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51e EDITION DE LA FÊTE DE L’UNITE

THEME : Forces de défense et peuple camerounais, en symbiose pour la sauvegarde de la paix et


de l’unité nationale, socle d’un Cameroun fort et prospère
SOUS-THEME : Le futur berger et sa contribution pour la sauvegarde de la paix et de l’unité nationale
(Exposé préparé et présenté par BEYEME Jacques Arsène, étudiant en Théologie et en Sciences Religieuses)

INTRODUCTION
Le Cameroun, pays africain situé au golfe de Guinée, d’une superficie de 475.650 Km2 et dont la
population est estimée à 17.463.836 en 20051, a jadis été considéré comme un îlot de paix dans un continent
Afrique enclin à beaucoup de guerres et de divisions. Force est de constater qu’avec ses identités plurielles,
le Cameroun connait aujourd’hui beaucoup de tensions, les plus en vue étant la guerre contre les radicalistes
de Boko Haram dans le grand Nord et une partie de l’Est, les velléités de sécession des deux régions
d’expression anglophone et l’impact du conflit centrafricain sur certaines localités frontalières2. A côté de ces
tensions, on peut en noter d’autres, moins importantes, mais qui pourraient causer un embrasement si rien
n’est fait, notamment la crise électorale de 2018, les revendications des corps de métiers et des couches
sociales pauvres pour un meilleur traitement et l’inflation, sans oublier les tensions tribales comme celle entre
les Bamoun et les Tikar dans notre sphère administrative il y a quelques années, les Bamoun qui étaient
sommés de retourner « chez-eux ». Toutes ces tensions mettent à mal la paix, l’unité et la cohésion
nationales. Dans ce climat délétère, l’homme pasteur a également son rôle à jouer. Quel est-il ? En d’autres
termes, comment le pasteur doit-il contribuer pour, dans un premier temps, restaurer la paix au Cameroun et
la maintenir pour que l’unité et la cohésion nationales ne soient pas menacées ? Telle est la question à
laquelle ce travail s’évertue à apporter des réponses. Il s’agira pour nous de commencer par une approche
notionnelle, ensuite, de montrer l’importance de la paix et de l’unité pour un pays. La 3 e partie nous permettra
d’aborder les préalables de la paix et nous sortirons par le rôle du berger pour le maintien de la paix et de
l’unité à la lumière de quelques textes tirés des Saintes Ecritures.
I- APPROCHE NOTIONNELLE
Il est question pour nous ici de cerner les mots-clés de notre thème et particulièrement, ‘berger’,
‘paix’, et ‘unité nationale’.

1
Bernadette, MBARGA (Dir), 3e RGPH, Vol.2, Tome 7, Natalité et Fécondité
2
Maud Lasseur, François Gaulme, Les Identités Plurielles au Cameroun entre tension et cohésion nationale,
Observatoire Pharos, 2022.
I- 1. Berger
Le berger selon le dictionnaire Larousse est une personne qui garde les moutons ou les chèvres,
une personne qui prend soin du troupeau. C’est donc à juste titre que ce mot est rendu en hébreu par la
racine ‫( ךעה‬raw-aw) qui renvoie à l’idée de nourrir, paître, soigner. C’est également conduire, diriger,
rassembler, gouverner. Ce qui fait du berger le guide spirituel d’une personne ou d’un groupe de personnes.
C’est cette image qui ressort généralement du berger dans la Bible et qui fait de lui celui qui connait ses
brebis, celui en qui ses brebis ont confiance, celui qui se dévoue au point de donner sa vie pour ses
brebis3, et dont le rôle consiste à fortifier les faibles, à guérir les malades, à ramener ceux qui s’égarent,
chercher ceux qui sont perdues et manifester de l’amour et non de la violence envers ses brebis4. On
peut donc comprendre que les Saintes Ecritures appellent notre Seigneur Jésus « le bon berger ». Il en
découle ici que le berger, dans sa nature, est un homme spirituellement éveillé (puisqu’il doit conduire, diriger,
gouverner…), c’est un homme de paix (appelé à rassembler plutôt qu’à disloquer), c’est un homme d’amour.
I- 2 La paix
Le concept de paix est l’un des plus ambigus tant en philosophie que dans les relations interhumaines
ou internationales. Dans le monde oriental, la paix fait référence à un état intérieur empreint de calme, de
tranquillité, à l’écart de toute perturbation ou agitation. C’est la paix du cœur et celle de l’esprit.
Dans le monde occidental par contre, la notion de paix est plus collective. Elle s’entend comme une
situation tranquille d’un Etat, d’un peuple, d’un royaume, d’une famille. Elle correspond alors à un idéal social
et politique.
Dans la Bible le mot ‘paix’ est rendu en hébreu ‫( שלןם‬shalom), ce qui signifie bien plus que l’absence
de conflit ou de guerre mais plutôt la plénitude, le bien-être. Et Spinoza épouse cette idée lorsqu’il dit : « La
paix n’est pas absence de guerre », c’est plutôt « une vertu, un état d’esprit, une volonté de bienveillance, de
confiance, de justice ». Ce qui est très proche de la conception orientale de la paix.
I- 3 L’unité nationale
Nous avons dans le terme « unité », l’état de ce qui est « un », le caractère de ce qui est « uni », qui
n’est pas divisé. L’unité nationale est donc la cohésion de l’ensemble des composantes humaines de la
société dans l’optique de rester « un » malgré la diversité, une acception bien connue des chrétiens qui,
malgré la pluralité des factions, entendent rester « un » en Christ.

