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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Chimie toxicologique

Chapitre 1. Introduction
1. Balance bénéfice/ risque
Chaque substance a un aspect positif et un aspect négatif, il faut tenir compte de la balance
bénéfice risque.

2. Index thérapeutique
C’est la dose qui fait le poison => établissement d’un index thérapeutique.

Index thérapeutique = rapport entre la dose létale 50 et la dose efficace. Plus cet indice est petit
et plus la différence entre les deux est faible (plus le médicament est dangereux.

Chapitre 2. Les voies de pénétration


1. Voie digestive
C’est une voie de contamination très significative (car plusieurs voies : eau,… et grande quantité
d’aliments ingérés) par les polluants alimentaires. La résorption se passe principalement dans
le duodénum (et un peu dans l’estomac) par diffusion passive.

Il y a 4 types de polluants alimentaires :

• Aliments toxiques naturellement

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• Aliments non contaminés mais rendu toxiques par l’organisme


• Aliments contaminés
• Additifs alimentaires

Elle est aussi utilisée comme voie thérapeutique lors de l’administration de médicaments.

1.1. Aliments toxiques naturellement


Cicutoxine (cailles) : si le seuil est atteint => Cicuta maculata = syndrome neurologiques avec
convulsions.

Acide djenkolique (fèves) : si le seuil est atteint => insuffisance rénale.

Calcium (lait) : si trop grande quantité (2-3L/jour) => précipité dans les tubes rénaux = maladie
de Burnett (maladie des buveurs de lait).

Acide oxalique (rhubarbe) : chélateur => précipité dans les tubes rénaux

1.2. Aliments toxiques après transformation


Exemple : Chaleur (T° > 250°C) => transformation des AA de la viande en produits mutagènes
(très proches des hydrocarbures aromatiques polycycliques, HAP). HAP → dériés époxydes (par
cytochrome P450) → diolépoxydes → adduits ADN.

HAP = Cancérigènes formés à partir de RL lors de réactions de pyrolyse.

1.3. Aliments contaminés


Les aliments peuvent être contaminés de façon accidentelle (ex : par les sols, mauvais stockage
=> champignons => mycotoxine).

Acide domoïque (moules) : Fixation sur les R des aa activateurs.

Aflatoxine B1 (oléagineux et noix) : Transformée en réactif actif par le foie => adduits,
mutagénèses et cancérisation.

1.4. Additifs alimentaires


Il existent de très nombreux additifs alimentaires ajoutés à de nombreux aliments
(conservation, goût,…). Cependant, la toxicité de ces additifs n’est pas clairement établie.

Edulcorants = ajoutent une saveur sucrée à un aliment. Il en existe des naturels (saccharose,
fructose, glucose), des édulcorants de masse (sorbitol, maltitol, xylitol) ou des édulcorants de
synthèse (saccharine, aspartame, cyclamate).

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Aspartame : dégradé en dicétopipérazine par la chaleur => allergisant et tératogène chez la


femme enceinte. L’aspartame en lui-même pourrait également être toxique (controversé).

2. Voie dermique

Au contact de la peau, les toxiques peuvent causer :

• Des effets locaux sans résorption systémique : rougeurs, éruptions cutanées,…


• Des effets systémiques après résorption par épidermes et annexes cutanées :
dépendent du temps de contact, de la concentration, de l'hydrosolubilité, du caractère
lipophile de la forme non ionisée, du PM.

3. Voie pulmonaire
C’est une voie de contamination fréquemment impliquée et qui permet une contamination
intense (grande surface d’échange) et rapide (diffusion rapide). En effet, les gaz indésirables
empruntent la même voie que l'oxygène ou le CO2.

Dans l’air respiré, des particules sont présentes et sédimentent à différents niveaux de l’arbre
respiratoire en fonction de leur taille. Les particules de grande taille (>5 μm) sont récupérées
dans le mucus et sont soit expectorées soit avalées (voie digestive). Les particules de petite
taille (<2,5 μm) sont susceptibles de descendre dans tout l’arbre et de passer dans le sang
(<1μm) par les alvéoles => résorption systémique. La taille des particules est donc en relation
directe avec leur taille.

Les substances résorbées sont de natures diverses :

• Gaz : CO, NO, NO2, SO2 => résorption au niveau alvéolaire.


• Liquides (vapeurs de benzènes, solvants,… ) : résorption au niveau alvéolaire.
• Solides : Résorption dans les différentes parties de l'arbre pulmonaire selon la taille des
particules et la vitesse de l'air.

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Les polluants atmosphériques sont les plus communs.

3.1. Photochimiques
COV (composés organiques volatils) : formol (fumées de tabac, mousses isolantes, colles pour
agglomérés, résines, détergents), toluène, xylène, trichloréthylène (peintures, teintures, diluants,
articles de bricolage), benzène (essence sans plomb, tabac)

O3 (ozone) : formé à partir précurseurs COV et oxydes d’azote (NOx).

CO : combustion incomplète des gaz dans des endroits mal oxygénés.

3.2. Chlorofluorocarbones (CFC)


Les CFC se trouvaient dans toutes les bombes aérosols. Ils sont responsables du « trou » dans
la couche d'ozone. Ils comportent des halogènes dégradés par les rayonnement solaires
lorsqu'ils arrivent à 20 ou 30 km au dessus de l'atmosphère libérant ainsi du chlore qui se
combine à l’ozone et diminue sa concentration.

3.3. Acides
SO2 et HCl : Libérés par l’incinération des déchets.

NOx (industries et l'automobile) : dispersion dans l'atmosphère d'NOx qui se combinent à


l'oxygène et à l'eau pour donner HNO2 et HNO3.

3.4. Polluants locaux


CO : le polluant local le plus présent.

Poussières :

• Particules organiques ou minérales (diamètre < 10 µm) : fines particules rejetées par les
moteurs diesel ou grosses particules issues des rejets industriels *
• Fibres manufacturées (diamètre >10 µm) : amiante (particules très inflammatoires) =>
risque d’asbestose (fibrose) et de mésothéliome (cancer) ; fibres de verre, laine de roche
=> risque de cancer pulmonaires.

3.5. Tabac
En fumant, on inhale jusqu'à 4000 substances, dont certaines sont très toxiques.

Affections cardiovasculaires : CO, nicotine (addictive) et alcaloïdes.

Affections pulmonaires non cancéreuses :aldéhydes, formol, acroléine.

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Affections pulmonaires cancéreuses : hydrocarbures aromatiques polycycliques


(benzopyrène, dibenzoantracène), phénols (crésol, catéchol), nitrosamines (N-
nitrosonornicotine), amines aromatiques (bêta-naphtylamine), substances aromatiques
hétérocycliques (dibenzoacridine), terpènes.

3.6. Polluants domestiques


Plastiques

Amiante (isolants)

Formaldéhyde (isolants, meubles,…) : aldhéyde le plus simple. Il a plusieurs noms :


formaldéhyde, formol, aldéhyde formique, méthanal. Il se retrouve partout car c’est un
intermédiaire de synthèse (plastiques, produits plastifiants, industrie chimique, résines,...), un
désinfectant et biocide et un additif alimentaire. Il est également produit lors de combustions .
C'est un polluant important de l'air intérieur.

4. Types de toxicité
Aigue : Durée exposition courte (< 24 heures) + quantité importante en administration unique le
plus souvent.

Chronique : Durée d’exposition > 6 mois, contacts répétés

A long terme : les symptômes apparaissent plusieurs années après la fin de l’exposition.

Chapitre 3. Mécanismes d’action biochimiques


Les premières lésions responsables d’une pathologie se produisent au niveau cellulaire. Le
toxique a deux moyens d’affecter la cellule. Soit il atteint les structures membranaires soit il
atteint les structures extracellulaires. Ses effets sur la cellules dépendent de la cible.

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1. Atteinte des structures intra-cellulaires

1.1. Interaction avec des macromolécules


• Réduction de l’énergie métabolique disponible

Glycolyse : Génère du pyruvate et de l'ATP à partir de sucre. C’est généralement le glucose qui
est utilisé mais le fructose (transformable en pyruvate), le galactose (génère du glucose) et le
mannose peuvent aussi entrer dans la voie. Bilan de la gylcolyse : 2 pyruvates + 2ATP

Intoxication à l'arsenic : L’arsenic empêche la formation de 1,3-biphophoglycérate se fixe à la


place d’un des deux Pi. La La molécule formée n’est donc pas du 1,3-biphophoglycérate car elle
ne possède qu’un phosphate. Lors de la transformation en 3-phosphoglycérate, l’arsenic est
donc relargué à la place d’un phosphate ce qui empêche la production d’ATP à cette étape de

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la glycolyse. Les deux seuls ATP produits par après servent à rembourser les 2ATP consommé
au début. Il n’y a donc plus de production nette d’ATP.

Décarboxylation oxydative du pyruvate : pyruvate + TPP → hydroxy-éthyl-thiamine-


pyrophosphate + lipoamide → acétyl-lipoamide + CoA → acétyl-CoA.

Bilan (par molécule de glucose) : 2 acétyl-CoA + 2 NADPH (+H+) + 2 CO2

Intoxication à l’arsenic : bloque les enzymes (pyruvate déshydrogénase, dihydrolipoyl


déshydrogénase et DHTA)

Cycle de Krebs : Permet la transformation de l’acétyl-CoA en citrate puis en oxaloacétate qui


sera retransformé en citrate grâce à un nouvel acétyl-CoA et ainsi de suite. Ce processus ne
produit pas directement d’ATP.

Bilan (pour une molécule de glucose) : 4 CO2 + 6 NADH (+ H+) + 2 FADH2 + 2 GTP

Acide malonique : généré par les


lipoperoxydations membranaires. Il porte
deux fonctions carboxyles et un CH2
entre les 2 ce qui lui confère une
ressemblance avec le succinate. Il est
donc capable de réagir avec succinate
déshydrogénase, ce qui bloque l’enzyme
et empêche la formation de fumarate et
par conséquent tout le cycle de Krebs.
L’énergie disponible pour la cellule sera
donc réduite.

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Phosphorylation oxydative : utilisation des molécules de NADPH et FADH2 pour créer un


gradient de proton à travers la membrane interne de la mitochondrie afin de faire fonctionner
l’ATP synthase.

Chaque molécules de NADH produira 3 ATP et chaque molécule de FADH2 en produira 2. Il y a


donc production de 2 (glycolyse) + 6 (décarbox du pyruvate) + 24 (phosphorylation oxydative)
= 38 ATP

Une série de substances entraînent des blocages de la phosphorylation oxydative à différents


niveaux (transfert d’électron, ATP synthase ou adénine nucléotide transférase).

Les agents découplants sont des molécules capables de donner et de fixer un proton et, de
cette manière, d'annuler un gradient de proton. L'énergie pour produire l'ATP est transformée

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en énergie calorifique ce qui entraine une hyperthermie. On retrouve dans cette catégorie :
dicoumarol (anticoagulant, anti-vitamine K)et 2-4-dinitrophénol.

Il y a d'autres transporteurs mobiles d'ions : valinomycine, nonactine et monensine =


antibiotiques fixant K+ pour former un complexe ion-transporteur soluble dans la partie interne
lipidique des membranes

Il y a d'autres agents capables de créer des canaux perméables aux protons (thermogénine,
gramicidine A) : ceux-ci passent dès lors sans générer de ATP.

• Lipoperoxydation membranaire
Ce processus se fait en trois étapes : l’initiation, la propagation et la terminaison.

Initiation :

Lorsque des électrons coexistent avec de l’oxygène (dans la phosphorylation oxydative dans ce
cas -ci), il y a formation de radicaux libres (RL), notamment un ion radical superoxyde O 2- •
(transformé par une superoxyde dismutase en H2O2). L’oxygène ne capte pas les deux électrons
dont il a besoin pour former de l’eau en même temps. Il accepte d’abord un premier e- => il
devient un RL superoxyde O2- . Il accepte ensuite un deuxième e- pour former O2- (plus un radical
car plus d’électron seul) qui réagit avec 2H+ pour former l'H2O.

Les radicaux libres sont extrêmement instables (durées de vies = 10-5 secondes). Durant ce
temps, soit ils captent un électron mobile libre , soit ils vont chercher cet électron mobile sur
une autre structure moléculaire. Par exemple, le superoxyde O2- • peut réagir avec un H+ pour
former un radical hydroperoxyde (HO2•) qui peut réagir avec une superoxyde dismutase qui lui
fournit un H+ et un électron pour former du peroxyde d’hydrogène. Cette eau oxygénée peut :

• être transformée via une catalase en H2O et en O2.


• être transformé par une glutathion peroxydase en glutathion oxydé.
• réagir avec d'autres structures (Fenton et Haber-Weiss pour générer des radicaux
hydroxyles OH•). Ces RL peuvent ensuite aller attaquer un proton d'un acide gras
insaturé pour générer un acide gras radicalaire.

