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industrielle
La conduite
de projets
Thierry HOUGRON
Jean-Jacques COUSTY
3e édition
© https://thegreatelibrary.blogspot.com/
© https://thegreatelibrary.blogspot.com/
© Dunod, 2015
5 rue Laromiguière, 75005 Paris
www.dunod.com
ISBN 978-2-10-072951-7
Table des matières
Avant-propos XXIII
Introduction 1
V
Table des matières
VI
Règle 27 – Écrivez le plan de management
du projet 67
Règle 28 – Négociez votre lettre de mission
de « client » à « fournisseur » 68
Règle 29 – Délimitez le type et le rôle
des fournisseurs dans le projet 72
Règle 30 – Rédigez un plan de management
des fournisseurs 73
Règle 31 – Contractualisez un jeu gagnant
pour l’entreprise et ses fournisseurs 75
Règle 32 – Définissez les interfaces
entre cotraitants 78
Construire le système d’information interne du projet 79
Règle 33 – Pensez à l’efficacité des réunions 80
Règle 34 – Réunions d’avancement :
précisez les règles du jeu 80
Règle 35 – Réunions techniques :
choisissez les participants
et définissez un plan de travail 82
Règle 36 – La revue de projet efficace :
un « tribunal » bienveillant 87
Règle 37 – Identifiez les structures d’arbitrage 92
Construire le système d’information
entre le projet et l’environnement 95
Règle 38 – Définissez quelles informations
et pour qui en interne 96
Règle 39 – Relations externes à l’équipe :
pratiquez le « remue-méninges »
pour éviter les oublis 100
Règle 40 – Rédigez le plan de management
de la communication 102
VII
Table des matières
VIII
Règle 59 – Identifiez les personnalités
et adaptez votre style 154
Règle 60 – Rédigez un plan de management
des ressources humaines 155
IX
Table des matières
X
Chapitre 6 n Le « pilotage » du projet : le tableau de bord 275
XI
Table des matières
XII
Chapitre 8 n Synthèse 361
XIII
Table des matières
XIV
Résumé du chapitre 3 : Gérer et motiver « l’équipage » 377
Règle 41 – Motiver les individus
constituant l’équipe 378
Règle 42 – Équilibrer le niveau de compétence
des individus constituant l’équipe 378
Règle 43 – Repérer et évaluer les excès
ou les défauts de tension de l’équipe 379
Règle 44 – Réguler les tensions du groupe 379
Règle 45 – Canaliser la tension du groupe
en faveur de l’action vers la réalisation
d’un objectif du projet 379
Règle 46 – Situer ses propres aspirations
dominantes 380
Règle 47 – Situer la manière dont le manager
se positionne dans le temps 380
Règle 48 – Identifier son style naturel
de management 380
Règle 49 – Contrôler en permanence
les exigences de la situation 381
Règle 50 – Planifier le management
des parties prenantes du projet 381
Règle 51 – Piloter ses centres d’intérêt
en fonction des exigences 381
Règle 52 – Évaluer l’engagement des acteurs
dans la vie de l’équipe 382
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XV
Table des matières
XVI
Règle 79 – Mettre en œuvre l’assurance qualité 392
Règle 80 – Mettre en œuvre le contrôle qualité 393
Règle 81 – Vérifier et maîtriser le contenu
du projet et les modifications 393
Règle 82 – Suivre l’avancement technique
du projet 393
Règle 83 – Restituer les avancements techniques :
les graphiques 394
Règle 84 – Évaluer le « reste à faire » 394
Règle 85 – Résoudre les dérives d’avancement 394
Règle 86 – Mesurer les consommations du projet 394
Règle 87 – Évaluer la tendance
des écarts budgétaires 395
Règle 88 – Décider et agir : repenser le scénario
de projet 395
Règle 89 – Préparer la communication
des mesures correctives 395
Règle 90 – Communiquer à l’aide
de moyens rapides 396
Règle 91 – Favoriser le partage de l’information
(espace de travail collaboratif) 396
Règle 92 – Encourager la communication directe
(conférence via Internet) 396
Résumé du chapitre 6 : Le tableau de bord 396
Règle 93 – Gérer et maîtriser l’engagement
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XVII
Table des matières
XVIII
Règle 120 – Proposer des solutions alternatives 407
Règle 121 – Proposer des mesures applicables 407
Règle 122 – Négocier les charges des coéquipiers 408
Règle 123 – Gérer son temps 408
Règle 124 – Mener une stratégie d’alliés 408
Règle 125 – La technique du judoka :
utiliser le « poids » des protagonistes 408
Règle 126 – Décider, motiver, reconnaître,
encourager pour construire le futur 409
Le chef de projet « gagnant »… 409
Conclusion 413
Remerciements 415
Bibliographie 417
XIX
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À Françoise, Maël et Thierry
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Avant-propos
XXIII
Avant-propos
en ont tiré des règles qu’ils ont testées. Ce sont ces règles pratiques que
le présent ouvrage vous offre aujourd’hui : la conduite pragmatique des
projets en milieu international.
La plupart de ces règles n’ont pas été créées par les auteurs mais
entendues ou lues puis expérimentées. Peut-être, au hasard d’une page,
reconnaîtrez-vous la vôtre…
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XXIV
Introduction
La conduite pragmatique
des projets est-elle une nécessité ?
La majorité des entreprises s’est lancée ou se lance dans le Management
par projet (MPP). Malgré des expériences plus ou moins réussies, l’obliga-
tion de gérer en transversal ou de décloisonner les métiers devient une
évidence pour les directions d’entreprises dans les conditions interna-
tionales de mondialisation actuelle. Pourquoi ?
1
Introduction
2
souhaite gagner, on doit accepter de repenser les processus plutôt que
de s’obstiner à continuer sur le même chemin et quelquefois sur une
fausse route. La phrase « ce n’est pas possible, dans notre secteur… » est
à proscrire du vocabulaire du bon manager de projet et même du bon
manager tout court.
Au bout du compte, la gestion ou le management de projet est
d’abord une culture d’entreprise insufflée par une direction volonta-
riste. Il ne suffit pas de nommer un chef de projet, encore faut-il le
placer dans les conditions de réussite en lui conférant les moyens, en lui
déléguant les pouvoirs adéquats, en lui faisant confiance et en sortant
de la culture du blâme.
3
Introduction
Bilan
Risques Management de
l’équipe de projet
Contrats
Information et
communication
Recette
Le processus projet
4
Présentation de l’ouvrage
Combien de projets, insuffisamment préparés, vous font payer cher les
impasses et raccourcis que vous avez empruntés « pour aller vite ». Vous
êtes pressé ? Alors allez-y tout de suite… mais allez-y doucement.
Le projet se joue avant le projet. Cette remarque entendue plusieurs fois
de la bouche de chefs de projet expérimentés nous fournit les premières
règles.
La première partie de cet ouvrage, « le projet se joue avant le projet »,
propose des règles utiles pour la CPPA (Conduite Pragmatique du Projet
Amont). Leur but : savoir ce que l’on va faire ; pourquoi on va le faire ;
en combien de temps et pour quels coûts ; dans quel environnement.
Dans la deuxième partie, « organiser la réussite dès le lancement du
projet », vous trouvez des règles pour la CPLP (Conduite Pragmatique du
Lancement du Projet). Il s’agit, au moment d’initialiser le projet, de réu-
nir le maximum de chances de réussite. Cette partie traite des premières
prévisions, de l’organisation, du système d’information et des règles du
jeu du projet.
La troisième partie est consacrée aux règles qui permettent de « gérer
et motiver l’équipage » du projet. C’est la CPEP (Conduite Pragmatique
de l’Équipe de Projet). Fondée sur des faits observables, cette partie pré-
cise les règles de management et de motivation en fonction des besoins
du projet. Elle aborde aussi les comportements individuels atypiques.
Elle replace les comportements et motivations en rapport avec l’organi-
sation du projet et donne quelques clés de succès.
La quatrième partie : « préparer la feuille de route : le planning de
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5
Introduction
6
Chapitre 1
Le projet se joue
avant le projet
Executive summary
qu’au « quoi ».
Une fois validée et développée, cette idée devra être soumise
à sa faisabilité. Le chef de projet devra repérer les risques majeurs
afin de réduire les problèmes.
Au regard des objectifs fixés, le projet devra s’intégrer
dans l’écosystème de l’entreprise et des objectifs précis devront
être déterminés sur chacun des éléments.
Cette phase est l’une des plus importantes d’un projet
car elle constitue la clé du succès d’un projet.
7
1. Le projet se joue avant le projet
8
Vérifier l’écologie du projet
N’importe quel projet n’a pas les meilleures chances de réussite dans
n’importe quel milieu. Ces chances dépendent :
–– de l’organisation de l’entreprise et de la manière dont le projet va
s’intégrer dans cette organisation ;
–– de la cohérence entre le projet, l’éthique de l’entreprise et de la
manière dont les salariés vont le vivre ;
–– du poids que représente le projet dans la stratégie de l’entreprise ;
–– de la manière dont ce projet va s’interfacer avec les autres projets en
confortant ou en s’opposant à leurs objectifs.
La CPPPA réunit les chances de réussite du projet avant son lance-
ment. Elle met en œuvre les moyens, méthodes et conditions qui assu-
reront au projet le meilleur déroulement et le meilleur résultat possible.
À partir de cette idée vous allez probablement avoir envie d’être plus
précis et de décrire, au moins sommairement, les caractéristiques de
votre nouvelle porte telle que vous l’imaginez. Le rêve se précise mais il
ne s’agit encore que d’un rêve. C’est l’idée définie.
Ensuite, vous allez peut-être vous interroger sur l’intérêt que présente ce
changement : la nouvelle porte sera plus sûre (fonction de sécurité), sera plus
jolie (fonction esthétique ou de prestige), permettra d’accéder à la boîte aux
lettres sans sortir (fonction de rationalisation), sera conforme à la réglementa-
tion des compagnies d’assurances (fonction de respect d’une contrainte).
L’évaluation de l’intérêt que représente l’idée correspond à ce que
nous appelons l’identification des enjeux. Eux seuls justifient (ou non)
la réalisation de l’idée.
9
1. Le projet se joue avant le projet
Bilan
Risques Management de
l’équipe de projet
Contrats
Information et
communication
Recette
10
Règle 1 – Définissez l’idée de manière
consensuelle
Quelle différence y a-t‑il entre l’idée et le projet ? L’idée est un produit
de l’imaginaire et le projet en fait une réalité en devenir. C’est pour-
quoi un projet est toujours unique. De plus, cette réalité en devenir
basée sur l’imaginaire fait apparaître de l’incertitude, des aléas, du
risque…
Règle 1
Reformulez l’idée en termes de résultats attendus et de différences par
rapport à ce qui est connu. Assurez-vous que les décideurs sont d’accord
sur ces résultats. Sinon, organisez la recherche de consensus.
1. Quel(s) changement(s) l’idée va-t‑elle produire ?
2. Ces changements sont-ils acceptables par les intéressés, ou pourquoi ne le
sont-ils pas ?
3. Que faut-il faire pour les rendre acceptables ? n
11
1. Le projet se joue avant le projet
Lorsque les décideurs sont d’accord sur l’idée, son but, ses enjeux, la
perspective d’en faire un projet devient réelle :
1. Se focaliser sur le quoi (le résultat attendu) plutôt que sur le comment
(le moyen d’obtenir ce résultat).
2. Exprimer l’idée en termes de faits ou de situations concrètes obser-
vables et mesurables.
3. S’assurer que toutes les parties prenantes ont bien compris la même
chose. Faire reformuler l’idée par chaque partie prenante afin de s’as-
surer qu’il n’y a pas de distorsion ou, sinon, qu’elles sont acceptables.
12
Par exemple, imaginons une idée pour laquelle les acteurs directs
aient été consultés et que l’application de cette idée satisfasse complè-
tement leur demande. Si les acteurs indirects ont un intérêt opposé, le
résultat sera un échec car les acteurs indirects non intégrés saborderont
le résultat.
Règle 2
Assurez-vous que l’ensemble des parties concernées par l’idée a bien été
inclus dans l’étude.
1. Les acteurs directs de l’idée sont-ils bien identifiés ?
2. Les changements envisagés ne touchent-ils que ces acteurs ?
3. Y a-t‑il des acteurs indirectement concernés, c’est-à-dire qui seront impactés
par la réalisation de l’idée par ricochet ? n
Le minitel
13
1. Le projet se joue avant le projet
■■ Les motivations
Les motivations pour participer au projet sont variables d’un acteur à
l’autre, et sont les principales génératrices de tensions. Tout d’abord,
ces motivations peuvent concerner le projet lui-même, et être relatives
à des enjeux économiques, sociaux ou environnementaux. Mais elles
peuvent être plus indirectes : visibilité dans l’organisation, opportunités
professionnelles… Si tout le monde s’accorde en général sur les enjeux
14
globaux du projet, c’est lorsque ceux-ci doivent se concrétiser au niveau
des acteurs que les tensions émergent.
15
1. Le projet se joue avant le projet
Règle 4
Identifiez avant de lancer le projet en quoi il présente un intérêt pour l’en-
treprise et chiffrez cet intérêt.
1. Quelle est la contrepartie économique de ce projet ?
2. Que va-t‑il apporter en termes commercial et marketing ?
3. Quels nouveaux moyens ou nouveaux savoir-faire va-t‑il procurer à l’entre-
prise ?
4. Quelles en sont les retombées sociales ou politiques à court, moyen et long
termes ? n
16
Un projet dont les enjeux (les « pourquoi » du projet) n’ont pas été
identifiés n’a ni importance ni priorité. Dans la tête des décideurs, il
n’existe pas en tant que projet mais seulement en tant qu’idée de pro-
jet. On en parle dans les couloirs mais de là à passer à l’affectation de
moyens, il y a un grand pas.
Tout autre projet dont l’intérêt est bien clair dans l’esprit des déci-
deurs lui sera préféré au moment d’affecter des moyens ou d’arbitrer des
priorités. Pour chaque domaine d’enjeux, on se pose une série de ques-
tions dont on trouvera quelques exemples dans le tableau 1.1.
Enjeux du projet
17
1. Le projet se joue avant le projet
Cas d’entreprise
1 L’âge d’un produit, dans le jargon agroalimentaire, désigne un nombre de jours calculé à partir de la
date de fabrication. Un produit atteint le meilleur de sa qualité à un « âge » donné.
18
Règle 5 – Précisez les objectifs
en fonction des enjeux
Quelle différence y a-t‑il entre l’objectif et l’idée de projet ?… La même
qu’entre l’idée de partir bientôt en vacances quelque part et le projet d’al-
ler du 25 mars au 7 avril à l’hôtel X à Venise au moyen de l’avion de la
compagnie Trucmuche qui part tel jour à telle heure de tel aéroport.
Le projet est toujours un voyage : on part d’une situation existante
(l’état initial) pour aller à une situation souhaitée (l’état final).
L’objectif (la situation souhaitée) suppose un changement. Pour que
ce changement puisse être réalisé, il faut le décrire le plus précisément
possible et le plus tôt possible.
Règle 5
Redéfinissez les objectifs du projet en fonction des enjeux. Assurez-vous
que les partenaires ont une perception claire et convergente des objectifs.
1. Quel est le résultat attendu (ce que le projet doit produire) ? Comment
pourra-t‑on mesurer que ce résultat est atteint ?
2. En quoi ce résultat est-il différent de ceux d’autres projets connus ?
3. Pourquoi cet objectif est-il préférable à tout autre pour servir les enjeux ? n
chef de projet ou l’équipe a échoué, il n’y a qu’un tout petit pas souvent
vite franchi.
Un projet réussi sera avant tout celui dont l’objectif aura été décrit
précisément et, autant que possible, mesuré ou évalué. En effet, un
objectif pour qu’il soit une motivation pour les équipes ayant à le réa-
liser doit être :
1. Simple. L’objectif doit être facilement compréhensible sans avoir à
l’expliquer pendant des heures.
2. Mesurable. Il doit définir les méthodes et moyens de mesure de l’at-
teinte du résultat.
3. Ambitieux. Il ne doit pas être inférieur à ce que l’on a l’habitude de
faire.
4. Réaliste et ne pas être qu’une utopie démotivante.
19
1. Le projet se joue avant le projet
20
Un projet d’armement avorté
Cas d’entreprise
21
1. Le projet se joue avant le projet
22
Lorsque vous aurez arrêté votre choix en fonction du besoin mais
aussi des faisabilités techniques, économique et calendaire, peut-être
vous interrogez-vous sur les possibles imprévus : « Et si… »
Et si le levage électrique des vitres arrière n’est pas possible ? Et si la
climatisation tombe en panne ? Et si l’autonomie du véhicule en carbu-
rant n’est pas celle annoncée ? Ce sont les risques techniques.
Et si le taux de crédit augmente ? Et si l’apport personnel est insuffi-
sant ? Ce sont les risques économiques.
Et si l’organisme de crédit effectue son versement en retard ? Et si la
livraison du véhicule subit un contretemps ? Ce sont les risques calendaires.
Pour les risques qui vous paraissent les plus probables, vous imagine-
rez certainement des solutions pour le cas où ce risque se réaliserait : « Si
tel risque se réalisait, alors je prendrais telle mesure pour préserver mon
objectif ». C’est la gestion du risque.
Ou mieux : « Pour éviter que tel risque puisse se réaliser, je prends dès
maintenant telle mesure ». C’est la prévention du risque.
Règle 6
Éclaircissez les acteurs nécessaires au projet. Prenez en compte l’ensemble des
acteurs qui vont participer à l’élaboration du projet.
1. Quels sont les acteurs nécessaires à la réalisation ?
2. Quels sont les connaissances/compétences/moyens dont va avoir besoin le
projet ?
3. Qui détient la compétence et les moyens en interne ou en externe à l’orga-
nisation ?
4. Comment le projet doit-il répondre pour acquérir ses moyens ? Le projet va-
t‑il sous-traiter, acheter cash ou acquérir par palier ces besoins ? n
23
1. Le projet se joue avant le projet
Le camping car
Règle 7
Écrivez la charte du projet :
1. Précisez pourquoi le projet est lancé (problème ou opportunité à l’origine du
projet) et fournissez les éléments clés des études économiques du projet.
2. Présentez les objectifs du projet (description du produit, échéancier de
niveau macroscopique, jalons, contraintes).
3. Allouez au projet les fonds adéquats.
4. Formalisez la nomination du chef de projet et le niveau d’autorité dont il
dispose.
5. Listez les parties prenantes du projet identifiées, le détail de la charte de pro-
jet va de pair avec l’activité d’identification des parties prenantes. n
24
La charte de projet est le document qui formalise l’existence du projet :
Elle doit être adaptée aux besoins du projet : pour de petits projets, elle
peut être très courte, voire même un simple courriel ! Il peut être suffi-
sant d’attribuer au projet les ressources adéquates (humaines et finan-
cières) et de décrire les principaux objectifs du projet.
Il arrive souvent que certaines parties prenantes aient des besoins ou
des objectifs concurrents. Il est très important de prendre une décision
pour résoudre de tels conflits : ils ne peuvent demeurer irrésolus dans la
charte de projet. Dans ce cas, le chef de projet doit être proactif.
Le niveau d’autorité requis pour émettre une charte de projet est
important. Il est courant que la charte de projet soit élaborée par plu-
sieurs personnes (y compris le chef de projet lui-même), mais elle doit
être émise par le commanditaire du projet.
Si le commanditaire du projet n’a pas le niveau d’autorité requis
pour émettre la charte de projet, vous serez rapidement confronté aux
problèmes suivants :
• Aucune ressource ne sera rendue disponible – pourquoi le seraient-
elles ?
• Aucun budget ne sera attribué – les dépenses sont contrôlées !
• Le chef de projet n’aura aucune autorité.
Une charte de projet devrait comporter les éléments suivants (les
éléments en caractères gras devraient être inclus même pour les petits
projets) :
• Le problème/le besoin qui a fait naître ce projet.
• Les principaux objectifs du projet et les exigences auxquelles le pro-
jet répondra.
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25
1. Le projet se joue avant le projet
Règle 8
Identifiez les risques techniques. Comparez ces risques aux compétences
disponibles. Si nécessaire, renégociez une performance dont l’obtention
vous paraît improbable.
1. Y a-t‑il des performances particulières à obtenir ou des imprécisions dans la
définition du besoin ?
2. Utilise-t‑on des techniques nouvelles ? Quels sont les points de technique sur
lesquels subsistent des inconnues ?
3. Qui détient la compétence susceptible de traiter ces points ? Cette compé-
tence est-elle disponible dans l’entreprise ou à l’extérieur ? Semble-t‑elle à la
hauteur du problème à résoudre ?
4. Le client est-il disposé à réduire certaines de ses exigences ? n
26
Entre deux positions extrêmes, qui vont de l’engagement aveugle à
la peur panique, un juste milieu est possible.
Pour évaluer la faisabilité technique, procéder de la manière sui-
vante :
–– définir clairement les points de risques et en dresser la liste. Par exemple,
reprendre les fonctions du système ou les exigences du client pour
lesquelles on n’a pas d’expérience réussie ; reprendre les retours d’ex-
périences, faire un brainstorming…
–– faire l’inventaire des personnes susceptibles de traiter le problème. Il y a
probablement plusieurs personnes pour un même point de risque.
Chacune d’elle apporte une compétence spécifique ou un éclairage
particulier (par exemple : conception, essais et après-vente…) ;
–– évaluer, point par point et avec les personnes identifiées, la probabilité
d’aboutir à un résultat acceptable ;
Pour cela, la pratique en trois passages peut donner de bons résul-
tats. Elle consiste à faire évaluer par les participants la probabilité de
manière anonyme. On calcule une première moyenne des évaluations.
Les participants au regard de la moyenne obtenue refont une évalua-
tion. Certains s’étant trouvés trop optimistes ou pessimistes revoient
leurs cotations. On procède une nouvelle fois à la moyenne des résultats
obtenus en demandant à chacun d’expliquer les raisons pour lesquelles
il a émis telle ou telle notation. Le dernier passage consiste à faire réé-
valuer les participants en argumentant et en débattant sur les choix. En
effectuant la dernière moyenne, on aboutira à un résultat consensuel
proche de la réalité.
–– si la probabilité est trop importante, renégocier les performances avec
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27
1. Le projet se joue avant le projet
1 Pour cet exemple, voir aussi la notion de « flexibilité » des fonctions d’un cahier des charges fonc-
tionnel.
28
blème technique n’est resté sans solution, et cette entreprise continue à
prendre des parts de marché.
Un risque possède :
–– une cause ;
–– une probabilité d’occurrence (exprimant l’incertitude) ;
–– un impact (ou montant en jeu).
Un impact négatif sur les objectifs du projet (retard dans les
échéances, surcoûts, etc.) est considéré comme un risque négatif, ou
une menace. Alors qu’un impact positif est considéré comme un risque
positif ou une opportunité.
Un problème est un risque négatif qui est déjà apparu et ne doit donc
plus être traité comme un risque.
Le management des risques doit débuter le plus tôt possible et être
logiquement mis en œuvre tout au long du projet.
29
1. Le projet se joue avant le projet
30
Le développement de tout produit peut se faire en suivant diffé-
rents cycles de design. Le cycle le plus connu est le traditionnel cycle
en V. Toutefois, l’accélération de la demande, la mise en perspective des
besoins a amené à imaginer d’autres méthodes plus itératives en fonc-
tion de critères comme :
–– le client a besoin très rapidement d’une évolution qui peut être blo-
quante ;
–– le client souhaite acquérir le produit très vite, même si certains mor-
ceaux (route ouverte que dans un sens de circulation) ne peuvent le
satisfaire… ;
–– le client, très disponible, ne connaissant que très sommairement son
idée, souhaite la faire évoluer pendant le projet au regard de l’évolu-
tion des technologies. Il souhaite rester « agile » ;
–– à l’opposé, le client connaît parfaitement son besoin et ne souhaite
que retrouver dans quelques mois/années le fruit du projet. Il ne sou-
haite pas du tout s’impliquer car son objectif est très bien défini.
On voit très bien que sur ces différents exemples, le projet n’aura pas
le même aspect temporel.
Un choix de la méthode de développement linéaire ou itérative sera
donc un impératif à la continuité des autres activités.
Règle 11
Évaluez des durées réalistes. Ne misez ni sur les miracles ni sur les catas-
trophes : appuyez-vous sur des expériences et procédez par analogies.
La durée à prendre en compte est souvent légèrement supérieure à celle qui est
considérée comme la plus probable. n
31
1. Le projet se joue avant le projet
Probabilité de réalisation
dans le délai optimal
32
Attention à « l’effet d’annonce » du délai. Il peut être utile d’annon-
cer un délai différent aux acteurs du projet et au négociateur.
Pour l’acteur, le délai crédible est le délai réputé le plus probable
(mais ce dernier a peu de chances d’être réalisé).
Pour le négociateur, le délai à convenir avec le client est souvent
légèrement supérieur car il inclut une provision pour aléas.
On peut utilement procéder de la manière suivante en s’inspirant de
l’expérience (approche dite probabiliste) :
Fréquence
Durée
a m b
X
Figure 1.3 – Répartition des durées en fonction de leur fréquence
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33
1. Le projet se joue avant le projet
34
Un projet d’électroménager « tendu » mais réussi
Christian S. est chef de projet dans une entreprise d’électroménager. Les projets
de produits nouveaux doivent aboutir chaque année à date fixe.
Un nouveau produit est décidé tardivement par la direction du marketing. Il faut
réduire le délai de développement habituel de 10 à 8 mois. Le pari est difficile.
Christian S. réunit son équipe qui examine les lots de travaux un à un.
Chaque métier estime les durées qui dépendent de lui. Le verdict est : délai
intenable avec les méthodes de travail habituelles. Pour respecter le délai, on
devra favoriser la simultanéité des actions intermétiers et prendre des risques
techniques.
Compte tenu de la criticité du délai, l’équipe décide de se réunir une fois par
semaine pour faire le point. En cours de projet, des réajustements s’imposent,
la simultanéité des actions est renforcée et Christian S. stimule les relations de
soutien entre les métiers.
Huit mois plus tard, le projet aboutit et son résultat est plébiscité par
la direction.
Ce succès est dû à l’application de trois principes :
1. Le groupe de projet n’a pas cédé à la tentation de réduire arbitraire-
ment les évaluations de durées pour les faire « coller » aux objectifs. Il
a accepté, dans un premier temps, le constat de non-faisabilité dans
les conditions initialement prévues : principe de réalisme.
2. Le groupe a accepté de changer sa méthode de travail (renforcement
de la simultanéité des actions) : principe d’acceptation du changement.
3. L
e groupe a pris des risques et s’est doté des moyens de les maîtriser
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35
1. Le projet se joue avant le projet
Le chef de projet peut craindre de faire peur s’il annonce très tôt
l’addition. Parfois, il pense simplement que « l’intendance suivra » et ne
cherche pas à chiffrer son projet avec vérité ou précision, pas plus qu’il
ne s’inquiète de l’origine des fonds.
C’est alors que suivront les négociations tardives et tendues ainsi que
les attentes de décisions qui ne le seront pas moins.
Dans ce cas, tout le monde est insatisfait : les dirigeants et les finan-
ciers perdent confiance dans l’équipe de projet pendant que cette
dernière rumine ses frustrations, son impatience et son sentiment d’im-
puissance.
Règle 12
Assurez-vous dès le départ du projet que les budgets seront disponibles au
bon moment. Vérifiez l’origine et l’accessibilité des fonds en cas de finan-
cements multiples.
1. Qui finance quoi et quand dans le projet ? Le dispensateur de fonds peut-il
se rétracter ?
2. L’ensemble des dépenses du projet est-il entièrement couvert ?
3. Les risques financiers sont-ils provisionnés ? n
Pour s’assurer que les budgets seront disponibles, procéder dans
l’ordre suivant.
1. Évaluer les dépenses internes (en fonction du travail à réaliser) phase
par phase en incluant les risques liés aux incertitudes techniques mais
aussi organisationnelles, sociales, politiques, écologiques et régle-
mentaires. Par exemple, études, prototypage, essais et recettes ou tests
commerciaux.
2. Évaluer les dépenses externes (achats, sous-traitance, expertises…) en
incluant les risques dus aux parités monétaires, aux engagements
des fournisseurs, aux cours des matières premières. Par exemple,
taux de change du dollar, travail en régie d’un fournisseur, cours de
l’or ou du cuivre.
3. Positionner chaque dépense dans le temps, éventuellement répartie par
origine de financement. Par exemple, études financées par le client et
études financées sur les fonds propres de l’entreprise.
4. Établir un plan de dépenses dans le temps : par budget ou par source de
financement. Évaluer dans chaque cas la provision à prévoir pour
couvrir les risques.
Le résultat de la prévision gagne en lisibilité s’il est mis en graphique.
Cela facilite la communication et la négociation.
36
Un projet en stand by faute de budget
Denis H. conduit un projet de produit nouveau destiné aux grandes surfaces.
Le projet est ambitieux quant aux quantités annuelles visées, et atypique par
rapport aux produits traditionnels de cette entreprise.
Denis H. planifie son projet très tôt et détermine les dépenses d’études, de pro-
totypage et de tests marketing. Sa recommandation à la direction passe sous
silence les évaluations d’investissements industriels pour la production en série :
« C’est pour dans deux ans. On verra plus tard. Si on présente tout maintenant,
on va faire peur », déclare Denis.
Au moment de préparer le passage de la production en vraie grandeur, il s’af-
fole : « L’investissement est énorme, la direction n’acceptera jamais ! ». Il entame,
malgré tout, les négociations nécessaires et se résout à aller plaider sa cause au
siège social de l’entreprise.
Tollé des financiers : « Si nous avions su ça, nous n’aurions pas lancé ce pro-
jet », « Cherchez une autre solution technique, c’est inacceptable », « Vous nous
auriez dit ça il y a plus de deux ans, nous aurions peut-être pu provisionner mais
maintenant, ça ne passe pas dans le plan d’investissement… »
Le projet est suspendu et reporté sur un exercice suivant.
A
Phase 2
B
A
Phase 3
B
A
Phase 4
B
A
Phase 5
B
Total A
par B
budget
Total Général 1 2 4 8 16 19 19 16 8 4 2 1
Cumul 1 3 7 15 31 50 69 85 93 97 99 100
37
1. Le projet se joue avant le projet
100
90
80
70
Coûts
60
50
40
20
0
P1 P2 P3 P4 P5 P6 P7 P8 P9 P10 P11 P12
Périodes
Figure 1.5 – La courbe des coûts cumulés (courbe dite « en S »)
Chers robots…
38
par les clients) et les budgets. Il faudra faire des investissements importants en
robotique pour augmenter la capacité de production. Ces investissements ne
s’amortiront pas sur cette seule commande.
Michel T. consulte les fournisseurs, chiffre les nouveaux moyens de production
ainsi que leurs coûts d’installation et de mise au point. La note est « salée ». Que
va dire la direction ?
Après examen des budgets, la direction accorde les fonds nécessaires. Parallèle-
ment, elle demande au commercial de rechercher de nouvelles commandes du
même type pour amortir plus rapidement les investissements.
de convergence ;
–– les autres projets pour lesquels on posera le double principe de cohé-
rence et de convergence. Le chef de projet aura également à s’interro-
ger sur leurs priorités (voir pour ce critère le chapitre des enjeux).
Éthique Convergence
39
1. Le projet se joue avant le projet
Règle 15
Vérifiez que le projet respecte les usages et les valeurs du corps social de
l’entreprise. Si tel n’est pas le cas, adaptez l’organisation du projet ou
menez une stratégie d’alliés envers les opposants potentiels.
1. Que faut-il faire pour éviter les risques de rejets et entraîner l’adhésion des
acteurs clés ?
2. Risque-t‑on de heurter des « irréductibles » ? Si oui, comment gérer cette
opposition potentielle ? n
40
besoin d’un client. Il aura probablement la tentation de chercher à faire
plus, mieux ou nouveau.
Un changement d’organisation ou la mise en place d’un nouveau
système d’information peut conduire les acteurs au sentiment de
perdre leur métier. De plus, un tel projet suscite de multiples inquié-
tudes, tant chez les opérateurs concernés que chez les partenaires
sociaux.
Enfin, certaines professions dont les objectifs sont sociaux peuvent
avoir une haute idée de leur « devoir » ou de leur « mission ».
Pour appliquer la règle, on peut procéder de la manière suivante.
1. Identifier les éléments majeurs composant l’éthique de l’entre-
prise :
–– les usages : « Chez nous, on a l’habitude de… » ;
–– les valeurs : « Ce qui est important dans notre métier, c’est… ».
2. Comparer les usages et les valeurs de l’éthique aux pratiques et
valeurs du projet.
3. Relever les contradictions potentielles entre le projet, ses objectifs,
son organisation et l’éthique de l’entreprise.