3
Jean 10 :1-12
4
Ezéchiel 34 :1-10
II- L’IMPORTANCE DE LA PAIX ET DE L’UNITE DANS UN PAYS
La réponse la plus évidente sur l’importance de la paix dans un pays est celle relative aux pertes
humaines, à la destruction de l’acquis et au ralentissement économique. La 2nde GM à elle seule a coûté la
vie à plus de 50 millions de personnes5, à côté de nous au Rwanda c’est entre 800.000 et 1.000.000 de
personnes qui ont été tuées6. Selon l’ONG international Crisis Group, le NOSO c’est aujourd’hui 6000 Morts7.
C’est énorme. Que de familles endeuillées, que de femmes restées veuves, que d’enfants devenus orphelins !
L’absence de paix et d’unité créé pour ainsi dire un déséquilibre social. Et quand on sait que la première force
économique d’un pays c’est sa population, lorsque les activités génératrices de revenus sont perturbées, le
Produit National Brut est ébranlé, ce qu’aggrave la destruction des biens immobiliers et des infrastructures.
Forcément, le pays recule. Quid de l’inflation ? Nous subissons tous la triste expérience de la manière dont
une guerre entre deux pays européens impacte sur l’augmentation des prix chez-nous.
Deuxièmement nous disons que l’on peut décider du début d’une guerre, mais sa fin, elle est
aléatoire. Et autant la guerre perdure, autant le pays dépense en logistique militaire. La BAD soulignait, dans
ses récentes perspectives pour l’Afrique et parlant de la crise au NOSO, que « si cette crise persiste, elle
pourrait accroitre le niveau des dépenses de défense et de sécurité, affectant ainsi les prévisions budgétaires
de 2019 »8. Et nous y sommes encore, 4 ans plus tard.
La paix et l’unité sont donc indispensables aux échanges commerciaux, à une croissance
économique soutenue et à la prospérité.
Dans la Bible la paix comporte entre autres corollaires la prospérité, la santé, le sentiment
d’appartenance à une communauté. Ceci souligne l’importance de la rechercher et de se traiter mutuellement
avec respect et bienveillance.
III- LES PREALABLES POUR LA PAIX
On a souvent coutume de dire « si vis pacem para bellum » (qui veut la paix prépare la guerre). Il est
vrai que ce dicton se comprend de façon littérale. Mais nous voulons nuancer ici en disant que la guerre ne
doit pas être menée contre l’Homme mais avec l’Homme pour l’édification d’un monde meilleur. Nous le
disions plus haut, la paix est indispensable pour la croissance économique et la prospérité. Inversement, la
stabilité économique et une prospérité croissante, largement partagée au niveau national et international