Toutes les espèces oxydantes peuvent générer des lipoperoxydations membranaires. Si les
radicaux attaquent une membrane, il se produit une mort cellulaire. Si ces radicaux se fixent au
niveau de l'ADN, il peut y avoir une mutation et des cancers peuvent être générés.

Propagation :

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Il y a formation de radicaux libres d’acides gras à distance du lieu de production des RL. L’acide
gras radicalaire va arracher un proton à un autre acide gras et ainsi de suite.

Lipoperoxydation membranaire = réaction entre des radicaux et des acides gras insaturés qui
constituent les lipides localisés dans les membranes cellulaires. Ces radicaux peuvent générer
des trous au niveau des membranes et s'il y a un pore, il y a risque de lyse cellulaire.

Terminaison : Certains radicaux génèrent des lipoperoxydes, des endoperoxydes ou encore


des aldéhydes maloniques. Toutes ces structures augmentent la fragilité de la membrane
cellulaire.

Conséquences : destruction des acides gras polyinsaturés, gonflement et désintégration des


mitochondries, destruction des lysosomes, dénaturations enzymatiques, perturbation de
l'homéostasie du Ca2+ et lyse cellulaire.

Pour lutter contre les radicaux, des antioxydants existent. Ce sont des molécules fortement
chargées en électrons qui réagissent avec les radicaux libres pour les neutraliser. Une des
structures les plus importantes est le glutathion (antioxydant naturel).

• Formation d’haptènes/allergènes
Certains toxiques engendrent une réaction d'hypersensibilité (allergie) de type II ou III.
Néanmoins, un terrain prédisposant est nécessaire à ce type de toxicité, il faut donc une
rencontre entre un produit susceptible d'être allergisant avec un terrain susceptible d'être
touché pour déclencher une réaction d’hypersensibilité.

Type II (céphalosporines, les pénicillines, les tétracyclines = antibiotiques) : Le médicament se


fixe sur les globules rouges et le complexe formé appelle à la fabrication d'anticorps dirigés
contre celui-ci et qui s’y fixent. Le système du complément est enclenché par cette fixation et
permet destruction du complexe (hémolyse anémiante).

Type III (anti-malariques) : Le médicament se fixe sur une protéine et ce complexe se comporte
comme un antigène si le terrain est favorable. Les anticorps formés se lient aux antigènes
donnant un complexe immun circulant ( CIC ). Ce dernier se fixe sur un globule rouge et entraîne
sa lyse.

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1.2. Interaction avec des coenzymes


Les toxiques peuvent également réagir avec les coenzymes (NAPH, Phosphate de pyridoxal,
Mg, Zn, Ca, Ba, Cu et thiamine pyrophosphate, permettent d’accélérer les réactions) et bloquer
les réactions enzymatiques de la cellule.

Exemple – NAPDH : catalyse toute une série de réactions et participe notamment à la


fabrication du surfactant. Ce NADPH est fabriqué la voie des pentoses phosphates. Dans le cas
d’une intoxication par le paraquat (herbicide ayant une affinité pour le tissu pulmonaire), le
NAPDH est consommé pour oxyder le paraquat. Il n’y a donc plus de NAPDH disponible pour la
production de surfactant ce qui entraine le décès par insuffisance respiratoire.

1.3. Formation d’adduits


Aflatoxine B1 :Inactive telle qu’elle. Lors de la consommation, elle est métabolisée par les
cytochromes P450 qui la transforme en un produit très réactif (DL sur le 1er cycle devient est
époxyde = donneur d’e- instable et réactif). Ce dernier s'accroche sur la base de l'ADN (guanine)
la plus électrophile. Si la cellule est en quiescence, => pas de problème. Si la cellule doit se
répliquer, le déroulement et la dénaturation de la double hélice d'ADN sont compromis.
L'encombrement dû aux adduits entraîne des cassures dans l'ADN. Dans un grand nombre de
cas, l'intervention des mécanismes de réparation permet de résoudre ces problèmes. Dans
d'autres cas, la réparation est imparfaite ou impossible laissant ainsi une mutation au niveau
de l'ADN.

Aldéhyde malonique : déchet issu de la lipoperoxydation membranaire. Cette substance peut


agir comme l'aflatoxine B1

2. Atteintes des structures membranaires

2.1. Lipoprotéines de la membrane plasmique


La membrane cellulaire peut être dissoute par des acides ou des bases fortes ou des hexanes

2.2. Récepteurs cellulaires


Un grand nombre de mécanismes de toxicité passent par les transporteurs et les récepteurs
membranaires.

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3. Types de récepteurs cellulaires

3.1. Transport passif des ions


• Canaux ioniques
Le mouvement des ions se fait en fonction du gradient de concentration, il n’y a donc pas de
consommation d’ATP.

Canaux voltages dépendants : s’ouvrent grâce à un changement du potentiel de membrane. Il


en existe au moins trois sortes :sodiques, potassiques et calciques.

Certaines substances entraînent des effets agonistes et d’autres des effets antagonistes des
canaux ioniques.

Canaux sodiques voltage-dépendants :

Agonistes : toxine du scorpion du Brésil, toxine de l'anémone de mer, batracotoxine,... =


substances peptidiques.

Conséquences = douleur locale, hyperactivation des cellules neuronales => excitation nerveuse
permanente + augmentation du rythme cardiaque.

Antagonistes: saxitoxine ( fruits de mer contaminés par les algues produisant cette toxine ),
tétrodotoxine (poisson lune).

Conséquences : blocage de la transmission nerveuse (saxitoxine) ou paralysie menant à l’arrêt


cardiaque (tétrodotoxine).

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Canaux potassiques et calciques voltage-dépendants :

• Récepteurs canaux
Ce sont des canaux ioniqques ligand-dépendant. Ils sont donc localisés au niveau de la
membrane. Lorsque le ligand se lie au récepteur, cela entraine l’ouverture du canal. Au niveau
neuronal, ces ligands sont des NT.

Peu Sélectifs : Activés par l’acétylcholine et les aa excitateurs le plus souvent et permettent le
passage de tout les ions (Ca++, Na+ et K+ => dépolarisation).

R. nicotinique (Ach) : Dans les boutons présynaptiques = vésicules de NT. Si PA → Ach libérée
dans la fente synaptique → fixation sur son R. (pentamère, 2 sous unités α (fixation Ach), 1 sous
unité β et une sous unité γ) → ouverture → passage des ions dans le sens de leur gradient. La
molécule qui se fixe au R peut soit être l’Ach soit une autre molécule structurellement proche.
Cette dernière peut entrainer différents effets en fonction de sa nature (agoniste ou antag).

Effets agonistes :

• Substance analogue à l'Ach se fixe et entraîne l'ouverture du canal.


• Substance qui se fixe dans le canal et le bloque en position ouverte.
• Soit une dégradation impossible de l’Ach à cause de la dégradation de l’Ach-estérase.

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Effets antagonistes :

• Substance analogue à l'Ach se fixe et fige le R. en position fermée.


• Substance se fixe dans le canal bloquant le passage d'autres substances
(encombrement).

R. au glutamate : Le glutamate est l’aa excitateur le plus courant dans le SNC. Cet AA est un
exhausteur5 de goût ( sauce soja ). Les R. au glutamate sont classés en fonction de leur (NMDA,
AMPA, Kaïnate).

Agonistes NMDA et kaïnate (PCP, MK-801) : capables d’entraîner une dégénération neuronale.

Antagonistes NMDA et Kaïnate (amantadine) : protecteurs de maladies neurovégétatives.

Sélectifs : Activés par le GABA et la glycine le plus souvent et ne laissent passer qu’un seul ion
(souvent Cl- => hyperpolarisation).

R. au GABA (GABAa= ionotrope, GABAb = couplé à une prot G) : Pentamère composé des sous-
unités a, , , .

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Effets agonistes :

• Muscimol : produit par une variété d'amanite, provoque l’ouverture du canal à la place
du GABA.
• Barbituriques (somnifères) : allongent la durée d’ouverture du canal (blocage en
position ouverte).
• Benzodiazépines (somnifères) : augmentent l’affinité du GABA pour son R. (par fixation
sur un site allostérique) => ouverture du canal plus fréquente.

Effets antagonistes :

• Bicuculline : empêche l’ouverture du canal lorsque lié au R.


• Flumazenil : diminution de l’affinité du GABA pour le R (par fixation sur le site allostérique
des benzo) => ouverture moins fréquente du canal.
• Picrotoxine et TBPS : encombrent l’ouverture du canal => les ions ne passent plus.

R. à la glycine : Pentamère composé des sous-unités a, , .

Effets agonistes :

• Taurine et β-alanine : activent le R. à la place de la glycine.

Effets antagonistes :

• Nifédipine, Picrotoxine, Ginkgolide et strychnine : empêchent l’ouverture du canal par


fixation à la place de la glycine => impossibilité de repos neuronal => convulsions,…

• Récepteurs couples aux protéines G


Le ligand extracellulaire se fixe sur son récepteur (composé de 7 hélices transmembranaires).
L'hétérogénéité de ces récepteurs dépendante de la boucle reliant le segment 5 au segment 6.

La protéine G comporte 3 sous unités :

• α : rôle catalytique, peut se fixer à β

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• β : peut se fixer à γ
• γ : prénylée donc peut se fixer aux structures membranaires

La protéine a 2 configurations possibles :

• Inactive = α fixée au GDP au niveau d’une crypte


• Active = α fixée au GTP.

Liaison ligand → déplacement des hélices → changement de conformation de la protéine G →


diminution constante d'association de α sur le GDP + augmentation constante d'association de
α pour le GTP → dissociation des 3 sous-unités → fixation d’ α (accompagnée du GTP) sur un
effecteur → hydrolyse du GTP nécessaire à la fixation → GTP transformé en GDP (GTPase au
niveau de la crypte qui permet une auto-inactivation) → diminution affinité pour l'effecteur et
augmentation affinité pour le complexe βγ → réassociation des sous unités.

Selon la nature de la sous-unité α , il est possible de distinguer plusieurs protéines G :

Les effecteurs peuvent être des enzymes, des canaux, des adénylates cyclase, des
phospholipases C... qui permettent la production de seconds messager et donc la régulation de
l’expression des gènes.

Exemple : effecteur = canal : ; stimulation de la sous-unité alpha Gi →induction ouverture des


canaux potassiques. L'importance est déterminante au niveau de la physiologique cardiaque
malgré le nombre relativement restreint de ce type de canaux. L'hypokaliémie ou l'hyperkaliémie
entraînent tous deux des risques d'arythmie cardiaque.

Exemple : effecteur = Adénylate cyclase : transforme l'ADP en AMPc qui, lui, entraîne la
production de protéines kinases, dont les protéines kinases A (4 sous-unités : 2 régulatrices R
et 2 catalytiques C). L'AMPc peut se fixe sur R et génère une lyse de la PKA ce qui entraine la
libération de C ce qui permet à la kinase d’être active. Il existe de nombreuses cibles des PKA
=> effets nombreux : ↗ glycogénolyse (foie etmuscles squelettiques), ↗ lipolyse (adipocytes),

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régulation des flux transépithéliaux de l'eau et des électrolytes, inotropisme cardiaque,


relaxation muscles lisses.

Exemple : effecteur = phospholipase C : transformation des les PIP2 ( phosphatidyl-inositol-


4,5- biphosphate ) en DAG et inositol triphosphate (IP3) qui sont des seconds messagers. Ces
deux résidus dont également des seconds messagers. La PKC est soluble et inactive dans le
cytoplasme mais active une fois fixée sur des résidus DAG (fixés sur la membrane). Ceci modifie
l'activité d’env. 50 protéines impliquées notamment dans : libération d'hormones et de NT,
contraction muscle lisse, inflammation, transports ioniques, développement de tumeurs.

Toxiques agissant sur la liaison ligand-R :

• Choléra : empêche la dissociation du groupement alpha-GTP => protéine G


constamment active.
• Coqueluche inactive l'unité αi => diminution de son effet bloquant. Il en résulte donc
une stimulation intracellulaire irréversible de l'adénylate cyclase qui génère beaucoup
d'AMPc.

• Récepteurs enzymes
Ce sont des protéine transmembranaires qui comprennent une fonction réceptrice (fixation
ligand) et une fonction effectrice (activité enzymatique). Les récepteurs-enzymes possèdent le
temps de réponse intracellulaire le plus long. Il existe essentiellement trois types de récepteurs
enzymatiques :

• Tyrosine-kinase : phosphorylation des résidus tyrosines soit au niveau du récepteur


(autophosphorylation) ou au niveau des protéines intracellulaires (ex : R. insuline et R ;
facteurs croissance).
• Tyrosine-phosphatase : déphosphorylation des résidus tyrosines (ex : CD45 = rôle dans
la prolifération des LT).

