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INTRODUCTION

Hegel « Ce n’est qu’au début du crépuscule que la chouette de minerve prend son envol »
Préface de philosophie du droit.

➢ Qu’est-ce que la philosophie du droit ?


➢ Où la trouve-t-on ? D’où elle vient ? À quoi sert-elle ?

À Bordeaux, la philosophie du droit vient du travail de Jean-Marc Trigeaud (JMT) qui a fondé « l’École de
Philosophie du droit Bordeaux ».
C’est un grand professeur mais également un grand auteur d’un grand nombre d’ouvrages. C’est une des
grandes pensées de la philosophie et du monde contemporain.
L’œuvre de Jean-Marc Trigeaud est particulière car il a donné une immense impulsion à la philosophie du
droit à Bordeaux. Avec Jean-Marc Trigeaud on est dans une philosophie qui va prendre le droit en
quelque sorte comme marquage, comme manifestation d’une défense des valeurs de l’humanisme
d’une personne.
Il a fait ses études à Paris II, ses maitres et directeurs étaient Michel Villey, historien qui va fonder le
centre régional de philosophie du droit à Bordeaux en 1982 et l’association française de philosophie du
droit à Paris, son héritage est énorme car il est également connu et cité à l’étranger en tant que
représentant de la philosophie du droit en France, Henry Batiffol qui est un internationaliste et philosophe,
Jean Carbonnier grand civiliste du XX° siècle qui a surtout l’étiquette de sociologue, François Terré
directeur de thèse de Trigeaud et Gabriel Marcel.
Le danger de la philosophie du droit serait d’être savant en philosophie et savant en droit car il faut
être spécialiste. Seulement il ne faut pas être trop spécialiste non plus.
« L’homme d’une seule occupation ressemble beaucoup à l’homme d’un seul livre. Il ne saurait vous
entretenir d’autre chose. Le spécialiste a mauvais caractère. Entamez avec lui une conversation banale,
parlez-lui de ce qu'il sait mal ou médiocrement, il se tait, mais que le hasard ou le désir de lui plaire, vous
mette sur ce qu’il appelle sa spécialité, il sourit, il vous laisse dire. Tranquille. Imperturbable. Il attend que
vous ayez finit. Il se garderait de vous interrompre, car, de vos erreurs accumulées se dégage pour lui une
grande vérité : il sait. Il a en effet assez pratiqué sa science pour rendre compte de ce qu’il a encore à
apprendre, et éviter, en restant modeste, qu’on ne se moque de lui. Mais voici qui est plus grave. La
spécialité, qui rend le savant maussade, rend la science stérile. »
Discours prononcé par H. Bergson, Professeur de Philosophie, au Lycée d’Agen, 1882
Bergson fait ici une analyse sur celui qui est devenu un spécialiste. Mais selon lui un spécialiste ne saurait
parler d’autre chose s’il est trop spécialisé. Le spécialiste reste dans son domaine et attend que vous
veniez lui parler et si vous dites une erreur, il ne vous écoute plus car il sait qu’il a la bonne réponse.
Lorsque la science devient trop spécialiste, qu’on ne regarde que la spécialité et seulement cela, cela
devient stérile et ennuyant.
La philosophie est un cours doublement spécialisé, c’est le cours d’un juriste et d’un philosophe. Il faut
accepter qu’on n’est pas des spécialistes et à partir de là on est libre de notre pensée, il faut avoir le
courage de se tromper. Au fond la philosophie c’est donc un savoir mais aussi un échange
méthodologique. Penser différemment permet de mieux penser, de progresser.
Le concept de philosophie du droit viendrait de Hegel et de son ouvrage Principes de la philosophie du
droit de 1820. Hegel précède Bergson, c'est le premier auteur à écrire les principes de la philosophie du
droit. La philosophie du droit c’est une philosophie qui ne porte pas sur les objets de l’existence la mort, la
souffrance, mais qui porte sur le droit.

➢ Est-ce qu’avant Hegel des auteurs de philosophie se sont posés des questions sur qu’est-ce que le
droit?

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Cette question est assez traditionnelle et est posée par toute la philosophie. En matière de philosophie on
va petit à petit revenir vers des auteurs dit classiques qui naissent dans l’Antiquité grecque parce que la
philosophie nait elle-même dans l’Antiquité grecque.
« La philosophie est, dans son être originel, de telle nature que c’est d’abord le monde grec et seulement
lui qu’elle a saisi elle-même en le réclament pour se déployer. La philosophie est grecque dans son être
même. »
Martin Heidegger
Toute l’histoire de la philosophie va naitre à l’intérieur d’un monde particulier où des auteurs comme
Pythagore qui vivent dans la pointe de l’Italie, des auteurs d’Athènes etc qui à travers les moyens de
communications vont se parler et créer des écoles. Ces discours entre les écoles vont faire naitre une
philosophie, une pensée. C’est ce que l’on appelle le miracle grec.

➢ Au fond qu’est-ce que la philosophie du droit ?

