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FALSH/Département de Philosophie
Année académique 2021-2022 / Semestre I / Licence I
UE PHI 121/Philosophie générale et méthodologie
Thématique
L’ART DE PHILOSOPHER ET DE PRODUIRE
DES TEXTES PHILOSOPHIQUES
Texte 1
Bertrand RUSSELL
« La valeur de la philosophie doit être cherchée pour une bonne part dans son
incertitude même. Celui qui n’a aucune teinture de philosophie traverse
l’existence, emprisonné dans les préjugés qui lui viennent du sens commun,
des croyances habituelles à son temps et à son pays, et des convictions qui se
sont développées en lui sans la coopération ni le consentement de sa raison.
Pour un tel individu le monde est sujet à paraître précis, fini, évident ; les
objets habituels ne lui posent aucune question et les possibilités non
familières sont dédaigneusement rejetées. Dès que nous commençons à
philosopher, au contraire, nous trouvons que même les choses les plus
ordinaires de la vie quotidienne conduisent à des problèmes auxquels nous ne
pouvons donner que des réponses très incomplètes. La philosophie, bien
qu’elle ne soit pas en mesure de nous dire avec certitude quelle est la vraie
réponse aux doutes qu’elle élève, peut, néanmoins suggérer diverses
possibilités qui élargissent le champ de nos pensées et les délivrent de la
tyrannie de la coutume. Tout en diminuant notre certitude à l’égard de ce que
sont les choses, elle augmente beaucoup notre connaissance à l’égard de ce
qu’elles peuvent être ; elle repousse le dogmatisme quelque peu arrogant de
ceux qui n’ont jamais pénétré dans la région du doute libérateur et garde
vivace notre sens de l’étonnement en nous montrant les choses familières sous
un aspect non familier. »
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Texte 2
« Les poissons volants existent ! Qui sait, s’ils parlaient, ce qu’ils diraient à
leurs congénères après leur saut hors de l’eau ? Ils leur feraient tout au moins
découvrir que l’eau dans laquelle ils baignent est fort différente de l’air et ce
serait là une révélation pour les autres. Il existe bien des hommes dans chaque
société, qui jouent le rôle de ces poissons volants. Des hommes qui, par leur
perspicacité et leur sagacité décrochent du système pour le mettre en question
tandis que d’autres n’ont seulement pas pu savoir qu’ils évoluent dans un
système à la manière d’horloges bien réglées. C’est en effet le rôle de la
philosophie et des philosophes de veiller constamment pour pouvoir révéler
aux autres le sens du présent et la direction de l’avenir. Le philosophe est celui
qui ne dort jamais. Sa voix, constamment doit trouer, percer, le silence mortel
des nuits de la servitude et de l’aliénation sous toutes les formes. Il ne nous
vient pas à l’esprit de meilleur exemple que celui de Karl Marx, interprète des
structures de la société capitaliste. Karl Marx est l’homme qui, dans un
contexte donné, s’est risqué à dire : voilà la voie de la certitude et du
renouveau. Le philosophe est comme l’oracle d’une société. Seulement ses
interprétations du monde ne sont ni des visions, ni des révélations, au sens
biblique du terme. Aucun être mystérieux ne lui souffle ce qu’il doit dire. Il
réfléchit, c'est-à-dire analyse, compare, confronte le réel avec l’idéal qu’il porte
en lui, confronte la laideur existante avec le beau devant être, l’injustice
existante avec la justice devant être, bref, le désordre existant avec l’ordre
devant être. Il a le sens de l’humain et c’est cela au fond, appuyé sur la raison
universelle, qui sert de critère à toutes ses entreprises. »
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Ebénézer NJOH MOUELLE
“ Flying fishes exist! Who knows if they speak, what they tell their companion
when they jump out of water? It makes them discover at least that water in
which they swim is different from the air and that could be a revelation to the
others. There are equally men In the society who play the rule of flying fishes.
Men who by their perspicacity and sagacity, coin a system to put it in question
while others do not know that they are evolving in a system like a well ordered
clock. It is in effect of philosophy and philosophers to constantly be on guard
so as to reveal to the others the meaning of the present and the direction of
the future. A philosopher is he who never sleeps. His voice should constantly
pierce the silence of the mortal nights of servitude and alienations of all form.
The best example that comes on minds that of Karl Marx who interprets the
structures of the capitalist society. Karl Marx is the man who in the given
context risk himself in saying: this is the way of certitude and the renovated.
