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DANIEL FIGNOLE
NSIV ses
Socrate est un philosophe grec du Ve siècle av. J.-C. (né vers -470/469, mort en-
399). Il est connu comme l’un des créateurs de la philosophie morale. Socrate n’alaisé
aucun écrit, sa pensée et sa réputation se sont transmises par des témoignages indirects.
Ses disciples, Platon et Xénophon, ont notablement œuvré à maintenir l'image de leur
maître, qui est mis en scène dans leurs œuvres respectives. Les philosophes Démétrios de
Phalère, et Maxime de Tyr dans sa Neuvième Dissertation ont écrit que Socrate est mort
à l’âge de 70 ans. Déjà renommé de son vivant, Socrate est devenu l’un des penseurs les
plus illustres de l'histoire de la philosophie. Sa condamnation à mort et sa présence très
fréquente dans les dialogues de Platon ont contribué à faire de lui une icône
philosophique majeure. La figure Socratique a été discutée, reprise, et réinterprétée
jusqu'à l'époque contemporaine. Socrate est ainsi célèbre au-delà de la sphère
philosophique, et son personnage est entouré de légendes .En dépit de cette influence
culturelle, très peu de choses sont connues avec certitude sur le Socrate historique et ce
qui fait le cœur de sa pensée. Les témoignages sont souvent discordants et la restitution
de sa vie ou de sa pensée originelle est une approche sur laquelle les spécialistes ne
s'accordent pas.
Socrate naquit à Athènes en 470 avant J.-C., à la fin des guerres Médiques, par
lesquelles les grecs mirent fin à l’hégémonie des Perses (on dit aussi des Mèdes) en
Méditerranée. Socrate n’est pas issu d’un milieu aristocratique. Sa mère, Phénarète, était
sage-femme ; son père, Sophonis que, était sculpteur. Les documents historiques donnent
peu de détails sur les circonstances exactes de son éducation. Il est probable qu’il reçut
l’éducation que recevaient les jeunes athéniens de son temps : il dut apprendre la
musique, la gymnastique, la grammatique (c’est-à-dire l’étude de la langue appuyée sur
des textes commentés). Selon certaines sources, Socrate aurait d’abord exercé le métier
de son père ; il aurait sculpté le groupe des Grâce vêtues qui se trouvaient devant le
temple de l’Acropole à Athènes. Le philosophe Platon et l’historien Xénophon
témoignent l’un et l’autre, dans des
écrits qui sont parvenus jusqu’à nous, que Socrate était pauvre et menait une existence
très simple. Avait toutefois fondé une famille : de sa femme Xanthippe il avait eu trois
fils. On connaît très peu de choses de la vie familiale de Socrate si ce n'est que Xanthippe
aurait été une femme possessive et plaintive, que son époux aurait supportée avec
patience.
2. L'orientation intellectuelle de Socrate : l'opposition aux sophistes et la recherche
d'un principe immatériel
D’autres sources prétendent que Socrate fut un élève des sophistes, entre autres
d’Hippias et de Pro dicos, et que lui-même fut un sophiste ; mais cette affirmation est très
contestable. Socrate ne cesse de mettre en cause les sophistes : il s’oppose notamment à
Protagoras, célèbre sophiste de l’époque. Platon témoignera en ce sens. Socrate conteste
la formation intellectuelle préconisée par les sophistes : axée sur l’apprentissage de la
rhétorique (l’art de construire des discours) cette formation met au premier plan la
puissance d’une raison humaine détachée de toute valeur absolue, préoccupée de
s’inscrire dans les rapports de séduction typiques des débats politiques. Socrate met en
cause l’ambition politique fondée sur l’intérêt et met au premier plan la parole soucieuse
de vérité et la réflexion sur l’action morale. D’autres sources encore affirment que
Socrate avait suivi les leçons des savants et philosophes de son temps, et qu’il appréciait
les doctrines posant à l’origine du monde naturel un principe non matériel : ainsi il ne
s’accordait pas avec la doctrine de Thalès qui plaçait l’eau, élément matériel, à l’origine
du monde. Il optait pour un principe immatériel, de nature spirituelle, à la manière
d’Anaxagore, philosophe dont il avait suivi l’enseignement : l’Esprit serait cause
première de la matière. Cette orientation non matérialiste persistera chez son élève Platon
et constituera une des caractéristiques de l’orientation métaphysique.