« Quand on est jeune il ne faut pas remettre à philosopher, et quand on est vieux il ne faut pas se lasser de
philosopher. Car il n’est jamais trop tard pour travailler la santé de l’âme »
Épicure, Lettre à Ménécée (III° siècle av.)
Ce qui est intéressant c’est que son nom a donné naissance à une façon d’être « être épicurien ». C’est
l’idée que si on allait travailler la philosophie d’Épicure on serait surpris de voir qu’elle est éloignée de ce
que font les épicuriens maintenant. Il y a un héritage grec qui nous éclaire sur une façon de vivre et ça
c’est une première interrogation sur ce qu’est au fond la philosophie du droit. Épicure est aussi connu car il
a créé sa propre école : le Jardin. Sa philosophie se faisait dans un jardin.
Dans cette citation il y a une forme d’injonction mais aussi la raison de pourquoi il faut cette injonction.
Le but de la philosophie c’est travailler la santé de l’âme.
Le but de la philosophie serait de trouver un apaisement intérieur qui procure une forme de bonheur.
La philosophie pour Épicure aurait cette vocation de parler à toute personne dans l’existence c’est-à-dire
que quand on est enfant on peut faire de la philosophie et quand on est vieux il faut continuer.
« On a grand tort de peindre la philosophie comme inaccessible aux enfants… Puisque la philosophie est
celle qui nous instruit à vivre, et que l’enfance à sa leçon, comme les autres âges, pourquoi ne la lui
communique-t-on pas ? »
Montaigne, Essais, I, 26
L’idée est qu’Épicure et Montaigne ont chacun leur façon de penser, elle peut être la même ou se
différencier. Pour Montaigne, la philosophie est ouverte aux enfants, tout comme pour Épicure.
« [Thalès] observait les astres et, comme il avait les yeux au ciel, il tomba dans un puits. Une servante de
Thrace, fine et spirituelle, le railla, dit-on, en disant qu’il s’évertuait à savoir ce qui se passait dans le ciel, et
qu’il ne prenait pas garde à ce qui était devant lui et à ses pieds. La même plaisanterie s’applique à tous
ceux qui passent leur vie à philosopher. Il est certain, en effet, qu’un tel homme ne connait ni proche, ni
voisin ; il ne sait pas ce qu’ils font, sait à peine si ce sont des hommes ou des créatures d’une autre espèce
; mais qu’est-ce que peut être l’homme et qu’est-ce qu’une telle nature doit faire ou supporter qui la
distingue des autres êtres, voilà ce qu’il cherche et prend peine à découvrir […]. Voilà donc, ami […] ce
qu’est notre philosophie dans les rapports privées et publics qu’il a avec ses semblables. Quand il est forcé
de discuter dans un tribunal ou quelque part ailleurs sur ce qui est à ses pieds et devant ses yeux, il prête à
rire non seulement aux servantes de Thrace, mais encore au reste de la foule, son inexpérience le faisant
tomber dans les puits et dans toute sorte de perplexités. Sa gaucherie le fait passer pour un imbécile. […].»
Platon, Théétète, 174 a-175 c, traduction Émile Chambry, Garnier-Flammarion, 1967, pp 109-111
Ce roman parle de Thalès, grande figure de la pensée grecque.
Thalès pour Platon est considéré comme un grand philosophe. Pour Platon tout le monde n’est pas
philosophe. Ça c’est le point de vue de Platon qui n’est pas celui de Montaigne ni d’Épicure.
Chez Platon il y a deux formes de richesses :

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● Dans les mondes dans lequel nous vivons, il y a plus riche que la richesse matérielle : Quelqu’un
de riche, même s’il a tout, sait très peu de chose quand on réfléchit. Pour Platon, le philosophe a une
richesse philosophique qui n’est pas matérielle, il sait regarder le monde, c’est ce qu’on appelle la
qualité poétique chez les philosophes. Le cœur est riche de cette capacité de s’abstraire du monde.
● La richesse d’être bien née : Pour Platon ces gens-là ont la vue basse et courte car ils ne peuvent voir
l’humanité dans son ensemble. Tout le monde dans ses ancêtres a de tout, des gueux, des riches, des
nobles.
C’est un discours magistral de Platon, il fait une forme d’élitisme, reconnaitre ça c’est aussi se prendre pour
une élite.
Idée à retenir : richesse spirituelle s’oppose à la richesse matérielle.
« La philosophie n’est véritablement qu’une occupation pour l’adulte, il n’est pas étonnant que des
difficultés se présentent lorsque l’on veut la conformer à l’aptitude moins exercée de la jeunesse. L’étudiant
qui sort de l’enseignement scolaire était habitué à apprendre. Il pense maintenant qu’il va apprendre la
Philosophie, ce qui est pourtant impossible car il doit désormais apprendre à philosopher. »
Kant, Annonce de programme des leçons de M. E. Kant durant le semestre d’hiver, (1765-1766),
traduction de M. Fichant, Éd. Vrin, 1973, pp. 68-69
« Le philosophe moderne est souvent un fonctionnaire, toujours écrivain, et la liberté qui lui est laissée
dans ses livres admet une contrepartie : ce qu’il dit d’emblée entre dans un univers académique où les
options de la vie sont amorties ou les occasions de la pensée sont voilées. Or la philosophie mise en livre a
cessé d’interpeler les hommes. Pour retrouver la fonction entière du philosophe, il faut se rappeler que
même les philosophes auteurs que nous lisons et que nous sommes n’ont jamais cessé de reconnaitre
pour patron qu’un seul homme qui n’écrivait pas, qui s’enseignait pas, il faut se rappeler de Socrate ».
M. Merleau-Ponty, Éloge de la philosophie, 1953
Merleau-Ponty, auteur du XX° siècle tient de la phénoménologie.
Cela correspond aux auteurs qui vont travailler des phénomènes qui sont des modes d’apparition.
Au fond ce qu’ils disent c’est que le monde réapparait différemment. Ce que dit Merleau-Ponty c’est qu’il
faut toujours requestionner le monde. Être capable de réinventer le Code civil en fonction des
évolutions c’est faire de la philosophie du droit.
Dans la philosophie moderne, les auteurs exercent leur philosophie en écrivant des livres mais écrire un
livre c’est sortir du vivant, c’est amortir des choses de la vie. Les occasions de la pensée sont voilées.
Merleau-Ponty nous dit au fond que la vraie philosophie serait de vivre dans l’existence même d’un
dialogue.
Elle serait la maïeutique, c’est-à-dire le nom que Socrate donne à sa façon de faire qui signifie
accoucher.
Socrate est l’héritier d’une façon de faire, il va mettre en place une méthode philosophique qui est celle de
la discussion et même plus loin de la dispute. Cette façon de faire va devenir un véritable moteur du
savoir philosophique. Ce sont ces grandes controverses qui font avancer le monde. La philosophie au
départ, c’est une connaissance socratique réelle qui questionne avec du cours, des arguments, et qui fait
qu’on n’avance pas tout seul.
Kant disait, « penser, c’est penser avec » autrement dit il n’y a pas de pensée d’un auteur seul, un
auteur ne peut pas penser seul, si c’est un grand auteur il le doit aussi aux autres.
Alberto Giacometti sculpteur italien dit « je donnerai toute mon œuvre pour une conversation ». La
philosophie c’est un héritage de tout ça, c’est à la fois l’héritage du passé, des nombreux auteurs qui
égrainent l’histoire de la philosophie, la mise en confrontation avec ces auteurs là, mais aussi un dialogue
avec ce qu’il se passe dans le monde contemporain, le réel, ce qu’il se passe en droit, toutes les
problématiques. Et la philosophie du droit c’est cette rencontre-là, un questionnement présent qui est
aussi universel car cela implique des questions de justice.