The philosopher is like the oracle of a society. But his interpretations of the
world are neither visions nor revelations in a biblical sense of the world. No
mysterious being imposes on him what he should say. He reflects that is
analyze, compare, confront, the real with the ideal that he carries in him,
confront the existing ugliness with the suppose to be beauty, existing injustice
with the suppose to be justice, in brief existing disorder with the suppose to
be order. He has the meaning of human and it is that at the base, supported
vu universal reason which serves as criteria to all his enterprises.”
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TEXTE 3
L’étymologie de « philosophie »
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absolu, ni une conscience malheureuse en proie aux tortures d’un scepticisme
irrémédiable. Elle est une conscience inquiète, insatisfaite de ce qu’elle
possède, mais à la recherche d’une vérité pour laquelle elle se sent faite. Le
philosophe se reconnaît donc davantage à sa lucidité qu’à une somme de
connaissances. La philosophie est plutôt une façon d’être qu’un avoir. Et
si, conformément à son sens grec, la sagesse est toujours orientée à la fois
vers la connaissance et vers l’action, il ne faut voir en elle ni un ensemble de
connaissances théoriques ni une somme de recettes pratiques, mais plutôt
une attitude générale et, si vous voulez, une méthode concernant à la fois la
connaissance et l’action.
La sagesse est une attitude critique qui, dans l’ordre du savoir, nous
met à distance des préjugés, dans l’ordre de l’action nous met à distance
des passions et des impulsions de la conscience collective. Mais la méthode
dégénérerait en dogme et la sagesse se trahirait elle-même si l’attitude
devenait doctrine – c'est-à-dire scepticisme systématique dans le domaine du
savoir, insensibilité inhumaine dans le domaine de la vie et de l’action. »
La maïeutique de Socrate
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voit, les réponses de Ménon suscitent, chaque fois de nouvelles questions de
Socrate. Ménon croyait savoir tandis que Socrate déclarait : « Je ne sais qu’une
chose c’est que je ne sais rien ». Ainsi Socrate ne cessait de poser les questions
les lus candides à des gens qui, sûrs de leur savoir, s’amusaient fort, pour
commencer, de la naïveté de Socrate. Mais bientôt les questions de Socrate les
embarrassaient, ils découvraient les contradictions de leur propre pensée et
s’apercevaient qu’ils ne savaient rien, révélés à eux-mêmes dans leur
ignorance et leur nudité par l’ironie socratique. On le voit, Socrate ne transmet
à Ménon aucun savoir. Il se contente de poser des questions. La matière de
la réflexion c’est, ici, non le savoir de Socrate, mais le savoir de Ménon.
Ménon n’apprend rien, il réfléchit. Les problèmes qu’il découvre étaient à
son insu déjà impliqués dans son expérience et son savoir antérieurs. Socrate
se comparait volontiers à sa mère qui était sage-femme. Il n’engeignait rien
mais se contentait d’« accoucher ». »
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TEXTE 4
LE PHILOSOPHE ET LE VULGAIRE
Socrate : Supposons, mon cher ami, que le philosophe ait réussi à tirer
les hauteurs un homme de la foule et que ce dernier consente à sortir de ces
questions : « Quel tort t’ai-je-fait ? Ou quel tort m’as-tu fait ? » Pour s’élever à
la considération de la justice et de l’injustice en elles-mêmes, pour chercher
en quoi elles consistent et en quoi elles se distinguent de toutes choses aussi
bien que l’une de l’autre ; supposons que cet homme renonce également à se
demander si le grand roi est heureux, ou si le propriétaire d’une quantité d’or
est heureux, pour en venir à considérer la royauté et le bonheur ou le malheur
humain en général, leur essence respective, la façon dont-il convient à
l’homme de viser l’un et de fuir l’autre. Notre homme vulgaire dont l’esprit est
étroit et procédurier lorsqu’il est ainsi contraint de répondre à des questions
philosophiques, se montre à son tour embarrasser. De se trouver si haut
suspendu, la tête lui tourne : il n’a pas l’habitude de regarder au milieu des
airs et le voilà gêné, affolé et bredouillant : ainsi e n’est pas aux servantes de
Thrace ne aux autre ignorants que celui-ci prête à rire (car ceux-ci ne se
rendent pas compte de sa situation), mais à tous ceux qui ont reçu une
éducation contraire à celle des esclaves.
Telle est Théodore, l’attitude de chacun des deux hommes dont nous
avons parlé. L’un élevé dans la liberté et le loisir, que tu appelles justement
philosophe, ne doit pas être blâmé de paraître naïf et nu quand il se trouve
devant des besognes serviles, et par exemple de ne pas savoir ficeler une
couverture de voyage, d’être incapable d’assaisonner un plat de condiments
ou un discours de flatteries. L’autre homme est capable de faire tout cela
habilement et rapidement, mais il ne sait pas, à la façon d’un homme libre,
rejeter noblement son manteau sur l’épaule droite ni, quand il a pris son tour
de parole, chanter come il convient la vraie vie des Dieux et des hommes
heureux.
