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Vulnerability assessment of lifelines and essential facilities: about

methods considered in the frame of Risk-UE project (WP06)

O. Monge & C. Martin


GEOTER International, Espace 890 Route Nationale 96, 13360 Roquevaire, France

M. Alexodi, S. Argyroudis & K. Pitilakis


Aristotle University of Thessaloniki, GR 541 24 Thessaloniki, Greece

ABSTRACT: One of the aims of the European project Risk-UE is to provide a methodological
handbook to produce seismic scenario at the urban scale in Europe. Within this frame, a specific work
package is dedicated to essential facilities, transportation systems (road, rail, air, sea) and utility
systems (potable and waste water, gas, electric power and telecommunications). There is no doubt
about the need of relevant methods to assess lifeline vulnerability. However the task to achieve is a
long way. Thus in a first stage the main effort was a structuring work. Many references are available
about lifelines and earthquake. All are not relevant or usable for European context. The following
point was to gather lifelines data namely in order to draw a representative European typology.
Unfortunately, for several reasons such information is often lacking. Moreover, because it is a rather
recent concern, past-earthquake experience about European lifelines remains poor. Whatever, a
methodological state-of-the art will be soon available.

KEYWORDS: Seismic scenario; Essential facilities; Lifelines.

1 INTRODUCTION

Un des objectifs du projet européen Risk-UE est de proposer un manuel méthodologique pour la
réalisation de scénarios de risques sismique à l’échelle urbaine en Europe. Dans ce cadre, un module
(WP6) est dédié aux installations stratégiques, ainsi qu’aux réseaux de transport et de service. Les
réseaux et les installations essentielles ont des caractéristiques propres, qui justifient le besoin de
disposer d’un manuel méthodologique pour l’évaluation de leur vulnérabilité sismique. L’approche
adoptée et les principales orientations sont présentées ci-dessous, en illustrant surtout les aspects
nouveaux par rapport au document Hazus.
Les réseaux et les installations essentielles sont des éléments à risque vitaux, notamment pour la
continuité des sociétés industrialisées. L’interruption même momentanée de l’un d’eux peut avoir des
conséquences sévères. Ceci est d’autant plus vrai après un tremblement de terre destructeur.
Il s’agit d’éléments à risque singuliers et complexes. Singuliers, parce que leur extension dépasse
souvent le cadre urbain. Complexes, à cause de la présence de nombreux équipements critiques, de
liens matériels ou immatériels et d’architectures arborescentes ou en boucles. De plus, il existe souvent
une forte dépendance réciproque.
La collecte d’information est généralement plus difficile. Leur complexité d’une part et la
méconnaissance de sections enterrées, parfois anciennes, est souvent un écueil, y compris pour le
propriétaire ou gestionnaire. Ce thème est aussi une préoccupation relativement récente, notamment en
Europe vis-à-vis de l’expérience post-sismique. La plus grande difficulté provient toutefois des
oppositions à partager des informations relatives à l’eau, l’énergie et les communications dans un
contexte concurrentiel.
L’exposition aux aléas sismiques est particulière, de part l’extension géographique concernée,
d’où une variété de mouvements sismiques et une plus grande probabilité de subir des rupture du sol
(rupture en surface, glissements de terrain et manifestations de liquéfaction).
Les réseaux et les installations essentielles européens ne sont pas complètement similaires aux
autres pays, notamment Japon et Etats-Unis. Les contextes, l’ancienneté, l’expérience ou les pratiques
requièrent une attention et un traitement particuliers.

