus haute
que les hommes puissent raisonnablement conférer et même qu’ils puissent recevoir. Or cette
autorité est celle que l’on nomme absolue ».
Hobbes
On imagine une autorité à l'intérieur de l'État civil qui est une puissance suprême et absolue.
On va passer de l'individu qui a une puissance suprême à l'état de nature à une autorité créée
qui a une puissance suprême dans l'État civil.
Dans l'état de nature, on a un droit sur tout, ce qui donne très rapidement un état de violence, de
guerre de chacun contre chacun.
Si on veut sortir de l'état de guerre, il faut avoir confiance en ce qui fait la qualité de l'homme : sa
raison.
Hobbes nous dit que l’Etat de nature est un Etat de chaos et pour remédier cela, il faut céder le
premier de ses droits : la sécurité (article 1 DDHC). On va alors demander à l'autorité collective
d'assurer notre sûreté, ce qui va amener à la cité.

Page 16 sur 24
Hobbes ajoute « l'homme est un loup pour l'homme ».
Il va proposer une philosophie qui veut s'émanciper de celle d'Aristote. Ce dernier considérait que
l'homme avait une nature politique, donc différente des animaux.
Pour Hobbes, l'homme n'est pas un animal politique car, selon lui, l'état de nature n'est pas le même.
Hobbes nous dirait que si l’homme est un animal, c’est le pire, c’est un loup. Hobbes propose une
nouvelle façon de concevoir les choses.
Rousseau écrit sur l'abbé de St-Pierre « l'homme est naturellement pacifique et craintif ».
C’est une réponse à Hobbes. Deux processus similaires mais une finalité différente.
Il explique cette différence entre sa vision et celle de Hobbes en expliquant que l’homme dont traite
Hobbes, est un homme déjà passé par la société civile.
Hobbes écrit au moment de la guerre civile, donc lorsqu’il écrit, c’est un contemporain de la guerre
civile. C’est le chaos, il n’y a plus d’ordre. Lorsque Hobbes écrit l’homme est un loup pour
l’homme, il dépeint la guerre civile et il dépeint un homme qui est dans une culture et s’il fait la
guerre c’est qu’il a été conditionné pour faire la guerre.
Rousseau dit à propos de Hobbes que ce dernier commet une erreur en confondant ce qu’il a sous
les yeux et l’étude de l’homme à l’Etat de nature.
Il dit donc que ce n’est non pas un homme à l'état de nature mais un homme à l'état de culture.
La solution de Rousseau est le contrat social avec une forme d'association « chacun de nous met
en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale ».
Il y a là aussi une volonté de puissance.
§2. L’histoire et le déploiement de l’Etat (importance de l’histoire dans l’avènement de l’Etat
moderne)
L’histoire n’est pas vue comme une discipline/science, mais comme un processus qui a une
logique, un fonctionnement.
Ce processus nous amènerait face à la figure de l’Etat.
Il y a 2 significations au mot histoire selon Kant.
L’historie = connaissance de l’histoire en tant que science du passé
Le geschichte = le devenir historique
Devrait pouvoir s’étendre sur l’ensemble des territoires du monde, vocation expansionniste.
Ce processus d’universalisation à travers l’histoire va s’enclencher jusqu’à aujourd’hui avec la
mondialisation.
Il y a un moteur qui fait que l’on a posé quelques idées, puis on rentre dans ces idées, elles se
diffusent de manière quasi universelle.
Il y a un processus moteur (matérialiste) et processus intellectuel.
Francis Fukuyama a écrit un article « La fin de l’histoire et le dernier homme » et un ouvrage.
Moment de la chute du mur de Berlin.
Question : la fin de l’histoire c’est quoi ?
« Lorsque Hegel déclara que l’histoire était terminée après la bataille d’Iéna en 1806, il ne
