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Recettes fiscales de l’État

Note d’analyse de l’exécution


budgétaire
2016
2 COUR DES COMPTES

Recettes fiscales de l’État

Prévisions et exécution des recettes fiscales de l’État en 2016

Exécution Exécution
Md€ LFI 2016 LFR 2016
2015 2016

Impôt net sur le revenu 69,3 72,1 71,5 71,8

Impôt net sur les sociétés 33,5 32,8 30,5 30,0

TICPE 13,8 15,9 15,7 15,9

Taxe sur la valeur ajoutée nette 141,8 144,6 144,4 144,4

Autres recettes fiscales 21,7 22,4 23,2 22,0

Recettes fiscales nettes 280,1 287,9 285,3 284,1


Source : direction du budget

Ventilation des recettes fiscales en 2016 (Md€)

Source : direction du budget


RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 3

Synthèse

Les principales observations


Les recettes fiscales nettes de l’État se sont élevées à 284,1 Md€ en
2016, soit 4,0 Md€ de plus qu’en 2015.
La hausse des recettes fiscales par rapport à 2015 est
principalement la conséquence de leur évolution spontanée (à
législation constante) qui s’est élevée à + 5,2 Md€. L’élasticité des
recettes fiscales, qui se mesure par le ratio de leur taux de croissance à celui
du PIB en valeur, devrait s’établir à 1,2 en 2016.
L’année 2016 est marquée par un relative continuité par rapport à
2015, avec une élasticité positive après trois années au cours desquelles
elle avait été négative (avec en 2013 une valeur anormalement basse de -
1,6), en lien avec une croissance du PIB en valeur relativement faible.
Ainsi, la croissance économique plus forte en 2016, comme en 2015,
s’accompagne d’un retour à une élasticité proche de l’unité.
La croissance spontanée des recettes fiscales en 2016 s’explique
principalement par l’augmentation des recettes d’impôt sur le revenu
(+ 2,8 Md€) et de taxe sur la valeur ajoutée (+ 2,3 Md€).
Au-delà de leur évolution spontanée, les recettes fiscales ont
diminué en 2016 sous l’effet de différentes mesures, dont l’incidence
s’élève à -1,3 Md€ (après + 1,1 Md€ en 2015). Ce montant recouvre des
effets de sens contraire. L’effet le plus important des mesures nouvelles est
la réduction de l’impôt sur le revenu des ménages aux revenus moyens et
modestes, dont le coût net s’est élevé à 2 Md€.
Par ailleurs, les mesures relatives à l’impôt sur les sociétés (hors
crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) ont diminué son
rendement de 3,5 Md€, parmi lesquelles 1,7 Md€ lié au coût de divers
contentieux (dont 1,4 Md€ de contrecoup de la recette fiscale
exceptionnelle de 2015 suite au contentieux avec EDF) et 2,3 Md€ à la
suppression de la contribution exceptionnelle d’IS.
En ce qui concerne la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), l’effet des
mesures est négligeable. Le rendement de la taxe intérieure sur la
consommation de produits énergétiques (TICPE) a augmenté de 2,1 Md€,
les gains liés à la hausse des tarifs votée en LFI pour 2014 (+1,3 Md€) étant
en partie transférés à l’agence de financement des infrastructures de
transports de France (AFITF) pour un montant de 0,77 Md€. Enfin, les
4 COUR DES COMPTES

recettes fiscales de l’État en provenance du service de traitement des


déclarations rectificatives (STDR) ont diminué de 0,3 Md€ en 2016 par
rapport à 2015.
Par rapport à la LFI pour 2016, le rendement des recettes
fiscales en exécution a été globalement inférieur de 3,8 Md€ (- 1,2 Md€
par rapport à la LFR pour 2016). Sur les principaux impôts (impôt sur le
revenu, TVA, TICPE), l’exécution est proche des prévisions de LFI,
hormis s’agissant de l’impôt sur les sociétés dont l’exécution est en
diminution de 2,85 Md€ (- 8,7 %). Cette baisse résulte pour l’essentiel
d’une évolution spontanée très inférieure aux prévisions, du fait d’un
bénéfice fiscal 2015 des entreprises moins important que prévu (+ 4,2 %
dans les prévisions révisées de 2016 lors du PLF 2017, contre + 9,7 %
anticipé en LFI 2016).
In fine, l’évolution spontanée des recettes fiscales en 2016 a été de
+ 1,9 %, contre + 3,1 % escompté en LFI. Le taux de croissance
économique, qui a été réduit en cours d’année de 2,5 % à 1,6 % en valeur,
a contribué à cette baisse. L’élasticité des recettes fiscales au PIB, de 1,2
est proche de la prévision initiale (1,3).
En exécution, l’écart sur le rendement des mesures est faible
(- 1,6 Md€) et résulte notamment des éléments suivants : le surcoût de
0,4 Md€ du crédit d’impôt en faveur de la transition énergétique
(CITE) ; de moindres recettes d’impôt sur la fortune (- 0,3 Md€) et un
transfert de l’État vers les administrations de sécurité sociale lié à la
compensation d’exonérations de cotisations sociales agricoles (- 0,5 Md€).
A contrario, les droits de mutation à titre gratuit progressent (+ 0,7 Md€),
de moindres décaissements au titre des contentieux communautaires
(- 0,5 Md€) sont enregistrés et le contrecoup des prélèvements sur fonds de
roulement opérés en 2015 est revu à la baisse (0,4 Md€).
L’analyse par impôt permet de mettre en évidence quelques autres
faits marquants de l’année 2016 comme l’impact limité de la baisse des
prévisions de croissance et d’inflation sur les recettes de TVA et la bonne
tenue de la TICPE.
RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 5

Les recommandations de la Cour

Le suivi des recommandations formulées


au titre de la gestion 2015
La Cour avait formulé trois recommandations au titre de 2015, dont
deux étaient reconduites et la troisième reformulée. Les trois
recommandations sont contestées par l’administration.
1. Publier dans les documents budgétaires des informations
détaillées (évolution spontanée, mesures nouvelles, mesures de périmètre
et de transfert…) sur le champ des recettes fiscales nettes des seuls
remboursements et dégrèvements d’impôts d’État (recommandation
reconduite).
L’administration considère que ce champ n’est pas pertinent et que
le calcul des recettes fiscales nettes doit intégrer la déduction des
remboursements et dégrèvements d’impôts locaux. En conséquence, la
Cour reconduit sa recommandation.
2. Expliciter, dans un document annexé au PLF, les méthodes et le
processus de prévision des recettes pour les principaux impôts
(recommandation reformulée).
L’administration considère que de nombreux documents sont d'ores
et déjà rendus publics concernant les prévisions de recettes fiscales.
S’il est vrai qu’un certain nombre d’informations existe dans les
différents documents mis en avant par l’administration, en revanche, les
méthodes et le processus de prévision de recettes de l’année devraient être
davantage détaillés dans chaque PLF. En particulier, l’hypothèse
d’élasticité fiscale ou les facteurs explicatifs de l’évolution des bases
taxables ne sont pas détaillées impôt par impôt, dans la prévision de
recettes.
La Cour reformule en ce sens sa recommandation pour demander
à l’administration de préciser impôt par impôt, les hypothèses d’élasticités,
des bases taxables et de leurs déterminants.

3. Réaliser et publier, dans l’annexe Voies et moyens du projet de


loi de finances, des analyses approfondies des écarts entre prévision et
exécution de recettes fiscales (recommandation reconduite).
6 COUR DES COMPTES

L’administration estime que les documents budgétaires fournissent


d’ores et déjà l’information demandée sur l’écart entre prévision et
exécution, l’analyse menée étant appelée à être d’autant plus approfondie
que ces écarts sont significatifs. En pratique, ces explications demeurent
assez succinctes.
La Cour reconduit donc sa recommandation et la fusionne avec la
précédente.

Les recommandations formulées au titre de la gestion 2016

Au titre de la gestion 2016, la Cour reconduit la première


recommandation et reformule, en les fusionnant, les recommandations n°2
et n°3 de 2015.

1. Publier dans les documents budgétaires des informations


détaillées (évolution spontanée, mesures nouvelles, mesures de périmètre
et de transfert…) sur le champ des recettes fiscales nettes des seuls
remboursements et dégrèvements d’impôts d’État (recommandation
reconduite).
2. Présenter, dans l’annexe Voies et moyens du projet de loi de
finances, d’une part les méthodes et le processus de prévision des recettes
pour les principaux impôts, en précisant, impôt par impôt, les hypothèses
d’élasticités, des bases taxables et de leurs déterminants, et d’autre part,
des analyses approfondies des écarts entre prévision et exécution de
recettes fiscales (recommandation reformulée).