2 APPROCHE PROPOSÉE

Parmi plusieurs approches possibles, la bibliographie est la contribution la plus importante et la plus
bénéfique, même si les sources sont essentiellement étasuniennes. Les calculs ont été rapidement
écartés à cause du décalage entre l’ampleur de la tâche et les compétences mobilisables. La démarche
empirique a été limitée par les données post-sismiques disponibles. Des entretiens ont amélioré la
compréhension des systèmes, de leur fonctionnement et parfois des spécificités européennes.
A l’occasion de Risk-UE, les installations stratégiques sont au final seulement abordées, tandis
que les réseaux de transport (route, rail, air et mer) et de services (eaux potables et usées, gaz,
électricité et télécommunications) sont plus attentivement considérés.
Afin d’évaluer les pertes, il faut disposer d’un inventaire et d’une description des éléments
exposés, de connaissances sur les aléas, de modèles de vulnérabilité et de récupération.
La recette suivante est alors proposée :
a) Recenser et décrire les éléments du système selon les préconisations (localisation, classification
de l’importance, typologie).
b) Concevoir les relations internes au système et les interactions externes grâce aux suggestions,
aux entretiens et aux données.
c) Choisir une expression appropriée des pertes.
d) Estimer les conséquences directes, compte tenu de la sollicitation sismique et du modèle de
vulnérabilité retenu.
e) Estimer ou décrire les conséquences indirectes, compte tenu de l’organisation ou d’un modèle
spécifique (transport, hydraulique).
f) Estimer les temps de récupérations, compte tenu des conséquences possibles et du modèle de
récupération retenu.
Afin d’être opérationnel, le manuel méthodologique comprend un texte principal avec des
considérations sur chaque système, puis des fiches spécifiques à chacun des éléments. La structuration
de la présentation est systématique, selon le modèle suivant.

2.1 Description

La compréhension du fonctionnement d’un système ou de ses composants est un préalable, en


particulier à l’inventaire et la caractérisation. C’est aussi l’occasion de définir et illustrer chaque
système et d’introduire chacun des éléments avec un code.

2.2 Données requises

Les informations nécessaires à la réalisation de scénarios sismiques sur les réseaux sont généralement:
• Inventaire et localisation des éléments à risque, de préférence sous bases de données et Système
d’Information Géographique (SIG).
• Accélération maximale du sol (PGA), éventuellement accélérations maximales spectrales (PSA).
• Vitesse maximale du sol (PGV).
• Déplacement permanent du sol (PGD).

2.3 Classification de l’importance

L’importance des éléments à risque est l’objet d’un module spécifique (WP3) du projet Risk-UE. Quoi
qu’il en soit, des critères de classifications complémentaires sont proposés. L’importance est jugée
faible, moyenne ou forte selon le rayonnement (local ou international), la capacité de redondance, ou
des seuils sur des paramètres physiques (flux, volumes, nombre de consommateurs, etc.).
2.4 Interactions

Les interactions entre systèmes peuvent être très importantes et amplifier les conséquences directes.
Elles relèvent d’un module spécifique (WP3) du projet Risk-UE. Toutefois, un pense-bête des
relations possibles est proposé. Rigoureusement, une approche itérative peut parfois être nécessaire. Il
convient lors de chaque application de valider les relations réelles. Pour décrire les interactions il faut
connaître :
• Quels sont les systèmes impliqués (entre un et un autre)?
• Dans quelle direction (avoir de l’influence sur / être influencé par)?
• Quand est en vigueur la relation (avant / pendant / après un tremblement de terre)?
• Comment est le lien (faible / fort)?

2.5 Typologie

Etablir une typologie est un point fondamental. Il s’agit de préciser les paramètres pertinents dans
l’optique d’évaluer la vulnérabilité d’un élément à risque. Il est au minimum possible de décrire un
système selon son ancienneté, le niveau de conception parasismique, l’ancrage des équipements. Au-
delà de ce niveau élémentaire, des typologies spécifiques sont parfois proposées.

2.6 Dommages, conséquences ou pertes

D’abord, l’expérience des séismes passés, de préférence dans le contexte européen, fournit d’utiles
illustrations sur l’impact possible d’un tremblement de terre. Ensuite, afin de choisir le mode
d’expression des pertes le plus approprié, différentes échelles sont présentées. Le niveau de dommage
est la description la plus classique. Cette discrétisation qualitative nécessite un accord sur la
signification de chaque niveau (absence, mineur, modéré, étendu ou complet). D’un autre côté, il
semble plus pertinent d’apprécier:
• Est-ce que le système fonctionne?
• Comment est-il utilisable, nécessite t-il des réparations?
• Quel est le ratio entre coûts de réparation et de remplacement?
D’autres échelles sont également proposées :
• Fonctionnement (oui / non).
• Service (nominal / réduit / inutilisable ou bien utilisable sans / avec réparations / irréparable).
• Facteur de dommage ou coût de remplacement (entre 0 et 1 ou 100%).

