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CHAPITRE III APERCU SUR L’HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE

LES SUCCESSEURS DE SOCRATE

I- PLATON (427-347av J.C)


1- Biographie

Disciple de Socrate, Platon est l’un des illustres philosophes de l’Antiquité. Né vers –
428/427 à Athènes et mort vers – 347/346 av. J-C. Il est le fondateur d’une école appelée
« L’Académie », une université qui fonctionne jusqu’en 529 ap. J-C. Il est l’un des plus grands
philosophes de l’Antiquité au même titre qu’Aristote, son disciple et ancien de l’Académie. Son
grand mérite est de nous faire connaître Socrate, l’homme à l’enseignement oral, qu’il a pris comme
le porte-parole de sa philosophie.

2- L’objet de sa philosophie :

Platon est un philosophe qui centre sa réflexion sur la connaissance ; la recherche de la


vérité, l’âme, la politique, la morale, la justice.

3- Les pensées de Platon


a- Distinction entre deux réalités

La théorie des idées de Platon l’amène à distinguer deux mondes distincts dont l’une est
dépendant de l’autre : Le monde sensible qui est de nature illusoire et le monde des idées qui est la
vraie réalité.

 Le monde sensible : c’est ce monde apparent et physique avec lequel nous somme
perpétuellement en contact ; monde des apparences ; siège des objets concrets et familiers ;
réalité matérielle soumis au changement et à l’évolution ; monde de la transformation
perpétuelle ; monde de devenir.

 Devenir (selon Platon) = dégradation, corruption, dégénérescence,


imperfection.

Ex : quand vous tracez un cercle sur une feuille, il ne va pas être un cercle parfait.

 Le monde intelligible : réalité invisible et imperceptible par les sens mais une réalité
supérieure que la réalité sensible ; monde des essences, des idées, des formes intelligibles.

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- Les essences ont un degré de réalité supérieur à la réalité sensible

- La vraie réalité n’est pas la matérialité, le palpable, le perceptible, ce qu’on


peut voir.

- C’est une réalité immatérielle, structure immatérielle de toutes choses


matérielle et sensibles

Explication

La chose véritable, pour lui, n’est pas la chose telle qu’elle apparait car l’apparence est
trompeuse, illusoire et changeant ; elle est ce qui fait que la chose est, saisie par l’esprit, énoncée
par le langage. Cette réalité fondamentale des choses, Platon l’appelle Idée, terme qui renvoie à la
forme essentielle des choses, à leur « en-soi ». L’en-soi est la chose simplement visible par
l’intellect et par l’âme. C’est que l’on nomme l’idéalisme de Platon.

 L’idéalisme est une doctrine philosophique selon laquelle l’être des choses c’est l’idée que
l’esprit possède de ces choses.
- Exemple : La beauté n’est pas la chose belle ; mais ce qui rend belle la chose.

En ce sens, les Idées permettent à l’homme d’accéder à réalité des choses. Dit autrement, elles
sont des éléments permettant l’accès à la vérité absolue, immuable et stable. Grâce à l’idée,
l’homme dépasse les apparences sensibles qui sont changeantes, instables évanescentes et accède
à la véritable réalité au moyen de la dialectique.

b- Allégorie de la caverne (Livre VII dans Le République) :

Représentation métaphorique de l’ignorance des hommes.

A Chercher

c- L’âme au fondement de la connaissance


 La réminiscence

Selon Platon, l’âme a su ; elle est soumise à une trilogie : savoir/ oubli/ souvenir. Ce «
ressouvenir » ou réminiscence, au cœur de la théorie platonicienne de la connaissance, est aussi
une preuve de l’immortalité de l’âme. La maïeutique intervient ici à titre d’aide à la remontée des
souvenirs : par son lent travail d’accouchement, l’âme finit par mettre au jour la vérité dont elle est

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grosse. La connaissance vient donc d’abord de l’intérieur de soi, d’une redécouverte de vérités
oubliées, enfouies au plus profond d’une mémoire défaillante.