La Cour rappelle une autre recommandation relative aux recettes


fiscales, formulée dans l’analyse de l’exécution budgétaire de la mission
Remboursements et dégrèvements :
Modifier la présentation du tableau d’équilibre des ressources et
des dépenses dans les lois de finances en déduisant des recettes fiscales
brutes de l’État les seuls remboursements et dégrèvements relatifs à des
impôts d’État pour la détermination des recettes fiscales nettes.
RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 7

Sommaire

Introduction .....................................................................................8
1 Une augmentation de 4 Md€ par rapport à 2015 due
essentiellement à l’évolution spontanée ......................................9
1.1 Une évolution spontanée de 1,9 %, dans la continuité de
l’exercice budgétaire 2015 .................................................... 11
1.2 Des modifications de la législation et des transferts nombreux
mais dont l’effet total reste limité ......................................... 13
2 Des recettes fiscales en baisse de 3,8 Md€ par rapport à la
prévision de la LFI 2016 et de 1,2 Md€ par rapport à la LFR
2016.............................................................................................. 20
2.1 Une base 2015 plus haute que la prévision retenue en LFI
2016 ...................................................................................... 22
2.2 Une évolution spontanée des recettes décevante ................... 23
2.3 Un impact faiblement défavorable des mesures cumulées en
exécution ............................................................................... 25
3 L’analyse par impôt ................................................................... 28
3.1 Impôt sur le revenu ............................................................... 28
3.2 Impôt sur les sociétés ............................................................ 29
3.3 TICPE ................................................................................... 34
3.4 TVA ...................................................................................... 35
3.5 Les autres recettes fiscales .................................................... 36
4 Les recommandations de la Cour ............................................. 40
4.1 Le suivi des recommandations formulées au titre de 2015 ... 40
4.2 Récapitulatif des recommandations formulées au titre
de la gestion 2016 ................................................................. 42
8 COUR DES COMPTES

Introduction

Les recettes fiscales1, nettes des remboursements et dégrèvements,


constituent, avec les recettes non fiscales et les fonds de concours,
l’ensemble des recettes de l’État. En 2016, ces dernières se sont élevées à
304,0 Md€, dont 284,1 Md€ pour les recettes fiscales nettes, 16,3 Md€
pour les recettes non fiscales et 3,6 Md€ pour les recettes de fonds de
concours.
Les recettes fiscales nettes se calculent par différence entre les
recettes fiscales brutes et les remboursements et dégrèvements. En 2016, le
montant des recettes fiscales brutes a été de 387,4 Md€ et celui des
remboursements et dégrèvements de 103,3 Md€. Cette note analyse
uniquement la prévision et l’exécution des recettes fiscales nettes : d’une
part, elles ont plus de sens du point de vue économique que les recettes
brutes et, d’autre part, les remboursements et dégrèvements font l’objet
d’une note d’analyse spécifique.
Avec un montant de 284,1 Md€ en 2016, les recettes fiscales
nettes ont augmenté de 4,0 Md€ par rapport à 2015. Cette progression
provient principalement de la croissance spontanée (à législation
constante) des recettes fiscales, qui s’est élevée à 5,2 Md€ (1,9 %), les
mesures ayant un impact négatif, mais limité à - 1,3 Md€.
Par rapport à la prévision figurant dans la LFI pour 2016, le
rendement des recettes fiscales en exécution a été inférieur de 3,8 Md€.
Ce montant est lié pour l’essentiel à une croissance spontanée des
recettes revue à la baisse en cours d’année, qui a engendré une baisse sur
les principaux impôts et en particulier une moins-value significative sur
l’impôt sur les sociétés (- 2,85 Md€). Par ailleurs, l’impact des mesures
(mesures nouvelles, mesures antérieures à la LFI et mesures de périmètre
et de transfert) s’est révélé inférieur en exécution de près de 1,6 Md€ à la
prévision initiale.
L’analyse par impôt détaille ces différents effets pour chacun d’eux.

1 Cette note analyse les recettes fiscales comptabilisées en recettes du budget général
de l’État. En revanche, elle n’examine pas la fraction des recettes fiscales qui est
affectée à d’autres administrations publiques (sécurité sociale, collectivités locales).
Les éventuelles modifications apportées à la répartition des recettes fiscales entre les
administrations publiques sont mentionnées, lorsqu’elles concernent l’État, dans les
mesures de transfert. Ces dernières concernent principalement la TVA et la TICPE.
RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 9

1 Une augmentation de 4 Md€ par rapport à


2015 due essentiellement à l’évolution
spontanée
Avec un rendement de 284,1 Md€ en exécution 2016, les recettes
fiscales nettes de l’État ont augmenté de 4,0 Md€ par rapport à 2015.

Graphique n° 1 : Évolution des recettes fiscales brutes et nettes sur la


période 2003-2016 (Md€)

Note : l’écart entre les recettes fiscales brutes et nettes correspond aux remboursements
et dégrèvements, qui se sont élevés à 103,3 Md€ en 2016 (voir note d’analyse
correspondante). Par ailleurs, les montants des recettes fiscales brutes et nettes de
l’année 2010 n’incluent pas le rendement de 16,6 Md€ des impôts locaux affectés
transitoirement à l’État cette année-là.
Source : direction du budget

Les composantes de l’évolution des recettes fiscales


L’évolution des recettes fiscales nettes au cours d’une année
s’analyse selon deux composantes : l’évolution spontanée (à législation
constante), qui dépend largement des évolutions de l’activité économique,
et les mesures de hausse ou de baisse des impôts, parmi lesquelles sont
distinguées les mesures antérieures à la LFI de l’année, les mesures
nouvelles au sens strict (de la LFI et des LFR de l’année), enfin les mesures
de périmètre et de transfert de ressources entre administrations publiques.
10 COUR DES COMPTES

L’augmentation de 4,0 Md€ des recettes fiscales entre 2015 et 2016


résulte pour l’essentiel de leur évolution spontanée (à législation constante)
qui a été de + 5,2 Md€. Les différentes mesures intervenant en 2016 ont eu
un impact globalement négatif de - 1,3 Md€ sur le montant des recettes
fiscales nettes, qui se décompose comme suit :
- d’une part, les mesures liées à la législation ont eu un impact
négatif de - 5,41 Md€, soit - 3,54 Md€ pour les mesures
antérieures à la LFI et - 1,87 Md€ pour les mesures de la LFI
2016 ;
- d’autre part, les mesures de périmètre et de transfert ont
augmenté les recettes fiscales de 4,13 Md€.

Graphique n° 2 : Évolution des recettes fiscales entre 2015 et 2016


(Md€)

Source : direction du budget – Cour des comptes


RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 11

1.1 Une évolution spontanée de 1,9 %, dans la


continuité de l’exercice budgétaire 2015
L’évolution spontanée des recettes fiscales a été positive en 2016,
de + 5,24 Md€ (+ 1,9 %), dans la continuité de l’évolution spontanée
constatée sur l’exercice 2015 (+ 1,7 %), et qui intervenait après trois années
de baisse.

Graphique n° 3 : Croissance du PIB en valeur et croissance


spontanée des recettes fiscales sur la période 2006-2016

Source : Rapport économique social et financier du PLF n+2 pour l’élasticité de


l’année n ; direction du budget pour l’année 2016.

L’élasticité des recettes fiscales au PIB, définie comme le rapport


du taux de croissance spontanée des recettes fiscales au taux de croissance
du PIB en valeur, ressort en 2016 à 1,2, proche de l’unité, comme en 2015
(0,9), alors que l’élasticité des trois années précédentes (2012, 2013 et
2014) avait été négative (comprise entre -0,2 et -1,6).
12 COUR DES COMPTES

Tableau n° 1 : Élasticité des recettes fiscales sur la période 2006-2017


2006 2007 2008 2009 2010 2011
+2,0 +1,3 +1,0 +4,5 +1,6 +1,6

2012 2013 2014 2015 2016 2017


-0,2 -1,6 -0,4 +0,9 +1,2 +1,4*
Sources : Rapport économique social et financier du PLF n+2 pour l’élasticité de
l’année n ; calcul Cour des comptes pour 2016 ; *prévision pour 2017 associée au PLF
2017 (Voies et moyens, tome I)

Ce chiffre est cohérent avec l’évolution du PIB en valeur en 2016,


similaire à 2015 (1,6 %2, contre 1,9 % en 2015).
En effet, comme la Cour l’avait souligné3 dans de précédents
travaux, la croissance spontanée des recettes fiscales suit les variations du
PIB en valeur, en les amplifiant : dans les périodes de croissance
économique soutenue, l’évolution spontanée des recettes fiscales est un
peu plus forte que celle du PIB ; à l’inverse, lors des années de faible
croissance (2009 mise à part), la croissance spontanée est plutôt inférieure
à celle du PIB4. L’année 2016 apparaît ainsi comme une année de
continuité avec une élasticité proche de l’unité (1,2), comme en 2015 (0,9),
reflétant l’absence d’accélération de l’activité économique.
La croissance spontanée des recettes fiscales résulte de
l’augmentation des recettes d’impôt sur le revenu net (+ 2,8 Md€) et de
taxe sur la valeur ajoutée (+ 2,3 Md€).
Concernant l’impôt sur le revenu, selon l’administration, cette
hausse spontanée (+ 4,0 %) proviendrait du dynamisme des revenus
(salaires, retraites, revenus fonciers et BNC), en particulier du fort rebond
des plus-values mobilières au barème.
S’agissant de la TVA, l’évolution spontanée des recettes nettes
budgétaires serait de + 1,7 % en 2016, après 0,3 % en 2014 et 0,9 % en
2015, et s’expliquerait principalement par une consommation des ménages
assez dynamique en volume (+ 1,8 %), les effets de l’inflation proche de

2
Insee, informations rapides, 16 mai 2017, n°128. Selon les Comptes trimestriels du
4ème trimestre 2016, le taux de croissance en valeur est la somme du taux de croissance
en volume (1,2 %) et du taux de croissance du prix du PIB, également appelé « déflateur
du PIB » (0,4 %).
3 Cf. Cour des comptes, référé sur la qualité des prévisions de recettes fiscales, du 16

décembre 2013.
4
La valeur anormalement basse de l’élasticité en 2013 reste néanmoins à ce stade sans
explication.
RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 13

zéro étant nuls. En effet, d’une part, une inflation plus faible qu’attendue
diminue l’assiette de la TVA (effet prix négatif sur le rendement), mais de
l’autre, elle favorise également la consommation (effet volume positif sur
le rendement).
L’évolution spontanée des recettes fiscales est donc, pour la
deuxième année consécutive, positive, après trois années de baisse, et
contribue significativement à l’augmentation des recettes fiscales par
rapport à 2015.

