Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Hiver 2010
DÉPARTEMENT DE PHILOSOPHIE
Plan de cours
DISCIPLINE : Philosophie
APRES-MIDI
Objectif ministériel
Traiter d’une question philosophique d’une façon rationnelle, et plus précisément :
• distinguer la philosophie des autres discours sur la réalité;
• produire une argumentation sur une question philosophique;
• présenter la contribution de philosophes de la tradition gréco-latine.
Thématique du cours
Ce cours se veut une introduction à l’activité philosophique : il examine les fondements de la
pensée rationnelle. Aussi commencerons-nous notre démarche en suivant les premiers pas de la
réflexion philosophique dans la Grèce antique. Socrate, souvent reconnu comme le premier
philosophe occidental, vécut au cinquième siècle avant notre ère. Il est notamment connu pour
deux affirmations importantes : « Connais-toi toi-même » et « Ce que je sais, c’est que je ne sais
rien ». Socrate suggérait ainsi que la philosophie oscille entre le constat d’une ignorance et le
désir de connaissance. Ce cours explorera cette tension : nous partirons de la seconde affirmation
socratique, pour aboutir, à la fin de la session, à la première.
Problématique
Par ces deux affirmations, Socrate répète la devise du temple d’Apollon à Delphes. Il reconnaît la
réponse du dieu qui, lorsqu’un jeune homme lui demanda quel était l’homme le plus sage,
répondit que c’était bien Socrate : « Le plus sage d’entre vous, hommes, c’est celui qui a reconnu
comme Socrate que sa sagesse n’est rien1. » Socrate dit effectivement : « Je ne suis pas du tout
sage moi-même et je ne puis présenter aucune trouvaille de sagesse à laquelle mon âme ait donné
le jour. » La sagesse de Socrate serait-elle donc… de ne rien connaître? Et pourtant, le philosophe
ajoute : « Mais ceux qui s’attachent à moi, bien que certains d’entre eux paraissent au début
complètement ignorants, font tous, au cours de leur commerce avec moi, […] des progrès
merveilleux, non seulement à leur jugement, mais à celui des autres2. »
Nous sommes ainsi face à une situation apparemment paradoxale : le premier philosophe doit sa
sagesse au fait de ne rien savoir, alors qu’il reconnaissait pourtant pouvoir faire progresser les
autres sur la voie de la sagesse. Mais alors, qu’est-ce que la connaissance, si même une ignorance
peut être considérée comme un savoir, voire comme une sagesse? Et qu’est-ce que la
transmission du savoir — ou l’éducation —, si Socrate, qui dit ne rien savoir, peut faire
progresser un ignorant? Les réponses à ces questions demandent certainement que l’on élucide la
nature de la sagesse dont parlait le premier philosophe.
Pour y voir plus clair, nous étudierons un dialogue entre Socrate et certains penseurs de son
temps. Ceux-ci, contrairement à Socrate, disaient savoir de nombreuses choses — et peut-être
1
Platon, Apologie de Socrate, 21a et 23b.
2
Platon, Théétète, 150d.
3
même toutes choses. Ces penseurs sont les sophistes, au nombre desquels figurent Protagoras et
Gorgias. Ce dernier invitait d’ailleurs ses interlocuteurs « à lui poser toutes les questions qu’il
leur plaisait et il s’engageait à répondre à toutes », se disant en outre capable d’enseigner son
savoir qui contenait, dit-il, « toutes les puissances » et qui transmettait « le bien suprême3 » pour
l’être humain.
3
Platon, Gorgias, 447c, 456b et 452d.
4
semaines permettront aux étudiants de faire une série d’exercices d’argumentation, en plus de
lire :
• un chapitre de Schopenhauer, L’art d’avoir toujours raison
Relâche
thématiques : (4.2) Quelles sont les différences entre l’enseignement sophistique de Protagoras et
l’activité philosophique de Socrate, tels que ces deux penseurs se présentent au début du
dialogue? Quelles sont les thèses (et les arguments) de Protagoras et de Socrate quant à
l’enseignement de la vertu? (4.3) Comment se distinguent les deux méthodes employées par
Protagoras (muthos, logos)? Se révèlent-elles efficaces pour répondre aux questions
philosophiques de Socrate? (4.4) Quelle est la particularité de la méthode dialectique employée
par Socrate et comment est-elle liée à l’impératif commandant de « faire l’épreuve de soi »? (4.5)
Comment le rationalisme socratique (et la métrétique qu’il pratique) permet-il de répondre à une
opinion commune (et donc non philosophique)? Comment l’hédonisme socratique se distingue-t-
il de l’hédonisme commun?