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On peut entendre philosophie du droit de deux façons :

 soit c’est une philosophie qui porte sur le droit et de cette façon on serait d’abord philosophe et
ensuite on viendrait interroger l’objet du droit.

 soit c’est une philosophie qui est tiré du droit, ce qui veut dire qu’à partir de connaissances
juridiques on va se poser des questions philosophiques sur la matière.
Il y a une forme dialectique là-dedans, on va retrouver ces deux façons d’entendre la philosophie chez les
enseignants en philosophie du droit.
On trouve deux types d’enseignants : les enseignants qui viennent de la philosophie et qui
s’intéressent ensuite au droit avec leurs bagages de philosophie et les enseignants au départ formés
comme juristes et qui à partir de leurs connaissances juridiques vont se poser des questions
philosophiques et vont s’ouvrir sur des questions de philosophie et de philosophie du droit.
Dans ces deux sphères se trouvent des avantages et inconvénients.
L’avantage est qu’à chaque fois il s’agit de philosophie intéressante mais l’inconvénient est que pour le
premier type d’enseignant, ils ne maitrisent pas tout le langage du droit et le langage du droit suppose
une connaissance pratique particulière. Et pour ceux qui faisaient de la philosophie du droit, ils ont une
connaissance juridique mais il leur manque peut-être certaines maitrises ou capacités philosophiques. Il
faut donc être formé dans les deux domaines, il y a vraiment une formation à la fois juridique et à la fois
philosophique.
« La philosophie n’est véritablement qu’une occupation pour l’adulte, il n’est pas étonnant que des
difficultés se présentent lorsqu’on veut la conformer à l’aptitude moins exercée de la jeunesse. L’étudiant
qui sort de l’enseignement scolaire était habitué à apprendre. Il pense maintenant qu’il va apprendre la
Philosophie, ce qui est pourtant impossible car il droit désormais apprendre à philosopher. »
Kant, Annonce du programme des leçons de M.E Kant durant le semestre d’hiver (1765-1766)
Selon Kant, on n’apprend pas la philosophie, on apprend à philosopher c’est différent, on apprend à se
détacher.
La philosophie est un cheminement, c’est un passage ? un voyage ? on chemine dans notre intérieur, la
pensée chemine dans notre intérieur pour être manifeste dans le présent.
Selon Saint Augustin, le temps d’hier n’existe plus et le temps futur n’existe pas vraiment. Mais le présent
à peine est-il prononcé s’enfui dans le passé. Même si le temps n’existe pas, il y a quelque chose qui
existe : c’est moi, ma pensée, mon cheminement, mon existence, ça existe, ça se déroule, se déploie
dans un concret, présent et aussi dans un cheminement, parce que notre pensée est toujours présente.
Idée : un chemin, un mouvement dans la demeure de l’être. Est-ce qu’il y a un résultat dans ce
mouvement ? Il y a des mouvements centripètes et centrifuges.
En allant vers les autres on est dans un mouvement centripète, c’est un mouvement de notre être à
l’intérieur du monde dans lequel on chemine, notre corps se déplace et notre esprit aussi.
Au fond, la philosophie exige d’avoir conscience qu’on est nous, et qu’autour il y a du droit, des choses
et qu’on a des questions, des positions par rapport à ça.
Quand on va au crépuscule, on revient vers soi, vers un mouvement centrifuge.
« Questionner, c’est travailler à un chemin, le contraire. C’est pourquoi il est opportun de penser avant tout
au chemin et de ne pas s’attacher à des propositions ou appellations particulières. Le chemin est un
chemin de la pensée. Tous les chemins de la pensée conduisent, d’une façon plus ou moins perceptible et
par des passages inhabituels, à travers le langage. »
Heidegger
D’après Heidegger, analogie entre le chemin extérieur et le chemin de la pensée, quand on a le
courage de savoir, le chemin de la pensée est libre.
L’avantage du chemin de la pensée  il est libre, intégral, il n’est pas tracé.