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• Guanylate-kinase : transformation de GTP en GMP. Ces récepteurs se trouvent au


niveau membranaires (3molécules), associés à des peptides natriurétiques (2 sortes,
oreillette du cœur, SNC...) ou sous forme de peptide intestinal (1 molécule).

Exemple : R. aux facteurs de croissance : le


facteur de croissance se fixe sur la partie
extracellulaire du récepteur et entraine une
dimérisation du R. Le dimère va ensuite
s’autophosphoryler ce qui permet de fixer le domaine
SH2 de la protéine cible (ici : STAT) avec les tyrosines
phosphorylées. Cela entraine une réponse
intracellulaire.

3.2. Transport actif d’ions


• Pompes à ions

Na+K+ATPase : ubiquitaire, se trouve au niveau de la membrane plasmique et nécessite de


l'énergie. Les ions sont exportés contre leur gradient de concentration. Elle permet le maintien
du ddp de repos

H+K+ATPase : au niveau de la muqueuse gastrique et permet d'acidifier l'estomac.

Ca²+ATPase : ubiquitaire, se trouvent au niveau des membranes plasmiques (PMCA) ou du


réticulum endoplasmique (SERCA). Elle permet le stockage du calcium et le maintien de la
concentration calcique cytoplasmiques pour le stockage du calcium...

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Les pompes peuvent être perturbées par différentes molécules :

Inhibiteur
Inhibiteur

• Transporteurs d’ions
Ce sont des pompes qui peuvent fonctionner sous forme d'antiports (mouvements dans les
deux sens) ou de symports (mouvements dans un sens). Elles peuvent aussi être perturbées
par des molécules.

Les digitaliques ont un effet inotrope positif : ils bloquent la pompe Na+K+ATPase. La
concentration en sodium intracellulaire augmente entraînant une inhibition de l'échangeur
Na+/Ca²+ . Ainsi, la concentration en Ca²+ intracellulaire augmente et ceci améliore le couplage
excitation-contraction. Le muscle cardiaque se contraction mieux.

Echangeur Na+/Ca++ : permet le maintien de la concentration cytosolique calcique.

Echangeur Na+/H+ : permet la régulation du pH intracellulaire.

Cotransporteur Na+/K+/Cl- : permet la réabsorption tubulaire d’ions.

Cotransporteur Na+/glucose : permet l'entrée de sodium et de glucose dans les cellules rénales
et intestinales.

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Chapitre 4. Toxiques industriels


1. Solvants organiques
La volatilité des solvants organiques est fonction de la pression de vapeur. Généralement, plus
la température est élevée, plus la pression de vapeur sera importante.

Pression de vapeur (mmHg) : pression exercée par le solvant à l'état de vapeur sur les parois
d'un récipient clos à une température donnée. Plus elle est haute, plus le solvant est volatile.

Température d'ébullition : température qui fournit une quantité de vapeur déterminant une
pression égale à la pression atmosphérique (760 mmHg). C’est donc la température à laquelle
la pression de vapeur est = pression atm.

Flash point : température qui fournit une quantité de vapeur suffisante pour former avec l'air un
mélange gazeux capable de propager une flamme. C'est la température maximale de stockage
pour laquelle il n'y a aucun risque d'inflammabilité et d'explosion du solvant.

VLT (ppm ou mg/m3) : valeur limite tolérable. Il y a trois types de valeurs intéressantes en
termes d'exposition chronique :

• Exposition chronique : TLV-TWA (Time Weight Average) : concentration maximale (dans


le sang, l’urine ou l’air expiré) pour une exposition 8h/j et 40h/semaine.
• Exposition aiguë : TLV-STEL (Short Time Exposure Limit) : concentration maximale pour
4 expositions/j ne dépassant pas 15 minutes chacune et espacées au moins de 60
minutes
• Exposition maximale : TLV-C (Ceiling) : concentration à ne jamais dépasser.

1.1. Alcools
• Méthanol
L'indice de toxicité est variable selon l'espèce. La dose létale de méthanol chez l'homme est 30
mL (une gorgée).

Propriétés physico-chimiques :

Usages : solvant (laque et vernis), antigel, carburant et dénaturant de l’éthanol/

Propriétés cinétiques :

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Métabolisme : Il est transformé en


formaldéhyde par une alcool-
déshydrogénase puis en acide formique
par une aldéhyde-déshydrogénase.
L’acide formique génère une acidose
métabolique. Chez le rongeur, il est
transformé par une catalase en CO2 et H2O.
Chez l’humain, il est éliminé en très petite
partie par la catalase et en grande partie
par réaction avec les tétrahydrofolates
(interviennent dans la synthèse des bases
puriques). C’est une voie très lente.

Toxicité biochimique : plus toxique que l'éthanol car sa métabolisation donne de l’acide
formique alors que celle de l’éthanol donne de l’acide acétique. La toxicité du méthanol est liée
à une accumulation d'acide formique qui entraîne une acidose métabolique et provoque l'arrêt
de tous les mécanismes de fourniture d'énergie. L'acide formique inhibant les cytochromes
oxydases mitochondriales, ce sont les cellules qui nécessitent beaucoup d'ATP qui seront
touchées en premier lieu. Sa dose létale est de 1g/kg.

TLV-TWA = 200ppm et TLV-STEL = 250ppm

Signes cliniques :

Traitement :

Traitement symptomatique (dans un premier temps) : lavage d’estomac, dialyse péritonéale,


NaHCO3 (correction de l’acidose), anticonvulsants, ventilation assistée (hypotension)

Traitement par antidotes spécifiques (une fois le contaminant identifié) :

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

• Ethanolisation : création d’une éthanolémie (min. 1g/L) par voie orale. L'alcool
déshydrogénase n’est pas spécifique. Si elle est en présence à la fois d'éthanol et de
méthanol => compétition créée pour diminuer la métabolisation du méthanol (si pas
métabolisé => élimination sous forme inchangée (non toxique) dans les urines ou par
voie pulmonaire).
• 4-méthyl-pyrazol : inhibition non compétitive de l'alcool DH. Néanmoins, cette
substance est chère et rapidement périmée.
• Acide folique : l'acide formique est combiné au tétrahydrofolate pour former des purines.
En supplémentant le patient en acide folique, on favorise cette voie métabolique pour
diminuer la quantité de méthanol et la quantité d'acide formique plus rapidement.

• Ethanol
Propriétés physico-chimiques :

Usages : Topique, désinfectant, solvant, usage alimentaire.

Propriétés cinétiques :

Métabolisme :

Transformé en acétaldéhyde par l’alcool DH (en grande partie, 80%), par la catalase (10%) et par
le cytochrome P450 2E1 (10%) puis transformation en
acide acétique par l’acétaldéhyde DH, qui est un
précurseur de l’acétylCoA. Les P450 sont des enzymes
inductibles et l’éthanol en est un inducteur : plus
l'absorption est importante, plus elle dope l'activité des
cytochromes P450 2E1=> métabolisation plus rapide. ce
qui signifie que la métabolisation du méthanol est plus
rapide.

Une autre voie permet la métabolisation de - de 1% d'éthanol : la conjugaison de l'éthanol avec


de l'acide glucuronique pour former de l'éthylglucuronide (t1/2 long => marqueur de
l’alcoolémie).

Chez des personnes non alcooliques : métabolisation = 0,15g/l/h ; chez des alcooliques
chroniques : métabolisation = 0,25-0,3g/l/h.

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

A jeun, le pic d'alcoolémie est atteint après environ 30 min. Ce pic sera plus tardif et moins élevé
si le temps de vidange gastrique est ralenti ( ingestion d'un repas ).

Il est possible de calculer le taux d'alcoolémie dans le sang à partir de la quantité d'alcool bue
et inversement. Il y a aussi une relation entre l'alcool présent dans le sang et l’alcool dans l'air
expiré (principe éthylotest).

Toxicité biochimique :

Cellulaire diffuse : la métabolisation de l'éthanol génère de l'acide acétique et requiert du NAD+.


Il y a donc une réduction du rapport NAD+/NADH au niveau hépatique ce qui ralentit l'activité
des enzymes (autres que l'alcool DH) utilisant ce cofacteur, dont plusieurs intervenant dans le
cycle de Krebs. Il y a donc une diminution de production de l'oxaloacétate et une diminution de
la néoglucogenèse et de la fabrication d'ATP. Par ailleurs, cet acide acétique se combine au
coenzyme-A pour former de l’acétyl-CoA. Ce qui crée un accumulation hépatique d’acétyl-CoA
trop importante. Il sera donc décarboxylation en acétone (composé très volatile => haleine
acétonique ).

Système nerveux : c’est un inhibiteur aux récepteurs NMDA (glutamate) qui entrainele blocage
du passage des ions entraînant une diminution de l'entrée du calcium =>altérations de la
mémoire.

Foie :

• 1er stade de l'imprégnation éthylique : stéatose : augmentation de l'activité des


gammaGt (enzymes hépatiques) et de la transferrine peu sialylée (perte des résidus
d'acide sialyque sous l'influence de l'alcool) qui peuvent être dosés dans le sang.
• 2e stade de l'imprégnation éthylique : hépatite alcoolique stéatosique : biomarqueurs
cités précédemment perturbés + augmentation des transaminases et des OCT sériques
(dosables dans le sang). A ce stade, le foie peut toujours se régénérer.
• 3e stade de l'imprégnation éthylique : cirrhose : les modifications du fonctionnement
hépatique deviennent irréversibles car la cirrhose = remaniement architectural du foie
qui n'est plus capable de fabriquer de l'albumine, des dérivés estérifiés du cholestérol,
des facteurs de coagulation + augmentation du rapport IgA/transferrines

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Pancréas : augmentation des enzymes pancréatiques dans le sang, hyperamylasémie et une


hyperlipasémie. Il y a une nécrose associée aux cellules pancréatiques.

Signes cliniques :

Alcoolisme aigu :

Alcoolisme chronique :

• Troubles neurologiques :

• Troubles hépathiques :

• Troubles pancréatiques : la plupart des pancréatites chroniques que l'on voit chez les
adultes sont dues à l'alcool ( 60-90% ).
• Cancer : l’acétaldéhyde peut se lier à l’ADN et provoquer des mutations.

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

• Grossesse :

• Isopropanol
Propriétés physico-chimiques :

Usages : synthèse de l’acétone, extraction des résines, cosmétique.

Propriétés cinétiques :

Toxicité biochimique : hépatotoxicité très légère mais peut augmenter la toxicité de certains
produits (CCl4 et paracétamol). Dose létale = 1,5g/kg ; TLV-TWA = 400ppm.

Signes cliniques :

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

1.2. Glycols
Les glycols peuvent être divisés en 2 groupes : les éthylènes glycols et les propylènes glycols.
Le groupe des éthylènes glycols contient le monoéthylène glycol, le diéthylène glycol et les
polyéthylènes glycols tandis que le groupes des propylènes glycols contient le monopropylène
glycol et les polypropylènes glycols.

• Monoéthylène glycol
Il s'agit d'un solvant très toxique et très peu volatile dont la toxicité est aussi grave que celle du
méthanol.

Propriétés physico-chimiques :

Usages : antigel, fluide hydraulique, intermédiaire de synthèse.

Propriétés cinétiques :

Métabolisme :

Transformé en glycoaldéhyde par une alcool


DH qui sera ensuite transformé en plusieurs
étapes en acide glyoxidique. Ce dernier est
métabolisé de trois manières différentes : par
oxydation (aldéhyde DH) pour former de
l'acide oxalique, par transamination pour
former de la glycine ou par décarboxylation
oxydative pour former de l’acide formique.

Toxicité biochimique : La toxicité de l'éthylène glycol est due aux métabolites créés et non à
la molécule en elle-même. D’une part les dérivés aldéhydiques inhibent la phosphorylation
oxydative (diminution de l'ATP disponible), perturbent le métabolisme glucidique
(hyperglycémie) et altèrent le métabolisme de la sérotonine dans le SNC. D’autre part les dérivés
acides provoquent une acidose métabolique. L'acide oxalique complexe les ions Ca++ =>
hypocalcémie => troubles cardiaques. Il y a donc une production de cristaux d'oxalate calcique
qui s'accumulent au niveau tubulorénal ce qui entraine une albuminurie et une hématurie. En
cas d'intoxication chronique, on peut observer une hyperleucocytose.

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Dose létale = 30 mL (1mg/kg) ; TLV = 50 ppm.

Signes cliniques :

Traitement et dépistage :

Traitement symptomatique (dans un premier temps) :


lavage gastrique, NaHCO3 (correction acidose),
calcium (correction hypocalcémie), dialyse rénale
(élimination de la molécule et de ses métabolites).