Cette étude du Protagoras nous permettra de distinguer les positions philosophique et
sophistique sur la possibilité de la transmission du savoir, et de constater que bien que Socrate
nous laisse sur l’affirmation de la puissance du savoir, sa définition de la sagesse repose toujours
sur le constat d’une ignorance. Le rationalisme socratique présente-t-il une réponse à la question
sur la transmission du savoir? La lecture pour cette section est :
• le Protagoras de Platon (un horaire précis de lecture sera distribué à la fin de la septième semaine)
Examen final
6
3) Le sophiste : en quête
3.2 Gorgias 6–7
de connaissance?
5) Conclusion : la
philosophie comme 4.1 Autarcie et ataraxie chez les Stoïciens 14 – 15
« mode de vie »
7
Pédagogie
Le cours est composé :
La philosophie n’est pas une démarche solitaire : elle se construit dans la discussion, que celle-ci
soit formée d’échanges, d’argumentations ou même de questionnements. Autrement dit, la
philosophie est une activité sociale et dialogique. La discussion a donc une grande valeur, et je
vous invite à poser des questions, puisque cela fait intégralement partie de la philosophie.
Les textes devront être lus avant les cours pour préparer les discussions et les exercices. Vous
aurez aussi besoin de ces textes pour faire vos travaux.
Afin de guider vos lectures, des plans des séances et des listes de questions pour travailler les
textes seront affichés à chaque semaine sur LÉA. Vous devrez les télécharger et les imprimer
pour les apporter en classe, afin de travailler les textes en commun.
La lecture des textes à l’étude est obligatoire. Vous pourrez ainsi faire vous-mêmes la démarche
philosophique en entrant dans les textes pour discuter avec les auteurs. Ce cours vise notamment
à montrer que la philosophie pose des questions éternelles (et donc toujours actuelles) pour l’être
humain. La lecture des textes permet à l’étudiant de s’approprier ces questions. Les exposés du
professeur sont donc un complément plutôt qu’un substitut aux textes à l’étude : cela signifie que
la prise de notes par les étudiants ne peut pas remplacer la lecture des textes.
Présence au cours
Pour la bonne marche du cours, et pour une réussite aux évaluations, les étudiants doivent
impérativement assister à tous les cours, et faire les lectures assignées avant les cours.
8
Évaluations
Sections
Exercice Points Remise4
du cours
Rédaction 1.1 à 1.2 15 % semaine 3
Exercices sur la logique de l’argumentation 2.1 à 2.3 10 % semaine 4
Rédaction argumentative sur Gorgias et Protagoras 3.1 à 3.3 20 % semaine 7
Examen de mi-session (en classe) 1.1 à 3.3 20 % semaine 8
Dissertation sur le Protagoras 4.1 à 4.4 15 % semaine 12
Examen final à développement (en classe) 1.1 à 5 20 % semaines 15 à 17
Règlements
Local : D-2134
Horaire : 9h – 17h (du lundi au jeudi; fermeture à 16h30 le vendredi)
Tél. : 450-679-2631, poste 8052
4
Les semaines de remise sont indiquées ici à titre indicatif. La marche du cours pouvant entraîner des modifications au calendrier,
l’étudiant devra se conformer aux directives données en classe. À la mi-session, l’étudiant aura accumulé 45 % de la note du cours
et 25 % de ses résultats lui auront été rendus.
9
• Employez tous les dictionnaires spécialisés qui peuvent vous aider : pour l’orthographe, le
Robert ou le Larousse; pour la conjugaison, le Bescherelle; pour la grammaire, le
Multidictionnaire ou le Grévisse.
• Imprimez votre texte pour le lire et le corriger sur papier avant de le rendre au professeur.
• Faites relire votre texte sur papier par quelqu’un d’autre (parent, ami bon en français)
avant de le rendre : une deuxième paire d’yeux trouve souvent des erreurs qu’on ne voit
pas soi-même!
L’étudiant doit respecter les Normes de présentation matérielle des travaux écrits adoptées par le
Collège. Elles sont disponibles sous la rubrique « Aides à la recherche » des Centres des
ressources documentaires du Collège (http://ww2.college-em.qc.ca/biblio/) et peuvent être
téléchargées en format « pdf » à l’adresse http://ww2.college-em.qc.ca/biblio/normes.pdf.
Règlements
Règlements institutionnels
Le texte intégral des règlements institutionnels du Collège Édouard-Montpetit est accessible sur
le site Internet du Collège (www.college-em.qc.ca).
Plagiat
Le plagiat consiste à utiliser ou à copier de façon totale ou partielle, littérale ou déguisée, le texte
d’autrui (livre, article, site Internet, etc.) en le faisant passer pour sien OU sans indication de
référence, à l’occasion d’un travail écrit ou de toute activité faisant l’objet d’une évaluation.