1.2 Des modifications de la législation et des


transferts nombreux mais dont l’effet total
reste limité
Les différentes mesures intervenues en 2016 ont eu un effet négatif
sur les recettes fiscales de 1,3 Md€.
Cet effet se décompose en - 3,54 Md€ pour les mesures antérieures
à la LFI 2016, - 1,87 Md€ pour les mesures nouvelles adoptées dans la LFI
ou après et + 4,13 Md€ pour les mesures de périmètre et de transfert.

Tableau n° 2 : Impact net des mesures sur les recettes fiscales en 2016
(Md€)

Mesures Mesures Mesures de


Total des
antérieures à la nouvelles LFI périmètre et de
mesures
LFI5 et LFR transfert

-3,54* -1,87 +4,13* -1,28


Source : direction du budget
*retraitement de la mesure de suppression de la PPE (2,07 Md€) en mesure de
périmètre

5 Les mesures « antérieures à la LFI » recensent les conséquences en 2016 de


modifications de la fiscalité adoptées dans des textes antérieurs. Il peut s’agir de
mesures déjà en vigueur en 2015 dont la montée en charge se poursuit en 2016, comme
par exemple le CICE dont le coût budgétaire augmente en 2016 par rapport à 2015 :
c’est l’augmentation du coût entre les deux années qui est décomptée dans les « mesures
antérieures ». Il peut également s’agir de mesures qui étaient en vigueur en 2015 et qui
ne le sont plus en 2016.
14 COUR DES COMPTES

L’effet des mesures (-1,3 Md€ en 2016 après +1,1 Md€ en 2015),
relativement faible, par rapport à ce qui a été observé certaines années6,
recouvre en réalité un nombre important de mouvements, à la hausse
comme à la baisse.

1.2.1 Les mesures touchant à la législation


L’impact sur les recettes fiscales des mesures touchant à la
législation a été de - 5,41 Md€ en 2016, et se concentre essentiellement :
- pour les mesures antérieures à la LFI (- 3,54 Md€), la baisse de
recettes est liée au cumul de diverses mesures : l’impact du surcoût de
certains crédits d’impôts (crédit d’impôt en faveur de la transition
énergétique pour - 0,8 Md€ ; CICE pour - 0,2 Md€) ; les mesures sur l’IS,
hors CICE, qui ont eu globalement un impact négatif de l’ordre de
3,5 Md€ ;
- pour les mesures nouvelles, il s’agit essentiellement du montant de
l’impôt sur le revenu qui a été diminué de 2,0 Md€ par la réduction de
l’impôt pour les ménages aux revenus moyens et modestes adoptée dans la
LFI 2016 ;
- pour les mesures de périmètre (+ 4,13 Md€), les deux principaux
mouvements résultent : du reversement de TICFE au budget de l'État dans
le cadre de la réforme de la contribution au service public de l'électricité
(CSPE) votée en loi de finances rectificative pour 2015 (+1,98 Md€) 7 ; de
la suppression de la prime pour l’emploi (+ 2,07 Md€), dont la dépense
fiscale a été transformée en dépense budgétaire dans le contexte de la
création de la prime d’activité (cf. encadré ci-dessous).

6
L’impact des mesures a été de -9,3 Md€ en 2014 après +20,2 Md€ en 2013.
7
Voir l’encadré dans la partie 3.3
RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 15

Le traitement de la suppression de la prime pour l’emploi


Le tome II de l’annexe Voies et moyens du PLF pour 2017 identifie
la prime pour l'emploi comme la dépense fiscale ayant le plus diminué en
2016 comparé à 2015. La loi n° 2014-1655 du 29 décembre 2014 de
finances rectificative pour 2014 a supprimé le dispositif à compter des
revenus perçus pour l’année 2015, afin de pouvoir financer la prime
d’activité8 créé par la loi no 2015-994 du 17 août 2015 relative au dialogue
social et à l'emploi. La prime n’étant plus versée, le coût de la dépense
fiscale associée recule en conséquence de plus de 2 Md€.
Cette dépense fiscale a donc été transformée en dépense budgétaire9.
Une mesure de périmètre a bien été enregistrée en dépenses au moment de
la création de la prime d’activité pour 2,1 Md€ (PLF pour 2016). Le tome
I de l’annexe Voies et moyens signale par ailleurs : « l’effet positif des
mesures déjà votées (+ 0,3 Md€) intègre notamment l’impact de la
transformation de la prime pour l’emploi en dépense dans le cadre de
l’instauration de la prime d’activité (+ 2 Md€) ». Pour autant, la disparition
de la prime pour l’emploi n’est pas retranscrite comme une mesure de
périmètre s’agissant des dépenses fiscales, qui aurait dû conduire à réduire
le plafond de 2 Md€.

La montée en charge du crédit d’impôt pour la compétitivité et


l’emploi (CICE) se poursuit, mais son coût budgétaire entre 2015 et 2016
varie de seulement 0,2 Md€, soit un coût de 12,6 Md€ en 2016. De forts
ressauts sont en revanche attendus en 2017 et en 2018 avec respectivement
+ 3,2 Md€ et + 4,8 Md€10.

8 L’exposé des motifs de l’article 15 du PLFR précise : « Le présent article propose de


supprimer la prime pour l’emploi (PPE), afin de permettre son remplacement, à
compter du 1er janvier 2016, par un nouveau dispositif plus efficace d’incitation à
l’activité et de soutien au pouvoir d’achat des salariés modestes. Le présent article
permettra de créer un nouvel instrument de soutien au pouvoir d’achat des travailleurs
modestes et d’incitation à l’activité, plus lisible et plus efficace. Ce dispositif sera
opérationnel au premier janvier 2016. Pour contribuer à son financement, il est
proposé de supprimer la prime pour l’emploi au titre des revenus perçus en 2015 ce
qui dégagera un gain budgétaire de 1 940 M€ à compter de 2016 ».
9 Voir la note d’exécution budgétaire sur les dépenses fiscales pour 2016.
10
Voir la note d’exécution budgétaire pour la mission Remboursements et
dégrèvements pour 2016.
16 COUR DES COMPTES

Tableau n° 3 : Coût budgétaire du CICE en 2015 et 2016 (Md€)


2015 variation 2016
IS 11,6 +0,1 11,7
IR 0,8 +0,1 0,9
Total 12,4 +0,2 12,6
Source : direction du budget, d’après comptes INSEE – Cour des comptes

Les mesures sur l’impôt sur les sociétés, hors CICE11, ont eu un
impact globalement négatif de - 3,5 Md€. La non reconduction, en 2016,
d’un versement exceptionnel de l’État dans le cadre d’un contentieux avec
EDF12 s’est traduite par une diminution de 1,4 Md€ des recettes d’IS. Au
total, l’État enregistre une perte de recettes de -1,7 Md€ sur les contentieux.
Les autres mesures sont décrites dans le tableau ci-dessous.

Tableau n° 4 : Impact des mesures sur les recettes d’impôt sur les
sociétés (hors CICE) pour 2016 (en Md€)

Mesures Impact 2016


Suppression de la contribution exceptionnelle
-2,3
à l’IS
Limitation des possibilités de déduction des
-0,7
charges financières
Prorogation du suramortissement -0,5
Effets du Pacte de responsabilité et de
+1,8
solidarité*
Total -1,7
Source : direction du budget - retraitement Cour des comptes
*effets retours sur l’IS des baisses de cotisations sociales et de la suppression
progressive de la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S).

En ce qui concerne la TVA, l’effet des mesures est nul, les mesures
nouvelles ayant un impact négligeable (régime des ventes à distance ; taux

12 Le 22 juillet 2015, la Commission européenne a adopté une décision qualifiant


d’« aide d’État incompatible avec les règles de l’Union européenne » le traitement fiscal
des provisions créées entre 1987 et 1996 pour le renouvellement des ouvrages du
Réseau d’Alimentation Générale (RAG) d’EDF. Prenant acte de cette décision, EDF
s’est engagé à procéder au remboursement des sommes exigées, à savoir le montant
d’IS supplémentaire que la société aurait dû payer si les provisions en question
n’avaient pas été déductibles de l’IS. Le montant encaissé en 2015 s’élève à 1,37 Md€.
RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 17

réduit sur les produits d’hygiène féminines, …) et les mesures anciennes


ne produisant pas d’effet report significatif en 2016.
Sur la TICPE, l’année 2016 est marquée par la montée en charge de
la contribution climat-énergie votée en LFI pour 2014 (+ 1,2 Md€) et de la
convergence de la fiscalité sur les tarifs du gazole et ceux de l’essence,
votée en LFR pour 2015 (0,3 Md€). Par ailleurs, les transferts à l’agence
de financement des infrastructures de transports de France (AFITF) se sont
élevés à 0,77 Md€ (en baisse de 0,37 Md€ par rapport à 201513). Les
mesures relatives aux aménagements de fiscalité sur les taxes intérieures
de consommation jouent positivement (+ 0,4 Md€ des tarifs de TICGN et
TICC ; + 0,2 Md€ de TICPE des transporteurs routiers ; + 0,1 Md€ lié à la
suppression de la défiscalisation des biocarburants).
Sur les autres recettes, les effets liés à la législation sont négatifs
(- 0,7 Md€) et résultent principalement de la suppression de la taxe
exceptionnelle de solidarité sur les hautes rémunérations versées par les
entreprises (- 0,4 Md€) et du maintien des exonérations de fiscalité locale
pour les retraités modestes (- 0,2 Md€).
Les encaissements du Service de traitement des déclarations
rectificatives14 (STDR) en recettes fiscales de l’État ont connu en 2016 une
diminution de 0,3 Md€ par rapport à 2015. Cette baisse se concentre sur
l’impôt sur la fortune et les successions, le rendement global sur les autres
recettes fiscales (IR et donations) étant identique à 2015.

