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Concours Blanc II My Ismail Mamouni

2016-2017 http ://myismail.net


.

Lundi 20 Mars 2017


Espaces Vectoriels
Polynômes-Fractions Rationnelles

Durée : 4 heures
Documents & Calculatrices Non Autorisées

Blaque du jour
Deux personnes qui viennent de faire connaissance dans un café discutent :
☛ Moi, confie le premier, je ne crois que la moitié de ce qu’on me dit.
☛ Vraiment ! Et quelle est votre profession ?
☛ Psychanalyste.
☛ Ah ! Eh bien, moi, c’est tout le contraire : je crois toujours le double de ce que l’on me raconte.
☛ Quelle est donc votre profession ?
☛ Inspecteur des impôts.

Marin Mersenne (1588-1648)

Religieux, mathématicien et philosophe français. Il s’intéressait aussi à la


théorie de la musique. Il établit les plans du premier sous-marin jamais
construit, malheureusement. Les nombres premiers de Mersenne sont encore,
à l’heure actuelle, l’objet d’une recherche active

Question de Cours : Niveau 0


1 Soient P et Q deux polynômes. Quand deg(P + Q) = deg P.
2 Rappeler les définitions de : endomorphisme, isomorphisme, automorphisme.
3 Soit u application linéaire de E vers F. Compléter les assertions suivantes :
i u est injective ⇔ ker u = . . . .
ii u est surjective ⇔ Imu = . . . .
4 Soit u application linéaire de E vers F, et B famille d’éléments de E.
i Si B est liée dans E, à quelle condition sur u, la famille u(B) est liée dans F ?
ii Si B est libre dans E, à quelle condition sur u, la famille u(B) est libre dans F ?
iii Si B est génératrice pour E, à quelle condition sur u, la famille u(B) est génératrice pour
F?
iv Si B est une base de E, à quelle condition sur u, la famille u(B) est une base de F ?

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Exercice I (Application de cours) : Niveau I


...

X6 + 1
On note F(X) = ∈ R(X).
(X + 1)3 (X 2 + X + 1)
Q1) Factoriser X 6 + 1 dans R[X], en déduire que F(X) est irréductible.
Q2) Calculer E(X) la partie entière de la fraction F(X).
Q3) Justifier l’existence des nombres a, b, c, α et β tels que :

a b c αX + β
F(X) = E(X) + + + +
X + 1 (X + 1)2 (X + 1)3 X 2 + X + 1

Sans calculer a, b et c, déterminer α et β en expliquant la méthode.


X6 + 1
3
Q4) Soit H(X) = (X + 1) F(X) = 2 .
X +X+1
a) Montrer que pour x réel : H(x) = c + b(x + 1) + a(x + 1)2 + o (x + 1)2 .
¡ ¢
−1
b) Que représente cette égalité pour la fonction x 7→ H(x) en −1 ?
c) Calculer soigneusement un développement limité d’ordre 2 en −1 de H(x). En déduire les
valeurs numériques des nombres a, b et c (justifier).
Q5) Calculer une primitive de la fonction x 7→ F(x) sur I =] − 1; +∞[.
Q6) a) Sans calcul, donner un équivalent très simple de F(x) − E(x) en +∞.
b) En déduire l’étude locale de la fonction x 7→ F(x) au voisinage de +∞.

Exercice II (Application de cours) : Niveau I


...

Soit K un sous-corps de C et f : K3 → K3 définie par :

f (x, y, z) = (−x + y + z; −x + z; −x + z).

Q1) Montrer que f ∈ L (K3 ). Déterminer ker( f ) et Im( f ), on exprimera ces ensembles sous la forme
Vect [. . .].
Q2) a) Soit (x, y, z) ∈ K3 , calculer f 2 (x, y, z) et f 3 (x, y, z).
b) Vérifier que f 3 = − f . En déduire f 4 et f 5 .
Q3) Soit G = f , f 2 , f 3 , f 4 .
© ª

a) Faire la table de G pour la loi de composition. En déduire que (G, ◦) est un groupe commutatif.
b) Soit u et v deux endomorphismes d’un K-espace vectoriel. Montrer que ker(v) ⊂ ker(u ◦ v) et
que Im(u ◦ v) ⊂ Im(u).
c) En déduire que tous les éléments du groupe (G, ◦) ont le même noyau et la même image.
Q4) Montrer que f 4 est un projecteur, préciser.