prétendait pas que l’Etat libéral était victorieux dans le monde entier…
Il disait simplement que les principes de liberté et d’égalité qui sous-tendent l’Etat libéral moderne
avaient été découverts et réalisés dans les pays les plus avancés et qu’il n’y avait pas de forme
d’organisation sociale et politique qui fussent supérieurs à ceux du libéralisme ».
« Ce dont je suggérais la fin n’était pas la fin de l’histoire comme une succession d’évènements,
mais l’Histoire, c’est-à-dire un processus simple et cohérent d’évolution qui prenait en compte
l’expérience de tous les peuples en même temps ».
Francis Fukuyama
La fin de l’histoire ce n’est pas l’histoire qui s’arrête, c’est la fin entendue comme la finalité.
Tous les peuples auront une visée commune, une même finalité. C’est ça la fin de l’histoire.
Page 17 sur 24
A partir de 1989 nous sommes dans le même monde.
Pour lui, c’est la victoire d’Hegel contre la victoire de Marx.
« J’ai vu l’Empereur – cette âme du monde – sortir de la ville pour aller en reconnaissance c’est
effectivement une sensation merveilleuse de voir un pareil individu qui, concentré ici sur ce point,
assis sur un cheval, s’étend sur le monde et le domine »
Hegel
Explique que Bonaparte est l’âme du monde. Il n’est pas différent, il ne sait pas qu’il est l’âme du
monde.
Il apporte l’esprit de la Révolution française (droits de l’Homme et du citoyen) et l’esprit de
remise en ordre d’un territoire et faire en sorte que ces droits deviennent effectifs à travers la
codification.
Cet esprit incarné de l’histoire est l’âme du monde.
Pour Hegel, les guerres successives ont amené l’idée de démocratie, la notion de citoyenneté,
reconnaissance de la personne…
Suite à cela, les philosophes ont proposé de créer un Etat.
Pour Hegel, la structure de l’Etat libéral est la fin de l’histoire.
Marx propose autre chose.
Il prend la même structure qu’Hegel mais il introduit la notion économique.
Il va dire que le schéma d’Hegel est abstrait.
Il se rend compte que dans le monde dans lequel il vit il y a des logiques économiques qui
dépossèdent l’homme de sa liberté.
La contradiction produit la lutte des classes à travers l’histoire des modes de production.
Marx distingue 4 étapes historiques ou modes de production :
Le mode de production Asiatique (mandarin en Chine) qui se caractérise par la subordination
de tous les travailleurs à l’Etat.
Les individus ne sont pas libres car subordonnés à l’Etat
Le mode de production antique (Empire romain) qui se caractérise par la subordination de
l’esclave à l’homme libre.
Le mode de production féodal (servage en Europe) qui se caractérise par la subordination du
serf au propriétaire de la terre (noble).
Le mode de production bourgeois (système capitaliste) qui se caractérise par la subordination
du salarié au bourgeois.
« Un spectre hante l’Europe : le spectre du communisme »
Marx
Les Etats vont suivre les deux blocs et ça va être la partition du monde : le bloc de l’Est et le bloc de
l’Ouest.
➔ Deux pensées fortes.
Fukuyama dit qu’il y a Hegel d’un coté et Marx de l’autre, donc la victoire de l’Etat démocratique
contre la fin de l’histoire de l’Etat communiste.
Conséquences :
- mondialisation du libéralisme et du système démocratique
- avènement du dernier homme
Le libéralisme :
➢ Doctrine économique, politique et morale qui prend son essor au XVIIIème siècle.
➢ Repose sur une philosophie pratique : la volonté pour l’individu d’être libre (d’en fixer les
conditions sociales)
➢ Point de vue moral, le respect de la liberté d’autrui, de ses opinions comme de ses croyances.