13 Soit un transfert de 1,14 Md€ en 2015.


14Le Service de traitement des déclarations rectificatives (STDR), attaché à la direction
nationale des vérifications de situations fiscales (DNVSF), a été mis en place en 2013
afin de traiter les dossiers des contribuables détenant des avoirs non déclarés à l'étranger
et souhaitant régulariser leur situation. Les contribuables doivent s'acquitter du
paiement intégral des impositions éludées et non prescrites dans les conditions de droit
commun ainsi que des pénalités et amendes correspondantes.
18 COUR DES COMPTES

Tableau n° 5 : Encaissements du STDR en 2015 et 2016 (droits et


pénalités, Md€)
2015 2016 Écart
IR 0,7 0,8 +0,1
ISF 0,8 0,5 -0,3
Donations 0,2 0,2 +0,0
Successions 0,4 0,2 -0,2
Total des recettes fiscales de l’État 2,1 1,8 -0,3
Recettes non fiscales de l’État (amendes) 0,3 0,3 -0,0
Contributions sociales 0,3 0,4 +0,1
Recettes totales STDR 2,7 2,5 -0,2
Source : direction du budget – Cour des comptes

1.2.2 Les mesures de transfert


D’importants transferts de recettes sont intervenus en 2016.
En ce qui concerne la TVA, les opérations de la gestion 2016 sont
les suivantes :
- une moindre affectation de TVA à la sécurité sociale pour un
montant de 0,15 Md€ est réalisée, dans le cadre de la
compensation par l’État du Pacte de responsabilité et de
solidarité15 ;
- le contrecoup en 2016 favorable à l’État et pour un montant à due
concurrence de l’opération de LFR pour 2015 par laquelle une
affectation de TVA de 0,65 Md€ avait été décidée en faveur de la
sécurité sociale, afin de rembourser les dettes de l’État aux
organismes de sécurité sociale16 ;

15 La compensation des effets du Pacte sur la sécurité sociale a été opérée par plusieurs
mesures : reprise par l’État du financement de l’aide personnalisée au logement (APL),
affectation de recettes nouvelles (notamment le prélèvement de solidarité sur les
revenus du capital). L’ensemble des compensations excédant le coût du Pacte pour la
sécurité sociale, la fraction de TVA qui lui est affectée a été réduite.
16 Pour mémoire, le montant de 646 M€ affecté à la sécurité sociale en 2015 a été établi

d’après l’état semestriel des relations entre l’État et la sécurité sociale au 30 juin 2015,
publié dans l’annexe 6 du PLFSS 2016. Ce bilan faisait état d’une dette nette de l’État
vis-à-vis de la sécurité sociale d’un montant de 104 M€ au 30 juin 2015. Ce solde
résultait de l’écart entre 646 M€ de dette brute de l’État et 542 M€ de créances. La dette
de l’État constituée sur chaque dispositif au titre des exercices 2014 et antérieurs a ainsi
été annulée (voir le rapport de la Cour des comptes sur le budget de l’État pour 2016).
RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 19

- une affectation de TVA de 0,47 Md€ pour compenser la baisse de


7 points des cotisations maladie des exploitants agricoles, décidée
dans le cadre du plan de soutien à l’agriculture.
Sur l’ensemble des transferts, le gain net en TVA pour l’État en 2016
se situe à 0,33 Md€.
Les transferts de TICPE représentent un gain de 0,25 Md€ pour
l’État. Il résulte essentiellement du plafonnement du transfert de TICPE au
profit de l’AFITF qui s’est soldé par un transfert positif pour l’État
(+ 0,37 Md€).
Les mesures de plafonnement de taxes affectées et d’affectation à
des opérateurs se sont soldées par une perte nette de 0,56 Md€ pour l’État.
20 COUR DES COMPTES

Tableau n° 6 : Principales mesures de transfert en matière de taxes


affectées en 2016 (en Md€)
Mesures Impact 2016
Contrecoup des mesures 2015 sur les taxes
-0,2
affectées et les fonds de roulement
Relèvement du plafond de taxe sur les
transactions financières affecté au fonds de -0,12
solidarité pour le développement
Affectation de 25 % du montant de TTF à
-0,24
l’agence française de développement
Total -0,56
Source : direction du budget - retraitement Cour des comptes

L’ensemble des mesures contribue à réduire les recettes fiscales


nettes en 2016 de 1,3 Md€.

2 Des recettes fiscales en baisse de 3,8 Md€


par rapport à la prévision de la LFI 2016 et
de 1,2 Md€ par rapport à la LFR 2016

Selon la loi de finances initiale pour 2016, les recettes fiscales de


l’État devaient atteindre 287,9 Md€. En exécution, elles s’élèvent à
284,1 Md€, soit - 3,8 Md€ par rapport à la prévision initiale et - 1,2 Md€
par rapport à la LFR pour 2016.

Tableau n° 7 : Prévision et exécution des recettes fiscales en 2016


(Md€)
Écart Écart
LFI 2016 LFR 2016 Exécution exécution / exécution /
LFI LFR
287,9 285,3 284,1 -3,8 -1,2
Source : Direction du budget – Cour des comptes
RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 21

L’écart entre la prévision initiale et l’exécution s’explique


principalement par une moindre recette de 2,9 Md€ sur l’IS, liée à une
croissance du bénéfice fiscal de 2015 moins importante que prévu (+ 4,2
% dans les prévisions révisées de 2016 lors du PLF 2017 contre + 9,7 %
anticipé en LFI). En revanche, l’exécution demeure proche de la prévision
initiale en matière de TVA ou de TICPE.

Tableau n° 8 : Décomposition de l’évolution des recettes fiscales en


2016, en prévision et en exécution (Md€)
Mesures
Mesures Mesures
Effet de de
antérieures nouvelles
2015 l'évolution périmètre 2016
au présent du présent
spontanée et de
PLF PLF
transfert
LFI 2016 278,76* +8,77 -2,22 -1,70 +4,25 287,86
Exécution 280,13 +5,24 -3,54 -1,87 +4,13 284,10
Écart +1,37 -3,53 -1,32 -0,17 -0,12 -3,77
Source : direction du budget – Cour des comptes (avec retraitement de la PPE en
mesure de périmètre)
*LFR pour 2015
22 COUR DES COMPTES

Graphique n° 4 : Décomposition de l’écart entre la prévision de


recettes fiscales de la LFI 2016 et l’exécution (Md€)

Source : direction du budget – Cour des comptes

2.1 Une base 2015 plus haute que la prévision


retenue en LFI 2016
En exécution, les recettes fiscales en 2015 se sont élevées à
280,1 Md€, en hausse de 1,37 Md€ par rapport à la prévision de la loi de
finances rectificative pour 2015 qui avait servi de base à la construction de
la prévision des recettes fiscales en 2016 dans la LFI 2016.
RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 23

2.2 Une évolution spontanée des recettes décevante


La prévision de recettes fiscales du PLF pour 2016 reposait sur une
hypothèse d’évolution spontanée dynamique (+ 3,4 %). Compte tenu de
l’hypothèse de croissance du PIB en valeur de + 2,5 %, l’élasticité des
recettes fiscales ressortait à 1,3. Cette valeur était nettement supérieure à
celles qui figuraient dans le PLF 2016 au titre de 2014 (- 0,4) et 2015 (0,8),
mais cohérente avec la prévision de croissance.
Supérieure à la valeur moyenne à long terme de 1, cette prévision
prenait en compte une hypothèse de croissance du PIB en valeur en 2016
(2,5 %), supposée plus forte qu’en 2014 (0,8 %) et 2015 (2,0 %) et se
traduit par une hausse de l’élasticité globale des prélèvements obligatoires.

Tableau n° 9 : Élasticité des recettes fiscales nettes à la croissance du


PIB, d’après PLF 2016
PIB en PIB en Évolution
Élasticité
valeur volume spontanée
2014 0,8% 0,2% -0,3% -0,4
2015 2,0% 1,0% 1,7% 0,8
2016 2,5% 1,5% 3,4 % 1,3
Source : PLF 2016, annexe Voies et moyens (tome I)

En exécution, l’évolution spontanée des recettes fiscales, à +1,9 %,


est moins forte qu’anticipée en partie en raison de la révision à la baisse du
PIB en valeur de +2,5 % à +1,6 %. L’élasticité, prévue à 1,3, a été revue
dès avril 2016 à 1, chiffre maintenu en LFR. En exécution, les résultats
indiquent plutôt une élasticité de 1,2, proche de la prévision de LFI.
24 COUR DES COMPTES

Tableau n° 10 : Révisions des hypothèses de croissance du PIB et


d’évolution spontanée des recettes fiscales en 2016
PIB en PIB en Évolution
Élasticité
valeur volume spontanée
LFI 2016 2,5% 1,5% 3,1% 1,3
Programme
2,3% 1,5% 2,3% 1,0
de stabilité
LFR 2016 2,3% 1,4% 2,3% 1,0
Exécution 1,6% 1,2% 1,9% 1,2
Source : Cour des comptes (données : PLF 2016, programme de stabilité d’avril 2016,
Insee)

L’écart entre la croissance constatée des recettes fiscales (1,9 %) et


celle prévue en LFI pour 2016 (3,1 %17) traduit pour partie une erreur de
prévision de même sens que celle concernant le PIB (1,6 % réalisé contre
2,5 % prévu, en valeur) ainsi qu’une erreur de prévision importante sur la
base taxable de l’impôt sur les sociétés. En effet, la prévision de bénéfice
fiscal pour 2015 a été revue en cours d’exécution et abaissée de 9,7 % en
LFI pour 2016 à 4,2 % dans les prévisions révisées pour 2016 du PLF 2017.