2.7 Vulnérabilité

La vulnérabilité exprime les pertes attendues pour une sollicitation sismique donnée. Il s’agit le plus
souvent d’une distribution de probabilité lognormale. Les modèles de vulnérabilité jugés les plus
satisfaisants sont proposés selon :
• La typologie.
• Les conséquences possibles.
• La sollicitation sismique (PGA, PGV ou PGD).

2.8 Récupération

La récupération traduit le rétablissement prévisible dans le temps des fonctions altérées par le séisme.
Peu de données existent sur le sujet. Au-delà de modèles empiriques approximatifs, il est
incontournable de s’entretenir avec les gestionnaires de réseaux pour proposer au cas par cas des
modèles crédibles. Il faut tenir compte de leur politique logistique, des équipes de maintenance et
réparation mobilisables, etc.
3 RÉSEAUX DE TRANSPORT

3.1 Transport routier

Le réseau routier comporte des routes des ponts et des tunnels. Vis-à-vis des routes en milieu urbain, il
est notamment proposé d’apprécier l’obstruction à la circulation par les débris des bâtiments. Une
double approche, empirique (figure 1) et analytique (POLIMI, 2003, communication personnelle), doit
permettre d’établir une enveloppe probable d’extension des débris, compte tenu de la typologie des
bâtiments effondrés et de leur hauteur. Cette extension étant alors à comparer à la largeur des voies et
à la présence de bâtiment sur un ou deux côtés.

3.2 Transport ferré

Le réseau ferré est composé des voies, des ponts et des tunnels, mais aussi de nombreux bâtiments.
S’agissant souvent du plus ancien mode de transport collectif, les gares sont parfois considérées
comme des monuments historiques. Les méthodes et résultats des modules relatifs aux bâtiments
courants (WP4) ou historiques et monumentaux (WP5) définiront leur vulnérabilité.

3.3 Transport aérien

Les pistes et les infrastructures participent au transport aérien. Le besoin de larges espaces explique la
situation de nombreux aéroports dans des zones littorales ou alluviales. Ces contextes
géomorphologiques sont souvent propices à des phénomènes de liquéfaction, éventuellement
dommageable pour les pistes. C’est une leçon du retour d’expérience. Dans ce cas là, il paraît d’autant
plus judicieux de dépasser la description de niveaux de dommages peu évocateurs (« considérables
tassements ou soulèvements de la surface de la piste »). Ainsi, il est plus utile d’estimer les
déplacements irréversibles induits par des phénomènes de liquéfaction, puis de considérer l’extension
des zones non significativement affectées. La longueur de piste utilisable est alors à comparer aux
spécifications propres aux différents types d’avion.

3.4 Transport maritime

Les ports ont souvent un rôle crucial dans l’acheminement de grande quantité de matériels après une
catastrophe naturelle. Occupant souvent de larges espaces ouverts, ils peuvent accueillir opérations de
secours et réfugiés. L’expérience post-sismique indique que le niveau de conception parasismique
n’est souvent que d’une importance secondaire vis-à-vis des potentialités de liquéfaction des sols. Les
séismes de Kobe d’une part, et ceux du Monténégro (15 avril 1979) et de Kocaeli (17 août 1999) pour
l’Europe d’autre part illustrent dramatiquement ce propos.

Figure 1 : Obstruction partielle d’un accès par un effondrement en mille-feuille (structure poteau-poutre en béton
armé et remplissage de maçonnerie non chaînée de 5 niveaux), suite au séisme de Kocaeli du 17 août 1999
(crédit photo. P. Mouroux, mission AFPS).
4 RÉSEAUX DE SERVICES

4.1 Eau potable et assainissement

Les réseaux d’eau comprennent les conduites, les usines de traitement et les stations de pompage. Pour
l’eau potable, il faut de plus considérer la ressource et le stockage. Une analyse récente (American
Lifelines Alliance, 2001) a affiné les modèles de vulnérabilité, en particulier pour les tuyaux et
réservoirs. De nombreuses défaillances de réseaux d’eau sont signalées par le retour d’expérience. En
Europe ce fut le cas lors du séisme de Bucarest (4 mars 1977) mais surtout de Kocaeli. A Adapazari,
des dommages généralisés ont été constatés dans une zone soumise à des effets de site et des
phénomènes de liquéfaction. Ces désordres constituent un cas pratiquement unique de rupture presque
totale du système de distribution par un séisme. En outre, la pénurie de tuyaux acier ou HDPE a eu
pour malheureuse conséquence de débuter la reconstruction du réseau avec des conduites en amiante
ciment plus vulnérables.