Traitement par antidote spécifique (une fois le toxique


identifié) : par éthanolisation ou 4-méthyl-pyrazol (voir
traitement méthanol). De la vitamine B6 (cofacteur des
transaminases) peut aussi être administrée pour
orienter la métabolisation vers la création de glycine.

• Diéthylène glycol
Propriétés physico-chimiques : similaires à celles du mono-éthylène glycol.

Usages : antigel, huile de freins, intermédiaire de synthèse, solvant, plastifiant.

Propriétés cinétiques :

Métabolisme : Il est transformé en monoéthylène glycol avant de suivre la même


métabolisation que ce dernier.

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Toxicité biochimique : qualitativement la même que l’éthylène glycol mais 2x plus importante
quantitativement car une molécule de diéthylène glycol forme 2 molécules d’éthylène glycol.
TLV = 5 ppm.

Signes cliniques : identiques à ceux observés lors d’une intoxication à l’éthylène glycol (plus
prononcée si intoxication aigue).

Traitement : idem que éthylène glycol.

• Polyéthylènes glycols
La classification se fait selon le poids moléculaire ; en effet, la toxicité sera très différente en
fonction de la masse.

PM < 1000 : liquides donc résorbés par l’organisme. La toxicité sera qualitativement la même
que celle de l’éthylène glycol mais dépendra quantitativement du nombre de molécule
d’éthylène glycol formées par un polyétylène glycol.

PM > 1000 : solides donc non résorbés par l’organisme. Ils ne sont donc pas toxiques.

• Monopropylène glycols
Propriétés physico-chimiques :

Usages : antigel, fluide hydraulique, intermédiaire de synthèse, solvant médicamenteux, additif.

Propriétés cinétiques : résorption pulmonaire négligeable car très


peu volatile.

Métabolisme :

Il est transformé en acide lactique par l’alcool DH puis


en acide pyruvique par la LDH pour pouvoir entrer dans
le cycle de Krebs (transformé acétyl-CoA d’abord).

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Toxicité biochimique : On observe une acidose métabolique (accumulation d’acide lactique).


Aucun seuil (TLV) établi car il est beaucoup moins toxique que les précédents.

Signes cliniques : A très forte dose on observe une dépression du SNC (troubles de la
conscience). A faibles dose, on observe des nausées et vertiges.

Traitement : symptomatique

• Polypropylènes glycols
PM < 1200 : liquides donc résorbés par l’organisme. La toxicité est inversement
proportionnelle au PM.

1200 < PM < 2000 : faible toxicité.

PM > 2000 : pas toxique.

1.3. Cétones
• Acétone
Propriétés physico-chimiques :

Usages : laques, vernis, plastiques, caoutchouc, intermédiaire de synhèse.

Propriétés cinétiques : Très volatile et inflammable

Métabolisme : Il est oxydé par le cytochrome P450 2E1 pour former du CO2 et de l’eau. Il est
également éliminé dans les urines.

Toxicité biochimique : due au CO2 qui induit de l'acide carbonique (H2CO3) en se combinant
à de l’eau. Cet acide carbonique provoque une acidose métabolique.

L’acétone possède aussi une toxicité indirecte : l'activité du cytochrome P450 2E1 est
augmentée et métabolise d'autant plus d'autres substances comme le tétrachlorure de
carbone, le chloroforme ( CHCl3 ) et le paracétamol dont les métabolites sont toxiques.

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Signes cliniques :

Traitement et dépistage : symptomatique : émétiques si le patient se présente dans l'heure


suivant l'ingestion, lavage gastrique, injection de NaHCO3 (correction acidose), diazépam
(anticonvulsif). l'acidose ainsi que du diazépam pour contrer les convulsions.

• Autres cétones aliphatiques

1.4. Ether éthylique


Propriétés physico-chimiques :

Usages : agent d’extraction, préparation soie artificielle, narcotique et anesthésique.

Propriétés cinétiques :

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Métabolisme : pas de métabolisation.

Toxicité biochimique : due à la molécule en elle-même.

Signes cliniques : A long terme, il y a appariation d’une toxicomanie (éthéromanie, 3 types).


TLV = 400ppm.

1.5. Hydrocarbures aliphatiques


• Chloroforme
Propriétés physico-chimiques :

Usages : dégraissant, agent de nettoyage, industrie caoutchouc, exctincteur.

Propriétés cinétiques :

Métabolisme : deux voies de métabolisation.

Oxydation par le cytochrome P450 2E1 :


transformé en CO2, CO et phosgène.

Conjugaison au glutathion : grâce à la glutathion


transférase. Cette voie amène à la formation de
différents métabolites très réactifs.

Toxicité biochimique :

Voie d’oxydation : déficit d’oxygénation (carboxyHb à cause du CO) et toxicité hépatique et


rénale du phosgène par liaison aux macromolécules (lipoperoxydation).

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Voie de conjugaison : les métabolites produits sont très réactifs et peuvent former des adduits
qui cause une mutagénèse, cancérogénèse et tératogénèse.

Signes cliniques :

• Tétrachlorure de carbone (CCl4)


Propriétés physico-chimiques :

Usages : dégraissant, intermédiaire de synthèse, extincteur.

Propriétés cinétiques :

Métabolisme :

pris en charge par le cytochrome P450


2E1. Il sera métabolisé en chloroforme
qui suivra sa propre métabolisation.
Des espèces radicalaires sont
également produites.

Toxicité biochimique : Les RL induiront une lipoperoxydation membranaire ainsi que la


formation d’adduits ce qui entrainera une nécrose hépatique et rénale ainsi qu’une mutagénèse,
cancérogénèse et tératogénèse. Le reste de la toxicité est du à la métabolisation du
chloroforme. TLV = 5ppm.

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Signes cliniques :

• 1,1,1 trichloroéthane et 1,1,2 trichloroéthane


Propriétés physico-chimiques :

Usages : dégraissant, industrie du caoutchouc et imprimerie.

Propriétés cinétiques :

Métabolisme : Il y a deux voies : une voie d'oxydation et une voie de conjugaison.

Voie d’oxydation par le P450 2E1 : Le 1,1,1-trichloro-


éthane de l'acide sulfuro-acétique. Le 1,1,2-trichloro-
éthane donne de l'acide mono-chloracétique.

Voie de conjugaison au glutathion : permet la


formation de différentes substances toxiques ; des
acides, des dérivés aldéhydiques et des dérivés
sulfoxydes.

Toxicité biochimique :

Voie d’oxydation : les deux métabolites produits sont toxiques.

Voie de conjugaison : les métabolites produits sont très réactifs et forment des adduits qui
induisent une mutagénèse, cancérogénèse et tératogénèse.

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Signes cliniques :

• Trichloroéthylène
Propriétés physico-chimiques :

Usages : dégraissant et détachant domestique.

Propriétés cinétiques :

Métabolisme :

2 voies : oxydation et conjugaison.

Voie d’oxydation par P450 : se fait par


l'intermédiaire d'enzymes comme des époxydes
hydrolases, des aldéhydes déshydrogénases et
donne plusieurs métabolites toxiques
(époxytrichloréthane, acide trichloroacétique).

Voie de conjugaison au glutathion : génère des


substances radicalaires.

Toxicité biochimique :

TLV = 50ppm.

Voie d’oxydation : formation d’adduits par l'époxytrichloréthane => hépato et néphrotoxicité.


L'acide trichloroacétique a un effet mutagène et cancérogène car induit la prolifération de
peroxysomes => excès d'oxydation.

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Voie de conjugaison : l'ion radicalaire sulfonium se lie aux protéines de manière covalente et
induit une nécrose rénale ; il se lie également à l'ADN formant des adduits.

Signes cliniques et dépistage:

1.6. Hydrocarbures aromatiques


Il e existe deux types : les hydrocarbures aromatiques monocycliques (HAM) dont font partie le
benzène, toluène et xylènes ; et les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).

• Benzène
Propriétés physico-chimiques :

Usages : dégraissant, nettoyage à sec, industrie du caoutchouc et imprimerie, carburant,


intermédiaire de synthèse.

Propriétés cinétiques :

Métabolisme :

Voie d’oxydation (cytochromes P450 2E1) : permet la formation de 3 types


de métabolites en fonction de la voie empruntée : acide muconique (forme
aldéhydique => forme acide => acide muconique), dérivés phénoliques
(phénol, catéchol, trihydroxybenzène et hydroquinol) et dérivés quinoniques
(2OH benzo semiquinone, p benzoquinone et 2OH p benzoquinone).

Voie de conjugaison (glutathion) : aboutit à la formation d’acide


mercapturique.

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Toxicité biochimique : TLV = 5 ppm.

Les métabolites phénoliques (acides faibles) provoquent une acidose métabolique ce qui induit
un risque de méthémoglobinémie (Fe2+ => Fe3+) qui entraine une hémolyse. Les métabolites
réactifs créés (p et 2OH p benzosemiquinone) peuvent entrainer la formation d’adduits et se lier
aux protéines hépatiques et rénales entrainant une mutagénèse et cancérogénèse ainsi qu’une
hépatocytolyse et nécrose rénale. Les benzoquinones formées (p et 2OH benzoquinone)
entrainent quant à elles une altération des mécanismes immunologiques (hyperproduction de
IL-1 et sous production de IL-2).

Une forme particulière de toxicité liée au benzène est une atteinte hématologique qui peut
prendre deux aspects selon le rapport de la somme hydroquinol + aldéhydes muconiques par
rapport aux autres métabolites. Un rapport élevé = dépression médullaire (hématopoïèse
diminuée surtout dans la lignée plaquettaire => thrombocytopénie). Un rapport faible =
hypercytose (hématopoïèse augmentée surtout dans la lignée leucocytaire => leucémie).

Signes cliniques et dépistage :

• Toluène
Propriétés physico-chimiques :

Usages : identiques à ceux du benzène.

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Propriétés cinétiques :

Métabolisme :

Transformation du CH3 en COOH pour former l'acide


benzoïque (cytochromes P450 2E1). Il se conjugue ensuite à
la glycine ce qui donne de l'acide hippurique qui sera éliminé
dans les urines. Ce dernier est éliminé dans l'urine. Le profil
métabolique est tout à fait différent de celui du benzène.

1% du toluène sera transformé en dérivé phénolique(ortho ou para-crésol) par le cytochrome


P450. Inévitablement, la profil toxicologique est complètement différent. Les acides produits
génère une acidose métabolique ( acide benzoïque et hippurique ) et la TLV est à 100 ppm (
celui du benzène est de 5 ppm ).

Toxicité biochimique : la formation d’acide benzoïque et hippurique conduit à une acidose


métabolique. TLV = 100 ppm.

Signes cliniques et dépistage :

• Xylènes (o, m et p xylènes)


Propriétés physico-chimiques :

Usages : identiques à ceux du benzène.

Propriétés cinétiques :

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Métabolisme :

Très proche de celle du toluène : la majeure partie


transformée par les cytochromes P450 2E1 en
acide ortho, méta ou para méthyl benzoïque
(selon la position du CH3 au départ). Il y a ensuite
conjugaison à la glycine et formation de l'acide
méthyle-hippurique.

2% du xylène sera transformé par les cytochromes P450 en un dérivé phénolique (xylènol).

Toxicité biochimique : La formation d’acide toluique et tolurique entraine une acidose


métabolique. TLV = 100 ppm.

Signes cliniques et dépistage :

• Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP)


Ils sont générés pendant la pyrolyse ou la combustion incomplète des matières organiques.

Propriétés cinétiques : résorption digestive (le + souvent) ou pulmonaire (pour les + volatiles)
et l’élimination par voie biliaire et par la rate (accessoirement).

Métabolisme :

Transformés en époxydes par les cytochromes


P450 puis en dihydrodiol par l’époxyde hydrolase
puis en diolépoxydes par les cytochromes P450.

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Toxicité biochimique : leur métabolisation entraine la production d’époxydes (instables) qui


peuvent se transformer en RL et former des adduits => mutagénèse.

2. Substances minérales

2.1. Substances anioniques


• Fluorures
On en trouve dans l’eau, le thé, les poissons,…

Usages : opacification des verres et des émaux, fluidification des lingots en acier, engrais
phosphatés, rodenticides, gaz isolant disjoncteurs haute tension, combustible centrales
nucléaires, dentifrices, sels dentaires, médicaments.

Toxicité biochimique : Les fluorures perturbent les réactions enzymatiques en inhibant les
enzymes de la glycolyse (diminution de l’énergie disponible), l’activité ostéoclastique (=>
hypercalcification osseuse => hypocalcémie) et la résorption intestinale de Na et de l’eau (=>
hypovolémie). DL = 20-40 mg/kg.

Signes cliniques :

Traitement et dépistage :

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

• Nitrates et nitrites
Usages :

Nitrites : colorant charcuterie, inhibiteur de croissance de µorganismes.