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Problème I : Niveaux II-III


...

Interpolation et polynômes factoriels


Notations :
n est un entier naturel fixé, n ≥ 2 .
F est l’espace vectoriel des fonctions réelles définies sur ℝ .
E est le sous-espace vectoriel des fonctions polynômes à coefficients réels.
En est le sous-espace vectoriel des fonctions polynômes à coefficients réels de degré inférieur ou égal à n .

Partie I

Si f ∈ F , on note ∆( f ) et T ( f ) les fonctions réelles définies par :


∀x ∈ ℝ , ∆( f )(x ) = f (x + 1) − f (x ) et T ( f )(x ) = f (x + 1) .
On admettra (aisément !) que ∆ et T sont des endomorphismes de F .
On note ∆0 = T 0 = Id F (donc si f ∈ F , ∆0 ( f ) = T 0 ( f ) = f ), et, si j ∈ ℕ∗ :
∆ j = ∆ j −1  ∆ = ∆  ∆ j −1 et T j = T j −1 T = T T j −1 .
1. Soit P ∈ E , non constant. ∆(P ) est une fonction polynôme.
Comparer les degrés de ∆(P ) et de P .
Calculer le coefficient dominant de ∆(P ) en fonction de celui de P .
2. On note ∆n la restriction de ∆ au départ de En .
2.a Vérifier que ∆n réalise un endomorphisme de En .
2.b Déterminer ker ∆n .
En déduire le rang de ∆n et déterminer Im ∆n .
3. Déduire des questions précédentes que l’endomorphisme ∆ est surjectif.

Partie II

1. Pour k ∈ ℕ , on définit les fonctions polynômes N k par :


x (x −1)...(x − k + 1)
2. ∀x ∈ ℝ , N 0 (x ) = 1 et N k (x ) = .
k!
1.a Pour k ≥ 1 , exprimer ∆(N k ) en fonction de l’un des polynômes (N j ) j ≥0 .

1.b Calculer, pour j ∈ ℕ et k ∈ ℕ , ∆ j (N k ) puis (∆ j (N k ))(0) .


2.a Montrer que la famille (N 0 , N 1 ,..., N n ) est une base de En .
2.b Soit P ∈ En , P s’écrit P = a 0N 0 + a1N 1 + ... + an N n où (a 0 ,a1 ,…,an ) ∈ ℝ n +1 .
Exprimer les a j en fonction des (∆ j (P ))(0).
3. Applications :
On pose P (x ) = x 2 . Déterminer les coefficients a ,b ,c ∈ ℝ tels que :
∀x ∈ ℝ : P (x ) = aN 0 (x ) + bN 1 (x ) + cN 2 (x )
et en déduire une fonction polynôme Q telle que ∆(Q ) = P .
n
Exploiter celle-ci pour exprimer ∑k
k =1
2
.

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4. Soit f ∈ F .
4.a Déterminer pour x ∈ ℝ et k ∈ ℕ , (T k ( f ))(x ) .
4.b Etant donné n ∈ ℕ , expliciter ∆n ( f ) en fonction des T k ( f ) , 0 ≤ k ≤ n .

(on pourra remarquer que ∆ = T − Id F ).


4.c En déduire que (∆n ( f ))(0) ne dépend que des valeurs de f aux points 0,1,…, n .

Partie III

On se donne une fonction f de F . On cherche les polynômes solutions du problème (P ) suivant :

deg P ≤ n
(P ) : 
∀k ∈ {0,1,…, n } , P (k ) = f (k )

On pose :
n
N (x ) = ∏ (x − j ) = x (x −1)…(x − n ) .
j =0

1. Soit l’application linéaire :


ϕ : En → ℝ n +1
P ֏ (P (0),…, P (n ))
Montrer que ϕ est un isomorphisme.
1.b En déduire que le problème (P ) possède une unique solution notée Pf .

2.a Pour j ∈ {0,1,…, n } , comparer (∆ j ( f ))(0) et (∆ j (Pf ))(0) .

2.b En déduire l’expression de Pf en fonction des (∆ j ( f ))(0) et des polynômes N j .