Platon, Théétète,
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TEXTE 5
LE MYTHE DE LA CAVERNE
Représente-toi donc des hommes qui vivent dans une sorte de demeure
souterraine en forme de caverne, possédant, tout le long de la caverne, une
entrée qui s’ouvre largement du côté du jour ; à l’intérieur de cette demeure il
sont, depuis leur enfance, enchaînés par les jambes et par le cou, en sorte
qu’ils restent à la même place, ne voient que ce qui est en avant d’eux,
incapables d’autre part, en raison de la chaîne qui tient leur tête, de tourner
celle-ci circulairement. Quant à la lumière, elle leur vient d’un feu qui brûle
en arrière d’eux, vers le haut et loin. Or, entre ce feu et les prisonniers,
imagine la montée d’une route, en travers de laquelle il faut te représenter
qu’on a élevé un petit mur qui la barre, pareil à la cloison que les montreurs
de marionnettes placent devant les hommes qui manœuvrent celles-ci et au-
dessus de laquelle ils présentent ces marionnettes aux regards du public.
- Je vois ! dit-il.
- Alors, le long de ce petit mur, vois des hommes qui portent, dépassant
le mur, toutes sortes d’objets fabriqués des statues, ou encore des animaux
en pierre, en bois, façonnés en toute sorte de manière ; de ceux qui le longent
en les portant, il y en a, vraisemblablement, qui parlent, il y en a qui se taisent.
- Tu fais là, dit-il, une étrange description et tes prisonniers sont
étranges !
- C’est à nous qu’ils sont pareils ! répartis-je. Peux-tu croire en effet que
des hommes dans leur situation, d’abord, aient eu d’eux-mêmes et les uns des
autres aucune vision, hormis celle des ombres que le feu fait se projeter sur
la paroi de la caverne qui leur fait face ?
-comment en effet l’auraient-ils eue, dit-il, si du moins ils ont été
condamnés pour la vie à avoir la tête immobile ?
- Et à l’égard des objets portés le long du mur, leur cas n’est-il pas
identique ?
-Evidemment !
- Et maintenant s’ils étaient à même de converser entre eux, ne croiras-
tu pas qu’en nomment ce qu’ils voient ils penseraient nommer les réalités
mêmes ?
- Forcément.
- Et, si en outre il y avait dans la prison un écho provenant de la paroi
qui leur fait face ? Quand parlerait un de ceux qui passent le long du petit
mur, croira-tu que ces paroles, ils pourront les juger émanant d’ailleurs que
de l’ombre qui passe le long de la paroi ?
- Par Zeus, dit-il, ce n’est pas moi qui le croirai !
- Dès lors, repris-je, les hommes dont telle est la condition ne
tiendraient, pour être le vrai, absolument rien d’autre que les ombres projetées
par les objets fabriqués.
- C’est tout à fait forcé ! dit-il.
- Envisage donc, repris-je, ce que serait le fait, pour eux, d’être délivrés
de leurs chaînes, d’être guéris de leur déraison, au cas où en vertu de leur
nature ces choses leur arriveraient de la façon que voici. Quand l’un de ces
hommes aura été délivré et forcé soudainement à se lever, à tourner le cou, à
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marcher, à regarder du côté de la lumière ; quand, en faisant tout cela, il
souffrira ; quand, en raison de ses éblouissements, il sera impuissant à
regarder lesdits objets, dont autrefois il voyait les ombres, quel serait, selon
toi, son langage si on lui disait que, tandis qu’autrefois c’étaient des billevesées
qu’il voyait, c’est maintenant, dans une bien plus grande proximité du réel et
tourné vers de plus réelles réalité, qu’il aura dans le regard une plus grande
rectitude ? Et non moins naturellement, si, en lui désignant chacun des objets
qui passent le long de la crête du mur, on le forçait de répondre aux questions
qu’on lui poserait sur ce qu’est chacun d’eux ? Ne pense-tu pas qu’il serait
embarrassé ? Qu’il estimerait les choses qu’il voyait autrefois plus vraies que
celles qu’on lui désigne maintenant ?
- Hé oui ! dit-il, beaucoup plus vraies !
- Mais, dis-moi, si on le forçait en outre à porter ses regards du côté de
la lumière elle-même, ne penses-tu pas qu’il souffrirait des yeux, que,
tournant le dos, il fuirait vers ces autres choses qu’il est capable de regarder,
qu’il leur attribuerait une réalité plus certaine qu’à celles qu’on lui désigne ?