4. Chercher le (ou les) moyen(s) de neutraliser les effets des contra-
dictions (adaptation de l’organisation du projet, stratégie d’alliés,
adaptation des objectifs, campagne de communication et d’infor-
mation…).
5. Repérer les acteurs ou groupes d’acteurs qui risquent de rester oppo-
sants (pertes de territoires ou de prérogatives, contradictions idéo
logiques, habitudes bousculées).
6. Définir la manière dont ces acteurs vont pouvoir être gérés.
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Cas d’entreprise
42
Ce comité est présidé par le responsable du personnel (expert de la
gestion des processus pour le projet).
La structure de soutien est indépendante de la hiérarchie des métiers
et rend compte directement au directeur général. La stratégie d’alliés
fonctionne sur deux plans :
–– la transparence avec les représentants du personnel et les élus ;
–– la mise en place d’une structure d’experts hors hiérarchie.
Directeur
général
Expert plannings
Expert informatique
Comité d’accompagnement
43
1. Le projet se joue avant le projet
Règle 16
Assurez-vous que les enjeux du projet contribuent directement à la réalisa-
tion de la politique de l’entreprise.
1. Quels sont les objectifs stratégiques de l’entreprise ?
2. Quels sont les enjeux du projet ?
3. En fonction de ces enjeux, quelle est la priorité et l’importance du projet par
rapport aux autres ?
4. Les enjeux du projet entrent-ils directement dans les choix stratégiques ?
5. Dans la négative, faites réévaluer l’urgence et l’importance de votre projet
par la direction.
6. Si la priorité et l’importance du projet sont faibles, ne serait-il pas préférable
de le retarder ou de l’abandonner ? n
Enjeux convergents
Enjeux stratégiques
Lorsque la valeur stratégique d’un projet n’est pas démontrée (et par-
fois pas démontrable), il perd sa priorité au profit d’autres plus straté-
giques, même s’ils ont des enjeux plus faibles.
De reports en contretemps, le projet non ou faiblement stratégique
peut s’arrêter inachevé.
Dans un premier temps, bien appréhender les objectifs stratégiques.
Lorsqu’il existe un plan ou un programme à terme (plan de progrès, pro-
jet d’entreprise…), la chose est largement facilitée. Dans le cas contraire,
il vaut mieux dégager une stratégie a posteriori en fonction des décisions
prises et des projets qui aboutissent ou ont abouti récemment.
Dans un second temps, comparer les enjeux du projet aux enjeux stra-
tégiques identifiés. Lorsque les enjeux du projet vont majoritairement
dans le même sens que ceux de la stratégie, le projet sera dit convergent
44
ou stratégique. Il a les meilleures chances de parvenir à son terme et de
bénéficier des moyens adaptés. Si, à l’inverse, les enjeux du projet sont
différents, voire contraires, aux enjeux stratégiques, le bon déroulement
du projet est peu probable et l’atteinte des objectifs est compromise. Il sera
dit non convergent s’il est neutre par rapport à la stratégie ; il sera dit diver-
gent si ses enjeux s’opposent à ceux de la stratégie. La décision de lancer
le projet doit alors être remise en cause. Il peut être abandonné ou différé.
NOTE : Procéder dans l’ordre chronologique afin de faire apparaître les éventuelles
évolutions de la stratégie.
Enjeu A
Enjeu B
Enjeux Enjeu C
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du
projet Enjeu D
Enjeu E
Marie-José est chef de projet pour le lancement d’un nouveau fromage. La direc-
tion a mis la pression sur les délais et l’équipe a réalisé une bonne performance.
Lors des marchés tests, l’accueil du public est bon. Le prix de revient et les
marges entrent dans les standards. Tout semble fin prêt.
45
1. Le projet se joue avant le projet
Règle 17
Alignez les objectifs du projet pour en garantir la cohérence.
1. Le projet a-t‑il des objectifs cohérents ?
2. Les objectifs du projet sont-ils en cohérence avec la stratégie de l’entre-
prise ? n
46
– le quatrième ouvrier annonce qu’il taille des pierres ;
– le cinquième décrit qu’il prépare des pierres pour la construction de murs ;
– le sixième ouvrier ajoute qu’il construit le mur pour une cathédrale ;
– le dernier exprime le fait qu’il construit un lieu de prière.
Finalité
Finalité
Impact
Impact
Produit
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Ressources
47
1. Le projet se joue avant le projet
On voit dans cet exemple que les différents acteurs qui exécutent le
même travail contribuent tous à la même finalité mais ont une vision
différente de leur action. C’est la même chose dans le projet qui doit
canaliser toutes ces visions vers le même but pour l’entreprise.
48
Règles qui vérifient « l’écologie » du projet
1. Définissez les formes d’organisation à mettre en place.
2. Identifiez les acteurs hors projet et les limites de leurs prérogatives et respon-
sabilités.
3. Assurez-vous que le projet respecte les valeurs et les usages de l’entreprise ou
qu’il est organisé pour gérer et maîtriser le changement.
4. Assurez-vous que le projet est convergent par rapport aux enjeux et objectifs
de la stratégie d’entreprise.
5. Assurez-vous que le projet ne dépend pas d’un autre ou qu’il n’en conditionne
pas un autre.
Enjeux Objectifs
L’idée L’idée (pourquoi Développer
initiale Préciser définie Justifier (ajuster et
réaliser développer
l’idée) l’idée)
É v a l u e r l a f a i s a b i l i t é et l e s r i s q u e s
Risques techniques
Vé r i fi e r l ’ é c o l o g i e d u p r o j e t
Autres
Organisation Éthique Stratégie projets
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49
Chapitre 2
Organiser la réussite
dès le lancement
du projet
Executive summary
51
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
52
–– regrouper et mobiliser les compétences nécessaires à la réussite du projet
et en optimiser l’utilisation.
La CPLP contribuera à éclaircir la situation et préciser les règles du
jeu. En bref, éclairer la route du projet.
Règle 19
Donnez un nom à votre projet. Ce nom n’a pas forcément de rapport
direct avec le projet mais suggère une image, une idée ou une sensation.
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53
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
Règle 20
L’équipe de projet se trouve un nom. Établissez une complicité entre les
partenaires à travers ce nom.
Le nom de l’équipe peut être raisonnable ou délirant. En rapport avec l’objectif
du projet ou totalement étranger. Le but est que l’équipe l’accepte comme
signe de reconnaissance ou, mieux, de complicité. n
Règle 21
L’équipe de projet doit posséder un lieu de rassemblement, de partage et
de « sauvetage ».
1. Permet-on à l’équipe d’avoir une existence physique ?
2. L’équipe peut-elle échanger, construire ensemble ?
3. Les membres peuvent-ils consulter l’avancement du projet quelque part ? n
54
Le livrable construit par les membres de l’équipe sera la résultante de
leurs expériences et de leurs interactions passées. Il sera fonction, d’une
part, de la tâche à accomplir, et d’autre part, de l’organisation du tra-
vail d’équipe (par exemple, la définition du statut de chaque membre,
ses responsabilités, son rôle…). Tous ces aspects sont très importants et
peuvent être définis pour la plupart en amont.
Il existe toutefois dans le projet des livrables transitoires et dyna-
miques, c’est-à-dire des livrables qui n’apparaissent qu’en cours de
projet. Ces livrables sont plus délicats à moduler. Ils font appel à une
« conscience de la situation » très développée pour être pertinente.
Chaque membre de l’équipe doit percevoir son environnement, déceler
les éléments pertinents, les comprendre pour se projeter dans le futur
et accomplir son action. Pour que ces deux composantes permettent
le développement de la performance collective du projet, elles doivent
être totalement partagées par chaque membre de l’équipe. Plusieurs
types de partage existent mais, pour une tâche particulière, il y aura à
chaque fois des contenus partagés par tous les membres et des contenus
plus spécifiques à chaque individu. Les informations sur les contenus
peuvent être partagées par les membres de l’équipe de façon verbale
ou non verbale, explicite ou implicite et donc le lieu symbolique de
rassemblement et d’échange doit être défini. Il peut s’agir d’une salle,
d’un bureau… mais il doit être le lieu commun d’échange de l’équipe.
Il doit lui appartenir… Toute équipe se réunit, a des moments de par-
tages, de contribution et quelquefois de confrontation. Penser à réser-
ver cet espace dans lequel on pourra retrouver une entité physique
retraçant les grands moments du projet. Ce sera le point de ralliement
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de l’équipe. Cet espace regroupera s’il s’agit par exemple d’une salle
dédiée :
–– le planning du projet ;
–– les objectifs ;
–– la liste des livrables à venir, en cours et terminés ;
–– un état d’avancement des coûts…
Avant chaque événement important, une revue de la salle de contrôle
devra être effectuée. Cette salle permettra aux membres de pouvoir
consulter l’état d’avancement du projet, connaître la santé du projet…
Cet espace sera muni de nouveaux moyens de communication comme
la visioconférence pour permettre le partage avec des membres déloca-
lisés. Toutefois, cet espace devra être partagé même avec ces membres
physiquement régulièrement…
55
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
Règle 22
Prenez en compte les spécificités des différentes cultures en présence.
Analysez les différences interculturelles.
1. Quels sont les grands traits des cultures en présence ?
2. Quels sont les points communs et divergents selon les axes projets ? n
56
–– Le style de management défini, comment la gestion d’un ou du
groupe d’acteurs de projet est réalisée pour atteindre les objectifs ?
Quelle est l’organisation, la coordination, la communication ?
–– La responsabilisation décrit la valeur propre intrinsèque de l’indi-
vidu. Comment l’acteur du projet réagit-il aux devoirs et obligations
qui lui sont imposés par le projet et qui ne sont pas totalement en
accord avec ses propres optimums de pensées ? Comment réagit-il aux
choix décidés par le projet ?
–– Le critère de performance définit l’intérêt qui est apporté aux
résultats.
–– Le planning est la programmation d’actions et d’opérations à venir.
Dans certaines approches culturelles, le planning est une vision à
court, moyen ou très long terme.
–– Le management des risques identifie la façon d’appréhender les
risques dans une culture. Sont-ils analysés, calculés, anticipés ? Com-
ment réagit la culture en question face aux risques ?
–– Acceptante de la diversité. Ce point identifie le pays ou la culture
face à l’étranger. En d’autres termes lorsque l’on aborde le mode projet
entre deux cultures différentes, est ce que la culture en question est
à l’écoute vis-à-vis de l’étranger ? S’adapte-t‑elle aux propositions de
l’autre, est-elle prête à communiquer dans une autre langue ?
Certaines personnes confondent l’équipe de projet et les acteurs du pro-
jet. Tout acteur du projet ne fait pas fatalement, partie de l’équipe.
Mais tout acteur de projet a un rôle à remplir et, en contrepartie, a de
légitimes attentes. En particulier celle d’être informé.
D’une manière générale, les acteurs des projets sont classés selon six
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profils :
1. Le chef de projet qui a en charge l’atteinte des objectifs de qualité
(aptitude à remplir le besoin, innovation, service) et le respect des
contraintes calendaires et budgétaires.
2. Les coéquipiers, qui dans l’équipe de projet, vont devoir produire en
fonction de leurs compétences respectives et rendre comptes de leurs
travaux. Dans une organisation matricielle, ils assurent le lien entre
le projet, représenté par le chef de projet, et le métier, représenté par
le responsable hiérarchique.
3. Les experts conseils, qui apportent une compétence spécifique et
ponctuelle dans le cadre d’un contrat écrit ou moral en relation avec
le projet. L’expert conseil est mandaté par un métier (un coéquipier
ou sa hiérarchie).
57
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
4. Les experts délégués qui valident ou invalident les choix techniques
opérés par l’équipe de projet. Ces experts délégués interviennent
aux moments des revues techniques de projet.
5. Le directeur du projet qui, pour un projet important, soutient le chef
de projet et décide des grandes orientations. Il accorde d’éventuels
reports calendaires ou dépassements de budget en fonction des
« recadrages » du projet. Il entérine les choix techniques majeurs et
leur cohérence.
6. Le comité de pilotage interprojets représente la direction générale et
arbitre les priorités. Ce comité est également chargé de définir et de
maintenir, à travers la « Charte », des règles du jeu communes aux
différents projets de l’entreprise.
Comité de
pilotage Directeur de
inter projets projet
Experts
Responsables délégués
des
métiers Chef de projet
Coéquipier C
Coéquipier D
Coéquipier A
Coéquipier B
Coéquipier E
Experts
conseils
Équipe de projet
58
de la complexité à la gestion du projet en multipliant les interfaces.
Elle tend à réduire la motivation de l’équipe de projet. En effet, la
hiérarchie est impliquée dans de nombreux projets en même temps
ainsi que dans des challenges de métier.
2. Le second est de gonfler déraisonnablement l’effectif de l’équipe de
projet avec des personnes, fonctionnelles ou hiérarchiques, qui n’ont
pour but que de s’informer. Questionneurs impénitents, ces acteurs
freinent l’avancement des travaux et alourdissent inutilement le
déroulement des réunions. Leur attente d’information, pour aussi
légitime qu’elle puisse être, doit être satisfaite par d’autres moyens.
Mais au fait, qu’attend-on au juste de cette équipe de projet ?
L’équipe de projet est une micro-entreprise dont l’objectif premier
est de réaliser les ambitions techniques et respecter les contraintes éco-
nomiques et calendaires du projet.
Règle 23
Limitez le nombre de coéquipiers du projet à ce qui est gérable. Ne prenez
que les acteurs qui apportent une valeur ajoutée propre à votre projet.
Négociez le retrait des curieux et des inquiets. Ne conservez que le cercle
rapproché ou les membres permanents de l’équipe projet.
1. Évitez, la présence de liens hiérarchiques directs au sein de l’équipe.
2. Chaque coéquipier doit avoir le pouvoir de s’engager sur des objectifs ou
des actions.
3. Si un hiérarchique veut filtrer les engagements de ses collaborateurs, négo-
ciez le processus de validation de ces engagements afin d’éviter un filtrage
systématique. n
chacune :
–– identifier le ou les coéquipier(s) impliqué(s) ;
–– pour chaque coéquipier, définir quelle est sa valeur ajoutée directe : ce
qu’il apporte personnellement dans la réalisation du projet.
1
2
»
59
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
3
4
5
…
Cas d’entreprise
60
Règle 24 – Précisez les rôles et les engagements
de chaque acteur
Les spécialistes en management gèrent le fonctionnement d’une équipe
de projet comme celui d’une équipe sportive. L’expérience leur donne
raison.
Ce principe suppose que chaque acteur ait un rôle précis qui corres-
ponde à ses compétences, un engagement ferme et résolu, des moyens
et un entraînement suffisants. Cela suppose aussi que chacun respecte
les prérogatives et les décisions, ses contraintes et celles des autres,
lorsqu’elles sont de leur ressort.
Dans une équipe de handball, l’ailier ne prend pas la place du pivot
et le gardien de but ne détale pas dans le camp adverse lors d’une contre-
attaque. Par contre, chacun est attentif au jeu, à la position et même aux
intentions de l’autre. Comme dans un projet, c’est l’équipe qui gagne ou
qui perd et pas seulement son capitaine.
Chacun tient toute sa place mais rien que sa place et chacun aide et
soutient tous les autres autant qu’il le peut.
Règle 24
Dès le lancement du projet, précisez ce qui est attendu de chacun en
termes d’actions et d’information. Définissez de quoi il doit répondre et
devant qui. Négociez et précisez ses limites d’autonomie.
Pour chaque coéquipier, s’interroger sur les points suivants :
1. Dans quelles conditions doit-il décider et dans quelles autres doit-il faire
appel à une validation ou à un arbitrage ?
2. Quelles informations doit-il aux autres coéquipiers, au chef de projet et à son
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responsable de métier ? n
61
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
son apport. Il est non moins nécessaire que chacun se persuade que
l’autre représente non un danger mais un complément ou un renfort.
Le chef de projet n’obtient ce sentiment de performance et d’objectif
collectif que si chaque acteur du projet sait exactement ce qu’il doit
faire, de quoi il est responsable et quelles sont ses limites d’actions et de
prérogatives.
Définir pour chaque partenaire de l’équipe de projet :
–– les actions qu’il doit piloter (qu’il en soit l’exécutant ou non) ;
–– ce dont il est responsable (par exemple performances techniques et
délais) ;
–– jusqu’où il a la liberté de choix ;
–– quelles sont les informations qu’il doit transmettre et à qui ? Pour quand ?
Équipe de projet :
Responsabilités Obligations
Coéquipiers Lots Autonomie
et engagements d’information
(membres de tâches (limites
(techniques,
de l’équipe ou missions à la liberté
calendaires
de projet) affectées de choix) Quoi À qui
et budgétaires)
Acteur A
Acteur B
Cas d’entreprise
Contractualiser le projet
choix sont faits, des décisions sont prises et, quelques mois plus tard,
tout le monde a oublié. Les enjeux ne sont plus aussi clairs, les objectifs
fluctuent, les conditions de réalisation varient au gré des humeurs et de
la mobilité des décideurs. L’équipe ne sait plus à quel saint se vouer et
parfois se décourage carrément.
Pour rendre à la réunion de lancement tout son poids et pour
contractualiser les buts du projet et ses conditions d’exécution, faites
de la réunion de lancement une revue à part entière. Elle sera retenue
comme la naissance de votre projet même si beaucoup d’actions ont été
conduites auparavant.
Cette revue permet de rappeler les enjeux, les objectifs et les condi-
tions de réalisation de votre projet. Elle renforce son existence et affirme
63
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
Règle 25
Faites de la réunion de lancement de projet une revue de lancement.
1. Validez chaque point important : enjeux, objectifs, engagements vis-à-vis des
tiers et conditions de réalisation (moyens et ressources, obligations diverses et
structures d’arbitrages).
2. Faites signer le compte rendu (ou procès-verbal) de la revue par tous les
participants. n
■■ Avant la revue
Négocier la participation des acteurs pertinents :
–– expliquer à chaque acteur pourquoi son intérêt est d’y participer ;
–– indiquer clairement l’objectif de la revue et ses limites.
■■ Pendant la revue
Éviter les débordements.
–– chercher le consensus ;
–– reformuler clairement les engagements pris de part et d’autre.
■■ Après la revue
Rédiger un compte rendu précis centré sur les engagements et les règles
du jeu.
Engager les acteurs par leur signature.
Diffuser le compte rendu à tous les acteurs concernés (votre légiti-
mité de chef de projet en dépend pour une grande part).
64
Cas d’entreprise
65
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
d’objectifs. Pour que chacun adhère, il est nécessaire qu’il perçoive bien
en quoi l’autre lui sera utile et quel sera exactement son apport. Il est
nécessaire que chacun se persuade que l’autre représente non pas un
danger mais un renfort. Ce sentiment de performance et d’objectif col-
lectif ne peut être atteint que si chaque acteur du projet sait exacte-
ment ce qu’il doit faire, de quoi il est responsable et quelles sont ses
limites d’actions et de prérogatives. Cela est d’autant plus difficile que
des intérêts divergents peuvent exister dans le projet. Pour deux métiers
différents, le projet peut prendre la décision de ne pas respecter leurs
optimums respectifs (ce qui risque de frustrer et créer des conflits entre
les acteurs) pour respecter l’optimum du projet.
Règle 26
Pensez à la globalité de la décision et non plus à son optimum métier.
1. Est-ce que la décision qui va être prise est bien l’optimum pour le projet
même si elle n’est pas l’optimum pour mon métier ?
2. Transformer les conflits en avantages pour le projet. n
La bicyclette
66
Les deux derniers types de conflits ont un intérêt positif sur le projet
quand ils améliorent la qualité des décisions, stimulent la créativité,
l’innovation et encouragent la curiosité et l’intérêt parmi les membres
du groupe. Les conflits dans ces cas fournissent un moyen à travers
lequel les problèmes peuvent être détectés, étudiés et solutionnés. Pour
la résorption du conflit on va favoriser l’apaisement des tensions et créer
un environnement d’autoévaluation et de changement.
Ces deux derniers types de conflits permettent :
–– de faire apparaître différents points de vue,
–– de prendre en compte de minorités et de leurs idées ;
–– de remettre en cause le statu quo ;
–– de favoriser la génération d’idées nouvelles ;
–– d’améliorer la qualité des décisions ;
–– de faciliter le changement.
Bien entendu l’ensemble de ces points positifs peut être obtenu si
l’on sait traiter le conflit et en retirer les avantages. Il est bien entendu
que ces avantages peuvent être obtenus aussi sans conflits.
2. Faites ressortir quels sont les objectifs spécifiques du projet. Cela formalisera
le « challenge ».
3. Précisez quelles sont les contraintes budgétaires et calendaires du projet. n
67
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
68
interne que passe le chef de projet ou l’équipe de projet avec son don-
neur d’ordres. Ce dernier représente la direction générale et agit en son
nom.
Si la revue de lancement a eu lieu, son compte rendu fait office de
lettre de mission. Parfois, au contraire, c’est la lettre de mission qui sert
de liste des points clés à valider au cours de la revue.
Il est préférable de rédiger la lettre de mission avant la revue de
lancement. Cela laisse le temps de négocier d’éventuels points litigieux,
d’acquérir des informations manquantes ou de préciser des zones de flou.
Règle 28
Écrivez votre lettre de mission et proposez-la à votre donneur d’ordres
comme s’il s’agissait d’une offre commerciale. Négociez-la comme vous
négocieriez n’importe quel contrat. La lettre de mission vous engage en
tant que fournisseur mais engage aussi votre direction en tant que client.
1. Rappelez les enjeux dans la lettre de mission. Ce sera un élément fort de la
motivation de votre équipe de projet.
2. Faites ressortir les objectifs spécifiques du projet. Cela situera d’emblée le
« challenge ».
3. Précisez les contraintes budgétaires et calendaires du projet. C’est une don-
née majeure du « contrat ».
4. Définissez les obligations d’information et de reporting, qu’elles soient
contractuelles vis-à-vis d’un client, ou seulement une exigence interne. Elles
font partie de votre prestation.
5. Si possible, identifiez les risques majeurs encourus par le projet et la manière
dont ils pourront être gérés. n
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69
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
La lettre de mission qui suit a été rédigée au lancement d’un projet de recherche
de technologies nouvelles pour le traitement de déchets dangereux.
L’une des contraintes fortes de ce projet était de ne pas investir en études ou
d’investir à moindre frais. Il s’agissait donc de trouver des technologies « prêtes
à l’emploi » et d’en négocier les droits d’utilisation.
L’idée Utiliser des techniques d’expertises non destructives pour contrôler les colis
Performances Les technologies à retenir sont celles qui ont déjà fait
et coûts l’objet d’une validation par les industriels en privilégiant
Objectifs
celles qui bénéficient d’un retour d’expériences.
du projet
Ces techniques devront être transposables aux colis
directement ou après adaptation.
Total
= 3 100
Règle 29
Délimitez bien le type de fournisseur et le rôle des fournisseurs dans le
projet.
1. Faire signer systématiquement des contrats de confidentialité.
2. Consultation avec des cahiers des charges fonctionnels si le fournisseur est
majeur.
3. Adapter les critères de sélection au type de fournisseurs. n
72
la connaissance, ce genre de fournisseur et de choix sont judicieux et
peuvent se révéler juteux économiquement. Les fournisseurs de ce type
n’auront alors que peu de ressources consacrées à la R & D… Le revers
de ce genre de fournisseur est le fait qu’ils aient un savoir qui peut se
révéler limité.
Dans le cas des fournisseurs partenaires, le fournisseur est choisi
car il possède la compétence dont on ne dispose pas en interne la plu-
part du temps. Dans un projet, on fait appel à des compétences dont
on ne dispose pas en interne, tant sur le plan matériel que sur le plan
intellectuel. L’appel à un tel fournisseur trouve tout son intérêt dans la
mesure où toute organisation ne peut pas conserver toutes les sortes de
compétences dont elle peut n’avoir besoin que de manière épisodique.
Les fournisseurs de ce type auront une grande part des ressources consa-
crées à la R & D. Pour manager ce genre de fournisseurs, après signature
d’un contrat de confidentialité, la consultation sera faite au moyen d’un
cahier des charges fonctionnel décrivant uniquement le besoin fonc-
tionnel dont a besoin le projet. Les réponses de ce genre de fournisseurs
seront d’ordre de solutions. Les critères de sélections seront adaptés aux
réponses des consultés.
Au regard de ces deux types de fournisseurs, les rôles qu’ils tiendront
ne seront pas les mêmes. Un fournisseur partenaire sera introduit dans le
projet très en amont pour pouvoir faire bénéficier au projet de toutes les
technologies, de tous les « savoirs faire » et de toutes les expériences dont il
dispose et que l’organisation n’a pas les moyens ni les rôles de tenir à jour.
Règle 30
Définissez comment le projet va travailler avec ses fournisseurs.
1. Quels sont les processus applicables pour travailler avec les fournisseurs ?
2. Avec quels fournisseurs peut-on travailler ?
3. Répondre à la question : sous-traiter ou fabriquer soi-même ?
4. Formaliser comment aborder la consultation, consulter, choisir. n
73
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
74
• Il faut quand même s’assurer de la disponibilité du ou des fournisseurs
pour effectuer le travail
–– Le fournisseur a-t‑il une licence ?
–– Plusieurs fournisseurs sont-ils susceptibles de nous fournir ?
• La concurrence est aussi un facteur
–– Qu’est-ce qui est le plus rapide au regard de la position de la concur-
rence ?
–– Y a-t‑il une information qui devrait être gardée secrète ?
• Les éléments sociaux peuvent entraîner une décision
–– De telles décisions ont-elles un impact sur les effectifs ?
–– Le projet peut-il absorber le changement ou la charge de travail ?
–– Y a-t‑il manque de compétence ? Faut-il envisager un transfert de
compétence ?
• Les éléments politiques ou stratégiques
–– Cet investissement est-il cohérent avec la stratégie à long terme de
l’entreprise ?
–– Y a-t‑il une quelconque réglementation qui interdit la délégation
(règles d’export control pour la fourniture militaire à certains pays) ?
• Les éléments environnementaux
–– L’entreprise a-t‑elle connaissance des obligations environnemen-
tales du produit ou du service à fabriquer ?
75
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
Règle 31
Associez vos fournisseurs et sous-traitants à vos démarches de progrès
(coûts, délais et performances techniques). Cherchez avec eux la meilleure
collaboration possible afin que le jeu soit gagnant pour les deux parties.
1. Étudiez en commun la contrepartie que le client accorde à l’apport du sous-
traitant. Dans la mesure du possible, travaillez en partage de risques autant que
de gains.
2. Assurez-vous que l’engagement de l’un trouve une contrepartie dans l’enga-
gement de l’autre.
3. Contractualisez les sanctions en cas de défaillance d’un partenaire. Un
engagement n’est réel que si la sanction est prévue et applicable.
4. Identifiez très tôt comment seront gérés les progrès réalisés, même hypothé-
tiques, et qui en sera propriétaire. n
■■ La stratégie « gagnant-gagnant »
Plutôt que « jouer contre », les acheteurs tentent de « jouer avec ». De
part et d’autre, on joue la transparence et l’intégrité des informations.
On partage le fruit de l’effort collectif.
C’est le concept du jeu gagnant-gagnant. Cette idée conduit à impli-
quer très tôt le fournisseur dans le processus d’études et de réalisation et
76
à en partager les risques et les résultats. Ce mode de fonctionnement est
concrétisé par différents types de contrats. L’invariant est que les deux
parties y trouvent leur compte : gains financiers, acquisition de savoir-
faire, propriété industrielle ou intellectuelle, charge de travail…
À l’opposé de la technique de l’essorage, certains grands donneurs
d’ordres s’assurent que leurs fournisseurs réalisent de la marge sur les
commandes qu’ils leur passent. Outre le fait d’assainir les relations, ce
principe provoque des démarches concertées de réduction de coûts qui
participent à une dynamique de progrès durable.
Plusieurs types de contrats peuvent être conclus entre clients et four-
nisseurs après bien sûr la signature d’accord de confidentialité. Nous en
proposons trois à titre d’exemples.
■■ Participation
du fournisseur à des réunions
de conception
Ce mode de fonctionnement implique le fournisseur lors de réunions
techniques de conception ou de définition.
L’apport du fournisseur consiste surtout à évaluer la faisabilité de
réalisation des solutions envisagées et leur impact sur les moyens à
mettre en œuvre. Le fournisseur ou le sous-traitant peut aussi proposer
l’utilisation de techniques qui lui sont propres ou de savoir-faire parti-
culiers qui constituent des avantages concurrentiels.
Dans une démarche de réduction des coûts, le fournisseur peut chif-
frer les hypothèses de solution en temps réels et, de ce fait, accélérer le
processus des choix techniques.
77
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
78
Construire le système d’information
interne du projet
Le système d’information du projet travaille sur deux registres majeurs :
• La gestion proprement dite qui vise la réalisation du projet dans les
budgets et dans les délais alloués.
• La partie technique qui traite des performances fonctionnelles et du coût
final du système réalisé (l’objet fabriqué ou la prestation produite).
Sur ces deux registres, on distingue ce qui relève de l’exécution de ce
qui relève de la validation et du pilotage.
Domaines
Technique Gestion
Réunions Réunions
techniques d’avancement
Réunions visant à produire (résolution (budgets et
des problèmes) calendriers)
Revues Reporting à
Réunions visant à valider techniques la direction
et décider (validation et (arbitrages et
irréversibilité réorientations)
des choix)
79
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
80
Indiquer dès le lancement du projet quelle fréquence vous comptez
donner à vos réunions d’avancement. Vos partenaires pourront ainsi les
prévoir sur leurs agendas. Choisir de préférence un datage répétitif (par
exemple le premier mardi de chaque mois), plus facile à mémoriser que
des réunions à dates aléatoires ou à période fixe (par exemple toutes les
deux semaines).
■■ Compte rendu
« Une réunion sans compte rendu n’a jamais existé ». Cette phrase
s’avère d’une vérité criante sur le terrain.
Au moment du lancement de projet, proposer déjà un modèle de
compte rendu très simple (voir tableau 2.5). Les coéquipiers identifie-
ront plus aisément le but de la réunion d’avancement.
81
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
Les actions planifiées sont celles qui figurent sur le planning initial,
Les non planifiées sont celles qui surgissent en cours de route.
Le numéro de l’action permet de faciliter les échanges.
Pour les actions en cours, il est bon d’en indiquer l’avancement
approximatif. La comparaison de cet avancement, d’une réunion à
l’autre, permet de contrôler la progression.
L’acteur peut être, suivant le cas, celui qui est chargé de piloter l’ac-
tion ou celui qui est chargé de la réaliser.
Le délai est la date de terminaison prévue de l’action.
■■ Le tableau magique
Il est écrit ci-dessus : « Une réunion sans compte rendu n’a jamais
existé. » Cette phrase peut être nuancée si la réunion d’avancement a
lieu par exemple à la fréquence quotidienne. Dans ce dernier cas, une
matérialisation de la réunion pourra se faire au travers d’un tableau
magique. Tableau car il peut s’agir d’un tableau découpé en 4 colonnes.
Ces colonnes seront :
1. Liste des actions à faire dans les semaines à venir
2. Liste des actions en cours de réalisation
3. Liste des actions en cours de vérification
4. Liste des actions terminées
Ce tableau pourra aussi prendre la forme électronique et un
grand nombre de logiciels du marché peuvent proposer des solutions
ludiques.
82
Règle 35
Organisez les réunions techniques dès le début du projet.
1. Limitez le nombre des participants aux personnes concernées par le pro-
blème à résoudre.
2. Définissez un plan de travail standard précis et rigoureux.
3. Prévoyez des apports d’expertises en dehors du groupe de projet si néces-
saire.
4. Instaurez le principe de conservation de la trace des choix et de leur justifi-
cation. n
Les risques qui guettent les réunions techniques sont assez voisins de
ceux qui polluent les réunions d’avancement : débordements hors sujet,
polémiques de spécialistes à cours d’idées mais non de convictions, ou
encore « guerres d’écoles ».
Pour peu que l’effectif de la réunion soit pléthorique, on peut avoir
deux quasi-certitudes :
• On évoquera beaucoup de choses et la réunion sera longue.
• On ne décidera rien… Et le chef de projet s’arrachera les cheveux !
La règle vise l’élimination des principales causes de dysfonctionne-
ment de ces réunions dites techniques. Elle doit, elle aussi, être annon-
cée très tôt dans le processus projet.
Les règles du jeu suivantes peuvent être proposées pour le choix des
participants des réunions techniques :
–– choisir les participants en fonction des apports concrets qu’ils sont en
mesure de fournir sur le sujet à traiter (expérience ou compétence
spécifique) ;
–– associer différents métiers pour avoir l’éclairage le plus exhaustif pos-
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83
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
■■ Convocation
■■ Déroulement
■■ Compte rendu
Restituer les choix, leur justification leurs conséquences. Le compte
rendu repositionne la réunion dans la chronologie du projet afin d’en
conserver la trace et de permettre d’anticiper sur d’autres projets.