Tableau n° 11 : Croissance du PIB en valeur et élasticité des recettes


fiscales, en prévision et en exécution, de 2013 à 2016
PLF Exécution
PIB en PIB en
Élasticité Élasticité
valeur valeur
2013 2,6% 1,0 1,1% -1,6
2014 2,3% 1,3 0,8% -0,4
2015 1,9% 0,9 1,9% 0,9
2016 2,5% 1,3 1,6% 1,2
Note : les chiffres en prévision sont repris des PLF de chaque année ; les chiffres en
exécution pour 2013 à 2015 sont ceux publiés dans les PLF de l’année n+2, le chiffre
d’exécution 2016 retient les données Insee publiées en mai 2017.
Source : Cour des comptes (données : projets de lois de finances ; direction du budget ;
Insee pour le PIB 2016 en exécution).

17
La prévision d’évolution spontanée à 3,4 % associée au PLF a été revue à 3,1 % dès
la LFI.
RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 25

2.3 Un impact faiblement défavorable des mesures


cumulées en exécution
Les différentes mesures intervenues en 2016 (mesures antérieures,
nouvelles, de périmètre et de transfert) ont eu un impact sur le rendement
des recettes fiscales de - 1,3 Md€, alors que la prévision de la LFI anticipait
une compensation des effets négatifs des mesures antérieures et nouvelles
par les mesures de périmètre et de transfert (+ 0,33 Md€). L’écart concerne
principalement :
- le dynamisme supérieur des crédits d’impôt, notamment s’agissant
du CITE à + 0,4 Md€ en exécution par rapport à la LFI 2016, traduisant
une prévision de LFI plus basse que l’exécution de la dépense fiscale
constatée18 ;
- le surcoût en IS de la suppression de la contribution exceptionnelle
(0,3 Md€) et la prorogation de la mesure de suramortissement (0,4 Md€)
par la loi numérique d’octobre 2016 ;
- une mesure de transfert, pour un montant de 0,47 Md€ liée à la
compensation du coût des exonérations agricoles ;
- des ajustements des transferts additionnels de TICPE pour des
montants cumulés de 0,3 Md€, qui concernent en particulier les régions et
départements, d’une part, et les ressources du compte d’affectation spéciale
« Services nationaux de transports conventionné de voyageurs », d’autre
part.
À l’inverse, le contrecoup des mesures de 2015 sur les taxes
affectées et les fonds de roulement a été revu à la baisse, entraînant une
amélioration des recettes fiscales de l’État (- 0,4 Md€). Cette amélioration
résulte pour l’essentiel d’une diminution du prélèvement sur le fonds de
roulement des chambres de commerce et d’industrie opéré en 2015 (sur les
0,5 Md€ prévus, seuls 0,4 Md€ ont effectivement été payés en 2015).
De même, le coût des contentieux communautaires a été inférieur
de 0,47 Md€ à la prévision initiale, à 1,15 Md€.

18 Le PLF pour 2016 prévoyait une dépense de CICE de 13,0 Md€, dont 12,3 Md€ pour

l’IS et 0,7 Md€ pour l’IR, en hausse de 0,6 Md€ par rapport à 2015. En exécution, le
coût du CICE est inférieur de - 0,4 M€ à la prévision de PLF 2016, à 12,6 Md€.
26 COUR DES COMPTES

Tableau n° 12 : Coût des contentieux communautaires en 2016 (en


Md€)
Exécution Écart à la
LFI 2016
2016 LFI
OPCVM et fonds de pension 1,75 0,75 -1,00
Précompte mobilier* -0,67 0,00 +0,67
De Ruyter** 0,20 0,07 -0,13
STERIA 0,34 0,33 -0,01
Dépenses totales 1,62 1,15 -0,47
Source : direction du budget
*la LFI prévoyait des recettes d’un montant de 0,78 Md€ et des dépenses de 0,11 Md€,
soit un coût total de -0,67 Md€.
** il convient d’ajouter à ce chiffre une dépense au profit de la Sécurité sociale (de
0,2 Md€ en LFI 2016 et de 0,11 Md€ en exécution 2016).

Sur les « autres recettes fiscales », les principaux écarts entre LFI et
exécution concernent les retenues à la source (- 0,4 Md€), l’ISF (- 0,3 Md€)
et les donations/successions (+ 0,7 Md€).
En revanche, pour d’autres mesures, les effets estimés dans la
LFI 2016 se sont révélés quasi conformes en exécution.
C’est notamment le cas pour l’impôt sur le revenu, avec la réduction
de l’impôt pour les ménages imposables modestes, pour un coût net de
2,0 Md€.
Les mesures concernant la TICPE ont augmenté son rendement de
2,1 Md€ (+ 1,2 Md€ ajout d'une composante carbone dans la LFI 2014 ,
+ 0,8 Md€ lié à la hausse de 2 centimes de la TICPE sur le gazole en
LFI 2015). L’exécution est conforme à la prévision.
Enfin, la TVA s’est également révélée conforme à la prévision, en
dépit de la révision à la baisse de la croissance économique.
Le rendement des recettes fiscales en 2016 a été inférieur de
3,8 Md€ à la prévision initiale. Cette baisse résulte de plusieurs
éléments défavorables :
- l’évolution spontanée a été moins dynamique qu’attendu en
LFI (de 3,4 % à 1,9 %). En particulier, les recettes d’IS ont été très
inférieures à la prévision initiale du fait d’un bénéfice fiscal 2015 des
entreprises plus faible qu’escompté (- 2,85 Md€, soit une baisse de
8,7 %) ;
RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 27

- de manière plus marginale, le poids des mesures (mesures


antérieures, mesures de LFI, et mesures de périmètre et transfert), a
été faiblement négatif (- 1,3 Md€) sur l’exécution.
28 COUR DES COMPTES

3 L’analyse par impôt

3.1 Impôt sur le revenu


Tableau n° 13 : Prévision et exécution de l’impôt sur le revenu en
2016 (Md€)

Écart Écart
Exécution Écart 2016
LFI 2016 LFR 2016 Exécution exécution / exécution /
2015 / 2015
LFI LFR
69,33 72,14 71,54 71,75 -0,39 +0,21 +2,42
Source : direction du budget – Cour des comptes

Tableau n° 14 : Décomposition de l’évolution de l’impôt sur le revenu


en 2016, en prévision et en exécution (Md€)
Mesures
Mesures Mesures de
Montant Évolution Montant
antérieures nouvelles périmètre
2015 spontanée 2016
à la LFI LFI, LFR et de
transfert
LFI 2016 69,51 +2,75 -0,04* -2,06 +1,98* 72,14
Exécution 69,33 +2,78 -0,39* -2,05 +2,08* 71,75
Écart -0,18 +0,03 -0,35 +0,01 +0,10 -0,39
Source : direction du budget – Cour des comptes
*retraitement de la suppression de la PPE en mesure de périmètre et non mesure
antérieure à la LFI

Le rendement de l’impôt sur le revenu devait augmenter de 2,6 Md€


en 2016 selon la prévision initiale. Cette augmentation reposait sur une
croissance spontanée de + 2,8 Md€19, contrebalancée par l’effet négatif des
mesures nouvelles, dont l’effet était estimé à - 2,0 Md€, essentiellement du
fait de l’aménagement de la décote en faveur des ménages aux revenus
moyens et modestes.
L’effet des mesures antérieures à la LFI était supposé négatif
(- 0,04 Md€), du fait de l’effet de la suppression du crédit d’impôt sur les
intérêts d’emprunt (+ 0,5 Md€) et de la montée en charge anticipée du

19
Outre le dynamisme des revenus, la quasi-stabilité des tranches du barème a majoré
la progressivité de l’impôt.
RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 29

crédit d’impôt transition énergétique (+ 0,4 Md€). Les mesures de


périmètre devaient être impactées par la disparition des restitutions au titre
de la prime pour l’emploi (PPE) dans le cadre de l’instauration de la prime
d’activité (+ 1,98 Md€).
En exécution, l’impôt sur le revenu est inférieur de 0,39 Md€ à ce
qui était prévu initialement en LFI 2016, du fait d’une progression de l’IR
pour 2015 plus faible qu’attendu (dégradation de 0,18 Md€) et du coût plus
élevé du CITE (- 0,8 Md€ sur les recettes d’IR).
Pour autant, les recettes d’IR, brutes et nettes, sont plus élevées en
2016 qu’en 2015. L’évolution spontanée de l’IR net, de + 4,0 %, est portée
par le dynamisme des revenus (salaires, retraites, revenus fonciers et BNC)
et le rebond des plus-values mobilières en 2015, par rapport à 2014. S’y
ajoutent une progression du taux d’apurement et du recouvrement, ainsi
qu’une quasi-disparition des remboursements et dégrèvements de prime
pour l’emploi.
De fait, le coût global des crédits d’impôt a diminué d’environ
3 Md€ entre 2015 et 2016, pour l’essentiel du fait de la disparition de la
prime pour l’emploi (- 2,1 Md€) et d’autres dispositifs (crédit d’impôt PFO
ou crédit d’impôt au titre des intérêts d’emprunt contractés pour
l’acquisition ou la construction d’une habilitation principale) et ce, en dépit
de la hausse du coût du CITE (+ 0,8 Md€).
En effet, le coût du CITE pour 2016 avait été estimé à partir des
déclarations de revenu pour 2014, la réforme du dispositif s’appliquant à
compter de septembre 2014. La dépense avait donc été évaluée sur la base
du coût moyen obtenu sur quatre mois. La réforme ayant entraîné une
hausse massive du recours à ce crédit d’impôt (+ 42 %), le nombre de
bénéficiaires a été réévalué en cours d’année 2016 à 1,2 million de
personnes, pour un coût estimé à 1,68 Md€, soit un montant moyen de
1.397 € par foyer.

