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INTRODUCTION A LA BIOLOGIE D’ARISTOTE Réponses aux objections :

CHAPITRE 1. « L’ENQUÊTE » ET LA SCIENCE 1° Aristote inaugure une science nouvelle dont la tâche consiste à collecter, recenser et à enregistrer
De la collecte des faits à la recherche des causes une information surabondante. Le vivant parce qu’il est irrégulier et toujours en mouvement : il
représente un matériau colossale qu’il est jamais possible de rendre de manière exhaustive.
Biologie : terme jamais employé par Aristote (c’est lui qui l’institue entre autre comme science). Il L’expérimentation scientifique n’est pas appropriée à la zoologie descriptive d’Aristote qui est avant
procède de manière scientifique dans son étude des animaux. tout une suite de constations. La perception extérieure du vivant n’a pas besoin d’une expérience en
laboratoire : il ne veut pas découvrir quelque chose d’inconnue mais simplement rendre compte ce qu’il
Enjeux du premier chapitre : perçoit.
▪ Prendre du recul à la dévalorisation que la philosophie a pu avoir vis-à-vis du corpus
biologique d’Aristote : les recherches biologiques d’Aristote réponde à une méthode 2°Aristote ne disposait pas de moyens techniques d'appareils dont dépend la science. Il ne faut pas
véritablement scientifique. Réhabiter Aristote biologiste. accorder à cette remarque plus d'importance qu’elle n’en a : les commerçants grecs pesait et mesurait
▪ Comment avec Aristote le vivant, qui n’était pas considéré comme objet de science va les animaux morts. Ce n’est pas l’effet d’une erreur mais un choix avisé : c’est la forme et la fonction
devenir un objet scientifique et philosophique ? plutôt que le poids et la taille qui importe dans l’étude du vivant. C’est de manière volontaire qui laisse
ça de côté.
1.1. Histoire des animaux : une simple collecte de faits ?
C’est l’ouvrage le moins philosophie d’Aristote mais certainement aussi l’ouvrage le moins Ses ouvrages sont une référence pour les naturalistes du 18ème (Cuvier, Darwin par exemple).
philosophique de toute la philosophie. Pourtant, c’est certainement le livre d’Aristote qui a une plus Considérer comme le plus ancien auteur d’anatomie comparé. Il sera le point de départ d’un immense
grande postérité (hors philosophie : du côté des naturalistes ou des scientifiques). catalogage.

« Histoire » : historia = enquête / recherche Taxinomie : vient du grec taxis qui signifie l’ordre :
➢ Le fait de classer et de nommer les vivants en espèce, en genre, en sous-espèces.
Cet ouvrage examine en détails toutes les parties externes et internes des animaux : les différents ➢ Ambition de rendre compte de tout ce qui est sensible et de l’ordonner.
composants dont les corps des animaux sont constitués (le sang, les poils, les différents mode de
reproduction de ces animaux en fonction des espèces, comportements etc.). Variété des objets étudiés En réalité, Aristote : pas le père de la taxinomie.
dans l’HDA : le sang, les yeux, les dents, le sommeil, les menstruations, les poumons etc.
(1) Parties des animaux, I, 5, 645a15
Il est difficile de classer cet ouvrage dans l’histoire de la philosophie. On parle de « zoologie » mais D'Arcy W. Thompson, The legacy of Greece
les commentateurs modernes s’accordent à dire que l’Histoire des animaux consiste en une moriologie
(Pierre Pellegrin = la science/l’étude des parties). L’idée est de décomposé l’objet étudié en segment, 1° Manifestation de l’humain pour le dégoût, un certain, l’attrait pour la laideur. L’œil humain est
en partie. Etude du vivant comme étude du tout à travers la question de la partie. souvent attiré par ce qui gêne, ce qui n’est pas grâcieux. Cf. « Monstre » : monter, exhiber.

HDA constitue une éthologie, c’est-à-dire l’étude des comportements animaux. Aristote fait à la fois 2° Le rapport aux phénomènes et à l’observation des choses sensibles :
un travail d’anatomie (il décompose les parties des organismes par leur observation extérieur). Mais, il - Le phénomène : le fait d’apparaître, d’être visible, d’être sensible => ce qui apparaît,
va également voir dans le vivant les parties internes. Il étudie également le vivant en mouvement : il l’apparence du monde
est en ce sens précurseur de la physiologie (= s’intéresse à l’organisme en acte, en train de se mouvoir - Chez Aristote, on note une importance accordée au sensible (à distinguer avec Platon).
etc.). Le vivant est étudié comme tel (pas simplement à travers ses parties). C’est l’étude anatomique
des différentes parties des vivants qui va permettre au vivant d’être étudié comme tel et comment
chaque partie s’agence avec les autres. Pour les atomistes : intuition que le réel tel que je le perçois me présente des unités constituées
d’atomes.
HDA : le caractère anecdotique des thèmes abordés et les aberrations qu’on peut lire (exemple : la ▪ Pour eux, quand on meurt, on se dissout et on devient autre chose.
génération spontanée : le phénomène lors duquel des vivants d’une matière sans avoir été le fruit d’une ▪ Les sens ne nous donnent pas une image fidèle de la réalité des choses : exemple :
reproduction entre des individus, exemple : les verres) ont contribué à la décrédibilisation et donc à Démocrite : la tour carré vu ronde de loin
l’oubli de ces œuvres. Par ailleurs, la science moderne reproche à Aristote de ne pas se satisfaire aux ▪ L’atomisme pointe donc vers un certain scepticisme. Ce scepticisme au cœur de l’atomisme
exigences de la science moderne et de la méthode expérimentale (ne répète pas les observations qu’il qui voit le décalage entre ce qu’est la chose et va indiquer quelque chose de certain : le
fait pour en vérifier ou infirmer des propositions). On a reproché à Aristote de n'avoir aucune idée de phénomène n’est que l’apparence d’une combinaison atomique invisible.
l'importance des mesures. La science est quantitative. Or les descriptions aristotélicienne sont
qualitatives. N'étant pas lui-même un mathématicien il n'a jamais songé à mathématiser la zoologie Platon : le réel n’a pas la vérité, la réalité de son modèle. Il y a une inadéquation ente le phénomène et
c'est-à-dire à mesurer les échantillons étudiés. la chose réelle. L’observation n’a aucune valeur épistémique, càd du point de vue de l’accès à la
connaissance.
PA : ouvrage davantage considéré comme philosophie et marque le début d’une longue relation entre
Aristote se distingue de Platon (pour qui le divers du réel, la matérialité du monde sensible est la philosophie et la biologie.
répugnante car marqué par l’imperfection et pcq elle rend le monde sensible impropre à la
contemplation). Pour Aristote, le phénomène a en soi une valeur de vérité non pas en tant qu’ils sont Pour cette raison on a longtemps considéré que PA écrit après HDA : idée remis en cause.
les indicateurs d’autres choses qui seraient ailleurs mais en tant qu’il est la manifestation de la cause. 1er livre de PA : long préambule méthodologique
Le phénomène observable c’est l’exhibition des causes qui meuvent les êtres naturels.
Il va étudier les animaux à travers les concepts acte/puissance, à travers les couples forme/matière,
Certes, certains phénomènes peuvent paraître trompeurs : mais en réalité c’est moi qui me trompe, pas essence/accident.
le phénomène : c’est notre insuffisance qui nous trompe et pas le réel.
Dans PA, Aristote s’appuie sur sa théorie des 4 causes avec plus d’intensité que dans La Physique.
Aristote : refus du snobisme du phénomène et une véritable valeur épistémique accordée à la
perception. Certains commentateurs parle d’étiologie (vient de aitios = la cause) => la science des causes

On voit un premier indice de l’intrication chez Aristote entre métaphysique et physique : Arioste Science aristotélicienne : une recherche des causes qui permet de rendre compte du fonctionnement
considère qu’il y a une continuité entre les êtres physiques et les êtres métaphysiques dénués de matière des choses qu’elles concernent.
(Dieu, les âmes etc.). Ce qui se situe au-delà de la physique et au-delà de la matérialité et des corps :
on voit tout de même à l’œuvre la métaphysique et le divin à l’œuvre dans la matière. Pas de décrochage PA : parmi les choses du monde physique, l’animal est le lieu privilégié où on peut distinguer
épistémologique entre la métaphysique et la physique. Elles traitent d’objets différents mais elles l’hylémorphisme et les 4 causes à l’œuvre. Ces deux principes à l’œuvre dans toute la physique mais
constituent un tout : le cosmos. le vivant est dans tous les entités qui peuplent la physique/le monde de la physique est celle où on va
mieux discerner les parties, où on voit le mieux les quatre causes en action (les autres étant moins
Pas pour la beauté que Aristote fait entrer le divin dans l’humilité de la nature : il y a une véritable mobiles ou inertes).
raison à associer les formes physiques de la nature aux principes suprêmes qui les expliquent et les
configurent. Observer le vivant c’est comprendre les causes du vivant mais aussi les causes des causes Hylémorphisme : toute substance du monde est une substance composée (de matière et de forme)
donc en partie la manière dont est organisé le cosmos. ▪ Matière sans forme : existe jamais
▪ Toute matière a une forme.
HDA : lecture qui fascine par son volume et la précision de ses contenus. ▪ La forme = quiddité : « ce que c’est » la chose (et qu’elle fait qu’elle n’est pas autre chose)
▪ Les éléments (eau, feu etc.) ont une forme
HDA : pas simplement une collecte de faits bruts : on y trouve déjà à l’œuvre des principes scientifiques ▪ Théorie qui va permettre de se distinguer de Platon : tout ce qui existe est l’union de la forme
puissants, une structure de pensée bien établie. et de la matière
▪ Toute matière est informée : jamais l’expérience d’une matière sans forme (et également pas
L’idée d’une réhabilitation du corps biologique/zoologique d’Aristote a commencé à partir des années de forme sans matière)
70. « Tournant biologique des études aristotélicienne ». Tournant qui a permis de voir que dans la
biologie se trouvait des traces de l’épistémologie d’Aristote. On voit aussi la manière dont se construit
les autres sciences pour Aristote.
Théorie des quatre causes : quatre principes explicatifs d’une chose : le « pourquoi » a quatre réponses :
1.2 De L'histoire des animaux aux Parties des animaux : de la collecte des faits à la recherche des ▪ cause matérielle : la matière
causes et des principes ▪ cause formelle : la forme
▪ cause finale («ce en vue de quoi»)
On voit déjà dans l’histoire des animaux que se construise des faisceaux de correspondance qui ▪ cause efficiente = cause motrice = cause agente
permettent de montrer des rapports entre les animaux entre eux, entre les parties etc. Ce n’est pas un
simple descriptif. Cependant, c’est surtout les parties des animaux (PA) qui permettent de comprendre (4) Métaphysique, H, 4, 1044a
que le vivant a une unité et une façon de fonctionner qui lui est propre et qui correspond à certaines La cause formelle : la manière dont la chose est configurée, dont les parties d’une chose se tiennent
règles. Certaine régularité du vivant. entre elles, la manière dont l’individu présente une uniformité. La forme est pas simplement la forme
extérieure mais la manière dont la matière va être structurée. C’est par la forme dont les individus se
Dans PA, perspective légèrement différente. Aristote ne raconte plus ce qu’il voit : sur la base des distinguent entre eux au sein d’une même espèce mais tout de même des constantes de forme qui fait
expériences de l’HDA, il va aller à la recherche des causes. qu’on se ressemble. La forme est synonyme de substance et de quiddité.

HDA : dit le comment Seule une étude des causes permet de déceler une unité derrière l’apparente diversité, voire l’apparente
PA : dit le pourquoi anarchie des phénomènes. Le phénomène correspond aux choses telles qu'elles m’apparaissent avec
toute l’apparente anarchie que l'expérience des sens implique parfois. C’est donc dans cette démarche,
qui est celle de rechercher les causes, c'est-à-dire rechercher le pourquoi des choses, qu’Aristote est une instance de cette espèce, il diffère. Seulement ici, Aristote ici ne parle pas des individus d’une
scientifise la biologie et la zoologie. espèce mais des différentes espèces entre-elles. Il y a une tension entre identité et différence.

Quatre particularités aristotéliciennes qui parcours son système scientifique et qui vont jouir d’une Si la réunion en genre et en espèce des différents animaux est plus adapté méthodologiquement à la
immense postérité, aussi bien philosophique que scientifique : constitution de la biologie comme science et qu’en même temps elle vient d’une intelligibilité au cœur
▪ La doctrine des quatre causes du réel ; si en rendant intelligible le vivant, je rends compte de l’ordre qui y réside réellement, alors
▪ L’hylémorphisme quel va être le critère de réunion et de distinction de ces êtres ?
▪ La théorie de l’acte et de la puissance
▪ Le raisonnement par analogie Nous classons toujours en fonction d’un critère qui va diriger notre manière d’organiser. Quand
Aristote observe le vivant non pas du point de vue de son apparente diversité mais du point de vue de
Nous allons étudier ces notions par le biais du vivant, le vivant aussi bien compris comme organisme la fonction – système digestif, poumon, circulation du sang par exemple – il peut déduire un principe
singulier que comme espèce. unificateur qui existe dans la nature. La nature est organisée.

