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UNIVERSITÉ D'ÉTAT D’HAITI

École Normale Supérieure

2ème année philosophie

Cours d’analyse du discours

Dispensé par : LUC-JOSEPH PIERRE

Lundi 9h-12h

Sujet : « Étude de la narrativité d’un extrait du Gouverneur de la rosée en utilisant le schéma


proposé par ANNE Hénault dans les enjeux de la sémiotique. »

Présenté par :

Emile Shakespeare

Félix Gerline

Belrose Walderks

Le 14 Mars 2022
Ce travail consiste à relever et à analyser dans un passage du texte de Jacques Roumain
« Gouverneurs de la Rosée » des champs lexicaux pour ensuite faire apparaitre leur mode
d’articulation et la mise en relation. Après avoir relevé et fait apparaitre le mode articulatoire des
champs lexicaux, on procèdera à la hiérarchisation de champs lexicaux en précisant lequel est
primordial par rapport à d’autre, pour finalement donner la part de vérité du discours, c’est-à-dire
ce qui correspond plus ou moins à la réalité.

Précisons d’abord ce qu’on entend par champ lexical pour voir ensuite quels champs lexicaux
qu’une lecture du passage nous permettra de reconnaitre. De manière basique, le champ lexical
se définit comme des groupes de mots se rapportant à une même idée, autrement dit, c’est
l’ensemble des mots qui, dans un texte, se rapportent à une même notion. A partir de cette
définition, une lecture attentive du passage nous permet de nous accentuer sur un possible
passage d’une attente traduisant un désespoir à une forme d’optimisme, à un espoir. Il y a
d’abord une isotopie indiquant l’humanité et ensuite un rapport plus ou moins évident entre deux
isotopies à savoir l’attente (le désespoir) et l’optimisme. Nous commencerons par examiner
comment se manifeste ces deux isotopies.

I) Identification des isotopies


1) Relevons les termes indiquant l’humanité.
Non équivoques : Laurélien, Manuel, des paroles, il était debout et ses mains se
fermaient, méditation, esprit, idées.
Equivoques : Adieu, chef, réfléchit, un jet de salive, idées de résignation et de
soumission.
2) Relevons les termes indiquant que Roumain décrit un désespoir/ une démission,(= termes
traduisant une attente.)
Non équivoques : ride, essoufflé, soumission, résignation
Equivoques : « l’effort de méditation, esprit accoutumé à la lenteur et la patience,
obscur encore et lointain. »
3) Relevons les termes traduisant l’espoir/ la clarté que nous décrit Roumain, (=termes
traduisant l’optimisme.)
Non équivoques : des paroles conséquentes, un rideau de lumière, un espoir soudain,
rude, certain et véridique comme la fraternité.
Equivoques : « ce que tu dis est clair comme là est clair comme l’eau courante, je vais
songer à tes paroles. »

Par rapport à ces trois relevés, nous pouvons conclure que le texte se propose de traduire la
situation des humains à travers trois isotopies successives : d’abord l’isotopie humanité nous
traduit la situation de Larélien et la force du discours de Manuel à travers un ensemble de terme
bien spécifique, ensuite l’isotopie de la misère ou du désespoir qui traduit la situation de
Laurélien est progressivement chassé ou modifié par la sélection des termes porteurs du classème
de l’optimisme ou de l’espoir dans le discours de Manuel.

4) L’isotopie de l’autorité, relevons les termes traduisant une forme d’autorité et de


leadership.
Non équivoques : chef, soumission.
Équivoques : Laurélien baissa la tête, suivre Manuel, je vais songer à tes paroles.

Cet ensemble de propositions ont pour trait commun de traduire le comportement respectueux de
Laurélien à l’égard de Manuel à cause de son discours conséquent et soumis à la force de la
tradition. Alors appelons l’isotopie de l’autorité l’ensemble des traits affirmant et décrivant la
force du discours de Manuel et le pouvoir de la tradition.

5) L’isotopie faire
Un faire libérateur : « Tu dis des paroles conséquentes. »
Un faire reconnaissant et méditatif : « Je vais songer à tes paroles. »
« Ses mains se fermaient. »
Un faire paysan : « je ne faisais que passer avant d’aller voir les bêtes. »

Voici un ensemble d’énoncé traduisant le faire de Manuel symbolisant tout un évènement par
son caractère nouveau et sa profondeur. Et le faire Laurélien qui peut être compris comme un
faire pensif.
II) L’articulation des isotopies

En considérant le texte dans son aspect stylistique, c’est-à-dire la façon dont se dispose les idées,
on peut remarquer que la deuxième isotopie à savoir celle de l’optimisme, de l’espoir est
beaucoup plus développé que I1 et I2.

I3 Espoir= I1 Humanité + I5 Faire + I4 Autorité

I2 L’attente/désespoir/ démission, = I1 Humanité + I5 Faire

III) La hiérarchisation des isotopie

Cependant, si l’on tient compte de la hiérarchisation des isotopies, hiérarchisation dans le sens de
ce qui vient avant, quelle idée qui est primordiale par rapport l’autre. L’isotopie espoir clarté est
dominante, car le narrateur veut attirer l’attention des lecteurs sur ce qui va arriver, c’est-à-dire le
brin de clarté. Pour Laurélien, ces paroles donnent lieu à la réflexion, c’est tout un évènement qui
change totalement la vision de Laurélien de l’ordre des choses, elles symbolisent l’espoir, la
confiance c’est ce qui va susciter une forme d’engagement chez Laurélien.

IV) Conclusion

La thématique centrale ou essentielle qui s’impose ici dans ce fragment n’est pas la
révolte avant tout, mais plutôt le rassemblement pour l’annoncement de la bonne nouvelle.
C’est un discours nouveau qui vient pour redonner de l’espoir à un humain désespéré, à savoir,
Laurélien, qui était dans un attentisme c’est-à-dire dans une attente. A travers ce discours
conséquent de Manuel qui suscite de la méditation, un changement s’opère dans le discours de
Laurélien, il est devenu plus engagé après l’annonce de la bonne nouvelle de Manuel.

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