Aucun retard n’est permis pour la remise des travaux. Les étudiants doivent remettre au
professeur le travail à la date indiquée, au début du cours.
En cas de force majeure (maladie, funérailles), il revient à l’étudiant de prendre les mesures pour
rencontrer le professeur et lui expliquer les motifs de son absence avec pièces justificatives à
l’appui. Si les motifs sont reconnus graves par le professeur, des modalités de report de
l’évaluation pourront être convenues. Si ces conditions sont remplies, le retard pourra être
sanctionné d’une pénalité à l’évaluation : il y aura une pénalité de 2 % par jour, pour un
maximum de 10 %5.
Absences
Un étudiant qui aura été absent à plus de 10 % de la période totale prévue pour un cours sera
invité à rencontrer son professeur, qui l’avisera des conséquences possibles de ses prochaines
absences.
Est susceptible de n’être plus admis en classe tout étudiant qui, malgré cette invitation et cet avis,
se sera absenté à plus de 20 % de la période totale prévue pour un cours. En ce cas, la note portée
au bulletin sera la note totale obtenue (compilée ou non) au moment de l’expulsion.
Bibliographie
Ouvrages généraux sur la philosophie et dictionnaires spécialisés
BONNEFOY, Yves (dir.), Dictionnaire des mythologies et des religions des sociétés traditionnelles et du
monde antique, Paris, Flammarion, 1998, 2 vol.
CUVILLIER, A., Vocabulaire philosophique, Paris, L.G.F., coll. Le Livre de poche / Biblio essai, 1988.
HYPPOLITE, Jean, Figures de la pensée philosophique, Paris, P.U.F., coll. Épiméthée, 2 vol., 1971.
JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, trad. J. Hersch, Paris, U.G.E., coll. 10/18, 1971.
LALANDE, André, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, P.U.F., 1962.
LARAMÉE, Hélène, L’art du dialogue et de l’argumentation. S’initier à la pensée critique pour le cours
Philosophie et rationalité, Montréal, Chenelière Éducation, 2009.
Philosophie grecque
ARISTOTE, Métaphysique, trad. J. Tricot, Paris, Vrin, coll. Biblio. des textes philosophiques, 2 vol., 1991.
—, Les réfutations sophistiques, trad. L.-A. Dorion, Paris/Québec, Vrin/P.U.L., 1995.
—, Rhétorique, trad. C.-É. Ruelle et P. Vanhemelryck, commentaire de B. Timmermans, intro. de
M. Meyer, Paris, L.G.F., coll. Le livre de poche / Classiques de la philosophie, 1991.
5
Par souci d’équité envers tous les étudiants, le professeur n’acceptera pas plus de 5 jours de retards (et donc 10 % de pénalité)
avec motivation. Au-delà de cette limite de cinq jours de retard avec entente préalable, l’étudiant aura « zéro ».
11
ARRIEN, Manuel d’Épictète, intro., trad. et notes par P. Hadot, Paris, L.G.F., coll. Le livre de poche /
Classiques de la philosophie, 2000.
DUMONT, Jean-Paul (dir.), avec D. DELATTRE et J.-L. POIRIER, Les écoles présocratiques, éd. Diels-
Kranz, Paris, Gallimard, coll. Folio, 1991 (1988).
Ce livre est un recueil des fragments des penseurs présocratiques ainsi que des sophistes.
PLATON, Gorgias, trad. M. Canto, Paris, Garnier-Flammarion, coll. GF, 1993.
—, Ménon, trad. M. Canto-Sperber, Paris, Garnier-Flammarion, coll. GF, 1991.
Ce dialogue de Platon fait suite au Protagoras.
—, Protagoras, trad. F. Ildefonse, Paris, Garnier-Flammarion, coll. GF, 1997.
—, La République, trad. Georges Leroux, Paris, Garnier-Flammarion, coll. GF, 2002.
L’un des plus célèbres ouvrages de philosophie; le traducteur est professeur au Département
de philosophie de l’UQÀM.
—, Théétète, trad. M. Narcy, Paris, Garnier-Flammarion, coll. GF, 1994.
Platon attaque ici la théorie de la connaissance de Protagoras.
MOREAU, J., « Le paradoxe socratique », Revue de théologie et de philosophie, n° 110, 1978, p. 269-279.
SAMAMA, Guy (dir.), Analyses et réflexions sur Platon, Gorgias, Paris, Ellipses, 2003.
VLASTOS, Gregory, « Socrate », in M. CANTO-SPERBER (dir.), Philosophie grecque, Paris, P.U.F., coll.
Premier cycle, 1998, p. 123-144.