3.2 Impôt sur les sociétés


Tableau n° 15 : Prévision et exécution de l’impôt sur les sociétés
en 2016 (Md€)
Écart Écart
Exécution Écart 2016
LFI 2016 LFR 2016 Exécution exécution / exécution /
2015 / 2015
LFI LFR
33,55 32,84 30,48 29,99 -2,85 -0,49 -3,56
Source : direction du budget – Cour des comptes
30 COUR DES COMPTES

Tableau n° 16 : Décomposition de l’évolution de l’impôt sur les


sociétés en 2016, en prévision et en exécution (Md€)
Mesures
Mesures Mesures de
Montant Évolution Montant
antérieures nouvelles périmètre
2015 spontanée 2016
à la LFI LFI, LFR et de
transfert
LFI 2016 33,45 +2,84 -3,41 -0,04 0 32,84
Exécution 33,55 +0,31 -3,89 +0,02 0 29,99
Écart +0,10 -2,53 -0,48 +0,06 0 -2,85
Source : direction du budget – Cour des comptes

La LFI pour 2016 prévoyait une baisse de 0,61 Md€ des recettes de
l’impôt sur les sociétés par rapport à 2015. Si les mesures nouvelles avaient
une incidence budgétaire négligeable, les effets des mesures antérieures à
la LFI étaient estimés à - 3,41 Md€, principalement du fait de la
suppression de la contribution exceptionnelle à l’impôt sur les sociétés
(- 2,6 Md€), de la limitation de la déductibilité des charges financières
(- 0,7 Md€)20 et de la montée en charge du CICE (- 0,7 Md€ en incidence
budgétaire pour l’IS21). Néanmoins, l’impact mécanique des baisses de
charges patronales et de la réduction de la contribution sociale de solidarité
des sociétés (C3S) devait compenser ces effets à hauteur de + 1,8 Md€.
L’évolution spontanée était anticipée en hausse de 2,84 Md€, en
raison de l’augmentation attendue de + 9,7 % du bénéfice fiscal entre 2014
et 2015, dans un contexte favorable de baisses cumulées du coût du travail,
des taux d’intérêt et des prix du pétrole.
En exécution, le rendement de l’IS est nettement inférieur à la
prévision initiale, à - 2,85 Md€ (- 8,7 %), légèrement inférieur à la révision
opérée en LFR (- 0,5 Md€). Cette diminution s’explique par la révision à
la baisse du bénéfice fiscal pour 2015 à + 4,2 % dans les prévisions révisées
pour 2016 du PLF 2017, au lieu de + 9,7 % anticipé (cf. encadré ci-
dessous), et par la prolongation de la mesure de suramortissement pour les
investissements réalisés (- 0,35 Md€).

20 La part des charges financières déductibles du résultat imposable étant limitée à 75 %


pour les exercices ouverts à partir du 1er janvier 2014, contre 85 % pour les exercices
antérieurs. Contre-intuitivement, l’effet de la mesure est négatif sur les recettes d’IS.
Cela s’explique par l’effet base de la mesure : les effets positifs historiques
disparaissent.
21
En exécution, la montée en charge du CICE sur l’IS est de 0,1 Md€ par rapport à
2015, contre les 0,7 Md€ prévus en PLF pour 2016.
RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 31

Les prévisions en matière d’impôt sur les sociétés

L’impôt sur les sociétés s’applique principalement aux sociétés de


capitaux. Le bénéfice imposable, qui en constitue l’assiette, est le bénéfice
net déterminé d’après les résultats d’ensemble de l’entreprise. Ce bénéfice
est imposé au taux de 33,33 % (hors PME dont le taux est de 15%). Une
contribution exceptionnelle, instaurée en 2011 à un taux de 5% relevé en
2014 à 10,7 %, et prolongée jusqu’en 2016 est acquittée par les sociétés dont
le chiffre d’affaires est supérieur à 250 M€.
S’agissant des modalités de versement, l’impôt est payé selon un
système d’acomptes et de solde. L’impôt dû au titre de l’année n est liquidé
le 15 mai de l’année n+1. Le montant des quatre acomptes est déterminé
d’après le bénéfice fiscal de l’année n. En revanche, pour les grandes
entreprises, le 5ème et dernier acompte de l’année doit s’appuyer sur
l’estimation du bénéfice fiscal de l’année en cours (en vertu du principe
d’autolimitation, cet acompte peut être modulé à la baisse si le bénéfice de
l’entreprise est en diminution). La contribution exceptionnelle d’IS est
versée, pour l’essentiel, avec le 5ème acompte.
En 2016, les sociétés assujetties à l’IS ont versé : le solde de l’impôt
dû au titre de 2015 (sur les bénéfices de 2014) ; les quatre acomptes
correspondant globalement au bénéfice déclaré au titre de l’exercice 2015 et
le 5ème acompte anticipant le bénéfice fiscal 2016 pour les grandes
entreprises; la contribution exceptionnelle pour les entreprises redevables ;
l’impôt pouvant résulter des contrôles fiscaux opérés par la DGFIP. Ont par
ailleurs été restitués aux entreprises : les remboursements et dégrèvements
d’impôts dont les crédits d’impôt comme le CIR et le CICE ; les sommes
indûment perçues ; les montants liés à la mécanique de l’impôt dû au titre
de 2015 lorsqu’il est inférieur aux acomptes versés.
Les prévisions sont réalisées séparément pour les acomptes, le solde
et la contribution exceptionnelle. Pour l’IS de 2016, la variable déterminante
est l’évolution du bénéfice fiscal qui peut être reconstitué à partir de
l’observation des acomptes versés en 2014 et du solde versé en 2015, ou
celle des premiers acomptes de 2015. Le bénéfice fiscal de 2015 est ensuite
projeté à partir d’indicateurs macro-économiques : il permet d’évaluer le
montant des acomptes et le solde qui sera versé en 2016. Enfin la projection
du bénéfice fiscal 2016 permet d’évaluer le montant du 5ème acompte. Ces
évaluations sont cependant affectées de fortes incertitudes. Le 5ème acompte
est en particulier très dépendant du comportement d’un petit nombre de
grandes entreprises, ce qui introduit un élément supplémentaire de volatilité
dans la prévision.
32 COUR DES COMPTES

Aussi, tandis que l’évolution spontanée ne ressort plus qu’à +1 % en


exécution, les effets des mesures nouvelles, de périmètre et de transfert sont
négligeables, en ligne avec les prévisions établies en LFI. Ainsi, la baisse
de 10,6 % du rendement de l’IS entre 2015 et 2016 s’explique
essentiellement par les effets des mesures antérieures (- 3,89 Md€ en
exécution), proche de la prévision faite en LFI (- 3,4 Md€).

Graphique n° 5 : Recettes d’IS de la LFI à l’exécution 2016

En M€

33 500
33 000
32 500
32 000
31 500
31 000
30 500
30 000
29 500
29 000
28 500
LFI 2016 Programme LFR 2016 Exécution
(déc-15) de Stabilité (sept-16) 2016
(mars-16) (fév-17)
Source : Cour des comptes

En 2016, l’évolution du coût du CICE a augmenté du fait de


l’accroissement de la masse salariale, mais son impact budgétaire est
contenu (+ 0,2 Md€ contre + 0,6 Md€ estimés en PLF 2016 par rapport à
2015).
En revanche, ce coût devrait augmenter significativement à
compter de 2017, année lors de laquelle les entreprises autres que les PME
pourront demander pour la première fois la restitution des créances qu’elles
n’auront pas pu imputer sur leurs annuités d’impôts précédentes.
RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 33

Tableau n° 17 : Évolution du coût du CICE, en comptabilité


budgétaire et en comptabilité nationale (en Md€)
2015 2016 2017 2018 2019 2020
CICE nationale -17,2 -18,0 -18,7 -22,4 -23,4 -24,1
dont IS -16,5 -17,1 -17,8 -21,3 -22,3 -22,9
dont IR -0,8 -0,9 -0,9 -1,1 -1,1 -1,1
CICE budgétaire -12,4 -12,6 -15,8 -20,6 -21,3 -22,0
dont IS -11,6 -11,7 -14,9 -19,6 -20,2 -20,9
dont IR -0,8 -0,9 -0,9 -1,1 -1,1 -1,1
Source : PLF 2017

Pour les prochaines années, à législation constante, l’augmentation


prévue par la LFI pour 2017 du taux du CICE, de 6 % à 7 % pour la France
métropolitaine et de 7,5 % à 9 % pour l’Outre-mer, à compter des
rémunérations versées à partir du 1er janvier 2017, amplifiera le coût
budgétaire du CICE de l’ordre de 5 Md€ en base. Cette progression est un
enjeu de soutenabilité qui aura des incidences fortes sur la mission
« Remboursements et dégrèvements » et qui viendra minorer les recettes
fiscales nettes d’IS.
Plus encore, l’abaissement progressif, prévu en LFI pour 2017, du
taux de l’IS de 33 % à 28 % d’ici 2020 devrait, à législation inchangée,
réduire de -7,1 Md€ les recettes à horizon 2021.