Nitrates : engrais.

Toxicité biochimique : D'un point de vue toxique, l'exposition aux nitrates = exposition aux
nitrites car la nitrate réductase réduit les nitrates en nitrites dans la bouche. Chez l'enfant, la
prolifération intestinale E. Coli (produit de la nitrate réductase) permet une transformation plus
rapide.

L’intoxication provoque une méthémoglobinémie (Fe2+ => Fe3+) qui mène à l’hémolyse ; il y a
en plus une cancérogenèse due à la formation de nitrosamines qui forme des adduits. Les
nitrosamines sont formés par la conjugaison des nitrites à des amines secondaires
alimentaires (proline et tryptophane) ou à des diméthyle-amines (fromages, œufs, poissons et
lait).

Signes cliniques :

2.2. Substances cationiques


Ce sont principalement des éléments traces. Les éléments traces comprennent non seulement
les métaux (Cd, Cu, Hg, Pb, etc…), mais aussi des éléments non métalliques (As). La plupart
d’entre eux (oligoéléments, Fe, Cu, Zn, Ni, Co, V, Se, Mo, Mn, Cr, As, Ti) sont nécessaires à la vie
à faible dose, mais peuvent se révéler nocifs en quantité trop importante.. D’autres ne sont pas
nécessaires à la vie et sont toxiques à n’importe quelle dose (Pb, Cd, Sb).

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

• Aluminium
Sources de contamination :

Industrielle : fonderies, industrie textile, électrométallurgie, épuration des eaux.

Naturelle : croûte terrestre.

Alimentaire : additifs, emballages, végétaux (tabas, thé, carottes, cannabis) => 3-10mg
ingérés/j.

Domestique : cosmétiques (déodorants), imperméabilisants et thérapeutiques (antiacides,


adjuvants vaccins, tubulures en alu pour dialyse et nutrition parentérale prolongée).

Propriétés cinétiques :

Toxicité biochimique : Ce métal est neurotoxique (lors d’une contamination par ingestion, par
voie parentérale ou par inhalation chronique) mais peut aussi engendrer une toxicité
pulmonaire (par irritation des voies respiratoires, lors d’une contamination par inhalation
chronique ou aigue) et une ostéomalacie (os pas assez minéralisé, lors d’une contamination
par voie parentérale).

Neurotoxicité :

• Réduction de l'énergie cellulaire disponible : compétition entre Al3+ et Mg2+ pour l'ATP
ce qui entraine l’inhibition de la phosphorylation du glucose par l'hexokinase et donc un
ralentissement de la glycolyse. Le SNC est particulièrement sensible à ce mécanisme.
• Fixation aux ppl membranaires : entraine une rigidification membranaire qui bloque les
transporteurs d’ions (Na+K+ATPase, symport Na+/a.a.). Cela entraine une inhibition du
transport d'acide glutamique, inhibition de la synthèse de GABA et réduction de
l’activation des R au GABA.
• Inhibition de la dihydrobioptérine réductase : entraine une diminution de la synthèse de
tétrahydrobioptérine (coenzyme des phénylalanine et tryptophane hydroxylases). Ceci
entraine une diminution de l’hydroxylation de la phénylalanine en dopamine et du
tryptophane en sérotonine.

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

• Inhibition non compétitive de l'acétylcholine-estérase : entraine une accumulation


d’acétylcholine dans la fente synaptique qui provoque une hyperstimulation neuronale.
• Fixation à l’ADN sur des sites réactionnels de haute densité électronique : entraine la
diminution de la réplication de l'ADN au niveau des cellules nerveuses et des erreurs de
lecture qui interfèrent avec la régulation de la transcription qui se traduit par une
dégénérescence neurofibrillaire dûe à une synthèse d’ARN neuronal dimunée.

Perturbations du métabolisme calcique :

• Diminution de la résorption intestinale du calcium et des phosphates : entraine une


hypocalcémie et une hypophosphatémie
• Diminution de la fixation du calcium sur la calmoduline par inhibition compétitive ou non
compétitive : entraine une inactivation de toutes les enzymes normalement stimulées
par la calmoduline calcifiée pour fonctionner : adénylate-cyclase, phosphodiestérases
(=> dysrégulation taux AMPc), glycogène-synthétases kinases (=> anomalies du
métabolisme du glycogène => diminution de l'énergie disponible) et calcium-ATPase11
(=> exacerbation de la contraction musculaire ) …

Signes cliniques : Pour la population générale, la contamination se fait majoritairement pas


ingestion (toxicité chronique) ce qui entraine une toxicité neurologique. En ce qui concerne les
travailleurs exposés, la contamination se fait par inhalation (toxicité aigue ou chronique) ce qui
engendre une toxicité pulmonaire et neurologique si exposition chronique.

Toxicité par inhalation :

• Aigue : engendre une toxicité pulmonaire avec des atteintes respiratoires (toux, dyspnée,
bronchospasmes) et ORL (rinhite). Une résorption systémique possible.
• Chronique : atteinte plumonaire (bronchite chronique simple ou obstructive, fibrose
interstitielle, asthme( à long terme)), atteinte hépatique (hépatocytolyse) et atteinte
neurologique (dysarthries syndrome psychoorganique)

Toxicité par ingestion (chronique) : atteinte neurologique (dysarthries syndrome


psychoorganique)

Toxicité par voie parentérale (chronique) : atteinte neurologique (dysarthries, myoclonies,


troubles du comportement, démence), ostéomalacie (fractures spontanées) et atteinte des
parathyroïdes (hypoparathyroidie).

Traitement : avec un chélateur (désféroxamine)

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

• Arsenic
Il existe sous forme de dérivés organiques et de dérivés inorganiques.

Sources de contamination :

Industrielle : impureté des minerais, métallurgie, pesticides, pigments, fabrication ordinateurs.

Naturelle : croûte terrestre.

Alimentaire : Eau potable, d’arrosage et d’irrigation et produits de la mer.

Domestique : thérapeutiques (médicaments, remèdes), produits de protection du bois.

Propriétés cinétiques :

Toxicité biochimique : Seuls les dérivés inorganiques de l’As sont toxiques ! La toxicité peut
être pulmonaire (lors de contamination par inhalation), cutanée (lors d’une contamination par
contact), un choléra arsenical (lors de contamination aigue par ingestion)ou une toxicité
multiviscérale et une mutagénèse (lors de contamination chronique par ingestion).

Toxicité multiviscérale (aigue ou chronique) : Il existe une toxicité digestive, neurologique,


cardiovasculaire, hématologique, et cutanée qui se manifeste de 2 façons :

• Fixation sur les groupements sulfhydryles (surtout l'As3+) enzymatiques : entraine une
réduction de l’énergie disponible par inhibition indirecte de la glycéraldéhyde phosphate
déshydrogénase (=> réduction production ATP) et inhibition du complexe pyruvate
déshydrogénase = pyruvate déshydrogénase, dihydrolipoamide transacylase,
dihydrolipoamide déshydrogénase.
• Fixation sur les groupements sulfhydryles non-enzymatiques : fixation sur le glutathion
(=>réduction du glutathion disponible) et sur la kératine. La diminution du glutathion
entraîne la formation de méthémoglobine => hémolyse et anémie.

Mutagénicité et cancérogénicité : cancers cutanés (épithélioma baso- ou spinocellulaires),


bronchopulmonaires (synergie avec tabac), angiosarcomes hépatiques, cancer du rein. Cela est
dû à une altération des mécanismes de réparation de l’ADN.

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Signes cliniques : La toxicité par inhalation et pas contact affecte la plupart du temps les
travailleurs exposés tandis que la population générale sera le plus souvent contaminée par
ingestion (toxicité aigue ou chronique).

Toxicité par inhalation (aigue) : toux, dyspnée, oppression thoracique. Une toxicité systémique
peut parfois survenir.

Toxicité par contact (aigue) : brulures chimiques. Une toxicité systémique peut parfois survenir.

Toxicité aigue par ingestion : apparition d’un syndrome cholériforme (= chloéra arsenical) :
brulures et sécheresse buccales, douleurs abdominales, vomissements et diarrhées (=> atteinte
tubulorénale), haleine alliacée. En plus du syndrome cholériforme : hépatocytolyse, atteinte
neurologique (SNC : vertiges, céphalées ; SNP : polynévrites sensitivo-motrices douloureuses,
tétraplégie flasque), atteinte hématologique (pancytopénie modérée, CiVD => coagulopathie de
consommation, microthromboses), atteinte cardiovasculaires (myocardite, fibrillation
ventriculaire), atteinte cutanée (hyperpigmentation et cyanose).

Toxicité chronique par ingestion : atteinte digestive (gastrite, alternance constipation-diarrhée


fibrose hépatique), atteinte cutanée (alopécie en plaque, mélanodermie, lésions unguéales,
dermatose exfoliatrice palmoplantaire), atteinte neurologique (syndrome psychoorganique et
syndrome Guillain Barre-Like), atteinte cardiovasculaire (black foot disease, syndrome de
Raynaud, cyanose et de thrombo-angéite oblitérante des orteils et des doigts).

Traitement :

• Cadmium
Sources de contamination :

Industrielles : métallurgie, batteries, engrais phosphatés, revêtements anti-corrosion

Naturelles : élément peu répandu.

Alimentaires : céréales, champignons, abats, fruits de mer, tabac.

Propriétés cinétiques :

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Toxicité biochimique : Le cadmuim peut causer une pneumopathie cadmique


(contamination aigue par inhalation), un emphysème et tubulopathie (contamination chronique
par inhalation), des troubles digestifs (contamination par ingestion aigue), des atteintes
osseuses et rénales et mutagénèse (contamination par ingestion chronique) et un emphysème,
atteintes osseuses et rénales et mutagénèse (contamination par ingestion et inhalation).

Atteinte tubulorénale : par diminution du catabolisme de la PTH (hypercalcémie et


hypophosphorémie), inhibition de la réabsorption tubulaire des protéines de faible PM ( bêta-2-
microglobuline, chaines légères Ig) et diminution de la RTP et de la RT du calcium (=>
hypocalcémie et hypophosphorémie).

Atteinte osseuse : si doses faibles : dents jaunes. Si doses élevées : ostéomalacie par fixation
sur les enzymes comportant un groupement thiol et compétition avec Fe2+ : cytochrome
P450 (=> réduction de l’activation Vit D => hypo calcémie et hypophosphorémie), acyl CoA DH
(=> perturbation du métabolisme -oxydatif des acides gras => réduction de l’énergie
disponible). Il y a aussi une atteinte rénale (hyperphosphaturie et hypercalciurie) et pancréatique
(nécrose cellulaire => insuffisance exocrine => diminution résorption digestive de la Vit D). Le
tout conduit à une déminéralisation osseuse qui cause l’ostéomalacie.

Mutagénicité, cancérogénicité : non génotoxique, par inhibition du système de défense


antioxydant ce qui entraine la production de ROS et donc une inhibition des mécanismes de
réparation de l’ADN. Entraine des cancers du sein, de la prostate et des cancers
bronchopulmonaires (travailleurs exposés).

Signes cliniques : Les travailleurs exposés sont contaminés par inhalation (aigue ou
chronique) et pas ingestion aigue tandis que la population générale est contaminée par
ingestion chronique. Les fumeur se contaminent par ingestion et inhalation chroniques.

Toxicité aigue par inhalation : faible concentration : fièvre des fondeurs (fièvre, frissons,
céphalées). Haute concentration : pneumopathie cadmique (fièvre, frissons, céphalées,
détresse respiratoire, atteinte systémique => nécroses hépatique et rénale).

Toxicité chronique par inhalation : atteinte pulmonaire (bronchite chronique chimique simple ou
obstructive), atteinte rénale (tubulopathie proximale), atteinte ORL (rhinite atrophique =>
dégénérescence muqueuses nasopharyngées, destruction de l’épithélium olfactif => hyposmie,
anosmie).

Toxicité aigue par ingestion (rare) : diarrhée, vomissements, somnolence, dépression cardio-
respiratoire (haute dose).

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Toxicité chronique par ingestion : atteinte rénale (tubulotoxicité), osseuse (ostéomalacie et


dents jaunes cadmiques), reprotoxicité (foetotoxique, tératogène et diminution de la fertilité
masculine), perturbation endocrinienne (diabétogène, activité oestrogénique, hypothyroïdie),
mutagénèse.

Toxicité chronique par ingestion et inhalation : Emphysème, atteintes osseuses (dents jaunes
et ostéomalacie),atteintes rénales (tubulotoxicité) et mutagenèse et cancérogenèse.

Traitement :

• Mercure
Sources de contamination :

Industrielle : piles sèches, secteur pharmaceutique, production minière, extraction de métaux,


instruments de précision, amalgames dentaires, lampes à vapeur.