- Exact ! dit-il.
- Or, repris-je, suppose qu’on le tire par force de là où il est, tout au long
de la rocailleuse montée, de son escarpement, et qu’on ne le lâche pas avant
de l’avoir tiré de la sorte ? Et est-ce que, une fois venu au jour, les yeux tout
replis de son éclat, il ne serait pas incapable de voir même un seul de ces
objets qu’à présent nous disons véritables ?
- Il en serait, dit-il, incapable, au moins sur-le-champ !
- Il aurait donc, je crois, besoin d’accoutumance pour arriver jà voir les
choses d’en haut. Ce sont leurs ombres que d’abord il regarderait le plus
aisément et, après, sur la surface des eaux le simulacre des hommes aussi
bien que des autres êtres ; plus tard, ce serait ces êtres eux-mêmes. A partir
de ces expériences, il pourrait, pendant la nuit, contempler les corps célestes
et le ciel lui-même, fixer du regard la lumière des astres, celle de la lune, plus
aisément qu’il ne le ferait, de jour, pour le soleil comme pour la lumière de
celui-ci.
- Comment n’en serait-il pas ainsi ?
- Finalement, ce serait, je pense, le soleil qu’il serait capable dès lors de
regardez, non pas réfléchi sur la surface de l’eau, pas davantage l’apparence
du soleil en une place où il n’est pas, mais le soleil lui-même dans le lieu qui
est le sien ; bref, de le contempler tel qu’il est.
- Nécessairement, dit-il.
- Après quoi, il ferait désormais à son sujet ce raisonnement que, lui qui
produit les saisons et les années, lui qui a le gouvernement de toutes les
choses qui existent dans le lieu visible, il est aussi la cause, en quelque
manière, de tout ce que, eux, ils voyaient là-bas ?
- Manifestement, dit-il, c’est là qu’après cela il en viendrait.
- Mais quoi ! Ne penses-tu pas que, au souvenir du lieu qu’il habitait
d’abord, au souvenir de la sagesse de là-bas et de ses anciens compagnons de
prison, il se louerait lui-même du bonheur de ce changement et qu’il aurait
pitié d’eux ?
- Ah ! je crois bien !
Pour ce qui est des honneurs et des éloges que, je suppose, ils
échangeaient jadis, de l’octroi de prérogative à qui aurait la vue la plus fine
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pour saisir le passage des ombres contre la paroi, la meilleure mémoire de
tout ce qui est habituel là-dedans quant aux antécédents, aux conséquents et
aux concomitants, le plus de capacité pour tirer de ces observations des
conjectures sur ce qui doit arriver, es-tu d’avis que cela ferait envie à cet
homme, et qu’il serait jaloux de quiconque aura là-bas conquis honneurs et
crédit auprès de ses compagnons ? ou bien qu’il éprouverait ce que dit
Homère et préfèrerait très fort « vivre, valet de bœufs, en service chez un
pauvre fermier » ; qu’il accepterait n’importe quelle épreuve, plutôt que de
juger comme on juge là-bas, plutôt que de vivre comme on vit là-bas ?
- Comment toi, dit-il, j’en suis bien persuadé : toute épreuve serait
acceptée de lui plutôt que de vivre à la façon de là-bas !
-Voici maintenant quelque chose encore à quoi il te faut réfléchir :
suppose un pareil homme redescendu dans la caverne, venant se rasseoir à
son même siège, ne serait-ce pas d’obscurité qu’il aurait les yeux tout pleins,
lui qui, sur-le-champ, arrive du soleil ?
- Hé oui ! ma foi, je crois bien, dit-il.
- Quant à ces ombres de là-bas, s’il lui fallait recommencer à en
connaître et à entrer, à leur sujet, en contestation avec les gens qui là-bas
n’ont pas cessé d’être enchaînés, cela pendant que son regard est trouble et
avant que sa vue y soit faite, si d’autre part on ne lui laissait, pour s’y
accoutumer, qu’un temps tout à fait court, est-ce qu’il ne prêterait pas à rire ?
est-ce qu’on ne dirait pas de lui que, de son ascension vers les hauteurs, il
arrive la vue ruinée, et que cela ne vaut pas la peine, de seulement tenter
d’aller vers les hauteurs ? et celui qui entreprendrait de les délier, de leur faire
gravir la pente, ne crois-tu pas que, s’ils pouvaient de quelque manière le tenir
en leurs mains et le mettre à mort, ils le mettraient à mort, en effet ?