Page 18 sur 24
➢ Point de vue politique, l’affirmation des libertés individuelles sur les lois de l’Etat
(Montesquieu, Hobbes, Locke, Rousseau, Kant, Hegel)
➢ Point de vue économique, le libéralisme prône la libre entreprise et la liberté du commerce et
des échanges (la poursuite d’intérêts égoïstes assure le bon fonctionnement de l’économie)
➢ (Smith, La richesse des nations, 1776, « la main invisible », Ricardo, Say « l’offre crée la
demande »)
Pour Fukuyama le système capitaliste est le seul qui peut apporter des richesses.
Problème : la richesse apparente se fait au détriment des ressources naturelles.
Avènement du dernier homme :
Platon dit que l’âme est composée de 3 parties.
Fukuyama dit que l’homme qui sort de l’histoire est un homme à qui la modernité va amputer une
partie de l’âme (la partie du thumos ou du courage).
Car chez le dernier homme il ne reste plus que l’esprit et le désir.
La démocratie libérale produit en elle-même un homme, une nouvelle forme d’humanité.
La seconde école la plus connue est l’école stoïcienne.
La sagesse d’un citoyen athénien c’est se rendre compte que la vie c’est une déclinaison, on ne peut
plus être ce que l’on a été, on accepte de partir.
Ce monde-là est un monde où le courage moral existe.
§3. La civilisation de puissance et la mondialisation
« La civilisation de puissance » de Bertrand de Jouvenel
Il met le doigt sur un processus qui est un mélange de la rencontre entre deux aires.
Ce qui est l’origine de la modernité est un mélange métaphysique qui donne une liberté en
commandant nos pulsions, notre place dans la nature.
L’homme n’est pas seulement intellectuel mais un homme qui fait (homo faber).
Cet homme entre dans l’Etat avec une vocation de puissance.
Ce qui permet de comprendre la modernité c’est la base du contrat, cette volonté de puissance
articulée avec la puissance économique.
Processus dicté par Smith.
Changement d’époque où le moteur c’est la technique et la technique produit de l’énergie.
Pierre Caye, « Critique de la destruction créatrice » pose la question du paradoxe de la puissance.
Cette civilisation de puissance se heurte à des évènements que nous sommes incapable d’imaginer
et de maitriser qui sont les conséquences de notre système économique.
Fukuyama n’avait pas vu les conséquences du système dans lequel nous sommes.
Joseph Schumpeter « Capitalisme socialisme et démocratie ».
L’histoire c’est la production d’énergie. En mouvement permanent, elle se révolutionne elle-même
en permanence en détruisant continuellement ses éléments vieillis et en créant des éléments
neufs.
➔ La destruction créatrice
Catastrophes nucléaires et industrielles :
Catastrophe de Minamata, 1959 (baie polluée de mercure)
Catastrophe de Seveso, 1976 en Italie (nuage de dioxine)
Catastrophe de Tchernobyl, 1986
Catastrophe Prestige Galice, 2002
Conclusion :
Quand on observe la philosophie de l’Etat on constate qu’elle obéit à des paradigmes de justice
(commutatives) mais qui se sont progressivement abstraits du réel pour se confiner dans une
prétendue logique de l’histoire tournée vers une libération économique et instrumentalisant la
puissance.
Page 19 sur 24
Or cette puissance est désormais abstraite du sol.
Nous ne sommes pas à la fin de l’histoire car un objet nouveau s’est invité à la table de la question
politique de l’Etat : c’est l’oïkos.
II. Philosophie du droit et de l’oïkos (espace domestique)
Oïkos signifie l’habitat, la maison.
Naissance d’un droit domestique. La nature s’invite dans nos comportements.
➢ Comment arrive-t- on à imaginer la permanence de la protection des droits de l’homme dans un
monde où l’environnement devient de plus en plus problématique et défectueux ?
Les droits que l’on a acquis sont aussi liés à l’émancipation de l’Etat et que cette émancipation est
elle-même liée à la richesse d’une nation et d’une puissance qui serait aujourd’hui limitée.
On est face à un objet que l’on a du mal à saisir, à délimiter.
Certains penseurs comme Jared Diamond ont émis l’hypothèse qu’aujourd’hui, nous serions dans
une hypothèse d’effondrement.
Cette hypothèse d’effondrement reposerait sur des indicateurs scientifiques.
Il faut distinguer la peur et l’heuristique de la peur (regarder ce qu’il se passe, prendre conscience
que l’on peut avoir peur mais décider d’agir et de passer à autre chose).
Plusieurs auteurs (James Lovelock, Hans Jonas, Michel Serres…) ont en commun le fait que :
- ils réfléchissent sur cet objet comme étant un nouvel objet qui apparait.
- ils doivent réfléchir sur la valeur que l’on porte à ce nouvel objet.
➔ Ils vont passer d’une réflexion qui relève d’un nouvel objet, à une valorisation de cet objet.
Ils vont être critiqués.
Ces auteurs vont créer un nouvel espace normatif, espace éthique.
A partir du moment où ils vont créer cet espace éthique, d’autres vont se demander est ce qu’on
peut transférer ces avancées en matière éthique dans le champ du droit ?
Si on le transfère, comment ?
Certains vont valoriser la nature, elle a une valeur pour elle-même et une valeur en soi.
La valeur du droit est fondée sur les droits de l’Homme.
Kant disait que l’Homme a une valeur en soi, c’est une fin en lui-même.
Si l’Homme est une fin en soi et que le droit le protège, pourquoi ne peut-on pas protéger la
nature comme on protège l’Homme ?
Et si on a donné la personnalité à l’Homme, pourquoi on ne la donne pas à la nature ?
On passe de la science morale, éthique, au domaine du droit.
Est-ce que ce passage-là est possible tel quel ou est ce qu’il doit être fait différemment ?
Selon Luc Ferry le danger est la nouvelle éthique que veut imposer un nouvel ordre : la remise en
cause des droits de l’Homme et d’un certain humanisme.
Derrière cette nouvelle conscience environnementale on pourrait être soumis à une nouvelle forme
d’ordre.