Socrate ne cesse de dire qu’une divinité (en grec : daïmon - le terme démon est
sa retranscription française) parle en lui et l’incite à rechercher la vérité : cette recherche
passe par la connaissance de soi, par l’activité de la réflexion de l’âme sur elle-même.
Cette divinité est-elle la voix de la conscience ? Symbolise-t-elle la conscience morale et
l’esprit critique ? Ces hypothèses ont été formulées : Socrate se réfère toujours à son«
démon » pour mettre en évidence une puissance intérieure et intime l’orientant dans
l’existence de manière impérieuse et l’obligeant à découvrir la vérité sans référence aux
conventions extérieures. Ainsi l’âme, puissance de réflexion, est puissance de
dévoilement de la vérité. Cette puissance libre et personnelle semble mettre au premier
plan la puissance d’un sujet individuel dégagé des impératifs de la simple coutume. Ainsi
Socrate semble menacer l’ordre même de la cité athénienne : il a l’audace d’invoquer
cette puissance intérieure, absolument personnelle, plutôt que de se référer, sans examen,
aux devoirs dictés par la religion en vigueur – ces devoirs qui fondent l’ordre traditionnel
de la communauté. Cette audace de l’individu animé d’esprit critique, jugeant par soi-
même ce qui vaut et ce qui ne vaut pas, sera estimée dangereuse : la condamnation à mort
de Socrate vient en droite ligne de cette attitude de contestation critique individualiste.
En 399 avant J.-C. trois citoyens athéniens déposèrent une plainte à l’encontre de
Socrate auprès des tribunaux d’Athènes : Mélétos, jeune poète, Lycon, membre du parti
démocratique, et Anytos, riche commerçant et personnage influent d’Athènes ayant
œuvré pour le rétablissement du régime démocratique (ce dernier sera représenté par
Platon dans le dialogue le Ménon). Ils sont convaincus, comme beaucoup d’autres
citoyens, que Socrate s’attaque aux traditions (religieuses et politiques) de la cité et
exerce une influence malsaine sur l’esprit des jeunes gens. Le procès s’effectue en toute
légalité. Socrate effectue lui-même sa défense, selon l’usage courant. Il plaide non
coupable et met au premier plan sa mission divine - celle que son « démon » personnel
l’incite à remplir. Avec dignité et ironie il provoque ses juges : il insiste sur la fausseté
des motifs d’accusation et en met en relief l’injustice même de ses accusateurs. Dans le
même mouvement il dénonce l’attitude lâche et immorale des Athéniens complices de
l’accusation, invoque la conscience morale des honnêtes gens, et prophétise la justice
future qui ne manquera pas de lui être rendue.
Le verdict suivant sera émis, à la majorité des voix : la condamnation à mort par
empoisonnement. Socrate, à la nouvelle du verdict fatal, il ne manifeste aucune crainte,
aucune colère : l’âme est immortelle, seul le corps périt. Ce calme et cette détermination
campent le portrait du sage métaphysicien. La mort par empoisonnement était en usage
dans la cité d’Athènes de cette époque ; les condamnés à mort absorbaient un liquide
fabriqué à partir de l’extrait d’une plante toxique : la ciguë. La mort infligée était rapide
et spectaculaire. Platon, dans les dialogues intitulés le Phédon et le Criton raconte les
derniers moments de Socrate dans sa prison et relate les discussions engagées avec ses
disciples (notamment sur l’immortalité de l’âme) ainsi que les raisons qui amenèrent
Socrate à refuser de s’évader. Dans l’Apologie de Socrate, il retrace le procès de Socrate
et relate les paroles adressées au philosophe à ses juges. La dignité morale de Socrate est
au premier plan. La philosophie occidentale, à la suite de Platon, ne cessera de célébrer
Socrate comme modèle exemplaire de grandeur spirituelle et morale.
CONCLUSION