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L’idée c’est qu’il va falloir cheminer la philosophie du droit, la philosophie s’autorise un cheminement à
travers des langages comme le langage du droit, de la philosophie, ce qui n’est pas toujours évident.
 Est-ce qu’on peut imposer à quelqu’un d’être libre ?
Prof : on n’impose personne d’être libre, on s’impose d’être libre à nous même.
Introduction de Chantale Del Sol, la vérité doit se risquer hors des cavernes où on voudrait la
préserver, il faut se décaverner, c’est à dire se faire violence.
« Une distinction de Kant - Dans ses « Principes métaphysiques de la Doctrine du droit », Kant propose
une distinction que reprendra plus tard Hegel. Il y a deux sortes de question à poser concernant le droit.
D’abord la question : quid juris? Quel est, dans tel ou tel procès, ou telle ou telle espèce de procès, la
solution de droit ? D’autre part la question : quid jus, qu’est-ce que le droit même ? Or selon Kant, qui s’en
explique dans « Conflits des Facultés », l’office de la science juridique est de répondre au premier
problème, quelle est la solution de droit ? (Ce qui signifie dans son système : quelle est la solution
conforme au texte de lois positives). Tandis que relève de la « Faculté de philosophie », le second
problème : qu’est le droit ? »
Michel Villey
 Il y a autour du droit deux questions :
- quid juris (quelle est la solution de droit)
- quid jus (quel est le droit).
Ces deux capacités, selon Kant, vont donner naissance à deux facultés, deux formes de travail autour du
droit :
- Aux philosophes ➞ qu’est-ce que c’est le droit ?
- Aux juristes ➞ comment rendre le droit ?
Science du droit = comment rendre le droit.
Réflexion entre les philosophes et les juristes :
- Incidence à travers l’œuvre de Kant « La doctrine du droit » 1795 (influence d’un philosophe sur notre
conception)
- La science juridique d’aujourd’hui a été influencée par des pensées et notamment celle de Kant
 « Métaphysique des mœurs » première partie « doctrine du droit » référence photo table des
matières.
 Qu’est-ce que la doctrine du droit ? Naturellement = recherches scientifiques faites sur le droit
par les docteurs en droit (le plus haut titre universitaire).
 Kant a pensé à la capacité, la faculté mais aussi à la façon dont on est allé un jour enseigner le
droit.
Toutes les définitions majeures en droit descendent de KANT
(exemple : qu’est-ce que le droit et la partie le droit lié au pouvoir de contraindre)
➞ « Métaphysique des mœurs » première partie « doctrine du droit » :
- 1 section de droit privé : Droit est d’abord un droit des biens puis un droit de la famille (droit réel, droit
personnel)
- 1 section droit public :
‣ Droit politique : droit constitutionnel
‣ Droit cosmopolitique : droit constitutionnel étendu au droit international
Le père d’un droit politique qui fonctionnerait pour tout le monde c’est Kant.
 À quoi sert la philosophie du droit ?
C’est un savoir, un échange méthodologique.
En soi, la philosophie du droit ne sert à rien mais parfois c’est bien
- En soit ça sert à introduire des choses dans le droit

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- Questionnement : c’est quoi la richesse ? C’est quoi un bien ?
 Penser ? Ça sert à rien mais aussi à tout.
 La théorie du droit ?
« L’objet de la théorie du droit est le droit positif : ce qu’on appelle simplement la loi au sens strict, c'est-à-
dire la loi instituée par ceux qui sont politiquement supérieurs à destination de ceux qui sont politiquement
inférieurs. Mais on confond souvent le droit positif (ce qu’on appelle simplement la loi au sens strict) avec
ce qui s’y apparente par ressemblance et par analogie, c'est-à-dire tout ce qui est également signifié
proprement et improprement, par l’expression vague de la loi au sens large. »
John Austin (1790-1859) Délimitation du domaine de la théorie du droit, 1832
A l’époque ce qui est important pour les juristes ça va être de se distinguer des philosophes, et de créer
une science qui soit propre, une théorie du droit qui ne sera pas une philosophie du droit parce que
c’est pas la même chose.
L’objet de la théorie du droit est le droit positif, et ce droit ça serait au fond la loi, la loi créée par le
législateur, ou les pouvoirs institués à ces effets.
Le droit positif = la loi qui a été créée par le législateur. L’auteur se place sur le terrain du débat entre
droit positif et droit naturel.
- Les tenants du droit naturel  philosophes
- Les tenants du droit positif  positivistes ou des scientifiques du droit qui considèrent que le droit est
dans la loi et dans le droit positif.
Le droit n’est pas dans la nature mais dans les lois. S’il y a une science du droit, elle relèverait plutôt du
droit positif, d’un droit tiré de ce qui est posé plutôt que du droit naturel. Le droit positif est un droit de ce qui
est posé, c’est un droit qu’on peut constater notamment à travers une étude. Il peut y avoir un droit dur et
un droit souple. Droit naturel : droit qui serait tiré de la nature.
Deux significations de nature :
- Droit tiré de la nature extérieure
- Droit tiré de la nature des choses : de l’homme ➞ droit tiré de la nature de l’homme