3. Dans cette question, on suppose que f est de classe C n+1 . On note :

M n +1 = sup { f (n +1) (t ) ,t ∈ [0, n ]} .

3.a Soit x ∈ [ 0, n ] , non entier. Montrer que :

f (n +1) (ξ )
∃ξ ∈ [0, n ], f (x ) − Pf (x ) = N (x ) .
(n + 1)!
On pourra poser ϕ (t ) = f (t ) − Pf (t ) − KN (t ) , où K est tel que ϕ (x ) = 0 et appliquer judicieusement le
théorème de Rolle.
1
3.b En déduire que ∀x ∈ [0, n ], f (x ) − Pf (x ) ≤ M n +1
n +1
On pourra majorer N (x ) sur chaque intervalle [ j , j + 1] , où j ∈ {0,1,…, n −1} .

i
F
nn

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d’après Mines de Sup 1995 Correction

Partie I

1. Si P est un polynôme constant alors ∆(P ) = 0 ce qui en détermine degré et coefficient dominant.
p
Si P est un polynôme non constant, posons p son degré, on peut écrire P = ∑ ak X k (avec a p ≠ 0 ) et
k =0
p
on a ∆(P ) = ∑ ak ∆(X k ) avec ∆(X 0 ) = 0 et ∆(X k ) = (X + 1)k − X k = kX k −1 +⋯ pour k ≥ 1 . Par
k =0

suite ∆(P ) = pa p X p−1 donc deg ∆(P ) = p −1 et le coefficient dominant de ∆(P ) est pa p où a p
désigne le coefficient dominant de P .
2.a ∆n est linéaire car restriction d’une application linéaire, de plus ci-dessus, on a vu que si degP ≤ n
alors deg ∆(P ) ≤ n −1 ≤ n donc ∆n : En → En et ainsi ∆n est un endomorphisme de En .
2.b En 1, on a obtenu : si P est constant ∆(P ) = 0 et si P non constante ∆(P ) ≠ 0 . Le noyau de ∆n est
donc réduit à l’ensemble des polynômes constants. Ainsi dim ker ∆n = 1 et par le théorème du rang
rg ∆n = dim En −1 = n . De plus si P ∈ En alors on a deg ∆(P ) ≤ n −1 donc ∆(P ) ∈ En−1 . Par suite
Im ∆n ⊂ En −1 . Par inclusion et égalité des dimensions : Im ∆n = En−1 .
3. ∀P ∈ E , on posant n = deg P , il existe Q ∈ En +1 tel que ∆(Q ) = P car ∆n+1 est un endomorphisme de
En +1 dont l’image est En .

Partie II

x (x −1)…(x − k + 2) x (x −1)…(x − k + 2)
1.a ∆(N k )(x ) = N k (x + 1) − N k (x ) = (x + 1− (x − k + 1)) =
k! (k −1)!
donc ∆(N k ) = N k −1 .
1.b Pour j ≤ k : ∆ j (N k ) = N k −j et puisque ∆(N 0 ) = 0 , ∆ j (N k ) = 0 pour j > k .
Par suite (∆ j (N k ))(0) = 0 si j < k et si j > k alors que (∆ j (N k ))(0) = 1 si j = k .
2.a La famille (N 0 , N 1 ,..., N n ) vérifie deg N k = k donc c’est une famille de polynôme de degrés étagés et par
conséquent celle-ci est une base de En .
n
2.b (∆ j (P ))(0) = ∑ ak (∆ j (N k ))(0) = a j puisque (∆ j (N k ))(0) = δj ,k .
k =0

3. a = ∆ (P )(0) = 0 , b = ∆1 (P )(0) = 1 et c = ∆2 (P )(0) = 2 .


0

Considérons Q = aN 1 + bN 2 + cN 3 . Par l’étude qui précède ∆(Q ) = aN 0 + bN 1 + cN 2 = P .


x (x −1) x (x −1)(x − 2) x (x −1)(2x −1)
Concrètement : Q (x ) = +2 = .
2 6 6
n n n n
n (n + 1)(2n + 1)

k =1
k 2 = ∑ P (k ) = ∑ ∆(Q )(k ) = ∑Q (k + 1) −Q (k ) = Q (n + 1) −Q (1) =
k =1 k =1 k =1 6
.