Pourquoi Aristote a-t-il besoin de recourir à de tels concepts pour la biologie et pour toutes les sciences Enjeux :
en général ? A quoi vont servir ces outils épistémiques à l’appui desquels étudier le vivant ? Pourquoi ▪ Montrer l’unité derrière la multiplicité
connaître réellement une chose revient à en connaître les causes ? ▪ Introduire le concept de causalité
Parties des animaux, I, 1, 639a1-12 : ▪ Intégrer à l’étude du vivant la nécessité des concepts de genre et d'espèce
Il s’agit dans ce texte de méthodologie. Il décide de réunir les animaux pour leur étude afin d’éviter des ▪ Rendre science la biologie (l’envisager par le biais des causes)
redondances. Il répond à la question méthodologique comment appréhender le vivant et pourquoi faut-
il les regrouper ? Il défend la nécessité de regrouper les animaux non pas de manière positive – car cela Quel est le critère de distinction ou de regroupement des êtres ? C’est la fonction. Qu’est-ce que la
serait plus intéressant – mais de manière négative – parce que les redites seraient inutiles. Ainsi, fonction ? En quoi l’étude des fonctions des différents organes permet-elle de dégager des groupes, des
Aristote, déjà dans ce premier livre des Parties des animaux se positionne différemment sur la question genres ou des similitudes ?
du vivant par rapport à l’Histoire des animaux. La simple orientation méthodologique de la zoologie
ici permet en effet de distinguer le Aristote de l’Histoire des animaux – dans lequel il y a beaucoup de La fonction indique « ce en vue de quoi », le pourquoi, la cause finale. Aristote étudie les vivants en
répétitions – de l’Aristote des Parties des animaux. étudiant leurs parties (les membres extérieurs visibles et les organes intérieurs). Or, l’étude des parties
des vivants n’est pas une étude des parties pour elles-mêmes mais une étude dans la perspective de ce
« beaucoup de fonctions qui sont identiquement les mêmes pour des genres d'êtres qui sont fort qu’elles permettent ou non de réaliser. Ce qui importe c’est de savoir à quoi servent les parties et leurs
différents les uns des autres » caractéristiques propres. Aristote cherche à comprendre la fonction derrière l’organe. La fonction
indique le « ce en vue de quoi ». C’est le but, la cause finale de cette partie.
Derrière le discours platement méthodologique, Aristote défend l’idée qu’il existe des ressemblances, Pour connaître la fonction des choses, il faut faire un détour par la théorie des quatre causes. Rechercher
quelque chose de commun dans les fonctions animales et que l’on peut ainsi regrouper les phénomènes le pourquoi de quelque chose, c’est chercher non pas une mais quatre causes. Nous ne pouvons pas
en genre ou en groupe. Aristote est en train de justifier l’usage et l’approche du vivant par le concept répondre au « pourquoi » de manière unique.
d’espèce et de genre : derrière les dissemblances, il y a un principe à l’œuvre de ressemblance, quelque
chose de commun du point de vue de la fonction. Ce n’est pas la même chose de dire « il serait plus Organon → organe → organisme → organisation
pratique de traiter les animaux par groupe que par individu parce que sinon il va y avoir des redites »
que de dire « il existe de fait, réellement dans la nature des ressemblances : il existe un principe Exemple du pourquoi de l’éléphant :
d’identité du point de la fonction dans le vivant ». Il y a une identité au-delà des différences entre les ▪ La cause finale : la fin de l’éléphant est de se maintenir en vie, de réaliser tous les actes pour
animaux. Si nous pouvons réunir les animaux en classe pour mieux les comprendre, cela ne signifie lesquels il est fait
pas que nous voulons arbitrairement et de l’extérieur créer des cases et créer des groupes là où il n’y ▪ La cause matérielle : la matérialité de l’éléphant (os, peau, chair etc.)
en avait pas dans la nature mais que nous rendons compte d’un principe organisateur et d’un principe ▪ La cause agente / la cause motrice / la cause efficiente : ce qui fait advenir une chose
déjà classificateur qui existe à l’œuvre dans le vivant. Le vivant est déjà par nature organisé. Les genres comme tel, le mouvement qui permet de générer une chose, de créer quelque chose. Dans le
et les espèces existent et ont une forme de raison d’être. cas du vivant, cela correspond à la gestation, à la reproduction. C’est un processus
dynamique, une construction à l’œuvre.
Problème : en quoi l’examen, non pas des parties pour elles-mêmes, mais des fonctions permet de  Dans le vivant, il y a un principe autoorganisateur. Le vivant est moteur de lui-
rendre compte à la fois de la différence et de l’unité voire de l’identité au sein du vivant ? Comment le même. Tous les êtres vivants bougent d’eux-mêmes. Ce n’est pas un agent
vivant est à la fois même et autre ? extérieur qui vient influencer cette croissance.
 La cause agente est donc immanente à chaque organisme.
Nous savons que le vivant, en ce qu’il est individuellement, est à la fois le représentant d’une espèce – ▪ La cause formelle : l’essence de la chose
qui est une sorte de dénominateur commun à tous les individus de cet espèce – et à la fois, du fait qu’il  Cette cause est également immanente au vivant
 Comment la forme se réalise dans les espèces ?
Du point de vue la fonction, il existe donc quelque chose qui va prédéterminer certaines espèces à
Pour qu’un objet existe, il faut que ces quatre causes soient coordonnées. Chaque cause en appelle une réaliser tel ou tel acte, et ce, en fonction de l’existence de la puissance dans chacun de ces êtres. La
autre. Une forme appelle une matière – hylémorphisme : toute substance est toujours composée de fonction est donc la finalité à l’œuvre qui est actualisé et qui nous permet de voir qu’il y a derrière cette
matière et de forme ; le succès ou l’échec d’un individu vivant ou d’un organe dépend de cette actualisation, une puissance qui existait antérieurement.
cohérence entre forme et matière. Si la matière n’est pas adaptée à la forme, cet objet va échouer dans
sa fonction, il ne sera pas fonctionnel. Cette théorie aristotélicienne permet d’expliquer un certain dicton : « les chiens ne font pas des chats ».
Chaque espèce se reproduit et ne fait que générer des individus de cette même espèce. Dans la
Cf. Jacques CARELMAN, Catalogue d'objets introuvables génération, la cause formelle (la forme chien ou la forme chat) se transmet d’une génération à une
 Il joue sur l’inadéquation de la forme et de la matière pour montrer que l’objet ne devient autre. La quiddité se transmet et se réalise d’une génération à une autre. Il s’agit d’une re-production :
plus fonctionnel. il y a un principe de ressemblance à l’œuvre entre tous les tenants d’une même espèce et entre les
 Exemple : bouteille de vin en mousse etc. générations. Chaque espèce est caractérisée par une fin, par une perfection que chaque individu réalise
avec plus ou moins de succès. Si chaque espèce est pré-guidée par une fin, cela veut dire qu’un chat
Chaque cause appelle les autres. Par exemple, le principe automoteur des êtres vivants suppose au par exemple ne peut pas faire autre qu’un chat. Il y a un problème au niveau de l’antériorité de la
préalable reproduction et génération, suppose une matière et suppose que la forme soit conservée en puissance sur l’acte.
vue de la fonction. Les quatre causes travaillent ensemble ; elles sont cohérentes et avancent vers le
même horizon, vers le même but. La cause finale est donc la cause des causes. C’est la cause qui (5) Seconds Analytiques, I, 2, 71b35-72a5
explique toutes les causes. La finalité pour le vivant – ce qu’Aristote nomme « la perfection du vivant » Parties des animaux, I, 1, 640a16
– est la réalisation de ce pourquoi on est fait. La finalité de chaque être vivant est de réaliser sa
perfection, son « ce pourquoi il est fait », c’est-à-dire réaliser son essence, sa quiddité. « La genèse, en effet, est en vue de la substance, et non pas la substance en vue de la genèse ». La
substance est le composé de matière est forme. Les trois causes (formelle, matérielle agente) concourent
Toutes ces causes concourent à actualiser, à réaliser la fin des choses. en vue de la réalisation de la fin et non l’inverse. Ce n’est pas la finalité qui va venir servir les autres
→ Le passage de la puissance à l’acte. Tout ce qui existe pour Aristote existe de deux manières : ou causes.
bien la chose existe en puissance ou bien elle existe en acte. Ce qui existe en puissance c’est ce qui
existe en potentialité, ce qui existe mais qui n’est pas encore actualisé, rendu acte, réalisé. Être en Il y a ici une distinction entre antérieur d’un point de vue ontologique et antérieur d’un point de vue de
puissance est une façon d’exister sans être pleinement. la connaissance (distinction antérieur en soi et antérieur pour nous). Il y a des principes qui sont
premiers au niveau de l’être. Par exemple, le premier moteur immobile qui explique tous les autres
Exemple : il existe dans l’embryon humain un adulte en puissance. Il existe beaucoup de choses en êtres, qui est le principe à partir duquel tous les autres êtres du monde sublunaire existent, est premier
puissance dans un même être : l’embryon est une femme en puissance, une personne intelligente en dans l’ordre de l’être. C’est la cause de toutes les causes : elle est première dans l’ordre de l’être mais
puissance, une personne petite en puissance etc. Dans le Traité de l’Âme, Aristote dira de l’enfant qu’il probablement dernière dans l’ordre de la connaissance.
est un philosophe en puissance. L’homme a des capacités rationnelles que n’importe quel autre être
que lui ne va pas avoir. L’enfant peut donc actualiser ou non ses potentialités. Tous les hommes sont Contrairement à ce que nous voyons dans la nature, l’adulte préexiste donc à l’enfant. La fin préexiste
définit pas une faculté rationnelle qu’ils actualisent ou non. car la puissance est toujours une certaine puissance. Nos potentialités en tant qu’humain sont réduites.
Elles sont déterminées par l’essence de l’homme. Chaque individu vivant devient donc ce qu’il était
L’acte est plus du côté de la finalité – ce pour quoi je suis fait. La finalité préexiste, elle existe déjà en porté à être. C’est en ce sens que nous pouvons dire que la fin préexiste. Il existe au fond de nous déjà
germe dans la forme élémentaire, embryonnaire que nous avons été. En tant qu’embryon, nous étions en germe ce que nous allons devenir et notre actualisation (libre à l’être ensuite de réaliser cet ensemble
déjà en germe de ce que nous sommes aujourd’hui. Il y avait déjà en germe ce que nous nous sommes de puissances).
apprêtés à devenir.
Le critère qui permet de différentier mais aussi d’unifier le divers du vivant est la fonction. Or, étudier
Toute puissance n’est pas vouée à se réaliser. Ce n’est pas automatique : il y a des puissances qui se le vivant et ses parties sous l’angle de la fonction c’est nécessairement rechercher les causes. Une règle
réalisent jamais. Si toute puissance ne devient pas automatiquement acte, tout acte quant à lui est fondamentale du système philosophique aristotélicien est que toute connaissance véritable est
nécessairement précédé par une puissance qui lui correspond. Chaque acte est en quelque sorte prédit connaissance des causes. La raison est que si je connais les causes d’un être, j’en connais l’essence. Il
par une puissance, même si toutes ces puissances ne débouche pas sur une actualisation. faut ainsi que je dégage de cet être, pour pouvoir réellement le connaître, ce qu’il y a d’essentiel au
sein de cet être (il s’agit de distinguer ce qu’il y a d’essentiel et d’accidentel). Le caractère accidentel
Aristote veut étudier non pas les apparences, les parties pour elles-mêmes mais les fonctions auxquelles d’une chose correspond à ce qui est rattaché à cette chose de manière seulement contingente (exemple :
correspondent chaque partie des vivants. Or, si tous les oiseaux savent voler, cela signifie que chez tous être grand ou petit pour un homme). Ce qui est essentiel est ce qui rentre dans la définition de l’objet.
les oiseaux, il y a la puissance de voler (et que si un oiseau ne réalise pas cette puissance, il a tout de
même en puissance, du point de vue de l’espèce, cette capacité de voler). L’embryon humain a déjà en Deux exemples canoniques de la distinction essence et accident :
puissance la capacité de parler et de raisonner. ▪ Qu’est-ce qu’un triangle ? Cette question appelle une définition, c’est-à-dire l’essence du
triangle.
o Figure géométrique à trois côtés : l’essence du triangle
o Figure avec un angle droit : une caractéristique spécifique et essentielle au triangle
rectangle. C’est une caractéristique d’un certain triangle. Ce n’est La recherche des causes est la seule façon de pouvoir dégager une unité, une identité de forme entre
qu’accidentellement que le triangle est rectangle (car tout triangle n’est pas les différents vivants. Ce n’est que par l’effort de dégager l’essence d’un être (et donc le fait de passer
rectangle). par les quatre causes) que nous allons pouvoir dégager certaines espèces et de ce qu’il y a d’essentiel
▪ Qu’est-ce que l’homme ? ou d’accidentel à cette espèce.
o Un animal rationnel : la définition de l’homme
o Être petit, être une femme : des caractères particuliers accidentelles (5) Seconds Analytiques, I, 2, 71b35-72a5.
Ce qui nous semble à nous les hommes antérieur est en réalité postérieur du point de vue de l’être, du
En connaissant les quatre causes, j’accède à l’essence de la chose. J’atteins l’essence et je dépouille point de vue ontologique, du point de vue causal. Ce que je connais le mieux ce n’est pas ce qu’il y a
cette chose de la myriade des accidents qui encombrent mon rapport à elle. Dire la connaissance d’une de plus essentiel, ce n’est pas déjà les causes. Lorsque je perçois un être, je vais d’abord en saisir les
chose est la connaissance de ses causes revient à dire que nous connaissons réellement une chose caractéristiques accidentelles. Ce sont ces caractéristiques qui vont être l’objet de ma connaissance
lorsque nous connaissons ce par quoi, ce pourquoi, ce de quoi elle est constituée de manière essentielle. immédiate. Les caractéristiques essentielles ne peuvent être atteintes que par réduction à l’essence, par
cette recherche des causes.
Concernant l’essence et la cause, Aristote parle en terme d’espèces, en terme d’universalité. On cherche
l’espèce derrière l’individu, l’universel derrière la singularité. Rechercher l’essence et donc la cause « Ce qui est le plus universel en est le plus éloigné, alors que les particuliers en sont le plus proche » :
d’un être, c’est toujours rechercher ce qui rentre dans la définition de son espèce ; chercher les l’universel m’est éloigné alors que première du point de vue de l’être ». Je n’ai accès qu’aux
caractéristiques communes entre différents membres d’une même espèce ; chercher l’universel derrière particuliers. L’universel, c’est-à-dire ce qu’on en commun les individus d’une même espèce, l’essence
le particulier ; chercher l’ensemble des caractéristiques qui étant essentielles sont irréductibles à la des choses est profonde, enfouie, m’est éloignée (alors qu’elle est première au niveau de l’être). C’est
division par l’individuel, aux caractéristiques contingentes et particulières des uns et des autres. l’essence d’une chose qui cause le fait qu’elle soit ainsi.