Il ne passe pas sous silence les éventualités de solution abandon-
nées rapidement mais ne restitue que celles qui présentent un intérêt
réel.
84
Tableau 2.6 – Compte rendu de réunion technique
1 2 3 4 5
Solution retenue :
Points restant 1 -
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à valider :
2 -
3 -
Justification du choix
Raisons du choix
Conséquences du choix
85
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
Cas d’entreprise
86
Choix d’un scénario d’organisation dans une banque régionale
L’étude d’organisation d’un service du siège d’une banque régionale est en voie
d’achèvement. Plusieurs scénarios sont possibles. Tous semblent répondre aux
besoins. Tous sont à peu près équivalents en coût de fonctionnement. Lequel
choisir ?
Le groupe de projet appuie son choix sur les notions d’intérêt du travail pour les
opérateurs et de réduction des risques d’erreurs.
Chaque scénario est apprécié sur les critères suivants : coût et délais de mise en
œuvre ; autonomie des employés dans le scénario ; personnalisation des rela-
tions avec les clients ; risques d’erreurs dans les transmissions d’informations ;
risques d’erreurs dans le traitement des opérations.
Le résultat montre que les risques sont voisins d’un scénario à l’autre.
Par contre, un scénario émerge nettement sur l’aspect motivation (auto-
nomie et personnalisation des relations). Ce scénario sera « prototypé »,
dans le cadre d’une application limitée, avant d’être généralisé.
87
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
entérinent tout ou partie des extrants d’une phase de projet. Les dé-
cisions prises au cours de cette réunion deviennent en principe irré-
versibles, exécutoires, comprises et acceptées de tous les intéressés,
et permettent le franchissement des jalons marquant la fin d’une
phase ».
NB : C’est la seconde acception qui est retenue le plus souvent (le
terme de livrables étant préféré à celui d’extrants).
Règle 36
Définissez les revues comme étant le moyen de valider des acquis tech-
niques. Choisissez les acteurs de validation en fonction de leurs compé-
tences dans leur métier. Définissez les points de validation à l’avance.
Prévoyez d’examiner :
1. la conformité de ce qui a été produit (par rapport à l’amont).
2. la faisabilité de ce qui reste à produire (par rapport à l’aval). n
88
Définir le processus de déroulement d’une revue : avant, pendant et
après la réunion. Préciser le rôle des acteurs afin qu’il soit repris d’une
revue à une autre. Lorsque les projets présentent de fortes similitudes
entre eux, établir une liste type des points clés à valider.
Chef de projet
Soutien Valideur
hiérarchique « amont »
du porteur Porteur
Valideur
« aval »
Animation et coordination
89
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
• Avant la réunion
1. Convoquer les participants en précisant l’objet de la revue et le péri-
mètre des éléments à valider.
2. Communiquer les documents à valider et, si nécessaire, la justifica-
tion des choix techniques.
3. Laisser un délai avant la réunion afin de permettre aux participants
de demander des éclaircissements ou des justifications. Dans la
mesure du possible, les questions et leurs réponses seront formulées
par écrit.
• Pendant la réunion
Découper la réunion en séquences et préciser la production de chacune
de ces séquences.
1. Préciser l’objectif de la réunion et rappeler les règles du jeu.
2. Exposer les éléments à examiner et à valider (en préciser les limites).
3. Présenter des points clés un par un et les examiner dans un but de
validation. Si besoin, demander des informations complémentaires
au porteur. Apporter une conclusion sur chaque point examiné (vali-
dation ou actions complémentaires à réaliser).
4. Récapituler les points dont la validation est définitivement acquise et
les points dont la validation n’est acquise que sous conditions (essais
à réaliser, simulation à opérer ou calculs de vérification). Lister les
points non validés et justifier cette invalidation.
5. R ésumer les actions qui restent à mener pour parvenir à la validation
totale.
• Après la réunion
Rédiger le procès-verbal de la réunion où figureront au moins les élé-
ments suivants :
–– points validés et considérés comme irréversibles ;
–– points validés sous condition d’obtention de certaines données ;
–– points non validés et pourquoi ;
–– ensemble des actions à réaliser.
NB : le jalon n’est franchi que lorsque les résultats sont obtenus défi-
nitivement.
90
Liste de contrôle dans une industrie de matériel de transport
Cette société, filiale d’un grand groupe français, développe des produits lourds
destinés aux transports en commun en milieu urbain. Chaque projet est découpé
en postes d’études et chaque poste d’étude fait l’objet de revues spécifiques.
Les revues sont conduites d’après une liste des points clés dont un extrait est
proposé, pour exemple, ci-dessous.
92
« Moi d’abord » s’écrient en chœur les chefs de projet lorsqu’il s’agit
d’allouer les ressources. « Moi d’abord » explique le salarié au jour des
augmentations de salaires. « Moi d’abord » affirment les fournisseurs à
l’adjudication d’un marché. Tout le monde prône l’intérêt général et
chacun défend ses intérêts propres.
Le chef de projet est une personne comme les autres et n’échappe
que difficilement au « moi d’abord ». Le projet le plus important et le
plus urgent à ses yeux, c’est le sien.
Règle 37
Identifiez, dès le lancement du projet, qui sera décideur en cas de manque
ou d’indisponibilité de ressources.
1. Identifiez qui sera arbitre et négociez les conditions de cet arbitrage.
2. Définissez le degré de liberté de l’équipe de projet en cas de dépassement
ou de transfert de budget.
3. Définissez de même les conditions d’un éventuel dépassement de délai pour
raison technique ou de limites des ressources. n
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93
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
94
Une caisse d’assurance-maladie privilégie une direction collégiale
Cette solution est pertinente dans ce milieu dont la culture est consen-
suelle. Parallèlement, la direction du projet mettra un groupe d’expert à
la disposition des chefs de projet. Cette mesure va aussi dans le sens de la
recherche de consensus car les experts ont un rôle consultatif.
Cas d’entreprise
95
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
■■ Lemanque d’information :
cause d’incidents diplomatiques
Dans de nombreux projets, l’information des acteurs internes, autre que
les réunions, n’est pas suffisamment gérée. Il s’ensuit nombre de dys-
fonctionnements dont les plus courants sont :
–– frustrations d’acteurs qui ont le sentiment de n’être pas reconnus
dans leur statut ou leur pouvoir ;
–– actions manquantes parce que l’acteur n’était pas au courant, avait
oublié ou pensait qu’un autre devait s’en occuper ;
–– remises en cause de décisions parce que le spécialiste n’a pas donné
son aval (il en est d’ailleurs très vexé).
96
ce type d’information est inutile. Erreur ! La fournir n’apportera rien,
mais ne pas la fournir peut engendrer bien des ennuis ;
–– l’acteur veut une information pour déclencher son action. Cette infor-
mation suppose un retour sur les résultats de l’action en question. Il
peut s’agir d’une information réalisée sur un support défini ou sur
un support quelconque. Par exemple, une demande d’approvisionne-
ment sera sur un support défini tandis qu’une demande de renseigne-
ment ne sera pas formalisée ;
–– l’acteur a besoin d’une information pour donner une autorisation ou un
accord. Là encore, cette information suppose un retour. La demande
peut être formalisée ou non mais elle sera toujours écrite… et datée !
Par exemple, question à la DRH : peut-on faire travailler telle équipe
tel jour férié ?
Préciser très tôt dans le projet l’ensemble des informations à trans-
mettre et à recevoir évite par la suite des soucis au chef de projet, à son
équipe et à sa hiérarchie. Cela évite aussi conflits, rancœurs et procès
d’intention.
Le moyen le plus simple est de balayer l’organigramme de l’entre-
prise de manière à identifier tous les interlocuteurs potentiels. Seuls
seront retenus, les acteurs pour lesquels on identifie un besoin ou une
attente. En cas de doute, poser la question à l’intéressé.
–– Qui sont les acteurs de l’entreprise désireux de recevoir une informa-
tion sur le projet ?
–– Quelle information l’acteur désire-t‑il et que va-t‑il en faire ?
–– L’information transmise nécessite-t‑elle une réponse ou un retour
quelconque. Si oui, lequel ?
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97
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
Interlocuteurs internes
Interfaces Équipe de projet
hors équipe
entre l’équipe Chef de projet 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Apporteur A
Apporteur B
Apporteur C
Apporteur D
Apporteur E
de projet
et les autres
partenaires
de l’entreprise
Chef
de projet
Apporteur A
Apporteur B
Interlocuteurs internes hors équipe Équipe de projet
Apporteur C
Apporteur D
Apporteur E
1
2 Codification des informations :
3 T = Informations techniques
G = Informations de gestion
4 E = Informations déclenchées
5 par un événement
6 P = Informations périodiques
Exemples :
7 Procès-verbal de revue = TE
8 Compte rendu d’avancement = GP
9
Cas d’entreprise
L’étude est restée dans les tiroirs. Maurice C. voit son image entachée
et les parties prenantes sont prises de désillusion. Quelques mesures
seront appliquées plus tard après avoir été renégociées une à une et pied
à pied.
99
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
Claude R. gère des projets d’organisation dans une administration. L’un d’eux
implique de nombreux services et responsables. Pour cette action, il dépend
d’une directrice de projet qui rend compte au comité de direction.
Claire M. (la directrice du projet) demande à Claude R. de faire le point sur la
communication externe du projet. Le plan de communication ainsi établi fera
l’objet d’une validation par la directrice du projet et sera transmis au comité de
direction pour information.
Le plan de validation comprend en premier lieu une carte relationnelle dont une
synthèse est présentée dans les tableaux 2.8 et 2.9.
100
pas eu les bonnes informations au bon moment ou parce que telle pièce
administrative n’est pas revenue à temps ?
Le chef de projet qui réussit anticipe les informations que son équipe
va devoir communiquer à l’extérieur de l’entreprise et aussi celles qui lui
seront indispensables pour le bon déroulement de son projet. Très tôt,
il prévoit quelle information doit être communiquée à qui et pourquoi
et il repère les manques d’informations susceptibles de bloquer le bon
déroulement du projet.
entrantes) ?
–– Quels sont les blocages, les incidents ou les contretemps qui peuvent
résulter d’un retard ou d’une absence de l’information ?
Pour matérialiser la communication externe, utiliser un tableau de
même type que pour la communication interne. L’émetteur de l’infor-
mation est toujours placé à gauche du tableau (en tête de ligne) et le
destinataire en haut (en tête de colonne).
101
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
Interlocuteurs externes
partenaires de l’entreprise
Interfaces entre l’équipe
Équipe de projet
(exemples)
de projet et les autres
Inspection du travail
Services de police
Chef de projet
Fournisseur C
Fournisseur A
Fournisseur B
Apporteur D
Apporteur C
Apporteur A
Apporteur B
Apporteur E
Cotraitant
Pompiers
Tutelle
Client
Chef de projet
Apporteur A
Équipe de projet
Apporteur B
Apporteur C
Apporteur D
Apporteur E
Client
Interlocuteurs internes hors équipe
Fournisseur A
Fournisseur B
Fournisseur C
Cotraitant
Tutelle
Inspection
du travail
Services
de police
Pompiers
Codification des informations :
DI = Demandes d’informations ou de conseils
DV = Demandes d’autorisations, de validations ou de dérogations
IR = informations de reporting
IE = Informations de retour d’expériences
102
2. Définissez quelles informations, avec quelle granularité, et à quelle fréquence
devraient être communiquées et qu’elles informations ne devraient pas être
communiquées aux différentes parties prenantes.
3. Vendez votre projet au sein de l’entreprise en fournissant régulièrement des
informations sur les succès.
4. Informez régulièrement des problèmes rencontrés et des mesures prises.
5. Pour les projets plus grands : désignez un acteur pour agir comme respon-
sable de la communication. n
103
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
104
3. Donnez un lieu physique à l’équipe pour qu’elle se retrouve.
4. Choisissez une organisation multiculturelle si les membres sont sur des entités
culturelles différentes (continent…).
105
2. Organiser la réussite dès le lancement du projet
Information de Information de
l’environnement interne l’environnement externe
106
Chapitre 3
Gérer et motiver
la performance
de « l’équipage »
Executive summary
107
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
108
–– comment mobiliser un acteur peu concerné par les objectifs et les
réalisations du projet.
La CPEP permettra au manager de réguler son équipe et d’en maî-
triser ou d’en anticiper les réactions en d’autres termes : construire et
maintenir une équipe gagnante.
Motivation et engagement :
le « principe de l’élastique »
Que ressentez-vous lorsque vous dites « je suis tendu(e) » ou « je suis
détendu(e) » ?
Peut-être, derrière « je suis détendu(e) », le bâillement n’est-il pas très
loin ? Même si tel n’est pas le cas, vous ne vous sentez certainement pas
mobilisé(e) par l’urgence d’une tâche à accomplir ou d’une relation à
établir. Vous n’êtes pas engagé(e). La tension intime est réduite.
À l’inverse, derrière l’expression « je suis tendu(e) », il peut y avoir « je
suis en désaccord avec la situation que les circonstances m’imposent »
ou encore « je suis préoccupé(e) par un objectif vers lequel je tends ». En
d’autres termes, je suis mobilisé(e) par les circonstances ou bien je me mobi-
lise moi-même en fonction de l’intérêt que représente la chose à réaliser au
regard des ressources qui me sont disponibles. Ces dernières peuvent être
soit des ressources externes, soit mes propres ressources internes.
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Imaginez que vous êtes sur une plage, les doigts de pieds en éventail devant une
mer radieuse. Êtes-vous tendu(e) ? Non. Vous êtes plutôt « relâché(e) ».
109
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
Dans la même situation de détente sur la plage, vos pensées peuvent vagabon-
der ailleurs. Supposons, qu’au lieu de la perspective d’un méchoui, votre esprit
soit mobilisé par les risques d’embouteillages sur la route du retour, par le temps
qui se met à l’orage ou par des voisins insupportables qui font un bruit infernal.
Votre mobilisation ne se fait plus par rapport à une réalisation mais par rapport
à une situation qu’il faut gérer ou à laquelle vous devez opposer une résistance.
Imaginons maintenant que vous vous affairiez à préparer le méchoui et qu’au même
moment un orage vous gratifie de ses premières gouttes. Vous sentez alors les évé-
nements vous dépasser. Que faut-il faire : disposer des bâches pour se protéger
ou continuer la préparation ? La tension devient soudain plus forte. Vous ne savez
plus où donner de la tête. En fonction de ce que vous ressentez le plus fortement
(insatisfaction due à la douche ou atteinte de votre objectif dans les délais), vous
entreprendrez d’abord l’une ou l’autre des actions. Au pire, si la tension devient
globalement trop forte, vous « enverrez tout promener ». Plus tard, il faudra gérer
la contrariété des invités et remettre en état le matériel endommagé par l’averse.
Dans ce dernier cas, les tensions intimes sont trop fortes et vous ne
maîtrisez plus la situation. Certes, vous tenterez de faire front et ferez
peut-être des prouesses. En contrepartie, vous serez plus irritable qu’à
votre habitude et vous pouvez commettre quelque imprudence.
Récapitulons.
1. La situation initiale (repos et plage) n’est génératrice d’aucune acti-
vité, action ou relation. La tension intime est minime, le comporte-
ment est non engagé. (Relaxé, laxiste)
110
2. La seconde situation (méchoui à préparer) a créé assez d’élan pour
faire passer l’acteur d’une situation passive à une situation active de
réalisation d’un changement : motivation par rapport à une réalisation.
Le comportement est engagé. (Modéré proactif)
3. La troisième (pensées d’embouteillages, de pluie, de voisins encombrants),
pousse à résister à une situation jugée difficilement acceptable ou à ten-
ter de la corriger : motivation par rapport à une condition de vie. L’acteur
n’est pas l’auteur de la situation mais il la subit. Par réaction, le comporte-
ment est engagé. (Modéré réactif)
4. La quatrième, (pluie + activité) se solde par une certaine fébrilité dans
le comportement. La motivation alterne entre faire et se protéger
ou bien les deux cohabitent. L’acteur est surengagé. (Fébrile) Lorsque
la situation s’aggrave, la tension n’est plus acceptée et la personne
cherche à la rompre. Socialement, cette rupture équivaut à un conflit.
Son objectif est de mettre fin à un engagement jugé insupportable.
Une équipe de projet réagit de la même manière lorsque des sollici-
tations semblables se produisent mais, dans son cas, les sollicitations
sont collectives.
Nous appelons engagement l’effet produit par le niveau global des
tensions ressenties par l’équipe. Ces tensions portent les coéquipiers à
agir ou à réagir. Elles résultent :
–– d’une part, de l’envie de faire : s’engager dans des réalisations, parti-
ciper au changement ;
–– d’autre part, de l’envie de résister, d’esquiver ou de combattre la situa-
tion vécue afin de s’y adapter ou d’y échapper.
Lorsque l’engagement est très faible, l’équipe tend vers un compor-
tement amorphe ou laxiste. Quand, au contraire, l’engagement est très
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111
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
Imaginez que vous avez des enfants qui entrent dans l’adolescence. Les ten-
sions montent, les jeunes s’opposent. Ils subissent des contraintes qui relèvent
de l’enfance et ont des passions nouvelles qui relèvent du monde des adultes.
L’élastique se tend : l’envie de voir le copain ou la copine (tension intime de
réalisation) s’ajoute à l’obligation de rentrer à telle heure (tension intime de
condition de vie).
112
Une équipe de projet peut éprouver les tensions de l’adolescent en
crise et son engagement peut être excessif. Elle peut aussi chercher vai-
nement l’occasion de se mobiliser et adopter un comportement léthar-
gique.
Règle 43
Évaluez le niveau de tension de votre équipe de projet.
1. Un excès de tension de l’équipe se détecte à travers son climat : conflits
interpersonnels, réactions brusques ou épidermiques, humeurs, gestes ou mots
d’impatience.
2. Un défaut de tension se manifeste à travers un laisser-aller dans les atti-
tudes, une esquive devant l’action et une participation minimaliste. L’équipe
est endormie, immobiliste ou amorphe. Les coéquipiers se réfugient dans l’in-
dividualisme. n
de l’équipe.
Entre ces états sur-engagés ou sous-engagés, ceux qui restent modé-
rés feront une équipe constructive et mesurée.
La réunion est la meilleure situation pour repérer les excès et les
défauts de tension de l’équipe car la vie groupale y est directement
observable. Au démarrage du projet, l’équipe est souvent relâchée. Cela
reste normal tant que les acteurs ne sont pas mobilisés sur les objectifs et
tant que l’équipe n’est pas fédérée. Au fil du temps, les objectifs se pré-
cisent et la vie de groupe s’installe. Le niveau d’engagement augmente
alors sensiblement.
113
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
Cas d’entreprise
Ce groupe est passé d’une attitude relâchée à une attitude plus enga-
gée vers son objectif d’amélioration. En début de réorganisation, les
agents sont désabusés, ils arrivent dans le projet avec leur ennui. En
cours de projet la progression marque des paliers :
1. D’abord une prise en charge d’eux-mêmes dans leurs activités
normales.
2. Puis, une remise en cause des dysfonctionnements les plus criants.
Cela constitue un début de prise en charge du changement : second
niveau d’engagement.
3. Enfin, une rencontre avec la hiérarchie, ce qui implique une prise de
risques : l’engagement est complet.
Dans cette aventure, l’engagement des partenaires n’a fait que
croître. Attention aux risques de conflit si les agents sont trop déçus !
114
Au moment de pénétrer dans le service, il perçoit quelques cris et clameurs.
L’organisateur interne lui affirme avoir vu, dans ce service, un dossier lancé à
travers le bureau.
À l’analyse, les tensions sont énormes : travail très réglementé et hypercontrôlé,
pression due au volume de travail excessif, moyens de traitement de l’informa-
tion inadaptés…
Règle 44
Régulez le niveau de tension de votre équipe de projet en maintenant une
tension favorable à l’action sans atteindre le stade de la fébrilité.
1. Si votre équipe est hypertendue, réduisez les contraintes liées aux conditions
de vie au travail. Assouplissez les contrôles, améliorez les relations avec l’envi-
ronnement et les horaires.
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2. Si votre équipe est faiblement tendue, mobilisez-la davantage sur le projet et
augmentez vos exigences. Développez la notion d’objectifs collectifs et stimu-
lez les relations de soutien entre les coéquipiers. n
115
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
116
Mobilisation de l’équipe sur…
Engagement fébrile
Avant
Engagement normal
Après
Engagement normal
Après
Cas d’entreprise
» Pendant un week-end, le PDG prend une très belle commande. Trois mois de
travail, une aubaine, il exulte ! Le lundi suivant, tout à son enthousiasme, il réunit
son personnel et annonce la bonne nouvelle. Accueil réfrigérant, pas de réaction.
Deux heures plus tard, l’usine est en grève, maîtrise comprise.
Bilan : les « braves garçons » n’ont pas lâché prise, jusqu’à perdre leur emploi
et ruiner leur patron.
Cas d’entreprise
Motivation
pour Situation
les conditions initiale
de vie
Engagement réduit
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Renforcement
de la motivation
pour les Démarrage
conditions du projet
de vie Engagement encore limité
Déplacement
de la motivation Premières
vers les applications
réalisations
de projet Engagement en augmentation
Motivation pour
les conditions En cours
de vie moins forte de projet
et réalisations
augmentées Engagement normal
119
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
Cas d’entreprise
120
En fin de projet, le groupe de travail entreprend, à son initiative, une étude
de simplification des processus et d’adaptation du système informatique pour
remonter la production brute aux quantités initiales (ce qui correspond à une
augmentation de la productivité réelle, compte tenu des acquis qualité).
Règle 45
Déplacez la tension de l’équipe vers les réalisations d’objectifs collectifs
servant le projet.
1. Si votre groupe s’engage à un niveau normal mais se préoccupe en priorité
de son confort physique ou moral, réduisez les mobilisations dues aux condi-
tions de vie et développez celles qui concernent les réalisations d’objectifs ser-
vant au projet.
2. Les équipes concernées sont ici celles dont le niveau d’engagement est glo-
balement satisfaisant. n
Il ne suffit pas que l’engagement soit normal pour que tout fonc-
tionne bien.
121
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
122
Mobilisation de l’équipe sur…
RO < CV
= =
RO = CV
= =
Motivations équilibrées
RO > CV
= =
Motivation pour les réalisations
123
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
Avant amélioration
des conditions de
travail
= =
Motivation pour les conditions de vie
et engagement normal
Après amélioration
des conditions de
travail
= =
124
activités de loisir. Il y prendra spontanément des responsabilités. C’est
probablement un manager né.
Le style de management varie aussi en fonction des préoccupations
privilégiées de l’acteur :
–– l’intellectuel ou le moraliste, fort de ses convictions, tentera plus
ou moins d’imposer son point de vue théorique. Les concepts ou les
idéaux lui servent de réalités ;
–– au contraire, le réalisme pratique de l’instinctif l’oriente vers le concret
et le domaine matériel.
Placés tous deux en situation de management, le mental cherchera
plus ou moins à imposer ses idées à son équipe. L’instinctif agira davan-
tage en fonction de son bien-être et de l’ambiance.
Règle 47
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125
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
126
Tableau 3.3 – Quelques indicateurs d’orientation vers le passé
N° Oui Non
4 Êtes-vous susceptible ?
12 Aimez-vous la solitude ?
N° Oui Non
» N° Oui Non
Cas d’entreprise
Dans l’industrie : un manager porté vers l’avenir n’a pas d’âge…
Christine C. est le manager d’un service financier dans une entreprise du sec-
teur tertiaire. Excellente technicienne, elle s’investit en permanence dans de
nouveaux produits ou dans la mise en place de nouvelles méthodes de travail.
Elle multiplie les partenariats extérieurs et passe accords et conventions avec
des organismes financiers. Les usages établis, elle s’en moque : l’efficacité
d’abord.
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Lors d’une réorganisation profonde de son service, elle se place dans un scénario
très futuriste. Pour elle, c’est clair, « ce sera comme ça dans cinq ans ». Parallèle-
ment, elle juge certaines pratiques de son service « dépassées ».
Elle tente de mobiliser son équipe et de l’impliquer dans ses démarches de pro-
grès. L’équipe ne suit pas, elle prend peur : perte de repères, remise en cause des
valeurs établies et sentiment de prises de risques excessifs.
Dans le scénario décrit, Christine C. affole ses coéquipiers autant par ses
fortes convictions (mental) que par sa perception aiguë d’un devenir
(futur).
Elle apprend à modérer ses élans, ralentir le rythme et consacrer
beaucoup d’énergie à convaincre. Elle devient un manager efficace
parce qu’elle sait ne plus faire peur.
129
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
Règle 48
Identifiez votre style naturel de management à partir des deux domi-
nantes : les aspirations et le positionnement dans le temps.
1. Si vos dominantes sont orientées vers le mental et l’avenir, votre style naturel
sera marqué d’autoritarisme. Vous aurez tendance à sacrifier les individus au
résultat de votre projet.
2. Si vous privilégiez l’instinct et l’avenir, votre style de management naturel
vous portera vers les individus et l’équipe plutôt que le résultat.
3. Si la dominante avenir est très marquée et que les aspirations instinctives et
mentales s’équilibrent, votre style spontané sera participatif et mobilisateur. n
130
Nord : Mental
re
Hi
ai
st
rit
or
to
ien
Au
Ouest : Est :
Passé Avenir
Hu
ue
m
riq
an
nt
i
ce
st
e
o
Ég
Sud : Instinct
Cas d’entreprise
» Au démarrage du projet, les équipes sont sur le recul, ne s’engagent pas et partici-
pent au minimum. Le consultant fait le bilan de management du responsable du
secteur. La conclusion est sans ambiguïté : style naturel franchement autoritaire.
Le verdict du manager est aussi clair : « C’est faux, déclare-t‑il, vos outils de
diagnostic ne marchent pas. » Pourtant, un peu ébranlé dans ses convictions,
Daniel D. questionnera son entourage pour se rassurer. On ne sait jamais…
Le retour est brutal : « Toi autoritaire ? Non… pire que ça ! ». Daniel D. analy-
sera ses centres d’intérêt, se rendra à l’évidence et décidera de corriger.
Quelques semaines plus tard, l’équipe de projet est mieux soudée, la partici-
pation des coéquipiers s’est intensifiée. Le groupe déclare « Daniel, on nous l’a
changé, on ne le reconnaît plus » et d’ajouter « maintenant, il est super, il nous
écoute ! »…
Règle 49
Repérez de manière continue si votre projet est dans une phase critique ou
non. Déduisez, de la situation du moment, le style de management le mieux
adapté.
1. Période de tension ou phase critique : management autoritaire.
2. Période normale, besoin d’échanges : management participatif.
3. Période d’attente, faible pression : management social. n
132
non disponibles), l’équipe aura probablement envie de penser à elle, de
travailler à son bien-être ou de cultiver ses relations internes.
Lorsque le projet se déroule normalement et que les problèmes doivent
être résolus un à un, un management plus participatif, plus incitatif et
plus mobilisateur sera certainement plus efficace.
Tendue
Les engagements risquent de ne pas être Une attitude plus directive, voire
tenus. autoritaire afin de réaliser la cohérence
Le client s’impatiente. Le projet des actions à engager et des décisions
est en retard. rapides.
Les fournisseurs ne parviennent pas
au résultat escompté…
En recherche de solutions
Les problèmes techniques ne sont pas Une attitude très participative afin
totalement résolus. de favoriser les échanges d’expertises,
Des innovations restent à trouver. la créativité et le soutien mutuel
Des choix techniques doivent être des coéquipiers.
réalisés ou optimisés…
En phase de relâchement
Le client ne se prononce pas Une attitude marquée d’humanisme
sur une question qui lui a été posée. afin de conserver la solidarité de l’équipe
Le client est en phase de recadrage malgré le manque temporaire
de son projet. de mobilisation.
La priorité du projet est repoussée…
prenantes du projet
Règle 50
L’analyse des parties prenantes directement impliquées, permettra d’adap-
ter les comportements vis-à-vis de ces dernières et d’adapter leur pilotage
• Analyser les parties prenantes.
• Évaluer l’impact du projet sur les parties prenantes.
• Estimer le niveau d’implication souhaité.
• Prendre une décision sur le type de pilotage ou de management de ces parties
prenantes. n
133
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
parties prenantes. Les parties prenantes d’un projet sont des personnes
ou des organisations qui prennent une part active au projet, ou dont les
intérêts peuvent être affectés, positivement ou négativement, par l’exé-
cution du projet ou par sa réalisation. Elles peuvent également exercer
une influence sur le projet et ses livrables. La liste de parties prenantes
habituelles :
–– le chef de projet ;
–– l’acheteur du produit ou service issu du projet : le client,
–– les utilisateurs du produit du projet,
–– les membres de l’équipe de projet,
–– un consultant interne ou externe, ou une société de conseil,
–– les fournisseurs ou sous-traitants de produits ou de services, les
agences gouvernementales, les gouvernements, les groupes d’intérêt
général, les groupes de pression, ou tout groupe d’influence,
–– les autres parties prenantes comme les bailleurs de fonds…
Elles ont des besoins et des attentes différentes, voire même concur-
rentes. Pour assurer le succès du projet, le chef de projet doit identi-
fier clairement toutes les parties prenantes, déterminer et analyser leurs
intérêts, leurs attentes, leur influence et leur autorité – c’est ce qu’on
appelle « mener une analyse des parties prenantes ».
Si les exigences de la partie prenante ne sont pas mesurables, vous
n’obtiendrez vraisemblablement pas une compréhension partagée du
projet. Si la compréhension de la partie prenante n’est pas la même
que celle de l’équipe, ces perspectives différentes seront une source de
conflit et de frustration !
Les parties prenantes ont tout intérêt au succès du projet, mais peu-
vent avoir des objectifs concurrents. Trouver une solution appropriée
à de telles divergences et surveiller les situations qui surviennent est
l’un des plus grands défis du management de projet et nécessite une
excellente communication. Cela ne peut pas arriver tout seul (dans cer-
tains cas certaines de ces parties prenantes peuvent être détachées dans
l’équipe de projet), et doit donc être planifié.
Cette planification du management des parties prenantes se basera
sur l’évaluation du niveau d’engagement souhaité des parties prenantes
qui sont habituellement :
• Ignorant : n’a pas d’information sur le projet et son impact potentiel.
• Opposé : est au courant du projet, et est opposé au changement, ou
vise un objectif concurrent à celui du projet.
• Résistant : est au courant du projet, et refuse d’accepter le changement.
134
• Neutre : n’a d’opinion ni positive ni négative.
• Positif ou supporter : est au courant du projet, souhaite accepter le
changement, et pourrait être un contributeur.
• Commanditaire ou Leader : est complètement au courant du pro-
jet et activement impliqué dans la promotion du projet et dans son
succès.
Afin de mieux servir les intérêts des parties prenantes, il est impor-
tant de les impliquer dans le projet le plus tôt possible.
La Planification du « management des parties prenantes » a bien
pour but d’associer une stratégie proactive de management à l’ana-
lyse des parties prenantes afin de les tourner vers une contribution
positive au projet comme c’était le cas pour les membres directs de
l’équipe.
Règle 51
Pour adapter votre style de management à la situation, ne cherchez pas
à changer de style mais développez les centres d’intérêt correspondants à
l’évolution souhaitée.
1. Pour aller d’un style autoritaire vers un jeu plus participatif : intéressez-vous
davantage aux individus en tant que personnes et à leur devenir (individuelle-
ment et pour le groupe).
2. Pour recentrer le groupe sur l’obtention des résultats : développez les notions
d’idées, de concepts et d’objectifs. Rationalisez vos raisonnements et vos prises
de décisions. Vous deviendrez temporairement plus autoritaire. n
135
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
Nord : Mental
Style naturel autoritaire
Ouest : Est :
Passé Avenir
Style adapté participatif
Accroissement de l’intérêt pour :
– l’avenir (direction Est)
– les individus (direction Sud)
Sud : Instinct
136
Dans un service informatique : une adaptation du style en deux temps
Aurélie M. est une jeune femme « bombardée » à la tête d’un groupe de projet
informatique dans une compagnie d’assurances. Elle ne connaît que super
ficiellement les techniques pratiquées par cette équipe. Son style naturel de
management est très participatif.
Une petite lumière rouge s’allume dans sa tête : « danger ». Si elle adopte un
style trop directif ou trop progressiste, elle risque le rejet.
Elle adopte un style humaniste : s’intéresse aux individus, apprend à les connaître
et les aide autant qu’elle peut, qu’il s’agisse du travail ou de questions plus per-
sonnelles. Elle devient rapidement la « coqueluche » du groupe.
Nord : Mental
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Ouest : Est :
Passé Avenir
Figure 3.10 – Un style participatif s’adapte en style humaniste, puis retour au
style naturel après période d’adaptation
137
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
138
–– celui ou celle qui s’engage en synergie et avec pondération dans la vie
du groupe.