4.a Par récurrence T k ( f )(x ) = f (x + k ) .


4.b ∆ = T − Id F avec T et Id F qui commutent donc par la formule du binôme de Newton :
n n
n  n 
∆n = ∑   (−1)n−k T k puis ∆n ( f ) = ∑   (−1)n−k T k ( f ) .
k =0
k  k =0
k
n
n 
4.c (∆n ( f ))(0) = ∑   (−1)n−k f (k ) car T k ( f )(0) = f (k ) .
k =0
k 
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Partie III

1.a Soit λ , µ ∈ ℝ et P ,Q ∈ En .
ϕ (λP + µQ ) = (…,(λP + µQ )(k ),…) = (…, λP (k ) + µQ (k ),…) = λ (…, P (k ),…) + µ(…,Q (k ),…)
donc ϕ (λP + µQ ) = λϕ (P ) + µϕ (Q ) et ϕ est linéaire.
Soit P ∈ En . Si ϕ (P ) = (0,…,0) alors P (0) = … = P (n ) = 0 et donc le polynôme admet au moins
n + 1 racines or degP ≤ n donc P = 0 . Ainsi ker ϕ = {0} or dim En = dim ℝn +1 donc ϕ est un
isomorphisme.
1.b Par la bijectivité de ϕ , il existe un unique P ∈ En tel que ϕ (P ) = ( f (0),…, f (n )) . Par suite le problème
P possède une unique solution.
j j
j  j 
2.a (∆ j ( f ))(0) = ∑   (−1) j −k f (k ) = ∑   (−1) j −k P (k ) = (∆ j (Pf ))(0) .
k =0
k  k =0
k 
n
2.b Rappelons que pour P ∈ En : P = ∑a j N j avec a j = ∆ j (P )(0) donc
j =0
n n
Pf = ∑ (∆ j (Pf ))(0)N j = ∑ (∆ j ( f ))(0)N j .
j =0 j =0

3.a Posons K une constante telle que f (x ) − Pf (x ) = K .N (x ) . Une telle constante K existe car N (x ) ≠ 0
puisque x ∉ ℕ .
Considérons alors ϕ : ℝ → ℝ définie par ϕ (t ) = f (t ) − Pf (t ) − KN (t ) . ϕ est une fonction de classe C n+1
qui s’annule en 0,1,…,n et aussi en x . Cela fournit n + 2 annulation dans [0,n ] . Par application du
théorème de Rolle, ϕ ′ s’annule au moins n + 1 fois dans [0,n ] et en reprenant ce processus, ϕ (n +1)
s’annule au moins une fois dans [0,n ] en un certain ξ . Or ϕ (n +1) (t ) = f (n +1) (t ) − 0 − (n + 1)!K car
deg Pf ≤ n et N est un polynôme unitaire de degré n + 1 donc N (n +1) = (n + 1)! . La relation
f (n +1) (ξ )
ϕ (n +1) (ξ ) = 0 donne alors K = ce qui permet de conclure.
(n + 1)!
1
3.b Pour x ∈ ℕ ∩ [0, n ] , f (x ) − Pf (x ) = 0 ≤ M n +1 .
n +1
f (n +1) (ξ ) M n +1
Pour x ∈ [ 0, n ] , x ∉ ℕ : f (x ) − Pf (x ) = N (x ) ≤ N (x ) .
(n + 1)! (n + 1)!
Pour conclure, il reste à établir : ∀x ∈ [ 0, n ], N (x ) ≤ n ! .
Raisonnons par récurrence sur n ∈ ℕ * .
Pour n = 1 , N (x ) = x et la propriété est vraie.
Supposons la propriété établie au rang n ≥ 1 :
Pour x ∈ [0, n + 1] , étudions N (x ) = x (x −1)×…× (x − (n + 1)) = M (x ) × (x − n −1) .
Par HR, pour x ∈ [ 0, n ] , on a M (x ) ≤ n ! donc N (x ) ≤ n !× x − n −1 avec x − n −1 ∈ [1, n + 1] donc
N (x ) ≤ (n + 1)! . Pour x ∈ [n , n + 1] ,
N (x ) = x (x −1)×…× (x − n ) × (n + 1− x ) ≤ (n + 1)n ×…×1×1 = (n + 1)! . Récurrence établie et
problème résolu.

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