Tableau n° 18 : Estimation de l’impact sur les recettes d’impôt sur


les sociétés, consécutive à la baisse des taux prévue en LFI pour 2017
(en Md€)

2017 2018 2019 2020 2021


Total -0,3 -1,5 -4,0 -6,7 -7,1
Source : direction du budget – retraitement Cour des comptes
34 COUR DES COMPTES

3.3 TICPE
Tableau n° 19 : Prévision et exécution de la TICPE en 2016 (Md€)
Écart Écart Écart
Exécution
LFI 2016 LFR 2016 Exécution exécution exécution 2016 /
2015
/ LFI / LFR 2015
13,77 15,85 15,69 15,88 +0,02 +0,19 +2,10
Source : direction du budget – Cour des compte

Tableau n° 20 : Décomposition de l’évolution de la TICPE en 2016,


en prévision et en exécution (Md€)
Mesures
Mesures Mesures de
Montant Évolution Montant
antérieures nouvelles périmètre
2015 spontanée 2016
à la LFI LFI, LFR et de
transfert
LFI 2016 13,90 +0,05 +1,26 +0,26 +0,38 15,85
Exécution 13,77 +0,25 +1,26 +0,34 +0,26 15,88
Écart -0,13 +0,20 0 +0,08 -0,12 +0,03
Source : direction du budget – Cour des comptes

Selon la LFI 2016, la TICPE devait augmenter de 2,1 Md€, sous


l’effet cumulé :
- d’une évolution spontanée de + 0,05 Md€, inférieure à l’exercice
2015, liée à une prévision de consommation moins dynamique ;
- des mesures de périmètre et de transfert, pour + 0,38 Md€, du fait
de la baisse du montant de TICPE affecté à l’AFITF22 ;
- des mesures antérieures, pour + 1,26 Md€, c’est-à-dire la montée
en charge de la composante carbone, de 14,5 € par tonne de CO2 en 2015
à 22 € en 2016.
En exécution, le rendement de la TICPE est quasi identique à la
prévision initiale, les différentes mesures ayant eu globalement les effets
attendus.

22 0,77 Md€ ont été affectés à l’AFITF, dont 0,71 Md€ en LFI 2016 et 0,05 Md€ en
LFR pour 2016, afin de compenser une perte de recette due au transfert d’une partie des
ressources affectées à l’AFITF du financement du compte d’affectation spéciale
« Trains d’équilibre du territoire ». En 2015, ce montant avait représenté 1,1 Md€.
RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 35

3.4 TVA
Tableau n° 21 : Prévision et exécution de la TVA en 2016 (Md€)
Écart Écart Écart
Exécution LFR
LFI 2016 Exécution exécution exécution 2016 /
2015 2016
/ LFI / LFR 2015
141,79 144,62 144,36 144,44 0,18 +0,08 +2,65
Source : direction du budget – Cour des comptes

Tableau n° 22 : Décomposition de l’évolution de la TVA en 2016, en


prévision et en exécution (Md€)
Mesures
Mesures
Mesures de
Montant Évolution nouvelles Montant
antérieures périmètre
2015 spontanée LFI, 2016
à la LFI et de
LFR
transfert
LFI 2016 141,71 +2,11 +0,08 -0,05 +0,77 144,62
Exécution 141,79 +2,33 +0,07 -0,05 +0,30 144,44
Écart +0,08 +0,22 -0,01 +0,00 -0,47 -0,18
Source : direction du budget – Cour des comptes

La LFI 2016 prévoyait une augmentation de 2,9 Md€ des recettes de


TVA en 2016 par rapport à la prévision de LFR pour 2015, principalement
liée :
- à l’évolution spontanée (+2,1 Md€, soit une hausse de 1,5 % par
rapport à l’exécution alors prévue pour 2015) ;
- aux mesures de transfert (+0,8 Md€).
Cette prévision était inférieure à la croissance anticipée des emplois
taxables (+ 2,3 %).
En exécution, le rendement de la TVA est légèrement inférieur à la
prévision initiale (- 0,18 Md€). Par rapport à 2015, les recettes de TVA
sont en hausse de 2,65 Md€, en ligne avec la croissance des emplois
taxables (1,9 %).
De fait, l’évolution spontanée de la TVA est supérieure de 0,2 Md€
par rapport à la prévision faite en LFI, en dépit du contexte macro-
économique marqué par une croissance du PIB et un niveau d’inflation
moins élevés que prévu. Il y a donc une part inexpliquée dans l’évolution
spontanée des recettes de TVA observée en 2016. Par ailleurs, la chronique
36 COUR DES COMPTES

de remboursements de TVA a pu concourir à la bonne tenue des recettes


de TVA nette23.
Aucune mesure de périmètre significative n’a eu lieu en 2016.
Concernant les transferts de TVA, ils ont été positifs pour l’État pour un
montant de 0,33 Md€, solde des mouvements suivants :
- une moindre affectation de TVA à la sécurité sociale pour un
montant de 0,15 Md€ dans le cadre de la compensation par l’État du Pacte
de responsabilité et de solidarité ;
- l’État a enregistré une plus-value nette de 0,65 Md€ consécutive
au contrecoup du transfert réalisé fin 2015 pour apurer la dette État-
Sécurité sociale ;
- cette mesure a été compensée en sens inverse par l’affectation de
TVA à la sécurité sociale (- 0,47 Md€), en compensation du coût des
exonérations agricoles consécutif à une baisse de 7 points des cotisations
maladie dans le cadre du plan de soutien à la filière.

3.5 Les autres recettes fiscales


Tableau n° 23 : Prévision et exécution des autres recettes fiscales
en 2016 (Md€)
Écart Écart Écart
Exécution LFR
LFI 2016 Exécution exécution exécution 2016 /
2015 2016
/ LFI / LFR 2015
21,70 22,41 23,23 22,04 -0,37 -1,19 +0,34
Source : direction du budget – Cour des comptes

23
Le montant des demandes de remboursement de TVA déposés en fin d’année, mais
qui n’ont pas été traités en 2016, a augmenté de 361 M€ par rapport à fin 2015, soit
8 %. Les demandes de remboursement de TVA déposées avant le 31/12 représentaient
4,3 Md€ 2016, alors qu’elles étaient de 4 Md€ en 2014 et 2015.
RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 37

Tableau n° 24 : Décomposition de l’évolution des autres recettes


fiscales en 2016, en prévision et en exécution (Md€)
Mesures
Mesures
Mesures de
Montant Évolution nouvelles Montant
antérieures périmètre
2015 spontanée LFI, 2016
à la LFI et de
LFR
transfert
LFI 2016 20,18 +1,01 -0,11 +0,20 +1,13 22,41
Exécution 21,70 -0,42 -0,60 -0,13 +1,50 22,04
Écart +1,52 -1,43 -0,49 -0,33 +0,37 -0,36
Source : direction du budget – Cour des comptes

Les autres recettes fiscales devaient s’élever en 2016 à 22,41 Md€


selon la prévision de la LFI 2016. Cette catégorie regroupe un grand
nombre de mesures, ce qui rend complexe l’analyse globale de l’évolution
spontanée, estimée à + 1,0 Md€ en prévision initiale.
La LFR pour 2016 revoyait à la hausse (+ 0,8 Md€) la prévision faite
en LFI, essentiellement du fait d’une augmentation des droits de mutation
à titre gratuit (+ 1,0 Md€) tenant compte de la reprise en base de l’exécution
2015.
In fine, le rendement des « Autres recettes fiscales » en exécution se
révèle nettement inférieur à la prévision de la LFR (- 1,2 Md€) et à celle de
la LFI (- 0,4 Md€).
En effet, l’exécution 2016 révèle une baisse de 1,5 Md€ des « Autres
impôts directs et taxes assimilées » (- 10 %) par rapport à la prévision faite
en LFI, principalement du fait de moindres recettes sur les retenues à la
source des prélèvements sur les revenus de capitaux mobiliers et
prélèvements sur les bons anonymes (- 0,4 Md€), sur la contribution
additionnelle à l'IS sur les montants de dividendes distribués (- 0,3 Md€),
en raison de la plus faible progression qu’anticipé du bénéfice fiscal et des
plus-values mobilières en 2015, et enfin sur l’impôt de solidarité sur la
fortune (- 0,3 Md€). Enfin, l’absence d’encaissements (0,67 Md€ estimés
en PLF pour 2016) au titre du contentieux sur le précompte mobilier
explique également l’écart.
S’agissant de la prévision d’ISF, les travaux réalisés par ailleurs par
la Cour ont souligné l’intérêt qu’il y aurait à s’appuyer sur la quantification
de l’impact de l’évolution des marchés financiers et du marché immobilier,
qui sont fortement corrélés.
A l’inverse, les « Enregistrements, timbres, autres contributions et
droits indirects » progressent de 1,0 Md€ (+ 5 %), grâce au dynamisme des
38 COUR DES COMPTES

droits de mutation à titre gratuit (+ 0,3 Md€ sur les donations et + 0,4 Md€
sur les successions, par rapport à la prévision de la LFI).
Enfin, la diminution, en exécution, du montant des remboursements
et dégrèvements d’impôts d’État hors IS, IR et TVA (- 1,0 Md€) est en
partie compensée par la hausse des remboursements et dégrèvements
d'impôts locaux (+ 0,7 Md€ par rapport à la LFI).
Par rapport à 2015, le rendement des « Autres recettes fiscales »
augmente cependant de 1,6 %. Cet écart résulte essentiellement des
mesures de périmètre (+ 1,5 Md€), qui s’expliquent par le reversement de
TICFE au budget de l’État dans le cadre de la réforme de la contribution
au service public de l’électricité (cf. encadré).