Naturelle : érosion des sols, éruption volcaniques, feux de forêt.

Alimentaire : poissons (surtout) et autres aliments.

Domestique : antiseptiques, désinfectants, fongicides, algicides, insecticides, cosmétiques,


orpaillage artisanal.

Propriétés cinétiques :

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Toxicité biochimique : Le mercure peut produire une toxicité digestive et rénale


(contamination aigue par inhalation), rénale, neurologique et acrodynie (contamination
chronique par inhalation) ou rénale, neurologique, cardio et acrodynie (contamination chronique
par ingestion)

Toxicité rénale : accumulation de Hg dans les cellules tubulaires rénales proximales qui entraine
une tubulopathie dose-dépendante. Il y a aussi développement d’une glomérulopathie par un
mécanisme immunoallergique. Ces deux condition entrainent une insuffisance rénale anurique.

Neurotoxicité : accumulation de méthylHg dans les neurones ce qui entraine une inhibition de
la synthèse DNA/RNA/protéines, inhibition formation tubuline, production ROS et
dysfonctionnement mitochondrial.

Cardiotoxicité :

Signes cliniques : Les travailleurs exposés développeront une toxicité aigue ou chronique par
inhalation tandis que la population générale sera contaminée par ingestion chronique.

Toxicité aigue par inhalation : toxicité digestive (stomatite, vomissements sanglants et colite
ulcérohémorragique) et rénale (tubulopathie dose-dépendante et glomérulopathie allergique).

Toxicité chronique par inhalation : toxicité rénale (idem que toxicité aigue par inhalation) et
neurologique (SNP : polynévrite sensitivomotrice distale (fourmillements, douleurs, diminution
des sensations, crampes,…) ; SNC : troubles du sommeil, céphalées, diminution auditive, atteinte
oculaire (cataracte, altération perception des couleurs, perturbations perception contraste et
vision de près), tremblements, ataxie et faiblesse musculaire) + acrodynie (hypertension
artérielle, tachycardie sinusale, troubles du comportement, atteinte des mains et pieds et sueurs
profondes).

Toxicité chronique par ingestion : atteintes neurologiques (les mêmes que toxicité chronique
par inhalation), atteintes rénales (mêmes que toxicité aigue par inhalation), cardiotoxicité
(tachycardie sinusale et hypertension artérielle) et acrodynie.

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Traitement :

• Plomb
Sources de contamination :

Propriétés cinétiques :

Toxicité biochimique : entraine une toxicitié hépatique, digestive, rénale et neuro


(contamination aigue par ingestion) ou une toxicité hépatique, digestive, rénale et neuro,
hématologique, reproductive et hypertension (contamination chronique par ingestion ou
inhalation).

Atteinte neurologique :

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Atteinte rénale :

Atteinte hématologique :

Cancérogénèse : agit comme un promoteur.

Signes cliniques : Les travailleurs exposés développeront une toxicité aigue par ingestion ou
chronique par inhalation. La population générale développera une toxicité chronique par
inhalation ou ingestion.

Toxicité aigue par ingestion : atteinte rénale (tubulaire, albuminurie et oligurie), hépatocytolyse
dose-dépendante, atteinte neuro centrale (céphalées, délires, hallucinations, coma) et atteinte
digestive (douleurs abdominales et vomissements).

Toxicité chronique par inhalation ou ingestion : atteinte digestive (bradycardie, vomissements,


constipation, gastrite, douleurs abdominales), atteinte neuro (SNP : polynévrite motrice
(paralysie des muscles les plus actifs) et neuropathie optique et auditive ; SNC (encéphalopathie
saturnine (anorexie, irritabilité, douleur abdominale, constipation, vomissements, anémie, … puis
diminution de l’activité motrice, troubles du sommeil, stagnation du développement intellectuel
ou difficultés mnésiques et de concentration, stupeur, léthargie ou convulsion), troubles du
comportement (hyperréactivité => diminution performances psychomotrices => réduction QI),
perturbation stabilité posturale), atteinte rénale (néphropathie saturnine chronique

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

(hyperuricémie, HT artérielle, atteintes tubuloglomérulaires), tubulopathie proximale), atteinte


hématologique (anémie) et reprotoxicité (fécondité (diminution nombre spz et volume éjaculat),
embryotoxicité (augmentation risque abortif et prématurité), tératogénicité (anomalies
squelettiques et cardiaques)).

Traitement :

• Chrome (pas à connaitre)


Les dias ne sont pas à connaitre.

• Manganèse (pas à connaitre)


Les dias ne sont pas à connaitre.

• Nickel (pas à connaitre)


Les dias ne sont pas à connaitre.

Chapitre 5. Toxiques gazeux


Comprend :oxygène, ozone, monoxyde de carbone, oxyde d’éthylène, anhydride sulfureux,
ammoniac, oxydes d’azote, chlore, phosgène

1.1. Ozone
L'ozone est surtout présent à haute altitude et
nous protège des rayonnements UV.

Les voitures génèrent du dioxyde d'azote (NO2).


Lorsque cet NO2 qui se décompose en NO et
oxygène sous rayonnements UV. L'oxygène réagit
avec le dioxygène pour donner naissance à l'ozone
(O3). Le NO réagit avec l'ozone pour redonner naissance au dioxyde d'azote et à l'oxygène. Dans
les conditions atmosphériques normales, il y a un équilibre entre le taux de NO2 et le taux de
NO. Lorsqu'il y a de la pollution atmosphérique, des radicaux peroxydes ( ROO- ) viennent
perturber l'équilibre en faveur de la production de NO2 qui réagira avec un radical peroxyacétyl

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

pour former du peroxyacétyl nitrate (PAN). Le déficit en NO généré provoque une accumulation
d’O3.

Les radicaux libres formés entraînent : la destruction des macrophages, l’oxydation de l'acide
arachidonique avec libération de leucotriènes et de prostaglandines => réaction inflammatoire
du tissu alvéolaire et fibrose et emphysème, la nécrose de l'épithélium alvéolaire =>
dénaturation du collagène et l'élastine et apparition de réticulation. Globalement, l'ozone
aggrave une insuffisance respiratoire préexistante. Elle provoque une toux récurrente, un
inconfort thoracique, de l'asthme. Elle a une toxicité particulière chez le jeune enfant en période
anti-cyclonique lorsqu'il y a des polluants ( O3 ) « retenus » au niveau du sol.

Propriétés physico-chimiques :

Usages : désinfectant, synthèse organique, agent de blanchiment.

Toxicité biochimique : Les radicaux libres formés (ROO•) entrainent

Atteinte pulmonaire : par lipoperoxydation membranaire (alvéoles pulmonaires) qui entraine


une destruction de l’epth respiratoire (=> bronchopneumopathie obstructive=> diminution
capacité respiratoire) et destruction des macrophages (=> augmentation risque d’infection)

Atteinte oculaire : par augmentation de l’affinité de O2 pour Hb ce qui entraine une altération de
morphologie des GR et une hypoxie des tissus périphérique (surtout rétine)

Mutagénicité : par production de RL.

TLV = 0,1 ppm.

1.2. Monoxyde de carbone


Usages : métallurgie et fabrication du nickel.

Propriétés physico-chimiques :

Sources de contamination : gaz d’échappement des moteurs à combustion, fumée de


cigarette, pipe et cigare, combustion incomplète des matières organiques.

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Propriétés cinétiques :

Toxicité biochimique : due à sa capacité de se fixer sur l'hémoglobine (85% ) et sur la


myoglobine-cytochrome P450 ( 15% ) à la place de l’oxygène avec une affinité beaucoup plus
grande.

Fixation sur Hb : de la carboxy-hémoglobine ( HbCO ) se forme et provoque une hypoxie plus


ou moins sévère avec des nécroses importantes au niveau du SNC (=> rhabdomyolyse), du
myocarde (=> infarctus) et du pancréas (hyperlipasémie et hypoinsulinémie => hyperglycémie).
Ce sont surtout les tissus consommateurs d'oxygène qui sont atteints par le fait d'être exposé
à du CO.

Fixation de CO sur la myoglobine et les cytochromes P450 : provoque une aggravation de


l'hypoxie du à l'HbCO et l'inactivation des cytochromes P450.

Acide carbonique : CO2 et l'eau peuvent générer du H2CO2 => acidose respiratoire.

Hyperleucocytose

Signes cliniques :

Intoxication aigue : Atteinte neurologique (œdème, coma souvent sans séquelles (séquelles
dans 10% des cas avec des troubles mnésiques, syndrome parkinsonien, déficits moteurs et
incontinences)), atteinte cardiaque (infarctus), atteinte musculaire (rhabdomyolyse), atteinte
pancréatique.

Relation entre le taux atmosphérique de CO, de HbCO et les signes cliniques : pour 1000 ppm
de CO, il y a 50% de HbCO. En laboratoire, pour savoir si une personne était déjà morte au
moment du déclenchement de l'incendie, on mesure l'HbCO. Si la personne est décédée avant
le déclenchement de l'incendie, il n'y a pas d'HbCO ( car le cadavre ne respire et n'inhale pas le
CO ).

Intoxication chronique : atteinte digestive (nausée, vomissements, douleurs abdominales),


atteinte neurologique (vertiges avec perte de connaissance brèves éventuelles, céphalées
tenaces, instabilité caractérielle, difficulté de concentration, pseudo-ébriété, troubles
mnésiques et troubles sensoriels (bourdonnements d'oreilles avec hypoacousie, anomalies
visuelles)) et atteinte cardiaque (précordialgies, aggravation de coronaropathie préexistante).

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

CO et grossesse :

En aigu, il y a des risques d'avortement (embryotoxicité ), de malformation des membres


(tératogénicité) et une foetotoxicité (encéphalopathie avec retards psychomoteurs pouvant
provoquer la mort in-utero). En chronique, la toxicité est comparable à celle de l'adulte avec des
lésions organiques. L'Hb fœtal a une affinité plus importante pour l'oxygène que l'Hb maternel.
C'est la même chose pour le CO. Une femme enceinte exposée à du monoxyde de carbone
intoxique plus facilement son enfant qu'elle-même car l'affinité pour le CO de l'Hb fœtal est
supérieure.

Traitement et dépistage :

Chapitre 6. Perturbateurs endocriniens


La multiplication de la population s'accompagne d'une augmentation des besoins alimentaire.
Il a donc fallu augmenter les rendement de l'activité industrielle et de la production agricole,
notamment grâce à des "polluants organiques persistants" (POPs). Ce sont des pesticides et
des hormones utilisés dans l'agriculture et l'élevage, des PCB et des dioxines émis par l'activité
industrielle et les transports, et l'ensemble des médicaments qui se répandent dans
l'environnement. L'humain, au sommet de la chaîne alimentaire, est le concentrateur biologique
de ces polluants. Depuis ces dernières années, il y a une recrudescence des pathologies
endocriniennes comme le diabète, l’obésité infantile, les cancer, l’infertilité et la stérilité ainsi que
l’autisme.

1. Perturbation endocrinienne

1.1. Définition
Perturbateur endocrinien : substance ou un mélange de substances exogènes altérant les
fonctions du système endocrinien et induisant de ce fait des effets nocifs sur la santé d'un
organisme intact, de ses descendants ou de (sous) populations.

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

1.2. Mécanismes biochimiques


• Modes d’action
Les perturbateurs endocriniens agissent selon 3 modes d’action : stimulation ou blocage du R.
de l’hormone endogène ou interraction avec la production, le transport ou le métabolisme de
l’hormone endogène.

• Cibles
Il y 4 grands axes affectés par la perturbation endocrinienne : métabolique (hypo ou hyper
thyroïdie, diabète, obésité), neurologique (TDA, de mémoire et d’apprentissage), immunitaire
(diminutions réponse vaccinale et résistance aux infections) et des hormones sexuelles (cancer
du sein, puberté précoce, hypofertilité, mélanome).

Voie métabolique :

• Liaison aux récepteurs des hormones thyroïdiennes


• Inhibition de la synthèse des hormones thyroïdiennes
• Augmentation de la résistance à l’insuline
• Accroissement apoptose cellules  de Langerhans sous l’influence stress oxydatif
• Diminution de l’effet anorexigène de la leptine
• Renforcement de l’effet orexigène de la ghréline

Voie neurologique :

• Dysfonctionnement mitochondrial (stress oxydatif accru)


• Réduction de l’expression de la tyrosine hydroxylase (métabolisme dopaminergique)
• Diminution du QI en relation avec le taux d’exposition fœtale (Hg et Pb)

Voie des hormones sexuelles :

• Effets agonistes ou antagonistes des ER et AR : par analogie de structure avec le ligand


naturel ou par répression du gène codant pour les R.
• Perturbation du métabolisme des hormones circulantes : par inhibition enzymatique ou
par déviation métabolique

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

1.3. Toxicité
• In vitro
Axe métabolique : capacité à déplacer la T4 (thyroxine, hormone thyroïdienne) de sa liaison à
la transthyrétine (TTR) => augmentation de T4 libre (donc active), ou diminution ou
augmentation de la la sécrétion de GH (hormone de croissance) dans l’hypophyse.

