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Toxicologie Industrielle 

: Métaux et Métalloïdes

C02 – Mercure

Généralités
Composés du Mercure
- Composés inorganiques : insolubles dans l’eau.
o Mercure métallique (Hg0) : volatil, lié aux métaux (amalgame).
o Sels mercureux (Hg I) et mercuriques (Hg II) : non volatils.
- Composés organiques (R-Hg-X) : très liposolubles.
o Dérivés alkyl ;
o Dérivés aryl ;
o Dérivés alkoxyalkyl.

Utilisations
- Industrie chimique : cathode liquide dans les cellules d’électrolyse du NaCl pour la
production de chlore et de soude.
- Industrie électrique :
o Constituant des piles, lampes et tubes fluorescents.
o Thermomètres, baromètres, densitomètres et pompes à vide.
- Extraction des métaux précieux.
- Agriculture :
o Insecticides, bactéricides et fongicides (organomercuriels) ;
o Antifongiques dans les papiers et peintures (vermillon) ;
o Merbromine et calomel.
- Médecine : amalgames dentaires.

Cycle du Mercure
- Le mercure rejeté persiste dans l’environnement où il circule dans l’air, l’eau, les sédiments,
le sol et les organismes vivants, tout en subissant des transformations chimiques.
- Dans l’atmosphère : Hg0 gazeux, stable, transporté dans des régions éloignées de la source
d’émission (principale source de distribution dans l’environnement).

Histoire des Intoxication


Catastrophe de Minamata
- De 1932 à 1966, une usine pétrochimique rejeta des métaux lourds, principalement le
mercure, dans la baie de Minamata au Japon.
- La maladie de Minamata touchait essentiellement les pêcheurs et donnait des
symptômes neurologiques sensoriels et moteurs.
- Le site a été fermé entre 1966 et 1968, et la convention de Minamata est entrée en
vigueur le 16 août 2017 au Canada : interdiction des nouvelles mines de mercure et
abandon progressif des mines existantes.
Intoxications en Irak
- Empoisonnement en 1956, 1961 et 1972 engendrant plusieurs centaines de morts en
Irak.
- La cause était l’ingestion de pain fabriqué avec des semences traitées par des pesticides
contenant du mercure ou la consommation d’animaux nourris avec ces semances.
Toxicocinétique
Absorption
Pulmonaire
- Inhalation des vapeurs de mercure élémentaire ou du diméthylmercure.
Orale et Cutanée
- Elles concernent le mercure organique principalement.

Distribution
Mercure Élémentaire
- Distribué rapidement dans tous les organes.
- Il est oxydé par la catalase en ion mercurique dans les GR et les tissus, qui se fixe aux
groupements SH des protéines.
- Il est stocké dans le cerveau, le rein et le foie.
Mercure Inorganique
- Distribution similaire dans tous les organes.
- Il fixe les groupes SH dans le GR.
- Le passage au niveau du cerveau est faible.
Mercure Organique
- Forte fixation aux GR sur les groupements SH de l’Hb.
- Il traverse le placenta et la BHE et il subit un cycle entéro-hépatique.
- Il s’accumule dans le cerveau, le cœur et la rate.
- Le méthyl-mercure peut traverser la BHE par mécanisme actif contrairement à l’éthyl-
mercure dont la taille est plus grande et dont la décomposition est plus rapide.

Métabolisme
- Oxydation du mercure élémentaire en ion mercurique par la catalase des peroxysomes.
- Les ions mercuriques sont réduits en mercure élémentaire par un système cytoplasmique.
- La méthylation du mercure minéral se fait grâce à la flore microbienne intestinale. La
déméthylation est négligeable.

Élimination
- Principalement urinaire et fécale.
- La demi-vie biologique peut varier de quelques jours à plusieurs années.

Mode d’Action
Toxicité Moléculaire
- Action thioloprive engendrant le blocage des fonctions thiol.
- Induction d’un stress oxydatif et inhibition des systèmes antioxydant.
- La toxicité est cumulative.

Toxicité Cellulaire
- Liaison aux protéines membranaires inhibant leur action : perturbation des transporteurs
tubulaires rénaux.
- Oxydation des phospholipides membranaires : lyse de la membrane cellulaire.
- Inactivation des enzymes intracellulaires : perturbation du métabolisme cellulaire et inhibition
de la synthèse protéique.
- Formation d’ERO : les ions mercuriques ont une action mutagène et aggravent les effets
génotoxiques des rayons ionisants, ils inhibent la réparation de l’ADN.
- Autres :
o Synthèse d’une métallothionéine impliqué dans la détoxication du métal lors de
l’exposition répétée) ;
o Inhibition des enzymes à zinc par compétition ;
o Fragilisation des membranes des organites intracellulaires par l’ion mercurique ;
o Inhibition de l’ALA déshydratase.