Les effets de la réforme de la CSPE


Avant la réforme engagée par la loi n°2015-1786 du 29 décembre
2015 de finances rectificative pour 2015, le financement des charges de
service public pour la fourniture de l’électricité et du gaz était assuré par un
dispositif extrabudgétaire, et plus précisément par des contributions
incombant aux consommateurs finaux pour l’électricité et aux fournisseurs
pour le gaz naturel, dont le montant prévisionnel est estimé chaque année
par la Commission de régulation de l’énergie et les fonds gérés par la Caisse
des dépôts et consignations.
L’article 14 de la LFR pour 2015 a intégré les dispositifs de la
contribution au service public de l’électricité (CSPE)24, qui était affectée à
EDF, au champ de la TICFE, affectée pour sa part au budget de l’État.
Compte-tenu de l’importance et du dynamisme des charges financées
par la CSPE (6,2 Md€ en 2015), les recettes et les emplois de la CSPE sont
désormais inscrits sur le budget de l’État. Dans le même temps, le
financement des charges de service public de l'électricité et du gaz a été
sécurisé juridiquement par la bascule de la contribution au service public de
l'électricité (CSPE) sur le mécanisme de l'accise sur l'électricité, la taxe
intérieure sur les consommations finales d'électricité (TICFE), dont le
champ a été étendu afin de prendre en compte les consommations sous
toutes les puissances, à l'instar de la CSPE.
En 2016, le reversement de TICFE au budget de l’État réalisé dans le
cadre de la réforme de la CSPE est pris en compte comme une mesure de
périmètre d’un montant de +1,98 Md€.

24 Dépenses fiscales n°820201 à 820204. Parmi celles-ci, le taux réduit de contribution

au service public de l'électricité pour les installations industrielles électro intensives


génère la majeure partie des coûts, 320 M€.
RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 39

À l’inverse, l’évolution spontanée ressort en baisse, à 0,4 Md€.


Les mesures antérieures et nouvelles contribuent également à la
baisse de l’exécution entre 2015 et 2016 à hauteur, respectivement,
de 0,6 Md€ et - 0,1 Md€. En effet, les recettes du STDR sont moins
importantes qu’en 2015 (- 0,5 Md€), notamment concernant l’ISF
(- 0,3 Md€) et du fait de la disparition des revenus au titre de la taxe
exceptionnelle de solidarité sur les hautes rémunérations versées par les
entreprises, qui est supprimée (- 0,4 Md€).
Par catégorie d’impôt, on observe, par rapport à 2015, que les
« Enregistrements, timbres, autres contributions et taxes indirectes »,
augmentent de + 2,8 Md€ (soit + 12,7 %), à 24,6 Md€, du fait de la réforme
de la CSPE. Les droits de mutation à titre gratuit augmentent légèrement
(+ 1 %). Cette augmentation est compensée par la diminution des recettes
au titre des « Autres impôts directs et taxes assimilées » (- 1,5 Md€, soit
- 10,5 %), qui s’établissent à 13,0 Md€, et par la progression des
remboursements et dégrèvements d’impôts locaux (+ 8,8 %, soit + 1 Md€).
Ainsi entre 2015 et 2016, les « Autres recettes fiscales nettes » ne
progressent que de 0,3 Md€.
40 COUR DES COMPTES

4 Les recommandations de la Cour

4.1 Le suivi des recommandations formulées


au titre de 2015
La Cour avait formulé trois recommandations au titre de 2015.
1. Publier dans les documents budgétaires des informations
détaillées (évolution spontanée, mesures nouvelles, mesures de périmètre
et de transfert…) sur le champ des recettes fiscales nettes des seuls
remboursements et dégrèvements d’impôts d’État (recommandation
reconduite).
De telles informations ont été fournies à la Cour dans le cadre de
l’instruction, mais elles ne sont pas disponibles dans les documents publics.
L’administration considère que le calcul des recettes fiscales nettes doit
intégrer la déduction des remboursements et dégrèvements d’impôts
locaux25, pour plusieurs raisons :
- certains de ces remboursements et dégrèvements ne traduisent pas
nécessairement des politiques publiques ou des transferts aux collectivités
territoriales : ceux-ci peuvent également correspondre à la simple
mécanique de l'impôt (c'est notamment le cas des restitutions d'acomptes
de CVAE) ; on ne peut donc pas les considérer comme des dépenses, ce à
quoi reviendrait le fait de ne pas les déduire des recettes ;
- le fait de déduire les remboursements et dégrèvements d'impôts
locaux des recettes fiscales est en accord avec le traitement des
prélèvements sur recettes, qui sont eux-mêmes déduits des recettes de
l'État ;
- enfin, une même mesure de dégrèvement ou d’exonération peut
comporter à la fois des remboursements d’impôts locaux et d’impôts
d’État, ce qui justifie un traitement similaire.
Le premier argument n’est pas recevable car les remboursements et
dégrèvements qui relèvent de la mécanique de l’impôt ne devraient pas
figurer en dépenses du budget général mais en moindres recettes du compte
d’avances aux collectivités territoriales.

25
Cette question est également soulevée dans la note d’analyse de la mission
Remboursements et dégrèvements.
RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 41

Le deuxième argument ne convient pas non plus car les


prélèvements sur recettes n’entrent pas dans le calcul des recettes
fiscales nettes. Ils sont déduits du total des recettes (fiscales et non
fiscales).
Concernant le troisième argument, l’administration ne précise pas
les situations dans lesquelles deux dégrèvements sont associés26. En tout
état de cause, cela ne ferait pas obstacle à ce que les deux dégrèvements
soient traités séparément, les dégrèvements d’impôt d’État étant
logiquement déduits des recettes fiscales de l’État, alors qu’il n’y a pas de
logique à la faire pour les dégrèvements d’impôts locaux.
En conséquence, la Cour reconduit sa recommandation.

2. Expliciter, dans un document annexé au PLF, les méthodes et le


processus de prévision des recettes pour les principaux impôts
(recommandation reformulée).
L’administration considère que de nombreux documents sont d'ores
et déjà rendus publics concernant les prévisions de recettes fiscales,
notamment l’annexe Voies et moyens Tome I au projet de loi de finances
qui comporte des encadrés spécifiques détaillant la méthode de prévision
pour les principaux impôts (IR, IS, TVA), ainsi que le Rapport économique
social et financier qui explicite le sous-jacent économique de ces
prévisions (cadrage macro-économique, évolution spontanée des recettes
fiscales et élasticités, coût des mesures nouvelles). L’administration ajoute
qu’elle réalise des analyses supplémentaires en réponse aux questionnaires
du Parlement, de la Cour des comptes et du Haut Conseil des finances
publiques. Elle souligne que la France se classe parmi les pays les plus
transparents en matière d’information budgétaire27. Elle indique enfin que
ces différentes sources d’information permettent d’appréhender, au cas par
cas et de manière évolutive, les spécificités de chaque impôt et qu’un
document unique qui décrirait des méthodes figées serait moins adapté à la
réalité.
S’il est vrai qu’un certain nombre d’informations existe dans les
différentes documents mis en avant par l’administration, en revanche, les
méthodes et le processus de prévision de recettes de l’année devraient être
davantage détaillés dans chaque PLF. La Cour reformule sa
recommandation pour demander à l’administration de préciser, impôt par
impôt, les hypothèses d’élasticités, des bases taxables et de leurs

26
On peut penser aux dégrèvements conjoints de taxe d’habitation et de contribution à
l’audiovisuel public.
27
Elle se classe 7ème dans l’étude 2015 de l’Open budget survey.
42 COUR DES COMPTES

déterminants. Elle fusionne, par ailleurs, cette recommandation avec la


recommandation suivante qui porte sur l’explication des écarts entre
prévision et exécution.
3. Réaliser et publier, dans l’annexe Voies et moyens du projet de
loi de finances, des analyses approfondies des écarts entre prévision et
exécution de recettes fiscales (recommandation reconduite).
L’administration estime que les documents budgétaires fournissent
d’ores et déjà l’information demandée sur l’écart entre prévision et
exécution, l’analyse menée étant appelée à être d’autant plus approfondie
que ces écarts sont significatifs. Elle mentionne les explications figurant
dans le tome I du Voies et Moyens annexé au projet de loi de finances ou
dans le Rapport économique, social et financier, ainsi que celles figurant
dans les réponses aux questionnaires parlementaires et de la Cour des
comptes. En pratique, ces explications demeurent assez succinctes. Des
écarts importants, comme on a pu en constater par le passé sur l’impôt sur
le revenu ou la TVA, ou celles sur l’IS en 2016, y compris sur des
prévisions réalisées en fin d’année, nécessiteraient des explications plus
détaillées que celles qui sont fournies actuellement, notamment sur la
méthodologie générale de prévision de l’impôt utilisée et sur les chiffrages
des mesures nouvelles. Ces analyses pourraient par exemple être rendues
publiques en annexe des publications mentionnées ci-dessus.
La Cour reconduit en substance cette recommandation, en la
fusionnant avec la recommandation précédente.

4.2 Récapitulatif des recommandations formulées


au titre de la gestion 2016
Au titre de la gestion 2016, la Cour reconduit la première
recommandation et reformule, en les fusionnant, les recommandations n°2
et n°3 de 2015.
1. Publier dans les documents budgétaires des informations
détaillées (évolution spontanée, mesures nouvelles, mesures de périmètre
et de transfert…) sur le champ des recettes fiscales nettes des seuls
remboursements et dégrèvements d’impôts d’État (recommandation
reconduite).
2. Présenter, dans l’annexe Voies et Moyens du projet de loi de
finances, d’une part les méthodes et le processus de prévisions des recettes
pour les principaux impôts, en précisant, impôt par impôt, les hypothèses
d’élasticités, des bases taxables et de leurs déterminants, et d’autre part,
RECETTES FISCALES DE L’ÉTAT 43

des analyses approfondies des écarts entre prévisions et exécution de


recettes fiscales pour l’année précédente (recommandation reformulée).

La Cour rappelle une autre recommandation relative aux recettes


fiscales, formulée dans l’analyse de l’exécution budgétaire de la mission
Remboursements et dégrèvements :
Modifier la présentation du tableau d’équilibre des ressources et
des dépenses dans les lois de finances en déduisant des recettes fiscales
brutes de l’État les seuls remboursements et dégrèvements relatifs à des
impôts d’État pour la détermination des recettes fiscales nettes.

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