Chaque acteur est placé selon quatre degrés : isolé, attentif, syner-
gique et fusionnel.
Règle 52
Observez les comportements des acteurs de projet en situation de groupe
pour en déduire leur degré d’implication par rapport à leurs partenaires.
Aux extrêmes, on trouvera la relation de soutien inconditionnel du fusionnel et
le repli sur soi de l’isolé.
Le degré d’implication de l’acteur peut être observé en réunion. n
139
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
Règle 53
Évaluez l’engagement des coéquipiers dans le projet et les activités qui s’y
rapportent.
1. Observez l’attitude des acteurs lorsqu’ils sont dans la perspective de prendre
des actions en charge. Observez aussi la suite donnée à cet engagement (res-
pect des objectifs de résultats et de délais).
2. Aux extrêmes, on trouvera les engagements inconditionnels et les réalisa-
tions exagérées du passionné et la fuite devant l’engagement ou l’absence de
réalisation du minimaliste. n
140
Tableau 3.7 – Questions pour évaluer l’engagement des acteurs dans l’action
Règle 54
Détecter les acteurs atypiques afin de pouvoir les gérer.
1. Placez chaque acteur de l’équipe de projet sur une même grille en considé-
rant son engagement par rapport au relationnel et son engagement par rap-
port aux résultats individuels à atteindre.
141
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
2. Repérez les acteurs qui s’écartent du mode de référence du groupe. Ces
acteurs seront considérés comme atypiques. n
Attentif
Implication Implication exclusive
minimale dans l’activité
Isolé
Engagement
dans l’activité
ste
gé
ssé
né
ali
ga
on
re
im
té
En
ssi
in
In
Pa
M
Fusionnel G
Fusionnel Passionné
improductif et synergique
CP
Synergique A
C
B Mode
D
Attentif
Isolé
improductif Passionné
F et isolé
Isolé E
Engagement
dans l’activité
ste
gé
ssé
né
ali
ga
on
re
im
té
En
ssi
in
In
M
Pa
Le mode est voisin d’une position médiane dans les deux domaines
142
La position E représente, pour l’acteur, une marginalisation par l’in-
dividualisme dans l’action. Il poursuit des objectifs de résultats person-
nels plutôt que collectifs. Son relationnel est faible.
Ce positionnement est normal pour un expert ou un conseil non
intégré à l’équipe de projet.
La position G symbolise un acteur qui cultive l’ambiance mais ne se
préoccupe pas des résultats obtenus ou à obtenir. C’est une autre façon
de se marginaliser.
Cette position est souhaitable pour un facilitateur (ou sponsor) non
intégré dans l’équipe de projet mais dont la fonction première est de lui
venir en aide en cas de besoin.
Enfin, la position F représente un acteur qui se marginalise en s’éco-
nomisant lui-même (le cas de surinvestissement existe mais il est moins
fréquent). Cet acteur se laisse porter par le groupe. Il s’investit le moins
possible dans le projet. Ce peut être du désintérêt mais aussi une façon
de résister ou de protester.
Ce jeu est fréquent pour des responsables de métiers qui participent
à de multiples projets et n’ont pas de raison de s’investir davantage dans
un projet plutôt que dans un autre.
Parfois, aucun mode n’apparaît. Dans ce cas il faut en déduire que
l’équipe n’est pas réellement fédérée. Cette situation met le manager
de projet dans l’inconfort car la transversalité ne fonctionne pas. En
l’absence d’une vie d’équipe, il lui faut centraliser et rediffuser toutes les
informations pour compenser le manque de communication.
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Marie S. est chef d’équipe dans une industrie de matériel électrique. Elle parti-
cipe à un projet d’accélération des flux de production.
La méthode utilisée fait appel à la concertation. L’équipe de projet est compo-
sée d’un chef de projet, d’opérateurs de terrain, d’un agent de méthodes, de
Marie S., l’agent de maîtrise du secteur.
Le chef de projet se place spontanément en position haute. Il est fortement
engagé dans la conduite de l’équipe. Pour les résultats, il fait confiance à la
méthode et à ses coéquipiers. L’agent de méthode s’implique modérément et
se positionne en conseiller technique. Il joue un rôle d’expert. Son engagement
dans la vie du groupe est réduit.
143
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
CE : Chef d’équipe
AM : Agent de méthodes
Fusionnel
CP CP : Chef de projet
Synergique Op1
Op3
Op4 Op2
Mode
Attentif
AM
CE
Isolé
Engagement
dans l’activité
ué
ste
ssé
né
iq
ali
on
re
pl
im
té
Im
ssi
in
In
Pa
M
Le chef de projet développe tout son art pour amener Marie S. à exposer ses
craintes : le projet s’oriente vers une équipe plus importante que celle qu’elle
dirige actuellement et cela la privera de sa liberté de mouvement. Elle n’en a
aucune envie.
144
Industriel : une position « d’agent de liaison » pour se faire accepter
Pascale B. est chef de projet. Son équipe doit décliner une gamme de produits à
partir d’un existant. Elle est jeune et a encore peu d’expérience industrielle. Son
équipe est composée de techniciens expérimentés qui connaissent bien la maison.
Peu enclins à partager leur expérience avec cette « jeunette », les techniciens
se placent d’entrée de jeu sur un registre très technique, fondé sur le retour
d’expériences, qui exclut Pascale.
La chef de projet ressent la situation et adopte un positionnement de facilitateur.
Fusionnel
CP
T1 à T5 : Techniciens
Synergique des métiers
CP : Chef de projet
Mode T3
Attentif T1
T2 T4
T5
Isolé
Engagement
dans l’activité
ué
ste
ssé
né
iq
ali
on
re
pl
im
té
Im
ssi
in
In
Pa
M
145
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
146
Par exemple, un atypique orienté exclusivement vers les actions et
résultats personnels se prive du concours de ses coéquipiers et de leur
soutien. D’un côté, l’acteur peut chercher à récolter seul le fruit de son
travail (besoin d’être reconnu), de l’autre, il s’exclut du résultat collec-
tif et de l’appartenance à un groupe. À l’opposé, un atypique qui se
contente de jouer le rôle d’agent de liaison peut chercher à être coopté
par le groupe (besoin d’appartenance et de sympathie) mais il se prive
de toute appropriation de résultat et parfois d’un sentiment de réussite.
Règle 55
Renvoyez à l’acteur atypique l’image de sa propre stratégie. Analysez avec lui
en quoi cette stratégie sert ses objectifs personnels et en quoi elle les dessert.
1. Aidez l’acteur atypique à décrire, à travers des faits observables, ses attitudes
et comportements dans la situation du projet.
2. Identifiez, avec l’acteur, quels effets directs il attend de ces attitudes et com-
portements : la stratégie.
3. À travers cette stratégie, aidez l’acteur à exprimer les buts plus lointains qu’il
poursuit. Ne cherchez pas à les influencer ou à les corriger (c’est ce vers quoi il
tend). Ces buts sont le dessein.
4. Analysez en quoi la stratégie adoptée sert ou dessert le dessein (stratégie
gagnante et stratégie perdante). n
147
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
148
cette efficacité, il est nécessaire de prendre en compte les réactions
(constatées ou prévisibles) de l’environnement à l’intérieur de l’équipe
de projet et en dehors d’elle.
La stratégie est dite gagnante lorsqu’elle permet de réaliser un des-
sein en tout ou en partie. Elle est dite perdante lorsqu’elle ne le permet
pas, voire s’y oppose.
Cas d’entreprise
149
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
Règle 57
Le moyen de gérer et de motiver les individus est de s’intéresser à eux
au moyen d’entretiens les concernant personnellement. L’entretien est un
échange d’autant plus utile que le chef de projet et l’acteur du projet ont
tous les deux des préoccupations différentes.
Au terme de l’entretien régulier, on aura clarifié :
1. Quelles sont les performances atteintes et comment sont-elles atteintes ?
2. Quels sont les objectifs futurs pour le projet ?
3. Quel est le plan d’action pour faire progresser le membre de l’équipe et
quelle est son évolution professionnelle ? L’entretien est un échange d’autant
plus utile que le chef de projet et le membre d’équipe ont tous les deux des
préoccupations différentes. n
150
faire prendre en compte ses difficultés et donc de prendre en compte et
de préparer un plan de développement personnel de compétence soit
en vue d’accroître sa performance sur le projet soit de préparer l’après-
projet.
Le retour pour être efficace doit être un dialogue qui doit prendre en
compte les principes :
–– laisser parler l’autre ;
–– ne pas interrompre les démonstrations.
Le membre doit parler majoritairement lorsqu’il parle du bilan des
activités qu’il a effectuées depuis la dernière rencontre. Les questions
posées par le responsable du projet doivent être des questions ouvertes
pour faciliter l’échange. La reformulation basée sur des faits plutôt que
sur des opinions est une technique qui amplifiera l’écoute.
Préciser
Rappel les évolutions Conclure
Préparation Bilan des objectifs et et
du projet développements donner une suite
professionnels
■■ Préparation
■■ Bilan
151
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
■■ Préciser
les évolutions et développements
professionnels
Cette étape fera le point sur les compétences du membre d’équipe pro-
jet. Elle sera la première entrée pour que le responsable hiérarchique
direct du membre puisse prendre les décisions sur la capitalisation dans
son métier.
Le responsable de projet recueille les souhaits exprimés, donne
son avis consultatif pour le responsable hiérarchique propose des
orientations et des actions à entreprendre. Le membre et le respon-
sable de projet conviennent des points d’améliorations individuels
et élaborent un plan de développement professionnel. Ces proposi-
tions sont, par exemple, l’acquisition de compétences nouvelles, le
développement de compétences clés nécessaires au projet, et l’iden-
tification des leviers sur lesquels agir pour améliorer la prestation sur
le projet.
152
Règle 58 – Analysez la cartographie
des compétences des acteurs du groupe :
construire la matrice de polyvalence –
poly compétence
L’ensemble des acteurs du groupe ne possède pas les mêmes compé
tences à la fois sur son propre domaine… et sur les domaines l’entou-
rant.
Règle 58
Le groupe est-il homogène en termes de compétences sur son métier ?
1. Définir le carré de la polyvalence.
2. Définir la matrice de poly compétence. n
A X 1
B X 2
… X 2
Y X 3
Z X 4
153
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
A 2
B 2 4
Y 3 4
Z 4
Règle 59
Identifiez les types de personnalité pour équilibrer le projet et adaptez
votre style aux acteurs du projet.n
154
Chaque acteur, lorsqu’il est placé dans un contexte, s’adapte au
milieu dans lequel il évolue, et certains traits de caractère sont ainsi
modifiés par l’organisation. Les acteurs ajustent leurs comportements
en réponse aux exigences des différentes situations.
Type Réaliste
Timide, sincère,
Type Artiste persévérant, stable et
Créatif, imaginatif, idéaliste, pratique, réfléchi,
désordonné, dénué de sens pratique. organisé, analytique.
Il préfère les activités Souhaite des activités
non répétitives et ambiguës. de réflexion.
Type Conventionnel
Ordonné, frileux, efficace,
pratique, rigide, sans imagination.
À l’aise dans les activités ordonnées,
encadrées sans ambiguïtés.
Cela étant dit, les gens sont plus heureux au travail quand les acti-
vités ou les tâches sur lesquels ils interviennent sont en harmonie avec
leur personnalité et ne leur demandent pas un important travail quoti-
dien.
Il existe plusieurs types de personnalité comme représenté sur la
figure ci-dessus.
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On comprend aisément que plus les types sont proches et plus ils
sont compatibles. On comprend aussi facilement qu’une équipe consti-
tuée uniquement d’artistes ne se gérera pas de la même manière qu’une
équipe de conventionnels.
155
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
156
le chef de projet associe et engage tous les membres de l’équipe en même
temps qu’il assigne clairement les responsabilités. Il est crucial que les
opinions différentes qui apparaissent pendant l’élaboration de la matrice
(par exemple : 2 personnes veulent être responsables de la même activité)
soient discutées et que le résultat soit satisfaisant pour tout le monde.
Ils veulent aussi savoir quelle a été la performance de l’équipier pour
le récompenser en conséquence.
Enfin, il est vivement recommandé de définir la façon dont les res-
sources seront libérées en fin de participation au projet. En effet, il existe
souvent des procédures internes qui définissent « comment » mobiliser
des ressources de départements internes et rarement le contraire.
Les managers fonctionnels veulent connaître à l’avance à quel moment
un équipier du projet va retourner dans son unité d’origine. Disposer d’une
réflexion sur la démobilisation des ressources permettra aussi de moti-
ver l’équipier jusqu’au terme du projet. Il n’aura pas à penser à sa propre
reconversion… Les procédures de mobilisation et de démobilisation, la
capitalisation de la reconnaissance, la politique de sécurité et les règles fon-
damentales font partie du plan de management des ressources humaines.
de management.
3. La gestion des acteurs atypiques dans le but de réaliser la meilleure cohésion
possible du groupe.
157
3. Gérer et motiver la performance de « l’équipage »
158
Chapitre 4
Préparer la feuille
de route : le planning
de référence
Executive summary
159
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
160
–– qui peut ou doit le faire (qui) ;
–– avec quels moyens et avec quel budget (comment) ;
–– pour quand cela peut et doit être fait (quand) ;
–– les risques associés à l’action et leurs conséquences s’ils se réalisent
(risques et anticipation).
Être vu :
–– par le donneur d’ordres interne ou externe ;
–– par les structures d’arbitrage ;
–– par les gestionnaires de ressources humaines et matérielles ;
–– par les ressources elles-mêmes.
La CPPR comprend l’ensemble des actions qui permettront aux
acteurs du projet et aux décideurs d’éclairer et de valider la route à suivre
sur l’ensemble du projet. En particulier :
–– elle décrit les actions à réaliser de la manière la plus exhaustive possible
et à la maille appropriée ;
–– elle définit les responsabilités de pilotage et d’exécution de ces différentes
actions ;
–– elle identifie les liens de dépendance chronologique entre les actions ;
–– elle évalue les charges et les durées des actions dans le but de calculer
les délais et la mobilisation des ressources ;
–– elle gère les conflits de ressources (surcharges) ;
–– elle valide un scénario de projet réalisable.
La CPPR contribue à identifier les embûches techniques, calendaires
et budgétaires qui peuvent se présenter au cours du projet.
161
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
162
N° Quoi (l’action) Qui (les ressources)
2 3 1
Décision Acheter le 7 Projet
de faire nouveau piano
(début de projet) Attirer le
piano destinataire
dehors
4 6 8
Organiser Échanger Transporter
la les pianos l’ancien
livraison piano
5
Transporter 9
le nouveau Héberger
piano l’ancien
piano
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10 11 12
Faire la carte Remettre la carte Fin de
d’anniversaire (découverte du projet
cadeau)
163
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
Vous tenez compte d’une « file d’attente » de deux jours pour obtenir
la livraison du piano par le transporteur (intervalle entre les tâches 4 et
5, avec un lien de fin à début codifié FD). De même, la tâche 7 ne doit
se terminer que si l’échange de piano est réalisé (lien de fin à fin codifié
FF dans le tableau). Cette contrainte est matérialisée par un lien spécial
dit de fin à fin entre les tâches 6 et 7.
Ce planning étant dessiné, il ne reste plus qu’à s’assurer qu’aucune
ressource n’est en surcharge. Examinons, par exemple la ressource
Thierry (figure 4.3).
Ressource : Thierry 10
Utilisation 1
Sur-utilisation 3 3 3 4 4
0
Heures 9 10 11 12 14 15 16 17
164
Cette carte ne sera utile que lorsque le piano sera livré. Sa prépara-
tion peut être repoussée sans dommage pour la bonne réalisation du
projet. Le planning final se présentera donc comme suit (figure 4.4).
Ressource : Thierry
Utilisation 1
Sur-utilisation 3 3 3 4 4 10
0
Heures 9 10 11 12 14 15 16 17
Nom de la tâche Durée Liens Mardi
2 Décision de faire 0
3 Acheter nouveau piano 3h 2 Thierry
Thierry ; Marchand ;
4 Organiser la livraison 2h 3 Déménageur
10 Faire carte anniversaire 0,5h 2 Thierry
165
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
Le projet a un seul début et une seule fin. Ce début et cette fin sont
identifiés en tant qu’événements (une décision, une revue ou un fait
quelconque).
Règle 61
Donnez à votre projet un seul événement « début » et un seul événement
« fin ». Décomposez-le jusqu’à la maille pertinente : en lots de tâches ou
en tâches.
1. Chaque niveau d’analyse décrit l’exhaustivité des actions contenues au
niveau immédiatement supérieur.
2. Un lot de tâche est un ensemble d’actions dont le pilotage peut être confié
à un délégataire.
3. Une tâche est une action exécutable par une même ressource ou un même
ensemble de ressources. Elle peut être pilotée par un délégataire ou directe-
ment par le chef de projet. n
X112
X113
X12
X13
X2
X3
166
développement ou encore marché test) et à un degré dans la progres-
sion du projet.
Le lot de tâches est un ensemble d’actions pilotées par une même
autorité. Le lot de tâches aboutit à un livrable identifiable. La responsa-
bilité du lot de tâches incombe à un délégataire de lot ou pilote de lot.
La tâche est la maille la plus fine de la planification du projet. Sa taille
est liée aux besoins de gestion, de visibilité et de maîtrise du projet.
Suivant le degré de complexité du projet, certains niveaux peuvent
être ajoutés ou supprimés. Un projet simple peut n’être décomposé
qu’en phases et en tâches alors qu’un projet complexe peut avoir plu-
sieurs niveaux de lots de tâches.
167
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
Maille Question
168
» Maille Question
Tâches L’action, comprise dans un lot ou une phase, peut-elle être réalisée
par une même ressource (ou un même groupe de ressources) ?
Cette action, une fois entreprise, peut-elle être menée à son terme
par la ressource de manière continue, sans dépendre de tiers ?
Nom de l’action
1 PRODUITS DESTINÉS AUX PARTICULIERS Projet
2 Accord de la DG = T0
Sous-projet 3 Sous-projet produits
4 Conception produits + prototypes Phase
Tâche 5 Concevoir la gamme des produits
6 Maquetter étiquettes & emballages
7 Réaliser préséries d’étiquettes
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169
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
Règle 62
Identifiez dès que possible les ressources de pilotage pour chaque lot de
tâches : qui pilote quoi ?
Les ressources de pilotage réalisent l’interface entre l’exécution et le chef de
projet. Elles assurent la gestion de proximité pour les tâches comprises dans les
lots qui leur sont confiés. n
170
Fondamentalement, le rôle de pilote est assez voisin quel que soit l’ac-
teur qui le tient. Techniquement, ce pilote assure la cohérence des actions et
des choix. Il s’assure que leurs performances individuelles sont acceptables
et compatibles entre elles. Du point de vue de la gestion, il traduit les direc-
tives du chef de projet pour les actions à réaliser. En cours et en fin d’exécu-
tion, il suit et reporte les résultats d’avancement (progrès), les performances
obtenues (qualité) et les ressources consommées (délais et coûts).
Si, le matin, vous devez conduire votre enfant à l’école, vous vous arrangez
pour que le maximum de choses puisse être fait en parallèle. Ainsi, la durée de
l’ensemble est la plus courte possible. Cela permet à votre enfant de dormir un
peu plus longtemps et d’arriver quand même à l’heure à l’école. Vous faites, et
lui faites faire, les choses dans un ordre déterminé.
171
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
Par exemple : votre enfant ne peut pas s’habiller avant d’avoir pris sa douche
mais il peut se laver les dents lorsqu’il s’est vêtu (à condition de ne pas mettre de
dentifrice sur ses vêtements propres, ce qui constitue un risque). Du coup, vous
allez peut-être décider qu’il se lavera les dents après le petit-déjeuner de façon
à partir à l’école avec une bouche bien propre (voir description du processus
figure 4.11).
L’ordre retenu relève donc plus d'un choix que d’une nécessité. Dans un premier temps,
il est préférable de ne représenter que les liens obligatoires :
Se doucher S’habiller
Se lever
Se laver
Déjeuner
les dents
« Se lever » doit obligatoirement précéder « se doucher » et « déjeuner ». « Se dou-
cher » doit obligatoirement précéder « s’habiller » et « se laver les dents » ne peut
se faire que si le déjeuner est pris. Pour le reste, l’ordre n’aura pas de conséquence.
172
(contrainte de ressource ou de moyen) ou la préparation du petit-
déjeuner par maman… (lien chronologique avec une tâche réalisée par
une autre ressource dans un autre processus).
Pour que votre enfant soit à l’heure à l’école, vous devez aussi prévoir le temps
nécessaire à chaque action. Or, ce temps varie. Votre enfant peut « émerger »
plus ou moins rapidement de son lit et, suivant l’humeur du jour, expédier rapi-
dement sa douche ou bien se mettre à rêver…
173
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
Règle 65
Déterminez avec précision les délais disponibles.
1. Quel est le temps d’interruption ?
2. Quel est le taux d’inefficacité ?
3. Quel est le temps de vie sociétale ?
4. Quel est le temps de bascule à enlever ? n
174
Jours non travaillés
Temps
Une personne qui doit travailler un an sur le projet et qui a cinq semaines de
congés payés, 10 jours fériés et 10 jours de RTT, ne travaillera en définitive que
pendant 129 jours.
(52 semaines – 5 semaines de congés – 2 semaines de jours fériés – 2 semaines
de RTT = 43 semaines soit 215 jours de présence effective. Il y aura seulement
40 % de travail effectif soit 129 jours).
une perte de temps pour le passage d’un sujet à l’autre ; c’est le phéno-
mène de bascule et c’est pour cela que le temps passé est non pas de 129
jours mais plutôt de 80 jours.
La méthode pour estimer les temps est la suivante :
1. faire estimer par le contributeur sa charge de travail pour son projet ;
2. appliquer un coefficient à cette charge, c’est-à-dire un taux d’indis-
ponibilité (temps de travail effectif – interruption – temps pour la vie
de l’entreprise) ;
3. vérifier avec le responsable de sa fonction ses contraintes. Ceci va don-
ner un niveau de disponibilité pour la ressource. Si le contributeur est
sur plusieurs projets, il faut être sur de son temps affecté à cette activité.
Il faut faire attention à la prise en compte du bon niveau de priorité ;
175
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
Durée
N° Nom de la tâche Charge
en minutes
9 Trouver un taxi, 20 20
D’après votre analyse, vous prévoyez que pendant ce voyage vous serez
occupé environ 145 minutes alors que la durée totale de votre déplacement
sera de 270 minutes. Vous ne disposerez, au mieux, que de la différence, soit
125 minutes. Sera-ce suffisant pour lire votre dossier ? Êtes-vous certain de pou-
voir utiliser pleinement le temps que vous considérez libre ?
Si vous êtes quelqu’un de discipliné, au décollage vous allez suivre attentive-
ment les consignes de sécurité et consommer encore quelques minutes. Ensuite,
vous serez dérangé par l’hôtesse qui vous fera cadeau d’une « superbe serviette
fraîcheur »… et vous aurez perdu le fil de votre lecture ! Vous aurez ensuite droit
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à un café (encore une interruption). Pour peu que votre voisin ne tienne pas en
place, vous voilà obligé de vous extraire de votre fauteuil une ou deux fois. En
résumé, vous ne serez pas disponible à 100 %.
Vos 125 minutes de liberté vont peut-être fondre à 100 ou 90 minutes.
177
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
Charge
Durée =
Taux de mobilisation
ou
Charge = Durée × Taux de mobilisation
Il est des exceptions. Lorsque, par exemple, la tâche est un cycle de durée
incompressible. On dit alors que la tâche est de durée fixe. C’est-à-dire que le
taux de mobilisation de la (ou des) ressource(s) n’a pas d’influence sur elle.
178
1. On évalue la durée et la charge et l’on en déduit le taux de mobilisation.
2. On estime la durée et l’on applique le taux de mobilisation pour
obtenir la charge.
3. On apprécie la charge et le taux de mobilisation pour calculer la durée.
Certains praticiens partent de la charge pour calculer la durée,
d’autres préfèrent estimer une durée pour retrouver la charge. D’habi-
tude, le taux de mobilisation est négocié et n’est pas à évaluer.
L’évaluation à trois valeurs, dite probabiliste, est recommandée. Si, d’un
point de vue théorique, cette méthode est contestable, elle s’avère proche
de la réalité lorsque les processus de projets sont suffisamment longs1.
1 Le système d’évaluation à trois valeurs commence à fonctionner à partir d’une succession d’une
quinzaine de tâches environ.
179
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
Désignation
N° Cause du risque Oui Non
du risque
181
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
Désignation
N° Cause du risque Oui Non
du risque
182
Dans l’exemple d’un déplacement en avion cité plus haut, nous
sommes devant un processus bien rôdé. Les risques techniques parais-
sent faibles. Pourtant…
Il se peut que la batterie d’alimentation du moteur des portes soit
hors service ou que la visite pré-vol détecte une anomalie d’alimenta-
tion en carburant ou de fonctionnement de l’appareillage du tableau de
bord. Dans un tel cas, le décollage peut être retardé si ce n’est annulé.
Un petit voyant qui s’obstine à rester éteint et c’est tous les passagers qui
doivent changer d’avion…
Quant aux incidents de ressources, il s’agit de risques qu’il faut ne
pas transformer en un mauvais jeu de devinettes pour le client : la piste
n’est pas libre (le vol était pourtant bien prévu à cette heure-là), l’espace
aérien est encombré (à quoi servent les plans de vol ?), l’escalier roulant
en panne ou le personnel en grève, il n’y a que l’embarras du choix.
Prenons comme exemple l’action « embarquement ».
Nous allons procéder par ordre :
1. I dentifier les événements possibles mais non certains qui sont suscep-
tibles d’imposer un retard d’embarquement.
2. Évaluer la probabilité que l’événement se produise.
3. Estimer la conséquence sur la durée si l’événement se produisait.
4. Effectuer la multiplication de la probabilité par la valeur de la conséquence.
5. Totaliser les produits obtenus.
Cela nous donne une approximation de la durée moyenne des
risques si la tâche se reproduisait un grand nombre de fois. Cette valeur
s’ajoute à la durée nominale.
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Influence sur
Consé-
Nature du risque Probabilité l’évaluation
N° quence sur
(Il se peut que…) du risque du risque
la durée
durée
183
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
» Consé-
Influence sur
Nature du risque Probabilité l’évaluation
N° quence sur
(Il se peut que…) du risque du risque
la durée
durée
0 Nominal 100 %
1
»
184
» Nature
Proba- Du-
Durée Charge Coût
N° du pondé- Charge pondé- Coût pon-
bilité rée
risque rée rée déré
Continuons sur l’exemple de négoce déjà utilisé pour illustrer les chapitres pré-
cédents.
185
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
Après l’organigramme des tâches, puis la désignation des ressources, puis les
liens de dépendances chronologiques, la figure 4.19 montre les charges et les
durées de différentes tâches.
186
Règle 67
Valorisez les coûts proportionnels à partir des coûts de l’unité d’œuvre
et des taux de mobilisation des ressources. Valorisez les coûts externes à
partir du devis du fournisseur ou, à défaut, sur la base d’une estimation
d’experts.
1. Intégrez aux coûts de mobilisation des ressources ceux qui sont dus aux
pertes de productivité au démarrage et aux redémarrages de l’action.
2. Réunissez un petit nombre d’experts pour évaluer les risques budgétaires,
tant pour les coûts proportionnels que pour les coûts fixes (qui ne seront défi-
nitifs qu’après obtention d’un devis). n
Etc.
Si vous bricolez votre machine à laver, cela ne vous coûte rien puisque vous
opérez sur vos loisirs. Cela veut-il dire que vous pouvez y consacrer le reste de
votre vie ? Peut-être que, si vous aviez évalué le temps réel à y consacrer, vous
auriez décidé d’en profiter pour changer la machine ou pour faire appel à un
dépanneur. En bref, vous auriez peut-être pris une autre décision.
Valoriser les coûts, c’est d’abord une façon de mesurer pour per-
mettre de décider.
187
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
Supposons que vous deviez lire un dossier difficile pour la prochaine réunion.
Vous en estimez la durée. Le soir venu, vous « attaquez » votre lecture. Les dix
premières pages ne sont pas trop indigestes. Tout va bien.
À la quinzième page, le téléphone sonne : « Allô !… oui, je vous le passe ». Vous
revenez à votre lecture : « Mais où en étais-je ? » Et vous remontez deux ou trois
pages en arrière. Vous avalez encore quelques pages. Votre fille arrive et vous
saute au cou : « Papa, j’ai eu 20/20 en dictée ». Vous la gratifiez d’un encoura-
gement à recommencer et… vous ne savez de nouveau plus où vous en êtes (ce
dossier devient assommant !). Vous remontez encore de deux ou trois pages. Etc.
Votre temps de lecture va probablement être dépassé, non que vous ayez
été particulièrement lent mais parce que vous avez été interrompu de mul-
tiples fois.
1 Le coût de mobilisation est aussi appelé « coût par utilisation » par certains logiciels dont MS Project de
Microsoft. Les logiciels qui « encapsulent » MS Project gardent généralement ce vocable.
188
Coût
3 000
2 500
2 000
1 500
1 000
500
0 Nombre
1 2 3 4 d’interruptions
189
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
190
Code est un numéro de repère. Il peut reprendre le numéro de fonction ou celui
d’un sous-ensemble du produit.
Fonction ou sous-ensemble est un libellé qui désigne l’élément à chiffrer.
Coût de référence est le coût connu de l’élément de référence qui sert de base de
comparaison.
Écart technique constaté ou probable est une différence observable entre l’élément
connu et l’élément à chiffrer.
Impact de l’écart sur le coût est l’estimation de la différence de coût exclusive-
ment dû à l’écart technique identifié. Cette différence peut être en plus ou en
moins.
Le coût probable pour le projet est la somme du coût de référence et de tous les
impacts d’écarts. Il peut être supérieur ou inférieur au coût de la référence.
Ensemble de l’achat :
Le coefficient de risque minorant est inférieur à 1 (risque de moindre coût) et le
coefficient de risque majorant est supérieur à 1 (risque de surcoût).
Le coût risqué mini est le produit du coût probable et du coefficient de risque
minorant ; le coût risqué maxi est le produit du coût probable et du coefficient de
risque majorant.
Le coût risqué de l’ensemble de l’achat se situera entre la somme des coûts mini et
de la somme des coûts maxi.
191
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
Règle 68
Définissez la manière de gérer les coûts.
1. Négociez les processus, les mesures, les indices clés de performance et obtenez
une approbation formelle.
2. Examinez les expériences passées et la façon habituelle de gérer les coûts.
3. Impliquez les principales parties prenantes.
4. Discutez avec votre équipe des coûts.
5. Vérifiez et partagez l’approche avec laquelle les coûts seront définis et suivis.
6. Comparez les différentes méthodologies possibles avant de faire le budget. n
192
Pour créer un plan de management des coûts :
–– rassemblez les facteurs environnementaux comme la réglementation
concernant le management des coûts et les règles financières (Devise
utilisée, Taux d’inflation…) ;
–– rassemblez les retours d’expérience de projets similaires ;
–– identifiez les principes de financement de votre organisation ;
–– rassemblez les exigences de votre commanditaire ou du comité de
pilotage concernant le management des coûts :
–– niveau de précision requis pour les estimations de coût ;
–– fréquence des points de contrôle des coûts ;
–– fréquence requise des rapports de coûts ;
–– indicateurs clés de performance du management des coûts (par
exemple : Indice de Performance des Coûts, utilisation de la pro-
vision pour aléas) ;
–– définissez, avec l’équipe, la manière de collecter et de mesurer les
coûts pendant l’exécution du projet (règle d’évaluation des coûts
réels, par exemple) ;
–– assurez la cohérence et la synchronisation des processus de manage-
ment des coûts avec les autres processus du projet ;
–– documentez formellement dans le plan de management des coûts les
sorties des étapes précédentes ;
–– obtenez l’approbation du plan de management des coûts du projet.
193
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
Règle 70
Ne cédez pas à la pression des délais mais utilisez-la. Lorsque le délai
annoncé n’est pas jugé acceptable par les décideurs, négociez des moyens
mieux adaptés et simplifiez les processus de décisions.
1. Argumentez la négociation de moyens inhabituels en vous appuyant sur les
enjeux du projet.
2. Proposez des processus de décision plus simples et plus courts qui permet-
tent d’obtenir des bonnes données aux bons moments. n
■■ Éviter la « planification-fiction1 »
Qu’elle est forte la tentation de chiffrer les durées des tâches à la valeur
« qui arrange » plutôt qu’à la valeur probable !… C’est ce que nous appe-
lons la planification-fiction.
Lorsque le délai final ou un délai intermédiaire compromet le suc-
cès du projet, les partenaires auront tendance à pousser le planificateur
dans ses retranchements : « Tu ne pourrais pas plutôt faire comme ceci
ou comme cela ? » ou « Tu es sûr qu’il faut tant de temps pour faire ça ? »
ou encore, argument ultime, « dans tel cas on a mis tant de temps pour
faire à peu près la même chose ! ».