 « Connaitre c’est ressouvenir » Platon


d- Conception politique de Platon
 La cité idéale est la cité où règne la justice et où les philosophes sont rois :

Il faut attribuer le pouvoir aux philosophes car ils sont des gens cultivés et possèdent la
connaissance de l’immuable, du juste, du beau et du bon. Platon fait du philosophe le seul homme
vraiment digne de gouverner la cité parce qu’il a, seul, le privilège de la contemplation des Idées.
Car les futurs gouvernants en charge des affaires de l’État ne pourront accéder à leur responsabilité
et à leur tâche qu’après un long apprentissage et une éducation morale et intellectuelle rigoureuse.

 L’État juste comporte trois classes :


 Les artisans, les paysans, les marchands ;
 Les gardiens ;
 Les dirigeants (philosophes).

La justice réside dans le fait que chaque classe exécute sa fonction propre, préservant
l’équilibre hiérarchique de la cité. Les dirigeants seront sages ; les guerriers courageux ; les
gouvernants et les gouvernés manifesteront leur complet accord par la tempérance.

 « Il faut que les philosophes soient rois ou que le roi soit philosophe » Platon
4- Finalité de sa philosophie
 Se désillusionner de l’apparence du monde sensible pour accéder à la vraie réalité.
 Il faut connaitre par l’âme et non par la sensation.
 Les connaissances sont déjà en nous mais il faut faire des efforts (maïeutique) pour les
faire émerger.
 Instaurer une société idéale et harmonieuse, une Cité juste fondée sur la justice et la
morale.

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II- ARISTOTE (384-322 av.J.C)
1- Biographie

Aristote est née à Stagire en Macédoine, d’où le surnom de Stagirite. Son père, s’appelle
Nicomaque, qui était médecin. Cette filiation permet de comprendre l’intérêt que le philosophe ne
cessera de porter à la biologie. Vers – 366, il se rendait à Athènes, entre à l’Académie et devenait
vite l’un des plus brillants disciples de Platon qui le surnommait « le Liseur ». Il y suivait pendant
vingt ans les leçons de son maitre. En – 347, à la mort de son maître qu’il ne se prive pas de
critiquer, il rompait avec l’Académie, et fondait sa propre école le « Lycée ». Il était aussi le
précepteur du célèbre Alexandre le Grand. Ces œuvres les plus célèbres sont : L’organum, Traité
du ciel, La physique, De l’âme, Ethique à Nicomaque, La politique

Remarque : Aristote est un péripatéticien : on dit « l’école péripatéticienne » pour dire «


l’école aristotélicienne ». En grec, le mot péripatétikos signifie « qui aime se promener en discutant
», il vient d’un verbe qui signifie « aller et venir ». Aristote aimait donner ses leçons en marchant.

2- L’objet de sa philosophie

Aristote s’intéressait à tous les domaines du savoir mais les plus importants sont : la logique,
la métaphysique, la physique, la politique, l’éthique, la rhétorique, l’âme.

3- Les pensées d’Aristote :


a. La matière et la forme :
Aristote rejette la théorie des Idées de son maître Platon. L’hypothèse d’une Forme séparée de
l’être sensible lui semble extravagante. Les êtres sont constitués d’une matière et d’une forme. La
forme n’est pas en dehors des êtres mais en eux. Il n’existe pas une chevalinité, qui ne hennit pas,
dans le ciel des Idées et de laquelle descendent au galop tous les chevaux de la terre. Aux yeux
d’Aristote, le Lit qui serait le modèle de tous les lits sensibles est une histoire à dormir debout.
Aristote pose l’unité du monde organisé par un principe intelligible (la forme), immanent à la
structure de la matière.
Pour Aristote, l’idée ou la forme ne se promène pas toute seule dans le ciel intelligible en
compagnie des dieux mais réside dans l’être même et détermine son espèce. Penser, connaître, c’est
dégager, abstraire la forme qui est dans tous les êtres et les choses et non pas (comme chez Platon)
s’échapper d’eux pour s’élever jusqu’à un prétendu monde des Idées. Il y a entre les êtres d’une