Connaître l’essence des différentes espèces implique donc de les regrouper. Il faut saisir dans chaque (5) Parties des animaux, I, 1, 640a16. Cette inversion de l’ordre – de ce qui est premier relativement
individu ce que chaque individu contient de l’espèce et de l’espèce seule. à moi et de ce qui est premier absolument – est ici appliquée au vivant. Il prend à titre d’analogie une
maison. C’est parce que la finalité guide le constructeur de la maison que celle-ci est faite de cette
Il ne sert à rien, en ce sens, de feindre de s’étonner, au cours de notre compilation, des différences manière, de cette forme, selon cette matière et selon certains gestes etc. La maison doit remplir sa
apparentes entre les individus d’une même espèce. Le fait de connaître les caractéristiques essentielles fonction d’abri, de lieu de vie. C’est parce que la finalité de la maison est telle que consécutivement la
d’une espèce, fait que dès que nous allons croiser une nouvelle instance de cette espèce, nous allons le matière, la forme, les méthodes de construction seront tels ou tels.
reconnaître. Il faut connaître l’essence pour connaître la définition. En connaissant la définition, nous
sommes en mesure de discriminer instantanément, parmi ces caractéristiques, lesquelles sont « La genèse, en effet, est en vue de la substance, et non pas la substance en vue de la genèse ». La
accidentelles de celles qui sont essentielles à cet être. genèse correspond au processus de création ou de fabrication, à la gestation. La substance correspond
de l’être qui vient d’être produit, qui vient d’être naît. Ce que Aristote nomme substance correspond au
L’essence est un dénominateur commun entre tous les individus d’une même espèce, ce sans quoi ils composé de matière et de forme puisque la matière et la forme ne peuvent exister seules. Selon l’ordre
ne pourraient pas être ce qu’ils sont ; les caractéristiques sans lesquelles ces individus ne pourraient chronologique, la genèse existe avant la substance. Or, cette substance est la finalité de toute cette
pas faire partie de l’espèce, ne pourraient pas être des spécimens de cette espèce. genèse. En ce sens, dans l’ordre logique, la substance préexiste aux différentes étapes de la genèse. La
genèse est tendue vers un but : elle ne se fait pas de manière hasardeuse. Cette finalité préexiste : dans
C’est une opération de réduction par la pensée, d’abstraction de ce qui constitue réellement l’essence l’essence des chiens, il est déjà prévu le fait que les chiens font des chiens (et pas des chats). Toute
de ces individus, ce qu’ils ont en commun. On tire tout l’essence, c’est-à-dire tout ce que je ne suis plus existence est conforme à l’essence qui préexiste et rend nécessaire telle ou telle forme d’existence. Les
en mesure de retrancher à la chose et ce sans quoi la chose ne serait plus. choses ne sont pas créés selon Aristote de manière hasardeuse. Ce n’est pas un heureux hasard que les
hommes produisent des hommes, les oiseaux des oiseaux.
Le Parfum, Patrick Süskind : Jean-Baptiste Grenouille veut inventer le parfum parfait et veut tirer ce
qu’il y a de plus essentiel, dégagé de tout ce qu’il y a de contingent. « Il ignore d'abord que la semence qui a été constituée doit être présente avec une puissance de ce
genre, ensuite que le producteur a préexisté non seulement logiquement, mais chronologiquement. Car
Afin de trouver le dénominateur commun, les caractéristiques essentielles d’une chose, Aristote dit c’est l'humain qui engendre l'humain, de sorte que c'est du fait que le premier est tel que telle genèse
qu'il faut rechercher ses causes : c’est en connaissant les quatre causes de cette chose que nous allons se produit pour le second ». Dans ce texte, Aristote s’en prend à Empédocle – qui défend une physique
être en mesure d’en tirer une définition irréductible. mécaniste, c’est-à-dire une explication de la nature par deux principes : le hasard et la nécessité.

La cause finale à un statut à part chez Aristote. Elles ne sont pas causes au même titre que la finalité. Le producteur a préexiste logiquement : l’essence de l’enfant se trouve déjà chez les parents : les
Seulement, toutes ces causes permettent d’accéder à la cause finale. Ces causes permettent d'accéder à hommes créent les hommes, les chiens créent des chiens etc. Mais également chronologiquement : les
la cause finale. Elles indiquent cette cause finale : la cause finale ne serait rien sans les autres causes parents précèdent les enfants. Déjà dans les parents, il existe en puissance ce que va être un autre être.
puisqu’elles permettent de réaliser cette fin. A l’inverse, les autres causes sans fin ne sont pas Ainsi, cet autre être, avant même d’exister, il est précédé par la puissance de ce qu’il va devenir.
puisqu’elles ne seraient pas dirigées vers un but.
Non seulement, la cause finale guide et est la cause des autres causes mais plus encore l’acte semble quelque chose qui est et qui n’est pas en même temps. Elle existe mais n’est pas actualisée en même
précéder la puissance. Dans l’ordre du réel, on voit la puissance s’actualiser : l’enfant n’est que je vois temps. Il y a une zone d’indétermination où tout peut encore se jouer.
n’est qu’en puissance un adulte. Seulement, il existe en lui cette puissance qui est puissance de cet acte
de devenir adulte. Puisqu’il existe déjà dans l’enfant, la puissance de devenir qui il va être, alors l’acte Cf. Pierre Aubenque, La prudence chez Aristote : la puissance, au même titre que la contingence dans
logiquement et chronologiquement préexiste et précède la puissance de cet acte. Puisque la nature doit le domaine des êtres physique, a une valeur de liberté pour l’homme dans la détermination de ses choix.
reproduire une forme d’espèce, alors elle va placer le produit final avant même la gestation.
« Car c’est l'humain qui engendre l'humain, de sorte que c'est du fait que le premier est tel que telle
Pourquoi chronologiquement ? Car il faut déjà avoir dans le viseur ce que les causes vont causer pour genèse se produit pour le second ». Il faut que les parents préexistent aux enfants. L’acte préexiste à la
que les causes soient opérantes et qu’elles créent ce qu’elles ont à créer. puissance. La quiddité poule existe déjà dans l’œuf pour que l’œuf devienne poule. La fin comme
finalité ou comme aboutissement se situe au début : ce que je suis destinée à être me précède. L’essence
Pourquoi logiquement ? Toute puissance est puissance de cet acte en particulier. La puissance est la homme, que j’existe ou que je n’existe pas, existe : elle a préexisté à mon existence. Une fois générée,
potentialité mais le nombre de puissance est réduit, limité (l’homme ne peut pas voler par exemple). je suis destinée à réaliser mon essence d’homme.
Parce que je suis humain je suis dotée de bipédie. Seulement, je n’ai pas la puissance de voler. Toute
puissance est puissance d’un certain acte ou d’un groupe d’acte en particulier. On ne dira pas d’une De la même manière que la cause finale préexiste aux autres causes (puisque les autres causes sont en
pierre qu’elle est aveugle parce qu’elle n’a pas la puissance de voir. Pour qu’il y ait actualisation d’une vue d’un certain but et qu’elles n’agissent pas au hasard), l’actualité préexiste à la puissance (cf. les
puissance, il faut qu’il y ait une puissance de cette actualisation, il faut déjà une anticipation de ce principes de ressemblance qui existe entre les générations d’une même espèce). L’homme devient
pourquoi existe la puissance (donc l’acte) pour que cette puissance existe. homme parce qu’il vient de l’homme et parce qu’il est amené à devenir un homme.

On possède déjà en nous ce que nous allons devenir. Cela ne veut pas dire que cela va arriver forcément, Pour Aristote, pour comprendre les vivants, pour connaître l’essence du vivant et des différentes
ça reste en puissance. On a tous en nous quelque chose qui nous destine à actualiser une certaine forme espèces, il faut déjà connaître la cause finale. Comment connaître ce qui n’est pas encore actuellement
d’être (qui est la même pour tous les individus d’une même espèce). L’acte préexiste à la puissance et qui pourtant existe déjà de manière potentielle, c’est-à-dire simplement en puissance dans les êtres ?
bien que du point de vue extérieur nous voyons la puissance devenir acte. On est en puissance ce que Comment est-il possible de commencer par la fin sachant que justement je n’ai accès qu’aux
nous allons être. Pour que cette puissance soit mise en nous, il faut qu’il y ait déjà une intention de cet phénomènes, qu’aux choses après qu’elles se soient réaliser ? Connaître l’essence, c’est connaître la
acte. Cet acte préexiste donc de manière logique (et pas encore réel). finalité, la fin. La fin est toujours au début dans l’ordre du réel alors que du point de vue de ma
connaissance la fin est à la fin. Or, comment dois-je faire pour commencer par la fin alors que j’ai
** L’acte est ontologiquement antérieur à la puissance, mais il existe pas pour autant. toujours un temps de retard ? Je ne connais pas dans les choses la puissance avant qu’elle ne soit
réaliser . Je la devine, je l’anticipe. Je n’en connais pas l’actualité avant qu’elle soit là en acte. Comment
**Pour Aristote, il n’y a pas de première homme, de première cellule, de premier individu d’une espèce faire pour que cette anticipation de ce que va être la chose une certitude ? Comment être certain, avant
au sens chronologique etc. Les espèces sont éternelles et ont toujours existées. Elles sont également même l’actualisation, de la survenue de l’actualité ? L’enjeu est grand car il n’y a de connaissance que
fixes. Il n’y a pas d’évolutionnisme chez Aristote. Le monde est éternel. de l’essence. Il n’y a de connaissance que par les causes. Est-ce qu’une connaissance des causes est
** Peu importe l’espèce à laquelle on appartient, on aura tous plus ou moins de puissances à actualiser. réellement possible (sachant que je suis sensée connaître la finalité – qui est l’aboutissement – avant
On va fatalement devenir ce qu’on est amené à être, on va fatalement développer nos caractères même de connaître ce qui est censé amener à cet aboutissement) ?
essentiels. Que nous le voulions ou non, nous sommes bipèdes. Même si nous n’avons pas actualiser
cette puissance, nous sommes ainsi. Vu qu’il s’agit simplement de puissances et de potentialités, libre (3) Topiques, I, 12
à chacun de les actualiser ou non. Je vais rester tout bipède toute ma vie mais je peux marcher toute ma Seconds Analytiques, II, 19, 100 b 3-5
vie à quatre pattes. Il y a une marge d’intermédiation. Il y a des puissances à l’inverse que nous pourrons Aristote propose deux outils rationnels pour savoir comment accéder à la finalité sachant que la finalité
jamais réaliser (voler etc.) m’est éloignée alors qu’elle est première dans l’ordre de l’être :
▪ L’induction : tirer des principes universelles à partir de l’observation de certains cas
La puissance chez Aristote se retrouve beaucoup dans la philosophie éthique et politique. L’animal particuliers.
réalise sans grand suspens ce qu’il est destiné à être (on le voit dans leurs réactions instinctives). ▪ La déduction : autre type d’inférence : l’application d’une loi générale à un fait particulier
L’homme peut délibérément choisir de ne pas actualiser sa puissance intellectuelle par exemple. Dans (au moyen souvent d’un syllogisme)
le domaine des actions humaines, la potentialité fait que je ne suis pas un robot, un fruit de la nécessité.
Je ne suis pas déterminé à être bon ou méchant. Il y a donc une forme de déterminisme relié à la notion En science, la voie la plus certaine est la déduction.
d’essence en raison de laquelle toute puissance est puissance de ceci et de cela ; mais en même temps Les prémisses sont soit induites soit sont des axiomes (= des premiers principes indémontrables et
il y a cette marge de liberté, des puissances exploitables ou non. indémontrées). Or, beaucoup de déductions partent de ces principes indémontrables.