PARTIE 2 : Philosophie du droit et de l'oïkos (espace domestique)


Oïkos signifie l’habitat, la maison.
Naissance d’un droit domestique. La nature s’invite dans nos comportements.
➢ Comment arrive-t- on à imaginer la permanence de la protection des droits de l’homme dans un
monde où l’environnement devient de plus en plus problématique et défectueux ?
Page 20 sur 24
Les droits que l’on a acquis sont aussi liés à l’émancipation de l’Etat et que cette émancipation est
elle-même liée à la richesse d’une nation et d’une puissance qui serait aujourd’hui limitée.
On est face à un objet que l’on a du mal à saisir, à délimiter.
Certains penseurs comme Jared Diamond ont émis l’hypothèse qu’aujourd’hui, nous serions dans
une hypothèse d’effondrement.
Cette hypothèse d’effondrement reposerait sur des indicateurs scientifiques.
Il faut distinguer la peur et l’heuristique de la peur (regarder ce qu’il se passe, prendre conscience
que l’on peut avoir peur mais décider d’agir et de passer à autre chose).
Plusieurs auteurs (James Lovelock, Hans Jonas, Michel Serres…) ont en commun le fait que :
- ils réfléchissent sur cet objet comme étant un nouvel objet qui apparait.
- ils doivent réfléchir sur la valeur que l’on porte à ce nouvel objet.
➔ Ils vont passer d’une réflexion qui relève d’un nouvel objet, à une valorisation de cet objet.
Ils vont être critiqués.
Ces auteurs vont créer un nouvel espace normatif, espace éthique.
A partir du moment où ils vont créer cet espace éthique, d’autres vont se demander est ce qu’on
peut transférer ces avancées en matière éthique dans le champ du droit ?
Si on le transfère, comment ?
Certains vont valoriser la nature, elle a une valeur pour elle-même et une valeur en soi.
La valeur du droit est fondée sur les droits de l’Homme.
Kant disait que l’Homme a une valeur en soi, c’est une fin en lui-même.
Si l’Homme est une fin en soi et que le droit le protège, pourquoi ne peut-on pas protéger la
nature comme on protège l’Homme ?
Et si on a donné la personnalité à l’Homme, pourquoi on ne la donne pas à la nature ?
On passe de la science morale, éthique, au domaine du droit.
Est-ce que ce passage-là est possible tel quel ou est ce qu’il doit être fait différemment ?
Selon Luc Ferry le danger est la nouvelle éthique que veut imposer un nouvel ordre : la remise en
cause des droits de l’Homme et d’un certain humanisme.
Derrière cette nouvelle conscience environnementale on pourrait être soumis à une nouvelle forme
d’ordre.
Nouveau type de droit domestique (idée du professeur) :
Aldo Léopold (1887-1948) Almanach d’un comté de sable
Inviter à penser comme une montagne.
Ethique de la terre.
Il ne peut pas se passer des êtres sauvages ≠ l’homme occidental ne peut pas se passer de son petit
déjeuner.
Idée Abrahamique de la terre : héritier d’Abraham et de sa religion (genèse) : tu soumettras la
nature.
Derrière nos usages, il y a un fonds et une loi religieuse commune à toutes les religions.

Nous abusons de la terre car nous l’utilisons comme une commodité qui nous appartient : abus de
la propriété.
Il faudrait prendre en compte la terre comme une communauté.
1. Nouvel objet : nouvelle éthique, propositions, dangers
James Lovelock est connu pour ses réflexions, il a exposé l’hypothèse Gaia.
C’est le nom grec de la Terre et ça a été le premier à envisager la Terre comme étant un système/
organisme vivant. Paul Louis Latour est un anthropologue qui étudie Gaia aussi.
Cela permet de réunir ce que le mot Terre français réunit.
En anglais : « earth », « world », « land ».
Page 21 sur 24
Le mot Terre désigne 3 ordres : la terre en tant que matière, la Terre en tant qu’étendue et la Terre en
tant que planète.
C’est un avantage car le même mot désigne 3 ordres de réalités distinctes qui sont reliées dans un
système symbolique et philosophique.