Des juristes vont dire qu’ils ne sont pas naturalistes, je veux que le droit devienne une science. Parmi ces
auteurs Auguste Comte, qui est le fondateur du positivisme, polytechnicien.
Auguste Comte, Cour de la philosophie positive, 1830.
3 types d’état :
- État théologique ou fictif = état des connaissances dans lequel dieu intervient (fictif= pas réel)
- État métaphysique = abstrait, ça peut être de la science mais abstraite
- État scientifique ou positif
Explication : Pour parler du droit, il faut faire du droit positif. Tout ce qui relève de la morale et de la
philosophie ne relève pas du droit pour lui.
 Dans l’état théologique quand il nous arrive quelque chose on attribue les conséquences de cette
chose a des actions surnaturelles
 Dans l’état métaphysique on trouve des raisons, mais abstraites
 Dans l’état scientifique, l’esprit humain reconnait qu’il ne faut pas se référer à l’abstrait ou au divin il
faut comprendre les causes et les maitriser.
Aujourd’hui nous sommes les héritiers de Kant, d’Auguste Compte, d’auteurs qui définissent le droit
comme une science et non de la philosophie.
Hans Kelsen va définir après Comte une théorie pure du droit en 1934 :
Théorie de la hiérarchie des normes ➞ envisager le droit comme un ensemble de normes, les valoriser
en fonction de leur origine et installer une logique mathématique à l’intérieur.

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Texte de Kelsen : pour lui il y aurait des normes, et la théorie du droit positif implique une
interprétation, il faut savoir interpréter les normes, article 1240 qui date de 1804 on l’interprète toujours
avec les changements au fil des années, sur la faute, la causalité, l’interprétation change.
Selon Kelsen les normes sont des théories qui sont soumises à interprétation. Kelsen dit qu’il n’est pas
philosophe, un philosophe se serait quelqu’un qui dirait voilà comment le droit doit être moi je dis voilà
comment il est, comment on peut l’interpréter. Il va se concentrer sur le phénomène normatif.
Théorie du droit : un juriste dit comment le droit est et comment il peut être interprété et non, comme
en philosophie, comment il devrait être (vision plus politique).
Pour le prof, la justice n’est pas en dehors de toute expérience mais quelle est fondée dans
l’expérience, pour le prof c’est une méconnaissance de la théorie de Platon, c’est une mauvaise
expérience, mauvaise interprétation de la part de Kelsen.
Kelsen : idée de Platon serait une idée en dehors de moi alors que non, elle constitue l’essence même
de moi.
Les héritiers de Kelsen vont considérer que la justice est une idée rationnelle.
Théorie du droit = science plus proche du droit positif que de la philosophie. Il y a une mise à l’écart de la
philosophie. Cette mise à l’écart de la philosophie est liée à la JUSTICE.
« Je voudrais maintenant commenter la seconde partie du second principe, qui doit être comprise comme
le principe libéral de la juste égalité des chances. »
John Rawls, Theory of Justice, 1971
Explication : une philosophie peut être une philosophie de la justice mais pas une théorie car la théorie
se base sur l’équité essentiellement et sur le fait de rendre compte de ce processus d’équité à l’intérieur de
l’État.
Jean Marc Trigeaud, Introduction à la philosophie du droit : la théorie renvoie au droit dans la science
interne.
Fonctionnement : la théorie ne pense pas le droit mais le conçoit. Le droit n’est pas pensé mais connu =
la théorie va former le concept de droit. (Il renvoie au texte de Kelsen d’une certaine façon).
2 choses :
- le concept théorique du droit
- le concept théorique du juste (la rationalité pour l’atteindre n’est pas si évidente que ça mais elle est tout
de même réelle.
Exemple : amour ➞ ce n’est pas parce que je ne peux pas réellement définir l’amour scientifiquement, que
l’amour n’existe pas et que ça ne relève pas de la connaissance humaine.)
2 ères dans la théorie du droit :
- Une théorie qui n’est pas appliquée à un système donné particulier, qui n’est pas localisée : une
théorie de réflexion du droit
- Une théorie plus interne, plus en contact avec la pratique judiciaire : la théorie qui nous est enseignée
(des concepts, des notions et les articuler).
Remarque :
- à l’origine, la doctrine = exégèse
- grâce aux concepts je peux expliquer le droit

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A partir des théories, des concepts vont être crée, soit je m’attache à la loi et j’interprète soit j’ai des
concepts mais on reste dans des sources du droit.
Par rapport à ça la philosophie du droit c’est s’autoriser à aller au-delà des sources traditionnelles du droit,
on fait de la métathéorie, on va au-delà de la loi, c’est par exemple se poser la question de la justice.
Le prof s’autorise à aller au-delà des sources traditionnelles du droit et donc de se poser des questions au-
delà (fait du « méta-droit »).

→ La justice :

La justice est une notion ➞ 4 sciences/territoires de la pensée s’y intéressent :

- l’éthique (la théologie Philosophie morale)