Toxicité Tissulaire
Néphrotoxicité du Mercure Inorganique
- Atteinte tubulaire : lésions cytotoxiques par action sur les systèmes enzymatique.
- Atteinte glomérulaire : à mécanisme auto-immun stimulant la synthèse d’anticorps
anti-ADN chez le rat.
Neurotoxicité du Mercure Organique
- Accumulation au niveau des ganglions spinaux :
o Inhibition de la synthèse des protéines par les cellules nerveuses ;
o Inhibition des ARNt synthétases ;
o Inhibition de la polymérisation des microtubules (action antimitotique) ;
o Aberrations chromosomiques par effet clastogène.

Clinique
Intoxication Aiguë 
Mercure Métallique
- Inhalation : dyspnée, toux et oppression thoracique.
- Cutanée : dermatites de contact, urticaire, érythrodermie ou purpura.
Mercure Inorganique
- Action caustique sur le système digestif : hématémèse, douleurs abdominales,
perforations digestives, stomatite, gastroentérite et colite ulcéro-hémorragique.
- IRA anurique par nécrose tubulaire plus marquée pour les sels mercuriques.
- Acrodynie (pink disease) si l’exposition est cutanée.
Mercure Organique
- Signes neurologiques ou caustiques. Il est également reprotoxique.
- L’exposition aiguë au méthyl-mercure entraine des signes d’intoxication retardés.

Intoxication Chronique : Hydrargyrisme


Mercure Métallique et Inorganique
- Troubles neurologiques : troubles de personnalité, troubles de mémoire et de
concentration, troubles cognitifs et polyneuropathie sensitivomotrice.
- Stomatogingivite.
- Troubles oculaires (mercurialentis) : accumulation progressive du mercure dans la
capsule antérieure du cristalin.
- Atteintes cutanées : acrodynie.
- Cancérogénèse (groupe 3).
Mercure Organique
- Troubles neurologiques : paresthésie des extrémités, troubles du comportement, ataxie
cérébelleuse, dysarthrie, cécité et surdité.
- Reprotoxicité : convulsions, cécité, surdité et retard mental.
- Cancérogénèse (groupe 2B).
Traitement
Évacuateur
- Lavage gastrique par une solution de protéines et le charbon actif Pratiqué si l’ingestion est
récente (<4h) et importante, surtout pour le méthyl-mercure.
- Déconseillé pour les dérivés inorganiques car caustiques.

Épurateur
- Hémodialyse en cas d’atteinte rénale sévère, on peut y associer une substance riche en
radicaux thiol pour déplacer le mercure de ses sites de fixation.

Antidotal
- BAL (2,3-dimercapto-propanol), contre-indiqué en cas d’intoxication chronique, ou
d’intoxication au mercure organique.
- DMPS (dimercapto-propane sulfonate) et DMSA (acide dimercapto-succiniques) : efficaces
et à peu d’effets secondaires.
- NAPA (N-acétyl-D-pénicillamine) et EDTA.

Analyse Toxicologique
Prélèvement
- Sérum : en cas d’intoxication aiguë par des dérivés inorganiques.
- Sang total : en cas d’intoxication par des dérivés organiques.
- Urines : pour le suivi des expositions professionnelles.
- Cheveux : corrélation entre le taux de mercures dans les cheveux de la mère avec son taux
dans le cerveau du fœtus ou du nouveau-né.

Méthodes de Dosage
- Colorimétrie : par la dithizone.
- SAA à vapeur froide.
- Spectrométrie de fluorescence des rayons X.
- ICP/SM.
- Electrode spécifique (Hg+/Hg2+).
- SAA flamme.

Interprétation
Mercure Inorganique
- Le taux de mercure sanguin permet d’apprécier l’imprégnation récente lors des
intoxications aiguës.
- Le taux de mercure urinaire permet d’apprécier une exposition de plus de 3 mois.
Mercure Organique
- Le taux de mercure sanguin est le meilleur témoin de l’intensité de l’exposition et
reflète la charge corporelle.

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