Si le planificateur cède, c’est de la planification-fiction.
On peut, exceptionnellement, renforcer les moyens et les actions de
pilotage. On peut, exceptionnellement, demander aux acteurs de faire
un effort, voire de se surpasser. On peut, exceptionnellement, demander
à un fournisseur de mettre les bouchées doubles. On peut (presque) faire
des miracles… exceptionnellement !
Lorsque l’exception devient la règle, les concessions sont de pure
forme. Personne n’espérera ni ne tentera de les respecter. Le planning est
faux avant d’avoir existé. Et puis, quelle crédibilité aura le planificateur
1 L’expression est de Philippe Gardeisen, alors responsable de l’organisation aux Mutuelles du Mans
Assurances.
194
si, après avoir consulté les métiers, il impose des durées arbitraires ?
Quels arguments utilisera-t‑il pour appuyer ses exigences ?
Face à de telles pressions sur les délais, le chef de projet n’a qu’une issue :
résister, argumenter et convaincre. Est-ce à dire que tous les délais sont
incompressibles ? Certes, non. On parvient presque toujours à réduire la
durée d’une tâche mais à condition de revoir son organisation et ses moyens.
195
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
Règle 71
Organisez le chevauchement des actions de projet : pour gagner du délai, liez
les tâches de début à début chaque fois que c’est techniquement possible.
De nombreux travaux peuvent être ordonnancés de manière simultanée et l’im-
pact sur les délais est très important.
L’intensité des échanges techniques entre les réalisateurs de tâches simultanées
est l’un des principaux gages de réussite. n
196
Règle 73
En ingénierie concourante, organisez la trace des choix techniques opérés
sur le mode informel.
Pour cela, utilisez :
1. des modèles de processus pour reconstituer le cheminement du choix.
2. les comptes rendus d’activité du plateau pour relever les évolutions tech-
niques.
3. la revue technique pour composer la trace des changements de date à date. n
■■ Le revers
de l’ingénierie concourante : la perte
d’informations
Les choix de solutions effectués, les hypothèses rejetées et les résolu-
tions de problèmes ne sont plus capitalisés. Seul le résultat final peut
être retrouvé aisément parce qu’il a été concrétisé. Se posent alors
bon nombre de questions auxquelles les concepteurs ne savent plus
répondre, sauf s’ils ont une mémoire d’éléphant :
–– Pourquoi a-t‑on choisi cette solution plutôt qu’une autre ?
–– Telle autre solution a-t‑elle été envisagée ? Si oui, pourquoi l’a-t‑on
écartée ?
–– Tel facteur ou telle contrainte a-t‑il ou non été pris en compte ?
–– A-t‑on choisi la solution la moins onéreuse ?
–– Le délai de conception et de développement est-il sans problème pour
le devenir du projet ?
La plupart du temps, ce genre de question demeure sans réponse.
Cela n’est confortable ni pour le concepteur qui se sent incapable de se
justifier ni pour sa hiérarchie qui reste dans le doute quant à la perti-
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197
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
198
Règle 74
Avant de figer votre planning de référence, identifiez les conflits de res-
sources et résolvez-les.
Visualisez les conflits de ressources sur des histogrammes qui représentent la
capacité de la ressource, les durées et les taux de mobilisation des tâches.
Pour résoudre les surcharges utilisez les techniques suivantes.
1. le glissement de tâches associé ou non à une autre technique.
2. le changement de liens.
3. l’augmentation ou la diminution des taux de mobilisation.
4. le changement de ressource et l’utilisation de ressources externes.
5. le renforcement temporaire d’une ressource existante. n
199
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
Charge / capacité
120 %
Surcharge
100 %
Capacité réelle disponible
80 % Charge de projet B ;
tâche BA
60 %
Charge de projet A ; tâche AA
40 %
20 % Charge ponctuelle
de métier
Charge permanente de métier
0%
Temps
200
Dates (en jours, semaines ou mois)
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
B
Marge « c »
C
G F
Marge « h »
H fin
201
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
T0
B
Marge « c »
C
G F
Marge « h »
H
fin
Marge h’
G’
consommée H’
202
Dates (en jours, semaines ou mois)
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Marge c’’
T0
A B’
Marge c’
B C’
Marge c
C
G F
Marge h
H
fin
203
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
A
Avant
D
T0
E
G F
Marge h
H
fin
A
Après
D
T0
E’
G F
H’
fin
204
La réduction du taux de mobilisation d’une ressource peut être pratique
lorsqu’on simule deux actions qui se produisent en même temps. On
réduit alors les taux de mobilisation de chacune des actions jusqu’à ce
que la somme des deux soit en deçà du seuil de surcharge. Ce système
ne vaut que si le taux de mobilisation de chaque action est, au départ,
inférieur à 100 % de la capacité totale de la ressource.
Dates
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
100 %
Capacité maxi
80 %
60 %
40 % Tâche X Tâche Y
mobilisation mobilisation
20 % de 60 % de 60 %
0% Temps
Planification 1 de X et de Y
100 %
Capacité maxi
80 %
Tâche Y
60 % mobilisation de 40 %
40 %
Tâche X
20 % mobilisation de 40 %
0% Temps
Planification 2 de X et de Y
205
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
Dates
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
100 %
Capacité maxi
80 %
60 %
40 % Tâche Y
Tâche X
mobilisation de 60 % mobilisation de 60 %
20 %
Temps
0%
Planification A de X et de Y
100 %
Capacité maxi
80 %
60 %
Tâche X Tâche Y
40 % mobilisation mobilisation
de 80 % de 80 %
20 %
Temps
0%
Planification B de X et de Y
206
liens prévus dans les actions de cette ressource, d’où un délai induit non
mesurable. Ceci ne sera pas totalement gagnant. Le transfert vers une autre
ressource nécessitera un passage d’informations vers la nouvelle ressource.
Ceci ajoutera de la charge sur la première. Prenons un exemple. La charge
à passer pour une tache à effectuer par la ressource A est de 100 jours alors
que sa disponibilité n’est que de 80 jours. Il manque 20 jours. La ressource
B arrive. Elle demande le passage d’information à A. Le relais de formation
et de passade d’informations dure 20 jours. La charge concrète de travail
sur la tache de la ressource A ne sera alors plus que de 60 jours. Le temps
de travail restant pour la ressource B ne sera alors plus de 20 jours mais de
60 jours. Il s’en suivra que le total de la charge pour faire le travail passera
de 100 jours initialement à 140 jours. Un accroissement de 40 %… Bien
entendu cet exemple est grossier pour forcer la compréhension, mais on ne
gagne pas toujours à transférer des charges.
Le transfert vers un sous-traitant nécessite deux précautions majeures.
Il faut s’assurer :
–– que le sous-traitant retenu dispose des compétences et des moyens
nécessaires ;
–– que le sous-traitant dispose d’un interlocuteur interne qualifié pour le
piloter techniquement.
La contrepartie d’une sous-traitance réussie est le temps et l’énergie
dépensés en accompagnement. Sous-traiter une tâche ou un lot de tâches
ne « débarrasse » pas le donneur d’ordres de la totalité de la tâche. Les
actions de pilotage et d’accompagnement s’exercent tant sur le plan admi-
nistratif et de gestion des délais et des coûts que sur le plan technique ou
scientifique. Plus les actions sous-traitées requièrent des compétences par-
ticulières et plus le donneur d’ordres doit transférer une part importante de
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207
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
0,4
Ressource : Isabelle 22 22 22
Utilisation 0,2
Sur-utilisation 15 15 15 18 18 18
0
Semaines 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Nom de la tâche Janvier Février Mars
15 Concevoir gamme produits Isabelle [0,2]
18 Concevoir & maquetter mailing Isabelle [0,2]
22 Acheter fichier prospect Isabelle [0,2]
0,4
Ressource : Isabelle
Utilisation 0,2
Sur-utilisation 15 15 15 22 22 22 18 18 18
0
Semaines 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Nom de la tâche Janvier Février Mars
15 Concevoir gamme produits Isabelle [0,2]
18 Concevoir & maquetter mailing Isabelle [0,2]
22 Acheter fichier prospect Isabelle [0,2]
208
Règle 75 – Identifiez et traitez les conflits
humains
Dans toute activité humaine, des incompréhensions, des divergences de
points de vue peuvent apparaître.
Règle 75
Évitez l’apparition des conflits. N’attendez pas que les conflits dégénèrent
en crises graves.
Ne soumettez pas les conflits à vos supérieurs, à moins qu’il n’y ait aucun
autre moyen de les résoudre.
N’utilisez jamais le passage en force pour résoudre les conflits surtout si
le membre doit rester mobilisé sur le projet. Préférez la confrontation au
problème avec de réelles solutions, ou le compromis entre les personnes
impliquées. Profitez de l’opportunité du conflit pour progresser.
1. Est-ce que tous les membres de l’équipe projet sont d’accord sur les objectifs,
le périmètre et les priorités du projet ?
2. Est-ce que chaque membre de l’équipe projet dispose des ressources (temps…)
et de l’autorité nécessaires pour accomplir les tâches qui lui sont assignées ?
3. Existe-t‑il des divergences d’opinion à résoudre ?
4. Est-ce que tout le monde est informé des procédures ?
5. Le budget du projet est-il réaliste ?
6. Les ressources allouées suffisantes ?
7. Est-ce que les membres de l’équipe projet s’entendent bien ?
8. Existe-t-il un bon esprit d’équipe ? n
209
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
210
Règle 76 – Contractualisez le planning initial
du projet
Téléchargez cette règle sur le site www.dunod.com (voir la démarche à
suivre dans l’avant-propos).
211
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
212
Ensuite, le chef de projet affecte à chaque action l’ensemble des ressources à sol-
liciter. Les ressources de pilotage définissent les responsables des actions tandis
que les ressources d’exécution décrivent ceux qui vont les réaliser. Ces dernières
ressources appartiennent à deux catégories : les ressources humaines qui appor-
tent leurs savoir-faire, leur motivation et les ressources matérielles qui permettent
ou facilitent l’exécution.
L’identification précoce des acteurs permet de les impliquer très tôt dans la pla-
nification.
Pour identifier les acteurs on utilise le principe d’analyse arborescente. Appliquée
à l’organisation cette analyse produit « l’organigramme fonctionnel » (en anglais
Organisation Breakdown Structure) et détermine les entités de pilotage. Appliqué
aux moyens humains et matériels, « l’organigramme des ressources » où l’on
puisera les ressources d’exécution.
213
4. Préparer la feuille de route : le planning de référence
214
Identifier les actions et les acteurs
215
Chapitre 5
La « navigation »
du projet :
suivi et mises à jour
Executive summary
217
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
218
–– les données produites par le système d’information du projet ou de
l’entreprise ;
–– les moyens humains considérés du point de vue qualitatif et quanti-
tatif ;
–– les moyens matériels (qualité, fiabilité et disponibilité) ;
–– les réalisations antérieures qui sont l’objet de la planification et du
suivi.
Lorsque les conditions d’une bonne réalisation ne sont pas réunies,
l’art du chef de projet et de son équipe sera de prendre les mesures appro-
priées. Ils auront à respecter ou faire respecter les engagements malgré
les contretemps, les défaillances de ressources, les résultats imparfaits ou
incomplets de certaines actions. Mais il arrive que les conditions soient
réunies alors que des changements apportés aux objectifs en cours de
projet les rendent caduques. Il faut alors ré-étalonner les prévisions et
initialiser à nouveau le système de suivi.
Réalisations hors prévisions, mesures correctives et changements
dans les objectifs constituent des écarts par rapport au scénario initial
du projet. Ces écarts intègrent alors une nouvelle prévision actualisée :
nouveau planning, nouveau budget, nouveaux moyens et, parfois, nou-
veau cahier des charges.
Ainsi, tout au long du projet, la boucle de régulation passera de
manière itérative par des reprévisions et des ajustements. Cette boucle
peut être résumée ainsi :
1. Le constat de la situation à un instant donné.
2. La mesure de l’écart par rapport à l’attendu.
3. La projection de cette situation et l’évaluation de ses conséquences
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pour le futur.
4. La prise de décision pour respecter les engagements initiaux ou définir
de nouveaux engagements.
5. La mise à jour : création d’un nouveau scénario qui respecte les enga-
gements.
6. L’information des acteurs pour une exécution conforme à la nouvelle
prévision.
La Conduite Pragmatique du Suivi de Projet (CPSP) aura pour résul-
tat le respect des engagements des acteurs et du projet lui-même grâce à
la maîtrise de son déroulement.
Cette CPSP s’intéressera en priorité aux réalisations qui concernent
le client : Les performances techniques obtenues et leurs délais. Elle
219
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
220
investie et les coûts de réalisation ne sont pas considérés par le client.
D’ailleurs, la plupart du temps, il les ignore et s’en moque.
Pour contenter le client vous devez respecter les délais et la qualité
(ou la performance technique). Ces deux critères constituent la priorité
de votre processus de suivi. Ils sont liés. Si la qualité est obtenue dans un
déroulement normal, les délais sont également tenus (aux validations
près). L’une des raisons majeures des retards de projet est la difficulté
d’acquisition des performances attendues.
Un avancement technique réalisé conformément aux engage-
ments, c’est une qualité ou une performance obtenue au moment
prévu.
Suivre l’avancement du projet, c’est d’abord suivre les résultats tech-
niques et les comparer aux exigences (performance et délais). Ce suivi
ne concerne pas seulement les décideurs de l’entreprise, il influence
directement la satisfaction du client interne ou externe et, à travers elle,
l’image de l’entreprise et de tous les acteurs du projet.
221
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
222
–– diagramme cause-effet, également appelé diagramme Ishikawa ou dia-
gramme en arête de poisson ;
–– diagramme de flux, dit aussi organigramme de programmation ou
logigramme, ou tout autre outil dépeignant un processus ;
–– carte de contrôle, feuille de contrôle ;
–– diagramme de Pareto, loi du 80/20 ;
–– diagramme de dispersion ;
–– …
S’ils sont utilisés dans le projet, ces outils seront détaillés et leur usage
normalisé. En plus du plan de gestion de qualité, l’équipe travaillera sur
un plan d’amélioration des processus – un tel plan détaille la manière
dont l’équipe, face à une opportunité d’améliorer un processus, va se
comporter et gérer les travaux d’amélioration.
La rédaction du plan de management de la qualité s’effectue en plu-
sieurs étapes :
• Vérifiez si votre projet est concerné par des directives de qualité
(règlements officiels, normes…) imposées par l’environnement du
projet.
• Définissez les procédures qualité, les règles et les méthodes qui s’ap-
pliquent au projet, ou référez-vous à la documentation adéquate des
procédures de qualité de votre organisation.
• Établissez la référence de base de la qualité :
–– déterminez les résultats du projet qui doivent être maîtrisés, sur la
base de la structure de découpage de projet ;
–– assignez un responsable de la maîtrise de la qualité et définissez
une méthode de maîtrise de la qualité pour chacun des résultats
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223
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
Règle 79
Menez l’assurance qualité extérieurement au projet.
1. Vérifiez que les documents du projet établis dans le plan de management de
la qualité (référence de base de la qualité) comportent bien les méthodes et les
normes de qualité nécessaires.
2. Contrôlez que les méthodes et les normes de qualité ont bien été appliquées
comme convenu au cours de la mise en œuvre du projet au travers d’« audits
qualité ». n
224
L’un des objectifs de l’assurance qualité est de vérifier que le projet
est bien conduit selon la méthodologie en place. Cette méthodologie
capitalise l’expérience des nombreux projets précédents, et a comme
objet le bénéfice du projet.
Puisque l’assurance qualité a pour but de capitaliser et transmettre
les expériences passées à l’équipe du projet en cours, elle fonctionne
également dans l’autre sens : toute expérience, bonne ou mauvaise,
concernant les normes, formulaires, processus, etc. devrait être enregis-
trée pour pouvoir être réutilisée.
Le chef de projet est responsable de l’application de la vérification
que les processus, formulaires et normes de l’entreprise sont pertinents,
efficaces et apportent au projet le maximum de profit, relativement aux
coûts. Pour les chefs de projet, il existe souvent une équipe dédiée char-
gée de fournir formulaires, normes et processus.
Cette équipe s’appelle Bureau des projets (PMO – Project Manage-
ment Office).
Les audits qualité doivent être conduits par un auditeur de l’assu-
rance qualité extérieur au projet afin d’éviter d’être juge et partie.
225
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
226
–– maîtriser en permanence le contenu convenu, notamment par rap-
port aux contradictions, et aussi anticiper celles qui peuvent appa-
raître ;
–– identifier et décrire les modifications lorsqu’elles surviennent ;
–– mettre en œuvre des actions pour éviter les modifications.
L’objectif de la validation du contenu du projet est que les produits
finaux soient acceptés au fur et à mesure par le client. En pratique, la
maîtrise et la validation sont plutôt problématiques en raison de contra-
dictions non identifiables et de désaccords sur le respect des exigences
qui apparaissent pendant l’acceptation, ou encore parce qu’il y a plu-
sieurs points de vues sur la façon de traiter les modifications et les accep-
tations.
La principale origine de ce genre de problèmes est l’absence d’un
accord précis avec les parties prenantes sur la référence de base du
contenu.
Pour éviter ces problèmes, la référence de base doit être établie au
préalable et approuvée par les parties prenantes. Elle est constituée de
la documentation des exigences (qui définit le besoin), de l’énoncé du
contenu du projet (qui définit entre autres le produit, les exigences et les
critères de l’acceptation).
L’équipe doit vérifier en permanence si la production du contenu est
faite conformément à la référence de base du contenu. Est-ce que tous
les travaux nécessaires sont réalisés, et uniquement eux ? Conformé-
ment à l’échéancier du projet ? Il existe toujours des influences possibles
sur le projet qui peuvent déboucher sur des modifications du contenu
du projet. Si vous constatez des contradictions ou des écarts par rapport
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227
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
Règle 82
Suivez les avancements techniques sans les lier aux consommations et
réévaluez le « reste à faire » chaque fois qu’il y a dérive par rapport aux
prévisions.
1. L’avancement mesure les progrès réalisés dans une logique de client. Il s’ap-
puie sur les résultats obtenus.
2. Lorsqu’un avancement dérive, l’évaluation du « reste à faire » est un bon
moyen d’estimer les chances d’aboutir dans les conditions prévues. n
228
évaluer les progrès réalisés sur d’une tâche de recherche, d’étude ou de
mise au point, les choses se compliquent. Deux pratiques peuvent alors
être adoptées :
Solution 1 : On identifie un critère de mesure suffisamment repré-
sentatif de l’avancement. Ce critère doit être clairement exprimé afin
de permettre la communication. Il peut, par exemple, être les « heures
produites » : ce qui a été réalisé correspond à une estimation de x heures
prévues dans le budget initial (mais ne correspond pas forcément aux
heures réellement consommées). Ce système utilise la même unité de
mesure pour l’avancement et les consommations et autorise des com-
paraisons.
Solution 2 : Pour chaque tâche ou lot de tâche, on définit à l’avance
les états intermédiaires de l’avancement. Cette solution n’est pratique
que lorsque la progression de la tâche est suffisamment séquentielle.
Ainsi, si vous devez rédiger un rapport, vous découperez ce rapport
en chapitres et vous donnerez un poids à chacun de ces chapitres. Cela
peut donner : 10 % pour le chapitre 1 ; 20 % pour le chapitre 2 ; 30 %
pour le chapitre 3 ; 25 % pour le chapitre 4 et 15 % pour le chapitre 5.
Ce système revient à détailler l’organigramme des tâches d’un niveau
supplémentaire. Il convient lorsque le chef de projet ne descend pas à
un détail plus fin que le lot de tâche. Le délégataire du lot ou la ressource
peut alors effectuer un suivi à la maille de la tâche.
Quel que soit le système d’observation, on ramène presque toujours
l’avancement technique à l’une des deux mesures suivantes :
–– un pourcentage de réalisations désigné sous le terme de taux d’avan-
cement ;
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229
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
Prévisions Réalisations
Avancement technique en %
230
Dans le cas de tâches de très courtes durées où le suivi réel de l’avan-
cement est quasi impossible et inutile, on utilise des taux d’avance-
ment conventionnels. Par exemple, on ne considère que trois états1 :
–– la tâche n’est pas commencée : avancement zéro ;
–– la tâche est commencée et non terminée : avancement 50 % (par
convention) ;
–– la tâche est terminée : avancement 100 %.
Ce système privilégie la vision consolidée de la progression du
projet.
Un avancement de 50 % est évidemment faux pour chaque tâche
considérée isolément. Les erreurs se compensent à la consolidation
en lot de tâches et le progrès de l’ensemble est à peu près juste. Cette
approximation est suffisante lorsque les projets sont analysés à une
maille très fine et ont des tâches nombreuses.
Règle 83
Rendez les avancements de votre projet « visibles ». Utilisez des représen-
tations graphiques telles que : graphique de Gantt ; profils d’avancement ;
courbe de valeur produite. Si nécessaire, combinez ou associez ces repré-
sentations pour les adapter à leurs destinataires.
Le graphique à barres dit « graphique de Gantt » ou les profils d’avancement
restituent un suivi à la maille de la tâche ou du lot de tâches.
1 Ce système est utilisé depuis fort longtemps par l’industrie lors du chiffrage de la valeur ajoutée des
en-cours au moment des inventaires. Lorsque le nombre de tâches considéré est suffisamment impor-
tant, il est transposable ici.
231
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
La courbe des valeurs produites cumulées donne une vision des progrès réalisés
sur l’ensemble du projet.
Ces différents moyens de communication sont plus ou moins facilement perçus
suivant la culture de l’entreprise. Les adapter à cette culture. n
232
Prévision de tâche
Prévision initiale de la tâche
Tâche A
100 % Avancement
Tâche D 12 %
Date du constat
Lot A à D
55 %
Temps
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Tâche A 0 4 4 0 4 100 %
Tâche B 2 7 5 2 3 60 %
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Tâche C 1 6 5 0 4 80 %
Tâche D 1 9 8 2 1 12 %
Total 22 12 55 %
Lot A à D 0 9 9 0
Les dates (début prévu, fin prévue et début réalisé) sont les numéros
des différents points à date programmés. Cela équivaut à un datage dit
arithmétique.
Dans l’exemple de la figure 5.1 :
–– les progrès de la tâche C sont supérieurs à la prévision parce que C a
commencé une unité de temps plus tôt que prévu ;
233
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
234
Prévision de tâche
Prévision initiale de la tâche
Tâche A 100 % Avancement
Prévision du lot
Tâche B 60 % Prévision initiale du lot
Re-prévision après
mesure corrective
Tâche C 80 %
12 %
Tâche D
Tâche D'
Tâche D''
Date du constat
Lot A à D
55 %
Temps
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
235
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
Tâche C 80 %
Tâche D 12 %
Tâche D'
Tâche D''
Date du constat
Lot A à D
55 %
Temps
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Prévision de tâche
4 Ut Prévision du lot
Tâche A
3 Ut Avancement réel
Tâche B
4 Ut Avancement prévu
Tâche C Écarts
1 Ut
Tâche D
Lot A à D
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
236
Tableau 5.3 – Les écarts d’avancement en durées
A 4 4 0
B 2 3 +1
C 3 4 +1
D 3 1 – 2
Total 12 12 0
Lot A à D 0
Temps
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
237
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
-1 -3
Lot A à D 0
Temps
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Pour résumer :
1. Une pointe du profil située à gauche de la verticale indique un retard
et une pointe située à droite une avance.
2. La valeur calendaire de l’écart est représentée par la longueur de la pointe.
3. La variation de longueur ou le changement de sens d’une pointe
indique une tendance.
Ce système permet d’un coup d’œil d’évaluer les progrès réalisés
ainsi que leurs tendances par rapport aux prévisions. En revanche, il ne
donne aucune indication sur la criticité des tâches ou lots de tâches ni
sur l’importance d’un écart par rapport à la durée totale de la tâche (sauf
à l’associer au graphique de Gantt).
238
Pour remédier à ces inconvénients, on adopte le profil en taux
d’avancement avec repérage des actions critiques (ce repérage peut aussi
être retenu pour les profils en durées). Ce graphique compare les taux
d’avancement prévus et réalisés à des points à date successifs. Il est issu
des valeurs définies par le graphique de Gantt.
Le profil en taux d’avancement ne retient que les écarts en pourcentage
entre le prévu et le réalisé pour chaque tâche ou lot de tâche.
Ce mode de suivi nécessite un petit calcul intermédiaire pour
construire le graphique. On bâtit un tableau dans lequel chaque tâche
est répertoriée avec son taux d’avancement prévu et réalisé. L’opération
« réalisé – prévu = écart », donne une valeur positive si l’action est en
avance et une valeur négative si elle est en retard.
Prévu Réalisé
Écart
Tâche Total Remarque
en %
Durée % Durée %
A 4 4 100 4 100 0
B 5 2 40 3 60 + 20
C 5 3 60 4 80 + 20
D 8 3 37 1 12 – 25 Critique
Lot 22 12 55 12 55 0
0%
Tâche A Avance
+ 20 % Retard
Tâche B
+ 20 %
Tâche C
- 25 %
Tâche D
0%
Lot A à D
– 30 – 20 – 10 0 + 10 + 20 + 30 Écarts en %
239
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
B 5 4 80 5 100 + 20 À terminaison
D 8 5 62 4 50 – 12 Critique
Lot 22 18 82 17 77 – 5
Tâche A Avance
Retard
Tâche B
Tâche C
Tâche D
Lot A à D
Si, comme dans l’exemple, un retard apparaît sur une tâche critique,
on déclenchera immédiatement la recherche de mesures correctives.
240
■■ Le suivi global des avancements : la courbe en S
Pour réaliser la courbe en S des avancements1 du projet, on consolide
ces derniers en une seule valeur budgétaire représentée par un point. Ce
point de la courbe représente la valeur produite par le travail réalisé. En
d’autres termes, ce sont les progrès de l’ensemble des tâches valorisés
par le coût du travail prévu pour les réaliser.
Vous décidez de peindre les quatre murs de votre cuisine. Vous avez prévu
4 heures pour réaliser ce travail. Vous peignez le premier mur comme prévu
mais, au moment d’attaquer le second mur, vous découvrez que le plâtre est
partiellement décollé. Vous passez deux heures à réparer votre mur.
Si vous faites un point d’avancement à la fin de la troisième heure, vous dressez
le bilan suivant :
• Avancement prévu : 75 % (trois heures « budgétées » sur les quatre prévues
au total).
• Avancement réel : 25 % (une heure seulement du travail prévu a été produite).
Supposons que vous ayez établi votre budget initial sur la base de 20 unités
monétaires pour une heure de travail, vous n’avez produit que les 20 premières
unités (bien que vous en ayez consommé 60).
L’historique de l’avancement heure par heure se résume par le tableau suivant.
1 20 20
2 40 20
3 60 20
1 Dans les pays francophones, la courbe en S des avancements est nommée CBTE (coût budgété du
travail effectué). En langue anglaise, c’est la BCWP (budgeted cost of work performed).
241
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
Coût
80
Dépenses
budgétées
(CBTP)
60
Valeur
40 produite
(CBTE)
20
0
1 2 3 4
Points à dates
Retard
242
Pour exploiter la courbe en valeurs monétaires :
3. O
n prolonge le point de la valeur produite verticalement jusqu’à l’in-
tersection avec la courbe de prévisions.
4. L’espace qui se situe entre le point d’intersection et l’avancement
matérialise l’écart budgétaire. Si les réalisations se situent en dessous
des prévisions on obtient la valeur du retard (valeur produite infé-
rieure à la valeur prévue). Si elles se placent au-dessus, il s’agit d’un
dépassement (valeur produite supérieure à la valeur prévue).
Coût
100
Durée
du
retard
80
Valeur budgetaire
du retard
60
Dépenses cumulées
prévues au budget Date du dernier
point d’avancement
40
20
© Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit.
0
T0 T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 T8 T9 Temps
243
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
Règle 84
Réévaluez (ou faites réévaluer) le « reste à faire » dès qu’un écart se
confirme sous forme de tendance. Si l’écart est ponctuel, contentez-vous
de reporter le « reste à faire » théorique déduit de la prévision initiale.
Lorsqu’une dérive croît, cela indique une erreur de prévision ou des conditions
d’exécution qui ne sont pas celles prévues.
Au contraire, lorsqu’une dérive se stabilise en valeur constante, elle est due à un
événement ponctuel qui a peu de chances de se reproduire. n
Prévision
Avancement réel
Tâche 2
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 Temps
244
■■ Le « reste à faire » réévalué
Imaginons que, dans l’exemple précédent, l’avancement de 25 % est
représentatif de la tendance de la tâche. Cette dernière va donc conti-
nuer de dériver. Le « reste à faire » devra être réévalué et la planification
mise à jour en conséquence.
La réévaluation du « reste à faire » à des conséquences sur la pla-
nification du projet, voire sur son délai final si la tâche réévaluée est
critique. Un examen précis des impacts du retard permet d’en apprécier
la gravité et de prendre des mesures adaptées.
Tâche 1
25 %
Tâche 2
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 Temps
245
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
■■ La courbe en S à achèvement
Cette courbe prend en compte le « reste à faire » et les nouvelles
prévisions qui en découlent. La courbe en S des valeurs produites
associées à ces nouvelles prévisions détermine le délai probable à
terminaison. Si ce délai est inacceptable, des mesures correctives
devront être prises. Une nouvelle courbe sera alors réalisée sur la base
du dernier scénario.
La courbe de prévision est reproduite dans le tableau de bord du pro-
jet. Sa mise à jour, à chaque point d’avancement, permet de visualiser
la tendance des avances ou retards et de la projeter sur les réalisations à
terminaison.
Deux options peuvent être prises :
1. Les écarts de réalisations en avance ou en retard sont dus à des événe-
ments ponctuels et ne doivent pas influencer les réalisations futures.
Dans ce cas, on reporte le « reste à faire » tel qu’il a été prévu dans le
scénario de départ du projet.
2. On considère que les écarts sont dus à une prévision erronée des
conditions de réalisation. Il faut alors réévaluer le « reste à faire »
et reconsidérer les prévisions des actions non encore commencées.
Cette réévaluation intègre les mesures correctives.
Chacune de ces hypothèses donnera lieu à une projection des réali-
sations sur le futur.
246
Dans l’illustration qui suit (figure 5.13), le « reste à faire » reporté
donne un retard à terminaison repéré RR. On suppose, dans cette hypo-
thèse, que les retards constatés sur les avancements réels n’auront pas
d’influence sur les réalisations futures.
La seconde hypothèse présente un « reste à faire » évalué qui entend
un scénario de projet révisé. Dans ce cas, le retard à terminaison, repéré
RE est plus important.
RE
RE : Retard évalué à terminaison
Coût RR : Retard reporté à terminaison RR
100
Durée
du
retard
80 Reste à faire reporté
20
0
T0 T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 T8 T9 T10 T11 Temps
T0 est le « top » de départ du projet ; T1 à T9 représentent les points à dates
T10 et T11 sont des points à dates ajoutés à cause du retard à achèvement
247
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
Règle 85
Ayez sans cesse un regard sur l’avancement futur : appréciez l’évolution
des risques, organisez le soutien des acteurs du projet et, si besoin, rené-
gociez les exigences de performances.
Les risques d’avancement concernent principalement les incertitudes relatives
à l’obtention des performances techniques et aux conditions de réalisation des
tâches. Pour ces deux domaines, la coopération entre les partenaires est un
atout majeur du projet.
Lorsque les performances ne semblent pas devoir pas être obtenues, il faut se
résoudre à renégocier les exigences. Plus tôt on aura mené cette renégociation
et moins on aura pris de retard et consommé de ressources sans contrepartie. n
248
spécifiquement des ressources et des données d’entrées. Ces dernières
peuvent pécher par leur imprécision ou leurs manques.
En phase de préparation de l’exécution, les risques liés au système à
réaliser (produit, organisation ou service) sont à peu près résolus. Par
contre, c’est le moment des choix et des arbitrages de moyens. Le poids
des processus de décision reprend le dessus. La perspective d’un engage-
ment financier immédiat peut entraîner quelques hésitations.
En phase de réalisation, le poids des processus de décision est minoré.
La disponibilité de moyens adaptés est déterminante. La qualification
des acteurs, leur disponibilité et la mise à disposition des matériels
concentrent la majorité des risques.
Lorsque la décroissance des risques ne se produit pas de manière nor-
male, cela constitue une alerte majeure. Soit les compétences nécessaires
ne sont pas disponibles ou pas mobilisées en qualité et en quantité et
la question ne prend pas le chemin d’être résolue, soit la faisabilité des
exigences techniques ou fonctionnelles a été mal évaluée.