Axe sexuel : affinité pour les récepteurs ERa et ER => activation des R par effet agonistes

• Chez l’animal
Les PE (notamment pesticides) affectent la faune car ils ont les même effets que sur l’humain
=> réduction des populations animales, mutations, modifications comportementales.

• Chez l’humain
Il est nécessaire de prendre en compte les effets à petites doses, à long terme et lorsque les PE
sont mélangés entre eux. L’interprétation des données relatives aux effets PE chez l’Homme
est complexe, des études épidémiologiques sont donc indispensables même si elles ne
permettent que des liens ténus et indirects entre la présence de PE et l’apparition de pathologies
endocriniennes.

1.4. Evaluation de la contamination


Même si les indices toxicologiques sont respectés, le risque n’est pas nul à cause de la
potentialisation des POPs entre eux et des effets à long terme.

Pour évaluer la contamination, on peut doser des biomarqueurs ou directement les POPs. Dans
les sols, eau, populations animales (moules, huitres,…) on dosera les POPs tandis que chez les
individus, on pourra doser les POPs ou des biomarqueurs. Le dosage des biomarqueurs permet
la détection et quantification des effets biologiques l’interprétation des résultats reste difficile
(non spécificité des réponses, effets synergiques ou antagonistes entre polluants, capacité
d’adaptation des espèces, …) . C’est pourquoi on préfèrera doser directement les POPs lorsque
c’est possible.

2. Perturbateurs endocriniens

2.1. Substances naturelles


• Mycoestrogènes
Zéaralénone (mycotoxine) : contaminant naturel du maïs, de l'orge et du blé qui est tératogène
et un perturbateur endocrinien à effet œstrogénique. Elle est capable de se fixer sur le

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

récepteurs aux œstrogènes et de l’activer par ressemblance structurelle avec le ligand naturel
(17 bêta estradiol).

• Phytoestrogènes
Ce sont des polyphénols naturels retrouvés dans les graines de soja . Ce sont des perturbateurs
endocriniens ayant des activités oestrogéniques in vitro et in vivo (agonistes par analogie de
structure avec le ligand) mais ayant des activités anti-oestrogéniques dans certains tissus (si
forte dose => fixation compétitive aux R.). Ils ont aussi une activité inhibitrice de l’aromatase
(anti androgénique).

2.2. Substances synthétiques


• Pesticides
Le DDT est le chef de file des pesticides organochlorés mais il en existe aussi d’autres : lindane,
hexachlorobenzène, dieldrine, heptachlore époxyde et l’endrine. Ce sont tous des PE.

Triclosan : autre pesticide organochloré.

Usages : antifongique et antibactérien, présents dans les savons, dentifrices,…

Propriétés : perturbateur endocrinien chez les amphibiens et les espèces aquatiques en général
qui peut se bioaccumuler

• Dérivés biphénylchlorés
Aussi appelés polychlorobiphényles (PCBs), ils comportent deux cycles benzéniques accolés.
Leur nombre d'atome de chlore est variable. Si les PCBs ne portent pas de chlore dans les
positions 2, 2' ou 6 6' (pas de chlore près de la liaison), ils sont coplanaires => PCBs DL (dioxin-
like). Si du chlore est présent en position 2, 2' ou 6, 6', ce sont des PCBs non coplanaires =>
PCBs NDL (non dioxin-like). Le caractère PE des PCBs dépend du fait qu'ils sont coplanaires ou
non.

Propriétés : liquides (vicosité variable) très stables, bioaccumulables et largement présents


dans l’environnement (surtout dans les mileux aquatiques).

Usages : fluide caloporteur, hydraulique, isolant, lubrifiant, additif. Actuellement, leu usage est
essentiellement limité à celui d'isolants diélectriques dans les transformateurs et le
condensateurs.

Toxicité :

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

• Aigue : contamination par ingestion d’aliments pollués. On observe l’apparition d’ acné,


troubles oculaires, troubles neurologiques (asthénie), atteinte gastro-intestinale avec
hépatomégalie, hypersécrétion lacrymale.
• Chronique : cancérogène (tumeurs cutanées digestives, hépatiques et leucémies),
reprotoxicité, perturbateur endocrinien (réduction réponse immunitaire).

Polychlorodibenzofuranes (PCDF) : un seul atome d’O dans le cycle furane central et


plusieurs H substitués par des Cl. Il en existe 135 qui sont formés au cours des activités
industrielles et domestiques. Il ont une très grande stabilité et sont bioaccumulables dans la
chaîne alimentaire (dans la graisse des animaux marins car lipophiles). Ils ont une toxicité
extrêmement importante car ils se lient aux R. AhR ce qui entraine une reprotoxicité chez le
mâle et la femelle.

Polychlorodibenzodioxines (PCDD) : 2 atomes d’O dans le cycle central et plusieurs H


substitués par des Cl. Il en existe 210 (17 particulièrement toxiques) formés au cours des
procédés thermiques et de combustion, incinération des déchets, activités industrielles. Ils sont
très stables et bioaccumulables (dans la graisse des animaux marins car lipophiles).

Toxicité :

• Aigue : lésions cutanées, de la chloracnée, des anomalies hépatiques.


• Chronique : altération des systèmes immunitaire et nerveux, perturbations
endocriniennes, reprotoxicité ( avec baisse de la fertilité ), cancérogénicité. La dioxine
est un produit qui passe dans le placenta, dans le lait maternel, ce qui entraine une
foetotoxicité, reprotoxicité et tératogénécité avec anomalies du développement sexuel.

• Phtalates
Ils dérivent du naphtalène et contaminent 100% de la population. ). Les 4 phtalates les plus
utilisés sont : DEHP, DBP, DIDP, DINP.

Propriétés : liquides visqueux transparents, incolores et peu volatiles, utilisés depuis + de 50


ans. Ils sont hydrophobes (affinité pour graisse et alcools lourds) et biodégradables mais
persistent dans les milieux aquatiques.

Usages : plastifiants, parfums, déodorants, répulsif insectes, cosmétiques, encres, peintures,


laques, jouets et emballages alimentaires, industrie textile, matériel médical, colles, adhésifs =>
partout !!

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

Modes de contamination et toxicité animale et végétale :

Toxicité :

• Aigue : pas préoccupante.


• Chronique : neuropathies centrales, périphériques, autonomes (hypertension artérielle),
pancytopénie avec réticulocytose, accélération de la vitesse de sédimentation,
perturbation endocrinienne (propriété estrogénique (DBP) et activité antiandrogénique
(DBP et MDP)).
• Chez le jeune enfant, l’exposition plus rapidement devenir problématique car plus
grande sensibilité que l’adulte et reçoit des quantités plus importantes par rapport à son
poids corporel.

• Parabènes
Les parabènes sont des esters alkyliques de l’acide para-hydroxybenzoique dont les principaux
sont : méthylparabène (MP), ethylparabène (EP), n-propylparabène (PP), n-butylparabène (BP).

Usages : conservateurs antimicrobiens (cosmétiques, produits d’hygiène, aliments, médocs).

Toxicité : PE par effet agoniste sur ERa et ER affinité de liaison proportionnelle à la longueur
de la chaine alkyle), effet antagoniste sur ERR (=> développement de cancers du sein
hormonosensibles), effet agoniste par inhibition des sulfotransférases (=> augmentation des
taux circulant d’estradiol).

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

• Bisphénol A
Les antioxydants et les détergents contiennent du bisphénol A.

Propriétés :

• Potentiel d'accumulation relativement faible : C'est une substance qui se dégrade


rapidement mais qui est utilisé en permanence. En milieu anaérobie, la dégradation est
fortement ralentie, ce qui provoque une accumulation dans les sols.
• Liaison au ER alpha ce qui entraine un effet oestrogénique. Il n’a cependant jamais été
utilisé pour cette activité pharmacologique.

Usages : plastiques clairs et rigides (bouteilles d’eau réutilisable et biberons), résines époxy, CD,
lunettes de soleil et canalisations.

Propriétés cinétiques :

Modes de contamination et toxicité chez l’animal :

Toxicité :

• Pertubation endocrinienne : effets androgéniques et œstrogéniques => hypofertilité


masculine et anomalies du développement (passage transplacentaire).
• Neurodéveloppement : avancée ou retard de la ^puberté selon la dose.
• Promoteur de cancérogenèse (prostate et sein).

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

• Nonylphénols
Les alkylphénols sont des substances synthétiques intervenant dans la fabrication de
nombreux produits. On distingue surtout les nonylphénols et les octylphénols. Les nonylphénols
servent de précurseurs à des tensioactifs appelés «nonylphénol polyéthoxylés» (NPE) qui sont
des tensioactifs ayant un usage très large.

Propriétés : Ils sont relativement persistants (dégradation après plusieurs semaines) donc
bioaccumulables.

Usages : Les NPE sont largement utilisés dans l’industrie (dans les peintures, pétrochimie,
production de pâte et papier, traitement des métaux, produits cosmétiques, biocides,
détergents, …).

Toxicité : NP plus toxiques que NPE (toxicité inversement proportionnelle à la taille de la chaine).
Ils ont une activité oestrogénique.

• Tributylétain ( TBT)
Le sel de tributylétain est un dérivé organométallique

Propriétés :

Usages : biocide puissant (pesticides et produits antifloufing), antifongique (industrie du papier),


désinfectant, répulsif pour rongeurs.

Toxicité chez l’animal :

60
Chimie toxicologique Ywenn Samyn

• Médicaments
Le médicament est un produit possédant des propriétés curatives mais des manifestations
indésirables existent, ce qui permet d’établir un profil de risque pour chaque molécule. Parmi
les effets indésirables, il y a la contamination environnementale avec, pour certains
médicaments, des effets perturbateurs endocriniens. Les médicaments sont utilisés chez
l'Homme mais il y a également une utilisation massive de médicaments en médecine
vétérinaire. Il y a une grosse contamination de l'environnement par les résidus de médicaments
rejetés par l'Homme ou l'animal dans le selles ou les urines.

Chapitre 7. Pesticides
1. Voies de contamination
Les pesticides sont des substances chimiques pouvant être minérales ou organiques utilisées
dans le milieu de l'agriculture pour éliminer les insectes, les mauvaises herbes, les
champignons, les rongeurs,… Leur production est sans cesse en croissance. Les pesticides
contaminent la population de la même façon que les substances vues précédemment.

1.1. Eaux
Les eaux sont contaminées par les pesticides. L'eau représente 66% de la terre et nous en
consommons environ 1% pour la boire. C'est à dire 2 l à 2,5l par jour ( l'eau des aliments + eau
bue ). Si une personne vit 80 ans, elle boit entre 60 000 et 70 000 litres d'eau. Les eaux sont
contaminées par les pesticides car la plupart des épandages sont réalisés par voies aériennes.
Il est estimé que seulement la moitié du pesticide pulvérisé atteint sa cible. Les pesticides
déposés sur les végétaux ciblés peuvent s'évaporer en fonction des conditions climatiques.
Suite à l'évaporation, les pesticides sont amenés à distance du lieu d'évaporation. Une fois qu'ils
sont déposés sur les plantes ou le sol, il peut leur arriver deux chose : d'une part, au fur et à
mesure des pluies, les pesticides descendent dans les sols (lessivage). Au fur et à mesure du
lessivage, les pesticides peuvent atteindre les nappes phréatiques. D'une autre part, les
pesticides déposés sur les plantes et le sol sont entraîné par les pluies vers les eaux
superficielles et les océans. Les nappes phréatiques sont donc contaminées par lessivage et
les eaux superficielles sont contaminées par ruissèlement. Cette contamination est accentuée
par l’érosion du sol provoquée notamment par l’utilisation intempestive d’herbicides. A partir du
moment où les eaux sont contaminées, tout ce qui est cultivé également contaminé.

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Chimie toxicologique Ywenn Samyn

1.2. Végétaux
Les cultures sont contaminées par l’eau qui est elle-même contaminée ou par les épandages.

Des doses journalières acceptables de pesticides sont établies pour que la nourriture mangée
par l'Homme ne contienne pas une quantité de pesticides trop importante.