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même espèce (par exemple les hommes) une forme commune que la pensée peut dégager après
l’avoir reconnue.
Remarque : Comme Platon, Aristote distingue et oppose deux mondes ; seulement, à la
différence de Platon, ces mondes appartiennent tous deux à la réalité physique.
b. Puissance et acte :
Chaque chose est en mouvement, en changement. Elle est « en puissance », c’est-à-dire en
possibilité de se faire. Par exemple :
 Les briques et les pierres sont des maisons « en puissance » ;
 Les élèves de la classe de première sont des élèves « en acte »
 Un homme existe « en puissance » dans l’embryon ;
 La poule existe « en puissance » dans l’œuf ;
 La fleur existe « en puissance » dans la graine
« L’acte » représente la fin, l’achèvement de la puissance. Aristote donne à plusieurs reprises cet
exemple : la statue existe en puissance dans le bloc de marbre, elle existera en acte une fois qu’elle
aura été achevée par le sculpteur.
c. Les trois âmes
La distinction qu’Aristote opère entre trois types d’âme suit la tripartition biologique des
plantes, des animaux et des hommes :
 L’âme végétative ou sensitive est propre aux plantes ;
 L’âme motrice est propre aux animaux ;
 L’âme intellective est propre aux hommes.
Les animaux sont plus parfaits que les plantes parce qu’ils possèdent, outre l’âme végétative
qui leur permet de croître et de se reproduire, l’âme motrice qui leur permet de se déplacer. Si
l’homme est le plus parfait de tous les êtres vivants, c’est qu’il est le seul à posséder, outre l’âme
végétative et l’âme motrice, l’âme intellective qui lui permet de penser et de connaître.
d. La théorie des quatre causes
Aristote distingue quatre causes :
 La cause finale (le projet du bâtiment achevé);
 La cause matérielle (ciment, eau, bois, carreaux, les marteaux etc );
 La cause efficiente (les maçons, l’ingénieur, l’argent) ;
 La cause formelle (la forme du bâtiment).

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Dans notre conception habituelle, la cause efficiente est la véritable cause, les autres causes
seraient plutôt appelées « conditions ». Mais, pour Aristote, la cause la plus importante est la cause
finale. Par ailleurs, la matière et la forme sont appelées des causes puisque la cause est ce sans quoi
une chose ne saurait exister et que sans la matière ni la forme il n’y aurait pas de bâtiment.
e. Syllogisme d’Aristote
C’est une argument logique composé de trois propositions dont la troisième est déduite des
deux premières. Le syllogisme est un raisonnement déductif qui consiste à tirer d’une ou plusieurs
propositions données une autre proposition qui en est la conséquence nécessaire. Une telle
déduction est un passage de l’implicite à l’explicite.
Le syllogisme, est constitué de trois éléments logiquement liés : la majeure, la mineure et la
conclusion. Aristote en a donné l’exemple devenu classique : « Tous les hommes sont mortels. Or,
Socrate est un homme. Donc Socrate est mortel. »
f. Les grands principes de la logique aristotélicienne
 Principe d'identité (A=A)
Le principe d'identité énonce que ce qui est est, et donc qu'une chose est ce qu'elle est. Par
exemple, la table qui est devant moi est belle et bien cette table, et s’il existe d’autres tables ailleurs,
aucune n’est celle-là. Selon Aristote, le principe d'identité est l'exigence fondamentale du discours
rationnel.
 Principe de non-contradiction (A ≠ non A)
Aristote formule ainsi ce principe : « une même chose ne peut pas, en même temps et sous le
même rapport, être et ne pas être dans un même sujet ». Il existe une impossibilité ontologique de
l'existence des contraires. Par exemple, je ne peux pas dire à la fois de cette rose qu'elle est rouge,
et en même temps qu'elle ne l'est pas mais qu'elle est jaune.
 Principe du tiers exclu (soit A, soit B)
On ne peut attribuer que deux états à une chose, à savoir un état et son contraire (ou l'absence
d'état). Il n'existe pas de troisième état « intermédiaire ». Par exemple : Soit cette rose est vivante,
soit elle est morte. Elle ne peut pas être un peu morte, ou bien encore ni morte ni vivante.
 Principe de causalité (si A, alors B)
Ce principe permet de rendre intelligible le devenir, car si toute chose à une cause, alors une
raison permanente d'un phénomène peut être trouvée. En supposant ainsi qu'une même cause
produit toujours le même effet, la raison dispose d'un critère de connaissance. Tout effet a une