- la politique
- la science économique
- le droit (le droit défend des droits fondamentaux)
Ces 4 sciences sont devenues de vrais pouvoirs.
Aujourd’hui, par exemple, l’économie n’est pas qu’une discipline mais un pouvoir : pas de mondialisation
sans économie.
Système néo économique = un système de destruction mécanique et massif de la nature et de
l’environnement dont on est complice car l’économie impose un comportement dans l’éthique et la morale
sur nous.
 Si l’économie, l’éthique et la politique s’intéressent à la justice, pourquoi devrions-nous en tant que
juristes s’en priver ?
 Le droit défend son encrage, sa culture, son histoire ➞ le plus important : système à vocation
universelle qui défend le plus petit.
Selon Trigeaud le droit a une finalité aux vues du politique, de l’éthique et cette cause est la protection de
la personne humaine, la cause du droit ce n’est pas le politique c’est les droits fondamentaux à
défendre.
« Plaisante justice qu’une rivière borne ! Vérité au deçà des Pyrénées, erreur au-delà, 1670 »
Blaise Pascal
« Exiger que la justice soit juste est une idée d’anarchiste »
Anatole France
« La droiture et la justice, si l’homme en connaissait qui eût corps et véritable essence, il ne l’attacherait
pas à la condition des coutumes de cette contrée ou de celle-là ; ce ne serait pas de la fantaisie des
Perses ou des Indes que la vertu prendrait sa forme. Il n’est rien sujet à plus continuelle agitation que les
lois. […] Que nous dira donc en cette nécessité la philosophie ? Que nous suivons les lois de notre pays ?
C’est-à-dire cette mer flottante des opinions d’un peuple, ou d’un prince, qui me peindront la justice
d’autant de couleurs, et la reformeront en autant de visages qu’il y aura en eux de changements de
passion ? Je ne puis pas avoir le jugement si flexible. Quelle bonté est-ce, que je vouais hier en crédit, et
demain ne l’être plus, et que le trajet d’une rivière fait crime ? Quelle vérité est-ce que ces montagnes
bornent, qui est mensonge au monde qui se tient au-delà ? »
Montaigne, Essais, 1595, II,12
La question de la justice c’est pas tout et n’importe quoi.
Il y a 3 façons de concevoir la justice :
- la justice est une idée
- la justice est une réalité
- la justice est relative, c’est une convention de langage, on peut y mettre tout ce qu’on veut derrière.

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Aujourd’hui, beaucoup de choses relèvent d’un cadre fixé par les philosophes grecs. Sans le savoir nous
sommes cadrés par des rapports au concept nés des philosophes grecs.
Un effort philosophique va être, pour les savants, de se détacher du mythe. Dans toutes les cultures on vit
dans le mythe à l’époque. Ils vont s’écarter du mythe pour dire que le monde fonctionne selon la raison etc.
5ème siècle commence par une révolte des cités grecque contre les perses.
Conflit important.
Toutes les villes repoussent l’armée perse, c’est cela qui va former les cités grecques.
Première identité de la Grèce : se retrouver ensemble dans une culture contre une autre forme de culture.
Siècle de fierté de la Grèce.
En prenant de plus en plus de pouvoir et de force, Athènes va rendre jalouses d’autres villes.
Deuxième guerre entre Sparte et Athènes.
A la fin de la guerre Périclès meurt et Sparte prend le dessus.
C’est là que va naitre l’Ecole d’Athènes.
Dans un dessin/fresque de Raphaël, L’Ecole d’Athènes, on voit deux personnages au centre.
C’est Platon (lève le doigt vers le ciel : univers des idées) et Aristote (univers de la réalité).
Troisième auteur à gauche en vert : Socrate.
Socrate meurt en 399 car il est condamné à mort par la Boulè.
Platon c’est l’élève de Socrate. Platon souffre parce que la mort de Socrate est la plus grande injustice
qu’il n’a jamais vécu.
Une cité qui ne sait pas rendre une bonne justice est une cité qui est vouée au déclin.
Pour Platon, la justice est un sentiment.
Platon crée son école et quelques années plus tard Aristote arrive.
Il sera un métèque (étranger), il aura toujours ce statut.
Il développera lui aussi sa propre école. Il enseignera une justice différente de celle de Platon.
Véritable filiation entre ces auteurs. C’est vers eux qu’il faut revenir sans arrêt.
On a une appétence pour un auteur plutôt qu’un autre.
Celui dont le prof se sent le plus proche c’est Aristote, celui qui est le plus explicatif c’est Aristote.
« Pour retrouver la fonction entière de la philosophie, il faut se rappeler Socrate »
Merleau-Ponty
Les profs de philosophie questionnent. Quelqu’un qui ne se questionne pas s’en fou, il ne philosophe pas.
Celui qui se questionne, il cherche à aller plus loin.
 Qu’est-ce qu’apporte Socrate ?
Il croit en une méthode qu’il va donner à Platon, c’est la maïeutique : c’est l’art d’accoucher les esprits.
Maya = accoucher (en grec)
La mère de Socrate était sage-femme.
Socrate a cette intuition qu’on peut construire tout en faisant accoucher les choses mais dans un sens
spirituel.
Lorsqu’on dialogue avec quelqu’un on a une position sur la justice. En se confrontant, on finit dans une
sorte de dialogue, on finit par déboucher sur quelque chose auquel on n’avait pas pensé avant.
Socrate était moche, petit et gros : fait parti de la philosophie de Platon.
Pour Platon il est beau car la vie est en mouvement permanent et ce qui est important n’est pas ce qui est
visible mais ce qui est invisible. Il y a plus de réalité dans l’invisible que dans le visible.
Platon aime Socrate parce que Socrate est un homme juste.
C’est quelque chose qui ne se voit pas, mais ce n’est pas pour ça que ce n’est pas réel.

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Cicéron considère que Socrate est le père de la philosophie.
Nietzsche a un talent : il fait voir les hoses de manière complètement différente.
Il renverse tout en disant que Socrate est le criminel type.

LA JUSTICE EN TANT QU’IDEE


La question de la justice dans l’œuvre de Platon on la trouve dans 5 ouvrages.
L’apologie de Socrate : récit du procès de Socrate
Phédon : met en scène Socrate dans l’exécution de la peine, dans la mise à mort de Socrate.
Protagoras : Prométhée donne la qualité technique à l’homme
La République : Ouvrage fondamental qui aurait pu se traduire par « traité sur la justice », on traite de la
justice, c’est un manuel, la justice c’est une chose commune.
Res Publica = République.