On a tous quasiment à égalité la même puissance en naissant (sauf cas particulier). Il y a un principe Est-ce que je peux prouver les premiers principes ? Pourquoi est-ce si indémontrable ?
déterminant qui me pousse à devenir qui je suis portée à être et en même temps sur un ensemble de
caractéristiques accidentelles ou même essentielles je peux modifier le curseur. La puissance est à la Le problème de la déduction : elle repose in fine sur des principes d’induction ou sur des axiomes.
fois une potentialité mais également une marge d’erreur ou une marge de liberté. La puissance est
Bien qu’en science la déduction soit préférable, l’induction présente aussi des avantages. C’est en effet l’expérience
un des procédés les plus accessibles et plus intuitivement compréhensibles. Réhabilitation de l’expérience relative : l’observation ne suffit pas pour avoir une connaissance. La
connaissance réelle implique une connaissance des causes. Cause finale : raison d’être. Analogie
« l’induction nous fait connaître les principes » : contrairement à Platon qui dit qu’il n’y a rien à tirer
du phénomène et de l’expérience, Aristote dit que la sensation en elle-même ne produit aucune forme Topiques, I, 14, 105a34-105b1 : « Il existe autant de manière de recueillir des prémisses que d’espèces
de connaissance mais l’ensemble des sensations permet, par abstraction successive, d’arriver au distinguées dans le chapitre que nous avons consacré à la prémisse : on peut retenir les opinions qui
concept. La sensation produit en nous l’universel. Aristote donne une forme de légitimité à la sensation. sont celles de tous les hommes, ou de presque tous, ou de ceux qui représentent l’opinion éclairée, et
parmi ceux-ci, celle de tous, ou de presque tous, ou des plus connus, exception faite de celles qui
Il n’y a pas que par un apprentissage théorique, scolaire des choses que j’accède à l’essence des choses : contredisent les évidences communes ; et aussi toutes celles qui sont en accord avec la science ou avec
la sensation elle-même, par une suite d’abstraction successive, de produire l’universel. Du particulier la technique. »
je vais passer à l’universel.
Descartes, Règles pour la direction de l'esprit, 1628, Règle Troisième : « <...> comme il est à peine
Bien que seul les essences doivent être réellement connus, le particulier a une valeur épistémique qui une chose avancée par l’un dont on ne puisse trouver le contraire soutenu par l’autre, nous serions
va me conduire vers cette essence, vers cette régularité. toujours dans l’incertitude auquel des deux ajouter foi, et il ne nous servirait de rien de compter les
suffrages, pour suivre l’opinion qui a pour elle le plus grand nombre. En effet, s’il s’agit d’une question
La création pour les hommes des concepts : expérience sensible et production intellective. difficile, il est croyable que la vérité est plutôt du côté du petit nombre que du grand. »

Deuxième outil : l’analogie. Êtres séparés : des êtres qui peuvent exister sans la matière : des pures formes
▪ Analogie : pas une simple comparaison  N’existe pas dans la réalité
▪ Analogie : relation à quatre termes qui dit qu’un objet A est à un objet B ce qu’un objet C est  Existent pour le mathématicien, le philosophe
à un objet D.  Le concept d’homme ne souffre pas etc.
▪ Mise en rapport de deux rapports
Parmi les sciences théorétiques, certaines s’occupent des êtres séparés et êtres non séparés.
Pour qu’il y ait création d’un universel à partir du particulier, il faut que je reconnaisse que certains  Non séparé : la physique
traits caractéristiques du vivant que j’observe sont répétitifs. Pour ne pas en rester au degré 0 de  Séparé : les mathématiques
l’observation, Aristote va essayer de déceler (derrière les apparentes ressemblances et dissemblances),
des structures et des répétions structurelles => pour cela il va avoir recours à l’analogie : relation Astronomie : étudie des êtres célestes = non séparés de la matière
intéressante car suppose la différence et l’identité en même temps. Du point de vue de la matière,
l’écaille et la plume sont différentes. Du point de vue de la forme, de la fonction, c’est la même chose : « hê » : en tant que
protéger la peau. L’analogie suppose un dénominateur commun (du point de la fonction entre les
différentes espèces) pour pouvoir faire une équivalence entre ces deux relations. Ce rapport n’est pas Epistémologie adosser à l’ontologie
un rapport dans l’absolu : cette relation doit être faite sous un certain angle. C’est sous l’angle de la
fonction qu’Aristote décide d’établir ces analogies. C’est sous le critère de la fonction qu’on va poser Doxographie : activité qui consiste à recenser les opinions des philosophes précédents.
les analogies entre les différents animaux.
Heuristique = qui vise la vérité
La méthode par analogie permet de mettre au jour les différentes fonctions des parties en animaux : en
éclairant ces fonctions, Aristote éclaire la notion de « ce en vue de quoi » : la fonction remplit un rôle, Opinion : potentielle voie de la vérité
répond à une finalité. Arriver à la vérité par opinion = accidentel (pas moyen de la démontrer)
Rapport à la vérité essentielle = possibilité de démontrer
Exposé 18/02
Parties des animaux : méthodologie pour étudier les animaux. La forme est plus importante que le Cause première / cause seconde : degrés d’éloignement de la cause
fond : enjeu fondamentale de la méthode. La cause finale : première cause donc fondamentale. Les  En parle dans l’ordre supralunaire, dans l’ordre du cosmos, par rapport à Dieu
sciences vivantes : étudier le pourquoi des choses.  Dieu : cause première
 Relais des causes secondes, médianes etc.
Première phrase : intention : établir une méthodologie de l’étude du fonctionnement de l’animal.
Examen : étude minutieuse et précise (s’intéresse au général et au particulier). Il part du général pour 1.3. Y-at-il une forme du vivant ?
se préoccuper du particulier. Fonction : téléologique . Autre alternative : démarche partir du particulier :
induction. Induire des lois et déduire des choses grâce à ces lois. Poser la question de la quiddité c’est poser la forme. La forme est la réalisation de la fin. La forme est
toujours du côté de la fonction. La quiddité du vivant = la forme
Constater les faits : pas de préjugé (on n’explique pas avant). Opposition avec Platon : méfiance avec
04/03 forme. Ainsi, le vivant en lui-même, de manière générale a une forme ? Y’a-t-il une superbe forme ?
Cette référence à la médecine n’est pas anodine : pourquoi il compare la médecine avec l’art et la Une forme non pas de chaque espèce particulière mais une forme du vivant ? Si oui, quelle est-elle ?
nature ?
Poser cette question c’est se demander si il y a quelque chose de commun et d’essentiel, de définitionnel
Partie des animaux I, 1, 639b « C’est après avoir déterminé les choses ou par la réflexion ou par la au phénomènes vivants et à l’organisme ?
simple observation sensible, que le médecin pour la santé, tout comme l’architecte pour la
maison explique l’un et l’autre, les raison et les causes de ce qu’ils ont fait pour chacune et pourquoi Forme : principe actif au sein de la substance et principe définitionnel de ce qu’est la chose.
ils devraient faire les choses ainsi qu’ils les ont faites »
Traité De Anima, II, 1
La métaphore de la médecine chez Aristote : pour lui, c’est la concordance de deux types de activités : La position du texte dans l’ouvrage : après une première partie méthodologique et doxographique,
ni complètement artificiel ni complètement naturel. Le médecin rétablir artificiellement la santé chez Aristote donne une définition de l’âme dans ce début du livre II. Il continuera ensuite à développer les
l’individu mais repose son activité sur quelque chose de naturel (le vivant de lui-même se reconfigure, différentes facultés de l’âme. Il donne une définition de l’âme.
s’adapte, agit etc.). Médecine : un endroit où coïncide l’activité propre de la nature (spontanément
d’elle-même elle se régénère et a son mouvement propre) et le mouvement d’artifice que lui impose Âme en grec psyché et le terme latin est anima (a donné en français le terme d’âme, d’animer et
l’homme de l’extérieur. d’animal). Pour Aristote, l’animal est le vivant où on voit le plus le vivant/l’organisme/la nature à
Physique II, 8 : Aristote il compare l’art naval et le bois : « si l’art de la construction naval était dans l’œuvre. L’animal est l’objet privilégié dans l’étude du vivant (par rapport à d’autres formes de vie).
le bois, il agirait de la même manière que la nature, de sorte que si il y a du « ce en vue de quelque
chose » dans l’art, il y en aussi a fortiori dans la nature ». L’objet du texte : la recherche de la forme du corps => Aristote est en quête d’une forme et décide de
comprendre quelle est l’identité de cette forme
Cette comparaison entre l’activité de la nature et l’activité de l’art est faite en permanence par Aristote.
Il croit en effet que la nature est « intelligente » ; elle fonctionne de manière analogue à l’entendement Si le principe des corps animés c’est la forme et qu’en même temps que tout corps est composé de
humain. Si Aristote cherche tout le temps à comparer l’artifice avec l’activité nature c’est parce qu’il y matière et de forme, est-ce qu’il s’agirait d’une forme surajoutée à ce composé de matière et de forme ?
a un « ce en vue de quoi » dans la nature et donc des moyens d’y arriver. Pourquoi cherche-t-il une forme au corps sachant que le corps est déjà lui-même par définition chez
Aristote un composé de matière et de forme ? Il n’y a pas de corps chez Aristote sans hylémorphisme.
1.3 Y’a-t-il une forme dans le vivant ? Y-a-t-il une forme seconde ajoutée ?

La cause formelle chez Aristote n’est pas simplement l’aspect de la chose : la forme ce n’est pas que Qu’est-ce que la substance ? La matière sans forme n’existe pas. Il n’existe pas une pure matière
ça. La forme pour Aristote est un principe déterminant au cœur de la chose, un principe organisateur indéterminée. Ni la forme ni la matière seule ne sont suffisantes pour constituer la substance. En grec :
dans la chose, qui vient organisée la matière comme un tout, qui vient lui donner un sens, une cohérence la substance = ousia.
interne. C’est un principe configurant, logique. La forme est ce qui fait que cette objet va être cet objet
en particulier (un « ceci »). La forme n’est rien d’autre que la quiddité. La forme c’est l’ensemble des Hypokeimenon : ce qui soutient le substrat
caractéristiques essentielles qui font que cette chose est cette chose. La forme regroupe les
caractéristiques essentielles de l’objet en tant qu’il est cet objet. Donner la cause formelle d’une Souvent, quand la philosophie grecque recherche la substance, il va chercher ce qui se tient dessous ou
chose c’est en donner une définition. On enlève les caractéristiques accidentelles et on retient que bien l’hypokeimenon
l’essentiel. De ce point de vue, la cause formelle a aussi un statut particulier (aussi important que la
finalité). La matière est nécessaire à l’existence de l’objet mais pas à sa définition, à son essence. Aristote dit qu’il est tentant d’assimiler la substance à la matière (car c’est ce qui se tient en dessous :
la matière serait ce sur quoi est imprimée les caractéristiques formelles). On est tenté de dire que ce
La définition : ce sans quoi la chose ne pourrait être la chose. La définition est une opération de qu’il y a de substantielle, ce qu’il y a de plus premier dans une chose est la matière.
réduction épistémologique, ce qui constitue le concept, l’universel dans la chose et ce qu’elle a
d’essentielle. Mais la matière n’est pas substance. Elle n’est pas une réalité singulière. La forme est justement ce qui
va singulariser la matière. La matière seule est indéterminée, elle n’existe pas. Seule, la matière ne
Si je peux reconnaître sous toutes ses représentations, toutes ses occurrences l’être humain c’est parce présente aucun principe de détermination. La matière pure d’une part n’existe pas (car seule existe des
que je reconnais la forme, je reconnais l’espèce en dépit des différences. Je connais ce qu’il y a composés de matière et de forme), mais même à titre d’abstraction si on pensait la matière, elle n’a pas
d’essentiel chez tous ses hommes. de forme, elle n’est pas véritablement pensable : elle n’a pas en soit un être, une substance. Elle ne peut
pas elle-même être une substance puisqu’elle n’est pas dotée d’un principe déterminant permettant de
Si la matière est nécessaire à l’existence de la chose, du point de vue intellectuelle, de la formulation dire cette matière est cette matière, cette matière est comme-ci ou cette matière est-comme ça.
du concept nous n’avons pas besoin de la matière.
Aristote a besoin de trouver la forme des différentes espèces pour les regrouper et pour considérer les La matière est peut être comprise comme un substrat (car c’est la réalité sous-jacente à laquelle la forme
espèces vivantes comme des objets scientifiques et pas simplement comme des phénomènes va venir imposer ses informations, sa forme : la forme informe la matière / la matière rend possible le
désordonnés. Il a également besoin de faire l’étude des vivants sous l’angle de la fonction et de la devenir, le changement dans la nature). La matière comme elle n’est pas encore déterminée peut être
potentiellement tout. (disposition acquise : hexis). Premier degré de réalisation de ce que j’ai en puissance.
La matière : « l’informe avant qu’il ait reçu la forme » (Phys. I, 7, 191a10)
Deuxième degré d’actualisation de cette disposition acquise : un deuxième degré d’activité
La matière ne désigne jamais telle ou telle chose mais ce qui peut devenir telle ou telle chose (du bois
peut devenir un lit). La matière ne suffit pas à donner la définition de l’objet (qu’est-ce qu’un lit ? du Passage dans cette deuxième actualisation de l’existence
bois : on ne répond pas à la question de la définition du lit).
« La présence de l’âme implique le sommeil et l’éveil » : le fait d’avoir une âme ou de posséder la
La matière, puisqu’elle est indéterminée, elle est potentiellement tout (puisqu’elle est encore rien en science ne m’empêche pas de dormir.
particulier). La matière sans forme est pure potentialité. Elle a pour caractéristique d’être simplement
en puissance. Elle deviendra en acte que sous l’effet de la forme. Le tas de bois : a déjà la potentialité energeia = activité
d’être lit. Le tas de bois est rien encore mais est tout en puissance. Indétermination comme potentialité entelechia = entéléchie = actualité
pure.
Il y a 1° une actualisation et 2° la mise en activité.
Une fois actualisée en puissance/la réalisation de la matière par la forme/l’actualisation de la matière
sous une certaine forme exclu une autre réalisation. Puisque toute réalisation est détermination, elle est Relativement à la seconde, la première actualisation est en puissance.
exclusion de son contraire : une chose ne peut pas être A et non A (sauf du point de vue de la puissance
et donc de la matière). La matière avant qu’elle soit informée, en tant que pure indétermination, La forme est la réalisation de la matière (puisque la matière est puissance).
puisqu’elle est du côté de la puissance est potentiellement tout, une chose et son contraire.
Analogie : la matière = la puissance ; la forme = la réalisation
La forme est en vertu de quoi : elle n’est pas le tout. La forme ne fait pas tout. La forme permet de
singulariser la matière mais sans cette matière il n’y a pas d’être. Donc la forme n’est pas la substance. De la même manière que la puissance ne se réalise pas d’elle-même mais est réalisée, la forme s’inscrit
Conclusion : c’est le composé des deux. dans la matière. C’est la forme qui vient informée la matière et donc la spécialisée, lui donner sa forme,
de la même manière que c’est la forme qui va venir réaliser la puissance de la matière.
Réalisation de deux manières : « Par ailleurs, la matière est puissance, alors que la forme est
réalisation ; et, ce, de deux manières, soit comme la science, soit comme l'acte de spéculer » Transposition de forme/matière à acte/puissance.