4.2 Gaz naturel

Le réseau de gaz est essentiellement constitué par des conduites de transport et de distribution. Elles
relient les installations de production avec les stations et les stockages. Etant donné les exigences de
conception, le comportement lors de séisme est généralement meilleur que pour les réseaux d’eau.
Ainsi, la technique française s’est avérée remarquablement performante à Izmit, lors du séisme de
Kocaeli. Des modèles de vulnérabilité empiriques sont proposés pour des conduites soumises aux
vibrations du sol comme à des déplacements irréversibles. Plus précisément, une approche mécanique
est également envisagée, comparant sollicitation et résistance (O’Rourke et Liu, 1999).

4.3 Electricité
Le réseau électrique comporte des installations de production, des postes sources et des lignes de
transport et de distribution. Beaucoup d’équipements sont relativement sensibles aux vibrations. Ceci
justifie une littérature assez abondante, rendant compte du comportement de composants estimés à
partir d’essais à la table vibrante ou de calculs analytiques. La spécificité de ces éléments au sein de
systèmes complexes ne permet pas encore d’intégrer ces résultats dans des modèles de vulnérabilité
qui restent largement empiriques.

4.4 Communications

Centraux téléphoniques et installations extérieures sont généralement distingués au sein du réseau de


communication. Une constante du comportement des réseaux de communication est la saturation à
cause de l’afflux d’appel lors d’un événement tel qu’un séisme. Les équipements non correctement
ancrés sont les principales causes de défaillance. La croissance de réseaux sans fils récents n’est pas
pour autant un gage de meilleur comportement. La plupart des antennes en milieu urbain sont situées
sur des immeubles. Leur vulnérabilité dépend donc du comportement de ces bâtiments. L’accès aux
données élémentaires est toutefois une difficulté majeure concernant les communications.
L’importance stratégique de telles informations est encore plus aiguë que pour les autres réseaux de
service.

5 CONCLUSION

Le manuel méthodologique proposé à l’occasion du projet européen Risk-UE repose sur un état de
l’art consistant. Un effort substantiel de systématisation été réalisé, avec l’objectif de proposer un
document pertinent et d’utilisation facile. La version provisoire sera amendée après application aux
7 différentes villes du projet. Quoi qu’il en soit, certains points restent améliorables.
De véritables typologies européennes et des modèles de vulnérabilité adaptés en conséquence
seraient souhaitables. Ceci suppose une disponibilité accrue des données faisant encore souvent défaut.
En outre, chacun des réseaux et les principales installations stratégiques nécessiteraient pratiquement
les mêmes moyens que ceux concentrés sur les bâtiments courants. La tâche est à la mesure de l’enjeu.
Le principal intérêt du Projet Risk-UE est d’avoir initié ce travail dans le contexte européen.

Figure 2 : Réseau pluvial (gauche) et ligne haute tension (droite) endommagés par la rupture en surface, associée à la faille
Nord anatolienne lors du séisme de Kocaeli du 17 août 1999
(crédit photo. O. Monge, mission AFPS).

RÉFÉRENCES

Alexoudi M., Argyroudis S., Monge O. with the collaboration of Martin C., Pitilakis K. (2003). An advanced
approach to earthquake risk scenarios with applications to different European towns. Vulnerability
assessment of lifelines and essential facilities (WP06): basic methodological handbook. A paraître.
AMERICAN LIFELINES ALLIANCE (2001). Seismic fragility formulations for water systems. Part 1 –
Guideline. 104 p.. Part 2 – Appendices. 239 p. ASCE-FEMA
O’Rourke M.J., Liu X. (1999). Response of buried pipelines subject to earthquake effects. MCEER. Monograph
series n°3. 249 p.

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