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cause et dans les mêmes conditions la même cause produit les mêmes effets. Toujours pour
reprendre le même exemple, la "cause" de cette rose est en partie dans la graine de laquelle est née.
g. Une morale du juste milieu
La morale d’Aristote repose sur l’idée de juste moyenne également éloignée de l’excès et
du défaut. Ainsi le courage, qui est une vertu, n’est pas la témérité (qui est un excès) ni la lâcheté
(qui est un défaut) ; la bienfaisance (vertu) n’est ni la prodigalité (excès) ni l’avarice (défaut), etc.
Mais ce juste milieu n’est pas une faiblesse. Il représente au contraire une excellence. D’ailleurs le
nom grec signifiant « vertu » veut dire « excellence ».
h. Ni dieu ni bête : la sociabilité naturelle de l’homme
L’homme, dit Aristote, est par nature un être social et celui qui vit à l’écart, parce qu’il est
dans l’incapacité de vivre avec les autres ou parce qu’il n’en éprouve nullement le besoin, n’est pas
réellement un homme, mais soit une bête soit un dieu.
 « L’homme est naturellement une animal politique » Aristote
i. Dieu
Aristote ne croit à Dionysos et à Apollon ; du moins, il ne croit pas que ce sont des êtres
réels qui accomplissent les actions que les mythes leur attribuent. Sa Métaphysique parle de Dieu
(au singulier) qu’il définit par trois formules énigmatiques : moteur immobile, pensée de la
pensée et acte pur. Mais si Aristote n’était pas polythéiste à la manière de l’immense majorité de
ses contemporains, on ne peut pas dire non plus qu’il était monothéiste à la manière des chrétiens,
même s’il parle d’un Dieu unique. Ce Dieu, en effet, n’est pas une personne et il ne possède aucune
dimension morale, sans parler d’un pouvoir créateur – dont les Grecs, d’une manière générale,
récusent le concept. Il possède tout de même un sens cosmologique et est d’abord posé comme une
nécessité de la pensée : toutes les choses dans notre monde sont en mouvement, elles reçoivent et
donnent le mouvement. La chaîne de causalité (quelle est la cause de ceci ? puis la cause de la
cause ? etc.) ne peut pas être infinie, affirme Aristote. Il faut s’arrêter. Tout mouvement est imprimé
à un mobile par un moteur (c’est-à-dire une chose qui donne le mouvement), ce moteur est lui-
même mis en mouvement par un autre moteur, etc. Il faut s’arrêter à un moteur premier qui donne
le mouvement mais ne le reçoit pas. Dieu est ce moteur immobile qui agit à la manière d’un colossal
aimant.

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4- Finalité de sa philosophie

Par rapport à celle Platon, la philosophie d’Aristote est plus réaliste, et englobe tous les
savoirs de son temps.
La philosophie d’Aristote est une philosophie encyclopédique car elle englobe tous les
domaines du savoir : morale, politique, métaphysique, physique, zoologie, biologie, rhétorique.
C’est pourquoi il affirme : « j’appelle philosophe, celui qui possède les connaissances dans la
mesure du possible ». Sa postérité a été extraordinaire car ses œuvres et ses pensées ont traversé
des siècles et ils sont encore d’actualités de nos jours.

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