• Science : possession de certaines dispositions / de connaissances (avoir la science de la Que signifie corps naturel ?
médecine par exemple). Hexis : la possession d’un certain nombre de dispositions. = opposé à artificiel
• L’acte de spéculer par rapport à cette science a un certain rapport de mise à
l’existence (exemple : si je dors, je suis un médecin qui dort, je ne fais pas en acte cette Être principe des autres (= trait définitionnel des corps naturels) = le fait de produire, d’être à l’origine
science). de, de déclencher ou de faire exister.

La forme est actualisation en deux sens / réalisation de deux types : comme science ou comme acte de Corps physiques =/= corps artificiels
spéculer.
Un des traits caractéristiques du vivant c’est de naître, de croître etc. mais aussi de se reproduire, d’être
Transposition au niveau de la substance ? principe des autres êtres (ou au moins de pouvoir agir sur eux à partir de soi).
Corps naturel =/= abstraction mathématique ou =/= des êtres séparés qui n’ont pas une causalité réelle
Corps = matière + forme dans ce monde, ne sont pas soumis aux causes et qui n’en produisent pas non plus (ne sont pas principe
des autres).
Matière : puissance (donc indétermination)
Corps célestes : il y a dans tout ce qui est supralunaire une matière qui ne correspond pas aux quatre
Forme : une réalisation / une actualisation éléments => tout ici-bas dans le monde sublunaire est composé des quatre éléments. Terme de
• Réalisation de la puissance => possession de la science (1ère réalisation) quintessence : le cinquième élément (l’éther : élément à la limite de l’immatérialité).
• Une fois que j’ai acquis cette science => acte ou non de spéculer
• Acte de spéculer (2nd réalisation) : réalisation de ce qui est déjà la réalisation de la puissance. Limite de la distinction corps naturels et physiques VS corps célestes : les corps célestes sont des corps
qui se meuvent donc sont quand même des corps de la physique. Physique : science de tout ce qui se
Acte de spéculer : le fait de mettre en acte sa science meut et de tout ce qui est mu.
Savant qui dors : premier degré de la réalisation
Dieu : premier moteur immobile : pas l’objet de la physique
La science est possédée par le sujet, par l’âme du sujet en question comme une première actualisation
Les corps vivants sont au principe des autres (ou de certains autres) mais aussi principe d’eux même. Matière Forme
Le vivant est automoteur, il réalise ses puissances de lui-même. Dans le vivant, la puissance se réalise Puissance Actualisation / Réalisation
d’elle-même. Le composée hylémorphique va vers l’actualisation de certaines puissances. Dans l’objet
extérieur, on vient de l’extérieur imposé la forme à la matière. Le vivant est principe de lui-même. => Science Acte de spéculer
ici l’analogie nature/artificiel ou nature/technique ou ne fonctionne plus
Sommeil Eveil
Les différents types d’Âme chez Aristote :
- Âme végétative : âme qui permet à toutes les espèces d’êtres vivants de se nourrir d’elle- L’âme : à la fois l’éveil et le sommeil : le fait d’avoir une âme ne me détermine pas par définition à
même et de se reproduire et de croître : degré zéro de l’âme. La seule âme que possède les réaliser toutes mes puissances ou à réaliser une puissance. Je peux avoir une âme dans un corps, je peux
végétaux. Elle concerne tous les êtres vivants. avoir une âme qui s’ajoute à mon composée de matière et de forme (qui fait que je ne suis pas
- Âme appétitive / sensitivo-motrice : faculté de percevoir, de sentir : l’animal a la sensation simplement un objet physique mais un objet physique vivant) et de cette âme je peux rester ainsi à
du plaisir ou de la douleur et capacité de se mouvoir : tout ce qui consiste à aller chercher en respirer. Si je fais ça je réalise l’âme végétative mais il n’est pas dit que je réalise cette forme en moi,
dehors de soi les principes de sa subsistance que je réalise cette âme de la même manière. Réalisation 2nd de l’homme : pratiquer l’intellect, de
- Âme intellective : seulement de l’homme (l’homme cumule les trois âmes) réfléchir.

La définition de la vie d’Aristote : il choisit de définir la vie par l’âme végétative (la forme la plus Acte parfait d’une plante : végéter
minimale et la plus inclusive de l’âme). Acte parfait de l’animal : croître, chasser, manger etc.

L’âme est la forme de ce qui est appelé corps (ce corps ayant juste potentiellement la vie). La forme est Âme : réalisation première (et non seconde)
la réalisation de la puissance qu’a ce corps. L’âme est la réalisation de la puissance de la vie/de la => actualisation de la vie mais pas encore l’actualisation de telle vie
puissance vitale. Exposé 11/ 03
Définition nominale : expliquer la chose par la chose (ne donne pas la raison d’être de la chose, n’en
Un corps pour qu’il soit vivant : il lui faut la puissance d’être vivant. L’âme s’applique à cette puissance donne pas la forme ni la finalité). Une définition de l’ordre de la description.
comme la forme s’applique à la matière. Définition réelle : un œil qui permet la vue => un œil peint n’est pas un œil

« Il faut que l’âme soit substance comme forme » : Pourquoi sans âme une chose correspond à la définition nominale mais non à la définition réelle ?

Alors que tout corps naturel est composé de matière et de forme, d’âme et de corps, Aristote distingue Limite de l’analogie aristotélicienne : l’âme est immanente et particulière au corps et la hache n’est pas
les deux (et en même temps le corps n’est pas que la matière : le corps est déjà un composé). Il y a donc l’auteur de son mouvement, mouvement pas inhérent au corps. Hache : pas de principe automoteur.
une forme qui s’ajoute à un composé de forme et matière. Ce composé de matière et de forme est déjà Réalisation de la fonction de la hache vient de l’extérieur.
une forme qui s’ajoute à une matière.
Âme = forme = quiddité de la chose
Âme = superforme de ce corps, la forme qui vient informée ce corps naturel
=> réalisation seconde / activité / acte de spéculer ? Propre des êtres inanimés que de ne pas avoir son propre principe de réalisation en soi. Le vivant est
autoréalisateur en permanence parce qu’il a son âme dans lui.
Non seulement on a le corps qui est un composé de matière et de forme auquel vient s’ajouter cette
forme qui est là pour faire vivre ce corps (âme = forme du vivant = réalisation de la potentialité de vie). Parce que l’âme intégrée à ce corps naturel précis, l’âme est mortelle et temporelle. Les corps célestes :
doués d’une âme qui ne meurt pas mais aussi d’un intellect.
Aristote : le fait d’avoir une âme n’est pas assez déterminant pour pouvoir être une réalisation seconde
véritablement. Le fait d’avoir une âme, si c’est nécessaire pour être vivant, ce n’est pas suffisant pour « parties de l’âme » : partie au sens de fonction
actualiser nos potentialités de vivant. Il faut actualiser cette âme (= qui est l’actualisation de la
puissance d’être vivant). Analogie dans l’analogie :
• Qu’est-ce que l’âme par rapport au corps ? = un peu comme la forme d’un objet, c’est-à-dire
Plusieurs degré d’actualisation. Actualisation dernière = l’actualisation de l’actualisation. sa fonction
• Transfère la définition de l’âme par rapport à la totalité du vivant à la partie
• Chaque partie : une fonction propre
• Faut-il transférer des âmes indépendantes aux parties du corps ? = non
• Toutes les parties ont une fonction assignée mais il y a quelque chose comme l’âme qui est
la réalisation première du corps qui a potentiellement la vie. Ensuite, actualisation partielle
de ses différentes fonctions dans le corps seront des actualisations secondes.
Double rapport d’analogie entre d’une part l’âme de la totalité du corps avec la fonction de l’organe et toutes ces caractéristiques ? Ces caractéristiques doivent exister en vue d’une fin, être des moyens pour
la fonction de l’organe appliquée à l’organe physique. arriver à une fin.

Organon = instrument et organe Le fait que les parties du vivant ait une finalité, le fait qu’ils mettent en place des moyens (A ne dit pas
qu’il y a une notion de délibération mais de la même manière qu’on doit délibérer pour prendre la
Toute réalisation est une façon d’approcher la perfection de cet organe. A partir du moment où il se met meilleure décision, la nature n’a même plus à délibérer, elle a trouvé ses moyens pour arriver à ses fins
en action vers un mouvement qui lui est propre, on approche de la perfection. et répète ça de manière éternelle).

En tant que main, dans sa fonction de main elle sera plus parfaite quand elle réalise différentes
potentialités que quand elle fait rien. CHAPITRE 2 : LE VIVANT ET SON MILIEU

Comme chaque partie répond à une définition, répond à une forme qui lui est particulière qui est sa 2.1. Mécanisme et finalisme
quiddité, il faut trouver l’action qui corresponde le plus à cette définition / à cette quiddité.
La forme, du point de vue du vivant, est la réalisation première du vivant. Aristote nous donne une
Plus on réalise son essence, plus on s’approche de la perfection. définition du vivant par la fonction. Poser une fonction à quelque chose c’est toujours poser une finalité,
un ce en vue de quoi. Ainsi, étudier le vivant à travers la fonction (comme si il s’agissait d’outils ou
Exemple : l’âme est la forme de l’homme (mais ceci est la forme de tous les vivants). La forme de d’ensembles d’outils) c’est toujours poser une finalité. Voilà pourquoi tout le monde s’accorde à dire
l’homme : certains fonctions de l’âme propre à l’homme : l’intellect. Quand on pense, on réalise une que la biologie d’Aristote, sa pensée de la nature et du tout, est finaliste. Finalisme : tout est orienté
fonction 2nd : on réalise notre substance de manière plus parfaite. vers un but ; chaque chose réalise sa fonction. Ainsi : les espèces ont un sens, une direction générale.