Dans la première hypothèse, faire jouer au maximum le soutien
technique entre les partenaires du projet et, si besoin, impliquer de
nouveaux partenaires. Dans la seconde hypothèse, la solution la plus
réaliste consiste à renégocier les exigences du client.
249
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
Pour traiter les risques, penser aux apports d’experts. Sollicités ponc-
tuellement, ils sont neufs sur le problème et n’ont, en conséquence,
aucun a priori. Outre leurs compétences, les experts apportent une
grande diversité de référentiels due à leur expérience. Ils peuvent, certes,
apporter une solution mais ils peuvent aussi poser la question qui per-
mettra au groupe de projet de trouver lui-même cette solution.
De plus, l’expert, passionné par sa spécialité (sinon, il ne serait pas
expert) se mobilise spontanément et n’a habituellement pas besoin
d’être motivé.
250
rez à ne pas le dépasser. Au-delà d’une certaine limite, vous dépasseriez
votre seuil de faisabilité économique.
Vous réalisez des achats de matériaux : sanitaires, carrelage, robinet-
terie, etc. Pour ces matériaux, vous verserez peut-être un acompte à la
commande et, dès cette commande, vous êtes engagé à régler le solde à
la livraison ou à échéances convenues.
Vous devez donc suivre vos dépenses en deux catégories :
–– en débours (montants versés). Ces dépenses diminuent votre
trésorerie ;
–– en engagements (montants que vous êtes engagés à régler à une date
donnée). Ces montants ne diminueront votre trésorerie que plus tard
mais ne sont déjà plus disponibles pour une autre utilisation.
Les dépenses de travail réalisées sont de deux ordres :
–– travaux confiés à des tiers sur devis ;
–– travaux confiés à des tiers en régie (ou au temps passé).
Considérons que vous ne faites aucun des travaux vous-même. Les
travaux réalisés sur devis ont un montant forfaitaire et seront gérés de la
même manière que des achats de matériaux.
Les travaux exécutés en régie (ou au temps passé) ont un coût final
moins sûr car tout dépend de la manière dont ils vont se dérouler. Ce coût
est dit proportionnel. En cas de bonne ou de mauvaise surprise, les réali-
sations seront inférieures ou supérieures aux prévisions. Tout commen-
cement d’une action, même s’il n’occasionne aucun débours immédiat,
peut être considéré comme un engagement de la dépense correspondante.
Dans ce cas, les échéances de paiement sont généralement périodiques.
Pour une action donnée, le constat des dépenses effectuées et enga-
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251
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
Dans le second cas, vous jouez sur la compensation entre deux bud-
gets distincts.
(a) nom du motif d’une dépense. Cette dernière variera en fonction du travail
nécessaire pour réaliser le motif (par exemple, une tâche réalisée en régie).
(b) nom du motif d’une dépense qui, pour le gestionnaire du projet, ne variera pas
quel que soit le temps consacré à l’action (achat de matériaux ou travaux sur devis).
(c) montant prévu au budget pour la dépense relative au motif.
(d) montant des dépenses effectives à la date d’édition de l’état.
(e) montant des dépenses restant à réaliser pour le motif.
(f) somme du réalisé et de l’engagé. Cette somme est à comparer au montant
budgété.
252
2. Évaluer les écarts par rapport au budget initial.
3. Prendre les mesures correctives afin de revenir à une prévision acceptable.
4. Intégrer les changements dans les nouvelles prévisions. Ces mesures
peuvent influencer les spécifications techniques, la définition des
tâches et/ou les ressources prévues.
5. Informer les acteurs concernés des changements survenus.
Le suivi en unités d’œuvres est intéressant pour visualiser un plan-
ning dans le but d’une analyse précise. À niveau global, il est plus pra-
tique de convertir les unités d’œuvre en unités monétaires. Cela permet
un suivi homogène des achats extérieurs et des travaux réalisés par des
ressources internes. En cas de changement de ressource (par exemple,
sous-traitance), la comparaison est immédiate.
Règle 86
Mesurez (ou évaluez) périodiquement les consommations réalisées et
engagées pour le projet.
1. Les consommations réalisées sont les heures passées et les débours réels
effectués par l’entreprise.
2. Les dépenses engagées pour des achats sont considérées à la date de passa-
tion de la commande au fournisseur (bien que, sous certaines conditions, une
commande puisse être annulée).
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253
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
Fiche d’action
Avancement technique en %
Dépenses de MO
Dépenses d’achats
Remarques
Consignes particulières et alertes Événements ou incidents survenus
concernant l’action : au cours de l’action :
254
Le repérage des actions situées en amont et en aval de l’action per-
met aux acteurs :
–– de relancer les fournitures amont de manière préventive autant que
corrective ;
–– d’informer les partenaires situés en aval des incidents ou retards qui
se produisent en cours d’exécution. Il s’agit d’une incitation à la négo-
ciation horizontale afin de régler les problèmes mineurs sans passer
obligatoirement par le chef de projet.
Les délais prévus sont indiqués par trois valeurs :
–– les délais planifiés sont les seuls à être opérationnels. Ils correspondent
aux dates effectives retenues au planning et sont normalement exécu-
toires. Elles peuvent être issues du planning initial du projet ou de ses
mises à jour antérieures ;
–– les délais « au + tôt » et « au + tard » sont donnés à titre d’information
au gestionnaire de tâche. Cela lui permet d’évaluer la criticité d’un
événement non prévu et de prendre des mesures adaptées. Ces délais
sont tirés du planning PERT ou d’une technique dérivée.
Dans le cas d’une tâche critique (sur le chemin critique), les trois
délais (planifié, au + tôt et au + tard) sont identiques. Ces tâches qui ne
disposent d’aucune marge demandent une surveillance accrue.
Les délais de réalisations ne sont portés que lorsque l’événement de
début ou de fin a eu lieu. Si l’action est commencée et non terminée, seule
la date de début est indiquée. Par convention, lorsque la date de fin apparaît
sur la fiche de suivi, cela signifie que l’avancement est de 100 %. Ces infor-
mations sont issues du pointage des réalisations effectué par les acteurs.
L’avancement technique en pourcentage est une valeur synthétique pour la
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255
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
256
–– elles permettront à la ressource d’informer le chef de projet des évé-
nements ou incidents qui se sont produits pendant la réalisation de
l’action. Elles peuvent justifier un retard ou une avance, expliquer le
résultat technique d’une action ou constituer un retour d’expérience
sur son déroulement. On utilise aussi ces remarques pour exposer les
mesures correctives qui ont été prises par un métier.
257
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
Écarts
Code Poste Dota- Dota- Total Dépensé Engagé Reste à Total
budget budgé- tions tions des engager prévu
taire MO achats dota-
tions
Règle 87
Valorisez les écarts et évaluez la tendance des dérives à chaque point bud-
gétaire afin de prendre les mesures appropriées. Restituez vos constats
sous forme graphique afin d’en faciliter l’interprétation.
Les écarts s’évaluent en gains ou en pertes par rapport aux prévisions (le budget
initial ou le résultat du dernier recalage budgétaire).
258
La tendance résulte de la succession des écarts. Lorsqu’une tendance au dépas-
sement se maintient, le chef de projet revoit les conditions de réalisation des
actions ou réévalue les prévisions. n
Mois 3 15 21 Date P3 30 35 +5 +
Mois 4 20 20 Date P4 50 55 +5 +
Mois 5 20 25 Date P5 70 80 + 10 ++
Mois 6 13 10 Date P6 83 90 +7 +
Mois 7 10 Date P7 93
Mois 8 5 Date P8 98
259
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
1 On utilise habituellement le sigle CRTE (coût réel du travail effectué) pour désigner cette courbe. Le
terme anglais correspondant est ACWP (actual cost of work performed).
260
Coût
100
Dépassement
80
60
Dépenses réelles
Date du dernier
cumulées (débours +
point d’avancement
40 engagements)
Dépenses cumulées
prévues au budget
20
0 Temps
T0 T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 T8 T9
261
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
Règle 88
Lorsqu’un dépassement de budget apparaît, analysez les causes et décidez
des mesures correctives. Si le dépassement se confirme sous forme de ten-
dance, revoyez les conditions d’exécution du projet ou réévaluez et faites
valider les prévisions.
1. Un dépassement ponctuel peut être acceptable. S’il ne l’est pas, on cher-
chera à en neutraliser les effets.
2. La recherche des causes a pour but d’identifier des leviers d’actions pour le
cas où un dépassement devient une tendance.
3. Une tendance au dépassement sous-entend que le projet n’est pas réalisé
dans les conditions prévues ou que les prévisions sont erronées. Un examen
attentif des conditions de réalisation permet de définir si le projet est dans l’une
ou l’autre de ces situations. n
262
l’acteur, qui veut tout faire à la fois, touche à tout et n’aboutit à rien.
Chaque reprise de tâche occasionne une perte de temps. Ce cas est fré-
quent lorsque de nombreux projets sont menés en parallèle et que la
durée globale du projet est augmentée artificiellement par des marges
qui ne correspondent pas à des risques réels.
Le non-respect des conditions d’exécution prévues peut être acciden-
tel et lié à un événement ponctuel tel qu’une panne ou une mala-
die. Dans ce cas, le dépassement n’atteint pas le stade de la tendance.
Il arrive aussi que les conditions ne soient pas réunies parce que les
bonnes décisions n’ont pas été prises au bon moment. Par exemple,
une embauche prévue n’est pas réalisée ou est réalisée trop tard ; ou
encore, l’acquisition d’un moyen matériel ne se fait pas ou se fait
lorsque le besoin a disparu.
Les dotations budgétaires erronées peuvent venir d’une planification
fiction dans laquelle on a triché sur les estimations pour faire coller le
planning aux exigences de délais du client. On peut aussi avoir omis
certaines actions qui s’avèrent nécessaires, avoir surestimé les acquis ou
avoir été trop optimiste quant à la faisabilité technique.
L’origine du dépassement induira fortement le type de mesures à
prendre et cette analyse s’avère des plus utiles. La recherche de cohé-
rence entre les dépassements budgétaires et l’avancement technique du
projet permettra de détecter plus précisément les causes de dérapage.
vrir). S’il n’est pas acceptable, la mesure corrective sera le plus souvent
ponctuelle elle aussi. Par exemple, on neutralise l’effet du dépassement
en jouant sur l’organisation, les moyens ou les exigences de perfor-
mance d’une action située plus tard dans le projet.
À l’opposé, un dépassement qui se confirme sous forme de ten-
dance peut conduire à l’explosion du budget final et peut, dans les cas
extrêmes, remettre en cause le projet lui-même1. Dès qu’une telle ten-
dance apparaît, les recentrages sont urgents.
À titre d’exemples, on trouvera ci-après (tableau 5.11) quelques
mesures correctives possibles au regard d’une cause identifiée.
1 C’est le cas des projets réalisés dans une démarche dite « go, no go » où la décision de poursuivre est
subordonnée à la réalisation du budget autant qu’à l’aboutissement des travaux.
263
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
264
Communiquer les nouvelles prévisions
Les mesures correctives devront être communiquées afin d’être appli-
quées et, si besoin, préalablement validées.
Pour avoir quelques chances d’être perçue et comprise, l’information
doit être préparée dans ce sens. La communication des mises à jour de
prévision se passe en deux temps :
–– la préparation de l’information dans un but de lisibilité pour ses des-
tinataires. Autant que possible, elle s’appliquera à susciter l’intérêt ;
–– la transmission de l’information préparée de manière satisfaisante sur
le plan de son intégrité et de son délai.
265
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
Imaginons (voir figure 5.15) que les dépenses prévues pour une suite de tâches
A, B et C doivent être réduites pour cause de dépassement de budget des
tâches précédentes. La mesure corrective adoptée est l’ajout d’une tâche d’ex-
pert qui vise à réduire les consommations de temps des ressources pour les
tâches B et C.
266
Chaque acteur est supposé mobilisé à 100 % pendant la durée de la
tâche. Les charges sont reportées sur un histogramme consolidé, toutes
ressources confondues.
On se rend compte que le scénario « avant » est plus lourd que le
scénario « après ». Malgré tout, l’histogramme montre que pendant une
courte durée, deux ressources seront mobilisées en même temps (voir la
tâche D).
Le comparatif des prévisions budgétaires d’une mesure corrective est
présenté sous la forme d’un tableau de chiffres dans lequel les deux scé-
narios sont valorisés en unités monétaires. Une colonne d’écarts montre
le moment et le motif des améliorations prévues.
La traduction de l’histogramme en tableau des dépenses donne, pour
l’exemple, les résultats valorisés qui suivent. Pour cet exemple, on a
convenu que le coût était de 100 unités monétaires par unité de temps
et par ressource mobilisée.
267
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
Règle 90
Communiquez rapidement la nouvelle prévision de manière à la rendre
exécutable le plus tôt possible.
Veillez à la sécurité de fonctionnement des moyens de communication utilisés.
L’intégrité et la rapidité du système de communication conditionnent forte-
ment la compréhension des mises à jour et l’efficacité des mesures correctives
et des reprévisions. n
Les supports choisis sont les plus rapides possibles compte tenu des
moyens dont dispose l’entreprise. Toute entreprise est désormais équi-
pée d’Internet, on privilégiera ce canal qui garantit généralement la
qualité et la rapidité des informations transmises. Les moyens des règles
suivantes possèdent un système d’accusé de réception qui confirme au
chef de projet que ses données ont été lues et le renseigne sur le moment
où elles l’ont été.
268
Règle 91 – Favorisez le partage de l’information
(espace de travail collaboratif)
Les moyens présentés ci-dessous permettent la transmission ou la mise à
jour des informations en flux poussé. Ce système permet d’alerter les acteurs
du projet en temps réel sur l’évolution d’une composante de l’information
ou de lui rappeler sa nécessité de remise à jour de cette même information.
Règle 91
Investissez dans un outil de gestion collaborative.
1. Les équipes sont situées sur des lieux géographiques dispersés.
2. Le partage de l’information permettra à l’investissement d’être très vite ren-
tabilisé. n
–– partage du planning ;
–– partage d’applications et de bureau ;
–– tableau blanc et outils d’annotation ;
–– chat public et privé ;
–– gestion dynamique des tâches ;
–– capture de contenu ;
–– e-mail et demande d’invitation ;
–– présence et indication de chat actif ;
–– présentation de documents.
Les outils collaboratifs permettent la création d’un espace de travail
numérique Web sécurisé en toute facilité. Il est possible de déplacer les
documents importants en les faisant glisser, créer des liens vers les appli-
cations utilisées.
269
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
270
Règle 92 Encouragez la communication directe
(conférence via Internet)
Les projets sont de plus en plus internationaux et le management par
projet obtient une partie de son potentiel par le rapprochement des
acteurs. L’intégration de l’image dans les communications à distance
devient une nouvelle forme de proximité des acteurs des projets.
Règle 92
Investissez dans les moyens de communication modernes.
Le téléphone est aujourd’hui une donnée acquise comme un besoin de l’en-
treprise. Il en est de même des moyens modernes de communication comme
la visioconférence ou la conférence via Internet, qui permet de partager à plu-
sieurs des documents, des conversations, de la vidéo en temps réel. n
271
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
272
s’agit d’une tendance ou d’un simple incident. Lorsque, à l’analyse, la tendance
s’affirme, il convient de déclencher rapidement les mesures correctives en déter-
minant un délai et un pilote pour ces actions.
3. Repenser le scénario de projet peut s’avérer nécessaire lorsqu’une tendance
au dépassement budgétaire est jugée inacceptable. Cela entraîne une replani-
fication du projet dans un scénario différent (impasses techniques, ressources
minimisées).
Maîtrisez la qualité
Des incidents ne manqueront pas de survenir tout au long du déroulement du
projet. Ils bousculeront l’image du futur autant qu’ils produiront une réalité dif-
férente de l’idée qu’on s’en était faite. Il conviendra de piloter les réalisations de
manière à tenir les engagements en maîtrisant la qualité.
1. Répondez aux demandes implicites et explicites du client en termes de produit
ou de service livré mais répondez aussi à la manière dont ce produit ou service
est construit et développé. Le projet doit lui aussi être piloté selon des règles de
qualité.
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273
5. La « navigation » du projet : suivi et mises à jour
274
Chapitre 6
Le « pilotage »
du projet :
le tableau de bord
Executive summary
275
6. Le « pilotage » du projet : le tableau de bord
Piloter l’avancement
et les consommations
Lorsque vous conduisez votre voiture, quels sont les indicateurs du
tableau de bord dont vous avez couramment besoin ? En situation nor-
male assez peu sans doute. En cas d’incident vous chercherez des infor-
mations plus exceptionnelles.
276
Les indicateurs les plus fréquemment utilisés sont probablement :
–– le compteur de vitesse (parcourir les kilomètres au plus vite mais
attention aux virages… et aux radars !) ;
–– le compteur kilométrique (où en sommes-nous ?) ;
–– la jauge de carburant (évitons la panne sèche).
Et après ? Peut-être :
–– le compte-tours pour éviter de fatiguer le moteur ou pour doubler
rapidement ;
–– l’indicateur de charge de batterie pour être sûr de redémarrer en cas
d’arrêt ;
–– l’indicateur de fermeture de porte afin de ne pas perdre de passager
en route ;
–– et quelques autres…
En pilotage de projet, nous procédons de la même manière. D’abord
une vision globale sur les critères essentiels. Ensuite, quelques précisions
sur des critères plus exceptionnels mais sensibles.
Évitons les romans fleuves qui tiennent lieu de tableau de bord et
que personne ne lit par manque de temps. À l’opposé, évitons aussi de
laisser les décideurs dans le brouillard par manque d’information.
Le tableau de bord, ce seront d’abord quelques indicateurs, peu nom-
breux mais pertinents, qui donneront une vision d’ensemble du projet.
Le compteur de vitesse est ce qui se produit en ce moment. C’est le
but de la réunion d’avancement et de son compte rendu. Cette infor-
mation figurera dans le dossier de projet mais probablement pas dans le
tableau de bord qui sera communiqué à la direction.
Le compteur kilométrique est remplacé par l’avancement global. Les
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277
6. Le « pilotage » du projet : le tableau de bord
278
en termes d’engagement des parties prenantes par rapport aux attentes
originelles. Si nécessaire, des ajustements du plan seront opérés pour
accroître le management des parties prenantes ou le réduire, en fonction
des modifications intervenues. Pendant la maîtrise de l’engagement des
parties prenantes, le chef de projet surveillera également les modifica-
tions parmi les parties prenantes : de nouvelles parties prenantes peu-
vent nécessiter une attention différente, des changements de position
pourraient provoquer des modifications, et une partie prenante qui ne
serait plus du tout impliquée dans le projet devrait peut-être, être remer-
ciée pour sa contribution au projet.
Après avoir effectué une analyse approfondie des parties prenantes
comme nous l’avons vu dans une règle précédente, assurez-vous que les
intérêts des parties prenantes qui ne sont pas activement impliquées
dans le projet sont bien représentés dans le projet. Des conflits d’ob-
jectifs peuvent apparaître mais résolvez-les dès le début du projet et, si
nécessaire, en faveur du client. Pour ce faire, appuyez-vous sur la moti-
vation d’une partie prenante pour communiquer son enthousiasme aux
autres. Faites appel aux compétences des parties prenantes dans le projet
d’une façon qui motive les parties prenantes pour qu’elles participent.
Tout au long du projet, adaptez périodiquement le plan de management
des communications aux changements de situation.
Note : N’oubliez jamais que le management d’un projet est aussi un
travail de marketing. Vous devez vendre votre projet de même que vous
le faites pour le produit ou le service issu du projet aux parties prenantes.
Règle 94
Les modifications perturbent l’avancement d’un projet. Si le processus
intégré de modification n’est pas décrit, elles provoqueront des conflits
dès le début de l’exécution.
1. Définissez le processus de modification (afin de supporter la maîtrise intégrée
des modifications).
2. Bâtissez une référence de base claire et non équivoque (spécifications du pro-
duit, échéancier, budget, etc.), et disponible pour identifier les modifications.
3. Détaillez les informations (description, bénéfice, priorité, date limite souhai-
tée, etc.) dans la demande de modification en accord avec la partie prenante
concernée.
279
6. Le « pilotage » du projet : le tableau de bord
280
nécessaire de définir une solution et d’en demander l’évaluation
calendaire et financière.
• Accepter formellement leurs conséquences (en particulier, qui pro-
curera le budget nécessaire) par le commanditaire du projet et/ou le
client.
• Réviser le plan de management du projet et l’approuver, de telle
manière à ce que la référence de base soit maintenue à jour pour la
mesure de performance. Il est important de mettre à jour les références
de base dans la mesure où elles représentent les objectifs du projet et
que c’est sur elles que le contrôle qualité se basera.
• Documenter toutes les modifications (hypothèses, conséquences,
allocation des ressources, budget, etc.).
• Notifier les parties prenantes concernées que les modifications sont
acceptées.
Pour que cela puisse fonctionner, vous devez tout d’abord créer un
modèle, afin que les demandes de modification ne soient pas écrites
sur des douzaines de petits papiers… Puis, vous devez établir une pro-
cédure : qui centralise les demandes de modification ? Comment se
déroule le processus de décision ?… Il n’est pas toujours nécessaire de
poursuivre à tout prix toutes les demandes de modifications. Vous devez
désigner les individus ou les comités qui seront les seuls habilités à
prendre les décisions à propos des demandes de modification. Pendant
le projet, analysez la modification et son impact sur la référence de base
du projet mais examinez aussi des alternatives (solution plus simple,
exécution accélérée par chevauchement, compression des délais, etc.)
pour réduire l’impact des écarts de délai. Si la modification est de votre
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281
6. Le « pilotage » du projet : le tableau de bord
Règle 96
Bâtissez un tableau de bord efficace qui permette de jouer son rôle de
cockpit de pilotage du projet et de prise de décisions pour le projet.
1. Définissez dans les tableaux de bord, les formulaires de rapport, des représen-
tations graphiques, des seuils et des codes de couleur que vous devrez utiliser.
2. Apportez des exemples pendant les discussions avec les parties prenantes
pour montrer ce qu’il est possible de fournir et mettre à jour le plan de mana-
gement des coûts.
3. Présentez toujours une situation dans son contexte (la tendance, les prévisions).
Fournissez une interprétation compréhensible du coût total estimé et du coût
estimé pour achèvement. n
On attend des chefs de projet qu’ils fournissent plus que des données
brutes.
Premièrement, le message doit être visuel. Avec des symboles visuels,
vous êtes sûr de faire passer votre message, même si celui qui le reçoit
n’est pas familier avec le management par la valeur produite. Avec des
feux tricolores, par exemple, il est facile pour le management de se foca-
liser sur les projets les plus problématiques.
282
Deuxièmement, le message doit être présenté de la manière atten-
due par ceux à qui il est destiné. Les couleurs, symboles et styles de
représentation utilisés devraient avoir été discutés à l’avance. Habituel-
lement, le plan de management des coûts a pour but de déterminer
les exigences en information (niveau de détail, indicateurs, etc.) et ce
genre de détails. De plus, le destinataire devrait être en mesure de com-
prendre et d’apprécier les chiffres fournis. Peut-être le chef de projet
devra-t‑il expliquer certaines données la première fois qu’elles seront
utilisées.
Troisièmement, le message prend tout son sens lorsque le chef de
projet ajoute son interprétation. Le minimum attendu est l’explica-
tion de la situation ou de l’écart. Le chef de projet devrait anticiper de
tels besoins et donner les raisons de la situation actuelle sans entrer
dans les détails. De plus, les données du management par la valeur
produite devraient être reliées à des faits concrets – par exemple :
un retard de livraison, une économie sur un contrat, une contrainte
externe, etc.
Quatrièmement, une valeur ajoutée de première importance : la ten-
dance et les prévisions.
Il y a ici clairement deux éléments d’information importants que
sont la tendance et les prévisions.
Bien qu’une vue instantanée soit importante pour décrire la situa-
tion à un instant donné, ce n’est pas suffisant sans une analyse de ten-
dance. Illustrons ceci à l’aide d’un exemple : laquelle des deux situations
ci-dessous préférez-vous ?
• La semaine dernière, nous étions en avance de 5 jours sur l’échéan-
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283
6. Le « pilotage » du projet : le tableau de bord
Règle 98
Joignez un suivi des dépenses par ligne budgétaire à votre tableau de bord
général.
Ce suivi, réalisé en pourcentage, peut être groupé sur un graphique unique. Il
facilitera l’analyse des causes de dépassement. n
1 Rappel : le jalon est un événement qui marque le franchissement d’une fin de phase ou de sous-
phase.
284
Les méthodes classiques de suivi budgétaire procèdent par comparaison
de valeurs entre le prévu et le réalisé.
Lorsque les valeurs totales prévues sont, d’un budget à un autre,
d’ordres de grandeurs très différents, la restitution graphique sur une
image unique est difficilement lisible. Il faut alors réaliser autant de gra-
phique que de budgets.
Techniquement, cela ne présente pas d’inconvénient mais cela
oblige l’utilisateur à manipuler plusieurs documents. Les comparaisons,
d’une ligne budgétaire à une autre, sont malaisées.
Le tableau 6.1 prend pour hypothèse que les lignes budgétaires d’un
même projet ont des ordres de grandeurs qui varient de 1 à 10.
Prévisions Réalisations
Cumul
Date Dépenses Cumul dépenses Dépenses
dépenses
du
point
Achats
Achats
Achats
Achats
Études
Études
Études
Études
Atelier
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285
6. Le « pilotage » du projet : le tableau de bord
Coûts en valeurs
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6 000 ats
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Études tion
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Temps
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Achats
Achats
Achats
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Études
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Atelier
Atelier
P2 200 550 38 6
Achats
Achats
Achats
Achats
Études
Études
Études
Études
Atelier
Atelier
Atelier
Atelier
P5 100 100 1 000 100 18 27
P6 100 1 300 27 40
P7 200 3 000 45 70
P8 500 2 000 91 90
Coûts en %
100
80
© Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit.
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287
6. Le « pilotage » du projet : le tableau de bord
Piloter la qualité
Le terme de qualité a été très peu utilisé dans cet ouvrage. On lui a
souvent préféré celui de performance technique, lequel répond à des
exigences qui sont la manifestation d’un besoin.
La qualité peut être définie comme étant l’aptitude d’un système (pro-
duit, ouvrage, service, logiciel ou organisation) à satisfaire le besoin de ses
utilisateurs dans les conditions d’utilisation prévues. Cela revient à dire que
piloter la qualité a pour but d’obtenir les performances et les caractéris-
tiques attendues du système.
Si vous achetez une bicyclette pour faire de la randonnée en famille,
vous définissez d’abord vos exigences. Par exemple :
–– le confort de la position de conduite dans les différentes situations
(assis ou debout sur les pédales) ;
–– la puissance à développer pour avancer dans les différentes pentes ;
–– l’efficacité et le principe du freinage (le freinage par rétropédalage ne
convient pas à tout le monde !) ;
–– le comportement à vitesse élevée ;
–– la tenue de route.
Peut-être aussi aurez-vous des exigences esthétiques : la couleur, la
ligne générale. Enfin, vous pouvez souhaiter des équipements particu-
liers tels qu’un compteur de vitesse ou des sacoches.
Lorsque vous en serez au moment du choix, vous examinerez toutes
ces caractéristiques sur les modèles qui vous sont proposés. Certaines
seront faciles à trouver, d’autres ne seront réalisées que partiellement,
d’autres enfin s’avéreront introuvables. Vous choisirez le produit qui
se rapproche le mieux de vos exigences en privilégiant celles qui vous
tiennent le plus à cœur.
La gestion de la qualité du projet procède du même esprit :
1. Définir les exigences du client.
2. Répondre à chacune de ces exigences.
288
3. S’assurer que ces exigences sont satisfaites. Si elles ne le sont pas tota-
lement, s’assurer que les écarts sont acceptables et sous quelles condi-
tions elles le sont.
Piloter la qualité du projet c’est1, au démarrage du projet :
–– expliciter les objectifs visés ;
–– étudier et mettre en place les méthodes, l’organisation et les
moyens nécessaires ;
–– répartir clairement les responsabilités et les rôles.
Tout au long du déroulement du projet :
–– comparer les réalisations aux prévisions ;
–– prendre les mesures correctives nécessaires ;
–– vérifier l’efficacité de celles-ci.
La majorité des mesures prescrites n’est pas propre à la démarche
qualité mais relève plus largement de la gestion de projet en général.
Par ailleurs, le manuel d’assurance de la qualité n’est pas spécifique
à un projet mais s’inscrit dans une stratégie d’entreprise. La gestion des
projets ne fait que s’appuyer sur la règle générale.
Les éléments spécifiques à la gestion de la qualité d’un projet se résu-
ment à :
1. Un cahier des charges fonctionnel (les exigences).
2. Un ensemble de revues techniques (le suivi des résultats obtenus).
3. La gestion de la configuration.
Ce dernier point consiste principalement à expliciter par écrit les
caractéristiques techniques du système, à en maîtriser les évolutions et
à suivre l’état d’application de ces évolutions. Dès lors que le projet
s’appuie sur un cahier des charges, la gestion de la configuration s’appli-
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1 D’après Michel Dunaud, Maîtriser la qualité et les coûts des produits et des projets, éditions Masson,
1994.
289
6. Le « pilotage » du projet : le tableau de bord
Règle 100
Tenez compte de l’organisation qualité générée de l’entreprise.
Pensez à ne pas dupliquer et modifier dans un sens moins favorable le plan
qualité. n
290
Manuel qualité
Projet 1 Projet n
Organisation
Qualité
techniques
Le procédé habituel pour suivre les performances techniques consiste à
réaliser les revues techniques et à en garder la trace. Ces revues sont com-
plétées par une surveillance des risques à chaque phase ou sous-phase.
Un graphique, tenu en probabilité d’atteindre la performance, sera
un complément précieux au tableau de bord du projet. Cette probabilité
est de 100 % (la certitude) moins le taux de risque. Cette présentation
paraît préférable à un graphique d’évolution des taux de risque.
Règle 102
Évaluez les risques technico-fonctionnels à chaque revue. La tendance du
risque estimé indique si le projet est sur la voie de la qualité ou non.
291
6. Le « pilotage » du projet : le tableau de bord
Nous sommes souvent bien armés pour penser et pour manager les
risques techniques comme nous venons de la voir dans une règle précé-
dente. Sont-ils les seuls risques du projet ? Non. Nous avons inclus dans le
plan de management des risques d’autres risques. Nous devons les maîtriser
au même titre que les risques techniques. Le chef de projet s’assure que les
dispositions prévues pour couvrir les risques, comme toutes les autres acti-
vités du projet, sont mises en œuvre conformément au plan de manage-
ment de projet. En ce qui concerne la maîtrise des risques, le chef de projet,
en association avec son équipe et avec un membre désigné pour le suivi
des risques, va suivre les risques et les réponses aux risques prévues, évaluer
l’efficacité des dispositions approuvées et la validité des hypothèses et des
évaluations, mesurer l’évolution de la cote, de l’impact ou de la probabilité
du risque, surveiller les déclencheurs de risques pour anticiper l’utilisation
de la provision pour aléas, et enfin vérifier l’apparition de nouveaux risques
et leur évolution, grâce au processus de management des risques.
Au cours de ce processus, le chef de projet applique l’analyse des écarts
et des tendances, l’analyse des provisions, comme la provision pour aléas
restante, et discute de leur état. L’analyse des écarts s’effectue aussi sur
les indicateurs-clés de performance du projet (tels les indicateurs relatifs
292
au management par la valeur produite vue dans une précédente règle
(comme les indices de performance des coûts et des délais) afin d’établir
les dépendances entre les modifications des indicateurs-clés et l’apparition
d’un risque (positif cela s’appellera une opportunité ou négatif). Avec les
résultats du processus de surveillance et de maîtrise des risques, le chef de
projet demande l’approbation au management, des mesures correctives
et des propositions de modifications. Il applique directement les disposi-
tions lorsqu’elles relèvent de son niveau de responsabilité. Il met à jour le
registre des risques. Au cours de la maîtrise des risques, l’équipe évalue éga-
lement la valeur et l’efficacité de ses processus de management des risques.
Pour surveiller et maîtriser les risques, vous devez continuellement
vérifier si de nouveaux risques apparaissent. Si c’est le cas, appliquez
alors les processus de management des risques et enregistrez les nou-
veaux risques dans le registre des risques. Vous devez suivre les risques
déjà identifiés, conformément au registre des risques, et répétez l’ana-
lyse si nécessaire. Surveillez le risque résiduel – est-ce qu’il change ? Pour
ces risques identifiés en court de traitement, s’assurer que le plan de
réponse aux risques est un succès par une analyse des écarts. Les mesures
prévues sont-elles mises en œuvre et remplissent-elles leurs objectifs ?
Périodiquement, analysez si la provision pour aléas (coûts, échéancier)
est toujours adaptée à la situation, si les hypothèses du projet restent
toujours valables, si le processus de management des risques est adapté
et effectif au travers d’audit des risques.
