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Julien Péquignot
Paul Valéry University, Montpellier 3
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All content following this page was uploaded by Julien Péquignot on 19 December 2018.
Julien PÉQUIGNOT
38 Cette synthèse est le résultat d’un travail engagé depuis le doctorat sur le clip en tant
qu’objet construit par les discours et usages, selon un double approche sociologique et
sémio-pragmatique (Péquignot 2008 ; 2010 ; 2012a ; 2012b ; 2014a ; 2014b).
39 « Il n’y a genre, pourrait-on dire, qu’à partir du moment où, pour penser ou interpréter un programme,
on le ramène à une catégorie plus vaste qui facilite l’opération » (Jost 1997, 13).
1. Un genre télévisuel
40 La place ici manque pour aborder les genres non-explicites, par exemple des regroupements
de modes de production de sens qu’une analyse sémio-pragmatique est à même de mettre à
jour (Odin 2000b).
41 Voir notamment la critique de Kaplan (1987) par Goodwin (1992), ainsi que Péquignot
(2010).
2. Un genre cinématographique
42 Je propose le terme de musique vidéalisée en lieu et place de clip lorsqu’il s’agit du principe
formel et non de l’objet particulier couramment appelé clip (music video) depuis les années 1970
(Jullier, Péquignot 2013a, 12 sqq.)
tels The Graduate (1967), Easy Rider (1969), Zabriskie Point (1970)
ou les films musicalisés par Mancini, Morricone, John Barry, etc.
(Smith 1998 ; Jullier, Péquignot 2013b).
Pour finir ce rapide tour d’horizon, la pratique contemporaine
des festivals de cinéma entérine de fait l’existence du clip en tant
que genre cinématographique. Ils sont en effet de plus en plus
nombreux à prévoir des espaces « clip » à côté des cases « fiction »,
« documentaire », « animation », etc. Il y aurait donc un genre clip
(que certains appellent synesthésie) qui rassemblerait un certain
nombre de films, de cinémas, ou de séquences de films ; genre qui
aurait son histoire, ses évolutions, ses moments phares, et donc assu-
rément son autonomie, d’autant plus qu’il est parfois pensé comme
archétypal du cinéma (voir plus bas Un genre audiovisuel ?)
3. Un genre Internet
Ici, on peut dire que le clip est de fait un genre du Web, depuis
longtemps, mais particulièrement depuis l’avènement de l’ère 2.0.
Pour aller vite, car ce point est connu et je vais y revenir par la suite
(cf. « Les usagers »), des sites tels que YouTube se sont construits sur
le clip, ancien ou contemporain, « officiel » ou amateur. Aujourd’hui,
le clip demeure le genre majeur en termes de volume parmi les
objets audiovisuels partagés et consultés. Le mot-clé music video est
l’un des plus utilisés. Ceci concerne l’ensemble du Net dit partici-
patif (Jullier, Péquignot 2013a : 80-89 ; Péquignot 2014a).
4. Un genre audiovisuel ?
5. Un genre musical ?
43 Serge Daney, qui quitta les Cahiers du cinéma en 1981 pour Libération dans l’espoir de
développer des travaux sur la télévision, commença à écrire sur le clip en 1985 (Daney 1986).
De là vient cette citation sans cesse reprise : « Un clip est le faux résumé d’un grand film introuvable »…
Deux ans plus tard cependant, dans un article de Libération (Daney 1987), il modula son premier
jugement, en considérant que le plus « joli film de l’année » était un clip : « Incontournablement, le
clip est en train de gagner ses lettres de noblesse. […] On a dit et redit, un peu vite, que le clip était comme
un résumé de grand film. […] Certes, mais ce ne sont peut-être pas ces clips là les meilleurs. […] Le vrai
amour du cinéma, […] ce serait le formidable détour par lequel un Mondino revient à la case départ du
cinéma muet et du corps burlesque. Case départ que le cinéma, la télé et la vidéo ont désormais en commun »
(Daney 1993, 103-106).
6. Un genre plastique
Le clip, dans son usage usuel, est avant tout une émanation de
l’industrie musicale, que cela soit directement, ou via les médias
musicaux (télévisions, plateformes Internet). La conséquence
immédiate et évidente sur le clip est que ce dernier prolonge le sys-
tème de genre de la musique. La situation archétypale est bien sûr le
fonctionnement des chaînes musicales qui regroupent les clips par
genres musicaux. Ce regroupement (et la séparation corollaire) peut
se faire au sein d’une même chaîne ou, l’offre s’élargissant, entre
chaînes. Ces genres musicaux peuvent eux-mêmes être regroupés
(et donc séparé) selon des systèmes qui fonctionnent comme des
marqueurs génériques, typiquement l’origine ethnique (au sens très
large et très mou). Ainsi les musiques « noires » ont leurs espaces et
leurs chaînes (à commencer par BET46 depuis janvier 1980).
Au fil du temps, le clip dans sa version contemporaine prenant
de l’âge et de l’importance, d’autres genres ont vu le jour. Il y eut,
à un moment, des « vieux » clips, des « classiques », comme il y a des
« films en noir et blanc ». MTV créa VH1 (janvier 1985) dans cet
esprit pour cibler les parents de son public principal qui avaient
eux aussi des « clips » (le clip le plus diffusé sur la chaîne, apocryphe,
est Imagine qui date de… 198747). Si bien sûr ces genres sont aussi
présents dans la musique (le rock classique, etc.), ils fonctionnent
pour le clip également à partir de caractéristiques qui lui sont
propres (c’est-à-dire la partie image, qui elle aussi vieillit, renvoie à
des modes, des époques, des univers culturels, etc.). Il y a là, d’une
certaine manière, une forme d’autonomisation du clip dans la
constitution de « ses » genres.
Autre évolution, que l’on pourrait symboliquement faire
commencer en 1992, lorsque MTV décida d’afficher les noms
des réalisateurs de clips lors de leur diffusion, c’est l’apparition du
genre « clip de réalisateur ». Ce genre fut entériné au début des
années 2000 avec l’édition sur support de clips regroupés, non plus
par artistes et/ou genres musicaux, mais par réalisateurs (et donc
faisant fi des genres musicaux).
2. Les usagers
3. Conclusion
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