Réalisation d’une puissance = perfection (la perfection préexiste et est immanente à la réalisation). Mécanisme : une explication de la nature, des êtres, comme étant le résultat d’une combinaison entre
hasard et nécessité.
Cours 20/03
Empédocle : attaché à l’école éléatique. Il considère l’univers comme suivant des cycles. Ces cycles
Aristote n’est pas réductionniste : l’étude de la vie organique ne se réduit pas à l’observation des corps. suivent deux principes moteurs : le principe amour (philia) et le principe haine (neikos). L’amour se
Il ne réduit pas sa conception de la vie organique à un ensemble de corps juxtaposés. trouve au cœur de l’univers tandis que la haine se trouve sur les contours de l’univers. Dans les phases
positives, la philia va pousser la neikos hors du monde. Dans ces phases, le cosmos s’unifie, s’agrège
Il va déduire de l’observation et de l’analyse des vivants et de la définition des vivants, l’existence de et ne forme peu à peu plus qu’un. Il n’y a que quand l’univers est uni qu’il est réellement. L’être
quelque chose de supplémentaire, quelque chose qui va s’ajouter aux êtres matériels animés permettant correspond à un être plein où il n’y a pas de non être, de négation, de faille. Dans les phases de haine,
d’expliquer le fait que le vivant se tient de lui -même et que le vivant n’est jamais simplement que tout est dissocié. La haine fissure le monde, s’intègre dans le monde. (Cf. Platon, mythe d’Aristophane).
l’agrégation de brique matérielle. Il y a quelque chose en plus : le principe de se maintenir à la vie. Ces cycles sont nécessaires. La haine et l’amour sont les deux principes moteurs qui vont marquer les
tempo de l’univers. Au moment où nous sommes dans la phase de haine, le hasard va intervenir. Le
T.2. Parties des animaux, I, chap. I: « Puisqu’il faut que la hache fende… » hasard comme pure imperfection : la haine nous dissocie des uns des autres. Le hasard s’immisce dans
le cosmos quand la haine commence à morceler, à effriter l’être. Nécessité du côté des principes et
Le corps dans son ensemble a pour but de se maintenir en vie. Chaque partie a en vue de réaliser son hasard du côté des causes. Une fois que les êtres sont distinguer les uns des autres, la biologie ou la
acte, sa fonction, son action, lesquels conjointement vont permettre à l’organisme de vivre. zoogonie d’Empédocle semble darwinienne avant l’heure. Selon Empédocle, une fois qu’on est séparé
et qu’on est pleins d’individus éloignés les uns des autres, la nature crée et morcelle des individus de
Partage entre les fins et le moyens (Cf. Ethique à Nicomaque : homme agent rationnel doué d’une manière complétement aléatoire et sauf les individus les plus viables survivent. Ainsi, une espèce est
intentionnalité : quand je me pose une finalité, je discrimine entre différents moyens d’y accéder. Je une tentative qui a réussi (c’est un échec qui ne s’est pas encore réalisé comme échec). Le rôle de
choisis le moyen le plus rationnel. Pour cela je délibère. Délibération (= une faculté rationnelle) : l’échec dans le mécanisme empédocléen consiste à dire qu’une fois qu’on est sortie de cette phase
évaluer le rapport entre le moyen et la fin). d’amour et qu’on est dans la phase où les êtres sont distingués les uns des autres et interagissent entre
eux, dans la production des espèces naturelles et des êtres vivants, il y a ce principe d’hasard. C’est a
La respiration est un moyen de maintenir l’organisme en vie : on montre qu’elle existe en vue d’une posteriori qu’il y a un tri parmi ces êtres.
fin qui la dépasse et qu’elle est dotée en vue de cette fin de certains moyens.
Pourquoi Aristote refuse-t-il cette combinaison de hasard et de nécessité ?
Aristote développe une biologie qui semblerait téléologique, finaliste.
Il reproche à Empédocle sa thèse selon laquelle les êtres sont produits de manière complètement à
Si le vivant a une forme bien définie, si cette forme préexiste : il faut comprendre à quelle finalité obéit l’aveugle par la nature et la réalité des choses fait que certains disparaissent. Selon Aristote, le hasard
cet organisme ainsi formé : pourquoi cette forme et pas une autre ? Si on retrouve que cette forme ne peut pas faire aussi bien les choses. Aristote met en avant le fait que les choses se passent, de manière
(exemple : si les humains n’ont jamais eu que cette forme), pourquoi on retrouve chez ces hommes massive, toujours de la même manière. De ce fait, Aristote se sert de l’antériorité de l’acte sur la
puissance. Comme chaque individu va reproduire son espèce à l’infini de manière nécessaire et toujours dans une face de haine, il y a certaines nécessités. Mais, il y a aussi énormément de hasard qui permet
de la même manière, il faut bien qu’il y ait un plan immanent. On garde la lignée de ce qu’on est d’expliquer comme les choses se constituent. En réalité, le hasard ne permet rien d’expliquer.
destinée à être.
Aristote : régularité suffisamment intelligible pour supposer qu’il n’y a pas de hasard dans la nature, et
Il y a une antériorité de l’acte sur la puissance : du point de vue des espèces, la réalisation de chien par qu’il y a simplement, non pas de la nécessité mais de la finalité.
exemple préexiste à tous les petits chiots avant qu’ils naissent. Il y a une nécessité dans les espèces,
mais en plus, ces espèces sont désignés a priori. Elles préexistent aux individus. Lamarck : il défend le fait que les espèces se transforme en s’adaptant, qu’elles vont développer certains
organes en vue de réaliser telle ou telle fonction, ou de mieux vivre, de mieux s’adapter. Concept
(5) Seconds Analytiques, I, 2, 71b35-72a5 & Parties des animaux, I, 1, 640a16 d’adaptation qui se fait en vue d’une finalité. Du point de vue de l’évolution d’une espèce, elle
De la même manière qu’il y a un renversement en tant que l’espèce préexiste à l’individu, il y a développe certains organes parce qu’elle a tel besoin. Exemple : la girafe. Notion d’effort : les efforts
également un renversement du point de vue de la genèse de sorte que la genèse (la phase de longtemps soutenus font que le caractère acquis va devenir caractère inné. A force d’effort, de
construction) est toujours en vue du produit finit. La genèse est toujours « en vue de » ce qu’elle va contracter une habitude, les caractères acquis durant l’existence d’un individu se transmette
être. La fin préexiste. La finalité est antérieure à la genèse (pas dans l’ordre chronologique mais en génétiquement aux suivants.
terme de forme/de finalité, elle préexiste – sinon les choses ne se passeraient pas de telle ou telle
manière. Rien dans le vivant ne correspond pas à des caractéristiques préalablement établies qui Darwin : il y a adaptabilité, il y a évolution mais cette évolution et cette adaptation sont a posteriori.
correspondent à la forme finale de chaque espèce. La nature crée un ensemble d’individus viables ou non et seuls les individus viables vont survivre. Il
combine cette idée d’adaptation avec l’idée de sélection naturelle. Une espèce perpétue car elle a trouvé
Darwin a lu cet extrait et a cru que c’était Aristote alors que c’est la théorie d’Empédocle. Ainsi, Darwin les moyens de sa survie, un partenaire sexuel avec qui se reproduire etc. La constitution d’une espèce
va énormément se réclamait d’Aristote alors qu’il dit exactement le contraire. passe toujours par un massacre quotidien et une sélection a posteriori.

