Vignette clinique

ETUDE DE CAS n°1

Cas de Stéphane
Stéphane, 18 ans, vient consulter un psychologue clinicien recommandé
par un ami de la famille, médecin.
Le psychologue: Dis-moi, pourquoi es-tu ici?

Stéphane: Alain, l’ami de mes parents, a dû vous le dire…

Le psychologue: Oui, en effet, il m’a dit que tu as voulu mettre fin à tes
jours il y a un an et demi et que tu as fait quatre mois d’hôpital. Mais il ne
m’a pas dit comment tu t’y es pris?
Stéphane: (silence) Je me suis ouvert les poignets avec une lame de rasoir.

Le psychologue: Dans quel sens?

Stéphane: Comme ça (il montre le sens de la longueur des veines de son

poignet gauche, par dessus son pull).

Le psychologue: Et pourquoi l’as-tu fait?

Stéphane: A cause de la mort de mon frère... On était parti faire du
catamaran ensemble. Le temps s’est levé, on n’a pas eu le temps de
revenir, il y a eu une grosse tempête et le cata s’est retourné. On s’est
accroché tous les deux, mais... moi j’ai réussi à m’en sortir et pas lui.
Le psychologue: Qu’est-ce qui fait que tu te décides aujourd’hui à venir
me voir?

Stéphane: Ben, en fait je me sens seul tout le temps. Et puis je continue à

faire des crises d’angoisse, des fois au lycée, je m’enferme dans les
toilettes tellement... je ne sais pas, je ne sais plus où me mettre. Et toutes
les nuits, je me réveille, des fois en criant, à cause des cauchemars de
l’accident. Et puis je suis crevé et c’est comme si je n’avais plus envie de
rien. Je sais bien que ça ne redeviendra jamais comme avant. Et aussi avec
mes parents c’est trop bizarre, je les aime, mais j’étouffe dans cette
maison. Ma mère surtout... Elle adorait Patrick, c’était son fils préféré,
d’ailleurs tout le monde l’aimait, il était très populaire, c’était un athlète
complet, il avait tout pour lui. Je sens que ma mère me déteste, d’ailleurs
on dirait qu’elle fait tout pour me le montrer. Elle ne me touche jamais et
si moi je m’approche d’elle, elle m’évite, quand elle m’adresse la parole ça
sonne creux, elle a le visage tout figé, ou alors, elle s’énerve contre moi
pour le moindre truc. Mon père, lui, il est plus affectueux avec moi, il
essaie d’être compréhensif, mais le problème, c’est qu’il ne voit rien.

Le psychologue: Tu es sûr qu’il ne s’est pas passé quelque chose,

récemment, qui fait que tu es ici aujourd’hui?
Stéphane: Je ne sais pas. Enfin si, peut-être un truc. J’ai revu une fille que
j’ai connue à l’hôpital. Elle y était pour les mêmes raisons que moi. On
était au café, contents de se voir et tout, un peu mal à l’aise quand même.
Et puis, elle essayait trop de faire comme si tout allait super bien, ça
sonnait faux, ça sonnait trop faux, ça m’a fait peur.