En agissant ainsi, la personne en charge du risque et le chef de projet
conservent la maîtrise des risques !
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293
6. Le « pilotage » du projet : le tableau de bord
Règle 104
Gérez les évolutions de la configuration à partir du cahier des charges.
Établissez la spécification technique du besoin de référence (STB0). Gardez
la trace de toutes les évolutions significatives (STBn) et de leurs validations
(ou qualifications). Évaluez les conséquences des évolutions sur les per-
formances fonctionnelles et, s’il y a lieu, décidez des mesures correctives.
1. La spécification technique du besoin de référence constitue le premier niveau
de réponse au cahier des charges. Elle précise les choix techniques fondamen-
taux, l’architecture du système en sous-systèmes et leurs interfaces.
2. Les évolutions concernent le système pris dans son ensemble (évolution d’ar-
chitecture) ou des sous-systèmes (évolutions des solutions techniques).
3. Les conséquences des évolutions sur les performances fonctionnelles sont à
rapprocher du degré de flexibilité des fonctions impactées. Lorsque les évolu-
tions sont validées en déduire les effets sur les coûts et les délais. n
Projet déménagement
Toute la famille est plus ou moins excitée à l’idée de rentrer dans de nouveaux
murs. Mais il y a des actes à signer chez le notaire et il faut réaliser quelques
travaux. Tout cela prend du temps et l’enthousiasme peut « refroidir ».
294
Ensuite, chacun trie ses affaires et hésite à jeter quelques « trésors ». Les enfants
commencent à râler : « D’accord ce jeu est tout cassé mais j’y tiens ». Peut-
être aussi se chamaillent-ils sur quelques points de concurrence comme, par
exemple, l’affectation des chambres. La tension monte…
Le temps passe. L’engouement du début fait, peu à peu, place à la lassitude,
peut-être à un certain désintérêt. Finalement, chacun trouve le logement actuel
très bien et lui découvre des vertus insoupçonnées. Pourquoi faut-il changer ?
Certains traînent les pieds. On fait la grâce matinée au lieu de préparer les car-
tons. On oublie des tâches qui dérangent. Bref, le moral des troupes est un peu
en berne… et le projet ralentit.
Lorsque les déménageurs auront enfin livré les meubles, il y aura peut-être
quelques surprises désagréables : on ne trouve plus le presse-purée, le vase
chinois a un éclat ou le meuble hérité de l’arrière-grand-mère a le pied cassé.
On s’accuse mutuellement. On ronchonne qu’il faut faire une déclaration à l’as-
surance et que le dossier est dans le dernier carton du dessous. Le climat familial
devient de nouveau un rien électrique.
Puis chacun reprend ses marques. Installe son cadre préféré ou découvre que la
vue de sa fenêtre est superbe. Le moral remonte. Etc.
295
6. Le « pilotage » du projet : le tableau de bord
296
L’essentiel est d’inclure le maximum d’éventualités dans le contrat
avant qu’il ne soit signé.
D’un autre côté, dans tout type de contrat, le management des
livrables du projet est demandé et ceci inclut des rapports, des comptes
rendus d’avancement, etc.
Ces livrables seront regroupés en lots de travail. Des lots de travail
appropriés minimisent les interfaces entre les entreprises concernées : ils
permettent un processus d’acceptation sans ambiguïté, une maîtrise des
performances en temps opportun, et une définition claire de l’étendue
de la garantie. La gestion de la collaboration par des meetings réguliers,
en respectant scrupuleusement les termes du contrat comme l’identifi-
cation des risques, leur suivi, le pilotage et la mise en place du contrôle
qualité, évitera l’apparition des problèmes. Toutefois, s’ils apparaissent,
résolvez les problèmes en demandant promptement des propositions au
fournisseur, ou en exerçant les clauses applicables du contrat (infraction
grave, retards, etc.). Tout cela ne se produit pas aussi brutalement et la
valeur ajoutée de l’équipe projet sera d’éviter d’en arriver à cet extrême
par une surveillance de la performance du travail du fournisseur.
Une revue de la performance est conduite avec des mesures objectives
et factuelles qui ont été négociées et acceptées. Ces mesures peuvent
prendre la forme d’une inspection des livrables fournis, d’une lecture de
rapport d’avancement avec une vérification physique de l’avancement
sur place, d’une comparaison des valeurs réelles (contenu, délais, coûts)
avec des valeurs cibles et peuvent déboucher sur des pénalités.
La performance du fournisseur est gérée de la même manière que les
autres performances du projet, si ce n’est que, compte tenu de la nature
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297
6. Le « pilotage » du projet : le tableau de bord
pour les deux parties. L’objectif des revues de performance, leur forme,
leur durée et leur fréquence sont précisés dans le contrat.
Le contrat précise les références de base du contenu et de l’échéan-
cier, quels livrables doivent être produits et pour quand. C’est la
référence de base de la performance qui est utilisée dans une revue
de performance. On peut surveiller aussi d’autres domaines que le
contenu et l’échéancier. La qualité, les risques et les communications
sont aussi très importants. Les coûts peuvent être importants dans des
contrats !
Les chiffres collectés de la performance réelle sont comparés avec
la référence de base (figurant au contrat) et les écarts ou les indica-
teurs de performance sont calculés. On peut effectuer une analyse de
tendance sur ces indicateurs. Dans l’idéal, ces chiffres ne devraient
pas être une surprise pour le fournisseur lors de la revue de perfor-
mance. Si le fournisseur n’est pas averti, il sera difficile de discuter
de la façon de remettre le projet sur les rails. Dans cette optique, les
écarts ou les indicateurs devraient être discutés de manière informelle
et on demandera au fournisseur de proposer des actions correctives
ou préventives.
Un dernier point, mais pas le moins important, est la gestion des
réclamations. Les réclamations, comme les conflits dans une équipe,
sont habituelles dans un projet. Il est préférable d’être préparé à gérer
une telle situation, plutôt que de croire qu’elle n’arrivera pas. La ges-
tion des réclamations devrait être mentionnée dans le contrat. De cette
façon, les deux parties savent comment procéder en cas de désaccord et
des situations extrêmes (absence de livraison, pas de paiement, activités
suspendues, etc.) sont évitées.
298
■■ L’observation de l’équipe de projet
Nous avons vu dans les chapitres précédents que le fonctionnement
d’une équipe de projet se caractérise par deux principaux facteurs :
1. Le niveau des tensions globales du groupe qui donne un engagement
plus ou moins fort, peu ou beaucoup d’implication et, parfois, des
risques de conflits.
2. Les centres d’intérêts dominants qui peuvent aller de la tendance égo-
ïste de recherche de mieux vivre jusqu’à un altruiste don de soi dans
une impétueuse envie de faire ou, plus prosaïquement, l’envie de
faire reconnaître sa valeur.
Sans aller jusqu’à ces extrêmes (qui, malgré tout, existent !…), on
peut positionner le groupe sur une grille, en fonction des observations
du moment et évaluer la pertinence de la situation par rapport aux
objectifs. Menée périodiquement, cette observation renseigne le chef
de projet sur les orientations que prend l’équipe et, par projection sur le
futur, dessine une situation à venir probable.
Engagement Motivations
Fort Réalisations
du projet
Réalisations
Normal du projet et
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conditions
de vie
Faible Conditions
de vie
T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 T8 T9 T10 Temps
299
6. Le « pilotage » du projet : le tableau de bord
Cas d’entreprise
Cas d’entreprise
Cas d’entreprise
Au milieu du projet, certains participants se sentent piégés par leurs propres enga-
gements. Les contraintes liées aux travaux quotidiens exercent une pression sup-
plémentaire. Les conflits de ressources menacent d’aviver quelques animosités.
L’ambiance du groupe devient un peu trop lourde. Christian négocie des ressources
supplémentaires. Il sollicite l’aide d’experts. Il allège les charges des acteurs les plus
submergés en négociant avec leur hiérarchie. La pression retombe un peu.
300
4. T8 montre une position où le groupe commence à se détendre mais
la tension reste élevée. En T9 et T10 la tension redevient plus nor-
male la fébrilité s’atténue.
Cas d’entreprise
Ce cas est une situation classique dans laquelle la tension initiale est
faible du fait d’une équipe en formation. La pression mise par le chef
de projet peut dépasser les effets espérés. Le chef de projet dose cette
pression en permanence afin d’obtenir l’efficacité voulue sans atteindre
une tension explosive.
Parallèlement, les centres d’intérêts du groupe se déplacent dans le
cours du projet et donnent des situations plus ou moins productives. Le
suivi des motivations permet au chef de projet de mettre l’accent sur les
objectifs ou, au contraire (plus rarement), sur l’ambiance de l’équipe et
les comportements de ses membres.
Entre T1 et T5 de la figure 6.9, les motivations (ligne discontinue)
évoluent vers la réalisation du projet. Ce changement accompagne
l’augmentation de l’engagement de l’équipe. La simultanéité des deux
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301
6. Le « pilotage » du projet : le tableau de bord
302
–– quelle orientation prend son implication.
Sur la figure 6.10, l’implication de l’acteur (ligne continue) est faible
en T1 et T2. Il se mobilise de T3 à T5. On peut supposer qu’il est sollicité
pour agir à cette période du projet.
Relations
Engagement de groupe
Évolution de l’engagement
3
1
Évolution de la motivation
Temps
T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 T8 T9
Action
personnelle
303
6. Le « pilotage » du projet : le tableau de bord
Pour éviter une telle situation, le chef de projet doit porter ses efforts
sur une motivation de l’acteur au relationnel. Par exemple, en lui mon-
trant que ses objectifs seraient plus faciles à atteindre avec le soutien du
groupe ou que ses partenaires reconnaissent sa compétence et attendent
beaucoup de lui…
Cas d’entreprise
Philippe dirige l’une des usines d’une entreprise qui fabrique des machines élec-
triques. Il a convoqué son consultant pour faire le point sur les projets en cours.
Philippe : « Où en sommes-nous sur… (le téléphone sonne). Allô !… oui… com-
ment ? Vous rigolez, je pars mardi et j’ai un rendez-vous mercredi à New York.
Débrouillez-vous (il raccroche). Bon, vous disiez ?… (le consultant n’a pas encore
eu le temps d’ouvrir la bouche) ». »
304
» Le consultant : « Le groupe du projet X attend votre décision concernant… (le
téléphone sonne à nouveau) ».
Philippe (au téléphone) : « Comment ? Il faut que je passe par Bruxelles. Mais
ça ne va pas ?… Vous vous rendez compte du bazar ?… Avec un changement
d’aéroport entre Orly et Roissy ? Ça, c’est la meilleure !… (furieux, il raccroche) ».
Le consultant : « Nous parlions du projet… (Philippe l’interrompt du geste) ».
Philippe (posant la main sur son téléphone) : « Excusez-moi un instant ». Il tape
un numéro intérieur. « Allô ! Donnez-moi le numéro de l’agence Trucmuche »…
(il griffonne sur un bout de papier). « Merci ». Il retape un numéro, extérieur
cette fois. « Allô ! L’agence Trucmuche ?… C’est pour un départ à New York
mardi… Ah, ma secrétaire vous a déjà appelé ? Bon, excusez-moi ». Il raccroche
en fulminant. Puis, les yeux dans le vague, il pianote sur son bureau.
Le consultant : « Le projet… » (nouveau geste impératif de la main). Philippe
refait un numéro intérieur.
Philippe (au téléphone) : « Essayez par Dublin. Il paraît qu’il y a des vols directs
pour New York. Rappelez-moi aussitôt ».
La secrétaire a rappelé… plusieurs fois.
Au bout d’une heure, le consultant s’est éclipsé pour fumer à l’extérieur.
À son retour, Philippe avait disparu de son bureau. Était-il déjà parti pour
New York ?
dans le processus
Pour certaines entreprises, 6 mois représentent déjà une longue durée
pour un projet (start-up…) alors que pour d’autres, des projets de dix ans
paraissent courts (pétrochimie, recherche, métallurgie, énergie, aéronau-
tique…). Dans ce dernier cas, il est important de tenir compte du fait que
l’acteur du projet doit être conscient du fait que les résultats de son travail
seront peut-être visibles alors que lui-même aura changé de poste.
Règle 108
Pensez à l’antagonisme long terme – court terme.
1. Mixer des contraintes long terme et court terme de l’organisation.
2. Penser au transfert et à la capitalisation d’expérience intra projet.
3. Intégrer le retour après une longue absence. n
305
6. Le « pilotage » du projet : le tableau de bord
Les acteurs mobilisés sur de tels projets à longs délais doivent avoir
des profils tenaces qui résistent à cette frustration de non-visibilité de
résultats et qui conservent la constance et la tenue de cap.
Dans les processus de gestion de l’entreprise, cela est antagoniste.
En effet, l’entreprise a mis en place des processus répondants à des
demandes très rapides car l’environnement extérieur bouge lui aussi
avec célérité. Il faut donc intégrer ces projets à longs délais demandant
de la prise de recul pour prendre des décisions à très long terme qui ne
seront pas remises en cause à la moindre modification mineure de l’en-
vironnement dans le système à évolution rapide.
Cette intégration du projet et des acteurs devra être regardée avec
d’autant plus d’attention que l’acteur, après une absence longue pour
un projet, devra réintégrer sa fonction d’appartenance d’origine.
C’est pour cela que l’on mettra les ressources matures sur de tels pro-
jets afin de crédibiliser le projet. Peu d’acteurs auront le recul suffisant
pour mobiliser des acteurs sur des visions aussi abstraites que les projets
à longs délais. La mobilisation des ressources sur les projets de long
délai se fera au travers des jalons espacés de 12 à 18 mois maximum
pour éviter de démobiliser les acteurs et leur éviter d’avoir l’impression
d’être dans un tunnel pour lequel ils ne perçoivent pas le bout.
Enfin, les acteurs ont un cycle de mobilité limité. Ils ne restent guère
plus de 3 ou 4 ans sur les mêmes positions. Cela correspond au cycle
moyen de mobilité. Le passage des témoins sert à anticiper les futurs
problèmes, à ne pas perdre la connaissance des erreurs et à capitaliser
sur les bonnes pratiques.
306
2. Documentez dans un protocole l’acceptation qui comprend les déficiences
constatées s’il y en a.
3. La période de garantie est-elle connue, et les conditions de la garantie mises
à jour ?
4. Transférez les points ouverts à l’organisation permanente devant opérer le
produit ou le service issu du projet tels que garantie, réclamations en suspens,
défauts non-bloquants ouverts, etc.
5. Prêtez la même attention aux factures du fournisseur que l’attention que
vous lui demandez pour les livrables attendus.
6. Archivez tous les documents contractuels et d’approvisionnement. Faites-le
comme si vous prépariez une procédure judiciaire : tous les détails pourraient
être utiles dans le futur… n
307
6. Le « pilotage » du projet : le tableau de bord
308
Ces activités de clôture existent également dans le management d’un
projet.
Il doit y avoir tout d’abord, l’acceptation qui est formellement enre-
gistrée. Lorsque le projet se termine, le commanditaire (ou le client)
doit signer un document attestant que le projet a atteint son objectif,
c’est-à-dire que l’objet ou le système produit correspond aux exigences
qui avaient été définies et qu’il attendait. Ce document représente une
décharge du chef de projet et est souvent une condition nécessaire pour
le paiement du projet (ou du dernier acompte). Les derniers règlements
peuvent alors être effectués et le rapport sur le coût du projet peut être
finalisé. Formellement, cette acceptation est faite avant la clôture du
projet et est vérifiée lors de la clôture.
Les contrats sont clos. Toutes les activités en suspens en relation
avec les contrats sont traitées, les derniers livrables sont reçus. La
recette des livrables est fournie et les paiements restants sont traités
ou transférés.
Ce qui s’appelle une « post-analyse » est menée et les leçons
apprises sont compilées car tout projet doit partager ses bonnes et
ses mauvaises expériences. Ces expériences ont été enregistrées tout
au long de la vie du projet et sont compilées à la fin de celui-ci.
Sinon, l’équipe projet pourrait ne plus se souvenir de toutes les
leçons apprises. Il est essentiel de rassembler et de publier ces expé-
riences au sein de la compagnie, de sorte qu’un processus d’acquisi-
tion d’expérience puisse être établi. Certaines sociétés enregistrent
les documents du projet électroniquement, de telle façon qu’il soit
aisé de réutiliser les expériences passées. Ceci s’appelle «management
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des connaissances».
Enfin, un rapport final est élaboré. Il explique pourquoi le projet
a été résilié en cas de fin anticipée. Il documente les processus, les
méthodes ou les procédures qui ont été adaptés aux besoins du pro-
jet comme retour d’information à l’équipe Qualité. Dans ce rapport,
les formations qui ont été faites sont notées de façon à être reconnues
par le département ressources humaines ou le supérieur hiérarchique. Il
détaille les chiffres finaux de performance du projet en tant que données
finales (en particulier les informations relatives aux délais et aux coûts).
Il inclut une enquête de satisfaction client. Ceci donne une bonne base
de retour d’information pour l’évaluation du management de projet et
aide à se focaliser sur les points forts et les points faibles.
309
6. Le « pilotage » du projet : le tableau de bord
310
Processus devis
Acteurs
Actions Méthodes
Hiérarchique métier
Responsable études
Ingénieur d’affaires
et
moyens
Pilote de lot(s)
Marketing
311
6. Le « pilotage » du projet : le tableau de bord
–– le planning des jalons indique les délais de passage des étapes clés. Il permet de
contrôler des tendances et de prendre des mesures de gestion des délais ;
–– le suivi des dépenses contrôle le respect ou les dépassements de budgets. C’est
aussi un outil de prise de décision. Celle-ci peut aller jusqu’à l’abandon du projet.
Le pilotage de la qualité
La notion de qualité est associée à celle de performance technique et donc de
risques. Le suivi de cette qualité s’appuie essentiellement sur :
–– le cahier des charges fonctionnel dont l’objectif est de définir les besoins et les
niveaux d’exigences. Ce cahier des charges est construit dès le début du projet
et sert de référence permanente pendant tout son déroulement ;
–– le suivi des risques techniques dont le sens de l’évolution indique en continu si
le projet est techniquement maîtrisé ou non ;
–– la gestion de la configuration du système qui assure, entre autres, la gestion
des modifications et leur maîtrise.
312
L’avancement et les consommations
La qualité
L'équipe de projet
Le système d’information
313
Chapitre 7
Éduquer
(discrètement)
votre hiérarchie
Executive summary
315
7. Éduquer (discrètement) votre hiérarchie
316
Qu’on nous pardonne la façon un peu cavalière de titrer le sujet,
Thierry Hougron avouait qu’il avait une graine d’humeur à la source de
son humour.
317
7. Éduquer (discrètement) votre hiérarchie
Règle 113
À défaut d’une lettre de mission adressée par votre hiérarchie, rédigez-la
vous-même et proposez-la pour approbation et signature.
La lettre de mission affirme votre légitimité aux yeux de tous : hiérarchie, parte-
naires du projet et, éventuellement, clients et fournisseurs.
La lettre de mission décrit ce qu’on attend de vous et donne la marche à suivre.
Elle fixe le cap. n
Lorsque son usage n’est pas instauré dans l’entreprise, le chef de projet
peut proposer sa propre lettre de mission1.
Quelques entreprises ont pris ce parti : le chef de projet rédige sa lettre
de mission et sa hiérarchie la négocie puis la valide et se l’approprie.
La lettre de mission, ainsi proposée, aura la vertu d’interpeller votre
responsable sur de multiples aspects du projet et de sa gestion. Les
échanges qu’elle ne manquera pas de provoquer seront bénéfiques pour
la prévention des risques.
Règle 114
Si elle n’existe déjà, proposez une charte dont le but est de prescrire une
organisation de projet de référence, de déterminer les rôles, les responsa-
bilités et les prérogatives des acteurs.
1 Pour plus de précisions sur la lettre de mission, se reporter à la deuxième partie, Provoquer la réussite
dès le lancement du projet, chapitre « Contractualisez votre projet ».
318
La charte de projet est un moyen de prévention des conflits. Elle précise
de manière générique, donc applicable à tous les projets, les responsabilités de
chacun et désigne ainsi les interlocuteurs de l’équipe. n
Questions Suggestions
319
7. Éduquer (discrètement) votre hiérarchie
Questions Suggestions
Questions Suggestions
Quels sont les Définir le processus de référence de gestion des projets (en
principaux jalons à transversal).
franchir ? Définir les procédures de fonctionnement des principaux
points clés de la gestion des projets (lancement du projet,
revues, résolution de problèmes techniques, reporting à la
direction)…
Intégration
Questions Suggestions
Quelles sont les actions Il est probable que la gestion de projet devra être sélective.
à gérer en projets ? Les critères de discrimination peuvent être, à titre
d’exemples : Le degré de transversalité, l’importance
du budget, l’importance du délai global, la complexité
organisationnelle, le niveau des enjeux et les risques…
Quelles sont les Bien identifier les relations majeures entre les différents
interfaces significatives métiers…
en interne ?
320
Tableau 7.2 – Charte projets : Les entités impliquées et leurs rôles
Questions Suggestions
Questions Suggestions
Faut-il créer une structure Cette structure arbitre les priorités entre les projets.
de pilotage inter projets qui Elle comprend, par exemple : le marketing, les
aurait autorité sur les chefs études, la production, la qualité et la direction
de projet ? financière.
Si oui, cette structure de Il peut être plus pratique d’avoir un Comité par
pilotage est-elle unique pour type de projets : produits, organisation, logistique,
tous les projets ? Quelles sont informatique…
ses attributions ? Dans cette hypothèse, qu’en est-il des arbitrages de
ressources partagées entre 2 voire 3 types ?
Questions Suggestions
Quelles sont les attributions Décrire les données que les chefs de projet doivent
du chef de projet, leurs fournir aux métiers.
limites de prérogatives et Définir les informations qui doivent venir des
d’autonomie vis-à-vis des métiers vers les chefs de projet…
responsables de métiers ?
Questions Suggestions
Quelles sont les attributions Les objectifs généraux de réduction des coûts et des
des responsables de métiers délais peuvent aussi être rappelés ici.
en termes de pilotage de Le rôle de gestionnaire des ressources est à souligner
l’exécution, de suivi et de ainsi que la notion de justification (des choix
reporting ? techniques, des décisions de planification, des
À qui rendent-ils compte de mesures correctives en cas de dérive)…
quoi ?
»
321
7. Éduquer (discrètement) votre hiérarchie
Questions Suggestions
Lettre de mission
Questions Suggestions
Planification prévisionnelle
Questions Suggestions
Questions Suggestions
Quelles sont les méthodes Exemple 1 : le suivi des réalisations est effectué à la
de suivi à utiliser et quelle semaine sur une fiche de tâche renseignée par les
est la fréquence des métiers. Une réunion mensuelle entre métiers et chefs
réunions d’avancement et de projet prend les mesures correctives.
de l’information du comité Exemple 2 : un reporting trimestriel sera effectué par
de pilotage ? les chefs de projet au comité de pilotage…
Questions Suggestions
Quelles sont les fréquences Exemple : les mises à jour sont effectuées par un
de mise à jour des planificateur qui agit par délégation des chefs de
plannings ? projet. Ces derniers restent seuls décisionnaires…
Qui en sont les garants ?
»
322
» Outils
Questions Suggestions
Questions Suggestions
Questions Suggestions
traitants, experts…).
Questions Suggestions
Dans quelles conditions les Définir le degré de liberté des acteurs de projet pour
acteurs de projets agir directement auprès des partenaires externes.
doivent-ils demander Préciser quels choix ou décisions sont soumis à accord
l’accord, la validation des services ou des structures hiérarchiques…
ou l’autorisation des
métiers ?
»
323
7. Éduquer (discrètement) votre hiérarchie
» Outils
Questions Suggestions
324
Règle 115 – Identifiez les risques
et informez la hiérarchie
Nous avons déjà évoqué les risques projet à plusieurs reprises. Ces der-
niers étaient surtout orientés sur la performance ou les plannings.
Nous abordons maintenant les risques d’une manière plus géné-
rale. Certains d’entre eux sont totalement extérieurs au projet et à ses
acteurs. Pourtant ils en influencent fortement les résultats ou même
l’aboutissement.
De nombreuses directions se dispensent d’un examen systématique
et explicite des risques. En cours de projet, les préjudices encourus peu-
vent s’avérer dramatiques et irréversibles ou pas anticipés.
Règle 115
Procédez à une analyse systématique (la plus exhaustive possible) des
risques pour un projet donné. Communiquez cette analyse à votre hié-
rarchie pour examen et décision.
Les risques les plus couramment rencontrés relèvent des domaines suivants :
1. Incertitudes techniques et besoin mal défini.
2. Mouvements sociaux ou instabilité politique.
3. Organisation, règles du jeu et pilotage du projet.
4. Cohérence du projet avec l’organisation en place.
5. Planification et suivi.
6. Budget, moyens et ressources affectés au projet.
7. Relations humaines et communication. n
325
7. Éduquer (discrètement) votre hiérarchie
326
» Domaines Registres Risques
Registres Risques
du projet
de coûts.
» Registres Risques
Registres Risques
Règle 116
Si vous avez besoin d’une décision qui tarde, faites en sorte que votre pro-
blème devienne celui du décideur. Révélez une insatisfaction qui sera levée
par la prise de décision.
Une décision implique un changement. Pour avoir envie de décider, il faut que
la situation ou les événements existants comportent une insatisfaction. Si vous
êtes le seul insatisfait, vous seul avez envie que la décision soit prise. n
331
7. Éduquer (discrètement) votre hiérarchie
Choix d’une
Insatisfaction alternative
Décision
Justification
du choix
Motivation
à décider
332
L’art du demandeur sera de provoquer l’insatisfaction. Il doit iden-
tifier un écart entre la situation que le décideur souhaite et la situation
future la plus probable.
333
7. Éduquer (discrètement) votre hiérarchie
Règle 117
Définissez les règles du jeu des réunions, quels que soient leurs buts et
leurs natures. Insistez sur les notions de rôle et de comportement efficace.
Faites valider cette convention de réunion par la direction. Éventuelle-
ment, annexez-la à la charte de projets.
La notion de rôle est essentielle. En réunion, elle se substitue aux règles qui
régissent les rapports humains par ailleurs.
Les règles du jeu précisent les comportements licites et illicites qui sont peu
spécifiques d’un type de réunion à un autre. n
■■ La convocation et la préparation
La convocation contient :
–– les dates et heures (début et fin) de la réunion ;
–– le lieu précis assorti d’un plan d’accès s’il est inhabituel ;
–– l’objet de la réunion (de quoi parlons-nous) et l’objectif (que doit-on
produire) ;
–– le plan de marche (phases chronologiques prévues et moyens utilisés) ;
–– la liste des participants (leur nombre dépend du plan de marche et
des objectifs).
La préparation est d’un autre ordre. Exceptées les réunions d’infor-
mation qui ne demandent de préparation que pour l’informateur, les
réunions nécessitent une préparation pour l’ensemble des participants.
334
L’animateur prépare l’exposé du problème, le plan de marche détaillé
et les documents dont il peut avoir besoin en fonction de l’objet de la
réunion.
Les participants préparent les documents dont ils auront besoin et
recherchent les informations qui pourront leur être utiles. Si l’objectif
de la réunion est une validation, chaque participant examinera les élé-
ments à valider avant la réunion.
■■ L’animation
■■ La participation
Les participants ont un rôle de contribution aux résultats de la réunion
et tout leur comportement doit tendre vers ce résultat. Un comporte-
ment qui va à son encontre peut, à l’extrême, se solder par une exclu-
sion.
335
7. Éduquer (discrètement) votre hiérarchie
Règle 118
Chaque fois que possible, contractualisez les engagements des acteurs du
projet dans une logique de client à fournisseur internes ou externes.
Si votre entreprise ne pratique pas habituellement la contractualisation, faites
des propositions dans ce sens afin de clarifier les engagements réciproques. n
336
■■ Définition du contrat1
Un contrat est un document écrit qui définit les conditions de déroule-
ment d’une affaire et constitue un engagement juridique entre les par-
ties en présence (le plus souvent : acheteur et fournisseur). Un contrat
d’affaire n’est pas seulement un document juridique, mais un véritable
instrument de gestion qui précise les conditions techniques, financières,
et administratives du déroulement de l’affaire, ainsi que les conditions
pratiques de réalisation (délais et plannings, procédures d’installation et
d’essais, formation du personnel, etc.).
Les contrats établis pour les affaires internationales sont totalement
ou partiellement communiqués à l’administration et aux organismes de
financement.
337
7. Éduquer (discrètement) votre hiérarchie
338
le fournisseur si les conditions économiques, politiques sont instables.
Pour le client le risque est la remise en cause du contrat par le fournis-
seur pour impossibilité majeure.
339
7. Éduquer (discrètement) votre hiérarchie
340
tations de juristes. Le processus projet peut être régulé par une cascade
de contrats de travaux, de fournitures, de sous-traitance, de licence, de
coopération… Parmi les relations contractualisées, on trouve :
–– les contrats de travaux qui concernent la fourniture d’ouvrages d’art ou
d’ensembles industriels, commerciaux ou résidentiels ;
–– les contrats de fournitures sont des engagements de livraison, assem-
blage et/ou montage de biens d’équipement, matériels, composants…,
s’intégrant au projet ;
–– les contrats de sous-traitance générale portent sur des produits et/ou des
prestations qui ne peuvent être directement incorporés aux ouvrages,
travaux et produits. Les contrats de sous-traitance industrielle s’appli-
quent à la fabrication ou au façonnage de composants pour le compte
exclusif du donneur d’ordres ;
–– les contrats de services, portant sur des prestations isolées (conseil, for-
mation, livraison, intérim) ou sur des prestations liées à la réalisation
d’un projet ;
–– les contrats de cession de brevets, qui prévoient que les brevetés cèdent
leurs droits aux acquéreurs. Les contrats de licence envisagent que
les licenciés exploitent les brevets, sous certaines conditions. D’autres
formes de transfert de technologies font l’objet d’accords particuliers.
Les contrats de maîtrise d’œuvre, de fourniture ou de sous-traitance
présentent les formes juridiques suivantes :
–– le contrat à prix forfaitaire lie le preneur d’ordres par une obligation
de résultats, quels que soient les coûts supportés. Ce type est fréquent
dans les marchés publics ;
–– le contrat en régie autorise le contractant à répercuter dans son prix
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341
7. Éduquer (discrètement) votre hiérarchie
Règle 119
Analysez votre besoin en outils de gestion de projet et suscitez une
démarche d’analyse, plus large, du besoin de l’entreprise. Participez aux
choix d’outils et aux initialisations de développements spécifiques.
1. Ne laissez pas à d’autres la mission d’exprimer votre besoin.
2. Provoquez une réflexion plus large sur les besoins des autres acteurs de l’en-
treprise et sur l’interfaçage du progiciel avec les systèmes existants. n
■■ Définir le besoin
Pour définir le besoin d’un outil de gestion de projet, procéder en trois
phases.
Phase 1 : Quel est mon besoin en tant que chef de projet ?
Phase 2 : Quels sont les besoins des autres acteurs de l’entreprise ?
Phase 3 : Quel est l’environnement informatique dans lequel le sys-
tème devra fonctionner ?
En tant que chef de projet, vous avez des besoins propres mais vos
homologues ont des besoins analogues. Réfléchissez à plusieurs. Si
vos pratiques sont hétérogènes, c’est l’outil qui vous imposera sa métho-
dologie. Cette solution n’est acceptable que jusqu’à un certain point…
Harmonisez vos pratiques.
Pour la première phase, le plan de la réflexion serait le suivant :
1. Décrire les processus de gestion de projet.
2. Identifier pour chaque processus quels seraient les apports utiles
d’un outil.
3. Réfléchir à des processus qui ne sont pas pratiqués mais qui seraient
rendus possibles grâce à l’outil. Analyser et valider la pertinence de
ces processus en fonction de leur utilité.
4. Établir un premier niveau de cahier des charges.
Pour la deuxième phase, vous devez identifier les acteurs pertinents
et provoquer leur propre réflexion. Si besoin, vous pouvez les aider à la
lumière de votre propre expérience. L’identification des acteurs s’appuie
sur l’organisation des projets.
1 Pour un avis d’expert sur un progiciel ou pour une étude comparative de plusieurs progiciels, on
peut faire appel au CXP, 19 rue Rocher, Paris – téléphone : 01 53 04 19 00 – Site internet : www.cxp.fr
342
Pour la troisième phase, il vaut mieux vous faire assister par un infor-
maticien qui connaît le système d’information de l’entreprise. Pour
exemples, ne pas oublier les interfaces possibles avec : une gestion des
affaires, une GPAO1, une GDT2, un système de contrôle de gestion, un
système de suivi de la qualité, un système de gestion des documents, etc.
343
7. Éduquer (discrètement) votre hiérarchie
réponde à toutes les attentes. Par rapport à votre cahier des charges,
votre choix se portera donc sur le moins mauvais plutôt que sur le
meilleur. Vous pouvez faire l’impasse sur certaines de vos exigences.