Texte 1 : série 4 : l’âme est un principe premier moteur de l’ensemble de l’organisme. Il n’y a pas de Texte 4 (série 3) : Alain transpose dans l’artisanat ce principe de Darwin
dissociation de partie de l’âme en fonction des parties du corps. Texte métaphorique. L’animal pris
dans sa neutralité est similaire à la cité où les lois sont bien faites dans son rapport à l’âme. Dans une Darwin s’est beaucoup inspirée d’Empédocle sans le savoir.
cité juste où les lois sont bien faites il n’y a pas besoin de placer un principe de gouvernement à tous
les coins de rue. C’est la même chose pour l’âme dans le corps. Analogie entre organisme et Finalisme d’Aristote / mécanisme de Démocrite :
organisation politique. L’âme est motrice de toutes les parties du corps sans avoir besoin d’être de
manière différencié et individué dans chacune des parties du corps. L’atomisme considère qu’il n’y a de réalité que matérielle et que la matière est composé d’atomes et
de vide. En l’absence d’un dieu tout puissant, comment le monde a-t-il été créé ? Lucrèce parle de
L’âme est moteur premier : c’est le moteur premier de l’organisme, le moteur premier des vivants. clinamen, c’est-à-dire le premier événement qui a fait qu’il y a commencé à avoir des êtres qui se sont
Primauté : plus importante que le reste des fonctions car elle les anime. Le souffle et le cœur sont des constitués comme tels. Avant que les choses soit telles qu’elles sont aujourd’hui, de toute éternité, les
relais cinétiques qui permettent au corps de se mouvoir, des relais organiques, des causes secondes. atomes tombaient en une sorte de pluie de manière linéaire et parallèle : ne se croisaient pas. Système
uniforme sans intentionnalité. Un atome décide un jour de dévier de sa course. Atomos/atomoi : ce qui
Chez Aristote il est souvent question de cause première et de cause seconde : est indivisible.
Aristote s’oppose à Démocrite dans sa conception de la philosophie de la nature.
Le premier moteur immobile (Dieu) qui unifie tout l’univers est la cause première des êtres : il est plus
éminemment haut que les êtres. Mais ici-bas, nous avons le relais des causes secondes. Ces causes Texte 3 série 3 : Lucrèce : « c’est l’organe qui crée l’usage ».
secondes sont par rapport à nous premières mais le premier moteur est la cause première de tous les Aristote : c’est la fonction qui crée l’organe, elle préexiste à l’organe.
êtres du monde sublunaire dans la mesure où c’est lui qui est en premier lieu la véritable cause.
Aristote défend une causalité finaliste au sein de la nature. Il développe ça pour le vivant mais aussi
➢ La cause première : la cause la plus éloignée, la plus éminente et explicative. pour l’ensemble de la nature.
➢ La cause seconde : à comprendre comme un relais, comme une causalité qui a une efficience,
qui a une réalité mais qui est du point de vue de l’ensemble des causes secondes : elle vient Texte 2 série 4 : éternité des espèces.
après et est secondaire. Même dans la causalité seconde, il y a les quatre causes.
Substrat : le support, ce sur quoi va exister quelque chose
Mécanisme/finalisme
Substance comme matière : comme substrat, comme support => si on considère la matière
Empédocle, à partir de son système, affirme qu’il faut voir la biologie, la zoologie, l’ensemble des individuellement elle n’existe relativement aux qualités qu’elles va porter, que la forme va informer en
sciences qui concerne la nature, comme étant des sciences qui doivent prendre en compte la dissociation elle. Du point de vue de la forme, la matière n’est que substrat. En elle-même elle n’est rien.
des êtres. Prendre en considération cela c’est faire droit au hasard et à la nécessité. Même quand on est
Chôra chez Platon : lieu => dans lequel le Démiurge essaye de composer avec cette chôra qui obéit aux L’astronome étudie la lune et le soleil en tant qu’ils sont lune et soleil. Or, le physicien va devoir
principes de nécessité. prendre en considération ces données mais le physicien s’intéresse exclusivement à la nature de ces
êtres. Le mathématicien s’intéresse à la lune et au soleil en tant que sphère. Le mathématicien, le
Génération / genèse / construction physicien, l’astronome étudient la même chose sans y voir la même chose. Mais, le mathématicien est
plus autonome, il a moins besoin de voir exactement de quoi la sphère est-elle la sphère. Il étudie la
« Ce qui concerne la génération est le contraire de ce qui concerne l’essence » : sphère en tant que sphère.
➢ Essence : est
➢ Génération : prise pour un mouvement Comment se fait-il que la lune soit à la fois objet des mathématiques, de l’astronomie et de la physique ?
➢ La génération se fait à partir de quelque chose. La génération est transitive : on génère => « en tant que » = hê : le mathématicien voit la lune en tant que sphère. C’est le même objet mais en
quelque chose pour quelque chose. tant qu’il est observé par tel ou tel lunette ou par tel ou tel point de vue, les autres aspects seront
neutralisés.
Notion : l’énoncé par lequel je vais dire ce qu’est la chose et l’énoncé qui va synthétiser les
caractéristiques essentielles et donc formelles (car la forme caractérise l’essence). La définition doit Or, la physique est plus éminente car elle considère l’être dans sa réalité substantielle, considère les 4
énoncé le ce sans quoi l’être ne serait pas ce qu’il est. Tout énoncé qui vise à décrire une chose selon causes. Le physicien s’approche beaucoup plus de la réalité de la chose : il développe une vérité
ses caractéristiques essentielles. Dans la catégorie de notion, il met le concept. Notion : toute réalité beaucoup plus consistante.
conceptuelle, toute idée qui regroupe ce qu’est la chose.
En tant que : sous l’aspect de = opération mentale qui vise à occulter une partie de la réalité de l’objet
Du point de vue de la notion : pour donner une définition de la maison je ne suis pas obligée de faire de manière volontaire.
appel à la notion de construction (tandis que toute construction, est construction de quelque chose ;
toute construction est en vue d’un produit fini lequel obéit à un certain schéma, à une certaine intention, Ce n’est pas faux de vouloir abstraire. Mais, ce qui est faux du point de vue des partisans des idées
à une certaine forme). La notion de construction en tant que processus ne peut se passer de cette finalité, c’est de séparer ces caractéristiques et de les substantialiser, leur accorder plus de réalité qu’ils n’en
de ce résultat final pour être bien comprise tandis que le résultat final, quand bien même il est le produit n’ont. Platon ne se rend pas compte que ce qu’il sépare, ce qu’il substantialise comme étant des idées
par une construction, peut se comprendre sa cette construction. L’idée de construction n’est pas => ne se rend pas compte qu’il a poussé le résultat d’une abstraction mentale et en a fait quelque chose
essentielle à la notion de maison. La notion est liée à la finalité (= qui est la réalisation de l’essence / de réel. Aristote dénonce le réalisme des Idées.
réalisation de manière première qui on est : pour le vivant = avoir une âme qui lui permette de survivre).
Là où Aristote est abstractionniste, Platon va être réaliste ou anti-abstractionniste. Platon : le monde
D’une part, chronologiquement, ce sont la matière et la génération qui nécessairement sont premières est mathématisable, il découle de principes mathématiques. Aristote : je déduis les mathématiques hors
alors que selon la notion, ce sont l’essence et la forme de quelque chose. du monde ; les idées mathématiques sont le fait d’une abstraction a posteriori mais pas d’une existence
a priori. Mathématiques = création théorique qui correspond au monde car je les ai inventé à partir du
La génération / la cause motrice, efficiente & la matière : premières d’un point de vue chronologique. monde. La physique donne les lois mathématiques.
Mais selon la réduction à l’essence d’un être : c’est l’essence et la forme qui prioritairement définisse
ce qu’est la chose. Êtres séparés : les idées mathématiques : l’idée du nombre 48 n’a pas besoin d’un substrat physique
pour exister.
Double niveau : niveau chronologique & niveau logique (= on définit de manière éminente une maison Êtres non-séparés : « chèvre » = ne peut pas exister dans le monde sans être incarné.
par ses caractéristiques essentielles que par les autres caractéristiques comme la manière dont elle a été => êtres toujours pris dans la matière = ils sont potentiellement séparables en pensée. Mais quand je
construite). Du point de vue individuel, c’est l’enfant qui devient un savant (il est pas déjà savant avant pense l’idée de chèvre : je ne pense pas quelque chose qui existe, le concept de chèvre n’existe pas en
de l’être mais du point de vue de l’universel, du point de vue de l’espèce, c’est l’acte qui préexiste à la dehors de ma pensée.
puissance (les chats font de chats : pas de déviation possible).
Or, les être séparés : aucune autre manière d’exister = abstrait du réel mais que cette manière d’exister.
25/03/2021
T.1. Physique, II, 2, 193b20-194a10 Séparer = abstraire + distinguer plusieurs formes d’existence (existence simplement mentale et
Ce qui est séparable / ce qui est séparé : ce qui est séparable en puissance doit-il être séparé au niveau existence réelle)
de l’être ?
Platon : naïf : a cru à la séparation. Aristote : les idées (càd les modèles des choses existantes) existent
Aristote propose un partage des sciences en fonction de leur objet : le physicien s’occupe des êtres mais pas de rapport entre participant et idées.
mobiles, le biologiste s’intéresse au vivant etc.
Aristote : toute chèvre correspond à la définition de chèvre mais cette abstraction de cette idée, si elle
Objet d’étude du biologiste : le vivant => c’est un être aussi qui est mu, donc c’est aussi un objet de la existe je l’ai abstraite et elle existe mais n’existe pas de manière séparé des individus chèvres et
physique. substantielle. Idée de chèvre : être mental/abstraction.
T.2. Platon, Timée, 50a4-50b5 essayer de formaliser, de former le monde et d’intégrer à la matière du monde les formes
De la même manière que le monde physique constatable est toujours amené à être autre chose, cet mathématiques. Démiurge = obligé de simplifier ces idées.
artisan qui modèle et change toujours la forme de cette même matière, on ne peut pas dire que cette
entité qu’il malaxe est plus triangle que chameau etc. Texte qui illustre ce qu’est le monde sensible Chez Platon, il y a une grosse dévaluation du sensible d’un point de vue ontologique. Cette dévaluation
pour Platon : pas de permanence dans le monde, les choses sont sans cesse en mutation. n’est pas sans effet. Elle implique un décrochage entre l’ordre physique et l’ordre métaphysique. Le
monde sensible n’obéit pas au même principe et n’a pas le même comportement, ne va pas répondre
T.3. Platon, Timée, 48a3-49d3 aux mêmes lois que les idées.
Les éléments se fondent les uns dans les autres. Je ne peux jamais considérer qu’une chose est
véritablement, corresponde à son idée : comme si son essence changeait en permanence. Celui qui Chez Aristote, il y a une différence entre le monde sublunaire et le monde supralunaire. Y’a-t-il pour
convertirait son regard uniquement en tant que scientifique sur la réalité matérielle du monde = comme autant un décrochage ? Dans le monde supralunaire, il existe des êtres physiques (= des corps célestes).
rêver les yeux ouverts = quelqu’un qui voit sans voir. Or, les corps célestes sont composés de matière et de forme, comme les êtres du monde sublunaire. De
même, de la même manière que les étants du monde sublunaire, les étants du monde supralunaire se
Arioste, contre Platon se situe dans un cadre abstractionniste : les mathématiques sont tirées du meuvent. Or, la physique s’occupe de tout ce qui est mobile, de tout ce qui est compris dans un
sensible, sont abstraites et pas l’inverse (ce n’est pas les mathématiques qui préexistent de manière mouvement. Le monde sublunaire et le monde supralunaire répondent tous les deux de la physique. Ils
ontologique au sensible). sont tous les deux observables et tous les deux théorisables par la science physique. Tous ces étants
Aristote : physique finaliste : l’essence préexiste à l’existence, l’acte est antérieur à la puissance. sont considérés par la physique. Question : où placer Dieu, le premier moteur immobile ?
Explique que la nature soit si bien organisée et qu’elle soit aussi régulière.
La différence entre le monde sublunaire et le monde supralunaire : on a affaire à différents types de
Finalisme aristotélicien à l’œuvre dans la nature VS finalisme platonicien mouvement et différents types de nature. Les étants du monde sublunaire sont soumis à l’accidentalité,
soumis à l’altération, à la corruption et à la génération. Dans le monde supralunaire, il n’y a ni de
Platon : forme de finalisme car le monde n’est pas hasardeux. Régularité = mirage. Il y a un processus génération, ni de corruption. Monde supralunaire : le mouvement est parfait et circulaire. Trajectoire
finalisé au sens de la nature, la nature répond à certaines lois qui lui viennent de l’extérieur et qui ne quasi parfaite. Etants du monde sublunaire : soumis à la corruption, à l’altération etc.
sont pas le fruit du chaos.
Pas véritablement d’intentionnalité dans le finalisme. Il y a des régularités, des lois physiques et il y a
Distinction Platon / Aristote : une finalité dans la nature. Mais, je ne peux pas abstraire hors du monde une intentionnalité, un agent
> Platon ne reconnait aucune efficience et très peu de réalité aux causes matérielles. Les interactions créateur. La régularité, l’intelligibilité et la permanence du monde est immanente. Pas d’intentionnalité
matérielles qu’Aristote nomme causes secondes ont seulement Platon aucune efficience. On voit des réelle extérieure / pas un agent hors du monde. Chez Platon : intentionnalité externe.
régularités qui du point de vue de l’être. Apparences de causes mais pas des causes à proprement parler.
La causalité véritable = du côté du Démiurge et des Idées sur lesquels il prend modèle et qu’il essaye Idée chez Platon que la causalité matérielle n’avait pas d’effectivité. Aristote reconnaît la causalité
d’intégrer dans le monde. Il nie l’effectivité des causes matérielles/des causes physiques ici-bas. interne au monde matérielle et refuse le fait qu’il y ait une causalité externe, complètement extérieur.
Il refuse le fait que le premier moteur immobile soit extérieur au monde. Il va l’externaliser mais ne va
> Platon dit que les essences/les idées (Eidos : forme, essence etc.) sont premières chronologiquement, pas complètement rompre ce rapport. Il y a certes une causalité première mais le relais des causes
d’un point de vue causale (ce sont elles qui sont cause de la manière dont le monde est) mais aussi secondes va avoir une effectivité. Réfléchir au monde en tant que physicien = prendre en compte ces
première au sens de la primauté. Elles méritent plus le titre d’être : elles concentrent beaucoup plus causes qui sont secondes dans l’ordre de l’importance mais qui sont bel et bien réel. C’est comprendre
d’intelligibilité. Idées = formes intelligibles et existantes par elles-mêmes. Primauté des idées le monde que de comprendre les causes visibles ici-bas.
ontologiques et aussi épistémique. Ceci amène Platon à défendre du point de vue du vivant et de la
nature un certain finalisme téléologique (télos = un but). Différence avec Aristote : chez Platon, 08/04/2021
processus finalisé qui répond à une intention qui est extérieure au monde, répond à un but qui est cause La nature = finaliste, finitiste et fixiste mais certains êtres compris dans cette nature dérogent aux règles
des causes = finalité intentionnelle. Exemple : aller vers le bien. d’apparence les plus courantes. Double problème : problème épistémologique de celui de la
classification de ces individus monstrueux et problème ontologique qui pousse à une interrogation de
> Ce réalisme des essences chez Platon conduit à expliquer le monde à travers une finalité la nature de la nature. Qu’est-ce que la nature ? Est-ce que la nature peut contenir en elle-même sa
intentionnelle dirigée vers un but extérieur à lui. Finalité qui nous oblige à nous extraire de ce monde- propre contradiction ? Une chose peut être à la fois contre nature et pas contre nature.
là et qui suppose de l’intentionnalité.
Comment expliquer que certaines productions de la nature soit à la fois naturelle et dérogent de leurs
> Aristote : la nature se répète car elle trouve sa propre réalité. Perfection de chaque animal : réaliser espèces qui sont naturelles ? Quel rôle accordé à cette contradiction de la nature ?
sa perfection, de réaliser son entéléchie.
Le monde pour Platon est l’incarnation de rapport mathématique dans le terrain cosmique. Le démiurge Enjeu : concept de puissance vis-à-vis de l’acte. C’est en mobilisant le concept de puissance que
essaye de reproduire ces idées dans le monde ici-bas. Imitation pas parfaite en raison de la chôra = le Aristote maintient d’une part la nature éternelle et une nature qui est le lieu d’une certaine imperfection
réceptacle. On a, au plus haut degré d’existence, de causalité et d’éminence, les idées. Le démiurge va car lieu d’une certaine puissance. Possibilité de l’erreur.
Aristote : univers = totalité finie, bornée dont l’organisation/la configuration dépend en dernière qui peut se faire si on considère que la ressemblance est la norme. Ce qui ne correspond même plus à
instance du premier moteur immobile. De tous les êtres du monde, le premier moteur immobile est le l’espèce est un monstre. Mais, celui qui déjà dévie un tout petit peu de la ressemblance de ses parents
seul qui est acte pur, le seul qui n’a pas de puissance. Il n’est que en acte, il ne devient jamais autre est une forme de monstruosité. De plus, le monstre n’a rien de nécessaire au regard de la cause finale
chose que lui-même, il ne change jamais. Voilà pourquoi il est immobile : il n’évolue jamais. Il est mais il est nécessaire du point de vue du hasard.
éternellement en acte et son immobilité tient aussi au fait que son acte est celui de son auto
contemplation. Vu qu’il ne change jamais, sa contemplation elle-même n’a pas à se transformer. N’a Le critère de la monstruosité qu’Aristote avance dans ce texte est simplement un critère de
aucune raison de passer d’un état à un autre. dissemblance : vis-à-vis de ses parents,, vis-à-vis de l’espèce etc. Celui qui ne ressemble pas à ces
parents est déjà à certains égards un monstre. Tout écart vis-à-vis de ce qu’on est supposé être est déjà
Les autres êtres, y compris les corps célestes (qui sont pourtant parmi les plus parfaits), ont de la une forme de monstruosité.
puissance en eux. Ils ne sont pas complet, pas parfait. La preuve est que pour Aristote, tout mouvement
est la marque de la puissance, de l’imperfection. Tout mouvement est le passage d’un état à un autre. Définition minimale/quantitative du monstre chez Aristote comme un écart vis-à-vis du type générique
Le mouvement des astres = mouvement circulaire (= mouvement le plus parfait de tous car pas un ou comme une déviation vis-à-vis de ce type générique. Est monstrueux pour Aristote, tout individu
véritable changement ; le mouvement qui implique parmi les mouvements le moindre de changement qui, tout en faisant partie d’une espèce, déroge à certaines de ces lois ou à certaines de ces apparences.
– contrairement à la translation qui lui implique une irréversibilité : il y a un avant et un après). Tout 1er trait caractéristique du monstre chez Aristote : il ne s’agit pas de quelque chose de paranormale, de
mouvement éternel se doit d’être uniforme (puisque sinon il y aurait un avant et un après, ce qui n’a quelque chose en marge du réel. C’est simplement un écart et simplement une différence de degré.
pas de sens dans une éternité). Mouvement qui n’implique pas de transformation, du nouveau, du Dédramatisation complète de la notion de monstre. Différence de degré suffisamment conséquente vis-
changement. Les êtres du monde supralunaire = un peu moins imparfait que nous mais imparfait quand à-vis de l’espèce, suffisamment conséquence pour mettre en doute sa viabilité ou son appartenance à
même car ont un peu de puissance. l’espèce mais sans complètement, pour autant, le sortir de la nature. Le monstre est « naturalisé » chez
Aristote.
Suppose des degrés dans la perfection. Les êtres du monde sublunaire : voués à d’autres types de
mouvement. Génération et corruption : deux types de mouvements qui n’arrive que dans le monde Décalage théorique entre différents textes d’Aristote : dans la génération des Animaux, Arioste prend
sublunaire car ce sont des mouvements qui implique une transformation substantielle. Nos puissances ses distances à l’égard d’une compréhension unilatérale de la téléologie naturelle. La nature ne fait rien
au sens de force s’épuisent. en vain mais la nature ne peut pas faire tout ce qu’elle veut pour autant. Certains textes insistent sur la
finalité quasi parfaite de la nature et certains autres textes admettent le monstre au sein de la nature
Les corps célestes : se meuvent, sont animés par une puissance infinie (puissance en tant que force, ils comme une de ses contradictions (mais qui est naturelle).
sont animés par un moteur éternelle qui est celui de leur désir pour le premier moteur immobile) et leur
mouvement ne s’épuise jamais. Tous ces mouvements célestes sont la cause plus ou moins directe de Aristote définit la monstruosité comme nécessaire par accident. L’erreur est donc essentielle au monde
la configuration de notre monde sublunaire. Puisque ces principes sont les moteurs de notre monde et (sans pour autant être systématique).
que ce ces principes sont éternelles, le monde est donc éternellement ce qu’il est, les espèces sont
éternellement ce qu’elles sont : il n’y aura pas de variation. Pierre Aubenque, La prudence chez Aristote : montre que chez Aristote, bien que l’erreur contredise
l’éternité/la nécessité/la finalité naturelle, l’erreur a une place essentielle par accident dans le monde.
Comment expliquer (si notre configuration du monde est simplement ce qui découle et ce qui est causé Paradoxe de la finalité : la finalité (qui va pousser tel ou tel être à réaliser telle ou telle puissance ou
nécessairement par des mêmes causes qui sont éternellement les mêmes et qui font que se répéter et telle substance à se conformer à sa forme/à son espèce) tend à supprimer la séparation entre la fin et ce
qui sont mues elles-mêmes par un moteur qui a toujours la même force et toujours la même puissance) dont elle est la fin, càd à toujours rapprocher ce qui tend vers sa fin de sa fin. Mais, la finalité persiste,
qu’il y ait des déviations par rapport à l’espèce (d’autant plus que le monde est configuré, si on remonte ne se détruit pas en s’accomplissant. Elle continue à être recherché par les êtres doués de puissance.
la chaîne causale, par le premier moteur immobile lequel est pur acte) ? Comment se fait-il qu’il y ait Une fois que la finalité est atteinte, elle ne disparait pas/elle ne s’autodétruit pas. La finalité ne se
1° diversité entre les espèces et 2° erreur/monstruosité/exception ? détruit pas en s’accomplissant car l’accomplissement de cette finalité n’est jamais total.