Les lois : Platon était un aristocrate, c’était un fils de famille, entrainé au combat etc pour devenir ceux qui
vont aller à la guerre et gouverner la cité.
Il trouve que ce système n’est pas juste. Est-ce que ça vise le bien commun une cité dirigée par les
guerriers ?
Aujourd’hui l’ENA apprend à gouverner, on est spécialiste d’une administration mais pas du bien commun.
Platon a un rêve, créer une cité juste. Il part à plusieurs reprises pour essayer de créer cette fameuse cité.
Socrate est accusé par 3 personnages :
Mélétos (poète), Anytos (homme politique), Lycon (rhéteur, quelqu’un qui sait parler)
 Il y a déjà un système d’accusation
 Un des accusateurs est un poète, son rôle est d’être contemplatif, il n’a rien à faire ici.
« Moi, Mélétos, fils de Mélétos, j’accuse sous serment Socrate, fils de Sophonisque. Socrate est coupable
du crime de ne pas reconnaître les dieux reconnus par la Cité et d’introduire de nouvelles divinités, il est
coupable de corrompre la jeunesse.
Châtiment demandé : la mort »
Socrate disait à ses élèves d’écouter leur voie intérieure car elle fait progresser.
Il est condamné avec peu de voies.
Les magistrats lui demandent combien vaut sa vie pour se racheter et il répond (1€), car aux yeux des
accusateurs il sait qu’il ne vaut pas beaucoup.
Donc, suite à ça, il est condamné à mort avec une majorité plus forte.
Dans Phédon on apprend que l’incarnation de la justice peut se faire autour d’un homme.
A cette époque-là lorsqu’un homme mourrait il était important qu’il n’ait pas de dette. S’ils avaient des
dettes, les enfants devaient récupérer ces dettes et d’après Socrate c’est immoral.
Sa dernière phrase est « Criton, nous devons un coq à Asclépios, payez-le, ne l’oubliez pas ».
Idée de Platon c’est de développer la justice en tant qu’idée. Il met en œuvre des personnages qui ont
des positions sur la justice.
Discussion qui se passe dans le port du Pirée entre Céphale, Polémarque, Glaucon, Socrate et
Thrasymaque.
Pour Céphale la justice c’est « rendre à chacun ce qui lui est dû » (justice distributive)
Pour Polémarque « Faire du bien a ses amis, du mal à ses ennemis » (devient le droit pénal aujourd’hui)
Pour Glaucon « La justice n’est qu’un masque utile » (la justice est un instrument)
Pour Thrasymaque « Ce qui profite au plus fort » (l’Etat est le plus fort)
Il faut se dire qu’ils ont peut-être tous raison, on peut avoir des positions différentes dans une même
communauté tout en étant une même communauté.
Pour Socrate « Dès lors, ce que la justice nous est apparue être dans la cité, transférons-le à l’individu, et
si cela est reconnue être la justice, tout ira bien ».

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Pour lui, il y a une justice pour les individus et une justice pour la société.
Il y a toujours un passage entre le privé et le public.
Platon va introduire l’allégorie de la caverne dans le Livre VII de La République.
Une allégorie est un récit qui permet de concevoir quelque chose d’abstrait.
Cela se passe entre des individus dans une caverne.
Platon parle à tout le monde, pas qu’aux grecs.
Sortir de la caverne est un exercice difficile. Il faut le montrer à quelqu’un mais pas le forcer.
Socrate dit que si on fait cet exercice dans la caverne, on se rend compte en en sortant que ce qui éclaire
notre monde c’est le soleil, qu’il est fondamental pour voir. Mais dans la caverne qui sait que c’est grâce au
soleil que tout existe ?
Quand on a un mot, je me représente des choses. Mais est ce que ces représentations sont suffisantes
pour me dire ce qu’elles sont véritablement ?
L’ignorance génère la peur et la peur génère la destruction.
Le soleil il faut l’associer à l’idée du bien et à l’idée du juste.
Est-ce que mon action est commandée par le bien ?
Réalité intelligible = monde extérieur
Réalité sensible = caverne
L’homme fait le lien entre les deux.
Capacité spirituelle, contemplative.
Être capable de distinguer ce qui est bon et ce qui ne l’est pas.
Derrière le droit, est ce qu’il y aurait pas une forme de justice ?
Justice = passage entre l’âme et l’esprit.
C’est le sentiment d’injustice qui est fondateur de la justice.
Platon travaille sur l’âme, il distingue dans notre âme trois étapes :
- Âme spirituelle : noos, raison/esprit
- Âme sensitive : thumos, sensation
- Âme appétitive : epithumia, volonté/ appétit
La justice est une idée qui vient donner une harmonie dans cette âme.
Il y a trois niveaux de répartition dans la société :
- les gouvernants/ les penseurs
- les gardiens
- les producteurs/artisans, ceux qui font vivre la société
Analogie entre les ordres (les trois niveaux de répartition dans la société et les trois étapes de l’âme).
« L'être est » de Parménide
« On ne se baigne jamais 2 fois dans le même fleuve » Héraclite

Héraclite nous dit qu'il y a un mouvement des choses.