« C’est seulement en considérant notre planète comme une entité vivante que nous pouvons
comprendre (peut-être pour la première fois) pourquoi l’agriculture a un effet abrasif sur le tissu
vivant de son épiderme et pourquoi la pollution l’empoisonne tout autant que nous. »
Lovelock
Sur combien de profondeur sous la terre y a-t-il de la vie ?
Cette biodiversité que l’on avait pu imaginer au 18ème, depuis les années 70 on se rend compte
qu’elle est fragile et repose sur pas grand-chose.
« La seule pollution, c’est la population ».
Lovelock
Est-ce qu’il a tort, est ce qu’il a raison ?
D’une certaine façon il a raison. La question démographique est une vraie question sur la planète.
Mais d’un côté c’est notre façon de vivre et on ne sait pas comment arranger ça.
Le danger est que cela s’applique à la politique (système totalitaire/fasciste, réduction de la
population, politique de l’enfant unique, tri entre fille et garçon…)
Quelle est la limite ?
Arne (Bjarn) Naess (philosophe norvégien) a écrit un article qui se traduit en français par « Le
mouvement d’écologie superficielle et le mouvement d’écologie profonde de longue portée, une
présentation ».
Il distingue dans la question écologique et environnementale l’attitude superficielle et l’attitude
profonde.
Il établit une structure de 7 principes et un 8ème auquel on adhère ou pas.
1. Toute forme de vie a une valeur
2. La biodiversité est une valeur en elle-même et contribue à l’épanouissement des vies humaines et
non humaines
3. Interdictions pour donner des limites à l’impact environnemental (besoins vitaux)
4. Constat
5. Idée que les hommes peuvent s’épanouir mais il faudrait que la population humaine baisse.
6. Réorientation des lignes de conduite (économie, technologie…)
7. Changement de vie = avoir une vie qualitative, plus humble.
« Ceux qui adhèrent à ces principes ont l’obligation morale de mettre en œuvre les changements
nécessaires ».
Hans Jonas est un philosophe allemand.
« L’image multimillénaire d’une nature indestructible telle qu’elle est chantée par le chœur
d’Antigone vient d’être mise à mal ».
Jonas
Il propose un nouvel impératif éthique.
« Agis de telle façon que tu puisses consacrer une vie authentiquement humaine sur terre ».
Jonas
Il se place dans l’héritage de Kant.
« Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de
tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen ».
Kant

Page 22 sur 24
Les droits de l’Homme se fondent sur cela.
Si on traite l’Homme comme un moyen on en fait une chose et on ne le reconnait pas dans sa
dignité.
Le fondement moral de la dignité humaine est Kant.
Ce qui est intéressant chez Jonas c’est qu’il se fait l’héritier de Kant qui étend cet impératif
catégorique.
Les anthropocentriques vont être d’accord avec Jonas.
Incarné par le principe de précaution en droit.
Ces générations futures n’ont pas encore la personnalité juridique et pourtant on va s’obliger envers
elles et le droit va être d’accord.
Jonas va faire figure car on va s’en inspirer pour protéger les animaux et la Terre.
La philosophie environnementale est mondiale (auteurs de plusieurs endroits du monde).
2. Le passage de la pensée politique au droit
Le passage de toutes ces réflexions philosophiques a eu lieu sous deux formes.
〉 Il a été proposé de donner des droits à la nature, aux arbres.
Le professeur Stone a posé la question « les arbres pourraient-ils avoir des droits ? »
Vallée minière exploitée pendant le 19ème siècle puis abandonnée.
Accord de venir implanter sa station de ski à Walt Disney. Une autoroute est construite.
L’association écologique Sierra Club va dénoncer cela.
Affaire portée devant la Cour suprême des Etats Unis.
Stone intervient à ce moment-là.
Il suggère l’idée que si les arbres pouvaient se défendre il faudrait leur donner la personnalité
juridique.
Réponse de la Cour suprême : Rejet.
Impact du rejet : courte majorité
L’entreprise a arrêté son projet en suivant et c’est devenu une zone protégée.
〉 Michel Serres (français) écrit « le contrat naturel ».
Il veut étendre le contrat social vers le contrat naturel qui est un contrat de symbiose et de
réciprocité dans notre rapport aux choses.
Le droit de maitrise, la propriété est le problème.