2.3. Le Monstre et L'Exception Toute téléologique, toute finaliste qu’elle est, la nature telle que la comprend Aristote n’enjoint pas à
supprimer l’idée d’échec. L’idée d’échec est maintenu, son existence est nécessaire par accident dans
Ce qu’Aristote entend par monstre n’est pas ce que la postérité ou la tradition à partir du Moyen-Âge un monde qui pourtant est traversé par une téléologie/par une finalité éternelle.
à décider d’en faire (à savoir monstre comme prodige ou comme présage, comme quelque chose de
divin ou de maléfique). Ce qu’entend Aristote par monstre correspond à une définition minimale (il Il y a quelque chose dans la définition même de la finalité qui présuppose qu’elle n’est jamais
dédramatise le concept de monstre). intégralement accompli. Le monde est traversé par la puissance. Mais, la puissance c’est
l’indétermination qui est préalable à l’actualisation. Or, dans cette indétermination se niche la
T1, série 7. Comme l’acte est antérieur à la puissance et que chacun des individus qui produisent un possibilité de l’imperfection (aussi bien que de la réussite). Si rien n’est déterminé encore
autre individu ont déjà en eux ce qu’ils vont transmettre et les puissances caractéristiques qu’ils vont complètement, si je n’ai pas encore actualisé cette puissance, tout est encore possible. La possibilité et
transmettre à l’individu qu’ils vont générer, de ce point de vue-là, c’est un écart (le fait de ne pas l’imprévisibilité sont sources d’erreurs autant que de réussites.
ressembler à ses parents) qui peut être considérer comme monstrueux. Double nature : d’une part il y L’acte est antérieur pour Aristote à la puissance. Mais, en même temps, l’antériorité de l’acte sur la
a la nature de l’homme en général/l’espèce humaine et d’autre part, un écart, un type de monstruosité puissance n’est pas une antériorité de fait. Simplement, les individus d’une même espèce sont censés
correspondre à l’espèce. Mais, parfois, on constate des différences car la puissance précède l’acte de de régularité qui est le maximum qu’on puisse atteindre l’universel, ce serait s’éloigner de la réalité et
fait, de manière chronologique. échouer à l’interpréter. Vouloir forcer le vivant/la nature à s’exprimer en termes d’universalité stricte
revient à perdre ce qu’on gagnerait en extension.
Pourquoi Aristote dit que le monstre est à la fois contre-nature et soutient en même temps qu’il n’est
pas contre la nature ? => monde sublunaire qui n’est pas la simple expression pure et parfaite des mouvements éternels et
uniformes du monde supralunaire.
Le monstre appartient à la catégorie des phénomènes contraires à la nature mais non à la nature
considérée dans sa constance absolue/la nature éternelle. Du point de vue de la nature éternelle, rien ne 15/04/2021
se produit contre la nature. Du point de vue des phénomènes qui, dans la généralité des cas, sont d’une Beaucoup de choses dans la nature se produisent seulement la plupart du temps. A ce titre, le monstre,
certaine façon mais peuvent être autrement (là où il y a de la puissance), on a affaire au domaine, non en tant qu’exception (au sens d’écart par rapport au type générique de l’espèce à laquelle il appartient)
pas de l’universel strict, mais au domaine de ce qui est le plus fréquent/de ce qui arrive le plus ne menace pas véritablement le fixisme et le finalisme à l’œuvre dans la nature mais peuvent se
fréquemment. Entendu ainsi, la nature est entendue non pas comme un universel strict qui ne combiner. Le monstre en lui-même n’est pas contre nature (car il est naturel) mais contre une certaine
supposerait aucune exception mais comme régularité, comme fréquence. La fréquence n’est pas absolu, nature / une certaine façon d’entendre la nature (comme fréquence).
c’est comme une norme : il y a des individus qui sortiraient de cette norme. Les écarts font partis de la
nature. Un individu peut tout à la fois correspondre à son espèce et en même temps ne pas être exactement là
où on l’attend.
Pour Aristote, le monstre va être réintégré à l’ordre de la nature lorsque la nature est entendue non pas
comme cosmos mais lorsqu’elle est entendue simplement/de manière minimale comme ordre le plus Tel était le niveau de généralité tout au plus à laquelle la science peut accéder. Chez Aristote, la biologie
fréquent. Dans cet ordre, le monstrueux sera l’excès ou le défaut. Cette compréhension de la doit se contenter de ce qui arrive la plus part du temps. Si la biologie essaye de dépasser ces propres
monstruosité est conforme à une nature qui comporte de l’indéterminé (car elle comporte de la possibilités, cela reviendrait à perdre ce qu’on gagnerait en extension.
puissance). Donc, la monstruosité est une nécessité accidentelle. L’erreur est nécessaire car la nature
contient de la puissance et n’est pas complètement en acte. CONCLUSION

Une proposition telle que « les vaches ont quatre estomacs », n’est pas une proposition universelle Le vivant à la fois confirme l’ordre naturel et à la fois y échappe. Est-ce qu’il y a une science du vivant ?
affirmative. Chez Aristote : les propositions universelles d’un côté et les propositions particulières de Science au sens d’épistèmê.
l’autre. Une proposition universelle affirmative = toutes les vaches ont de toute éternité quatre estomacs
=> proposition qui assigne le prédicat à tous les sujets qui sont concernés par ce sujet grammatical. Les Premiers Analytiques et les Seconds Analytiques. Ouvrages de logique.
Pourtant, si cette proposition n’est pas universelle affirmative, Aristote ne veut pas dire simplement • Premiers analytiques : ouvrage qui sert à dériver les théorèmes des sciences à partir des
qu’il arrive à une vache ou à un groupe de vache d’avoir quatre estomacs. Ce que veut dire Aristote par axiomes.
ces propositions affirmatives qui ne sont ni particulières ni universelles c’est que toute vache a • Secondes analytiques : ouvrage qui définit ce qu’est un axiome. Comment va se former une
naturellement quatre estomacs (même si il peut arriver que certaines vaches, par accident, n’est pas science déductive axiomatisée ?
quatre estomacs).
Syllogisme : la majeur (universelle affirmative) ; un moyen terme (qui fait la jonction entre l’individu
« Os epi to polu »: « la plupart du temps » et la majeur).
• Pas heuristique, ne nous fait pas atteindre de nouvelles vérités.
Aristote, livre II de la Physique : la science naturelle porte sur des objets qui sont soumis au mouvement • Syllogisme = que rhétorique : façon de présenter la vérité et de s’assurer que la source et le
et qui sont traversés à la puissance. De plus, les êtres de la biologie sont liés au hasard. lien que je fais entre le principe et ma conclusion est juste.
• La majeur est prise pour vraie. Ce qu’on veut prouver : c’est la conclusion du syllogisme.
T1 série 6. Beaucoup de choses dans la nature ne se produisent que la plupart du temps. C’est comme • Inutile pour la progression de la science : ne sert qu’à exposer la science une fois qu’elle est
si l’universel n’existait pas en acte dans la nature. La plupart du temps : tel est le niveau de régularité achevée.
et de généralité auquel la physique doit se contenter. La plupart des vérités dès lors, auquel on va
parvenir avec cette science naturelle, vont être énoncées sous cette forme : la plupart du temps/il est La manière dont Aristote dans ces ouvrages rend compte de la nature des axiomes est fondée sur une
plus fréquent que les x soient y. certaine conception de la nature de la connaissance.
La fréquence est le signe de la nature. La nature n’est pas l’expression de l’universalité pure. Science chez Aristote : censée systématisée notre connaissance de ce qui constitue son objet. Les
L’exception n’est qu’un écart, qu’une faute due à la fortune ou au hasard. Ce sont ces fautes – que sont axiomes et les théorèmes de cette science doivent être des propositions qui sont connues et qui vont
le monstre ou les écarts – qui permettent de rendre raison de la monstruosité. satisfaire aux conditions du savoir scientifique. Une science doit être composée de composantes elles-
mêmes vérifiables.
Prétendre dépasser dans le monde sublunaire et pour les être corruptibles ce degré de généralité pour
viser à l’universel, ce serait s’éloigner de la réalité. Essayer de dépasser ce degré de généralité, ce degré
Quelles sont les exigences du système scientifique ? A quelles conditions doivent se soumettent ces ensemble d’individus) qu’on peut atteindre la cause/la définition et possibilité de faire une science du
axiomes pour qu’à partir d’eux on soit certain de déboucher sur des connaissances vraies ? vivant.

Les axiomes doivent répondre à plusieurs conditions pour permettre aux sciences d’être bien fondées. Débat autour du finalisme de la nature = pas résolu.
1° Les axiomes doivent être vrais. Si ils n’étaient pas vrais, ils ne pourrait ni être connus eux-mêmes Raymond Ruyer, Néo-finalisme
ni fondés la connaissance de théorèmes qui en dérivent. 2° L’axiome doit être premier et immédiat. Si Canguilhem, Le normal et le pathologique
les axiomes ne sont pas premiers, ils seraient dérivés d’autres axiomes etc. (régression à l’infini). 3° ils => bcp de prolongements de ces questions de finalisme et le rapport entre la nature et le particulier
doivent être mieux connus que les théorèmes. Notre connaissance des théorèmes dépend des axiomes.
La question du vivant pointe de manière plus évidente la limite de la physique et de la cosmologie
Jusqu’où la biologie répond ou non aux exigences qu’Aristote a posé pour toute science ? Le vivant = règne de l’exception

Le concept central des 2nd analytiques : apodeixis = démonstration qu’Aristote va définir comme une Le vivant est de tous les êtres naturels dont s’occupe la physique (car la physique s’occupe de tout ce
déduction qui nous fait connaitre, d’accéder à une connaissance. Les démonstrations sont une des qui est mu selon Aristote celui qui contient en lui-même son propre de mouvement, de dépérissement,
espèces de la déduction. Si je sais que les prémisses d’une déduction sont vraies, alors j’aurais aussi le de reproduction). On voit à l’œuvre dans le vivant plus qu’ailleurs le passage de la puissance à l’acte.
savoir de leur conclusion. Il pourrait alors sembler que connaître n’est pas autre chose que connaître On comprend mieux le décalage qui existe entre l’antériorité de l’acte sur la puissance, antériorité qui
les prémisses d’une démonstration (la conclusion s’en suivant quasi mécaniquement). est de l’ordre du fondement : l’acte fonde la puissance. Mais, d’un point de vue chronologique, la
puissance amène à l’acte. Double mouvement de fondation et mouvement du déploiement. Etudier le
Connaître scientifiquement une chose = connaître la cause. Toute connaissance réelle passe par la vivant c’est étudier la génération, la reproduction. Occasion de pointer vers le finalisme car la
connaissance de la cause. génération et la corruption = cas où on voit à la fois l’antériorité de la puissance sur l’acte et la
postériorité de l’acte vis-à-vis de la puissance.
Texte 2 série 7. 1° Ne peut être connu scientifiquement que ce qui ne peut être autrement, que ce qui
est de manière absolu. 2° Une connaissance scientifique de ce qui n’a pas de cause est impossible.

Si connaître scientifiquement quelque chose c’est connaître tout ce qui a une cause et c’est connaître
la cause, ce qui est toujours nécessaire, un zoologiste/un biologiste connaîtra de science sure que les
vaches ont quatre estomacs 1° si il sait pourquoi elles ont quatre estomacs, 2° si il sait que normalement
elles doivent en avoir quatre. Ces deux conditions sont définitoires de la science et déterminent tout
l’appareil scientifique de la science axiomatique.

Cette conception de la science semble exclure toute connaissance scientifique des faits contingents. Si
on suppose que la plus grande partie de ce qui se produit dans le monde des objets sensibles est
contingent dans le monde sublunaire, alors nous pourrons nous attendre à ce que la science ainsi conçue
soit considérablement appauvrie. Aristote ne soutient pas qu’il y ait une réelle connaissance scientifique
des individus ou des faits individuels en tant qu’ils sont individuels. Le contingent relève de
l’individuel. Or, cela ne va pas à l’encontre du fait que toute connaissance scientifique fondée, réelle
est une connaissance du nécessaire. Le monstre n’invalide pas la connaissance du nécessaire car le
monstre n’invalide pas l’espèce. Aristote en disant qu’il y a de connaissance que du nécessaire et que
des causes il dit qu’il y a de connaissance que du général et non du particulier. Pas de science de Socrate
par exemple. Derrière la généralité, Aristote vise quand même l’universalité. Espèce : éternelle,
universelle, fixiste, vraie. Je ne connais de manière scientifique le vivant que par la catégorie d’espèce.
La biologie doit avoir affaire au général en tant qu’il correspond ou non à l’universel.

Une science des individus n’intéresse pas Aristote. La biologie s’intéresse aux individus non pas en
tant qu’eux-mêmes mais en tant qu’ils font partie d’une espèce et à conditions qu’ils puissent être
subsumés sous des universaux immuables (lesquels universaux n’existent pas de manière séparable de
ces individus mais l’espèce/l’universalité dans la biologie s’atteint si de tous les individus que je vois
j’en tire les caractéristiques les plus universels, les plus irréductibles à l’espèce et qui valent pour tous
– quand bien même il y aurait des écarts). Aristote est guidé par une nécessité aussi bien épistémique
qu’ontologique de créer le concept d’espèce. C’est qu’avec le concept d’espèce (l’universel d’un

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