Dose journalière acceptable : quantité de produit pouvant être ingérée quotidiennement


pendant toute une vie sans inconvénient prévisible pour la santé, exprimée en mg/kg. La DJA
est définie en fonction des connaissances actuelles. Pour obtenir cette DJA, des
expérimentations animales sont réalisées. Des lots d'animaux sont traités avec des quantités
croissantes de pesticides. La dose limite à laquelle l'animal résiste est considérée comme une
dose sans risque. Cette dose sans risque est appelée le « NOEL » (no observed effet level). Pour
passer à la DJA chez l'Homme, un facteur de sécurité est appliqué sur le NOEL déterminé chez
l'animal. Il est généralement égal à 100

Un calcul est réalisé pour que l'Homme puisse manger plusieurs légumes sans que la DJA soit
dépassée. Ce calcul fournit une LMR (limite maximale de résidus). La

LMR : quantité de pesticides par kg ou par gramme d'aliments. L'AFSCA prélève les aliments
dans les marchés ou dans les grandes surfaces, dose le pesticide et vérifie que la quantité de
pesticides ne dépasse pas la LMR. Si la LMR n'est pas dépassée, l'aliment est conforme. Les
LMR sont aussi bien utilisé pour les habitudes alimentaires avec les pesticides mais également
pour les microorganismes.

1.3. Animaux herbivores et carnivores


Les pesticides sont responsables d'environ la moitié des intoxications animales. Certaines
espèces sont très sensibles aux pesticides. Le déclin de la population des abeilles en est un
exemple. Parfois, le sexe fait qu'une espèce animale est plus sensible aux pesticides. Par
exemple, le parathion décime plus de rats mâles que de rats femelles.

1.4. Homme
L'Homme se contamine inévitablement soit en ingérant des aliments contaminés ou au contact
de produits issu d’animaux contaminés.

Dispersion :

La dispersion rendant ubiquitaire la contamination aux pesticides.

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Utilisation molécules de + en + toxiques et à doses croissantes :

La résistance de plus en plus importante des insectes obligeant l'Homme à utiliser des
molécules de plus en plus toxiques à des doses croissantes pour les neutraliser. Lorsqu'une
culture est contaminée pour la première fois et qu'un pesticide est pulvérisé, la population
d'insecte est bien éliminée. Si le même pesticide est utilisé trop souvent, les insectes s'adaptent
et deviennent résistants. Le taux de résistance est calculé. C'est la dose létale x ( par exemple
50 ) chez les espèces résistantes par rapport à la dose létale x chez l'espèce sensible. Les taux
de résistance peuvent atteindre peuvent atteindre 2, 3 , 4 ou 5. En fonction du taux de résistance,
il faut augmenter la dose de pesticide.

Rémanence :

Rémanence : temps que le pesticide demeure dans les différents compartiments de


l'environnement. C'est le temps qu'ils faut pour que le produit commence à disparaître de
manière significative.

De manière générale, la toxicité est directement proportionnelle à la rémanence du pesticide qui


elle même dépend sa nature chimique, des facteurs d'environnement et des espèces végétales
traitées. C’est l'équivalent d'une demi vie biologique pour un médicament. Les herbicides les
plus utilisés actuellement ont une rémanence de 1 an.

Suivant que le pesticide est exposé à la lumière et au soleil, certains sont transformés en
molécules plus toxiques.. La température est également un facteur important pour la
rémanence des pesticides. En Suède, la rémanence du glyphosate est plus importante dans la
partie nord du pays ( plus froide ) que dans la partie sud ( plus chaude ). Les conditions de
lumière, de température, d'humidité ont une influence sur la conservation du pesticide. Le pH
du sol a également une influence sur la rémanence des pesticides. Pour chaque pesticide, il
existe un pH du sol de stabilité optimale. Un même pesticide pulvérisé sur des citrons ou des
oranges n'a pas la même rémanence.

2. Intoxications

2.1. Aigues
Il y a un million d'intoxications aiguës par pesticide dans le monde. Il y a eu des accidents
provoquant des contaminations dans les zones voisines.

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En Inde, en 1984, une usine fabricant du carbaryl entre en accident. Une vanne se rompt. Une
nuage de méthylisocyanate se forme ( intermédiaire de synthèse ). Ce nuage contamine 200
000 personnes. Des intoxications graves et des décès sont provoqués ( surtout par œdème aigu
du poumon ). 20 ans après, des comptes ne sont pas réglés et il reste des conséquence pour la
population ayant survécus à cette catastrophe.

En 1976, à Seveso en Italie, un accident a lieu dans une usine de fabrication de trichlorophénol.
Cet accident par surchauffe a comme conséquence la libération de dioxines sur 35 hectares.

Au Japon, un pesticide à base de mercure contamine le plancton et toute la chaîne alimentaire.


L'intoxication provoque la maladie de Minamata. Elle atteint le système nerveux central.

Pendant la guerre du Vietnam, un défoliant est utilisé par les américains. Le défoliant est un
mélange d'herbicides. Les 2 herbicides constituant le défoliant sont toujours contaminés par de
la dioxines. La dioxine est répandue sur des civils et des militaires. Des cas de chloracnée et de
modifications du système immunitaire et des douleurs musculaires apparaissent tout de suite.
Il existe encore des signes dans la descendance de la population car il y a des effets
teratogènes. Certains enfants sont déformés.

2.2. Professionnelles
Les intoxications professionnelles concernent les ouvriers fabricant les pesticides, les
agriculteurs manipulant les pesticides. Le niveau de contamination de ces personnes est
important. Les utilisateurs doivent normalement se protéger. Les résultats sont la preuve que
les protections ne fonctionnent pas bien.

2.3. Chroniques
Le risque le plus important est pour la population générale à travers toutes les voies de
contamination. Les pesticides peuvent provoquer des réactions sur le système immunitaire,
sont cancérogènes et mutagènes. Ils sont aussi embryotoxiques et perturbateurs endocrinien.

3. Classification
Les pesticides peuvent être classés suivant leur mode d'action : par inhalation, par ingestion
directe, par ingestion de plante contaminées, par contact. Il peuvent être classés selon leurs
cibles nuisibles : insecticides, rodenticides, fongicides, herbicides. Ils peuvent aussi être classés
selon leur nature : dérivés de synthèse ou dérivés d’origine végétale.

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3.1. Insecticides organochlorés


Il existe 850 000 espèces d'insectes recensés. Ces insectes seraient responsable de 30% des
dégâts aux cultures. Le reste peut venir des rongeur ou encore des herbes envahissantes.

• Calssification
Les organochlorés sont classé en 4 groupes : le DDT et ses analogues, les hexachlorure de
benzène, les cyclodiènes, les toxaphènes et le mirex et la chlordécone

• Mode d’action
La cible principale est le SNC de l'insecte. Les substances agissent à 2 niveaux :

• Niveau axonal ( inhibition de la pompe Na+/k+ ATPase ). En inhibant la pompe, le


potentiel de repos n'est plus atteint, ce qui perturbe fortement la propagation des
différentes substances nécessaires au niveau axonal.
• Niveau synaptique ( inhibition de l'acétylcholinestérase ). Si l'acétylcholinestérase est
inhibée, la durée de vie de l'acétylcholine est augmentée au niveau synaptique Le taux
de sérotonine augmente également.

• Métabolisme
Les organochlorés sont soit oxydés par les cytochromes P450, soit conjugués au glutathion,
ce qui permet une élimination urinaire des métabolites. Il y a une interaction entre les pesticides
et les médicaments. Les pesticides organochlorés sont les inducteurs des cytochromes. Les
cytochrome P450 sont des protéines intervenant dans le métabolisme des médicaments. La
synthèse des cytochromes est augmentée. L'augmentation de la synthèse des cytochromes
induit une augmentation du métabolisme de toutes les substances étant oxydées par les
cytochromes induits. Il y a plusieurs familles de cytochrome P450. Cette induction conduit à la
réduction de la demi vie du médicaments et des hormones stéroïdiennes. Les médicaments
consommés sont moins actifs.

• Stockage
Ils sont stockés dans les tissus adipeux, dans le sang et dans le lait maternel. Ils sont aussi
stockés de manière importante au niveau du foie.

• Toxicité

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• DTT

• Lindane
Structure chimique : Le lindane a la particularité d'être un cyclohexane. Il n'y a pas de benzène
dans sa structure chimique. Il y a 6 atomes de chlore positionnés différemment les uns des
autres par rapport aux atomes d'hydrogène. En fonction de leur position, il y a toute une série
d'isomères possibles. Il y a plus d'une centaine d'isomères possibles.

Toxicité biochimique : identique à celle des organochlorés : semblable à celle du DDT mais
neurotoxicité accentuée.

Il est plus toxique que le DDT car il est capable de se lier au récepteur GABA-A. A doses létales
les symptômes sont : défaillance respiratoire, hyperthermie centrale (car découplage par la
phosphorylation oxydative).

Les métabolites du lindane sont encore plus cancérogène que le DDT. Le lindane a un effet
promoteur. Il facilite l'expression d'un gène muté. Le lindane est également génotoxique. Il est
capable d'entraîner des mutations au niveau de l'ADN (initiateur). L'isomère alpha est un
contaminant fréquent du lindane et est le cancérogène le plus important. Chez l'animal, des
hépatomes sont mis en évidence. Chez l'Homme, on observe l'augmentation de la fréquence
des cancers du poumon en milieu professionnel.

• Dérivés cyclodiéniques
Ce sont toujours des structures cycliques avec des doubles liaisons.

Toxicité biochimique : identique à celle du DDT.

La neurotoxicité est un peu différente avec une altération de la transmission synaptique de


l'influx nerveux et une liaison au récepteur GABA-A (plus importante que le lindane). Cette liaison

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provoque de grosses convulsions. Le dérivés cyclodiéniques entraînent des décès par


convulsions avec coma, par hyperthermie ( >42°C ) et par congestion pulmonaire.

• Chlordécone

3.2. Insecticides organophosphorés


Ce sont des substances organiques présentant un atome de phosphore.

• Classification
Il y a 4 classes. La toxicité dépend du groupe dans lequel la substance est située.

Dans le groupe 1, les substances sont des


ammoniums quaternaires. Ils sont plus toxiques
car ils ont une action anticholinestérasique =>
effet cholinergique direct.

Dans le groupe 2 se situent les gaz de combat.

Dans le groupe 3, on retrouve les dérivés du cyanure.

Dans le groupe 4, la toxicité est variable selon la nature de R1 et de R2.

• Propriétés cinétiques et mode d’action


Ils inhibent les cholinestérases provoquant une accumulation de l'ACh.

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• Métabolisme
De la structure de base, se produit une désulfuration
oxydative, une oxydation, une hydrolyse pour donner
naissance à des dialkylphosphates. Les métabolites
urinaires sont communs à 85% des organophosphorés.
Ils sont éliminé dans les 6 à 48 heures qui suivent
l'exposition.

• Toxicité biochimique
Inhibition des cholinestérases : il y a des cholinestérases et des acétycholinestérases.

• Spécifiques (ACh estérases) : au niveau de la synapses euro-musculaire et au niveau


des globules rouges. Le rôle de l'acétylcholinestérase au niveau des globules rouges
n'est pas connu.
• Non spécifiques : Ces cholinestérases peuvent se trouver dans le plasma, dans le foie
mais leur rôle est toujours méconnu. Les inhibiteurs de cholinestérases et
d'acétylcholinestérases entraînent une accumulation d'ACh au niveau synaptique. Cette
accumulation provoque des effets parasympathomimétiques.

Inhibition de NTE ( Neuropathy Target Estérase ) : Les NTE ont deux sites de liaison :
un site estérasique et un site anionique. Dans les conditions physiologiques normales, des
substrats physiologiques se fixent sur le site estérasique. Quand le substrat se fixe sur le
site estérasique de la NTE, une activation au niveau du site anionique se produit pour faire
en sorte qu'il y ait une réparation de ce site et une survie neuronale. Le fait que le site
anionique soit libre permet de garder la survie du NTE au niveau du SNC. En cas d'exposition
à un organophosphoré, l'organophosphoré se fixe sur ce site. Si il se fixe à la place du
substrat physiologiques, une activation du système de réparation se produit. Cette
activation entraîne une rupture de la NTE. Cela entraine une neuropathie retardée.

Hépatotoxicité : production de métabolites réactifs. Une production de métabolites


réactifs au niveau de l'hépatocyte entraîne un déversement de toute une série d'enzymes
ayant des localisation intra-hépatocytaires. Les enzymes intra-hépatocytaires sont
principalement des transaminases. Il y a une augmentation des transaminases dans le
sang. Les réaction avec des macromolécules hépatocytaires (Tgo, TGP, aldolase, OCT)

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génèrent des nécroses. Des altérations de l'ARNm se produisent. La synthèse protéique est
diminuée et le taux d'albumines diminue.

Mutagénécité : production de métabolites réactifs avec des formation d'adduits au niveau


de l'ADN. Le malathion, le parathion, le dichlorvos, le trichlorfon peuvent générer des adduits
au niveau de l'ADN. Ils sont génotoxiques et cancérogènes.

• Signes cliniques

• Traitement

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