- C’est tout à fait incontestable ! dit-il.
Cette image, mon cher Glaucon, il faut l’appliquer tout entière à ce que
nous avons dit auparavant, en assimilant au séjour dans la prison la région
qui se présente à nous par l’entremise de la vue, et d’autre part, la lumière du
feu à l’intérieur de la prison à l’action du soleil ; puis, en admettant que la
montée vers le haut et la contemplation de ce qu’il y a en haut représentent
la route de l’âme pour monter vers le lieu intelligible, tu ne te tromperas pas
sur ce qui est l’objet de mon espérance à moi, puisque tu as envie d’en être
instruit. Dieu sait sans doute s’il y a chance qu’elle soit fondée ! Voilà en tout
cas comment se présente l’évidence de ce qui, à cet égard, est évident pour
moi : dans la région du connaissable, tout au bout, la nature du Bien, qu’on
a de la peine à voir, mais qui, une fois vue, apparaît au raisonnement comme
étant en définitive la cause universelle de toute rectitude et de toute beauté ;
dans le visible, génératrice de la lumière et du souverain de la lumière, étant
elle-même souveraine dans l’intelligible, dispensatrice de vérité et
d’intelligence ; à quoi j’ajoutais qu’il faut l’avoir vue si l’on veut agir sagement,
soit dans la vie privée, soit dans la vie publique.
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TEXTE 6
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argumentation, une démonstration ou une réfutation. Ce qu’un philosophe
retient et propose est toujours, du moins en droit, la conclusion d’un débat
contradictoire, c'est-à-dire, d’un examen critique et absolument libre.
La philosophie est peut-être la seule discipline qui a le courage et la
force de soumette ouvertement l’Absolu à la discussion, de le prendre comme
objet de débats publics, débats qui ne sont pas seulement formels puisqu’ils
aboutissent souvent à le détrôner. Le philosophe n’est ni neutre, ni
désintéressé, c’est peu de dire qu’il a opté pour un Absolu : il est le militant
de son Absolu. Et en cela il diffère du simple savant qui affecte devant son
objet d’étude une attitude neutre. Mais l’absolu du philosophe n’est pas un
mystère dont il détiendrait seule la révélation : il sait son Absolu et entend le
démontrer par des arguments. Il fait appel à la raison, à la pensée critique et
non à la peur ou à la confiance. L’ethno-philosophie au contraire, a pour effet,
sinon pour but, d’éluder le débat sur l’Absolu. Elle se caractérise en effet par
le fait qu’elle glisse subrepticement (avec cependant beaucoup moins de
retenue que l’ethnologie pure) dans des exposés théoriquement descriptifs et
objectifs, des opinions métaphysiques non critiquées, et les soustrait par là à
la critique philosophique. Pour cette raison, l’ethno-philosophie apparaît à la
philosophie comme une théologie qui ne veut pas dire son nom.
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TEXTE 7
Voici que les gens puissants traînent les tribunaux (…) Socrate, notre
ami, et portent contre lui une accusation des plus graves qu’il ne méritait
certes point : c’est pour impiété que les uns l’assignèrent devant le tribunal et
que les autres le condamnèrent, et ils firent mourir l’homme qui n’avait pas
voulu participer à la criminelle arrestation d’un de leurs amis alors banni,
lorsque bannis eux-mêmes, ils étaient dans le malheur. Voyant cela et voyant
les hommes qui menaient la politique, plus je considérais les lois et les mœurs,
plus aussi j’avançais en âge, plus il me parut difficile de bien administrer les
affaires de l’Etat. (…) De plus, la législation et la moralité étaient corrompues
à un tel point que moi, d’abord plein d’ardeur pour travailler au bien public,
considérant cette situation et voyant comment tout marchait à la dérive, je
finis par en être étourdi. Je ne cessais pourtant d’épier les signes possibles
d’une amélioration dans ces évènements et spécialement dans le régime
politique, mais j’attendais toujours, pour agir, le bon moment. Finalement, je
compris que tous les Etats actuels sont mal gouvernés, car leur législation est
à peu près incurable sans d’énergiques préparatifs joints à d’heureuses
circonstances. Je fus alors irrésistiblement amené à louer la vraie philosophie
et à proclamer que, à sa lumière seule, on peut reconnaître où est la justice
dans la vie publique et dans la vie privée. Donc les maux ne cesseront pas
pour les humains avant que la race des purs et authentiques philosophes
n’arrive au pouvoir ou que les chefs des cités, par une grâce divine, ne se
mettent à philosopher véritablement.
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TEXTE 8
Aristote, Métaphysique, L. I.
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SCHEMA 1
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