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Introduction :
Intoxication indirecte (Mycotoxicose): ingestion des aliments souillés par des toxines
Intoxication directe (Mycétisme): L’ensemble des intoxications causées par la
consommation des champignons supérieurs:
I. Epidémiologie (Circonstance de l’intoxication) : L’intoxication peut être :
Accidentelle : par confusion ou méconnaissance.
Criminelle.
Volontaire : suicidaire ou toxicomanes.
II. Classification des intoxications :
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A. Syndrome à courte durée d’incubation (<6h):
1. Syndrome résinoïdien ou gastro-intestinal :
Généralités :
Il s'agit d'intoxications fréquentes et bénignes dans la plupart des cas (il faut
cependant faire attention aux enfants et aux personnes âgées).
Le syndrome résinoïdien regroupe en pratique toutes les situations dans lesquelles des
troubles digestifs isolés surviennent moins de six heures après un repas de
champignons.
Mécanisme :
Plusieurs mécanismes peuvent être en cause :
Les espèces comestibles sont ingérées en quantité excessive (la chitine, le tréhalose ou
le mannitol sont indigestes). Il faut consommer des champignons avec modération ;
le champignon est ingéré cru : en effet certains champignons contiennent des
hémolysines thermolabiles et, une fois cuits, ils sont tout à faits consommables et
n'entraînent pas de troubles digestifs.
Clinique :
Symptomatologie gastro-intestinale majeure, douleurs abdominales, nausées,
vomissements, diarrhée d’intensité variable.
Traitement :
On réalise un traitement symptomatique (Antispasmodiques).
Il faut corriger les nausées mais ne pas empêcher les diarrhées, même s'il y a un risque
de déshydratation.
Champignons responsables :
Plus de 300 espèces sont en jeu dont les principales sont:
Entoloma lividum (l'entolome livide) +++
Boletus satanas (Bolet de Satan) ++
2. Syndrome muscarinien :
Généralités :
Appelé également syndrome sudorien : les intoxiqués transpirent abondamment, à tel
point que certaines personnes peuvent perdre plusieurs kilos en l'espace d'une seule
nuit
Toxine et mécanisme :
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La toxine est la muscarine qui a une structure analogue avec l’acétylcholine. Donc,
elle possède des propriétés parasympathomimétiques puissantes et durables.
Clinique :
Les signes cliniques apparaissent quinze minutes à deux heures après l'ingestion.
Les premiers signes sont des troubles digestifs (nausées, vomissements, diarrhées,
crampes abdominales). Il s'en suit des larmoiements, des rhinorrhées mais surtout des
sueurs profuses en proportions spectaculaires. Ensuite, il y a apparition d'une
bradycardie (et hypotension) et d'un myosis.
Traitement :
Symptomatique : Antispasmodiques et réhydratation (per os /veineuse)
Antidotal :
Il existe un antidote spécifique de la muscarine : l'atropine.
Champignons responsables :
Il est nécessaire que la muscarine représente 0,1 à 0,5 % du poids sec du champignon
pour que celui-ci soit capable d'induire un syndrome muscarinien.
Espèce responsable : Clitocybe blanchi (Clitocybe dealbata),
3. Syndrome panthérinien ou myco-atropinique :
Généralités :
Il est aussi appelé " folie panthérinienne ". C'est une intoxication rare, due surtout à
deux espèces : Amanita pantherina (l'amanite panthère) et Amanita muscarina
(l'amanite tue-mouche).
Toxine et mécanisme : Les toxines responsables sont des toxines isoxazoliques
(L'acide iboténique et le muscimol).
Clinique :
Les symptômes apparaissent trente minutes à trois heures après l'ingestion.
La première phase est ébrieuse (euphorie, agitation, délires, hallucinations). C'est
cette phase-ci qui est recherchée par les toxicomanes.
Puis il apparaît des tremblements, une tachycardie et une mydriase.
Traitement :
Il n'existe pas d'antidote spécifique de ces toxines
Le charbon activé est utilisable dans un délai assez limité après l'ingestion
Champignons responsables :
Pour engendrer ce syndrome, il faut que 0,03 à 0,1 % de la masse sèche soit de
l'isoxazole. Exemples :
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Amanita pantherina (Amanite panthère : elle entraine 10 % de cas mortels),
Amanita muscaria (Amanite tue-mouches)
4. Syndrome coprinien :
Généralités :
On l'appelle aussi " flush syndrome ".
C'est une intoxication assez rare car il faut qu'il y ait un contexte particulier : une
consommation concomitante d'alcool.
Toxine et mécanisme :
Les toxines responsables est la coprine.
La coprine (présente chez le coprin) est métabolisée dans l'organisme et en
aminocyclopropanol. Ce dernier interfère avec le métabolisme de l'alcool ; d'où
l'apparition du syndrome seulement quand on consomme de l'alcool.