Il faudra vraisemblablement développer du « spécifique ». La plupart
des distributeurs proposent ce type de service qui est une source de
chiffre d’affaires et de marge non négligeable. Selon les cas, il peut
être plus économique de s’adresser à un développeur qui connaît bien
l’entreprise.
■■ Les spécifiques
Par spécifiques, nous n’entendons pas des logiciels entièrement déve-
loppés sur mesure et qui poseraient rapidement des problèmes d’évolu-
tion et de maintenance.
Nous entendons plutôt les développements qui viendront compléter
le produit standard pour l’adapter à des besoins particuliers ou pour l’in-
tégrer de manière satisfaisante dans votre système d’information.
Ces spécifiques posent deux difficultés :
–– ils sont chers ;
–– leur gestion n’est pas toujours aisée, les évolutions sont chères, diffi-
ciles car livrables en cas de migration (upgrade) des systèmes sur les-
quels elles-mêmes sont basées.
Le développement de spécifiques est habituellement réalisé sous
contrat en régie. Il s’ensuit que le coût final dépasse fréquemment le
coût prévu et cela dans des proportions non négligeables1.
Le second risque est que l’administrateur du système se fera quelques
cheveux blancs lorsqu’il s’agira de mettre la configuration au goût du
jour ou lorsque le logiciel sera bogué. Sur ce point, toutes les précautions
doivent être prises afin que les fournisseurs ne se renvoient pas systéma-
tiquement la balle.
Qui maintient les spécifiques, selon quelles modalités et dans quelles
conditions ?
1 Écartons l’hypothèse d’un fournisseur peu délicat qui facturerait en régie et au prix fort un logiciel
qu’il a déjà développé pour un autre client.
344
Ne pas poser de problème :
proposer des solutions
Un hiérarchique, pas plus que quiconque, n’aime se sentir en porte-à-
faux. Sensation désagréable d’être pris en défaut, que sa bonne fois ou
ses compétences sont mises en doute. Personne n’aime cela.
Lorsque vous posez un problème à un hiérarchique, assurez-vous
qu’il a les moyens de vous répondre et qu’il peut se l’autoriser.
Nous avons dit plus haut que pour qu’un décideur décide, il vous
fallait faire en sorte que votre problème devienne son problème.
Serions-nous en train de nous contredire ? Non. Que votre problème
soit devenu son problème ne vous empêche en rien de proposer une
ou plusieurs solutions. Si de surcroît, le décideur pense que c’est sa
solution, alors tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pos-
sibles.
Si votre enfant vous demande : « Maman (ou Papa), comment fait-on les
bébés ? ». Vous avez, bien sûr, les moyens de lui répondre mais allez-vous vous
l’autoriser ? Tout dépend de l’âge de l’enfant et de l’éducation que vous enten-
dez lui offrir. Par contre, si votre enfant vous explique comment on fait les bébés
avec toute l’imagination propre à son âge, cela vous facilitera une explication
plus réaliste. La différence ? Il vous a fait une « proposition de solution », fut-elle
absurde à vos yeux d’adulte.
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345
7. Éduquer (discrètement) votre hiérarchie
–– le décideur pense que vous avez la solution mais que vous cherchez à
le flatter en lui posant la question (autre procès d’intention) ;
–– le décideur ne se dit rien… Mais vous le dérangez !
En proposant une solution, vous faites passer le décideur de la situa-
tion d’évalué à celle, plus confortable, d’évaluateur. Vous adoptez un
comportement adulte. Vous éclairez, au moins partiellement, le déci-
deur sur vos intentions et vos mobiles. Enfin, vous lui rendez service en
épargnant son temps.
Règle 120
À un problème donné, envisagez toutes les solutions possibles. Évaluez
chaque hypothèse sur des critères de performance, de faisabilité, de coût
et de délai de mise en œuvre. Examinez les alternatives à la lumière des
impacts sur l’environnement matériel, organisationnel et humain. Soute-
nez la solution la plus adéquate.
1. Utilisez des techniques d’investigations (brainstorming ou arbres des causes).
2. Examinez chaque idée à partir de critères de choix préétablis.
3. Analysez les impacts de chaque éventualité : conséquences sur le système
étudié, sur le processus projet, sur les comportements individuels et collectifs.
4. Gardez la trace des choix et argumentez sur les plans économique, logis-
tique, technique et comportemental. n
346
Le brainstorming est la technique la plus répandue parmi les méthodes
dites de créativité. Son but est de stimuler l’imagination et de limiter
l’autocensure. Elle se pratique en groupe et peut être mise en œuvre
aisément par l’équipe de projet.
La méthode de l’éloignement consiste à placer le problème dans un autre
environnement ou un autre temps pour faire apparaître des solutions.
On replace ensuite ces solutions dans le contexte actuel en les adaptant.
L’analyse « causes à effets » part d’un événement ou d’une situation
pour en analyser les causes de manière logique. Une cause est, à son
tour, traitée comme un effet et donne un niveau supplémentaire. Les
causes ainsi identifiées suggèrent des solutions ou sont retraitées en
créativité. Cette analyse se pratique en groupe.
Les matrices (ou tables) de découvertes sont des techniques qui allient les
approches créative et logique. Leur construction pose parfois quelques
problèmes dus à leur complexité car on arrive rapidement à des matrices
en cascade.
Ces pratiques ouvrent le champ des possibles. Elles conduisent à des
listes de solutions plus ou moins réalistes qu’il faut trier. Pour le tri, on
utilise des batteries de questions (appelées filtres) qui éliminent les idées
inadaptées. À la sortie de ce filtrage, ne restent que des hypothèses répu-
tées applicables que nous appelons les alternatives.
Elles seront évaluées une à une dans une démarche « avantages et
inconvénients ». Les tableaux ou matrices d’évaluation facilitent la pro-
cédure et renforcent la crédibilité du choix.
347
7. Éduquer (discrètement) votre hiérarchie
Règle 121
Lorsqu’une solution est trouvée, décrivez son processus de mise en œuvre
(actions, acteurs et moyens ainsi que délai de mise en application) et iden-
tifiez les indicateurs de résultats.
Une résolution de problème suppose un objectif à atteindre. Utilisez cet objectif
pour décrire les critères de performance et les niveaux de satisfaction à obtenir.
Ces critères et niveaux constituent les indicateurs. n
• Le scénario
La résolution d’un problème technique, l’application d’une mesure cor-
rective de délai et la remise en conformité d’un coût en dérive ressortent
de la même logique : comment réaliser un changement ?
Tout changement demande une série d’actions qui doivent être
décrites. Il existe généralement plusieurs chemins possibles pour parve-
nir au résultat. Envisager les différents processus possibles afin de choisir
le mieux adapté à la situation. Pour cela, on utilise des outils et tech-
niques de description de processus adaptés à la culture de l’entreprise :
analyse de déroulement, réseau de tâches, diagrammes logiques, etc.
348
Quel que soit l’outil retenu, l’objectif reste de définir qui fait quoi,
où, quand et comment (méthodes et moyens).
• Les indicateurs
Pour appliquer une mesure corrective ou résoudre un problème, des
moyens sont mis en œuvre et génèrent une dépense. La question est :
« quelle en est la contrepartie ? ».
Les indicateurs sont choisis en fonction du résultat à obtenir et ont
la propriété de mesurer ce résultat. En fonction du problème traité, les
indicateurs sont de natures très différentes. Ils peuvent être classés en
trois familles lorsqu’il s’agit de projet :
–– la qualité (de produit ou de prestation) ;
–– le délai ;
–– le coût.
Par exemple, l’élimination de dysfonctionnements d’un service d’ad-
ministration des commandes peut avoir comme indicateurs :
–– le temps de passage de la commande dans le service (délai) ;
–– le temps de traitement moyen consacré à une commande (coût) ;
–– les demandes d’informations émanant des services techniques (non-
qualité) ;
–– les demandes d’informations formulées par les clients (non-qualité) ;
–– les erreurs et retards de livraison (non-qualité et délai) ;
–– etc.
349
7. Éduquer (discrètement) votre hiérarchie
Règle 122
Lorsqu’un coéquipier ne peut tenir ses engagements pour cause de charge,
analysez objectivement cette charge et négociez les priorités avec l’acteur
et sa hiérarchie.
Le coéquipier débordé l’est-il vraiment ? Dans un premier temps, assurez-vous
que la charge perçue est une charge réelle.
Si la charge est exagérée, référez-en à la hiérarchie et négociez les priorités avec
elle et la personne concernée. n
1 Nous faisons allusion à des techniques telles que le chronométrage ou le MTM (Method Time
Measurement).
350
et sont choisies comme experts. La personne concernée fait partie du
groupe d’experts.
Ces deux approches permettent d’estimer s’il y a réellement sur-
charge ou non.
Règle 123
Pour gagner en efficacité et en sérénité, gérez votre temps et réduisez
votre stress : évaluez l’importance et l’urgence de vos tâches et de vos
engagements.
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351
7. Éduquer (discrètement) votre hiérarchie
1. Faire
2. Faire de suite
4. Déléguer
5. Est-ce de mon
ressort ?
352
Le comportement est déterminé en fonction de la priorité, elle-même
conditionnée par :
–– l’urgence, qui dépend de l’échéance du préjudice engagé si on ne fai-
sait rien ;
–– l’importance, qui est subordonnée au niveau de gravité des préjudices
encourus (toujours dans l’hypothèse où le problème ne serait pas
traité).
Vous êtes dans l’avion pour un voyage de plusieurs heures. Vous réglez inno-
cemment votre siège de manière à être le plus détendu possible. Ce faisant,
votre dossier s’incline sur les jambes du passager situé derrière vous. Une voix
anonyme déclare : « Où y a de la gêne, y a pas de plaisir… ».
Vous tournez la tête et fustigez votre « agresseur » du regard. Le passager est
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1 Voir plus haut : proposer des alternatives et proposer des mesures applicables.
353
7. Éduquer (discrètement) votre hiérarchie
Règle 124
Menez des stratégies d’alliés avec les partenaires du projet. Recherchez les
jeux « gagnant-gagnant » et mettez tout en œuvre pour que les objectifs
des différentes parties soient atteints.
L’idée n’est pas neuve : « L’union fait la force ». Cela vaut pour l’ensemble des
acteurs du projet : décideurs, responsables des métiers, ressources humaines et
partenaires externes (clients, fournisseurs et experts).
Pour qu’un acteur joue le jeu, il faut qu’il ait une bonne raison. Certains se
contenteront de votre reconnaissance, d’autres attendront des contreparties
plus matérialistes. n
Les gens que l’on met ensemble ont des intérêts différents et l’on ne
peut pas les forcer à ne pas se placer à leur position optimum.
354
s ’économise et le projet s’autopilote… s’il le peut. Au mieux, l’équipe
choisit un leader de remplacement, à défaut elle explose dans des
batailles de pouvoirs ;
–– la stratégie de l’opposition par laquelle le chef de projet impose ses
choix au risque de susciter la guerre. Les relations sont construites sur
des rapports de forces et l’affrontement des pouvoirs. Ces relations
transforment le processus projet en parcours du combattant lorsque
ce n’est pas en champ de mines ;
–– la stratégie de fusion qui place le chef de projet dans une attitude de
crédit d’intention et d’adoption des valeurs d’autrui. Le chef de pro-
jet sert des intérêts particuliers, parfois éloignés de ses objectifs. Il
manque d’esprit critique et peut se tromper de route. Le projet oscille
au gré des pseudo-alliances ;
–– la stratégie de concertation, basée sur les échanges, vise à construire en com-
mun un avenir plus satisfaisant pour les deux partis. Des actions conjointes
peuvent servir des objectifs différents mais convergents. Le projet s’appuie
sur un système d’alliances qui n’exclut pas l’esprit critique. La stratégie
d’alliance est une forme particulière de la stratégie de concertation ;
–– la stratégie d’écartèlement est le fait d’un chef de projet sans cesse par-
tagé entre une tendance et son contraire. À la fois fusionnel par cer-
tains côtés et oppositionnel par d’autres, il a du génie pour se nuire !
355
7. Éduquer (discrètement) votre hiérarchie
Règle 125
Lorsque la stratégie d’alliés échoue, utilisez le « poids » des protagonistes
pour servir les objectifs du projet.
Cette technique de récupération fait partie de la panoplie de base de tout bon
dialecticien politique ou social. Elle consiste à utiliser une énergie développée
par d’autres pour la canaliser vers son propre objectif. n
Le jeu n’est immoral que si les objectifs le sont. La méthode n’a pas
d’intention. Seul son utilisateur en a. Pour un chef de projet, l’intention
est de réussir son projet en respectant l’intégrité physique, mentale et
morale des personnes qui participent au projet.
Cette technique se distingue largement du piratage en cela qu’elle ne
cherche pas à s’approprier des mérites qui ne sont pas siens.
356
Cette démarche suppose évidemment que l’on pratique dans le cadre
d’une éthique. Quelques principes doivent être rigoureusement respec-
tés pour ne pas sombrer dans une vulgaire manipulation. Parmi eux
citons le respect :
–– de l’homme, en tant qu’individu pensant et libre, de sa dignité et de
son image ;
–– des convictions et des différences ;
–– des enjeux personnels de l’acteur et de ses valeurs.
En résumé, le respect de l’intégrité physique et morale de la per-
sonne.
Cas d’entreprise
Jacques, chef de projet, travaille dans une entreprise de ce secteur. Il doit implé-
menter une nouvelle machine sur un site de cette entreprise. C’est un projet
nouveau unique. Le directeur des projets lui demande quelle est la meilleure
solution. Jacques, habitué par le passé à des prises de décision rapides, fait 3 sce-
narios. Le responsable est furieux. Il lui demande d’envisager tel et tel nouveau »
357
7. Éduquer (discrètement) votre hiérarchie
» scénario… Jacques finit par faire 108 scenarios différents. Une décision est enfin
prise… Il s’est écoulé 18 mois. Elle est implémentée en 6 mois. Dès la fin de son
implémentation, un nouveau manager arrive et s’aperçoit que la solution n’est
pas adaptée au besoin… La meilleure solution était celle de Jacques !
Cas d’entreprise
358
Faire évoluer les pratiques de l’entreprise
359
Chapitre 8
Synthèse
Executive summary
361
8. Synthèse
362
Résumé du chapitre 1 : Le projet se joue
avant le projet
Lorsque le projet démarre, la plupart des références sont déjà figées et
de nombreux engagements sont irréversibles. Les exigences techniques
et fonctionnelles sont ciblées, les délais peuvent être contractualisés et
l’enveloppe budgétaire fixée. Toute remise en cause générera difficultés
et complications.
Le projet amont anticipe au maximum les difficultés afin de les pré-
venir. Cette partie expose le principe de ce projet amont. Ses buts
sont :
–– de développer l’idée de départ et s’assurer de sa pertinence ;
–– d’évaluer la faisabilité du projet et les risques encourus par l’entre-
prise ;
–– de vérifier l’écologie du projet, c’est-à-dire sa cohérence par rapport à
son milieu.
Pour réussir le projet amont, 18 règles sont proposées.
1. Définir l’idée de manière consensuelle.
2. Déterminer les acteurs de l’idée.
3. Identifier le rôle des acteurs.
4. Identifier les enjeux de l’idée.
5. Préciser les objectifs en fonction des enjeux.
6. Éclaircir les acteurs nécessaires au projet.
7. Écrire la charte du projet.
8. Identifier et évaluer les risques techniques.
9. Planifier le management de tous les risques.
© Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit.
363
8. Synthèse
364
Règle 5 – Préciser les objectifs en fonction
des enjeux
Redéfinir les objectifs du projet en fonction des enjeux. S’assurer que les parte-
naires ont une perception claire et convergente des objectifs.
Quel est le résultat attendu (ce que le projet doit produire) ? Comment
pourra-t‑on mesurer que ce résultat est atteint ? En quoi ce résultat est-il
différent de ceux d’autres projets connus ?
Pourquoi cet objectif est-il préférable à tout autre pour servir les enjeux ?
365
8. Synthèse
366
Le client est-il disponible ?
Le besoin client va-t‑il évoluer ? Le client souhaite-t‑il conserver cette
liberté ?
367
8. Synthèse
368
Règle 17 – Mettre le projet au service de la stratégie
et de la politique de l’entreprise
Aligner les objectifs du projet pour en garantir la cohérence.
Le projet a-t‑il des objectifs cohérents ?
Les objectifs du projet sont-ils en cohérence avec la stratégie de l’entre-
prise ?
369
8. Synthèse
370
Règle 21 – Donner un lieu physique à l’équipe
L’équipe de projet doit posséder un lieu de rassemblement, de partage et de
« sauvetage ».
Permet-on à l’équipe d’avoir une existence physique ?
L’équipe peut-elle échanger, construire ensemble ?
Les membres peuvent-ils consulter l’avancement du projet en quelque
part ?
371
8. Synthèse
372
dans la lettre de mission : ils constituent un élément fort pour la motivation
de l’équipe de projet.
Quels sont les objectifs spécifiques du projet ?
Quelles sont les contraintes budgétaires et calendaires du projet ?
Quelles sont les obligations de reporting vers un client ou en interne ?
Quels sont les risques majeurs encourus par le projet et comment seront-
ils gérés ?
373
8. Synthèse
374
Règle 35 – Réunions techniques :
choisir les participants
et définir un plan de travail
Limiter le nombre des participants aux apporteurs de compétences. Définir
un plan de travail standard rigoureux. Prévoir des apports d’expertises en
dehors des coéquipiers. Instaurer la règle de traçabilité des choix et de leur
justification.
Les participants ont-ils une expérience ou une compétence sur le sujet
à traiter ?
Les métiers sont-ils assez diversifiés pour donner l’éclairage le plus com-
plet possible du problème à résoudre ?
Le plan de réunion est-il apte à guider la réflexion des groupes ?
Existe-t‑il un format type ou un modèle de compte rendu ?
375
8. Synthèse
376
Qui, dans l’équipe de projet, gère la relation avec l’interlocuteur iden-
tifié (émission des informations sortantes et relance des informations
entrantes) ?
Quels sont les blocages, les incidents ou les contretemps qui peuvent
résulter d’un retard ou d’une absence de l’information ?
377
8. Synthèse
378
Règle 43 – Repérer et évaluer les excès
ou les défauts de tension de l’équipe
Un excès de tension du groupe se détecte à travers son climat : conflits inter-
personnels, réactions brusques, humeurs, gestes ou mots d’impatience. Un
défaut de tension se manifeste à travers un laisser-aller dans les attitudes, une
esquive devant l’implication et une participation minimaliste. Il se manifeste
aussi par l’individualisme des coéquipiers.
Le groupe est-il énervé, hyper réactif ? Le groupe réagit-il de manière
épidermique ou en disproportion avec les événements ? Les comporte-
ments sont-ils fréquemment conflictuels ?
Au contraire, le groupe est-il endormi, immobiliste ou amorphe ? Les
attitudes sont-elles habituellement relâchées ou passives ? Les membres
de l’équipe sont-ils individualistes ou mentalement absents ?
d’un objectif du projet
Déplacer la tension vers les objectifs.
Si le groupe est en tension normale mais reste préoccupé de son confort,
réduire les insatisfactions dues à l’environnement et développer les exi-
gences liées à l’activité. Pour les groupes en hypotension ou en hyper-
tension, voir la règle consacrée à ce sujet.
379
8. Synthèse
380
Règle 49 – Contrôler en permanence les exigences
de la situation
Observer de manière continue si le projet est en phase critique ou tendue ou
s’il se trouve dans une période normale. Définir si la situation requiert des
échanges et des relations interpersonnelles de soutien ou si les choix et déci-
sions gagnent à être centralisés pour atteindre l’objectif. Déduire, de la situa-
tion du moment, le style de management le mieux adapté.
La situation est-elle tendue ou critique ? Un management autoritaire et
centralisateur serait adapté.
La situation est normale ? Profiter de toutes les compétences et jouer la
carte de la participation.
La situation est-elle en attente ? Renforcer l’esprit d’équipe. Utiliser le
répit pour privilégier les hommes.
381
8. Synthèse
382
Identifier, avec lui, les effets qu’il en attend : sa stratégie.
Aider l’acteur à exprimer les buts qu’il poursuit sans chercher à influen-
cer ou corriger ces buts. Ce vers quoi il tend : le dessein.
Analyser en quoi la stratégie adoptée sert ou désert le dessein (stratégie
gagnante et stratégie perdante).
383
8. Synthèse
384
3. Identifier les ressources d’exécution.
4. Définir des liens pertinents et éviter les contraintes inutiles.
5. Faisabilité temporelle : Cerner les délais techniques disponibles.
6. Valoriser les charges et identifier les risques planning.
7. Valoriser les coûts et les risques budgétaires des actions.
8. Définir un plan de management des coûts.
9. Classer les projets selon les risques.
10. Négocier les moyens et les processus de décision.
11. Favoriser la simultanéité des actions.
12. Développer la co-conception.
13. Gérer la traçabilité des choix techniques.
14. Identifier et résoudre les conflits de ressources.
15. Identifier et traiter les conflits humains.
16. Contractualiser le planning initial du projet.
17. Définir le plan de management des délais du projet.
385
8. Synthèse
386
Utiliser la relation entre la durée et la charge afin de n’avoir à faire
qu’une évaluation sur les deux.
Négocier le taux de mobilisation possible de chacune des ressources.
Faire appel aux professionnels pour réaliser les évaluations et organiser
le consensus sur les valeurs estimées.
Identifier les risques qui auront un impact sur le planning des charges
et des délais.
Identifier d’abord les risques techniques. Ils auront des conséquences
sur les coûts.
387
8. Synthèse
388
Dans une organisation en plateau, les moyens matériels sont souvent
surdimensionnés pour permettre de fonctionner en pensée simultanée
et de concrétiser rapidement cette pensée.
La conception est entendue comme une œuvre collective où chaque
acteur apporte l’expertise de son métier, quel que soit le niveau de détail
où se situe son expertise.
389
8. Synthèse
Est-ce que tous les membres de l’équipe projet sont d’accord sur les
objectifs, le périmètre et les priorités du projet ?
Est-ce que chaque membre de l’équipe projet dispose des ressources
(temps…) et de l’autorité nécessaires pour accomplir les tâches qui lui
sont assignées ?
Existe-t‑il des divergences d’opinion à résoudre ?
Est-ce que tout le monde est informé des procédures ?
Le budget du projet est-il réaliste ?
Les ressources allouées sont-elles suffisantes ?
Est-ce que les membres de l’équipe projet s’entendent bien ?
Existe-il un bon esprit d’équipe ?
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Avez-vous négocié les indices clés de performance ?
Utilisez-vous une méthode qui est partagée ou intégrée dans la culture
et les processus de l’organisation ?
391
8. Synthèse
392
Règle 80 – Mettre en œuvre le contrôle qualité
Effectuer des mesures de la qualité du produit ou du service livré au client.
Les mesures de la qualité sont-elles planifiées ?
Êtes-vous préparé à lancer des mesures préventives ?
Les membres de l’équipe projet connaissent-ils les outils et les méthodes ?
Les listes de contrôle pour vérifier la conformité existent-elles ?
En cas de mesures en dehors des limites de tolérance, quelles sont les
mesures correctives ?
393
8. Synthèse
394
Les dépenses engagées pour des achats sont considérées à la date de
passation de la commande (bien que, sous certaines conditions, une
commande puisse être annulée).
Les dépenses engagées pour du travail sont prises en compte au démar-
rage de l’action, dès la mobilisation de la ressource ou de l’une d’elles.
395
8. Synthèse
396
• Piloter la qualité a pour but d’assurer le chef de projet et les décideurs
que les objectifs fonctionnels et techniques sont atteints.
• Piloter l’équipe de projet donne une vision d’ensemble sur le fonction-
nement humain de l’équipe.
• Piloter le système d’information cherche l’amélioration permanente du
système de communication et d’information dans le projet et souvent
au-delà.
Ces objectifs sont explicités à travers les 20 règles suivantes :
1. Gérer et maîtriser l’engagement des parties prenantes.
2. Mettre en œuvre la maîtrise intégrée des modifications.
3. Préparer le « tout en un » : le graphique en S.
4. Effectuer un tableau de bord du management par la valeur produite.
5. Réaliser le planning des jalons ou courbe à 45°.
6. Suivre les dépenses par ligne budgétaire.
7. Définir le Plan Qualité du Projet (management, assurance, contrôle).
8. Prendre en compte l’organisation qualité pour le projet.
9. Établir le cahier des charges fonctionnel.
10. Suivre l’évolution des risques techniques.
11. Conserver la maîtrise de tous les risques.
12. Gérer l’évolution de la configuration.
13. Piloter la performance des fournisseurs
14. Piloter les tensions et les motivations de l’équipe.
15. Manager les individualités.
16. Intégrer les projets à long délai.
17. Évaluer et adapter le système d’information.
18. Clôturer les contrats avec les fournisseurs.
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397
8. Synthèse
398
Règle 96 – Effectuer un tableau de bord
du management par la valeur produite
Bâtir un tableau de bord efficace qui permette de jouer son rôle de cockpit de
pilotage du projet et de prise de décisions pour le projet.
Définissez dans les tableaux de bord, les formulaires de rapport, des
représentations graphiques, des seuils et des codes de couleur que vous
devrez utiliser.
Apportez des exemples pendant les discussions avec les parties pre-
nantes pour montrer ce qu’il est possible de fournir et mettre à jour le
plan de management des coûts.
Présentez toujours une situation dans son contexte (la tendance, les pré-
visions).
Fournissez une interprétation compréhensible du coût total estimé et
du coût estimé pour achèvement… ?
Joindre au tableau de bord général un suivi des dépenses par ligne budgétaire
(ou par budget).
Ce suivi, lorsqu’il est réalisé en pourcentages, peut être regroupé sur un
graphique unique. Il facilite la recherche des causes de dépassement.
399
8. Synthèse
400
Règle 104 – Gérer l’évolution de la configuration
Gérer les évolutions de la configuration à partir du cahier des charges. Établir
la spécification technique du besoin de référence (STB0). Garder la trace de
toutes les évolutions significatives (STBn) et de leurs validations (ou qualifica-
tions). Évaluer les conséquences des évolutions sur les performances fonction-
nelles et, s’il y a lieu, décider des mesures correctives.
La spécification technique du besoin de référence constitue le premier
niveau de réponse au cahier des charges. Elle précise les choix tech-
niques fondamentaux, l’architecture du système en sous-systèmes et
leurs interfaces.
Les évolutions concernent le système dans son ensemble (évolution d’ar-
chitecture) ou des sous-systèmes (évolutions des solutions techniques).
Les conséquences des évolutions sur les performances fonctionnelles
sont à rapprocher du degré de flexibilité des fonctions. Ainsi, on pourra
procéder à la validation définitive et en tirer les conséquences pour les
coûts et les délais.
jet ?
Avez-vous établi des liens entre les activités de maîtrise des modifica-
tions du projet et les modifications du contrat ?
Traitez dans le contrat le management des réclamations.
Incluez dans le contrat les moyens de surveiller et de maîtriser les pro-
grès du fournisseur.
Demandez un rapport hebdomadaire ou mensuel et la possibilité d’ef-
fectuer un audit.
Formulez des conditions claires de déclenchement des paiements.
Énoncez précisément les conditions générales pour l’acceptation.
401
8. Synthèse
402
Règle 110 – Clôturer les contrats
avec les fournisseurs
Considérer le contrat comme clos que lorsque tous les biens ont été livrés et
acceptés et que tous les paiements ont été autorisés.
Avez-vous fait accepter les résultats du travail contractuel par le com-
manditaire du projet ?
Avez-vous documenté dans un protocole l’acceptation qui comprend
les déficiences constatées s’il y en a ?
La période de garantie est-elle connue, et les conditions de la garantie
mises à jour ?
Avez-vous transféré les points ouverts à l’organisation permanente
devant opérer le produit ou le service issu du projet tels que garantie,
réclamations en suspens, défauts non-bloquants ouverts, etc. ?
Prêtez-vous la même attention aux factures du fournisseur que l’atten-
tion que vous lui demandez pour les livrables attendus ?
Avez-vous archivé tous les documents contractuels et d’approvisionne-
ment ?
vrai également pour l’enquête de satisfaction client : c’est une tâche continue.
Avez-vous reçu la recette formelle ?
Avez-vous clos tous les contrats ?
Avez-vous formellement libéré les ressources ?
Avez-vous mesuré la satisfaction du client (ou/et celle de la partie pre-
nante) ?
Avez-vous planifié les activités de transfert avec l’équipe des opérations ?
Avez-vous célébré la fin du projet ?
403
8. Synthèse
404
9. S’assurer que les mesures proposées sont applicables.
10. Négocier les charges des coéquipiers.
11. Gérer son temps et proposer des mesures.
12. Mener une stratégie d’alliés.
13. La technique du judoka : utiliser le poids des protagonistes.
14. Décider, motiver, reconnaître, encourager pour construire le futur.
405
8. Synthèse
406
Règle 119 – Proposer un logiciel adapté
à l’entreprise
Analyser son besoin en outils de gestion de projet. Susciter une analyse plus
large du besoin de l’entreprise. Participer au choix de progiciel et aux initiali-
sations de développements spécifiques.
Ne pas laisser à d’autres la mission d’exprimer son propre besoin.
Provoquer une réflexion sur les besoins des différents acteurs de l’en-
treprise.
Interfacer le progiciel avec les systèmes d’information existants dans
l’entreprise pour permettre les échanges de données.
407
8. Synthèse
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une puissance ou un pouvoir développé par d’autres pour le canaliser
vers son propre objectif.
409
8. Synthèse
410
du projet. Tout au long du projet, il gérera les hommes, les résultats et
les dépenses. Enfin, à la fin du projet, une grande activité de capitali-
sation du vécu s’intégrera dans la démarche de progrès de l’entreprise.
Définit le
scénario de projet
dès le lancement
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Conclusion
La conduite de projet est une œuvre très complexe. Elle requiert des
aptitudes multiples et agit dans des domaines très diversifiés : la gestion,
la planification, le management… le tout couronné par une once de
stratégie et de la communication à fortes doses.
Le chef de projet qui réussit serait-il une perle rare, un surhomme,
telle la déesse hindoue Kâli, aux aspects multiples, ou le dieu celte Lug,
dont la magie est telle qu’il se joue des tâches les plus titanesques ? Non,
Kâli et Lug sont des dieux, pas des femmes et des hommes qui travaillent
dans nos entreprises, nos organismes ou nos administrations.
Pourtant, des chefs de projet qui réussissent, il en est des milliers :
femmes et hommes que vous croisez dans le bus, le métro, au res-
taurant ou au supermarché. Ils sont faciles à repérer. Ils ont le visage
reposé des gens qui ont bien dormi, ils ont l’air serein, ils ont le sourire.
Pourquoi ?
Ils ont bien dormi parce qu’ils ont respecté leurs engagements
(vis-à-vis des autres et vis-à-vis d’eux-mêmes), parce qu’ils ne culpa-
bilisent en rien, parce qu’ils ont fait ce qu’ils devaient faire quand
ils devaient le faire. Le secret : ils savent ce qu’ils veulent, ils antici-
pent les événements et les situations, s’organisent et organisent leurs
partenaires en conséquence et prennent les décisions appropriées au
bon moment.
Ils sont sereins et ont le sourire. Autre secret : ils sont toujours prêts
à l’heure et ont une multitude d’alliés pour les aider à bon escient. Cer-
tains leur savent gré du soutien qu’ils leur apportent. Tous apprécient
la pertinence des informations qu’ils leur transmettent. Leurs interlo-
cuteurs ne leur font pas la tête ; ils sont satisfaits des relations qu’ils
entretiennent avec eux.
Êtes-vous serein(e) de temps en temps ? Et pourtant, ne faites-vous
jamais de projets ?
N’avez-vous jamais préparé un voyage, déménagé, acheté ou rénové
un appartement ou une maison, changé votre voiture, visé une promo-
tion, cherché un nouvel emploi ou éduqué un enfant ?
413
Conclusion
Tout le monde est un chef de projet. Ne serait-ce que dans sa vie cou-
rante. L’aventure commence à cinq ou six ans quand l’enfant apprend à
faire une cabane ou se déguise pour donner un « pestacle » à ses parents.
Elle continue lorsque, adolescent, on souhaite disposer de sa première
mobylette. Elle se poursuit à l’annonce du mariage… Elle ne se termine
jamais !
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Remerciements
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Remerciements
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Bibliographie
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Bibliographie
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■■ Références normatives françaises
Afnor, Management de projet, Recueil de normes françaises 1994 – Qualité et effica-
cité des organisations, Paris, Afnor, 1994.
BNAE1, Recommandation générale pour la spécification de management de pro-
gramme, BNAE – RG. Aéro 000 40, 1991.
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Collection Fonctions de l’entreprise
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