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Paix et Souveraineté

L’histoire de l’humanité est une histoire marquée par de très grande et nombreuse guerre,
de trouble entre les différentes sociétés humaines. Et parlé de guerre c’est dans une certaine
mesure d’une situation chaotique qui rend précaire l’existence des êtres vivants qui habitent cette
planète, particulièrement les humains. Cette situation de fait est présente dans presque toutes les
grandes périodes de l’histoire de ce monde, et il faut dire qu’on n’avait pas toujours eu une
compréhension claire là-dessus. Face à cette mauvaise fortune qui s’avère très dangereuse pour
la pérennisation des humains dans l’existence, ce dernier se trouve dans l’obligation de
rechercher constamment une formule lui permettra d’arriver à la paix, ce qu’on considère
généralement comme le contraire de la guerre. Si la guerre c’est un état de déséquilibre, le
désordre et le chaos, la paix pour sa part devrait être un état d’équilibre, de l’ordre et de sécurité.
En effet, dans le cadre de ce travail on va s’intéresser particulièrement dans un premier temps à
la notion de la paix. L’objectif ce n’est pas de retracer d’un point de vue historique les différentes
guerres qui ont troublé l’histoire de l’humanité, si toutefois on s’y réfèrerait ce ne sera qu’à titre
d’exemple, ni de mentionner les différentes traités de paix signées entre les nations et les grandes
organisations créées pour arriver à cette fin qui est la paix. On sera beaucoup plus dans une
posture idéelle, on s’intéressera spécifiquement à la façon dont le concept de paix a été abordé
dans la philosophie avec quelques philosophes de l’antiquité, du moyen âge et de la modernité,
particulièrement chez le philosophe anglais THOMAS Hobbes. D’autre part, on abordera
également le concept de souveraineté tant important dans la recherche d’une paix durable dans le
monde. Notre travail sera plus réflexif qu’historique.

En réalité, nous devons préciser d’entré de jeu que la réflexion sur la paix est datée de
très loin dans l’histoire de la philosophie. On s’était tellement préoccupé de cette question à
l’époque de l’antiquité grecque, si l’on se mettrait dans la démarche de trouver celui qui est le
premier à avoir abordé cette question, cela pourrait faire l’objet d’un travail en entier. On aurait
pu remonter comme Certains1, jusqu’à 380 av. J.-C avec le philosophe grec ISOCRATE. Pour
qui, comme l’a-t-il précisé dans son Panégyrique, l’idée d’une paix entre les États est
inconcevable en absence d’une paix commune avec le Barbares. En voulant passer outre de cette
pénible démarche, on a établi un tout autre plan qui peut nous permettre de mieux nous situer

1
ANDRÉ Brigot, revue-inflexion, « Paix ou Sécurité? » 2016, N 33, p 39
parmi des conceptions de paix si diverses et souvent confuses que nous ont léguées les
philosophies politiques du passé.

Traditionnellement, le concept de paix se définit dans son essence comme étant un


concept positif symbolisant un ordre, une certaine forme de concorde et d’harmonie. Dans la
perspective qui est la nôtre, on part avec l’idée que cet élan de positivité trouve ses prémisses
depuis Aristote passant par saint Augustin jusqu’à avoir des répercussions chez Locke.
D’ailleurs, dès le premier Livre de la Politique, le fondateur du Lycée nous livre une clé
fondamentale de sa philosophie en nous disant qu’ : « il est évident que la cité est une réalité
naturelle et que l’homme est par nature un être destiné à vivre en cité (animal politique)… »2. De
là, on voit que l’homme est selon Aristote, dans son essence, un être « civique » et « social », ce
qui revient à dire qu’il est fait pour vivre et se réaliser en société. La société lui est naturelle et il
ne pourra pas parvenir à sa pleine humanité, c’est-à-dire retrouvé ce qu’il a de meilleur en lui en
dehors de la société. Comme le dit Raymond Polin ; « la cité est donc naturelle à l’homme, elle
constitue donc sa fin 3». C’est comme si l’homme serait lié à la cité ou la société essentiellement
par une loi naturelle, une loi qui découle directement de sa nature ; « il y a en effet une justice et
une injustice dont tous les hommes ont comme une divination et dont le sentiment leur serait à la
fois naturel et commun 4». Le juste et l’injuste a été pensé par Aristote non seulement par la
nature, mais également selon la nature. Mais surtout il faut souligner qu’ils sont développés dans
le cadre de la sociabilité essentielle de l’homme. La paix aristotélicienne est pensée dans ce
même cadre, elle est intrinsèquement liée à la nature de l’homme. On n’aurait pas tort de dire
qu’elle est la condition de possibilité qui permet à l’homme en tant qu’être sociable par nature de
se réaliser. Cette disposition de paix ou état de paix est essentiellement fondamentale à l’homme.
En effet, à la suite de Polin, on s’apprête à dire que cette paix qui s’inscrit dans le cadre d’une
sociabilité qui est essentielle à l’homme a donc un caractère positif. Positif dans le sens que la
paix serait un ordre qui se suffit à lui-même par rapport à la guerre qui symboliserait le chaos.

2
ARISTOTE (1993), Politique, Tel Gallimard, p.9
3
POLIN Raymond (1954), Revue française de science politique, Sur la signification de la paix d’après la philosophie
de Hobbes. N*2, pp. 257-277
4
Ibid. p257

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