Cette notion de personnalité juridique a été étendue à deux fleuves indiens, à un fleuve amazonien
et au fleuve Whanganui.
Une fois que l’on est arrivé là, on est peut-être arrivé à des limites.

« La mondialité n’évitera l’asservissement et l’effondrement, qu’au prix d’une énorme insurrection


de l’imaginaire ».
Mireille Delmas-Marty
Selon le professeur, nous serions les héritiers d’un modèle Ulysséain, et d’un modèle du Petit
Prince.
Nous agissons comme Ulysse et il nous faudrait prendre modèle sur le Petit Prince.
Le Petit Prince est le premier à proposer quelque chose de domestiqué, on pourrait se baser sur un
droit domestique.
L’Iliade et l’odyssée : image de l’homme moderne, qui a des droits, qui va conquérir.
Derrière Ulysse il y a une idée qu’on a fait tout ce qu’on avait envie de faire, on retourne vers nos
parents, nos origines, vers chez soi pour terminer sa vie.
Anciens souvenirs, la cheminée qui fume.
Le Petit Prince : a été traduit en plus de 200 langues.
Page 23 sur 24
Deux modèles de vie :
- Ulysse : modèle du guerrier, du citoyen devenu le modèle universel (modèle passé)
Pour le professeur Ulysse était un criminel qui ne se savait pas criminel. Il nous sert de modèle et
nous sommes tous comme lui, sans savoir que l’on est des criminels aussi.
- Le Petit Prince : c’est le seul qui nous révèle le sens de l’oikos.
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ».
Chirac
Aujourd’hui on a oublié ce qu’était la maison, elle est abstraite dans tous les systèmes politiques.
S’il y a bien quelque chose qui est universel, ce sont les maisons.
La maison pourrait être l’outil intéressant capable d’articuler la préservation de l’Homme et la
nature car est inscrite dans l’histoire de l’humanité.
Maison = abri, symbole de paix, d’accueil, d’hospitalité.
Ce qui ne va pas chez Ulysse c’est ce que dit Aldo Léopold. Il dit que c’est à cause de la propriété
qu’il fait ça. Quand on utilise la propriété, on abuse et on détruit l’espace que l’on a.
(Lorsqu’Ulysse rentre après avoir fait la guerre, il se déguise en mendiant. Il veut savoir si sa
femme l’a bien attendu.)
Selon le professeur, ce n’est pas la propriété qui le rend fou mais les femmes qui l’ont
déshonoré.
Le déshonneur est une obligation politique, ce n’est pas du droit au sens propre.
Il est devenu un guerrier, un fou. En devenant un homme martial c’est devenu un héros, le héros de
toute la Grèce, c’est devenu celui à qui on donne des droits.
Tout le monde a voulu des droits, quitter la maison, rentrer dans l’arène politique qui est une arène
conflictuelle.
Ulysse rentre chez lui en guerrier.
Le déshonneur est une vision archaïque.
➔ Le vrai moteur n’est pas la propriété privée, c’est le déshonneur.
Ce qui est problématique : Ulysse est le premier symbole d’un féminicide massif.
Ulysse est le premier symbole du massacre de tout ce qu’on ne voit pas pour montrer sa puissance.
La propriété n’est qu’un instrument au service de ça.
Dans le Petit Prince se pose la question de l’apprivoisement.
Apprivoiser signifie créer des liens. Voisinage…
Oïkonomie serait la façon dont on use d’une maison. (Xénophon)
Vendre de la maison c’est en user pour avoir de l’argent. Cela sert à quoi ?
Pour Aristote c’est la chrématistique.
Peut-on détruire la terre ? Ce n’est pas possible pour la personne qui a sa maison de construite
dessus.
La personne juridique n’est pas dans la terre mais dans la maison, articulation des gens qui se
rassemblent sous une même protection.
Permet de revenir sur quelque chose de fondamental : oïkonomie est la norme du droit qui
protège l’oïkos. Le rôle du droit serait de protéger les usages respectueux vis-à-vis de
l’environnement.
En d’autres termes, quand l’économie vit de la destruction du patrimoine par la valeur d’échange, le
droit peut opérer une défense du patrimoine par l’oïkos.

Page 24 sur 24

Vous aimerez peut-être aussi