Ce métabolite actif inhibe l’action de l’aldéhyde déshydrogénase au niveau hépatique,
bloquant ainsi le métabolisme de l’éthanol au niveau de l’acétaldéhyde (toxicité ++). .
Clinique :
Les symptômes apparaissent en général trente minutes après la prise d'alcool, mais ils
peuvent avoir lieu trois à cinq jours après la consommation du champignon. C'est
donc bien la prise d'alcool qui déclenche les symptômes.
Les symptômes de ce flush sont :
Un malaise généralisé, une rougeur (érythème cutané), des bouffées de chaleur parfois
très intenses avec des sensations de gonflement du thorax et du visage,
Traitement :
Il faut prohiber la prise d'alcool pendant trois à cinq jours (c'est une moyenne, cela
peut être dix voire douze jours).
Champignons responsables : Coprinus atramentarius (Coprin noir d'encre) :
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Les octapeptides cycliques : les amatoxines (amanitines α, β, γ, ε). Ces toxines sont
thermostables, résistantes à la dessiccation et passent la barrière intestinale. Les
amatoxines les plus toxiques sont les amanitines α et β.
Clinique :
L’intoxication évolue en trois phases:
Phase d’agression: après une phase de latence qui dure 8 à 12 heures l’intoxication
débute par une gastro-entérite avec des vomissements et des diarrhées intenses
entraînant rapidement une déshydratation.
Phase de rémission apparente (36ème- 48ème heures): les symptômes de gastro-entérite
s’atténuent, l’atteinte du foie s’installe, l’analyse de sang montre une perturbation des
tests hépatiques.
Phase d’atteinte du foie et des reins à partir du 3ème jour : l’atteinte du foie entraîne des
troubles de la coagulation, une élévation du taux des transaminases dans le sang. Les
reins peuvent également être atteints.
Traitement :
Hospitalisation en réanimation.
Traitement évacuateur/ épurateur : un lavage gastrique si la prise en charge est
précoce. L’utilisation de charbon actif (1 g/kg).
Traitement spécifique : C’est une chimiothérapie hépato protectrice qui se définit par
l'utilisation de : La pénicilline G et la sylimarine LEGALON®. Il permet de limiter le
transport intrahépatocytaire d'amatoxines. Il absorbe l'amatoxine et stimule l'ARN
polymérase
Transplantation hépatique.
Champignons responsables :
Plus de 30 espèces sont responsables du syndrome phalloïdien. Parmi celles-ci, on
cite :
Amanita phalloides (Amanite phalloïde)
Amanita verna (A. Printanière)
Amanita virosa (A. vireuse)
2. Syndrome orellanien:
Généralités :
Ce syndrome est assez rare, mais avec un taux de mortalité de 15%.
L'organe cible est ici le rein ; l'intoxication se traduit donc par une insuffisance rénale
aigüe retardée.
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Mécanisme et toxines :
Syndrome lié à deux toxines, ORELLANINE et ORELLININE.
Toxicité par inhibition des synthèses protéiques et production de radicaux libres.
Clinique :
Phase de latence très longue 36 h à 17 j
Syndrome digestif retardé, inconstant (12ème heure à 4ème jour), marqué avec soif
intense, déshydratation.
Syndrome rénal (du 4ème au 14ème jour), tableau de néphrite tubulo-interstitielle
oligo-anurique.
Evolution dans la majorité des cas vers une insuffisance rénale aigue.
Traitement :
Hospitalisation en service de réanimation.
Traitement symptomatique de l’insuffisance rénale.
Champignons responsables : Cortinarius orellanus (Cortinaire des montagnes).
3. Syndrome gyromitrien:
Généralités :
C'est un syndrome très particulier qui a été démasqué dans les années 1960.
C'est une intoxication totalement imprévisible. Il y a une grande variabilité
interindividus (les acétyleurs lents sont plus sensibles que les acétyleurs rapides) et
intraindividus.
Mécanisme et toxines :
La toxine responsable de ce syndrome est la gyromitrine qui est une toxine
thermolabile.
Elle est transformée en une molécule extrêmement toxique, MMH
(Monométhylhydrazine) par hydrolyse. La MMH a des effets mutagènes,
cancérogènes et tératogènes.
Clinique :
Toutes les personnes ne sont pas également sensibles à l’intoxication.
Première phase: des troubles digestifs importants (nausées, vomissements, diarrhées,
douleurs abdominales) surviennent 6 à 12 heures après le repas.
Deuxième phase: lorsque l’intoxication est sévère, une atteinte du foie et des troubles
neurologiques (délire, somnolence, tremblements, convulsions) apparaissent 36 à 48
heures après le repas. Il peut y avoir une hémolyse (destruction des globules rouges)
et une atteinte du rein.
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Traitement :
C'est un traitement symptomatique de réanimation car il n'existe pas d'antidote.
La vitamine B6 (Bécilan®) et le diazépam sont indispensable lors de convulsions.
Champignons responsables : Gyromitre « comestible » ( Gyromitra esculenta)