La grande problématique de la philosophie a été qu'on est dans un monde où tout bouge. Et en même
temps, si tout bougeait tout le temps il n'y aurait pas de connaissance possible.
Héraclite et Parménide ont tous les deux raison.
Il faut articuler leur deux pensées, la 1ère réponse apportée étant celle de Platon avec la théorie de la
caverne.
Le beau, le bien et la justice sont les choses qui ne bougent pas.
En tant que juristes, on a besoin d'une théorie de la connaissance qui permet de comprendre ce qu'est la
justice.

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LA JUSTICE EN TANT QUE REALITE (SOCIALE)
Aristote est né en 324 en Macédoine (son père était médecin, ce qui n'est pas négligeable).
Il est élevé avec Philippe, le fils du roi de Macédoine, ce qui va aussi avoir son importance.
Le père d'Aristote meurt quand il a 10 ans, puis ce dernier arrive à Athènes vers 20 ans.
De 17 ans à 37 ans, Aristote va être l'élève de Platon. Il va être celui qui a tout compris chez Platon.
Aristote va chercher cette idée du juste dans les formes pures.
C'est une philosophie qui va dire que la justice existe dans la matière humaine et sociale, et elle n'est
pas seulement une idée.
On est sur de la métaphysique où il y a des enquêtes sur la question de la morale et sur ce que peut-
être le droit comme morale sociale.
Deux de ses ouvrages vont s’intéresser à la question de la justice : Le Politique et l’Ethique à Nicomaque.
Nicomaque est le prénom à la fois le nom du père d'Aristote et le nom du fils d'Aristote.
Ce 2ème ouvrage est soit adressé à l'un, soit adressé à l'autre, soit aux deux, voire même à plus de monde.
À l'époque, chez les grecs, l'éthique est la même chose que la morale. C'est une réflexion sur les règles
qui gouvernent nos actions.
Aristote va faire une analyse sur les règles que la société me donne en vue d'un certain bien.
Dans la vie, il vaut mieux poursuivre le bien pour arriver au bonheur plutôt que l'inverse ; on tend vers le
bien à travers des actions.
L'éthique est une règle qui peut être sociale mais aussi individuelle tandis que le politique c'est la cité.
Ainsi, selon la réflexion d'Aristote, le politique est le général tandis que l'éthique est une spécificité
dans le politique.
Ce qu'il y a de commun, c'est la recherche du bien.
La différence est que le politique est un bien de la communauté donc un bien commun, tandis que
l’éthique est un bien individuel donc un bien propre.
Aristote va dire que la justice n'est pas une idée mais une réalité collective, publique et politique.
Il va dire qu'il y a 2 types de justice : la justice générale (dikaiosunè) et la justice particulière (to dikaion).
 La justice générale vise ce qui relève d'un bien commun. Ce qui la caractérise, c'est que c'est une
justice légale fondée sur la loi.
 La justice particulière aspire quant à elle à autre chose. Elle aspire un rapport d'égalité.
Aristote nous dit que c'est ce qui caractérise la justice humaine. Il se rend compte que la nature fonctionne
selon des systèmes hiérarchiques, et que l'homme peut renverser cette nature parce qu’il a cette capacité
à rendre les hommes égaux. Il introduit donc de l'égalité là où il n'y a que de la différence.
La justice particulière, c'est au fond pour partie la justice judiciaire avec le magistrat qui vise un rapport
d'égalité entre deux particuliers.
Aristote va distinguer 3 modes de fonctionnement dans cette justice : la justice distributive, la justice
corrective et la justice commutative.
 La justice distributive serait de distribuer des biens.
 La justice commutative serait la justice du synallagmatique, donc la justice du contrat.
 La justice corrective serait la justice qui corrige ce à quoi je n'ai pas droit.
Ces 3 principes ne sont pas une idée mais correspondent au fonctionnement qui permet de garantir l'ordre
social.

LA JUSTICE EN TANT QUE NOM (CONVENTION)


Guillaume d'Ockham, un moine franciscain où la communauté vit selon la règle de St-François qui est le
vœu de pauvreté, est connu pour la fameuse querelle des universaux.
Il va s'attaquer à la vision de Platon sur le monde des idées.

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[À l'époque, Aristote est considéré comme un philosophe païen et n'est pas connu. C'est Thomas d'Aquin
qui va introduire sa philosophie.]
Ockham critique la notion d'humanité en parlant d'un décalage entre le réel des idées et le réel lui-
même.
En ce temps, le Pape demande à ce que l'impôt soit prélevé à l'Église pour le redistribuer à la justice.
Ockham va venir et dire que, comme sa communauté est pauvre, cette dernière ne devrait pas payer
puisque le domaine ne leur appartient pas mais est à Dieu. Les fruits qui y sont ne servent qu'à vivre mais
pas à faire de l'argent.
Ockham va donc dire que la notion de justice elle-même demandée par le Pape est relative car elle ne
s'applique pas à sa communauté.
 Est-ce-que c'est juste que le pauvre paye autant que le riche ?

Aujourd'hui, à travers cette idée d'Ockham, on pourrait dire qu'au fond la justice n'est qu'une convention
de langage.

Conclusions entre ces auteurs


Le mot justice s'introduit entre plusieurs éléments. On a aussi vu que la justice pouvait être publique ou
privée, ainsi que morale et ethnique. La seule chose qu'on aurait pu aussi voir est que la justice peut être
économique.
Aujourd'hui, on a un mot et des disciplines qui s'intéressent à la justice. Il y a aujourd'hui 4 disciplines : le
droit, le politique, l'économique et l'éthique. Le droit n'est pas simplement une discipline mais aussi une
autorité. Il n'est pas seulement un instrument mais a une autonomie à travers la question de la justice.

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