5
http://www.musee-armistice-14-18.fr/le-bilan-de-la-2nde-guerre-mondial/
6
http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMAnalyse/2395
7
http:/mobile.camerounweb.com/camerounhomepage/newsarchive/crise-anglophone/
8
http://jeuneafrique.com/mag/economie.crise-anglophone-au-cameroun
peuvent favoriser la paix. L’Homme étant un animal politique9, il aspire toujours à vivre dans une société
humaine où la sécurité, la stabilité et l’harmonie prévalent sur les conflits, les crises et les guerres. « Préparer
la guerre » reviendrait donc à améliorer les conditions de vie des populations d’une part et de promouvoir le
progrès et la stabilité économique d’autre part.
IV- LE BERGER DANS LE MAINTIEN DE LA PAIX ET DE L’UNITE NATIONALE
Nous avons présenté plus haut ce que c’est un berger. Dans notre cadre, nous retenons qu’il doit
être éveillé, artisan de paix et homme d’amour.
IV-1 Le Berger doit être éveillé
Le berger est celui qui gouverne. Or gouverner c’est prévoir. C’est dire qu’il doit avoir une longueur
d’avance sur ses gouvernés afin de planifier et de réorganiser pour le bien de tous. Il pourra donc être un
homme de prière dans l’optique d’être en symbiose avec l’Eternel qui révèle toute chose et qui façonne le
caractère et l’intelligence de l’homme. Par la prière il pourra rester éveillé et pourra conduire le peuple vers
de « verts pâturages », le diriger près des « eaux paisibles » toute chose qui symbolise la paix dans l’âme,
et la paix dans la chair.
IV-2. Le Berger, un artisan de paix
L’histoire des croisades nous enseigne que le clergé en était l’instigateur. Au Congo, suite au
discours des « hommes de Dieu », il y a eu des soulèvements10. C’est dire toute la puissance qu’a la parole
à influencer les consciences. Le berger, ambassadeur du Christ, doit être un artisan de paix et d’amour. C’est
l’une des choses que nous a laissées le Seigneur lorsqu’il dit « je vous laisse la paix, je vous donne ma
paix. Je ne vous la donne pas comme le monde donne… » (Jn. 16 :33). Lui-même en donne l’exemple la
nuit où il est arrêté lorsqu’il demande à Pierre de remettre son épée au fourreau. Le berger, de par ses
prédications, ses actes, son être tout entier doit enseigner et prôner la paix. Nos paroisses et notre Eglise en
général doivent être de véritables havres de paix. Elles doivent donc être de véritables pôles de
développement économique à travers l’entreprenariat, de véritables foyers sociaux à travers l’assistance aux
affligés et les œuvres de charité. C’est cela que le Christ nous demande lorsqu’il dit « Donnez-leur vous-
même à manger » ou encore, s’adressant à Pierre « Pais mes brebis ! ». N’oublions pas que tous,
gouvernants et gouvernés sont nos ouailles. D’un côté nous devons conscientiser pour le souci de l’intérêt
général commun, d’un autre nous devons appeler à l’apaisement.

9
ABENSOUR, Miguel, TASSIN, Etienne (dir), L’animal politique, Ed. Jérôme Million, Grenoble, 1996
10
VELLUT, Jean-Luc, Simon Kimbangu dans le « roman national » congolais à propos du contrôle des
représentations, dans CONGO (2017), www.cairn.info/congo
IV-3. Le Berger, un homme d’amour
Christ n’a-t-il pas donné sa vie par amour pour nous ? En imitateur de Christ nous devons également
en être capables. Non pas en mourant pour l’autre, mais en nous mettant à sa place et en essayant de le
comprendre et, si possible, faire des sacrifices pour améliorer sa condition. Combien de fois avons-nous déjà
vu des Anciens frustrés, ridiculisés en pleine session d’un Conseil Paroissial pour n’avoir pas payé une
contribution ? Combien de fois nous sommes-nous mis en guerre dans ce séminaire à cause de tel ou tel
autre comportement d’un camarade ? Avons-nous seulement essayé de le comprendre ? L’amour doit donc
être le maître-mot, pour nous pasteurs et futurs pasteurs, non seulement pour la paix et l’unité dans notre
Eglise, mais aussi pour la paix et l’unité dans notre pays.
CONCLUSION
Parvenus au terme de notre analyse qui consistait à examiner le rôle du berger dans la sauvegarde
de la paix et de l’unité nationale, il nous a paru opportun d’examiner les notions de ‘berger’, de ‘paix’ et d’unité
nationale’. De cet examen il ressort que le berger est un guide pour le peuple, que la paix n’est pas absence
de guerre mais mise en œuvre des moyens nécessaires pour la justice et l’équité et que l’unité nationale
appelle à être « un » dans la diversité. La paix est indispensable pour le développement économique et la
stabilité sociale et vice-versa. C’est pour cela que le berger, en lumière du monde, doit toujours rester éveiller
pour conduire son troupeau vers de meilleures hospices au lieu de l’égarer, qu’il doit œuvrer pour la paix en
s’activant économiquement et sur le plan social, et par-dessus tout, à vivre et à enseigner l’amour. Vivement
que nous, pasteurs en herbe, puissions être à la hauteur de ces exigences pour un Cameroun uni et prospère.

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